Paperjam mai 2024

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Business zu Lëtzebuerg

Bien transmettre son entreprise ENJEUX 2024, une année très attendue par le spatial TIM KESSELER CATHERINE POGORZELSKI

Coup de projecteur sur 150 décideurs discrets

245 MAI 2024
NUMÉRO
ENJEUX
CLAUDE
5453000074017 05 5€
DAMIEN CHASSEUR
MACK NICO BIEVER

Le prix du quoi-qu’il-en-coûtisme

« Une relation plus solide avec les citoyens commence par l’instauration d’un climat de confiance (…). Il ne peut y avoir aucun doute sur notre comportement ou notre intégrité. » Décembre 2019, Ursula Von der Leyen donne une lettre de mission à celle qu’elle a choisie pour défendre « les valeurs et la transparence », la Tchèque Věra Jourová. Cinq ans plus tard, à la veille d’élections européennes, la présidente de la Commission européenne ne fait plus de la transparence une affaire d’État et brigue un second mandat, sans s’arrêter au « différend » qui l’oppose à tous les journalistes européens que ça intéresse : le détail de ses négociations avec Pfizer pour assurer aux Européens d’avoir assez de vaccins face au Covid. Ou plutôt le détail de ses SMS et de ses mails échangés directement avec le CEO. Ce n’est pas une bataille symbolique que seul le New York Times, qui, le premier, a compris l’importance de ces SMS, est en mesure de mener financièrement. C’est une question de fond et très simple : un dirigeant européen peut­il dépenser 30 milliards d’euros d’argent public sans avoir jamais de comptes à rendre ? Le quoi­qu’il­en­coûtisme – l’accès à des moyens publics illimités au mépris des règles et du cadre budgétaires érigé en doctrine politique – prime­t­il sur la transparence ? Toujours plus dépensiers, les États membres vont aller chercher chaque centime auprès de leurs administrés en acceptant que, tout en haut de la pyramide, personne n’ait de comptes à rendre ? Un revers de la main balaie généralement toutes ces questions. Un haussement d’épaules. Parfois, l’accusation de populisme.

Et puis, ce n’est pas nouveau : l’ex­chancelière allemande, Angela Merkel, était déjà une grande adepte du nettoyage téléphonique, dont elle avait déjà convaincu Mme Von der Leyen, alors ministre de la Défense. Courtisée par Uber, Neelie Kroes a fait disparaître tout ce qui pouvait la mettre en difficulté. Dans le Qatargate, l’ex­vice­présidente du Parlement européen, Éva Kaïlí, va essayer de faire disparaître la procédure qui a permis de retrouver des milliers d’euros à son domicile pour vice de forme de l’enquête, qui n’a pas tenu compte de son immunité de députée européenne. Et dans un mois, tout ce beau monde chouinera dans les médias devant l’horreur de la poussée des partis populistes, surfant sur la confiance disparue…

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Rédacteur en chef THIERRY LABRO
Édito #Politique MAI 2024 3

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POLITIQUE

10 ROMAIN BAUSCH

« Les finances publiques sont saines »

20 POLITRADAR

Finance : la quadrature du cercle vertueux

ENTREPRISES

12 MARC NEU

« L’objectif n’a jamais été de faire du ‘big business’ »

PLACE FINANCIÈRE

14 ANTOINE KREMER

« Notre défi : expliquer l’utilité de la Place pour l’Europe »

70

24 UNUSUAL SUSPECTS

26 DAMIEN CHASSEUR

« Je n’ai jamais paniqué »

32 CLAUDE MACK

« Les bonnes décisions au bon moment »

38 CATHERINE POGORZELSKI

« L’adrénaline sera toujours là »

44 NICO BIEVER

« Comme Obélix, je suis tombé dedans »

50 TIM KESSELER

44

« Apporter une plus-value au Prince Guillaume »

56 CE QUI ANIME LES

66

70 PORTFOLIO

Lumière !

in Tech Luxembourg.

26

Photos Guy Wolff
Portraits d’Unusual Suspects, comme Avanti Sharma, une des ambassadrices de Girls
MAI 2024 5
Damien Chasseur, à la tête de Collaboration Betters The World.
Sommaire Mai 2024
DIRIGEANTS
L’OMBRE
DE
LA TECH
62 LES PÉPITES SECRÈTES DE
LES DISCRETS DE LA FINANCE
Nico Biever à la tête de Genista depuis quatre décennies.

POST Golf Circuit 2024

Golf Club Kikuoka à Canach Golf de Belenhaff à Junglinster Golf de Clervaux 18.05 - 19.05 16.06 07.09 - 08.09

Sommaire Mai 2024

Le satellite en partie fabriqué à Luxembourg pour étudier la structure des astéroïdes.

Photos GomSpace Luxembourg, Guy Wolff et Fermob 120 86 ENJEUX 2024, année de l’espace 88 L’urgence climatique, levier d’accélération du spatial 90 O3b mPower, enfin ! 91 Spire à la recherche du break even 92 Ces start-up dans le vent 94 Juventas, pour défendre la Terre 96 Tout change, rien ne change 102 CLUBLETTER FOODZILLA 106 NEWS Jade Lebœuf et la food en héritage 108 THÈME DU MOIS Où se dorer la pilule en mai 110 AFTERWORK En mai, fais ce qu’il te plaît 112 CULTURE Les immanquables du mois 114 STYLE Dans le vestiaire de Lynn Frank 116 MONTRES Espace, frontières de l’infini... 118 MA MAISON Histoire et harmonie 120 MOBILIER
coups de cœur de Diane Heirend 122 CARS Le van du futur 134 #Under50
MAI 2024 7
Les
118 Patrice et Lara Collette ont rénové une maison de 1906. La Collection Luxembourg (2004) de Fermob, une des collections préférées de Diane Heirend.
86

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« Les finances publiques sont saines »

À l’occasion du dépôt du projet de loi de budget et de son projet de loi de programmation financière pour la période 2023-2027, Romain Bausch revient sur l’état des finances publiques et les orientations souhaitables pour qu’elles restent durables.

Dans quel état sont les finances publiques du Luxembourg ?

Comparées à l’international, les finances publiques sont saines. Avec un bémol cependant : le sol de nominal des administrations publiques est actuellement négatif, et cela risque de perdurer. Cela dit, indépendamment du gouvernement en place, nous constatons, ces dernières années, en analysant la fiabilité des projections, que le solde budgétaire est, en moyenne annuelle, sous-estimé à hauteur de 500 millions d’euros. Cela revient à dire que, lors de la clôture du budget, les résultats ont toujours été en moyenne de 500 millions d’euros meilleurs que les prévisions.

Ce décalage est-il imputable à la méthode de prévision ou s’agit-il d’une stratégie politique ? Je ne sais pas si c’est une stratégie politique, mais c’est certainement une approche de prudence politique. Je pense que les gouvernements veulent éviter de présenter des objectifs avec le risque que ceux-ci ne soient pas atteints.

Restrictif ou expansionniste, procyclique ou contracyclique : comment devraient être orientés ce budget et les suivants ? Ils devraient idéalement être contracycliques et expansionnistes. Il faut prendre des mesures pour s’attaquer à la crise. Il faut donc dépenser, mais en restant toujours raisonnables. Le FMI, lors de sa visite annuelle au Luxembourg, a livré la même analyse.

Jusqu’où le pays pourrait-il dépenser plus ?

Je pense que c’est moins une question de montant qu’un sujet de priorisation des dépenses. L’idée n’est pas de couper dans les dépenses d’une manière générale, mais de les restructurer afin de créer plus de marges de manœuvre pour des dépenses qui ont un effet sur le cycle économique. Il faudrait également arriver à une plus grande efficience dans les dépenses publiques.

La dette du Luxembourg progresse fortement à chaque crise (Covid, énergie, Ukraine). Dans un contexte de polycrise qui s’installe, combien de crises les finances publiques du pays sont-elles en mesure d’absorber ?

C’est toute la question. C’est la raison pour laquelle nous plaidons, au Conseil national des finances publiques, pour une maîtrise des dépenses afin de garder les marges de manœuvre requises pour répondre aux défis, d’où qu’ils viennent. Si vous appliquez les critères de Maastricht, nous avons encore beaucoup de marge. Mais je pense que, pour un petit pays comme le Luxembourg, s’approcher de ces critères serait risqué.

Vous relevez que le principal risque de dérive pour l’évolution des finances publiques et de la dette est lié au vieillissement de la population. Êtes-vous favorable à un système de réforme des pensions au Luxembourg ?

Il est évident que les systèmes de pension publics et privés doivent être réformés. Cela ne me semble pas une tâche impossible à mener à bien si on s’y attelle à temps. Il y a beaucoup de possibilités tant au niveau des recettes que des dépenses. Il faut les discuter avec des partenaires sociaux et trouver un compromis dans la tradition luxembourgeoise pour réformer en temps utile. Sans tarder.

Interview MARC FASSONE Photo MARIE RUSSILLO PARCOURS Économiste, haut fonctionnaire et président de SES, Romain Bausch est le président du Conseil national des finances publiques depuis 2014.
10 MAI 2024 Ristretto #Politique

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« L’objectif n’a jamais été de faire du ‘big business’ »

Le Parc merveilleux est synonyme de souvenirs d’enfance et de moments en famille pour bon nombre de Luxembourgeois et de frontaliers. Son directeur, Marc Neu, révèle l’envers du décor de ce lieu qui est bien plus qu’un parc zoologique et de loisirs.

L’APEMH a repris le Parc merveilleux en 1997. Quelle place l’activité de l’association a-t-elle au sein du parc ?

Un atelier d’inclusion professionnelle fonctionne toute l’année au sein du parc. Nous avons des conventions avec le ministère du Travail, qui prend en charge le salaire du personnel encadrant et encadré, qui a un contrat de travail avec la société coopérative de l’APEMH. Celle avec le ministère de la Famille concerne plutôt les jeunes qui relèvent du département Formation professionnelle, qui viennent d’écoles ou de lycées. En parallèle, il y a la société anonyme Parc merveilleux pour l’activité touristique, grâce à laquelle nous générons des recettes avec la vente des entrées, le restaurant, le magasin, le gîte, les manèges et le système de parrainage des animaux. Mais il ne faut pas oublier que l’objectif de l’APEMH n’a jamais été de reprendre le parc pour faire du « big business ». Le but était de fournir à nos jeunes une formation professionnelle et un travail adéquat.

Comment financez-vous les investissements faits par le parc ?

L’APEMH fait un prêt au parc à un taux intéressant, mais ça reste du « préfinancement » qu’il faut rembourser. La division Tourisme du ministère de l’Économie subventionne les travaux d’infrastructure et de modernisation jusqu’à hauteur de 50 %. Mais tous les projets ne sont pas éligibles, et pour ceux qui dépassent une certaine somme, c’est une commission qui décide si oui ou non le ministère cofinance le projet. Nous avons aussi des partenariats avec des entreprises luxembourgeoises. Ces sponsors nous permettent de réaliser des projets qu’on ne pourrait pas se permettre de financer seuls.

Avez-vous subi les conséquences des différentes crises qui ont impacté l’économie luxembourgeoise ?

L’année du Covid nous a fait repasser à six ou sept ans en arrière, lorsque la situation était plus difficile, mais nous avons maintenant retrouvé une certaine stabilité. Certaines retombées ont cependant été positives. Avant, nous n’avions pas de système de réservation d’entrée en ligne, par exemple. Nous avons aussi un informaticien qui travaille à 100 % pour le parc maintenant, nous avons investi dans la digitalisation. Dernièrement, les frais d’électricité sont passés du simple au triple et on a dû augmenter les prix des entrées d’un euro cette saison, ce qui nous permet tout juste de payer les frais supplémentaires. J’ai l’impression que la plupart de nos visiteurs le comprennent. Les indexations ont aussi pesé sur les comptes et nous rencontrons des difficultés côté recrutement pour trouver des employés qualifiés.

Quels sont vos projets ?

ATELIER DE L’APEMH

Marc Neu est aussi à la tête de l’atelier de l’APEMH, association de parents d’enfants avec un handicap intellectuel, du Parc merveilleux. Le lieu offre à des apprentis et salariés relevant du statut de travailleur handicapé la possibilité de réaliser des métiers liés à l’activité du parc.

Il va falloir que nous nous penchions sur les questions d’assainissement énergétique et de mise aux normes. Ça sera le grand défi des prochaines années. Nous allons par exemple devoir investir massivement pour moderniser le réseau souterrain, notamment refaire le réseau électrique, ce qui sera un investissement à long terme qui devrait tourner autour de 2 ou 3 millions d’euros.

12 MAI 2024 Ristretto #Entreprises

« Notre défi : expliquer l’utilité de la Place pour l’Europe »

Depuis 18 ans, Antoine Kremer représente les intérêts des banques et des fonds d’investissement luxembourgeois auprès des institutions européennes.

Une mission plus difficile qu’autrefois, à la suite notamment du Qatargate.

En quoi votre travail est-il plus difficile aujourd’hui qu’à vos débuts, en 2006 ?

La réglementation financière s’est considérablement développée : en 20 ans, on est passé d’une poignée de directives et de règlements à une soixantaine de textes. À mes débuts, surtout, il y avait très peu de représentants d’intérêts du secteur financier à Bruxelles : il était donc plus facile d’attirer l’attention de la Commission, des États membres et des eurodéputés. Aujourd’hui, pour être écouté, il faut constamment innover.

L’étiquette de profiteur, voire de tricheur, colle-t-elle toujours au Luxembourg ?

J’entends de moins en moins ce genre de préjugés. Le Luxembourg a quand même fait beaucoup de chemin, comme l’a reconnu l’an dernier le Groupe d’action financière (Gafi) en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Ce satisfecit nous est très utile.

Vous représentez un secteur qui a connu des crises. Terrain glissant ?

Reconstruire la confiance prend du temps. Notre défi est d’expliquer l’utilité de la Place luxembourgeoise pour l’Europe. Notre message : sans nous, l’économie européenne se financerait moins bien.

Quid des préjugés sur l’activité de lobbyiste ?

Les préjugés sont tenaces : on m’a déjà demandé si je me baladais avec des mallettes de billets ! Notre quotidien, c’est d’argumenter, de chercher le dialogue et d’expliquer 100.000 fois la même chose. Et nous avons des règles : nous déclarons ouvertement nos activités et nos ressources dans le registre de transparence européen. Quand cette base de données a vu le jour, en 2008, nous avons été parmi les premiers à nous enregistrer.

Le scandale du Qatargate, cette tentative de corruption d’élus européens, a-t-il compliqué votre travail ?

Quand les perquisitions ont eu lieu, en décembre 2022, j’ai immédiatement envoyé un courriel à ma hiérarchie : On n’a rien fait, mais ça va nous retomber dessus. ». Et c’est ce qui s’est produit, avec un net renforcement de la transparence au Parlement européen.

Est-ce un problème ?

En soi, absolument pas. Mon inquiétude est que si le fardeau administratif de la transparence devient trop lourd, les décideurs pourraient être dissuadés d’engager le dialogue avec des acteurs plus petits, comme nous. Nous sommes une grande place financière, mais nous sommes toujours perçus comme la place financière d’un petit pays…

Vous représentez les intérêts à la fois des banques, des fonds et – depuis deux ans –des assureurs. Y a-t-il des champs de tension, comme le secret bancaire à l’époque ?

TRIPLE

CASQUETTE

Jusqu’à présent, je n’ai pas rencontré de problème de casquette. Y compris lors de la discussion sur le secret bancaire, qui intéressait une partie des banques, mais n’a pas mobilisé les fonds.

Antoine Kremer, 50 ans, dirige le bureau conjoint de l’ABBL, l’Alfi et l’Aca à Bruxelles. Avec quatre personnes, l’effectif est modeste en comparaison notamment de la représentation allemande (huit personnes rien que pour l’assurance).

Est-ce à dire que les intérêts des banques, des fonds et des assureurs concordent ?

Nous avons un intérêt structurel commun : nous avons besoin du marché intérieur. Et nous représentons un petit pays dans une grande UE. Cela nous unit également.

Quels sont les enjeux des élections européennes pour la Place ? Découvrez l’analyse d’Antoine Kremer dès maintenant sur paperjam.lu.

GUILLAUME MEYER
14 MAI 2024 Ristretto #PlaceFinancière

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EMEA NVIDIA Tech Law Advisor, SCHILTZ & SCHILTZ Partner, Entrepreneur and Innovator, Tenzing Partners
JOCHEN PAPENBROCK Head of Fiancial Tech, Vuillermoz Capital JESSICA HOLZBACH CEO, Pile Capital ILANA IVANOVA Commissioner for Innovation, Research, Culture, Education, and Youth, European Commission
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Économie, productivité, compétitivité, attractivité, commerce extérieur et diversification

Éducation, skills et travail

PolitRadar

2023 - 2028

Logement

FINANCES PUBLIQUES ET FISCALITÉ

Transition énergétique et écologique

Santé et retraites

Aménagement du territoire et mobilité

20 MAI 2024 Politique

La quadrature du cercle vertueux

Après deux séries de mesures fiscales d’urgence afin de redonner du pouvoir d’achat aux ménages et de relancer le secteur de la construction, la vue d’ensemble de la politique fiscale du gouvernement a été précisée avec le projet de budget 2024. Volontarisme et enchaînements vertueux au programme.

Que retenir du premier budget du gouvernement Frieden et du projet de loi de programmation des finances publiques (2023-2027) qui va avec ? Surtout un volontarisme politique qui se traduit par un déficit assumé de 1,9 milliard pour l’admi n istration centrale pour 2024. Volontarisme qui se décline sur quatre axes : le soutien des ménages qui vise à leur rendre du pouvoir d’achat ; le maintien des investissements publics à un haut niveau afin de répondre aux besoins des transitions durable, digitale et démographique ; le renforcement de l’économie en général et de la place financière en particulier ; et la création d’un cadre favorable à une construction de logements mieux adaptée à la demande. Une politique volontariste dont l’objectif est d’activer un cercle vertueux en créant plus d’activité, ce qui permettra d’augmenter les recettes tout en diminuant les impôts sans sacrifier les aides ponctuelles aux secteurs qui en ont besoin et les investissements de demain. Le tout « sans

avoir à choisir entre le social, l’économie et l’environnement ». Vaste programme !

Du pouvoir d’achat en plus Deux de ces axes avaient fait l’objet d’annonces alors même que le budget était en cours d’élaboration.

Premier acte : redonner du pouvoir d’achat aux ménages. Le 30 novembre, le ministre des Finances, Gilles Roth, annonce l’ajustement des barèmes d’imposition aux effets de l’indexation. Selon les situations, les gains fiscaux s’échelonnent de 448 euros pour un contribuable en classe 1 ayant un revenu imposable de 31.981 euros à 2.189 euros pour une famille avec un enfant disposant d’un revenu net de 149.123 euros. Pour un ménage monoparental, le gain sera de 1.160 euros pour un revenu imposable de 43.453 euros par an. Ce pouvoir d’achat supplémentaire, qui est moins un cadeau qu’un rattrapage de l’inflation, permettra-t-il une reprise de la consommation, amorçant ainsi un cercle vertueux fiscal espéré par le Premier ministre ? Ou servira-t-il à se constituer un coussin d’épargne, au cas où ? Il est trop tôt pour le dire. Mais en juin dernier, la Banque centrale du Luxembourg relevait un changement notable dans les habitudes des ménages luxembourgeois : une forte augmentation des dépôts à terme, qui sont passés de 101 millions d’euros en juin 2022 à 4 milliards en juin 2023. L’heure est à la prudence pour les ménages.

Autres allégements fiscaux en vue

Ceci posé, d’autres allégements fiscaux sont au programme et pourraient faire pencher la balance. Pour les particuliers d’abord, avec notamment une réforme fiscale prévue pour 2026 et qui consacrera la fin de la classe d’impôt 1. En attendant cette réforme d’ensemble, les impôts des familles monoparentales, des célibataires de plus de 65 ans, des personnes divorcées et veuves baisseront au 1er janvier 2025, a confirmé Gilles Roth au sortir d’une session à la Chambre, le 6 février. Le ministre avait d’ailleurs affirmé réfléchir à une adaptation automatique du barème de l’impôt à l’inflation. Pour les entreprises, ensuite. Celles-ci devront encore patienter. L’accord de coalition prévoit « à moyen terme » que les taux

MAI 2024 21
Journaliste MARC FASSONE
POLITIQUE BUDGÉTAIRE

Politique

de l’impôt sur le revenu des collectivités et de l’impôt commercial communal convergent vers la moyenne des taux applicables dans les pays de l’OCDE. Selon les données de l’organisation, le taux moyen d’imposition des sociétés au sein de l’OCDE est de 23,1 % – il était de 32,3 % en 2000 –contre 24,9 % au Grand-Duché. En 2025, il est prévu une baisse de 1 % de l’impôt sur le revenu des collectivités (IRC). « Des allégements fiscaux au profit des petites et moyennes entreprises seront examinés », poursuit l’accord de coalition. Le régime des bonifications d’impôt pour les entreprises qui investissent dans la transition durable et digitale ainsi que dans la recherche et développement sera complété. Enfin, la fiscalité applicable en matière de transmission d’entreprises sera analysée dans le but de favoriser la pérennité de ces entreprises. On attends le calendrier.

363,9 millions pour le politique

Le deuxième acte concernait le logement (voir par ailleurs le PolitRadar du numéro 244 d’avril 2024 de Paperjam).

Outre le déchet fiscal de 130 millions dû aux mesures annoncées le 31 janvier dans le budget 2024, les crédits alloués à la politique du logement atteignent 363,9 millions d’euros. Le budget renforce également le programme gouvernemental d’acquisition de projets en vente en état futur d’achèvement. Ce programme prévoyait une enveloppe de 170 millions pour l’acquisition de 110 logements. Une rallonge de 480 millions sur la période 2024-2028 est rajoutée afin d’acquérir 800 logements de plus. Il est prévu de doter le Fonds spécial pour le logement abordable de 35 millions d’euros de plus qu’en 2023, portant ainsi son budget à 227 millions d’euros. En outre, environ 20 millions d’euros supplémentaires par rapport à 2023 devraient être prévus pour les aides individuelles au logement. Le budget total prévu pour les activités du ministère du Logement et de l’Aménagement du territoire en 2024 dépasse d’un peu plus de 80 millions d’euros le budget voté pour 2023.

Investir 4,4 % du PIB

Pour ce qui est des investissements, l’État met cette année sur la table 29,4 milliards

ÉQUILIBRES INSTABLES

Pour 2024, le gouvernement table sur des recettes de 27,5 milliards (+7,1 %) et des dépenses de 29,4 milliards (+7,6 %). Au final, le déficit de l’administration centrale atteindra

1,9 milliard. Tout cela mis bout à bout, pour l’ensemble de l’État, Gilles Roth s’attend à un déficit proche du milliard, soit un déficit de -1,2 % du PIB pour 2024 et proche de 1 % en 2025, soit 1,293 milliard. Enfin, le projet de budget table sur un niveau d’endettement de 26,5 % du PIB, soit 22,2 milliards.

d’euros, soit 1,8 milliard de plus qu’en 2023. Parmi les investissements clés, notons 4,3 milliards consacrés à la mobilité d’ici 2027 – 2,5 milliards pour le rail et 1,8 milliard pour les routes ; 2,47 milliards en 2024 pour les dépenses liées à la mise en œuvre du Plan national intégré en matière d’énergie et de climat (PNEC) ; 1,5 milliard alloué pour la période allant de 2024 à 2027 au Fonds climat et énergie ou encore 320 millions consacrés à la digitalisation des services de l’État. Les dépenses du Centre des technologies de l’information de l’État (CTIE) sont fixées à 700 millions pour la période 2024-2027. Sur la législature, le gouvernement prévoit des investissements à hauteur de 4,4 % du PIB.

En attendant la croissance

La philosophie ? Luc Frieden envoie un double message : le gouvernement fera ce qu’il a promis et il soutiendra l’économie. « Une approche qui génère un esprit d’entrepreneuriat, une attitude positive », affirme le Premier ministre. Une dimension psychologique qu’il espère voir s’étendre aux ménages, dont il espère que le pouvoir

22 MAI 2024

d’achat rendu grâce à la baisse des impôts se traduira par une hausse des dépenses qui viendra en retour soutenir les entreprises.

Le pari, derrière cela, c’est que ces mesures seront financées en retour par la croissance. Du fait de sa taille et de la composition de sa main-d’œuvre à majorité frontalière, une partie de ces gains de pouvoir d’achat sera exportée. Pour mémoire, en 2023, sur les 1.038.543 fiches d’impôt émises par l’Administration des contributions directes (ACD), 570.607 l’auront été par le bureau RTS non-résidents. Mais cela n’empêchera pas le cercle vertueux de se mettre en place, estime Luc Frieden, pour qui « si vous baissez la fiscalité, notamment des entreprises, vous attirez de nouvelles activités économiques, et cela renforce la compétitivité et la croissance de l’économie. J’ai la ferme intention de soutenir l’investissement dans la transition écologique et digitale des entreprises. Nous avons l’intention de baisser, au cours de cette législature, l’impôt sur le revenu des collectivités. Tout cela générera de la croissance. »

Cela ne convainc pas le président du Conseil national des finances publiques (CNFP), Romain Bausch, sceptique sur le fait que la croissance puisse financer les allégements d’impôts. Pour lui, la seule manière de financer des allégements d’impôts, c’est soit d’augmenter d’autres impôts, soit de disposer d’une marge budgétaire suffisante. Et c’est l’amenuisement de cette marge qui l’inquiète. Qui inquiète d’ailleurs toutes les institutions appelées à rendre leur avis sur le texte de projet de budget et l’ayant fait. Tous pointent une absence de mesures d’économie qui, sans augmentation d’impôt, pourront avoir un impact sur la hausse de la dette, et donc sur les marges budgétaires.

Et aucun n’envisage la possibilité que les baisses d’impôts puissent être financées par la seule croissance…

L’appel aux économies

Où pourraient se faire les économies ? À la question de savoir « où était le gras dans le budget de l’État  », Luc Frieden avait esquivé la question et parlé non pas d’économies, mais de « freinage de la croissance des dépenses  et de ciblage des dépenses sociales  ». De son côté, le ministre des

Finances, Gilles Roth, semait des petits cailloux çà et là comme autant de pistes. « Nous voulons briser la dynamique de progression des dépenses, sans pour autant rester immobiles. L’objectif est de dépenser notre argent de manière efficace, ciblée et stratégique », disait-il lors de la présentation à la Chambre des députés du projet de budget. Puis ici, il évoquait « une optimisation des dépenses et des frais de fonctionnement de l’État », ce qui inclut une « politique de recrutement plus judicieuse associée à une digitalisation accrue de l’État  ». Actuellement, 1.800 postes de fonctionnaires sont à pourvoir. Des postes qui concernent tout type de métiers et de fonctions, détaille le ministère de la Fonction publique. « L’État n’échappe pas à la pénurie de plus en plus importante de différents profils sur le marché du travail. Il a, comme toute entreprise ou organisation active sur le marché luxembourgeois, des difficultés à trouver des profils spécialisés dans un vivier de plus en plus réduit et dans un marché du travail tendu. Il y a ainsi des postes ouverts dans les domaines de l’IT, de l’éducation, de la santé ou encore pour des métiers de la finance », précise encore le ministère. Tous ces postes seront-ils pourvus ? Le projet de budget autorise « seulement » 1.500 recrutements, contre 1.393 unités en 2023. Et le site GovJobs liste à ce jour 277 offres d’emploi.

Là, il rappelait que « 47 % des dépenses sont des dépenses sociales », en évoquant une sélectivité dans les prestations sociales. « Il ne faut plus tout rendre gratuit pour tous » devenant, pour le CSV, un élément de langage. Mais rien de formalisé dans les textes budgétaires, comme le regrettent le Conseil d’État et la Cour des comptes. Le premier demande une meilleure évaluation du coût salarial de l’État et la deuxième veut un catalogue exhaustif des mesures d’économie détaillant quels départements ministériels, quelles administrations et quels postes budgétaires seront impactés, mais également quel sera le montant des sommes épargnées. Il sera intéressant de voir si ces deux institutions seront écoutées pour le budget 2025.

36.675

Selon la Cour des comptes, à trajectoire inchangée, la dette consolidée de l’administration publique passerait, de 2023 à fin 2027, de 19,175 milliards à 26,579 milliards, soit 27,3 % du PIB. Soit aussi une dette par habitant de 36.675 euros.

Relire notre PolitRadar « Logement »

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24 MAI 2024 DOSSIER

SOMMAIRE

P.26

Damien Chasseur : « Je n’ai jamais paniqué »

P.32

Claude Mack : « Les bonnes décisions au bon moment »

P.38

Catherine Pogorzelski : « L’adrénaline sera toujours là »

P.44

Nico Biever : « Comme Obélix, je suis tombé dedans »

P.50

Tim Kesseler : « Apporter une plus-value au Prince Guillaume »

P.56

Ce qui anime les dirigeants de l’ombre

P.62

Les pépites secrètes de la tech

P.66

Les discrets de la finance

Les profils présents dans ce dossier, impossible que vous les connaissiez tous. Ayant fait d’une forme de discrétion une ligne de conduite autant qu’une discipline, beaucoup d’entre eux ont accepté de s’exprimer – et de se dévoiler –pour la toute première fois. D’autres, plus prosaïquement, nous étaient restés jusqu’ici inconnus, ou méconnus. Entrepreneurs, décideurs, prescripteurs… Depuis 2000, Paperjam célèbre les idées, les projets et les personnalités qui font progresser le Luxembourg. Alors que nous pensions avoir « couvert » presque tout le monde, il a bien fallu se rendre à l’évidence : durant toutes ces années, des parcours sont passés sous nos radars. Lumière sur eux. Ce sont nos Unusual Suspects. Des femmes et des hommes dont, désormais, nous n’avons pas fini de parler. Découvrons-les.

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«Je n’ai jamais paniqué»

26 MAI 2024

Fondateur et partner de CBTW, Damien Chasseur s’est lancé un peu par hasard dans la tech il y a une dizaine d’années. Le voici aux commandes d’un groupe mondial de 3.000 collaborateurs, générant 300 millions d’euros de revenus.

Puisque ça nous démange, on commence par là… Pourquoi ce nom, Collaboration Betters the World (CBTW) ? De prime abord, c’est une appellation qui peut dérouter ! Vous trouvez ? Il s’agit, depuis des années, de la baseline du groupe. Alors quand s’est posée la question d’un changement de nom, lors du rebranding opéré fin 2022, cela a été facile. Car le nom, on l’avait. La collaboration améliore le monde, c’est une conviction chez nous. On a donc gardé cet élément, le why. Et puis… LVMH, qui sait ce que cela signifie ? On n’a pas la prétention de devenir aussi connus, bien sûr, mais si on se souvient de notre nom, CBTW, et que le public comprend ce que l’on fait dans la tech – c’est-à-dire du cloud, de la cybersécurité, du développement, de l’application, de la gouvernance, etc. –, on sera sur le bon chemin.

Retraçons vos débuts. Vous rapportez que tout a démarré au Kirchberg dans un bureau isolé, sans âme ni fenêtre. Légende ou réalité ?

dans un couloir. Comme d’autres boîtes ont commencé à nous imiter, on s’est fait virer. Et il a fallu trouver un autre bureau. Boulevard Prince Henri. Cent mètres carrés. Formidable. La boîte prenait forme.

Quand on se lance ainsi, qu’est-ce qui compte le plus ? Le premier client ou le fait que la boîte « prenne forme », comme vous dites ?

Je peux vous dire que je me souviens parfaitement du premier client. Du premier salarié recruté. Et de ce que je lui avais raconté…

Et vous lui aviez raconté quoi ?

Lorsque tu es entrepreneur, tu veux toujours faire croire que tu es plus gros que tu ne l’es en réalité. Je me disais : « Est-ce que, vraiment, il va me suivre s’il sait que je suis tout seul ? » Bon, finalement il m’a suivi. J’ai seulement contourné la réalité, ce n’était pas un gros mensonge. Ce collaborateur est toujours présent dans le groupe, d’ailleurs.

Rebranding bouclé et nouveau modèle d’entreprise intégré, Damien Chasseur souhaite maintenant ouvrir la notoriété du groupe Collaboration Betters the World (CBTW) au grand public.

Au lancement de CBTW, fin 2014, chacun des trois associés a apporté son histoire. Moi, cela a été avec une société du nom d’Adneom, fondée en 2011. J’ai démarré seul dans un espace partagé, avec un bureau sans fenêtre, en effet. Il y a plein d’anecdotes… On est arrivé avec notre imprimante, notre cafetière, et pour ne pas avoir à régler les 50 euros que coûtait une salle de réunion, on avait trouvé une parade autour d’une petite table installée

À l’époque, quel était le périmètre d’Adneom ?

C’était une société tech, déjà : les clients ont besoin d’être sur leur projet, ils ont un pic d’activité, ils n’ont pas envie de recruter, on leur met la compétence spécifique à disposition… Le modèle de beaucoup de sociétés dans la tech, en fait. On n’avait absolument rien inventé. Pour se différencier, il y avait le côté feel good, transparence et proximité avec les consultants… J’avais 28 ans, cette envie de créer. Une

Portrait GUY WOLFF Journaliste PIERRE THÉOBALD
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Damien Chasseur UNUSUAL SUSPECTS
Conversation

entreprise. De la valeur. Je n’ai pas eu peur, je n’ai jamais paniqué.

Parce que vous étiez fait pour ça ?

Va chercher tes clients, recrute les profils que tu as envie d’avoir dans ta business unit… Je n’aime pas le terme d’« entrepreneur », il est galvaudé. Mais j’étais séduit par cette idée de liberté et par le fait d’avoir plusieurs casquettes. J’avais envie d’essayer. Ce que j’ai fait. Et cela a marché.

Pourquoi l’option de la tech ?

Complètement par hasard. Je sortais de l’ICN Business School, à Nancy. On m’a recruté dans une entreprise française, Altran, et il s’est avéré que non seulement je n’étais pas mauvais, mais qu’en plus, cela me plaisait.

Votre groupe pèse aujourd’hui 300 millions d’euros de chiffre d’affaires et environ 3.000 salariés dans une vingtaine de pays à travers le monde. C’est allé vite, non ?

C’est allé vite, oui. Notre vraie chance, c’est que notre trio est très complémentaire. Moi, par exemple, je ne regarde jamais derrière. Je n’oublie pas le passé, mais je l’efface. Pourtant, cela fait du bien de se retourner de temps en temps. Sans quoi, on en veut toujours plus, on est vite grisés. On a connu des années où tu fais fois 2, fois 3, ou fois 4, et cela paraît normal. Alors que pas du tout. C’est bien de s’en rendre compte. Ne serait-ce qu’en prévision des moments où cela se passerait moins bien.

À quoi ressemble votre trio ?

Moi, je suis la personne exigeante, celui qui met en place le modèle auquel on a réfléchi ensemble, mais qui ne vient pas forcément de moi. Je comprends rapidement ce que l’on m’explique et, une fois que j’ai adhéré, ça déroule encore plus vite que chez celui qui a eu l’idée. Je peux râler. Beaucoup. Mais c’est mon caractère, il n’y a rien de méchant. Et j’essaie de moins râler. Jeremy Jacquet, le CEO, a davantage une vision de groupe. Quant à Yann Louise, il intervient sur d’autres aspects, avec une implication sur la partie sustainability. Un sujet à plein temps. Deux associés nous ont rejoints l’année dernière : un country

leader pour la zone Asie-Pacifique, un autre pour la zone Amérique.

Comment se prennent les décisions entre vous ?

Cela va très vite, là aussi. Chaque mois, on a un board sur l’opérationnel. Je n’ai pas souvenir de gros points de désaccord. Pendant 10 ans, je me suis demandé si c’était possible. Maintenant, honnêtement, je dors super tranquille. On est amis, je ne vois pas pourquoi cela changerait.

Vous avez opéré un rebranding, à la fin de l’année 2022. Qu’est-ce que vous recherchiez ? Comme je l’ai dit, on s’est développés très vite, de matière organique, en réinvestissant tout ce que l’on a gagné. On ne s’est jamais versé de dividendes. En a résulté beaucoup de cash, ce qui nous a permis de faire de la croissance externe. Les premières acquisitions ont été rock’n’roll. Tout cela a fait que l’on en était arrivés à 19 marques différentes. On s’est pris pour des autres… même nous, on s’emmêlait les pinceaux ! Décision a été prise de simpli-

Unusual?

C’est sa toute première interview dans un média national. Groupe mondial d’environ 3.000 salariés, CBTW s’appuie sur un nouveau modèle conçu autour d’un pool de marques réduit pour davantage de lisibilité. « Un travail de titan », résume le dirigeant, toujours en prise avec l’opérationnel puisqu’il a en charge les marchés luxembourgeois et allemand. Ambition de cette mue : gagner encore en rentabilité, en augmentant les marges, ainsi qu’en notoriété aux yeux du grand public.

«J’ai démarré seul dans un espace partagé, avec un bureau sans fenêtre.»
28 MAI 2024 Conversation Damien Chasseur UNUSUAL SUSPECTS
Photo Guy Wolff

fier, en passant à six marques, avec la création de Positive Thinking Company. Une étape très importante. Sur le modèle de Coca-Cola, avec la société mère et la société fille portant le même nom. Mais même là, on s’est rendu compte que ce n’était pas lisible, il y avait des silos. CBTW est né ainsi. Un travail de titans, guidé par cette question : « On est bourrés de bonnes ressources, mais les utilise-t-on toutes à bon escient ? » Depuis la création de CBTW, on prêche la bonne parole, à l’extérieur et en interne. Tout le monde dans la tech nous identifie, mais j’aimerais bien vulgariser et expliquer de manière super simple ce que l’on fait.

Comment vous présentez-vous à l’international ? Vous revendiquez vos racines luxembourgeoises ?

Notre empreinte est aujourd’hui globale, il y a de la fierté à être un groupe mondial indépendant. Et je suis également assez fier, oui, de dire à l’extérieur que le groupe a démarré au Belux. Après, on peut préciser qu’il y a une holding au Luxembourg, mais cela biaiserait le regard des gens. On a commencé la substance et le business ici, avant qu’existe cette holding.

Était-ce seulement imaginable, en 2011, depuis votre petit bureau borgne sans table de réunion du Kirchberg, d’être un jour actif dans une vingtaine de pays ?

Je ne sais pas si ça l’était. Sur le moment, on regardait davantage au plan local et européen. C’est d’ailleurs ce qui a fait la force du groupe : tout en ayant une empreinte mondiale, on dispose d’un authentique ancrage local. On compte 150 salariés au Luxembourg, mine de rien. Cela fait de nous un acteur du marché de l’emploi.

Ancrage que vous dupliquez partout où s’implante CBTW ?

On a tendance à l’oublier, mais notre métier est fondé sur l’humain. Donc il faut être au contact de ses employés et de ses clients.

Comment sont organisées vos équipes ?

Ce sont des tech. CBTW compte aujourd’hui neuf service lines. On crée, on développe, et on vend des solutions tech et business. Trois leviers pour ce faire. Un : les

L’attractivité, «un vrai problème»

Dans la tech aussi sûrement qu’ailleurs, et peut-être plus qu’ailleurs encore, l’attraction des talents est synonyme de casse-tête. « Je n’ai pas la solution, mais il faudrait quand même que le Luxembourg se rende compte qu’il ne parvient pas à attirer autant qu’avant. C’est un fait. Une réalité », pointe Damien Chasseur, 43 ans, dont le sujet constitue l’un des chevaux de bataille. « Il y a 10 ans, on parvenait à attirer quelqu’un pour le salaire et la qualité de vie. Aujourd’hui, le salaire ne le fait pas passer outre le logement et le transport. La qualité de vie, je ne veux pas rentrer dans ce débat, mais on trouve tous qu’elle est un peu moins bonne… Il y a un vrai problème. J’aimerais qu’il y ait plus d’initiatives globales. Hormis Nexus 2050 (l’événement piloté par The Dots et Maison Moderne dont la première édition se tiendra les 26 et 27 juin prochains à Luxexpo The Box, ndlr), qui essaie de donner un coup de projecteur sur la tech au niveau européen, il n’y a pas beaucoup de démarches », soulignet-il encore.de cette mue : gagner encore en rentabilité, en augmentant les marges, ainsi qu’en notoriété aux yeux du grand public.

partenariats, et c’est passionnant de découvrir ce métier d’intégrateur. Deux : l’ensemble des solutions développées en interne au fil des projets qui ont été les nôtres, packagées pour nos clients. Trois : la partie consulting, pour les clients ne souhaitant pas une solution existante, mais qui demandent que l’on tune ce qu’ils ont déjà, et à qui on met à disposition des équipes avec des engagements de résultats.

Quid de la commande publique ?

On travaille avec l’État luxembourgeois, avec de belles références. Mais pas avec les

MAI 2024 29

institutions européennes pour le moment. Un business à part, qu’il faut connaître. Cela a été un choix au début. Je n’avais pas le temps de m’y consacrer, je suis allé au plus efficace. En vérité, on fonctionne de manière « opportunistique ». Il y a un calcul à faire entre le temps passé sur un appel d’offres et le retour sur investissement.

Au Luxembourg, Accenture qui rachète Arhs Group, c’est un concurrent pour vous…

Ce n’est pas un secret, les Big Four, les gros cabinets comme Accenture ou les fonds d’investissement ont plein d’argent en ce moment. Ce qu’il y a de bien pour nous, c’est que l’on se situe dans un moment où l’on a tout ce que certains fonds recherchent : un nom, la présence internationale, etc. Mais aujourd’hui, il n’y a rien de concret.

Vous regardez ce qu’il se passe ?

Nous, on ne regarde pas. En revanche, on nous regarde.

Cela revient à dire que vous avez déjà eu des approches ?

On est un acteur qui commence à devenir important. Pourquoi pas…

L’intelligence artificielle, c’est un enjeu ? Le Luxembourg ne sera pas précurseur dans ce domaine, et c’est tant mieux. Comme d’habitude, le pays va attendre de voir ce qu’il se passe, avant de s’adapter. L’IA est un moyen de faire parler de soi, mais je ne sais pas si tu te différencies en te positionnant dans le lot de tous ceux qui proposent quelque chose en ce moment.

Comment s’articule votre stratégie ESG ? C’est un métier à plein temps. Pour travailler sur les véhicules, les trajets, la sensibilisation… Mais je ne suis pas la meilleure personne pour en parler. J’ai un petit côté rebelle qui fait qu’à chaque fois que l’on m’impose quelque chose, j’ai du mal à l’appliquer. Je laisse gérer ça. J’ai besoin de comprendre la logique des choses pour les mettre en place, et aujourd’hui j’ai l’impression que c’est un nice to have.

Qu’en est-il du « toujours plus » que vous avez évoqué tout à l’heure, en matière d’expansion à l’international ?

Ce « toujours plus » a changé. On a conscience de notre potentiel désormais et, en matière de communication externe, on est plus sûrs de ce que l’on sait faire. Le « toujours plus », aujourd’hui, porte donc davantage sur la manière de collaborer avec les clients. La course à l’affichage de 20 ou 25 pays de présence à travers le monde n’a plus lieu d’être. On va moins chercher à tout prix à obtenir un plus grand nombre de clients, plutôt à développer les existants. En résumé : faire un peu mieux avec un peu moins de clients.

Le marché américain constitue-t-il un graal ?

On y est présents. Mais ce n’est pas un rêve. Honnêtement, non. En revanche, il faut y être. Comme il faut être en Asie. Quand on souhaite avoir une empreinte globale telle que la nôtre, c’est indispensable. Sans cela, on n’est pas considérés.

À titre personnel, vous êtes-vous déjà fixé une deadline ? Au vu de votre tempérament, on peine à imaginer que vous allez rester dans ce business éternellement…

C’est sûr, l’humain n’est pas ce qu’il y a de plus reposant, il y a beaucoup de service après­vente. Mais ce qui me comble, c’est ce que j’ai appris. Si je n’avais pas été aux côtés de mes associés et amis, j’aurais peutêtre abandonné avant. Dans les coups durs, on s’est épaulés. Je ne sais pas si je ferai ça toute ma vie, j’aime avoir des petits trucs à côté. L’hôtellerie m’intéresse, par exemple. Mais mon métier premier est CBTW. Et l’on a encore des choses à accomplir.

CBTW monte au filet

Passionné de sport, Damien Chasseur l’est plus particulièrement de tennis, qu’il pratique à un respectable niveau. Avec une préférence pour les gauchers, apparemment. Un immense portrait du fantasque John McEnroe orne son bureau du centre-ville de la capitale, et l’ancien n° 5 mondial Henri Leconte compte au nombre de ses amis chers.

Récemment, CBTW a d’ailleurs posé une première semelle sur les courts en développant l’appli mobile du tournoi de Paris-Bercy, une épreuve classée dans la catégorie des Masters 1000, la plus prestigieuse après les quatre levées du Grand Chelem. Prochaine étape, Roland-Garros ? « Le vrai kiff, c’est d’allier ses passions et notre activité. Je suis très proche de la Fédération française de tennis. Il y a d’autres tournois qui nous ont sollicités. On n’a pas vocation à être B2C, mais quand même… J’aimerais bien étendre ce que l’on a fait à d’autres rendez-vous », répond celui qui nourrit également le projet d’aider à la reconversion de sportifs à l’issue de leur carrière.

30 MAI 2024 Conversation Tim KesselerConversation Damien Chasseur UNUSUAL SUSPECTS
Photo Shutterstock

Investir dans l’immobilier de façon opportuniste

Dans un marché immobilier en pleine mutation, les fluctuations économiques ouvrent des opportunités d’investissement, que ce soit en « distressed deal » ou grâce à une diversification géographique.

Les fluctuations des taux sont une source d’opportunités : les fluctuations économiques offrent souvent de nouvelles opportunités d’investissement. L’évolution des taux d’intérêt récente ouvre des perspectives intéressantes. « Le marché immobilier souffre d’une pénurie de financement, due à la dépréciation des actifs et au manque d’appétit des banques. De nombreux acteurs ne peuvent honorer leurs obligations financières, offrant ainsi de multiples opportunités aux investisseurs. Certains doivent même restructurer leurs dettes », explique Pierre Thomas, CEO et Cofondateur de Real Estate Premium Opportunity.

La diversification géographique est une autre façon d’optimiser son investissement : dans l’immobilier, la diversification géographique est une stratégie incontournable pour optimiser les rendements et réduire les risques. Elle consiste à répartir les investissements dans différentes régions plutôt que de se concentrer sur un marché unique. « La diversification géographique est un bouclier contre les turbulences économiques locales, offrant stabilité et souplesse pour saisir les opportunités », précise Tanguy Besrest, Managing Partner et Cofondateur de Real

Estate Premium Opportunity. L’équipe se concentre sur des emplacements dynamiques où la visibilité, la notoriété et le contexte géographique sont essentiels.

Un réseau solide de partenaires locaux dans des zones dynamiques : l’équipe de Real Estate Premium Opportunity a construit depuis plus de quinze ans un réseau de partenaires locaux avec un historique solide pour identifier et exploiter les opportunités dans de nombreuses régions. « Nous avons développé un réseau de partenaires stratégiques nous permettant l’accès à des stratégies de niche, ce qui nous permet de nous démarquer des acteurs traditionnels », précise Pierre Thomas.

Une équipe locale dotée d’une grande expertise : l’expérience des membres de l’équipe de Real Estate Premium Opportunity, associée à son large réseau immobilier international, maximise les opportunités du secteur. « Notre expertise accélère la mise en place des structures pour nos investissements, renforçant ainsi la qualité de nos décisions et la sécurité pour nos investisseurs », ajoute Pierre Thomas. Basée au Luxembourg, notre équipe cible une clientèle institutionnelle et des investisseurs avertis grâce au lancement de son nouveau fonds de type RAIF. La demande croissante dans l’immobilier et le private equity soutiendra notre croissance.

Disclaimer : ce document fournit des informations à titre informatif et ne constitue ni une offre ni une sollicitation d’achat ou de vente de parts dans le fonds mentionné. Les investissements comportent des risques, y compris la perte éventuelle du capital investi. Les investisseurs doivent consulter un conseiller financier professionnel avant toute décision. Aucune garantie n’est donnée quant à l’exactitude des informations fournies, et aucune responsabilité n’est acceptée pour les erreurs ou omissions. Ce document s’adresse aux investisseurs avertis.

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Pierre Thomas - pierre.thomas@opportunity.re

+352 621 490 629

Tanguy Besrest - tanguy.besrest@opportunity.re

+352 661 255 188

PARTNER CONTENT
Cape Coral (Floride) : projet de construction d’un Multi-family, début de la construction Q3 2024, une des premières lignes d’investissement de la stratégie globale.
«Les bonnes décisions au bon moment»
32 MAI 2024

Fondateur et CEO du family office CM Capital, Claude Mack a ajouté private equity et listed equity à son portefeuille d’activités, autrefois exclusivement occupé par l’immobilier. Limiter les risques et garder la tête froide, telle est devenue sa philosophie.

À quel moment avez-vous acquis la certitude que vous feriez carrière dans les affaires ?

Très jeune, en fait. Mes parents étaient tous les deux fonctionnaires d’État. De mon côté, je me suis toujours dit que je m’orienterais différemment. Des copains plus âgés que moi étaient dans les affaires. Cela me fascinait.

Qu’est-ce qui nourrissait cet attrait, cette fascination ?

Le risque. La découverte. Créer. Développer quelque chose.

Bien avant la création, il y a plus de 20 ans, de CM Capital, la porte d’entrée aura été l’immobilier. Quels souvenirs retenez-vous de ces premiers pas ?

très serrés. On ne savait pas dans quelle direction on allait évoluer. Pendant un an, je n’ai pas pris de salaire. Il a fallu construire sur de bonnes racines. Fin 1990, j’ai vendu à 50 % Terraconsult à DTZ. Parallèlement à mon activité d’agent immobilier, j’avais plusieurs grands développements d’immeubles de bureaux, comme ceux situés sur la route d’Arlon où depuis s’est installé le siège de la CSSF. À l’époque, le marché était tout petit. Il y avait très peu de promoteurs internationaux. Très peu de grands projets.

Le terrain de jeu était donc plus facile qu’actuellement ?

Dès son plus jeune âge, Claude Mack, 55 ans, s’est rêvé homme d’affaires. Depuis ses débuts dans l’immobilier, il n’a cessé d’évoluer.

J’ai commencé en tant que négociateur chez le courtier Jones Lang LaSalle, en 1992. J’ai ensuite eu la chance de partir en Allemagne de l’Est pour gérer deux bureaux de cette même société. C’était peu après la réunification de l’Allemagne, une période passionnante. J’y suis resté deux ou trois ans. Avant de revenir et de créer ma propre société, Terraconsult. J’ai pris le risque, me disant : « L’immobilier se développe le mieux dans le pays où tu es né, le pays que tu connais. » J’avais déjà un bon carnet d’adresses, je pouvais approcher d’anciens clients et des connaissances sur qui j’ai pu m’appuyer. Le succès a été rapide, on a été profitables dès la deuxième année. Au démarrage, j’ai quand même été très prudent. Avec des budgets

Beaucoup plus facile. Non seulement la concurrence était moindre, mais, surtout, les banquiers étaient davantage disposés à accepter les risques. On a eu la chance de les avoir à nos côtés. Si vous me demandez ce qu’est la clé de mon succès, elle est là : les banquiers m’ont fait confiance et ont financé mes grands projets. Ce qui serait pratiquement impossible aujourd’hui.

Favorable ou contrariant, le timing est décisif dans le business ?

Absolument. Vous pouvez concevoir de très beaux immeubles à de très beaux endroits, mais si vous rentrez dans le mauvais marché, vous risquez de perdre de l’argent. Tandis que dans le bon marché… Lorsque je me suis lancé, on n’avait presque pas de vide locatif, les gens se battaient pour avoir des immeubles, tous étaient préloués avant la finition.

Portrait GUY WOLFF Journaliste PIERRE THÉOBALD
UNUSUAL SUSPECTS MAI 2024 33
Conversation Claude Mack

Et cette chance, que vous venez d’aborder ? Elle aussi constitue un paramètre inhérent aux affaires ?

Vous pouvez être très intelligent et très travailleur, mais si vous n’avez pas de chance, cela ne marche pas. Est-ce que la chance se provoque ? Je ne pense pas. En revanche, il faut savoir la saisir.

Qu’elle cesse de vous sourire, c’est votre plus grande crainte ? Non. À partir d’un certain moment dans une carrière professionnelle, il faut réduire la voilure. Donc réduire les risques. Ce que j’ai commencé à faire dès 2005.

Pourquoi 2005, précisément ?

Le 11-Septembre nous a agités, tout de même… À cette période, j’avais en construction un grand immeuble de bureaux à Luxembourg que l’on avait du mal à louer. Une fois que le projet a été bien achevé, je me suis dit que j’avais eu à nouveau de la chance. Je l’ai finalement vendu. À partir de 2005, les banques sont devenues beaucoup plus exigeantes en matière de fonds propres, de risques, etc. C’est devenu beaucoup plus difficile.

La prélocation, également, est devenue difficile. J’ai donc un peu mélangé les activités. On a investi dans l’industrie, dans la télécommunication, dans d’autres métiers. Aujourd’hui, nous sommes dans le mix suivant : un tiers immobilier, un tiers private equity, un tiers listed equity. Depuis deux ans, le groupe CM Capital fonctionne sous la forme de family office. Avec une approche vis-à-vis du risque différente de ce qu’elle était dans le passé.

Cette diversification, tout le monde ne s’en est pas emparé…

Quand on est promoteur immobilier, on le reste en général toute sa vie. Ce que les autres ont probablement tous fait. Moi, j’ai plutôt dit : « Il faut diversifier un peu. »

C’était le bon moment, juste avant la grande crise bancaire de 2008, 2009 et 2010. Des années très difficiles. Mais grâce à cette diversification, on les a traversées sans grands problèmes. Ce qui fait la différence, également, c’est de ne pas avoir une grosse structure. Moi, j’ai toujours voulu conserver une structure relativement petite. Afin de demeurer flexible.

Est-ce à dire que vous avez délibérément appuyé sur la pédale de frein en matière d’expansion ? Tout à fait. Doucement. Et heureusement qu’on l’a fait. À certains moments, je me suis retrouvé avec une concentration d’engagements sur différents projets où parfois, la nuit, on se pose des questions. « J’espère que tout va bien se passer… » À 30 ou 35 ans, ça va, il n’y a aucun souci. Mais à 55 ans, cela devient plus difficile.

Pour quels motifs ?

Parce que vous n’aurez pas une seconde chance pour rattraper le coup. Si un grand projet n’aboutit pas, vous risquez de tout perdre, sans possibilité de tout redémarrer. Ce qui n’est pas le cas à 35 ans.

En début d’entretien, vous m’avez pourtant dit que ce risque-là, c’est un peu ce qui vous motive… C’est ce qui m’a motivé dès le début. Mais avec les années, on a une autre approche vis-à-vis du risque.

Unusual?

La notion de work-life balance, il la comprend. Mais Claude Mack, 55 ans, ne se souvient pas de s’en être soucié : « Lorsque j’ai créé ma société, j’étais aussi jeune papa, mais s’il fallait travailler 10 heures, je travaillais 10 heures… Si c’était le samedi, c’était le samedi… Le dimanche, idem… S’il fallait prendre trois fois l’avion à 6 heures du matin, je le prenais… », raconte celui qui s’est lancé en fondant Terraconsult, en 1994, avant CM Capital, en 2003, en plus de responsabilités durant 10 ans chez Luxaviation. Au tempérament discret, Claude Mack ne cherche pas la pub. Ni à apparaître en première ligne. Au quotidien, « c’est important d’avoir du recul. Si je suis impliqué dans le daily business d’une société, je perds cette vision distanciée. J’y ai toujours veillé. »

«La clé de mon succès, elle est là: les banquiers m’ont fait confiance.»
UNUSUAL SUSPECTS
Conversation Claude Mack
34 MAI 2024
Photo Guy Wolff

Vous l’avez dit, CM Capital, fondé il y a plus de 20 ans à présent, repose aujourd’hui sur trois piliers. Dans le détail, comment l’offre se structure-t-elle ?

L’immobilier reste présent, mais nous ne sommes plus sur le développement, uniquement sur l’immobilier existant. Avec un portefeuille d’immeubles de bureaux, et un beau portefeuille d’immeubles résidentiels également, affichant tous un taux de location de 100 %. Le deuxième volet, c’est le private equity. Qui nous fascine de plus en plus. D’autant que les banques sont devenues de plus en plus compliquées vis-à-vis des entrepreneurs souhaitant démarrer leur business. Ces entrepreneurs sont dépendants, en quelque sorte, du private equity. On a un grand rôle à jouer. J’ai, chaque mois, une vingtaine de dossiers sur mon bureau. Je dois les analyser. Beaucoup ne m’intéressent pas, mais parfois il y a une perle. Et cette perle, il faut la trouver.

Comment ?

À travers un bon business plan. Un bon pitch. Mais c’est surtout un feeling. Quand j’ai quelqu’un en face de moi et que je discute avec lui, soit il arrive à me fasciner dès le début, soit ce n’est pas le cas. La relation, c’est essentiel.

Ce feeling, c’est aussi du flair ?

Je l’ai compris au fil des ans. Avec l’expérience. Après des milliers de rencontres et d’entretiens, on arrive à avoir un feeling en face de quelqu’un.

Sur cet aspect humain, quelles sont vos attentes ?

Si la relation humaine ne fonctionne pas dans une collaboration, cela ne marche pas. Idem avec les employés. Surtout dans les petites équipes. L’humain est le plus important. Il faut avoir la motivation, la passion. Si je sens que la chimie n’est pas là, je n’y vais pas.

Venons-en au troisième pied d’appui de CM Capital : le listed equity. C’est le volet le plus « sûr » de notre activité. À travers des sociétés cotées en bourse – je ne veux pas donner de noms – que nous recherchons parce qu’elles ont un business récurrent, un dividende solide.

Crise et vertus

S’il est un expert de la crise du marché de l’immobilier au Luxembourg, c’est lui. Claude Mack rassure : « Le marché est en train de se calmer, les gens vivent avec les nouveaux taux. Dans six mois, on sera à nouveau dans un marché beaucoup plus normal. On s’attend à une baisse, ou deux baisses, cela va encore calmer les marchés. Cela dit, il y a eu une explosion, ces dernières années, qui était presque malsaine. » Pour lui, la tempête des derniers mois est certes « brutale », « mais elle remet un peu les pendules à l’heure. Au Luxembourg, on n’avait pas l’habitude de gérer pareilles crises. Même en 20082009, ce n’était pas aussi intense. Mais cela explique aussi que l’immobilier, même résidentiel, demeure un risque. Si vous achetez un appartement pour le louer, il y a toujours un risque. On pensait que les Luxembourgeois avaient la brique dans le ventre, avec une gestion de bon père de famille. C’est exact. Mais si vous faites un emprunt, cela représente un risque. »

Les trois entités fonctionnent-elles en interaction ?

Pas vraiment. C’est d’ailleurs la force de notre structure : nous sommes indépendants et travaillons dans trois domaines différents, avec des risques différents.

À l’avenir, pourriez-vous pousser encore davantage les curseurs en matière de diversification ?

Je n’exclus rien. Mais immobilier, private equity et listed equity sont les trois piliers les plus importants dans la finance. Et l’on ne peut pas trop en faire, sinon on fait les choses mal.

MAI 2024 35

Comment expliquer l’intérêt grandissant pour les family offices ?

Les banquiers ont des limites aujourd’hui. Ils ne peuvent plus agir autant qu’ils agissaient avant. Dans le family office, les familles gèrent leur fortune en essayant d’accéder à tout type d’investissement. Il faut quelqu’un qui connaît les différents métiers. Comment voulez-vous investir dans un fonds private equity sans conseil ? Même chose avec les restrictions, puisque vous êtes souvent « bloqué » pendant 10 ans, c’est un investissement qui n’est pas liquide. C’est pour cette raison que la diversité de piliers est intéressante. Les actions cotées, je peux les vendre tous les jours. Un immeuble, en revanche, n’est pas liquide. Le conseil aux familles via un family office est d’autant plus important qu’il y a 20 ans, vous n’aviez pas tous ces produits.

Côté investissements, quelles règles de conduite gouvernent vos décisions ?

Pour chaque investissement que je fais, chaque projet que j’entame, chaque dossier que j’analyse, je réfléchis toujours au worst case scenario. Qu’est-ce qui se passe, si ça tourne mal ? Chaque entrepreneur doit effectuer cette démarche. En ne prenant pas de décisions euphoriques, mais en calculant bien, en réfléchissant avant de « rentrer ». Parce qu’une fois que vous avez dit oui, c’est difficile de « sortir », ensuite. Nous exerçons beaucoup de responsabilités.

Garder la tête froide, d’accord. Mais de quelle manière ?

C’est une facette qui se construit. Avec l’âge, on garde davantage la tête froide. Peut-être trop froide, car on risque de rater de bons dossiers. Mais plutôt que d’avoir de mauvais dossiers…

Vous avez fait référence au 11-Septembre, tout à l’heure. Depuis cette date, les crises s’enchaînent à un rythme démentiel. Comment les surmonter alors même que vous n’avez aucune prise sur le cours des événements ?

C’est une très bonne question. Jusqu’au 11-Septembre, on pensait que tout allait dans une seule direction. Ce jour-là, je me trouvais en conseil d’administration de la société EBRC que j’avais créée avec la Poste. L’espace aérien était fermé, qu’allait-il se

passer ? La guerre ? On s’est ensuite rétabli jusqu’à la crise de 2008. Qui aurait pu prédire qu’une banque comme Lehman Brothers allait un jour tomber en faillite ? Un autre choc. Quant à 2022 et la guerre en Ukraine… Évidemment, ça fait peur. Et c’est l’illustration de la vitesse à laquelle un marché peut évoluer, avec les intérêts qui ont explosé, l’inflation qui a explosé. Tous les indicateurs ont changé en 10 jours. Oui, ça fait peur. Regardez la Chine et Taïwan… On doit devenir de plus en plus prudent, les choses varient si vite. En une nuit parfois. Alors qu’autrefois, un krach boursier, on le voyait venir. Désormais, rien n’est prévisible. C’est pourquoi il faut conserver cette prudence. Et toujours gérer les engagements.

Si vous en aviez le pouvoir, que changeriez-vous dans votre parcours ?

Je trouve que l’on a pris les bonnes décisions, au bon moment. Si l’on avait continué avec les grands risques d’immeubles de bureaux, on aurait pu avoir des moments difficiles. Mais ça, j’ai réussi à l’éviter.

Que vous reste-t-il à accomplir ?

Continuer à gérer le patrimoine que l’on est parvenu à constituer. On gère des actifs importants, avec un volume à neuf chiffres. Je souhaite bien les gérer pour la génération d’après. Mais s’il y a des opportunités qui se présentent, on les saisit. J’aime soutenir des jeunes qui créent des entreprises, et ainsi contribuer au développement de l’économie luxembourgeoise.

Bouclons la boucle : que penserait le jeune homme que vous étiez avanthier du Claude Mack d’aujourd’hui ? Il le verrait comme un exemple à suivre. Je l’espère en tout cas !

2006

« Les premiers immeubles que j’ai réalisés sont toujours là. Lorsque je passe devant, cela me rend fier. Même des années plus tard », explique Claude Mack. Le bâtiment qui lui procure la plus forte émotion ?

« L’immeuble Lassner. Un immeuble mythique, que chaque Luxembourgeois connaît à travers le magasin de jouets. Je l’ai acheté en 2006, j’ai décidé de le conserver dans mon patrimoine personnel. Un projet très compliqué, nous avons complètement ‘décortiqué’ le bâtiment, n’en conservant que les murs. Cinq ans de travail. À l’arrivée : un immeuble de bureaux moderne, derrière une façade classée. Ce qui n’est pas évident de nos jours… »

UNUSUAL SUSPECTS
Conversation Claude Mack
36 MAI 2024
Photo Guy Wolff

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New risks, new opportunities

S’installer dans un autre pays peut constituer un réel défi. En acceptant un nouvel emploi au Luxembourg, ces dix expat L’environnement économique et politique présente un mix dynamique de nouveaux risques et d’opportunités prometteuses. S’adapter à l’évolution des conditions du marché et garder une longueur d’avance est primordial pour réussir. Les entreprises au Luxembourg doivent notamment accélérer leur transformation numérique, prioriser la durabilité, rester vigilantes et prendre les mesures nécessaires en matière de cybersécurité, et s’adapter rapidement aux changements réglementaires.

Avec la participation de Bettina Steinbrügge (Mudam), Stéphanie Noël (Victor Buck Services), Tobias Stüber (flibco.com), Matthieu Bracchetti (Virtual Rangers), Pascal Rapallino (Verona International) et Luc Neuberg (ALRiM).

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«L’adrénaline sera toujours là»
38 MAI 2024

Fondatrice, il y a dix ans, du cabinet DLA Piper, Catherine Pogorzelski a décidé de tourner la page en ce printemps. Passée senior partner, elle va se consacrer à l’investment management, matière qui l’exalte. Fonceuse. Passionnée. Et humaine.

DLA Piper vient de quitter ses bureaux originels du Kirchberg pour investir l’immeuble baptisé Nova, place de l’Étoile. Au même moment, vous renoncez à vos fonctions de country managing partner… Difficile d’imaginer qu’il s’agit uniquement d’une coïncidence ! Et l’on peut ajouter que nous sommes à quelques jours du 10e anniversaire du cabinet, ainsi que le fait que nous accueillons, au 1er mai, notre 100e collaborateur… Mais je vous assure que tout cela résulte d’une petite coïncidence. C’est avant tout une jolie symbolique. L’année dernière, j’ai pris un break estival plus important qu’à l’habitude. Deux mois off. Dans ce métier où l’on ne déconnecte jamais totalement, il s’agissait de la première fois en dix ans. J’avais besoin de ces deux mois pour me poser les bonnes questions. Qu’est-ce que j’aime ? Où sont mes forces ? Mes faiblesses ? Qu’est-ce qui me draine ? À mon retour, à la rentrée, j’ai évoqué avec mes associés la possibilité que quelqu’un d’autre prenne le relais. Afin d’écrire une nouvelle page.

avocat luxembourgeois, de traiter mes dossiers. L’interaction avec mes clients, c’est ce qui me nourrit. Parallèlement, je vais continuer de me consacrer à la partie investment management de la firme.

Avec quelles perspectives ?

À la tête de DLA

Piper depuis dix ans, Catherine Pogorzelski a décidé de bifurquer.

Cette nouvelle page vaut pour le cabinet comme pour vous. Dans quel cadre s’inscrit votre futur rôle ? Au 1er mai, je deviens senior partner du bureau. Ce sera davantage un rôle d’ambassadeur. Je ne serai plus impliquée dans le quotidien des décisions prises. Je m’occuperai plus des aspects de stratégie, de visibilité, tout ce qui est en lien avec l’international et au niveau de la global firm Évidemment, je continuerai d’être un

Il y a bientôt trois ans, j’ai initié un projet de restructuration du groupe « fonds ». Historiquement, DLA avait un groupe investment funds intégré dans l’équipe corporate. Principalement des gens qui travaillaient sur la mise en place des structures « fonds », et qui représentaient les clients dans leurs fonds d’investissement. J’ai proposé aux fonctions exécutives de regarder cela sous un angle différent : celui de la chaîne de valeur. En intégrant que les fonds d’investissement sont des plateformes qui lèvent des capitaux auprès d’investisseurs pour déployer une stratégie d’investissement et investir sur une base globale. Pour mettre en place une structure « fonds » qui fonctionne, il ne faut pas uniquement considérer l’aspect du fonds d’investissement, mais la structure dans son ensemble. Donc, comment intégrer les investisseurs, comment déployer la stratégie d’investissement… Pour le faire correctement, il faut réunir des avocats de tous les pays où les investissements vont se faire, et réunir des avocats de tous les pays où le capital va être levé auprès des investisseurs. La force de DLA, c’est d’être présent dans tous les pays nécessaires à ces clients. Au-delà, il faut réunir des gens exerçant des métiers différents dans le droit. Ce point de vue ne correspond pas à la

Portrait GUY WOLFF Journaliste PIERRE THÉOBALD
UNUSUAL SUSPECTS MAI 2024 39
Conversation Catherine Pogorzelski

méthode habituelle de fonctionnement des cabinets. J’ai « forcé » un autre angle de vue. Une initiative dans la firme. À partir du 1er mai, je vais davantage travailler sur ce projet-là, en collaboration avec mes collègues américains – nous ne sommes pas intégrés financièrement avec eux – et le reste de la firme.

Si l’on revient aux débuts de l’histoire, quel était votre état d’esprit, en 2014, lorsque vous avez manifesté l’intention d’implanter DLA Piper au Luxembourg ? D’un point de vue personnel, l’ambition, à l’époque, c’était de décider par moi-même. J’étais très heureuse dans mes postes précédents. Mais on se retrouve emprisonné dans un cadre qui préexiste, et il faut s’intégrer à l’intérieur. Ce que j’aimais dans l’idée de lancer DLA au Luxembourg, c’était de partir d’une page blanche. Avec plus de latitude. J’ai pris ce que j’avais appris et aimé dans les cabinets précédents, en me disant : « Tiens, ça on pourrait le faire différemment. » Ce que j’ai fait. C’est un métier très difficile. Partant, il est important que tout le monde se sente bien. C’est plaisant de travailler ici, il n’y a pas de hiérarchie cristallisée et pesante. Le cabinet doit être un safe environment, où chacun peut venir en étant lui-même.

Lorsque vous dites que vous vouliez décider par vous-même, n’était-ce pas aussi un choix de carrière destiné à vous challenger ?

C’était surtout une façon de réaliser quelque chose plus en phase avec mes valeurs. Sans me compromettre. Je n’ai pas la science infuse, mais je suis mon instinct. Et je me fais confiance.

À quoi avaient ressemblé vos précédentes expériences ?

Mon premier cabinet, c’était Loyens. Quand je suis arrivée, nous étions 25. À mon départ, 150… J’ai vu l’évolution de ce cabinet néerlandais, avec cette culture très transparente, très « portes ouvertes ». Et j’ai adoré cela. Ensuite, j’ai rejoint Arendt, cabinet luxembourgeois, très ancré, plus hiérarchique, avec d’autres codes. J’ai eu une chance énorme, car j’ai eu une formation fabuleuse. Tant chez Loyens que chez Arendt, j’ai eu l’occasion de travailler avec

les plus grands cabinets internationaux, ainsi qu’avec des gens extraordinaires. Qui ont toujours cru en moi. Je ne me suis jamais laissé écraser ni enfermer. Simplement, je me sentais à l’étroit.

De quels défis vous souvenez-vous au moment de sauter dans le vide, en 2014 ? J’avais travaillé dans le secteur des fonds pendant neuf ans auparavant, et à ce moment-là, je me suis retrouvée à devoir faire beaucoup plus. Convaincre les clients de vous faire confiance, convaincre les collègues à l’international de vous suivre et qu’ils vous présentent à leurs clients pour pouvoir travailler ensemble… Un milliard de choses, les formalités administratives… Au début, j’étais seule avec un collaborateur, on s’occupait même des commandes de papier… Tout ce qu’un entrepreneur fait, en fait.

Utile, à défaut d’être gratifiant ? Je pense. Grâce à cette expérience, je conseille mieux mes clients aujourd’hui. En tant qu’avocat, on a toujours tendance à conseiller d’éviter tout risque. Ayant coiffé cette casquette d’entrepreneur et de gestionnaire, j’ai une autre perception des

Unusual?

Adolescente, elle se rêvait vétérinaire. Une dernière année de lycée inégale côté résultats (elle en sourit) et une inscription à l’université trop tardive pour avoir le choix (elle en sourit encore) l’ont en définitive poussée, bac scientifique en poche, vers le droit. « À l’arrivée, j’adore mon travail. Qui correspond à mes valeurs. Sans vouloir faire mon petit justicier, les valeurs de justice sont importantes pour moi. L’avocat, en règle générale, il se rebelle. J’ai ça en moi », dépeint Catherine Pogorzelski, à la tête, depuis 2014, du cabinet international DLA Piper, dont elle a permis le lancement au Luxembourg. Aujourd’hui, cette inlassable bosseuse de l’ombre a décidé de bifurquer : « Le cabinet, il tourne sans moi. Je ne suis pas irremplaçable, et je n’ai pas l’intention de l’être. Ce que j’ai construit, c’est la prochaine génération. Je veux que l’entreprise, quand je l’aurai quittée, soit meilleure que lorsque je l’ai rejointe », se projette-t-elle.

«Sur l’investment management, j’ai ‘forcé’ un autre point de vue.»
Conversation Catherine Pogorzelski UNUSUAL SUSPECTS
40 MAI 2024

choses. Le risque zéro n’existant pas, je suis beaucoup plus pragmatique dans mes conseils. Je vais davantage à l’essentiel. Je regarde les choses de façon beaucoup plus globale que je ne l’aurais fait avant.

C’est vous qui aviez frappé à la porte de DLA Piper, et non DLA Piper qui vous avait sollicitée. Pourquoi ce cabinet ? Et pourquoi à cette période précisément ?

Avant 2014, j’avais eu vent du fait que, via leur bureau à Bruxelles, ils souhaitaient s’installer au Luxembourg. Des petits gossips d’avocats… L’apprenant, je les ai appelés, en mode bold. J’avais eu quelques dossiers communs avec DLA du temps où j’étais chez Arendt, j’avais toujours trouvé ce cabinet différent, très moderne, axé sur les nouvelles technologies… D’ailleurs, notre managing partner sortant est un IPT lawyer. Un cabinet qui a toujours porté un certain pragmatisme et un côté disrupter que j’adore.

Comment DLA Piper regardait le pays avant votre appel du pied ?

C’était durant la période de pré-Brexit, l’engouement était probablement moindre qu’il aurait pu l’être après. Mais, d’une part, le Luxembourg est une Place importante pour les fonds d’investissement, et d’autre part, DLA est un cabinet très, très fort en immobilier. Or, faire de l’immobilier sans être en mesure d’offrir aux clients immobiliers des structures luxembourgeoises, c’était préjudiciable. L’éventail de services n’était pas complet. Rétrospectivement, c’est parti de là. Si l’ambition de DLA est d’être un cabinet global et full services, le Luxembourg est nécessaire.

Crises économiques, pandémie mondiale, conflits armés… Si un Nostradamus bien informé vous avait spoilé le film de la dernière décennie, vous auriez signé tout de même ? Je ne sais pas… Je suis super fière d’avoir fait ce que j’ai fait, ça oui. Mais cela demande une énergie de fou. J’en ai peut-être un peu moins, dix ans après. Mais j’ai d’autres cordes à mon arc.

Dix ans, vous assimilez cela à un cycle ? En tout cas, cela envoie un chouette signal. Je n’aurais pas aimé que l’on me pousse

Le compte est rond

Quand elle s’est jetée à corps perdu dans l’aventure DLA Piper, en 2014, Catherine Pogorzelski l’a fait dans un espace partagé à la Cloche d’Or, avant que le cabinet migre au Kirchberg, occupant un étage avec d’autres sociétés. Depuis quelques semaines, c’est place de l’Étoile et sur 4.000 mètres carrés que la structure poursuit son histoire… Un « signal d’ancrage » pour cette Française mariée à un Luxembourgeois, et dont les deux fillettes, Josepha, 11 ans et demi, et Mathilda, 7 ans, sont Luxembourgeoises, elles aussi. Logique d’ancrage qui vaut pareillement pour DLA Piper, d’ailleurs :

« Le Luxembourg est la deuxième Place au monde sur les fonds d’investissement, et la première en Europe, devant l’Angleterre. Et cette place financière énorme est portée par un tout petit pays. Nous avons tous, un peu, la responsabilité de préserver cela. Nous sommes les gardiens de son bon fonctionnement. L’ancrage local y participe. Nous ne sommes pas là uniquement pour faire de l’argent », expose la dirigeante, dont le cabinet s’apprête à accueillir son 100e collaborateur. « Un chiffre qui marque une vraie taille critique. Nous nous situons dans le top 10 des cabinets les plus importants de la Place, je pense. Grâce à cela, nous sommes en mesure de prendre des dossiers beaucoup plus importants. Des dossiers, il y a cinq ans, que l’on ne touchait même pas. »

C’est avec le sentiment du devoir accompli que Catherine Pogorzelski passe à présent la main à Xavier Guzman, qui avait rallié DLA Piper dès 2016. Paperjam l’a rencontré également. Son interview est à découvrir en ligne.

MAI 2024 41
Photos Guy Wolff

dehors. C’est mieux d’avoir fait tout ça et de partir au top.

« Au top », cela signifie quoi ?

J’étais très, très bien préparée pour démarrer le projet. J’adore challenger les gens et leur montrer le potentiel qu’eux-mêmes, peut-être, ne connaissent pas. Est-ce que j’aurai cette même énergie pour les dix prochaines années ? Je ne sais pas. La structure est solide, nous couvrons presque tous les métiers du droit, nous sommes très bien intégrés dans la firme, très bien reconnus. J’ai des collaborateurs en local qui ont des rôles internationaux, c’est très important. Nous ne sommes plus dans la phase de construction, mais dans celle de stabilisation et de croissance accrue, à un autre rythme. Tout fonctionne bien. Dix ans, c’est assez.

Votre successeur au poste de country managing partner, Xavier Guzman, doit-il s’attendre à un marquage à la culotte de votre part ?

Non ! Il a mon entière confiance. On se connaît depuis longtemps, nous travaillions déjà ensemble chez Loyens. Xavier nous a rejoints il y huit ans, nous avons toujours collaboré main dans la main. Lui et moi, nous sommes très différents en termes de personnalité. Mais tous les associés sont différents. On se complète, on se rend meilleurs.

Faiblesses qu’il faut accepter même dans un environnement professionnel aussi peu tendre que le vôtre ?

Je suis quelqu’un d’extrêmement transparent. Je dis tout. Tout. Donc, je parle. Je parle à mon mari, qui, lui, me tend un miroir. Je suis passée par des moments de doute, de pleurs…

Des moments violents ?

C’est un grand mot. Il y a eu des épisodes que l’on pourrait qualifier de violents, oui. Où l’ego en prend un coup, où il faut se remettre en cause. Des échecs, nous en connaissons tous. Ce qui est très bien. Car c’est à notre capacité à nous relever que l’on voit notre force. Moi, j’échange. Je prends l’avis des autres. Et je me remets en cause. Tout le temps. Tout le temps… Mes erreurs, je les ai commises quand j’écoutais plus ma tête que mon instinct.

Il vous dicte quoi, votre instinct, pour les dix prochaines années ?

Dans dix ans, je prends ma retraite !

Vous blaguez…

J’aurai travaillé 30 ans, ce sera assez. Quand je passe des semaines à dormir 4 h par nuit, je me pose la question : est-ce que j’en serai capable pendant encore 20 ans ? Impossible. Dans dix ans, retraite. Mais je ne dis pas que je vais faire du jardinage toute la journée… Peut-être aurai-je envie de faire autre chose.

Ne me dites pas que vous n’avez pas déjà une idée !

Nous n’avons pas parlé des classes d’actifs que l’on traite chez DLA : on fait principalement du real assets. Si je prends l’exemple du private equity, ce sont des fonds qui vont investir dans des petites et moyennes entreprises. Des entreprises installées dans notre quotidien. Et des fonds qui, potentiellement, vont relever des entreprises en difficulté. Exemple : Lacoste allait mal il y a quelques années, Lacoste a été investi par un fonds de PE, Lacoste va très bien aujourd’hui… C’est ce que j’aime dans les fonds. Il s’agit de la real economy. On a besoin de cela. Et j’aime les fonds de venture capital, parce que ce sont des fonds qui investissent dans l’économie de demain.

Quand vous déclarez que le droit est un outil de création, c’est à cela que vous faites allusion ?

Tous les avocats n’auront pas cette approche, mais moi, je considère qu’il y a du droit dans tout ce que vous voyez autour de vous. Le droit permet de faire des choses, tout simplement. La création de valeur, de richesse, d’emplois, c’est fabuleux. En cela, c’est un outil de création. Et d’évolution.

Bref, vous avez besoin d’avoir les deux pieds dans le réel.

J’ai besoin de voir l’impact de ce que je fais.

L’adrénaline des dix dernières années ne va-t-elle pas vous manquer ?

Je suis très douée pour la trouver autre part. Il y a dix ans, j’ai créé mon poste. Et pour l’investment management, j’ai créé mon poste aussi. L’adrénaline, j’en ai besoin. Elle sera toujours là.

Le goût des autres

Pour Catherine Pogorzelski, ce printemps marque aussi le 10e anniversaire de la création de l’antenne luxembourgeoise de l’association Dress for Success. Née aux ÉtatsUnis, et présente à l’international, celle-ci se propose d’aider les femmes éloignées du circuit de l’emploi à y retrouver des repères, ne serait-ce qu’au travers d’une tenue vestimentaire en conformité avec les attentes des employeurs, mais qu’elles ne sont pas toujours en mesure de s’offrir. « Une cape magique pour se présenter à un entretien », résume joliment la dirigeante de DLA Piper, qui n’a pas hésité longtemps avant de rejoindre dans l’aventure la head of Luxembourg de Columbia Threadneedle Investments, Jill Griffin, à l’origine du lancement au Grand-Duché de Dress for Success. L’association, qui a notamment noué un partenariat avec l’Adem, travaille également autour d’autres aspects liés à la recherche d’emploi, comme l’élaboration d’un CV ou la préparation aux entretiens d’embauche.

Conversation Catherine Pogorzelski UNUSUAL SUSPECTS 42 MAI 2024
Le classement des décideurs économiques les plus influents au Luxembourg

Tous les deux ans, Maison Moderne produit le « Paperjam Top 100 – le classement des décideurs économiques les plus influents au Luxembourg ». Ce classement est le fruit du travail d’un jury diversifié et indépendant, il est dévoilé en exclusivité durant une soirée de gala au cours de laquelle le jury présente sur scène les dix premiers classés.

Cette 10ème édition de la cérémonie du Paperjam Top 100 est organisée dans le cadre d’un dîner assis.

Mardi 10 décembre 2024

17:00-22:30

Rockhal

Esch-Belval

General Partners

«Comme Obélix,je suis tombé dedans»
44 MAI 2024

Depuis quatre décennies à la tête de Genista, l’entreprise créée par son père sous le nom de Sanichaufer, Nico Biever dresse le bilan d’une carrière épanouie, bien que chahutée ces dernières années. Un jour, il passera le flambeau. En famille, naturellement.

Showroom, salle de cinéma, espace wellness avec spa, fitness… Difficile de ne pas être agréablement surpris lorsqu’on découvre votre entreprise pour la première fois. Ne le prenez pas mal, mais on ne s’attend pas à cela lorsqu’on a rendez-vous chez un chauffagiste !

Ce bâtiment, c’est notre vitrine. Raison pour laquelle nous sommes très heureux d’avoir trouvé ce terrain ayant pignon sur rue, à Fentange. Et non pas dans les bas-fonds d’une zone d’activité commerciale. Le slogan accompagnant le logo, c’est : « Feeling good ». Il s’adresse bien entendu au client. On ne vend pas uniquement un produit, on vend également de la confiance. Le client doit se sentir bien. Mais nos 330 collaborateurs, eux aussi, doivent se sentir à l’aise. Le « Feeling good » leur est donc également destiné. Ce bâtiment, il a été pensé pour eux.

Le client, c’est aussi bien un foyer de trois personnes qu’une grosse société brassant des centaines d’employés. Aux côtés de l’un et de l’autre, s’agit-il du même métier ?

lation s’établit alors un partenariat à vie, pour entretenir le matériel, éventuellement réparer, et plus tard renouveler. Lorsque mon père a créé la société Sanichaufer, son slogan était déjà : « Sanichaufer, votre partenaire ». Cela vaut toujours.

Sanichaufer a laissé place à Genista suite à une fusion conclue en 2017. Du coup, lorsqu’on vous demande l’âge de l’entreprise, vous répondez quoi ? C’est mon âge ! La société a été fondée par mon père, Jean, en 1959, avant d’être renommée Sanichaufer sept ans plus tard. Malheureusement, mon père est décédé très tôt, à l’âge de 49 ans. J’avais 24 ans, je sortais à peine de l’école. Et j’ai repris l’entreprise. Comme Obélix, je suis tombé dedans.

En étant prêt à sauter le pas ?

Nico Biever, dans les sous-sols de l’entreprise Genista, installée depuis 2017 à Fentange, au prix d’une fusion qui n’est pas allée sans quelques remous.

Cette question, on me la pose souvent ! Une maison unifamiliale, où un chargé d’affaires s’occupe de tout, n’est pas abordée de la même manière que la banque Intesa, chantier que nous avons mené à la Cloche d’Or et qui demande un back-office plus développé. Il faut une certaine masse critique, avec des équipes dédiées : dépannage, maintenance, « petits » clients, « gros » clients… Néanmoins, ce sont les mêmes valeurs. Avec l’idée que lorsque nous opérons une instal-

J’ai suivi des études d’ingénieur, sans avoir jamais assez d’argent de poche. Mon père me répondait : « On aura toujours du travail pour toi. » J’ai donc appris le métier avant même de finir mes études. Sur le plan technique, la reprise de l’entreprise a été chose facile. Mais pour le côté gestion, comptabilité, aspect commercial, management, leadership, il me fallait apprendre. Je l’ai fait, pas à pas.

Avec la figure paternelle pour modèle ?

Non. Je n’ai jamais tenté d’imiter quelqu’un. J’ai un grand principe : il faut écouter les vieux, mais on fait ce qu’on veut [sourire]. J’ai joué au basket, j’ai été un grand sportif, et cela m’a aidé : relever un défi et vouloir

Portrait GUY WOLFF Journaliste PIERRE THÉOBALD
Conversation Nico Biever UNUSUAL SUSPECTS MAI 2024 45

gagner. J’avais aussi l’esprit d’équipe, avec la conscience que j’avais besoin des autres pour avancer. Et cette règle de base : en sport comme dans la vie professionnelle, si l’on veut être bon, il faut travailler. Ces valeurs, je les ai eues toute ma vie.

Jeune homme, aviez-vous néanmoins envisagé un autre métier ?

Jamais. J’ai toujours aimé ce que je faisais. Encore aujourd’hui. Ce qui me passionne ? Nos métiers rendent les bâtiments intelligents et vivables. Je m’intéresse à la technique, ça me fascine, ça évolue tout le temps, il faut en permanence se tenir au courant. On n’arrête jamais d’apprendre. Enfin, j’aime les gens. J’aime l’échange.

En résumé, vous vous seriez senti à l’étroit dans le seul costume d’ingénieur…

Cela ne m’aurait pas suffi. Mais est-ce que l’on naît entrepreneur ? Ou est-ce une éducation qui commence dans l’enfance, lorsqu’on voit ses parents créer quelque chose ? Créer, c’est ce qui est intéressant. Aujourd’hui, mes deux fils ont ce même goût de l’entrepreneuriat.

Revenons à la fusion de 2017. Quand Sanichaufer et l’entreprise Electro Security se rapprochent pour donner vie à Genista. En quoi cette union était-elle indispensable ?

Indispensable, elle ne l’était pas. C’était une opportunité. Avec Gilles Reinert, le patron d’Electro Security, nous sommes amis, on se connaissait de longue date déjà. Quand j’ai eu l’idée de créer un département Électricité ou de racheter un petit électricien s’apprêtant à passer la main, j’ai fini par penser à lui. Il avait tout ce que nous n’avions pas, et nous avions tout ce qu’il n’avait pas. Nous étions complémentaires. On pouvait proposer à nos clients une solution complète en une seule main.

Dans un mariage, le bonheur ne va pas de soi. À quels obstacles vous êtes-vous heurté ?

Je vous avoue que je n’avais pas forcément pris la mesure de l’ampleur de ce que cela représentait. J’étais euphorique lorsque Gilles a accepté, je pensais que nous par-

tagions les mêmes valeurs, mais la mise en œuvre a été compliquée. Il a d’abord fallu trouver un nom et faire en sorte que chacun le connaisse. C’était un challenge. Ensuite est venu le moment de se réunir sous un même toit, sachant que Sanichaufer était installée à Dudelange et Electro Security à Munsbach. On a vite trouvé le terrain, on a construit en 18 mois, mais après le déménagement, le 19 juin 2020, on a assisté à un clash. Parce que deux cultures se sont affrontées.

Ce que vous n’aviez pas anticipé ? Non. Je pensais que tout le monde allait trouver cette idée de fusion géniale et serait aussi euphorique que moi. Cela n’a pas été le cas et c’est là que les difficultés ont commencé : il fallait gérer la pandémie, mais aussi la fusion, et encore après l’inflation… Il a été nécessaire de faire table rase, et de repartir de zéro.

Faire table rase, c’est-à-dire ? On s’est retrouvé avec deux familles : les bleus (la couleur d’Electro Security) contre les rouges (la nôtre). Les façons de travailler différaient. En fait, les salariés ne vivaient pas ensemble. J’avais rédigé un vade-mecum sur ce « vivre ensemble » pour

Unusual?

Sa carrure massive d’ancien basketteur ne lui permet pourtant pas de passer inaperçu. Mais ces dernières années, Nico Biever était resté à l’écart des radars, la faute à l’union mouvementée ayant donné naissance à Genista, en 2017, et à l’enchaînement des crises, sanitaire et économiques. La barre est à présent redressée, assure le dirigeant de 63 ans, qui, durant la tempête, a sorti les muscles, passant à l’offensive. « Un patron est soit un manager, soit un leader. Je me vois plutôt dans la deuxième catégorie. Parce que le manager, je peux me l’‘acheter’. Mais le leadership, c’est autre chose. Il faut l’avoir dans la peau », détaillet-il. Sur les terrains de sport, il avait d’ailleurs fini sa carrière en tant que capitaine d’équipe.

«J’ai toujours organisé mon entreprise en songeant au ‘worst case’.»
Conversation Nico Biever UNUSUAL SUSPECTS
46 MAI 2024
Photos Guy Wolff

transmettre cette philosophie à tout le monde. Mais les gens ne l’ont pas adopté. La majorité était néanmoins de mon côté. Ce qui fait que l’on a pris le dessus. Les personnes ne souhaitant pas adhérer à nos idées, il fallait s’en séparer. Sans cela, on n’avançait plus. C’était douloureux.

Quand ces problèmes internes se sont présentés, vous est-il arrivé de penser que vous aviez commis une erreur ?

Pas une erreur, plusieurs erreurs ! Mais tout le monde commet des erreurs. Dans ces cas-là, il faut se bouger les fesses et remettre de l’ordre. En identifiant l’erreur, puis en la corrigeant. Mais cela coûte de l’énergie et de l’argent.

Qu’est-ce que cette séquence vous a appris sur vous ?

Je vais citer Socrate : « Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien » [sourire]. On ne sait jamais tout… À certains moments, on se trouve génial, mais tout peut se renverser en un rien de temps.

Ce management de crise que vous nous avez décrit, est-il derrière vous à présent ? Il l’est.

Les crises, pourtant, ne sont pas derrière nous…

Exact. Mais je suis content d’avoir effectué ce « nettoyage » – le terme est grave – dans les effectifs au cours des dernières années. Beaucoup d’autres s’y emploient aujourd’hui, pour survivre, parce que la conjoncture est mauvaise. Mais cela devient dur.

Quelles sont les conséquences, pour vous, sur le plan comptable ?

2022 a été une catastrophe, c’est pour cela que l’on a beaucoup parlé de nous. Mais les mauvaises langues ont vite fait de parler… 2023, à l’inverse, nous a permis de renverser la donne. Quant à 2024, ce sera une bonne année. On en a l’assurance. Le carnet de commandes est plein pour cette année, comme pour la prochaine. Peu de monde dans notre branche peut en dire autant. Commercialement, on a bien travaillé. Le tout avec des prix corrects, ce qui est compliqué également.

Mieux qu’un siège social

Trois ans après l’annonce de la fusion entre Sanichaufer et Electro Security, Genista a inauguré son nouveau siège à Fentange, en 2020. Soit un bâtiment de 4.000 mètres carrés au sol conçu pour obtenir un bilan énergétique neutre en fin d’année. Le showroom qu’il abrite a fait l’objet d’un soin particulier. « Habituellement, c’est une baignoire, une chaudière, et l’on ne va pas plus loin. On a souhaité éviter cela. Il s’agit en fait d’une maison connectée, avec de la domotique de très haut niveau », explique Nico Biever. Plus loin, l’espace de réception, avec cuisine ouverte, salle à manger et espace de repos, permet l’accueil de clients et l’organisation d’événements.

Cette qualité d’équipement s’avère utile dans la politique de recrutement : « Les besoins vont vers une main-d’œuvre toujours plus qualifiée, alors même qu’il est de plus en plus difficile de trouver les bons profils. Cela dit, je ne me plains pas. Après l’entretien d’embauche, on fait le tour de l’entreprise avec les candidats. Et là, grâce à nos installations, on a gagné », sourit Nico Biever.

MAI 2024 47

Quel est votre modèle de gouvernance actuellement ?

Il y a une douzaine d’années, j’avais recruté Alain Wildanger chez Sanichaufer, un manager qui avait acheté un pourcentage de parts. À la fusion, Gilles Reinert a rejoint l’actionnariat lui aussi. Mais à la suite de tous les changements dont j’ai parlé, j’ai racheté les parts de mes deux associés. Celles de Gilles Reinert en 2021 ou 2022, celles d’Alain Wildanger l’année dernière. Le plan, pour cette année, est de faire une donation anticipée à mes deux fils, ainsi qu’à mon CEO, Yohann Murgia. Parallèlement, Florence Zeller a été nommée directrice administrative et financière, tandis que mon fils Jhang est aujourd’hui directeur du développement. Il doit encore avancer, mais les jeunes apprennent vite !

Bref, la saga familiale va se poursuivre… Exact. Mon deuxième fils, Tun, est davantage porté sur la musique. Il suit un master à Valence, en Espagne. Mais tout est sur orbite avec son aîné. C’est important pour moi de me dire que l’histoire continue. Je ne suis pas un patriarche, mais je suis un papa poule. Je n’ai jamais poussé mes enfants dans cette direction. Ayant vécu le choc de la disparition de mon père, à laquelle je n’étais pas préparé, j’ai toujours organisé mon entreprise en songeant au « worst case ». Sans moi, comment cela continuerait-il ? J’ai une responsabilité tout de même : 330 collaborateurs, cela signifie qu’un millier de personnes dépendent de cette société. On n’est pas là pour faire un one-man-show. Les choses sont en place. Maintenant, je suis rempli de sérénité.

Quels challenges se présenteront à Jhang, et peut-être à Tun, lorsqu’ils seront dans votre fauteuil ? Quand j’ai repris l’entreprise, nous étions 64. Désormais, nous sommes 330. C’est une autre paire de manches. Il y a tellement de métiers, d’organisation… C’est complexe. Avoir une vue d’ensemble demandera beaucoup de travail.

La transition environnementale qui sera leur quotidien, c’est un enjeu qui vous inquiète ou qui vous stimule ? En tant qu’installateurs, on assemble des produits que l’on achète. On ne peut donc

pas réinventer la roue. Mais on peut conseiller. Et pour ce faire, nous avons un bureau d’études. C’est d’ailleurs lui qui a conçu le bâtiment que nous occupons. Pour nous, c’est une opportunité. Mais nous sommes depuis les origines dans cette transition énergétique. Les progrès ont été permanents. La différence, aujourd’hui, c’est que ça va en s’accélérant.

Ancien président de la Fédération des installateurs en sanitaire et génie climatique, ancien président de la Fédération des jeunes dirigeants, ancien vice-président de la Chambre des métiers… Vous vous êtes souvent présenté en dirigeant « engagé ». En quoi cet engagement comptait-il à vos yeux ?

Là aussi, je suis tombé dedans. En tant qu’entrepreneur, on ne peut pas faire de la politique. Mais la Fédération des installateurs et la Chambre des métiers ont été une tribune pour m’impliquer politiquement, et pouvoir changer les choses. Cela permet aussi de rester à la pointe des news. Dans ces fonctions, on est toujours les mieux informés.

Ce surcroît d’activité raconte aussi un refus, voire une peur, de l’oisiveté, non ?

Absolument. À l’âge de 50 ans, on rêve d’être à la retraite. Et lorsqu’on y parvient, on rêve de retourner au bureau. J’ai ma pension depuis l’année dernière, mais je suis encore là. En étant un peu plus relax, tout de même. Avec l’âge, on n’aime plus les petits problèmes. En revanche, j’ai passé le message à mes équipes : « Le jour où vous considérez que je dois rester à la maison, dites-le moi ! » [rires]. L’enthousiasme est le même qu’à 24 ans, mais la force, elle, n’est plus la même.

Que ferez-vous le jour où vous vous retirerez ?

Je suis pilote privé, je me consacrerai à l’aviation. Je possède également une petite maison dans le sud de la France, je pourrai profiter davantage du soleil. Même si on peut communiquer et travailler à distance. C’est facile !

Pourquoi Genista

« On a cherché longtemps… », se souvient Nico Biever, lorsqu’il s’agit d’expliquer le choix du nom Genista pour remplacer Sanichaufer, en 2017.

« Mon intuition, dans la société polyglotte qui est la nôtre, c’est qu’il fallait trouver un nom compréhensible de chacun, quelle que soit la langue. Avec Genista, c’est le cas. Pour en arriver là, je me suis installé un soir devant mon ordinateur avec un verre de vin, et j’ai googlé des noms de déesses, de dinosaures, que sais-je encore. Avant de parcourir des listes de noms de plantes… Et de m’arrêter sur ‘genista’. » Genêt, en italien.

Conversation Nico Biever UNUSUAL SUSPECTS 48 MAI 2024

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JANVIER ���5
«Apporter une plus-value au Prince Guillaume»
50 MAI 2024

Diplomate de formation, Tim Kesseler honore, depuis 2021, le rôle de conseiller personnel du Grand-Duc héritier. Fonction inédite qui lui confère un rôle aux avant-postes dans le processus de passation au Palais.

Il est très inhabituel que vous consentiez à vous dévoiler. Encore moins dans un média… Je suis diplomate de formation. Habitué par conséquent à préférer la discrétion. Au Palais grand-ducal, celle-ci est primordiale. Peut-être plus encore qu’ailleurs. Je ne désire pas la lumière. C’est dans mon caractère. On m’a déjà posé la question d’un engagement en politique, mais ce n’est pas ce que je recherche. Ce n’est pas du tout ma nature. J’aime écrire des discours, oui, mais j’aime beaucoup moins en tenir.

Dans quel contexte s’est déroulée votre rencontre avec le Grand-Duc héritier ?

Le poste de conseiller du Grand-Duc héritier n’existait pas, dans le passé. C’est venu dans la foulée de la création de la Maison du Grand-Duc. Il n’y avait pas non plus de tradition quant à la présence de diplomates à la Cour. En sa qualité de maréchale de la Cour, Yuriko Backes a ouvert cette voie, à l’automne 2020. Lorsque j’ai eu connaissance de la proposition, je me suis porté volontaire. Je ne savais pas exactement dans quoi je m’engageais. Depuis ma prise de fonction, en août 2021, je ne regrette rien.

Pourquoi un conseiller affecté au Prince Guillaume ?

Marié et père de trois enfants, Tim Kesseler a passé 11 années dans la diplomatie avant de rejoindre les ors du Palais grand-ducal.

Le Grand-Duc héritier a toujours été assisté d’un aide de camp. Un officier de l’armée en charge de la logistique et de l’organisation des visites. Là, il y a eu la volonté d’approfondir son travail. Et de créer une structure comparable à celle entourant le

Grand-Duc, afin de l’épauler dans sa préparation à sa future tâche. C’est très gratifiant. Le Prince Guillaume, l’aide de camp et moi, nous composons un triangle fonctionnant très bien.

En quoi un diplomate incarnait-il le profil idéal ?

Les diplomates sont des généralistes, tenus d’approcher un grand nombre de sujets. Et de s’adapter aux réalités d’un monde changeant. Tenus, aussi, de se réinventer tous les quatre ans. Quatre ans, c’est généralement la durée d’un poste.

Concrètement, que désigne le terme de « conseiller » au Palais ?

Cela comporte plusieurs volets. L’écriture, tout d’abord. Je prépare les discours, des notes, des fiches d’actualité. Chaque semaine, je propose une sorte de cocktail de la politique nationale et internationale, dont nous discutons ensemble. Comme je l’ai dit, je suis généraliste. Je balaie un grand nombre de dossiers. C’est important pour « éclairer » le Grand-Duc héritier. Parfois, nous avons également besoin de briefings d’experts. Dans ce cas, ils viennent au Palais. Il y a aussi une partie de conseil, ainsi que de planification et d’organisation de l’agenda et des visites à l’étranger. Surtout dans le cadre des missions économiques. Et puis, il y a la Grande-Duchesse héritière, la Princesse Stéphanie. Même si je travaille plus étroitement avec le Prince, je l’assiste aussi quand je le peux dans ses activités officielles.

Portrait GUY WOLFF Journaliste PIERRE THÉOBALD
MAI 2024 51
Tim Kesseler UNUSUAL SUSPECTS
Conversation

En fait, vous venez de décrire un métier qui n’existe pas…

Dans la mesure où je suis le premier à l’occuper, c’est à moi de façonner mon poste. D’autres procéderaient sans doute d’une manière différente. Ce qui importe, c’est la plus-value que je peux apporter au Grand-Duc héritier. J’apprends sur le tas. Pas à pas. Et j’apprends plus que je n’avais jamais appris jusqu’ici. Politique, économie, social, monde associatif, culture… Le spectre est large.

Quelles sont les qualités exigées par la fonction ?

Vous en avez parlé : la discrétion. Ainsi que la loyauté. Deux qualités de base. Pour apporter une réelle plus-value, vient ensuite la culture générale. Pour moi, cela a toujours été important. Enfin, il faut avoir le sens du protocole. Ce n’est pas mon travail premier. Mais lorsqu’on œuvre pour la monarchie, le protocole n’est jamais loin.

Vos conseils de conseiller sont-ils écoutés ?

Oui, mais cela ne veut pas dire que je suis infaillible. Le Prince connaît beaucoup de choses, il est là depuis longtemps, nous avons à peu près le même âge… Mes avis ne sont donc pas meilleurs que les siens. Ce qui me plaît, c’est que l’on a un vrai échange. D’égal à égal ?

Non, je n’irai pas jusque-là. En revanche, et c’est une autre des qualités requises par le poste, il faut faire montre d’honnêteté. Nous en avons parlé dès notre premier rendez-vous. À mes yeux, il est indispensable de pouvoir dire la vérité. La critique est quelque chose de positif quand elle permet d’avancer. Il y a tant de chefs d’État entourés de conseillers n’osant rien dire… Nous, on reste ouverts. Et francs. Tout en gardant le respect de la fonction, ainsi que la distance qu’elle implique.

À vos yeux, encore, qu’évoquait la monarchie avant de prendre possession d’un bureau au Palais ?

À présent que je travaille en son sein, je découvre ce qu’est la monarchie. Comment elle fonctionne. Et ce qu’elle apporte, surtout. Ce dernier point est ce qui m’a le plus surpris. Le nombre d’activités inscrites à

l’agenda du couple grand-ducal comme du couple héritier est assez impressionnant. Leurs visites suscitent de l’émerveillement. Au Luxembourg comme à l’étranger. Question soft power, la monarchie est un atout. En matière de réceptions par les dirigeants au pouvoir ou d’attention médiatique, une mission économique à Dubaï, au Japon, en Chine ou en Corée n’est pas la même si elle s’articule avec ou sans le Grand-Duc ou le Grand-Duc héritier. C’est l’échelle supérieure. On ne s’en rend pas forcément compte de l’extérieur.

Au quotidien, votre rôle c’est du 24 h / 24 ? Quand je rentre à la maison, je débranche. Mais inconsciemment, effectivement, c’est toujours là. Je prends des notes.

Vous êtes celui qui connaît le Grand-Duc héritier mieux que personne ?

«Dans la mesure où je suis le premier à occuper ce poste, c’est à moi de le façonner.»
52 MAI 2024
Photo Guy Wolff
UNUSUAL SUSPECTS

Non, je ne dirais pas ça. Je le connais dans sa fonction officielle. La personne privée, je n’oserais pas prétendre que je la connais. Ce n’est pas le but, d’ailleurs.

Dans le cadre de ces fonctions, justement, quel portrait feriez-vous de lui ? Quels traits de personnalité entrevoyez-vous ?

Un vrai sens du devoir envers son pays. Très humain. Un très grand cœur. Quand il va sur le terrain, le Prince est très proche des gens. Il n’hésite pas à les prendre dans ses bras, par exemple. Ça, je ne saurais pas le faire. Il a aussi une grande facilité d’éloquence. Beaucoup d’aisance derrière un pupitre pour prononcer un discours en trois langues. Ça non plus, je ne saurais pas faire.

Ces discours, généralement, ce sont ceux que vous avez proposés. Écrire pour autrui, c’est adopter son état d’esprit ?

Il faut surtout s’adapter au public. Quel message souhaite-t-on délivrer ? Quand je prépare un discours, il n’est pas restitué tel quel. Là encore, il y a échange avec le Grand-Duc héritier. Il fait part de ses propres idées. De ses souhaits de changement. Au bout de deux ans et demi, j’ai appris à mieux le connaître. Je connais ses passions. Sa passion pour les scouts, par exemple. Il est engagé au niveau international. Parfois, je vais donc convoquer ces valeurs scoutes qui lui tiennent à cœur.

Pour qu’un ticket comme celui que vous formez soit efficace, il faut qu’il y ait complémentarité entre vous ?

Je crois dans les forces de la complémentarité, oui. Personne n’est parfait, tout le monde a des lacunes. Derrière le travail d’équipe, il y a toujours la volonté de faire mieux que ce que l’on accomplirait si l’on était seul.

Après 11 années passées dans la diplomatie, ce titre de conseiller signifie-t-il que vous avez tourné la page de vos premières amours ?

Pas du tout. Pour l’organisation des voyages à l’étranger, par exemple, je suis toujours en contact avec mes collègues des ministères. Avec mon passé, je reste

Unusual?

Tim Kesseler, 45 ans, s’en excuserait presque lorsqu’il en déroule le film : avec des postes à Bruxelles, lors de la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE, et à Paris, notamment auprès de l’OCDE, sa carrière diplomatique manque jusqu’ici de ce petit parfum exotique entourant de charme et de curiosité l’exercice de sa profession. La diplomatie, c’est annoncé, il y reviendra. En attendant, c’est au service du Grand-Duc héritier qu’œuvre avec dévouement ce chantre de la discrétion aux faux airs de Tony Estanguet – l’organisateur des prochains JO de Paris – qui, depuis sa nomination en 2021, n’était encore jamais apparu dans les médias.

branché au réseau diplomatique, je continue de recevoir les rapports des ambassades. Je m’appuie sur ces informations. Je ne me sens pas déconnecté de mon précédent métier. Et je sais que j’y retournerai, un jour.

Cette perspective est acquise ?

C’est plus ou moins acquis, oui. Sans savoir à quel horizon. Ma volonté est de retourner à l’étranger. Même si ma famille n’est pas forcément d’accord ! [rires] Sans le soutien de mon épouse, les déménagements fréquents et les voyages de travail, ce ne serait pas possible.

Quelles y seront vos envies ?

Les mouvements diplomatiques, c’est compliqué. Il faut être disponible au bon moment. Mais le jour où j’y retournerai, je serai plus fort. J’ai l’impression de mieux connaître le Grand-Duché aujourd’hui qu’hier. Pour un diplomate, c’est important de revenir parfois dans son pays.

MAI 2024 53

Par rapport à ce que vous venez de dire, quels sont les termes de l’accord entre le Prince Guillaume et vous ? Vous l’accompagnerez jusqu’à la passation ?

Ça, ça impliquerait que je sache quand se déroulera la passation. Il s’agit du secret le mieux gardé du Palais. Et comme on le dirait en anglais, c’est définitivement above my pay grade [rires].

Beaucoup de rumeurs circulent… Je les connais. Mais sans vous mentir, je ne sais pas. Difficile de dire, dès lors, si je resterai jusqu’à la passation. Toutes les équations seront étudiées le moment venu.

Qu’est-ce qui vous attire tant dans la diplomatie ?

La variété des sujets traités. On change quasiment de métier tous les quatre ans, sans jamais quitter notre emploi. C’est assez singulier. Et puis, j’ai toujours eu un

«La passation? Il s’agit du secret le mieux gardé du Palais.»

grand intérêt pour l’histoire et la géopolitique. À 8 ans déjà, je m’amusais à apprendre par cœur les noms des chefs d’État et des capitales qui faisaient l’actualité à l’époque. Au Palais, cette variété de sujets est passée à un stade encore supérieur. On avait désigné mon poste comme celui d’un conseiller diplomatique, mais il couvre en fait aussi le champ national, au sens large. J’aime beaucoup m’investir dans les dossiers économiques, dans le lien avec les entreprises, redécouvrir l’investissement social et associatif. La culture, j’ai des lacunes évidentes. Mais, voilà, on apprend. C’est aussi un nouveau défi.

Vous êtes auteur, également. Auteur, et publié. Le Grand-Duc héritier vous a-t-il dit ce qu’il a pensé de votre premier roman, Esprits de corps, paru en 2018 ?

Je ne sais pas s’il sait que j’ai écrit un roman [rires]. En tout cas, je ne lui en ai rien dit. Je suis trop discret là-dessus !

Pourquoi la fiction ?

Dans ma vie privée, j’ai des passions un peu geeks, vous savez : je bricole des flippers, des bornes d’arcade, je connais à peu près chaque personnage dans l’univers de Star Wars, je m’intéresse à la science-fiction… J’ai une imagination débordante, parfois. Quant à l’écriture… En tant que diplomate, on écrit beaucoup. À Bruxelles, j’ai eu un gros débit de rapports, par exemple. On écrit, on écrit, on écrit. C’est de l’utilitaire. Mais on apprend l’écriture. Dans la diplomatie, surtout au cours de négociations qui peuvent s’avérer interminables, on apprend à ciseler le langage au millimètre. Les mots ont un sens, j’ai apprécié l’écriture de cette manière. Cela m’a amené à ce roman, lorsque j’étais à Bruxelles.

Votre expérience actuelle au Palais prêtera-t-elle un jour matière au romanesque ?

Non. On en revient à la discrétion : il n’est pas question de parler d’éléments confidentiels.

Le dur métier d’écrire

Tim Kesseler n’écrit pas seulement pour le Prince Guillaume. Il écrit en son nom, aussi. Paru en 2018, son premier roman, Esprit de corps, mêle intrigues diplomatiques (!) et univers fantastique. Son manuscrit sous le bras, il avait fait le tour des grandes maisons du tout-Paris littéraire, avant de susciter l’intérêt d’un éditeur belge qui, depuis, a mis la clé sous la porte. Terminé « à 98 % », le tome 2 attend donc preneur. Père de trois enfants, Tim Kesseler l’a écrit en exploitant le moindre moment disponible entre agenda professionnel bien fourni et devoirs familiaux. « Le plus important, c’est de maintenir une dynamique. Sans quoi, c’est compliqué. Les 10 minutes entre le dîner et le coucher des enfants, ce n’est pas grandchose… mais je les prends. Une discipline est nécessaire », explique-t-il.

54 MAI 2024 Conversation Tim Kesseler UNUSUAL SUSPECTS

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Bienveillance, persévérance, résilience

Performants sans toujours être les plus exposés dans leurs domaines d’activité, ces dirigeants empreints de ténacité évoquent leur conception des fonctions qu’ils occupent. Et les indispensables règles d’or qu’elles exigent, au quotidien.

UNUSUAL SUSPECTS 56 MAI 2024
Journaliste PIERRE THÉOBALD

Tels des jalons plantés en chemin, certains mots tracent une voie. Montrent l’exemple. Décrivent un engagement, une volonté. Et des nécessités. À l’image de ceux piochés par le gérant et directeur d’usine d’Avery Dennison Luxembourg, Adrien Villani, lorsqu’il explique : « Les dynamiques de marché sont tellement changeantes qu’il me semble qu’un directeur a besoin d’une réelle soif d’apprendre et de beaucoup d’agilité pour y faire face. » Agilité, soif d’apprendre… Soit beau-

«La capacité de résilience est un atout majeur au vu de l’évolution des marchés.»

ALAIN CATTIAUX Amer-Sil

coup d’humilité dans les propos de celui qui avait rejoint, il y a 20 ans, l’un des leaders mondiaux dans l’étiquetage et les matériaux d’emballage, avant d’en prendre les manettes en 2019. Sans tambour ni trompette. Mais avec conviction et en gardant la tête froide face aux challenges du quotidien, et aux défis à relever dans la durée.

Cette même humilité que l’on retrouve, fidèlement, chez celles et ceux –jusqu’alors pas ou peu visibles dans nos radars – dont le parcours professionnel et personnel se confond, en toute harmonie, avec la réussite des entreprises dont ils ont pris la responsabilité. Brillamment autant que discrètement, souvent. « La discrétion est un choix qui m’est très cher et donc j’y tiens énormément », nous a ainsi répondu le directeur d’une importante société luxembourgeoise, qui préfère construire son parcours à l’écart des lumières médiatiques, en toute tranquillité.

« Résistance »

À bien y regarder, l’industrie est pourvoyeuse de notables success-stories. Forgées, notamment, par la personnalité des

dirigeants qui les orientent, leur donnent de l’élan. Des tempéraments entiers. Dévoués. Disciplinés. Mais, à part ça ? Si l’on veut taper dans le mille, quelles sont les qualités à tout prix recommandées ? « La diplomatie, en faisant preuve d’une grande ouverture d’esprit, qui permet ensuite de guider l’entreprise par le choix des décisions prises », formule du tac-au-tac le managing director d’Amer-Sil, spécialisée dans le développement et la production de composants pour batteries industrielles, Alain Cattiaux. Avant de poursuivre : « Ensuite, la capacité de résilience est un atout majeur au vu de l’évolution des marchés et des modifications très rapides de notre économie. Enfin, une excellente résistance mentale et physique est nécessaire. » La tête et les jambes, quoi. Assurément sportif.

Une analyse tout en force mentale et en muscle que ne renieraient pas le directeur du fabricant de panneaux Kronospan Luxembourg, Alexander Gambroudes, société de racines autrichiennes et ancienne du 19e siècle, dont les produits sont élaborés, « autant que possible, à partir de bois recyclé », désormais ; le directeur de l’américaine Guardian Glass (verre), présente depuis 21 ans au Luxembourg, Bernard Gheysen ; le managing director depuis 2021 de Sisto Armaturen (robinetterie industrielle), Philippe Gaudlitz, dont le portefeuille de clients inclut les secteurs de l’industrie, du bâtiment et des procédés stériles et énergétiques ; le group chief executive officer de Rak Porcelaine Europe (vaisselle), Abdallah Massaad, intégré à la société depuis 2006 et, depuis cette date, distingué à de nombreuses reprises par des récompenses professionnelles autant que par la populaire émission Top Chef, sur M6, dont la firme est l’un des fournisseurs attitrés ; ou le country manager de Vossloh Cogifer Kihn (appareils de voie), Claude Goerich-Muller, entreprise à la forge ultramoderne, autrefois connue sous l’appellation d’Ateliers de constructions Kihn. Leurs noms ne vous évoquent peut-être rien. Ou du moins pas grand-chose de concret. Pourtant, leurs organisations occupent les avant-postes, chacune dans leur domaine.

Affaire de responsabilité

« Les qualités indispensables pour un leader sont d’être moderne et visionnaire, d’avoir

Jolies bulles immo

« Résilience, adaptabilité, persistance, patience, le tout en faisant preuve d’optimisme et de positivité » : telles sont les qualités au poste pointées par le CEO du groupe atHome, Soufiane Saadi, en fonctions depuis 3 ans. « La capacité à relever des challenges et à trouver des solutions à tous les problèmes qui peuvent se présenter à vous », ajoute le country owner de Re/Max Luxembourg, Benjamin Bauquin. « Aujourd’hui, plus que jamais, adaptabilité, agilité et créativité sont les qualités essentielles pour réussir dans le métier de développeur immobilier, où l’innovation et la résilience sont clés », étoffe le country manager de BPI Real Estate Luxembourg, Sébastien Labis.

Dans nos radars, les « discrets » Albert Reiffers (M Immobilier), Maurice Elz (FMC Promotions), Laurent Fischbach (Arend & Fischbach) et Jeannot Schroeder (Progroup) ont aussi leur place.

MAI 2024 57

des compétences stratégiques et opérationnelles solides, ainsi qu’une capacité à innover et à motiver les équipes », dépeint de son côté le directeur général du Groupe Rotomade Biorock Biorotor, Arnaud Fournier, sis à Mondorf et fabricant de pièces plastiques via un procédé dit de « rotomoulage ». «  Responsabilité et prévoyance font partie des valeurs de notre culture d’entreprise. Pour moi, ce sont des valeurs très fortes, qui me permettent de m’orienter par temps ensoleillé et nuageux », complète pour sa part le CEO de l’équipementier automobile allemand Webasto, Holger Engelmann, dans sa bio LinkedIn, toute météorologique. Il faut bien ça pour dompter les tempêtes…

« Être visionnaire, entreprenant, prendre des décisions, avoir un état d’esprit qui

«Un directeur a besoin d’une réelle soif d’apprendre et de beaucoup d’agilité.»
ADRIEN VILLANI Avery Dennison

encourage la créativité, la prise de risques calculés et la persévérance face aux défis et aux échecs », appuie l’administrateur délégué (depuis 2021) de CDCL, Max Didier. La construction… Autre vivier à pépites. Les exemples fourmillent. En poste depuis 2017, le directeur général et administrateur de Galère Lux, Yannick Philippi, avait auparavant fait collection de savoir-faire chez Eiffage et GTM Bâtiment, côté français, avant de rallier le Luxembourg en 2004, en commençant par Félix Giorgetti, puis en embrayant chez Tralux.

Directeur-administrateur de C. KarpKneip Constructions, Christophe Thiry a rejoint en 2010 l’ancestrale entreprise familiale luxembourgeoise fondée à la fin du

19e siècle et active dans la Grande Région, après un passage chez Colas.

Group CEO de Thomas & Piron depuis 2023, Olivier Vanderdeelen a derrière lui une fastueuse carrière démarrée à la tête du service Construction de l’Université catholique de Louvain, en Belgique, et poursuivie au sein du groupe CFE puis CLE, dont il a été le directeur général. Founding partner de Metaform Architects, Thierry Cruchten veille, plus de deux décennies après la création du cabinet aux côtés de Shahram Agaajani, sur une équipe de plusieurs dizaines de collaborateurs comptant, parmi ses dossiers, le siège de Post ou le futur vélodrome de Mondorf. Fibre architecturale également pour l’administrateur délégué de Dellizotti, Christoff Delli Zotti, esthète s’il en est, dont l’entreprise opère dans la construction, le génie civil et le pavage.

Gérant de Stugalux, Joël Schons préside depuis plus de 22 ans aux destinées d’une entreprise qui, à ses premiers soubresauts, en 1973, reposait sur une demi-douzaine de collaborateurs. Et qui en compte à présent près… d’un demi-millier, pour des travaux de construction clés en main, de transformation et de rénovation.

Défis du moment

Managing director depuis 2021 de Betic Ingénieurs-Conseils, David Determe synthétise en ces termes les indispensables clés de croissance et de pilotage efficace des équipes comme des projets : « Exercer avec empathie et intégrité, tout en naviguant avec agilité dans un secteur en constante évolution et en promouvant une culture d’excellence et d’innovation au sein de nos équipes comptant plus de 100 collaborateurs, et s’aligner sur les visions et objectifs d’un groupe international de plus de 22.000 collaborateurs, font partie des qualités nécessaires pour réussir à avoir un impact positif sur notre société. »

L’impact est au cœur des enjeux pour Cimalux, producteur et distributeur de ciments et de liants spéciaux pour la construction, dont le directeur et président du conseil d’administration, Christian Weiler, a arrêté à partir de 2022 la production de ciment de type CEM, gourmand en émissions de CO2. Le big bang climatique et ses incidences, toujours plus urgentes…

UNUSUAL SUSPECTS
58 MAI 2024

« La décarbonation implique d’avoir une stratégie ambitieuse, mais aussi matériellement réaliste. La transition écologique ne pourra pas se satisfaire de simples intentions », dépeint à ce sujet le gérant et plant manager d’Avery Dennison Luxembourg, Adrien Villani. « Ma plus grande fierté est d’avoir su construire une équipe ‘sustainability’ qui a, en quelques mois seulement, réduit de plus de 25 % la consommation de gaz par unité de production sur notre site de Rodange. Et ce n’est qu’un début ! Au-delà des chiffres, il y a la fierté de s’occuper d’environnement. Pas simplement pour satisfaire à des normes, mais pour apporter des solutions authentiques et pratiques au plus gros défi contemporain. Cette dimension de responsabilité sociale rend le travail encore plus passionnant. Et le travail d’équipe encore plus

«Je suis satisfaite à chaque fois que je me dis que l’on n’a plus besoin de moi.»

STÉPHANIE NOËL Victor Buck Services

valorisant », souligne-t-il. Des questionnements également présents, dans la cosmétique, à l’esprit de Jean-François Harpes et Rudolf Giesen . Le premier est CEO d’IL Cosmetics, 40 ans d’existence, fabricant de vernis à ongles et autres produits de maquillage pour de grandes firmes internationales. Le second dirige Cosmolux International, propriété du groupe allemand Maxim, qui, depuis Echternach, développe, conçoit et conditionne une large variété de soins d’hygiène et de beauté. Deux « pointures » internationales.

Une course de marathon

Revenons-en à l’ADN du parfait meneur de troupes… « Rester à l’écoute, intégrer et

s’adapter rapidement pour nourrir et partager, avec nos partenaires et nos collaborateurs, la vision des affaires en laquelle on croit », tel est le credo de la CEO de la filiale de Post, Victor Buck Services, Stéphanie Noël, qui se dit « satisfaite à chaque fois que je me dis que l’on n’a plus besoin de moi ». « Et si j’ai ce sentiment de ne plus être nécessaire à l’organisation, continue-t-elle, cela veut dire que j’ai réussi à transmettre une vision, une direction, à une équipe qui sera bien préparée pour la faire évoluer. »

À cette panoplie, la CEO du spécialiste de la communication financière et des fonds d’investissement Prisma, Carole Miltgen, par ailleurs partner de FoodRiders, ajoute « la consistance ». Explications : « Je suis cohérente dans tout ce que je fais. Je fais une chose comme je fais toute chose. On ne peut pas courir un marathon si on ne s’entraîne pas. C’est la même approche pour gérer une entreprise, il faut beaucoup de persévérance pour effectuer un travail correctement. Si on travaille constamment correctement, cela finira par porter ses fruits  », croit cette fondatrice d’entreprise, endurante comme il se doit.

Regard que partagerait Chantal Lagniau, qui a ouvert le bureau Harlequin Europe à Luxembourg en 1993. Et qui le gère, depuis. La maison mère de cette société habillant en élégants planchers les plus nobles salles de danse de la planète se situe en Grande-Bretagne. « Elle a été créée dans les années 1970 et nous avons maintenant plusieurs bureaux dans le monde. À savoir un près de Philadelphie, aux États-Unis, pour le marché nord et sud-américain ; un autre près de Sydney ; et un autre à Hong Kong, pour l’Asie  », récapitule Chantal Lagniau. Récemment, elle s’est envolée pour les États-Unis pour les besoins d’une interview accordée au réseau télévisé PBS, aux côtés du CEO, Robert Dagger.

« Pour diriger une organisation performante de 1.400 employés, il est essentiel de communiquer efficacement avec les membres de l’équipe et d’établir une relation de confiance. Cela comprend l’écoute active, la clarification des attentes et la résolution de conflits. Il est indispensable de prendre des décisions réfléchies et de fournir une vision claire pour l’avenir  », décrit la DG et propriétaire de Manor

Proximité(s)

De la menuiserie aux cigares, des succès entrepreneuriaux pour point commun dans l’artisanat et le commerce, activités de proximité. Directeur général d’Inside group, Jan Seligson veille sur une menuiserie née en 1972. Fondateur de la pâtisserie du même nom en 1991, Jean-Marie Hoffmann dirige à présent une vingtaine d’adresses gourmandes. À la tête de Gentleman Ramoneur, Régis de Loizellerie rajeunit depuis 2021 le poussiéreux exercice de ramonage. Fondateur et CEO de Ramborn, Carlo Hein propose depuis une petite dizaine d’années du cidre local. Jean-Claude Reichling, quant à lui, a opté pour les cigares au sein de l’enseigne La Casa del Habano : « Depuis 30 ans, j’ai la même envie et la même passion de mon métier », sourit celui qui a ouvert en 1994 déjà.

MAI 2024 59

Automotive Group, holding de Procar Automobile, Mimi Manor Topaz, en Allemagne. « Procar Automobile a enregistré une augmentation impressionnante de ses performances. D’une entreprise au chiffre d’affaires de 380 millions d’euros qui produisait des pertes, nous sommes passés à plus de 1 milliard d’euros et sommes très rentables. Nous avons ajouté neuf concessions dans notre région et nous représenterons de nouvelles marques. Je suis très fière de mon équipe et de son travail acharné », lance-t-elle. Procar Automobile, tout spécialement, se dédie aux modèles des marques BMW et Mini Cooper.

Seconde famille

« Pour développer des entreprises, il faut de la persévérance, du pragmatisme, de la

«Nous avons maintenant plusieurs bureaux

dans le monde.»

production incroyable et offre un environnement de travail attractif à une équipe de 25 personnes que je considère comme ma famille. J’ai cofondé LuxVisual à 22 ans, pendant mes études, et j’éprouve encore le même plaisir à venir travailler chaque matin ! », sourit l’entrepreneur.

«Il est essentiel de communiquer efficacement et d’établir une relation de confiance.»

« Les qualités indispensables pour mon rôle de fondateur, PDG et producteur de films sont le leadership, la créativité, la vision, la détermination et des compétences en communication efficaces », liste la fondatrice, CEO et productrice de la société Deal Productions, Alexandra Hoesdorff.

« Être bien dans sa tête et dans ses baskets pour avoir une disponibilité mentale maximale, être curieux intellectuellement, avec la capacité de se réinventer chaque jour, se documenter, s’informer, se challenger, être à l’écoute du marché, de ses clients et de ses collaborateurs, enchaîne le patron de l’agence de communication Takaneo, Patrick Lesage, passé par Harlequin, RR Donnelley et Amplexor Luxembourg. En un mot, être bon gestionnaire, bon recruteur, bon commercial ! J’aime comparer les CEO aux athlètes de haut niveau qui doivent mener un travail de fond. »

En année olympique, une métaphore qui tombe à pic. créativité, de l’empathie humaine et un fort degré d’optimisme », rapporte le cofondateur, en 2015, avec Gauthier Gosselin, d’Axiomatic, Georges Zahlen-Karanatsios, une « plateforme de développement pour des entreprises qui ne veulent ou ne peuvent pas s’engager dans une succession familiale ».

« Bon sens, discipline, courage et capacité à prendre soin des équipes me semblent être les qualités indispensables à la gestion d’une entreprise », glisse le directeur associé, aux côtés d’Olivier Plumet, du roi de l’impression numérique grand format, LuxVisual, Julien Gottstein. « Je suis fier d’avoir réussi à transformer mon envie d’entreprendre et ma passion pour la technologie en une PME locale indépendante, performante et humaine. LuxVisual dispose d’un outil de

UNUSUAL SUSPECTS
60 MAI 2024

10 × 6

Private Equity Outlook

Avec un environnement réglementaire favorable, une économie résiliente, un accent mis sur l’investissement durable, l’innovation numérique, les opportunités transfrontalières et la demande croissante des investisseurs, le Luxembourg est bien positionné pour capitaliser sur le marché florissant du private equity.

Avec la participation de Alain Kinsch (Luxembourg Stock Exchange), Giuliano Bidoli (BC Partners), Helene Noublanche (Coller Capital), Yannick Oswald (Mangrove Capital Partners), Clarisse Leduc (European Investment Funds), Peter Brown (Aztec Financial Services), Alain Rodermann (Expon Capital), Martine Kerschenmeyer (Korn Ferry) et Gisèle Duenas Leiva (Blackrock)

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MARDI�� JUIN���� General partner

Toujours en pointe

Traversé par les révolutions technologiques, à commencer par l’irruption de l’IA dans notre quotidien, le business réclame des profils toujours plus aiguisés en matière d’expertise. Ça tombe bien, le Luxembourg n’en manque pas.

UNUSUAL SUSPECTS 62 MAI 2024
Journaliste PIERRE THÉOBALD

«  Grâce à sa politique d’investissement ambitieuse de ces dernières années, le Luxembourg est désormais reconnu comme un pôle économique à la pointe de l’innovation. Je me réjouis d’avoir pu contribuer aux projets tels que l’investissement dans un superordinateur ou le développement et la mise en œuvre d’une stratégie dans le domaine de l’exploitation des ressources spatiales (Spaceresources.lu), qui ont permis au pays d’être aujourd’hui perçu non seulement comme une place financière importante, mais aussi comme un lieu intéressant pour les entreprises utilisant des technologies de pointe innovantes. Ces investissements ont certainement contribué à valoriser l’image du Luxembourg comme un pays qui se positionne comme pionnier dans l’économie numérique grâce à des stratégies ambitieuses. »

«Un pays qui se positionne comme pionnier dans l’économie numérique.»
MARIO GROTZ

Côté coulisses, dans les arcanes du pouvoir, le premier conseiller de gouvernement Mario Grotz , 54 ans, attaché au ministère de l’Économie, au sein de la direction générale « industrie, nouvelles technologies et recherche », compte au nombre des éminences grises que l’on ne voit jamais sur le devant de la photo, au tout premier rang. Mais sans qui la machine Luxembourg tournerait de manière sensiblement différente, à n’en pas douter.

La tech, en tout cas, regorge de profils experts, et parfois méconnus. Même lorsqu’ils occupent des fonctions XXL. Leur

rôle ? « Il s’agit d’une combinaison entre, d’un côté, la compréhension métier et les connaissances technologiques, afin de mettre l’innovation au profit des futurs défis commerciaux, et, de l’autre, du leadership, avec de l’écoute, du conseil, de la collaboration, afin de rassembler efficacement des équipes variées sur des projets informatiques », décrit le senior vice-president et head of IT de la Spuerkeess, Tom Goerens . Cet ancien ingénieur système chez IBM poursuit : « Pour avoir passé plus d’un quart de siècle à la banque, j’ai pu participer à de nombreux projets d’envergure et d’impacts très variés, avec de beaux succès. Tout comme j’ai pu être sollicité en raison d’incidents occasionnant parfois des indisponibilités majeures et des nuits blanches. Je me réjouis particulièrement d’avoir pu mener, dans ces moments plus ou moins stressants, les équipes de manière collégiale, dans une collaboration intense, avec un respect mutuel, pour aboutir à une solution commune. »

Talents à foison

Un souci du collectif, dans le secteur financier, que connaît bien également la head of business services and change de Clearstream, Nadège de Biasio. Ancienne responsable du CRM chez Nordea Asset Management, cheffe de projet chez RBC Investor & Treasury Services et directrice principale chez EY, elle œuvre au sein de l’unité Deutsche Börse depuis 2022, gérant des projets informatiques pour Clearstream Fund Services. Ainsi que le CIO de la Banque Raiffeisen, Michael De Roover, ex-responsable des systèmes d’information chez ArcelorMittal, ou celui de BGL BNP Paribas, Jean-Jacques Dubois, entré en 1998, et qui a apporté sa pierre à l’édifice du processus de transformation de l’IT après l’intégration de BGL au sein du groupe BNP, au début des années 2010. La transformation digitale est également au cœur du parcours professionnel du CIO d’EBRC, Sébastien Genesca, présent depuis 25 ans au Grand-Duché et passé précédemment chez Ariane II, Logica, SD Worx et Elgon.

Sur la carte des professionnels au profil effilé comme une lame, citons encore Djémaia Badji, CEO de BDA Global Services, qui opère dans l’informatique, la

Tournés vers les autres

Heureux « d’avoir pu mettre mon appétence pour l’entrepreneuriat au service du secteur de l’économie sociale et solidaire », l’administrateur délégué du groupe Tricentenaire, Christophe Lesuisse, l’est aussi d’« avoir pu, à mon niveau, contribuer à améliorer la qualité de vie de bon nombre de personnes en situation de handicap et de leur entourage ».

Directrice générale depuis 10 ans de Caritas Jeunes et Familles, Carina Gonçalves mesure le « chemin parcouru, passant d’environ 330 à plus de 700 collaborateurs en une décennie. Ce succès témoigne avant tout de l’engagement sans faille de nos collaborateurs et de la confiance accordée par notre ministère de tutelle ».

Directeur depuis 2013 du Centre de médiation civile et commerciale, Jan Kayser se déclare fier que la structure ait, avec ses partenaires, « aligné la médiation au Luxembourg sur des standards et un professionnalisme très élevés ».

MAI 2024 63

finance, la banque et l’assurance ; Haykel Ben Amara , chairman et fondateur de Beyn, fintech spécialisée dans les solutions digitales et les paiements pour le secteur financier ; Sara Berujon, head of payements chez J.P. Morgan, qu’elle a rallié en 2022 après des expériences chez PayPal et à la Bil ; la group chief digital officer et CIO de la Banque européenne d’investissement, Kaisu Christie, en poste depuis 2022, date à laquelle elle a quitté la Finlande pour le Grand-Duché ; l’ IT director de Foyer, Remy Els, en place plus de neuf ans ; le CIO Luxembourg d’Apex Group, 13.000 employés répartis dans 112 bureaux à travers le monde, Philippe Evrard ; la CIO de KPMG Luxembourg, Minh Hua, en charge des

«J’ai été sollicité en raison d’incidents occasionnant parfois des nuits blanches.»

TOM GOERENS Spuerkeess

opérations informatiques du cabinet depuis 2022 ; ou la CEO d’Ainos, société créée en 2015, Kenza Bouzouraa.

« Planète durable »

Dans d’autres domaines, la deputy CIO de Rotarex (gaz), Laurence Metzler ; le group chief information & technology officer de Ferrero, Jörg Behrend ; le CEO d’Anidris, Giovanni Cuoco ; le directeur IT d’Amazon, Manuel Fischer ; le head of IT operations and applications des CFL, Daniel Mathieu, ou la managing director de Computer Task Group, Caroline Simon, intègrent tout autant les rangs des talents solidement ancrés dans le pays. CIO d’ArcelorMittal Europe – Long Products depuis 2022, après avoir rejoint le géant de l’acier 15 ans

plus tôt, Santosh Pandey figure parmi ces CV dominants. Et résume ainsi sa trajectoire : « Dans le monde d’aujourd’hui, les CIO doivent mieux comprendre les affaires, car ils sont les seuls à pouvoir apporter une valeur ajoutée à l’entreprise. Il y a de nombreux moments dont nous pouvons être fiers, mais le plus satisfaisant est celui où nos actions conduisent à la création d’une planète durable. Chez ArcelorMittal, nous menons de multiples actions dans lesquelles je contribue directement et indirectement à notre objectif de devenir une entreprise neutre en carbone d’ici 2050, et à notre objectif plus immédiat d’atteindre une réduction des émissions de CO2 de 35 % d’ici 2030 », déroule-t-il.

« Défi humain »

«Se préparer comme on peut face à l’imprévisible qui, de toute façon, se produira.»

JÉRÔME BOUTHORS

Arendt & Medernach

Quant à l’avenir, « au­delà du défi technologique et écologique, campe d’emblée le CIO d’Arendt & Medernach, Jérôme Bouthors, il s’agit bien d’un défi humain : capacité de changement et d’adaptation à un monde qui requiert un niveau d’agilité jamais vu, savoir apprendre et se réinventer toujours et encore, et se préparer comme on peut face à l’imprévisible qui, de toute façon, se produira. Cela pose une équation complexe quant à la conciliation des objectifs à court et long terme. Aussi, je pense qu’il faut complètement repenser la façon de gérer le risque et la gouvernance qui va avec, mais aussi décomplexifier les processus de façon générale », détaille-t-il.

« Il existe une technologie en particulier qui va changer le paysage économique de manière durable : l’intelligence artificielle », ajoute le premier conseiller de gouvernement Mario Grotz. « Pour exploiter pleinement le potentiel de l’intelligence artificielle, nous avons besoin de données fiables. La définition d’une stratégie globale en matière de données, associée à une stratégie cohérente en matière d’intelligence artificielle, sera le plus grand défi à relever dans un avenir proche. Avec mes collègues des autres

UNUSUAL SUSPECTS
64 MAI 2024

ministères, il m’importe d’identifier les domaines dans lesquels le Luxembourg peut s’affirmer en tant que précurseur et d’orienter les investissements nécessaires de manière ciblée vers ces domaines. Des investissements additionnels seront nécessaires.

Si nous parvenons à les mettre en œuvre de manière ciblée, le Luxembourg pourra continuer à affirmer son statut de site d’innovation », ambitionne-t-il.

La « révolution » IA

« En tant que CIO, les défis sont multiples, mais le plus important est de savoir comment suivre le rythme de l’évolution rapide du paysage technologique grâce aux LLM, et comment préparer l’entreprise à résister à l’épreuve du temps et à être prête, pour l’avenir, à exploiter tous les avantages de la révolution IA », appuie Santosh Pandey, chez ArcelorMittal Europe – Long Products.

« Les défis incluent de s’adapter au climat géopolitique en constante évolution, de rester à l’écoute des nouvelles technologies qui changent toujours plus rapidement, et de contribuer à l’effort de l’Europe pour dépasser les États-Unis et la Chine dans la course à l’IA », résume le fondateur en 2020 de Pure Lambda, société de conseil à l’usage des start-up, des scale-up et des fonds, Leo Benkel, qui revendique une dizaine d’années d’expérience au sein de la Silicon Valley. Des poids lourds aux moins géants, de mêmes préoccupations, partagées.

Ces chercheurs de l’Uni… qui trouvent

Qui s’adjugera le prochain championnat d’Europe de football en Allemagne ? Professeur de statistiques à l’Uni, Christophe Ley greffe à sa passion des maths un amour du ballon rond qui le conduit, données comptables à l’appui et à travers un pool d’experts, à évaluer avant l’heure les chances de succès final de chaque nation. Professeur spécialisé dans l’intelligence artificielle, Christoph Schommer, lui, se base sur celle-ci pour écrire l’avenir. Directeur adjoint du AI-Robolab lancé en 2009 à l’Uni, il délivre ses conseils en la matière. L’IA dirigera-t-elle également nos trajets du quotidien ? En attendant de le savoir, Francesco Viti, professeur expert dans les transports et la mobilité, pilote le MobiLab, un centre dévoué à la compréhension des réseaux de transport. Et à leur optimisation. « Il scrute aussi les enjeux liés à l’électromobilité », indique l’Uni. Autre enjeu au Luxembourg : le logement. Du côté de la faculté de Droit, d’Économie et de Finance, le professeur d’économie Christos Kouloviatianos « est particulièrement compétent sur les sujets liés à l’inflation et au marché de l’immobilier », résume l’Uni.

Autre référence : Sonja Kmec, « cette professeure d’histoire qui s’est penchée à plusieurs reprises sur le Luxembourg et ses traditions, comme le Buergbrennen, mais aussi les identités et l’histoire militaire ».

L’Uni compte encore en son sein Anja Leist, professeure spécialisée en santé publique et vieillissement, également directrice adjointe du Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (Liser). Bien veillir = bien s’alimenter ? Réponse avec Julie Ortmann, chercheuse dévouée

aux comportements alimentaires qui sont les nôtres.

Ailleurs, plus loin, bien plus loin, Miguel Angel Olivares Mendez, chercheur au SnT (Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust) et assistant-professeur en robotique spatiale, « est impliqué dans de nombreux projets de recherche, comme le Zero-Gravity Lab, le LunarLab et le SpaceR Research Group ». Christian Fisch, lui, aux appétits entrepreneuriaux avérés, promeut « activement » la création de spin-off et de start-up. Professeur associé spécialisé dans les entreprises et l’économie, il se « penche particulièrement sur le secteur spatial, que l’on sait riche en éclosions au Grand-Duché ».

Trois derniers domaines. Via le LCSB (Luxembourg Center for Systems Biomedicine) et Rejko Krüger, d’une part : « Ce professeur de neurosciences est spécialisé dans la maladie de Parkinson. Celle-ci est l’un des domaines de recherche prioritaires au sein du LCSB. Il officie par ailleurs au CHL », dépeint l’Uni. Le C²DH (Luxembourg Centre for Contemporary and Digital History), ensuite. La chercheuse Dominique Santana « s’intéresse particulièrement à l’histoire au travers de projets collaboratifs aux accents interactifs. Elle a par exemple coproduit le film sur les liens luxobrésiliens dans l’histoire industrielle, A Colônia Luxemburguesa ».

Le droit, enfin, du côté du LCEL (Luxembourg Centre for European Law) et de Günes Ünüvar : « Il s’intéresse particulièrement au droit de l’espace, un sujet pour lequel il prépare une conférence prévue en mai au sein du quatrième centre de recherche de l’Université du Luxembourg. » Tant de richesses…

MAI 2024 65

Les discrets de la Place

Pour tous les professionnels de la place financière, qu’ils soient médiatiques ou non, les contraintes réglementaires et les ressources humaines restent le principal souci. Face à cela, ils comptent sur la digitalisation, l’IA, une relation client de haut niveau. Et un bon degré d’expérience et de pragmatisme.

UNUSUAL SUSPECTS 66 MAI 2024
Journaliste MARC FASSONE

La place financière, c’était, à la fin de l’année 2023, 59.352 personnes employées. Dont 30.237 dans les banques, 12.743 dans le secteur des fonds, 14.968 dans les PSF et 1.404 dans les institutions de paiements. Un chiffre en augmentation constante. Moins forte que dans le début des années 2000, mais en progression quand même. En 2023, la place financière aura créé un solde net de 312 emplois. Sans compter les emplois induits directement créés dans les institutions de support comme les cabinets d’audit ou les avocats, pour ne citer que les plus visibles. Selon une étude conjointe de Luxembourg for Finance et Deloitte, la place financière, directement et indirectement, représente 30 % de l’emploi national. La place financière, c’est des métiers phares – comme les gestionnaires d’actifs – et des métiers qui attirent moins la

«La complexité croissante des lois et des réglementations représente un défi important pour les professionnels du secteur financier au Luxembourg.»

lumière – comme les gestionnaires de risques. C’est aussi des « stars », comme les CEO des grandes institutions ou les membres dirigeants des associations professionnelles. Et beaucoup d’anonymes. Et parler d’anonymat n’implique pas que ces gens soient moins importants dans l’écosystème. Certains sont simplement plus discrets que d’autres.

Question de nature. Citons Shiva Dustdar, nommée en juin 2022 directrice de l’Institut de la Banque européenne

d’investissement – un catalyseur pour les activités existantes de la BEI dans les domaines sociaux, artistiques et éducatifs –, la première femme à accéder à ce poste. Citons l’avocat d’affaires René Faltz, citons Laurent Lafond, co-fondateur et chief development officer de LLC Real Estate ou encore le directeur de la Compagnie Financière de Gestion, Sam Reckinger Des personnes influentes, mais discrètes. Tout comme l’actuel directeur général de Luxempart, John Penning.

Le poids de l’expérience Quelles sont les qualités essentielles pour faire son chemin dans le secteur financier au Luxembourg ? Il y en a une qui n’est pas innée, mais acquise avec le temps : l’expérience. Et de l’expérience, on en trouve beaucoup sur la Place, notamment grâce à un vivier d’administrateurs indépendants toujours prêts à partager leurs acquis. Un vivier fortement abondé par les grandes firmes d’audit où les carrières sont courtes. Passé un certain âge – qui ferait pâlir d’envie tout bon syndicaliste –, les managing partners et les membres des comités exécutifs sont incités à tourner la page. Cela a été le cas de Maurice Lam (68 ans) qui est entré chez Deloitte en 1979, d’abord au Royaume-Uni avant de rapidement rejoindre le Luxembourg. Deloitte Luxembourg, où il occupera de 2000 à 2010 la fonction de managing partner. Depuis, il est devenu administrateur indépendant et exerce auprès de la Bil, de Bank Of China (Europe) et d’International Airlines Group, société cotée à Londres. Selon lui, les qualités indispensables pour exercer ses fonctions sont « le bon sens, la résilience et savoir poser les bonnes questions ». Des atouts essentiels afin d’anticiper face aux défis de demain qui, selon lui, sont de « pouvoir suivre l’évolution des réglementations et des technologies ».

Le sens de l’écoute

Tom Lessel (58 ans) est deputy head of corporate and head of real estate au sein de la Banque internationale à Luxembourg. Une entreprise à laquelle il est fidèle depuis 27 ans. Les qualités indispensables à l’exercice de sa fonction ? « Il faut toujours être à l’écoute des clients et essayer de satisfaire au mieux leurs besoins tout en défendant les intérêts de la banque ! » Indispensable pour « réussir à développer et

Banques

chinoises: des dirigeants discrets

Au Luxembourg, les banques chinoises cultivent la discrétion. Si leurs dirigeants font profil bas, certains ont davantage de visibilité que d’autres.

Directeur général de la succursale luxembourgeoise de Bank of China depuis 2020, Xu Haifeng a présidé la Chambre de commerce de Chine auprès de l’UE. Il a également été membre du conseil de l’Association des banques et banquiers, Luxembourg (ABBL). « Sa réputation de leader industriel, spécialisé en commerce, investissement et coopération économique, est fermement établie en Asie et en Europe au sein de la communauté financière », lit-on sur son profil LinkedIn.

Qui dirige les autres banques chinoises ? Chez China Merchants Bank, Xue Fei est l’actuel directeur général de la succursale luxembourgeoise et de la filiale CMB Europe SA. Et chez China Everbright Bank, la dernière banque chinoise à s’être implantée dans le pays (2017), Dong Wang dirige la succursale locale et préside la filiale CEB Europe SA.

Au moment du bouclage du magazine, les quatre autres banques chinoises (ICBC, China Construction Bank, Agricultural Bank of China et Bank of Communications) n’avaient pas confirmé que les informations dont dispose Paperjam sont à jour concernant le management local.

MAI 2024 67

surtout maintenir, au cours des années, une relation de confiance avec de nombreux clients ». Le contact direct, la clé pour relever les défis de demain – les mêmes que ceux relevés par Maurice Lam : « Les contraintes réglementaires, les charges administratives en hausse, la digitalisation et la standardisation croissante. »

Les défis réglementaires

S’il y a un point qui fait l’unanimité des acteurs de la Place, c’est le poids croissant que prend la réglementation. « La complexité croissante des lois et des réglementations représente un défi important pour les professionnels du secteur financier au Luxembourg. Les acteurs du marché doivent être au fait des développements en matière d’éthique des marchés et de lutte contre le blanchiment d’argent. Les conseils

«En tant qu’associé dans un cabinet d’avocat, il est essentiel d’être un fin juriste, mais cela n’est pas suffisant.»

d’administration devront s’adapter aux tendances émergentes telles que la diversité et la numérisation, analyse l’associée chez Origo Consulting et administratrice indépendante Katia Ciesielska (41 ans). Les qualités essentielles requises pour mon rôle sont une connaissance approfondie des lois et réglementations, la capacité de comprendre les questions financières et opérationnelles, la sensibilité culturelle et des compétences interpersonnelles efficaces », poursuit-elle. Une des clés du succès, c’est la qualité de son réseau. « Lorsque je suis arrivée au Luxembourg en 2008, je ne connaissais personne. Au fil des ans, j’ai établi un solide réseau, ce qui est très important dans la carrière d’un administrateur indépendant. Parmi les étapes importantes, j’ai obtenu mon

diplôme de l’Insead, j’ai été nommée au conseil d’administration de l’Institut luxembourgeois des administrateurs (ILA) et, plus récemment, j’ai rejoint les CA des fonds de la Deutsche Bank Investment Partners. »

Des compétences techniques, mais pas que… Associé depuis 2023 au sein du cabinet Loyens & Loeff qu’il a rejoint en 2010, Julien Lecler (41 ans) met en avant

«Il faut toujours être à l’écoute des clients et essayer de satisfaire au mieux leurs besoins tout en défendant les intérêts de la banque!»

« une expertise juridique solide conjuguée à une très bonne connaissance du secteur immobilier, la capacité à s’adapter à des contextes différents et souvent complexes, une capacité à travailler en équipe, des compétences de négociation efficaces, un sens du pragmatisme développé et une certaine connaissance du fonctionnement humain » comme les qualités indispensables à l’exercice de ses fonctions. « Le secteur immobilier évolue sans cesse et la crise actuelle du marché démontre l’importance de la diversification nécessaire du métier d’avocat tant en termes de domaines juridiques (droit civil, droit administratif, droit financier…) que du type de missions (transactions, développement de projets, asset management, restructuration) », poursuit-il.

Également avocat associé chez Baker McKenzie Luxembourg depuis 2017 – et inscrit au Barreau de Luxembourg depuis 2000 –, Jean-François Trapp (48 ans) voit comme défis principaux à relever dans les prochaines années « l’intégration de l’IA de la manière la plus efficace et adéquate dans notre quotidien professionnel, ce qui sera un atout-clé. Il faudra également veiller à continuer à donner du sens à notre action et à notre travail, ce besoin de sens étant devenu aujourd’hui une valeur cardinale pour beaucoup. Évidemment, tout ceci devra se faire en continuant les efforts pour le climat et l’environnement.  » Outre les qualités techniques, il insiste sur l’importance des qualités managériales dans son quotidien. «  Si je ne devais en citer que cinq, je crois que les plus essentielles sont :

UNUSUAL SUSPECTS
68 MAI 2024
TOM LESSEL Banque internationale à Luxembourg

une grande capacité analytique afin de toujours trouver la solution la plus adaptée, la rigueur, l’intelligence relationnelle, l’engagement et la bienveillance. »

Le sens du commerce

L’avocate associée chez Arendt & Medernach Lynn Alzin (40 ans) évoque également, outre « la vision et la connaissance du marché », la nécessité pour le professionnel de « développer son activité commercialement » et, « avant tout, de savoir gérer et former des équipes de jeunes avocats qui prendront la relève en temps utile ». Pour elle, les ressources humaines sont le nerf de la guerre. « En tant qu’avocats, nous sommes avant tout au service de nos clients pour les assister au mieux. Nous sommes dans une compétition permanente pour attirer et – plus important encore – retenir les meil-

«L’intégration de l’IA de la manière la plus efficace et adéquate dans notre quotidien professionnel sera un atout-clé.»
JEAN-FRANÇOIS TRAPP Baker McKenzie Luxembourg

leurs profils, ce qui représente un des plus grands défis pour les prochaines années pour nous, mais plus généralement pour la place financière. Il faut prendre des mesures attrayantes le plus rapidement possible pour permettre à la Place de rester compétitive. » La gestion des ressources humaines, c’est le quotidien de la COO/chief of staff chez DLA Piper Luxembourg Axelle Ferey (54 ans). Un poste qu’elle occupe depuis 2020.

La place de l’IA

Elle voit trois défis majeurs à relever pour les organisations : un défi technologique – l’intégration et l’utilisation de l’IA :

« Utiliser la technologie comme un outil d’intelligence augmentée (augmented intelligence) nécessitera un important investissement dans la formation des équipes et une modification des façons de travailler en profondeur » –, un défi humain – « celui de la capacité à accompagner nos équipes à embrasser le changement sans crainte, mais également à intégrer de nouveaux profils présentant des compétences et une façon d’être différentes, telle que des data scientists par exemple » – et un défi économique et financier – « dans la mesure où nos activités s’exerceront dans des environnements de moindre croissance que sur les décennies précédentes, du moins pour les pays développés, nécessitant de porter une attention plus marquée encore que par le passé aux problématiques d’efficience opérationnelle et de maîtrise des coûts. » À la question des qualités nécessaires pour relever de tels challenges, elle met en avant le fait d’être « agile, dans l’énergie calme et le mouvement maîtrisé, de disposer d’une vision claire et clairement communiquée, de réelles qualités d’écoute, d’anticipation et d’émulation permettant d’agir en tant que trusted advisor d’une équipe dirigeante, mais également d’un haut degré de professionnalisme et d’empowerment des équipes opérationnelles afin de permettre à chacun de donner le meilleur de soi-même en vue de la réalisation d’un projet commun ».

Pour le CEO d’Axiomatic Georges Zahlen (37 ans), l’agilité est une qualité cardinale. « Nous nous retrouvons dans un environnement de polycrise avec un haut degré de complexité et une compétitivité accrue. Il faut donc travailler constamment pour avoir l’agilité et la résilience nécessaires – tant au niveau personnel que de l’entreprise – pour pouvoir naviguer à ce rythme de changement accéléré. La surcharge réglementaire et administrative et son impact sur la compétitivité de l’Europe n’aident pas à améliorer la situation. » Pour lui, les qualités indispensables à l’exercice de la fonction de CEO sont « la persévérance, le pragmatisme, la créativité, de l’empathie humaine et un fort degré d’optimisme ».

Affaires de familles

À l’image, dans l’immobilier, du Groupe Feltes, dirigé par Marc et Nadine Feltes, les réussites familiales sont légion.

CEO du grossiste Grosbusch, Goy Grosbusch en est une autre incarnation. « Le défi est de positionner l’entreprise pour une croissance durable et un succès à long terme dans un environnement commercial en évolution constante », indique-t-il.

« La direction d’un groupe aux activités diversifiées se caractérise par un soin permanent d’alignement des ambitions personnelles, des collaborations internes et externes et des objectifs communs », souligne Laurent Nilles, administrateur délégué de Prefalux Group, créé en 1972. Il évolue en tandem avec son frère Christian, CEO.

« Je suis particulièrement fier de pouvoir perpétuer l’héritage familial en reprenant l’entreprise qui existe depuis plus de 130 ans, ce qui représente une grande responsabilité », souligne Pablo Moitzheim, le gérant éponyme, depuis 2018, de quatre magasins d’optique.

« Ce qui me remplit de fierté, c’est d’avoir uni nos forces, mon frère Jean-Marie et moi, autour d’une vision commune pour notre entreprise familiale », se félicite le directeur de la boucherie-traiteur Niessen, Patrick Niessen

Gérant depuis 2021 de la Schreinerei Vincent Messerich, Olivier Messerich a pris la suite de son père au côté de son frère Steve : « Cette transition marque non seulement une nouvelle ère pour notre entreprise, mais aussi la continuité d’une tradition familiale établie depuis quatre générations », se réjouit-il.

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LUMIÈRE!

Immobilier, finance, artisanat, industrie… Pleins feux sur celles et ceux qui contribuent à faire du Luxembourg un spot aux avant-postes, sans nécessairement occuper eux-mêmes le devant de la scène, ou s’en étant éloignés. Point commun : de 17 à 90 ans, ce sont d’authentiques passionnés.

Journaliste PIERRE THÉOBALD
GUY WOLFF Portfolio 70 MAI 2024
Photos

EMMANUELLE MOUSEL

Partner depuis 2022 chez Arendt & Medernach, cabinet qu’elle a rallié dix ans auparavant, Emmanuelle Mousel franchit les étapes sans les consumer, les unes après les autres, attachée à cette forme d’élégance discrète qu’elle considère comme constitutive de « l’ADN de l’avocat. Une qualité déontologique, même… » « Passion pour le droit, curiosité intellectuelle et agilité » constituent les atouts qu’elle convoque spontanément dans la pratique de ses missions. Objectif pro pour les prochaines années : « Assurer la compétitivité et l’attractivité du Luxembourg et de sa place financière. » Sa principale fierté ? Continuer, à 38 ans, d’exercer avec enthousiasme et « engagement » un métier à tout le moins dévorant, « tout en étant maman de deux petites filles », ses merveilles. Le bel équilibre.

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AVANTI SHARMA

Fraîcheur. Et précocité. C’est le mot résumant au plus près le parcours express d’Avanti Sharma, 17 ans à peine, qui a atterri dans le chaudron de la tech il y a de cela dix ans, à travers Workshop4Me, dont elle est devenue, au gré de ses engouements, l’une des réputées intervenantes. « En 2014, j’ai découvert à quel point le codage est très créatif », se remémore-t-elle. Actuellement lycéenne, cette militante dans l’âme se rêve, dans le futur, « CEO d’une entreprise de production d’énergie, avec CCU (capture et utilisation du carbone), pour atteindre les objectifs de réduction des émissions nettes de 55 % fixés par l’UE pour 2030 ». Déjà multirécompensée à l’international pour ses travaux, celle qui est également ambassadrice de Girls in Tech Luxembourg vient, en outre, de lancer deux projets liés à la cybersécurité à destination des jeunes publics. « Je suis une passionnée », sourit-elle.

72 MAI 2024
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VINCENT LYONNET

Voilà bientôt 15 ans que la belle histoire de famille se confond avec une réussite entrepreneuriale étourdissante pour le groupe Steel Shed Solutions, qui, via sa marque batimentsmoinschers.com, se veut « le » spécialiste de la vente de bâtiments en kit.

En 2010, Vincent Lyonnet (ici chez son client AgriFeed), a rejoint son frère Dominique, CEO, en tant qu’associé et directeur commercial et marketing d’une société opérant sur trois continents, moyennant un chiffre d’affaires en commandes de quelque 50 millions d’euros. « Nous avons la chance d’avoir réussi une première belle étape de scale, avec son lot de complexité et de travail intense. Je souhaite aux nombreux entrepreneurs ultra-talentueux et travailleurs que je connais (qui ambitionnent de scaler) de pouvoir accéder à cette phase de développement », observe avec humilité le dirigeant (44 ans), qui, avec son frère, comme aux côtés de son père, assure former un ticket « complémentaire ».

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NICO AREND

Un visionnaire. Pionnier de la promotion immobilière au Luxembourg, Nico Arend, 74 ans, 55e du dernier Top 100 de Paperjam, en 2022, a fondé l’Association N. Arend et C. Fischbach il y a un quart de siècle déjà jusqu’à hisser la société parmi les leaders du marché résidentiel. Orfèvre des chiffres, l’ancien comptable s’est appuyé sur une dévotion sans faille à la tâche, mû par une intuition de chaque instant. Et par une capacité à trancher dans le vif des décisions. D’appartements en terrains à bâtir, en passant par les maisons livrées clés en main, plus de 8.000 unités résidentielles ont vu le jour. « L’entreprise se prépare à un nouveau chapitre avec l’achèvement de son siège prévu pour début 2025, symbolisant l’unité et l’innovation », anticipe l’Association N. Arend et C. Fischbach. Avancer. Toujours.

76 MAI 2024

GILDAS ROYER

Dix ans après leur première rencontre professionnelle, Gildas Royer, à la tête de la cave In Vino Gildas, adresse de référence dans la capitale ouverte en 2008, et Anthony Parrot (à droite de la photo) se sont associés en 2022. Manière de préparer l’avenir, selon le fondateur des lieux, qui ne parvenait plus à considérer celui qu’il avait recruté afin de lui prêter main-forte sur la logistique et l’événementiel comme un « simple » collaborateur : « J’avais besoin de le présenter comme mon associé. Anthony s’est investi dans l’aventure, il travaille comme s’il s’agissait de sa propre entreprise. Les clients se sont habitués à lui. » Même s’il ne fixe pas de date, Gildas Royer le promet : le jour où il passera la main, le vin continuera d’être tiré et « l’histoire se poursuivra ».

MAI 2024 77
78 MAI 2024

DIANA SENANAYAKE

Depuis bientôt deux ans, elle est directrice générale d’IQ-EQ au Luxembourg, berceau de la société de services aux fonds d’investissement, mais également CEO pour la zone Europe continentale et ses 1.450 collaborateurs. « Ma principale ambition est de pérenniser la croissance de la région, et en particulier le développement des synergies entre les différents pays », annonce Diana Senanayake, plus de 25 ans d’expérience dans les services financiers, notamment en tant que directrice générale de BNP Paribas Securities Services pour l’Asie du Sud-Est. Présente dans 24 juridictions, « IQ-EQ se distingue par une croissance internationale sans véritable comparaison en raison de l’offre étendue de produits et de services que nous proposons, et de notre stratégie de croissance externe », résume celle qui a grandi en Belgique, avant d’effectuer ses premiers pas au Luxembourg. Sacré retour aux sources.

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MAXIM STRAUS

À 42 ans, Maxim Straus n’a jamais connu qu’un seul horizon sur le plan professionnel, celui de Cargolux. Alors stagiaire attelé à la rédaction de son mémoire de master, il s’y était fait une place dès 2005, à une époque où l’entreprise de cargo fonctionnait avec 14 avions et employait environ 1.500 collaborateurs. Près de 20 ans plus tard, Cargolux opère 30 appareils Boeing 747, une compagnie italienne, une activité de lutte contre les feux de forêt, ainsi que les anciennes activités fret de Luxair, par le biais de sa filiale Luxcargo Handling… et Maxim Straus, après avoir gravi tous les échelons, en est devenu le CFO. Le groupe d’environ 4.000 salariés désormais l’a nommé en 2016. En charge du département des affaires gouvernementales, il siège dans différents conseils d’administration (Chambre de commerce, Cargolux Italia, Cargolux Re et Luxcargo Handling) et a été élu au sein du comité consultatif des CFO de l’International Air Transport Association (Iata).

80 MAI 2024
MAI 2024 81

CHARLES MUNCHEN

Inspirateur du lieu, en 2000, Charles Munchen ne pouvait donner rendez-vous ailleurs qu’entre les tables de la Brasserie Guillaume. « C’est mon bébé » et, de son propre aveu et du sourire plein la voix, la plus significative des réussites professionnelles de cet inlassable amoureux de la vie et des nuits luxembourgeoises, qui les aura collectionnées d’un bout à l’autre d’une carrière trépidante. « La décoration, la cuisine, l’accueil, le service… J’ai choisi tout ce que l’on y allait y faire », se remémore celui qui, à bientôt 90 ans, a confié ces dernières années la direction de l’établissement à Sébastien Sarra (à gauche). Désormais moins présent, Charles Munchen conserve son rond de serviette à la table de la Brasserie Guillaume. Il y mange quatre fois par semaine.

82 MAI 2024

GINO RICCA

Mille existences en une. De celles qui exigeraient des pages et des pages. « Tout le monde me dit d’écrire un livre. Mais s’asseoir… écrire… c’est un sacrifice énorme ! », s’amuse Gino Ricca, 90 ans depuis quelques jours, qui a toujours conduit sa vie comme on pilote un bolide de course, pied au plancher. Ce natif de Naples a mis son clignotant direction le Luxembourg il y a de cela 25 ans, après des embardées à Paris, Berlin ou Londres. Dessinateur de presse, photographe, poète, DJ, cet artiste touche-à-tout, d’une curiosité inlassable, a longtemps écumé les nuits luxembourgeoises pour les besoins de son fanzine X-Non-Magazine, comme pour son propre plaisir. De quoi est-il le plus fier ?

« Belle question… de mes lunettes de soleil ! », rigole ce dandy de grand chemin.

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FreeLens — À la conquête de l’espace audiovisuel

3, 2, 1 Take Off ! Depuis le 14 janvier, ce n’est pas le départ d’une fusée, mais celui d’un ovni que ce slogan propulse chaque semaine sur les écrans. Derrière ce format, FreeLens, une entreprise à l’image du projet: innovante et audacieuse.

Douze jeunes de 16 à 21 ans qui, au long de 13 épisodes, relèvent des défis scientifiques plus extraordinaires les uns que les autres, voilà le concept de l’émission Take Off. Initié par la André Losch Fondation et le Fonds National de la Recherche, le format est la dernière création de la société de production FreeLens installée à Howald. C’est en 1998 que Yann Figuet, caméraman dont la passion pour l’image n’a d’égale que celle qu’il a pour le voyage, pose les fondations de ce qui allait devenir l’une des entreprises d’audiovisuel les plus dynamiques de la Grande Région. Aventurier dans l’âme, l’entrepreneur rhônalpin a parcouru le globe au service de différentes chaînes de télévision, animé par un désir de découverte et un devoir d’excellence.

Pas étonnant, donc, que c’est en Jordanie, lors d’un tour du monde, que Yann rencontre Igor Jelinski-Gaillardin en 2009. Fort d’une expérience internationale dans la gestion d’entreprise pour de grands groupes d’investissement en Europe, Igor fut nommé « Personnalité de l’année dans le monde des affaires en Pologne en 2017 ».

Une rencontre qui posera les bases de ce qui fait à ce jour la réussite de FreeLens, à savoir une expertise technique affûtée mêlée à un sens aiguisé de la stratégie entrepreneuriale. Durant les cinq dernières

années, les effectifs de l’entreprise ont doublé, le chiffre d’affaires triplé et la superficie des locaux quintuplé. Pari gagnant donc. Mais il ne s’agit là que d’une des nombreuses étapes du périple de ces deux entrepreneurs aventuriers.

STAYING ALIVE

L’essence de FreeLens, c’est avant tout le storytelling. Une pratique qui se différencie du simple marketing par une approche qui s’inscrit dans le long terme. « Collaborer avec FreeLens, c’est vouloir inscrire son identité dans la durée » Une approche qui ne se contente pas de prendre en compte les intérêts commerciaux du client, mais qui cherche à comprendre son histoire et son héritage pour les partager de manière durable et intelligible. Un mode opératoire efficace, capable de s’adapter et d’évoluer au fil des évolutions technologiques de plus en plus rapides que connaît le secteur.

À commencer par la spécialité de l’entreprise, le live. Pierre angulaire de l’audiovisuel, la retransmission en direct a explosé avec le développement des réseaux sociaux.

Grâce à son expérience dans la réalisation et la transmission de conférences gouvernementales, obsèques de célébrités, conflits armés, catastrophes naturelles et autres commémorations d’envergure mondiale pour les plus grands médias, FreeLens a su compter sur ce socle de compétences pour développer un nouveau rayon d’expertise, la production de contenus sur le web diffusés sur les principaux réseaux

De Studio au siège de FreeLens. Un espace de production High-Tech pour des contenus novateurs.
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sociaux ou via l’intranet des clients. Un sens de l’adaptation aussi évident que nécessaire pour toute entreprise qui souhaite survivre dans ce secteur compétitif.

DE STUDIO : RÉALITÉ VIRTUELLE, DURABILITÉ RÉELLE

Un des jalons les plus marquants dans l’évolution de la société est sans doute la mise en service de « De Studio ». Un studio de production de 120 m2 permettant de faire naître les idées les plus originales. « Avec De Studio, l’objectif était clairement d’ouvrir de nouveaux horizons à la communication d’entreprise » Reconstituer une usine, voyager dans l’espace, construire des décors sur mesure ou modéliser des produits en 3D, les solutions sont nombreuses.

Le client possède alors son propre décor virtuel, à son image, pour créer ses contenus de communication, interviews, présentations produit. Une charte graphique virtuelle, adaptable sans limites en fonction des besoins. Sept caméras trackées et bras robotisé permettent de filmer les décors virtuels sans jamais perdre l’illusion d’être dans un espace réel. « Derrière cette prouesse technique, notre équipe de techniciens hors pair épaulée par notre Directeur Artistique, anciennement responsable de la création visuelle chez France Télévisions. C’est une expertise sans égale dans le domaine de la conception graphique et de la production 3D temps réel. Ainsi, De Studio n’a qu’une seule limite, celle de l’imagination. »

Produire dans « De Studio » ne profite pas seulement aux clients et à leurs projets, mais également à l’environnement. « D’après le ministère de l’Énergie, le transport contribue à près de 60 % des émissions de CO 2 du Grand-Duché. En créant des décors et des environnements virtuels, on arrive à minimiser au maximum l’impact de nos productions sur l’environnement. Pas besoin de partir à la montagne, à la mer ou dans l’espace. Avec De Studio ce sont les lieux qui viennent à nous. » Des efforts de durabilité que l’entreprise consolide actuellement à travers son engagement auprès d’IMS Luxembourg dans le but d’obtenir sa certification B-Corp.

RENDEZ-VOUS EN TERRE INCONNUE

Mais l’entreprise ne serait pas fidèle à ellemême si elle se contentait d’arpenter uniquement les contrées de son propre domaine d’expertise. Ainsi, en 2022, FreeLens et la Luxembourg Space Agency se sont vu décerner le prix « Best Event of The Year » pour l’événement « New Space Europe ». Fidèle à sa nature aventurière et fort d’un savoirfaire unique en termes de narration visuelle,

FreeLens a créé le concept graphique et scénique de l’événement. « Au départ, nous faisions surtout les décors numériques, les animations. Puis, avec notre Directeur Artistique, nous avons imaginé d’orchestrer toute la dramaturgie de l’événement. Nous avions toutes les clés et la maîtrise nécessaire à la réalisation de ce projet. » Et une fois de plus, l’audace a payé.

RÉPONDRE AUJOURD’HUI AUX DÉFIS DE DEMAIN

Outre le devoir d’excellence que FreeLens s’impose à chaque projet, c’est également la nécessité de ne pas perdre de vue les tendances dans le milieu qui incite l’entreprise à se dépasser et à se réinventer continuellement. « On ne se contente pas de suivre les nouveautés du marché, nous les créons ! »

Chaque année, la société investit massivement dans la R & D afin de garantir des services toujours à la pointe de l’industrie audiovisuelle. « Chez nous, la technologie est avant tout au service du client, de la créativité et doit savoir s’adapter à ses besoins, quels qu’ils soient. »

Et quid de l’intelligence artificielle ? Sujet aussi controversé qu’inévitable dans une industrie qui dépend de la technologie numérique. Si certains craignent que dans le futur,

des robots viennent les remplacer, FreeLens a choisi d’inverser la tendance pour mettre dès le départ les robots à son service. « En collaboration avec Canon International, nous avons développé des caméras promues d’intelligence artificielle, offrant ainsi une expérience visuelle sans précédent. Les caméras à reconnaissance faciale suivent d’ellesmêmes les orateurs sur scène et en studio. Un résultat garantissant un réel dynamisme dans la réalisation de contenus. »

« Il nous importe de ne pas uniquement être un partenaire fiable et d’exception aujourd’hui, mais de pouvoir accompagner nos clients aussi dans le futur. »

FreeLens, c’est donc une âme d’aventurier mêlée à une expertise hors normes. Un mélange qui s’avère être un gage de qualité pour cette entreprise qui n’en fini pas de repousser toujours plus loin les limites de l’impossible.

Sur le Set de l’émission Take Off. FREELENS Yann Figuet info@freelenstv.com +352 691 48 47 48 https://www.freelenstv.com/

À ne pas rater

2024 année de l’espace

Enjeux 86 MAI 2024

Terrain de jeu des milliardaires de la tech, l’espace est devenu un far west des opportunités économiques. Si chaque année sera, d’ici la fin de la décennie au moins, une année spéciale, 2024 est particulière : SES ne devrait plus tarder à pouvoir enfin lancer les opérations commerciales d’O3B mPower, la constellation la plus puissante du marché, après avoir réglé les soucis avec les satellites de Boeing ; en octobre, un peu du Luxembourg s’envolera de Cap Canaveral pour aller radiographier un double astéroïde ; Spire, dont le QG européen est en face de la clinique Sainte-Zithe, essaiera de se rapprocher de son break even à la faveur d’une croissance à plus de 30 % et d’une maîtrise des coûts. Le Luxembourg devrait continuer d’ajouter des briques à sa politique autrefois plus proche de la science-fiction que de la réalité avec l’inauguration du Space Campus. Aperçu d’une belle année.

88 L’URGENCE CLIMATIQUE, LEVIER D’ACCÉLÉRATION

Les coûteux événements climatiques invitent à trouver des solutions venues du ciel pour prévenir. –

90 SES : O3B MPOWER, ENFIN !

La pépite luxembourgeoise lance ses opérations commerciales avec sa technologie du futur.

91 SPIRE À LA RECHERCHE DU BREAK EVEN Radiographie de la Next Billion Company.

92 SIX START-UP À SUIVRE

Fibre optique sur l’ISS, rover, développement : des start-up en plein rush.

94 JUVENTAS, POUR DÉFENDRE LA TERRE GomSpace et Emtronix prêtes pour l’exploration d’un astéroïde.

96 LEX DELLES DANS LES TRACES DE SCHNEIDER

Le spatial reste un secteur-clé du nouveau gouvernement.

MAI 2024 87

L’urgence climatique, levier d’accélération du spatial

La guerre froide a été le principal accélérateur du développement des technologies spatiales dans les années 1960. La multiplication des coûteux incidents climatiques répète la dynamique au bénéfice des acteurs de l’observation de la Terre, forcés d’ajouter une couche d’intelligence artificielle, et des fournisseurs de cloud.

240En 2023, 240 événements climatiques ont coûté plus d’un milliard de dollars aux pays où ils ont été enregistrés, selon les Nations unies. En moyenne pluriannuelle, les catastrophes naturelles coûtent près de 320 milliards de dollars, dont 135 milliards assumés par les assureurs, chiffre qui permet de comprendre l’intérêt de prévenir. 70 % des entreprises sont victimes des aléas climatiques.

« Alors que notre monde est aux prises avec des changements dynamiques du climat, anticiper et atténuer l’impact des événements météorologiques extrêmes pose des défis croissants aux entreprises, aux individus et aux communautés. » Derrière la phrase d’une incroyable banalité du directeur général de la météo et du climat chez Spire, Michael Eilts, se cache une redoutable initiative : celle que l’on appelait déjà la « next billion company » en 2017 et qui n’est encore qu’à un dixième de cette ambition a noué, mi-mars, un partenariat avec la « techno rockstar » de l’année, Nvidia, pour nourrir l’Earth-2 de cette dernière – un super cerveau – avec les données satellitaires de ses 170 Lemur.

« Spire vise à fournir des produits de prévision différenciés qui sont impossibles à réaliser sur le plan informatique avec les modèles de prévision numérique du temps traditionnels. Cela comprend une mise à jour rapide des prévisions mondiales s’étendant sur la période sous-saisonnière, de grands systèmes d’ensemble capturant toute la gamme des résultats météorologiques possibles et des modèles de réduction d’échelle génératifs d’IA résolvant les détails

précis des prévisions sur les zones locales », dit le communiqué de presse.

7 ans pour un humain, 2 minutes pour une IA

Plus on expédie de satellites de plus en plus performants dans l’espace, plus on récupère sur Terre des volumes de données qu’il faut pouvoir traiter. Par exemple, les deux Sentinel qui alimentent le LSA Data Center ont jusqu’ici fourni 50 pétabytes de données, l’équivalent de 25 milliards de photos prises sur un iPhone ! Et dans le cas de Spire, il ne s’agit pas de données, mais de 20.000 « profils » par jour et par satellite, des mesures de radio-occultation qui créent «  un profil détaillé de la température, de la pression et de l’humidité de notre atmosphère  », explique l’entreprise. Car l’exercice ne consiste pas à analyser un profil, mais à comparer la mise à jour quotidienne de chaque profil pour comprendre les différences et, sur plusieurs années, en dégager des tendances. Présentée par la société d’investissement GP Bullhound comme la référence, Planet Labs a calculé qu’il faudrait sept ans à un analyste pour se

Enjeux Space
Photo Shutterstock
88 MAI 2024

pencher sur les 13.000 milliards d’images prises quotidiennement par ses satellites… contre deux minutes pour une intelligence artificielle.

AdwaïsEO et Iceye, à surveiller

Si l’observation de la Terre était décrite, au début de l’initiative luxembourgeoise sur l’espace, comme la première époque de la nouvelle aventure spatiale, histoire de générer du cash pour rêver de la Lune ou même de Mars, ceux qui s’y sont engouffrés en sont aujourd’hui à des niveaux très différents : AdwaïsEO, qui gère le LSA Data Center à Betzdorf, a bouclé un dernier bilan public à 5,1 millions d’euros, avec un demi-million de bénéfices et 18 personnes ; EarthLab Luxembourg, née elle aussi en 2015 et aujourd’hui propriété de l’italienne Telespazio, a davantage de difficultés, avec deux contrats – un avec e-Geos (filiale à 80 % de son actionnaire unique) et un autre avec Hitec ; Aistech (2017) et Databourg (2017) semblent plongées dans le coma ; on ignore ce qu’il est advenu de Kleos Space (2017) après l’annonce de sa faillite l’été dernier et, finalement, de l’intérêt de potentiels

investisseurs ; Hydrosat (2018), sous perfusion de sa maison mère aux États-Unis, a récemment acquis la néerlandaise IrriWatch pour 800.000 euros ; SkyfloX (2018), qui voulait alimenter la Terre d’images prises depuis un avion, n’a toujours pas dépensé l’intégralité des 3,6 millions d’euros de bourse octroyée par l’Agence spatiale européenne.

Et Iceye, qui a installé un centre de recherche au Luxembourg, poursuit son bonhomme de chemin, dans la trace de Spire, après avoir levé 438 millions d’euros depuis sa création, notamment auprès de Seraphim Capital, et avec la participation des Luxembourgeois du LFF, de NewSpace Capital et Promus Ventures. 30e sur 1.000 dans le classement du Financial Times des sociétés qui grandissent le plus vite, elle est aussi aux manettes d’un consortium stratégique avec Euroconsult pour relever les défis de sécurité et de souveraineté de la Commission européenne en matière d’observation de la Terre.

Technologie, intelligence artificielle, cloud… et capitaux : la clé du succès est de surfer sur l’urgence climatique et sur ces quatre jambes.

INONDATION : TRIO DE CHOC POUR UN « POC »

Peut-on prédire les caprices de Dame Nature ? Les atténuer au moins. Partenaire clé du programme Copernicus dédié à la surveillance de l’environnement, principal contractant pour tous les satellites météorologiques géostationnaires européens Meteosat et participant au déploiement de BlackSky (une constellation de 60 satellites d’observation), Thales Alenia Space a rejoint deux partenaires luxembourgeois, le Luxembourg Institute of Science and Technology (List) et PwC, pour développer un modèle –un proof of concept – de jumeau numérique de prédiction d’inondations, et plus généralement de phénomènes météorologiques extrêmes. Une brique de plus pour placer le List sur la carte des experts des jumeaux numériques, utilisables dans de nombreux contextes très différents les uns des autres.

MAI 2024 89

O3b mPower, enfin !

SES « commercialisera » enfin O3b mPower à partir de début mai. Avec un an de retard, en raison des problèmes d’alimentation des satellites construits par Boeing détectés sur les satellites 1 à 4 et lancés en 2022.

« Avec O3b mPower, nous avons une proposition de valeur forte pour les gouvernements qui nous attendent pour fournir un débit élevé et une connectivité flexible. Nous avons une application critique. Garantir la sécurité et la souveraineté est une nécessité, et nous pouvons très bien le faire. » À peine arrivé aux manettes de SES en février, Adel Al-Saleh se prête à la revue annuelle devant les investisseurs. À un curieux moment puisque, d’un côté, SES s’est redonné de l’air financièrement grâce à la magnifique exécution du programme pour récupérer les milliards de dollars de la 5G américaine, mais, de l’autre, l’entreprise luxembourgeoise a pris un an de retard sur son projet phare, O3b mPower, alors que les concurrents se bousculent pour proposer de la connectivité venue du ciel.

«  Avec l’approbation du Parlement luxembourgeois pour MEO Global Services, ou ce que nous appelons ‘MGS’, le programme est évalué à 195 millions d’euros sur 10 ans. Avec cela, le gouvernement luxembourgeois prévoit d’exploiter O3b mPower pour fournir des capacités satcom résilientes critiques au Luxembourg, à ses partenaires et à l’Otan. SES apportera une connectivité haute performance à un large éventail de missions gouvernementales souveraines couvrant la défense, la reprise après sinistre, les opérations et l’inclusion numérique. Nous sommes confiants dans notre positionnement, notre trajectoire future et notre segment gouvernemental, en particulier avec le début du service de mPower en tant que portefeuille élargi de capacités et de solutions de notre équipe

Espace et défense  », assure le nouveau CEO, transfuge de chez Telekom.

Problèmes électriques

La retranscription de la discussion, menée aux côtés du directeur financier, Sandeep Jalan, donne une idée de l’appétit de SES pour les nouvelles commandes, des agences américaines… et de tous ceux qui se diront que si les Américains y vont, c’est que le produit a vraiment de la valeur. La tension

LES GALÁPAGOS, « EARLY ADOPTERS » MALGRÉ EUX

Les Galápagos ont adopté la technologie O3b mPower… avant qu’elle soit fournie. Grâce à l’offre de SES, les îles équatoriennes sont dotées d’un réseau à 2,5 gigabits par seconde, de quoi fournir un accès internet à haut débit, des services mobiles et de télévision payante aux foyers et aux entreprises des Galápagos, y compris la plus grande île, Isabela. Et, du coup… presque plus besoin de la fibre sous-marine, qui devait être tirée en 2024. Le tout sans aucun impact environnemental sur l’un des écosystèmes d’espèces végétales et animales les plus diversifiés et les plus délicats au monde. Fermer les yeux, c’est presque oublier les efforts que Post doit fournir au Luxembourg pour ouvrir les tranchées qui permettront au pays d’être parmi les mieux lotis au monde.

était perceptible, ces derniers jours (cet article a été bouclé le 10 avril, ndlr), autour de la question sensible d’O3b mPower.

Un silence radio poli pour ne pas ajouter des problèmes aux problèmes : depuis la découverte des problèmes d’alimentation électrique sur les quatre premiers satellites d’une constellation qui devrait en compter 13 en 2027, SES essaie de récupérer 472 millions de dollars auprès de son assureur et a dû négocier âprement avec Boeing pour que la durée de vie des satellites soit compensée par une mise à jour des cinq suivants et l’ajout de deux nouveaux satellites à ce qui était prévu. Le constructeur américain a fini par reconnaître une perte de 315 millions de dollars dans ce dossier.

Six nouveaux satellites dans les deux ans

Avec six satellites de nouvelle génération, qui peuvent débiter 10 fois plus de données, SES peut lancer son service dans des conditions normales, d’autant qu’elle a installé, en 2023, 160 terminaux de plus au sol. Avec deux nouveaux satellites opérationnels en fin d’année 2024 ou début 2025, trois autres l’année suivante et les deux derniers en 2026, l’opérateur luxembourgeois aura la plus belle partie de son histoire devant lui. C’est certain. Mais pas le temps de se reposer sur ses lauriers. Adel Al-Saleh a déjà prévenu : l’industrie du satellite est trop lente, Starlink le démontre. Et l’intelligence artificielle obligera à aller encore plus vite.

Enjeux Space
Journaliste THIERRY LABRO
90 MAI 2024

Spire à la recherche du break even

La next billion company, qui a son QG européen à Luxembourg, a enregistré son 10e trimestre consécutif de croissance et maintient des ambitions très élevées.

SPIRE

• CEO Peter Platzer

• Siège États-Unis

• Quartier général européen Luxembourg

LES CHIFFRES-CLÉS

• Création en 2012

• 170 satellites

• 33 stations au sol

• 416 employés

DONNÉES FINANCIÈRES

150 -90

LES QUATRE NIVEAUX DE VALEUR

Modèle : données collectées une fois, vendues plusieurs fois

Revenus annuels Bénéfices / Pertes LEMUR

Collectées une fois

*prévisions de Peter Platzer lors du call with analysts

INDICATEURS À SUIVRE

Ebitda positif pour la première fois au 4e trimestre 2023

2,1 millions de dollars, 8 % du CA (10e trimestre de croissance consécutif)

Objectifs : plus de 30 % de croissance du CA par an, 70 % de marge brute

Clients récurrents : 745 (2023), 733 (2022) ; 106,8 millions de dollars (2023), 99 millions (2022)

Dette : 118 millions de dollars à payer en 2026

Vendues plusieurs fois Délivrer des données depuis les

Combiner les données avec les jeux de données de parties tierces pour identifier des tendances et des insights

Ajouter des analytics propriétaires sur les données pour aller vers le prédictif

Solutions sur mesure qui incluent analytics, visualisation, technologie, conseils

DONNÉES TIERCES
PROPRIÉTAIRES
ALGORITHMES AI/ML/
satellites
CE QU’IL VA SE PASSER
FAIRE
CE QUE VOUS DEVRIEZ
SE
CE QU’IL
PASSE
2020
2024*
202120222023
0
Source Spire MAI 2024 91

Ces start-up dans le vent

Six exemples de ces start-up de l’espace attirées au Luxembourg et qui connaissent un moment-clé de leur courte existence, déjà dans l’espace ou prêtes à y sauter avec leur rover et autres technologies.

1

Flawless Photonics

Arrivée au Luxembourg

aux premiers jours du Covid depuis les États-Unis en avril

2020, Flawless Photonics a la fibre… de la fibre optique produite directement dans l’espace. Douze kilomètres de ZBLAN ont été filés dans la Station spatiale internationale et devraient revenir sur Terre fin avril. La microgravité permet de rendre la fibre plus « pure » et de se passer de ces répétiteurs qu’on est obligé d’installer tous les 40 ou 50 kilomètres sur Terre. L’enjeu est bien plus important encore : selon l’université de Berkeley, cela permettrait d’économiser 1,5 % de la consommation mondiale d’électricité. La machine à filer a été construite au Luxembourg grâce aux subventions de près de 8 millions d’euros (2021 et 2022) de l’Agence spatiale européenne et de l’Agence spatiale luxembourgeoise. La start-up, dirigée à Luxembourg par Kendyle Woodard, emploie dix personnes.

2

Redwire

En plein boom, Redwire ! La start-up a enregistré, depuis les États-Unis où elle a son siège mondial, une augmentation de 52 % de ses revenus en 2023 à près de 244 millions de dollars et un Ebitda positif qui témoigne de ses bons fondamentaux. Sa spécialité ? Produire des machines à fabriquer des infrastructures directement sur la Lune grâce à des robots autonomes. Installée au Luxembourg pour l’Europe en 2019, Made in space portait très bien son nom avant d’être rachetée en juin 2020, l’ex-ministre de l’Économie, Franz Fayot (LSAP), ayant inauguré ses nouveaux locaux au Luxembourg, en présence de l’ambassadeur des ÉtatsUnis. La start-up, qui emploie aujourd’hui 18 personnes au Luxembourg, vient de prendre un contrat de l’Agence spatiale européenne pour un bras robotisé pour la Lune et a reçu fin avril un « Business Award » de la Luxembourg American Chamber of Commerce.

Enjeux Space
Journaliste THIERRY LABRO
92 MAI 2024

La Nasa a retenu trois entreprises de l’espace pour lui fournir son tout-terrain lunaire (LTV), dont Lunar Outpost, qui a installé son quartier général au Luxembourg il y a deux ans.

3

iSpace

Née en 2010, iSpace s’est posée dans l’incubateur de Paul Wurth en 2017 après avoir brillé au Google Lunar X Prize. Il y a un an, l’entreprise japonaise devenait la première entreprise privée à poser un engin sur la Lune. Sous la conduite de l’ancien ingénieur du MIT, passé par le Jet Propulsion Laboratory de la Nasa et Orbital ATK, Julien-Alexandre Lamamy, devenu le CEO de la structure luxembourgeoise en septembre, iSpace Europe, qui comptait 25 employés en 2022, soit un dixième de ses effectifs, poursuit ses travaux de recherche sur les rovers capables d’emmener des charges utiles de 30 à 500 kilos sur l’astre céleste. Au quatrième trimestre devrait être lancée la mission 2 Hakuto-R. L’atterrisseur, nommé « Resilience », transportera sur la Lune un micro-rover. Ce sera un premier effort d’exploration de ressources, une mesure importante pour promouvoir l’établissement de l’économie cislunaire.

4

LMO

« La connaissance du domaine spatial est essentielle pour une prise de décision éclairée et constitue une priorité pour la stratégie spatiale de la direction de la Défense luxembourgeoise. Nous avons besoin de solutions innovantes à double usage présentant des avantages militaires et sociétaux. Le programme Aurea ayant répondu à toutes nos attentes, il fait partie des projets que nous financerons. » Le ton est donné. Soutenue par le colonel Guy Hoffmann, directeur national de l’armement du Luxembourg, et donc le Luxembourg, LMO, pour Lift Me Off, s’est donné pour mission de développer des solutions matérielles et logicielles pour protéger, défendre et réparer les infrastructures spatiales critiques. En 2025, Audit permettra de lancer un service de « garde du corps » pour protéger et défendre les infrastructures critiques dans l’espace. Au côté du CEO de LMO, Michel Poucet, figurent quelques connaisseurs du spatial, comme Yves Elsen

5

NorthStar Earth & Space

Ouf ! Stewart Bain a poussé un soupir de soulagement, c’est certain, début février, depuis la Nouvelle-Zélande. Obligé de rassurer ses investisseurs en permanence après des problèmes chez le lanceur que NorthStar Earth & Space avait retenu pour mettre ses premiers satellites en orbite, Rocket Lab, le CEO de la start-up canadienne peut espérer une mise en service progressive de son service de surveillance des millions d’objets qui errent dans l’espace pour éviter aux grands acteurs de payer des fortunes en incidents. Deux ans après qu’Étienne Schneider l’a annoncé, c’est son successeur, Franz Fayot, qui a accueilli le quartier général européen de NorthStar Earth & Space en 2021. La constellation de la start-up, très soutenue par le Luxembourg, dont Candace Johnson, la bonne fée de SES, comprendra 12 satellites pour surveiller près des deux tiers du ciel. Les huit autres satellites seront mis sur orbite d’ici mi-2026.

Photo Lunar Outpost
MAI 2024 93

Juventas, pour défendre la Terre

2024 sera une année particulière pour GomSpace Luxembourg. La start-up doit envoyer un mini-satellite explorer un astéroïde pour que la communauté internationale affine sa stratégie anti-collision.

Ceci n’est pas de la science-fiction. Il s’agit d’être prêt quand il faudra détruire – ou plus probablement détourner – un astéroïde qui menacerait de s’écraser sur la Terre. Si les médias aiment assez évoquer le risque d’une terrible collision fatale, la Nasa place le prochain accident, avec une probabilité de collision de 0,037 %, entre 2175 et 2199, avec l’arrivée de Bénou, 492 mètres de diamètre avant d’entrer dans l’atmosphère. Il y a trois ans, Dart (acronyme de double asteroid redirection test, ou  test de déviation d’un astéroïde double, en français), engin spatial de 610 kilos, a percuté un petit astéroïde, Dimorphos, à près de 24.000 km/h, modifiant son orbite autour de Didymos de 32 minutes. En octobre, SpaceX enverra dans l’espace la mission Hera de l’Agence spatiale européenne, avec à son bord deux mini-satellites, dont le luxembourgeois Juventas, conçu par la filiale de la start-up danoise GomSpace.

Radar révolutionnaire

Ce projet à plus de 6 millions d’euros pour l’entreprise arrivée au Luxembourg en 2017 a deux objectifs : déployer un radar basse fréquence révolutionnaire, le Jura, qui utilise des longueurs d’onde plus longues pour voir en profondeur sous la surface de l’astéroïde, et mesurer les oscillations des trajectoires du vaisseau mère, Hera, et du cubesat, pour avoir une idée précise du champ de gravité de Dimorphos. La partie la plus

délicate de l’exercice – d’un point de vue luxembourgeois – sera que le Juventas de GomSpace parvienne à atterrir à la surface de Dimorphos avec ses propulseurs. Le radar du satellite de 37 x 23 x 10 cm a été conçu par l’Institut français de planétologie et d’astrophysique de Grenoble et de l’Université technique de Dresde et la partie électronique vient d’un autre acteur luxembourgeois, EmTroniX. « Les astéroïdes sont des fragments de collision des éléments constitutifs d’origine de notre système solaire. Être capable de voir comment l’intérieur d’un astéroïde est structuré nous donnera des informations précieuses sur l’évolution du système solaire, ainsi que sur la défense planétaire, a récemment expliqué le directeur scientifique du projet Hera, Michael Kueppers. Cet astéroïde est-il un monolithe solide ou un amas de décombres maintenus ensemble par sa gravité ? La réponse a des conséquences pratiques sur la manière dont les astéroïdes entrants pourraient être détournés de la Terre à l’avenir. »

Un « détail » à régler « C’est une mission exploratoire très importante qui consolide notre position nationale de pionnier dans le développement des capacités requises pour l’exploration pacifique et l’utilisation durable des ressources spatiales », a annoncé, au début de cette aventure, le CEO de l’Agence spatiale luxembourgeoise, Marc Serres. Début mai,

le ministre de l’Économie, Lex Delles (DP), s’est rendu au nord des Pays-Bas, à Noordwijk, au Centre européen de recherche et de technologie spatiales (Estec), pour assister aux derniers tests et réglages des deux cubesats, l’autre étant le Milani – du nom du professeur qui a conçu le concept original Dart-Hera, Andrea Milani, décédé en 2018 –, chargé d’effectuer de la prospection minérale multispectrale. Parmi les points qui rendent les ingénieurs nerveux : la chaleur que dégage le radar miniature dans le petit satellite…

Photo GomSpace
Enjeux Space
94 MAI 2024

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Tout change, rien ne change

Après avoir tiré à boulets rouges sur Étienne Schneider, passionné par l’espace, et sur son initiative depuis 2016, le CSV et le DP s’inscrivent dans la continuité de cette ligne de diversification de l’économie.

Dans son bureau de ministre de l’Économie, le petit rover lunaire flanqué d’un drapeau chinois posé sur la table basse et la réplique de la fusée à damier rouge et blanc ont disparu. Lex Delles est moins passionné par l’espace qu’Étienne Schneider. « Le secteur du ‘space’ est l’une des priorités sectorielles du ministre, font savoir ses communicants qui renvoient vers l’accord de coalition. Les différents objectifs qui y sont énumérés sont ceux que le ministre se fixe et qu’il poursuit intensivement par sa politique. Cette liste de priorités s’intègre parfaitement dans la politique de diversification du ministère de l’Économie. » Une parfaite illustration du pragmatisme « à la luxembourgeoise », où les adversaires politiques croisent gentiment le fer pendant les campagnes électorales avant d’assumer poliment les choix des autres dans l’intérêt supérieur du pays.

Investissements ciblés

Poliment mais pas naïvement. « Le gouvernement continuera à supporter l’industrie satellite luxembourgeoise et le secteur spatial, tout en évaluant régulièrement les investissements effectués dans ce secteur quant à leur efficacité, peut-on lire dans cet accord. Le gouvernement mettra ainsi en place une politique d’investissement et industrielle ambitieuse. Les fonds publics seront alloués de manière ciblée pour soutenir l’industrie nationale, en partenariat avec des programmes de subventions de Luxinnovation, de la Luxembourg Space Agency (LSA), de l’Université du Luxembourg et d’autres institutions. » Évaluation. Ciblage. Et « base légale » à la LSA, dotée de 5,8 millions

d’euros pour 2024, « décrivant ses objectifs et ses missions, et comprenant le développement des activités spatiales de la défense ».

La défense, nouvelle voie

C’est peut-être cela, la principale (et seule) nouveauté des ambitions du nouveau gouvernement à propos de l’espace : le

Luxembourg ne parvient pas à dépenser assez d’argent pour prendre sa part du budget de l’Otan ; la perspective de voir revenir Donald Trump à la Maison Blanche se précise, et avec lui « l’invitation » testostéronée à payer son dû pour profiter de la protection de l’organisation transatlantique ; les composantes de la cybersécurité et de la défense de l’industrie spatiale devraient être plus fortement soutenues à court terme.

SPACE CAMPUS : LE PLUS VITE POSSIBLE

Le gouvernement veillera à faire sortir de terre le Space Campus, à Belval pour la partie publique en deux volets et à Kockelscheuer pour la partie privée, le plus rapidement possible, dit l’accord de coalition. 347 millions d’euros ont déjà été dégagés pour Belval, histoire d’assoir la présence au Luxembourg du Centre européen d’innovation pour les ressources spatiales. L’Esric doit héberger une infrastructure unique, une chambre à vide thermique poussiéreuse d’ici 2025, dans la perspective de voir des technologies luxembourgeoises sur la Lune. Le bail avec les propriétaires du ParcLuxite, annoncé pour permettre l’installation à Kockelscheuer en 2024 ou 2025, semble tarder à se concrétiser :

« Aucune décision gouvernementale n’a été prise concernant l’emplacement du futur Space Campus », répond Lex Delles.

« Le développement du secteur spatial se fera, entre autres, par un rapprochement avec les acteurs de la défense, afin de tirer un maximum de bénéfices des investissements civils et militaires effectués par le Luxembourg », conclut la demi-page consacrée à l’espace dans l’accord, après avoir évoqué la mise en place du « premier Computer Emergency Response Team (Cert) dédié au secteur de l’espace et [qui] renforcera les capacités de cybersécurité dans le domaine de la coopération au développement » et la participation du Luxembourg « aux programmes spatiaux de l’Union européenne, comme par exemple Iris2 ». Cette constellation à des centaines de satellites sur les trois orbites devrait garantir à l’Europe une infrastructure de communication sûre et souveraine, dotée de technologies dernier cri comme le chiffrement quantique et l’intelligence artificielle – des aspects sur lesquels SES est associée aux projets tout comme l’Université du Luxembourg avec le professeur Symeon Chatzinotas. Sans oublier le Space Traffic Management, devenu priorité européenne stratégique début décembre, face au risque de congestion spatiale.

Enjeux Space
96 MAI 2024

Legal compliance of space companies on Earth

Conducting space activities does not exempt one from complying with the rules applicable on Earth! Elvinger Hoss Prussen is proud to advise its clients to make even the most audacious space projects possible.

While international treaties and laws are in place to regulate space activities, such as the 1967 Outer Space Treaty or the 2017 Luxembourg Law on Space Resources, the journey for space companies begins much closer to home. Before being able to operate in space, entrepreneurs based in Luxembourg must ensure that their activities and projects comply with current terrestrial regulations. This applies even to regulations that, at first glance, seem far removed from space concerns.

A prime example of such regulations is the General Data Protection Regulation (GDPR). In simplified terms, the GDPR applies to the processing of personal data by any entity established in the European Union

(EU), irrespective of where the processing occurs. It also applies to entities established outside the EU if their activities target individuals or monitor the behaviour of individuals who are in the EU.

Thus, the implications of the GDPR for the space industry are vast and complex, particularly affecting the sectors of satellite communications and imagery. For example, companies offering satellite communication services must ensure that the communication of data – even when encrypted – complies with the principles of the GDPR from their initial collection on Earth and at the time of their transfer. The same applies in the field of satellite imagery. If the captured images are likely to reveal personal

information about identified or identifiable individuals, operators are required to ensure that the data is processed and used in accordance with GDPR requirements.

Bringing a space project to fruition demands a comprehensive suite of legal services tailored to the specific needs of the industry, ranging from company formation to intellectual property, taxation, labour law or project financing.

ELVINGER HOSS PRUSSEN

Gary Cywie

GaryCywie@elvingerhoss.lu

Tel. +352

44

66 44 0

Gary Cywie, Partner and Tiffany Rose, Associate at Elvinger Hoss Prussen
PARTNER CONTENT

Grand Dossier Technologies

Contenus sponsorisés

Mieux encadrer le recours au cloud et l’utilisation des données avec Fabrice Aresu

Data’s dual role: trading and sustainable finance avec Laetitia Hamon et Guy Weymeschkirch

Luxembourg Stock Exchange

Cloud compliance: strategic and legal solutions avec Audrey Rustichelli et Nicolas Hamblenne

PwC Legal

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De l’autre côté du miroir… le jumeau numérique avec German Castignani List

Data & Cloud

Si le développement de l’ère digitale numérique dépend du cloud, son usage et l’exploitation des données constituent un challenge. Les vidéos d’experts de ce Grand Dossier vous éclairent sur la thématique.

Migration cloud : adoptez la bonne stratégie ! avec Khaled Fardi

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Choisir sa plateforme cloud selon sa confidentialité avec Gregory Gruber

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Data Center 2.0 : flexibilité, souveraineté et durabilité avec Paul Konsbruck

Luxconnect

Reinvent Your Business Model with Industry Cloud avec Patrice Witz et Stéphane Zema

PwC Luxembourg

98 MAI 2024

10 × 6

Pour rester une place financière internationale, Luxembourg applique un processus de transformation continue. À l’horizon 2035, le paysage financier luxembourgeois aura fortement évolué, sous l’effet de l’ innovation technologique, de l’évolution des attentes des clients et influencé par les nouvelles tendances mondiales. À quoi ressemblera notre place financière dans une dizaine d’années ? Dix experts exprimeront un avis sur l’avenir des métiers de la finance au Luxembourg.

Luxembourg is undergoing a process of continuous transformation as an international financial centre. By 2035, Luxembourg’s economic landscape will have evolved considerably, driven by technological innovation, evolving customer expectations and shifting global trends. What will our financial marketplace look like in a decade’s time? Ten experts offer their views on the future of finance in Luxembourg.

Inscription sur paperjam.lu/club REAL-TIME TRANSLATION MARDI�� NOV.����
Luxembourg Finance 2035
��h�� - ��h�� | Kinepolis Kirchberg General Partners
« La veille technologique fait partie intégrante de notre métier. »

Chers membres,

En mai et au début du mois de juin, nous serons ravis de vous convier à une série d’événements exclusifs qui ne manqueront pas de vous inspirer.

• Le 15 mai 2024, rejoignez-nous pour une discussion approfondie sur l’avenir passionnant de la banque privée au Luxembourg. Avec la gestion impressionnante de 600 milliards d’euros d’actifs, le secteur connaît une transformation significative. Plongez dans les coulisses de cette révolution avec nos experts.

• Le 21 mai 2024, découvrez 10 entrepreneurs chevronnés, lors de notre 10×6 Entrepreneurship: Lessons Learned, qui partageront les précieuses leçons qu’ils ont tirées de leurs parcours. Dans un monde instable mais riche d’opportunités, ils vous dévoileront leurs stratégies pour surmonter les obstacles et réussir leurs défis.

• Enfin, le 6 juin 2024, rejoignez-nous pour une soirée exclusive réservée aux CEO et aux entrepreneurs, où plus de 500 dirigeants se réuniront pour cultiver des relations professionnelles enrichissantes dans le cadre élégant de la résidence de S.E.M. Cees Bansema, Ambassadeur du Royaume des Pays-Bas.

Ne manquez pas ces occasions de vous inspirer et de networker. Dans l’attente du plaisir de vous revoir.

102 MAI 2024 #Part of
Laurent Couturier (Armacell International)
“Harnessing the power of AI while mitigating its potential drawbacks.”
Sabika Ishaq
(Grant Thornton Luxembourg)
Luxembourg)

Le Club en 4 chiffres

1.700

C’est le nombre d’entreprises membres qui composent le premier club d’affaires du Luxembourg.

22.000

C’est le nombre de personnes qui font partie de la communauté active du Paperjam+Delano Business Club et avec lesquelles vous aurez l’opportunité d’interagir.

100

C’est le nombre d’événements durant lesquels chaque membre pourra puiser de l’inspiration sur scène ou lors du contact direct avec d’autres membres.

200

C’est le nombre de modules de formation ouverts à l’ensemble des salariés des entreprises membres.

Devenez membre

Le Paperjam+Delano Business Club est ouvert à toutes les entreprises, les institutions luxembourgeoises et de la Grande Région, quels que soient leur secteur d’activité et leur taille.

MAI 2024 103
Pierre-Olivier Patin (Sogeti Fabio Cutrufello (CACEIS) et Hélène Turquey (Actualis) Emmanuel Vivier (HUB Institute)

1 Hanna Meyer (Chambre des métiers du Grand-Duché de Luxembourg) et Céline Vandepitte (Noosphere Brand Strategy)

2 Lise Fourer (Aronova), Bruno Van de Vloet (Advisory Key), Eric Plasse (WIS Immo) et Yann Thisse (Simac)

3 Pierre Olivier Rotheval (Banque internationale à Luxembourg)

4 Jean-Marc Fandel (Meraki Management)

5 Adel Nabhan (Banque Degroof Petercam)

6 Barbara Longo (LSB), Ozge Nur Hepsenkal et Fehmi Hepsenkal (Dagli atelier d’architecture)

7 Isabelle Waty (CA Indosuez Wealth Management), Marine Knibiehly (CBTW) et Floriane Billy (Indosuez Wealth Management)

104 MAI 2024
1 2 6 3 4 5 7

ACADEMY

14.05 Off the Record: Human Resources

Scale Up: Masterminds

16.05 Formation avancée: Booster son middle management (5/6)

21.05 Business Mentoring

23.05 Journée de workshops

29.05 Webinar: La montée en compétence des collaborateurs

05.06 Webinar: Intelligence émotionnelle

11.06 Formation avancée: Booster son middle management (6/6)

Formation avancée: Développer et conduire une stratégie RH (3/4)

Formation avancée: Développer et conduire une stratégie RH (4/4)

18.06 Journée de workshops

Webinar: Exécutez sans drame, sans vous épuiser

Agenda Mai

SOCIAL

03.05

Thank-God-It’s-Friday: Marketing Lunch

17.05

Déjeuner Carrousel

Thank-God-It’s-Friday: Leadership lunch

23.05 Let’s Taste: Flavours of rosés: time for conviviality

24.05 Thank-God-It’s-Friday: HR Lunch

07.06

14.06

Thank-God-It’s-Friday: Marketing Lunch

Déjeuner Carrousel

Thank-God-It’s-Friday: Under 50 Lunch

20.06 Let’s Taste: Que calor! Tastes (and sounds) of Latin America

21.06

Thank-God-It’s-Friday: Leadership Lunch

28.06 Thank-God-It’s-Friday: HR Lunch

TALKS, SHOWS & AWARDS

15.05

Private Banking Innovation

Arendt House

General partner: ING Luxembourg

Avec la participation de :

• Ananda Kautz (ABBL)

• Pascal Martino (Deloitte)

• Nasir Zubairi (LHoFT)

21.05

10×6 Entrepreneurship: Lessons Learned

Kinepolis Kirchberg

General partner: All Eyes On Me

Avec la participation de :

• Sandrine Lapointe (LuxRelo)

• Hugo Tamburini (Asemes)

• Martin Schoonbroodt (Probiotic Group)

• Carole Retter (Moskito)

• Florence Bastin (Flux Advisors)

• Alexandra Hoesdorff (Deal Productions)

• Claude Wagner (Batipro Matériaux)

• Simone Niclou (Université de Luxembourg)

• David Gavroy (DG Group)

• Djémaia Badji (BDA Global Services)

Consulter le programme et s’enregistrer

06.06

CEOs- and Entrepreneurs-Only Cocktail (Summer Edition)

Résidence de l’Ambassadeur des Pays-Bas General partners: ING Luxembourg, Bingo.lu

Sous la forme d’une garden party, la version estivale du CEOs- and Entrepreneurs-Only Cocktail rassemblera plus de 500 dirigeants. Cultivez des relations enrichissantes dans un cadre raffiné.

MAI 2024 105

PAPERJAM Welcome to

Jade Leboeuf : la food en héritage

Le couple star de l’influence – et surtout serial entrepreneurs de la food – a dévoilé une nouvelle adresse, place du Marché à Differdange : Gaïa. Une occasion trop belle pour ne pas raconter leur histoire et, surtout, leur amour des belles tablées et des assiettes généreuses.

« Il paraît que j’ai un sacré coup de fourchette, que j’ai d’ailleurs transmis à mon fils ! » Jade Leboeuf ne plaisante pas avec la nourriture : « Quand on est à table, on vit un moment convivial, on partage des choses. Les téléphones restent dans la cuisine. Steph et moi avons tous les deux été élevés comme cela ! » Voilà quatre ans que l’influenceuse française – fille du footballeur Franck Leboeuf, défenseur central champion du monde 1998 – a posé ses valises au Luxembourg. Un choix mûrement réfléchi et poussé par le cœur : c’est là que Stéphane Rodrigues, son mari, a grandi. Sa famille y vit d’ailleurs toujours. Le mariage civil se déroule à Luxembourg, le repas de noces est donné au Chiggeri : João Ramos et Sandra Totaro étaient des amis de longue date de Stéphane. Le courant passe immédiatement avec Jade. Les deux couples nouent un lien d’amitié si fort qu’ils décident de se lancer ensemble dans une aventure entrepreneuriale. La crise sanitaire est

cependant passée par là, l’idée d’un restaurant qui puisse à tout instant fermer ses portes les refroidit. Mais rien ne les arrête : ce sera donc un food truck : Hyde. Une belle aventure qui dure quatre ans : Hyde vient d’être repris et continue son périple napolitain entre d’autres mains. Entre­temps, Emilona, une street trattoria, voit le jour au centre­ville. Un nouveau projet nommé : Gaïa.

« Il y a une communauté food dans le sud du pays et nous avions envie de lui apporter un des concepts que nous avons aimés. Toutes nos inspirations viennent de nos voyages ou de nos vies précédentes : avant de nous installer à Luxembourg, nous avons vécu à Paris et à Los Angeles ! », explique Jade. Mus par des valeurs de partage, João Ramos, Sandra Totaro, Stéphane Rodrigues et Jade Leboeuf décident de faire des tapas le fil rouge de ce nouveau projet. La carte –d’influence espagnole créée par João Ramos et Delfim Neves – propose également des plats dont le calamar a la parrilla, le plat préféré de Jade.

Journaliste SARAH BRAUN Photos Jade Lebœuf, Maison Moderne, Timeleft, Muum’s, Klauss, Come, Kilogram et Collette
106 MAI 2024
Avec Gaïa, le goût de l’Espagne s’installe au sud du pays.

Hello Stranger!

AVEC TIMELEFT

Si l’envie de faire de nouvelles rencontres vous taraude, nul doute que cette news vous intéressera. L’iconique concept Timeleft – soit des dîners avec des inconnus –s’apprête à sévir à Luxembourg, après avoir séduit plus de 200.000 personnes à travers le monde depuis son lancement en 2023. Les dîners se tiendront tous les mercredis, à 20 h. Pour réserver et/ou plus de renseignements, c’est sur www.timeleft.com que ça se passe !

Adresse dans le sud

POUR COME

L’empire de Séverin Laface continue de s’étendre avec la récente ouverture de Come al Teatro, au centre-ville de Differdange. Logé dans un bâtiment historique, le restaurant se caractérise par sa cuisine aux accents liguriens, dont le chef est originaire. Pour le reste, Come al Teatro ne déroge pas aux classiques. Petite nouveauté à souligner : les lieux accueilleront de temps à autre des spectacles.

1, place Saint-Nicolas, Differdange

Lesbonnes nouvelles

Ceci n’est pas un bar à cocktails

AU MUUM’S

Véritable lame de fond, la sobriété commence à occuper du terrain dans la nightlife luxembourgeoise, comme en témoigne l’ouverture de Muum’s, rue Adolphe Fisher. Pensé autour du concept d’un way of life sans alcool festif et joyeux, Muum’s propose une belle carte de cocktails sobres joliment travaillés, pensé par celui qu’on ne présente plus : Raphaël Betti.

69A, rue Adolphe Fisher, Luxembourg

Les soupaholic au rendez-vous À SOUPMANIA

Pas de tromperie sur la marchandise chez Soupmania : ce sont bien des soupes que vous trouverez dans cette nouvelle adresse. La carte fait évidemment la part belle au potage, qui se décline au rythme des saisons et des envies du chef, avec quelques suggestions de tartes, quiches, salades, wraps... Une petite carte de desserts complète l’offre. Une adresse parfaite à l’heure du lunch.

16, rue des Bains, Luxembourg

Une première boutique

POUR KILOGRAM

Kilogram avait ouvert ses portes en 2022 sous la forme d’un e-shop : face à son succès croissant, l’enseigne belgo-luxembourgeoise persiste et signe avec l’ouverture d’une première boutique à Capellen. Le concept reste inchangé, avec une offre foisonnante de produits en vrac et toujours en mode zéro déchet : les produits sont en effet vendus sans aucun emballage pour ne générer aucun déchet.

75, route d’Arlon, Capellen

Restauration sur place

À LA MAISON BELLO

Morceaux d’exception, viandes maturées, charcuteries rigoureusement sélectionnées, Maison Bello a de quoi faire saliver. Pour parfaire l’expérience, il est désormais possiblede s’attabler pour déguster les produits vendus sur les étals à l’heure du lunch : un vrai bon moment en perspective. Du mardi au vendredi, huit personnes maximum, réservation fortement conseillée !

102, avenue de la Faïencerie, Luxembourg

La tête dans les étoiles

POUR LA KLAUSS

Pari audacieux ouvert en 2016, la Klauss n’a jamais failli à sa réputation, continuant de gravir les échelons vers les cieux. Une ascension auréolée de succès depuis mars, avec l’une des plus belles consécrations : l’étoile. Le K, restaurant de l’établissement, porté par le chef Benoît Potdevin, a raflé sa première étoile. Chapeau bas !

2, impasse du Klaussberg, 57480 Montenach (France)

Un café au pied du château

AU COLLETTE

Le café est vraiment roi dans ce bel endroit à la déco minimaliste et chaleureuse. Surfant sur la tendance du specialty coffee, Sandra et Thomas – tous deux passionnées par le café – ont créé Collette, un coffee shop à leur image. Torréfié minute, le café est excellent et s’accompagne des quelques douceurs maison préparées pour le sublimer.

70, Grand-Rue, Vianden

#FoodzillaGuide MAI 2024 107

Laliste

Où se dorer la pilule en mai

Le soleil a enfin repris ses quartiers à Luxembourg et vous vous demandez quel est le meilleur spot pour en profiter ? Foodzilla est sur le coup !

À perte de vue au SixSeven

L’un des plus beaux rooftop de la capitale ? À coup sûr celui du restaurant SixSeven, avec sa végétation luxuriante et sa vue imprenable sur la ville. Que l’on s’y attable pour admirer le sunset, un cocktail à la main, devant une assiette de tapas, ou pour un élégant dîner en tête à tête, le SixSeven est l’adresse fancy parfaite.

103, Grand-Rue, Luxembourg

On dirait le sud chez Vins Fins

Attablez-vous à la terrasse de Vins Fins et vous aurez immédiatement

l’impression d’être en vacances. Un repaire bobo incontournable

avec sa superbe carte de vins naturels assortie d’une sélection de petites choses à grignoter locales.

Une valeur sûre !

18, rue Münster, Luxembourg

Viva Italia à l’Osteria di Niederanven

À la bonne franquette à la Brasserie Beaulieu

Pause déj ensoleillée entre deux rendez-vous ou afterwork qui s’étire, la Brasserie Beaulieu s’est imposée comme l’adresse de quartier parfaite depuis son ouverture. Mention spéciale pour sa carte tradi généreuse et l’accueil toujours chaleureux, que vous soyez un habitué ou non.

25, rue Félix de Blochausen, Luxembourg

Hors les murs de la capitale, notre sélection « beaux jours » s’est arrêtée sur l’Osteria di Niederanven. Pour sa vue bucolique et son esprit guinguette, bien sûr, mais surtout pour la qualité de sa cuisine aux accents italiens, ovviamente ! À déguster avec un vin de la botte pour vivre la dolce vita le temps d’un déjeuner ensoleillé.

2, rue de Munsbach, Niederanven

Pour la food et la fame au Bazaar

Doit-on encore énumérer la (longue) liste des atouts du Bazaar, repaire

des noctambules épris de cuisine levantine ? On s’y rend dès l’afterwork jusque tard dans la nuit pour siroter de délicieux cocktails accompagnés de généreux mezze ou pour un lunch ensoleillé sur l’une des plus belles places de la capitale. (N.B. : pensez à commander une challah).

46, place Guillaume II, Luxembourg

Plein soleil aux Jardins d’Anaïs

Avec un cadre idyllique à l’abri des regards et une cuisine gastronomique de haut vol, Les Jardins d’Anaïs vous offrent une parenthèse enchantée durant la période estivale. Bien installé à l’ombre d’un parasol, profitez de la quiétude des lieux pour un moment gourmand parfait. Les jours de mauvais temps, la véranda vous permettra de prolonger cette expérience idyllique.

2, place Sainte-Cunégonde, Luxembourg

Photos
Guy Wolff (archives), Matic Zorman (archives), Romain Gamba (archives), Jan Hanrion (archives) et Osteria di Niederanven Journaliste SARAH BRAUN
108 MAI 2024
du mois

YOUR DAILY DOSE OF

GASTRONOMY

Chez CASINO 2000, on fait le plein d’émotions au quotidien. Chaque jour, on voyage, on vibre, on rit, on est surpris. On découvre des lieux uniques tels que le restaurant Les Roses ou le Purple Lounge, on vit des expériences inoubliables grâce à une line up qui fait rêver. À vous les concerts, les one-man shows et les spectacles les plus fous. Alors, on se voit quand ?

CASINO CONCERTS &
EAT & DRINK HOTELS
YOUR DAILY DOSE OF ENTERTAINMENT
SHOWS
CASINO2000.LU

Afterwork

En mai, fais ce qu’il te plaît

Le retour du soleil vous donne envie de sortir de votre tanière ? Pas de souci, nous avons sélectionné les meilleures sorties du mois !

La Sphère –Melusina

Le club de Clausen célèbre les beaux jours avec une soirée entièrement dédiée à la melodic techno. Aux platines, des figures de proue de la scène luxembourgeoise : l’iconique duo Tasso & Mitch, mais également Samwell, Spyn ou encore Malo. Une soirée jusqu’au bout de la nuit en perspective !

145, rue de la Tour Jacob, Luxembourg (le samedi 11 mai, de 21 h à 3 h )

DGW Club Night – de Gudde Wëllen

Trois étages, trois artistes, une même ferveur et en environnement safe : de Gudde Wëllen ouvre ses portes à Naghamäat Boom Boom, Leïla Koumiya et Sami Galbi pour une soirée d’anthologie comme il en a le secret. Entrée uniquement avec un ticket.

17, rue du Saint-Esprit, Luxembourg (le vendredi 10 mai, à partir de 22 h)

Soirée accords mets - vins –De Jangeli

Vivez une expérience gustative hors norme et (re)découvrez les vins de la Moselle luxembourgeoise dans des accords parfaits en trois services. L’édition printanière fera la part belle, entre autres, au tourteau, à l’asperge et à la fraise.

Impasse Emile Didderich, Mondorf-les-Bains (le mercredi 8 mai, de 19 h à 22 h)

10e édition de la Fête des vins de Moselle

Pour son 10e anniversaire, la Fête des vins de Moselle prendra ses quartiers à deux pas de la frontière : l’occasion de découvrir les vins de la Moselle luxembourgeoise, française et allemande dans une ambiance décontractée et conviviale. Un bel hommage au terroir viticole local !

Sierck-les-Bains (le dimanche 5 mai, de 10 h à 18 h)

Rave & Glow in the Dark XXL – Lenox Club

Vivez une expérience visuelle et sonore unique au Lenox Club : les lieux ont été complètement revisités par des artistes luxembourgeois pour l’occasion. Au programme ? Body painting gratuit pour les participants, sur fond de techno, avec un crew de folie derrière les platines.

58, rue du Fort Neipperg, Luxembourg (le mardi 30 avril, à partir de 23 h)

Light Bar Revival Party – den Atelier

Revivez la grande époque du Light Bar à l’occasion d’un jeudi endiablé… Dès 17 h, la cour de l’Atelier prendra des airs de fête avec du bon son et des food trucks. Juc, Manu, Tom et Patrick se feront une joie de vous faire revivre, le temps d’une soirée, l’ambiance unique de ce lieu.

54, rue de Hollerich, Luxembourg (le samedi 25 mai, à partir de 17 h)

Tulum Party –Chouchou

Exit le blues du dimanche soir ! Contre la morosité, notez la Tulum Party dans vos agendas. Au programme, DJ set de qualité, cocktails et food comme on aime pour profiter de la belle terrasse d’un des spots les plus courus de la capitale.

41, rue de Bouillon, Luxembourg (le dimanche 12 mai, à partir de 17 h)

Photos Melusina, Güdde Wëllen, Matic Zorman (archives), Lenox, den Atelier et Chouchou Journaliste SARAH BRAUN
110 MAI 2024

Les immanquables du mois

Tous les mois, Paperjam sélectionne les événements de la scène culturelle au Luxembourg à ne pas rater.

Labo musical

Le Big Bang Festival est un vibrant caléidoscope de créations musicales accessibles aux plus jeunes. Opéra, bruitage, jazz, fanfare, installations… Les expériences nombreuses et variées permettront de passer une journée inoubliable. À faire en famille.

Le 12 mai, à Neimënster, à partir de 5 ans

Un week-end au musée

À l’occasion de la Journée internationale des musées, tous les musées du pays ouvrent gratuitement leurs portes. Une belle opportunité pour découvrir toutes les expositions en cours et peutêtre pousser la porte de musées plus insolites.

Les 18 et 19 mai, luxembourgmuseumdays.lu

Jazz et musique contemporaine

Le compositeur de jazz et pianiste Michel Reis s’associe à l’ensemble de musique contemporaine United Instruments of Lucilin pour présenter une composition spécialement écrite pour eux. La pièce, imaginée comme une suite du projet présenté en 2023 dans le cadre du festival Like A Jazz Machine à Opderschmelz, oscille entre musique écrite et improvisation.

Le 24 mai, à 20 h, au Trifolion d’Echternach

LOA Festival à Esch

Le festival LOA revient à Esch pour deux jours de fête et de découvertes électro. Sont au programme : Malaa, Will Sparks, Blasterjaxx, Regard, Juicy M, Goodboys, Tony Romera, Medun, Cvmpanile, Vltra. De quoi bien en profiter, au pied des hauts fourneaux.

Les 3 et 4 mai, place de l’Académie à Belval

Dernières volontés

L’exposition My Last Will pose la délicate question de l’héritage du travail des artistes. 32 artistes et collectifs réfléchissent à la question du « que restera­t­il ? », sous le commissariat de M+M. Cette question est d’autant plus pertinente que leur œuvre sera évaluée dans un avenir aux normes de valeurs encore inconnues.

Au Casino Luxembourg, du 25 mai au 8 septembre, vernissage le 24 mai

Journaliste CÉLINE COUBRAY
112 MAI 2024 PLUS DE CULTURE SUR
Photos Romain Gamba (archives), Max Mausen, Alexander Cano, Mohamed Bourouissa archives Mennour
Culture

HIGHER GROUND LOUNGE

VIVEZ UNE EXPÉRIENCE VIP INOUBLIABLE…

Impressionnez vos prospects, valorisez vos clients fidèles et récompensez vos meilleurs employés en leur offrant une expérience VIP exclusive et inoubliable dans l’un des lieux les plus prestigieux d’Europe.

PLUS D’INFORMATIONS : ROCKHAL.LU/HIGHER-GROUND-LOUNGE
30.09 01.10 21.05 13.10 26.06 06.12 YES FIVE FINGER DEATH PUNCH MURMURATION DE SADECK BERRABAH BRYAN ADAMS ONE VISION
PATRICK BRUEL ORG. BY GREENHOUSE TALENT
OF QUEEN

#BUSINESS #PARTY

« Pour me rendre au travail, j’adore porter des tailleurs et casser le côté strict du look avec une blouse ou un t-shirt original, ainsi qu’une paire d’escarpins. J’essaie toujours d’ajouter une petite touche colorée. À mon look business, j’ajoute l’un de mes tote bags préférés, le Louis Vuitton. Je peux facilement y mettre tout ce dont j’ai besoin, de l’ordinateur à mes dossiers. »

Tailleur IKKS, t-shirt Kenzo, chaussures

« Pour sortir entre amis le week-end ou pour prendre un verre en terrasse lorsque les beaux jours arrivent, j’adore porter ce genre de robe de chez Bash. C’est un modèle maxi. Ce que j’aime, c’est qu’elle est fluide et bien ajustée à la taille. J’aime beaucoup ces chaussures à gros talons Jimmy Choo et mon sac de la marque Chloé qui mettent bien en valeur les couleurs chaudes et le brillant de la robe. »

#AFTERWORK

« Quand je n’ai pas de rendez-vous important et que je sais qu’un afterwork est prévu le soir, je choisis automatiquement mes bottines The Kooples, car en plus de se marier parfaitement avec une petite robe noire simple, elles sont aussi très confortables. Ma petite pochette Chanel est l’un de mes sacs préférés, un basique qui s’accorde avec presque tout. Un indispensable. »

Dans le vestiaire de Lynn

Robe Bash, sac Chloé, chaussures Jimmy Choo et boucles d’oreilles Hermès Bottines The Kooples, sac Chanel, veste blazer The Kooples et robe IKKS
Mon style 114 MAI 2024
Photos Guy Wolff Propos recueillis par Sarah Mersch-Macri

#BUSINESS CASUAL

« Je choisis toujours un pantalon noir simple et serré que j’associe à un blazer de couleur. Cette veste bleue Sandro est ma préférée ; je peux la porter aussi bien en hiver qu’en été. Les derbies à plateforme Tod’s sont pour moi un intemporel ; je les porte tout le temps avec des mi-bas résille. Jodie est le modèle de sac Bottega Veneta que je tiens. Je suis fan du motif Intrecciato. »

Veste bleue Sandro, chaussures Tod’s, pull The Kooples, sac Bottega Veneta et pantalon Hallhuber

Lynn Frank

Avocate associée fondatrice de l’étude Frank-Cohrs-Bock

« Je joue au bask fois par semaine et même si j’aime m’y rendre en jog ging et en hoodie pour être plus à l’aise, j’opte parfois pour un jean au cas où un aftergame serait improvisé. C’est une tenue dans laquelle je me sens à l’aise pour aller manger un bout ou boire un verre dans notre café préféré au Limpertsberg, le Café des Tramways. J’avais flashé sur ces baskets Alexander McQueen pour leur semelle transparente colorée. Malheureusement introuvables au Luxem bourg, je les ai comman dées directement sur leur site. J’aime beau coup les pantalons chez COS .»

Casquette Sandro, baskets Alexander McQueen, jean Cos et chemise Closed

Lynn Frank

#SPORT
MAI 2024 115

Montres

Espace, frontière de l’infini…

La sortie d’une nouvelle Speedmaster est toujours un événement. Imaginez donc deux d’un coup…

Omega créé l’événement, ce mois-ci.

Omega Speedmaster Moonwatch – White Dial

La Speedmaster que tous les aficionados attendaient depuis que Daniel Craig avait été aperçu, en novembre 2023, lors de la Planet Omega Exhibition à New York, avec un exemplaire au poignet. Que dire ? Tous les codes d’une Speedmaster sur un cadran blanc laqué agrémenté d’une petite touche de rouge. 42 mm de pure grâce. Le moment de demander une augmentation.

9.000 euros

Blancpain Fifty Fathoms

Blancpain propose son modèle de plongeuse emblématique dont on vient de fêter le 70e anniversaire en ajoutant à sa gamme deux modèles au diamètre « raisonnable » de 42,3 mm. Point d’acier pour l’instant, mais titane ou or rouge au choix. Chacune des deux versions est livrée, au choix, avec un cadran noir ou bleu. Le calibre maison 1315 offre 120 heures de réserve de marche.

19.400 euros

(titane) / 36.250 euros (or rose)

Omega X Swatch Snoopy

La petite sœur de la précédente. Dans le droit fil de la collection Omega X Swatch sortie en 2022 – l’allure de l’iconique Speedmaster d’Omega et le prix d’une Swatch –, le groupe suisse mise sur un nouveau modèle à l’effigie de Snoopy, la mascotte des astronautes. La « mission to the Moonphase » embarque une complication très appréciée des puristes : la phase de Lune.

315 euros

Lederer Central Impulse Chronometer 39 mm

Lederer avait gagné le prix Innovation lors du Grand Prix d’horlogerie de Genève en 2021 avec ce modèle. Le Central Impulse Chronometer revient dans une version 39 mm. Par rapport à son grand frère de 44 mm, tout le mouvement a été remanié. Le modèle est disponible en or gris cadran bleu et en or rose cadran gris, en deux séries limitées de 20 pièces chacune.

140.000 euros (hors taxes)

Aerospace B70 Orbiter Breitling

Pour célébrer les 25 ans du premier tour du monde en ballon sans escale du Breitling Orbiter 3 réalisé par Bertrand Piccard et Brian Jones, Breitling dévoile l’Aerospace B70 Orbiter. Son boîtier en titane abrite le calibre Manufacture Breitling B70 et un fragment du ballon original, visible à travers le fond de boîtier.

4.800 euros

Tissot PR516

Tissot réinterprète un modèle phare inspiré de l’automobile et en propose trois variations : un chronographe mécanique dans un boîtier de 41 mm à fond transparent et trois modèles à quartz dans un boîtier de 40 mm avec un fond gravé d’un volant de voiture de sport.

545 à 595 euros

pour les modèles quartz, 1.975 euros pour le modèle mécanique

Photos Omega, Breitling, Blancpain, Lederer et Tissot Journaliste MARC FASSONE
116 MAI 2024
Générateur
business
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depuis plus de 25

Ma Maison

Histoire et harmonie

Patrice et Lara Collette ont entièrement refait cette maison historique, et ce n’était pas une mince affaire.

La famille a principalement habité en Suisse et en Asie, mais Patrice, Luxembourgeois d’origine, souhaitait revenir vivre au Luxembourg. C’est donc dans la capitale qu’ils ont choisi de s’installer et de relever un défi : la rénovation complète d’une maison datant de 1906, le tout piloté à distance.

« La maison était une ruine quand nous l’avons achetée en 2016, explique Patrice Collette. Mais nous vivions alors à Singapour et nous n’étions pas pressés. Nous avons préparé le chantier pendant deux ans, puis fait réaliser les travaux entre 2018 et 2023. »

Étant donné le caractère historique de la bâtisse, des discussions ont été nécessaires avec la Ville de Luxembourg et l’INPA au sujet de la conservation de certains éléments, comme l’escalier, les moulures sur certains plafonds ou encore un impressionnant vitrail qui se déploie sur deux étages dans la cage d’escalier.

Construite à flanc de falaise, la demeure se déploie sur six étages. La maison ayant été occupée précédemment par trois familles, la distribution intérieure a été partiellement revue. Au rez­de­chaussée, on trouve désormais les pièces de réception et la cuisine.

Les étages sont réservés aux chambres de la famille et pour les amis, avec chacune sa salle de bain. Dans les étages inférieurs, on trouve une vaste bibliothèque, un sauna, un home cinéma et un salon d’appoint pouvant également servir de chambre d’amis. « Pour l’aménagement intérieur, nous avons privilégié les matériaux nobles et naturels, comme le bois et la pierre, et les couleurs claires pour créer un ensemble homogène et harmonieux », explique Lara Collette.

En plus des éléments structurels, toute la technique de la maison a été refaite. « Nous avons même la seule chaudière à pile combustible de tout le pays », précise Patrice Collette.

Journaliste CÉLINE COUBRAY Photos Guy Wolff
118 MAI 2024
2 1

Une grande bibliothèque, avec une échelle, était un souhait de Patrice.

1 Patrice et Lara Collette ont choisi de venir vivre à Luxembourg.

2

La cuisine a été aménagée à côté de la salle à manger.

3

Dans le salon, de grandes baies vitrées laissent entrer la lumière généreusement.

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Une grande bibliothèque sert de second salon.

5

Dans la salle à manger, on trouve des équipements intégrés comme la cave à vins.

119 3 5 4

Foodzilla Mobilier

Les coups de cœur de Diane Heirend

« Ce magnifique vase est d’une élégance sublimée et une prouesse technique. Pour vivre avec les fleurs, et même sans. »

Vase (1936)

L’Homme et la Femme (1993)

Par Francesco Binfaré Edra

Par Alvar Aalto Iittala

E27 (2008)

Par Mattias Ståhlbom Muuto

au gré des envies, des opportunités, des lieux de vie… »

immédiate avec les jardins, autant publics que privés. Ce sont des meubles tout aussi beaux sous la neige que durant le reste de l’année. »

Collection Luxembourg (2004)

Par Frédéric Sofia Fermob

« Ce simplissime et si démocratique luminaire se glisse, avec toutes ses couleurs, autant dans un univers privé que dans un environnement de travail ou encore un lieu public. »

Diane Heirend

Architecte et urbaniste, Diane Heirend a fondé son bureau en 1995. Elle considère l’architecture comme un acte de bienveillance et une expression de générosité. Aussi, chacun de ses projets raconte une histoire qui ne demande qu’à être découverte.

120 MAI 2024
Photos Bohumil Kostohryz , Edra spa, Fermob, Muuto et Iittala

Bingo.lu

La nouvelle plateforme immobilière qui place vos désirs au premier plan.

Bingo.lu, feel more home than at Home

Drive

Le van du futur

Renault, Volvo et le logisticien français CMA CGM sont réunis dans Flexis, initiative à 800 millions d’euros pour créer une nouvelle génération de vans du futur. Électriques. Forcément électriques.

Oubliez le van californien, ses 35 ans de succès planétaire et son ancêtre hippie, le Combi. Renault, Volvo et CMA CGM ont lancé une initiative commune, Flexis, alimentée par 300 millions d’euros pour chacun des deux constructeurs et 120 millions d’euros pour le logisticien, d’ici 2026, pour développer, depuis l’usine de Sandouville, une nouvelle génération de vans électriques. Le projet, confié à Philippe Divry (CEO) et Krishnan Sundararajan (COO), permettra une modularité complète, de la carrosserie à l’intérieur, pour être aussi bien urbain que baroudeur. Et, surtout, il s’appuiera sur la première architecture « 800 V » du marché – derrière laquelle tous les constructeurs courent parce qu’elle permettrait de recharger à 100 % en 10 à 15 minutes. Sauf que, pour l’instant, l’infrastructure de recharge n’est pas prête. Un élément­clé pour ceux qui veulent se réveiller face à la mer ou au milieu d’une forêt. Mais l’enjeu en vaut la chandelle : le marché des vans électriques devrait croître de 40 % par an jusqu’à 2030.

Point fort des futurs

vans électriques, un temps de recharge ramené à 10 ou 15 minutes. (Image générée par Dall-e)

Toit panoramique et spectaculaire « salle » à manger pour l’apéro entre amis : le nouveau Porteur Peugeot Boxer peut aussi accueillir quatre couchages avec vue sur les étoiles.

Concentré de 17 technologies d’assistance à la conduite en cinq mètres de longueur, avec cuisine amovible et jusqu’à quatre couchages, le Citroën Holidays est doté d’un BlueHDI 145 à six vitesses ou 180 à huit vitesses.

Photos Peugeot et Citroën Journaliste THIERRY LABRO
122 MAI 2024

Table Ronde Climate Finance

La réputation de notre place financière en matière d’investissements socialement responsables et d’impact est internationalement reconnue et constitue un environnement idéal pour les fonds de la finance climatique. Des experts discuteront de la stratégie de financement climatique, des moyens mis en oeuvre, des véhicules de placement et de la plate-forme LGX lancée par la Bourse de Luxembourg.

Avec la participation de : Laetitia Hamon (Luxembourg Stock Exchange)

Inscription sur paperjam.lu/club ��:��-��:�� | Luxembourg-Ville 10JEUDIOCT. ����

Nos coups de cœur Bingo.lu

La plateforme immobilière Bingo.lu offre un vaste choix de biens en vente ou en location au Luxembourg. Découvrez notre sélection d’offres préférées disponibles en ce moment.

Maison à Belair

Des lignes contemporaines définissent cette spacieuse maison libre à Belair. Rénovée en 2023, elle offre 300 m² (420 m² au total) sur plusieurs niveaux, incluant une salle de cinéma et un jardin luxuriant.

Photos
Bingo.lu
420 m2 6+
3.350.000 €
124 MAI 2024
Immobilier

Contenu sponsorisé

Maisons à vendre

Maison à Verlorenkost

Magnifique villa d’architecte au boulevard de la Fraternité, Verlorenkost. Construite en 1977 sur 8,77 a, elle offre 500 m2 sur quatre niveaux, avec espaces de vie spacieux, terrasse en L, mezzanine et garage double.

500 m2 4

3.250.000 €

Maison à Walferdange

Maison de 1910 sur terrain boisé de 506 m2 à Walferdange. Qualité, authenticité et emplacement avec de nombreuses possibilités d’aménagement, jardin exposé sud-ouest et proximité des commodités.

162 m2 4

1.299.000 €

Maison à Neudorf

Maison de caractère comprenant sept chambres et trois salles de bains, accompagnée d’un charmant patio de 59 m2, de vastes terrasses totalisant 132 m2, ainsi que d’un jardin à l’arrière de la propriété.

364 m2

6+

2.200.000 €

Maison à Esch-sur-Alzette

Charmante maison mitoyenne à Esch-sur-Alzette, offrant un espace spacieux sur trois niveaux avec un jardin attrayant.

125 m2 4

770.000 €

Maison à Bascharage

Maison jumelée avec quatre chambres à coucher de +/- 250 m2 (300 m2) située à Clemency, localité appartenant à la commune de Käerjeng (Bascharage).

250 m2

4

1.395.000 €

Maison à Belair

Au cœur de Belair, maison des années 30 entièrement rénovée avec matériaux nobles. Surface utile de 559 m² répartie sur cinq niveaux.

559 m2 6+

5.400.000 €

Maison à Hellange

Charmante maison tranquille à Hellange, Frisange. Propriété libre de quatre côtés, ensoleillement optimal, extérieurs soignés avec jardin japonais, et intérieur haut de gamme.

190 m2 3

1.285.000 €

Maison de village à Steinfort

Immeuble à deux façades au centre de Steinfort, avec commerce au rez-de-chaussée et maison sur quatre niveaux, totalement indépendants. Récemment rénové.

275 m2

4

1.990.000 €

MAI 2024 125

Immobilier

Appartements à vendre

Appartement à Belair

Cet appartement haut de gamme de trois chambres présente un grand hall, un débarras, un WC, une salle de bains, un séjour spacieux, une cuisine équipée, des équipements modernes, et une proximité avec les commerces et les parcs. 113 m2

Appartement à Dommeldange

À quelques minutes du centreville, ce duplex-penthouse de 145 m2 offre un séjour spacieux, une terrasse panoramique, trois chambres, un jardin privatif, et un double garage. 145 m2

Appartement à Merl

Appartement de prestige au 2e étage d’une résidence rénovée en 2023, offrant 73,29 m2, deux chambres avec armoires sur mesure, salon spacieux, cuisine équipée, salle de douche moderne, WC séparé, cave / buanderie.

73 m2

790.000 €

Appartement à Bonnevoie

Spacieux appartement entièrement rénové en 2024 situé au 2e étage dans une petite résidence à cinq unités au cœur du quartier de Bonnevoie.

79 m2 1

675.000 €

Appartement à Walferdange

Cet appartement niché au 2e étage d’une résidence construite en 2019 à Walferdange offre un cadre idéal proche de toutes les commodités.

103 m2

3

990.000 €

Appartement à Esch-sur-Alzette

Cet appartement à Esch-surAlzette, rénové en 2021, offre un accès facile aux commodités, aux transports, à la gare et aux espaces verts, avec ses plafonds hauts, ses 75 m2, sa cuisine ouverte et ses deux chambres spacieuses.

75 m2 2

525.000 €

Appartement à Kirchberg

Au 23e étage de la tour Infinity à Kirchberg, cet appartement de 80 m² propose un salon avec cuisine ouverte, loggia, WC, deux chambres, salle de bains, cave et parking inclus.

80 m2

Appartement à Differdange

Cet appartement de +/- 119 m2, rénové en 2020, offre un cadre de vie idéal proche de toutes les commodités, avec trois chambres, deux salles de douche, un double séjour lumineux et une cuisine équipée.

119 m2 3

615.000 €

126 MAI 2024
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1.100.000 €
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3
1.750.000 €
3 1.245.000 €

Contenu

Appartement à Hamm

Cet appartement exceptionnel, situé à Luxembourg-Hamm, offre une chambre, un espace ouvert avec cuisine, une salle de douche et une terrasse / jardin spacieuse.

57,39 m2 1

675.000 €

Appartement à Limpertsberg

Le projet Victor Hugo propose un édifice de sept étages avec 49 logements de luxe. L’appartement 02.07 offre deux chambres, deux terrasses et des finitions haut de gamme.

95 m2

1.385.000 €

Appartement à Rollingergrund

Cet appartement de trois chambres à coucher dans le quartier recherché de Rollingergrund offre le parfait équilibre entre espace et commodité.

118 m2

3

860.000 €

Appartement à Cessange

Cet appartement en duplex, situé à Cessange (273, rue de Cessange), offre trois chambres, un bureau et est réparti sur les 2e et 3e étages d’une résidence comptant uniquement deux appartements.

120 m2 3

1.050.000 €

Appartement à Steinfort

Superbe appartement rénové du sol au plafond avec finitions de haut standing situé dans une petite résidence bien entretenue, proche de toutes les commodités, disposant d’une superficie de 93 m2.

93 m2

699.000 €

Appartement à Gasperich

Bel appartement spacieux, proche du centre-ville et de la gare, offrant un hall avec buanderie, un salon avec cuisine ouverte équipée, deux chambres, une salle de douche, une terrasse, une cave et un parking intérieur.

81 m2

850.000 €

Appartement à Esch-sur-Alzette

Au premier étage d’une petite résidence à Esch-sur-Alzette, cet appartement entièrement rénové de 124 m2 offre une luminosité exceptionnelle, un espace de vie ouvert avec une cuisine équipée et quatre chambres.

124 m2

4

740.000 €

Appartement à Luxembourg-ville

Cet appartement rénové de 76 m² au 1er étage offre un séjour lumineux, une cuisine équipée, deux chambres, une salle de douche et un WC séparé.

76 m2 2

995.000 €

MAI 2024 127
2
2
2
sponsorisé

Maisons Les Lilas

161 - 166 m2

Strassen

6

2.150.000 € – 2.200.000 €

98,2 - 159,73 m2

Hesperange 10

1.092.356 € – 2.257.202 €

Maisons

Luxembourg-Belair

240 - 250 m2

3.450.000 € – 3.800.000 € Skill

128 MAI 2024 VEFA
Moco
6
Immobilier
43 – 137 m2 Belair
Niederkorn 8
Omega V
44
Phoenix
13
Daphné
590.718 € – 1.761.017 € Charell 92,35 m2
709.179 € Résidence
25,88 – 136,04 m2 Gasperich
344.100 € – 1.862.050 €
41,8 - 74,9 m2 Bonnevoie
468.160 € – 833.900 € Résidence
79,86 - 115,59 m2 Steinfort 5 759.378 € – 1.181.710 €
Belair 6

168pagesÉdition2024

Vol. 2

Restez archi-informé sur ce qui se construit au Grand-Duché Actuellement en kiosque à 10€

Bureau à louer à Senningerberg

Bureau meublé entre Kirchberg et l’aéroport du Findel, dans une nouvelle résidence. Lumineux, moderne, 26 m², avec réseau informatique et mobilier, espaces partagés inclus.

26 m2

Senningerberg

1.500 € / mois

Bureau à vendre à Belair

Espace de bureaux de 271 m2 entre les quartiers de Merl et Belair, comprenant réception, bureaux, cuisine, toilettes et grand bureau ouvrant sur terrasse et jardin.

271 m2

Belair

4.700.000 €

Immobilier

Bureaux

Bureau à louer à Wecker

Bureaux à louer à Wecker/ Biwer, +/- 461 m2, comprenant huit bureaux, une salle de réunion, une cuisine équipée, WC et douches.

461 m2

Biwer, Wecker

11.525 € / mois

Bureau à louer à Leudelange

Bureau moderne au 1er étage avec ascenseur, 52,61 m2, lumineux et bien équipé, avec proximité aux principaux axes autoroutiers.

52,61 m2

Leudelange

1.849 € / mois

Bureau à louer à Capellen

Bureaux situés dans le parc d’activités de Capellen, offrant des bureaux fermés, des espaces ouverts, des toilettes séparées, une kitchenette, une salle pour le serveur, et un réseau informatique et téléphonique.

470 m2

Capellen

8.500 € / mois

Bureau à vendre à Esch-sur-Alzette

Bureau de 91 m2 à Esch-surAlzette, offrant une vue sur un jardin paysager. Emplacement pratique, proche écoles, universités, commerces et transports. Investissement locatif intéressant.

91,9 m2

Esch-sur-Alzette

404.448 €

Bureau à vendre à Weiswampach

Cette propriété, incluant un étage de bureaux de +/- 623 m² entièrement meublé avec un agencement luxueux, sera vendue prête à l’emploi, offrant une solution immédiate pour les besoins professionnels.

623 m2

Weiswampach

3.090.000 €

Bureau à louer à Luxembourg

Ce bureau offre un emplacement exceptionnel au cœur du centre-ville, comprenant un vaste espace de travail et une kitchenette équipée.

40 m2

Luxembourg-centre

2.475 € / mois

130 MAI 2024

Bingo.lu

La nouvelle plateforme immobilière qui place vos désirs au premier plan.

Bingo.lu, feel more home than at Home

Rédaction

Téléphone 20 70 70

E-mail press@paperjam.lu

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SECRÉTAIRE DE RÉDACTION

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POLITIQUE ET INSTITUTIONS

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ENTREPRISES ET STRATÉGIES

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BIOGRAPHIES ET DATA

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PHOTOGRAPHES

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COURRIER POSTAL

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BUREAUX

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ÉDITION MAI 2024

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION

Mike Koedinger

RÉDACTEUR EN CHEF

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Serge Ricco (direction artistique) et Guy Wolff (photographie)

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Marie Langlais (-325)

Jean-Claude Negri (-314)

Aline Puget (-323)

Jérôme Schaack (-338)

Barbara Wiesen (-309)

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Maison Moderne s’engage à réduire son empreinte écologique. Le magazine Paperjam a bénéficié d’une impression neutre en CO2, d’un papier recyclé Blauer Engel pour sa couverture et d’un papier intérieur durable, tous deux certifiés Ecolabel et FSC�. Please recycle. Vous avez fini de lire ce magazine ? Archivez-le, transmettez-le ou bien faites-le recycler !

Éditeur

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FONDATEUR, CEO

ET DIRECTEUR PUBLISHING HOUSE

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DIRECTOR BUSINESS DEVELOPMENT

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Conformément à l’article 66 de la loi du 8 février 2004 sur la liberté d’expression dans les médias, la présente mention est obligatoire « une fois par an, au premier numéro diffusé ». Nous avons choisi de la publier chaque mois. La société éditrice de Paperjam est détenue directement à 100 % par Mike Koedinger, éditeur domicilié au Luxembourg. La direction générale et la gestion journalière relèvent de sa responsabilité.

PAR MIKEKOEDINGER
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132 MAI 2024

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MAI 2024 133
Biquotidienne Architecture +  Real Estate

S&T Création, la main verte haut de gamme

Cofondateur de S&T Création, société spécialisée dans l’aménagement des espaces extérieurs, Teddy Da Silva est aujourd’hui seul maître à bord d’une entreprise florissante malgré la crise du secteur de la construction. Basée à Esch-sur-Alzette, elle propose aussi ses services dans la Grande Région… et sur la côte.

Pourquoi vous êtes-vous lancé dans les aménagements extérieurs ?

Je suis passionné par les jardins depuis tout petit. J’allais sonner chez les voisins de mes parents pour leur demander de passer la tondeuse. Pendant mes études, je me suis d’abord dirigé vers le bâtiment avec une spécialité en architecture et construction pour ensuite bifurquer vers la relation client. Après mon BTS, j’ai choisi d’ouvrir ma société avec mon ex-associé.

Racontez-nous les premiers pas de votre projet. Au départ, j’étais associé à Stéphane Lefèvre. Au bout de trois ans, face à la demande croissante et en raison de divergences quant à la stratégie à tenir, nous nous sommes séparés. La société était pourtant partie sur de bonnes bases puisque nous avions doublé notre chiffre d’affaires en moins de 10 mois. Une fois seul aux commandes, j’ai procédé à des embauches pour m’attaquer à des chantiers de plus grande envergure.

Quels sont les atouts de votre entreprise dans un secteur concurrentiel ?

Faire ce que les autres ne font pas. Par exemple, je travaille avec Biodesign pour la partie piscines lagons. Je suis

d’ailleurs associé avec Thomas Nuances d’Ô, qui, en France, est très reconnu dans le secteur des piscines lagons. Nous travaillons aussi bien au Luxembourg que dans la Grande Région, et de plus en plus dans le sud de la France, à Saint-Tropez et ses environs.

Quel est le défi le plus important que vous avez relevé depuis la création de votre entreprise ?

Convaincre beaucoup de clients d’opter pour une piscine lagon plutôt que pour une piscine rectangulaire classique.

Quelles sont vos ambitions pour cette année ?

Évoluer positivement dans un contexte compliqué. Nous avons la chance d’avoir un planning quasiment bouclé pour 2024, avec déjà des projets retenus pour l’année prochaine. Avec une baisse attendue des taux d’intérêt et cette envie des gens d’avoir un beau jardin, nos perspectives sont plutôt favorables. En termes d’effectif, l’idéal serait de recruter encore deux salariés pour compléter les équipes sur le terrain. Pour le chiffre d’affaires, nous aimerions dépasser les deux millions d’euros.

« Faire ce que les autres ne font pas. »

NOM ENTREPRISES

Co-fondateur et gérant Teddy Da Silva

Employés

Deux employés au départ, 15 à ce jour

S&T Création est une entreprise fondée en décembre 2017 par Teddy Da Silva et Stéphane Lefèvre, dont le siège est basé à Esch-sur-Alzette. Elle est spécialisée dans l’aménagement des espaces extérieurs et intervient pour des projets de création ou de restructuration de jardins, mais aussi pour l’entretien, le terrassement et la plantation de végétaux. Son chiffre d’affaires en 2023 était de 1,8 million avec 11 salariés.

Interview DIDIER HIÉGEL Photos S&T CRÉATION
#Under50 134 MAI 2024

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