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JO 2012 >

"Il n’y a pas de vents favorables pour qui ne connaît pas son cap"

Diriez-vous que la présence de l’Équipe de France aux Jeux Olympiques est la récompense de sa régularité au plus haut niveau ? Tout à fait. Et c’est certainement la plus grande satisfaction, celle d’être, avec la Russie et l’Espagne, le seul pays à avoir intégré le top 8 européen à chaque Euro depuis 1999. C’est un indicateur de performance fort. Parce que les gens ne le voient pas mais c’est ce qui compte le plus dans une Fédération. Le plus dur quand on mène une politique c’est d’amener les gens où on veut les amener alors que ceux qui vivent dans l’immédiateté ne voient pas forcément la finalité. Pour travailler sur le fond il faut parfois passer par des chemins tortueux. Seneque disait "il n’y a pas de vents favorables pour qui ne connaît pas son cap."

Jean-Pierre de Vincenzi et Vincent Collet

12 BASKETBALLMAGAZINE

JF Molliere / FFBB

12 ans après sa dernière participation, l’Équipe de France va retrouver les Jeux. De Sydney à Londres, beaucoup de choses ont changé. Pour goûter à nouveau aux cimes olympiques, la FFBB a dû adapter son organisation à un basket mondialisé tout en maintenant la formation au cœur de ses prises de décision. Entraîneur de l’Équipe de France entre 1995 et 2000, Jean-Pierre de Vincenzi occupe désormais les fonctions de Directeur Technique National. Il revient sur les orientations stratégiques qui ont mené les Bleus aux Jeux.

Quels étaient les objectifs de ce "travail de fond" ? Je dirais que sur les 20 dernières années deux objectifs ont été remplis par la Fédération : des résultats chez les jeunes et des résultats chez les seniors. Chez les jeunes avant 1992 nous n’existions pas. Quand on se qualifiait pour un Euro nous terminions entre 9 et 12. Idem chez les seniors. Il y a 20 ans, quand on jouait le tournoi de Dortmund face à l’Italie ou l’Espagne, et qu’on était à -15 à la mi-temps, c’était champagne dans les vestiaires. J’exagère à peine et je m’en souviens comme si c’était hier. Nous étions traumatisés. Aujourd’hui, en jeunes nous sommes sur le podium européen. Et comme la Russie ou l’Espagne nous sommes présents sur tous les fronts. C’est une grande satisfaction. Ce n’est pas arrivé du jour au lendemain. Cela a commencé en 1986 avec la création des CERN puis des pôles espoirs et parallèlement les centres de formation. Le système de formation français est un système total et entier au sein duquel nous travaillons la main dans la main. Notre niveau s’est ainsi élevé et nos jeunes sont compétitifs. D’où certaines interrogations sur la remise en cause de notre système de formation. A mon avis ce système est performant. Je reviens du Canada où j’étais avec la commission technique mondiale de la FIBA. Tous les pays y sont représentés et ne reconnaissent la France que sur un sujet : la formation. C’est le label France.

Mais les excellents résultats chez les jeunes n’ont pas forcément eu de traduction concrète chez les seniors… Chez les seniors, après une période up and down le problème était de se stabiliser. Notre régularité depuis 1999 nous a permis de tenir le cap fixé lorsque certains hurlaient au loup. Un athlète de haut niveau il ne descend jamais au-dessous d’un certain niveau de performance. Ne pas se qualifier pour les Jeux en 2004 et 2008 était un échec, forcément, et nous en avons souffert. Mais il ne fallait pas pour autant remettre en cause la politique globale. Ceux qui le prônaient manquaient singulièrement d’objectivité. Le reproche pouvait porter sur le fait de se rater le jour J à l’heure H. Et dans ce domaine il y a eu

JF Molliere / FFBB

Par Julien Guérineau

Nous sommes le seul pays à avoir intégré le top 8 européen à chaque Euro depuis 1999. des erreurs, identifiables et identifiées. Notre problème c’est que nous n’avons jamais décroché un titre. Le passé a prouvé que tout peut être mis en œuvre, une équipe peut être prête physiquement et tactiquement, sans l’expérience mentale, un manque de maturité fait que tu ne passes pas. 2000, 2012, quelles sont les grandes différences entre ces deux qualifications olympiques ? En 1995 nous étions au fond du trou. Yvan Mainini avait alors fixé le cap sur 2000 avec un plan pour travailler sur une génération avec des phases de qualification européenne qui existaient à l’époque en novembre et février. Il

Tony Parker

MARS2012 13


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"Il n’y a pas de vents favorables pour qui ne connaît pas son cap"

Diriez-vous que la présence de l’Équipe de France aux Jeux Olympiques est la récompense de sa régularité au plus haut niveau ? Tout à fait. Et c’est certainement la plus grande satisfaction, celle d’être, avec la Russie et l’Espagne, le seul pays à avoir intégré le top 8 européen à chaque Euro depuis 1999. C’est un indicateur de performance fort. Parce que les gens ne le voient pas mais c’est ce qui compte le plus dans une Fédération. Le plus dur quand on mène une politique c’est d’amener les gens où on veut les amener alors que ceux qui vivent dans l’immédiateté ne voient pas forcément la finalité. Pour travailler sur le fond il faut parfois passer par des chemins tortueux. Seneque disait "il n’y a pas de vents favorables pour qui ne connaît pas son cap."

Jean-Pierre de Vincenzi et Vincent Collet

12 BASKETBALLMAGAZINE

JF Molliere / FFBB

12 ans après sa dernière participation, l’Équipe de France va retrouver les Jeux. De Sydney à Londres, beaucoup de choses ont changé. Pour goûter à nouveau aux cimes olympiques, la FFBB a dû adapter son organisation à un basket mondialisé tout en maintenant la formation au cœur de ses prises de décision. Entraîneur de l’Équipe de France entre 1995 et 2000, Jean-Pierre de Vincenzi occupe désormais les fonctions de Directeur Technique National. Il revient sur les orientations stratégiques qui ont mené les Bleus aux Jeux.

Quels étaient les objectifs de ce "travail de fond" ? Je dirais que sur les 20 dernières années deux objectifs ont été remplis par la Fédération : des résultats chez les jeunes et des résultats chez les seniors. Chez les jeunes avant 1992 nous n’existions pas. Quand on se qualifiait pour un Euro nous terminions entre 9 et 12. Idem chez les seniors. Il y a 20 ans, quand on jouait le tournoi de Dortmund face à l’Italie ou l’Espagne, et qu’on était à -15 à la mi-temps, c’était champagne dans les vestiaires. J’exagère à peine et je m’en souviens comme si c’était hier. Nous étions traumatisés. Aujourd’hui, en jeunes nous sommes sur le podium européen. Et comme la Russie ou l’Espagne nous sommes présents sur tous les fronts. C’est une grande satisfaction. Ce n’est pas arrivé du jour au lendemain. Cela a commencé en 1986 avec la création des CERN puis des pôles espoirs et parallèlement les centres de formation. Le système de formation français est un système total et entier au sein duquel nous travaillons la main dans la main. Notre niveau s’est ainsi élevé et nos jeunes sont compétitifs. D’où certaines interrogations sur la remise en cause de notre système de formation. A mon avis ce système est performant. Je reviens du Canada où j’étais avec la commission technique mondiale de la FIBA. Tous les pays y sont représentés et ne reconnaissent la France que sur un sujet : la formation. C’est le label France.

Mais les excellents résultats chez les jeunes n’ont pas forcément eu de traduction concrète chez les seniors… Chez les seniors, après une période up and down le problème était de se stabiliser. Notre régularité depuis 1999 nous a permis de tenir le cap fixé lorsque certains hurlaient au loup. Un athlète de haut niveau il ne descend jamais au-dessous d’un certain niveau de performance. Ne pas se qualifier pour les Jeux en 2004 et 2008 était un échec, forcément, et nous en avons souffert. Mais il ne fallait pas pour autant remettre en cause la politique globale. Ceux qui le prônaient manquaient singulièrement d’objectivité. Le reproche pouvait porter sur le fait de se rater le jour J à l’heure H. Et dans ce domaine il y a eu

JF Molliere / FFBB

Par Julien Guérineau

Nous sommes le seul pays à avoir intégré le top 8 européen à chaque Euro depuis 1999. des erreurs, identifiables et identifiées. Notre problème c’est que nous n’avons jamais décroché un titre. Le passé a prouvé que tout peut être mis en œuvre, une équipe peut être prête physiquement et tactiquement, sans l’expérience mentale, un manque de maturité fait que tu ne passes pas. 2000, 2012, quelles sont les grandes différences entre ces deux qualifications olympiques ? En 1995 nous étions au fond du trou. Yvan Mainini avait alors fixé le cap sur 2000 avec un plan pour travailler sur une génération avec des phases de qualification européenne qui existaient à l’époque en novembre et février. Il

Tony Parker

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La caravane bleue

Presse Sports/Fel

en 1993, le staff tricolore se limitait à 4 personnes. Près de 20 ans plus tard, ce sont 12 intervenants qu'il faut gérer. Patrick Beesley

Il est sans doute le mieux placé pour mesurer le chemin parcouru. Le 10 novembre 1993, à Zalaegerszeg, en Hongrie, Patrick Beesley, 43 ans, s’asseyait sur le banc de touche au côté de Michel Gomez, nouvellement nommé à la tête des Bleus. En tournant la tête vers la gauche, il se trouvait nez à nez avec Christophe Dumas un ailier villeurbannais, qui fêtait sa première sélection. "J’étais seul sur le banc et je faisais ce que font les deux assistants et le responsable vidéo aujourd’hui." Avec un kiné et médecin, le staff tricolore se limitait donc à quatre personnes. Près de 20 ans plus tard, Patrick Beesley est désormais directeur des Équipes de France et lors du dernier Euro ce sont 12 intervenants qu’il avait à gérer : un entraîneur, deux assistants, un manager, un analyste vidéo, un médecin, deux kinés, un ostéopathe, un intendant, un attaché de presse et un chargé de communication, sans compter le préparateur physique qui avait lancé la préparation à l’INSEP. "Et rien n’est superflu", insiste-t-il. "Toutes les personnes du staff sont au créneau. Les sollicitations sont constantes, y compris la nuit." Le basket européen a grandi à vitesse grand V ces dernières années et la FFBB a suivi cette évolution, avec, comme accélérateur l’arrivée en NBA de Tony Parker à l’été 2001. "L’arrivée des autres ensuite n’a fait qu’amplifier le mouvement", estime Patrick Beesley. "Cela nous a ouvert les yeux. On s’est rendu compte que nous étions très loin des normes qu’ils exigeaient." Les demandes extrêmement nombreuses des franchises, la volonté d’augmenter la crédibilité de la Fédération

14 BASKETBALLMAGAZINE

et la nécessité d’offrir aux joueurs des standards comparables à ceux qu’ils connaissent tout au long de leur saison outre-Atlantique ont modifié l’approche de la constitution d’un staff. "On ne fait pas venir les joueurs pour l’argent. Mais on compense par un service de qualité sur lequel ils sont extrêmement sensibles et demandeurs. Joakim Noah par exemple a suivi un protocole médical aux Etats-Unis pendant la préparation. Mais nous en sommes restés les acteurs. Il a apprécié, Chicago a reconnu le travail effectué. Il y a dix ans cela aurait été inenvisageable." De Sydney 2000 à Londres 2012, le budget alloué à l’Équipe de France a doublé. Cet été, c’est un groupe d’une trentaine de personnes qui va traverser la France du Sud-Ouest au Nord-Est. Une logistique lourde mais qui correspond désormais à l’organisation mise en place par les meilleures équipes européennes. Avec, en plus, l’obligation de suivre aux Etats-Unis une partie des cadres dont l’implication est primordiale au succès des Bleus. "Le projet de l’Équipe de France doit rester présent dans leur esprit." Avec un staff performant et bien installé, les vice-champions d’Europe débuteront leur préparation le 15 juin avec une autre problématique à gérer. A partir du 27 juillet, il faudra à Patrick Beesley beaucoup d’ingéniosité pour maintenir les standards auxquels les joueurs sont habitués. "Paradoxalement, aux Jeux, les accréditations sont très limitées, six en tout en plus des joueurs, ce qui va à l’encontre du bon fonctionnement de l’équipe."

Le staff au complet Catherine Steenkeste / FFBB

me confie l’Équipe de France autour des Laurent Sciarra, Olivier Saint-Jean, Laurent Foirest, Stéphane Risacher, Antoine Rigaudeau. Tout le monde pensait que l’Équipe de France était ingérable, personne n’en voulait. La France devait organiser l’Euro 97 et l’Espagne l’Euro 99. Yvan Mainini s’était entendu avec le Président de la FEB, Ernesto Segura de Luna, pour inverser ces compétitions. C’est parti ainsi. Et nous avons ensuite raté un objectif intermédiaire avec le Mondial 98. C’était une époque d’avant l’arrêt Bosman. La deuxième époque c’est l’avènement de la génération Tony Parker

avec des joueurs nombreux à évoluer aux Etats-Unis. La manière de fonctionner a totalement changé avec un management et un suivi à distance. Cela s’est construit progressivement avec Patrick Beesley et l’apport de Crawford Palmer auprès des managers des franchises. Les Américains ne reconnaissent que ceux qui travaillent comme eux. Les assistants coaches de San Antonio ont participé à nos stages, Larry Brown, même si sa présence a fait beaucoup jaser, a permis de démontrer que le travail effectué est de qualité. Le risque était que les franchises souhaitent de plus en plus imposer leur personnel

Tous les pays ne reconnaissent la France que sur un sujet : la formation. C’est le label France.

dans les staffs. D’où l’idée d’ouvrir notre staff à des gens compétents et venus d’horizons divers. Ces changements ont-ils nécessité une évolution importante des mentalités ? Des mentalités… et des moyens. Lorsque j’ai pris en main l’Équipe de France en 1995, je me suis rendu à une réunion des entraîneurs de Pro A, à Dijon. Certains de mes collègues m’avaient déclaré : quand on regarde ton banc de touche, on a l’impression que c’est une armée mexicaine. J’avais deux assistants, un médecin, un kiné et un directeur sportif. Aujourd’hui ça ferait pouffer de rire. On se bat maintenant pour avoir plus de place sur le banc. C’était la mode de l’entraîneur homme orchestre. Ce n’était pas mon truc. Le but est de travailler avec des spécialistes dans leurs domaines et de faire en sorte de choisir des gens complémentaires. C’était la première étape. La deuxième aura été "l’américanisation" du staff. C'est-à-dire un staff très élargi avec des intervenants qui ne viennent pas du monde fédéral. Larry Brown, Chip Engelland, Fabrice Gauthier en sont des exemples. Cette évolution a nécessité bien évidemment plus de moyens. D’autant plus qu’il est

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La caravane bleue

Presse Sports/Fel

en 1993, le staff tricolore se limitait à 4 personnes. Près de 20 ans plus tard, ce sont 12 intervenants qu'il faut gérer. Patrick Beesley

Il est sans doute le mieux placé pour mesurer le chemin parcouru. Le 10 novembre 1993, à Zalaegerszeg, en Hongrie, Patrick Beesley, 43 ans, s’asseyait sur le banc de touche au côté de Michel Gomez, nouvellement nommé à la tête des Bleus. En tournant la tête vers la gauche, il se trouvait nez à nez avec Christophe Dumas un ailier villeurbannais, qui fêtait sa première sélection. "J’étais seul sur le banc et je faisais ce que font les deux assistants et le responsable vidéo aujourd’hui." Avec un kiné et médecin, le staff tricolore se limitait donc à quatre personnes. Près de 20 ans plus tard, Patrick Beesley est désormais directeur des Équipes de France et lors du dernier Euro ce sont 12 intervenants qu’il avait à gérer : un entraîneur, deux assistants, un manager, un analyste vidéo, un médecin, deux kinés, un ostéopathe, un intendant, un attaché de presse et un chargé de communication, sans compter le préparateur physique qui avait lancé la préparation à l’INSEP. "Et rien n’est superflu", insiste-t-il. "Toutes les personnes du staff sont au créneau. Les sollicitations sont constantes, y compris la nuit." Le basket européen a grandi à vitesse grand V ces dernières années et la FFBB a suivi cette évolution, avec, comme accélérateur l’arrivée en NBA de Tony Parker à l’été 2001. "L’arrivée des autres ensuite n’a fait qu’amplifier le mouvement", estime Patrick Beesley. "Cela nous a ouvert les yeux. On s’est rendu compte que nous étions très loin des normes qu’ils exigeaient." Les demandes extrêmement nombreuses des franchises, la volonté d’augmenter la crédibilité de la Fédération

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et la nécessité d’offrir aux joueurs des standards comparables à ceux qu’ils connaissent tout au long de leur saison outre-Atlantique ont modifié l’approche de la constitution d’un staff. "On ne fait pas venir les joueurs pour l’argent. Mais on compense par un service de qualité sur lequel ils sont extrêmement sensibles et demandeurs. Joakim Noah par exemple a suivi un protocole médical aux Etats-Unis pendant la préparation. Mais nous en sommes restés les acteurs. Il a apprécié, Chicago a reconnu le travail effectué. Il y a dix ans cela aurait été inenvisageable." De Sydney 2000 à Londres 2012, le budget alloué à l’Équipe de France a doublé. Cet été, c’est un groupe d’une trentaine de personnes qui va traverser la France du Sud-Ouest au Nord-Est. Une logistique lourde mais qui correspond désormais à l’organisation mise en place par les meilleures équipes européennes. Avec, en plus, l’obligation de suivre aux Etats-Unis une partie des cadres dont l’implication est primordiale au succès des Bleus. "Le projet de l’Équipe de France doit rester présent dans leur esprit." Avec un staff performant et bien installé, les vice-champions d’Europe débuteront leur préparation le 15 juin avec une autre problématique à gérer. A partir du 27 juillet, il faudra à Patrick Beesley beaucoup d’ingéniosité pour maintenir les standards auxquels les joueurs sont habitués. "Paradoxalement, aux Jeux, les accréditations sont très limitées, six en tout en plus des joueurs, ce qui va à l’encontre du bon fonctionnement de l’équipe."

Le staff au complet Catherine Steenkeste / FFBB

me confie l’Équipe de France autour des Laurent Sciarra, Olivier Saint-Jean, Laurent Foirest, Stéphane Risacher, Antoine Rigaudeau. Tout le monde pensait que l’Équipe de France était ingérable, personne n’en voulait. La France devait organiser l’Euro 97 et l’Espagne l’Euro 99. Yvan Mainini s’était entendu avec le Président de la FEB, Ernesto Segura de Luna, pour inverser ces compétitions. C’est parti ainsi. Et nous avons ensuite raté un objectif intermédiaire avec le Mondial 98. C’était une époque d’avant l’arrêt Bosman. La deuxième époque c’est l’avènement de la génération Tony Parker

avec des joueurs nombreux à évoluer aux Etats-Unis. La manière de fonctionner a totalement changé avec un management et un suivi à distance. Cela s’est construit progressivement avec Patrick Beesley et l’apport de Crawford Palmer auprès des managers des franchises. Les Américains ne reconnaissent que ceux qui travaillent comme eux. Les assistants coaches de San Antonio ont participé à nos stages, Larry Brown, même si sa présence a fait beaucoup jaser, a permis de démontrer que le travail effectué est de qualité. Le risque était que les franchises souhaitent de plus en plus imposer leur personnel

Tous les pays ne reconnaissent la France que sur un sujet : la formation. C’est le label France.

dans les staffs. D’où l’idée d’ouvrir notre staff à des gens compétents et venus d’horizons divers. Ces changements ont-ils nécessité une évolution importante des mentalités ? Des mentalités… et des moyens. Lorsque j’ai pris en main l’Équipe de France en 1995, je me suis rendu à une réunion des entraîneurs de Pro A, à Dijon. Certains de mes collègues m’avaient déclaré : quand on regarde ton banc de touche, on a l’impression que c’est une armée mexicaine. J’avais deux assistants, un médecin, un kiné et un directeur sportif. Aujourd’hui ça ferait pouffer de rire. On se bat maintenant pour avoir plus de place sur le banc. C’était la mode de l’entraîneur homme orchestre. Ce n’était pas mon truc. Le but est de travailler avec des spécialistes dans leurs domaines et de faire en sorte de choisir des gens complémentaires. C’était la première étape. La deuxième aura été "l’américanisation" du staff. C'est-à-dire un staff très élargi avec des intervenants qui ne viennent pas du monde fédéral. Larry Brown, Chip Engelland, Fabrice Gauthier en sont des exemples. Cette évolution a nécessité bien évidemment plus de moyens. D’autant plus qu’il est

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JO 2012 >

indispensable de se rendre aux EtatsUnis afin que les joueurs sentent que la direction les suit. La FIBA travaille aujourd’hui sur une refonte importante des compétitions internationales. Quelles en sont les grandes lignes et l’impact sur une Équipe de France où la présence des joueurs NBA est très importante ? La NBA ne changera pas ses calendriers,

c’est une certitude. L’objectif de la FIBA est qu’une équipe nationale ne soit pas condamnée par un mauvais résultat. Prenons l’exemple de l’Italie. Elle va devoir passer par les qualifications pour l’Euro 2013. Si elle se rate, pas d’Euro et donc pas de Mondial. On tue quasiment une équipe pendant trois ans. Il se pourrait qu’à terme, l’Euro ait moins d’importance et qu’il se dispute donc tous les quatre ans. On se dirigerait vers des

qualifications plus larges pour le Mondial avec l’objectif de le revaloriser. Ces phases de qualification se feraient en matches aller-retour. Cela serait plus intéressant qu’un Euro au fin fond de l’Ukraine en septembre. Enfin la qualification aux Jeux Olympiques s’obtiendra en grande partie via le Mondial. Il s’agirait d’une bonne évolution. Et Yvan Mainini n’y est pas étranger. C’était un point central de sa réflexion depuis de nombreuses années. Nous sommes plusieurs à penser qu’il faut revaloriser les équipes européennes sur leur territoire.

Boris Diaw

16 BASKETBALLMAGAZINE

JF Molliere FFBB FIBA

En 2000 la France s’est appuyée en partie sur une génération championne d’Europe juniors en 1992. En 2012 sur une génération championne d’Europe juniors en 2000. La qualité de la formation est donc au cœur de la construction d’une équipe nationale. A quel point le CFBB et les centres de formation sont-ils aujourd’hui complémentaires ? Tout d’abord il faut bien se rappeler qu’en en 1981 il y a eu un Centre Fédéral parce qu’il n’y avait pas de centres de formation. 15 ans plus tard, en 1996, quand l’Équipe de France juniors est médaillée d’argent à Auch lors du championnat d’Europe, nous avions envisagé, avec Gérard Bosc, la remise en cause du CFBB. Il se trouve que dans les deux années qui ont suivi, la politique vis-à-vis des centres de formation a fluctué. On a senti qu’il y avait moins de motivation. On s’est rendu compte qu’il fallait conserver un fil conducteur. Le CFBB travaille sur la tranche d’âge 15-18, les centres de formation sur la tranche 16-21. La complémentarité est réelle et

En 1995 nous étions au fond du trou. Tout le monde pensait que l’Équipe de France était ingérable, personne n’en voulait.


JO 2012 >

indispensable de se rendre aux EtatsUnis afin que les joueurs sentent que la direction les suit. La FIBA travaille aujourd’hui sur une refonte importante des compétitions internationales. Quelles en sont les grandes lignes et l’impact sur une Équipe de France où la présence des joueurs NBA est très importante ? La NBA ne changera pas ses calendriers,

c’est une certitude. L’objectif de la FIBA est qu’une équipe nationale ne soit pas condamnée par un mauvais résultat. Prenons l’exemple de l’Italie. Elle va devoir passer par les qualifications pour l’Euro 2013. Si elle se rate, pas d’Euro et donc pas de Mondial. On tue quasiment une équipe pendant trois ans. Il se pourrait qu’à terme, l’Euro ait moins d’importance et qu’il se dispute donc tous les quatre ans. On se dirigerait vers des

qualifications plus larges pour le Mondial avec l’objectif de le revaloriser. Ces phases de qualification se feraient en matches aller-retour. Cela serait plus intéressant qu’un Euro au fin fond de l’Ukraine en septembre. Enfin la qualification aux Jeux Olympiques s’obtiendra en grande partie via le Mondial. Il s’agirait d’une bonne évolution. Et Yvan Mainini n’y est pas étranger. C’était un point central de sa réflexion depuis de nombreuses années. Nous sommes plusieurs à penser qu’il faut revaloriser les équipes européennes sur leur territoire.

Boris Diaw

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JF Molliere FFBB FIBA

En 2000 la France s’est appuyée en partie sur une génération championne d’Europe juniors en 1992. En 2012 sur une génération championne d’Europe juniors en 2000. La qualité de la formation est donc au cœur de la construction d’une équipe nationale. A quel point le CFBB et les centres de formation sont-ils aujourd’hui complémentaires ? Tout d’abord il faut bien se rappeler qu’en en 1981 il y a eu un Centre Fédéral parce qu’il n’y avait pas de centres de formation. 15 ans plus tard, en 1996, quand l’Équipe de France juniors est médaillée d’argent à Auch lors du championnat d’Europe, nous avions envisagé, avec Gérard Bosc, la remise en cause du CFBB. Il se trouve que dans les deux années qui ont suivi, la politique vis-à-vis des centres de formation a fluctué. On a senti qu’il y avait moins de motivation. On s’est rendu compte qu’il fallait conserver un fil conducteur. Le CFBB travaille sur la tranche d’âge 15-18, les centres de formation sur la tranche 16-21. La complémentarité est réelle et

En 1995 nous étions au fond du trou. Tout le monde pensait que l’Équipe de France était ingérable, personne n’en voulait.


LA FÉDÉRATION FRANCAISE DE BASKETBALL PRÉSENTE

MATCH

En matière de formation chez les plus jeunes, la FFBB a édité des cahiers techniques pour les 7-18 ans. Quelle en a été la réception au sein des clubs ? Les contenus ont été envoyés aux centres de formation en disant voilà ce qu’on fait. Si vous pouvez vous en inspirer tant mieux, si vous avez des remarques tant mieux aussi. Et sachez que les gamins qui passent chez nous vont travailler sur ces bases-là. Tous les ans la Direction Technique fait un stage avec les entraîneurs des centres de formation. Le dernier séminaire a d’ailleurs eu lieu lors de la Semaine des As. Ces entraîneurs, Jean-François Martin, de Cholet, en tête, ont demandé à passer à deux stages avec du travail concret sur le terrain, à l’INSEP par exemple. En partant des contenus proposés par la DTN nous allons ainsi pouvoir échanger, évoluer. Il faut que les conceptions divergent. Mais pas le fond. Des choses ne se discutent pas, comme la mécanique du shoot. Mais défendre en overplay ou défendre ouvert, c’est tout à fait recevable. A nous de donner les possibilités aux joueurs de savoir réaliser ce que le coach leur demande. C’est le même principe que les gammes en musique. Dans cet ordre d’idée, une réflexion est actuellement menée sur la refonte du championnat espoirs Pro A. Quelles sont les solutions envisagées ? L’idée d’Alain Béral, le Président de la LNB, était que les espoirs jouent dans

les championnats nationaux. Cela n’a pas pu se faire. Le système espoirs est bien identifié mais pourquoi ne pas changer ? Simplement, pour faire de la formation il faut des moyens, de l’investissement et dans cet optique mélanger les espoirs Pro A et Pro B me semble problématique. Il y a des niveaux qu’il ne faut pas ignorer. Déjà, malgré un cahier des charges précis, les moyens fluctuent énormément. Il ne faut pas aller vers un nivellement par le bas. Une réflexion est donc menée sur la base suivante : outre le championnat espoirs Pro A, engager des équipes (centre de formation en général, clubs fédéraux qui répondraient à un certain cahier des charges) dans un championnat U20. Ce serait le parfait trait d’union entre les espoirs, les fédéraux et le championnat professionnel.

Pluie d’étoiles sur Paris-Bercy

Trois refontes du championnat Pro A sont également à l’étude avec des propositions d’élargissement de l’élite et de multiplications des rencontres "régionales". Quel est votre avis sur la question ?

Photos : JF Mollière / FFBB

nous ne prenons que huit joueurs par année d’âge. Et dès la fin de la première année, certains joueurs s’en vont. Autre passerelle, des joueurs peuvent signer une convention de formation avant même leur entrée au CFBB et à la sortie ils retrouvent les clubs.

-

Les internationaux de 2024 sont déjà à pied d’œuvre. Dans un pôle auvergnat ou un centre de formation nordiste. Ils répètent leurs gammes dans les structures qui forment la colonne vertébrale du système de formation français. Et ces deux entités sont régulièrement visitées par Christophe Allardi (et Fred Crapez) qui a pris il y a trois ans la suite de Francis Denis : "Il s’agit principalement de vérifier le respect du cahier des charges fédéral concernant les centres : au niveau des entraîneurs, des structures d’accueil, du volet scolaire et médical… La mission est similaire au niveau des pôles avec une part de conseil en plus sur le fonctionnement. Dans les deux cas, nous regardons comment les structures appliquent les contenus des 13-15 et des 15-18 édités par la FFBB. Nous essayons de visiter chaque structure tous les deux ans et nous y passons 24 ou 48 heures." La planification est donc au cœur des échanges avec les entraîneurs et les difficultés qu’ils rencontrent dans la mise en place des contenus. Car si l’application est plus aisée dans les pôles, les problématiques divergent à mesure que la Pro A se rapproche, notamment lorsqu’entre en ligne de compte la construction d’un collectif sur la base de formes de jeu. "La priorité était d’élaborer des contenus pour amener des jeunes vers les équipes nationales. Et cela peut différer de les amener rapidement vers le monde pro", estime Christophe Allardi. "Mais si on pouvait avoir des inquiétudes sur la tendance des entraîneurs à vouloir conserver leur pré carré, dans la réalité, la plupart des collègues ont collé aux contenus tout en s’adaptant aux particularités, dans les pôles notamment. Cela permet une uniformisation sur le plan national et cela se ressent au moment des détections pour le CFBB. Nous avions par exemple beaucoup insisté sur le tir et je trouve qu’il y a de réels progrès dans ce domaine." 18 BASKETBALLMAGAZINE

Bellenger / IS / FFBB

1000feuille.com

Planification stratégique

En 1995 nous étions au fond du trou. Tout le monde pensait que l’Équipe de France était ingérable, personne n’en voulait.

FFBB Communication 02/2012 - Agence :

Christophe Allardi

LE

Bellenger / IS / FFBB

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LA FÉDÉRATION FRANCAISE DE BASKETBALL PRÉSENTE

MATCH

En matière de formation chez les plus jeunes, la FFBB a édité des cahiers techniques pour les 7-18 ans. Quelle en a été la réception au sein des clubs ? Les contenus ont été envoyés aux centres de formation en disant voilà ce qu’on fait. Si vous pouvez vous en inspirer tant mieux, si vous avez des remarques tant mieux aussi. Et sachez que les gamins qui passent chez nous vont travailler sur ces bases-là. Tous les ans la Direction Technique fait un stage avec les entraîneurs des centres de formation. Le dernier séminaire a d’ailleurs eu lieu lors de la Semaine des As. Ces entraîneurs, Jean-François Martin, de Cholet, en tête, ont demandé à passer à deux stages avec du travail concret sur le terrain, à l’INSEP par exemple. En partant des contenus proposés par la DTN nous allons ainsi pouvoir échanger, évoluer. Il faut que les conceptions divergent. Mais pas le fond. Des choses ne se discutent pas, comme la mécanique du shoot. Mais défendre en overplay ou défendre ouvert, c’est tout à fait recevable. A nous de donner les possibilités aux joueurs de savoir réaliser ce que le coach leur demande. C’est le même principe que les gammes en musique. Dans cet ordre d’idée, une réflexion est actuellement menée sur la refonte du championnat espoirs Pro A. Quelles sont les solutions envisagées ? L’idée d’Alain Béral, le Président de la LNB, était que les espoirs jouent dans

les championnats nationaux. Cela n’a pas pu se faire. Le système espoirs est bien identifié mais pourquoi ne pas changer ? Simplement, pour faire de la formation il faut des moyens, de l’investissement et dans cet optique mélanger les espoirs Pro A et Pro B me semble problématique. Il y a des niveaux qu’il ne faut pas ignorer. Déjà, malgré un cahier des charges précis, les moyens fluctuent énormément. Il ne faut pas aller vers un nivellement par le bas. Une réflexion est donc menée sur la base suivante : outre le championnat espoirs Pro A, engager des équipes (centre de formation en général, clubs fédéraux qui répondraient à un certain cahier des charges) dans un championnat U20. Ce serait le parfait trait d’union entre les espoirs, les fédéraux et le championnat professionnel.

Pluie d’étoiles sur Paris-Bercy

Trois refontes du championnat Pro A sont également à l’étude avec des propositions d’élargissement de l’élite et de multiplications des rencontres "régionales". Quel est votre avis sur la question ?

Photos : JF Mollière / FFBB

nous ne prenons que huit joueurs par année d’âge. Et dès la fin de la première année, certains joueurs s’en vont. Autre passerelle, des joueurs peuvent signer une convention de formation avant même leur entrée au CFBB et à la sortie ils retrouvent les clubs.

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Les internationaux de 2024 sont déjà à pied d’œuvre. Dans un pôle auvergnat ou un centre de formation nordiste. Ils répètent leurs gammes dans les structures qui forment la colonne vertébrale du système de formation français. Et ces deux entités sont régulièrement visitées par Christophe Allardi (et Fred Crapez) qui a pris il y a trois ans la suite de Francis Denis : "Il s’agit principalement de vérifier le respect du cahier des charges fédéral concernant les centres : au niveau des entraîneurs, des structures d’accueil, du volet scolaire et médical… La mission est similaire au niveau des pôles avec une part de conseil en plus sur le fonctionnement. Dans les deux cas, nous regardons comment les structures appliquent les contenus des 13-15 et des 15-18 édités par la FFBB. Nous essayons de visiter chaque structure tous les deux ans et nous y passons 24 ou 48 heures." La planification est donc au cœur des échanges avec les entraîneurs et les difficultés qu’ils rencontrent dans la mise en place des contenus. Car si l’application est plus aisée dans les pôles, les problématiques divergent à mesure que la Pro A se rapproche, notamment lorsqu’entre en ligne de compte la construction d’un collectif sur la base de formes de jeu. "La priorité était d’élaborer des contenus pour amener des jeunes vers les équipes nationales. Et cela peut différer de les amener rapidement vers le monde pro", estime Christophe Allardi. "Mais si on pouvait avoir des inquiétudes sur la tendance des entraîneurs à vouloir conserver leur pré carré, dans la réalité, la plupart des collègues ont collé aux contenus tout en s’adaptant aux particularités, dans les pôles notamment. Cela permet une uniformisation sur le plan national et cela se ressent au moment des détections pour le CFBB. Nous avions par exemple beaucoup insisté sur le tir et je trouve qu’il y a de réels progrès dans ce domaine." 18 BASKETBALLMAGAZINE

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Planification stratégique

En 1995 nous étions au fond du trou. Tout le monde pensait que l’Équipe de France était ingérable, personne n’en voulait.

FFBB Communication 02/2012 - Agence :

Christophe Allardi

LE

Bellenger / IS / FFBB

JO 2012 >

www.equipedefrancedebasket.com Pa r t e n a i r e s o f f i c i e l s F F B B

Pa r t e n a i r e s F F B B


La France est qualifiée pour Londres 2012. Avez-vous déjà entamé une réflexion sur Rio 2016 ? Nous avons récemment eu une réunion avec le staff des A sur une première projection. La réflexion portait notamment sur Evan Fournier ou Leo Westermann. Le choix a été clairement fait qu’au regard des possibilités des U20 cette année et la concurrence qui existe pour les Jeux, la logique voudrait qu’ils restent dans leur catégorie d’âge. Mais nous allons rapidement partir sur la stratégie 2016 avec des anciens qui doivent servir d’accompagnateurs. La période 2013-2014 sera une période charnière.

20 BASKETBALLMAGAZINE

Nicolas Batum

En partant des contenus proposés par la DTN nous allons ainsi pouvoir échanger, évoluer.

JF Molliere / FFBB

Une vraie proposition repose sur un objectif clair et autour d’une large concertation. La Ligue est la vitrine du basket français au niveau des clubs. Nous sommes l’arrière boutique, les fournisseurs. La question est de savoir quel est l’objectif de la LNB. Le premier est de mener une politique qui rende les clubs français compétitifs sur le plan européen. Début février il n’y avait plus de clubs en course en Euroleague et en EuroCup. Si on se satisfait de ça pour trouver des dates pour jouer plus de matches entre nous… C’est dramatique. Un Livre Blanc a été fait en 2005 avec comme conclusion la nécessité de s’orienter plutôt vers un rétrécissement de l’élite qu’un élargissement. Une orientation suivie par le rugby par exemple. Le deuxième objectif est d’offrir un spectacle sportif de qualité. Et je n’ai jamais vu un spectacle de qualité joué par de mauvais acteurs. Et les bons acteurs en l’occurrence on les produit via la formation ou on les attire par un système économique qui fournit et assure des ressources. C’est un chantier énorme. Et je ne crois pas qu’on puisse résoudre ce problème en passant de 16 à 18 ou de 16 à 20 clubs. On l’a déjà fait et on s’était d’ailleurs rendu compte que cela était négatif pour l’Équipe de France et son calendrier. Cependant certains disent qu'avec cette option à 18 ou 20 clubs il y aura plus de matches, moins de pression concernant la descente des clubs en Pro B aussi les coaches prendraient plus de risques en lançant de jeunes joueurs. Cela resta à prouver. En revanche le retour à une finale en 5 manches me semble positif. Pour arriver à une proposition consensuelle il faudrait que les différentes composantes du basket soient consultées. Je me pose des questions car la solution idéale n'existe pas.

JF Molliere / FFBB

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La France est qualifiée pour Londres 2012. Avez-vous déjà entamé une réflexion sur Rio 2016 ? Nous avons récemment eu une réunion avec le staff des A sur une première projection. La réflexion portait notamment sur Evan Fournier ou Leo Westermann. Le choix a été clairement fait qu’au regard des possibilités des U20 cette année et la concurrence qui existe pour les Jeux, la logique voudrait qu’ils restent dans leur catégorie d’âge. Mais nous allons rapidement partir sur la stratégie 2016 avec des anciens qui doivent servir d’accompagnateurs. La période 2013-2014 sera une période charnière.

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En partant des contenus proposés par la DTN nous allons ainsi pouvoir échanger, évoluer.

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Une vraie proposition repose sur un objectif clair et autour d’une large concertation. La Ligue est la vitrine du basket français au niveau des clubs. Nous sommes l’arrière boutique, les fournisseurs. La question est de savoir quel est l’objectif de la LNB. Le premier est de mener une politique qui rende les clubs français compétitifs sur le plan européen. Début février il n’y avait plus de clubs en course en Euroleague et en EuroCup. Si on se satisfait de ça pour trouver des dates pour jouer plus de matches entre nous… C’est dramatique. Un Livre Blanc a été fait en 2005 avec comme conclusion la nécessité de s’orienter plutôt vers un rétrécissement de l’élite qu’un élargissement. Une orientation suivie par le rugby par exemple. Le deuxième objectif est d’offrir un spectacle sportif de qualité. Et je n’ai jamais vu un spectacle de qualité joué par de mauvais acteurs. Et les bons acteurs en l’occurrence on les produit via la formation ou on les attire par un système économique qui fournit et assure des ressources. C’est un chantier énorme. Et je ne crois pas qu’on puisse résoudre ce problème en passant de 16 à 18 ou de 16 à 20 clubs. On l’a déjà fait et on s’était d’ailleurs rendu compte que cela était négatif pour l’Équipe de France et son calendrier. Cependant certains disent qu'avec cette option à 18 ou 20 clubs il y aura plus de matches, moins de pression concernant la descente des clubs en Pro B aussi les coaches prendraient plus de risques en lançant de jeunes joueurs. Cela resta à prouver. En revanche le retour à une finale en 5 manches me semble positif. Pour arriver à une proposition consensuelle il faudrait que les différentes composantes du basket soient consultées. Je me pose des questions car la solution idéale n'existe pas.

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Cholet Basket, partenaire officiel de l’équipe de France olympique Depuis 17 ans, le centre de formation de Cholet produit sans relâche des basketteurs de grand talent. Quatre anciens choletais faisaient ainsi partie des Bleus lors de la conquête de l’argent européen l’été dernier. deux premières années", explique l’entraîneur des espoirs maugeois. Ce profil, les responsables de Cholet Basket le recherche d’autant plus que ses dirigeants estiment que les rapports avec le Centre Fédéral, qui, recrute les meilleurs prospects minimes français, ont grandement changé ces dernières années. "Avec le temps des choses se sont mises en place. Chacun a fait des efforts. Les mentalités ont évolué pour percevoir aujourd’hui le CFBB comme un complément aux centres de formation", estime Thierry Chevrier. "Le CFBB a peut-être été perçu comme un concurrent par le passé", renchérit Jean-François Martin. "Aujourd’hui nous défendons l’idée que les joueurs aient signé une convention avec un club avant leur entrée à l’INSEP. Cela permet également d’orienter le recrutement vers des profils moins aboutis en minimes." La connexion avec le Bois de Vincennes est bien réelle puisque parmi les pensionnaires du centre de formation, Lionel Ebreuil, Romuald Morency, Raphaël Binvignat et Benjamin John ont fréquenté le CFBB. Ces jeunes pousses n’ont pas encore percé chez les professionnels contrairement à la dernière pépite choletaise, Rudy Gobert, dont les 2,13 m et les segments tentaculaires lui permettent, à 19 ans, de passer plus de dix minutes par match sur les parquets de Pro A. La relève est donc en marche et, à l’heure où la Ligue s’interroge sur la formule du championnat espoirs, CB est plutôt favorable à un statu quo. "Nous avons trouvé un modèle", estime Jean-François Martin qui prêche en revanche pour un plus grand échange entre les entraîneurs, rejoignant sur le sujet le point de vue de Jacky Commères, en charge des contenus à la FFBB. "Le basket français vit trop replié sur luimême. Nous n’avons pas assez l’opportunité de nous ouvrir les uns aux autres et à l’international", regrette-t-il en se remémorant ses voyages aux Etats-Unis pour assister à des clinics organisés par les plus grands entraîneurs universitaires pour y partager leur savoir.

JF Molliere / FFBB

Sur le podium de Sydney, en 2000, ils étaient deux bleus à porter le label Made in Cholet. Et non des moindres. Jim Bilba, le capitaine, et Antoine Rigaudeau, le meilleur joueur français de l’époque. Cet été à Londres, ils pourraient bien être plus nombreux, soulignant l’excellence du travail de formation effectué dans le club des Mauges. A Kaunas, Nando De Colo, Mickaël Gélabale, Kevin Séraphin et Charles Kahudi emmenaient le contingent des Choletais. Rodrigue Beaubois viendra sans doute toquer à la porte très bientôt. "C’est une grande fierté", sourit Thierry Chevrier, le directeur de CB. "Ces éléments sont valorisés et nous donnent une vraie crédibilité vis-à-vis des joueurs potentiels." Depuis 1985, le centre de formation choletais n’a cessé de produire des basketteurs de qualité. Avec une constance que l’on retrouve à sa tête puisque Jacques Catel, son directeur, était en place dès sa création. "L’esprit reste le même", admet Thierry Chevrier qui souligne toutefois que le club a su s’adapter aux réalités d’un basket hier régionalisé et qui ne connaît aujourd’hui plus de frontières. "Auparavant on se rapprochait beaucoup plus des jeunes de la région des Pays de la Loire. Depuis quelques années les recrutements sont plus larges avec des infrastructures qui ont évolué." Guyanais, Nordiste, Guadeloupéen, les origines sont diverses mais Jean-François Martin, à la tête du staff technique, a démontré avec une belle constance sa capacité à retenir des joueurs qui ne figuraient pas, et de loin, parmi les plus cotés de leurs générations et à les emmener au plus haut niveau. Gélabale, par exemple, n’a jamais fréquenté les équipes de France chez les jeunes tandis que Séraphin et De Colo n’y sont apparus qu’en 20 ans et moins. "Il y a trois catégories de joueurs : ceux qui sont affirmés, ceux en cours d’affirmation et ceux qui, à l’image d’un Rudy Gobert aujourd’hui, sont un peu trop crevette pour assumer les compétitions lors des

Charles Kahudi, Mickaël Gélabale, Nando De Colo, Kevin Séraphin


CAHIERS DE L’ENTRAÎNEUR Les écrans non porteurs DONNER DU SENS A LEUR APPRENTISSAGE ET A LEUR PERFECTIONNEMENT

JF Mollière / FFBB

1ère partie

➤ Écran pour le poseur d’écran mixte : Après la pose d’un écran porteur, le poseur d’écran reçoit un à son tour un écran non porteur pour augmenter son avance.

l’utilisateur de "jouer" autour de l’écran et de se ménager un espace de sortie qui peut être différent selon l’option défensive choisie.

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1 Fig. 10 ■ La pose des écrans : Ecrans "Installés" ou "portés" ➤ La différence entre les 2 types d’écrans se décline encore une fois en termes d’intentions de jeu. Les écrans "portés" sur le défenseur (Notion de proximité et de contact) sont en général choisi pour leur capacité à démarquer un joueur dans un espace bien précis. Les écrans "installés" dans un espace permettent (Notion de spacing et non de proximité avec le défenseur) à

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Fig. 11

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5 1 Fig. 12

Conclusion Compte tenu de la richesse de cet aspect tactique, ce cahier de l’entraîneur va être divisé en deux parties. Vous trouverez donc la suite et la fin de cet article dans le numéro 779 d’avril 2012. Les grands sujets abordés seront notamment la programmation et la conception d’une organisation offensive collective "modulable" sur plusieurs catégories afin d’intégrer progressivement les éléments technicotactiques plus complexes Pick and Roll, (ENP, Écrans complexes…) ainsi que la construction des intentions de jeu autour des ENP et des organisations collectives. Rendez-vous le mois prochain.

Pour suivre l’actualité des clubs et des équipes de France, revivre les moments historiques du basket ou encore retrouver des conseil techniques et pratiques.


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