Avril 2021

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BASKETBALL LE MAGAZINE DE LA

FÉDÉRATION FRANÇAISE DE BASKETBALL

2011-2021 RENDEZ-VOUS DANS DIX ANS

Alexandre Chassang

N°878 - AVRIL 2021


LES FLAMMES AU FINAL FOUR Vainqueur autoritaire de Fribourg (85-56), Charleville-Mézières s'est qualifié pour le dernier carré de l'Eurocoupe féminine. Les partenaires d'Endy Miyem affronteront en demi-finale l'épouvantail de la compétition, Valence, tombeur de Villeneuve d'Ascq, le 9 avril. Dans cette campagne européenne si particulière, les joueuses de Romuald Yernaux ont disputé deux bulles. Une première en janvier à Valence, la deuxième à Sfantu Gheorghe, en Roumanie, compilant quatre victoires en cinq matches.

LES PACKS FRANCE SONT ARRIVÉS N'attendez plus et venez supporter l'Équipe de France à Strasbourg pour l’EuroBasket Women 202. À partir de 54€, les fans de Sandrine Gruda, Endy Miyem ou encore Marine Johannès accéderont à 6 matches de la phase de poule les 17, 18 et 20 juin 2021 à Strasbourg. Ce pack inclut notamment les 3 matches de l'Équipe de France contre la Russie, la République Tchèque et la Croatie. Comme pour les premiers packs mis en vente, les licenciés bénéficient toujours de tarifs avantageux (jusqu'à -25% selon les packs et les catégories). Pour en profiter, ils doivent se rapprocher de leurs clubs, Ligues régionales ou Comités départementaux qui ont reçu des bons de commande spécifiques. Ces bons de commande sont également disponibles sur le site internet de la billetterie. Retrouvez toutes les informations concernant la billetterie du FIBA Women's EuroBasket 2021 : https://billetterie.womenseurobasket.basketball/fr

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BASKETBALL MAGAZINE

CronoFoto

NEWS

NEWS


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Talis Soulhac

PÔLE FRANCE BASKETBALL Suite aux tests d'entrée qui se sont déroulés au début du mois au PFBB, les entraîneurs nationaux ont dévoilé ce mardi la liste des 12 garçons et des 10 filles qui feront leur rentrée en septembre 2021, au sein du Pôle France BasketBall - Yvan Mainini à l'INSEP.

LES 12 GARÇONS QUI ENTRERONT AU PÔLE FRANCE EN 2021/2022 Joueur

Taille

Date de n.

Poste

Club

Pôle espoirs

Yannis Allard Kévin Amoussa Cyprien Bissay Jonas Boulefaa Cristopher Ebunangombe Noa Essengue Henri-Soprano Mboungolo Munanga Ludjian Monrazel Sofiann Rouyard Talis Soulhac Nolan Traore Victor Yimga Moukouri

1,94 1,95 2,00 1,95 1,89 1,95 1,96 1,95 1,96 1,84 1,88 1,99

05/01/2007 25/07/2006 26/02/2006 16/01/2007 26/07/2007 18/12/2006 13/03/2006 04/04/2006 10/08/2006 19/09/2006 28/05/2006 16/02/2006

3 2 5 3 1 3 2 3 4 1 1 4

Nanterre Le Mans SCM Chorale Roanne CTC Agen SPO Rouen Orléans LB Orléans LB Grand Gousier Baie Malhault SC Charenton SC Charenton Levallois SC

Île-de-France Pays-de-la-Loire Lyonnais Aquitaine Haute-Normandie Centre Centre Guadeloupe Guadeloupe Île-de-France Île-de-France Île-de-France

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LA PRÉPARATION DES BLEUES

Jacques Commères et Valérie Garnier ont dévoilé le programme de préparation des Bleues en vue de l’EuroBasket Women 2021 (17 au 27 juin prochain) : six matches face à des équipes européennes, à Toulouse puis Mulhouse notamment. Préparation EuroBasket women 2021 • Dimanche 16 mai : Début du stage Toulouse • Dimanche 23 mai : France-Espagne Toulouse – Palais des Sports • Lundi 24 mai : France-Espagne Toulouse – Palais de Sports

LES 10 FILLES QUI ENTRERONT AU PÔLE FRANCE EN 2021/2022 Joueuse

Taille

Date de n.

Poste

Club

Pôle espoirs

Nell Angloma Bérengère Bossar Anouk Brun Stella Colas Coline Coumes Mélissa Guillet Saina Jarnac-Sayah Fanta Keita Inès Pitarch Granel Ainoah Rio

1,80 1,75 1,71 1,72 1,88 1,81 1,88 1,86 1,82 1,86

12/06/2006 20/01/2006 10/04/2006 05/10/2006 05/12/2006 01/03/2006 02/01/2006 10/09/2006 06/05/2006 21/05/2006

2 2 1-2 1-2 4 2-3 4 5 2-3 4

Evreux AC Villeneuve d'Ascq Reims Basket La Tronche Meylan Ouest Toulousain Roche Vendée BC Baie Malhault Marne-la-Vallée La Tronche Meylan Rezé Basket 44

Haute Normandie Nord-Pas de Calais Champagne Alpes Pyrénées Pays de la Loire Guadeloupe Île-de-France Alpes Pays de la Loire

• Vendredi 28 mai : Début du stage Mulhouse • Mardi 1er juin : France-Italie à définir • Mercredi 2 juin : France-Italie à définir • Samedi 5 juin : France-Suède Mulhouse – Palais des Sports • Dimanche 6 juin : France-Turquie Mulhouse – Palais des Sports

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Inès Pitarch Granel

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PÔLE FRANCE

ÉQUIPE JUNIORS 2010-11 Par Julien Guérineau

ON S’ÉTAIT DIT RENDEZ-VOUS… Ils formaient l’équipe juniors 2010-11 du Pôle France. 10 ans plus tard, que sont devenus les 24 jeunes filles et jeunes garçons qui constituaient ce groupe ? Entre basket de haut niveau et reconversion professionnelle, les parcours sont multiples. Basketball Magazine vous les raconte. Tous partageaient un rêve. Lorsqu’ils posaient pour la photo officielle. Lorsqu’ils échangeaient en entretien avec leurs entraîneurs. Lorsqu’ils répétaient inlassablement leurs gammes dans la salle Marie-Thérèse Eyquem. La NBA, la LFB, l’Euroleague, les Jeux Olympiques. L’Équipe de France, les titres. Après tout, ils étaient dans la Mecque du sport français, à l’INSEP. Ils n’étaient plus que 12 filles et 12 garçons à évoluer en Ligue Féminine 2 et Nationale Masculine 1, après avoir franchi plusieurs étapes de détections et de sélections. Les mises en garde étaient pourtant présentes. La froide réalité statistique également. Impossible d’imaginer que tous atteindraient le plus haut niveau. Que tous feraient du basket un métier. Mais dans l’esprit d’un adolescent de 17 ans, impossible de ne pas imaginer que c’est forcément son voisin qui ne parviendrait pas au sommet. 10 ans plus tard, les membres des deux équipes juniors du Pôle France ont suivi des voies bien différentes. Trouvé différentes façons de réussir leur vie. La variété de leurs parcours souligne également la différence de contexte économique entre les hommes et les femmes. Le Pôle France est un exceptionnel réservoir pour les Équipes de

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France féminine et à l’EuroBasket 2019, 10 des 12 médaillées d’argent étaient passées par le Bois de Vincennes. 4 joueuses de 2010/11 sont par la suite devenues internationales. Mais chez les jeunes filles bien plus que chez les garçons, la conscience que les niveaux de rémunération nécessitent sans doute de ne jamais perdre de vue l’importance d’un double projet est bien présente. "La plupart du temps c’est un projet qui émerge en cours de cursus", note Grégory Halin, entraîneur de l’équipe il y a dix ans et toujours en place aujourd’hui. "Je prends l’exemple de Clara Bretagne qui voulait faire médecine. Nous devons assumer nos choix. Quand on garde quelqu’un après la première année, notre responsabilité c’est de l’accompagner jusqu’au bout. On s’est engagé, c’est une question de crédibilité, notamment vis-à-vis des familles qui nous ont confié leur fille. Même si le projet n’est plus le basket. Les études c’est un paramètre très important, crucial dans le choix des jeunes filles. Et de plus en plus. Y compris chez les meilleures joueuses." Grégory Halin, luimême passé par le Pôle en tant que joueur, souligne à ce

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Debouts de gauche à droite : Christophe Evano, Vincent Pourchot, Livio Jean-Charles, Yannis Morin, Mouhammadou Jaiteh, William Howard, Alexandre Chassang, Philippe Urie Assis de gauche à droite : Jean-François Basileu, Anthony Racine, Benjamin John, Jacques Commères, Ulysse Adjagba, Hugo Invernizzi, Boris Dallo - Manquant : Charly Maraux


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QUE SONT-ILS DEVENUS ?

CLAIRE STIEVENARD ACCOMPAGNATRICE DE VIE

Par Julien Guérineau

RAISON ET SENTIMENTS Ni blessure, ni baisse de régime. C’est en plein milieu d’une carrière réussie que Claire Stievenard a décidé de quitter les parquets, à 25 ans, pour écouter son coeur et sa sensibilité.

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Cinq campagnes avec les Équipes de France jeunes et trois médailles. 141 matches LFB. 26 rencontres d’Eurocup. Près de 30 minutes de moyenne par match en LF2 avec Reims. Et pourtant, à l’été 2019, alors qu’elle n’a pas encore 26 ans, Claire Stievenard décide sans hésiter de changer de vie. Elle est désormais installée en Auvergne et "accompagnante pour aider les personnes sensibles à mieux interragir avec leurs émotions et pouvoir vivre pleinement leur vie avec cette sensibilité." Avec une évaluation en forme de sentence de sa dernière saison professionnelle en Champagne : "Je ne savais pas que j’allais arrêter mais je ne kiffais plus trop ma vie. Il y avait zéro passion... Le milieu est très bancal pour accompagner les humaines qui jouent au ballon. On est un peu robotisé." Elle même accompagnée dans son introspection, Claire Stievenard a pleinement pris conscience de l’intérêt de pouvoir s’exprimer dans un cocon bienveillant. Elle se lance immédiatement dans l’entrepreunariat et trouve rapidement une clientèle. "C’est de la foi à l’état pur et une grande exigence quant à mon propre regard sur mes émotions. Je sais que je suis faite pour ça." Une détermination comparable à celle qui habitait la jeune femme il y a une quinzaine d’années. "À 12 ans mes parents m’ont emmenée voir l’USVO. Et j’ai dit : je veux faire ça, je veux être à la place de ces filles", se remémore-t-elle. La Nordiste parviendra presque à ses fins en évoluant avec l’Union Hainaut, la structure née sur les cendres du mythique club valenciennois. Une réussite sportive qui n’a jamais fait perdre de vue une dimension mentale

encore peu prise en compte dans le milieu professionnel. "Mon mentor, Fabien Frydryszak (ndlr : cadre technique dans le NordPas-de-Calais) m’avait emmené voir une psy à 14 ans alors que je venais de me rater complètement à une compétition. Et elle m’avait beaucoup aidé. Il y a eu tellement d’enjeux autour de ma pratique. Du fait de mes exigences, les sélections, la compétition. Ce n’est pas un environnement qui me permettait de m’épanouir... Moi je suis passionné de l’humain, comment on fonctionne, comment on peut optimiser ce qu’on est. Nous sommes tous des Formule 1 !" Une approche qu’elle propose désormais dans le cadre d’accompagnements qui touchent en grande majorité un public féminin, soucieux de ne pas laisser émotions et sensibilité entraver leurs aspirations de vie. Un modèle transposable au basket ? "Ça a du sens", estime-t-elle. "Si chaque joueur se sent suffisament accompagné pour vivre ses failles autant que ses forces... Si tu donnes ça à un humain il te soulève les montagnes." L’auto entrepreneuse ne se voit toutefois pas "l’élan de revenir dans le milieu”. Son rapport au basket se limite désormais aux conversations avec sa compagne Melissa Micaletto, elle-même ancienne joueuse professionnelle, et les recontres de l’ASVEL féminin qu’elle suit sur son ordinateur pour le plaisir de voir évoluer Marine Johannès, "une artiste".

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FOCUS

titre à quel point le processus de sortie des joueuses a évolué depuis plusieurs années. "À l’époque c’était parfois moi, seul au téléphone avec le coach qui voulait accueillir la joueuse. Désormais Yann Barbitch est dédié à cet aspect du cursus. Lors des derniers entretiens, en visio conférence, Yann était présent, les parents, la joueuse, le club, moi-même. Ça n’a plus rien à voir." Un accompagnement qui passe aussi par des échanges francs entre les différents acteurs. Car après la phase de détection il convient d’évaluer les progrès des différents prospects et leur perspective d’avenir. "On sent le potentiel immédiat. Mais ensuite il y a le travail", note Grégory Halin qui évoque la difficulté pour certaines à entendre le discours des techniciens. "Comme dirait Clint Eastwood le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent… Pour les filles c’est pareil. Il y a celles qui écoutent et celles, avec leur entourage, qui ne veulent pas écouter. Je dirais pourtant qu’avec le recul, l’histoire nous a souvent donné raison. Les Fauthoux-Rupert, n’importe qui aurait pu dire qu’elles allaient réussir. Mais bien sûr il y a celles auxquelles on ne pensait pas du tout et qui performent. Cela arrive. Et heureusement d’ailleurs." Chez les garçons, l’exercice était particulièrement délicat pour une génération qui n’a connu aucun podium dans les compétitions internationales de jeunes et à qui l’étiquette américaine de "late bloomers" convient à merveille. Et si l’équipe 2010-11 ne compte dans ses rangs aucun mâle alpha, elle affiche en revanche une profondeur supérieure à bien d’autres. "Cette saison c’est la saison après le titre de l’Euroleague juniors. Et cette équipe me parle beaucoup", se remémore Jacky Commères, aujourd’hui Directeur de la Performance et du Haut Niveau. "C’est ce qu’est la réussite de la formation. On a parfois des joueurs exceptionnels qui font une grande carrière NBA. On a aussi des joueurs qui se retrouvent à 2829 ans dans le Team France Basket. Et ils sont très nombreux !

La réussite de la formation ne concerne pas uniquement la réussite des joueurs exceptionnels." Cette formation, c’est une course à étapes. Et pour certains, la difficulté croissante à laquelle les jeunes sont confrontés est difficile à encaisser : "Deux marches sont très difficiles à franchir. C’est exactement comme toutes les structures d’élite. Quand tu es le meilleur élève de ton lycée de province et que tu montes à Polytechnique à Paris. Tu le vis à ton entrée au Pôle France. La seconde marche qui est différente selon l’endroit où tu évolues, c’est le contact que tu as avec les clubs professionnels. Quand tu te trouves face aux enjeux, à un effectif concurrentiel, des entraîneurs qui ont besoin que tu sois opérationnel. Pour nous, formateurs, il faut aussi faire face à des aspirations de joueurs et de leur famille qui voudraient qu’à 18 ans tu sois de suite un joueur avec des minutes. Ici on a affaire à des joueurs qui, saison après saison, ont accumulé des expériences pour mettre à jour l’ensemble de leurs qualités. Et ça n’arrive pas à 20 ans." Et parfois, cela n’arrive pas du tout. Et le devenir de ces adolescents devenus des hommes doit demeurer au cœur des préoccupations de la Fédération. "Je suis très attaché, au sein du Pôle Haut Niveau, au fait qu'il va falloir faire encore plus dans le suivi et les possibilités de reconversion afin d’éviter des situations sociales dramatiques", insiste Jacky Commères. "Il n’y aura pas 100% des joueuses et joueurs recrutés qui finiront chez les pros. Il y aura de la déperdition", conclut Grégory Halin. "Et quand je dis déperdition c’est sur le plan du haut niveau sportif. Mais au niveau du projet de vie ils seront peutêtre tout aussi épanouis que dans le basket."

ÉQUIPE FÉMININE 2010/11

LFB

7 joueuses qui ont évolué au Pôle France en LF2 lors de la saison 2010/11 évoluent aujourd’hui en LFB. 4 sont internationales.

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Debouts de gauche à droite : Jérôme Fournier, Axelle Koundouno, Alice Nayo, Christelle Diallo, Jodie Cornelie, Marième Badiane, Valériane Ayayi, Grégory Halin Assis de gauche à droite : Sabrine Bouzenna, Olivia Epoupa, Laure Mercier, Sara Chevaugeon, Claire Stievenard, Lidija Turcinovic

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QUE SONT-ILS DEVENUS ?

ULYSSE ADJAGBA AUTO ENTREPRENEUR

Par Julien Guérineau

SUPPLÉMENT DE VIE Auto entrepreneur et indépendant dans la nutrition, Ulysse Adjagba a tiré un trait sur le basket professionnel à 24 ans.

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D.R.

Sur ses réseaux sociaux, le sport est toujours omniprésent. Logique quand son activité consiste à prendre soin de son corps et de son alimentation. Mais le basket a disparu des radars. Ou presque. "J’ai toujours une balle dans mon coffre", sourit Ulysse Adjagba. Depuis l’été 2017, Ulysse Adjagba, meneur titulaire de l’Équipe de France U18 à l’Euro en 2011, se contente cependant de quelques tirs sur les playgrounds d’Epinal. Rapide sur le terrain, il l’a également été à l’heure de renoncer à sa vie de professionnel. Après deux ans au centre de formation de Chalon, il livre un exercice intéressant en Pro B avec Aix-Maurienne (5,4 pts en 14’). Mais la saison suivante, une grave blessure à la cheville le laisse de longs mois sur le carreau. "Un distributeur local des produits Herbalife était sponsor de l’équipe. Il proposait aux joueurs de pouvoir être suivi au niveau de la nutrition pour aller plus loin que les simples boissons de récupération. Au début ça ne m’intéressait pas. Mais puisque je ne pouvais plus jouer, j’ai commencé à tester." Tester le système particulier de distribution du géant américain qui repose sur des entrepreneurs distributeurs qui recrutent des consommateurs qui à leur tour basculeront potentiellement dans la distribution. Après une saison en N1 conclue sur la remontée d’Aix-Maurienne dans l’antichambre puis une autre

à GET Vosges, l’activité extra-basket d’Adjagba a pris une telle ampleur que le joueur se pose des questions sur son avenir sur les parquets. Désireux de rester au club, l’ancien élève du Pôle France entreprend de négocier un nouveau contrat sans exiger de revalorisation salariale. "On m’a proposé moins. J’ai appelé mon agent et je lui ai dit : si tu n’as rien à me proposer de sérieux dans le mois qui vient, j’arrête le basket." 30 jours passent. "J’ai dit au club de passer chercher les meubles, c’était fini." À 24 ans seulement, sa carrière de basketteur vient de prendre fin. Avec sa compagne (Caroline Casanova, passée par le Pôle France lors de la saison 2008/09), il se lance pleinement dans son nouveau métier et repousse les offres de clubs de N2 de sa Normandie natale. "Je me connais : si j’y allais, c’est à fond. Et moi j’avais arrêté pour développer mon activité professionnelle." Sans regret, le sculptural Adjagba débute une nouvelle vie loin de ses rêves d’adolescent. "Les sélections, le pôle espoirs, le Pôle France, tu te dis que ça va continuer comme ça. Quand tu as un coup d’arrêt c’est dur… Finalement je suis content que cela se soit passé comme ça. Si je n’avais pas été blessé peut-être n’aurais-je pas évolué comme je voulais au basket mais sans avoir de plan B."

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l’élite à Mondeville puis de rejoindre l’ambitieux projet de l’ASVEL féminin. Championne de France 2019, Badiane n’a pas joué cette saison pour cause de maternité.

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Olivia Epoupa, plus grande collectionneuse de médailles dans l’histoire des Équipes de France jeunes (7 podiums !) et seule joueuse européenne à avoir été élue MVP des trois compétitions continentales en jeunes (U16, U18, U20), a rapidement basculé chez les A et poursuivi sa moisson en remportant trois médailles à l’EuroBasket. À 27 ans seulement elle approche déjà des 100 sélections avec les Bleues. En club, son parcours a été plus dur à suivre. Avec

À 28 ans, Sara Chevaugeon (15 sélections) continue de grimper dans la hiérarchie des joueuses françaises qui comptent. Après des passages par Bourges et Charleville, elle a retrouvé Lyon, un club qu’elle a fréquenté de 2012 à 2015. Depuis l’été 2019, elle s’est aussi solidement installée dans le groupe France, gagnant sa place pour l’EuroBasket qu’elle a conclu sur le podium.

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Olivia Epoupa

Derrière ces quatre internationales, les trois autres joueuses de LFB ont construit de solides carrières professionnelles et ont continué à flirter avec le niveau international mais cette fois en 3x3.

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Charnay, la Parisienne connaît son septième club en neuf ans chez les pros. De Basket Landes à Istanbul en passant par Canberra en Australie, la jeune femme n’a pas connu la stabilité qui caractérise souvent les choix des internationales. "Ce sont des choix que j’assume pleinement", insiste-t-elle. "Je sais pourquoi j’allais dans ces différents clubs, et je n’ai aucun regret sur ce parcours. J’ai appris de chacune de ces différentes expériences et de toutes les personnes que j’ai pu rencontrer."

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Sara Chevaugeon

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Mamignan Touré L’arrière de Montpellier, Mamignan Touré, occupait même fin mars la deuxième place mondiale du ranking FIBA de la discipline et nourrit l’objectif de participer aux Jeux Olympiques de Tokyo.

Valériane Ayayi-Vukosavljevic

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Valériane Ayayi-Vukosavljevic (103 sélections) a presque autant voyagé avec six clubs en neuf ans mais avec des passages au sein de plus grosses cylindrées qui lui ont permis de remporter trois titres de championne de France avec trois équipes différentes. L’été dernier, après deux saisons à Prague, elle a fait le choix de revenir au sein du club de ses débuts, Basket Landes.

Christelle Diallo a dépassé la saison dernière la barre des 200 matches disputés en LFB. Elle porté le maillot de six clubs différents dans l’élite et remporté deux titres de champion avec Bourges.

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Christelle Diallo

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Marième Badiane (31 sélections), de son côté, a patiemment construit sa carrière vers le plus haut niveau sans pour autant délaisser son double projet. À la sortie du Pôle France, elle a ainsi refusé des offres de LFB, optant plutôt pour la LF2. Trois saisons entre Roche Vendée puis Reims qui lui ont permis de poursuivre sa licence de biologie avant de débarquer dans

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Marième Badiane

Lidija Turcinovic


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QUE SONT-ILS DEVENUS ?

ALICE NAYO FUTURE MAGISTRATE ?

Par Julien Guérineau

DROIT DANS SON BASKET La définition même du double projet est sans doute donnée par Alice Nayo, qui a disputé neuf saisons professionnelles tout en obtenant une licence de droit puis un master en droit des affaires. Avec aujourd’hui l’objectif d’intégrer l’École Nationale de la Magistrature.

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"J’ai fait un mois en fac de droit. J’avoue qu’en voyant la charge de travail je me suis dit que ça n’allait pas être possible. Même les profs me le disaient… Je devrais leur présenter Alice Nayo." Laure Mercier, son ancienne coéquipière, a pu mesurer la diffi cile voie choisie par Alice Nayo à sa sortie du Pôle France. La triple médaillée avec les Équipes de France jeunes n’a pas seulement décidé de poursuivre ses études après l’obtention de son baccalauréat, elle s’est orientée vers une discipline d’une extrême exigence. "On n’a pas trop de vie mais c’est possible", sourit celle qui a évolué quatre saisons en LFB, quatre en LF2 et une dernière, en 2019/20, dans le championnat polonais. "Je remplissais tous les clichés de la nana studieuse avec ma tablette, mes lunettes, la tête dans les bouquins." Ce double projet, Alice Nayo a toujours pris soin de l’exposer au club qu’elle rejoignait. Car si, sur le papier, la démarche est remarquable, dans les faits, elle peut créer quelques tensions. "J’ai eu des clubs très compréhensifs et qui m’ont accompagné au mieux. D’autres qui ne comprenaient pas trop et pour qui la question de mon investissement se posait", explique-t-elle. "Je devais beaucoup rassurer, m’expliquer, me justifier. J’avais l’impression de devoir prouver." La

fatigue supplémentaire, le temps pris sur la récupération, les ajustements parfois de programme afi n de passer un examen ont rythmé sa vie tout autant que les matches et les entraînements. Un véritable sacerdoce qui a, en revanche, toujours impressionné ses coéquipières. "Elles me faisaient des compliments, elles posaient des questions. Et ça me faisait du bien… La première année de droit était la plus dure. Je l’ai faite en deux ans. Ensuite c’est passé tout seul." En 2014, Nayo obtient sa licence. En 2017 son master. Entretemps, la boulimique s’est aussi lancée dans le 3x3 et va disputer six compétitions avec l’Équipe de France, ramenant le bronze de la Coupe du Monde 2018. À son départ pour la Pologne à l’été 2019, elle s’inscrit à un Diplôme Universitaire Études et Pratiques Judiciaires alors qu’avec Gdansk elle est titulaire dans le championnat local (9,7 pts, 3,2 rbds). Mais ces 21 matches au bord de la Baltique devraient constituer sa dernière danse. Alice Nayo est aujourd’hui agent contractuel au sein du Ministère de la Justice. "C’est un arrêt de ma carrière pro et une pause dans le basket", estime-t-elle. Si elle envisage un retour prochain en NF1, c’est en effet un autre objectif, de très haut niveau, qu’elle s’est fixée : intégrer l’École Normale de la Magistrature, à Bordeaux. Un projet incompatible avec un basket dont elle s’éloigne sans regret : "J’ai tout donné et j’ai fait tout ce que j’avais voulu faire dans le basket pro. Je suis partie contente et satisfaite." AVRIL 2021

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ALEXANDRE CHASSANG “NE PAS Y ARRIVER N’ÉTAIT PAS UNE OPTION”

Aulnoye

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Sabrine Bouzenna

Vous arrivait-il, entre vous, de parler d’un potentiel échec lors de vos années à l’INSEP ? Je n’ai pas souvenir de ça. Dans nos conversations on parlait de devenir professionnel. Ne pas y arriver n’était pas une option. Dans notre génération beaucoup sont devenus professionnels et sinon les reconversions sont intéressantes, tout le monde a trouvé sa voie. C’est difficile à 17-18 ans, quand tu t’entraînes deux fois par jour et que tu fais des compétitions l’été avec l’Équipe de France, de penser à autre chose. Malgré tout, si on veut tous y croire, on sait bien que les 10 d’une génération n’iront pas en Euroleague ou en NBA.

Le club normand sera la prochaine destination de Sabrine Bouzenna. Mis à part une saison rookie en LFB et un détour par la NF1, c’est en LF2 que la maman d’une petite fille de cinq ans a passé l’essentiel de sa carrière. Dans une interview à Ouest France, elle évoquait l’ambition de retrouver l’élite avec sa nouvelle équipe. "Je l’ai un tout petit peu fréquentée avec Villeneuve-d’Ascq mais à 18 ans, je n’étais pas prête. La retrouver sera l’objectif du club, et le mien. Mais je n’ai pas pour habitude de me mettre la pression. L’objectif premier est de s’éclater dans ce nouveau défi. Si on prend du plaisir, on atteindra naturellement les objectifs."

ÉQUIPE MASCULINE 2010/11

Jamais vous n’avez envisagé de plan B ? J’ai vite été professionnel. Même si je n’étais pas flamboyant, c’était mon métier. Même quand j’étais en difficulté jeune, j’ai continué à y croire. J’ai commencé à percer à 24 ans. Mais tant que j’étais professionnel, à 2 points de moyenne ou à 20, ça reste un métier et on a besoin de tous les joueurs dans une équipe.

À L’ÉTRANGER

Ils sont deux à évoluer aujourd’hui dans une ligue professionnelle loin de l’Hexagone. À 27 ans, Livio Jean-Charles a su rebondir après une période de doutes. Drafté au premier tour en 2013

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Comment faire comprendre que 10 Boris Diaw ne sortent pas de chaque génération du Pôle France ? On essaye d’avoir les meilleurs potentiels au Pôle France. Mais parfois des joueurs font une carrière peut-être plus anonyme mais de 10-12 ans en LNB, donc le but est atteint. Il faut jouer à son niveau, c’était la réflexion que je me faisais. Si j’avais dû jouer en N1, cela aurait été la N1. Et aujourd’hui je continue à travailler pour évoluer au plus haut niveau possible. Ma perception c’est aussi le but du Pôle, c’est de progresser en tant qu’homme et s’épanouir.

Jodie Cornelie

Jodie Cornelie est la seule joueuse de la saison juniors 2010/11 à avoir fait le choix de l’université américaine à sa sortie du Pôle. Elle a ainsi étudié quatre ans à Dayton (Ohio) bouclant sa dernière campagne à 8,8 points et 6,9 rebonds de moyenne et obtenant un diplôme d’ingénieure en chimie. Après une saison d’adaptation avec Nice à son retour en France, elle a semblé prendre son envol avant de retrouver le banc à Tarbes. Déçue, la sœur de Petr, l’intérieur de Pau membre du Team France, a choisi de redescendre d’un cran pour trouver des responsabilités à Mondeville (10,1 pts, 7,9 rbds actuellement).

William Howard, Yannis Morin ou vous-même, autant d’anciens coéquipiers au Pôle France qui avez véritablement explosé sur le tard. Comment l’expliquez-vous ? Les spécialistes voyaient sans doute quelque chose en nous et savaient qu’on deviendrait des bons joueurs. Pour certains cela met plus de temps. Souvent dans le secteur intérieur c’est le cas, il faut déjà développer un physique. Après, dans le sport comme ailleurs la maturité est importante. Est-ce d’autant plus difficile à accepter qu’en rejoignant le Pôle France vous êtes attendus comme des éléments particulièrement prometteurs ? Moi je me suis clairement pris la barrière du monde professionnel. En sortant du Pôle France j’ai fait une année en espoirs où j’ai encore dominé. Mais chez les pros j’ai mis du temps. C’était compliqué. Je voyais des progrès mais ne pas les voir se retranscrire sur le terrain c’était dur.

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LF2

Olympiakos

Il n’a pas cassé la baraque immédiatement comme plusieurs surdoués sortis du Pôle France. Mais avec patience et détermination, Alexandre Chassang a construit un parcours qui fait de lui un joueur majeur de Jeep®Élite et un international chez les A.

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FOCUS

Enfin Lidija Turcinovic a vécu des mois difficiles suite à une grave blessure au genou. Après une saison blanche en 2018/19 alors qu’elle sortait du meilleur exercice de sa carrière avec Nantes (12,7 pts), elle a quitté Lyon pour rejoindre Basket Landes mais la pandémie a ralenti son intégration dans sa nouvelle équipe.

Livio Jean-Charles


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QUE SONT-ILS DEVENUS ?

LAURE MERCIER PROFESSEURE DES ÉCOLES

Par Julien Guérineau

MADAME LA PROFESSEURE 10 ans après sa sortie du Pôle France, Laure Mercier espère pouvoir devenir basketteuse professionnelle la saison prochaine, pour la première fois de sa carrière. La professeure des écoles viserait clairement la montée en LF2 avec Voiron.

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D.R.

"Métier ? Basketteuse professionnelle. Je ne l’ai jamais dit… J’aimerais vraiment. Ce serait un bel aboutissement." Son sourire en disait long alors que Laure Mercier caressait la perspective de changer de statut dans quelques mois. L’ambitieux Pays Voironnais, avec qui elle évolue depuis 8 ans, lui a proposé de passer professionnelle à la rentrée. "Je fais un peu les choses à l’envers !" rigole-t-elle alors qu’elle fêtera ses 28 ans cet été. Elle a donc demandé une mise à disposition auprès de l’Éducation Nationale. Car la réalité reste aujourd’hui, pour la professeure des écoles à mi-temps, sa classe et ses élèves. Un métier qui prend sa source dans la mésaventure survenue à l’Étoile de Voiron, que Mercier avait rejoint en LF2 à sa sortie du Pôle France. Après un an dans la division, la rookie assistait incrédule au dépôt de bilan de la structure et voyait ses rêves vaciller. "J’étais dans le déni. On se disait toutes qu’on allait s’en sortir. Et quand en juillet tu te retrouves sans rien…" La découverte des réalités du modèle économique du basket féminin est violente. Malgré une sollicitation de Limoges, Laure Mercier décide de rejoindre son club d’origine de Meyzieu, en banlieue lyonnaise, en NF2. Un an plus tard, elle descend encore d’un niveau en retournant dans la nouvelle structure créée à Voiron, le PVBC, tout en poursuivant ses études avec

une licence sciences du langage et sciences de l’éducation puis un master métiers de l’enseignement. Une orientation très éloignée de ses objectifs initiaux. Son passé d’internationale chez les jeunes (médaillée de bronze à l’Euro U16 et d’argent à la Coupe du Monde U17) ressurgit cependant parfois de manière inattendue dans son environnement professionnel. Lorsque les enfants découvrent que madame Mercier est basketteuse, il ne leur faut que quelques clics pour la retrouver en maillot Équipe de France. "Pour eux je suis la meilleure joueuse du monde !", sourit-elle. Alors qu’elle a connu deux montées et deux finales de Trophée Coupe de France avec le PVBC, Laure Mercier ne nourrit pas de regrets sur ses choix de carrière et pose un regard plein de lucidité sur ses années au Pôle : "Je rêvais encore. On voulait toutes être pro et en Équipe de France. Quand je repense à nos entretiens avec les coaches ça me fait sourire. C’était bien d’être ambitieuses. Mais les salaires on pouvait les trouver sur internet. On se rendait bien compte que c’était compliqué et que des filles débutaient vite leur reconversion. Ma deuxième année j’étais en concurrence avec Olivia Epoupa. Et je me disais que lorsqu’elle parlait d’Équipe de France elle était plus légitime que moi. C’est dur à admettre mais au fond de moi, je savais qu’elle était meilleure que moi… même si j’allais m’accrocher." AVRIL 2021

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FOCUS

Alexandre Chassang

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JEEP®ÉLITE

Cinq anciens du Pôle France de la saison 2010/11 sont aujourd’hui des joueurs majeurs de Jeep®Élite. Des JFL qui comptent dans le championnat de France et quatre d’entre eux sont également membres du Team France. Mais il leur a souvent fallu faire preuve de patience avant de percer au plus haut-niveau.

Hugo Invernizzi

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Chez les Bleus, Hugo Invernizzi a également eu l’occasion d’y faire un passage. Plus précoce que ses camarades du Pôle, l’un des meilleurs shooteurs de la ligue avait déjà un vrai rôle dans l’élite à 20 ans, au Havre. Un passage par le STB après avoir connu des débuts plus difficiles à Strasbourg. En 2019/20, Invernizzi a livré la meilleure saison de sa carrière, dépassant pour la première fois la barre des 10 points par match.

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Impressionnant depuis le début d’année 2021 en Euroleague (10,7 pts de moyenne depuis le 1er janvier), William Howard est sans doute la révélation de la saison. Une évolution remarquable pour le shooteur d’élite qui s’était quelque peu perdu à sa sortie de l’INSEP entre une année passée

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William Howard

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Hyères-Toulon, c’est également le club où Alexandre Chassang a commencé à s’imposer dans l’élite française. Incontournable en Équipe de France jeunes en U16, U18 ou U20, présent dans toutes les détections depuis son plus jeune âge et passé par le pôle espoirs puis le Pôle France, le Parisien a dû faire face à une rude concurrence lors de ses débuts professionnels avec l’ASVEL. Après quatre ans dans le Rhône (et un titre de champion de France en 2016) il a donc mis le cap plein Sud pour gagner en temps de jeu. Mais c’est bien à 24 ans, six ans après sa sortie de l’INSEP, que ce poste 4 repositionné en 5 par Laurent Legname à Dijon, a pleinement explosé au point de devenir un cadre de l’Équipe de France lors de la campagne de qualification à l’EuroBasket 2022.

Mouhammadou Jaiteh Mouhammadou Jaiteh a lui aussi dû cultiver l’art du rebond après ses débuts professionnels tonitruants. Joueur majeur des Équipes de France de jeunes, dominateur en Pro B à 18 ans seulement (16,2 pts, 9,9 rbds avec Boulogne), lancé par Nanterre en Euroleague un an plus tard et rapidement international chez les A (médaille de bronze à l’EuroBasket 2015), le Pantinois a par la suite connu des experiences plus délicates à Strasbourg et Limoges. Relégué au bout du banc du CSP en novembre 2018, le pivot aux 24 sélections a fait le choix de quitter la France, rejoignant l’Italie, la Russie puis la Turquie. "Quand tu te retrouves en difficulté c’est entre toi et toi-même", a-t-il remarqué. "Je me suis concentré sur l’essentiel et j’ai mis l’énergie là où il fallait. Globalement ça m’a donné de la maturité et un vécu qui me font le plus grand bien." Meilleur rebondeur du championnat turc cette saison avec Gaziantep, son nom commence à circuler au sein des plus grosses écuries européennes.

RistoBozovic

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dans un lycée américain puis deux exercices sans voir les parquets professionnels au centre de formation de GravelinesDunkerque. À 21 ans, il avait alors fait le choix de redescendre en Pro B, à Denain puis Hyères-Toulon, pour y trouver des responsabilités. Pari réussi. Champion avec le HTV il avait ensuite largement contribué à maintenir les Varois dans l’élite avant de prendre son envol à Limoges au point d’être appelé en février 2018 en Équipe de France lors des qualifications pour la Coupe du Monde. Depuis, le natif de Montbrison n’a cumulé que cinq sélections, sa carrière l’ayant mené vers la G-League et la NBA (deux matches avec les Houston Rockets) puis l’Euroleague, des compétitions aux calendriers conflictuels avec les fenêtres FIBA. Mais la dimension prise par Howard depuis quelques semaines pourrait le rendre candidat aux grandes compétitions internationales.

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par les Spurs, il avait été victime quelques semaines plus tard d’une grave blessure au genou lors de l’Euro U20. Sur la touche pendant un an, le Guyanais avoue avoir touché le fond face à ce coup du sort. "J’étais très entouré et pourtant j’avais la sensation d’être très seul. J’ai cogité : qu’est-ce que je fais de ma vie ? C’était bête mais sur le coup j’ai même pensé arrêter. J’avais la sensation d’être arrivé à un bon niveau et ça m’abattait de penser qu’il fallait tout reprendre." Si ses ambitions NBA ne se sont jamais concrétisées, l’intérieur tricolore a cependant fait preuve d’une grande résilience. Champion de France à deux reprises avec l’ASVEL, il a découvert l’Euroleague en 2019/20 et a rejoint l’Olympiakos cette saison. Dans une équipe qui ne dispute que la compétition européenne et qui s’appuie sur un effectif long comme le bras, il parvient à passer près de 17 minutes de moyenne sur les parquets. Jean-Charles compte également quatre sélections en Équipe de France.

Yannis Morin


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QUE SONT-ILS DEVENUS ?

JEAN-FRANÇOIS BASILEU FUTUR DENTISTE ?

Par Julien Guérineau

LA VIE À PLEINES DENTS À 27 ans, Jean-François Basileu a définitivement abandonné le basket. Installé au Portugal après deux ans en Irlande, il a repris des études pour devenir dentiste.

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D.R.

C’est une ligne dans son palmarès qu’aucun joueur tricolore, sans doute, ne peut se targuer de compter : champion d’Irlande 2019. C’est aussi celle qui a fermé la parenthèse de son aventure de basketteur. Dans la foulée, Jean-François Basileu a bien continué à lacer ses baskets. Mais pour Academico FC, un club de troisième division portugaise. Sa vraie vie était ailleurs. Sur les bancs de l’école. Pour devenir dentiste. "J’avais fait des essais avec le FC Porto qui s’étaient bien passés. Mais deux entraînements par jour ce n’était pas compatible avec les cours." Un renoncement qui n’en était pas vraiment un. Depuis quatre ans, Basileu poursuit un nouvel objectif professionnel. Une idée fixe qui l’a poussé, après une saison réussie en Nationale 2 en 2016/17, ponctuée par une victoire en Coupe du Sud-Ouest en en Coupe des Landes avec Dax, à quitter la France. "C’était dur de dire non au club qui voulait que l’on continue", expliquet-il. "Devenir basketteur de haut niveau c’était beaucoup de sacrifices et d’investissement. Mais j’avais aussi l’avantage d’avoir cette détermination, cette certitude sur ce que je voulais faire." Quelques mois plus tôt, après une saison terne en Pro B à Vichy-Clermont (10 matches joué, 3 minutes en moyenne), le Guadeloupéen avait connu le chômage. À l’été 2017, plutôt que de courir le cachet dans les championnats nationaux, Basileu a donc pris l’avion pour Dublin, afin d’y effectuer une remise à niveau scolaire lui permettant de prétendre intégrer, par la suite, une première année de médecine au Portugal. Un parcours original mais suivi par de nombreux étudiants

afin de contourner l’extrême sélectivité du système français : "Mon frère a fait médecine en Roumanie. Les diplômes européens sont reconnus et pour moi il aurait été compliqué, à mon âge, après plusieurs années éloigné des études, de passer le cap de la première année de médecine en France." Après un bac scientifi que obtenu au Pôle France, Basileu avait déjà pris le soin de ne pas totalement s’éloigner du double projet. "En arrivant à Nanterre où je m’entraînais avec les espoirs et les pros, j’ai suivi les conseils de tout le monde et j’ai fait un premier semestre de STAPS. Mais ça ne m’a pas plu, je ne me suis pas senti intéressé. Alors j’ai débuté une formation d’assistant dentaire à distance et je faisais des stages pendant l’été." Un premier contact avec la dentisterie qui le conforte dans ses convictions. Mais en débarquant en Irlande, il ne renonce pas encore complètement au basket. Un ancien coéquipier du Pôle, Jonathan Radjouki, le met en contact avec joueur irlandais et Jean-François Basileu rejoint Black Amber Templeogue au sein de la première division du pays. Une ligue semi-pro où il évolue en parallèle de ses études. "J’avais quelques économies du basket qui m’ont servi pour ma reconversion. Mais j’ai aussi la chance d’avoir mes parents qui ont pu me soutenir dans cette transition même si c’est dur de redevenir dépendant de ses parents." Désormais installé à Porto, le jeune homme a encore trois années devant lui avant de décrocher son diplôme de dentiste et de finaliser son deuxième objectif : retourner vivre chez lui, à Marie-Galante, pour se consacrer à son nouveau métier et au développement du basket sur l’île. AVRIL 2021

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FOCUS

peu en phase avec l’évolution du basket moderne et dont la présence sur le parquet nécessite forcément une adaptation du jeu mis en place. À Nancy puis à Lille, le Mosellan n’a jamais eu sa chance et lorsqu’il commencera à démontrer sa capacité à peser sur les débats en Pro B avec Charleville (7,4 pts, 4,2 rbds en 15’ en 2014-15), un changement de philosophie le laissera longuement sur la touche. Chômage, Nationale 2, il sera finalement relancé par Philippe Maucourant à Lorient avant que Pierre Tavano n’en fasse sa tour de contrôle à Tours. Mais sérieusement blessé au genou en décembre 2019, Pourchot a rechuté encore plus gravement en novembre dernier. Une saison blanche est inévitable. L’occasion pour lui de faire grandir sa communauté sur les réseaux sociaux. En quelques mois, le plus basketteur français de l’histoire est devenu un phénomène sur TikTok, atteignant la barre mythique du million d’abonnés !

L'oeil du nord

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Une marque également éclipsée par Yannis Morin sur la même période. La confirmation du potentiel d’un grand gabarit ralenti par les blessures lors de ses années de formation. Au moment de l’arrêt des championnats en mars dernier, Morin présentait la 2e meilleure évaluation français de Jeep®Élite derrière Isaïa Cordinier. Et là encore un passage par la Pro B s’était avéré nécessaire, après trois saisons sans saveur à Cholet, pour changer de dimension.

Pour Boris Dallo, la trajectoire est différente. Ce combo en avance sur son temps était sans doute l’élément le plus doué de la génération 94. Pas le plus régulier mais celui dont le potentiel fascinait le plus. Pas surprenant, dès lors, de retrouver le Nantais en Euroleague avec le Partizan Belgrade, à 19 ans seulement, aux côtés de Léo Westermann et Joffrey Lauvergne. La suite sera plus délicate. Une saison à Antibes, un séjour en G-League puis deux autres années en Grèce avec Panionios puis l’Aris. Relancé par Strasbourg l’an passé, il est désormais un joueur clé dans la quête du maintien du Portel.

Charly Maraux

NATIONAUX

Victime d’une rupture des ligaments croisés en 2010 pendant l’Euro U16 puis d’une rechute sur le même genou en mai 2011, Charly Maraux a très jeune compris l’imprévisibilité d’une carrière professionnelle. Malgré deux saisons blanches, il a poursuivi sa formation trois ans à Gravelines avant d’enchaîner sur une saison en Nationale 1 à Angers. "Ensuite j’ai fait le grand saut, j’ai basculé sur une autre vie." De retour chez lui, dans le Jura, l’ancien meneur du Pôle a pris une licence en Nationale 3 avec Lons-le-Saunier et débuté une formation de trois ans pour devenir éducateur spécialisé. Depuis le club est monté en Nationale 2 et Maraux a obtenu son diplôme à l’été 2020. "C’est fou comme cela peut aller vite", déclarait-il à Basketball Magazine à propos de son expérience des championnats nationaux où il croise d’anciens prospects ou des vétérans en reconversion. "Pour le niveau de jeu c’est positif mais cela démontre qu’il y a de moins en moins de places dans les trois premières divisions professionnelles. C’est aussi une des raisons pour lesquelles j’ai arrêté, en voyant les joueurs sur le carreau. Il faut avoir le courage de dire stop."

Cédric Lecocq/FFBB

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PRO B

Lons-le-Saunier

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Boris Dallo

Anthony Racine

Tours

Vincent Pourchot

NM1

222 centimètres sous la toise. De vraies mains. 62 d’évaluation en championnat espoirs un soir de décembre 2011. Vincent Pourchot n’a jamais été un basketteur comme un autre. Ses mensurations hors normes ont bien évidemment intrigué. C’était oublier un peu vite les limites athlétiques d’un joueur 20 BASKETBALL MAGAZINE

Besançon

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Également référencé chez les jeunes, notamment du fait d’un potentiel offensif impressionnant, Anthony Racine va dépasser dans quelques semaines la barre des 200 rencontres disputées en Pro B. Mieux même, à 27 ans, alors qu’il a connu deux intersaisons compliquées où il a mis de longues semaines avant de trouver un club, celui qui est également international en 3x3 livre sa meilleure saison en carrière (11,7 points) avec un club de Denain qui joue les premiers rôles en Pro B.

Benjamin John Benjamin John, de son côté, poursuit sa carrière même si l’arrêt des compétitions amateurs le prive cette saison de basket. Une deuxième saison blanche puisqu’il était sans club en 2019/20. Passé par le centre de formation de Cholet après l’INSEP, puis par Monaco et une prep-school américaine, le meneur s’est lancé dans un tour de France des championnats nationaux : GET Vosges (NM1), Ouest Lyonnais Basket (NM2), Besançon AC (NM2), Aurore Vitré (NM2) et Sorgues (NM2).


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QUE SONT-ILS DEVENUS ?

AXELLE KOUNDOUNO DESIGNER D’ESPACE

Par Julien Guérineau

L’ART DU REBOND Passionnée d’art et de création, Axelle Koundouno est allée au bout de ses rêves. À 27 ans elle est aujourd’hui designer d’espace.

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©Bereels

Lorsque ses coéquipières faisaient un détour par sa chambre à l’INSEP, ce ne sont pas les posters de Cathy Melain et Yannick Souvré qu’elles voyaient punaisés au mur. Mais les dessins réalisés par Axelle Koundouno pour entretenir son amour pour la création. Une passion qui va guider les choix de l’adolescente et l’orienter vers un parcours éloigné de celui de ses camarades de promotion. "Peut-être que je n’étais pas autant habitée que d’autres", sourit-elle par rapport au basket. "Et pourtant, petite, le haut niveau m’a tout de suite attiré." Mais en franchissant les étapes jusqu’à intégrer le Pôle France en 2009, elle prend conscience que l’engagement nécessaire pour percer dans le basket lui laisse peu de place pour le reste. "Je ressentais un déséquilibre, je ne m’y retrouvais plus au niveau de l’épanouissement." La bascule va définitivement s’effectuer lors de sa deuxième année à l’INSEP. A l’occasion d’un week-end sans match, Axelle Koundouno en profite pour se rendre aux portes ouvertes des écoles d’architecture : "Ça m’a ébloui ! Je me suis dit : c’est ça que je veux faire !" Les discussions avec les professeurs sur place laissent peu de doutes sur la possibilité de poursuivre le sport de haut niveau. "Mais j’ai gardé ça pour moi. J’avais peur que ce soit mal vu. J’ai attendu la troisième année pour dire que je ne voulais pas aller en pro." À l’été 2012, elle prend donc la direction de La Tronche Meylan en NF1 et d’une école à Grenoble pour une remise à niveau en arts appliqués. Sans aucune garantie contractuelle ("j’aurais dû être plus mature à ce sujet, j’aurais dû sécuriser les choses") et avec la nécessité de se plonger dans un environnement très

différent du cocon du Bois de Vincennes : "J’arrivais dans un monde où il fallait payer ses factures, aller faire ses courses, acheter des fournitures. Cela parait tellement normal ! Mais la rupture était violente." L’aventure grenobloise s’arrêtera après deux saisons. Alors que l’étudiante est désormais lancée dans un BTS, ses performances sur le terrain baissent à mesure que son investissement scolaire augmente. Les relations avec le club se tendent. La rupture est consommée en 2014 et Koudouno reprend ses valises direction Bressuire dans les Deux-Sèvres. Le Président du club local, en NF3, accueille sa nouvelle recrue dans son entreprise, en alternance, une solution qu’elle poursuivra pour obtenir son BTS, sa licence puis son master en management du design et de l’innovation à l’École de design Nantes Atlantique, en 2019, avec mention bien. Ses baskets, l’ancienne internationale U16, médaillée de bronze à l’Euro de la catégorie, les a raccrochées une saison seulement après sa signature à Bressuire. "Je crois que je me suis mis la pression et j’avais l’impression d’aider l’équipe mais sans plus et de ne pas être au niveau auquel le club aurait voulu que je sois. J’étais déçue de moi-même." Aujourd’hui, c’est sur les terrains de handball qu’elle préfère se défouler. Car son ambition est ailleurs. Dans son métier de designer d’espace auprès de la société Buromat. Axelle Koundouno intervient auprès des entreprises pour "étudier leur environnement, faire des audits et construire un projet fonctionnel, esthétique, technique." C’est avec fierté qu’avec Buromat elle a décroché un appel d’offre pour s’occuper du mobilier du CREPS des Pays de la Loire, les dirigeants y ayant été sensibles à sa vision et à son parcours. AVRIL 2021

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