L'Officiel-Levant, April Issue 44

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N° 44 – 7,500 l.l.

Spécial Mode

mira mikati dubaÏ deSign dayS david/nicolas

chic ou provoc’ beyrouth

Jessica Hart en Dior

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RENDEZ-VOUS 40 42 44 46

Édito Chemise Blanche : L’impertinente Nuancier : Sweet Harmonie Les News

BEAUTÉ 60 68 70 72

Bouche à bouche Tenue à carreaux Les Sortilèges de l’Inde dans un flacon Wavy

BIJOUX 80 Dolce Lucia 82 Tendance Mille Feux 84 Tendance Métal éblouissant

STYLE

« Buffalo Belle » par Robert Bellamy, page 158.

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Corps accords Le choix de Malak Lubies : Fashion Icons Lubies : Haut en couleur Tendance : Fièvre Tribale Tendance : Urban Tropic Tendance : Sporty Chic Photomaton : Stiletto Show Photomaton : Écran de fumée Prenez une veste La basket De l’art du soulier fait main Amal Azhari Dans l’art jusqu’au cou Nouvelle Vague



LA MODE 140 146 158 166

Hart Attack Haute culture Buffalo Belle Belle in Black

*Errata : Une erreur s’est glissée dans le crédit photos de l’article «Amy Adams» (L’Officiel Levant février) : Les photos sont de Mathieu César.

LA VIE 178 Mira Mikati une fille en aiguille 184 Design : David et Nicolas 188 Le semeur d’or 194 Icône : Naïm 198 Quand Metropolis époussette le cinéma d’art et d’essai 202 Tinder surprise 204 Lamia Charlebois 206 Force de wrap 212 La création libanaise aux Dubaï Design days 216 Dans la tête de Sadik Alfraji 218 Japan Mania à Beyrouth 220 Sous la forêt, la plage ! 228 Oiseaux de nuit: épaulée ! 229 Adresses 230 Horoscope 232 Playlist

N° 983 – 4,50 €

SPÉCIAL MODE CRÉATEURS NOUVELLES VALEURS ET LÉGENDES VIVANTES

««B Bel le in Bl Bl ack » p ar Ba B aard L u n d e, pag g e 16 6 .

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JESSICA HART

CHIC OU PROVOC’

LES DEUX TENDANCES DE L’ÉTÉ Jessica Hart en Dior

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En couverture : Jessica Hart porte une chemise Dior, des bijioux en diamants Alan Friedman et un maillot de bain Simone Pérèle. Photographie par Matthias Vriens-McGrath. Stylisme Marcell Rocha. Coiffure Danilo. Maquillage Robin Black.



Éditeur

TON Y SA L A M E GROU PE TSG SA L

Rédaction RÉDACTRICE EN CHEF

FIFI A BOU DIB RÉDACTRICE EN CHEF AD JOINTE

M É DÉ A A ZOU R I COORDINATRICE

ST E PH A N IE NA K HL É

Département artistique DIRECTRICE DE CRÉ ATION

M A L A K BE Y DOU N DIRECTRICE ARTISTIQUE

L AY L A NA A M A N I

Contributeurs RÉDACTION

PHIL IPPIN E DE CL E R MON T-TON N E R R E , GIL L E S K HOU RY PHOTO

TON I E L IE H, R AYA FA R H AT, GIL L E S K HOU RY MODE

A M IN E J R E ISSAT I, M AYSSA FAYA D

Production FABRICATION

A N N E M A R IE TA BET RE TOUCHE NUMÉRIQUE

FA DY M A A LOU F Publicité et Marketing DIRECTEUR GÉNÉR AL COMMERCIAL E T MARKE TING

M E L HE M MOUSSA L E M DIRECTRICE PUBL ICITÉ

ST É PH A N IE M ISSIR I A N DIRECTRICE MARKE TING

K A R IN E A BOU A R R A J

Directeur responsable

A M IN E A BOU K H A L E D

Imprimeur

53 DOTS DA R E L KOTOB

n° 44 AVRIL 2014



DIRECTRICE DE L A RÉDACTION

M A R I E -JOSÉ SUSSK I N D -JA LOU DIRECTRICE MODE

VA N ESSA BELLUGEON DIRECTEUR DE CRÉ ATION

M ICH EL M A L L A R D PRÉSIDEN TS

M A R IE -JOSÉ JA LOU & M A X IM E JA LOU DIREC T E UR GÉNÉR A L

BE NJA M IN E Y M È R E DIREC T E UR GÉNÉR A L P UBL ICI T É

OL I V IE R J U NGE R S DIREC T E UR ÉDI TORI A L

E M M A N U E L RU BI N DIREC T E UR IN T ERN AT ION A L E T M A RK E T ING

N ICOL A S R E Y NAU D DIREC T EUR DU DÉ V ELOPPEMEN T

GÉ R A R D L AC A PE SENIOR M A N AGER IN T ERN AT ION A L & M A RK E T ING

A L ICE M ACPA BRO DIREC T RICE P UBL ICI T É IN T ERN AT ION A L

A NGE L A M A SIE RO SENIOR M A N AGER P UBL ICI T É IN T ERN AT ION A L E MIL A N

CL AU DI A DE L L A TOR R E M A N AGER P UBL ICI T É IN T ERN AT ION A L E MIL A N

BA R BA R A M A RCOR A M A N AGERS P UBL ICI T É IN T ERN AT ION A L E PA RIS

FL AV I A BE N DA & K AT HL E E N BUSSIÈ R E M A N AGER A RCHI V ES

NAT H A L IE IFR A H FOUNDAT E URS

GEORGE S , L AU R E N T ET U L LY JA LOU

les PUBLICATIONS DES ÉDITIONS JALOU L’Officiel de la Mode, Jalouse, L’Optimum, La Revue des Montres, L’Officiel Voyage, L’Officiel 1000 Modèles, L’Officiel Hommes, L’Officiel Art, L’Officiel Paris Guide, L’Officiel Chirurgie Esthétique, L’Officiel Hommes Allemagne, L’Officiel Asie Centrale, L’Officiel Azerbaïdjan, L’Officiel Brésil, L’Officiel Hommes Brésil, L’Officiel Chine, L’Officiel Hommes Chine, L’Officiel Art Chine, Jalouse Chine, L’Officiel Hommes Corée, L’Officiel Inde, L’Officiel Indonésie, L’Officiel Italie, L’Officiel Hommes Italie, L’Officiel Lettonie, L’Officiel Liban, L’Officiel Hommes Liban, L’Officiel Lituanie, L’Officiel Maroc, L’Officiel Hommes Maroc, L’Officiel Moyen-Orient, L’Officiel Pays-Bas, L’Officiel Hommes Pays-Bas, L’Officiel Russie, L’Officiel Singapour, L’Officiel Thaïlande, L’Officiel Hommes Thaïlande, L’Optimum Thaïlande, L’Officiel Turquie, L’Officiel Hommes Turquie, L’Officiel Ukraine, L’Officiel Hommes Ukraine w w w.lof ficielmode.com — w w w.jalouse.fr — w w w.lof ficielhommes.fr w w w.larevuedesmontres.com — w w w.editionsjalou.com


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ÉDITO

Avec l’arrivée du printemps, on vous parle traditionnellement de beauté (merci pour les autres mois de l’année!). Car oui, c’est le moment de sortir du cocon où l’on s’est, comment dire, empâté, pour peu que l’on ait pris goût à ces délices de l’hiver que sont le plaid, la télé et la diète grasse qui vous capitonne mieux qu’une doudoune. Haut les cœurs! C’est le moment de préparer la silhouette à la légèreté, la nudité, la liberté de la saison douce. Voici venu le temps des protéines et de l’ «exercice», euphémisme qui peut cacher les pires tortures. Difficile d’imaginer les souffrances, les déserts traversés naguère par Karl Lagerfeld pour le seul plaisir de pouvoir porter un jour les créations d’Hedi Slimane, ses vestes près du corps et ses pantalons affûtés. Oui, Lagerfeld fut «un peu –beaucoup- enveloppé». Mais entrer dans la tenue de ses rêves, rêver l’occasion, se projeter dans un instant de beauté pure et y arriver, qui nierait à quel point c’est gratifiant? La beauté intérieure, vous diront les sages. Certes, mais la beauté intérieure, on a beau faire, ça ne se voit pas. Œuvrer pour la beauté extérieure, en revanche, est tout aussi louable. C’est dur, long, douloureux. Cela impose une discipline quasi militaire. Ça vous a aussi un petit côté missionnaire, cette manière de contribuer, au prix de tant d’efforts, à la beauté du monde. A défaut de le rendre meilleur. On fait ce qu’on peut.

Fifi Abou Dib



CHEMISE BLANCHE

COIFFURE ET MAQUILLAGE TAKAKO, ASSISTANTE STYLISME GHALIA CHRAIBI

L’IMPERTINENTE Jeune cinéaste piquante, coscénariste et réalisatrice de « Connasse » , le programme court à succès de Canal+, Noémie Saglio est une personnalité à suivre. Par L É A T RICH T ER-PA RIEN T E Pho tographie MIK A EL FA K HRI

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ée à Paris, Noémie Saglio a grandi entre l’île de Gorée, au Sénégal, Londres et New York. À l’instar de son nom de famille (Saglio-DruGeorges-Picot), son parcours est riche : « J’ai tout essayé. Après Sciences-Po Lille et des écoles de cinéma à l’Université de New York et à la National Film and Television School en Angleterre, j’ai été productrice de pub, régisseuse, assistante marketing chez L’Oréal et comédienne médiocre. » Fêtarde couche-tôt, rigolote sérieuse, casanière voyageuse, Noémie est une adepte des grands écarts. Cette maman d’une petite fille de 5 ans adore

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changer de style – tantôt hyper-classique tantôt carrément destroy –, mais elle reste fidèle aux chemises blanches et aux jeans. Le succès de Connasse ? Il réside dans la combinaison harmonieuse du « cerveau surpuissant et névrosé » de sa partenaire Éloïse Lang et du « jeu mordant » de l’actrice Camille Cottin. Le trio gagnant est parvenu à se moquer des femmes tout en les faisant rire. Ses projets ? Un long-métrage avec Pio Marmaï, Franck Gastambide et Camille Cottin, qu’elle est en train de monter avec Maxime Govare, ainsi que l’écriture et le tournage de la saison 2 de Connasse avec Éloïse Lang.

Noémie Saglio porte une chemise Zapa.



NUANCIER

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Après un hiver doux, on choisit une palette tendre et sucrée ce printemps. Parce qu’on est belle en pastel…

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Y Réalisation FA AB SA S ELLU Y GEON, MA

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1. Balenciaga. 2. Dior. 3. Azzedine Alaïa. 4. Moschino. 5. Diptyque. 6. Miu Miu. 7. Ladurée. 8. Dior Joaillerie. 9. Défilé Burberry Prorsum. 10. Dior. 11. Burberry Prorsum.

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PHOTOS RAYA FARHAT, MARCIO MADEIRA, ISTOCK, DR

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NICOLE KIDMAN WATCH THE FILM AT JIMMYCHOO.COM BEIRUT SOUKS, FAKHRY BEY STREET 01 99 11 11 EXT 595


NEWS

LA POCHETTE DE LA POCHETTE Céline vient d'éditer l'accessoire le plus fascinant de ces dernières années. La pochette Œillet est en fait un sac en agneau zippé, crevé d'un hublot en acier d'ou sort ironiquement, tel un drap d'une machine à laver, un chiffon en cuir de couleur contrastée. Indigo - tournesol, blanc et noir, noir et vert, noir et orange, ces cyclopes sont les dignes représentants de la nouvelle tendance qui consiste à détourner la panoplie de la ménagère en quelque chose de sublime. F. A . D Céline, rue Al Moutran, Centre-ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11

OSEZ JOSÉPHINE Au château de Penthes, à Genève, Piaget a dévoilé sa nouvelle collection « Rose Passion » empreinte de la personnalité de Joséphine de Beauharnais : 100 pièces de haute joaillerie audacieuses et contemporaines, illuminées par la présence de Bianca Brandolini d’Adda et de Bar Refaeli. H . D . Boucles d’oreilles « Rose Passion » en or blanc, serties de 316 diamants taille brillant, 2 émeraudes taille coussin, 2 émeraudes taille ovale, 2 tourmalines vertes taille coussin, 2 aigues-marines taille ovale et 2 tourmalines Paraiba taille coussin, Piaget.

EXPÉRIENCE MYSTIQUE Artiste américain né à New York en 1951, Bill Viola est le plus grand représentant de l’art vidéo. Le Grand Palais accueille vingt de ses œuvres, images digitales d’émotions pures qui questionnent la nature humaine. R . B . Exposition « Bill Viola », du 5 mars au 28 juillet, au Grand Palais, à Paris. www.grandpalais.fr

ON NE JETTE PAS L'EMBALLAGE Avant Chanel et son défilé au Grand Palais transformé en supermarché géant, il y eut Moschino et son runway envahi par les marques de fast food, pop corn et autres chocolat et céréales. C'est un Jeremy Scott complètement lâché qui a récupéré les emballages des produits alimentaires les plus vendus au monde pour en faire les imprimés d'une collection capsule sans précédent. A l'honneur, McDonald dont il a emprunté le "M" emblématique pour détourner le logo Moschino. Notoirement désinhibé, Moschino s'y est reconnu, et tout le monde est content! F. A . D . Moschino, Aïshti, +961 1 99 11 11



NEWS

TOUT NUDE

Tendance culte, le nude est à nouveau à l’honneur cette saison… Et l’on attendait avec impatience la nouvelle poudre compacte de Dolce & Gabbana depuis que la make-up artist star, Pat McGrath, l’avait utilisée pour matifier, en touche finale et tout en légèreté, les teints healthy et dorés des mannequins sur le défilé printemps-été de la maison. Flatteur et flouteur. M . R . Poudre compacte Perfection Veil (6 couleurs), Dolce & Gabbana.

INTEMPOREL(LE)

BLACK ROSES La rose, si importante dans la vie et le travail de Christian Dior, s’épanouit plus que jamais dans l’imaginaire de Victoire de Castellane qui enrichit la collection « Rose Dior Pré Catelan » de bijoux sertis dans l’allégresse de l’améthyste ou le mystère de l’onyx. H . D . Boucles d’oreilles « Rose Dior Pré Catelan » en or jaune, onyx, diamants et saphirs jaunes, Dior Joaillerie.

ADDICT Dior Addict Fluid Stick est le premier rouge hybride all-in-one inventé par Dior. Une véritable révolution make-up. Ce rouge hybride réussit en un tour de main à exalter une bouche en un seul passage. Ni gloss, ni laque, ni rouge à lèvres... Dior Addict Fluid Stick est un « lip product » d’un genre inédit. Rien que les noms des différentes couleurs invitent au rêve. Aventure, Wonderland, Pandore ou Open me. Sans hésiter. M.Az. Dior make-up en vente chez Aïshti, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.104

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La Maison Dior est intemporelle. La ligne Baby Dior l’est tout autant. On a l’impression que ce sont les mains de Monsieur Dior qui ont cousu cette robe, confectionné ce chapeau. Jolie fille devant un mur de roses, un tableau presque peint. M.Az. Baby Dior, en vente chez Aïshti Minis, Centre-Ville, +961 1 99 11 11 ext.109


NEWS

FACE À FACE

JUICE UP ! On conseille de boire et manger 5 légumes et fruits par jour. Ça tombe bien. Juice Up vient d’ouvrir ses portes à Beyrouth. Rien qu’en entrant dans ce bar à jus, on sent un vent de fraicheur. Les fruits et les légumes rapportés de toutes les régions du monde et du Liban, sont là, pressés minute devant nous. Sans ajout de sucre, d’eau ou de sirop. La maison, tenue par Philippe Letayf propose aussi des sessions detox de un, deux ou trois jours. Jus de fruits et de légumes surtout, livrés à domicile, avec des indications données au préalable. “Liv” par Juice Up, avec les ingrédients présents dans une bouteille et un fascicule où le consommateur peut énumérer ses allergies et ses goûts. Mais Juice Up, ce n’est pas seulement une question de bien-être, c’est aussi et surtout le goût. Le bon avant tout. M.Az. Juice Up, Sodeco, Achrafieh, Beyrouth, +961 3 36 19 19, ouvert de 7h à 22h

ROUE LIBRE ! Hommage au parfum La Petite Robe Noire de Guerlain : une Fiat 500 en édition limitée siglée d’un dessin de Kuntzel+Deygas et proposée en berline ou cabriolet, en noir métallisé ou blanc nacré. À l’intérieur, du cuir Poltrona Frau, un trio de parfums et une trousse de maquillage. A . S .

C’est probablement un des sacs les plus vus dans les rues lors de la fashion week. Le Face Bag de Prada a séduit tout le monde. On pourrait croire qu’on est dans “Mad Men” avec ces visages peints sur les sacs aux inspirations 50s et 60s. Plusieurs modèles, plusieurs visages. A vous de choisir, et c’est difficile. Celui-ci est notre préféré. Les autres aussi. M . A z . Prada, imm. Aïshti, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.131

AMEN Religieuse, charmeuse, fougueuse, délicieuse : même en plein carême, Séville, la plus tradi-trendy des villes d’Espagne, donne le change. À quelques heures de la semaine sainte, les éditions Assouline lui tirent le portrait. A . O . « In the Spirit of Seville » d’Antonio Del Junco (éd. assouline.com).

Fiat 500, édition Petite Robe Noire de Guerlain.

ULTIME REGARD Avec deux biopics sur les écrans en ce premier semestre, Yves Saint Laurent est plus que jamais dans l’actu. Pierre Bergé, préfacier de Yves Saint Laurent, les derniers jours de Babylone, livre testament, a laissé Luc Castel photographier, dans leurs emballages, les merveilles de leur collection commune installées dans l’appartement du couturier, rue de Babylone, avant leur vente au Grand Palais en 2009. Un témoignage exceptionnel et émouvant. F. D . « Yves Saint Laurent, les derniers jours de Babylone », de Luc Castel et Dominique Baqué, (éd. du Regard).

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NEWS

SUR LE DOS On dirait un Falabella mais ce n’en est pas un. Les chaines rappellent le modèle iconique de Stella McCartney sauf qu’ici, c’est un sac à dos. Difficile de ne pas craquer pour ce sac qu’on emmènera partout. À la plage, en randonnée, en escalade, pour ranger les affaires de bébé, ses livres scolaires ou en soirée. Pour danser c’est pratique, pas besoin de le poser. On peut l’accrocher sur le dos de la chaise. Mais on ne le fera pas. Il restera sur le nôtre de dos. M . A z . Stella McCartney, rue Fakhry Bey, Souks de Beyrouth, +961 1 99 11 11 etxt.575

LIEU DE CULTE True Religion s'offre une boutique en solo dans les souks de Beyrouth. Probablement la 902e sur une carte d'Etat-major qui couvre 50 pays et les six continents. Cette marque de jeans "fait main" comme l'indiquent les surpiqûres bien en évidence sur les poches et les bords, ne cesse de flamber depuis sa création en 2002 en Californie. Elle est surtout l'emblème de tout un art de vivre oisif, sportif et solaire auquel un sens aigu de la coupe et de la silhouette ne gâche rien. F. A . D . True Religion, Beirut Souks, Beyrouth. +961 1 99 11 11

GIRLIE SHOW Audace dans la composition des couleurs, souplesse du porté, volume généreux : cette collection de cinq bagues uniques et joyeuses, déclinables à l’envi, atteste l’excellence du service sur-mesure de la maison Poiray. H . D . Bague « Cabaret », émeraudes, iolite, Poiray, prix en fonction des associations de pierres choisies. 70, rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris 8 e. www.poiray.com

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ARABESQUES FOLLES Dans la foulée de sa première collection de bijoux,"A trace of lace", happée en Europe et aux Etats Unis, Ralph Masri revient avec "Arabesque Déco". Comme son nom l'indique, cette nouvelle ligne déclinée en bagues, boucles d'oreilles, pendentifs et bracelets interprète les motifs géométriques de la tradition orientale dans un esprit Art Déco. Ce créateur de 24 ans, formé à Central St Martins, lauréat du Swarovski Award et passionné par l'art du bijou, a travaillé pour Pomellato avant même de recevoir son diplôme. Il gère désormais sa propre bijouterie à Mar Mikhaël. F. A . D Arabesques Deco, Ralph Masri. www.ralphmasri.com


NEWS

MAT IN BLACK Le noir faisant désormais partie des couleurs incontournables en matière de vernis, c’est avec 4 In The Morning, à l’incroyable texture semi-mate satinée, qu’il faudra orner ses ongles. Le hit de la collection Gwen Stefani pour O.P.I. M . R . Vernis à ongles 4 In The Morning, collection Gwen Stefani, O.P.I.

COMME UN SCOUBIDOU Allegra, un nom qui évoque la joie. C'est celui que porte la fille du joailler Fawaz Gruosi. Et c'est en pensant à elle qu'il a créé ces bracelets à la fois ludique et précieux. Des cordons de cuir aux couleurs acidulées, retenus par un jeu d'anneaux irréguliers incrustés de gemmes tout aussi multicolores. Une confiserie faite bijou. F. A . D .

ÊTRE ETRO Partie de l'art du textile et de la décoration d'intérieur, Etro a

Sylvie Saliba, +961 1 33 05 00

déployé un tel génie dans l'exploitation des couleurs et de son iconique motif cachemire qu'une première collection prêt à porter s'est imposée dans les années 70, une dizaine d'années après la fondation de la marque. Ce printemps été, c'est encore le génie du graphisme qui distingue la maison milanaise, mais cette fois avec des motifs 3D subtilement moirés sur des tissus fluides qui en accentuent les reliefs au moindre mouvement. F.A.D Etro, avenue Fakhry Bey, Beirut Souks, Beyrouth +961 1 99 11 11

MADE IN ITALY

Les couturiers italiens investissent le V&A Museum de Londres. De Dolce & Gabbana à Sorelle Fontana en passant par Gucci, Missoni, Prada et Valentino (ci-dessus, Valentino pose à côté de la fontaine de Trevi, 1967), ce sont près de cinq décennies de style et plus d’une centaine de pièces emblématiques qui sont passées en revue. Point d’orgue ? Les parures Bulgari d’Elizabeth Taylor, ambassadrice du glamour italien à Hollywood. L .T. P Exposition « The Glamour of Italian Fashion 1945-2014 », du 5 avril au 27 juillet au V&A Museum de Londres. www.vam.ac.uk

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NEWS

SO CUIR Dans l’univers Fendi, la peau joue un rôle majeur. BELLE PROUESSE Transposer le langage qu’ils utilisent dans le vêtement, tel a été le challenge de Jack et Lazaro, aka le duo de créateurs Proenza Schouler, pour la ligne de make-up créée en collaboration avec M.A.C. Un packaging inspiré de leur collection printemps-été 2010, avec des boîtiers métal au fini tie & dye, et des matières aux couleurs correspondant à la vision de la femme Proenza Schouler. Une beauté naturelle qui utilise des blushs dégradés et des crayons à lèvres pour colorer la bouche entière. Les produits préférés de Jack? Le vernis à ongles Nocturnelle et le rouge à lèvres Primrose. Celui de Lazaro? Le rouge à lèvres Mangrove. Leur prochaine étape beauté? Un parfum, forcément. M . R . Ligne Proenza Schouler/M.A.C. +961 1 99 04 12

LILAS EXQUIS Gaia Repossi a imaginé pour l’ouverture du Dover Street Market de Manhattan une collection capsule où tout le savoir-faire de la maison familiale se développe avec fraîcheur sur des bijoux en or rhodié aux lignes à la fois délicates et rigoureuses. H . D . Disponible aussi dans tous les points de vente Repossi. www.doverstreetmarket. com et www.repossi.com

VICTORIA N'A PLUS DE SECRET Longtemps on a passé commande de ces petits dessous affriolants aux copines qui vivaient en Amérique. Victoria's Secret a enfin une boutique à Beyrouth. Mieux qu'une boutique, un véritable boudoir. Installée dans un décor intimiste au cœur du mall ABC Achrafieh, la marque de lingerie la plus populaire du monde déploie sous le cristal de ses lustres et dans son écrin de velours l'ensemble de sa gamme de petites culottes et soutien-gorge, ainsi que sa ligne de nuit et ses parfums. F. A . D . Victoria's Secret, ABC Achrafieh, Beyrouth +961 1 212 888

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Aujourd’hui, dans l’édition éphémère de Fan Di Fendi, le sensuel cuoio romano se caresse sur le flacon. Boisé oriental cuiré, le parfum pétille avec un zeste de mandarine pour mieux plonger dans les senteurs balsamiques, essence d’élémi, encens et une note de rose sur fond vanille, tonka et musc. À fleur de peau. A . S . Essence Fan di Fendi Leather (50 ml), Fendi.


NEWS

À L’OMBRE D’UNE FILLE EN FLEURS Le printemps est là. Quoi que cette année, il n’est jamais vraiment parti. Toujours est-il qu’on peut tout à fait le célébrer. Et avec Burberry et son Petal Bag. Petite pochette pliable, ce sac est totalement printanier. Décliné en plusieurs couleurs, nous, on l’aime en vert eau. M . A z . Burberry, rue Allemby, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.455

À L'ANCIENNE De l'encens à la bougie parfumée, du parfum BOUCLES ET VIRGULES DANS LA JUNGLE Inès de la Fressange et Bruno Frisoni ont trouvé l'égérie idéale pour incarner le style Roger Vivier. Elle n'est pas Parisienne, elle est Russe. Miroslava Duma appartient à la nouvelle génération de journalistes. Dans un petit livre publié en édition limitée, elle est photographiée par une artiste, elle aussi "new generation", Olivia Bee. L'objectif est de chahuter les codes traditionnels de la marque Roger Vivier, ses boucles, ses virgules, ses collections Prismick et Miss Viv' en les installant dans une jungle de carte postale. F. A . D . Roger Vivier 1138 Abdallah Beyhum Street, foche street, Dow Downtown Beirut. Beirut Liban +961 1 98 73 98

d'ambiance au parfum personnel et jusqu'au soin du corps, d'année en année, Diptyque élargit son offre de senteurs enveloppantes et réconfortantes pour, à partir d'une fragrance, créer tout un art de vivre. Et à propos d'art, en voici un nouveau qui s'ajoute à sa gamme: celui du soin, le soin du visage précisément. Diptyque, l'Art du Soin visage, se décline en Eau Infusée, Poudre Pureté, Pommade démaquillante, Argile de Gommage et Voile Protecteur. Autant d'élixirs à base de produits naturels, de la rose de Damas à la verveine, en passant par le kaolin. Ou la recette beauté de grand-mère sublimée jusqu'à la perfection. F. A . D Diptyque en vente chez Aishti, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.104

G GLOBETTROTTEUSE Sa Laurent dévoile ce Saint mois-ci sa toute première mo ligne de bagages. Des lig sacs week-end, cabas sac ou en bandoulière monogrammés, discrets et mo minimalistes. On les voit mi déjà nous accompagner aux dé quatre coins du monde. M . A . qu

GLAM FLAT Pourquoi ne pas être glam en plat. En espadrilles de

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Le Silla, en vente chez AïshtiTRET, +961 1 99 11 11 ext.110

surcroît. Le Silla a bien joué son coup. Espadrilles dorées et serties de strass. Le must de cet été. Better look good than feel good dit-on ? Eh bien non, pas cette fois. M . A z .

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SANS FAUTE La planète mode se demande encore comment a fait Tory Burch pour générer un milliard de dollars en seulement dix années d'existence. C'est simple, elle a réussi à plaire à tout le monde et à tous les âges, à s'imposer dans tous les créneaux horaires, à trouver sa place dans tous les événements d'une journée. Et avec ceci? A soutenir le "women empowerment" en contribuant au financement de petites entreprises féminines dans les pays émergeants. Cette saison, la marque édite des sacs intemporels, juste élégants, juste indispensables. Mais comment fait-elle? F. A . D Tory Burch, rue Omar Beyhum, Centre ville, Beyrouth +961 1 99 11 11

BAMBOU Chez Gucci, il y a deux grands symboles. Des armoiries en quelques sortes. Le mors et le bambou. Gucci revient en force cet été avec une collection entière de sacs aux anses en bambou. Le bambou qui se marie avec le cuir, le python, le léopard, le beige chaud et le noir glacé, le petit et le grand format. Une collection qui va être probablement rapidement sold out. Une collection qui restera. M . A z . Gucci, rue El Moutrane, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.200

ALAÏA IS IN DA HOUSE Les créations du grand Azzedine Alaïa sont arrivées chez Aïshti. Le créateur consacré depuis les années 80, adulé par les médias comme par les mannequins est célèbre pour ses robes sculpturales. Et ses sublimes chaussures. Alaïa a toujours sublimé la femme avec ses créations sexy. Très discret, peu prolixe en interview, le créateur de génie a réussi ce pari fou de survoler les modes depuis des décennies. Et nous, on adore. M . A z . Alaïa, en vente chez Aïshti, +961 1 99 11 11 ext.130

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SI LA JUNGLE ÉTAIT UN PARFUM

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Généralement les petites filles aiment ressembler à leurs mamans, s’habiller comme leurs mamans. Avec la collection Dolce Femmina, les petites filles vont s’éclater avec les mêmes motifs que les robes de maman, les mêmes nœuds de sandales, les mêmes petits sacs. Et ça sera joli à voir. M.Az. Dolce and Gabbana kids, en vente chez Aïshti Minis, Centre-Ville, +961 1 99 11 11 ext.109

Isabelle d'Ornano, à qui l'on doit les mythiques Eau de Campagne et Eau du Soir de Sisley, nous livre cette saison sa création la plus sensuelle. Eau Tropicale – de Sisley bien sûr – nous prend par la main à travers les mystères, les dangers et les émotions de la jungle. Cette promenade commence sur des notes florales, hibiscus, frangipanier, passiflore. Elle évolue, après une légère ondée, en parfums pétillants de gingembre et de bergamote zestée. Elle s'adoucit ensuite en touffeurs de tubéreuse, de rose turque et de violette et laisse enfin sur la peau le souvenir des grands arbres, dureté du cèdre, profondeur du patchouli et sensualité des graines d'ambrette. Le vrai danger est de ne plus pouvoir s'en passer. F. A . D . Eau Tropicale, Sisley. Aïshti +961 1 99 11 11

SEXY BRIDE Qui a dit que la mariée devait être sage ? La mariée 2.0 est sexy. Sexy en diable pour convoler. Sous sa robe aussi romantique soit-elle, elle arborera un portejarretelles. Un ensemble couleur ivoire certes mais terriblement hot. Normal, c’est Agent Provocateur. M.Az. Agent Provocateur, en vente à l’ABC Dbayé, +961 4 41 60 00 ext.105

PRÉCIEUSE ROME L’adresse historique, depuis 1905, de Bulgari à Rome rouvre ses portes après un lifting signé Peter Marino. Une boutique et des salons privés qui présentent des pièces de collection et les nouveautés de la maison qui fête cette année en fanfare ses 130 ans. F.D. Via Condotti 10, Rome. www.bulgari.com

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NEWS

OR SOYEUX Dessinée par Andrea Buccellati, la nouvelle collection de bijoux « Macri Core », entièrement gravés à la main, illustre avec éclat ce travail d’orfèvre inimitable qui imprime à l’or ciselé l’aspect soyeux des vêtements haute couture. H . D . Bague « Macri Core », deux ors gravés et diamants, Buccellati.

CENT ANS DE MODE Au cours du siècle, la mode est passée de la XX e

haute couture au prêt-à-porter, des robes corsetées au tailleur-pantalon. Quatre cents publicités de la collection Jim Heimann racontent la mode ! R . B . Fashion of the 20th Century: 100 Years of Fashion Ads, de Alison A. Nieder et Jim Heimann, version iBook conçue pour l’iPad, (éd. Taschen).

PORTE-BONHEUR HIGH HEELS ET PAILLETTES “Ce soir je serai la plus belle pour aller danser” chantait Sylvie Vartan. Ce soir, elle sera la plus belle. Perchée sur ses hauts talons, elle aura dit oui. Et ce soir, elle ira tanguer sur le parquet ciré avec mari, famille et amis. La mariée sera glam. Elle sera en Jimmy Choo quelle que soit la robe qu’elle aura choisie. Parce qu’elle le vaut bien. M . A z . Jimmy Choo, rue Fakhry Bey, Souks de Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.595

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Yohanna Allouche, passionnée d’astrologie, réinvente le bijou fétiche et anime de spiritualité les talismans précieux de sa marque Y « Eyes » qu’elle diffuse dans le monde entier au sein de boutiques à l’image de son boudoir parisien. H . D . Sautoir « Nel Chance » en or et verre, Y « Eyes ». 58, rue Pierre-Charron, Paris 8 e. www.y-eyes.com


Paris, New York, Tokyo, Los Angeles, Londres, Hong Kong, Madrid, PĂŠkin, Bangkok, Shanghai, Beyrouth, SĂŠoul www.isabelmarant.com




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BOUCHE À BOUCHE 10

Rouges mats et gloss intenses subliment les lèvres versions bicolore, ombrée, dégradée, sans loi. Pour une attraction totale. Photographie BA ARD LUNDE Réal is a tion M A RION REN A RD, S T EPH A NIE N A K HL É

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BOURDIN STYLE Choc chromatique avec une bouche mate et satinée bicolore, boostée par des ongles bleu nuit étincelants. Mise en beauté Dior, avec la BB Crème Diorskin Nude 001, le Rouge Dior Trafalgar et 999, la Base Protectrice Longue Durée Base Coat, le Vernis Transat et la Laque Fixante Dior Top Coat.


SWEET COLORS La suite de la tendance « ombré lip », un patchwork de couleurs glossy jouant le rose et le rouge en alternance. Mise en beauté Dior, avec le Glow Maximizer, la BB Crème Diorskin Nude 001, le Diorskin Nude Compact Beige Clair, le Diorshow Fusion Mono Matte Songe, le Diorshow Art Pen Noir, le Mascara Diorshow Iconic Overcurl Noir, le Rouge Dior Trafalgar et 999, et le Repulpant Lèvres Dior Addict Lip Maximizer.



Rouge Couleur Couture Rose crinoline 531, Dior. Rouge Pur Couture 68, Yves Saint Laurent. Rouge 29, Vampire Kiss, Tom Ford. Rouge L’ Absolu Nu 150, Lancôme. Rouge Pure Color Long Lasting, Raspberry 56, Estée Lauder. Rouge Intense Rouge Allure Conquise 144 Chanel. Rouge , Burnt Red 9 , Bobbi Brown. Rouge Hydratant Sheers 514, Armani.

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GLOSSY PULP Le rose fuchsia boosté de pigments nacrés souligne les bouches pour plus de profondeur et de lumière. Mise en beauté Dior, avec le Pore Minimizer, la BB Crème Diorskin Nude 001, le Diorskin Nude Compact Beige Clair, le Crayon Sourcils Poudre Marron Glacé, le Diorshow Mono Ruban, le Rouge Dior Allégresse, le Repulpant Lèvres Dior Addict Lip Maximizer, la Base Protectrice Longue Durée Base Coat, le Dior Vernis Métal Montaigne et la Laque Fixante Dior Top Coat. Joaillerie d’ongles H&H Nails.


NAKED BEIGE Ou la célébration du beige so 90s avec une option nude pour la bonne mine. À adopter en teinte rose, pêche ou caramel, selon sa peau. Mise en beauté Dior, avec le Soin Anti-âge Global Créateur de Peau Parfaite Capture Totale Dream Skin, la BB Crème Diorskin Nude 001, le Diorskin Nude Compact Beige Clair, le Crayon Sourcils Poudre Marron Glacé, le Diorshow Mono Fusion Cosmo, le Mascara Diorshow Iconic Noir, le Rouge Dior Rose Crinoline, la Base Protectrice Longue Durée Base Coat, le Vernis Gris Trianon et Junon.


BEAUTÉ

MAT SANS ÉCHEC Quand l’orange néon s’impose en nouveau rouge, option feutrée, et que le beige s’affiche, version crème, en tendance ultime, on s’accorde à trouver la bonne combinaison make-up afin d’éviter les looks extrêmes. Revue de tendances et conseils. Par MARION RENARD

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ur les défilés printemps-été 2014, l’orange est le nouveau rouge et s’affiche néon chez John Galliano, Dsquared2 , John Richmond, DKNY, Rag & Bone, Creatures of the Wind ou MSGM. Le mat règne, en rouge pur et dur, chez Jean-Charles de Castelbajac, Alexis Mabille, Altuzara, Nanette Lepore, Frankie Morello ou Antonio Berardi. Quand des orientations corail embrasent les lèvres chez Thakoon et Fendi, et du rose baby flirte chez Prabal Gurung, Dolce & Gabbana ou Victoria Beckham. Plus classique, et fêtant le grand retour du beige, les lèvres frôlent le nude crème chez Burberry Prorsum, Marc Jacobs, Shiatzy Chen, Marni, Roberto Cavalli, Bottega Veneta, Versace, Moschino ou Céline. Un clin d’œil 80s : le rose presque nacré chez Allude, Maison Martin Margiela et Carolina Herrera ; version corail chez Paul & Joe et Olympia Le-Tan. Parmi les outsiders : le rose fluo chez Cynthia Rowley et Undercover, le rouge brique chez Helmut Lang et le pourpre chez Marchesa, qui prennent leurs marques hivernales en plein été. Il n’y a plus de saisons ! JAMAIS SANS MON ROUGE Même si, de toutes les matières, c’est désormais le mat qu’on préfère, la saison joue avec les rouges, gloss, baumes et crayons. Ces textures estivales sont moins contraignantes que le mat (ne supportant aucun défaut) et tout aussi couvrantes. Les baumes de couleur prônent l’hydratation, la brillance et le plaisir olfactif, et la couleur-soin sublime grâce à des pigments translucides qui rehaussent la teinte. Selon Miky, make-up artist Lancôme, « le gloss est idéal pour redonner de la vie sur des visages trop poudrés ». Au vieux conseil consistant à crayonner préalablement les lèvres avant d’appliquer son rouge au pinceau, on préférera l’astuce de Mademoiselle Chanel qui poudrait son rouge pour en atténuer l’éclat et, surtout, le faire tenir. On n’a encore rien trouvé de mieux ! MORPHOBEAUTÉ Il semblerait que les make-up artists donnent de moins en moins de directives quant aux couleurs à utiliser. La texture d’un rouge à lèvres doit épouser la bouche avant

tout. Quelques règles continuent cependant de sévir : non aux teintes foncées mates sur les bouches fines car, sans brillance, elles rapetissent les lèvres, mais oui au néon. On évite également le gloss sur des lèvres pulpeuses (effet poupouffe garanti), sauf si on l’applique au doigt au cœur des lèvres. Quant à cette fameuse couleur beige trendy, elle n’est pas idéale pour les teints pâles, à moins de la booster avec un charbonneux sur les yeux, le look edgy de l’été par excellence. Mais on apprécie plus que tous les pigments d’un rouge à lèvres rouge frotté ou tapoté au doigt, comme le conseille Jessica Chastain dans nos pages ! OMBRE ET LUMIÈRE Attention cependant à maîtriser la couleur si votre sourire n’est pas nickel ! On pourrait croire que plus le rouge à lèvres est foncé, plus les dents vont paraître blanches. C’est faux, les pigments forts ne font que souligner davantage les défauts de la dentition… Claire Blavet, make-up artist Chanel, conseille, si on a les dents avec une légère tendance jaune, de « bannir le violet, qui accentue le phénomène étant donné qu’il est sa couleur complémentaire ». Idem avec les rouges à lèvres orange, corail ou coquelicot qui ne seront pas flatteurs. « Sur des dents grises ou beiges, il faut éviter les bruns, qui vont affadir. Un brun, c’est comme un orangé-jaune, il ne donne aucun peps au sourire. » Par contre, réjouissez-vous : le rose est permis ! « Plutôt bonbon et pas trop abricoté, pour apporter à la bouche clarté et fraîcheur. » Mais la vraie solution, c’est un rouge un peu basique, ni trop chaud ni trop froid, avec peu de bleu dedans. « Le bleu va rehausser le blanc – un peu comme les fameuses gouttes bleues qu’on met dans l’œil, ou le dentifrice Émail Diamant qui possède cette petite pointe de bleu qui atténue le jaune des dents. » Sachez aussi que les gloss sont une bonne alternative pour des dents un peu marquées : ils vont faire briller la bouche et attirer la lumière dessus. À choisir légèrement pigmenté, surtout pas orangé, ni scintillant, ni pailleté, ni doré (toujours à cause du jaune). Bref, n’oubliez pas : il paraît qu’on n’est jamais complètement habillé tant qu’on ne porte pas le sourire. Vous savez ce qu’il vous reste à faire !

Modèles : Éloïse, chez Oui Management, et Tara Jean, chez Major Maquillage : Damian Garrozzo assisté d’Aya Murai Manucure : Brenda Abrial Coiffure : Hélène Bidart Assistant photo : Mikael Fakhri

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TENUE À CARREAUX Avec son nouveau parfum, Burberry bat la mesure. Brit Rhythm pour femme incarne une nouvelle ère tout en restant dans le droit fil de l’histoire de la maison. Par ANTIGONE SCHILLING

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vec Christopher Bailey, directeur général de la création et aussi PDG, Burberry a repris les activités cosmétiques dans son giron. Ce nouveau parfum incarne une signature olfactive où les codes demeurent fidèles au patrimoine et à l’histoire depuis la création de la marque en 1856. Elle est anglaise par essence, so british, et le revendique. Le choix du nom Brit inscrit le parfum dans la géographie d’Albion tandis que Rhythm implique un lien fort avec la musique. LAVANDE ANGLAISE Le choix des ingrédients évoque un charme à l’anglaise, l’esprit d’un jardin délicat (absolu de fleur d’oranger, iris) où s’épanouit la lavande, senteur typique des fragrances britanniques et de leur fraîcheur. Nathalie Cetto et Antoine Maisondieu ont ainsi imaginé un nouveau floral poudré ajoutant en fond du vétiver, des muscs et des bois vibrants. L’accent british du nouveau parfum fleurit dans un flacon sur lequel est gravé à l’oblique le fameux carreau. Le tartan iconique est revisité, twisté avec la même distance que dans les accessoires, loin du motif emblématique classique sans doute trop vu.

TRENCH TRADITION Mais Burberry ne néglige pas les valeurs qui ont fait son histoire et ses emblèmes. Le trench se renouvelle et créé toujours l’événement avec des manifestations comme The Art of Trench. Du nom du nouveau parfum, Christopher Bailey disait : « Sexy et provocante, Brit Rhythm s’inspire de l’euphorie et de l’adrénaline que procurent la musique live ainsi que l’énergie presque électrique de la foule lors d’un concert. » En complément mode, une collection capsule rend hommage au parfum et met à l’honneur le blouson de cuir, on the rock ! Brit Rhythm pour femme écrit une nouvelle page beauté live, une mise à carreaux des codes maison très british, entre tradition et innovation. So Burberry. Eau de toilette Burberry Brit Rhythm (90 ml), Burberry.

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Des images de la campagne imaginée par Christopher Bailey, avec la Britgirl Suki Waterhouse.

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LIVE & LOUD Avec le nom Rhythm, Christopher Bailey souhaite renforcer les liens puissants de la maison avec la musique. Des concerts ont déjà lieu dans la boutique de Regent Street et les campagnes de pub ont des allures de clips. Depuis 2010, Burberry Acoustic met en avant les talents émergents de la scène musicale anglaise : Clare Maguire, Eliza and the Bear, Lewis Watson… L’égérie du nouveau parfum est Suki Waterhouse, accompagnée de George Barnett, batteur de These New Puritans et déjà héros de la version homme. Très présent sur les réseaux sociaux et toujours à la pointe de la technologie, Burberry lance en 2010 le premier défilé en 3D puis le service Runway Made to Order (commande de modèles dès leur présentation).


AG E N T P R O V O C AT E U R . C O M

A B C D B AY E H M A L L , G R O U N D F L O O R , L E B A N O N T. 0 4 4 1 7 2 1 7


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LES SORTILÈGES DE L’INDE DANS UN FLACON C’est la nuit. Un cortège roule en silence le long des entrelacs qui mènent au fort de Jaigarh surplombant les jardins moghols d’Amber. C’est dans l’intimité de cette ville fortifiée, abandonnée depuis le 18e siècle au profit de Jaipur, que Bulgari a choisi de célébrer son 130e anniversaire, lançant par la même occasion son nouveau parfum Omnia Indian Garnet, le cinquième de la ligne Omnia. Un jus floral et boisé, frais comme un matin de printemps, composé par Alberto Morillas.

Des éléphants caparaçonnés et parés, avec leurs cornacs, de leurs plus beaux atours, montent la garde. Dans les dédales de la forteresse et de son arsenal désert, il faut suivre le parcours tracé par les flambeaux, les jeux de lumières, les groupes de musiciens et les danseuses surgis de nulle part dans un silence sacré. En contrebas, des dizaines de milliers de lucioles électriques relient la terre au ciel étoilé. De petits groupes se forment dans ce jardin écrin embué de rosée crépusculaire. Alberto Morillas, le “nez” d’Omnia Indian Garnet éclipserait presque la sublime Edita Vilkeviciute, égérie de cette fragrance lumineuse. La présence d’”Alberto” est décidément magnétique. On songe irrésistiblement à Jean-Baptiste Grenouille, le héros du Parfum de Patrick Süskind. Mais rien de sulfureux chez ce flamboyant sévillan qui, après des études aux Beaux Arts de Genève, décide, à la lecture d’un article dans Vogue sur Jean-Paul Guerlain, de se vouer à l’art éclectique de la parfumerie en s’engageant comme apprenti chez Firmenich. Entré en 1970, à 22 ans, dans cette entreprise de parfumerie fine, il ne l’a plus vraiment quittée. Une dizaine d’année plus tard, il signe le “Must” de Cartier. Un parfum qui fera décoller sa carrière. Ce seront ensuite Byzance, CK One, Pleasures, Acqua di Gio dont il dit “je voulais créer un parfum qui évoque le ciel et la mer, un parfum frais avec une nuance de pastèque”, et bien d’autres bestsellers. Prix François Coti du meilleur parfumeur en 2003, Morillas est surtout à la tête de la création des fragrances Omnia de Bulgari dont le flacon évoque le symbole de l’infini avec sa forme en “8”. Une allusion à la Grèce antique qui rappelle les origines helléniques de la célèbre maison joaillière. En plus de la chimie et de l’alchimie des senteurs, il possède le talent des mots. Il n’y a qu’à l’écouter raconter… 70

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À gauche, Alberto Morillas. En haut à droite, le parfum Omnia Indian Garnet et son tableau olfactif.

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P a r F. A . D .


LE GRENAT INDIEN, UNE GEMME AU CŒUR DE BRAISE “Bulgari, qui est avant tout une maison de joaillerie, a une longue tradition d’échanges avec l’Inde. A la veille de son 130e anniversaire, un hommage allait de soi. Bulgari a voulu le rendre à ce pays, qui est presque un continent, au moyen d’un parfum. L’Inde est un pays où les contrastes sont si violents que parfois, aussitôt arrivé, on est tenté d’en repartir. Mais c’est sous-estimer l’attachement qui se crée presque à l’insu de soi-même. Pour moi qui viens souvent y chercher des essences, cette culture magnifique est d’abord symbole de chatoiements, de textures, de froissements de soie. Je suis parti du grenat indien à cause de sa couleur radieuse, entre le safran et la mandarine méditerranéenne, qui évoque pour moi les couchers de soleil sur ma ville natale, Séville. La couleur est déjà une première impression de la senteur. Quand on voit une banane, verte ou mure, on sait tout de suite quelle va être son odeur. De même, quand on voit une orange, on la sent déjà. Pour composer un parfum autour du grenat indien, je suis parti de la mandarine de Sicile et le citrus qui ouvrent la fragrance sur une note hespéridée. Pour le cœur, je me suis posé un défi, celui de m’attaquer à la tubéreuse. Il est très difficile de réécrire quelque chose de nouveau autour de la tubéreuse. C’est une fleur passionnante, presque criminelle, avec une forte personnalité. On peut la haïr ou l’adorer. C’est aussi une fleur nocturne dont le parfum ne s’exprime vraiment qu’après le coucher du soleil. A mesure qu’elle se fane et s’oxyde, elle devient de plus en plus amère, verte, virulente, agressive comme une femme qu’on ne peut plus dominer. Pour la tubéreuse indienne qui compose ce parfum, nous avons capturé la fraîcheur des pétales au moment de l’éclosion, à la température exacte où elle est encore douce et docile. Je lui ai opposé l’osmanthus, une fleur de jour, voluptueuse, suave, avec une peau de soie, pour refléter justement les contrastes de l’Inde. Au fond de cette composition, on trouve une note épicée, celle du safran iranien que l’on cueille pistil par pistil et qui donne une amertume iodée à la composition. Pour continuer le cheminement dans l’Inde, et parce qu’il faut une note boisée pour poser cet édifice délicat, j’ai voulu du santal. Mais le santal de Mysore, mon préféré, est désormais protégé. J’ai donc créé

un santal différent à base de cypriol (extrait du jonc du papyrus), une essence que j’avais déjà utilisée il y a très longtemps et qui contient une note safranée. Enfin j’ai associé tout ce safran au musc pour une touche solaire, sensuelle, profonde.” LA SIGNATURE D’ALBERTO MORILLAS “Comme tous les parfumeurs, j’ai ma façon personnelle de créer mes formules. Mais aujourd’hui, je suis sans doute le seul à écrire ces formules à la main. Je n’utilise pas d’ordinateur. Le fait de rédiger me permet de sentir. Le parfum est comme la danse, une création spontanée. Quand la musique se lève, chaque danse est unique. On reconnaît ma signature à la petite mélodie qu’on a tout de suite dans la tête quand on sent un parfum qui en évoque un autre sans l’évoquer. Je travaille à coup d’émotions, ce n’est jamais rationnel. J’aime l’idée de pouvoir, à travers le parfum, rendre la beauté accessible à tous les hommes et toutes les femmes, de permettre à leur âme de s’exprimer spontanément, sans discours. Le parfum le plus sensuel est celui de la peau d’une femme. A l’infini. Il permet de faire rayonner cette chose impalpable qu’est l’amour. Un parfum réussi est d’ailleurs comme une seconde peau, un bouclier qui protège. Je me parfume avant de dormir. Le lendemain, le cœur de mon parfum palpite encore. Un parfum se transforme pendant la journée et de manière différente durant la nuit. Quand je suis tendu ou loin de mon environnement familier, il me rassure, m’apaise comme si j’étais dans les bras de quelqu’un que j’aime. Je trouve étranges les personnes qui me disent être fidèles à un parfum. On peut être fidèle à une femme, mais à un parfum, quel intérêt? Il y a tant de créations, tant de fragrances sublimes à découvrir, pourquoi s’en priver? Ce serait comme de dire “Je suis fidèle à une musique, je n’en écoute pas d’autres. Ou bien: je suis fidèle à un auteur, je n’en lis pas d’autres”. Il sourit, ajoute qu’il a une grande admiration pour les Libanais, “des gens courageux avec une grande force de caractère”, et les Libanaises, “des femmes belles qu’Elie Saab s’attache à sublimer”. Ses paupières se plissent sur son regard bleu. Il allume une cigarette. Morillas fume et se parfume, avec une prédilection pour le santal. AVRIL 2014

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WAVY

La saison se veut légère misant le tout sur un carré flou, wavy, celui dont tout le monde a envie. La coupe de ce printemps fête son avènement. Bohème et chic. Photographie BA ARD LUNDE Par MARION RENARD

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ur le défilé printemps-été 2014 Alexander Wang, le hairstylist Guido Palau proclame le beachy hair, vu aussi sur les shows Lacoste, Hervé Léger, Jeremy Laing, Blumarine, Paul Smith et même, version grunge, chez Saint Laurent par Hedi Slimane ou Versace… Vaporeux, flou et aérien, à mi-chemin

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entre les tendances saut du lit et retour de plage, il minimise les contraintes de coiffage – il suffit de froisser les cheveux, twister les mèches avec force spray à base d’eau de mer ou mousse coiffante. Un avantage pour les cheveux fins dont la crinière gagne en volume et la coupe de ce printemps, bohème et chic. Nouvelle vague…


AU CARRÉ Décomplexé, le wavy se porte aussi « frangé » comme vu sur Milla Jovovich ou Alexa Chung… Coiffure avec le Lait Luminescence et Spray Algues et Fleurs, Leonor Greyl. Mise en beauté Dior, avec Diorskin Nude BB Crème, Crayon Khôl Noir, Palette 5 couleurs Trianon Edition Pastel Fontanges et Rouge Dior Rose Crinoline.

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SOPHISTICATED BOOM BOOM Des ondulations travaillées au fer et déliées à la brosse pour un fini plus propre, plus chic. Coiffure avec Spray coiffant protecteur spécial brushing Condition Naturelle et Sérum de Soie Sublimateur, Leonor Greyl. Mise en beauté Dior, avec Capture Totale Dream Skin, Fond de teint Diorskin Nude Éclat Beige Clair et Rouge Dior Trafalgar.


NATURAL HIGH Sans effort, le cheveu se place et épouse les formes du corps. Pour les adeptes du «low» maintenance ! Coiffure avec Spray coiffant protecteur spécial brushing Condition Naturelle et Sérum de Soie Sublimateur, Leonor Greyl. Mise en beauté Dior, avec Capture Totale Dream Skin, Diorshow Mono Bikini et Gloss Dior Addict Pétillante.


C’EST DANS L’HAIR Flou, il donne l’impression d’épaissir la matière cheveu, idéal pour les têtes en manque de matière. Coiffure avec la Mousse au Lotus volumatrice et éclat naturel, Leonor Greyl. Mise en beauté Dior, avec Diorskin Nude BB Crème, Crayon Khôl Noir, Palette 5 couleurs Trianon Edition Pastel Fontanges et Rouge Dior Rose Crinoline.


WET, WET, WET Texturisé, « beachy », c’est la version « sable et mer » que l’on préfère… l’été ! Coiffure avec le Lait Luminescence et Spray Algues et Fleurs, Leonor Greyl. Mise en beauté Dior, avec Diorskin Nude BB Crème, Mascara Diorshow Iconic Overcurl Noir, Diorshow Mono Ruban et Gloss Dior Addict Pétillante. Modèle Natallia Krauchanka chez Elite Stockholm Coiffure Hélène Bidart Maquillage Carole Colombani Manucure Alexandra Leforestier Assistant photo Mikael Fakhri

LES MAÎTRES DU CARRÉ WAVY David Lucas Toutes les rédactrices beauté passent par lui dès qu'il s'agit du wavy ! Le beau David Lucas possède l'art du ciseau et ses brushings résistent à toutes les météos et intempéries… Glam et chic. 20, rue Danielle-Casanova, Paris 2e, tél. 01 47 03 92 04. www.davidlucas.fr David Mallet Ce hairstylist australien est le pro des coiffures en deux temps trois mouvements et des coupes adaptées à nos humeurs, le style en plus. 14, rue Notre-Dame-des-Victoires, Paris 1er, tél. 01 40 20 00 23. www.david-mallett.com

Franck Provost Parce que lorsque l'on a ça dans sa fibre capillaire, on se passe la coif fure de père en fils (de Franck à Fabien), et que la famille Provost n'a pas son pareil pour faire un nouveau look en trois coups de ciseaux ! www.franckprovost.com

Samuel Rocher Technicité et modernité pour ce coif feur, de retour du Portugal et des États-Unis, habitué à réveiller les coupes en berne dans son salon-institut spacieux et feutré. 24, avenue d'Iéna, Paris 16e, tél. 01 84 86 05 70. www.samuelrocher.com

Marisol Spécialiste de la coupe à sec, Marisol aime les coif fures simples et jolies qu'elle exerce dans cette ex-adresse confidentielle, salon de coif fure-atelier, qui figure désormais dans les incontournables. 33 ter, rue des Tournelles, Paris 3e, tél. 01 44 61 18 34. www.studiomarisol.com

An Gel Jérôme Guézou, coiffeur-ambassadeur L'Oréal Professionnel, aime certes les looks les plus extravagants mais sait s'adapter au style de ses clientes dans ce salonconcept-store rare de l'ouest parisien. 76, rue Pierre-Demours, Paris 17e, tél. 01 42 27 60 60. www.angelstudio.fr


Beirut 225 rue Foch Downtown Solidere - tel. 01.991111 Ext 500

A誰shti Downtown Beirut - tel. 01.991111


A誰shti Dunes Center Verdun Street - tel. 01.793777

A誰shti Seaside Jal El Dib Highway - tel. 04.717716


BIJOUX

DOLCE LUCIA

Nouvelle directrice de création de Bulgari, Lucia Silvestri eut longtemps la charge délicate d’acquérir les pierres précieuses pour le joaillier romain. Rencontre avec une femme lumineuse et passionnée. P a r H E R V É D E W I N T R E

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spectaculaire de la totale confiance qu’ils avaient en elle. « Si je devais donner un conseil aux jeunes qui voudraient faire ce travail, ce serait d’obtenir un diplôme en gemmologie. Vous apprendrez à connaître et reconnaître les pierres, à distinguer si elles sont vraies, fausses, synthétiques et vous allez acquérir des bases scientifiques. Ensuite, travaillez dans une bonne maison pour avoir la possibilité de regarder les pierres. Mais avant tout, gardez toujours à l’esprit que tout est affaire de passion : cela fait trente-quatre ans que je fais ce travail et je suis toujours aussi émue. » Il y a tout juste quelques mois, Lucia a réalisé ce rêve en devenant directrice de la création des bijoux Bulgari. JOYAUX DES QUATRE SAISONS En juillet dernier, pendant les défilés de haute couture à Paris, Bulgari a présenté une collection de joaillerie grandiose baptisée « Diva ». La collection doit beaucoup à l’expertise et l’œil passionné de Lucia. L’énergie rayonnante de l’été est capturée dans un collier en or jaune serti d’émeraudes, de grenats mandarins et d’améthystes. Ce collier inspire aujourd’hui une minicollection de pièces uniques sur lesquelles toutes les opportunités chromatiques des pierres précieuses, somptueusement taillées et gravées de nervures réalistes, sont exploitées pour exalter la magie des quatre saisons. Les nuances douces et rousses de l’automne sont évoquées par les tourmalines et les améthystes ; l’hiver, les feuilles se couvrent d’un pavage scintillant de diamants givrés tandis que la renaissance de la nature au printemps s’incarne dans une création en or rose, mêlant tourmalines et péridots dont les verts lumineux forment un saisissant contraste avec le violet des améthystes.

Ci- dessus, « Caprice à Portofino », collier haute joaillerie en or jaune avec 9 émeraudes incurvées et gravées en forme de feuille, 23 grenats mandarins incurvés et taillés en forme de feuille, 23 améthystes incurvées et taillées en forme de feuille, 9 diamants taille brillant et pavé de diamants, collection «Diva», Bulgari, prix sur demande. Au-dessus, Lucia Silvestri. Page de droite, son atelier, à Rome.

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ucia Silvestri fut confondue de surprise et d’admiration lorsqu’elle pénétra pour la première fois dans le département gemmologie de Bulgari. Son entrée chez le très réputé joaillier s’était un peu faite par hasard, elle avait 18 ans. « J’ai travaillé comme secrétaire pendant quelques mois puis je me suis retrouvée au service des pierres et je suis tombée complètement amoureuse. Toutes ces nuances, cette énergie, je ne savais pas que des gemmes aussi belles pouvaient exister. » Elle choisit alors de quitter ses études et de vivre pleinement sa passion pour ces miracles de la nature. « Messieurs Bulgari cherchaient une personne jeune, avide de connaissances et de travail, et ils sentirent probablement l’amour que j’avais pour les pierres. J’étais simplement à la bonne place au bon moment, dit-elle modestement. Ils m’ont tellement enseigné ! J’ai commencé à les suivre, à voyager avec eux. C’est comme ça que j’ai appris tout ce que je sais aujourd’hui pour vous dire la vérité. Pour la haute joaillerie, on part toujours de la pierre. Notre rôle consiste alors à faire une sélection très soignée. Nous demandons tout d’abord à les recevoir ici à Rome, dans nos locaux, nous les accumulons, puis nous prenons le temps de réfléchir. Trouver les bonnes pierres est un processus long et difficile. Même si nous avons une idée de ce que nous voulons, nous devons être convaincus que la combinaison des couleurs est juste, que le design est juste. Cela prend des mois, parfois des années. » Le cheminement est d’autant plus long que le joaillier romain place très haut la barre de l’excellence. « Quand il s’agit de pierres de couleur par exemple, la teinte est l’élément déterminant car c’est ce qui frappe de prime abord. Puis, nous regardons la pureté : une pierre peut avoir des inclusions mais elles ne doivent pas être trop évidentes, il faut qu’elles soient positionnées intelligemment. Puis intervient la taille qui doit être parfaite. Quand ces trois composantes sont réunies, la pierre devient soudain intéressante pour Bulgari. » Avant de prendre la responsabilité complexe et délicate des achats de pierres précieuses, Lucia passa de nombreuses années à sélectionner les pierres fines achetées par la famille. « C’était au milieu des années 1980, il n’y avait que cinq boutiques Bulgari dans le monde. Seul un cercle restreint de membres de la famille pouvait participer à la création d’un bijou. » Intelligente et observatrice, Lucie agrandira bientôt ce cercle. « L’une des premières choses que j’ai apprises, dit Lucia, c’est l’art de savoir acquérir des gemmes, avant même la conception du bijou. Cela permet de développer une créativité au contact même de la pierre. » Après des décennies d’apprentissage, elle consolida son autonomie, voyageant parfois seule, décrivant par téléphone la taille et la couleur de la pierre découverte aux frères Bulgari : une preuve



BIJOUX

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MILLE FEUX

Tout ce qui brille n’est pas or… On se contentera de diamants, alors !

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Roberto Cavalli

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1. Bracelet « Atame » en or blanc et diamants blancs, George Hakim. 2. Jonc « Spine » en or blanc et diamants blancs, AS29. En vente chez Sylvie Saliba. 3. Bracelet en or blanc 18 carats serti de 118 diamants taille brillant, collection « Plume de Chanel », Chanel Joaillerie. 4. Jonc « Serpent » en or blanc et diamants blancs, Djula. En vente chez Sylvie Saliba. 5. Bracelet « Premiers liens croisés XS » en or blanc pavé de diamants taille brillant, Chaumet. En vente chez Sylvie Saliba. 6. Bracelet « Perlée trèfle » en or blanc et diamants, Van Cleef & Arpels. 7. Bracelet « Serpenti un tour » en or blanc et pavé de diamants, Bvlgari. 8. Bracelet « Flower of Eternity » en or blanc et pavage diamants, Mouawad. 9. Bracelet « Juste un clou XL » en or gris et diamants, Cartier. 10. Bracelet « Impression domino » en or blanc et diamants, Dinh Van. En vente chez Sylvie Saliba. 11. Bracelet « Bois de Rose » en or blanc et diamants, Dior Joaillerie. En vente chez Cadrans.

Fendi

R é a l i s a t i o n E M I LY M I N C H E L L A , STEPHANIE MISSIRIAN

PHOTOS STEFAN ZSCHERNITZ, MARCIO MADEIRA, DR

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BIJOUX 1.

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MÉTAL ÉBLOUISSANT

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Éclosion d’argent, d’acier, de titane et de diamants… Joli temps gris ! R é a l i s a t i o n E M I LY M I N C H E L L A , STEPHANIE MISSIRIAN

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PHOTOS ANDREAS, MARCIO MADEIRA, DR

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1. Montre «Link Lady ».. Boîtier en acier inoxydable avec diamants, ydable, TAG bracelet en acier inoxydable, Heuer, Agent Exclusif Atamian 2. Montre « Tradition » 26 mm en or blanc et diamantss ent taille brillant, mouvement extra-plat mécanique à dex remontage manuel, index diamants, Piaget. 3. Montre « Tortue » moyen modèle en or gris, mouvement mécanique à rtier. remontage manuel, Cartier. (Lancement en juin.) 4. Montre « Dior VIII Montaigne » en acier ett sé diamants, cadran brossé soleil, mouvement automatique, Dior Horlogerie. En vente chez Cadrans. (Lancement en juillet.) 5. Montre « Tambour Hologram Monogram Acier », mouvement er, quartz, bracelet en acier, ie. Louis Vuitton Horlogerie. ute 6. Montre « Nautilus Haute Joaillerie » en or blanc et diamants, mouvement ge mécanique à remontage hilippe. automatique, Patek Philippe. En vente chez Cadrans.. us 7. Montre « Rendez-Vous mants, Night » en acier et diamants, eà mouvement mécanique ue, remontage automatique, Jaeger-LeCoultre. ion » 38 8. Montre « Classic Fusion ent à mm en titane, mouvement ue, Hublot. remontage automatique, 9. Montre « Liens », en acier, aumet. sertie de diamants Chaumet. En vente chez Cadrans.. 10. Montre « Serpenti » 1 tour en artz, Bvlgari. acier, mouvement à quartz,

Antonio Berardi

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PHOTO JASON LLOYD-EVANS

STYLE

Le style « body conscious » serait-il le nouveau noir ? Après une décennie de coloris sombres et de formes couvrantes, l’anatomie refait son apparition dans la mode à travers des créations moulantes et de nouvelles transparences… P a r P AT R I C K C A B A S S E T

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Hervé Léger

corps, sans avoir pour autant envie vie de l’exposer à outrance hors des salles réservées vées à cet effet. C’est aussi pourquoi le nouveau sexy xy est davantage influencé par la sagesse du style Azzedine zzedine Alaïa, par exemple. Le récent succès de son expo xpo parisienne au musée Galliera – 123 000 visiteurss venus du monde entier – prouve le potentiel, jamais is totalement disparu, de ce désir sexy. Tout en démontrant émontrant qu’on n’efface pas du jour au lendemain l’envie de pureté née dans les années 2000. Plus concrètement, Stella McCartney, entre autres, parle de « understated seduction » au sujet de sa collection de l’été 2014 : un besoin de séduction discrète qu’elle exprime à travers des mélanges de dentelles de couleurs. Des entrelacs décoratifs jusqu’alors ignorés par la créatrice rock. Mais cette saison, toutes les collections affichent des dentelles, des résilles et autres textiles issus de la lingerie, idéalement retravaillés pour le prêt-à-porter. Chez Alexander McQueen, Sarah Burton pare ses harnais fétichistes et ses bustiers soutien-gorge de décors ethniques, de frises tribales ou de plumes dansantes. Dans la plupart des

PHOTOS CLAUS WICKRATH, MARCIO MADEIRA, DR

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ody conscious ? C’est le mot de passe de la saison. Idéal pour décrire une nouvelle approche du corps dans la mode, mais surtout un déferlement inattendu de chairs apparentes, de transparences, de corps moulés et révélés, en un mot – légèrement démodé – mais si sexy ! Traduire le syntagme anglo-saxon body conscious par une simple « conscience du corps » serait cependant passer à côté de la tendance. Car si l’ombre des caleçons imprimés moulants en Lycra et de leurs micro-T-shirts assortis des années 1980 menace à nouveau le style, aucune femme sensée ne semble prête à renoncer d’un coup aux formes couvrantes et enveloppantes imaginées depuis vingt ans par les couturiers japonais puis belges. Même en cette année du bicentenaire de la mort du marquis de Sade*, les minijupes trop démonstratives et autres épreuves stylistiques affligeantes qui feraient du nu même un rempart contre l’indécence, ne sont pas d’actualité. De plus, deux décennies de pratique des sports, plus ou moins intenses, sont passées par là, qui nous ont fait prendre conscience de l’importance du

Balmain

Chloé Chl hloé

Fendi

Dior

Cape en cuir riveté d’Azzedine Alaïa sur une blouse en dentelle de Kenzo, dans « L’Officiel » en 1982.

Giambattista Valli

STYLE


Isabel Marant

Dolce D olce & Gabbana G

Stella McCartney

collections, la taille soulignée si chère à Alaïa et les ventres nus des nouveaux cropped tops sont assagis de jupes évasées très décentes. Nés dans l’univers du sport, les tissus techniques permettent également des découpes au laser, des formes moulantes et structurantes à la fois ou de fausses transparences qui ne remettent pas en cause le respect des conventions « habillées ». C’est là que se niche la subtilité de cette mode qui nous prend soudain à bras-le-corps. Si elle invite à dévoiler davantage la morphologie féminine

Cette saison, toutes les collections affichent des dentelles, des résilles et autres textiles issus de la lingerie.

Fendi

Marc Jacobs

que durant ces dernières années, elle ne renonce jamais à un sentiment de pudeur affirmé, de minimalisme et de sagesse qui ont fait leurs preuves tout au long des années 2000. Le mauvais goût des tenues « dentelisées » et volantées de Madonna dans Recherche Susan désespérément n’est donc pas complètement d’actualité. À part dans des collections hypersexualisées comme Zana Bayne à New York, qui restent des épiphénomènes, les années sida, qui ont succédé au succès du film, semblent avoir calmé les ardeurs sexuelles trop démonstratives. Depuis, le corps ne s’offre plus en pâture aux regards : l’œil le savoure à travers des empiècements savamment voilés ou dévoilés et des courbes délicatement soulignées, voire à peine gainées. Ici, la chair ne s’expose pas pour s’abandonner sans discernement, mais plutôt pour affirmer son droit à disposer d’elle-même… Body conscious on vous dit ! * À lire : « Sade : L’Amant des Lumières », de Jean-Pascal Hesse (éd. Assouline).

Burberry Prorsum

Dior

Enchevêtrement de harnais extrêmes chez Zana Bayne.

Gucci

Ceinture corset Azzedine Alaïa été 2014, escarpins en dentelle Gianvito Rossi.


STYLE

Rag & Bone

Saint Laurent

Equipment

Inez And Vinoodh

Sarah’s Bag

Le choix de…

Dior

MALAK

Casual en journée, plus sophistiquée le soir, Malak Beydoun, la directrice de création de L'Officiel Levant et de Aïshti Magazine, ne prend pas la mode au sérieux, mais avoue un faible pour Yves Saint Laurent. Elle nous propose son choix. Un choix simple et élégant. Sensuel.

Bottega Veneta

Gianvito Rossi

Saint Laurent

Saint Laurent

Saint Laurent

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Burberry

Yves Saint Laurent Moschino

Maison Martin Margiela Azzedine Alaïa

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PHOTOS RAYA FARHAT, DR

Gianvito Rossi



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FASHION ICONS Trois figures incarnent les tendances fortes de la saison, du swing disco à la classe marine. Oh les beaux jours ! Réalisation LISA JOUVIN Photographie STEFANO BIANCHI

JERRY HALL Pochette « Cayla » en serpent d’eau métallisé, Jimmy Choo. Palette « Pivoine Crush », édition limitée, Yves Saint Laurent. Sandales en daim multicolore et talons métallisés, Gucci. Bracelets en résine, Lanvin.

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zagliani.it

A誰shti Downtown Beirut 01. 99 II II


STYLE

BEYONCÉ Grand sac « Lady Dior » en python peint à la main, charm’s gainés de python, Dior. Sandales « Dido » en serpent d’eau, Jimmy Choo.

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LAUREN BACALL Minaudière en Plexiglas, Charlotte Olympia. Minaudière en toile de coton brodée, feutre de laine et fil de soie, boîtier en laiton doré, Olympia Le-Tan. Blush crème « Intonation », Chanel. Escarpins « Just Soon », Christian Louboutin.

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STYLE MUSE FAUVISTE Sac « Trapèze » en cuir, Céline. Rouge Allure 97 Incandescente, Chanel. Pochette monogramme en cuir, Saint Laurent par Hedi Slimane.Escarpins « Eyeline » en cuir veau glacé, Louis Vuitton.

HAUT EN COULEUR Bleus des mers, roses bonbon ou jaunes acides, les accessoires haussent le ton. Réalisation LISA JOUVIN Photographie STEFANO BIANCHI

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BELLE DE JOUR Sac « Petite 2JOURS » en cuir, Fendi. Palette Trianon, Dior. Escarpins en cuir, Pierre Hardy. Sac en cuir et Plexiglas, Chanel.

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TENDANCE 2.

Emilio Pucci.

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FIÈVRE TRIBALE Des matières nobles et des coupes franches nches pour les princesses de la jungle urbaine. ine. R é a l i s a t i o n M AY S S A F AYA D , L I S A J O U V I N

1. Louis Vuitton. 2. Gucci. 3. Marni. 4. Isabel Marant. 5. Jimmy Choo. oo 6. Burberry Prorsum. 7. Collier Aurélie Bidermann. 8. Balenciaga. 9. Jimmy Choo. 10. Jitrois. 11. Azzedine Alaïa. 12. Fendi.

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PHOTOS RAYA FARHAT, MARCIO MADEIRA, DR

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TENDANCE 2. 1.

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Hermès 10.

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URBAN TROPIC Couleurs flamboyantes et feuillages luxuriants égaient nos sorties en ville. R é a l i s a t i o n M AY S S A F AYA D , L I S A J O U V I N

14. 1. Prada. 2. Miu Miu 3. Charlotte Olympia. 4. Mary Katrantzou. 5. Jimmy Choo. 6. Dior Joaillerie. 7. Carven. 8. Moschino Cheap & Chic, . 9. Dries Van Noten. 10. Roberto Cavalli. 11. Dolce & Gabbana. 12. Fendi. 13. Stella Mccartney 14. Jimmy Choo.

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PHOTOS RAYA FARHAT, MARCIO MADEIRA, DR

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TENDANCE 1.

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Marc by Marc Jacobs. 11.

Pour arpenter la ville avec légèreté quand les beaux jours seront revenus.

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R é a l i s a t i o n M AY S S A F AYA D , L I S A J O U V I N

1. Rag & Bone. 2. Saint Laurent. 3. Diesel. 4. Brian Lichtenberg. 5. Balenciaga. 6. Chloé. 7. T by Alexander Wang.8. Saint Laurent par Hedi Slimane. 9. Chanel. 10. Prada. 11. Fendi. 12. Emilio Pucci. 13. Elizabeth and James.

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PHOTOS RAYA FARHAT, MARCIO MADEIRA, DR

SPORTY CHIC



STILETTO SHOW 106

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LE SILLA CHARLOTTE OLYMPIA

Fleuri, multicolore, sage ou arty, l’escarpin se porte sur un pied habillé de soie pour accueillir le printemps. R é a l i s a t i o n M AY S S A F AYA D P h o t o g r a p h i e R AYA F A R H AT

DSQUARED 2

DIOR SAINT LAURENT

JIMMY CHOO

MIU MIU

GIANVITO ROSSI

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DOLCE & GABBANA ROBERTO CAVALLI

ÉCRAN DE FUMÉE 108

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Six propositions pour voir sans être vue. Tout en étant remarquable… Réalisation LISA JOUVIN Photographie SABINE VILLIARD

MODÈLE OLIVIA PIRES, COIFFURE MEDHI, MAQUILLAGE JABE. VESTE SAINT LAURENT PAR HEDI SLIMANE

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STYLE

PRENEZ UNE VESTE

Profil de trois pièces mythiques à garder dans son vestiaire pour parer à toute éventualité de style. P a r P AT R I C K C A B A S S E T, P h o t o g r a p h i e S A B I N E V I L L I A R D , R é a l i s a t i o n L I S A J O U V I N

LE SMOKING SAINT LAURENT PARIS Objet de scandale en 1966, cette veste est devenue un basique. Reprise par Hedi Slimane, on la porte le jour avec un pantalon et le soir, pourquoi pas jambes nues ! 110

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LA PETITE VESTE DE TAILLEUR CHANEL Déclinée à l’infini par Karl Lagerfeld, la petite veste minimaliste en tweed s’adapte à tous les styles. Un indémodable : « Hors du temps, donc de tous les temps », dit-il.

MODÈLE : OLIVIA PIRES CHEZ CITY, COIFFURE : MEDHI, MAQUILLAGE : JABE.

LA VESTE « BAR » DE DIOR Emblème du New Look, la veste « Bar » de Christian Dior naît en 1947. Ses formes sensuelles invitent au flirt… Un argument fascinant repris par Raf Simons.



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Dior

Dior

Chanel

Chanel

LA BASKET

Back to the 90’s. Il y a une vingtaine d’année, les cours de (ré)création furent envahies par la mode de la basket. Mode lancée principalement par New Balance qui squatte à nouveau nos placards. Chanel et Dior créent le buzz cette année. Tant mieux car si l’adage anglais dit “better look good than feel good”, cette fois-ci c’est “ feel good”.

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t un, deux, trois et quatre. Cinq, six, sept et huit. La basket est sortie des salles de sport. Pas de jogging ou de caleçon (l’ancêtre du legging) pour accompagner une paire d’Air Max. La basket fait un retour fracassant cette saison après quelques années d’absence. On oublie les tennis de ville pour reprendre la direction du magasin de sport ou celle des boutiques de luxe. Dior et Chanel en l’occurrence. Chez Adidas, pour checker la collection Open Ceremony et chez Nike celle de Ricardo Tisci. On oublie aussi les “wedge sneakers”. On les jette, on les découpe, on en fait un feu, peu importe tant qu’elles ne sont pas aux pieds. Isabel Marant elle-même ne les supporte plus. D’ailleurs, c’est à se demander si elle les a jamais aimés. On zappe les faux talons donc, ressemblant plus aux No Box des 90’s qu’aux running shoes. C’est dans cette catégorie qu’on doit boxer aujourd’hui. Exactement comme il y a 20 ans quand New Balance faisait son booming dans les cours de récré et chez les fashionistas. Phénomène qui a resurgit il y a deux ans. Et la mode s’aligne désormais sur une véritable street trend. Stella McCartney est probablement une des pionnières

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dans le domaine. Il y a 9 ans, elle commençait sa collaboration avec Adidas. Aujourd’hui, une boutique ouvre sous leurs deux logos. La classe. La classe que de porter des baskets Chanel pour aller danser, au bureau ou faire son marché. Le dernier défilé orchestré par Karl Lagerfeld a redoré le blason du supermarché. Caddie Chanel et baskets de toutes les couleurs. En tulle, en broderie anglaise, avec sequins, à strass, fluo, tous les goûts sont dans la nature. Quant à Dior, la maison a plutôt lorgné sur le modèle Speedo, style piscine et grand bleu. C’est donc la tendance, que ce soit un modèle fait maison et par Massaro pour Chanel, rien que ça, ou pour une marque comme Ricardo Tisci. La basket version 2014, c’est la chaussure du moment et pour tous les moments. Instant mariage avec les blanches en broderie anglaise, instant salle de sport puisque c’est la saison où tout le monde reprend la gym, balade en forêt, jogging sur la Corniche ou cocooning à la maison. Accompagnement idéal du survet, la basket 2.0 est l’accessoire must have de cet été et de l’hiver prochain. On la portera avec tout. Un short en jeans, un legging ou une robe longue. Courez, c’est le moment ou jamais.

PHOTO MARCIO MADEIRA

Par MÉDÉA A ZOURI


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DE L’ART DU SOULIER FAIT MAIN Des peaux précieuses choisies avec soin, une fabrication artisanale… Au royaume de la chaussure italienne, Santoni fait figure d’exception. P a r M A R G A U LT A N T O N I N I

En haut, campagne printemps-été 2014. Ci-dessus de haut en bas, pochette en suédine et kangourou. Sandales en crocodile. Escarpins en cuir verni. Sandales en peau de serpent.

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PHOTOS CAMILLA AKRANS, BRUNO AVEILLAN, DR

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ne seule visite dans la manufacture de souliers Santoni suffit pour comprendre qu’il ne s’agit pas d’un chausseur comme les autres. En effet, la marque italienne a beau s’être développée à l’international, elle a tenu à conserver des méthodes de fabrication traditionnelles. À Corridonia, près d’Ancône, les chaussures sont entièrement réalisées à la main, du découpage des cuirs à la patine (la marque de fabrique de la maison), par quelque trois-cents artisans expérimentés qui ont chacun leur spécialité. Une politique d’excellence qui commence par le choix des cuirs, savamment sélectionnés et inspectés un à un, pour une qualité irréprochable. Fait rare qui mérite d’être souligné : depuis l’ouverture de l’atelier Santoni, en 1975, par Andrea Santoni, la famille a veillé à conserver la qualité de ses souliers intacte. « Nous avons réussi à adapter des méthodes de travail artisanales à grande échelle », explique Giuseppe Santoni, le fils d’Andrea, qui a pris la direction de la marque. Côté design, le studio de création ne manque pas d’imagination. D’abord spécialisée dans les souliers masculins, la griffe n’a pas tardé à décliner ses modèles signature pour les femmes, avant de se lancer dans une collection complète. Aux bottines plates et chaussures à boucles sont venus s’ajouter escarpins, sandales ou kitten heels, déclinés aussi bien dans des cuirs précieux… Comble du luxe, la maison propose un service sur mesure et renouvelle chaque saison sa collaboration avec Rubelli, réputé pour ses sublimes tissus fabriqués à la main depuis 1858. De quoi ravir les amateurs d’élégance à l’italienne, mais pas que…


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AMAL AZHARI Elle a le verbe haut et le débit jubilatoire. Cette brune enthousiaste crée des caftans. Pas n’importe quels caftans. Rien de vernaculaire dans ses collections, aucune origine ethnique détectable, sinon la forme classique de ce vêtement du désert, simple et ample, trois pans, trois trous. Le reste n’est qu’interprétations, mixage de cultures et d’inspirations et une success-story qui commence au culot, presque comme une boutade. P a r F. A . D .

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mal Azhari. Son prénom signifie “espoir”, elle qui a toujours cru en sa bonne étoile. Originaire d’une grande famille de Tripoli, elle est la nièce de Salim Laouzi, l’un des plus célèbres journalistes arabes, enlevé et assassiné pendant la guerre du Liban. C’est dire si les mots lui viennent comme elle respire. La maison de son enfance est située au bord de la mer. La plage, quasiment privative, ordonne tout un art de vivre fait de liberté et de légèreté, y compris vestimentaire. Le caftan est un incontournable, presque un uniforme. En toile fine, on l’enfile par dessus le maillot et on laisse sécher. Quand la peau est brûlée par le soleil, on n’a pas envie de vêtements ajustés, qui picotent et qui grattent. Le caftan reste parfait pour ces

Dès lors, les commandes s’enchaînent. Auto bombardée styliste, Amal Azhari installe son atelier et engage une équipe. Elle dessine elle-même ses imprimés, s’en prend au motif cachemire qu’elle déforme, agrandit, tord et décompose à loisir. Elle trace à l’aquarelle des visages géants, des motifs pop. C’est une enfant qui joue en imaginant des parades. Ses clientes arborent leurs caftans sur la Riviera, mais aussi à Los Angeles, à Rio, sur les plages de la Sicile ou celles de Majorque. Elle suit, prospecte, fournit sur place. Depuis trois ans, elle a une fan: Cheikha Moza, l’une des plus belles femmes du monde arabe et épouse de l’ancien gouverneur du Qatar. “Elle est toujours la première à découvrir mes créations. Elle choisit ses pièces en exclusivité avant que

Depuis trois ans, elle a une fan : Cheikha Moza, l’une des plus belles femmes du monde arabe et épouse de l’ancien gouverneur du Qatar. May Hariri, Lady Ahlam et les Tunisiennes Latifa et Amal Bahoucha ne jurent que par elle. moments où la langueur s’impose, où il n’est question que de bien être et de confort. En fait, le caftan, c’est la vraie robe des vacances au soleil. A l’aise mais jamais débraillée, couvrante mais coquine quand elle joue avec les transparences, simple mais sachant se prêter à tous les ornements possibles. Victime d’un accident de cheval et condamnée à l’immobilité plusieurs mois de suite, Amal Azhari, après une formation en marketing, s’amuse à imaginer et dessiner des caftans pour l’été. Ces gribouillages prennent forme dans un modèle qu’elle fait réaliser pour elle-même. Elle l’arbore dans les rues de Saint-Tropez, quand la propriétaire d’une boutique de luxe multimarques l’interpelle. – D’où vient votre caftan? Amal répond sans réfléchir: – Il est fait par une styliste libanaise, elle s’appelle Amal Azhari! Et la spécialiste de lui demander le contact de l’artiste. Prise au jeu, Amal prend commande et livre sa première collection la saison suivante. Celle-ci est raflée à l’arrivée.

celles-ci n’arrivent sur le marché”, sourit Amal qui, de fil en aiguille, est devenue la fournisseuse officielle des équipes de polo des Emirats dont elle crée les costumes. D’autres stars, la chanteuse émiratie Lady Ahlam, la Libanaise May Hariri, les Tunisiennes Latifa et Amal Bahoucha ne jurent que par elle. Sa nouvelle collection s’appelle “Wind”. Inspirés par les vents secs du Sahara, frais, légers, bohèmes et animés de couleurs vives, les caftans du cru 2014 sont taillés dans des tissus indiens, le tapi, le quota, le habutay. Ils célèbrent les cultures du monde, de l’Asie avec leurs motifs empruntés aux ombrelles chinoises, à l’Amérique du Sud en passant par l’Afrique et l’Europe. Du plus simple au plus précieux, leurs formes tout en féminité et en élégance, soulignent la grâce du mouvement. La suite? Ce sera panchos, pantalons, vestes et blouses. Le caftan ayant fait ses preuves et affirmé son identité, Amal Azhari se sent prête à essayer d’autres perspectives. AVRIL 2014

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DANS L’ART JUSQU’AU COU

Cet été, Louis Vuitton poursuit son tour du monde de la scène du street art en invitant trois nouveau artistes de trois continents différents à s’exprimer sur ses foulards et carrés de soie et de cachemire: Le Français André Saraiva, (par ailleurs rédacteur en chef de L’Officiel Homme), le Chilien Inti (qui a laissé une sublime fresque sur une façade de Hamra) et l’Américain Kenny Scharf (inventeur du surréalisme pop et camarade de Keith Haring et Basquiat). P a r F. A . D .

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a plus célèbre maison malletière du monde ne se contente pas de cultiver l’art du voyage. Elle offre aussi le paysage en multipliant les collaborations avec les plus grands artistes contemporains depuis les années 80. Jusqu’en 2000, les textiles LV, notamment les carrés et foulards de soie et de cachemire, ont porté des signatures d’artistes “consacrés” comme Arman, César, Sol Lewitt, Gae Aulenti, Andrée Putman, ou Philippe Starck. L’arrivée de Marc Jacobs à la direction artistique de la 124

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maison a signé l’avènement de collaborations plus impertinentes, notamment parce qu’elles introduisent la culture populaire et son humour naïf dans l’univers feutré du luxe, et chahutent le sacrosaint monogramme. Paradoxalement, c’est grâce à Louis Vuitton que des artistes comme Takashi Murakami, Stephen Sprouse, Richard Prince ou Yayoi Kusama, connus au départ d’une certaine élite d’amateurs éclairés, sont projetés sur le devant de la scène jusqu’à en devenir des phénomènes universels. En 2013, LV décide


de rebondir sur ce succès et initie des projets de collaboration saisonnière avec des artistes du street art venus de différentes cultures. L’esprit du voyage qui circule dans l’ADN de la maison est plus présent que jamais dans la collection printemps été 2013 où s’expriment le Brézilien Os Gemeos, le Japonais Aiko et l’Américain Retna. La saison suivante, carrés et foulards sont sublimés par l’Indonésien Eko Nugroho, l’Anglais Eine et le Tunisien El Seed. Autant dire que la fièvre collectionneuse est à son comble pour l’arrivée de la nouvelle série printemps été 2014. Bientôt (et peut-être déjà) en boutique, le carré de soie géant revisité par Inti et Kenny Scharf et le châle Monogram en soie et laine taggué par André font le buzz. Mais qu’ont-ils inventé?

il “monte” à New York dans les années 80, juste à temps pour embarquer dans le wagon d’une nouvelle mouvance portée par des Keith Haring et autres Jean Michel Basquiat, qui ouvre les portes des musées et des galeries éclectiques à l’art de la rue. Scharf est obsédé par la conquête de l’espace: sa génération a assisté en direct à l’aventure Apollo. Il cultive surtout la légèreté comme une obsession. Son univers magique, joyeux, facile, optimiste, emprunte ce qu’il peut au dessin animé, à la confiserie, aux friandises, aux super héros. Il a recouvert le carré géant Louis Vuitton en crêpe de soie

INTI ET “WIRACOCHA” Inti est bien connu des Beyrouthins. Lors d’un événement consacré en 2012 au street art, il leur a laissé en souvenir une fresque géante sur la façade latérale d’un immeuble du secteur Hamra. Elle représente un personnage attendrissant, vêtu à la mode chilienne et portant dans ses bras un bébé lama. Pour LV, fidèle à son nom inca, il a puisé son inspiration dans la culture ancestrale andine. Et c’est Wiracocha, le dieu du soleil de la culture tiwanaku, l’une des plus importantes divinités du panthéon inca, qu’il a choisi de représenter sur le carré de soie géant. Tout en teintes chaudes, dorées et orangées, le dessin est bordé de rouge et des symboles traditionnels entourent la signature Louis Vuitton. L’artiste, qui se définit comme un “travailleur de l’image” et dit ne pas croire à l’alchimie de l’art mais en son pouvoir transformateur, explique avoir développé ce soleil comme représentation de la lumière, de la couleur et de la spiritualité des natifs de l’Amérique latine. Il souligne que les motifs qui entourent le carré symbolisent toutes les petites choses si spéciales à “sa grande Amérique du Sud”. Inti reconnaît que la partie la plus difficile du travail a été d’adapter son art, mural par essence, à un support mouvant, le tissu, et réfléchir à une pièce graphique qui doit fonctionner comme un vêtement.

d’un collage coloré de motifs astronomiques et de symboles de la culture pop, sur un fond psychédélique flou. Il décrit cette œuvre comme “un mandala pop, ludique et cosmique”, précisant que “les mandalas élèvent l’esprit vers d’autres sphères, comme une porte vers un autre univers”. En l’occurrence, l’espace.

KENNY SCHARF, HALLUCINOGÈNE “Fun” est son mot d’ordre, “fun for everyone”. Né à Hollywood,

Je voulais vraiment me servir du foulard comme d’une toile”

ANDRÉ SARAIVA ET L’IRRÉSISTIBLE “MONSIEUR A” Cet artiste graffeur français, d’origine portugaise et né en Suède, ses parents ayant fui la dictature de Salazar, a commencé sa carrière comme tous les bombeurs, en bombant son prénom au fluo rose sur les murs de Barbès. C’est aussitôt après cette période qu’il crée “Monsieur A”, personnage dont un œil est rond et l’autre en croix. Au bout de 300.000 tags, le milieu arty s’éprend de cet animal urbain qui aime la nuit au point d’en devenir le roi. Au début des années 2000, il ouvre le club La Baron à Paris, puis l’Hôtel Amour, le restaurant la Fidélité, et d’autres Baron à New York, Tokyo et Londres. Si “Mr A” lui a porté bonheur, c’est qu’il peut en faire autant pour n’importe qui, et pourquoi pas vous? Voilà pourquoi, sur le châle Monogram Louis Vuitton, André a transposé la bâche de son atelier au palais de Tokyo, avec ses projections de peinture. Et là, il a installé le grand sourire plein de dents de Mr A, personnage bleu aux yeux asymétriques. “Je voulais vraiment me servir du foulard comme d’une toile”, dit-il, “créer une peinture qui peut être portée autour du cou et qui tient chaud”. AVRIL 2014

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NOUVELLE VAGUE Elle a une frange à la Anna Karina, un style emprunté à Godard. Elle a 26 ans et est co-fondatrice de Studio Safar, un studio de design et de direction artistique. Maya Moumné est une femme qu’on pourrait mettre en scène “sous le soleil exactement”. On la verrait bien dans un décor des années 60 comme le mobilier de Cinema House Furniture, un projet qu’elle a également créé. “Une roller girl” que L’Officiel a photographiée comme si Maya/Anna attendait Pierrot le fou. R é a l i s a t i o n M A L A K B E Y D O U N - P h o t o g r a p h i e T O N Y E L I E H - S t y l i s m e A M I N E J R E I S S AT I - Te x t e M É D É A A Z O U R I .

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Robe Miu Miu et broche Oscar de la Renta.

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Robe ChloĂŠ, sac Prada et montre Cartier.

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Chemise et cardigan Miu Miu, sac Prada et montre Cartier.

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Chemise Gimbattista Valli, jupe Prada, et montre Cartier.

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Jupe et chemise Prada, montre Cartier.

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Robe Prada, montre Cartier.

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Top Chloé,, montre Cartier.

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Robe et sac Prada, montre Cartier.

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HART ATTACK

En maillot de bain une pièce, bijoux bling et talons aiguilles, la bombe Jessica Hart se la joue fan des 80s devant l’objectif du très provocant Matthias Vriens-McGrath. P h o t o g r a p h i e M AT T H I A S V R I E N S - M c G R AT H S t y l i s m e M A R C E L L R O C H A , Te x t e L O U I S B O M P A R D

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Maillot de bain en élasthanne, Norma Kamali. Créoles en or et diamant, manchettes en or, Amrapali. Collier et bracelet « lien » en or, Pluma. Bagues en or et diamant, Demarco. Manchette en or, Karine Sultan. Bracelet « Love » en or, Cartier vintage. Escarpins en python, Christian Louboutin.


VOUS NE POUVEZ RIEN CONTRE JESSICA HART… CARACTÈRE BOUILLANT ET PHYSIQUE INCENDIAIRE, LA BOMBE AUSTRALIENNE DICTE SES PROPRES LOIS. C’EST UN BOLIDE INCANDESCENT QUI ENFLAMME NOS PAGES. 142

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Maillot de bain en Néoprène, Emilio Pucci. Boucles d’oreilles, manchette et bague « Dome » en saphirs noirs et blancs, M.C.L. by Matthew Campbell Laurenza. Bracelet « Love » en or, Cartier vintage. Escarpins en PVC, Christian Louboutin.


Maillot de bain en résille et chaînes, Versace. Boucles d’oreilles et manchette « rose » en or, diamants et saphir, bague « rose » en or, onyx, diamants et saphir, Wendy Yue. Bracelet « Love » en or, Cartier vintage. Escarpins en python, Christian Louboutin.


MODE

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lle est trop forte, Jessica Hart. Même le destin finit par lui succomber. À la différence d’autres filles de son âge, la jeune Jessica n’avançait pas avec, bille en tête, l’intention de devenir mannequin. C’est le fruit du hasard qui va lui faire embrasser cette carrière (si tant est que le hasard existe pour elle). En 2000, au détour d’un supermarché, sa tante l’inscrit à un concours de mannequins organisé par le magazine Dolly. Alors âgée de 15 ans, elle le remporte, succédant à une certaine Miranda Kerr, lauréate trois ans auparavant. La boule de feu australienne est lancée et elle ne s’arrêtera plus, quels que soient les obstacles. L’IRRÉSISTIBLE ASCENSION Le premier obstacle sur sa route est devenu une force : alors que les années 2000 font la part belle aux poupées de porcelaine venues de l’est, Jessica détonne. Une carrure sculptée par le sport et la plage, des formes qui sont vraies et, surtout, un écart entre les dents à mille lieux des sourires timides de l’époque. Ce détonnant cocktail va aiguiser curiosités et envies. Après quelques années à Tokyo et à Paris, pour se roder, elle fait ses premiers pas sur les podiums en 2004, pour la délurée Betsey Johnson, puis enchaîne les défilés et les campagnes. Sa capacité à faire bouillir le mercure en un regard perçant convainc des marques comme H&M, Moschino, Guess ou Banana Republic d’en faire l’égérie de leurs campagnes. En 2009, la cylindrée Jessica Hart va passer à la vitesse supérieure en étant choisie comme tête d’affiche du numéro consacré aux maillots de bain de Sports Illustrated. Et la roue de la chance va s’accélérer : cette même année 2009, Karolina Kurkova, Heidi Klum et Adriana Lima, toutes enceintes, ne peuvent honorer de leur présence le défilé Victoria’s Secret, dont elles sont pourtant les figures de proue. Des places se libèrent donc et Jessica en profite. En un seul show, sa présentation sur le podium marque autant les esprits que les cœurs. Elle ne quittera plus ses ailes d’anges.

LE CONTE DE FÉES Tout ce qu’elle fait, la belle se doit de le faire à fond. Comme dans sa vie personnelle, qu’elle croque de ses dents du bonheur. Lorsqu’elle touche ses premiers cachets, elle achète une vieille voiture de collection à sa mère. Aujourd’hui, on la dit fiancée au milliardaire Stravros Niarchos, un des plus beaux partis du monde, le beau et très sympathique petit-fils de l’armateur grec dont il porte le prénom. C’est d’ailleurs accompagnée de la bande de son fiancé, aussi jeune, enviée et dorée qu’elle, que Jessica inonde Instagram de ses clichés festifs pris dans les plus beaux endroits du monde. Cette philosophie de la vie lui permet de se moquer des barrières. Prendre la pose ne lui suffisant plus, elle dessine une collection pour General Pants en 2010, baptisée « Neon Hart ». Une ligne forcément inspirée par son look, célèbre pour ses mélanges d’imprimés et ses associations plus qu’inattendues. Une allure dictée par quoi déjà ? Ah oui, la liberté. LES SORTIES DE ROUTE Forcément, à dévaler son chemin tête baissée, Jessica Hart a pris quelques coups. Au sens premier du terme, d’abord, comme lors de son année 2012 quasiment vierge, à cause d’une coupure au pied provoquée pa r une da nse pieds nus à un mariage, puis d’une entorse de la chev ille qui la tiendra éloignée des podiums pendant plusieurs mois. Mais aussi parce que son caractère entier et toujours vif lui a valu quelques sorties médiatiques mal contrôlées. La dernière en date la voyait émettre un doute sur la légitimité de Taylor Swift à défiler lors du dernier show Victoria’s Secret. Fina lement, tout cela n’a pas tempéré la volonté de rouler vite et vitres ouvertes de Jessica Hart. Faites le test : souff lez sur un brasier, il devient encore plus ardent. AVRIL 2014

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Combinaison short en laine brodée, collier et bague nœud en métal doré, escarpins métalliques à talons, Christian Dior Haute Couture. Page de droite : Robe en gazar de soie imprimé fleuri rebrodée de paillettes, Elie Saab Haute Couture.


HAUTE CULTURE

Pour « L’Officiel », Audrey Marnay a sélectionné les pièces les plus marquantes des collections haute couture de la saison. Dans le dépouillement d’une friche industrielle, les créations laissent éclater toute leur magnificence. Photographie STIAN FOSS S t y l i s m e A U D R E Y M A R N AY

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Robe bustier à volants en mousseline de soie plissée irisée, décolleté et taille rebrodés de sequins, kimono en satin de soie, ceinture en cuir et baskets en python et dentelle, Chanel Haute Couture.


À gauche : Robe brodée de feuilles en Organza, Georges Hobeika Couture. Chaussures « Impera » en cuir verni et PVC, Christian Louboutin. À droite : Robe sirène à décolleté corolle en raphia blanc, Georges Chakra Couture.


Robe en soie plissée et brodée, combinette et culotte en dentelle, collier et bague « nœud » en métal doré, escarpins métalliques, Christian Dior Haute Couture.


Top en tulle de soie brodĂŠ de motifs effet tatouages et de cristaux, jupe en organza de soie et Lurex, Atelier Versace.


Combinaison short en tulle serti de cristaux arc-enciel, ceinture « lauriers » en métal, Zuhair Murad Haute Couture.



Robe en soie cloquée et satin duchesse rebrodé de cristaux et bracelets en métal, Giambattista Valli Haute Couture. Chaussures « Impera » en cuir verni et PVC, Christian Louboutin.


Gilet en denim cloutĂŠ et rebrodĂŠ de cristaux Swarovski, robe dos nu en satin, Gaultier Paris.



Robe seconde peau en dentelle Chantilly constellée de nœuds brodés, de perles et de cristaux Swarovski, Alexis Mabille Haute Couture. Modèles Alla Kostromichova chez Marilyn Alexandra Martynova chez City Coiffure Pierre Saint Sever Maquillage Christine Cherbonnier Décorateur Eli Serres Opérateur numérique Philippe Billemont Assistants photographe Mikael Fakhri et Christian Strand Assistante styliste Mathilde Régnault Merci à Anne, Justine et Adrien, les dresseurs du cheval Quarré d’As de Brenn.


BUFFALO BELLE Franges, plumes et turquoises imaginent une nouvelle fantaisie ethnique. Un style gypsy chic inspirĂŠ des Balkans comme des plaines du Far West. Photographie ROBERT BELL AMY S t y l isme H A L A MOAWA D


Gilet long ajouré en maille, Zadig & Voltaire. Débardeur en coton et lin, Forte Forte. Jupe asymétrique en cuir et soie, Ilaria Nistri. Étole en renard, Yves Salomon. Collier plaqué or à larges quartz, Uriel Salas. Bracelets en argent et turquoises, Scooter. Ceinture tressée en cuir de vachette, Richard Gampel. Chaussettes en coton ajouré, Falke. Sandales à lacets en veau velours, Céline.

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Tunique en dentelle, débardeur en coton et collier amulette en python, Dries Van Noten. Pantalon en soie imprimée léopard, Delphine Delafon. Collier « œil égyptien » en métal doré, Lanvin. Collier amulette en petites pierres, VK Lillie.


Tunique en crêpe de soie imprimée et lurex, Gucci. Sarouel en soie froissée, American Vintage. Bonnet en fourrure finn raccoon, Sprung Frères. Collier en coquillages cauris, Césarée Paris. Ceinture en cuir tressé, Richard Gampel. Sandales en veau velours, Céline.


Robe drapée en coton et crochet de soie, Missoni. Pantalon en soie mélangée, Forte Forte. Chapeau en feutre, Bates London. Foulard en soie, Filip von Polen. Collier en bakélite et pendentif en corne, Césarée Paris. Spartiates en cuir, Dolce & Gabbana.


Peignoir perlé et frangé en soie, Roberto Cavalli. Pantalon en satin broché, Cotélac. Parure de plumes, Tania Zekkout. Collier de bakélite, Césarée Paris. Ceinture en coton rayé, Forte Forte. Chaussettes en coton ajouré, Falke. Sandales en veau velours, Céline.


Cape à franges en daim brodé, Valentino. Bustier en cuir, Diane von Furstenberg. Culotte en dentelle, Dolce & Gabbana. Bonnet en fourrure finn raccoon, Sprung Frères. Colliers en diamants, rubis, opales de feu et turquoises, Aaron Jah Stone. Ceinture en cuir de vachette, Richard Gampel. Manchette en métal doré, Hélène Zubeldia. Sandales en paille à petits clous, Sergio Rossi.


Blouson en vison, plumes et coton, Louis Vuitton. Jupe en jacquard de coton, MKT. Pantalon en soie mélangée, Rochas. Colliers multicolores et plumes, Césarée Paris. Sandales en veau velours, Céline. Modèle Kelly Mittendorf chez Marilyn Coiffure Pierre Saint-Sever Maquillage Anthony Preel Assistants photo Mathieu Boutang et Lahcen Opérateur digital Harry Celle Production au Maroc ProdGuru.com Assistantes stylisme Kenny Guetta et Ghalia Chraibi


BELLE IN BLACK Avec ce jeu de transparence entre dentelles et voiles, le noir sanctifie une néo-Madonne sur l’autel de l’élégance sensuelle. Photographie BA ARD LUNDE S t y l i s m e VA N E S S A B E L L U G E O N


Robe brodée en dentelle, Isabel Marant. Bibi en paille et dentelle, Erik Halley. Boucles d’oreilles en or blanc et diamants, Stone Paris. Gants à plumetis, Agnelle.

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Robe ajourée en coton à motifs géométriques, Fendi. Soutien-gorge en satin stretch et culotte assortie, Dolce & Gabbana. Boucles d’oreilles « Heaven » en or blanc et diamants, bague « Lilith » en or blanc et diamants et bague « Sarah » en or blanc et diamants, Stone Paris. Bague « Spine » en or noir, AS29. Boots en cuir verni, Saint Laurent par Hedi Slimane.


Robe en mousseline de soie, culotte en satin stretch et soutien-gorge en dentelle, Dolce & Gabbana. Collier en verre porté en couronne, Aldo. Boucles d’oreilles « Heaven » en or blanc et diamants, Stone Paris. Gants en plumetis, Agnelle.



Top en résille et perles, Emilio Pucci. Pantalon en coton et dentelle, Philipp Plein. Boucles d’oreilles « Heaven » en or blanc et diamants et bague « Sarah » en or blanc et diamants, Stone Paris. Pendentif en argent et zirconium, Thomas Sabo. Manchette en cuir et perles, Opale. Bracelet en métal, & Other Stories. Boots en cuir verni, Saint Laurent par Hedi Slimane.


Kimono en dentelle et soie, Zadig & Voltaire Deluxe. Débardeur en dentelle, Balmain. Pantalon en mousseline de soie, Gucci. Boucles d’oreilles « Heaven » en or blanc et diamants, Stone Paris. Collier en or noir et diamants, Djula. Sac « Flowerbombette » en métal, Viktor & Rolf. Boots en suède, Saint Laurent par Hedi Slimane.


Capeline en satin et dentelle, Erik Halley.


Robe en dentelle de coton et cuir, Roberto Cavalli.


Robe en soie, résille et sequins, Louis Vuitton. Anémone de plumes, Serkan Cura Couture. Modèle Zuzanna chez Elite Coiffure Olivier de Vriendt Maquillage Damian Garozzo Manucure Brenda Abrial Assistants photo Mikael Fakhri et Christian Strand Opérateur numérique Harry Celle Assistante styliste Noémie Beltran




LA VIE

Co-fondatrice de la boutique Plum, Mira Mikati est aussi la créatrice de sa propre marque, «Ç x Mira Mikati». Rencontre avec celle qui maîtrise, avec une assurance certaine, son style fait d’une esthétique dense, tout en entrelacs visuels, creusés et développés à chaque collection, sans essoufflement aucun. Te x t e e t p h o t o s G I L L E S K H O U R Y

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PHOTO GARANCE DORÉ

MIRA MIKATI, UNE FILLE EN AIGUILLE.


LA VIE

Depuis deux ans, Mira a franchi le mur du son. En plus de ses responsabilités chez Plum, elle signe les collections capsules "Ç x Façonnable"

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A gauche : Mira Mikati par Garance Doré Ci-dessus : le salon de son appartement à Beyrouth.

lle a débarqué dans ce club londonien avec l’ élégance un rien débraillée qui est la sienne: veste rouge à revers rose, col roulé tartan sur pantalon blanc agrémentés d’une paire de claquettes, malgré le froid de canard. Des grigris autour du poignet, bouts de ficelles et perles colorés qui rappellent les teintes éclatantes de ses collections estivales. Il est 19h et tandis qu’on commande des whisky au Kx, le club ultra sélect situé à quelques centaines de mètres de chez elle, Mira Mikati se verrait bien, elle, commander un thé vert avec un shot de citron-gingembre. Elle s’installe calmement et parle un anglais à peine teinté de l’accent de son Liban natal. Cette acheteuse et directrice de création s’avère charmante, d’une politesse pas feinte, mais reste toujours discrète. Timide aussi, comme le suggèrent les fossettes qui se dessinent autour de son sourire gourmand. Pourtant, elle babille sans trêve, répond en moulinette, parle bien, parle haut.

Depuis deux ans, la Libanaise a franchi le mur du son. En plus de ses responsabilités chez Plum à Beyrouth, Mira Mikati reprend la direction artistique de la femme Façonnable dont elle signe les collections capsules sous l’étiquette «Ç x Façonnable». C’est à partir de là que naitra peu après la marque «Ç x Mira Mikati», indépendante quoi qu’inspirée par Façonnable.

C’est à ESMOD Paris et à Parsons que Mira Mikati fait ses armes. Arrivée à Londres après son mariage, elle consolide ses bases en suivant des cours du soir à Central Saint Martins. Diplôme(s) en poche, elle crée sa marque Mira by Mira Mikati, qu’elle vend entre autres sur le site Net-à-porter. Une déclinaison de vêtements et robes souples comme la brise, imprimés de traits de couleurs ou de figurines japonisantes sur fond blanc. De retour à Beyrouth, Mikati se lasse et ferme les portes de son atelier. Elle se lance alors dans l’aventure Plum avec sa partenaire Raya Dernaika. Ce concept store voit le jour en 2004, et Mira se retrouve aussitôt « de l’autre côté de la chaîne de production », ce qui lui permet d’avoir « une vision plus objective des besoins réels du marchés » racontet-elle. Au fil des collections, patiemment, Plum s’affirme et s’affine avec une sélection pointue et branchée. Mira, elle, est en symbiose parfaite avec son époque : working girl et maman de petits enfants, speed mais l’air de rien, jonglant gracieusement entre fashion weeks et vacances de surf, showrooms et expos de ses idoles Kaws et Takashi Murakami.

Elle réaménage alors son atelier beyrouthin dans un premier temps, avant d’installer ses bureaux à Londres, à partir desquels elle conçoit ses collections capsules baptisées Ç x Façonnable, devenues aujourd’hui Ç x Mira Mikati. « J’ai tenu à conserver la cédille qui fait écho à la marque, mais aussi et surtout à cet aspect vieille France qui m’inspire » affirme la créatrice. D’un côté, des silhouettes androgynes parfaites, mélangeant les costumes à fines rayures (emblématiques de Façonnable) tennis et smoking en soie : on retrouve la grâce qui a habité la maison française. De l’autre, des filles mégagirly en vacances: robes soyeuses tout en couleurs, des combinaisons en coton sexy décontractées, tops asymétriques portés avec un minishort façon pyjama… Succès. La presse salue le travail de la Libanaise. Ses collections sont vendues aux quatre coins du monde, (entre autres) chez Barneys à New York, Joseph à Londres, Le Bon Marché à Paris en passant par United Arrows à Tokyo ou Aishti à Beyrouth. Ce qui plaît, c’est le parti pris que reflète son prêtà-porter: la pureté de ses lignes, un vestiaire sans tapage,

Car, à assister de plus près à la création chez Façonnable, à regarder les créateurs concevoir et dessiner, puis les petites mains travailler les textiles, Mira a repris goût au modélisme. « J’ai eu un déclic, l’envie soudaine de me remettre à la création. Surtout que mon travail d’acheteuse pour Plum me permettait désormais d’avoir un regard plus affiné sur les besoins des clientes. C’était une révélation ! » lance cette jolie brune qui joue de son charme avec l’espièglerie de celle qui vient de se (re)découvrir un nouveau talent.

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© TOMMY TON


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Le look book est signé Garance Doré, fan du style de Mira Mikati et de ce qu'elle est en train de créer pour Ç. La classe. Du style de Mira.

Depuis ce coup d’éclat, Mikati maintient un cap subtil, sous le signe du doux paradoxe. Celui du métissage et de la ligne claire, de la dégaine et de la rigueur, du fluo et de l’intimisme, de la tradition et de la transgression. Dans chacune de ses collections, il se passe quelque chose de différent. Pas de défilés, ni de démonstration de force avec armée de mannequins genre lapins Duracell, ni performance cérébro-arty pour initiés à lunettes noires. « Surprenant » et «romantique» jalonnent les comptes rendus de la presse. On choisira précis et indolent. Mira Mikati diffuse de l’émotion sans jeu d’effets. Elle conçoit des femmes en éternelles vacances, des filles qui donnent envie de rêver. Ce n’est pas rien de flairer ce qui se passe tout en livrant un produit à la fois abordable, désirable et sophistiqué. «Chaque saison, je pars d’une idée et j’ajoute quelque chose. Et je regarde la réaction chimique, rit-elle. Pour la collection d’été, j’ai imaginé une fille qui se déplace de camping en camping avec une valise à la main. D’où la thématique des insectes qu’on retrouve un peu partout, grimpant sur les vêtements. » Pour l’automne-hiver prochain, c’est une autre histoire qu’invente la créatrice: «une idée qui me trotte dans la tête depuis toujours : Une fille qui débarque dans un aéroport et prend le premier vol indiqué sur les écrans. La destination 182

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sera Tokyo. » Le look book est signé Garance Doré. La classe. « Il faut que je vous avoue tout de suite : je suis fan du style de Mira. Et j’adore le sillon qu’elle est entrain de créer pour Ç » écrit Doré. Mais la Libanaise garde les pieds sur terre. Elle se souvient d’où elle vient et sait très bien où elle va. SIGNES DISTINCTIFS Film: La vie est belle Dans mon iPhone: Des photos de mes achats pour Plum. Ma playlist. Des photos de mes enfants. Mes magazines téléchargés. Artistes préférés: Takashi Murakami, Kaws, Nara, Mr, Basquiat.... Un musicien: Pharell Williams. Un acteur: Bradley Cooper. Un designer : Aujourd’hui Phoebe Philo pour Céline… C’est un géni! Coco Chanel aussi. Une pièce que vous ne jetterez jamais : Mes bracelets en perles africaines colorées de Luis Morais. Vacances idéales: Vacances de surfe à Malibu, le Perou et le Costa Rica. Contre le stress : La boxe Allergie: Ail et pénicilline. Spécialité culinaire: Tout ce qui est simple, frais et sain ... Plus beau compliment recu : Quand on me donne des années en moins Votre livre de chevet: Mes magazines. Je lis peu de livres en ce moment. Un Heros/une heroine : Astro Boy Un lieu : Les glaciers de la Patagonie. Une rue : Abbot Kinney à Venice beach, Los Angeles. Dans 20 ans: Je serai à la retraite, en train de surfer à Malibu.

Deux des modèles de la collection capsule “Ç x Façonnable” par Mira Mikati

PHOTOS GARANCE DORÉ

subtil mais précis, tels ces pantalons qui coulent sur la hanche et allongent la jambe. Idem les vestes et blousons qui épaulent, donnent de la tenue sans contraindre. Bien que sensuelle et parfois même ludique, la femme «Ç» n’est clairement pas une folasse ni une intrigante. « Je ne cherche pas à paraître dans les magazines de mode. Je conçois une mode portable et recherchée… ».



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DESIGN DAVID/NICOLAS Ils signent leurs œuvres de leurs deux prénoms : David/Nicolas. David Raffoul et Nicolas Moussallem sont des designers. De jeunes designers tout juste âgés de 25 ans et pourtant, leur carrière est déjà très fournie. De Fabrica à la galerie Nilufar en passant par Vista Allegre et Wallpaper, ces deux jeunes hommes font beaucoup parler d’eux. Nouvelle vague libanaise? Oui. Leur style, ils le décrivent comme du rétro futuriste, comme ce que font les Daft Punk en musique. Sauf que David et Nicolas ne portent pas de casque. P a r MÉDÉA AZOURI

En haut, David Raffoul et Nicolas Moussallem. Ci-contre à gauche, Kangourou et table basse de la collection Tessa.

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eur histoire est à la fois amusante et intéressante. Parce que leur cheminement n’a rien de commun. Parce que leur ambition n’a rien de commun. Ces deux garçons sont de véritables workaholics. Et ce, depuis leurs débuts à l’ALBA. C’est sur les bancs de cette académie qu’ils se rencontrent. Dès le départ, ils savent qu’ils travailleront ensemble. Et ça se comprend tout de suite. Non seulement ils parlent à l’unisson, le second finissant les phrases du premier, mais aussi parce que sans s’être concertés, ils débarquent en jeans, pull noir à col V et baskets. Ces deux jeunes gens, donc, ont entamé leur carrière en tandem dès leur première année d’études. Architecture puis design, pour réaliser enfin qu’ils aimeraient mieux “créer une tasse qu’un bâtiment”. Après trois ans à l’Alba, « Milan nous appelle. On s’inscrit à la Scuola Politecnica di design. On y suit un master. Milan étant une petite ville, on a rencontré beaucoup

Duo très équilibré, les deux designers travaillent à quatre mains. de gens parmi lesquels des personnes influentes dans le monde du design. L’école nous a appris le marketing, la communication, et surtout comment travailler pour une compagnie ou un particulier en respectant leur identité» Après leur master, David et Nicolas font un stage, chacun de son côté. Nicolas n’ayant pas de passeport européen, il est obligé de revenir à Beyrouth. Il se met à travailler sur le luxe. Quant à David, il entre à Fabrica en “trial”. « Fabrica, c’est le centre de recherche de Benetton, basé à Trevise. C’est après un stage à Tokyo que je reviens à Fabrica mais pour y travailler cette fois » raconte David. « Comme on savait qu’on allait faire notre site internet ensemble, on a continué à bosser de concert mais via whatsapp » s’amuse à dire Nicolas. À Fabrica, ils rencontrent Sam Baron, sous la direction duquel David faisait son « interaction design ». « On dessinait des pièces, des horloges ou des tapis, qu’on présentait à différentes compagnies. La plupart de nos dessins étaient pris. » Sam Baron leur commande un projet personnel et leur propose de le faire au le Liban. « Fabrica goes Lebanese » avec la galerie Carwan. Tout Fabrica débarque à Beyrouth et Sam Baron fait vraiment connaissance avec Nicolas. « Notre duo est très équilibré. Nous sommes honnêtes l’un envers l’autre. Très directs. On ne porte pas de gants, sinon ça ne sert à rien. » Ils travaillent vraiment à 4 mains. Sam Baron leur conseille de s’ouvrir sur l’Orient. Puis Vista Alegre les invite à produire une collection. Ils s’installent au Portugal pendant 3 mois, dans l’usine de porcelaine de la marque. Ils y créent 5 collections, toutes sont retenues. « On a fait un service complet qui a été Best Seller à Maison & Objets cette année. Notre amphore a été signalée par Wallpaper. Ça a été très vite. Et aller aussi vite, ça fait un peu peur. Mais nous fonçons. Nous savions depuis le départ où nous voulions aller. On a établi notre point de départ. Ce fut la porcelaine au Portugal. Et grâce au Portugal, nous sommes arrivés sur le marché. » Et pour être sur le marché, ils y sont. Ils sont présents au salon de Milan depuis 4 ans, et cette année, courant avril, ils exposeront pour la première fois sous leur double nom : david/nicolas. À Maison et Objets également. Dans le cadre du salon, Wallpaper a fait appel à eux à l’instar de nombreux designers afin de créer un coffre-fort pour la grande marque Agresti. « Notre coffrefort a été estimé à des milliers d’euro. Enorme. D’ailleurs, 186

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En haut, bougeoir Explorateur. Au milieu, porte stylos Collection particuliere. En bas table de salle à manger, chaises et amphores de la collection particulière Tessa.


nous ne pouvons pas nous offrir nos propres pièces, elles sont trop chères » disent-ils en riant. Mais ce n’est pas seulement à travers leurs multiples collaborations pour de grands ateliers qu’ils se sont fait connaître. Nina Yashar de la galerie Nilufar, une des plus importantes dans le monde de l’art, leur a commandé un ensemble de chaises, fauteuils et bancs. Nina avait vu la collection Tessa qu’ils avaient imaginée et créée pour une jeune Libanaise adorant le design. « On avait réalisé, à la demande de Tessa, une table aux dimensions particulières. Sa hauteur, ainsi que celle de ses chaises, se situent entre la table classique et le bar. C’était un défi de travailler avec des dimensions hors normes, des dimensions qui n’existent pas. » Leur travail est audacieux et s’ils ne se définissent pas comme « des designers libanais orientaux », ils expliquent que leur culture orientale les influence énormément. « Le design libanais, ce n’est pas seulement l’artisanat traditionnel comme la nacre ou le bois. Le design libanais, c’est aussi et surtout le luxe et le confort. C’est pourquoi nous aimons mélanger les matériaux nobles, comme l’or et le marbre. On travaille beaucoup l’or qui a une très belle réflexion. Le mixage des cultures, c’est le mixage des matériaux ». On voit d’ailleurs cet attachement à la feuille d’or dans un de leurs services Vista Alegre. Ils aiment également le vintage. Et bossent comme des forcenés. « Nous faisons à 2 le travail de 10 personnes. » À 25 ans, ils peuvent. « Si on avait ouvert chacun son studio, on n’aurait pas fait le quart de ce que nous entreprenons aujourd’hui. » Ces deux passionnés se qualifient volontiers de « croisés » qui se motivent et se stressent l’un l’autre, et qui essayent de rester authentiques. Ce qu’ils sont quand on les entend parler. « L’argent ne nous motive pas. Ce qui nous importe c’est de montrer notre cheminement. On joue d’ailleurs sur l’image du couple, un peu comme Barber and Osgerby. C’est amusant. On devait faire un shoot avec Sacha Walckhoff le directeur de création de la Maison Lacroix et le photographe Guillaume de Sardes pour le magazine Prussian Blue. Un shoot à l’hôtel Amour. No comment », racontent les deux jeunes gens, amusés. Installés au Liban depuis un an, David et Nicolas vont prochainement ouvrir leur studio à Mar Mikhael. Ils ont collaboré en décembre dernier avec Rania Karam de la

Leur culture orientale les influence énormément. galerie Over the Counter. « Nos pièces étaient en vitrine, elles ont été vendues. Grâce à Rania, nous nous sommes fait mieux connaître à Beyrouth où nous travaillons de plus en plus avec des particuliers. » Ils révèleront en décembre prochain leur première exposition solo à la galerie Art Factum. Leur côté rétro futuriste qui lorgne beaucoup sur l’élégance a fait qu’un de leurs vases figure désormais dans la collection permanente du musée d’art contemporain de Shanghai. « C’est un vase immergé. Un objet qui a subi une inondation ». Si la vie est faite de rencontres, la leur en est parsemée. La première fut avec Stephan Hamel, consultant en design, ami de la sœur de David, et qui leur avait trouvé un appartement quand ils ont débarqué à Milan. Puis ce fut Sam Baron à Fabrica. Il avait remarqué qu’ils aimaient les diagonales et leur avait demandé de faire un projet sur ce thème. Et ainsi de suite. Bientôt une marque en leur nom. ? « On ne sait pas. Peut-être, mais sûrement pas pour le moment. » Jolie rencontre pour nous aussi.

En haut, Orquestra pour Vista Alegre. Ci contre , les chaises Tie Break.


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LE SEMEUR D’OR Pour rendre hommage à 30 ans d’une carrière hors normes, les Arts décoratifs, à Paris, ont demandé à Dries Van Noten de présenter son univers lors d’une exposition à son image, unique. Rencontre avec un créateur que l’on adore aduler. P a r L O U I S B O M P A R D , p h o t o g r a p h i e s M A R O E S J K A L AV I G N E

S

eptembre dernier, en pleine fashion week parsienne, au centre d’un immense hangar du 13e arrondissement, les derniers accords de Colin Greenwood, bassiste de Radiohead, sonnaient la fin du récital. Là, émotion, ici frissons, partout standing ovation. Mais, pour une fois, le musicien britannique n’était pas le premier destinataire de cette vague d’adoration. Ces applaudissements, comme des cris du cœur, étaient pour celui qui lui avait demandé de mettre en

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« L’exposition m’a permis de passer en revue toutes mes collections. Je trouve les dernières plutôt matures, mais pas parfaites. Je continue de voir ce qui ne va pas. » musique son défilé : Dries Van Noten. Bien entendu, nous partagions le sentiment du jour : le créateur avait livré là une de ses plus vibrantes collections. La décision fut immédiatement prise : lui, si rare dans la presse, allait se voir rendre hommage par L’Officiel. Nous allions tenter de comprendre la mécanique derrière ce talent unique. Cependant, nous n’étions pas les premiers à avoir cette idée, puisque l’on apprenait au même moment que le musée des Arts décoratifs, à Paris, préparait pour mars une exposition dédiée au créateur belge. Encore une fois, impossible pour Dries Van Noten de suivre les chemins déjà tracés : réalisée main dans la main avec le musée, l’exposition intitulée « Inspirations » se présente davantage comme un voyage dans son processus de création que comme une rétrospective de son œuvre. Collections, photos et vidéos de trente années de défilés sont ainsi complétées par la présentation exceptionnelle d’œuvres d’art ou de pièces d’autres créateurs (d’Elsa Schiaparelli à Yves Saint Laurent) qui ont inspiré l’Anversois. C’est d’ailleurs dans ses bureaux d’Anvers, situés dans les vastes docks de sa ville de toujours, que nous rencontrons Dries Van Noten. Après un tour enchanteur dans son entreprise décorée comme le plus cosy des appartements, entre fauteuils club patinés, tables en bois converties en bureaux et vases précieux, le créateur nous attend, aussi chaleureux que son bâtiment. Le voyage à travers son univers reprend là où il nous a laissés en septembre dernier, les riffs de basse en moins… Vous ne vous exprimez pas beaucoup dans la presse, c’est donc finalement compliqué de préparer une interview vous concernant… « Je sais, mais tout le monde doit travailler ! Je ne veux vraiment m’exprimer qu’à travers mes vêtements. Il y a tellement de moi en eux que l’on y voit mon âme. Et la vraie, 190

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puisqu’ils sont souvent plus réfléchis que les mots. Mais avec vous, je vais essayer de me concentrer ! » (Rires.) Que représente pour vous l’exposition que les Arts décoratifs vous consacrent ? « Une surprise, tout d’abord. Puis un enthousiasme qui nous a portés. Mais également une peur. La peur de passer à côté d’une chose formidable pour nous, la peur que cela n’intéresse pas les gens. C’est quelque chose d’encore plus intimiste que mes collections, puisque je ne voulais pas faire une rétrospective, mais expliquer aux gens la façon dont je travaille, d’où le mot ‘inspirations’. Et forcément, on s’expose plus aux critiques lorsque cela devient personnel. » Voyez-vous également dans cette exposition un hommage rendu à la mode belge ? « Pas vraiment. Car si j’aime mon pays, que je n’ai d’ailleurs jamais réussi à quitter, j’ai du mal à voir dans la maison Dries Van Noten une marque belge. Elle est internationale. Regardez le studio, ces jeunes gens viennent du monde entier. » Pourtant, vous restez indissociable de l’aventure des Six d’Anvers, les premiers créateurs belges à s’être faits un nom. Quel lien ressentez-vous avec eux ? « Il est éternel. Nous continuons à nous donner des nouvelles ! Par exemple, Ann Demeulemeester était ce matin dans mon jardin pour que l’on s’échange des fleurs et des graines. » Ah oui ? Et les siennes sont noires et blanches et les vôtres haut en couleur ? « Pas du tout, et vous seriez même surpris de voir ça ! » (Rires.)

Dries van Noten nous accueille dans les locaux de son entreprise, sur les docks, dans lequels il s’est installé en 2000. En bas à droite, la réserve de tissus de la maison occupe tout un étage du bâtiment.



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Vous ne vous voyez pas quitter Anvers ? « Pourquoi le ferai-je ? Surtout à l’époque d’internet… Nous sommes prêts de tout ici : en quittant mon bureau, je suis à quelques minutes de l’aéroport. Et puis, j’aime cette tranquillité, cette atmosphère, cette culture, cette nourriture. Ici, nous pouvons profiter de la ville entière. Alors que dans les mégapoles, on crée son propre village que l’on ne veut pas quitter. » Paris a quand même quelque chose de spécial pour vous ? « Bien sûr, n’ayez pas peur ! C’est ma deuxième maison. J’y défile, j’y trouve l’inspiration, c’est là que j’ai ouvert ma première boutique en dehors d’Anvers. Je suis d’ailleurs véritablement tombé amoureux de cet endroit, quai Malaquais. Déjà parce que les murs sont sublimes, mais aussi parce que pour me sentir bien, j’ai besoin de voir une rivière. Alors là, sur les quais de la Seine… » Incontestablement, vos derniers défilés font partie des plus applaudis. Voir une ville qui n’est pas la vôtre vous aduler à ce point vous procure-t-il un sentiment particulier ? « Oui, forcément, mais je ressens surtout une pression supplémentaire lorsque l’on me félicite pour une collection. Cela veut dire que je serai encore plus attendu à la suivante. Et on s’attend rarement à ce qu’une collection fonctionne plus qu’une autre. Prenez par exemple celle du printemps-été 2013. Nous voulions simplement créer une allure typique, naturelle et légère, inspirée par Kurt Cobain, et elle fut l’une des favorites de la saison auprès des rédactrices. » Vous lisez les critiques ? « Oui, et aussi celles des blogueurs. Certains créateurs ne le font pas, moi elles me font avancer. Les rédacteurs 192

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de mode voient le défilé en live, donc de profil, alors que les blogueurs le voient sur Internet, de face. Il est donc important d’avoir leurs deux avis. » Ressentez-vous un état de plénitude en tant que créateur ? « L’exposition m’a permis de passer en revue toutes mes collections. Effectivement, je trouve les dernières plutôt matures, mais pas parfaites. Je continue de voir ce qui ne va pas, même pour un détail. » Pour comprendre votre style, il faut s’intéresser à vos origines et à votre parcours : vous êtes issu d’une famille de tailleurs, votre éducation chez les jésuites vous a donné le goût de la rigueur et le fan de David Bowie que vous êtes, l’esprit d’originalité. Ce portrait vous va bien ? « Je vois que vous avez travaillé ! Oui, c’est assez juste. Pour décrire mon style, je dirais que je ne veux pas choquer gratuitement, je veux tout regarder d’une autre manière. C’est pour ça que j’aime les contrastes, mais je ne veux pas que créer devienne un système. Chaque saison doit avoir un chemin différent. Et la première chose que je dois faire, c’est surprendre mon propre studio. » Et comment procédez-vous alors pour créer ces collections ? « Toujours d’une façon différente et toujours dans l’échange avec mes équipes. Même si la femme que l’on voit dans mes collections est toujours sensiblement parisienne, aimant prendre des risques et se jouant des codes, elle n’est jamais vraiment la même. Du coup, il faut la trouver avant de commencer à penser à des vêtements. On s’assoit autour d’une table, et on commence un ping-pong. Par exemple : où part-elle en vacances ? À Calcutta, OK. Fume-t-elle ? Si

Le créateur marque sa singularité jusque dans les détails de la décoration de son studio. Rarement une entreprise de cette envergure dégage une telle sérénité élégante.


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approprier. Alors oui, ces maisons font du mal à la mode et à la femme. » Êtes-vous à contre-tendance ? « Pas si c’est négatif. La mode, c’est de la joie. » Votre volonté de rester indépendant financièrement fait aussi de vous quelqu’un qui avance à vent contraire dans le paysage de la mode. « La question s’est posée, une fois, en 1997. Tout le monde achetait tout le monde, nous nous sommes donc demandés si nous aussi nous devions réfléchir à cela. Et puis rapidement, on s’est dit que cela n’était pas pour nous. Si je n’avais pas été indépendant, on m’aurait empêché de faire de l’organza dans la fameuse collection inspirée de Kurt Cobain parce que, paraît-il, ça ne se vend pas. On a vu le résultat… Mais cela n’est-il pas un passage obligé aujourd’hui pour se développer ? « Mais pourquoi se développer ?! Je n’ai pas besoin d’avoir une boutique dans chaque ville du monde. Mieux, je n’en ai pas envie. Je vis très bien comme cela. Et, honnêtement, mon entourage et moi avons-nous l’air malheureux ? »

« Je ne ferai jamais de collections sans imprimés ou broderies car nous faisons vivre plusieurs fabricants, en Inde notamment. Et je ne les laisserai pas tomber, même l’espace d’une saison, ça serait très compliqué pour eux financièrement. » oui, quoi ? Boit-elle ? Si oui, est-elle plutôt mojito ou verre de vin ? Si c’est du vin : rouge ou blanc ? Où habite-t-elle, avec qui ? C’est pour cela que je ne pourrais pas travailler sans mon équipe. »

Effectivement. Et comment ne pas être heureux dans des locaux aux allures d’appartement, avec des œuvres d’art à la place des habituelles machines à café ? « C’était important pour moi de donner de l’émotion aux gens avec qui je travaille. Qu’ils pensent à l’artiste, à l’homme qui est derrière et puis, forcément, un peu à la mode. » Et vous, vous pensez tout le temps à la mode ? « Non. Dans mon jardin, non. » Exposition « Dries, Van Noten, inspirations », du 1er mars au 31 août, aux Arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, Paris 1er. www.lesartsdecoratifs.fr

Avec vous, tout semble partir des tissus, des imprimés, des broderies… « Cela vient après avoir trouvé la muse de la saison, mais oui, bien sûr, c’est plus qu’important pour moi. Je ne ferai jamais de collections sans imprimés ou broderies car désormais nous faisons vivre plusieurs fabricants, en Inde notamment. Et je ne les laisserai pas tomber, même l’espace d’une saison, ça serait très compliqué pour eux financièrement. Je suis fidèle et responsable, voilà tout. » Un tel altruisme est rare et étonnant à l’heure de la mode business. Finalement, n’êtes-vous pas anti-mode ? « Non. Du moins, je l’espère, car j’adore ça. La mode est une éponge qui évolue avec son époque, et cela me fait vibrer. Quand le monde est beau, la mode est belle. » Vous vous êtes pourtant ouvertement opposé aux maisons qui font régner aujourd’hui le minimalisme ! « Oui, car ce qui est parfait m’ennuie, et ce qui se ressemble encore plus. La mode ne doit pas être un diktat. On doit pouvoir s’approprier le vêtement. Et lorsque l’on en crée qui sont aussi rigides qu’un vase, il est impossible de se les AVRIL 2014

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LA VIE

NAIM

Un prénom qui incarne toute une époque. Naïm n'est pas un simple "coiffeur pour dames". Il fut - est toujours - un véritable philosophe capillaire et l'officiant des grand-messes de boudoir qui précédaient les fêtes éblouissantes du Beyrouth de l'âge d'or. Avec ses ciseaux, ses brosses et ses épingles, il aura traversé le globe de part en part pour enfin jeter l'ancre à Londres. Carole Corm lui consacre un ouvrage attachant publié aux éditions Darya Press. P a r F. A . D . p h o t o s e x t r a i t e s d e l i v r e “ N A I M , A B R U S H W I T H H I S T O R Y ”

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En haut Naim dans son salon à l’hotel Prince de Galles


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Un oncle le prend sous son aile et le place auprès de Michel Khadra, un coiffeur réputé, non loin de son propre bureau, dans le secteur Bab Idriss

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pprenti coiffeur, c'est le petit métier auquel aspiraient en général les enfants défavorisés de Beyrouth. Naïm n'était pas défavorisé. Né dans une famille de la bougeoisie, il eut simplement la malchance d'avoir un père obsédé par les courses et une mère qui ne faisait pas grand cas de ses enfants, le petit Naïm et sa sœur. Vers l'âge de 7 ou 8 ans, le garçonnet est violenté par un "abadaye", un fort à bras de son quartier. Il en garde un traumatisme violent qui le pousse à multiplier les tentatives de suicide. Autant d'appels au secours pour un gamin si jeune. Au seuil de l'adolescence, il ne supporte plus son collège, le collège des Frères de Gemmayzé, où il est sans cesse persécuté par ses camarades. Un oncle le prend sous son aile et le place auprès de Michel Khadra, un coiffeur réputé, non loin de son propre bureau, dans le secteur Bab Idriss, au centre-ville. En ce milieu des années 50, Beyrouth aimante les pétrodollars avec sa nouvelle loi en faveur du secret bancaire et offre une escale idéale pour les millionnaires de la région en quête de Dolce Vita. Christian Dior vient de lancer le New Look, tailles de guêpe et jupes corolles. Un style qui s'accompagne de coiffure sophistiquées qui se déclinent en "'Pompadour", "Bouffant" ou "Artichaut". Les fixateurs

sont fabriqués à la cuisine du salon avec des émulsions maison de mixtures à base de résine. Naïm habite désormais chez sa tante Alice dont le chauffeur l'accompagne chaque matin à son nouveau travail. Pour le plus grand bonheur des clientes, il a des manières raffinées et parle un français parfait. Il est heureux dans cette atmosphère de boudoir, feutrée, parfumée, sécurisante, loin des vociférations des hommes de la rue qui le terrorisent. Très vite, on se dispute ses services. May Arida, icône de la vie culturelle libanaise, l'une des fondatrices du Festival de Baalbeck et longtemps sa présidente, témoigne: "J'ai connu de nombreux coiffeurs célèbres, comme les sœurs Carita ou Alexandre, mais personne n'est aussi rapide que Naïm, Oulala." Très vite, Naïm est appelé à travailler au salon de coiffure de l'hôtel Saint Geroges, l'un des plus élégants de la capitale. Affecté au shampoing, il ne restera pas longtemps aux bacs. Un jour, il ose demander à May Moussa, épouse du PDG du Casino du Liban, une habituée du salon par ailleurs propriétaire de la maison "Chantal", représentante de Christion Dior à Beyrouth, de l'autoriser à la coiffer. Le résultat est surprenant. Le bouche-à-oreille fera le

En haut Le chignon de Naim ,milieu années 60.

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Pour la chanteuse populaire Sabah, il imagine une coiffure surréaliste avec une guirlande de Noël illuminée. reste. Quand la famille Fattal, distributrice de quasiment tout ce qui se consomme sur le marché libanais, ouvre à Beyrouth une franchise Alexandre, sous le nom de "Faubourg Saint Honoré", Naïm est invité à rejoindre l'équipe du célèbre coiffeur parisien. Ce sera pour lui l'occasion de perfectionner son art et d'approfondir son apprentissage. Entré en "haute-coiffure", Naïm n'est plus un débutant mais un véritable créateur capable de concevoir au pied levé une coiffure exclusive pour chacune de ses clientes. Liliane Fattal Arida affirme qu' "avec Naïm, un chignon est monté en trois minutes, mais il est à chaque fois plus fabuleux que la précédente. C'était incroyable". Des têtes prestigieuses défilent sous ses doigts au hasard des grands événements culturels et mondains. Claudia Cardinale mais aussi Geraldine Chaplin, Jean Seberg, des princesses, des filles de milliardaires, des stars arabes et internationales. Pour la chanteuse populaire Sabah, il imagine une coiffure surréaliste avec une guirlande de Noël illuminée. C'est le moment pour lui d'ouvrir son propre salon de coiffure. Le "Beauty Shop", rue Spears, est un succès. Très vite, il s'offre des annexes, à Bhamdoun où il coiffe les festivalières en route pour Baalbeck et 196

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à l'hôtel Al Bustan, à Beit Mery. Un quatrième salon est ouvert à Hamra. Il est baptisé "Beauty and the Beast". On est au début des années 70. Bientôt, la guerre éclate. Le salon de la rue Spears est attaqué et cambriolé par des miliciens. Le vent tourne. Naïm se résout, la mort dans l'âme, à partir. Il fera quasiment le tour du monde avec pour seuls bagages ses ciseaux et la magie de ses doigts. De Koweit à Paris en passant par Le Caire, il multiplie les tentatives plus ou moins heureuses de redémarrer. C'est finalement à Londres qu'il trouvera sa vraie place. Célébré de longue date par L'Officiel et le Harper's Bazar, Le Figaro ou le Herald Tribune, Naïm installe son salon au 62 Beauchamp Place, à un jet de pierre de Harrods. A ses fidèles clientes du Moyen Orient s'ajoutent des figures phares de la société britannique telle la Duchesse de Kent, une habituée, ou Tamara Mellon, la co-fondatrice de la marque de maroquinerie Jimmy Choo qu'il coiffe pour son mariage. Avec lui, les années fastes de Beyrouth n'ont jamais disparu. Elle se sont juste un peu dispersées et survivent dans Londres, défiant la pluie de leur soleil éclatant. Naïm, a brush with history, Carole Corm, éditions Darya Press, 2014

En haut à gauche Naim jeune avec Claude Maxime à Beyrouth. En Haut au milieu,la frange déchiquetée. En bas à gauche Julia Boulle avec le soleil potsiche de Naim au bal du Baron Von Pantz à Paris en 1989. En bas au milieu, Naim coiffe Jean Seberg à Baalbeck sur le tournage du film Backfire. A droite, un manequin habillé d’une robe entierement faite de cheveux à l’hotel Bustan pour un événement.



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QUAND METROPOLIS ÉPOUSSETTE LE CINÉMA D’ART ET D’ESSAI

P a r P H I L I P P I N E D E C L E R M O N T-T O N N E R R E

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Achrafieh, le Metropolis est devenu en quelques années le temple du cinéma d’art et d’essai à Beyrouth. Cet endroit, où on laisse le temps au spectateur de contempler le générique du film jusqu’à la fin sans que la lumière s’allume instantanément, est un lieu chéri par tous les cinéphiles du pays. « Ce cinéma est né d’une volonté de créer un lieu qui fédère les nombreux festivals et évènements cinématographiques du pays qui n’avaient pas leur place dans les salles commerciales », affirme Hania Mroué, directrice de l’Association Metropolis qui programme depuis 2009 les deux salles obscures du centre Sofil, lequel a vu défiler en 2013 pas moins de 70 000 spectateurs. Selon la directrice, les spectateurs associent désormais Metropolis à « un certain genre de films ». En 2011, les programmateurs choisissent de projeter « The Artist », avant même qu’il ne soit couvert d’Oscars. «Le film de Michel Hazanavicius a recueilli 10 000 entrées dans le pays, dont 8 000 à Sofil», assure-t-elle.

En haut: Entrée de la salle Sofil. Page de droite: Le Festival du Cinéma Européen.

PHOTOS TONY ELEIH

Créé en pleine guerre du Liban, le cinéma du centre Sofil a connu une période faste avant de subir de plein fouet la concurrence des salles de centres commerciaux. En 2009, l’association Metropolis entreprend de ressusciter ce lieu emblématique.


LES DÉBUTS À AL MADINA A l’été 2006, au lendemain de la Coupe du Monde de football, l’association inaugure le lancement d’un nouveau cinéma dans la salle du théâtre Al Madina en dévoilant au public les films de la Semaine de la Critique à Cannes. Cette sélection, considérée comme la plus pointue du festival français, devait donner le ton de la future feuille de route des programmateurs. Un jour plus tard, le 12 juillet, une guerre totalement inattendue éclate entre le Hezbollah et l’Etat hébreu. «Il a fallu évacuer vers la Turquie tous les invités venus de France et de Belgique mais aussi les 14 pellicules qui arrivaient directement de Cannes et que nous nous étions engagés à renvoyer rapidement en France. Les convives ont été rapatriés en bus, via la frontière syrienne, tandis que le renvoi des films a dû attendre la réouverture de l’aéroport

METROPOLIS RESSUSCITE LE CENTRE SOFIL Le Théâtre Al Madina étant devenu trop exigu pour accueillir des spectateurs toujours plus nombreux, le projet déménage en 2009 dans le centre Sofil. Propriété du Circuit Empire, dont le nom reste associé à l’âge d’or du cinéma libanais, les deux salles du centre, de 270 places chacune, faisaient grise mine depuis longtemps. Ouvert en pleine guerre du Liban, le cinéma Sofil a pourtant connu de belles années, de sa création en 1982 jusqu’à la fin des années 1990. « Nous avons inauguré les deux salles avec les films « Les Sous-doués en vacances», de Claude Zidi et « Coco Chanel » de Georges Kaczender, à une époque où le film français était beaucoup plus populaire que maintenant », se remémore Mario Haddad, président du Circuit

Jusqu’à l’arrivée de Metropolis. Alain Resnais, Pedro Almodovar, Roberto Fellini ou encore Claude Chabrol, les rétrospectives organisées par les nouveaux programmateurs remportent un franc succès. un mois plus tard », se souvient Hania Mroué. Contre toute attente, la Semaine de la Critique aura quand même lieu à Beyrouth et rencontrera un public improbable de jeunes refugiés du Sud-Liban et de la banlieue sud. «Nous avons décidé de montrer les films aux enfants qui avaient trouvé refuge au deuxième sous-sol du cinéma. Alors que certains n’étaient même pas sous-titrés en arabe, nous avons été surpris de constater beaucoup d’enthousiasme parmi l’audience», raconte-t-elle. Cet épisode est venu confirmer l’intuition des instigateurs de l’association Metropolis, persuadés que le cinéma d’auteur pouvait parler à tout le monde, contrairement aux préjugés.

Empire, fondé en 1926. « A la fin de la guerre, la ville s’est reconstruite petit à petit et de nouvelles salles ont émergé un peu partout. Le Sofil ne pouvait pas concurrencer les grands complexes modernes. Avec l’arrivée de l’ABC, il s’est considérablement affaibli », affirme Mario Haddad. Le cinéma va se chercher pendant un certain temps, en proposant des alternatives aux multiplex commerciaux, sans grand succès. Jusqu’à l’arrivée de Metropolis. Alain Resnais, Pedro Almodovar, Roberto Fellini ou encore Claude Chabrol, les rétrospectives organisées par les nouveaux programmateurs remportent un franc succès. Ces évènements sont à chaque fois l’occasion de dérouler un peu plus le tapis du


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RAPPROCHER LE PUBLIC DU CINÉMA LIBANAIS La promotion de ce cinéma est justement l’une des raisons d’être de Metropolis qui s’est attelée à rapprocher les productions régionales de leur public. « Il y a eu un moment de distance avec le cinéma indépendant libanais et arabe. La responsabilité en incombe essentiellement aux exploitants et distributeurs locaux qui diffusent surtout des 200

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productions commerciales, qu’elles soient occidentales ou d’ici », remarque Hania Mroué. Dans ce contexte de pseudo-acculturation, Metropolis va oser sortir des sentiers battus et diffuser en 2008 « The One Man Village », documentaire libanais qui va enregistrer 2.000 entrées. Le succès de ce long-métrage, réalisé par Simon el Habre, encourage les programmateurs à continuer de prendre des risques. Cette percée du cinéma d’auteur libanais va progressivement gagner les autres salles du pays. « Sleepless Night, le documentaire d’Eliane Raheb est sorti dans plusieurs cinémas au Liban, dont Vox et Bliss. Cela signifie qu’il existe une réelle curiosité du public pour les films indépendants», note Hania Mroué. VERS UNE CINÉMATHÈQUE ? Avec la cinémathèque de Tanger, Al-Kasaba à Ramallah et le Cinéma d’Art de Tunis, le Metropolis fait partie des salles d’Art et d’Essai les plus épanouies de la région. Les programmateurs entendent également jouer un rôle de conservation du patrimoine cinématographique national. Quelques traces du siècle dernier sont déjà exposées à l’entrée du cinéma. «Nous avons des vieux projecteurs, des amplis et plusieurs machines dont une servait à transférer les films du format 16 mm ou format 35mm. Tout ce matériel a pu être récupéré in extremis au moment de la vente du bâtiment du studio Baalbeck, qui était la plus grande plateforme de post production de la région », indique Tania Mroué. Qu’il s’agisse des archives du Studio Baalbeck ou des souvenirs de la mythique Salle Empire 1 de la place des Canons, la guerre a emporté une grande partie de la mémoire du Septième Art au Liban. Rassembler ce qui reste pourrait être la mission de Metropolis dans les dix ans à venir.

En haut: Projection en plein air de Easy rider à The Garten (Biel).

PHOTOS © ÜBERHAUS

patrimoine cinématographique mondial face à un public averti qui en demande. Qu’il s’agisse du festival du film européen, de « Ayam Beirut Al Cinema’iya », des « Ecrans du réel » ou de la semaine Arte, Sofil est devenu, en l’espace de quelques années, le repère incontournable du cinéma alternatif. Non sans un soin particulier accordé à la forme, qui contraste avec l’image «poussiéreuse » qu’on attribue souvent aux salles d’art et d’essai en Europe. Symboles d’une politique de promotion et de communication « clean » : ces fameux petits fascicules pédagogiques et attrayants disposés sur les tables basses vintage à l’entrée du cinéma, qui ont vocation à guider le spectateur dans le choix des films. «Les Libanais aiment que les salles soient propres, que ce soit un peu prestigieux. Il faut présenter les films comme si c’était un évènement à ne pas rater », explique Hania Mroué. Le succès de la formule Metropolis réside donc dans ce savant équilibre entre prestige et accessibilité. « Nous voulions que cette salle soit accessible à tout le monde, en particulier aux jeunes qui représentent le public de demain. On organise beaucoup de projections gratuites, comme la semaine AFAC. On a également créé le « festival pass » qui donne accès à des séances à 3000 livres », poursuit l’ancienne directrice de Beirut DC, une ONG qui œuvre pour la promotion du cinéma libanais et arabe.


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TINDER SURPRISE It’s a match ! Ça y est, nous sommes connectés, on peut commencer à “chater”. 35 amis en commun, 3 kilomètres nous séparent, il est plutôt mignon. Tinder, l’application pour Smartphones, née il y a un an, connaît un boom au Liban comme partout ailleurs. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le dating virtuel sans jamais oser le demander. Ni vous inscrire. Par MÉDÉA A ZOURI

Tinder s’est donc alignée sur le concept gay de Grindr. Avant lui, d’autres avaient essayé le concept et s’étaient cassé les dents. Pourquoi Tinder fonctionne-t-il plus que les autres app de dating? Tout simplement parce que ce n’est pas une application de dating à proprement parler, même si tout le monde l’utilise dans ce butlà. Et puis, on n’utilise pas Tinder, on joue à Tinder. On tourne les pages en quête d’un beau mec ou d’une jolie fille et on like le profil. Anonymement. L’autre ne le sait pas à moins qu’il ne vous ait liké(e) également. Si c’est le cas, s’affiche la phrase tant attendue : It’s a match ! Le Saint Graal. Bienvenue dans le monde totalement dingue de Tinder. 202

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Tinder, c’est la matière combustible qui permet à un feu de s’allumer. On comprend mieux la petite flamme, légèrement diabolique, qui fait office de logo. Mais s’enflamme-t-on sur Tinder quand on est Libanais ? Un Libanais, oui. Une Libanaise, moins. Les jeunes femmes qui s’y trouvent ont, pour la plupart d’entre elles, entre 22 et 28 ans. Les trentenaires et les quadras sont moins nombreuses. Probablement qu’elles ont honte de montrer qu’elles sont célibataires et qu’elles sont en quête d’une histoire. Surtout que les mecs, eux, sont là surtout pour un plan cul. On ne va pas se leurrer, un Libanais de 27 ans ne cherche pas à se marier. En tout cas, ce n’est pas le but premier. Seules 65 demandes en mariage dans le monde ont uni des couples rencontrés sur Tinder. Par contre, 100 millions de likes ou dislikes sont cliqués chaque jour dans le monde. Total de 13 milliards depuis le lancement l’année dernière. 2 millions de matchs sont générés quotidiennement. Ensuite, c’est à vous de jouer. Les techniques de drague sont diverses. Si l’homme a passé la cinquantaine, ce sera une invitation à dîner d’entrée de jeu. Si le jeune homme est dans la vingtaine, ça peut tout de suite être un one night stand accompagné de son numéro téléphone. Même à 2 heures du mat. Il y a des hommes subtils, plein d’humour, comme on en trouve sur la page www.facebook.com/tinderfunny, des mecs plus glauques, voire agressifs, et des types plutôt gentillets qui n’osent pas vraiment. Oui, j’ai essayé Tinder. J’ai liké, beaucoup disliké. Rencontré des mecs hors frontières. Le kilométrage n’étant pas très précis, beaucoup de très jolis jeunes hommes se trouvaient derrière la frontière sud. Une situation un peu borderline. Quelques hommes de mes connaissances, aucune femme (on peut ouvrir les deux options). Tinder a donc encore du mal à apprivoiser les Libanais(es). Pourtant, le concept est pratique. On verra bien si d’ici quelques temps, la sauce prendra comme avec Grindr. D’ici là, les femmes se contenteront d’un joli petit flirt via Facebook peut-être. Et c’est bien dommage.

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inie la honte de faire des rencontres sur le web. Tout du moins pour les Occidentaux. A Beyrouth, si Tinder est en train de cartonner, les femmes ont encore un peu peur de s’inscrire sur l’application qui bat tous les records. Tinder a un an. Et en un an, cette “app” à mi-chemin entre le networking et le dating, a ringardisé les sites de rencontres classiques. Sur Tinder, seule la photo compte. On se fout de savoir si l’autre aime les Rolling Stones ou le hiking, les sushis ou « Brothers and Sisters », le rock alternatif ou la deep house. Un couple ne s’unit pas sur des points communs. Et une rencontre ne se fait pas grâce à l’admiration qu’on a pour le cinéma de Buñuel. Une rencontre, c’est le premier regard. On mate une fille, un mec et on se dit “oui”, “non”, “oui”, “non”. Je la branche, je lui donne sa chance et hop, l’alchimie, les hormones, les odeurs font le reste. Ensuite, on voit si ça marche. Ou pas. Pas d’intérêts communs sauf le like. Parce que sur Tinder, on ne se prend pas de râteau. Comment ça marche ? On s’inscrit uniquement via Facebook. Pas d’arnaque, ni de fausses informations. Des photos, des amis en commun, des pages likées sur le réseau social, basta. C’est rassurant, surtout pour les femmes. Tinder fonctionne donc comme dans la vraie vie. Déjà sur le périmètre. On détermine la distance qui nous sépare de l’autre et on choisit la tranche d’âge qui nous importe. Pas de photos de sexe et peu de “fake profiles”, Facebook fait la censure dès le départ.


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LAMIA CHARLEBOIS Dire qu’on est dans l’ère de la communication est un euphémisme. On est tous scotchés à nos téléphones. Les yeux rivés sur tous les écrans qui font désormais partie intégrante de nos vies. A travers les réseaux sociaux, on nous apprend, on nous fait réfléchir, on nous pollue et on nous fait sourire. C’est ce que Lamia Charlebois (Ghantous) nous procure avec ses statuts sur Facebook que les éditions Noir sur Blanc viennent de regrouper dans un ouvrage intitulé « Mémoires d’écureuil ». Par MÉDÉA A ZOURI

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i Lamia Charlebois est une professionnelle de la communication, journaliste, conférencière et ex chroniqueuse à Radio Canada, les pensées qu’elle poste sur son “wall” ne vont pas dans ce sens-là. Elle ne communique pas, elle partage. En franglarabe. Elle s’amuse avec ses mots et ses idées, des situations et de l’actualité. Guerre, exil, décès, divorce, elle s’est battue avec courage, humour et amour, ses expériences de vie lui ont donné un flair unique. L’auteure de ce recueil est drôle et pertinente, franche et douce. Ses statuts ne se ressemblent pas. Et lorsqu’ils apparaissent, il y a de fortes chances que l’on soit surpris. Que l’on rie aux éclats ou qu’on se demande ce qu’il lui arrive. À travers ses phrases ou ses paragraphes, on peut parfois lire entre les lignes. Deviner ce qui se passe dans sa vie, ce qui se passe dans sa tête, sans jamais vraiment savoir. A part parfois, son emploi du temps ou ses programmes et quelques uns de ses états d’âme. Ses voyages, le froid canadien, le Liban qui lui manque, sa fille, ses repas familiaux, ses potes. Tout y est. «Ce matin, sous ma fenêtre, un corbeau bouffait les entrailles d'un écureuil probablement écrasé par une voiture. Chaîne alimentaire urbaine: Honda-écureuilcorbeau- crotte-gazon-fleur. "Il tenait en son bec un FROMAGE" que dit la fable, espèce de charognard dégueulasse». « -27°C depuis deux jours, -16°C aujourd’hui. On étouffe ! »

Utilisation abusive de points d’exclamations, de majuscules ou de points. Violation des règles de grammaire dans les trois langues, Lamia Charlebois s’amuse et le lecteur avec elle. « La plus grande qualité des Libanais est le pouvoir de se battre à coup d’humour. Mes parents me l’ont appris sous les bombes, j’ai utilisé l’arme du rire à travers mon parcours et je l’offre aux miens avec ce livre » dit-elle en 4e de couverture. Etape prochaine, l’ “ajouter” sur votre liste d’amis Facebook. En instantané, c’est encore plus incisif. 204

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« Le plus grand cadeau de votre ado? En pleine party elle vous appelle et vous dit: "MAMAAAN, viens danser avec nous! " Merci Laylou! »



PHOTO DVF, THE ANDY WARHOL FOUNDATION FOR THE VISUAL ARTS, INC./ADAGP PARIS 2014

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FORCE DE WRAP Sacrée « femme la plus puissante de l’industrie de la mode » par le magazine « Forbes » l’an dernier, Diane von Furstenberg fête à Los Angeles l’ouverture de l’exposition « Journey of a Dress », une rétrospective consacrée à sa célèbre « wrap dress ». Elle nous raconte l’histoire de cette robe portefeuille unique qui a traversé le temps. Par FRÉDÉRIQUE DEDET

Diane von Furstenberg photographiée dans son exposition, en janvier dernier.


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a biographie ultra-romanesque commence en Belgique en 1946. Elle naît Diane Halfin à Bruxelles d’un père roumain, d’une mère née en Grèce et survivante d’Auschwitz. Une femme à l’énergie hors du commun qu’elle a transmise à sa fille. Étudiante à l’université de Genève, la jeune et belle Diane rencontre Egon von Fürstenberg, un vrai prince charmant. Après quelques années de passion entre New York et l’Europe, Diane et Egon se marient le 26 juillet 1969. « Là où habituellement les contes de fées se terminent, le mien a commencé », ditelle avec un sourire. Le jeune couple s’installe à New York. Pour Diane, être princesse n’est sûrement pas une carrière et elle a quitté l’Europe avec dans ses valises quelques modèles en jersey qu’elle fait fabriquer en Italie. « Le choix à l’époque se limitait aux vêtements couture, ceux des hippies ou à des horreurs en polyester. » Elle prend rendez-vous avec Diana Vreeland, alors surpuissante rédactrice en chef du Vogue américain et formidable découvreuse de talents. Nerveuse, Diane, enceinte de son aîné Alexandre, attend entourée par les assistantes et les stylistes de la grande prêtresse de la mode. Diana Vreeland, ongles rouges et fume-cigarette légendaires, finit par faire son entrée et passe à deux jeunes mannequins,

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Loulou de la Falaise et Pat Cleveland, les robes chemisiers et les robes T-shirts que Diane a apportés d’Europe. Et les trouve « formidables » : les matières, les coupes, les imprimés sont parfaits, « c’est exactement ce dont nous avons besoin », lui écrit Diana Vreeland… Des millions de femmes vont bientôt être de son avis. UNE FEMME LIBÉRÉE Diane est lancée. La robe portefeuille, créée en 1974, fait exploser ses ventes et devient le vêtement de la libération de la femme. « Je suis toujours impressionnée quand je vois ma robe dans les livres de sociologie », avoue-t-elle. Une robe dont Diane parle comme d’une personne. Sa fille Tatiana lui a d’ailleurs dit, en pleins préparatifs de l’exposition, qu’il fallait qu’elle admette avoir eu trois enfants : son frère Alexandre, elle et la robe portefeuille… Une création qui lui a tout donné : son indépendance et sa notoriété. « Cette robe portefeuille, qui en français porte si bien son nom, a payé mes factures et l’éducation de mes enfants, mais je lui en ai voulu parfois de n’être réduite qu’à elle. » Il faut dire que le succès est fulgurant : en deux ans, Diane en vend plus d’un million, vole la couverture de Newsweek à Gerald Ford, fait celle du Wall Street Journal et appose son nom sur des lunettes, bagages et autres

Cent-deux robes pour le podium central. Les mannequins de Diane, dont les visages rappellent celui de la créatrice, se dressent sur des podiums en forme de diamant.

PHOTOS FREDRIK NILSSEN, BURT GLINN/MAGNUM PHOTOS, ROGER PRIGENT, WAYNE MASER, COURTESY DVF,DR

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Avec ses petits-enfants Antonia, Tassilo et Talita à Cloudwalk, en 2004. Sa première publicité, en 1972.

Diane présente le prix DVF en 2013.

« Cette robe portefeuille, qui en français porte si bien son nom, a payé mes factures et l’éducation de mes enfants. » En vacances avec son premier mari Egon von Fürstenberg, en 1969, sur l’île d’Ischia en Italie.

Diane dans son atelier à New York, en 1976..

Avec Barry Diller sur leur yacht, en 2006. À droite, Avec ses enfants Alexandre et Tatiana, en 1990.

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PHOTOS MARCELO GOMEZ, FRANÇOIS DUHAMEL/2014 METROPOLITAN FILM EXPORT, COURTESY DVF,DR

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licences… Son premier parfum, qui porte le nom de sa fille Tatiana, la mène à explorer l’univers des cosmétiques. Là encore, le succès est au rendez-vous. Côté cœur, ça va moins bien. Elle se sépare d’Egon (dont elle restera très proche jusqu’à son décès en 2004) et se retrouve à 26 ans, avec deux enfants, à la tête d’une entreprise en plein essor. Sa première décision de célibataire sera l’achat de Cloudwalk, sa maison du Connecticut qui est aujourd’hui encore son refuge et le lieu où sont conservées ses archives. Puis elle part à Bali quelques années et fait son retour en Europe, où au milieu des années 1980 elle fonde une maison d’édition avec son compagnon Alain Elkann, le père de Jaki, Lapo et Ginevra. Après leur séparation, Diane se réinstalle à New York. En son absence, la multiplication des licences a rendu sa griffe incohérente, les produits ne reflètent en rien son idée de la mode, elle s’attelle à racheter son nom. Et bien évidemment y parvient ! Les années 1990 la sacrent pionnière et star du téléachat avec la marque Silk Assets. Elle retrouve alors son ami Barry Diller, qui est devenu magnat des médias après avoir été le plus jeune président de la Paramount dans les années 1970, et qui est aujourd’hui chairman de IAC et d’Expedia. Ils ont été, au fil des ans, amants et amis avant de devenir en 2001, vingt-trois ans après leur pre-

Diane signe une collection de bijoux pour H. Stern en 2004, reçoit l’année suivante le prix du Council of Fashion Designers of America pour l’ensemble de sa carrière et devient, en 2006, présidente de cette puissante organisation de la mode aux États-Unis. INTEMPORELLE ET SEXY Diane von Furstenberg peut assumer pleinement sa robe portefeuille, l’aimer sans retenue et la célébrer. À Los Angeles, dans une mise en scène signée Bill Katz, 192 modèles sont exposés au Wilshire May Company Building, anciennement un grand magasin qui vendait sa fameuse robe dans les années 1970. Ils ont été regroupés avec talent par Michael Herz. Intemporelle et sexy, la robe qui a donné de l’assurance a tant de générations de femmes est magnifiée. La salle consacrée à l’art présente des œuvres et des portraits célébrissimes de la créatrice par Andy Warhol, bien sûr, mais aussi Francesco Clemente, Robert Longo, Ruben Toledo, Li Songsong et des clichés de Horst P. Horst, Helmut Newton, Annie Leibovitz et François-Marie Banier, pour ne citer qu’eux. Une collection instinctive, coup de cœur, qui lui ressemble et où beaucoup d’œuvres sont celles d’amis. Diane est d’une immense fidélité. « Diane porte chance ! », affirme Christian Louboutin.

Ci-dessus à gauche, Incarnation de la mode des années 1970. Amy Adams porte la robe iconique portefeuille dans le film, déjà ultrarécompensé, « American Bluff ». À droite, Diane devant son exposition « Journey of a Dress ». Page de gauche, « Diane » (huile sur toile, 2011), de Li Songsong.

« Je suis toujours impressionnée quand je vois ma robe dans les livres de sociologie. » mière rencontre, mari et femme. Quintessence du power couple, Diane et Barry sont aussi de grands mécènes au travers de la Diller-von Furstenberg Family Foundation. Elle subventionne de nombreux projets dans les domaines de l’éducation, des droits de l’homme ou de la santé. En 1997, les jeunes femmes chic, actrices et socialites, sa belle-fille Alexandra Miller von Furstenberg en tête, chinent leurs robes portefeuille dans les boutiques vintage. « Il y avait une demande, ça m’a donné confiance afin de relancer ma griffe. » Tout va recommencer grâce à celle par qui tout avait commencé… Gwyneth Paltrow, Jade Jagger et de nombreuses femmes adoptent immédiatement sa wrap dress. Un comeback qui annonce tous les succès pour le nouveau millénaire.

Pas étonnant que beaucoup de ses proches, famille et amis, toutes générations confondues, aient traversé la planète pour assister au vernissage de cette formidable exposition. Ils ont découvert dans la dernière salle une reconstitution fidèle du mythique club Studio 54. Alexandra Richards, fille de Keith et DJ de charme, officiait aux platines. Les femmes, toutes très élégantes en court ou en long et pour beaucoup en robes portefeuille, y ont dansé tard dans la nuit. L’aînée de ses petits-enfants, Talita von Furstenberg en était. Dans une robe de la collection capsule « Andy Warhol », la sublime jeune fille de bientôt 15 ans semble être très intéressée par la mode… Bon sang ne saurait mentir ! « DVF 40, Journey of a Dress », jusqu’au 1er avril au Whilshire May Company Building, 6067 Wilshire Blvd, Los Angeles.

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LA CRÉATION LIBANAISE AUX DUBAÏ DESIGN DAYS

En parallèle à Dubaï Art Fair, la 3ème édition du Dubaï Design Days recevait dans l’émirat, du 18 au 22 Mars, 45 galeries internationales et locales qui exposaient les créations de jeunes artistes et artisans. Janine Maamari, visiteuse privilégiée en sa qualité de fondatrice de l’association à but non lucratif Liban Art, nous en offre un tour d’horizon. P a r F. A . D .

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Page de gauche: à gauche , lampadaire Wires par Marc Baroud et Marc Dibeh. En haut à droite Un grand rectangle par Karim Chaya. En bas à droite Aladdin par Carlo Massoud. Page de droite: En haut à gauche Copeaux Miraculeux par M. Anastassiades. À droite Globe branching bubble par Lindsey Adelman. En bas, New York par Majd Bazerji.

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« Fière de la qualité des travaux des participants libanais, je n’en ai pas moins apprécié les œuvres des grandes galeries internationales. »

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ans les quatre galeries libanaises présentes, l’ambiance était dynamique et joyeuse. Chez Art Factum, l’accent était mis sur l’éclairage. Marc Baroud et Marc Dibeh y présentaient « Wires », lampes aux formes basiques, mais techniquement sophistiquées. Karim Chaaya, avec « oblique », donnait à voir une installation inspirée de l’origine de l’éclairage, avec des bougies en réflexion. Carlo Massoud, quant à lui, célébrait « Aladdin » et ses lampes magiques au mécanisme complexe. Carwan Gallery installée à Beyrouth depuis un an, présentait des artistes libanais et étrangers. Très remarquée, une installation de M. Anastassiades, « Miracle Chips » exécutée en feuilles de marbre, flexibles et légères comme des pétales de rose. Marc Baroud, Karen Chekerjian et Nada Debs sont eux aussi représentés chez Carwan. Squad Design est née d’une association des fondateurs de « Wood Factory » et d’une sélection de jeunes créateurs libanais. On y découvrait Carla Baz et ses tables «Dome», Majd Bazerji et ses chaises aux formes géométriques, Danny Mallat et ses modules de bibliothèque ainsi que des créations de Joe Boo Abboud et Joseph Kfoury. Squad Design a pour but de commercialiser ces

œuvres et de présenter leurs créateurs à l’international. La galerie Mohamed Maktabi présentait des tapis contemporains en laine et soie réalisés en Turquie à partir de cartons de jeunes artistes. Fière de la qualité des travaux des participants libanais, je n’en ai pas moins apprécié les œuvres des grandes galeries internationales comme Ymer et Malta, avec ce banc arbre en bois sculpté, Victor Hunt Design Art dont les luminaires de Julien Carretero sont de grandes créations. La galerie chinoise Fabrick Lab nous rappelle que le souci de tout les pays reste le problème de climatologie. L’artiste Elaine Ng Yan Ling crée une installation faite de tissus et dérivés qui s’adapte aux fluctuations climatologiques. Ce concept est inspiré de la naturologie. Telles ont été mes découvertes à Dubaï Days” Carwan Gallery www.carwangallery.com Art Factum Gallery www.artfactumgallery.com Squad www.squad-design.com Liban Art a pour but de soutenir l’Art et les artistes à travers des expositions et des publications afin de promouvoir l’héritage culturel et l’Art Contemporain du Liban. Cette association entièrement financée par Janine et Antoine Maamari est basée sur le bénévolat. Pour aider: +961 1 363618

Page de gauche: En haut à gauche, Miroir par Marc Dibeh. Au milieu, Domes par Carla Baz. En bas, Objet 03 par Karen Chekerdjian. À droite, Biblio par Danny Mallat. Page de droite: Bureau par Marc Baroud et Marc Dibeh.

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DANS LA TÊTE DE SADIK ALFRAJI Sadik Alfraji est né en Irak, en 1960. Il vit et travaille aux Pays-Bas. Entre ces deux périodes de sa vie, l'enfance à Bagdad et la maturité à Amersfoort, une seule et lancinante interrogation sur la condition de l'homme et le sens de sa liberté hante son œuvre. A l'initiative de Solidere, avec pour curatrice Mayssa Fattouh, une exposition lui est consacrée au BEC sous le titre "Biography of a head". P a r F. A . D .

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iplômé de l'Académie des Beaux Arts de Bagdad, pépinière des plus grands artistes irakiens contemporains, Sadik Alfraji commence sa carrière d'artiste avec des toiles impérieuses, dictées à vif par l'horreur de la guerre entre l'Irak et l'Iran de la fin des années 80. Hanté par la mort, il en dessine les contours sous la forme d'une silhouette noire qui ne cessera plus de sillonner ses œuvres. Il a encore vingt ans et sa culture est marquée au fer rouge par les œuvres des existentialistes qu'il lit sous les bombes. L'absurde, Sisyphe, l'illusion de la liberté, autant de thèmes qui dictent sa production, que ce soit en peinture ou en installations vidéo. Sa matière, il va la chercher à la source. Il se force, par exemple, à fréquenter un établissement psychiatrique pour restituer au spectateur l'essence même du dérèglement de l'humanité. A Amersfoort où il réside depuis plus de

vingt ans avec sa femme et leurs deux enfants, il est un convalescent qui se complait dans l'atmosphère lisse et paisible d'un pays sans guerre. Un convalescent qui ne guérira sans doute jamais des traumatismes subis, de la mort du père pour lequel il se promettait d'année en année de revenir, jusqu'à l'année où il fut trop tard. Toute la noirceur d'une vie passée à en interroger le sens s'étale sur des toiles surdimensionnées, dans des vidéos poignantes et obsédantes, sous des titres évocateurs: Godot arrive hier. La maison que mon père a construite. Je ne sens pas que je suis libre. Sisyphe participe à la manif. L'exposition globale de ses œuvres, donnée à voir à Beyrouth, a pour thème "Biographie d'une tête". On n'en sort pas indemne. “Biography of a head”, Beirut Exhibition Center, jusqu’au 13 avril 2014, de 11h à 20h. www.beirutexhibitioncenter.com +961 1 962000

En haut à gauche, Lambda. En bas, Quand la pluie tombe.En haut à droite, à Bagdad sous le monument de la liberté.

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JAPAN MANIA A BEYROUTH Loin des sushis bars et autres lieux à l’effigie de la gastronomie asiatique, une petite communauté de japanophiles expérimentent l’authenticité de la culture nippone. P a r P H I L I P P I N E D E C L E R M O N T-T O N N E R R E

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ls poussent comme des champignons au Liban. Le nombre de sushis bars n’a cessé d’augmenter ces dernières années. Parmi ce foisonnement de restaurants, « aucun ne ressemble toutefois à ce que l’on peut trouver

au Japon, pour la simple raison que le seul chef japonais dans le pays est le cuisinier de la résidence de l’ambassadeur », affirme Junko Hoki, professeur à l’Académie de Japonais de l’Université Saint Joseph. « Les ressortissants japonais sont peu nombreux dans le pays, on compte une soixantaine de personnes», souligne la jeune femme. Dans les différents établissements, le personnel est en général philippin, indonésien ou encore thaïlandais. Les cartes mettent à l’honneur le sushi et ses nombreuses variantes qui, pour certaines, n’ont pas grand-chose de japonais, si ce n’est leur base de riz collant. « Les California rolls sont une invention américaine, nous n’avons pas d’avocat au Japon ! », explique Junko Hoki. Symbole de la gastronomie nippone, le sushi est devenu comme la baguette, le hamburger ou le tacos mexicain un met incontournable du paysage culinaire mondial. Le succès de ces petites bouchées de riz surmontées d’une tranche de poisson a laissé dans l’ombre bien d’autres plats, pourtant très populaires sur l’archipel asiatique. CUISINE À DOMICILE Loin des plateaux de sushis, le Japon authentique se laisse donc découvrir ailleurs que dans les restaurants. Les leçons de cuisine à domicile constituent une bonne introduction en la matière. « J’enseigne la vraie cuisine japonaise, des plats familiaux préparés à la maison par les mères de famille », assure Emi Hagiwara, installée au Liban depuis trois ans. Pour 50 dollars la séance d’une heure et demi, la Japonaise initie les participants à la préparation de mets simples et traditionnels, de la fameuse Miso soup au Karaagi en passant par le Teriyaki. Si aucune épicerie japonaise n’existe à Beyrouth, Spinneys reste une bonne adresse pour se ravitailler en produits asiatiques. Certains ingrédients, comme le Dasai, une épice indispensable à l’assaisonnement du poisson, sont cependant introuvables dans les supermarchés. Les plus connaisseurs s’adressent à la source et passent

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Ci-contre, séance de calligraphie au Tea Square.


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« Les Japonais ont beaucoup de respect les uns pour les autres et pour l’environnement qui les entoure,» directement commande auprès de compagnies d’importation de produits japonais, à l’instar de Bluefin qui alimente l’enseigne Ichiban. JEUX DE RÔLES ET MANGAS Si les sushis bars ont envahi l’espace visuel, les dépositaires d’un Japon authentique demeurent rares. Mais un intérêt pour cet autre pays du Levant semble faire son chemin depuis quelques temps parmi la population libanaise. Le Centre Académique Japonais de l’Université Saint Joseph, qui célébrait le mois dernier son sixième anniversaire, dispense des cours de langue à une trentaine d’étudiants chapoté par Junko Hoki. « Une grande partie des élèves ont voulu apprendre le Japonais parce qu’ils s’intéressaient aux mangas », assure le professeur. Le film d’animation, élément incontournable de la culture nippone, a eu l’effet d’un hameçon sur nombre de jeunes adolescents attirés par un univers à la fois pop et mystique. Créé en 2008, l’Anime club fédère une centaine de passionnés ayant élu domicile une fois par semaine à Hamra, au premier étage du London’s café. Ces réunions tournent autour des dernières découvertes de films dans une ambiance imprégnée de folklore japonais avec des parties de Batsu, ou jeu de la punition, qui a lieu après une sorte de défi perdu. Les membres de l’Anime Club raffolent également des soirées de « Cosplay », où l’on vient déguisé dans la tenue de son personnage de manga préféré. « Les amateurs de mangas s’intéressent à la portée philosophique que ces films renferment. Ces dessins animés pour adultes sont plus complexes que les productions américaines pour enfants qui fonctionnent surtout sur l’aspect comique ou romantique », remarque Khaled Salloum, un des fondateurs du club. CALLIGRAPHIE ET ORIGAMIS A Sodeco, le Tea Square est un autre repère des passionnés du Japon. Le café reçoit chaque mois les membres de l’« Enjoying Japanese Culture Club » pour des ateliers à thèmes. Au programme : calligraphie, cuisine, cérémonie du thé ou encore origamis. Preuve du caractère récent et juvénile de l’intérêt des citoyens pour le Pays du soleil levant, ces rendez-vous attirent les plus jeunes

en particulier. A 17 ans, Jad Hallaj a déjà animé une douzaine d’ateliers et fait partie des plus confirmés du pays dans l’art du pliage qu’il pratique depuis l’âge de six ans. «L’origami permet de développer les visions 2D et 3D, c’est un art qui apprend la patience et la manipulation du monde géométrique. Très peu de gens s’y intéressent au Moyen-Orient », explique ce jeune Syrien originaire de Damas. Les petites sculptures requérant un type de papier japonais qui ne se vend pas au Liban, cet élève de terminale au Collège protestant français fabrique luimême son matériel de création à partir de fibres d’arbres ou en ayant recours au recyclage. La fabrication du papier est chose courante chez les artistes japonais et constitue un art en soi. Carla Salem, professeur de sérigraphie à la Lebanese American University (LAU) et l’American University of Beirut (AUB) a développé un style de calligraphie unique, mariant les techniques japonaises de fabrication traditionnelles à l’écriture arabe. « Le Japon m’a ouvert toute une vie artistique, faire mon propre papier m’a beaucoup inspiré, témoigne-t-elle. La culture japonaise est assez fascinante, les Japonais ont beaucoup de respect les uns pour les autres et pour l’environnement qui les entoure, ils soignent le moindre détail. De plus en plus de personnes s’y intéressent même si au Liban on assimile souvent le Japon à la Corée ou à la Chine dans une sorte de grand tout un peu flou». LE KARATÉ ET SES VERTUS Plus connu du grand public, le Karaté constitue enfin une autre fenêtre ouverte sur l’archipel nippon. Formé au Japon, où il a vécu onze ans, Kyle Kamal Helou joue du Shakuhachi, une flute de bambou utilisée dans la musique traditionnelle. Il est aussi le seul non Japonais membre de la très prestigieuse et influente Japan Karate Shoto Federation à Tokyo. « Le Karaté apprend le self défense et permet de développer la confiance et l’estime de soi mais aussi d’autres valeurs comme le respect et la tolérance », assure l’instructeur qui vient de fonder une ONG de promotion de la paix par la pratique des arts martiaux. « La culture japonaise a un grand potentiel et offre beaucoup de possibilités que nous pourrions exploiter dans cette région du Moyen-Orient», conclut le Karatéka. AVRIL 2014

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SOUS LA FORÊT, LA PLAGE ! Dans la baie de Vinh Hy, au cœur du parc national de Nui Cha, au Vietnam, le dernier hôtel Aman a été conçu comme un temple de sérénité. Une destination en soi pour trouver la voie du zen. Par MARIE-ANGÉLIQUE OZ ANNE, photographies EDOUARD PELLICCI

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Du large, la forêt luxuriante du parc de Nui Cha apparaît comme une mer émeraude, et le village de pêcheurs de la baie de Vinh Hy comme un point minuscule.

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orsque la route d’asphalte s’éloigne du littoral pour s’évanouir dans la forêt luxuriante, une piste chaotique prend le relais. Un work in progress où s’affairent des dizaines d’hommes. Au milieu de nulle part. Quand Aman Resort contacte l’architecte JeanMichel Gathy (qui a déjà conçu nombre de ses plus beaux fleurons : Amanyara, Amangiri, Aman Canal Grande de Venise) pour lui confier le projet de son nouvel hôtel au Vietnam, ce dernier est loin d’imaginer la complexité de la tâche. C’est en découvrant cette sublime enclave sauvage du parc national de Nui Cha – plus de quarante-deux hectares non topographiés – qu’il comprend l’exploit à accomplir. Son terrain de jeu : une colline granitique coiffée d’une jungle épaisse, filant en pente douce vers une plage de sable d’or, sertie de deux falaises. À la main, du bout de sa mine de plomb, il dessine trente et un pavillons et quatre villas inspirés de l’architecture traditionnelle vietnamienne, qu’il mettra un mois à positionner dans ce fouillis végétal. Certains s’ouvrent sur l’océan, d’autres sur un épais jardin tropical. Dix-sept jouissent d’un bassin de nage dont la surface reflète la jungle environnante. Image mobile évoquant un paysage d’estampe ou une laque ancienne. Autour, les jardiniers ont réussi un travail si subtil que l’on croirait les pavillons installés ici depuis la nuit des temps. L’hôtel vient d’être terminé, et pourtant on ressent une rassurante impression de permanence. En arrivant dans la propriété, le 4x4 dépose les voyageurs au pied de l’escalier impérial. De larges marches se dirigent vers le ciel. Les couleurs ténébreuses du sanctuaire, gris

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et noir, procurent un sentiment d’humilité, et préparent le regard à la surprise du sommet : le Pavillon Central avec une vue époustouflante sur la canopée et l’océan. Majestueux, ce pavillon a d’ailleurs été conçu selon les valeurs et proportions d’un temple bouddhiste. Mais sans signes religieux. Et pour cause, c’est là que se trouvent le bar, les salons, le fumoir… et dans un cube de verre central : le restaurant. Sept sculptures de moines et, sur les murs, des photos d’artistes et des assiettes colorées accueillent le visiteur. “Un symbole d’hospitalité, raconte Gathy, car en Asie, on salue les gens en leur demandant s’ils ont bien mangé.” Puis il poursuit, “J’ai voulu créer une atmosphère mystique par des jeux de tissus et non par des représentations sacrées, avec une progression cérémonielle jusqu’au Bouddha, le seul de l’hôtel, qui se trouve, comme le veut la tradition, sur le point culminant.” Si toutes ces références éclairées échappent au commun des mortels, on n’en ressent pas moins une sensation de plénitude et de beauté. En empruntant le buggy pour rejoindre le spa, on découvre le lac des lotus. Un étang artificiel foisonnant de fleurs roses, sur lequel est posé le pavillon de yoga et de tai-chi. En écho à la culture vernaculaire, quelques marches bordées de lanternes conduisent au ponton. On s’y rend comme les villageois des campagnes descendent vers l’autel faire leurs offrandes. Y flotte une atmosphère poétique semblable à celle du film de Kim Ki-Duk, Printemps, été, automne, hiver… et printemps, où un maître zen guide son jeune disciple dans un temple bouddhiste


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Calme absolu. Seuls les chants du vent, des oiseaux et des grenouilles osent briser le silence… en bois, au milieu d’un lac. Calme absolu. Seuls les chants du vent, des oiseaux et des grenouilles osent briser le silence… Au spa, sous le regard des sublimes femmes peintes par l’artiste vietnamien contemporain Bui Huu Hung, l’essaim de therapists chuchote, rigole, virevolte… et insuffle un peu d’effervescence dans ce temple de la zénitude et de l’indolence. Plus pétillante, l’ambiance nautique du Beach Club. Au pied de la coulée verte, entre les falaises de granit, la piscine ardoise de 50 mètres longe le rivage de sable blond. C’est le départ des excursions en kayak ou en bateau pour une exploration de la réserve marine. Du large, la forêt luxuriante du parc de Nui Cha apparaît comme une mer émeraude, et le village de pêcheurs de la baie de Vinh Hy comme un point minuscule. Une bourgade commerçante sans grand intérêt esthétique ou culturel. On a hâte de retrouver la grâce de notre pavillon. Et les pièces d’artistes contemporains vietnamiens égrenées de-ci de-là. Offertes au regard vagabond. CARNET DE ROUTE Y aller au départ de Beyrouth La compagnie Qatar Airways relie Beyrouth à Hanoi via Doha. Les vols domestiques à partir de Hanoi sont assurés par Vietnam Airways. Kurban Travel , spécialiste des voyages privés sur mesure, propose des forfaits de 6 nuits, petit-déjeuner et trois repas supplémentaires, transferts à l’hôtel et de l’hôtel, tours, 226

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vols internes et déplacements en bateau compris (billets en classe économie, prévoir un supplément d’environs 340$ pour les taxes d’aéroports). Hôtels Première classe: de 1630$ en chambre triple à 2730$ en chambre simple. Hôtels classe Supérieure: De 1845$ en chambre triple à 3275$ en chambre simple. Hôtels De Luxe: de 2060$ en chambre triple à 3930$ en chambre simple. (Prix jusqu’au 30 avril 2014). Tél: 01 760 500 www.kurbantravel.com

NOTE BOOK Nom : Amano’i. Emplacement: province de Ninh Thuan. À 1h30 en voiture de l’aéroport de Nha Trang (lui-même à 1h de vol de Ho Chi Minh Ville). Meilleure chambre : la 5 (Ocean Pool Pavillion). Pour la vue mer, la piscine et la proximité du spa et du Pavillon Central. Restaurants : le restaurant du Pavillon Central et celui du Beach Club. Terrasses pour les repas “al fresco” (sic) avec vue panoramique. Lieux extraordinaires, mais cuisine un brin décevante. Spa : Aman Spa, avec 5 cabines doubles, 2 suites d’hydrothérapie, des espaces de repos, un salon de beauté et de coiffure. Rituels de beauté inspirés des traditions des femmes vietnamiennes et de la pharmacopée locale. www.amanresorts.com


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A誰SHTI SEASIDE BLDG. JAL EL DIB, LEBANON TEL. 04. 717 716 www.aishti.com


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L’asymétrie sort son grand jeu. Un chic à accessoiriser sobrement. Point trop n’en faut. Par JULIE LEV Y

5 8 9 4 7 1. Kate Bosworth en Dior. 2. Rosie Huntington-Whiteley en Isabel Marant. 3. Hailee Steinfeld en Saint Laurent par Hedi Slimane. 4. Casadei Casadei.. 5. Gucci Gucci.. 6. Dior Dior.. 7. Saint Laurent par Hedi Slimane Slimane.. 8. Jimmy Choo. Choo. 9. Dior Dior..

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PHOTOS RAYA FARHAT, ABACA PRESS, VISUAL, DR

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ADRESSES

ALDO +961 1 88 47 70 AMERICAN VINTAGE EN VENTE CHEZ DÉPÊCHE MODE, +961 1 97 06 57 ARMANI CHEZ AÏSHTI , +961 1 99 11 11 AZZEDINE ALAÏA CHEZ AÏSHTI, +961 1 99 11 11 EXT.104 BALENCIAGA +961 1 99 11 11 EXT.570 BALMAIN +961 98 65 02 BOBBI BROWN CHEZ AÏSHTI, +961 1 99 11 11 EXT.105 BURBERRY +961 1 99 11 11 EXT.455 BURBERRY PRORSUM +961 1 99 11 11 EXT.455 BVLGARI PARFUM CHEZ AÏSHTI, +961 1 99 11 11 EXT.105 BVLGARI +961 1 999 159 CADRANS +961 1 97 53 33 CARTIER +961 1 97 26 00 CARVEN +961 1 99 11 11 EXT.130 CASADEI CHEZ AÏSHTI, +961 1 99 11 11 EXT.110 CÉLINE +961 1 99 11 11 EXT.250 CHANEL +961 1 99 91 29 CHANEL BEAUTÉ CHEZ AÏSHTI, +961 1 99 11 11 EXT.105 CHARLOTTE OLYMPIA CHEZ AÏSHTI, +961 1 99 11 11 EXT. 104 CHLOÉ +961 1 99 11 11 EXT.580 CHRISTIAN LOUBOUTIN +961 1 97 06 25 DIANE VON FUSTENBERG CHEZ AÏSHTI, +961 1 99 11 11 EXT.130 DIESEL +961 1 99 11 11 EXT.450 DIOR +961 1 99 11 11 EXT.592 DIOR BEAUTÉ CHEZ AÏSHTI, +961 1 99 11 11 EXT.105 DIOR HORLOGERIE CHEZ CADRANS, +961 1 97 53 33 DIOR JOAILLERIE CHEZ CADRANS, +961 1 97 53 33 DIPTYQUE CHEZ AÏSHTI, +961 1 99 11 11 EXT.105 DOLCE & GABBANA +961 1 99 11 11 EXT.555 DRIES VAN NOTEN +961 1 99 11 11 EXT.130 ELIE SAAB +961 1 98 19 82 EMILIO PUCCI +961 1 99 11 11 EXT.579 ESTEE LAUDER CHEZ AÏSHTI, +961 1 99 11 11 EXT.105 FALKE EN VENTE CHEZ SOCKS, + 961 1 20 10 19 FENDI +961 1 99 11 11 EXT 550 GEORGE HAKIM +961 1 20 30 76 GEORGES CHAKRA +961 4 71 73 66

GEORGES HOBEIKA +961 1 48 99 69 GIAMBATTISTA VALLI +961 1 99 11 11 EXT.130 GIANVITTO ROSSI CHEZ AÏSHTI, +961 1 99 11 11 EXT.110 GUCCI +961 1 99 11 11 EXT.200 HERVÉ LÉGER +961 1 99 99 44 HUBLOT +961 1 98 90 40 ISABEL MARANT +961 1 98 65 03 JIMMY CHOO +961 1 99 11 11 EXT.595 LA DURÉE +961 01 99 29 22 LANCÔME CHEZ AÏSHTI, +961 1 99 11 11 EXT.105 LANVIN +961 1 98 65 01 LOUIS VUITTON +961 1 96 68 10 MARC JACOBS +961 1 99 11 11 EXT.148 MARY KATRANTZOU CHEZ PIAFF, +961 1 36 23 68 MISSONI +961 98 16 61 MIU MIU +961 1 99 11 11 EXT.130 MOSCHINO +961 1 99 11 11 EXT.130 MOUAWAD +961 1 99 98 91 OLYMPIA LE-TAN CHEZ AÏSHTI, +961 1 99 11 11 EXT.110 PATEK PHILIPPE CHEZ CADRANS,+961 1 97 53 33 PIAGET CHEZ CADRANS, +961 1 97 53 33 PIERRE HARDY +961 1 99 11 11 EXT.110 PRADA +961 1 99 11 11 EXT.130 RAG & BONE CHEZ AÏSHTI, +961 1 99 11 11 EXT.140 ROBERTO CAVALLI +961 1 99 11 11 EXT.115 SAINT LAURENT +961 1 99 11 11 EXT.562 SERGIO ROSSI +961 1 99 98 77 STELLA McCARTNEY +961 1 99 11 11 EXT 575 SYLVIE SALIBA +961 1 33 05 00 TAG HEUER CHEZ ATAMIAN, +961 1 25 66 55 THOMAS SABO +961 1 99 09 54 TOM FORD BEAUTÉ CHEZ AÏSHTI, +961 1 99 11 11 EXT.105 VALENTINO +961 1 99 11 11 EXT.130 VERSACE +961 1 97 42 74 VIKTOR & ROLF +961 1 99 11 11 EXT.130 YVES SAINT LAURENT BEAUTÉ CHEZ AÏSHTI, +961 1 99 11 11 EXT.105 ZADIG ET VOLTAIRE +961 1 97 28 16 ZUHAIR MURAD +961 1 57 52 22

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HOROSCOPE Par CHRYSTÈLE DESSOY

BÉLIER 21 mars – 20 avril

Forme : de l’énergie à revendre et des envies de croquer la vie à belles dents ! Amour : les astres vous poussent à papillonner, vous volez de conquête en conquête. D’humeur un brin libertine, vous êtes très sollicitée, libre à vous de faire votre choix… Vie sociale : vous traversez une période d’insouciance qui vous donne un moral du tonnerre. Une ambition effrénée vous pousse vers les sommets. Mon conseil : vous voilà redevenue ado, adieu soucis et contraintes ! TAUREAU 21 avril – 21 mai Forme : faites le plein de vitamines et vous vaincrez sur beaucoup de plans ! Amour : grâce à Vénus ancrée dans vos eaux vous tournez une page de votre destin. Vie sociale : c’est l’heure des grandes décisions. Après les états d’âme et la réflexion, vous passez à l’action et amorcez une étape importante. Mon conseil : vous êtes une femme de tête, alors maîtrisez vos émotions !

GÉMEAUX 22 mai – 21 juin Forme : une toile de fond positive. Amour : votre charme juvénile vous vaudra d’être courtisée à chaque coin de rue. Ne jouez pas trop avec le cœur des autres, vous pourriez être prise à votre propre piège. Vie sociale : confusion et retards planent sur votre travail, Mercure sème un peu la zizanie dans votre organisation. Mon conseil : privilégiez l’harmonie, votre bien-être en découle.

CANCER 22 juin – 22 juillet Forme : un tonus d’acier vous incite à larguer les amarres. Amour : envie d’être libre et en même temps de vivre une grande passion… Votre priorité du moment : concilier ces pulsions contradictoires. Vie sociale : les déplacements vous ravissent. Tout sera prétexte à la découverte de nouveaux horizons. Mon conseil : cultivez votre charme qui vous fait franchir les obstacles… avec douceur.

LION 23 juillet – 23 août Forme : au beau fixe, vous savourez les délices de la vie… Amour : après des semaines d’anonymat, vous éprouvez le désir de sortir de l’ombre. Au programme : tenues de vamp et couleurs flamboyantes ! Vie sociale : vous allez de l’avant malgré les difficultés, vous renouez avec votre détermination légendaire et votre envie d’épater la galerie. Mon conseil : laissez-vous guider vers le succès !

VIERGE 24 août – 23 septembre Forme : soyez davantage à l’écoute de votre corps. Amour : vous avez envie de séduire. Vous soignez votre look, et vous êtes superbe. Vie sociale : des conflits entraînent un climat de stress. La chance ne vous abandonne pas mais il faut vous battre pour préserver vos acquis… Mon conseil : sachez récolter ce que vous avez semé ! BALANCE 24 septembre – 23 octobre Forme : une vitalité incroyable ! Amour : faites confiance à votre pouvoir de séduction, votre charme trouvera un écho dans les cœurs… Vie sociale : les astres vous encouragent à donner le 230

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meilleur de vous-même, vous mettez en valeur vos aptitudes et vos talents, sur le plan relationnel ou artistique. Mon conseil : recréez l’harmonie autour de vous.

SCORPION 24 octobre – 22 novembre Forme : humeur morose, oubliez vos soucis… Amour : une période un peu difficile avec une sensation d’être engluée, pourtant votre charme sulfureux attire bien des regards… Vie sociale : situation compliquée… Prenez garde aux pièges semés sur votre route. On ne vous fera pas de cadeaux, tenez bon ! Mon conseil : chaque épreuve vous rend plus forte, enrichissez votre expérience !

SAGITTAIRE 23 novembre – 21 décembre Forme : sous haute tension, ressourcez-vous. Amour : vous êtes sublime mais vos opérations séduction ne donnent pas le résultat habituel, votre love story manquerait-elle de piquant ? Vie sociale : discussions orageuses en vue, le courant passe mal, vous vous surmenez, faites un vrai break ! Mon conseil : vous êtes une épicurienne, aimez la vie par-dessus tout, elle vous le rendra bien.

CAPRICORNE 22 décembre – 20 janvier Forme : au beau fixe. Vous êtes prête à faire des ravages. Amour : votre cour d’admirateurs s’agrandit mais vous ne vous engagez pas à la légère… Vie sociale : vous désirez vous lancer dans une nouvelle activité professionnelle ou sociale, empruntez sans hésiter la voie qui vous attire, les astres roulent pour vous. Mon conseil : cultivez votre magnétisme ! VERSEAU 21 janvier – 19 février Forme : votre ciel s’éclaircit, continuez le sport, idéal pour votre moral. Amour : vous avez un désir fou de fusion avec la personne de vos rêves, ce rêve peut devenir réalité car la période est propice à la rencontre idéale… Vie sociale : les astres vous apportent de la légèreté, face à l’imprévu, vous trouvez les solutions dans le feu de l’action ! Mon conseil : cultivez votre force de caractère ! POISSONS 20 février – 20 mars Forme : cessez de somatiser. Adoptez la pensée positive. Amour : vous naviguez dans des eaux limpides. Grâce à votre douceur vous savez recréer l’harmonie dans votre couple. Vie sociale : une note de gaieté vient balayer la grisaille du quotidien, vous envisagez votre avenir professionnel sous une note plus lumineuse. Mon conseil : soyez confiante, expérimentez tous vos dons !


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STYLE/EXPO PLAYLIST

PLAY IT PRINTANIER En avril, ne te découvre pas d’un fil. Noël au balcon, Pâques aux tisons. En mai, fais ce qu’il te plait. Pleuvra ? Pleuvra pas ? Toujours est-il que le printemps, qu’il soit pluvieux ou heureux, c’est le moment de faire le grand ménage. On range le vieux, on sort le nouveau, mais on garde une petite laine, des manches longues et un foulard. On ne sait jamais. Par MÉDÉA A ZOURI

Collector – Cascadeur Happy – Pharrell Williams Electric Feel – MGMT (Justice remix) Love Letters – Metronomy Wasting my Young years – London Grammar Baby I’m yours – Breakbot (Aeroplane remix) Nothing Compares 2 U – Capital Cities Sirens Call – Cats on Trees Can’t Remember to forget you – Shakira feat. Rihanna Radioactive – Imagine Dragons Magic – Coldplay Da ya think I’m sexy – Rod Stewart (Zimmer rework) L’échappé – Jeanne Cherhal Give me the Night – George Benson 232

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