LCFF N°62 Spéciale Humour

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Destination Francophonie Ivan Kabacoff

Découvrez chaque semaine les plus belles initiatives pour la langue française dans le monde ! Diffusion sur toutes les chaînes de TV5MONDE et sur tv5monde.com/df Réagissez sur twitter

Photo © Sébastien CALVET / Divergence

et facebook

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En partenariat avec l’OIF, l’Institut français, la DGLFLF et le CIEP.

La chaîne culturelle francophone mondiale


Édito

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Florence Teste, rédactrice en chef

La tristesse d’un hiver gris et pluvieux s’est dissipée avec l’arrivée d’un printemps particulièrement beau et chaud. Tout le monde se retrouve aux terrasses des cafés avec les amis et a envie de s’amuser et de rire. C’est ce qui nous a donné l’idée de vous préparer un numéro sur l’humour. Pour tout vous dire, nous avons beaucoup hésité : l’humour, c’est un sujet périlleux. En effet, selon les célèbres questions de Pierre Desproges, on peut se demander : « Premièrement, peut-on rire de tout ? Deuxièmement, peut-on rire avec tout le monde ? ». La réponse n’est pas si facile ! Surtout pour nous, l’équipe de LCFF ! Savez-vous que notre magazine est lu dans plus de deux cents pays à travers le monde ? Il est bien évident qu’un Péruvien ne rit pas des mêmes choses qu’un Chinois, qu’un Australien ou qu’un Français ! Et que l’humour se faisant souvent au détriment des autres, il arrive forcément des moments où certains rient de vous ! Alors, Belges, Suisses, blondes, ne craignez rien : si nous avons raconté quelques blagues à votre propos, soyez sûr que nous, Français, nous sommes aussi mis dans le lot (Société). Nous vous présenterons d’ailleurs différents jeux que l’on peut faire avec les mots (Style). Dans ce numéro, vous découvrirez Georges Courteline, un auteur de théâtre du XIXe siècle (Auteur), mais aussi les humoristes francophones d’aujourd’hui (Vivre en France), le chanteur Henri Salvador (Chanson), les films « Le dîner de cons » et « Le Père Noël est une ordure » (Cinéma), l’émission de télévision Scènes de ménages (Société), les perles de nos lycéens (Livre) et les sourires dans la peinture (Arts). Vous ferez également la connaissance de Frédéric Brûlé, un humoriste qui se produit actuellement sur la scène parisienne et qui est aussi professeur de français (il animera d’ailleurs l’atelier d’improvisation de nos journées d’application AppliFLE). Vous voyagerez aussi à Cuba (Voyage), en Afrique (Conte et Afriques) et à Orléans (TV5MONDE). Vous vous entraînerez au DELF et verrez comment on peut écrire un roman en quarante-huit heures chrono. Et vous, professeurs de FLE, il vous reste encore quelques jours pour vous inscrire à nos ateliers pratiques qui se dérouleront à Montpellier les 25 et 26 mai et qui auront pour thème « L’oral ». Alors... bonne lecture !

COMIQUE, VOUS AVEZ DIT COMIQUE ? CINÉMA

L’ART DU SOURIRE ARTS

LES PERLES DE MATHILDE LEVESQUE LIVRES


L’ORAL DANS TOUS SES ÉTATS 25 & 26 MAI 2018 ORGANISÉ PAR LCF

UNIVERSITÉ PAUL VALÉRY IEFE MONTPELLIER

09 84 18 14 65 CONTACT@LCF-MAGAZINE.FR

La corporéisation de l’oral La compréhension orale La production orale L’improvisation théâtrale Le labo multimédia Les accents régionaux L’évaluation de l’oral

WWW.LCF-MAGAZINE.COM


APPLIFLE 2018

L’ORAL DANS TOUS SES ÉTATS CHANSON

HENRI SALVADOR, ENTRE RIRE ET DOUCEUR CONTES AFRICAINS

LA FIDÉLITÉ DU CHIEN

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MONDE

ÉCRIRE UN ROMAN EN 24 HEURES CHRONO PORTRAIT

FRED FAIT SON SPECTACLE STYLE

JEUX DE MOTS LAIDS POUR GENS BÊTES AUTEUR

GEORGE COURTELINE LANGUE

ON S’ENTRAÎNE POUR LE DELF A2 ! TV5MONDE

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ORLÉANS AFRIQUES

DIFFICILE ACCESSION DES FEMMES P. AFRICAINES AUX RESPONSABILITÉS JEUX

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LES HUMORISTES FRANCOPHONES V I V R E E N F R A NC E

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SCÈNES DE MÉNAGES SOCIÉTÉ

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PETITES BLAGUES ENTRE AMIS SOCIÉTÉ

articLes sont adaptés à des

niveaux

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à

c2. La

difficuLté

de L’articLe est représentée par Le pictogramme en forme de Livre en haut de La page.

Les

articLes qui comportent ce

pictogramme existent en version audio

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CUBA, PERLE DES CARAÏBES V O YA GE

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L’ORAL DANS TOUS SES ÉTATS

L’ORAL, C’EST QUOI AU FAIT ? 25 & 26 MAI 2018 UNIVERSITÉ PAUL VALÉRY, MONTPELLIER

Définir l’oral ne peut se faire en quelques lignes, car il est déjà difficile de fixer pour lui des objectifs clairs et donc, les activités qui permettent de l’assimiler. De manière générale, on aurait facilement tendance à le limiter à son opposition par rapport à l’écrit. Pourtant, en FLE, il représente des pratiques bien spécifiques. Il s’agit à la fois de sa souplesse par rapport à la rigidité d’une langue plus théorique mais aussi des compétences qu’il nécessite, obligeant à composer simultanément entre le savoir, le savoir-faire et le savoir être. Il faut à la fois appliquer la syntaxe, réutiliser le lexique appris mais aussi gérer les interactions en direct, dépasser ses propres inhibitions et prendre en compte les éléments socioculturels liés à la situation. Dans cette quatrième édition des AppliFLE, LCF vous propose 7 ateliers qui vous permettront de varier vos pratiques de classe liées à l’oral.

CONFERENCE PLENIERE L’oral, c’est quoi au fait ?

A priori, rien ne paraît plus simple que de définir l’oral. Spontanément, on a envie de répondre, par exemple, « L’oral, c’est quand on parle ! ». Certes. Mais ceci recouvre-t-il vraiment ce que l’on entend par « oral » ? Pas si sûr, tant le terme est connoté et polymorphe. Ainsi que plein de pièges et de subtilités pour ses utilisateurs, parmi lesquels se retrouvent formateurs, professeurs et élèves. Et puis, certains parlent davantage d’oralité que d’oral. Où résident les différences ? Autant de questions qui seront abordées dans cette conférence plénière.

La corporéisation de la parole

Michel Billières Jérémi Sauvage Université Toulouse 2 Jean-Jaurès

Université de Montpellier Paul-Valéry

Le système prosodique de la langue étrangère, constitué par le rythme et l’intonation, sert d’interface entre la production verbale et son accompagnement gestuel synchrone. Comment aider l’apprenant de fle à s’approprier les composantes essentielles de ce rythme nouveau ? Quelques solutions pratiques préconisées dans cet atelier.

Au-delà des murs de la classe : pour une approche dynamique de la production orale

Axelle Négrignat 6

Comment libérer la parole de nos apprenants et ce dès les niveaux débutants ? Comment sortir efficacement des activités traditionnelles de production orale et renouveler nos pratiques en classe… ou plutôt hors de la classe.


Fle’visation ! Libère l’improvisateur qui est en toi !

Frédéric Brûlé

Grâce à l’improvisation, les apprenants se sentent libres et à l’aise pour s’exprimer en français de manière spontanée dans toutes les situations de communication de la vie quotidienne. Cet atelier vous donne les clés d’un cours d’improvisation sans stress, ni pour vous ni pour vos apprenants.

Evaluer l’oral Alban Mommée

Responsable pédagogique Le français des affaires, CCI Paris-Île de France

Cet atelier présente outils et techniques permettant de mieux aborder la problématique de l’évaluation de l’oral de nos apprenants : créer des activités et des grilles d’évaluation, décrire et rendre-compte des compétences, préparer à des examens oraux…

Dynamiser les pratiques de l’oral avec RFI

Marine Bechtel, RFI

Avec une sensibilisation à l’écoute d’extraits radiophoniques divers, nous verrons comment analyser les supports audios de RFI pour développer des stratégies de compréhension orale et développer des pistes d’activités pédagogiques adaptées à la classe

La pratique de l’enseignement du FLE : les accents régionaux et/ou nationaux Michela Russo,

Université de Lyon

Dans cet atelier, nous allons examiner les conséquences prosodiques et lexicales du maintien de l’accent régional chez les locuteurs bilingues ainsi que les indices prosodiques des langues régionales en français. Nous pourrons alors préparer une « fiche didactique » pour une présentation de la langue L, ses particularités accentuelles, phonologiques et rythmiques.

Enseigner la compréhension orale au laboratoire multimedia Patricia Gardies,

Université de Montpellier

Hypertextualité, multicanalité, multiréférentialité et interactivité sont les principaux attributs mis en exergue dans la définition du multimédia. Le laboratoire multimédia permet grâce à son dispositif, l’interactivité de données sonores, écrites et imagées et favorise la compréhension orale.

http://www.lcf-magazine.com/applifle-2018/ 7


© Georges Biard

Comique, vous avez dit comique ? Cinéma

Pour trouver les films dont je vais vous parler, je pourrais me reporter à l’article de notre rubrique Vivre en France, qui vous présente quelques grands comiques francophones. La plupart d’entre eux se produisent en spectacle mais sont également acteurs de cinéma. Autre solution, je pourrais aussi vous parler d’acteurs qui ont fait les beaux jours du cinéma français, décédés maintenant, comme Bourvil et Louis

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de Funès dans La grande vadrouille en 1966 ou Yves Montand et ce même Louis de Funès dans La folie des grandeurs en 1971. Toujours aussi efficaces ! La scène dans laquelle Blaze, le serviteur, réveille son maître, Don Salluste, en faisant tinter des pièces d’or est absolument irrésistible ! « - Il est l’heure (l’or), mon seigneur (seignor), il est l’heure (l’or) de vous réveiller. - Il en manque une ! - Vous êtes sûr (sor) ? » https://www.youtube.com/watch?v=9DpbrxrTEHg

Mais après réflexion, je voudrais vous présenter deux films, pas vraiment récents, mais dont l’intrigue est tout à fait intemporelle : Le Père Noël est une ordure et Le dîner de cons.

Le Père Noël est une ordure C’est un film de Jean-Marie Poiré, sorti en 1982. Les acteurs font tous partie de la troupe du Splendid, un café-théâtre dont la plupart des membres sont ensuite devenus très célèbres : Thierry Lhermite, Anémone, Christian Clavier, Marie-Anne Chazal, Gérard Jugnot, entre autres.

© Le Père Noël est une ordure

© La grande vadrouille

Trouver un film comique pour ce numéro sur l’humour, ça peut sembler très facile ! Oui mais … finalement, pas tant que ça ! En effet, la comédie est considérée en France comme un genre mineur1. Il n’y a par exemple quasiment jamais de comédie récompensée dans les grands festivals de cinéma, comme celui de Cannes. Il aura fallu attendre 2018 pour voir pour la première fois un César du public qui consacre le film ayant totalisé le plus grand nombre d’entrées : si les comédies n’ont pas la reconnaissance des professionnels du cinéma, elles ont tout au moins celle du grand public.


exemple une passion un peu ridicule. Les convives passeront la soirée à se moquer des « cons » sans que ceux-ci puissent s’en douter. Justement, François Pignon reproduit des monuments historiques avec des allumettes. Et ce soir, il sera le « con » de Pierre Brochant. Pourtant, ce dernier ne se doute même pas à quel point Pignon va transformer sa soirée en véritable cauchemar. Qui ne connaît pas la scène-culte de Juste Leblanc ? « - Son nom, c’est Juste Leblanc - Ah bon, il n’a pas de prénom ! - Je viens de vous le dire, c’est Juste Leblanc. »

© Georges Biard

Le film est également l’adaptation de la pièce de théâtre éponyme2, écrite par la même troupe. L’intrigue se passe un soir de Noël à la permanence téléphonique de SOS Détresse Amitié. Les bénévoles3 vont avoir la visite de divers personnages hauts en couleurs : un voisin bulgare, un travesti dépressif, un père Noël assassin et sa petite amie enceinte, la responsable de l’association bloquée dans l’ascenseur, … Complètement loufoque4, ce film a fait rire des millions de spectateurs. Et aujourd’hui, même ceux qui n’étaient pas nés en 1982 connaissent Zézette, épouse X, qui essaye de remplir un formulaire pour la sécurité sociale. « - On vous demande de répondre par oui ou non. Alors «ça dépend», ça dépasse ! »

Le dîner de cons

https://www.youtube.com/watch?v=eAwfjBSq8zU

© Le dîner de cons

C’est un film paru en 1998, réalisé par Francis Veber. François Pignon, l’un des protagonistes5, est un personnage récurrent6 dans l’œuvre de Veber, au théâtre comme au cinéma. Il est présent dans L’emmerdeur (joué par Jacques Brel en 1973), dans Les compères et Le fugitif ( par Pierre Richard en 1983 et en 86) ou encore dans Le placard (Daniel Auteuil, 2001). Pierre Brochant, un éditeur en vue, organise tous les mercredis soir un « dîner de cons » : chacun des convives7 doit ramener avec lui un invité-surprise qu’il aura rencontré par hasard. Cet invité doit avoir une caractéristique qui fait de lui un « con », par

Le regard plein d’incompréhension de Jacques Villeret, qui joue le « con », est une merveille ! Mais Pignon, malgré son air idiot, s’avère compatissant, et finalement, il a le comportement d’un véritable ami pour Brochant. Le duo Thierry Lhermite-Jacques Villeret fonctionne parfaitement, épaulé8 par Daniel Prévost, Catherine Frot et Francis Huster. Les dialogues de Francis Veber sont hilarants9. Ce film a obtenu à sa sortie trois César : celui du meilleur scénario original pour Francis Veber, du meilleur acteur pour Jacques Villeret et du meilleur second rôle pour Daniel Prévost. Il a été réadapté pour une version américaine, espagnole et même indienne au théâtre.

Les deux sont à voir absolument !

Florence Teste

Lexique 1. mineur (adj. m.s.) : de moins d’importance 2. éponyme (adj. f.s.) : qui porte le même nom 3. bénévoles (n. m.p.) : personnes qui travaillent gratuitement 4. loufoque (adj. m.s.) : bizarre, comique, fantaisiste 5. protagonistes (n. m.p.) : personnages principaux

6. récurrent (adj. m.s.) : qui revient 7. convives (n. m.p.) : invités 8. épaulé (adj. m.s.) : aidé 9. hilarants (adj. m.p.) : très comiques

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L’art du sourire

© Élisabeth Vigée Le Brun

Arts

Dans la longue histoire du portrait, le sourire n’a pas toujours été le bienvenu, bien au contraire. Quand le portrait se faisait acte d’affirmation du pouvoir, le sourire aurait amené une note de familiarité ou de désinvolture1 qui aurait peut-être décrédibilisé2 le plus grand des souverains. Pensons, par exemple, au portrait de Louis XIV en majesté3 peint par Hyacinthe Rigaud ; il impose d’autant plus le respect que le roi est grave. Si l’on trouve des statues souriantes à l’époque des pharaons et des Etrusques, l’art chrétien a tourné le dos au sourire dès le Ve siècle après J.-C. Ce n’est qu’au XIIIe siècle qu’il est de nouveau présent dans l’art gothique, dans les portraits d’adultes car de tous temps, les enfants ont fort heureusement échappé à cette obligation de sérieux. La Renaissance nous offre son plus célèbre et énigmatique sourire, celui de Mona Lisa, immortalisé par Léonard de Vinci. Si les gens se pressent aujourd’hui encore au Louvre pour l’apercevoir, c’est que l’artiste italien

a su comme personne saisir le moment fugace4 où le sourire s’esquisse5 tout en annonçant déjà sa disparition. Notons que le peintre a bien pris soin de ne pas montrer les dents de son modèle, car être représenté la bouche ouverte allait contre la bienséance6 de l’époque, et il ne fallait pas que Mona Lisa ait des airs de fille de mauvaise vie7. Jusqu’au XVIIIe siècle, les sourires francs n’étaient en effet réservés, dans la peinture, qu’aux prostituées, aux ivrognes et aux petites gens sans le sou8.

© Mona Lisa by Leonardo da Vinci, from C2RMF

© Portrait de Louis XIV en costume de sacre par Hyacinthe Rigaud en 1701

Sans nul doute, le sourire est le premier signe de l’ouverture à l’autre. Alors qu’aujourd’hui, sourire quand on nous photographie est un vrai réflexe culturel et social, on remarque cependant que le sourire s’est fait rare dans l’histoire de l’art. Voyons pourquoi…

En fait, s’il était important de garder la bouche bien close pour se faire portraiturer9, c’était avant tout pour des raisons pratiques. L’hygiène bucco-dentaire10 n’en était qu’à ses balbutiements11 et les gens avaient souvent des dents gâtées12, quand ils n’en avaient pas déjà perdu quelquesunes ! Le Siècle des Lumières a été un vrai tournant en la matière, puisqu’il marque l’apparition en France du métier de dentiste. C’est aussi l’époque où l’expression des émotions et des sentiments se fait plus courante, ce qui encourage les artistes

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à explorer toute la palette13 des sentiments humains, notamment dans ses portraits. Même le roi Louis XV a un sourire bienveillant aux lèvres, c’est dire ! L’artiste Elisabeth Vigée-Lebrun va plus loin, comme dans les autoportraits qu’elle fait d’ellemême où son sourire découvre de délicates dents blanches. Ces sourires qui en disaient long sur la sensibilité du modèle ont même été jugés scandaleux par ses contemporains, signe qu’il fallait du temps pour que les conventions changent. Ce sont les Impressionnistes qui ont véritablement donné au sourire ses lettres de noblesse. Le grand Pierre-Auguste Renoir a peint avec une grande

délicatesse des femmes au sourire discret. Toutefois, il a fallu attendre le milieu du XXe siècle pour que la haute société apparaisse, elle aussi, avec un vrai sourire décomplexé, assumé, à l’image de la Femme à la balustrade de Van Dongen. L’arrivée de la photographie, le développement de la publicité ainsi que la démocratisation des soins dentaires permettront ensuite aux sourires et aux belles dents blanches de s’imposer dans la culture moderne. Pour les plus curieux, sachez qu’un musée du Sourire existe depuis 1996 sur la toile (http://www.smilemuseum.fr/) et permet de retrouver les plus beaux sourires d’hier et de demain…

Axelle Negrignat

Lexique 1. désinvolture (n. f.s.) : aisance, décontraction 2. aurait décrédibilisé (v. décrédibiliser) : n’aurait pas été pris au sérieux 3. en majesté : sur un trône, qui montre sa gloire 4. fugace (adj. m.s.) : qui ne dure pas 5. s’esquisse (v. s’esquisser) : se montre légèrement 6. bienséance (n. f.s.) : politesse, bonnes manières

© Pierre-Auguste Renoir Le Déjeuner des canotiers, 1881, The Phillips Collection, Washington

7. fille de mauvaise vie (n. f.s.) : prostituée 8. sans le sou (loc.adj.) : pauvres 9. portraiturer (v.) : peindre le portrait 10. bucco-dentaire (adj. f.s.) : relative à la bouche et aux dents 11. balbutiements (n. m.p.) : débuts 12. gâtées (adj. f.p.) : abîmées, en mauvais état 13. palette (n. f.s.) : étendue, variété



© Mathilde Levesque

Les perles de Mathilde Levesque Vous aimez les jeux de mots, les jeux de langage et les joutes1 argumentatives ? Vous souhaitez en même temps vous confronter à une langue moderne, comme elle est parlée actuellement par les jeunes ? Ce mois-ci, je vous présente les deux livres que j’ai le plus recommandés et offerts à mon entourage depuis leur sortie, pour faire le plein d’humour et de fraîcheur. Leur auteure, Mathilde Levesque, est professeure de français. Sa formation est classique et force l’admiration : classes préparatoires littéraires au lycée Henri IV, agrégation de lettres et doctorat en langue et littérature françaises. Celle-ci exerce son métier dans un lycée de la banlieue parisienne. Cette même banlieue où nombre d’enseignants expérimentés refusent de travailler : misère sociale et intellectuelle, violence au sein du quartier et à l’école, le tableau de ces zones sensibles généralement donné par les médias n’est guère reluisant2. Mathilde Levesque n’idéalise pas la situation mais affirme qu’enseigner dans le 933, c’est aussi avoir la chance d’évoluer dans un incroyable vivier4 linguistique et de penser à autre chose qu’à « l’obscure clarté qui tombe des étoiles » pour illustrer l’oxymore5 et au discutable « Va, je ne te hais point » pour la litote6. Son premier livre, LOL est aussi un palindrome : journal d’une prof au bord de la crise (de rire) est paru en 2015. A l’origine de ce recueil drôlatique de répliques d’élèves, pas de moquerie sous-jacente7, mais au contraire beaucoup d’autodérision8 et une grande admiration pour le bagout9 et l’inventivité

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© Mathilde Levesque

Livres

linguistique des élèves. De quoi redorer l’image de ces jeunes souvent montrés du doigt. Ces derniers ne s’y sont d’ailleurs pas trompés et ont appuyé le projet d’édition du livre en déclarant : « Pour une fois qu’on rigole avec nous, et pas de nous ! » Les répliques sont très courtes et le livre se lit d’une traite10. Mais vous pouvez aussi choisir les passages dans l’ordre qui vous plaira, de septembre à juin. « - Et donc comment s’appelle ce courant dont on a coutume de dire, partiellement à tort, qu’il place l’homme au centre de tout ? - Le sexisme ! » « - Qui a dit : ”l’important c’est de participer” ? - Un perdant » Son deuxième livre est sorti en 2017 : Figures stylées : les figures de style revisitées par les élèves et expliquées par leur prof. Le titre est un jeu de mots entre les « figures de style et l’adjectif » « stylé » qui signifie « avoir la classe ». Il s’agit donc d’un ouvrage qui recense11 les figures de style permettant d’avoir la classe.


A la fois sérieux et didactique, il est aussi très drôle. Son objectif est double : d’abord, montrer que ces jeunes des cités maîtrisent parfaitement les codes de la rhétorique, même s’ils n’en ont pas forcément conscience. Et ensuite, montrer à un public plus large, les parents, ou tout simplement les moins jeunes, qu’on peut se servir de la rhétorique12 dans beaucoup des situations quotidiennes. Sur la quatrième de couverture, on peut lire : « Mes élèves rechignent13 toujours à faire des écrits argumentatifs, alors qu’ils passent leur vie à argumenter ». Quand on sait que la maîtrise de la langue peut être vecteur14 d’intégration comme d’exclusion pour l’insertion sociale et professionnelle, autant valoriser les prouesses15 linguistiques des élèves afin que cela leur profite et qu’ils prennent plaisir à jouer avec les mots et à connaître les rouages16 de la pensée construite. Peut-être du fait de se trouver souvent en situation d’auto-défense, les élèves de Mathilde Levesque sans forcément s’en rendre compte - manient17 figures de style et procédés de rhétorique, des plus

communs (l’hyperbole, la métaphore, la litote) aux plus rares. A partir des « perles » de ses élèves, l’auteure passe en revue l’ensemble des figures de rhétorique et illustre chacune d’entre elles avec des citations entendues pendant son cours de français. Elles sont classées dans l’ouvrage en six chapitres thématiques, en fonction de l’objectif visé : Déstabiliser son interlocuteur / Noyer le poisson / Rentabiliser sa flemme / Charger la mule / Chatouiller un peu les mot / Créer du son et de l’image. Ces deux livres sont recommandables pour tous : les lycéens s’y retrouveront, les professeurs ressentiront de l’empathie avec l’auteure, les expatriés depuis trop longtemps renoueront avec le français contemporain, les apprenants seront plongés dans une langue imagée. Tout le monde y apprendra beaucoup car toutes les figures sont expliquées avec une grande rigueur qui n’exclut pas l’humour. Quant aux joueurs de scrabble, ils pourront gagner des points en plaçant des mots peu usités comme le chleuasme, l’hyperbate, l’aposiopèse, le kakemphaton ou le par’hyponoian !

Lexique 1. joutes (n. f.p.) : batailles, combats, compétitions 2. reluisant (adj. m.s.) : valorisant 3. 93 : département de la Seine Saint-Denis, réputé pour être socialement défavorisé 3. vivier (n. m.s.) : réservoir 4. oxymore (n. m.s.) : figure de style 5. litote (n. f.s.) : figure de style 6. palindrome (n. m.s.) : mot qui peut de la même façon se lire de gauche à droite ou de droite à gauche 7. sous-jacente (adj. f.s.) : qui n’est pas dite clairement

Christelle Ducrot

8. autodérision (n. f.s.) : capacité à se moquer de soi-même 9. bagout (n. m.s.) : capacité à s’exprimer avec facilité 10. d’une traite : en une seule fois 11. recense (v. recenser) : fait la liste 12. rhétorique (n. f.s.) : art du discours 13. rechignent (v. rechigner) : montrent qu’ils n’ont pas envie 14. vecteur (n. m.s.) : moyen, voie 15. prouesses (n. f.p.) : performances 16. rouages (n. m.p.) : fonctionnement 17. manient (v. manier) : utilisent avec succès

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Henri Salvador, entre rire et douceur

© André Cros

Chanson

© Henri Salvador

Ann et Benjamin Biolay, deux jeunes artistes alors prometteurs (et confirmés depuis). Ces morceaux sont de petites merveilles que la voix de velours d’Henri Salvador met en valeur. Les albums Performance (2003), Ma chère et tendre (2004) et Révérence (2006) viendront ensuite compléter son répertoire.

© Henri Salvador

© Henri Salvador

Si vous cherchez le nom d’un chanteur français « rigolo », c’est sûr, on vous parlera d’Henri Salvador. Henri Salvador, originaire de la Guyane, est né en 1917 et il est décédé en 2008. Tout jeune, il forme un duo avec son frère mais c’est à titre individuel qu’il sera remarqué, et pas uniquement pour ses talents de musicien. En effet, il a un rire extrêmement communicatif et il est rapidement identifié comme fantaisiste. A tel point que, à partir des années soixante, il sortira des titres comme Zorro est arrivé, Blouse du dentiste, Le travail, c’est la santé, Faut rigoler ou encore Juanita Banana. Il est le chanteur qui fait rire, qui se déguise, qui fait le clown. Il aura même son émission de télévision. Parallèlement, il propose des chansons plus douces, dont certaines évoquent ses Antilles natales : Maladie d’amour, Syracuse, Le loup, la biche et le chevalier, Le lion est mort ce soir. Il est également connu pour avoir contribué à la naissance du style musical bossa nova. Pourtant, Henri Salvador a toujours rêvé d’être reconnu pour sa voix ; il sait qu’au fond, il est un chanteur de charme. Et c’est sur le tard que cette consécration arrivera : c’est en 2000, alors âgé de quatre-vingt-trois ans, qu’il sort l’album Chambre avec vue. Les chansons ont été composées par Keren

J’ai vu

J’ai vu des matins De joies de chagrins De rires et d’envies De peines et de bonheur dans ma vie J’ai cru Etre au bout de l’aventure Mais mon coeur lui me murmure Qu’il y a tant de rêves à vivre encore https://www.youtube.com/watch?v=VOQQ98u3D0k

Jardin d’hiver

Je voudrais du soleil vert Des dentelles et des théières Des photos de bord de mer Dans mon jardin d’hiver Je voudrais de la lumière Comme en Nouvelle Angleterre Je veux changer d’atmosphère Dans mon jardin d’hiver https://www.youtube.com/watch?v=gFkUVik35U8 Florence Teste 17


La fidélité du chien

© Timur85

Contes africains

U

n chasseur revenait de la forêt lorsqu’il entendit des aboiements inquiétants et des gémissements qui provenaient de tout près. Arme au poing, il s’avança lentement et découvrit au fond d’un grand trou, un gros chien qui agonisait1, baignant dans son sang. D’une voix faible et tremblante, il supplia l’homme de le sortir de là. Pris de pitié, l’humain coupa de longues branches et des cordes qu’il fit descendre dans la fosse2 pour remonter l’animal blessé. Il fit aussi des provisions de feuilles et d’écorces3 médicinales qui allaient servir à guérir le chien. Puis ils marchèrent lentement vers le village. Grâce aux nombreux soins, le chien commença à courir et à sauter de nouveau. Une belle amitié unissait les deux, si bien que lorsque l’un était en difficulté, l’autre venait immédiatement à son secours. Ceux qui étaient habités par de mauvaises intentions souhaitaient voir le chien tuer l’homme pendant son sommeil pour en faire un copieux4 festin mais la trahison ne vint jamais troubler les pensées de l’animal. D’ailleurs, toutes les incessantes5 tentatives6 pour freiner7 cette sincère amitié n’eurent aucun effet. Une nuit, un homme vint frapper chez les deux

amis, affirmant qu’il était en grand danger et qu’il ne savait plus où aller ; ils acceptèrent de le loger sans hésiter. Pourtant, l’étranger commença à avoir des comportements douteux8 : chaque nuit, il sortait sans faire de bruit et ne revenait se coucher qu’au petit matin. La nuit suivante, le chien suivit l’homme et découvrit que ce dernier cherchait l’aide des hommes du village voisin pour mettre le feu à la case9 de ses bienfaiteurs. Il voulait ainsi récupérer toutes leurs récoltes et leur bétail10. La nuit choisie pour commettre ce crime arriva ; à une heure très avancée, l’ingrat11 sortit, ce qui laissa le temps au chien de mettre son meilleur ami en sécurité et de faire appel à des centaines d’autres chiens qui arrivèrent sans tarder et profitèrent de l’obscurité pour se cacher. L’hypocrite12 arriva peu après, suivi par des dizaines d’hommes mais ils n’eurent pas le temps d’incendier la demeure13 car ils furent encerclés par tous les chiens qui étaient sortis de leur cachette et lançaient des grognements furieux. Ceux qui tentèrent de s’enfuir furent brutalement arrêtés. Ce spectacle effrayant dura toute la nuit ; au lever du jour, tous les malfaiteurs furent remis aux guerriers du roi. Mamadou Berthé

Lexique 1. agonisait (v. agoniser) : était en train de mourir 2. fosse (n. f.s.) : trou 3. écorces (n. f.p.) : parties extérieures du tronc d’arbre 4. copieux (adj. m.s.) : grand, important 5. incessantes (adj. f.p.) : qui se répètent de nombreuses fois 6. tentatives (n. f.p.) : essais 7. freiner (v.) : limiter, arrêter 8. douteux (n. m.p.) : bizarres 18

9. case (n. f.s.) : maison africaine 10. bétail (n. m.s.) : ensemble des animaux domestiques 11. ingrat (n. m.s.) : personne qui ne manifeste pas de reconnaissance 12. hypocrite (n. m.s.) : personne qui cache ses sentiments et en montre d’autres 13. demeure (n. f.s.) : maison


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Les humoristes francophones

© Pixaby

Vivre en France Comme dans le monde anglophone, et souvent en en reprenant les mêmes codes, la francophonie n’est pas en reste1 en ce qui concerne le nombre d’humoristes prêts à vous faire tordre de rire ! Je vous propose ici un petit panorama des meilleurs humoristes francophones, des plus connus aux petits nouveaux … Sachez qu’il a été assez dur de faire des choix, étant donné leur grand nombre !

Gad Elmaleh

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© Gad Elmaleh- Netflix

© Pathé Distribution

© Thierry Joubaud

Il est à la fois humoriste, acteur, scénariste, réalisateur et producteur. Originaire d’Armentières (Nord), il tire une partie de ses ressorts comiques des différences entre le nord et le sud de la France. Il était déjà connu du grand public depuis les années 90 mais son film Bienvenue chez les Ch’tis (2008) l’a propulsé au plus haut niveau du cinéma français : plus de vingt millions d’entrées ! Depuis, il a réalisé plusieurs autres films, dont Raid dingue (2017) qui a récemment reçu le premier César du public. Son dernier, La ch’tite famille, vient de passer la barre des cinq millions d’entrées après à peine quatre semaines en salle.

Humoriste, acteur et réalisateur de nationalités marocaine, canadienne et française. Sa révélation comique a lieu vers 1996, lorsqu’il fait partie de l’équipe de la matinale d’Arthur (un autre animateur-humoriste) sur la radio Europe 2. Gad joue souvent de ses origines marocaines, avec tous les clichés liés aux Maghrébins. Puis il enchaîne les rôles sur scène, et au cinéma. Son spectacle L’autre c’est moi est repris au Maroc, en France, en Belgique et en Suisse. Puis dans le cadre du festival Juste pour rire en 2007, il présente au Québec pour la première fois son autre spectacle à grand succès, Papa est en haut. Depuis 2017, suite à une tournée aux Etats-Unis, Gad propose un nouveau spectacle en anglais, American dream, qui est distribué sur la chaîne Netflix. Il a également des talents de musicien hors pair.

© Georges Biard

Dany Boon


© Georges Biard

Cet humoriste, acteur et producteur franco-marocain, a été révélé à la fin des années 90 par ses prestations notamment sur la chaîne Canal+, avant de s’affirmer au cinéma en apparaissant dans des films comiques comme Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre ou plus sérieux, comme Indigènes. Il est une véritable vedette en France et au Maroc, lui aussi jouant sur les clichés du Maghreb. Il se produit notamment au sein du grand projet qu’il a lancé : le Jamel Comedy Club, qui ouvre la scène aux humoristes débutants.

Nicolas Canteloup

A la fois humoriste et imitateur français, il a démarré en tant qu’animateur au début des années 90 à la radio et à la télévision. Il a accédé à la notoriété en 2003 en participant à l’émission Vivement dimanche prochain de Michel Drucker. Il

se produit sur scène et apparaît également dans de nombreuses émissions télévisées comme dans la quotidienne C’est Canteloup. Il imite, comme dans l’émission des Guignols de l’info, plus d’une quarantaine de voix de personnalités, du président Macron à Eric Zemmour, un essayiste d’extrême-droite, en passant par Barack Obama !

Franck Dubosc

Il s’est fait connaître par son personnage de mythomane, de dragueur2 et de frimeur3, sur scène comme à la télévision. Il est à la fois la vedette et l’auteur de plusieurs spectacles en général salués par la critique. Il a percé en 2006 au cinéma grâce à son premier rôle dans la comédie Camping,, où il joue le rôle du fameux Patrick Chirac, grand habitué du camping, séducteur et infidèle, et surtout très « beauf4 ». Il manie5 un humour populaire, proche du grand public.

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Jamel Debbouze

© Willliam LET

C’est un humoriste et acteur français très célèbre et très en vue, surtout auprès des jeunes. Il a été repéré en 2009 et a débuté sur scène avec des textes très liés au monde des adolescents. Candidat régulier de l’émission On n’demande qu’à en rire présentée par le très célèbre Laurent Ruquier, il devient alors de plus en plus médiatique. Il se voit ensuite offrir l’un des rôles principaux au sein de la série télévisée Soda, toujours sur le thème de l’adolescence. Il poursuit également une carrière au cinéma dans des rôles … plus ou moins bons !

© Georges Biard

© Georges Biard

Kev Adams

Les youtubeurs

Les youtubeurs font également des ravages, surtout parmi les plus jeunes : ces humoristes filment avec peu de moyens et diffusent leurs vidéos sur la plateforme Youtube. Parmi eux, on trouve les incontournables Norman, Cyprien, Kemar, Natoo et Mister V, Squeezie et bien d’autres… Français mais aussi québecois pour certains ! Alors à vos moteurs de recherche, vous allez passer des moments de franche rigolade6 !

Lexique 1. n’est pas en reste : occupe aussi une place importante 2. dragueur (n. m.s.) : séducteur 3. frimeur (n. m.s.) : content de lui-même, prétentieux 4. beauf (n. m.s.) : stéréotype du Français moyen, peu cultive, borné, vulgaire

Barbara Juvé

5. manie (v. manier) : pratique 6. de franche rigolade : vraiment drôles

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Écrire un roman en 24 heures chrono

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Monde

faut dire que, le jour de cette performence, le manuscrit était diffusé en direct sur internet et l’auteur communiquait régulièrement son état d’avancement sur les réseaux sociaux. Le vrai défi n’était donc peut-être pas tant l’isolement, que le fait de partager un texte sans filtre, c’est-à-dire sans recul, sans attendre d’être satisfait d’une partie pour la montrer, comme on le ferait avec un éditeur. C’est pourtant sur le site de son éditeur que l’avancement du manuscrit était consultable en temps réel. Car oui, le texte ainsi réalisé a constitué le premier jet de New York, 24 h chrono, aujourd’hui publié dans la collection « Mondes en VF » aux Editions Didier, une collection destinée aux classes de FLE, qui propose une version audio de ses textes et du vocabulaire expliqué en bas de page: une collection dans laquelle Nicolas Ancion avait déjà publié La cravate de Simenon. New York 24 h chrono est une histoire drôle, mais la manière dont il a été écrit, ça, c’est une drôle d’histoire.

© Nicolas Ancion

Existe-t-il un humour belge ? Si oui, il serait caractérisé par une forte propension1 à l’autodérision2. À l’image de leur petit pays coincé entre deux grandes nations, les Belges aimeraient rire d’eux-mêmes et ne se prendraient pas autant au sérieux que leurs voisins. Cet humour serait aussi un humour noir, car ils profiteraient peu du soleil, souvent caché par une épaisse couche de nuages. Quoi qu’il en soit, beaucoup d’écrivains belges répondent à l’appel, lorsque l’on réunit « autodérision » et « humour noir ». Ainsi j’ai choisi de vous parler de Nicolas Ancion pour plusieurs raisons, outre sa nationalité. Ce Liégeois d’origine a choisi de vivre aujourd’hui près de Carcassonne. S’il profite sans aucun doute d’une météo plus clémente3 que dans sa Belgique natale, ce n’est pas le climat qui est l’origine de ce choix : il aurait quitté la Belgique pour se consacrer pleinement à la littérature. Il raconte en effet qu’à Liège, il devait sans cesse refuser les propositions de ses amis, alors il a préféré être loin, ainsi il lui serait plus facile de justifier ses refus. Il pousse la réflexion plus loin encore, lorsqu’il décide d’écrire un roman en 24 heures chrono, un véritable marathon4 littéraire qu’il entreprendra d’abord à la Foire du livre de Bruxelles (2010), ensuite à New York (2013). Ainsi à l’heure ou la technologie nous impose disponibilité permanente et sollicitations quotidiennes, Nicolas Ancion nous invite à réfléchir sur le besoin d’isolement pour créer. Il

Lexique 1. propension (n. f.s.) : tendance 2. autodérision (n. f.s.) : capacité à se moquer de soi-même

Marine Schmets

3. clémente (adj. f.s.) : douce, agréable 4. marathon (n. m.s.) : course longue et difficile

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© scènes de ménages

Scènes de ménages : de l’humour à la française ! Société Scènes de ménages est un programme très populaire en France. Les personnages à la fois loufoques1 et réalistes des cinq couples de la série-phare de M6 régalent2 les téléspectateurs depuis 2009 avec neuf saisons au compteur.

Le téléspectateur est témoin du quotidien de chaque couple, mais aussi des événements et des problèmes qu’ils traversent en traitant des sujets variés comme la maternité, les passe-temps, les ambitions individuelles, les réunions familiales, la carrière et, bien évidemment, la vie de couple !

© Scènes de ménages

© Scènes de ménages

Chaque couple de Scènes de ménages illustre un type différent de vie conjugale, que ce soit la retraite, l’arrivée d’un enfant, la différence d’âge, le début de la vie à deux ou encore le départ du fils du domicile familial. D’après Yann Goazempis, directeur de l’unité Fiction et humour du Groupe M6, les cinq duos de la série ont été conçus avec l’objectif clair que chaque téléspectateur puisse se reconnaître.

À l’origine, Scènes de ménages était l’adaptation de la série espagnole Escenas de matrimonio, diffusée sur la chaîne espagnole Telecinco de 2007 à 2011. « L’émission faisait des cartons d’audience. C’est Nicolas de Tavernost actuel président du Directoire de M6, qui a remarqué le programme lors d’un voyage en Espagne. M6 a aussitôt décidé de racheter les droits de la série ». Bien évidemment, la série a été adaptée au public français, dont le sens de l’humour difère de celui des Espagnols ! Pour choisir les acteurs, il fallait qu’ils aient une véritable complicité dès le début afin que leur performance soit vraiment réaliste et que la dynamique de couple soit plus visible à l’écran, car les séquences de chaque sketch sont très courtes ! Par exemple, Liliane et José (Valérie Karsenti et Frédéric Bouraly), qui ont été parfaitement crédibles dès la première prise.

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avec le temps, certains couples ont bénéficié d’extensions comme Marion et Cédric qui, en 2014, ont eu droit à une terrasse pour agrandir leur appartement. De plus, il y a eu plusieurs primes durant lesquels les couples sortent de chez eux pour vivre de nouvelles situations : la plage, le restaurant, chez des amis, en ville, … De même, on voit souvent des invités et parfois des personnages sont introduits, comme récemment le fils chéri de Liliane et José, Manu (Paul Leèvre), qui rentre de Chine (au moins provisoirement) où il habitait avec sa compagne Bao, qui est enceinte.

© Scènes de ménages

La chaîne a créé plusieurs configurations de couples en vue de représenter les différentes générations. La série a débuté avec seulement trois couples à l’affiche : Huguette et Raymond (Marion Game et Gérard Hernandez), les retraités ; Liliane et José, le couple dont le fils a quitté la maison ; et Marion et Cédric (Audrey Lamy et Loup-Denis Elion), le jeune couple. Deux ans plus tard, en 2011, Emma et Fabien (Anne-Elisabeth Blateau et David Mora), les nouveaux parents, les ont rejoints et, en 2015, Camille et Philippe (Amélie Etasse et Grégoire Bonnet), le couple avec une grande différence d’âge. Malheureusement, l’un des couples préférés des fans, Marion et Cédric, n’apparaîtra plus à partir de la saison 10, puisque les acteurs qui les incarnent3 ont décidé de suivre de nouvelles voies. Mais il y aura de nouveaux duos dans les mois à venir : en effet, à partir de septembre prochain, on fera la connaissance de Léo et Leslie (Vinnie Dargaud et Claire Chust), jeune couple «hyper-connecté et plutôt fêtard4». Leur particularité : un boulot en commun (une entreprise d’impression de t-shirts) et la découverte des défauts de l’autre au quotidien, puisqu’ils sont issus de milieux différents. Tout un univers ! L’univers de Scènes de ménages a été créé à la Cité du cinéma, à Saint-Denis. Les appartements des cinq couples, tout comme leurs vêtements, ont été conçus en rapport avec les goûts et les revenus supposés de chacun. Même si les décors sont les mêmes depuis le début,

© Scènes de ménages

De l’humour à la française Les comédiens sont libres d’accepter ou de refuser certains sketches. Selon une interview de Marion Game, ils refusent ceux qui sont cruels et pas drôles. Certes, la vie en couple n’est pas facile, mais ce n’est pas une raison pour être méchant, surtout entre Huguette et Raymond qui ont un amour vache avec un fond tendre. D’après mon expérience, Scènes de ménages est un excellent moyen d’apprendre beaucoup de choses sur la langue et la culture françaises et de les pratiquer, comme les expressions courantes, les références et les habitudes culturelles, mais surtout c’est une opportunité de découvrir une autre façon de rire : de l’humour à la française ! Et c’est sûr, on éclate de rire ! Ne vous inquiétez pas si vous ne comprenez pas tout, vous allez passer tout de même un très bon moment entre 20h25 et 20h50 sur M6.

Laura Tejeda Meza

Lexique 1. loufoques (adj. m.p.) : bizarres, fantaisistes 2. régalent (v. régaler) : font plaisir à 26

3. incarnent (v. représenter) : représentent 4. fêtard (adj. m.s.) : qui aime faire la fête



Fred fait son spectacle

© Frédéric Brulé

Portrait

LCFF : Nous avons appris via les réseaux sociaux que vous entamez une nouvelle saison avec votre nouveau spectacle qui en dit long sur votre potentiel comique. Intituler son spectacle J’ai la langue qui fourche, c’est quelque chose de fort. FB : Les mots sont-ils assez forts pour faire jaillir1 tout notre « moi » intérieur ? Dans mes textes, je parle de l’amour dans notre langue, de ses codes et de nos sites de rencontre que Louis XIV n’a pas connus ; il se contenta de biens plus concrets. Je ne cherche pas forcément à être compris de tous ; j’écris ce qui me fait rire et je tente de le partager de manière ludique avec la fantaisie qui me fait vibrer. LCFF : Est-ce un héritage familial ? FB : Cette passion, je la tiens de ma mère ; elle est originaire de Marie-Galante, une petite île des Antilles. Une belle île selon Laurent Voulzy, autrefois terre fournie en esclaves pour les colons blancs. Le seul loisir de ma mère était la lecture à voix haute ; elle m’a transmis cette passion. Quand je récitais des fables, elle exigeait de moi le ton approprié. Quand elle me faisait faire des dictées, elle déclamait2. Pour elle, je faisais la première lecture de la messe 28

du dimanche ; à la maison, on en riait et on zoukait3. En revanche, il n’était pas question de parler de soi. LCFF : Quand êtesvous monté sur scène pour la première fois ? FB : C’était en colonie de vacances à Salvagny-Sixt, j’avais quatorze ans. Les moniteurs m’appelaient « flippette4 » parce que j’avais peur de la tyrolienne. Lors d’un spectacle, j’ai pris l’accent créole et je suis entré dans la peau de Macumba, un Noir de la tribu du Lion indomptable et je leur ai dit, à tous, que c’était la dernière fois qu’on m’humiliait. Un an après, ma professeur d’anglais, Madame Baptiste, suite à une sortie de classe, m’a proposé de rejoindre les comédiens de la troupe du lycée de Verneuil-sur-Avre et j’ai eu l’occasion d’interpréter Oncle Vania et Le rendez-vous de Senlis. Après d’autres rôles à Bordeaux, j’ai joué dans la réadaptation de classiques mexicains. Quelques mois plus tard, à Valladolid, en Espagne, j’ai donné naissance à mon personnage Sabor a Isla dans des cabarets et des cafés-théâtres où j’ai eu la chance de rencontrer des artistes de la movida espagnole. Ensuite, c’est sur les conseils d’un ami comédien, j’ai oublié les paillettes pour composer d’autres rôles. Il y a quatre ans, c’est en mariée assise sur une malle5

© Frédéric Brulé

LCFF: Bonjour, Frédéric, et merci d’avoir accepté cet entretien car nous savons qu’hors de scène, parler de vous et de votre engagement n’est pas votre exercice préféré. Frédéric Brulé : Merci à votre magazine d’avoir eu la bienveillance de m’accorder ce moment. C’est toujours troublant d’être questionné et aujourd’hui, c’est tellement important !


que j attendais mon public. Cette année, c’est le professeur de français qui vous parle d’amour en toute sincérité, la sienne. Si certains personnages vous rappellent vos voisin.e.s, vos ami.e.s ou vos maître.s.se.s, c’est normal, nous avons tous les mêmes tics6 comportementaux.

LCFF : Est-ce toujours le cas ? FB : Je déconstruis tout ; c’est mon manège à moi. LCFF : Vous parlez créole, français, espagnol, catalan et anglais. Quel est votre rapport avec les langues : dans quelles circonstances les pratiquez-vous, dans quel état émotionnel ? FB : Parler différentes langues, c’est explorer différentes facettes de soi-même. A chaque fois que je change de langue, je change de voix et d’attitude. Les mots n’ayant pas toujours de traduction d’une

© Frédéric Brulé

LCFF : L’humour semble être votre refuge, pourquoi ? FB : Adolescent, j’ai traversé des moments douloureux en raison de mon altérité7. L’humour était ma révolution, une manière de briser mon silence. Autrement, je n’aurais jamais eu les mots pour communiquer mes peurs. J’étais impertinent8, je préférais me jouer des règles et des grands ; je les tournais en dérision9. J’observais le monde et en riais. Ainsi, je me sentais seul dans l’univers mais j’échappais à l’atmosphère pesante.

langue à l’autre, je m’amuse à en copier-coller certains, ce qui donne toute la force comique. Quand je parle français, c’est la réflexion qui prend le contrôle de mon esprit ; quand je parle catalan, c’est le coeur ; quand je parle espagnol ou créole, ce sont mes viscères et quand je parle anglais, je me la joue gentleman ! LCFF: Merci Frédéric. Et continuez à laisser fourcher votre langue ! FB : Merci à vous pour votre intérêt, il est précieux.

Vous pouvez retrouver Frédéric sur les réseaux sociaux : Fréd Brulé Attend : https://www.facebook.com/FredoRetro Florence Teste

Lexique 1. jaillir (v.) : sortir, se montrer 2. déclamait (v. déclamer) : disait un texte de manière théâtrale 3. zoukait (v. zouker) : dansait le zouk (type de musique antillaise) 4. flippette (n. f.s.) : flipper signifie avoir peur... 5. malle (n. f.s.) : grande valise

6. tics (n. m.p.) : petites habitudes incontrôlables 7. altérité (n. f.s.) : caractéristique de ce qui est autre, différent 8. impertinent (adj. m.s.) : insolent, qui agresse en paroles 9. dérision (n. f.s.) : capacité à se moquer

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© Helena Lopez

Petites blagues entre amis Société

Tout le monde connaît des blagues ! Mais il est vrai que certains les racontent mieux que d’autres. Il y a ceux qui tiennent en haleine1 leur auditoire2 avec leurs histoires et il y a ceux qui ne se souviennent plus de la chute3 ! Beaucoup de blagues stigmatisent4 des caractéristiques comme la nationalité ou le physique. Alors, commençons par nous moquer de nous-mêmes : certaines blagues soulignent l’arrogance des Français, ou leur faible amour pour le travail, ou encore leur propension à faire la grève. On peut également trouver des blagues belges (qui disent que les Belges sont stupides et qu’ils adorent les frites), suisses (que les Suisses sont lents et qu’ils sont tous riches), ou encore des blagues sur les blondes (réputées pour être idiotes). Evidemment, ce sont des clichés qui n’ont rien à voir avec la réalité mais ils apportent juste une justification à ce type d’humour. (lisez notre article « Clichés : n’exagérons rien », p 14-15, LCFF n° 25, janvier 2015). Voici quelques exemples :

Blagues françaises Le petit garçon anglais : - Mon père, c’est le plus rapide du monde : il pilote un avion de chasse. Le petit garçon américain : - Non, c’est mon père, le plus rapide ! Il pilote une fusée ! Le petit garçon français : - Non, c’est le mien ! Il finit son travail à 5h et il est à la maison à 4 h !

Les Français, c’est comme les crocodiles, ils ont de petites pattes et une grande gueule.

- Tu veux devenir riche ? - Bien sûr ! - Eh bien, tu achètes un Français pour ce qu’il vaut et tu le revends pour ce qu’il pense valoir.

Blagues sur les blondes Un couple vient d’adopter un bébé chinois. La blonde dit alors à son mari : – Vite, il faut prendre des cours de chinois ! – Mais pourquoi ? – Il faut apprendre le chinois avant qu’il commence à parler !

Une blonde arrive à la poste : - Bonjour, je voudrais un timbre à 80 centimes, s’il vous plaît ! - Tenez… - Combien je vous dois ?

Une blonde entre chez son opticien et demande : - Avez-vous des lunettes ? - Pour le soleil ? - Non non, pour moi ! 30


Blagues belges Deux Belges sont dans un camion sur une route surplombée5 par un pont. Mais le camion est trop haut pour passer sous ce pont. L’un des deux dit : « On n’a qu’à dégonfler les pneus ! ». L’autre répond : « Mais non, idiot, c’est en haut que ça coince, pas en bas !».

Un Belge et un Français regardent un film à la télévision. Le Français : - Je te parie qu’il meurt à la fin. Le Belge : - Moi, je te parie le contraire. Le film se finit, le personnage principal meurt. Le Français : - Pour être honnête, je dois te dire que j’avais déjà vu ce film. Le Belge : - Ben moi aussi ! Mais je ne pensais pas qu’il referait deux fois la même erreur !

Que faut-il faire pour énerver un Belge ? L’enfermer dans une pièce ronde et lui dire qu’il y a une frite cachée dans un coin.

Blagues suisses Un Suisse descend de sa chambre d’hôtel et réveille le réceptionniste. « Puis-je avoir un verre d’eau, s’il vous plaît ? » Le réceptionniste lui donne son verre d’eau puis retourne se coucher. Quelques minutes plus tard, le même client redescend de sa chambre, et redemande un autre verre d’eau. Le réceptionniste donne le verre d’eau puis fonce6 se recoucher. Et ça continue comme ça pendant une heure ! Le réceptionniste fulmine7 : « - Mais qu’avez-vous bien pu manger pour avoir une telle soif ? - Je n’ai pas soif, y’a le feu dans ma chambre ! »

Ce sont deux Suisses qui marchent dans la rue. Ils sont suivis par un escargot quand soudain l’un des deux se retourne et écrase l’escargot. L’autre lui demande : - Mais pourquoi tu as fait ça ⁇ - J’en avais marre ! Ca fait trois heures qu’il nous suivait ! Quelle est la différence entre un Suisse pauvre et un Suisse riche ? - Le Suisse pauvre doit laver sa Mercedes lui-même ‼!

Florence Teste

Lexique 1. tiennent en haleine : gardent l’attention 2. auditoire (n. m.s.) : ensemble des personnes qui écoutent 3. chute (n. f.s.) : fin de l’histoire 4. stigmatisent (v. stigmatiser) : soulignent le défaut

5. surplombée (adj. f.s.) : surmontée 6. fonce (v. foncer) : se précipite, retourne très rapidement 7. fulmine (v. fulminer) : se met en colère 31



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Jeux de mots laids pour gens bêtes (jeux de mollets pour jambettes)

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Style Il existe de nombreuses façons de faire rire à partir des mots. En voici réunis ici quelques exemples. Les devinettes Cela consiste à poser une question ouverte à laquelle le public doit répondre. Il s’agit parfois d’une simple réflexion mais c’est parfois aussi une chute inattendue qui provoque l’effet comique. 1. Je possède un chapeau mais je n’ ai point de tête. J’ai un pied mais ne possède point de chaussure. Qui suis-je ? -------------------------------------------------------------------2. S’il vous voit vieillir sans jamais rien vous dire, c’est parce qu’il est poli. Qui est-ce ? ------------------------------------3. Qu’est-ce qu’un yaourt qui court dans la forêt ?

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Les devinettes Monsieur et Madame Il s’agit d’une devinette basée sur l’assemblage du nom proposé et du prénom à trouver (ou le prénom et le nom ensuite). Le résultat donne un mot ou une phrase qui a du sens. Attention, c’est une ressemblance uniquement phonétique. 4. Monsieur et Madame Manvussa ont un fils. Comment s’appelle-t-il ?

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5. Monsieur et madame Croc ont une fille. Comment se prénomme-t-elle ? ----------------------------------------------------------6. Monsieur et madame Célère ont un fils. Comment s’ appelle t-il ?

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L’énigme C’est aussi une devinette mais elle demande une certaine réflexion. La plus célèbre d’entre elles est certainement celle posée par le Sphinx à Œdipe : « Quel est l’être qui marche sur quatre pattes au matin, sur deux à midi et sur trois le soir ? ». Trouver la bonne réponse lui a évité de mourir dévoré par le monstre. Réponse : C’est l’homme à ses différents âges : bébé,il marche à quatre pattes ; ensuite sur ses deux jambes ; puis quand il est vieux, il s’aide d’une canne, qui représente une troisième jambe. 7. Deux moines et un capitaine sont en prison et attendent d’être jugés. Le lendemain du verdict, on peut lire dans les journaux : « Le capitaine fut décapité et les deux moines ont eu la tête tranchée ». Pourtant, il n’y a qu’un mort. Pourquoi ? -------------------------------------------------------------------33


8. Voici une énigme « phonétique », c’est-à-dire que si vous prononcez la phrase, c’est une énigme. Si vous l’écrivez, la réponse se trouve très (trop) facilement dans la phrase. La difficulté réside dans l’homonymie (les mêmes sons pour des sens différents). / vɛ̃sɑ̃milan / dans un pré et / sɑ̃vɛ̃ / dans l’autre. Combien y a-t-il d’ânes ? La charade Il s’agit d’une devinette en plusieurs questions dont la réponse à chaque élément fournit une syllabe du mot à trouver. 9. Mon premier porte les voiles d’un bateau. Mon deuxième est compris entre 1 et 3. Mon troisième se boit au petit déjeuner. Mon quatrième se fait avec les lacets de chaussures. Mon tout est un petit gâteau ou un prénom féminin. ---------------------------------------------------------------------

10. Mon premier est un fruit. Mon deuxième aussi. Mon troisième aussi. Mon quatrième aussi. Mon tout est une œuvre de Beethoven. ---------------------------------------------------------------------

Le rébus C’est une sorte de devinette dans laquelle chaque dessin doit être identifié et donne, phonétiquement, un mot ou une phrase.

T’

12.

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N’ ---------------------------------------------------------------------

Le problème logique C’est encore une devinette mais il faut faire appel à la stricte logique pour trouver la solution. 13. Trois poissons sont dans un seau. L’un meurt. Combien en reste-t-il ? 14. Un mage prétend qu’il est capable de donner le score de n’importe quel match de foot, avant même qu’il ne commence. Comment fait-il donc pour avoir raison à tous les coups ? 15. Comment pouvez-vous vous tenir derrière votre père, tandis qu’il se tient aussi derrière vous ? La contrepèterie Il s’agit ici d’intervertir deux lettres ou deux syllabes pour obtenir un nouveau mot ou une nouvelle phrase. Un grand nombre donne des résultats inconvenants ou grivois. Mais celles-ci peuvent être prononcées par toutes les bouches. Ex : Un solitaire bien mis => Un militaire bien sot C’est un nœud vert => Un champ de coton =>

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Florence Teste 34


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Georges Courteline Auteur

Georges Moinaux, dit Courteline, est né en 1858 à Tours. Il est le fils de l’auteur de théâtre Jules Moinaux. Il grandit à Paris, au milieu des célébrités du monde du théâtre qui rendent visite à son père. Il travaille un temps au ministère de l’Intérieur. Puis, en 1881, il fonde la revue de poésie Paris moderne. Il commence à écrire des chroniques dans le journal Petites nouvelles quotidiennes. En 1886, il écrit sa première pièce de théâtre, qui sera suivie de nombreuses autres jusqu’en 1912. Il s’arrête alors d’écrire pour se consacrer à l’édition de ses œuvres. Il est fait commandeur de la Légion d’honneur en 1921 et est nommé à l’Académie Goncourt en 1926. Il meurt en 1929, des suites de la gangrène.

© Domaine public

BIOGRAPHIE

L’œuvre de Courteline est composée d’un grand nombre de pièces de théâtre, dont beaucoup sont assez courtes. Il y dépeint les défauts de son époque. Ses personnages sont souvent choisis dans la la petite bourgeoisie, les fonctionnaires, les militaires. Courteline utilise notamment les dialogues, qui sont l’un des ressorts importants de son comique. Il fait rire le public en attirant la sympathie sur ses personnages médiocres mais attachants. Les intrigues sont inspirées de la vie quotidienne mais laissent apparaître l’absurde, comme dans l’extrait présenté ici. Son style est remarquable.

L’ŒUVRE

Messieurs les ronds de cuir, 1893 Bourbouroche, 1893 Un client sérieux, 1896 Hortense, couche-toi !, 1897 Les balances, 1901 La paix chez soi, 1903 Facéties de Jean de la Butte, 1904 36

© Georges Courteline

BIBLIOGRAPHIE CHOISIE


MONSIEUR BADIN Le directeur : ― Dites-moi, monsieur Badin, voilà près de quinze jours que vous n’avez pas mis le pied à l’Administration. (...) Monsieur Badin : ― Monsieur, je vais vous expliquer. J’ai été retenu chez moi par des affaires de famille. J’ai perdu mon beau-frère... Le directeur : ― Encore ! Monsieur Badin : ― Monsieur... Le directeur : ― Ah çà ! monsieur Badin, est-ce que vous vous fichez1 de moi ? Monsieur Badin : ― Oh !... Le directeur : ― À cette heure, vous avez perdu votre beau-frère, comme déjà, il y a trois semaines, vous aviez perdu votre tante, comme vous aviez perdu votre oncle le mois dernier, votre père à la Trinité, votre mère à Pâques ! Sans préjudice, naturellement, de tous les cousins, cousines, et autres parents éloignés que vous n’avez cessé de mettre en terre à raison d’au moins un la semaine. Quel massacre ! non, mais quel massacre ! A-t-on idée d’une boucherie pareille !... Et je ne parle ici, notez bien, ni de la petite sœur qui se marie deux fois l’an, ni de la grande qui accouche tous les trois mois. Eh bien ! monsieur, en voilà assez. Que vous vous moquiez du monde, soit2 ! mais il y a des limites à tout, et si vous supposez que l’Administration vous donne deux mille quatre cents francs pour que vous passiez votre vie à marier les uns, à enterrer les autres, ou à tenir sur les fonts baptismaux3, vous vous mettez le doigt dans l’œil4 ! (...) Monsieur Badin : ― Écoutez, monsieur. Avez-vous jamais réfléchi au sort du pauvre fonctionnaire qui, systématiquement, opiniâtrement5, ne veut pas aller au bureau, et que la peur d’être mis à la porte hante6, poursuit, torture, martyrise, d’un bout de la journée à l’autre ? Le directeur : ― Ma foi7 non. Monsieur Badin : ― Eh bien ! monsieur, c’est une chose épouvantable8, et c’est là ma vie, cependant. Tous les matins, je me raisonne, je me dis : « Va au bureau, Badin ; voilà plus de huit jours que tu n’y es allé ! » Je m’habille, alors, et je pars ; je me dirige vers le bureau. Mais ouitche ! j’entre à la brasserie ; je prends un bock9..., deux bocks..., trois bocks ! Je regarde marcher l’horloge, pensant : « Quand elle marquera l’heure, je me rendrai à mon ministère ».Malheureusement, quand elle a marqué l’heure, j’attends qu’elle marque le quart ; quand elle a marqué le quart, j’attends qu’elle marque la demie...

Florence Teste

Lexique 1. vous fichez (v. se ficher) : vous moquez 2. soit (adv.) : d’accord ! 3. fonts baptismaux : lieux où l’on baptise les enfants 4. vous vous mettez le doigt dans l’œil (exp.) : vous vous trompez

5. opiniâtrement (adv.) : de manière obstinée, tenace 6. hante (v. hanter) : occupe entièrement son esprit 7. ma foi (interjection) : et bien ! 8. épouvantable (adj. f.s.) : horrible 9. bock (n. m.s.) : verre de bière 37


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On s’entraîne pour le DELF A2 ! Langue Le DELF est l’examen officiel évaluant les quatre compétences de l’apprentissage de la langue française. Il est constitué de quatre épreuves (compréhension orale, compréhension écrite, production orale et production écrite). Les niveaux du DELF sont définis par le CECRL (Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues) de A1 à B2 pour le DELF et C1, C2 pour le DALF. Le niveau B2 à l’écrit À ce niveau, l’utilisateur peut écrire des textes clairs et détaillés sur une gamme étendue de sujets relatifs à son domaine d’intérêt. Il peut écrire un essai ou un rapport qui développe une argumentation en apportant des justifications pour ou contre un point de vue particulier et en expliquant les avantages ou les inconvénients de différentes options. en faisant la synthèse et l’évaluation d’informations et d’arguments empruntés à des sources diverses. Il peut écrire des descriptions élaborées d’événements et d’expériences réels ou imaginaires. L’épreuve de production écrite du niveau B2 L’épreuve comporte un seul exercice. Il s’agit de produire un écrit argumenté de 250 mots environ, pouvant prendre la forme d’un courrier formel ou non formel, d’un rapport, d’un discours, dans une forme claire et articulée. En plus du vocabulaire, de l’orthographe et de la grammaire, le correcteur évaluera si le candidat sait : • faire preuve d’une assez bonne maîtrise du code sociolinguistique • présenter des faits, un contexte, une situation • formuler clairement des idées et arguments • proposer des exemples pour illustrer idées et arguments • mettre en œuvre les fonctions de la langue adaptées à la situation : protester, nuancer, insister, attirer l’attention • produire un texte cohérent et clairement articulé / structuré

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Le texte demandé peut prendre la forme : d’une participation à un forum ou un courrier des lecteurs d’un article critique, d’un discours, etc. d’une lettre formelle type lettre de réclamation, de motivation, de protestation d’une lettre en réponse à quelqu’un (courrier des lecteurs, lettre personnelle) d’une demande ou une proposition (par exemple monter une association, un événement, etc.) Conseils : Attention à la cohérence, à l’enchaînement des idées. Il faut absolument adapter son écrit à la situation et au destinataire. Il faut ainsi introduire et conclure, choisir les bonnes formules de politesse, faire référence à la consigne, organiser correctement les paragraphes, utiliser les liens logiques, la ponctuation adéquate, le style et le vocabulaire adaptés. Évitez également les répétitions, relisez-vous. Voici des exemples de sujets : Sujet 1 : Vous travaillez dans une entreprise française. Vous souffrez du manque d’espace dans vos bureaux. De plus, vous savez qu’un grand nombre d’employés a de jeunes enfants. Vous écrivez une lettre pour expliquer la situation au directeur et vous lui demandez à ce que chacun puisse travailler chez lui. Vous lui indiquez les avantages du travail à distance et les bénéfices pour votre entreprise. 250 mots environ. Sujet 2 : Vous vivez en France et vos enfants se plaignent régulièrement de la qualité des repas pris à la cantine de leur établissement scolaire. Vous écrivez une lettre à l’ensemble des parents d’élèves afin de détailler les motifs de mécontentement et de proposer des solutions. 250 mots minimum Sujet 3 : Vous habitez dans un village en Belgique. Afin de développer les relations entre les habitants vous souhaitez créer une association d’échanges de services entre les personnes. Vous écrivez un article sur le blog de la mairie du village pour exposer votre idée et expliquer les avantages de ce système solidaire. 250 mots environ Sujet 4 : Vous travaillez dans un grand magasin à Nantes. Votre responsable a décidé d’ouvrir le magasin le dimanche et ne veut pas employer de nouvelles personnes alors que vous avez déjà beaucoup de travail. Vous n’êtes pas d’accord et vous écrivez un courriel à vos collègues pour donner votre point de vue et proposer une alternative. 250 mots environ.

Anita Viel

Citation Vouloir définir l’humour, c’est prendre le risque d’en manquer. Guy Bedos 39


Destination Francophonie

Orléans

© Destination francophonie

Ivan Kabacoff

Découvrez chaque semaine les plus belles initiatives pour la langue française dans le monde ! TV5MONDE

Photo © Sébastien CALVET / Divergence

Diffusion sur toutes les chaînes de TV5MONDE et sur tv5monde.com/df Connaissez-vous Orléans ? Cette magnifique ville est située au sud de Paris ; elle est la capitale du département du Loiret mais aussiRéagissez de la région sur Centre-Val de Loire. Elle est classée «ville d’art et d’histoire» car de twitter #dfrancophonie nombreux événements historiques s’y sont produits. La ville en garde de superbes traces. Mais Orléans est également une ville moderne /destinationfrancophonie qui s’inscrit résolument dans l’histoire contemporaine. En et facebook cette époque de migrations, Orléans est une terre d’accueil pour certains qui ont quitté leur pays en guerre ou en difficulté économique. Des acteurs sociaux aident les migrants à s’intégrer dans la société française En partenariat avec l’OIF, l’Institut français, la DGLFLF et le CIEP. en leur proposant de participer à des ateliers de théâtre. La culture apparaît alors comme une composante de la vie quotidienne locale. Ivan Kabacoff La chaîne culturelle francophone mondiale

Répondez à ces questions et vérifiez les réponses (page 50) AVANT de visionner la vidéo. 1. Où se trouve la ville d’Orléans en France ? dans la région Occitanie dans la région Centre Val de Loire dans la région Grand est.

3. Donnez des synonymes de « migrants » : ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................

2. A quel personnage historique la ville d’Orléans est-elle associée ?

© Anthony Bourgouin

Jeanne d’Arc (1412-1431) Blaise Pascal (1623-1662) Robert Surcouf (1773-1827)

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Lisez les questions suivantes, visionnez la vidéo et répondez. Les réponses se trouvent en page 50.

4. Le quartier de la Source se trouve en centre-ville. est un quartier muticulturel. n’est pas desservi par le tramway. 5. Quel projet l’association ACM Formation propose-t-elle aux migrants ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ 6. Que veut dire CIR ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ 7. Combien de temps dure la préparation de la pièce ? 2 mois 6 mois 12 mois

Accédez à la vidéo h t t p : / / w w w. t v 5 m o n d e. c o m / c m s / c h a i n e francophone/Revoir-nos-emissions/DestinationFrancophonie/Episodes/p-33706-DestinationOrleans.htm

10. Quel changement l’implication dans l’association ACM Formation a-t-il produit dans la vie de Lama Hattab ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ 11. ACM Formation veut répondre uniquement aux besoins des habitants du quartier d’apprendre le français. veut favoriser le lien social entre habitants du quartier. veut associer l’apprentissage du français à la vie culturelle du quartier. 12. Quel est l’objectif spécifique de ce projet ? ACM Formation veut former des acteurs de théâtre professionnels. ACM Formation veut développer la fréquentation du théâtre local. ACM Formation veut inscrire l’apprentissage de la langue dans un contexte culturel local.

8. Que font les acteurs à Radio Campus ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ 9. Comment s’appelle le festival pendant lequel la pièce est jouée ?

13. Pourquoi participer à ce projet est-il motivant, en plus d’apprendre la langue ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................

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Florence Teste

Sur facebook : https://www.facebook.com/DestinationFrancophonie/ Sur twitter : @dfrancophonie Toutes les émissions sont disponibles sur internet : www.tv5monde.com/df 41


© Domaine Public

Difficile accession des femmes africaines aux responsabilités L’histoire de l’Afrique est étroitement liée à quelques femmes qui se sont farouchement opposées à la colonisation européenne, telles la puissante reine Nzinga d’Angola au XVIIe siècle, la prophétesse Kimpa Vita du royaume Kongo au XVIIIe siècle ou encore les redoutables femmes-soldats appelées « amazones », qui dirigeaient l’armée du roi Béhanzin et qui luttèrent férocement au XIXe siècle contre la conquête française du royaume du Dahomey (actuel Bénin). De même, dans de nombreux royaumes africains, les reinesmères ont tenu une place très importante dans la prise de décisions, même si leur rôle a souvent été discret. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, comme les hommes, les Africaines ont toujours été à la pointe des combats pour l’émancipation des peuples. Pourtant, malgré une Journée internationale de la femme décrétée par l’ONU le 18 décembre 1972 et célébrée pour la première fois le 8 mars 1975, les femmes continuent de subir l’influence patriarcale

© Achille Devéria. Posteriormente coloreado a mano por un autor desconocido

Afriques de nos sociétés à travers le monde. Combien sontelles dans les différents secteurs d’activité et dans les hautes sphères1 de l’Etat ? Très peu dans tous les cas et elles restent encore à la traîne2. Sur les cinquante-quatre pays africains, seuls quelques-uns semblent faire de la place aux femmes dans les parlements : le Rwanda, le Sénégal, l’Afrique du Sud, la Namibie et le Mozambique. Lors des nominations ministérielles, l’image est presque toujours la même : une poignée de femmes-ministres noyées parmi leurs homologues3 masculins. Tous les discours prônent4 une présence accrue5 des femmes aux postes qui reflètent leurs compétences. Mais la réalité est que des décisions courageuses tardent à se mettre en place. A qui la faute ? Hommes et femmes se rejettent la responsabilité : les hommes affirment que les femmes ne font pas preuve de courage, d’assiduité et de confiance en soi, autant de qualités qui devraient faire d’elles des candidates sérieuses aux postes de décisions. Quant aux femmes, elles trouvent que la plupart des hommes font preuve de mépris et de préjugés à leur égard lorsqu’ils déclarent que la femme restera toujours le sexe faible. Il va sans dire que le débat sur l’égalité hommefemme n’est pas prêt de trouver une fin . En effet la femme ne pourra pas continuer à jouer les seconds rôles et à n’occuper que des postes subalternes6.

Lexique 1. hautes sphères (n. f.p.) : niveaux 2. à la traîne : en arrière 3. homologues (n. m.p.) : pairs, personnes de même niveau 42

Mamadou Berthé

4. prônent (v. prôner) : conseillent, recommandent 5. accrue (adj. f.s.) : plus importante 6. subalternes (adj. m.p.) : qui occupent une position inférieure




Cuba, perle des Caraïbes

© Brunelle Abonnenc

© Brunelle Abonnenc

Je me promenais un jour à la Foire Internationale de Montpellier à la recherche de petits gadgets à acheter quand tout à coup, j’ai entendu de la musique et des rires. Curieuse, je me suis approchée et j’ai découvert une ambiance de fête, de danse et de joie qui m’a tout de suite donné le sourire ! Ça y est, j’avais trouvé la destination de mes prochaines vacances : Cuba ! Alors, vite, mon mari et moi avons fait nos valises et nous voilà partis pour deux semaines d’un voyage fort en émotion. Petit récit d’une expérience inoubliable. 25 février, arrivée à Cuba, cette perle des Caraïbes qui fait tant rêver…Température en France 7°, ici 30°. Je crois que nous allons beaucoup aimer cet endroit ! Quand on arrive à La Havane, la capitale, on est tout de suite fasciné par l’atmosphère qui y règne. La ville, tout comme l’île elle-même, semble figée1 dans le temps. Les vieilles voitures américaines et les façades colorées des immeubles coloniaux lui donnent un charme fou. Il faut dire que l’île possède une histoire particulière. Entre conquête espagnole, dictature, révolution et

© Brunelle Abonnenc

Voyage

embargo américain, Cuba se développe tout doucement. Internet est très difficile d’accès : drôle d’expérience que de s’adosser2 aux murs des hôtels, pour espérer capter un peu de wi fi ! La population doit aussi toujours utiliser des tickets de rationnement3 pour vivre (un peu de riz, des haricots, de l’huile…) et l’entretien des bâtiments laisse à désirer4. Etonnant contraste entre les hôtels de luxe et les vieilles maisons coloniales habitées mais qui tombent en ruine. L’histoire de l’île se nourrit de toutes les influences possibles : espagnole, africaine, indienne, américaine, et dispose d’une richesse culturelle étonnante. La vie n’est pas facile tous les jours mais les Cubains montrent toujours leur joie de vivre. La musique est présente partout où nous allons. Salsa, conga, rumba, de six heures du matin jusqu’au bout de la nuit ! Et puis les Cubains sont toujours là pour vous aider, même nous, deux petits touristes perdus au milieu de la ville. Les maîtres-mots5, ce sont vraiment la chaleur humaine et la convivialité. 45


Š Brunelle Abonnenc


© Brunelle Abonnenc

Après La Havane, nous avons visité Vinales, petite ville aux sublimes paysages sauvages de collines et de forêts. Nous avons eu la chance de nous balader à cheval à travers les fameux champs de tabac, qui servent à faire les meilleurs cigares du monde, disent les Cubains. Et aussi de nous rafraîchir dans de superbes cascades. Nous avons un peu esquivé7 Varadero et sa côte trop touristique et sommes vite arrivés à Trinidad. Berceau de la culture afro-cubaine, ses rues pavées8 et ses maisons colorées sont magnifiques.

© Brunelle Abonnenc

D’ailleurs, nous avons pu nous en rendre compte tout au long de notre voyage. Effectivement, nous avons dormi dans des casas particulares, c’est-àdire chez l’habitant. Nous avons vraiment pu vivre au cœur des familles cubaines, partager leur réalité et nous nous sommes toujours sentis comme chez nous. Nous avons aussi beaucoup voyagé dans des taxis collectifs. Le principe : le taxi ne part que s’il est complet, cela permet de réduire le prix. On est souvent tous serrés comme des sardines mais c’est drôle et c’est surtout l’occasion de pratiquer notre espagnol qui, j’avoue, était un peu rouillé6 ! Nous y avons fait d’incroyables rencontres et beaucoup discuté de politique avec les chauffeurs. Mais attention, sujet sensible !

Mais que serait Cuba sans ses plages ! Là-bas, on les appelle des cayos : mini-îles paradisiaques toutes proches des terres et souvent accessibles en bateau. Comme il fait bon se dorer au soleil en sirotant un bon mojito, mon cocktail préféré : rhum, citron, sucre, menthe et glace pilée ! Mmmhh ! Et pour manger, pas d’inquiétude : la nourriture est simple mais délicieuse, riz et haricots noirs, arroz moro, et petites fritures de manioc ou malenga. Les amoureux des fruits exotiques comme moi seront aussi servis : goyave, banane, papaye, pastèque, ananas, il y en a pour tous les goûts ! Pour finir, nous avons écumé9 les petits marchés traditionnels, pour remplir nos valises de souvenirs, de soleil, de chaleur, de bonne humeur, de détente et de partage. Mais il est difficile de résumer un si beau voyage en si peu de lignes. J’aurais des milliers de choses à vous raconter tant notre expérience a été extraordinaire. Tellement de personnes incroyables rencontrées et de petites aventures nous sont arrivées ! C’est avec des images plein la tête et le cœur que nous sommes rentrés en France. Alors je n’ai qu’une chose à vous conseiller : voyagez ! Le voyage est un lent professeur mais on a toute la vie pour apprendre. Brunelle Abonnenc

Lexique 1. figée (adj. f.s.) : bloquée, immobile 2. s’adosser (v.) : appuyer son dos 3. rationnement (n. m.s.) : limitation de distribution 4. laisse à désirer : n’est pas très bon 5. maîtres-mots (n. m.p.) : mots-clés, mots les plus importants

6. rouillé (adj. m.s.) : oublié 7. avons esquivé (v. esquiver) : avons évité 8. pavées (adj. f.p.) : recouvertes d’un revêtement dur, de pierres plates 9. avons écumé (v. écumer) : avons parcouru

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Jeux de mots

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1. MOTS EN VRAC Replacez les lettres dans l’ordre pour retrouver les fournitures de bureau RAOYNC SALCESUR EFUILLE POCMAS MOGME TRUEFE UESICA RNGILRUSUE CEAUNIP GELER

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2. DEVINETTES Qu’est ce qui réfléchit sans réfléchir ? --------------------------------------------------

Quel est le mode de transport préféré des vampires ? --------------------------------------------------

Combien font 3 et 3 ?

3. CHANSON Retrouvez les voyelles pour la chanson de Henri Salvador « Zorro est arrivé » Dans m_n f_ _teuil, je r_garda_s Le film à la télé Un type n_mmé Jojo le Bouffi P_ _rsuivait la p_uvre Suzy Il la co_nça près d’la sc_er_e Et très méch_mment l_i dit : Si tu m’d_nnes p_s ton ranch, en m_ _ns d’deux Je vais t’c_ _per en deux P_is il l’emp_ _gna - Et al_rs ? Ben, il la ficela - Et al_rs ? Il la m_t sous la sc_e - Et al_rs ? Et al_rs ? Eh, eh, Z_rr_ est arr_vé Sans s’pr_ss_r Le grand Z_rr_, le beau Z_rr_ Av_c son ch’val et son gr_nd chape_ _ https://www.youtube.com/watch?v=WDTIjOWKG-4

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Réponses Jeux p 51 49


Réponses Style (page 33) 1. Le champignon

9. Madeleine

2. Le miroir

10. La Neuvième symphonie de Beethoven : Pomme pomme pomme pomme ! (pom pom pom pom !)

3. Un yaourt nature

11. aspirateur (AS - PIE - RAT - T - HEURE)

4. Gérard (J’ai rarement vu ça).

12. coccinelle (COQ - SCIE - N - AILE)

5. Odile (crocodile) 6. Jacques (J’accélère)

13. Il y en a toujours trois. Même s’il est mort, le poisson est toujours dans le seau...

7. On a décapité le capitaine et on a offert sa tête tranchée au deux moines.

14. Parce qu’avant que le matche commence, le score est toujours de 0 à 0.

8. Un seul : Vincent mit l’âne dans un pré et s’en vint dans l’autre. Comme la question porte sur un nombre, on cherche automatiquement des nombres dans la question. On comprend alors « Ving-cent-mille ânes dans un pré et cent vingt dans l’autre ». Mais le nombre « vingtcent-mille » n’existe pas.

15. Il suffit de se tenir dos à dos. 16. C’est un nerveux 17. Un temps de cochon

Réponses TV5MONDE (page 40) 1. Orléans se trouve dans la région Centre Val de Loire, à 130 km au sud de Paris

8. Chaque acteur enregistre la partie de la pièce qu’il joue.

2. Jeanne d’Arc a libéré la ville d’Orléans, qui était assiégée par les Anglais en 1429. Robert Surcouf était un corsaire, originaire de Saint-Malo. Blaise Pascal était un mathématicien et philosophe, né à Clermont-Ferrand.

9. Le festival s’appelle Enracinement déracinement. 10. Avant, elle n’avait pas d’amis ; après, elle a fait la connaissance de beaucoup de monde.

3. les réfugiés, les émigrés, les immigrés, les immigrants.

11. ACM Formation a senti le besoin des habitants du quartier d’apprendre le francais mais a souhaité inscrire les habitants dans le territoire culturel local.

4. Le quartier de la Source se trouve dans une banlieue « où vivent des dizaines de nationalités ».

12. ACM Formation veut inscrire l’apprentissage de la langue dans un contexte culturel local.

5. écrire puis jouer une pièce de théâtre (être auteurs et acteurs de leur propre pièce)

13. Parce que les apprenants deviennent des « acteurs » du quartier dans lequel ils vivent.

6. CIR : contrat d’intégration républicaine 7. La préparation de la pièce dure 2 mois.


Réponses Jeux (page 49) 1. MOTS EN VRAC

Edition

Langue et Cultures Françaises et Francophones ISSN : 2551-1467 n° CPPAP : 1018 K 91889 SIRET : 799 544 846 00022 Siège : 17, rue Durand 34000 Montpellier contact@lcf-magazine.fr

Directrice de publication

Florence TESTE - direction@lcf-magazine.fr

Directeur artistique Rémi ORZALESI

RAOYNC SALCESUR EFUILLE POCMAS MOGME TRUEFE UESICA RNGILRUSUE CEAUNIP GELER

CRAYON CLASSEUR FEUILLE COMPAS GOMME FEUTRE CISEAU SURLIGNEUR PINCEAU REGLE

2. DEVINETTES

Rédactrice en chef

Qu’est ce qui réfléchit sans réfléchir ? Un miroir

Comité de relecture

Quel est le mode de transport préféré des vampires ? Le vaisseau sanguin

Florence TESTE

Florence TESTE Khiem TRAN-DINH

Assistante de publication

Combien font 3 et 3 ? Match nul

Lecture audios

3. CHANSONS

Michèle LESEL

Marion PREITE

Rédacteurs Brunelle ABONNENC Mamadou BERTHÉ Christelle DUCROT Barbara JUVÉ Axelle NÉGRIGNAT Marine SCHMETS Laura TEJEDA MEZA Florence TESTE Anita VIEL

Graphiste

Charlotte KLEINEIDAM

Promotion et communication

Michèle LESEL - contact@lcf-magazine.fr

Impression

Impact Impression 483, ZAC des Vautes 34980 Saint-Gély-du-Fesc

Routage

Sud Routage 110, route de Rouquairol 30900 Nîmes

Remerciements

Dans mon fauteuil, je regardais Le film à la télé Un type nommé Jojo le Bouffi Poursuivait la pauvre Suzy Il la coinça près d’la scierie Et très méchamment lui dit : Si tu m’donnes pas ton ranch, en moins d’deux Je vais t’couper en deu Puis il l’empoigna - Et alors ? Ben, il la ficela - Et alors ? Il la mit sous la scie - Et alors ? Et alors ? Eh, eh, Zorro est arrivé Sans s’presser Le grand Zorro, le beau Zorro Avec son ch’val et son grand chapeau

Richard BOSSUET - TV5 MONDE Ivan KABACOFF - TV5 MONDE Frédéric BRULÉ

En produisant sa version papier, LCFF Magazine veut participer à la protection de la planète. Pour cela, nous avons choisi de faire confiance à un imprimeur qui travaille dans le respect des labels écologiques :



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