LCFF N°61 ENFANCE ET EDUCATION

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Destination Francophonie Ivan Kabacoff

Découvrez chaque semaine les plus belles initiatives pour la langue française dans le monde ! Diffusion sur toutes les chaînes de TV5MONDE et sur tv5monde.com/df Réagissez sur twitter

Photo © Sébastien CALVET / Divergence

et facebook

#dfrancophonie

/destinationfrancophonie

En partenariat avec l’OIF, l’Institut français, la DGLFLF et le CIEP.

La chaîne culturelle francophone mondiale


Édito

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Florence Teste, rédactrice en chef

Les enfants représentent l’avenir ; il est donc vital que nous accordions toute notre énergie à leur offrir la meilleure éducation possible. C’est pourquoi l’équipe des chroniqueurs de LCFF vous a préparé ce numéro sur l’éducation. Vous découvrirez ainsi des auteurs qui ont contribué à la réflexion sur l’éducation : JeanJacques Rousseau, la comtesse de Ségur, ou plus récemment, Thomas Guntzig. Nous vous présenterons le système éducatif français et quelques-unes des théories éducatives en cours en France. Vous verrez que les contes peuvent être adaptés au théâtre et que les dessins d’enfants sont le reflet de leur vie intérieure. Vous pourrez également suivre le chemin de Marichriska, qui a adopté une petite fille chilienne. Enfin, vous cuisinerez avec les enfants ; vous découvrirez les photos d’enfants du monde entier et admirerez la façon dont Robert Doisneau a photographié l’école dans les années cinquante. Les Victoires de la musique vous feront (re)découvrir le rap et vous voyagerez vers l’Afrique et ses nouvelles démocraties. Destination francophonie (TV5 Monde) vous emmènera au Kosovo. Et bien sûr, nos rubriques DELF et jeux.

LES VICTOIRES DE LA MUSIQUE 2018 MUSIQ UE

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A L’ÉCOLE DE DOISNEAU ARTS

Si vous enseignez le français, que vous soyez un professionnel averti ou un bénévole, rejoignez-nous à Montpellier pour participer à nos journées d’application AppliFLE : 2 jours pour réfléchir à vos pratiques de classe. L’oral y sera décliné dans tous ses états : production, compréhension, phonétique, accents régionaux, labo multimédia. Bonne lecture !

CONTES ADAPTÉS AU THÉÂTRE LIVRES


L’ORAL DANS TOUS SES ÉTATS 25 & 26 MAI 2018 ORGANISÉ PAR LCF

UNIVERSITÉ PAUL VALÉRY IEFE MONTPELLIER

09 84 18 14 65 CONTACT@LCF-MAGAZINE.FR

La corporéisation de l’oral La compréhension orale La production orale L’improvisation théâtrale Le labo multimédia Les accents régionaux L’évaluation de l’oral

WWW.LCF-MAGAZINE.COM


APPLIFLE 2018

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DESSIN D’ENFANT ET TRAUMATISME P.

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L’ORAL DANS TOUS SES ÉTATS MONDE

THOMAS GUNZIG, UN AUTEUR QUI PREND SA REVANCHE SUR L’ÉCOLE PSYCHOLOGIE SOCIÉTÉ

LES ATOUTS ET LES FAIBLESSES DU P. SYSTÈME ÉDUCATIF FRANÇAIS AUTEUR

L’ÉDUCATION SELON ROUSSEAU CONTES AFRICAINS

LA RENCONTRE ENTRE LE LION ET L’HOMME AUTEUR

LA COMTESSE DE SÉGUR OU LES VALEURS DE SOPHIE

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LES ÉLECTIONS DÉMOCRATIQUES EN AFRIQUE

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JEUX

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ON S’ENTRAÎNE POUR LE DELF A2 ! TV5 MONDE

KOSOVO AFRIQUES

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J’AI ADOPTÉ UN ENFANT P ORT RA I T

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ENFANTS D’AILLEURS V OYA G E

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DELF

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ENFANCE ET ÉDUCATION EN FRANCE V I V RE E N FRA N CE

Les

articLes sont adaptés à des

niveaux

B1

à

c2. La

difficuLté

de L’articLe est représentée par Le pictogramme en forme de Livre en haut de La page.

Les

articLes qui comportent ce

pictogramme existent en version audio

POUR LES PETITS ET … LES GRANDS CUI S I N E


L’ORAL DANS TOUS SES ÉTATS

L’ORAL, C’EST QUOI AU FAIT ? 25 & 26 MAI 2018 UNIVERSITÉ PAUL VALÉRY, MONTPELLIER

Définir l’oral ne peut se faire en quelques lignes, car il est déjà difficile de fixer pour lui des objectifs clairs et donc, les activités qui permettent de l’assimiler. De manière générale, on aurait facilement tendance à le limiter à son opposition par rapport à l’écrit. Pourtant, en FLE, il représente des pratiques bien spécifiques. Il s’agit à la fois de sa souplesse par rapport à la rigidité d’une langue plus théorique mais aussi des compétences qu’il nécessite, obligeant à composer simultanément entre le savoir, le savoir-faire et le savoir être. Il faut à la fois appliquer la syntaxe, réutiliser le lexique appris mais aussi gérer les interactions en direct, dépasser ses propres inhibitions et prendre en compte les éléments socioculturels liés à la situation. Dans cette quatrième édition des AppliFLE, LCF vous propose 7 ateliers qui vous permettront de varier vos pratiques de classe liées à l’oral.

CONFERENCE PLENIERE L’oral, c’est quoi au fait ?

A priori, rien ne paraît plus simple que de définir l’oral. Spontanément, on a envie de répondre, par exemple, « L’oral, c’est quand on parle ! ». Certes. Mais ceci recouvre-t-il vraiment ce que l’on entend par « oral » ? Pas si sûr, tant le terme est connoté et polymorphe. Ainsi que plein de pièges et de subtilités pour ses utilisateurs, parmi lesquels se retrouvent formateurs, professeurs et élèves. Et puis, certains parlent davantage d’oralité que d’oral. Où résident les différences ? Autant de questions qui seront abordées dans cette conférence plénière.

La corporéisation de la parole

Michel Billières Jérémi Sauvage Université Toulouse 2 Jean-Jaurès

Université de Montpellier Paul-Valéry

Le système prosodique de la langue étrangère, constitué par le rythme et l’intonation, sert d’interface entre la production verbale et son accompagnement gestuel synchrone. Comment aider l’apprenant de fle à s’approprier les composantes essentielles de ce rythme nouveau ? Quelques solutions pratiques préconisées dans cet atelier.

Au-delà des murs de la classe : pour une approche dynamique de la production orale

Axelle Négrignat 6

Comment libérer la parole de nos apprenants et ce dès les niveaux débutants ? Comment sortir efficacement des activités traditionnelles de production orale et renouveler nos pratiques en classe… ou plutôt hors de la classe.


Fle’visation ! Libère l’improvisateur qui est en toi !

Frédéric Brûlé

Grâce à l’improvisation, les apprenants se sentent libres et à l’aise pour s’exprimer en français de manière spontanée dans toutes les situations de communication de la vie quotidienne. Cet atelier vous donne les clés d’un cours d’improvisation sans stress, ni pour vous ni pour vos apprenants.

Evaluer l’oral Alban Mommée

Responsable pédagogique Le français des affaires, CCI Paris-Île de France

Cet atelier présente outils et techniques permettant de mieux aborder la problématique de l’évaluation de l’oral de nos apprenants : créer des activités et des grilles d’évaluation, décrire et rendre-compte des compétences, préparer à des examens oraux...

Dynamiser les pratiques de l’oral avec RFI

Marine Bechtel, RFI

Avec une sensibilisation à l’écoute d’extraits radiophoniques divers, nous verrons comment analyser les supports audios de RFI pour développer des stratégies de compréhension orale et développer des pistes d’activités pédagogiques adaptées à la classe

La pratique de l’enseignement du FLE : les accents régionaux et/ou nationaux Michela Russo,

Université de Lyon

Dans cet atelier, nous allons examiner les conséquences prosodiques et lexicales du maintien de l’accent régional chez les locuteurs bilingues ainsi que les indices prosodiques des langues régionales en français. Nous pourrons alors préparer une « fiche didactique » pour une présentation de la langue L, ses particularités accentuelles, phonologiques et rythmiques.

Enseigner la compréhension orale au laboratoire multimedia Patricia Gardies,

Université de Montpellier

Hypertextualité, multicanalité, multiréférentialité et interactivité sont les principaux attributs mis en exergue dans la définition du multimédia. Le laboratoire multimédia permet grâce à son dispositif, l’interactivité de données sonores, écrites et imagées et favorise la compréhension orale.

http://www.lcf-magazine.com/applifle-2018/

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© Gaël Faye-Festival du Bout du Monde 2013

Les victoires de la musique 2018 Musique Les Victoires de la musique ont récompensé, cette année comme d’habitude, les artistes masculins et féminins les plus remarquables de l’année. Mais plus encore, en 2018, elles auront consacré un style de musique que l’on n’était pas accoutumé1 à voir sur les scènes « officielles » : le rap. Jusqu’alors, le rap faisait figure de musique « à part », jouée dans les quartiers plutôt défavorisés, par des jeunes en rupture avec le reste de la société. Aujourd’hui, le rap est enfin considéré comme un style à part entière, ouvert à tous les publics. Preuve en est que les artistes qui le représentent ne sont plus nommés uniquement dans la catégorie « rap », mais dans des domaines plus généraux. C’est ainsi que Orelsan a remporté les Victoires de l’Artiste masculin, des Musiques urbaines et de la Création audiovisuelle. La Victoire de la Chanson originale a été attribuée à Bigflo & Oli pour Dommage, celle de l’Album de chansons à MC Solaar pour Géopoétique ; enfin, la Victoire de la Révélation scène à Gaël Faye. Six Victoires sur douze. C’est un record ! Il faut dire que le rap ne se cantonne2 plus à des textes portant de violentes revendications sociales, aboyés3 par des jeunes de banlieue qui portent de grosses chaînes en or, qui sont entourés de voitures

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de luxe et de jeunes filles peu vêtues, qui ont des voix rauques4 et qui brandissent5 leur poing levé contre les riches sur une musique lancinante6… La caricature existe mais il y a aussi un rap plus accessible et plus « artistique ». En France, on peut considérer que le premier rappeur a été MC Solaar, en 1995. Il proposait déjà des textes de grande qualité, qui dévoilaient toute sa poésie. On peut également citer Abd Al Malik en 2008 ou encore Stromae en 2014. Orelsan, lui, est moins poétique mais il poursuit très clairement la critique sociale : par exemple, Basique, son clip qui a été vu près de cinquante millions de fois sur la Toile7, dénonce certaines évidences qui devraient nous faire réagir mais qui sont acceptées telles quelles car elles font totalement partie de nos vies quotidiennes. Cent personnes possèdent la moitié des richesses du globe (simple) Tu s’ras toujours à un ou deux numéros d’avoir le quinté dans l’ordre (basique) Si t’es souvent seul avec tes problèmes, c’est parce que souvent l’problème c’est toi (simple) Oui, on peut dire que le rap a trouvé sa place dans le paysage musical français.


Gaël Faye, artiste éclectique Vu lors de cette soirée des Victoires de la musique, Gaël Faye, qui a reçu la Victoire de la « Meilleure révélation scène ». Effectivement, il faut le voir sur scène. Il y a dans toutes ses prestations, que ce soit dans une petite salle ou lors d’une grande cérémonie, une profondeur et une force qui impressionnent. Regardez par exemple le morceau qu’il a chanté lors de la soirée des Victoires de la musique (https://www.youtube.com/watch?v=9i4n6FVhhvc).

Gaël Faye est franco-rwandais : sa mère est rwandaise et son père français. Il est né et a grandi à Bujumbura, au Burundi, jusqu’à ce que la guerre l’exile vers la France en 1995, il a alors treize ans. Avec Edgar Sekloka, il forme pendant un temps le duo Milk coffee and sugar. Puis son premier album solo, Pili pili sur un croissant au beurre, rencontre un succès rapide. Un documentaire intitulé Quand deux fleuves se rencontrent, réalisé par Nicolas Bozino et Toumani Sangaré, retrace son parcours. «Mon père est un gentil chasseur de croco. Et moi, je suis un enfant. Aussi petit qu’un Pygmée. Et j’en pleure et j’en ris.» Gaël Faye - Quand deux fleuves se rencontrent. Film réalisé par Toumani Sangaré et Nicolas Bozino https://vimeo.com/82387913

© Thesupermat

Sa musique autant que son écriture portent à lafois puissance et poésie. Et le personnage lui-même ne manque pas de charisme. Gaël Faye, révélation, c’est sûr ! Il est difficile de mettre une étiquette sur un artiste comme Gaël Faye. C’est un musicien, un rappeur, oui. La Victoire qu’il vient de recevoir prouve la reconnaissance de ses pairs8, même s’il n’est pas encore parfaitement connu du grand public. Mais la musique n’est pas son seul champ d’excellence : il a signé un roman autobiographique, Petit pays, pour lequel il a également reçu, en 2016, plusieurs prix, dont le prix Goncourt des lycéens. Il y raconte la vie d’un jeune garçon qui traverse une enfance calme et heureuse au Burundi jusqu’à la séparation de ses parents et la guerre civile qui déchire tout sur son passage et fait de lui un immigré.

J’ai débarqué Paris d’un monde où l’on te rêve J’ai fui les périls, les déserts où l’on crève Tu m’as ouvert tes bras, toi ma Vénus de Milo Tu brillais trop pour moi, je n’ai vu que ton halo Florence Teste

Lexique 1. était accoutumé (v. accoutumer. Passif) : était habitué 2. se cantonne (v. se cantonner) : se limite 3. aboyés (adj. m.p.) : criés 4. rauques (adj. m.p.) : durs, rudes, âpres

5. brandissent (v. brandir) : lèvent 6. lancinante (adj. f.s.) : répétitive 7. Toile (n. f.s.) : internet 8. pairs (n. m.p.) : égaux, personnes de même catégorie

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Passage du Caire, 1981 Présenté par:


© Ur Cameras - Doisneau

A l’école de Doisneau Arts

Avec humour et grande tendresse, le photographe humaniste Robert Doisneau a su saisir l’enfance comme nul autre. Celui qui aimait se définir comme un « pêcheur d’images » témoigne, par cette photo, de ce qui se passait sur les bancs de l’école dans la France des années 1950. Le décor de cette classe de l’école Buffon, dans le Ve arrondissement de Paris, est des plus minimalistes1 : une grande armoire, une pendule, deux bureaux et quelques dessins ornant les murs. Tout est bien en place pour mettre en valeur les trois écoliers. Deux sont sagement assis, les bras croisés, dans une posture d’écoute respectueuse très représentative de ces années-là, tandis que le troisième tourne la tête vers l’horloge, comme s’il espérait que le temps s’accélère et que sonne enfin l’heure de la sortie. Et pourtant, la pendule n’affiche que 11h25 ! La patience est donc de rigueur2 pour ce petit garçon ! Doisneau saisit dans cette scène un instant très précis de la vie d’une classe, sans que l’on sache si elle est spontanée ou posée3. Le cliché est marqué par une composition forte qui oriente le regard vers la

pendule, unique ligne courbe de la photographie principalement composée de lignes horizontales, verticales ou diagonales. Ainsi, l’horloge devient une personne à part entière, prenant presque la place du maître qu’on ne voit pas. Impatience ou ennui, il est difficile de se prononcer sur l’attitude des enfants mais le temps semble comme suspendu dans cette classe. « La pendule » nous permet de rentrer dans une classe primaire de l’Après-guerre et nous invite à découvrir comment les petits Français étudiaient à cette époque : dans des classes non mixtes, le port de l’uniforme n’est pas obligatoire mais l’écolier de droite porte une blouse. Les élèves ont des cartables en cuir plutôt que des sacs à dos. S’il est évident qu’une salle de classe du XXIe siècle ne ressemble plus beaucoup à celle de Doisneau, les préoccupations des élèves qui attendent la sonnerie, elles, paraissent ne pas avoir beaucoup changé ! Pour beaucoup, Doisneau à l’instar de4 Prévert et de ses textes, est resté un poète du quotidien dont les clichés témoignent d’un amour inconditionnel de Paris et de ses habitants, petits ou grands.

Axelle Negrignat

Lexique 1. minimalistes (adj. m.p.) : simples 2. de rigueur : obligatoires

3. posée (adj. f.s.) : préparée à l’avance 4. à l’instar de (loc. prép.) : comme

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© Mohammad Jangda - Justin Trudeau speaks at the University of Waterloo

Contes adaptés au théâtre Livres

Suzanne Lebeau Née en 1948 au Québec, la dramaturge5 Suzanne Lebeau est reconnue internationalement comme l’une des auteures les plus prolifiques6 du théâtre pour le jeune public. Après une carrière de comédienne, elle commence à écrire des pièces pour les enfants quand elle s’aperçoit que ces derniers sont plus intelligents que ce qu’elle joue pour eux. Ses nombreuses pièces permettent aux petits et aux grands de s’interroger sur l’éducation, les valeurs à transmettre et les aléas de l’amour filial. Dans ses pièces, les enfants sont parfois impertinents7 et désobéissants. Ils sont cependant aussi toujours émouvants et touchants. Le recueil Contes d’enfants réels permet de dresser un portrait assez sombre des travers8 les plus répandus9 en matière d’éducation. Les cinq courtes pièces présentent des situations familiales simples et concrètes. Le tableau que l’auteure dresse des parents n’est guère réjouissant. Ici, comme dans la vraie vie, les adultes pensent bien faire mais ils sont assez mal préparés à leur rôle d’éducateurs. Ils sont

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© Suzanne Lebeau

Enfance et éducation, le thème du mois, en littérature… Je pense immédiatement aux histoires du soir et aux contes des veillées1. Métaphoriques2 et didactiques3. Les contes traditionnels véhiculent toujours des valeurs et un sens moral universel. Cependant, leur lecture en langue étrangère n’est pas forcément facile. Temps du passé et vocabulaire désuet4 peuvent en rendre la compréhension difficile pour des locuteurs non natifs. Je vous présente une alternative encore peu diffusée : les contes adaptés au théâtre. absents. Ils sont distraits. Ils surprotègent leur progéniture10. Ils projettent sur eux leurs propres désirs et ambitions. En somme, ils empêchent leurs enfants de faire leurs propres expériences et de se développer à leur rythme. Au fur et à mesure que l’enfant grandit, la situation devient de plus en plus difficile. Tous les parents connaissent et redoutent les deux ans de leur bambin, l’âge de l’opposition. L’enfant devient alors un individu à part entière, dont on perd le contrôle. Un monstre. Et cela ne semble jamais plus devoir s’arrêter. En tant que mère, toutes ces pièces ont fait écho à mon expérience personnelle, tout y sonne vrai, avec une poésie qui rend le quotidien plus intéressant à regarder sur scène. Je vous invite à découvrir aussi la pièce

pexels photo


dans la postface du Petit chaperon rouge qu’il a eu l’idée d’adapter et de mettre en scène des contes pour intéresser sa fille à son travail. Sa pièce Pinocchio m’a particulièrement plue. Le petit pantin de bois y est vraiment odieux12 : capricieux13, impatient et égocentré14. Il veut tout, tout de suite. Il fuit15 la moindre16 contrainte. Il est régulièrement animé de bonnes résolutions mais comme il n’a ni volonté ni persévérance, il préère les solutions de facilité. Le spectacle insiste sur le rôle de l’école. Sans éducation, pas d’humanité.

Joël Pommerat La transposition de contes aux théâtre est aussi l’une des marques de fabrique du dramaturge et metteur en scène Joël Pommerat. Il a ainsi adapté jusqu’à aujourd’hui trois contes parmi les plus classiques : Le petit chaperon rouge en 2004, Pinocchio en 2008, et enfin, Cendrillon en 2011. Ces textes sont destinés autant aux enfants qu’aux adultes. L’auteur explique

En voulant parler d’aujourd’hui à des enfants d’aujourd’hui, le plus simplement et le plus concrètement possible, ces auteurs modernisent le conte de fées et le mettent aussi à votre portée, dans un langage actuel. Le propos reste intemporel et universel.

© Joel Pommerat

© Suzanne Lebeau

Gretel et Hansel. Comme son titre l’indique, il s’agit d’une relecture d’Hansel et Gretel, le célèbre conte des frères Grimm. Suzanne Lebeau centre son récit sur le lien fraternel. On y découvre la relation amour-haine entre une petite fille et son frère cadet11. On retrouve les archétypes du conte original : l’immense pauvreté de la famille, l’abandon dans la forêt, le risque d’être dévoré. La sœur aînée est face à un dilemme lorsqu’elle pousse la sorcière au feu. Devrait-elle en profiter pour se débarrasser de son frère en même temps ?

Christelle Ducrot

Lexique 1. veillées (n. f.p.) : soirées organisées autrefois autour du feu 2. métaphoriques (adj. f.p.) : qui permettent une comparaison symbolique 3. didactiques (adj. f.p.) : qui servent à l’apprentissage 4. désuet (adj. m.s.) : démodé 5. dramaturge (n. f.s.) : auteure qui écrit des pièces de théâtre 6. prolifiques (adj. f.p.) : qui produisent beaucoup 7. impertinents (adj. m.p.) : qui cherchent à choquer 8. répandus (adj. m.p.) : fréquents

9. travers (n. m.p.) : défauts 10. progéniture (n. f.s.) : ensemble des enfants 11. cadet (n. m.s.) : plus jeune 12. odieux (adj. m.s.) : désagréable 13. capricieux (adj. m.s.) : qui exige des choses déraisonnables 14. égocentré (adj. m.s.) : centré sur lui-même 15. fuit (v. fuir) : évite 16. moindre (adj. m.s.) : plus petit

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Thomas Gunzig,

© Creative Commons CC0

un auteur qui prend sa revanche sur l’école Monde Le Belge Thomas Gunzig n’est pas un auteur comme les autres. Amateur d’arts martiaux, il est notamment connu pour avoir racheté ses droits d’auteur en provoquant en duel son éditeur sur la Foire du livre de Bruxelles. La Ministre en charge de la culture à l’époque a eu beau1 s’opposer à cette « sauvagerie », le duel a bien eu lieu et Gunzig l’a emporté. Si son dernier ouvrage s’intitule La vie sauvage (2017), il n’a cependant aucun rapport avec cet événement, il s’agirait plutôt d’un clin d’œil à Vendredi ou la vie sauvage. Jugez plutôt : Charles est un enfant qu’on pensait disparu à tout jamais, non pas suite à un naufrage, mais bien après un accident d’avion dans la jungle africaine. Recueilli par les indigènes2, il y grandit et n’est retrouvé que quinze ans plus tard. Il est alors ramené en Europe dans ce qui lui reste de famille et brusquement scolarisé. Si la trame est improbable (le protagoniste3 a notamment lu tous les grands classiques avec son précepteur dans la jungle), ce n’est qu’un prétexte pour mieux décrire alors le système scolaire de l’intérieur. Le regard et le ton sont acerbes4, tout le monde y passe : l’école « d’une laideur si brutale et finalement si volontaire, […] Sans doute que les référents de la prison et de l’hôpital avaient guidé inconsciemment l’architecte » ; les enseignants, « petite faune5 épuisée6 par les élèves démotivés,

les règlements contradictoires, les horaires hachés7, les programmes absurdes et un salaire suffisant à peine à la survie », sans compter la direction et la psychologue. Le monde le plus sauvage n’est finalement pas celui qu’on croit. Dès lors, tout au long du récit, Charles ne souhaitera qu’une chose : retourner en Afrique pour ne plus vivre « ces jours parfumés à la craie8, à l’encre, à l’eau croupie9 des éponges, la frustration d’élèves qui se sentaient comme en prison et de professeurs dont la fréquence des arrêts-maladie trahissait le mal-être. » Aujourd’hui écrivain à l’origine d’une production multiforme (nouvelles, roman, théâtre), mais aussi professeur de littérature dans deux écoles supérieures artistiques de Bruxelles et enfin chroniqueur pour la station de radio La Première, Thomas Gunzig est pourtant dyslexique10. À l’âge de 12 ans, on l’estime inapte11 à poursuivre ses études dans l’enseignement traditionnel qu’il quitte alors pour des classes spécialisées. Il y passe plusieurs années assez seul, emportant des livres pendant la récréation pour avoir le droit de la passer sans être obligé de jouer avec ses camarades bizarres. Il dit avoir découvert la littérature ainsi. Ce qui ne devait être qu’un refuge ou une excuse est pourtant devenu une passion et un métier, et ce, contre toute attente des conseillers d’orientation…

Lexique

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1. a eu beau (v. avoir beau) : a essayé inutilement 2. indigènes (n. m.p.) : personnes qui vivent là où elles sont nées 3. protagoniste (n. m.s.) : personnage principal 4. acerbes (adj. m.p.) : acides, vifs, agressifs 5. faune (n. f.s.) : ensemble des animaux d’une zone 6. épuisée (adj. f.s.) : fatiguée 7. hachés (adj. m.p.) : coupés en plusieurs parties

Marine Schmets

8. craie (n. f.s.) : bâton de calcaire qu’on utilisait pour écrire au tableau noir 9. croupie (adj. f.s.) : sale et immobile 10. dyslexique (adj. m.s.) : qui a des difficultés dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture 11. inapte (adj. m.s.) : incapable



© ACK

J’ai adopté un enfant Portrait Tout le monde sait aujourd’hui que l’adoption donne lieu à un véritable parcours du combattant1 : le premier pas est celui de la réflexion, car l’adoption est une décision qui ne doit pas être prise à la légère2. Votre plus grand souhait est de fonder une famille mais le sentiment de responsabilité que vous éprouvez, est, selon moi, décuplé3 par le fait que vous vous imposez l’obligation de ne pas « échouer ». Certains vous y encouragent, d’autres au contraire vont tout faire pour vous décourager. Pour ma part, je peux comprendre que, si la motivation n’est pas absolue, certains abandonnent leur projet devant les difficultés rencontrées. Après avoir accompli toutes les démarches administratives d’inscription aux services sociaux à l’enfance (DDASS), les rendez-vous multiples avec psychologue, psychiatre, assistante sociale, etc., vous voici enfin, après avoir obtenu le fameux sésame, prêt à accueillir l’enfant tant désiré. Hélas4, on vous dit alors qu’il y a très peu d’enfants à adopter en France, que les délais sont extrêmement longs (environ de trois à cinq ans) et que le mieux serait de vous tourner vers l’étranger si vous voulez un enfant plus rapidement. C’est ainsi que nous avons pris la décision, mon mari et moi, de partir au Chili. A cette époque, en 1990, ce pays était encore ouvert à l’adoption étrangère et nous y avions quelques amis. Mais nous

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n’avions pas choisi la voie la plus facile, car ce pays ne traitait pas avec des associations chargées de vous aider dans vos démarches (comme c’était le cas à l’époque pour la Colombie, le Brésil, l’Inde ou le Vietnam). La seule solution était donc de partir sur place et de prospecter auprès des tribunaux afin de demander aux juges s’ils avaient connaissance d’un enfant à adopter. Nous nous sommes donc armés de courage et sommes partis pour Santiago du Chili, emportant avec nous notre précieux dossier traduit en espagnol, muni5 de tous les tampons administratifs nécessaires. A notre arrivée à Santiago, nous avons déposé notre dossier aux services sociaux chiliens à l’enfance et, après trois jours d’attente, avons obtenu leur accord pour commencer nos recherches. Nous avons choisi une région du sud, persuadés qu’elle serait moins fréquentée par les adoptants. Dès le lendemain de notre arrivée, nous sommes allés au Juzgado de menores (tribunal pour mineurs), accompagnés d’un de nos amis qui nous a servi d’interprète. Ici, je dois faire une parenthèse car tous les Chiliens que nous avons eu la chance de rencontrer sur place, ont été d’une gentillesse, d’une générosité et d’une disponibilité incroyables et leur accueil chaleureux nous a réconfortés plus d’une fois.


rait réglé. Mon mari, ne pouvant plus prolonger son congé, est reparti après un mois et demi, mais j’ai décidé de rester - j’étais même prête à attendre six mois et à chercher du travail sur place si cela avait été nécessaire ! Finalement, après avoir vécu des moments de joie intense, de tristesse, de découragement, et de nombreux rebondissements10 en tous genres, la réalisation de notre souhait le plus cher a finalement eu lieu au bout de trois mois et demi lorsque j’ai enfin obtenu le jugement d’adoption et l’autorisation de sortir notre fille du centre. Quatre ans plus tard, nous sommes retournés avec elle pour l’adoption de son petit frère. Vingt-sept ans se sont écoulés depuis ce jour. Je crois pouvoir dire que nous avons réussi à fonder la famille que nous souhaitions par-dessus tout, même si nous avons rencontré, au fil des années, certains écueils11 qu’il a fallu surmonter car il faut garder à l’esprit que, bien qu’ils soient « nos » enfants, ils ont tous une histoire qui leur appartient, et que chaque enfant ne réagit pas de la même façon à son passé : certains peuvent le vivre plus douloureusement que d’autres. Nous avons essayé de les accompagner du mieux que nous pouvions, et aujourd’hui ils mènent la vie qu’ils ont choisie. Nous n’avons qu’un seul souhait, c’est de les voir heureux comme n’importe quels parents.

© MC

Cette chance, nous l’avons eue aussi lorsque cette juge, plutôt hostile6 par principe à l’adoption des enfants chiliens par des étrangers, a dit à notre ami qu’elle venait, le matin même, de recevoir le dossier d’une petite fille qui devait rejoindre un foyer ou un village d’enfants. Elle nous a proposé de voir l’enfant et de lui dire ensuite si nous étions intéressés par son adoption. Nous sommes ressortis complètement abasourdis7 et impatients de rencontrer ce petit bout de chou8 qui se trouvait alors dans un centre spécialisé dans la nutrition des enfants sous-alimentés. Ce qui fut fait dans l’après-midi. Les mots ne sont pas assez forts pour décrire ce que nous avons éprouvé en la voyant allongée dans son petit lit, avec ses grands yeux noirs étonnés. Personnellement, j’ai été envahie par une immense bouffée9 d’amour et j’ai su dès cet instant qu’elle serait notre enfant. Désormais, nous ne nous quitterions plus. Puis, tout s’est enchaîné. Nous avons donné notre accord à la juge pour qu’elle procède à l’adoption. Nous avons dû repasser des entretiens avec une assistante sociale, une psychologue, et nous avons eu l’autorisation de rendre visite, autant que nous le désirions, à ce bébé que nous considérions déjà comme notre fille. Nous passions des heures avec elle et étions pleins de reconnaissance envers le personnel qui nous permettait de lui donner le biberon, le bain et de la promener dans nos bras. Nous avons pu fêter sur place, deux semaines plus tard, son premier anniversaire. Bref, tout était parfait… Jusqu’au jour où la juge nous a avertis que la procédure serait longue, qu’elle avait l’obligation de recourir à différentes parutions dans des journaux officiels afin de rechercher d’éventuels parents proches qui auraient priorité pour adopter, alors même que les parents avaient signé l’accord d’adoption. La juge nous a même proposé de repartir en France et de revenir plus tard quand tout se-

Marichriska

Lexique 1. parcours du combattant : procédure longue et compliquée 2. être prise à la légère : être considérée comme non importante 3. est décuplé (v. décupler. Passif) : est multiplié par dix, est beaucoup plus forte 4. hélas (interjection) : malheureusement 5. muni (adj. m.s.) : qui a, qui possède 6. hostile (adj. f.s.) : qui est contre

7. abasourdis (adj. m.p.) : très étonnés 8. bout de chou (n. m.s.) : enfant (terme affectueux) 9. bouffée (n. f.s.) : sensation forte et rapide 10. rebondissements (n. m.p.) : nouvelles étapes auxquelles on ne s'attendait pas 11. écueils (n. m.p.) : obstacles, problèmes 17


© Abel Tan Jun Yang

Enfants d’ailleurs Voyage

Katmandu, Népal

Lamjung, Nép

al

Casamance, Sénégal 18


Jalisco, Mexique Xinghai, Chine

Yunnan, Chine Xinghai, Chine 19



Dessin d’enfant et traumatisme

© Prawny

Psychologie

Même si dessiner pourrait paraître une activité banale pour l’enfant, il faut savoir qu’en fait, il choisit minutieusement chacun des éléments qu’il va utiliser : la taille du papier, le type de crayons, les couleurs... Ce choix signale de manière inconsciente le but de sa communication ainsi que sa personnalité. Le professeur de psychologie René Baldy précise : « La couleur sert à exprimer la tonalité émotionnelle du dessin. Si l’on demande à un enfant de dessiner un chien gentil et un autre méchant, il utilisera une de ses couleurs préférées pour le dessin positif - le chien gentil -, et une des couleurs qu’il apprécie le moins pour le dessin aux tons plutôt négatifs, à savoir le « chien méchant ». D’ailleurs, d’après Françoise Dolto (pédiatre et psychanalyste française), en général, l’enfant ne cherche pas une reconnaissance par ces dessins ; il essaye plutôt de transmettre un message, une idée, un ressenti, c’est pourquoi il est plus important de

© Michal Jarmoluk

On le sait bien, tous les enfants (ou au moins la plupart) aiment dessiner. De plus, c’est une activité essentielle au développement, puisque c’est un moyen pour l’enfant de s’exprimer ; en même temps, c’est une activité qui est très révélatrice de son évolution intellectuelle et affective, aussi bien que de sa vision du monde, ses relations aux choses et aux autres et la façon dont il se perçoit lui-même.

poser des questions à l’enfant sur ce que certains détails représentent, en le laissant parler de sa création. Le besoin de reconnaissance naît à partir des réactions des parents lorsqu’ils le complimentent et s’extasient de son œuvre. Quand l’enfant dessine, il se sent libre de s’exprimer, aussi bien pour faire passer des messages positifs que négatifs, des craintes, des rêves, mais aussi des choses sans grande importance. Donc, il est important de ne pas s’inquiéter systématiquement ou d’essayer d’analyser le moindre de ses dessins. Il faut plutôt garder en tête que l’interprétation des dessins se fait dans la répétition d’éléments spécifiques qui vont permettre, alors, d’identifier des symptômes ou un possible problème chez l’enfant en question.

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© CC0 Domaine public

Néanmoins, après des événements douloureux ou violents, il faut rester vigilant sur ce que l’enfant dessine. Cela peut être révélateur d’un malaise ou d’une angoisse qu’il n’arrive pas à exprimer autrement, car il reste à un niveau symbolique et qu’ex-

térioriser par la parole reste difficile. En effet, et puisque c’est un moyen d’expression, le dessin est un outil thérapeutique par rapport aux événements qui pourraient s’avérer traumatiques, qui ont des répercussions4 sur les aspects cognitifs5, émotionnels et physiques de l’enfant, comme la mort, le divorce et même la guerre et les catastrophes naturelles. Le dessin provoque des souvenirs sensoriels.

© CC0 Domaine public

Un bon exemple de communication effective est le cas d’un enfant syrien, en septembre 2015, qui a fait un dessin en cadeau à la police fédérale de Passau, en Allemagne. Ce dessin montre la gratitude1 du petit Syrien d’avoir été accueilli par les forces de l’ordre2 allemandes, après un long chemin depuis une Syrie dévastée par la guerre. Dans le dessin (publié sur Twitter), on aperçoit d’un côté la Syrie avec du sang, des blessés et des bâtiments détruits, et de l’autre côté l’Allemagne en paix avec des lauriers3 et des cœurs autour du mot « police » et du drapeau allemand.

Il offre aussi la possibilité de passer d’un rôle passif à un rôle actif dans le processus de traitement. De plus, il fournit une représentation symbolique à l’expérience traumatique dans un format concret et externe. Enfin, il contribue à la réduction de l’anxiété, à travers le fait de vivre l’événement traumatique une nouvelle fois mais de manière visuelle et dans un milieu ressenti comme sûr. Un exemple récent est le cas des enfants mexicains qui ont vécu le tremblement de terre du 19 septembre 2017, d’une magnitude de 7,1 sur l’échelle de Richter. Après cet événement, et pour la première fois au Mexique, une aide psychologique a été mise en place pour aider toute la population. Les psychologues ont vivement encouragé les parents à faire dessiner leurs enfants sur ce qu’ils ont vécu, afin qu’ils puissent mieux « gérer » leurs souvenirs. De même, des artistes se sont mobilisés pour créer des coloriages sur les chiens de sauvetage, qui ont participé activement aux secours et qui sont devenus célèbres, afin de distraire et d’aider les enfants à dépasser l’effet post-traumatique généré par le séisme ; beaucoup ont perdu leur maison, leurs jouets et même l’un de leurs parents, voire les deux. Le dessin les a aidés à « sortir » les émotions négatives liées à l’événement.

Laura Tejeda Meza

Lexique 1. gratitude (n. f.s.) : remerciement 2. forces de l’ordre (n. f.p.) : polices 3. lauriers (n. m.p.) : plantes symboliques de la victoire 22

4. répercussions (n. f.p.) : conséquences 5. cognitifs (adj. m.p.) : qui concernent le savoir et l’apprentissage



Enfance et éducation en France

© PEXELS

Souvent réformée par les gouvernements successifs, chaque année débattue dans les médias, l’éducation est au cœur des préoccupations des Français. Depuis 1881 et 1882, l’école primaire est régie par les lois Ferry, du nom de Jules Ferry, alors ministre de l’Instruction publique. Ces lois rendent l’école gratuite (1881), l’instruction obligatoire et l’enseignement public laïc1 (1882). Autrement dit, les familles n’ont dès lors rien à payer pour la scolarisation de leur enfant dans le système public, elles sont obligées de faire instruire leurs enfants et l’école publique est en dehors du champ de la religion. Mais alors, si on se fie2 à la première loi de 1882, l’école n’est-elle pas obligatoire ? Et non : comme le dit la loi, en France, c’est bien l’instruction qui est obligatoire, et non l’école. L’instruction est obligatoire pour les enfants de six à seize ans. Elle peut être donnée dans les établissements primaires ou secondaires, dans les écoles publiques ou privées ou encore dans les familles, par les parents eux-mêmes ou par toute autre personne qu’ils auront choisie. Si pour le plus grand nombre des familles françaises, le choix de l’école publique est évident, pour diverses raisons, d’autres font désormais le choix d’un enseignement alternatif. Quelles sont ces écoles ? Petit panorama des options éducatives en France.

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© École polytechnique - J.Barande

Vivre en France

Les établissements privés sous contrat d’association avec l’Etat Il y en a actuellement 7600. Ils sont fréquentés par 2,1 millions d’élèves, soit 17 % des élèves scolarisés en France. Ces établissements sont catholiques à 95%. Le nombre d’élèves progresse un peu, notamment dans le secondaire. Ainsi, en 2016, le collège public a « perdu » 9 000 élèves tandis que le privé en a accueilli 6 400 supplémentaires. Du côté de la communauté juive, 300 écoles, collèges et lycées scolarisent environ 30 000 élèves et une dizaine d’établissements sont musulmans.


© École polytechnique - J.Barande

Le succès de ces écoles est patent4. Peut-être faut-il le rapprocher du taux de réussite au baccalauréat, qui est de 94,8 % contre 87,8 % dans les lycées publics et les lycées sous contrat. Quelles sont les clés de cette réussite ? Voyons les spécificités de ces courants éducatifs. La pédagogie Montessori Cette méthode a été mise au point par Maria Montessori (1870-1952), première femme médecin d’Italie. Dans cette approche, l’enfant est considéré en tant qu’individu. Les professeurs, « encadrants5 », aident les enfants à gagner en autonomie. Elle est

© École polytechnique - J.Barande

Les établissements privés hors contrat Ils n’ont pas signé d’accord avec l’État. Comme ils ne reçoivent aucune subvention3, ils sont payants et possèdent une certaine autonomie dans leurs programmes et une grande liberté dans leurs méthodes. En 2015, on en recensait un millier. Un tiers d’entre eux revendique une appartenance religieuse (194 catholiques, 60 juives, 40 musulmanes et 30 protestantes). Les autres sont non confessionnels : il s’agit généralement d’écoles bilingues ou basées sur les méthodes Montessori ou Steiner. Le nombre d’écoles (7-12 ans) augmente chaque année : + 31 en 2012, + 122 en 2017 !

particulièrement intéressante pour la petite enfance mais concerne cependant des enfants de tous les âges. Il existe 22 000 établissements Montessori dans le monde, dont 70 environ en France, où cette pédagogie est en plein essor6. La pédagogie Steiner-Waldorf Cette pédagogie humaniste est inspirée des travaux du philosophe autrichien Rudolf Steiner (18611925). Elle centre les enfants sur leur intériorité et leur créativité et les ouvre aux travaux artistiques, scientifiques et manuels. En France, elle concerne environ 2 300 élèves et 250 000 élèves dans le monde. La pédagogie Freinet Ouverte sur l’extérieur et centrée sur le travail en coopération des élèves, l’expression libre, les apprentissages concrets, elle a été construite par l’instituteur français Célestin Freinet (1896-1966). Elle connaît un rayonnement international à partir des années 50. En France, le mouvement Freinet touche aussi des élèves du public grâce à un partenariat avec l’Education nationale (5% des élèves, soit 600 000 enfants).

Elodie Ressouches

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Lexique 1. laïc (adj. m.s.) : qui n’a pas de lien avec la religion 2. se fie (v. se fier) : fait confiance 3. subvention (n. f.s.) : argent versé par l’Etat pour aider les associations

4. patent (adj. m.s.) : évident 5. encadrants (n. m.p.) : personnes qui assurent l’autorité 6. essor (n. m.s.) : développement 25


CRÉATION

PHOTO : ©ALAIN GUIZARD

LOUIS BECKER & CLAIRE MAILLARD PRÉSENTENT

D’APRÈS LE ROMAN « LE COLLIER ROUGE » DE

JEAN-CHRISTOPHE RUFIN PUBLIÉ AUX ÉDITIONS GALLIMARD

ADAPTATION ET DIALOGUES JEAN BECKER ET JEAN-CHRISTOPHE RUFIN AVEC LA COLLABORATION AMICALE DE JEAN-LOUP DABADIE AVEC JEAN-QUENTIN CHATELAIN PATRICK DESCAMPS FRANS BOYER TOBIAS NUYTTEN MAURANE GILLES VANDEWEERD ROXANE ARNAL MUSIQUE ORIGINALE JOHAN HOOGEWIJS IMAGE YVES ANGELO MONTAGE FRANCK NAKACHE SON FRÉDÉRIC ULLMANN A.F.S.I ALEXANDRE FLEURANT SÉBASTIEN MARQUILLY SÉBASTIEN ARIAUX DÉCORS THÉRÈSE RIPAUD COSTUMES MAHEMITI DEREGNAUCOURT CASTING SYLVIA ALLEGRE A.R.D.A ASSISTANTS RÉALISATEUR DAVID KRESPINE ALEXANDRE MARIE MATHIEU HOWLETT RÉGIE GÉNÉRALE FABRICE BOUSBA DIRECTEUR DE PRODUCTION BERNARD BOLZINGER UNE PRODUCTION ICE 3 ET KJB PRODUCTION EN COPRODUCTION AVEC APOLLO FILMS FRANCE 3 CINÉMA UMEDIA AVEC LA PARTICIPATION DE CANAL+ CINÉ+ FRANCE TÉLÉVISIONS FRANCE TÉLÉVISIONS DISTRIBUTION EN ASSOCIATION AVEC COFIMAGE 28 MANON 7 A PLUS IMAGE 8 UFUND AVEC LE SOUTIEN DE LA RÉGION NOUVELLE-AQUITAINE DANS LE CADRE DU PÔLE IMAGE MAGELIS AVEC LE SOUTIEN DU DÉPARTEMENT DE LA CHARENTE ET EN PARTENARIAT AVEC LE CENTRE NATIONAL DU CINÉMA ET DE L’IMAGE ANIMÉE AVEC LE SOUTIEN DE L’ANGOA ET DE COFIMAGE DEVELOPPEMENT 6 (GROUPE BPCE) PRODUCTEURS LOUIS BECKER ET CLAIRE MAILLARD VENTES INTERNATIONALES FRANCE TÉLÉVISIONS DISTRIBUTION


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Les atouts et les faiblesses du système éducatif français Société Les études du Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves (Pisa) menées par l’OCDE (l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques) représentent un outil permettant d’évaluer et de comparer les systèmes éducatifs de nombreux pays. Je vous propose un aperçu de ce que ces enquêtes ont révélé dernièrement sur le système éducatif français, sur ses atouts1 mais aussi ses faiblesses.

L’un des atouts majeurs du système éducatif français, c’est que la totalité des enfants sont scolarisés en maternelle dès l’âge de trois ans. D’ailleurs, l’accueil en maternelle implique des dépenses publiques de l’ordre de 0,7% du PIB en 2015, ce qui est au-dessus de la moyenne de l’OCDE. De plus, la France fait partie des pays comptant le plus de diplômés de l’enseignement supérieur, avec plus de 44% des jeunes de trente à trente-quatre ans étant diplômés, contre 38% de moyenne dans les autres pays participant à l’étude. De nombreux articles précisent qu’en effet, le taux d’accès à l’enseignement supérieur a énormément augmenté en France au cours des dernières décennies, notamment grâce à la poursuite de leurs études par les bacheliers professionnels. Il faut ajouter à cela le très bon niveau académique des professeurs (notamment depuis la réforme de la formation des enseignants en 2013), pour qui un Master est1 dorénavant2 requis1 afin d’enseigner. Concernant les matières, malgré les soucis en mathématiques (voir plus loin), le système français est cependant connu pour mettre à l’honneur des

disciplines poussant à la réflexion et encourageant l’esprit critique, comme l’histoire ou encore la philosophie (qui sont des matières faiblement professionnalisantes). Enfin, le système éducatif français a pour force majeure… qu’il est globalement apprécié par ses citoyens ! Très critiques à son égard, les Français n’en gardent pas moins un fort attachement à l’institution de l’école, notamment à travers ses valeurs au sein de l’école publique, comme la laïcité.

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Les forces de l’école « à la française »

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Un des points noirs majeurs du système éducatif à la française est le suivant : il serait parmi ceux qui reproduisent le plus les inégalités sociales. Ce qui pose un problème dans le pays dit « des droits de l’Homme » ! En effet, les élèves défavorisés en France ont obtenu des scores bien inférieurs à la moyenne de l’OCDE, alors que les plus favorisés obtenaient un des scores les plus élevés : cet écart aurait même tendance à se creuser depuis les années 2000. Il est bien connu que la France est l’un des pays les plus « élitistes » dans sa conception de l’éducation : c’està-dire que cette dernière serait plus centrée sur la sélection des meilleurs, et pas assez sur la réussite pour tous. D’après le Cnesco (le Conseil national d’évaluation du système scolaire), une des causes majeures de ces inégalités serait la hiérarchie rigide entre voies générales, techniques et professionnelles, et ce depuis plus de 30 ans. Cela dit, la méritocratie française n’est pas morte, car malgré des rapports Pisa qui montrent une corrélation entre milieu socio-économique et résultats scolaires, certains spécialistes affirment qu’en France, la sélection par l’argent est bien plus faible qu’ailleurs. Contrairement aux Etats-Unis par exemple, le système de bourses dans les établissements d’enseignement supérieur est très bien développé et il reste rare qu’un très bon élément soit bloqué dans son cursus à cause des faibles revenus de ses parents. De quoi nuancer la remarque précédente sur les inégalités…

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Les faiblesses : entre inégalités et mauvaises notes en maths

En ce qui concerne les performances en mathématiques, on observe malheureusement depuis plusieurs années une certaine dégradation3 chez les élèves français, alors que la plupart des autres pays connaissent une amélioration nette. Cette matière semble être très anxiogène pour les élèves français, sans parler de la compréhension de l’écrit, qui s’est révélée de plus en plus mauvaise chez les élèves de primaire et collège ! Des réformes, vite ! En dépit de4 ces faiblesses majeures, qui se sont renforcées tout au long des décennies qui ont précédé, le gouvernement actuel a manifesté, comme plusieurs avant lui, sa volonté de réformer, entre autres, le baccalauréat ! Voyons si cette fois sera la bonne, et si le ministre de l’Education nationale actuel, Jean-Michel Blanquer, parviendra à « donner un grand coup de pied dans la fourmilière » qu’est le système éducatif français !

Barbara Juvé

Lexique 1. est requis (v. requérir. Passif) : est demandé 2. dorénavant (adv.) : maintenant

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3. dégradation (n. f.s.) : diminution de la qualité 4. en dépit de (loc. prép.) : malgré




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L’éducation selon Rousseau « Oserai-je ici exposer la plus grande, la plus importante, la plus utile règle de toute l’éducation ? ce n’est pas de gagner du temps, c’est d’en perdre. » Cette réflexion extraite du livre Émile ou de l’éducation, de Jean-Jacques Rousseau, célèbre philosophe et écrivain du XVIIIe siècle, semble bien peu appliquée aujourd’hui, où la société pense davantage en terme de rapidité et de rendement. Même l’école n’échappe pas à cette règle : il faut terminer les programmes scolaires dans un temps déterminé, les enfants doivent réussir leur parcours scolaire sous peine d’être exclus du système et plus tard de ne pas trouver un travail. On demande d’ailleurs de plus en plus tôt aux jeunes d’avoir une idée de leur orientation future et on les incite à être excellents afin de pouvoir prétendre aux meilleurs cursus, et aux universités les plus prestigieuses. Au contraire, la méthode éducative exposée dans Émile ou de l’éducation,

© Skara kommun

© Quentin de La Tour

Auteur

paru en 1762, est basée sur la prise en compte des besoins de l’enfant. Ce dernier est vu comme un être humain en devenir : son éducation doit lui permettre de devenir un homme et un citoyen, et non pas d’être préparé à un métier. Rousseau pense que l’être humain naît naturellement bon et qu’il est ensuite corrompu1 par la société. En conséquence, il faut laisser l’enfant se développer librement. L’évolution idéale de l’enfant selon Rousseau Émile nous propose le parcours d’un élève imaginaire, Émile, de sa naissance jusqu’à l’âge adulte. Il est suivi par un pédagogue qui ne le dirige pas mais le guide. Rousseau décrit plusieurs étapes d’évolution, chaque étape correspond à un livre : - Le livre 1 décrit les deux premières années. Aucune contrainte2 ne doit être imposée à l’enfant, pas même les vêtements. A une époque où la mortalité infantile est encore très forte et où les enfants sont souvent confiés3 à des nourrices4, Rousseau insiste sur la place de la mère, l’importance de

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Succès et scandale Émile a marqué son époque : son succès a été considérable. Cependant il a été condamné par les autorités religieuses et civiles car il proposait une vision personnelle, et donc non orthodoxe, de la religion. Il a été mis à l’Index8 par le Vatican et Rousseau a été obligé de s’exiler9 pour échapper à un mandat d’arrêt10 lancé contre lui. Les exemplaires ont été saisis11 et brûlés mais de nombreuses éditions clandestines12 ont circule dans toute l’Europe.

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De plus, la démarche de Rousseau peut sembler paradoxale lorsqu’on sait qu’il a abandonné ses cinq enfants à l’Assistance publique. C’est Voltaire, son ennemi juré13, qui dévoile le scandale. Plus tard, Rousseau s’en explique dans son autobiographie Les Confessions : « Le remords de cette négligence trouble mon repos, et je meurs sans pouvoir la réparer, au grand regret de la mère et au mien. (...) Les idées dont ma faute a rempli mon esprit ont contribué en grande partie à me faire méditer le Traité sur l’éducation ». Pestalozzi, considéré comme le fondateur de la pédagogie moderne, a été enthousiasmé par la lecture d’Émile. Il a tenté d’en appliquer les principes : dix ans après la parution du livre, il fonde sa première école, l’institut du Neuhof, ouvert aux enfants pauvres. Cette expérience hélas se termine dans la ruine. Ce qui n’a pas empêché Pestalozzi, toute sa vie, d’ouvrir différentes écoles pour les enfants pauvres. Ses méthodes d’éducation sont concrètes et directes : « Apprendre avec la tête, le cœur et les mains ». Il a salué en Rousseau « celui qui brisa les chaînes de l’esprit et rendit l’enfant à lui-même, et l’éducation à l’enfant et à la nature humaine. » Il regrette pourtant que Rousseau n’ait pas donné de base concrète à sa « grande Idée ». Un livre mal lu et mal compris Mais Émile était-il vraiment un simple traité d’éducation ? Rousseau déclare lui-même qu’il n’a pas écrit ce livre pour les parents. Il propose une utopie de l’éducation. C’est avant tout une réflexion philosophique sur la bonté originelle de l’homme avant qu’il ne soit corrompu par la société. Pour lui, l’éducation doit surtout apprendre à être libre et à devenir un citoyen. Il répond même à un admirateur qui lui écrit qu’il veut élever son fils selon le livre :

© Johann Heinrich Pestalozzi, par F.G.A. Schöner

l’allaitement5 maternel. Il ne faut pas être trop sévère et dur pour des enfants qui risquent de mourir... - Le livre 2 traite de l’enfant jusqu’à ses douze ans. Il doit se développer au grand air et apprendre par l’expérience plus que par l’analyse : « Ne donnez à votre élève aucune espèce de leçon verbale ; il n’en doit recevoir que de l’expérience », déclare Rousseau. - Le livre 3 s’intéresse au développement intellectuel de l’enfant de ses douze à ses quinze ans. Il faut éviter les livres, à part Robinson Crusoé. Il doit s’appuyer sur ses expériences et non sur ses lectures pour accéder6 aux idées abstraites. - Le livre 4 trace l’accès de l’élève, qui a quinze ans, à l’éducation morale et religieuse. C’est l’âge de la puberté7 et des passions. Il doit choisir un métier manuel, un métier « vrai ». - Le livre 5, enfin, décrit l’âge adulte, l’âge du mariage et des responsabilités. Il est consacré à Sophie, compagne imaginaire d’Émile. C’est l’occasion pour Rousseau de donner sa vision, assez fermée, de l’éducation des filles : Sophie reçoit une éducation limitée, ses lectures sont contrôlées, elle doit surtout être préparée au rôle d’épouse et de mère.


Émile : quel impact aujourd’hui ? L’importance de prendre son temps et de laisser l’enfant se développer à son rythme n’a malheureusement pas cours dans le système éducatif de nos jours. Les méthodes recommandées par Rousseau semblent impossibles à pratiquer car il faudrait éduquer l’enfant à l’écart de tous, sans modèle. Certaines idées de Rousseau sont néanmoins admises et acceptées aujourd’hui : l’apprentissage ne doit pas reposer uniquement sur la lecture, il faut solliciter les sens et l’expérimentation ; si l’élève est motivé, il apprendra plus facilement ; l’enfance est un état spécifique, ce n’est pas un adulte en miniature. Gardons à l’esprit que Rousseau n’a pas voulu faire un livre de pédagogie, que différents passages du traité se contredisent, ce qui donne lieu à des débats d’experts... Rousseau, paradoxal dans sa vie et ses écrits, n’a pas fini de nous étonner. Retenons pourtant cette phrase extraite de Émile :

© Jean-Michel Moreau Bibliothèque en ligne Gallica

© Georg Friedrich Meyer

« Tant pis pour vous, monsieur ! ». Rousseau déplore14 que Émile ait été « tant lu, si mal entendu et si mal apprécié ».

« Il s’agit moins de lui apprendre une vérité que de lui montrer comment il faut s’y prendre pour découvrir toujours la vérité ». N’est-ce pas un beau principe d’éducation ?

Fémi Peters

Lexique 1. est corrompu (v. corrompre. Passif) : est rendu plus mauvais 2. contrainte (n. f.s.) : obligation 3. sont confiés (v. confier. Passif) : sont donnés à garder 4. nourrices (n. f.p.) : femmes qui nourrissent et s’occupent des bébés d’autres femmes 5. allaitement (n. m.s.) : action de nourrir un bébé au sein 6. accéder (v.) : pouvoir disposer, atteindre, arriver 7. puberté (n. f.s.) : période de la vie entre l’enfance et l’âge adulte

8. Index (n. m.s.) : liste des livres interdits par l’Eglise catholique 9. s’exiler (v.) : quitter son pays 10. mandat d’arrêt (n. m.s.) : ordre d’un magistrat qui permet d’arrêter une personne 11. sont saisis (v. saisir. Passif) : sont pris par la force 12. clandestines (adj. f.p.) : interdites, qui circulent en cachette 13. ennemi juré : adversaire déclaré 14. déplore (v. déplorer) : regrette

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La rencontre entre le lion et l’homme Contes africains

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a situation devait être grave pour que le lion, grand roi, convoque tous les animaux. Les paresseux et les retardataires étaient tous présents à l’heure dite et la peur se lisait sur chaque visage. Le lion annonça qu’il était révolté par les nombreuses agressions des hommes contre les animaux et que si rien n’était fait, c’était la disparition de toutes les bêtes de la terre. Aucun animal ne fut capable de proposer au lion un plan pour battre l’homme, leur ennemi mortel. Lorsque le rat prit la parole, ce fut pour déclarer que l’animal le plus puissant et le plus intelligent ne viendrait pas à bout de l’homme qui était la créature la plus dangereuse de la terre. Ces paroles choquèrent tellement le lion qu’il décida d’aller affronter l’homme dans son village pour lui prouver qu’il y avait plus fort que lui. Pour ce voyage périlleux, il désigna l’éléphant, l’hippopotame, le rhinocéros et tous les grands fauves pour l’accompagner. Prétextant des empêchements, tous ces animaux opposèrent un refus poli à la proposition du grand roi. Ce dernier se mit à rugir1 de colère et jura que s’il revenait vivant de cette expédition risquée, les poltrons2 et lâches2 seraient

châtiés3 et bannis4 du royaume. Alors, les béliers et les coqs se portèrent volontaires pour aller attaquer l’homme. L’aigle avertit que chaque fois qu’il faisait ses grands tours dans le ciel, il remarquait que le village de l’homme était toujours gardé de jour comme de nuit. Malgré toutes les mises en garde, les partisans de la violence ne renoncèrent pas et promirent de revenir avec la tête de cet être monstrueux qui prenait un malin plaisir à tuer les animaux. Le lion et son groupe arrivèrent à la tombée de la nuit et ils étaient si fatigués qu’ils voulurent se reposer avant d’attaquer. La lune qui avait commencé son parcours nocturne dans le ciel en éclairant tous les coins cachés, avertit l’homme du combat que le lion était prêt à déclencher5. Les hommes n’eurent aucune peine à capturer les nombreux coqs et béliers dans leur sommeil. Le lion n’eut pas le temps de réagir car il fut transpercé de toutes parts par les sagaies6 des chasseurs ; il ne devait sa mort qu’à sa grande imprudence. C’est depuis ce jour que certains animaux, comme le coq et le bélier, sont devenus domestiques et cohabitent avec les hommes. Mamadou Berthé

Lexique 1. rugir (v.) : crier (pour un lion) 2. poltrons, lâches (n. m.p.) : personnes qui manquent de courage 3. seraient châtiés (v. châtier. Passif) : seraient punis 4. bannis (v. bannir. Passif) : seront exilés, chassés de leur pays

5. déclencher (v.) : commencer, initier 6. sagaies (n. f.p.) : armes composées d’une lame au bout d’une lance

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© Oreste Kiprensky

La comtesse de Ségur ou les valeurs de Sophie Auteur

Modèle des petites filles Savez-vous que la célèbre collection de livres pour enfants de « La bibliothèque rose » a été créée en 1860 par l’éditeur Hachette suite au succès des romans de la comtesse ? Pendant plusieurs générations, les petites Françaises ont grandi avec ses personnages, aux traits de caractère simplifiés et identifiables. Si Sophie de Ségur écrit pour de jeunes lecteurs, elle s’adresse surtout à un public de fillettes. Beaucoup d’héroïnes peuplent ses histoires.

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Dans sa trilogie de romans Les malheurs de Sophie, suivi par Les petites filles modèles et Les vacances, nous retrouvons Sophie qui n’est jamais sage, ou

© Horace Castelli Ségur - Les Malheurs de Sophie

Sophie Rostopchine naît dans une famille de la haute noblesse russe à Saint Petersbourg en 1799. Elle est âgée de dix-huit ans quand elle arrive en France. Deux ans plus tard, elle épouse le comte Eugène de Ségur et s’installe avec lui au château des Nouettes en Normandie. Après quelques années heureuses, son mari la délaisse et les mondanités l’ennuient. Elle trouve son accomplissement dans son rôle de mère puis de grand-mère. Vers la fin des années 1850, elle commence à imaginer des histoires pour ses petits-enfants, sous la forme de contes, de récits ou de romans. C’est ainsi que naissent Les mémoires d’un âne, Un bon petit diable et L’auberge de l’ange gardien.

encore Camille et Madeleine, toujours gentilles et bien élevées. Les personnages masculins sont peu nombreux, ou souvent absents, sans doute en écho avec la vie personnelle de l’auteure. A travers les mésaventures des jeunes enfants qu’elle met en scène, la comtesse délivre de véritables leçons de morale et amène ses lecteurs à faire la distinction entre les bonnes et les mauvaises actions. Une portraitiste de l’enfance « N’écris que ce que tu as vu » est la devise de la comtesse. Il y a une grande part d’autobiographie dans les récits qu’elle nous rapporte. Elle fait appel à ses souvenirs et à ses dons d’observatrice face à sa propre famille. Elle dresse un tableau réaliste


© Bertall Les Petites Filles modèles

joies mais aussi des douleurs et des drames de l’enfance. Dans Les malheurs de Sophie, l’héroïne porte le même prénom que la romancière. Elle fait bêtise sur bêtise, elle est désobéissante, elle vole et dit des mensonges. Pourtant, on s’attache à son personnage : elle est libre, malicieuse1, curieuse et veut découvrir le monde. Elle connaît aussi des épreuves2 et n’a pas une vie facile. Comme la petite Sophie, la comtesse dans sa jeunesse n’était pas toujours sage et recevait souvent des punitions de ses parents. Elle a souffert de leur éducation stricte et sévère. Pour l’auteure, l’enfant est inventif et a besoin de faire ses propres expériences. Dans la préface des Petites filles modèles, la comtesse nous dit à leur sujet qu’elles « ne sont pas une création, elles existent bien réellement : ce sont des portraits ; la preuve en est dans leurs imperfections mêmes. Elles ont des défauts, des ombres légères qui font ressortir le charme du portrait et attestent l’existence du modèle. ».

Un regard neuf sur l’éducation Les histoires de la comtesse de Ségur se distinguent de la littérature enfantine traditionnelle d’alors, loin des contes de fées à la manière de Perrault. Dans ses récits, elle exprime son point de vue sur le contexte social et historique de son temps. Nous sommes sous le Second Empire, époque qui connaît une évolution des valeurs. Elle milite pour un juste équilibre dans les méthodes éducatives car la façon dont on élève un individu détermine l’adulte qu’il sera et son devenir. Psychologue, la comtesse a compris avant les autres que faire des bêtises est un moyen pour les enfants d’attirer l’attention des adultes sur eux. Trop de laxisme3 dans l’éducation fait des adultes égoïstes et capricieux4. A l’inverse, trop de dureté est tout aussi mauvais. Il existe dans ces récits une vraie dénonciation5 des punitions corporelles, lesquelles sont présentées de façon directe et brutale. Si on punit sans expliquer, l’enfant ne comprend pas et recommence. La comtesse reconnaît à l’enfant le droit de faire des erreurs : s’il a mal agi, il faut donner une punition en expliquant ce qui est mal et tirer une leçon, une morale de cette expérience. La comtesse de Ségur est finalement en avance sur son temps et annonce en cette fin du XIXe siècle une nouvelle approche de la pédagogie enfantine.

Marie-Laurence Meckler-Leluc

Lexique 1. malicieuse (adj. f.s.) : qui se moque gentiment 2. épreuves (n. f.p.) : difficultés 3. laxisme (n. m.s.) : excès d’indulgence, de tolérance

4. capricieux (adj. m.p.) : instables, changeants 5. dénonciation (n. f.s.) : critique qui signale comme mauvaises

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On s’entraîne pour le DELF A2 ! Langue

Le DELF est l’examen officiel évaluant les quatre compétences de l’apprentissage de la langue française. Il est constitué de quatre épreuves (compréhension orale, compréhension écrite, production orale et production écrite). Les niveaux du DELF sont définis par le CECRL (Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues) de A1 à B2 pour le DELF et C1, C2 pour le DALF.

Le niveau A2 Le niveau A2 correspond à une maîtrise de base du français. L’utilisateur peut comprendre et utiliser des expressions familières et quotidiennes ainsi que des énoncés très simples qui correspondent à des besoins immédiats (famille, achats, environnement proche, travail). Il peut décrire avec des moyens simples sa formation, son environnement et communiquer sur des sujets familiers et habituels (travail, loisirs). Les actes de parole à maîtriser sont par exemple : faire et accepter une offre, une invitation, des excuses, remercier, discuter de l’organisation d’une rencontre, du programme de la soirée ou du week-end, faire des suggestions et réagir à des propositions, exprimer son accord ou son désaccord.

Pour la production orale du niveau A2 Cette épreuve dure environ dix minutes et comporte trois parties. L’examinateur évalue l’interaction, le lexique, l’utilisation des structures grammaticales et la prononciation.

Partie 1 : Entretien de 2 minutes (sans préparation).

L’examinateur pose au candidat ou à la candidate quelques questions sur lui/elle et son environnement familier, sa famille, ses études ou sa profession, ses goûts, ses loisirs…

Partie 2 : Monologue suivi.

Le candidat tire deux sujets au sort et en choisit un sur lequel il s’exprime pendant environ 2 minutes. Le sujet est composé de plusieurs questions sur le même thème.

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Exemples de sujets : 1) Voyage Racontez votre dernier voyage. Où êtes-vous allé ? Avec qui ? Qu’est-ce que vous avez aimé ? 2) Loisirs Quels sont vos loisirs ? Que faites-vous pendant votre temps libre ? Parlez des activités que vous préférez et dites pourquoi. 3) Repas Où mangez-vous habituellement ? Est-ce que vous cuisinez beaucoup ? Allez-vous au restaurant quelquefois ? Quel type de cuisine aimez-vous ? 4) Travail. Racontez une journée de votre vie quotidienne au travail. À quelle heure commencez-vous ? Que faitesvous ? Quelle activité préférez-vous ? Pourquoi ?

Partie 3 : Exercice en interaction

Le candidat tire deux sujets au sort et en choisit un. Il essayera, pendant 3 à 4 minutes, avec l’examinateur comme partenaire, de résoudre une situation de la vie quotidienne. Exemples de sujets : 1) À l’auto-école Vous habitez en France. Vous voulez apprendre à conduire et vous allez dans une auto-école. Vous vous informez sur les prix, les horaires des cours, le nombre de leçons nécessaires. Vous vous renseignez aussi sur le type d’examen. L’examinateur joue le rôle du conseiller de l’auto-école. 2) Cadeau d’anniversaire Vous habitez en France. Une de vos amies fête son anniversaire. Vous faites un cadeau en commun avec un autre ami. Vous discutez avec cet ami pour choisir le cadeau. L’examinateur joue le rôle de votre ami. 3) Bibliothèque Vous habitez en Belgique. Vous voulez vous inscrire à la bibliothèque. Vous demandez à l’employé des informations sur les horaires et les services disponibles (internet, location DVD, journaux etc.) L’examinateur joue le rôle de l’employé de bibliothèque. 4) Horaires Vous travaillez dans un bureau de 9h à 17h. Vous aimeriez changer d’horaire pour travailler seulement le matin. Vous allez voir votre responsable pour demander son accord et savoir ce que vous devez faire pour changer votre contrat. L’examinateur joue le rôle de votre responsable. Anita Viel

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Destination Francophonie

Kosovo

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Ivan Kabacoff

Découvrez chaque semaine les plus belles initiatives pour la langueTV5 française dans le monde ! Monde

Photo © Sébastien CALVET / Divergence

Diffusion sur toutes les chaînes de TV5MONDE et sur tv5monde.com/df C’est le plus jeune pays européen. Par son âge d’abord. Il vient de fêter ses dix ans cette année. Par sa population ensuite. Près Réagissez de 70% de sessur habitants ont moins #dfrancophonie de trente-cinq ans. Je voulais commencer ces twitter quelques lignes en évoquant la jeunesse de ce pays européen parce que, finalement, on sait peu de choses sur le Kosovo. On lui attacheet desfacebook images de guerre,/destinationfrancophonie de souffrance et d’exil. Pourtant, ce petit pays des Balkans a bien changé. A peine arrivé à Pristina, la capitale, vous découvrez une ville telle un chantier à ciel ouvert avec des constructions partout puis, des cafés plus agréables les uns que les autres où vous êtes accueilli à En partenariat avec l’OIF, l’Institut français, la DGLFLF et le CIEP. bras ouverts. Et pourtant la vie n’est pas toujours simple pour cette jeunesse pour qui il est encore difficile de voyager dans toute l’Europe. Il faut dire que de nombreux pays, dont certains européens, ne reconnaissent pas le Kosovo comme Etat. Par conséquent, pour ce pays, entrer dans la Francophonie lui a permis de s’ouvrir à l’international et de tisser des liens avec des pays francophones dans le monde entier. C’est cette histoire que je vous raconte dans l’émission «Destination Kosovo». La chaîne culturelle francophone mondiale Ivan Kabacoff

Répondez à ces questions et vérifiez les réponses (page 50) AVANT de visionner la vidéo. 1. Comment appelle-t-on les habitants du Kosovo ? les Kosovains les Kosovars les Kosoviens 2. Le Kosovo fait-il partie de l’Union européenne ? oui non

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3. En quelle année le Kosovo a-t-il été créé ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................

4. Le Kosovo fait-il partie de l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................


Lisez les questions suivantes, visionnez la vidéo et répondez. Les réponses se trouvent en page 50.

5. Quelle est la capitale du Kosovo ? Pristina Zagreb Prague 6. Quelle est la particularité du Kosovo ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ 7. Quel pourcentage de la population a plus de 35 ans ? 30% 50% 70% 8. Qu’est-ce qui empêche les habitants du Kosovo de voyager ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ 9. Quelle est la preuve que les habitants du Kosovo veulent oublier la guerre ? la diversité des religions la conservation du patrimoine archéologique le nombre de cafés et de discothèques 10. Le français est la langue la plus étudiée au Kosovo. Vrai Faux

Accédez à la vidéo h t t p : / / w w w. t v 5 m o n d e. c o m / c m s / c h a i n e francophone/Revoir-nos-emissions/DestinationFrancophonie/Episodes/p-33603-DestinationKosovo.htm

11. Combien d’universités compte l’Agence Universitaire de la Francophonie ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ 12. Qu’est-ce que l’entrée dans l’AUF a changé pour les étudiants en français ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ 13. Quelles sont les perspectives de carrière pour ceux qui parlent français ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ 14. Quels sont les objectifs pour le développement du français ? 30 % de la population parlent français 40 % de la population parlent français 50 % de la population parlent français 15. Selon Tefta Kelmendi, pourquoi l’adhésion à la Francophonie est-elle importante ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ 16. Quelle autre raison invoque-t-elle pour l’adhésion à la Francophonie ? ........................................................................ ........................................................................ ........................................................................ Florence Teste

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© Rawpixel

Les élections démocratiques en Afrique Afriques Les indépendances des pays africains ont été conquises ou octroyées1. Cette période des pères des indépendances a été suivie par celle dramatique des sempiternels2 coups d’état avec des présidents qui ont tragiquement perdu la vie ou ont été contraints à l’exil pour les plus chanceux. Ce fut l’époque des partis uniques où les élections organisées étaient de véritables plébiscites3 avec des scores4 qui donnaient le tournis5. Ainsi, dans son roman Le cercle des tropiques, l’écrivain guinéen Alioum Fantouré pointe du doigt les pratiques d’un dictateur africain nommé Baré Koulé qui exigeait le vote de toutes les populations de son pays, la République des Marigots du Sud, y compris les bébés qui se trouvaient encore dans le ventre de leur mère ! Contre toute attente, le vent de la démocratie commença à souffler sur les pays de l’Europe de l’est et fit tomber le mur de Berlin en novembre 1989. Le discours prononcé à La Baule le 20 juin 1990 par le président français François Mitterrand lors de la XVIe Conférence des chefs d’état d’Afrique et de France fut le point de départ du multipartisme car il conditionna l’aide de la France aux efforts démocratiques. Les conférences nationales se succé-

dèrent alors pour jeter les bases de la démocratie et connurent des fortunes6 diverses. Plus tard, la démocratie se mit résolument en marche en Afrique australe dans des pays comme l’Afrique du Sud, le Botswana, la Namibie ou en Afrique de l’ouest avec le Mali, le Sénégal, le Ghana, le Nigéria, le Bénin et plus récemment le Libéria. Mais les différentes crises post-électorales en Côte d’Ivoire, au Gabon et au Kenya, sanctionnées par de nombreux morts, sont venues nous rappeler que la démocratie est une œuvre de longue haleine7 : chaque camp revendique la victoire et les populations s’installent dans de longues périodes d’incertitudes. Les vieilles démocraties occidentales ont connu elles aussi leurs périodes de balbutiements8, voyez la difficile période de la Révolution française ! Mais conscient de cela, chaque pays africain devrait faire l’effort de s’engager sur la voie d’élections transparentes et apaisées, gages d’une véritable consolidation de l’unité nationale. Et il faut souhaiter que l’attitude du vaincu qui appelle le gagnant après le résultat des élections pour le féliciter ne soit pas jugée comme un geste exceptionnel mais comme un fait « normal ».

Lexique 1. ont été octroyées (v. octroyer. Passif) : ont été données, accordées 2. sempiternels (adj. m.p.) : qui se répètent régulièrement 3. plébiscites (n. m.p.) : votes dont les résultats sont unanimes 4. scores (n. m.p.) : résultats

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Mamadou Berthé

5. tournis (n. m.s.) : vertige 6. fortunes (n. f.p.) : destins, fins 7. de longue haleine : qui se fait sur un temps très long 8. balbutiements (n. m.p.) : essais, hésitations, tâtonnements


Photo © Hervé BROGUY

21/29 AVRIL 2018

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LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL

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É D I T I O N

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THÉÂTRE THÉÂTRE

DU POUVOIR

Du 27 septembre 2017 au 2 juillet 2018 exposition au musée du Louvre Billets sur ticketlouvre.fr - Adhérez sur amisdulouvre.fr

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Pour les petits et… les grands

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Cuisine

Le hérisson Ce soir, vous recevez du monde et avez encore mille choses à faire. Cette recette allie la cuisine et les travaux manuels : vous pourrez ainsi occuper les enfants tout en valorisant leur participation à la préparation de la soirée.

Le matériel • • • • •

un plateau un gros fruit ou légume (selon la saison) : pastèque, melon, pamplemousse, courge, ... du papier aluminium des piques en bois de longueurs différentes (5, 10, 15 cm) un citron

Tout ce qui est assez solide pour pouvoir être piqué sur une petite brochette : • des légumes (concombre, poivron, chou-fleur, tomates, tomates-cerises, radis, ...) • des olives (noires ou vertes) • du rôti de porc, des saucisses • de la charcuterie en tranches fines (jambon cuit ou cru, viande des Grisons, bresaola, saucisson, mortadelle, ...) • des fruits de mer (crevettes, moules décortiquées, ...), du surimi, de l’anchois • du fromage (billes de mozarella, cubes de feta, de gruyère ou tout autre fromage à pâte un peu solide) • des fruits (ananas, melon, pastèque, pruneau d’Agen, orange, mandarine, abricots, ...)

© Bru-nO

Les ingrédients

Attention : je vous déconseille d’utiliser des pommes, des poires, des bananes, des avocats ou des artichauts car après quelques minutes, ils noircissent. La présentation pourrait être moins jolie.

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La préparation 1. Coupez le gros fruit en deux pour former deux demi-sphères. Si la couleur et la surface sont lisses et jolies, vous pouvez les laisser apparentes. Si ce n’est pas le cas, recouvrez-les de papier d’aluminium. Posez chacune d’elles (selon le nombre de convives1) sur un plateau, face plate dessous. 2. Il faut maintenant découper tout ce qui est trop gros pour former plus qu’une bouchée. Selon l’âge des enfants avec qui vous cuisinez, faites vousmême tout ce qui demande la manipulation d’un couteau : découpez de petits cubes dans le rôti de porc, la tomate, le concombre, le surimi, le fromage, l’ananas, l’abricot, etc. Vous pouvez demander aux enfants de former des billes2 avec une cuillère spéciale dans le melon et la pastèque ; de séparer les tranches d’orange et de mandarine ; de former de petits rouleaux avec la charcuterie, les anchois.

3. Piquez ensuite un seul élément sur les plus petites piques : des cubes de fromage, une olive, un radis, etc. Sur les moyens, enfilez deux éléments : par exemple, une crevette et une tomate-cerise. Sur les grands, vous pouvez en mettre trois ou quatre. Pensez à assortir les goûts mais aussi les couleurs. 4. Coupez le citron en deux dans le sens de la longueur afin de représenter la tête du hérisson. Posez-la contre le demi-gros fruit qui servira de base. Piquez-y deux petits morceaux d’olives noires pour les yeux et un pour le museau. 5. Quand toutes les piques sont prêtes, piquez-les verticalement dans le gros fruit en formant des lignes régulières et parallèles et en partant du côté de la tête pour aller vers la queue.

Les sucettes au chocolat Si vous avez un petit reste de gâteau (gâteau au yaourt, biscuit de Savoie, gâteau marbré, ...), voilà une recette à faire avec les enfants pour un résultat amusant !

• • • • •

150 gr de gâteau 100 gr de pâte à tartiner, type Nutella 100 gr de chocolat noir à pâtisser des décorations de gâteau : perles de sucre colorées, poudres, etc. une douzaine de bâtonnets en bois (ou en plastique)

Préparation 1. Faites ramollir3 le Nutella au micro-ondes 2. Emiettez4 le reste de gâteau, mélangez-le à la pâte à tartiner. 3. Avec les mains, formez des boules de la grosseur d’une noix et plantez-y verticalement les bâtonnets en bois.

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Ingrédients

4. Mettez à refroidir pendant quelques heures au réfrigérateur. 5. Faites fondre le chocolat au bain-marie ou au micro-ondes. Trempez-y les sucettes et décorez-les suivant votre imagination. Les enfants seront ravis de former les boules avec les mains, d’y mettre les bâtonnets puis de les décorer. Florence Teste

Lexique 1. convives (n. m.p.) : invités 2. billes (n. f.p.) : petites boules

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3. ramollir (v.) : devenir mou 4. émiettez (v. émietter) : écrasez en petits morceaux


BULLETIN D’ABONNEMENT Mlle

Mme

M.

Adresse Postale : Nom : Prénom : Raison sociale : Code Postal : Ville : Téléphone : E-mail : Pays : Numéro TVA intracommunautaire (si applicable) :

COCHEZ LA FORMULE CHOISIE ABONNEMENT NUMÉRIQUE 3 MOIS 14,54 € 6 MOIS 14,54 € 1 AN

14,54 €

ABONNEMENT DUO (NUM + PAPIER) 6 MOIS 55,00 €

FRAIS D’ENVOI

132,00 €

FRAIS D’ENVOI

FRANCE

14 €

FRANCE

14 €

14 €

UNION EUROPÉENNE

27 €

UNION EUROPÉENNE

27 €

MONDE

15 €

MONDE

30 €

MONDE

30 €

TOTAL :

TOTAL :

RENOUVELLEMENT :

1 AN 85,00 € FRAIS D’ENVOI FRANCE

14 €

UNION EUROPÉENNE

14 €

UNION EUROPÉENNE

27 €

MONDE

15 €

MONDE

30 €

TOTAL :

1 AN

7€

7€

FRANCE

1 AN 99,00 €

(PAPIER+NUM+ CD MENSUELS DES AUDIOS DU MOIS)

UNION EUROPÉENNE

FRANCE

ABONNEMENT PAPIER

FRAIS D’ENVOI

(PAPIER+NUM+ DVD AUDIOS DES 20 DERNIERS NUMÉROS)

FRAIS D’ENVOI

TOTAL :

6 MOIS 46,75 €

ABONNEMENT MÉDIATHÈQUE

ABONNEMENT ÉCOLE

TOTAL :

En cas de virement bancaire, les frais bancaires doivent être pris à votre charge. Si vous souhaitez des abonnements en nombre, contacteznous pour un devis à tarif préférentiel. Si cet abonnement ne vous satisfait pas, vous pouvez demander le remboursement des numéros non reçus. Conformément à la loi Informatique et libertés du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux données vous concernant.

OUI

NON

RÈGLEMENT PAR : CHÈQUE LIBELLÉ À L’ORDRE DE :

LCFF

VIREMENT BANCAIRE

LCFF

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RETOURNEZ CE BULLETIN : PAR MAIL À : CONTACT@LCF-MAGAZINE.FR PAR COURRIER À : LCFF, 17 RUE DURAND

34000 MONTPELLIER, FRANCE DATE ET SIGNATURE :


Arpèges & Trémolos présente

#7

GAILLAC

N° de licences : 2-1091263 & 3-1091264 - Illustration : Arnaud Bauville / La Manufacture - Impression Copyright Albi

DU 06 AU 08 AVRIL 2018

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Jeux de mots

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Réponses Jeux p 51

1. DIAPORAMA Nommez les objets

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2. CHANSONS Retrouvez les voyelles pour complèter la comptine « Ah! vous dirais-je, maman » et « Gentil coquelicot » Ah ! vous dirais-je, M_m_n Ce qui c_ _se mon t_ _rment ? Papa veut que je r_is_nne Comme une gr_nde pers_nne Moi je dis que les b_nb_ns Valent mieux que la r_ _s_n.

J’_i descend_ d_ns mon j_rdin Pour y cueillir du r_m_rin. G_ntil coqu’lic_t, Mesdames, Gentil coqu’licot, n_ _veau !

Ah ! vous dirais-je, M_m_n, Ce qui c_ _se mon t_ _rment. Papa v_ _t que je ret_ _nne des verbes la l_ngue antienne. Moi, je dis que les b_nb_ns Valent mieux que les l_ç_ns.

P_ur y cueillir du r_m_rin J’ n’en av_ _s pas cueilli tr_is brins Qu’un r_ssign_l vint sur ma m_ _n Il me dit tr_ _s mots en l_tin Que les h_mm’s ne v_lent rien Et les g_rçons encor_ bien moins ! Des dames, il ne me dit r_ _n

https://www.youtube.com/watch?v=VlNThOqPmqo

https://www.youtube.com/watch?v=7vyoO8ARiZ8

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Réponses TV5 Monde (page 40) 1. Les Kosovars 2. Le Kosovo est en Europe, mais il n’appartient pas à l’Union européenne. 3. En 2008 (il fête ses 10 ans d’existence) 4. Il fait partie de l’OIF en tant que membre observateur depuis 4 ans (2014). 5. Pristina. Zagreb est la capitale de la Croatie et Prague est celle de la République tchèque. 6. C’est le pays qui est le plus jeune du monde (qui a été créé le plus récemment). 7. 30% a plus de 35 ans (70% de sa population a moins de 35 ans). 8. Ils n’arrivent pas à obtenir de visa de circulation. 9. Le nombre de cafés et de discothèques.

10. Jusque dans les années 80, le français était la première langue étudiée, mais aujourd’hui, c’est l’anglais. 11. Plus de 700 universités. 12. Un grand nombre d’étudiants choisissent des études de français et ils sont plus motivés. 13. Ils peuvent devenir professeur de français, travailler pour le gouvernement ou dans les institutions internationales. 14. objectif : 30% de la population parlent français. 15. L’adhésion à l’OIF a une dimension politique : elle fait partie de la construction de le ce nouvel état. 16. Le Kosovo partage les valeurs de l’OIF.


Réponses Jeux (page 49) 1. DIAPORAMA

Edition

Langue et Cultures Françaises et Francophones ISSN : 2551-1467 n° CPPAP : 1018 K 91889 SIRET : 799 544 846 00022 Siège : 17, rue Durand 34000 Montpellier contact@lcf-magazine.fr

Directrice de publication

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Directeur artistique Rémi ORZALESI

Rédactrice en chef Florence TESTE

Comité de relecture Florence TESTE Khiem TRAN-DINH

Assistante de publication Michèle LESEL

Lecture audios Marion PREITE

Rédacteurs Mamadou BERTHÉ Christelle DUCROT Barbara JUVÉ MARICHRISKA Marie-Laurence MECKLER-LELUC Julio MELO Axelle NÉGRIGNAT Fémi PETERS Elodie RESSOUCHES Marine SCHMETS Laura TEJEDA MEZA Florence TESTE Anita VIEL

Graphiste

Charlotte KLEINEIDAM

Promotion et communication

Michèle LESEL - contact@lcf-magazine.fr

Impression

Impact Impression 483, ZAC des Vautes 34980 Saint-Gély-du-Fesc

Routage

Sud Routage 110, route de Rouquairol 30900 Nîmes

1. des bavoirs (n. m.p.) 2. des chaussons (n. m.p.) 3. un body 4. un biberon 5. un dors-bien, un pyjama 2. CHANSONS AH ! VOUS DIRAI-JE, MAMAN Ah ! vous dirai-je, maman Ce qui cause mon tourment ? Papa veut que je raisonne Comme une grande personne Moi je dis que les bonbons Valent mieux que la raison. Quand trois poules vont au champ La première va devant La seconde suit la première La troisième vient la dernière Quand trois poules vont au champ La première va devant

GENTIL COQUELICOT J’ai descendu dans mon jardin Pour y cueillir du romarin. Gentil coqu’licot, Mesdames, Gentil coqu’licot, nouveau ! Pour y cueillir du romarin J’ n’en avais pas cueilli trois brins Qu’un rossignol vint sur ma main Il me dit trois mots en latin Que les homm’s ne valent rien Et les garçons encor bien moins ! Des dames, il ne me dit rien

Remerciements

Richard BOSSUET - TV5 MONDE Ivan KABACOFF - TV5 MONDE

En produisant sa version papier, LCFF Magazine veut participer à la protection de la planète. Pour cela, nous avons choisi de faire confiance à un imprimeur qui travaille dans le respect des labels écologiques :



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