Des Nouvelles, Héloïse ? 12ème édition

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Issue no.12

Des Nouvelles, Héloïse?

KCL french newsletter


L'Edito

Et alors, comme ça ! On se retrouve pour une nouvelle édition de Des Nouvelles Héloïse ? C’était un vrai plaisir d'être rédacteur en chef de cette newsletter cette année. J’ai beaucoup appris : comment organiser une revue, la quantité d'efforts que cela requiert, la vraie passion des étudiants pour DNH ?. Et bien sûr, tout ce que j’ai glané grâce aux articles captivants, aux contributions créatives et au talent incroyable de tous ceux et toutes celles qui ont rédigé pour nous sur le monde francophone. Pour certains, dans notre équipe, cela aura été le dernier semestre passé à KCL, et nous nous trouvons donc face à un nouveau départ. Peut-être une continuation des études, ou le début d’une carrière, ou peut-être, comme moi, encore aucune idée.

D’ailleurs, pour d'autres,

ce n’est que le début du parcours académique. Mais je peux dire en toute confiance que, à tous les membres de l’équipe de cette année, DNH ? a donné une expérience inestimable d’écriture, de lecture, d’expression et de collaboration. C’est une opportunité inoubliable qui va rester avec nous. Je suis très fier des 11e et 12e éditions, et du travail acharné que tout le monde a fourni. Je veux remercier le comité qui est bien allé

au-

delà de l'appel du devoir pour réaliser cette édition, ainsi que les auteurs et autrices qui ont rédigé, comme d’habitude, des articles uniques et fascinants. Finalement, nos remerciements aux assistantes linguistiques, Pauline Marie, Leonita Catot, Emma Fouchard et Maële Petiot, et ça va sans dire, notre immense reconnaissance à Siobhán McIlvanney, qui nous a confié Des Nouvelles, Héloïse ? cette année. Je souhaite à l’équipe qui prendra le relais l'année prochaine de trouver autant de plaisir que nous dans cette tâche. Enfin, je veux vous remercier, chers lecteurs et lectrices, de lire la 12eme édition de DNH ?. Je vous souhaite une bonne lecture, bonne chance avec les examens, et un été tranquille. Ashwin et l’équipe DNH ?

DNH


L'Index ON LIT P. 3 Critique littéraire : Hugues Jallon, Le capital, c'est ta vie P. 5 Lecture : François Villon, « Ballade des pendus » P. 7 Critique littéraire : Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac P. 9 Les Inséparables de Simone de Beauvoir : les épreuves des filles bourgeoises

ON REGARDE P. 11 Notre destinée: action ou accident? P. 14 Critique de film : Pascal Laugier, Martyrs P. 16 Interview avec Anna Deutsch

ON ÉCRIT P. 19 Mais où est donc Ornicar? P. 21 Fleurir

VOUS ÉCRIVEZ P. 22 Lauréate du concours d'écriture P. 23 Finaliste du concours d'écriture P. 24 Finaliste du concours d'écriture

ON DÉCOUVRE P. 25 Ces cafés méritent-ils que vous y passiez du temps ? P. 27 South Kensington : le cœur de la culture français en Grande Bretagne P. 28 Deux playlists francophones


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LE LE CAPITAL, CAPITAL, C'EST TA VIE C'EST TA VIE J’ai beau me dire que je peux très bien vivre sous un régime « capitaliste » sans vraiment y prêter attention. C’est ce que nous faisons presque tous, puisque, à part une minorité à l’âme noble, nous ne trouvons que rarement le temps pour trop nous en préoccuper. La plupart d’entre nous ne faisons que survivre — nous réveiller tôt, sortir pour être serrés comme des sardines dans le train ou sur la route, travailler, rentrer, trouver quelque chose de joyeux pour nous distraire de tout cela le week-end… Un tel avis sur la monotonie de la vie n’est pas révolutionnaire à notre époque ; néanmoins, celle-ci est une monotonie qui nous surstimule, qui nous envahit, qui nous rend malades sans que nous nous en rendions vraiment compte. Comment en est-on arrivé là ? C’est dans le cadre de cette maladie qu’on lit le dernier roman d’Hugues Jallon, Le capital, c’est ta vie, au cours duquel il soumet son protagonistenarrateur — et, effectivement, son lecteur — à une crise de panique torturante en marge d’un monde monstrueux en constante mutation. On est plongé in medias res dans une violente bataille entre ce personnage et la force inextinguible du capital comme il annonce, « Et moi qui me croyait si fort dans ce monde, je suis là où je n’existe plus, dans une contrée hostile, douloureuse » ; en effet, cet homme anonyme est le désespoir incarné, s’exprimant comme il le fait dans des courants de conscience frénétiques, essoufflés —

Écrit par Katie-Rose Nandhra

Hugues Jallon Hugues Jallon — et s’interrogeant sans cesse sur sa place dans cet environnement intimidant. Un instant il supplie silencieusement les passants, « arrêtezvous, parlez-moi, regardez-moi, regardez mon visage décomposé », pour qu’ils le perçoivent et qu’ils partagent sa détresse ; l’instant d’après il ne peut pas supporter son existence, pleurant, « je n’ai pas de masque pour cacher mon visage pathétique, laissez-moi, laissez-moi, laissez-moi ». Dans le moment présent, il est hyperconscient de tout ce qu’il fait (« mes pas sont lourds, mes pieds retombent pesamment sur le sol en frappant le béton ») — mais chaque crise d’angoisse mène à une crise d’oubli, pour que, « dans une agonie sans fin, les souvenirs de ces moments-là s’enfuient ». On apprend de plus en plus sur sa longue souffrance en suivant ses oscillations vertigineuses entre son point de vue actuel — cette attaque continue exercée sur tous ses sens — et les pauses subites qu’il prend pour discuter, souvent d’une manière très détaillée qui révèle ses recherches profondes, des thèmes extérieurs. Le récit est ponctué d’explications médicales pour ses symptômes, de faits divers concernant des figures obscures avec lesquelles il trouve une affinité et, plus remarquablement, de présentations encyclopédiques de l’économie moderne. Ce dernier domaine semble le captiver le plus, et il nous instruit sur les protagonistes du XXe siècle : Théodore Levitt, qui a inventé le terme « globalization » ; Gary Becker, dont les travaux sur le capital et le comportement humains lui ont assuré le prix Nobel en 1992 ; Victor Gruen, une belle réussite de l’individualisme farouche et pionnier du centre commercial américain…

utour de moi, le monde, les gens, les choses deviennent tellement durs, sans pitié, ils me poussent, ils me bousculent, dans ces moments-là il faut que j’aille chercher l’air le plus loin possible, expirer lentement, tenter de calmer cette souffrance qui monte à nouveau, qui agite tous mes membres


Page 4 | On LIT Source: Wikimedia Commons

De telles évolutions ont ouvert la voie à une économie mondiale dans laquelle il y a un marché pour toute chose, « pour toute chose qui est là et pour tout ce qui arrive et tout ce qui pourrait arriver dans l’avenir et tout ce qui se passe dans tous les organes du corps et dans les tréfonds de l’âme, du début jusqu’à la fin de ma vie ». Cette réflexion mène au premier de plusieurs poèmes qui émaillent le texte ; celui-ci prend la forme d’une liste exhaustive des choses aléatoires, et sans intérêt, pour lesquelles un « marché » a été créé : « le marché du taux actuariel / le marché des rencontres amoureuses / le marché du kiwi… », ainsi illustrant qu’il n'y a rien en ce monde qui ne peut pas se vendre ou s’acheter. En effet, « le marché c’est le monde et le monde c’est le marché » — et ce chiasme dramatique nous pousse à réévaluer notre conception de la valeur. Puisque l’idée de la valeur « intrinsèque » ou « fondamentale » a maintenant perdu toute signification (comme le narrateur le dit), puisqu’elle a cédé au marché « libre », elle est devenue une entité volatile. Ce phénomène ne se limite pas aux « biens » — les antiquités, les immeubles, les actions — mais il touche aussi les humains, les pions dans ses machinations. « [T]u arrives toujours à négocier ta place dans ce monde », explique le narrateur, comme pour nous rappeler que le monde ne nous doit rien, ne doit pas subvenir Tandis que certains entre nous, comme notre narrateur à nos besoins, nous oblige à nous protéger tous seuls, éperdu, sommes suppliciés par la panique que ces jusqu’à ce que nous soyons forcés à nous demander, négociations leur imposent (« tout ce que je fais, tout ce « qu’est-que tu peux bien valoir à la fin ? ». que je suis n’a plus aucune valeur »), il y a quelques chanceux qui ne doivent qu’exister pour réussir dans la vie. Lui, il devient de plus en plus obsédé au cours du texte par l’un d’eux en particulier : une certaine Kim Kardashian. À chaque allusion au titre célèbre de Forbes de 2016, « Not bad for a girl with no talent », il approfondit un peu plus la trajectoire de cette mondaine vers la richesse incommensurable et la gloire internationale, de l’ombre de Paris Hilton, au scandale explosif de sa sextape, et finalement à la « dynastie K » qui règnent sur les médias populaires. Kim n’y est pas représentée comme un être humain mais comme produit fabriqué, comme machine — et, de ce fait, ce « tout ce que je n’est pas vraiment elle qui tire les ficelles. Le narrateur fais, tout ce que accorde ce rôle-ci à Kris, sa mère, qui assure, « et toi / Kim / tu seras Reine », tout en restant dans les coulisses je suis n’a plus pour transformer ses filles en poupées et leur honte en gros marché. Il s’adresse à Kim pour expliciter sa place aucune valeur » dans le monde, même s’il ne connaît pas la sienne : « tu n’oublies pas, le capital, c’est ta vie ».

« Not bad for a girl with no talent »

« tu n’oublies pas, le capital, c’est ta vie ».

Dans son ensemble, ce roman postule que notre panique trouve ses racines dans le monde accablant qui nous entoure. En nous mettant à la place d’un homme ravagé par sa propre existence, Jallon nous incite à nous poser les mêmes questions sur la construction de la valeur et comment nous nous y adaptons : qui suis-je ? que suis-je ? à quoi suis-je bon ? Les angoisses, les agitations, les dépressions, les confusions — toutes sont les symptômes de la condition moderne.

« [T]u arrives toujours à négocier ta place dans ce monde »


Écrit par Ella Buckley

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François Villon, ou le premier poète maudit

Avertissement : cet article contient des références à la pendaison dans le troisième paragraphe ainsi que dans le poème.

Mais attendez… qu’est-ce qu’un « un poète maudit » ? Le poète maudit, formulé par Paul Verlaine dans ses essais de 1884, est « un poète fort talentueux qui, incompris dès sa jeunesse, rejette les valeurs de la société » [3]. Des poètes maudits français, on compte Baudelaire (le plus connu), mais aussi Corbière, Rimbaud et bien d’autres. Pourtant, l’important est que l’on considère Villon comme le premier d’entre eux, par sa vie susmentionnée, d’exclu et de dilettante, mais aussi à cause des thèmes abordés dans sa poésie. Cette idée de Villon comme un poète maudit François Villon est un poète français du 15ème siècle

qui,

de

nos

jours,

n’est

pas

particulièrement connu. Malgré cela, il est considéré comme, « perhaps the best-known French poet of the Middle Ages » par la US Poetry Foundation [1]. Comme la plupart des gens de son époque, on connaît peu de sa vie. Généralement, on pense qu’il est né en 1431 (peut-être à Paris) et qu’il est mort assez jeune après 1463 (l’année où il cessera d’écrire). D’après son poème, Le Testament, on peut supposer qu’il a grandi dans la pauvreté – comme le décrit Marine Pohu : « en 1461, il écrit Le Testament dans lequel il s’imagine toutes les richesses… » [2]. Il est aussi clair que sa vie était dilettante, et qu’il fut souvent impliqué dans le crime. Au cours de sa vie, il a écrit plusieurs poèmes qui sont devenus fameux après sa mort et qui continuent d’avoir de l’importance aujourd’hui – par exemple, Bob Dylan a dit qu’il a écrit ses chansons « with the sounds of François Villon echoin’ through my mad streets ».

Enfin,

François Villon est aussi largement accepté comme le premier poète maudit. Portrait imaginaire de François Villon, réalisé entre la fin du xviiie siècle et le début du xixe siècle. Lithographie de Ludwig Rullmann.

est claire dans sa poésie. Son poème le plus connu, « Ballade des pendus », est présenté comme « one of the most moving of all lyric poems to have been written in the French language » [4]. Ce poème, publié à titre posthume à 1489, exprime les sentiments de ceux qui attendent dans le couloir de la mort. C’est un poème qui demande l’absolution de Dieu, mais aussi de la société, pour toutes les personnes qui ont fauté dans leurs vies. Le poème, qui a pour titre alternatif d’« Épitaphe Villon », a été écrit par Villon alors qu’il était en prison, attendant dans le couloir de la mort par la pendaison. Donc, comme toute son œuvre, on peut supposer que ce poème est autobiographique et qu’il confirme la vie de Villon comme un poète maudit parce qu’il le représente comme un paria et un artiste incompris. [1] 'Francois Villon, https://www.poetryfoundation.org/poets/francois-villon, (le 29 janvier, 2023). [2] Marine Pohu, ‘François Villon : biographie du poète français du Moyen ge’, https://www.linternaute.fr/biographie/litterature/1775358francois-villon-biographie-courte-dates-citations/ (le 17 février 2023). [3] ‘Baudelaire, le poète maudit’, https://www.linternaute.com/livre/poesie/1293087-baudelaire-lepoete-maudit/ (le 29 janvier, 2023). [4] J. Fox, The poetry of Villon, London, 1962.


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« Ballade des pendus » Frères humains, qui après nous vivez, N’ayez les cœurs contre nous endurcis, Car, si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plus tôt de vous mercis. Vous nous voyez ci attachés, cinq, six : Quant à la chair, que trop avons nourrie, Elle est piéça dévorée et pourrie, Et nous, les os, devenons cendre et poudre. De notre mal personne ne s’en rie ; Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! Se frères vous clamons, pas n’en devez Avoir dédain, quoique fûmes occis Par justice. Toutefois, vous savez Que tous hommes n’ont pas bon sens rassis. Excusez-nous, puisque sommes transis, Envers le fils de la Vierge Marie, Que sa grâce ne soit pour nous tarie, Nous préservant de l’infernale foudre. Nous sommes morts, âme ne nous harie, Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! La pluie nous a débués et lavés, Et le soleil desséchés et noircis. Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés, Et arraché la barbe et les sourcils. Jamais nul temps nous ne sommes assis Puis çà, puis là, comme le vent varie, A son plaisir sans cesser nous charrie, Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre. Ne soyez donc de notre confrérie ; Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! Prince Jésus, qui sur tous a maistrie, Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie : A lui n’ayons que faire ne que soudre. Hommes, ici n’a point de moquerie ; Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

François Villon, « Ballade des pendus », Poésies diverses.


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Écrit par Sophie Le Meur

Amour de mots plus que mots d’amour : Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac déception amoureuse ! N’est-ce pas un des grands thèmes, un des thèmes Ah, larécurrents de la littérature française ? « Elle ne sait pas que je l’aime » ou encore « il en aime une autre » n’est-ce d’ailleurs pas toujours un thème d’actualité. Ne sommes-nous pas toujours tiraillés par l’idée de savoir si telle ou telle personne nous aime en retour ? Désemparés face à ce mystère qu’est l’Amour ? Mais vous viendrait il jamais à l’idée d’aider votre rival à séduire celle que vous aimez de toute votre âme ? Ou même de vous taire pour toujours alors que ce rival n’est plus ? Bien sûr que non ! Mais c'est bien ce que fera le héros éponyme du dernier auteur romantique Edmond Rostand dans Cyrano de Bergerac. Nous sommes au XVIIème siècle, au cœur des intrigues de la cour de Louis XIII. Un quotidien ponctué d’intrigues, de complots, de mousquetaires et de duels mais où se descelle aussi, nous le verrons, la passion des Hommes. Cyrano de Bergerac, membre émérite des Cadets de Gascogne nourrit une passion secrète et enflammée pour sa cousine Roxane, dont la beauté n’a d’égale que le grand nez de Cyrano. Christian qui vient de rejoindre les cadets s’éprend de Roxane qui n’est pas insensible à son charme, mais voilà, Roxane est une Précieuse, c’est une femme d’esprit et Christian redoute de ne pas être à la hauteur. Follement épris de Roxane, mais conscient de sa laideur, Cyrano n’hésite alors pas à prêter ses vers à son rival afin qu’il puisse séduire la jeune femme. Sous ce couvert, il s’épanche enfin et peut exprimer toute sa passion dans les lettres enflammées qu’il écrit à longueur de journée, tant et si bien que Roxane tombe sans le savoir amoureuse non pas de Christian qu’elle aimait pour son physique mais de l’âme de Cyrano. Avant que la vérité ne puisse éclater, Christian meurt à la guerre et Cyrano décide de se taire pour toujours. Mais arrivera-t-il à garder ce lourd secret?

Cyrano, c’est l’éloge d’un amour caché, d’un amour pur peut-être. D’un amour tel, qu’il n’y a plus que l’âme qui compte et grand nez ou pas, il survivra. Les mots sont des baisers, les vers des caresses, et le monde autour n’a plus d’importance. Ce récit est à contrecourant de toute attraction physique, d’une conception superficielle de l’histoire d’amour. La fidélité à l’état pur, des années de secret par respect pour celui qui n’est plus. Cyrano du fait de son côté grotesque est un héros tout droit tiré de la Commedia dell’arte. Mystérieux, portant un large chapeau, une vaste cape, une seule caractéristique ressort : son grand nez.

«Mais justice lui est fait puisque sa protubérance n’a d’égale que son esprit. Cyrano s’offre donc comme le Don Juan emprisonné dans un Quasimodo » (A. Filon).


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C’est donc le parfait héros romantique dans le sens littéraire du terme. Le nom de Cyrano (contrairement à son créateur Edmond) restera dans la postérité. Mais on pourrait imaginer que c’est l’âme d’Edmond qui s’exprime ici, Cyrano n’est qu’un mousquetaire imaginaire, Roxane une belle image. Peut-être qu’Edmond a lui aussi voulu exprimer au travers de sa pièce tout ce qu’il aurait voulu dire dans la réalité. Et que la fiction était son seul moyen d’exprimer son lyrisme siècle, romantique digne d’une autre époque. Déjà au XXème le romantisme, le panache, sont déjà des notions passées de mode. Et l’imaginaire se plait alors à rêver et retourner dans le passé lorsque la réalité la submerge.

On voit enfin son entêtement dans sa relation avec Roxane, loin de sauter sur l’occasion lorsqu’il en a l’opportunité, il préfèrera conserver sa relation spirituelle avec Roxane plutôt que charnelle.

Donc pourquoi aije tant de plaisir à lire – et relire – Cyrano de Bergerac ?

Ce qui est attirant chez Cyrano, c’est son attachement à un idéal et sa recherche farouche de vérité et d’honneur : et il se refuse au moindre compromis qui le ferait

Parce que c’est une ode à l’amour des mots

grimper les échelons de la société, S’il réussit, c’est en ayant gardé ses valeurs qui

et de l’âme. Cette pièce est à la fois le poème (tout en alexandrins) et la joute verbale

lui sont si chères. Il l’exprime notamment dans sa fameuse tirade du “Non merci” dans l’Acte 2, scène 8, terminant ainsi:

puisque Cyrano se bat tant par les mots que par l’épée.

« Bref, dédaignant d’être le lierre parasite, Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul, Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul ! »

C’est aussi un drame amoureux : ni Christian, ni Cyrano, n’obtiendront ce qu’ils désirent puisque que l’un a le physique et l’autre les mots, et seule la mort les délivrera de ce supplice. Néanmoins, Cyrano reste vainqueur dans son imperfection, puisque tout au long de la pièce, comme il aime à le rappeler, il gardera son panache. C’est un “perdant magnifique” et selon moi le parfait héros français. Loin du héros triomphant et magnifique, vainqueur de tous les combats, c’est le héros tragi-comique aux prises avec ses démons qui nous est livré ici. Un héros digne des plus grands qui parla aux lecteurs hier et qui sans aucun doute parlera aux lecteurs de demain.


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LES INSÉPARABLES Les épreuves des filles bourgeoises

SIMONE DE BEAUVOIR

Récemment Dé

couverte

Simone de Beauvoir continue de nous honorer de ses écrits, même longtemps après sa mort en 1986, avec son dernier roman récemment découvert, Les Inséparables, publié en 2020. Ce roman de fiction autobiographique a été écrit en 1954, la même année que la publication des Mandarins, mais on ignore pourquoi elle ne l'a jamais publié. Nous connaissons Beauvoir pour son travail de philosophe et de mémorialiste avec ses autres œuvres emblématiques telles que Le Deuxième Sexe, Mémoires d’une jeune fille rangée, La Force des choses et plus. La priorité accordée à ces travaux fondamentaux a fait que Les Inséparables a été mis de côté et oublié pendant des années. Cette œuvre présente la longue amitié fraternelle de Beauvoir avec Zaza, malheureusement décédée en 1929 à 22 ans. Dans le livre, Beauvoir est représentée par le personnage de Sylvie et Zaza par Andrée. Ce n'est pas la première fois que nous entendons parler de Zaza ; les lecteurs assidus de Beauvoir l'ont rencontrée dans son autobiographie Mémoires d’une jeune fille rangée. On sait que la mort de Zaza a beaucoup affecté Beauvoir et ce livre s'attache à montrer la profondeur et la signification de leur amitié.

Écrit par Ally Azizi

l'histoire Nous commençons par la première rencontre de Sylvie et d'Andrée à l'école, alors qu'elles avaient toutes deux 9 ans. Sylvie est immédiatement happée par Andrée et le mystère qui l'entoure. Sylvie et Andrée viennent toutes deux d'un milieu chrétien et bourgeois similaire, mais cela ne signifie pas qu'elles ont vécu les mêmes expériences. Sylvie est décrite comme ayant plus de liberté dans sa vie, puisqu'elle se tourne vers l'athéisme et mène et n'est pas contrainte à se conformer aux traditions bourgeoises, c'est-à-dire de se marier tôt et d'accomplir les devoirs chrétiens. Et bien que cette histoire soit racontée du point de vue de Sylvie, elle place Andrée comme protagoniste et nous avons tendance à ignorer la stabilité de Sylvie au profit du caractère turbulent d'Andrée. La famille d'Andrée est plus proche de la tradition bourgeoise typique où l'on attend d'Andrée qu'elle remplisse ses devoirs de fille chrétienne. Elle entre souvent en conflit avec ses croyances en Dieu, où elle est souvent plongée dans l'incertitude et incapable d'agir librement. Des détails mineurs comme les arrangements pour dormir et les heures de coucher lorsque Sylvie est de retour sont contrôlés par sa famille. Ses grandes histoires d'amour sont dictées par sa mère et son propre devoir de mère chrétienne. Tout au long du livre, Andrée n'est presque jamais heureuse ; elle est étouffée par les commissions constantes que sa mère, Madame Gallard, lui impose et est incapable de s'adonner à ses propres joies, comme jouer du violon.


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Source: Governament Press Office, Wikimedia Commons

Cette microgestion du corps rappelle les Corps dociles de Foucault, où le corps est discipliné pour accomplir des tâches qui assurent le fonctionnement constant du capitalisme. Ici, Madame Gallard discipline le corps de sa fille pour perpétuer la tradition bourgeoise, mais ce qu'elle ne voit pas, c'est la détérioration de son état. La seule grâce salvatrice d'Andrée est Pascal, son amant qu'elle a rencontré par l'intermédiaire de Sylvie, dont l'amour la met dans le plus bel état qu'elle ait connu. Cependant, cela s'arrête brusquement lorsqu'on lui annonce qu'elle sera envoyée en Angleterre pour deux ans s'il ne s'engage pas encore à l'épouser. Andrée est une fois de plus freinée par cette tradition qui ne lui permet pas de rester telle qu'elle est – une fille amoureuse. Alors qu'Andrée se détériore lentement en une feuille sèche, Sylvie ne peut que regarder. On peut presque ressentir un sentiment d'impuissance de la part de Sylvie, car quoi qu'elle fasse, elle ne peut pas libérer Andrée.

Fiction ou

Autobiographie? D'une certaine manière, Les Inséparables ne ressemble pas à une fiction autobiographique, car tout le récit tourne autour d'Andrée. Néanmoins, cela pourrait-il être un reflet de ce que Beauvoir ressentait à propos de Zaza ? Que le monde entier tourne autour d'elle ? Serait-ce plutôt une biographie de Zaza ? Un moment qui m'a fait me rendre compte de cela est celui où Sylvie met de côté son amour confus pour Andrée dans le but de donner la priorité aux problèmes d'Andrée plutôt qu'à son propre dilemme. La mort d'Andrée n'est pas une surprise. Elle est symbolique dans la mesure où elle montre comment la tradition bourgeoise ne fait qu'opprimer les femmes et les contraindre à vivre une vie insatisfaite qui ne peut aboutir qu'à deux choses : la conformité ou la mort. Se conformer ou mourir. La fin tragique de cette courte histoire nous laisse nous demander combien de temps la mort a attendu Andrée et si, sans Pascal ou Sylvie, elle serait partie plus tôt ?


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Notre destinée: action ou accident? Écrit par Alina Seliverstova

UNE INTERVIEW AVEC UNE RÉALISATRICE DE TÉLÉVISION

« En partie, rien dans cette vie ne dépend de nous. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir, mais en fin de compte le résultat ne peut jamais être prédit ».

Cette déclaration d'Anna Koyré a suscité mon intérêt, car il semble bien que de nombreuses choses dans la vie échappent à notre contrôle. Cette idée ainsi que le débat philosophique entre déterminisme et libre arbitre sont des sujets auxquels les humains continueront sans doute à réfléchir éternellement. Face à une telle incertitude, comment pouvons-nous prendre des décisions et faire des choix de carrière ? Estce une question de travail ou plutôt de talent ? Dans cet article, voyons comment la vie d'Anna, et plus précisément sa carrière de réalisatrice de télévision couronnée de succès, s'est déroulée : quelles pistes son expérience peut-elle nous apporter pour aborder cette question ?

C

omment avez-vous commencé à travailler en tant que réalisatrice de télévision ?

Q

Après avoir obtenu mon diplôme dans une école de musique et de pédagogie, j'ai commencé ma carrière en enseignant aux enfants. J'aimais ce travail, mais mon grand-père m'a un jour suggéré d’envoyer ma candidature pour m'inscrire à un cours très compétitif formant à devenir réalisatrice de télévision. Respectant énormément son avis, j’ai écrit un scénario, je me suis présentée à l'entretien en 1968 et… j'ai été acceptée ! Tout s'est passé de manière si inattendue ! J'étais la plus jeune participante de ce programme. C'était un cours très stimulant avec un examen intense à la fin.

Après de nombreuses années d'obstacles et d'expériences, j’ai atteint la dernière étape de mon voyage : je suis devenue réalisatrice de télévision. Je me suis concentrée sur les programmes théâtraux, musicaux, artistiques et culturels. Toute cette expérience, et mon parcours de formation en particulier, ressemblaient à un rêve… J'étais entourée de professionnels expérimentés, alors que je n'avais (au départ) aucune idée de ce qu'il fallait faire. C'est incroyable comme la vie vous met parfois au défi et vous emmène dans des endroits où vous n'auriez jamais pensé vous retrouver.

uelle a été la meilleure et la plus difficile partie du métier de réalisatrice de télévision ? Tous mes projets étaient aussi importants les uns que les autres, je ne peux donc pas en choisir un seul. Réaliser un programme est un processus très personnel mais, en tant que réalisateur, vous travaillez avec des collègues qui donnent souvent leur avis. Il faut donc être prêt à faire face à des critiques constructives dans ce genre de travail !

L'un des meilleurs aspects de ce travail est qu’il m'a ouvert de nombreuses possibilités, comme celle de voyager qui est d’ailleurs devenue ma deuxième passion ! Je filmais différemment dans le monde entier. Le projet le plus mémorable a été celui au Japon titré "Là où nos âmes se reposent". Nous avons essayé d'étudier les différentes manières dont les gens abordent et atteignent leur harmonie intérieure et ce dont ils ont besoin pour se détendre et être en paix 2 avec eux-mêmes. La vie de chaque personne est unique et il n'y a pas deux réponses identiques.


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Q

uelles sont les qualités requises pour être un bon réalisateur de télévision ?

Il est très important de savoir planifier et organiser. En outre, vous devez avoir confiance en votre propre vision et en votre capacité à présenter vos idées aux autres. Vous devez également être un bon leader car vous êtes responsable d’une équipe : ils doivent partager votre vision, croire en vous et mettre en œuvre toutes vos idées. C'est aussi un travail très exigeant car vous devez y consacrer 80 % de votre vie. Parfois, un projet peut prendre le dessus sur votre quotidien car vous y pensez constamment. J’avais environ 8 programmes à filmer chaque mois. Mais si vous êtes prêt à le faire, vous réussirez ! C'est un travail très gratifiant car vous créez du divertissement et du bonheur et vous le mettez au monde pour les téléspectateurs. Je crois aussi au destin et au fait que certaines choses sont hors de notre contrôle. Certaines personnes sont nées avec du talent et sont destinées à travailler dans un domaine créatif, mais le travail acharné est évidemment aussi très important et vous n'irez pas loin sans lui. Le succès n'est pas comme un ascenseur automatique qui vous fait monter instantanément au sommet, mais plutôt comme un escalier raide que vous devez gravir pour atteindre vos objectifs.

A

votre avis, à quoi ressemble le téléspectateur "moderne" ?

Nous sommes aujourd'hui confrontés à la numérisation des médias. Nous disposons d'une myriade de plateformes de réseaux sociaux qui offrent un accès instantané au public. Tout le monde est capable de créer son propre contenu et d'obtenir des réactions du monde entier. Une chose que le spectateur moderne doit apprendre à faire, est de filtrer les informations et les contenus dont nous sommes bombardés en ligne.

Chacun voit les choses sous un angle différent mais un réalisateur transmet sa propre vision. Soyez vous-même et n'arrêtez pas ! J'invite les jeunes à être proactifs, à suivre la voie qu'ils ont choisie et à travailler pour atteindre leurs objectifs. La meilleure façon d'y parvenir est de trouver un emploi que vous aimez.

Je vous encourage donc à vous entourer de personnes fiables et capables de vous enseigner et de vous aider à grandir en tant qu’humain. D'autre part, une personne créative a des intuitions bien développées ! Les doutes peuvent vous égarer, il est donc parfois préférable de s'écouter : aussi bien son esprit que son cœur.

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Source


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Q

uels conseils donneriez-vous aux aspirants réalisateurs de télévision qui débutent leur carrière ?

Il m'est difficile de donner des conseils généraux, car il s'agit d'une question tellement personnelle qu'elle ne s'applique pas à la vie ou aux circonstances de chacun. Chacun a besoin de conseils différents à différents moments de sa vie et c'est à chacun de le découvrir par lui-même. Je dirais, cependant, que vous devez travailler dur et vous fixer des objectifs audacieux ! En tant que jeunes, nous sommes accablés par les conseils, orientations et opinions des autres. Il peut donc être très difficile de comprendre réellement ce qu’on veut faire de notre vie. Pour un travail créatif, il faut avoir une vision personnelle et, pour cela, il faut très bien se connaître. Lorsqu'une personne est passionnée par son travail et qu'elle est en harmonie avec elle-même et avec sa profession, elle ne court pas après le succès ou la célébrité qui devient simplement un sous-produit de ses projets. La gentillesse et la gratitude sont les choses les plus importantes. Lorsque nous repensons à notre vie, nous ne pensons pas à la réussite, mais aux personnes avec lesquelles nous avons travaillé et à ce que nous avons fait.

Peintures pe

Vous devez être heureux de ce que vous êtes devenu, et donc il est important de choisir un emploi en accord avec vos valeurs morales. En 2008, j'ai créé une fondation caritative avec mon amie après avoir été témoin d'une tragédie. Nous avons réalisé que nous devions faire quelque chose pour aider les autres, car chaque personne a besoin de se sentir appréciée et importante. Nous avons organisé une aide psychologique gratuite et des spectacles pour les personnes (spécifiquement les personnes âgées) qui en avaient besoin ou qui se sentaient seules. J'ai également fondé un centre de production Aidis et nous avons publié des livres, comme celui sur Boris Pasternak avec mon ami. Actuellement, je voyage, je fais de la peinture, j'enseigne aux enfants, j'écris des livres et j'envisage de lancer bientôt une chaîne YouTube ! Vous pouvez être plusieurs choses à la fois et vous ne devez pas vous arrêter à un seul choix de carrière. Le plus important, c'est que vous soyez gentil et que vous suiviez votre cœur en faisant ce que vous aimez, quel que soit votre âge.

intes par An

na

Revenons à la problématique de mon introduction - qui a le contrôle sur notre destin ? Estce les gens qui nous entourent, nos professeurs ou nos choix ? J'ai du mal à répondre mais ce que j'ai appris de ma discussion avec Anna, c'est que chacun d'entre nous doit se poser cette question directement à lui-même. Donc où mon âme se repose-t-elle et quel but suis-je censé servir dans cette vie ? À la fin de notre entretien avec Anna, elle a cité le conseil de Gandhi : « vivez comme si vous deviez mourir demain, apprenez comme si vous deviez vivre éternellement », et elle a répété que nous devons repousser tous les doutes et croire en nous-mêmes. Pour l'instant, je ne peux que faire exactement ça – travailler dur, suivre mes intuitions et croire en moi-même. Cependant, le fait de ne pas encore connaître mon destin peut déjà avoir un certain pouvoir... Après tout, même Descartes admettait que tout qu’il sait, c’est qu'il ne sait rien. Images d'arrière-plan: Canva


Écrit par Lucia Gota-Betts

Page 14 | On REGARDE

CRITIQUE

DE FILM : PASCAL LAUGIER

M AR TY

RS

'Martyrs est l’un de ces films que l’on ne peut jamais oublier.' Réalisé par Pascal Laugier en 2008, ce film est reconnu comme un chef-œuvre innovant qui a

brisé

les

limites

du

cinéma

extrême

français. Le film s’intéresse à la question primordiale de ce qui pourrait être atteint philosophiquement après la mort… ou plus précisément, pendant le processus de la mort. «New French Extremism» est un mouvement du

cinéma

qui

rassemble

des

films

transgressifs réalisés entre les années 2000 et 2010. Il rend hommage à des mouvements du cinéma dans lesquels il trouve ses racines tels que le cinéma d’art et d’essai, et, bien sûr, au cinéma d’horreur, et Martyrs devrait être acclamé

pour

immaculé,

et

son ses

maquillage

effets

corporel

spéciaux.

Pascal

Laugier dit que Martyrs est le « anti-Hostel » – c’est-à-dire que, contrairement aux films de torture américains conventionnels tel que Hostel, Martyrs représente la douleur plutôt que la torture. Les artistes français sont en effet reconnus pour leur manière de faire passer des questionnements pathologiques philosophiques à travers leurs œuvres. La première fois que je l’ai vu, cela ne m’a


Page 15 | On REGARDE

MARTYRS, 2008

Pascal Laugier

étonnamment pas fait peur de la manière habituelle – j’ai plutôt ressenti un étrange mélange de choc et de tranquillité. Il m’a fallu plusieurs jours pour pleinement intérioriser, traiter et apprécier ce que j’avais vu. En fait, plus j’y pense, plus je suis frappée et admirative de la manière dont le film représente ces thèmes de manière si soigneuse et hermétique. Le film parvient à capter certains tropes du

surnaturel

beaucoup

ainsi

plus

que

sombres,

des

sujets

réalistes

et

traumatisants. Certains peuvent penser que le film est une mauvaise excuse pour faire un « torture porno », mais de tels films ont été notés pour leurs considérations politiques et subversives comme, par exemple, le danger que représentent

les

radicaux

religieux

oligarchiques

et

leur

avec

lien

la

maltraitance des femmes. Autant le film est extrêmement violent, explicite,

éprouvant

et

difficile

à

regarder, je crois qu’il explore aussi des thèmes axiologiques pertinents et nous interroge

sur

la

façon

dont

devrions percevoir la fin ambiguë.

nous

' Pour qui ose, je recommande fortement l’expérience que vous gagnerez en regardent Martyrs.'


Page 16 | ON REGARDE

Une Interview avec Anna Deutsch Écrit par Joni Roberts Anna Deutsch a une véritable passion pour le monde de réalisation et des années d’expérience dans cette industrie. Elle vit et travaille à Paris en tant que productrice créative pour Moonwalk Films, ainsi que pour En Face Films, qu’elle a co-fondé en 2021.

Pendant mon année à l'étranger, j'ai eu la chance de faire un stage avec elle, où elle m'a beaucoup appris et est devenue une grande source d'inspiration pour moi. Anna a une grande connaissance de l'art et de la culture visuelle qu'elle a eu la gentillesse de partager avec moi lors de notre interview.

Salut Anna ! Tout d’abord, merci mille fois d’être là – j’ai hâte de faire cette interview. J’ai beaucoup de questions et je sais que vous avez tellement de belles histoires à raconter donc on commence… Alors, moi j’ai fait un stage avec vous à Paris l’année dernière, mais pour ceux qui ne savent pas, est-ce que vous pouvez me décrire ce que vous faites en général avec Moonwalk et En Face ? Oui ! Donc j’avais lancé En Face avec mon patron il y a deux ans et aujourd’hui je suis productrice créative de nos deux boîtes. Mon rôle est à la fois de produire des films, c’est dans le titre, mais aussi d’accompagner les réalisateurs qu'on représente. C’est un peu à mi-chemin entre productrice et directrice créative qui gère les talents - il y a un aspect très humain de tempérer des personnalités très, très différentes, de communiquer avec des agences qui nous annonce des projets et d’organiser la production de A à Z. Comment êtes-vous entrée dans cette industrie ? Estce que vous aviez déjà beaucoup d’expérience avant de déménager à Paris ? Quand je suis arrivée à Paris il y a 8 ans, j’avais déjà un peu d’expérience. J’avais mon diplôme qui était en film documentaire (qui était très pratique) et j’avais fait quelques petits jobs par-ci, par-là en vidéaste. À Paris, j’étais cadreuse et monteuse pour une émission de télé sur le Fashion Week et après cela

j’ai

commencé

chez

Moonwalk

comme

assistante de post-production. C’était petit à petit, au fur et à mesure, que j’avais commencé à être plus en direction artistique. Après que j’avais lancé En Face, j’ai commencé à produire […] L’entrée d’être un producteur, il n’y a pas une seule façon de la faire et c’est quelque chose qui est très individuelle.

Je sais que dans cette industrie, vos journées peuvent varier énormément selon vos projets. Pourtant, est-ce que vous pouvez nous dire à quoi ressemble une journée typique pour vous au bureau en ce moment ? Alors, il y a deux journées différentes. Il y a une journée où je suis au bureau et je travaille sur notre site-web, je communique avec des agences qui nous appellent avec des projets, et je reste en contact avec nos réalisateurs - je passe beaucoup de temps sur WhatsApp ! Mais, il y a aussi une journée comme aujourd’hui : j’ai eu un rendez-vous en agence ce matin, où on a fait une grande présentation d’une sélection de nos réalisateurs qui correspondent à cette agence et après, j’ai eu un appel avec une autre agence pour parler d’un nouveau projet. Donc ça c’est une journée où je suis beaucoup plus sur le terrain pour aller voir des gens qui pourraient éventuellement nous envoyer un projet avec un grand et bel budget !


Page 17 | ON REGARDE

À votre avis, quelle est la chose la plus difficile dans le travail de l'industrie du film ?

Je pense que notre travail se base énormément sur l’idée de « problem solving », mais même si on pense qu’on est sur la bonne voie, parfois on est à côté de la plaque. Par exemple, quand on est persuadé avec le réalisateur, avec l’agence, que tout le monde est d’accord avec ce qu’on a proposé, mais qu’on ne gagne pas le projet…ça c’est difficile. Et sinon, c’est les horaires ! Je peux avoir des semaines où je fais 100 heures parce que je suis sur un projet avec un réalisateur qui habite à Los Angeles donc on a un décalage horaire de 9 heures…Ou j’ai un tournage où j’arrive à 17h30 le soir, ayant déjà était au travail à midi, et je suis dans mon lit à 9h30 du matin. C’est dur !

Quelle est la leçon la plus importante que vous avez tirée de votre carrière en cinéma ?

On est seulement aussi bon que nos équipiers - il n’y a pas une seule personne dans une équipe qui peut faire un film. On doit respecter tout le monde, chaque personne a un rôle très important, comme

Anna et sa chienne, Ponyo, au bureau à Paris

une machine bien huilée !

Comment décririez-vous l'expérience de travailler à Paris, en général, en 3 mots ?

Votre intitulé du poste est « directrice créative » – est-ce que vous avez des moments où vous avez du mal à vous sentir créative, comme une sorte de « syndrome de la page blanche » ? Et que faites-vous dans ces moments-là ? Est-ce que vous avez des conseils pour relancer la créativité ?

C’est une très bonne question. Je pense qu’il faut

Exigeante

bouffer des vidéos, des images, des sons, des couleurs, des livres, des jeux vidéo, des peintres. En fait, tu ne peux jamais regarder assez ! Moi je suis

Légèrement fatigante

inspirée énormément des trucs que je vois dans la rue – je vois quelque chose et ça va m’inspirer. L’inspiration vient du monde autour de nous. Il faut vivre. Dans ces moments de frustration, je me

Mais fabuleuse !

dis : je vais balader et je vais voir ce que me vient.

Images: Canva


Page 18 | On REGARDE Maintenant, c’est une question très difficile… mais, quel est votre projet préféré avec Moonwalk ou En Face et pourquoi ?

Ça c’est très difficile ! J’ai beaucoup aimé le projet Puma qu’on avait fait avec [le réalisateur] Del, parce que c’était une leçon parfaite de comment gérer un temps extrêmement bref. On a une énorme célébrité, Neymar, et on l’a pour 30 minutes […] C’était un très bon exemple d’un tournage parfaitement réussi sans stress, même si le talent est arrivé avec un retard d’une heure et demie. Et en plus, tu étais là !

Pour avoir travaillé avec vous, je sais que vous êtes toujours en train de trouver de nouvelles inspirations et de réfléchir à vos projets futurs. Donc, est-ce que vous pouvez me donner trois de vos principales ambitions professionnelles pour les cinq prochaines années ?

Je voudrais qu’on gagne un film avec un budget d’un million euros ou plus, qu’on gagne aussi un Lion à Cannes et qu’on est primé dans un festival de la mode. Mais c’est beaucoup plus que des prix qu’on reçoit - je souhaite, pour moi et pour notre boîte, qu’on continue à faire des films, à changer l’industrie pour le mieux et à créer un espace qui accueille tout le monde.

Merci beaucoup pour vos réponses incroyables, Anna – on est très reconnaissant pour ces sages paroles ! Donc, une question finale : est-ce que vous avez des conseils à donner aux personnes qui espèrent travailler dans l'industrie du film ?

Je pense que l’école de cinéma n’est pas primordiale pour travailler dans ce milieu ! Moi je suis venue par un parcours assez bizarre (par le film documentaire, des beaux-arts et le graphisme), mais tout cela me rend maintenant quelqu’un qui est non seulement organisée, bienveillante avec une attention aux détails, mais aussi avec une certaine manière de regarder le monde. Je pense que dans cette industrie, il faut avoir le vouloir : accepte des tafs au début où tu n’es pas payé mais le projet est intéressant, soit gentil, pose des questions, écoute au tout le monde tu as aucune idée d’où il vient et l’expérience qu’il a déjà. Il n’y a personne en dessous de ta position et tu peux vraiment apprendre de tout le monde. Et enfin, il faut être au courant de ce qui se passe dans l’industrie et savoir pourquoi tu aimes quelque chose et pourquoi tu ne l’aimes pas. Ce n’est pas forcément inné, tu peux apprendre comment regarder le monde avec un œil curieux. Il faut toujours s’interroger, de poser des questions à soi-même !

Images: Canva


Page 19 | ON écrit


Écrit par Élissa Vinh

Page 20 | ON écrit

Mais où est donc Ornicar? Cette phrase mnémotechnique, souvent apprise en classe de français, se compose d'une série de conjonctions de coordination accolées les unes aux autres. Quand celles-ci sont employées, elles permettent une certaine fluidité syntaxique, à laquelle elles sont indispensables. Une construction grammaticale telle que cette phrase ressemble au processus analytique qui emboîte les pièces d'un puzzle pour définir une image synthétique. Dans ce cas-là, le puzzle représente un humain. Souvent, dans nos intéractions quotidiennes, nous nous fions à l'apparence extérieure de nos interlocuteurs. Cependant, derrière la physionomie d'une personne se cache une myriade d'éléments qui consituent une identité. En faisant transparaître la photo qui figure sur ma carte étudiante à travers une écriture automatique, j'ai voulu recréer l'impression subconsciente que quelqu'un aurait pu avoir en me rencontrant. Visuellement, on peut remarquer que l'image est en partie cachée, car des pans de mon identité restent dissimulés. Par la suite, cela se réitère dans le fond nuageux et incertain qui a été ajouté. Puis, en laissant le logiciel photographique faire une construction tridimensionnelle de l'image initialement fournie, des formes coniques et pointues sont apparues. Elles semblaient se diriger vers moi en sautant hors de l'écran oú elles figuraient. Elles me narguaient, contrastant avec le fond noir dont elles surgissaient. C'était leur manière de déformer mon identité dans l'imagination de ceux que je côtoie. Parmi les ombres abyssales et les symphonies lumineuses, elles m'ont alors posé une question: " mais où est donc Ornicar? "

En d'autres termes, cette question, prise sous un angle métaphorique, illustre notre navigation sur le fleuve du savoir qui est finalement parsemé de cavernes secrètes. Les connaissances sont déduites, devinées, mais jamais complètes. Il reste pleins de mondes hors de notre portée, dissimulés au fin fond de gouffres plongés dans les ténèbres. La réalité, telle qu'on la voit, reste alors superficielle. Il faudrait creuser, utiliser les conjonctions de coordination pour relier nos découvertes et illuminer les ténèbres. Je fais appel à tous, qu'ils soient chercheurs, écrivains, archéologues, historiens... Plongeons dans l'abîme du savoir.


Page 21 | ON écrit

Fleurir

Écrit par Simisola Owoyemi

Quand j’ai échoué À faire mon jardinage Cultiver — planter — arroser, Elle s’est desséchée. Mon amour s'est refroidi, le cœur — Fixé dans la pierre — l'esprit, Loin de l'âme. Mais une pousse — non semée par mes mains a réveillé en moi la diligence. Je me levai — semai une nouvelle graine. À genoux aux pieds de l’ensemencé — Elle a grandi sous mon regard. Les yeux de ma colombe ont pénétré le sol infertile, Appelé la vie à l'existence, Où la vie ne persistait pas. Ainsi, je vis maintenant, Car ma semence fleurit.

Images: Canva


Page 22 | VOUS écriVEZ

Lauréate du concours

Concours Scolaire! SURMONTER L’INTRADUISIBLE

d'écriture

Poppy Barton James Allen’s Girls’ School

Est-ce que les traducteurs automatiques peuvent toujours traduire toutes les choses ? Bien sûr, un traducteur automatique vous donnera normalement une traduction quelconque, mais elle ne sera pas toujours entièrement précise. On découvre donc l’existence du vaste monde des mots intraduisibles. Les mots intraduisibles sont souvent inextricablement liés à la culture d’un pays ou d’une société, tel que dans l’histoire littéraire. Un des exemples les mieux connus en français est le concept de flâneur, qui a été établi par l’écrivain Charles Baudelaire pendant le milieu du 19ème siècle. Bien que la traduction la plus commune du mot en anglais des traducteurs automatiques soit « stroller », cette traduction ignore presque complètement le sens du mot, et la définition réelle est beaucoup plus spécifique. Un flâneur était initialement dans la littérature un homme d’une certaine classe sociale qui marche sans but dans une ville en faisant des observations, mais la perspective du flâneur est devenue plus variable en raison de sa grande influence dans la littérature. Nous pouvons voir la même signifiance des mots intraduisibles dans la littérature dans autres langues : « saudade », qui est un désir ardent pour quelque chose qui n’existe pas ou a été perdu, n’a aucune traduction en anglais, et pourtant il a un rôle très important dans la littérature et même la musique portugaise, malgré le fait qu’il est intraduisible. Cependant, les mots intraduisibles ne sont pas importants que dans la culture littéraire, mais aussi pour expliquer les aspects de la vie quotidienne. Par exemple, en chinois, le mot « guanxi » ( ), qui peut être traduit le plus précisément par « relations » ou « connexions », est une partie intégrale de la société chinoise, surtout dans les affaires. « Guanxi » est la notion que si on rend un service à quelqu’un, la personne a automatiquement une obligation de rendre la pareille, comme une forme de dette. Le cycle de « guanxi » ne finira jamais vraiment, et il est donc une partie essentielle de la vie quotidienne et une méthode pour atteindre le succès en Chine qu’un traducteur automatique ne peut pas communiquer. De façon similaire, presque tous les Norvégiens pourraient vous donner une description détaillée du mot « dugnad », qui est une journée communautaire qui consiste à nettoyer, ranger, réparer ou rénover son environnement, souvent à l’extérieur. Toutefois, un traducteur automatique lutterait immensément pour le traduire et offrirait simplement « bénévolat ».

关系

Quand nous regardons les mots intraduisibles comme ceux-ci, il est évident que la langue a des liens forts avec la culture. Par conséquent, il est de plus en plus important d’apprendre d’autres langues dans un monde qui devient anglicisé de façon croissante, pour protéger et comprendre ces beaux fragments de la culture. Heureusement, il y a plusieurs façons de faire ça, bien que les traducteurs automatiques ne soient certainement pas l’une d’elles.

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Page 23 | VOUS écriVEZ

Finaliste du concours d'écriture

Pourquoi l’étude des langues est-elle importante dans le monde d’aujourd’hui ? Eleanor Whitwam

King Edward VI Grammar School Dans un monde de plus en plus divisé qui fait face à une pléthore de problèmes, l’étude des langues doit être, plus que jamais, considérée comme importante et nécessaire. Ces dernières années, on peut voir une montée du nationalisme et de la rhétorique anti-immigration dans le monde entier. Du résultat du référendum sur le Brexit à l’élection de Trump et à la popularité croissante de Le Pen et du Rassemblement National, les pays ont démontré une réticence à aider les personnes d’autre pays avant celles du leur. C’est un sentiment dangereux, celui du « eux et nous » au lieu de l’union du monde ensemble dans une communauté internationale qui travaille à l’unisson pour la même cause. Il me semble que cela vient d’un manque de compréhension et de connexion à d’autres cultures ; surtout en Angleterre, où seulement 47% des enfants de 16 ans étudient une langue étrangère. Si plus de personnes les étudiaient, ils comprendraient mieux les personnes d’autre pays et ils ressentiraient plus l'envie de leur venir en aide et de coopérer.

L’étude des langues réduit l’ignorance de certaines personnes envers certains pays. Une langue, c'est tellement plus que des mots et de la grammaire. En étudiant les langues, on est en train de découvrir, d’explorer et de comprendre une nouvelle culture : son histoire, ses mœurs et ses gens. Bien que les traducteurs automatiques soient très utiles, ils ne prennent pas en compte la culture et l’histoire derrière ces mots. En apprenant une langue, on donne aux gens une ouverture d’esprit. Cela aide à élargir leur perspective parce qu’ils voient une autre façon de faire les choses et il est donc plus probable qu’ils soutiendront et travailleront avec d'autres pays parce qu’ils les comprennent et ils n’ont pas peur. C'est ce qui s'est passé dans mon village, un endroit où plusieurs personnes, traditionnellement, ne soutenaient pas l’immigration. Après avoir entendu parler du programme gouvernemental pour les réfugiés ukrainiens de la guerre l’année dernière, la famille d’une amie et d’autres habitants de notre village ont décidé d’accueillir un réfugié dans leur maison. Ils ont commencé à apprendre un peu d'ukrainien et cela a encouragé les personnes généralement plus fermées d'esprit à apprendre un peu de la langue des réfugiés aussi.

Images: Canva

Cela leur a permis de mieux comprendre les réfugiés et cela a créé une connexion plus forte avec eux. L’étude des langues a aidé au commencement d’un changement des perceptions négatives sur l’immigration dans mon village car, puisque les mots ou les sons peuvent être similaires dans différentes langues, cela a rappelé aux gens les liens communs entre nous tous. En fin de compte, nous ne pourrons résoudre les problèmes de la crise climatique et économique qui menacent ce monde qu'en travaillant avec d'autres gouvernements. Cependant, nous ne pourrons pas le faire sans se débarrasser de ces sentiments de division et d'intérêt personnel. Ainsi, l’étude des langues nous permet de nous sentir connectés avec d’autres pays dans une compréhension plus profonde de leurs cultures. Alors, nous pouvons coopérer. La langue, c’est la clé !


Page 24 | VOUS écriVEZ

Finaliste du concours d'écriture

Pourquoi l’étude des langues estelle importante dans le monde d’aujourd’hui ? À une époque où les nouvelles technologies sont en constante évolution, on a observé la création de traducteurs efficaces aux fonctions incroyablement performantes. Il semble qu’il ne soit plus nécessaire de connaitre une deuxième langue si on peut traduire presque n’importe quoi en un seul clic et on peut souvent se demander :

Tout d’abord, on doit considérer ceux qui sont le plus directement liés à la langue : les gens ! Avant tout, les langues sont un moyen de communication qui nous permet de rester en contact avec les autres. Par conséquent, il est d’autant plus gratifiant de connaître plus d’une langue puisqu’on a l’occasion d’interagir avec un groupe de personnes plus diversifiées. Ce faisant, on améliore la sensibilisation aux cultures différentes, ce qui constitue un pas vers l’élimination des préjugés envers les autres – quelque chose qui est essentielle dans un monde de plus en plus globalisé.

Bien qu’elle soit difficile, l’étude des langues peut être extrêmement agréable. Imaginons combien il serait formidable d’apprécier pleinement les domaines différents de nos intérêts personnels, mais dans une autre langue ! Par exemple, il est préférable de savourer un film ou un livre dans sa langue originale, car cela nous permet de le comprendre tel qu’il a été écrit à l’origine.

Alors, est-ce que ça vaut la peine ? Si on est une personne qui apprécie les nouvelles opportunités, les voyages, ou simplement toutes interactions sociales, la réponse est ‘oui’ ! Même après seulement quelques années d’études, on sera en mesure d’acquérir de nouvelles perspectives sur n’importe quel sujet imaginable, car on sera exposé à des idées fascinantes.

Amika Piplapure St Paul’s Girls School

Il existe également de nombreuses instances où l’apprentissage d’une langue peut nous être bénéfique de manière plus inattendue. Comme on doit maîtriser une nouvelle grammaire et une nouvelle syntaxe, on améliorera certainement sa capacité à résoudre des problèmes et à repousser ses limites.

Si ces raisons ne sont toujours pas convaincantes, considérons certains aspects encore plus passionnants de la connaissance d’une autre langue. C’est d’autant plus impressionnant si on l’a apprise en partant de zéro. Nos amis seraient tellement étonnés si on était soudainement capable de commander ses pâtes dans un italien fluide, ou de regarder une série étrangère sur Netflix sans les sous-titres peu fiables. En outre, on pourrait se faire des amis d’autres pays ou on pourrait se lier avec quelqu’un d’autre qui apprend la même langue – et on pourrait avoir une nouvelle façon de parler en secret... L’étude d’une nouvelle langue n’est pas seulement utile, mais aussi très amusante et peut vraiment améliorer ses expériences de la vie quotidienne. Images: Canva


CES CAFÉS MÉRITENT-ILS QUE VOUS Y PASSIEZ DU TEMPS ?

Page 25 | ON Découvre

Écrit par Anna Belinfante

Dans cette critique, je vais examiner cinq cafés à Londres que j’ai visités comme ils deviennent plus célèbres. On verra le type de nourriture servie, la gamme de prix, les avantages et inconvénients et finalement on leur attribuera une note finale. Tout ceci n’est que mon avis donc la seule façon de le confirmer est de visiter les cafés vous-mêmes.

Kin Café Situation : Un café végan sur Foley Street (W1W 6DT). À partir de la gare de London Bridge, prenez la ligne Jubilee jusqu’à Waterloo, où vous changerez de ligne pour la ligne Northern vous arriverez finalement à Goodge Street. À partir de là, c’est une courte marche jusqu’au café (utilisez Google Maps !). Gamme de prix : £8.00-£15.00 par repas (assez cher !) Plats servis : Ce café est plus connu pour son brunch. La nourriture servie alterne entre un porridge avec des bananes, des crêpes végans et des gaufres incroyables. C’est plutôt sucré, mais en ce qui concerne la nourriture salée il y a un « petit déjeuner anglais », une chakchouka, des soupes aux lentilles et du curry aux pois chiches. En plus, vous pouvez ajouter un œuf, du tofu et n’importe quel légume que vous voulez. Mes plats préférés : Les gaufres végans et le petit déjeuner KIN Pour : Les portions sont généreuses La qualité de la nourriture est incroyable Tout est vraiment sain Les serveurs sont très bienveillants Contre : Le café est très petit – donc les tables sont très proches Il est cher Il n’y a pas de tarif étudiant Note finale : 7/10

Source: Canva

Joe & the Juice Situation : Partout où vous pouvez imaginer. C’est très populaire et vaut le coup. Gamme de prix : £3.00 - £10.00 Plats servis : Le café est incroyable, ainsi que les boissons, les sandwiches et les gâteaux. Ses sandwiches incluent des wraps au thon, au poulet et à l’avocat (en abondance !). Mon plat préféré : Le wrap au thon. Pour : Très délicieux Les ingrédients sont très frais Contre : Il n’y a pas de service à table La musique est très forte Note finale : 7/10

Source: Canva


Page 26 | ON Découvre

Jusu Brothers Situation : Un café à base de plantes à Notting Hill (147-149 Westbourne Grove, W11 2RS). À partir de la gare de London Bridge, prenez la ligne Northern jusqu’à Bank et changez pour la ligne Central. Ce n’est ensuite qu’à 11 minutes à pied. En plus, c’est une promenade très pittoresque avec des maisons colorées. Gamme de prix : £12.00-£17.00 par repas. Plats servis : La cuisine japonaise qui utilise des ingrédients sains pour faire des sushis, des smoothies, des salades fraîches, des soupes et des desserts sans sucre. En plus, ce restaurant sert le petit déjeuner toute la journée, qui comprend un porridge, un toast à l’avocat et un granola. Mes plats favoris préférés : Le pokébowl au saumon ou le sandwich aux légumes grillées. Pour : Les repas sont très frais Il y a beaucoup de choix, quelles que soient vos envies Un bon endroit pour étudier Les jus de fruits sont 10/10 ! Contre : Très cher Les serveurs sont peu aimables Les portions sont relativement petites. Source: Canva

Note finale : 8/10

Lantana Café Situation : Ce café australien se trouve dans plusieurs endroits à Londres. Mais un des plus populaires est près de la garde du pont de Londres. C’est à côté de Borough Market (44-46 Southwark St, SE1 1UN). Gamme de prix : £15-£20 Plats servis : Les repas « australiens » comprennent des options plus ou moins saines. Par exemple, il y a des frites d’halloumi, des croquettes de poisson et même quelque chose de plus nourrissant comme un sandwich au steak. En plus, il y a un tas de desserts et la qualité du café est très bonne ! Source: Canva

Mon plat favori : Beignets de maïs au bacon. Pour : La qualité de la nourriture Large gamme d’options : saine et moins saine Contre : Très cher Les portions ne sont pas généreuses Il y a quelques repas qui je pourrais préparer en 2-3 minutes pour la moitié du prix Note finale : 3/10


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Le cœur de la culture française

South Kensington en Grande-Bretagne Écrit par Sasha Eremenko

South Kensington accueille la communauté française depuis le 20ème siècle. L’Institut Français Royaume-Uni a été fondée en 1910 et pendant la première guerre mondiale, beaucoup de réfugiés français se sont installés dans ce quartier de Londres. Aujourd’hui, South Kensington est une scène dynamique de la culture francophone : on peut lire des livres français à la Librairie la Page, regarder des films au cinéma indépendant, le Ciné Lumière, et déguster des plats typiques de la France dans les restaurants français, comme Aubaine ou Margaux !

Institut Français Royaume-Uni Situé dans un immeuble magnifique, l’Institut Français Royaume-Uni aspire à promouvoir la langue et la culture française au public à Londres. L’institut a un cinéma, le Ciné Lumière, et une médiathèque, où les étudiants peuvent utiliser beaucoup des ressources francophones. L’un des plus bien célèbres cinémas indépendants à Londres le Ciné Lumière offre un projet pour les jeunes de moins de 25 ans qui leur permet d’aller au cinéma pour seulement £5. L’Institut a aussi le Café Tangerine, où on peut déguster les pâtisseries ! (Malheureusement, le café est fermé jusqu’à avril 2023).

Librairie La Page Librairie la Page a été fondée en 1978 et fait partie intégrante de l’histoire française en Grande-Bretagne car c’est la plus ancienne librairie française à Londres (selon leur site web). Quand je l’ai visité, j’ai trouvé que la librairie était bien présentée, et, en particulier, j’ai beaucoup aimé les petits résumés des livres, car ils étaient tous écrits à la main ! L’extérieur de la librairie est vraiment vif et il y a beaucoup des entreprises françaises dans la rue, comme la pâtisserie Maitre Choux et la restaurant Cocotte. Je recommande cette librairie à tous ceux qui veulent lire ses livres préférés en français ou découvrir la littérature française contemporaine.


Écrit par Adèle Boillat et Manon Coquoz

Page 28 | ON Découvre

Deux playlists francophones La playlist d'Adèle

La playlist de Manon

Pleurer en musique L'horloge - Les Cowboys fringants

Pleurer en musique Les anges déchus, les gens déçus - Georgio

Souriant et entraînant La fleur aux dents - Joe Dassin

Souriant et entraînant Soleil - Roméo Elvis

Tomber amoureux Hymne à l'amour - Edith Piaf

Tomber amoureux La chanson de Prévert - Serge Gainsbourg

Déclaration d'amour Hautes lumières - Fauve

Déclaration d'amour Amour plastique - Videoclub

Danser toute la nuit Les Démons de Minuit - Images

Danser toute la nuit Aya Nakamura - Baby

Un cœur brisé Dernière danse - Kyo

Un cœur brisé Je suis venu te dire que je m'en vais - Serge Gainsbourg

Un message pour tous Balance ton quoi - Angèle Un slow à la boum J'te l'dis quand même - Patrick Bruel Pour aller au karaoké Belle - Notre Dame de Paris Voyager sans bouger Sous le sunlight des tropiques - Gilbert Montagné La plus belle chanson Les étoiles filantes - Les Cowboys fringants Le vent nous portera - Noir désir Retour en enfance Parle à ma main - Fatal Bazooka

Un message pour tous Ta Reine - Angèle Un slow à la boum Couleur menthe à l'eau - Eddy Mitchell Pour aller au karaoké J't'emmène au vent - Louise Attaque Voyager sans bouger Les Tropiques - La Belle Vie La plus belle chanson Trop beau - Lomepal Retour en enfance Comme des enfants - Cœur de Pirate La chanson française La Bohème - Charles Aznavour

La chanson française La vie en rose - Edith Piaf

écoutez les playlists!


Nous adressons nos meilleurs remerciements aux écrivains, aux photographes, ainsi qu'à toute l'équipe éditoriale pour leur généreuse participation au journal.

Katie-Rose Nandhra

Amika Piplapure

Ella Buckley

Eleanor Whitwam

Sophie Le Meur

Poppy Barton

Ashwin Haynes

Elissa Vinh

Ally Azizi

Sasha Eremenko

Alina Seliverstova

Anna Belinfante

Lucia Goya-Betts

Manon Coquoz

Joni Roberts

Adèle Boillat

Simisola Owoyemi

Anna Dmitriev

Wafa Nasseredine

Maria-Valentina Nandra




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