Actuel 17

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Actuel l’estampe contemporaine

n°17


C o n t i e n t

(3) Kiki Smith (16) Daniel Nassoy (22) Corinne Lepeytre (28) Sylvain Konyali (34) Karol Felix (40) Raúl Velasco (46) Abdelsalam Salem (40) Raúl Velasco (56) Le Salon d’Automne (52) Biennale de Limay

Ont collaboré à l’écriture de ce numéro : Véronique Blondel, Catherine de Braekeleer, Christian Massonnet, Abdelsalam Salem, Sylvie Abélanet, Pablo Flaiszman, Érik Desmazières,Daniel Nassoy, Dagmar Srnenská, José Ruiz Correa, Muriel Baumgartner, Sabine Delahaut, Pierre Guérin, Annie Latrille.

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Kiki Smith En prélude à l’exposition que lui consacre le Centre de la gravure et de l’image imprimée de La Louvière, la revue Actuel a le plaisir de vous proposer un dossier spécial se focalisant sur l’œuvre gravé de l’artiste américaine Kiki Smith. Le travail de Kiki Smith, c’est celui de la chair et des émotions dans une approche à la fois pudique et provocante, intime et universelle. Le corps y incarne les questionnements qui traversent son œuvre : la vulnérabilité, la douleur, l’angoisse de la disparition. La vie et la mort. Il y est question des origines et des peurs ancestrales, de naissance et de renaissance, dans un monde évoquant l’imagerie des contes de fées. Un monde étrange et symbolique où l’animalité en dit long sur notre humanité. Une exploration de la condition humaine où l’artiste construit et déconstruit l’image de la femme pour en révéler toute la complexité. Mais aussi une sensibilité à la nature, comme pour célébrer notre présence au monde. Aussi éphémère soit-elle. Rendez-vous entre chien et loup, à la rencontre d’une artiste qui tend à associer brutalité et beauté.

Actuel est une émanation du groupe Facebook « Parlons Gravure » Comité de sélection : Sabine Delahaut Jean-Michel Uyttersprot Catho Hensmans Comité de rédaction : Jean-Michel Uyttersprot Pascale De Nève © Kiki Smith pour l’estampe en couverture

Pour toutes informations : magazine.actuel@gmail.com www.actueldelestampe.com Éditeur responsable : K1L éditions. Imprimé par la Ciaco, Louvain-la-Neuve, Belgique. Couverture : Tintoretto Gesso 250 g Intérieur : Indigo Tatami Ivoire 135 g Prix de vente : 20 € N° ISSN : 0774-6008 EAN: 9782930980270

Pascale De Nève

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Kiki Smith L’œuvre gravé de Kiki Smith

Kiki Smith n’a jamais eu d’atelier à proprement parler. Son œuvre gravé résulte de collaborations avec des ateliers de gravure et leurs imprimeurs, quelques maisons d’édition et institutions publiques, ainsi qu’avec les universités au sein desquelles elle enseigne et travaille. Son goût pour le travail collectif l’amène, dès la fin des années 70, à rejoindre le collectif d’artistes Colab (Collaborative Projects, Inc.) basé à New York, où elle conçoit des objets et impressions sérigraphiques pour des expositions expérimentales dans des lieux insolites.

Kiki Smith intègre ensuite l’atelier et maison d’édition Universal Limited Art Editions (ULAE), à West Islip, Long Island, où elle réalise sa première estampe Untitled (Hair),1990. Le directeur Bill Goldston et Craig Zammiello, maître imprimeur en lithographie, lithogravure et photogravure, l’entraînent sur des chemins inédits en jouant avec la photocopieuse (Banshee Pearls, 1991), la photographie ou l’usage d’un filtre rouge (Las Animas, 1997). Forte de ces expériences, Kiki Smith se met à dessiner.

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Sa première exposition personnelle à la galerie Pace Wildenstein à New York, en 1994, marque les débuts de sa collaboration avec l’atelier Spring Street Workshop, succursale de la Pace Editions, Inc., New York. Plus récemment, elle y réalise des impressions numériques (Untitled (with wolf), 2001, et Sitting with a Snake, 2007). Le troisième lieu de création marquant pour Kiki Smith est l’atelier de gravure de Felix Harlan et de Carol Weaver, à New York. Depuis 1997, l’artiste y a réalisé plus de 115 éditions d’estampes. Les deux imprimeurs veillent à produire des estampes ambitieuses, souvent issues de projets complexes. Leur compétence et leur expérience en font bien plus que des techniciens, ils prennent une part active au processus créatif. Sous leur impulsion, l’artiste trouve un environnement favorable à la mise en œuvre de ses motivations émotionnelles, se met à l’aquatinte et travaille à partir de spécimens réels ou de photographies d’animaux morts ou empaillés.

En 1997, Kiki Smith décide de créer sa propre maison d’édition, Thirteen Moons. Cette nouvelle phase dans sa carrière lui permet de publier en toute liberté monotypes, livres d’artistes et estampes, et de repousser encore davantage les limites techniques ou de jouer sur les mêmes motifs grace à différents médias. Son attrait pour les livres et sa pratique du livre d’artiste lui donnent l’occasion d’enseigner la fabrication du livre et la reliure au Centre LeRoy Neiman Center for Print Studies, à la Columbia University, un lieu qui encourage l’exploration de nouvelles possibilités techniques grâce à des stages, des résidences d’artistes et des expositions.

En 2001, Kiki Smith commence à faire des multiples en textile en collaboration avec l’atelier Fabric Workshop and Museum, Philadelphia, initiant par là une nouvelle relation d’atelier. En 2003, elle se rend chez James Brown, à Oaxaca, Mexique, pour publier un livre d’artiste, The Blue Feet (2003) et Hunters and Gatherers (2003), portfolio comprenant sept gravures accompagnées de poèmes haïkus écrits par l’écrivaine Susanna Moore. Aujourd’hui, KS travaille simultanément avec trois ou quatre ateliers d’impression, principalement situés à New York ou dans les alentours. Véronique Blondel

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Blue Prints: Wolf Girl. Eau-forte, aquatine et pointé sèche, 1999 (détail). © Kiki Smith & Thirteen Moons – É.R. : Catherine de Braekeleer, 10 rue des Amours 7100 La Louvière – Graphisme : inextenso.be

E X P O S I T ION

05.10.2019 > 23.02.2020

KIKI SMITH

ENTRE CHIEN ET LOUP / IN THE TWILIGHT

10 RUE DES AMOURS B-7100 LA LOUVIÈRE | +32 (0)64 27 87 27 | WWW.CENTREDELAGRAVURE.BE


Kiki Smith Entre chien et loup / In the twilight Cette première exposition de Kiki Smith en Belgique comprend plus de 100 estampes, sculptures, dessins et peinture de 1981 à nos jours. Le titre de l’exposition de Kiki Smith évoque cette heure particulière du passage du jour à la nuit, ce moment où le chien est placé à la garde du bercail et où le loup profite de l’obscurité pour sortir du bois ! Toute l’œuvre de Kiki Smith oscille entre lumière et obscurité, glisse de la quiétude d’une nature apprivoisée à une animalité indomptable pour entrer dans le monde de la nuit, cet instant particulier où plaisir et peur se rejoignent. Par moments, l’artiste nous parle sans tabous de la bestialité qui niche au creux de notre humanité. Elle dévoile nos craintes insondables, ce qui hante le plus profond de notre intimité et que l’on voudrait garder caché.

Mais, en hurlant à la lune, le loup, tout comme Kiki Smith, se relie également à sa force, celle de l’énergie spirituelle et de l’inconscient auquel la connaissance universelle est accessible. Ils entrent tous deux en connexion avec le monde, ses mythes et ses symboles, ainsi qu’avec les lois de la nature. Car l’heure bleue, autre métaphore de cet intervalle incertain entre le jour et la nuit, est aussi réputée la meilleure pour sentir le parfum des fleurs, tout comme pour écouter le chant des oiseaux : dans bon nombre de ses œuvres plus récentes, Kiki Smith tente de capter et de traduire cette symphonie éphémère, allégorie d’un monde où régneraient pour un bref instant la concorde et la sérénité. Catherine de Braekeleer

Les textes sont extraits du catalogue de l’exposition

Kiki Smith - Entre chien et loup/In the twilight

du Centre de la Gravure et de l’Image Imprimée de La Louvière, Belgique.

128 pages, format 210 × 50 mm ( format vertical). Couverture rigide, toilée noire avec vignette en embossage et impression bleue en dorure à chaud. Prix de vente : 20 € Textes de Catherine de Braekeleer, Véronique Blondel et Jean Fremon. 9


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Kiki Smith est née à Nuremberg en 1954 et habite New York depuis 1976. Principalement connue comme sculpteur, elle se consacre aussi à la gravure et à la création de livres d’artistes. Son œuvre témoigne des développements de l’art américain depuis les années 1980. Fille du sculpteur minimaliste Tony Smith, elle s’inscrit en réaction par rapport à la rationalité de l’art conceptuel et du minimalisme pour retrouver et exprimer la charge émotionnelle du corps et de ses attributs à travers une grande liberté de matériaux. En rappelant par certains côtés le travail de l’artiste américaine Louise Bourgeois, elle explore l’imagerie du corps féminin dans ses aspects les plus cachés. Son inspiration se nourrit aussi d’un riche bestiaire largement emprunté au monde imaginaire des contes de fées.

Elle associe la puissance du bronze à des matériaux fragiles, comme le papier sur lequel elle trace des dessins qui ont la finesse et la texture de la peau humaine. Ses sculptures, dessins, estampes et photographies ont été exposés à travers les États-Unis, le Canada et l’Europe, et son œuvre complète plusieurs grandes collections publiques comme celles du Corcoran Museum of Art (Washington, D.C.), du Musée d’Israël (Jérusalem), du Whitney Museum of American Art (New York) et de la Tate Gallery (Londres).

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Œuvres : © Kiki Smith Couverture : Friend, eau-forte et rehauts, 2008, © Galerie Lelong & Co. Page 2 : How I Know I’m Here, linogravure, burin, eau-forte, 1985-2000, photo CGII (Marc Segond) Page 3: Puppets, aquatinte, collage, eau-forte, 1993-1994, photo CGII (Marc Segond) Page 5 : Banshee Pearls, lithographie avec ajouts de feuilles d’aluminium sur papier japonais fait main, 1991, photo Kiki Smith Studio Page 6 : Nocturne, eau-forte, pointe sèche, aquatinte, 2007, photo CGII (Marc Segond) Page 7 : The Blue Feet, eau-forte et pointe sèche, 2003, photo CGII (Marc Segond) Page 8 : Blue Prints, Wolf Girl, eau-forte, aquatinte et pointe sèche, 1999. Photo Kiki Smith Studio – Graphisme : inextenso.be Page 9 : Still, eau-forte, aquatinte et pointe sèche sur Chine collé, 2006, © Galerie Lelong & Co. Page 10 : Out of the Woods, photogravure et typographie, 2002, © Galerie Lelong & Co. Page 11 : Splendid, eau-forte sur Japon, 2002, Photo Kiki Smith Studio Pages 12, 13 : Litter, lithographie en 4 couleurs avec ajouts à la feuille d’aluminium, 1999, © Galerie Lelong & Co. Page 14 : Las animas, photogravure, 1997, photo CGII (Marc Segond) Page 15 : Sitting with a Snake, estampe numérique sur soie, 2007, © Galerie Lelong & Co.

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Daniel NASSOY

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Je découvre la photographie en faisant des clichés de Paris en argentique noir et blanc et en développant moi-même mes photos. Cela se produit alors que je me détache de plus en plus du métier que je pratique à l’époque : l’informatique pour les grandes entreprises. Je découvre, grâce à de nombreuses expositions, des artistes photographes comme Robert Doisneau, Toni Catany, Joel-Peter Witkin, Sarah Moon, ou encore Robert Mapplethorpe.Je me sens enfermé dans ce monde strict et codé des ordinateurs. En 1997, je décide d’abandonner mon métier pour une autre voie, le multimédia, et en 1998, je perfectionne ma technique de la retouche en suivant plusieurs formations. En 2001, je m’inscris à la Maison des artistes comme graphiste-photographe d’art. Depuis ce jour, je travaille comme photographe indépendant et graphiste. Pour mes premiers clichés, j’utilise les méthodes traditionnelles de la photographie noir et blanc, parfois teintée d’une touche de sépia (film 24 x 36, avec virage). Puis je me dirige vers les moyens technologiques modernes (ordinateurs, scan, logiciel Photoshop, grands tirages numériques en labo), avant de passer à la prise de vue numérique pour recréer une vision personnelle du monde, des sensations, des pensées et sentiments. Mon travail évolue au rythme des avancées techniques autour de l’image numérique. Ma trajectoire de « photo’graphiste » commence par la création avec des moyens très simples - quelques lumières, une tenture noire d’un petit théâtre nocturne où j’explore les corps nus masculins. De nombreux modèles se prêtent à ce jeu fantasmatique où l’objectif tend un miroir aux désirs et aux rêves de chacun. Ma recherche photographique est alors purement esthétique. Pendant une dizaine d’années, je vais perfectionner ma technique et aiguiser mon regard. Cette période voit la naissance de ma série  a-PARIS-tions .

C’est dans l’espace d’un véritable décor, tantôt réel, tantôt réinventé, que je déploie mes nus, au terme d’un travail de projection poétique où la magie photo’graphiste donne sa pleine mesure. Je continue d’ajouter au fur et à mesure des rencontres de modèles et d’objets en verre de nouvelles créations pour ma série phare  Homme Objets, en réaction à l’utilisation du corps humain dans la publicité. Cette étape est importante pour moi, car d’une démarche très esthétisante je passe à une démarche revendicative. En 2016, je démarre la série Cartes du corps , où des drapeaux et des cartes de pays sont incrustés dans des corps masculins. La pose adoptée par les modèles donne parfois des clés sur l’acceptation de l’homosexualité dans les pays représentés. Les cartes deviennent alors les veines ou quelquefois les meurtrissures des corps dans lesquels elles se retrouvent incrustées. Cette série présente mon soutien aux combats de tous les jours contre l’homophobie. Depuis 2017, je travaille sur une nouvelle série, Transparences, dont l’objectif est de photographier un ensemble de personnes très différentes pour montrer que tout être humain est beau et peut dévoiler son corps pour l’art. Depuis 2018, je continue mon histoire avec un travail pour la protection de la nature et de l’homme. Avec la vision de celui qui l’engendre, l’artiste, l’enveloppant ainsi et tout au long de sa tâche dans une douce et bénéfique quiétude si propice à l’exercice de son art. Daniel Nassoy

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Page 16 : L’Homme à la rose, photogravure, 30 × 40 cm, 2019 Page 17 : L’Homme à la tête d’anthurium, photogravure, 30 × 40 cm, 2019 Page 18 : L’Homme couché, photogravure, 40 × 30 cm, 2019 Page 18 : L’Homme des sables, photogravure, 40 × 30 cm, 2019 Page 20 : L’Homme arbre, photogravure, 30 × 40 cm, 2019 Page 21 : Dos nu, photogravure, 30 × 40 cm, 2019

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Daniel NASSOY 87, rue Saint-Maur 75011 Paris danielnassoy.com

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Corinne Lepeytre Mes premiers coups de foudre pour l’estampe furent Rembrandt, Goya et Piranèse ; puis, en 2006, au musée Carnavalet, l’exposition « Érik Desmazières, Paris à grands traits ». En complément de cette exposition, le film de Gallix m’a fait découvrir les images de l’atelier de René Tazé et j’ai su que je pousserais un jour les portes d’un atelier de gravure. C’est ainsi qu’en 2012 je suis arrivée à l’atelier des Arquebusiers où j’ai eu la chance de rencontrer Francis Capdeboscq qui m’a transmis le savoir-faire pour différentes techniques de la taille-douce : l’enchantement fut immédiat. J’ai d’abord travaillé l’eau-forte. L’aquatinte venait en complément. Puis l’aquatinte a pris le dessus, pour être enfin l’unique technique. La rencontre avec le travail de Pablo Flaiszman a été déterminante. Elle m’a permis d’« oser » le grand bain de l’aquatinte sur zinc. En parallèle des Arquebusiers, j’ai intégré l’Atelier aux Lilas pour la typographie et l’estampe. C’était l’occasion d’élargir les rencontres artistiques et amicales. La découverte de ces ateliers collectifs fut capitale : infinie richesse du collectif ; j’y ai rencontré des personnalités d’une grande générosité qui font avancer le monde de l’estampe. Et j’ai eu envie de prolonger ces gestes.

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Corinne Lepeytre est née en juillet 1968. Elle vit et travaille à Paris. Son parcours est atypique car, dans une première partie de sa vie professionnelle, elle a exercé dans les services de sociétés commerciales. En 2010, elle arrête cette activité et se consacre aux arts graphiques et à la matière picturale - restauration de tableaux, peinture selon les techniques anciennes, dorure à la feuille, élaboration des icônes -, et elle découvre la gravure. Depuis 2012, elle suit les cours de Paris Ateliers et participe à de nombreuses manifestations expositions collectives de l’estampe.

Repères : Depuis 2016, Salon d’Automne (section gravure). Depuis 2015 : Fête de l’estampe, Charbonnel et Journée de l’estampe contemporaine. 2019 : Pointe et burin, Les bouquinistes dans l’estampe contemporaine (Salon Livres rares Grand Palais), Puls’Art (Le Mans). Membre de l’Atelier aux Lilas pour la typographie et l’estampe www.corinne-lepeytre.fr lepeytre.corinne@free.fr .

Page 22 : 16 Rue Beauregard Paris, aquatinte, 2019 Page 24 : Base sous-marine Bordeaux, aquatinte, 2018 Page 25 : Aux Tuileries Paris, aquatinte, 2018 Page 26 : Arquebusiers Paris, aquatinte, 2019 Page 27 : Balade au fil des toits Paris 2, aquatinte, 2019 Balade au fil des toits Paris, aquatinte, 2019

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Pour Corinne, grande voyageuse, le paysage urbain est un terrain de prédilection, et surtout Paris, parce que c’est là que sont ses racines. Grâce à une grande maîtrise de l’aquatinte, elle promène un regard curieux et érudit à travers cette ville ; elle nous révèle parfois les faces cachées et surtout l’âme des lieux, mystérieuse ou énigmatique. Avec Corinne comme guide, du détail au grand ensemble, à la lumière vive du jour ou dans la pénombre de la nuit, nous découvrons les strates de l’Histoire, les empreintes et traces que les humains ont laissées sur les murs de la ville aux multiples facettes. . Christian Massonnet

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Sylvain Konyali Artiste nomade fasciné par l’autoportrait des centaines de fois recommencé, Sylvain Konyali revient toujours au reflet de son visage, gratté, mordu à l’acide, griffé, effacé,à nouveau mordu, à nouveau gratté. Il y a sûrement dans cette démarche obsessionnelle le souvenir de Rembrandt qui, sa vie durant, a gravé son visage en multipliant les états, les repentirs, les variantes, sans doute entraîné par la fascination de voir ses traits altérés par le temps qui passe. Sylvain Konyali est à l’évidence trop jeune pour que ce soit là le but de l’exercice. Mais l’art de l’estampe a ceci de spécifique qu’il permet de conserver, grâce à l’impression d’états, une image de l’œuvre en devenir, en l’occurrence jamais achevée. Souvent art de la lenteur, la gravure peut être aussi griffure, morsure rapide, et servir une sorte de journal intime graphique qui rend compte des relations avec les proches ou avec des paysages traversés. Car Sylvain Konyali se déplace à travers l’Europe, en Belgique, dans le Massif central, à Marseille, à Madrid, aux Baléares, dans son camion qui devient un atelier de gravure déployable. L’estampe est souvent art de la série - les séries sont innombrables dans l’histoire de ce médium. Sylvain Konyali a bien compris les possibilités de créer ainsi des histoires sans paroles ou de courts textes poétiques en regard d’images gravées et imprimées à la hâte, ou même de textes gravés dans le cuivre. Page 28 : Autopoème, eaux-fortes successives, troisième état, 60 × 80 cm, 2019

Ces productions intimistes sur soi et sur ses proches n’auront pas empêché Sylvain Konyali de s’imprégner de l’air de l’Espagne, de ses musées, et d’y faire de belles découvertes - telle celle de Sofonisba Anguissola (1532-1625), talentueuse portraitiste qui, au cours d’une longue existence, réalisa notamment de nombreux autoportraits et est l’une des très rares femmes artistes dont les œuvres sont accrochées aux cimaises du Prado - ouvrant là un nouveau champ d’exploration et lui offrant de sortir de son face-à-face « format passeport », ainsi qu’il le qualifie, avec lui-même. Érik Desmazières, membre de l’Académie des beaux-arts.

Page 32-33 :Autoportraits sur une plaque de cuivre, pointe-sèche, états successifs, cuivre de 9 × 12,5 cm Chapitre I - Bruxelles Chapitre II - Moselle Chapitre III - Florence Chapitre IV - Issoudun Chapitre V - Madrid Chapitre V bis - Montluçon

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Museo del Prado: Sofonisba Anguissola, burin ( 1er état ), 70 × 85 cm, 2019

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Museo del Prado: Sofonisba Anguissola, burin ( 3e état ), 70 × 85 cm, 2019

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Karol Felix Felix considère l’expression parfaite d’un motif comme principe pictural important. La brillance et la précision de la ligne tracée sont les éléments primordiaux de son œuvre. Il faut y ajouter les couleurs et lumières favorisant l’interprétation de la symbolique des motifs, issus de philosophies et cultures anciennes. Ainsi, Felix exprime non seulement son respect pour les signes et les repères millénaires de l’humanité et de l’histoire, mais aussi pour la richesse de leur monde de pensée. Le courant mythique ou expressif de son travail atteint souvent un haut niveau d’abstraction spirituelle. Le langage contemporain est coupé de son sens et de sa signification originelle et se situe au même niveau que celui des mythologies anciennes.

Les chemins des actions et des actes, de la connaissance et de la sagesse et ceux de la dévotion devraient mener l’homme à la perfection. Karol Felix essaye d’exprimer cette philosophie par l’harmonie des lignes et des formes, ainsi que par le principe de compositions choisies. La couleur et la lumière gardent leur magie et leur intemporalité.

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Tout l’œuvre de Felix respire l’harmonie et l’équilibre. Il s’oriente vers l’intériorité de l’homme. Karol Felix a créé un monde rempli de personnages imaginaires, d’histoires, de mythes, de légendes. Dagmar Srnenská

Karol Felix est né en 1961 à Košice, Il vit et travaille à Nitra, en Slovaquie. http://www.karolfelix.sk


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Page 34 : Interior of Desire, manière noire, 30 × 22 cm, 2011 Page 35 : Base, impression jet d’encre, 82 × 56 cm, 2019 Page 36 : Still Life for Andy Warhol, manière noire, 20 × 15 cm, 1998 Page 37 (de gauche à droite) : Eyes for Magician, manière noire, 22 × 16 cm, 1998 Levitation of Clowns, manière noire, 30 × 22 cm, 2011 First, Second, Third…, manière noire, 10 × 7 cm, 1995 Levitation I, manière noire, 121 × 16 cm, 1995 Pages 38 et 39 : Mother of Pearls, impression jet d’encre, 58 × 79 cm, 2018

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Raúl Velasco D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours peint et dessiné, comme la plupart de ceux qui évoluent dans le monde des traits et des couleurs. Au cours de mon enfance, j’ai passé beaucoup de temps dans l’atelier de l’artiste José Ruiz Correa, où j’ai reçu, très tôt, les bases de ma formation artistique. J’ai poursuivi mes études aux Beaux-Arts de Valence, où j’ai eu l’opportunité de m’ouvrir aux différentes techniques de l’estampe. Peu à peu, j’ai fait le choix de la gravure sur bois comme mon principal moyen d’expression artistique. J’y ai également appris les techniques de la reliure artisanale. Ces deux savoir-faire conjugués m’ont conduit par la suite à la création de livres d’artiste. Je n’ai jamais arrêté cependant de peindre et de dessiner, ce qui a notablement enrichi mon travail de gravure. J’aime laisser les techniques artistiques se croiser et se nourrir mutuellement. La gravure me pose en permanence le défi de trouver le moyen terme entre une expression artistique libre et spontanée et un savoir-faire technique maîtrisé et pointu. L’artiste et l’artisan doivent en effet pouvoir s’y retrouver. La gravure sur bois donne accès, de plus, à un langage graphique particulièrement fort et puissant : elle permet d’explorer les différents types de bois, chacun avec ses caractéristiques, ses veines, ses textures ; elle offre par ailleurs d’incroyables possibilités en matière de superposition de couleurs. C’est dans cette direction que s’orientent mes travaux les plus récents : les différents passages, le jeu des superpositions et des transparences, les relations chromatiques qui se nouent entre les différents éléments constitutifs du tableau final donnent lieu, dans mes gravures, à des estampes riches en nuances. Une certaine complexité technique invite à regarder l’image dans toute sa profondeur, jusqu’à s’y perdre ! Mon œuvre s’appuie sur un imaginaire personnel fondé sur le goût de la poésie, de la littérature et de la musique ; les références à la mythologie et aux symboles y sont nombreuses.

Mes compositions présentent des personnages, des visages, souvent des arbres, des oiseaux, des ruines : elles s’appuient sur des associations d’éléments qui comportent toujours une forte charge de sens, tout en donnant lieu à des interprétations ouvertes. Les différents rapports qu’on peut établir entre les divers éléments de mes gravures suggèrent de multiples histoires et des narrations riches d’imagination et de poésie. Par ailleurs, mes gravures ne sont pas exemptes d’une réflexion sociale et politique, en ce qu’elles prennent en considération la destruction de la nature et la solitude de l’individu dans le monde urbain. À mon arrivée à Paris en 2009, j’ai intégré l’Atelier aux Lilas pour la typographie et l’estampe. Depuis, je participe activement à la gestion et au fonctionnement de l’association. J’ai ainsi été amené à travailler sur des projets collectifs fondés sur le partage et l’échange. Entre autres, avec la graveuse canadienne Sarah Norquay, qui m’a fait partager son savoir-faire en matière de « solarplates » et de photopolymères ; puis avec le collectif L’Un dans l’Autre , avec qui j’ai participé à des résidences artistiques au Bénin en 2012 et à Cuba en 2016, et organisé le spectaculaire projet « Le Rouleau de printemps » aux Lilas : impression de gravures sur bois de grand format, à l’aide d’un rouleau compresseur ; enfin, avec le Kollektiv Tod Verlag de Berlin, avec qui je partage depuis plus de huit ans des projets de livres d’artistes et participe à différents salons à Paris (Salon Pages du livre d’artiste et Bibliophilie), Bruxelles, Barcelone, Hambourg... Impliqué dans les évolutions de la gravure contemporaine, je continue à m’engager dans de nombreux projets et reste ouvert à de nouvelles rencontres. Raúl Velasco

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RaĂşl Velasco 49 bis, rue des Cascades 75020 Paris http://www.estampe-artpopulaire.com/

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Page 40 : Lunaire, gravure sur bois, 65 × 50 cm, 2018 Le Scarabée, gravure sur bois, 65 × 50 cm, 2018 Page 42 : L’Étoile, gravure sur bois, 65 × 50 cm, 2018 Page 44 : (de gauche à droite) La escalera de los sabios, gravure sur bois, 65 × 50 cm, 2018 Racines, gravure sur bois, 65 × 50 cm, 2018 No Borders, gravure sur bois, 65 × 50 cm, 2018 La Rencontre. La nuit tombe, gravure sur bois, 65 × 50 cm, 2018 La Rencontre. La Traversée, gravure sur bois, 65 × 50 cm, 2018 La Rencontre. Ophiura ; La Mémoire et la Mer, gravure sur bois, 65 × 50 cm, 2018 Page 45 : Le Minotaure, gravure sur bois, 50 × 65 cm, 2018

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Abdelsalam Salem

Page 46 : Corosion 1#, aquatinte, 40 × 40 cm, 2017 Page 47 : Accumulation of time 6#, détail, jet d’encre, aquatinte, 2016

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Né en 1977 à Assiout, Abdelsalam Salem vit et travaille à Minia City, en Égypte. Diplômé de diverses facultés dans la spécialisation gravure  et emploi des arts graphiques orientés vers les installations artistiques contemporaines, Salem a travaillé en tant que professeur assistant au département des arts graphiques à la faculté des beaux-arts de l’université de Minia. Son travail a été largement exposé aux niveaux national et international, y compris lors de 8 expositions personnelles et plus de 70 expositions collectives et ateliers. Dans le domaine de la gravure, certaines intentions paraissant d’approche facile se révèlent ardues à la réalisation par manque d’expérience, alors que d’autres, semblant plus compliquées, s’apprivoisent et se comprennent par le fait d’étudier les théories de base. Comme pour la science dans tous ses aspects, l’art de la gravure est obscur pour une grande partie de la population ne connaissant pas ses processus de création, mais s’émerveillant devant le résultat «miraculeux » obtenu. La gravure nécessite une disponibilité particulière qui doit être maintenue par ses pratiquants afin de mettre en lumière les aspects esthétiques de l’œuvre d’art imprimée. Le spectateur pouvant ainsi mieux l’appréhender et la comprendre. Elle joue alors un rôle important dans nos sociétés, en particulier lorsqu’elle soulève des questions liées au contexte politique, culturel, social ou économique. Elle est également un médium artistique qui entretient des relations très particulières avec celui qui la pratique.

Lors de son élaboration, elle échappe parfois au contrôle direct et se dérobe momentanément à l’observation de l’artiste, contrairement aux créations des peintres et des sculpteurs par exemple. Son processus de production reste de ce fait à la fois très critique et non critique. Abdelsalam Salem possède une connaissance approfondie de tous les éléments de base de l’art de la gravure, mais il se concentre particulièrement sur l’expérimentation, toujours en quête de l’effet de surprise, ce qui lui a permis de donner un autre statut à cette discipline dans son pays d’origine. Depuis sa première approche par la découverte du burin, Salem cherche une manière d’exprimer son style de dessin spontané. La variété des techniques traditionnelles le permettant, il crée des techniques innovantes dans un but de simplification de l’image. Abdelsalam travaille dans le souci que ses œuvres laissent une trace exprimant ce qui se passe politiquement et socialement dans son pays. La plupart du temps, ces questions sont un moteur à sa création et au cœur de son travail. Les traces que les révolutions arabes ont laissées sur lui l’amènent à créer des œuvres imprimées sous forme d’installations. Sa capacité à contrôler et adapter en gravure des lignes douces, comme s’il les dessinait sur un papier, et d’arriver à la restitution d’une ligne sensible créant un dessin émotionnel est sa marque. Le travail d’Abdelsalam occupe une place particulière dans le monde des arts égyptiens et arabes. Ses œuvres parlent de son parcours croissant dans le monde de la gravure. https://www.facebook.com/4Printmakingstudio

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Accumulation of time 7#, aquatinte, 50 × 50 cm, 2016 Accumulation of time 5#, aquatinte, 50 × 50 cm, 2016

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Corosion 4#, aquatinte, 40 × 40 cm, 2017 Corosion 5#, aquatinte, 40 × 40 cm, 2017

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Accumulation of time 6#, aquatinte, 50 × 50 cm, 2016

Abdelsalam Salem est un artiste égyptien dont le travail procède du même enthousiasme qui l’anime au quotidien. Dans son œuvre gravé, il joue littéralement avec des « sous-matériaux », que ce soit du linoléum ou du plexiglas. Il naît sous ses gouges un univers géométrique sensible et dynamique dont la composition assoie aussi un sentiment d’équilibre. Abdelsalam Salem possède un sens subtil de la couleur qui donne à son œuvre sérielle une belle élégance et une réelle qualité plastique. Sylvie Abélanet, artiste graveure, Paris, France

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Abdelsalam Salem est un chercheur infatigable d’images. Il crée dans cette série de gravures, grâce à une technique très personnelle et avec le contraste noir et blanc, une harmonie entre les formes géométriques et la liberté des gestes qui nous donne l’impression de toute une palette des couleurs dépliée sur le papier. Graveur inclassable à la recherche de techniques nouvelles, Abdelsalam joue avec toutes les combinaisons possibles afin d’exploiter au maximum tous ses moyens d’expression. C’est un chercheur infatigable d’images avec l’œil de l’artiste qui perçoit les émotions là où la plupart des gens ne voient rien. Pablo Flaiszman, artiste graveur, Argentine


Corosion Art book, aquatinte, 18 × 40 cm, 2017

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Huitième Biennale d’estampe contemporaine de Limay Christine Bouvier, Cécile Marical, Ayda-Su Nuroğlu, Pascale Parrein. Commissaire de l’exposition : Muriel Baumgartner La cellule est la plus petite unité vivante capable de se reproduire de façon autonome, et le corps humain en compte cent mille milliards (1014), en plus d’être colonisé par des organismes unicellulaires (bactéries) dans une proportion une à dix fois supérieure ! Les cellules se développent et prennent vie sur la terre grâce à l’eau. Indispensable à la vie, l’eau symbolise l’origine de toute création, elle est présente dans toutes les phases de l’existence, depuis l’apparition de la vie jusqu’à la mort, et même lors de la putréfaction. L’élément liquide est en cela un lieu de passage, créant un espace intermédiaire d’un monde à l’autre, du monde des vivants au royaume des morts, il est le médium qui permet de faire le voyage, d’aller « de l’autre côté ». La mort est inhérente à la vie. Elle prend dans notre imaginaire de multiples visages, de multiples formes, elle se dessine par nos tentatives égotiques ou spirituelles d’explorer l’inconnu, et ce, malgré nos peurs conscientes ou inconscientes. Dans la mythologie grecque, l’eau parcourt les Enfers dont elle alimente les fleuves : Achéron, le fleuve du chagrin, Styx, le fleuve de la haine, Léthé, le fleuve de l’oubli, Cocyte, le torrent des lamentations, et Phlégéthon, la rivière de flammes. Oui, le fluide peut être feu. C’est dans les profondeurs qu’Hypnos vit près de Léthé. Fils de la nuit et frère jumeau de Thanatos, il nous gouverne en même temps qu’il est vital à notre équilibre. Il sait se changer en oiseau pour endormir les dieux, jusqu’à désigner sur nos tombeaux l’éternel sommeil. Ainsi, il survole notre monde, nous plonge littéralement dans notre inconscient et nous garde la nuit tandis que Thanatos veille quelque part, attendant son heure. C’est peut-être dans ces espaces que la magie des esprits invisibles opère sur nos âmes. En tout cas, des forces habitent notre monde, 52

qu’il soit minéral, végétal, animal ou humain. De là, dans ses croyances, l’homme crée son humanité (terrestre) et son devenir (spirituel). Mais Hypnos est aussi le père de Morphée, initiateur de nos songes, et l’artiste s’en inspire ; en quête d’une puissante mythologie, il travaille à l’écoute de son inconscient et de sa part de rêve. Rêver se veut échapper à la mort. Explorer l’inconnu, n’est-ce pas le territoire de prédilection pour l’artiste ? Aller en soi, se heurter au réel et témoigner de la vulnérabilité des choses, de la fragilité de la condition humaine, crier son regard au monde, et rêver - peut-être - à un monde dégagé de sa noirceur. Dans les gravures présentées pour la Huitième Biennale d’estampe contemporaine, les noirs de l’encre sont le pendant de la transparence de l’eau. Matière mystérieuse surgissant de la nuit des temps, l’eau déploie toutes ses nuances de transparences et de subtilités. Au cœur du vivant, diaphane, le noir et le blanc se jouent des jeux de miroirs, de reflet, de symétrie. Aléatoire, l’eau circule dans le format, calme, imprégnant le papier depuis l’encre du pinceau ou l’encre taille-douce, elle figure sous forme d’ondulations noires émergeant ou enveloppant des formes mi-humaines ou végétales, comme le mouvement d’une chevelure dans l’eau. Elle participe, habite et envahit l’image. Quand l’eau disparaît, tout est pétrifié, fossilisé, et le vivant se fige, les visages sont fantomatiques, les regards lointains et vidés de leur présence si puissante. Que reste-t-il encore de la vie ? Les os ? Pour combien de temps ?


Le flux de l’eau se fait fil conducteur et guide le choix de ces quatre artistes ici rassemblées au centre d’exposition Les Réservoirs. Il s’agit de l’ancien réservoir d’eau de la ville de Limay datant de 1867. La gravure est un discours de l’empreinte à travers lequel chacune témoigne à sa manière du vivant qui façonne notre monde. Ainsi, Christine Bouvier développe un travail autour des notions de temps, de souvenir et d’image, Cécile Marical dédie sa création

à la fragilité de la condition humaine et s’interroge sur la trace d’un « passé qui ne passe pas », Pascale Parrein explore des mondes invisibles à l’œil nu, des « petites choses » microscopiques, et Ayda-Su Nuroğlu établit un dialogue entre l’Orient et l’Occident tout en vagabondant entre l’homme et l’animal. Muriel Baumgartner, juillet 2019 Artiste-enseignante à l’EMAP de Limay

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Christine Bouvier

est née en 1958. Elle se forme en 1975-1976 à l’École supérieure des beaux-arts de Paris dans l’atelier de sculpture de Michel Charpentier. Elle intègre l’atelier de gravure de Pierre Courtin en 1982 et obtient le diplôme en 1986. Elle enseigne en Guadeloupe puis au Musée des Arts décoratifs de Paris, et à l’UFR arts plastiques à l’université Paris 8 et depuis 1999, à l’École supérieure d’art de Cambrai. Elle expose en galerie, musée, théâtre et est représentée par la galerie Mézière. Elle vit et travaille en Île-de-France.

Ayda-Su Nuroğlu

est née en 1982. Elle est diplômée de l’École nationale supérieure de Bourges. Elle se forme aux techniques de la gravure aux Ateliers des beaux-arts de la Ville de Paris pendant neuf ans. En parallèle, elle poursuit ses études avec un master en art-thérapie à l’université de médecine de Tours. Elle fait partie du collectif d’artistes de l’Atelier aux Lilas pour la typographie et l’estampe et de celui des Artistes de Ménilmontant. Elle expose en galerie parisienne et en Turquie, participe régulièrement à des événements à Istanbul et à Izmir. Elle vit et travaille à Paris et Istanbul.

Huitième Biennale d’estampe contemporaine de Limay Les Réservoirs 2, rue des Réservoirs, 78520 Limay 01 30 98 69 02 - 01 34 97 27 03 lesreservoirs@ville-limay.fr

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Pascale Parrein

est née en 1972. Formée à l’École des beaux-arts de Rouen de 1990 à 1992, elle se perfectionne à l’atelier Contrepoint, ancien Atelier 17, à Paris, et à l’étranger dans les ateliers de gravure ou d’édition en Belgique, en Suisse, au Royaume-Uni, en Suède, au Canada, et aux États-Unis. Elle obtient un DEUG en arts visuels à l’université Paris1 Panthéon-Sorbonne (1992-1994). Parallèlement, elle obtient une maîtrise en physique fondamentale et un doctorat en optique de l’université Paris XI. Elle expose en galerie, artothèque et fondation, et participe à de nombreuses biennales à l’étranger. Elle vit et travaille en Auvergne-Rhône-Alpes.

Cécile Marical

est née en 1969. Elle est diplômée de l’École supérieure des arts appliqués et des métiers d’arts de Paris et titulaire d’une maîtrise d’arts plastiques du Centre Saint-Charles, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle a voyagé au Bénin, Islande, Ouzbékistan, Kirghizistan, Mali, Maroc, Inde, Iran, Turquie, Rwanda et va régulièrement au Kurdistan d’Irak. Elle travaille sa création en collaboration avec la compagnie de théâtre Uz et Coutumes de Dalila Boitaud-Mazaudier. Elle expose en CHR, galerie, musée, participe à de nombreux festivals et enseigne à la Maison des Arts Solange-Baudoux de la ville d’Évreux. Elle vit et travaille en Normandie

du 12 septembre au 13 octobre entrée libre le jeudi de 9 h à 11 h et de 14 h à 18 h, le vendredi de 14 h à 18 h, le samedi et le dimanche de 15 h à 18 h, ou sur rendez-vous


Page 53 : Cécile Marical, Après Nyamata, estampe technique libre, 70 × 50 cm, 2014 Page 55 : (de gauche à droite) Cécile Marical, Persona II (détail), estampe technique libre, 40 × 30 cm, 2018 Ayda-Su Nuroğlu, Terra Madre Remix (détail), sérigraphie artisanale sur encres, 74 × 51 cm, 2019 Pascale Parrein, Cellule I (détail), gravure au carborundum, 90 × 70 cm, 2013 Christine Bouvier, Vortex (détail), techniques mixtes (transfert, eau-forte, aquatinte, pointe sèche), 40 × 40 cm, 2014

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10-13 OCTOBRE

CHAMPS-ÉLYSÉES

10 H-19 H

PARIS 8 e

PLACE GEORGES CLEMENCEAU

WWW.SALON-AUTOMNE.COM lelivredart

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© Michel Kirch

SAMEDI 22 H DIMANCHE 18 H


Le Salon d’Automne

se déroulera du 10 au 13 octobre 2019 sur l’avenue des Champs-Élysées. Salon d’art historique, doté d’une renommée internationale, il s’impose comme le rendez-vous incontournable des artistes d’aujourd’hui, issus des cinq continents. Créé en 1903, au Petit Palais à Paris, par quelques amis en réaction à l’académisme régnant, le Salon d’Automne s’est imposé comme acteur et témoin essentiel de l’émergence des plus importants mouvements artistiques du XXe siècle : fauvisme, surréalisme, cubisme, art abstrait, nouvelle figuration... C’est dans les sous-sols du Petit Palais, que quelques amis rassemblés autour de l’architecte Frantz Jourdain, Guimard, Carrière, Desvallières, Bonnard, Rouault, Vallotton, Vuillard, Matisse, et tant d’autres, décidèrent d’organiser une exposition indépendante, dans le but de promouvoir les avant-gardes et les esprits novateurs de leur temps. Depuis le début du XXIe siècle, le Salon d’Automne continue d’offrir un nouveau regard sur la création de son temps, représentée notamment à travers la diversité des médiums, mais également par sa composante internationale très forte, 40 % des artistes exposants venant du monde entier. Le Salon d’Automne s’impose un peu plus chaque année à l’international. En mai 2019, un ensemble de 175 œuvres du Salon d’Automne a été exposé en Chine aux côtés d’une centaine d’œuvres d’artistes de la province de Shaanxi, dans le cadre de l’inauguration du Musée de la jeunesse, au cœur de la future Cité internationale des arts de Xi’an. Le Salon présente également chaque année une sélection de ses artistes au National Art Center de Tokyo. En 2017, le Salon a été invité à participer à la manifestation « Paphos Capitale européenne de la culture », à Chypre. Enfin, des partenariats d’échange ont récemment eu lieu entre les artistes de plusieurs pays en Biélorussie, au Brésil, en Espagne, en Israël, en Égypte, en Arabie saoudite, en Russie, etc.

Le Salon d’Automne est honoré du parrainage de Frédéric Lenoir, déjà engagé dans de nombreuses associations. Frédéric Lenoir est philosophe, sociologue, docteur de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Écrivain, il est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages (essais, romans, contes, encyclopédies) traduits dans une vingtaine de langues et vendus à 7 millions d’exemplaires dans le monde. Il écrit aussi pour le théâtre, la télévision (documentaires) et la bande dessinée. Ses deux premiers romans historiques “La Promesse de l’ange” en 2004 et “L’Oracle della Luna” en 2006 se vendent dans une vingtaine de pays. Ses ouvrages de philosophie existentielle touchent un large public, notamment ceux sur Socrate, Jésus, Bouddha (Fayard), “Petit traité de vie intérieure” (Plon), “L’Âme du monde” (NiL), “Du bonheur, un voyage philosophique” (Fayard) ou son dernier ouvrage consacré au “Miracle Spinoza” (Fayard). En 2016, il fonde l’association SEVE (Savoir être et vivre ensemble), qui forme des animateurs à la pratique d’ateliers de philosophie et de méditation en vue de favoriser le développement de la pensée réflexive chez les enfants et adolescents. En avril 2019, le documentaire de Cécile Denjean « Le Cercle des petits philosophes » raconte cette aventure sur grand écran.

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Le Salon d’Automne Pour sa 116e édition, le Salon d’Automne présentera 870 artistes originaires de 45 pays couvrant les cinq continents. L’exposition du Salon d’Automne est présentée en sections rigoureusement sélectionnées et organisées pour une meilleure lecture des œuvres. En dehors des classements par disciplines – Gravure, Sculpture, Dessin, Photographie, Art digital, Vidéo, Architecture, Art environnemental, Livres d’artistes, – il existe plusieurs sections pour la peinture, définies par leurs tendances picturales (Synthèse, Abstraction, Emergence, Expressionnisme, Figuration subjective, Figures et essais, Mythes et singularité, Convergences). Le Salon d’Automne est une association d’artistes, à but non lucratif, créée en 1903, reconnue d’utilité publique depuis 1920 et soutenue par le ministère de la Culture. Il est présidé depuis 2015 par Sylvie Koechlin, sculpteur. Le Salon d’Automne est géré par un comité d’artistes élus par ses sociétaires, depuis cinq générations. Il est financé à 80 % par les artistes participants et a pour ambition, statutairement, d’encourager et de développer les beaux-arts dans toutes ses manifestations et particulièrement par des expositions tant en France qu’à l’étranger. ` Ponctuant ces quatre journées d’exposition, une programmation culturelle enrichit l’exposition de conférences, tables rondes, concerts, projections de films, auxquels le public est largement convié.

Page 58, de droite à gauche et de haut en bas : Abeille, Abélanet, Barbosa, Baumel, Brun, Kocheshkov, Benca, Bertino, Wang, Caffin, Braun, Boxer, Uyttersprot, Caporaso, Darmon, Capdeboscq, Congost, Zemla, Houbre, Houplain Page 59, de droite à gauche et de haut en bas : De Font-Réaulx, De Leon Lucero, Delahaut, Gendre-Bergère, Gubarev, Gissot, Vavrová, Joffrion, Janĉoviĉ

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EXPOSITION 12.09 - 13.10.2019

HUITIÈME BIENNALE D’ESTAMPE CONTEMPORAINE Christine Bouvier / Cécile Marical / Ayda-Su Nuroğlu / Pascale Parrein Commissaire de l’exposition : Muriel Baumgartner

Les Réservoirs 2r. des réservoirs, F-78520 Limay 01 30 98 69 02 - 01 34 97 27 03 lesreservoirs@ville-limay.fr

www.ville-limay.fr

Entrée libre le jeudi de 9h à 11h et 14h à 18h, le vendredi de 14h à 18h, le samedi et le dimanche de 15h à 18h, ou sur Rendez-vous

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