Actuel n°14

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C o n t i e n t

(4) Baptiste Fompeyrine (10) Andrea Radermacher-Mennicken. (14) Sylvie Coulon (18) Wendelien Schönfeldt (26) Marie-France Bonmariage (30) Jabier Herrero (34) Louise Gros (38) Yassin Chouati (42) Vinça Monadé (46) Gökce Aysun Kaya (50) Hedieh Jafar (54) Un passant (58) Pit Wagner (64) Said Messari (68) Kitchen Litho contest 2016

Ont collaboré à l’écriture de ce numéro : Baptiste Fompeyrine, Andrea Radermacher-Mennicken, Delphine Loiseau, Wendelien Schönfeld, Miguel Mesquita da Cunha, Michel Barzin, Hedieh Jafari, Bernard Talmazan, Christian Bobin, Émilie Aizier, Bernard Minguet, Yassine Chouati, Sabine Delahaut, Vinça Monadé.

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En couverture, Baptiste Fompeyrine L’homme dans le paysage D’où provient ce sentiment feutré qui nous gagne progressivement en observant les œuvres de Baptiste Fompeyrine ? De l’apparente simplicité des formes qui nous ramène à l’imaginaire de l’enfance ? Du velouté des couleurs se posant sur un paysage rêvé où se côtoient douceur et gravité ? Ou de la voluptuosité des corps se mouvant parmi les animaux ? Quoi qu’il en soit, l’homme se retrouve au cœur d’une nature sublimée et intemporelle, qui n’est pas sans rappeler les estampes japonaises. Fantaisie et mélancolie se mêlent dans un voyage mémoriel. Au fond, c’est un monde à portée de main qu’il nous offre… Pascale De Nève

Actuel est une émanation du groupe Facebook « Parlons Gravure ». Comité de sélection : Sabine Delahaut Catho Hensmans Jean-Michel Uyttersprot Comité de rédaction : Jean-Michel Uyttersprot Pascale De Nève Sabine Delahaut Les estampes en 1er, 2e et 4e de couverture sont de Baptiste Fompeyrine

Pour toutes informations : magazine.actuel@gmail.com www.actueldelestampe.com Éditeur responsable : K1l éditions. Imprimé par : la CIACO, Louvain-La-Neuve, Belgique Prix de vente : 20 € N° ISSN : 0774-6008 N° ISBN 978-2-930980-20-1

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Baptiste Fompeyrine C’est Vincenzo Burlizzi, alors enseignant à la fondation il Bisonte à Florence, qui m’a enseigné une technique de trichromie qu’il tenait lui-même de Swietlan Kraczyna qui la lui avait enseignée dans le même atelier, vingt ans plus tôt. Le premier contact avec la technique consiste surtout à faire des exercices d’impression et de combinaisons de couleurs à partir de trois échelles d’aquatinte jaune, rouge, bleue. Ce qui m’a enthousiasmé, c’est la fraîcheur des teintes et la dynamique chromatique particulière que permet la superposition des encres. Après cet apprentissage, j’ai commencé à produire des images avec Vincenzo et sa femme Eriko Kito, tous deux graveurs expérimentés et rompus aux procédés de la gravure en couleur. Toutes mes images ont été produites avec eux en 2017 et 2018 sur les machines de leur maison d’édition BK edizioni.

Leblon, contemporain de Newton, a su tendre trois couleurs à travers le cercle chromatique pour atteindre des vibrations d’une formidable amplitude. Sa façon d’utiliser la couleur peut sembler bien pauvre si on la compare à celle des peintres érudits qui manipulent les raffinements alchimiques des matières colorées dans leurs essences particulières. Son principe n’est en effet pas différent de celui qui permet d’imprimer les affiches publicitaires et les magazines. Mais jouer directement à l’intérieur du moyen de reproduire et en faire un outil de création original est une grande joie ; cela pourrait être aussi le mouvement qui amène tous les fabricants d’estampes actuels à mettre les mains dans les rouages de l’épouvantable machine des images et la remonter à leur guise pour la mener à rêver.

Baptiste Fompeyrine est né en 1989 Il vit et travaille à Lyon et à Paris. www.baptistefompeyrine.com 5


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Pages 2, 3 : Les chasses du roi d’Espagne, eau-forte et pointe sèche, 90 x 125 cm, 2015. Page 4 : Heimweh, eau forte et pointe sèche, 9,5 x 11 cm, 2015. Page 6, 7 : Les cinq amis, Aquatinte et techniques de taille douce sur zinc, 25 x 35 cm, Page 8 : L’heure du coq, Aquatinte et techniques de taille douce sur zinc, 15 x 21,5 cm, 2017. Cierzo, Aquatinte et techniques de taille douce sur zinc, 16,5 x 24,5 cm, 2017. ù pescarù, Aquatinte et techniques de taille douce sur zinc, 21 x 34 cm, 2017. Page 9 : La maison de thé, eau forte, 12,5 x 9,35 cm, 2017 Pages 66, 67 : Le sexe des anges, eau forte, 12,5 x 9,35 cm, 2015.

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Andrea Radermacher

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Mes images gravées, photographiées ou peintes, mes objets et installations thématisent les relations intergénérationnelles. Les recherches reposent sur un postulat élémentaire : relation nécessite communication. Une communication réussie est étroitement liée à la capacité de présentation de soi et à la création de profils attrayants qui peuvent (et doivent) être adaptés au fil du temps. Ce qui compte en première analyse n’est pas tant qui nous sommes vraiment, mais ce que nous voulons être et la manière dont nous sommes perçus par les autres. Je relève en outre que le défi de la présentation de soi s’avère souvent plus difficile pour les personnes âgées. Les évolutions récentes dans les supports de l’échange, en particulier ceux liés aux médias informatiques, amplifient en effet les problèmes de communication de toute une partie de la population « senior » avec le risque de se sentir exclue.

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Ce sentiment me semble en outre s’accentuer chez les femmes qui, vieillissantes, peuvent se trouver d’autant plus  invisibles . Le passage d’une génération à l’autre est un aspect important de notre vie. Pour moi, notre société définit la jeunesse comme une somme de possibilités, de chances, de potentiels ; « le jeune » est assimilé à « l’avenir ». Et, avec l’âge, cette perception bascule du «  potentiel  » vers «  l’accompli  ». L’homme n’est plus jugé par rapport aux voies qui s’ouvrent devant lui, mais en fonction de ses réalisations passées : il est  classé  voire  archivé .

Andrea Radermacher-Mennicken vit et travaille à Raeren, en Belgique. Après un régendat en arts plastiques, elle reprend à 45 ans les études à l’Académie des Beaux-Arts à Liège et termine son master en peinture en 2013, suivi d’un master en gravure en 2015. Expositions dans différentes galeries, centres d’art contemporain et musées : notamment à Liège (Galerie Flux, Biennale de la Gravure…), Bruxelles (Office d’art contemporain), Berlin (Saarländische Galerie), Stavelot (Galerie Triangle Bleu), Darmstadt (Kunstforum der TU Darmstadt), Mainz… www.radermacher-mennicken.com 12

Page10 : ohne Titel (Demut oder Ehre?) n° I d’une série de 4 gravures - eau forte sur 2 plaques de zinc découpées au jet d’eau, encadrées 40 x 30 cm, 2018 Page 11 : n° IV Page12 : Karma (Diptychon) à gauche : bronze d’or et spray acrylique sur papier millimétré - à droite : eau forte avec zinc découpé au jet d’eau et poudre de maquillage, chacune 24 x 18 cm, 2018 Page 13 : vorsätzlich objet : miroir à main, eau forte sur peau de chamois et éponge synthétique, env. 30 x 12 x 2.5 cm, 2018.


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Sylvie Coulon Sylvie Coulon, artiste originaire de la région du Centre, vit à Bruxelles depuis de nombreuses années. Son parcours dans le monde de l’impression commence à l’Académie Royale des Beaux Arts de Bruxelles où elle suit des cours de dessin. Durant mes études de dessin, au détour d’un stage interne au sein de l’atelier de gravure, je découvre avec émerveillement la lithographie et le gaufrage. L’envie d’expérimenter d’autres techniques et de continuer dans cette voie se poursuit dans l’atelier Kasba à Boitsfort, que Sylvie Coulon rejoindra dès ses études terminées. Fraîchement diplômée, elle y découvre l’eau-forte, l’aquatinte, le bois, le lino, la litho… autant de techniques qu’elle exploitera et ne cessera d’approfondir tout au long de son cheminement artistique. Pendant ces sept années à l’atelier “Kasba “, ma technique se diversifie, s’améliore, se bonifie sous les bons conseils de mon mentor JeanPierre Lipit. Ces années seront ponctuées de nombreuses expositions qui mettront en lumière le travail d’une artiste déjà accomplie, des expositions collectives, mais aussi individuelles, au sein de l’atelier Kasba, mais également à la galerie Winance à Tournai, au Centre de la gravure et de l’image imprimée à La Louvière, à Bruges... Cette période voit évoluer le travail imprimé de l’artiste vers des formats de plus en plus grands. Dans ses gravures, se répondent sensibilité dans le choix des couleurs et force du trait, ancrage dans la réalité des personnages et évasion vers l’imaginaire dans l’atmosphère qui émane de

chaque œuvre. Ses créations interpellent par leur sujet, des questions réelles et actuelles se retrouvent au centre de ces images traitées par l’artiste avec une expression saisissante et tout autant de finesse. Une succession de lignes et de motifs rythment les compositions, un jeu graphique qui restera un caractère prédominant de son travail. En 2005, pour des raisons personnelles et assez pragmatiques, elle quitte l’atelier Kasba et se recentre sur sa famille. Elle se consacre alors surtout à l’éducation de sa fille et à son métier d’enseignante. Néanmoins, elle ne boude pas pour autant le monde artistique et réalise notamment des aquarelles, un travail proche de l’illustration, pour le chocolatier Neuhaus. Des personnages originaux et touchants voient le jour sous le pinceau de l’artiste comme un SaintNicolas, un Zwarte Piet… qui évolueront au fil des années dans un style particulier aux couleurs vives. … et je gribouille aussi de temps à autre… Onze années plus tard, essoufflée et asphyxiée par le système scolaire traditionnel, elle démissionne et crée une ASBL. Parmi les activités proposées à Koekelberg, elle ouvre un atelier où elle dispense des cours d’arts plastiques. L’ASBL “ Trolle d’histoires “ grandit et prend part de plus en plus activement à la vie de la commune. Grâce aux besoins et envies de mes élèves, je découvre et expérimente le pastel à l’huile, l’acrylique. Mon travail se réveille timidement. Il y a deux ans j’acquiers une presse et avec elle l’énergie créatrice. Je tâtonne, j’expérimente à nouveau, je rééduque ma technique.  » Je découvre avec amusement la pointe sèche sur Tetra pack. Comment un support si fragile peutil donner un résultat aussi nerveux, incisif ? C’est magique.

Page 14 : Vertige de l’amour, xylogravure, 67 x 126 cm, 3 exemplaires, 2001 Page 16 : Ritunuento, xylogravure, 76x126 cm, 3 exemplaires, 2001 Page 17 : Voltige de l’amour, xylogravure76x126 cm, 3 exemplaires, 2001.

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La personnalité de l’artiste s’épanouit dans ces nouvelles gravures tout en subtilité. Sur ce nouveau support, le trait vif et précis soutient le raffinement des couleurs dans une ambiance mystérieuse, un peu étrange. Le message qui s’en dégage a l’air simple, clair, et pourtant, une impression de gravité est sous-jacente. Dans cette vague créatrice, le bois revient avec ses grands formats. Ce retour est à la fois timide et impatient comme les retrouvailles avec un amant perdu. L’impatience se traduit par le noir et blanc. La couleur est trop exigeante. Je ne suis pas encore prête pour y revenir. Elle demande trop de soin, d’attention, de précision, de temps. Pourtant le noir et blanc a aussi ses exigences. Par son équilibre des pleins et des vides, le moindre coup de gouge déviant est visible, le geste et la ligne ne trichent pas. Dans ces pleins et ces vides, le sujet s’impose naturellement. Je ne réfléchis pas, je me fais plaisir. Le sujet a peu d’importance finalement, c’est l’acte de graver et de sublimer cet acte qui m’importe. Mais le Japon est là, sur ma plaque à graver, dans mon fusain. Mémoire vive de ma fascination pour les geishas, les kimonos, le graphisme épuré des jardins, de la vaisselle...

Au fil de sa démarche artistique, Sylvie Coulon a toujours fait transparaître dans ses œuvres ses émotions, sa personnalité aux multiples facettes, les sujets qui la touchent, voire des sujets sensibles, des messages à déchiffrer entre les lignes, mais son travail fait surtout écho à ce que chacun ressent. Ses gravures sont des miroirs où chacun peut voir se refléter un morceau de vie, un sentiment déjà éprouvé, un souvenir, que ce soit dans l’élégance d’une geisha, la pose alanguie d’un personnage, l’intimité de deux amants, le battement d’ailes d’une libellule ou la beauté d’une branche de cerisier. L’artiste nous fait voyager d’un univers à l’autre tout en gardant ce subtil mélange de puissance et de fragilité. Qu’elle nous propose couleurs ou noir et blanc, l’image sera réalisée avec force, mais aussi teintée de rêverie et de fragilité. Delphine Loiseau

Sylvie Coulon citera à ce propos Vincent Van Gogh qui disait dans une de ces lettres à Théo : j’envie aux Japonais l’extrême netteté qu’ont toutes choses chez eux, leur travail est aussi simple que de respirer et ils font une figure en quelques traits sûrs. La passion de l’artiste pour le Japon est en effet omniprésente dans ses dernières réalisations où on retrouve expression du trait, équilibre du noir et blanc et émotion dans le choix du sujet, même si ce choix n’est plus l’essentiel pour elle, mais plutôt une excuse à sa démarche créatrice qui tend petit à petit vers l’abstraction grâce à la diversité et la finesse des motifs ainsi qu’à ses compositions étonnantes mêlant gros plans et perspective inattendue. Ce qui m’intéresse finalement ce n’est pas le personnage ou l’objet. Je ne cherche pas l’anecdotique même si mon travail est figuratif. J’aime à ce que le regard se perde dans les motifs, les lignes. Qu’il se tienne au bord de l’abstraction. Mais juste au bord... Que le sujet “principal” se dévoile en dernier. Ne rien imposer afin que chacun fasse son propre voyage. Voir, revoir et sans cesse découvrir...  17


Wendelien Schönfeld PRIX DE GRAVURE MARIO AVATI — ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS 2017 Du 6 décembre 2018 au 9 janvier 2019, l’Académie des beaux-arts a consacré une exposition rétrospective à Wendelien Schönfeld, lauréate de la quatrième édition du Prix de Gravure Mario Avati-Académie des beaux-arts. Elle y a présenté une centaine d’oeuvres de ces vingt dernières années. Wendelien Schönfeld travaille aussi bien avec la gouache et le dessin que la sculpture, ces trois médiums venant nourrir les lignes et compositions de ses gravures sur bois en couleurs. La xylographie est un procédé qui lui permet en effet de rendre compte du passage du temps, de la variation des nuances et des teintes qui en découlent : Ce qui me manque parfois en gravure, par rapport au dessin, c’est une certaine spontanéité, mais d’un autre côté, pour s’exprimer énergiquement, on a besoin de stylisation, d’abstraction et là, la gravure est plus forte que le dessin. […] Puis le dessin représente un moment tandis que la gravure permet de combiner différents moments.* L’œuvre de Wendelien Schönfeld est le fruit d’une observation du monde qui l’entoure et qu’elle esquisse sur le vif, sensible à la lumière de chaque instant. Elle parvient à rendre l’atmosphère des lieux, conviant le spectateur à entrer dans son univers à mi-chemin entre la réalité du quotidien et l’onirisme de ses paysages d’été. Ses gravures sur bois sont

www.wendelienschonfeld.nl

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semblables à des fragments de souvenirs teintés de nostalgie, témoignant du quotidien à travers des paysages urbains (périphériques, gares, chantiers…), des personnes en train de travailler — de même l’artiste dans son atelier en train de peindre —, des univers intimes comme des intérieurs de maisons à l’instar de sa série dédiée à l’Hôtel Turgot. Wendelien Schönfeld accorde également une grande place aux pauses estivales où les baigneurs jouent dans l’eau, ses effets de miroir et ses reflets ; ou bien quand l’esprit s’évade dans des manèges équestres ou à travers la fenêtre. Wendelien Schönfeld s’approche au plus près de l’intimité des paysages comme des personnages qu’elle esquisse : Il s’agit pour moi de créer une atmosphère où se fondent le personnage et ce qui l’entoure, la pièce où il est, avec sa lumière particulière. Je fais le portrait de la pièce en même temps que celui de la personne, c’est cela qui m’intéresse ». * L’exposition invitait à découvrir également quelques-unes de ses sculptures en bois. * Extrait de l’entretien de l’artiste avec Virginie Caudron dans le cadre de l’exposition « Chemins de traverse » présentée au Musée du Dessin et de l’estampe originale de Gravelines (7 avril – 16 septembre 2018).


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Wendelien Schönfeld a reçu une éducation artistique classique qui lui permet de choisir entre différentes techniques. L’art graphique, pourtant, court comme un fil rouge à travers sa carrière. Aussi bien dans la sculpture qu’elle pratique en taillant le bois ou en modelant l’argile, que dans la gravure sur bois. Elle ajuste et imprime chaque plaque avec sa couleur dédiée, l’une au-dessus de l’autre, en tirant profit de la transparence de l’encre pour mélanger ainsi les couleurs, tout comme un peintre l’aurait fait. Ses sujets, elle les prend de la vie quotidienne. Son vrai sujet, c’est la différence des points de vue. En imaginant ces différences, elle veut montrer que chaque façon de voir compte. À Amsterdam, elle vit et travaille entourée d’artistes qui échangent, se critiquent, se stimulent. Wendelien Schönfeld est pleinement consciente que son travail se nourrit profondément de ce contexte et de ces liens.

Elle a présenté dans l’exposition les œuvres de quatre artistes qui influencent son œuvre : Marianne Fox Ockinga, Toine Moerbeek, Joanna Quispe et Paul Gorter. Un grand nombre de ses œuvres sont aujourd’hui présentes dans des collections prestigieuses, comme celles du cabinet des arts graphiques du Rijksmuseum d’Amsterdam, de la Fondation Custodia, du Mauritshuis de La Haye et du musée Henriette Polak de Zutphen (dans la province de Gueldre).

Page 19 : Plantage, gravure sur bois, Amsterdam, 24x19 cm, 2018 Pages 21 et 22 : Westland, gravure sur bois, 18x24 cm, 2017 Page 22 : Plage 1, gravure sur bois, 23 x 23 cm, 2017 Page 24 : IJtunnel, gravure sur bois, 33x43 cm, 2013 Page 25 : Mouettes à l’île de Java, gravure sur bois, 19x23 cm, 2001.

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Extraits de l’entretien de l’artiste avec Virginie Caudron, Directrice du musée du Dessin original et de l’estampe, de Gravelines À l’époque de votre formation, vous avez suivi un cours de dessin d’après modèle vivant à la Rijksakademie, dirigé par l’artiste Willem den Ouden. Vous a-t-il encouragé à persévérer ? Selon lui, peindre, c’est dessiner avec de la couleur. Mais mon professeur de sculpture m’a appris à dessiner comme si on faisait une sculpture, en tournant autour du modèle pour en comprendre les formes, un peu comme lorsque l’on parcourt un terrain, un domaine, pour le connaître. Ainsi ma formation artistique a été plutôt classique. Vous citez Vuillard parmi les artistes que vous aimez. Vous dites qu’il vous étonne parce qu’il accepte qu’une composition ne soit pas complètement aboutie. Effectivement, mais si Vuillard accepte une composition qui ne paraît pas « achevée », c’est qu’il tient à saisir l’instantané et il y parvient. Il essaie de « garder toutes les balles en l’air », comme on dit chez nous. Vous pratiquez la gravure en couleurs, en procédant par décomposition des couleurs, chacune utilisant une planche. Combien de planches utilisez-vous en général pour une même feuille ? Au minimum quatre, mais souvent six ou sept. Sur la planche de contreplaqué, je colle un plaquage en poirier. Il peut se graver plus aisément en tous sens. En fait la première planche gravée qui est encrée en noir, sert à rendre possible l’impression du motif non pas sur une feuille de papier, mais sur une planche de bois. Gravée seulement d’un trait de gouge, comme au crayon, cette première planche sert uniquement à permettre le report du tracé général sur les autres planches afin d’obtenir un repère, en vue de la gravure. Le dessin sur cette planche est simplifié, il est gravé en taille blanche (trait blanc et fond noir, donc moins de matière à retirer, et tracé plus fin plus aisé). Le véritable report sur la planche se fait par l’intermédiaire d’une feuille fraîchement encrée, utilisée en guise de matrice qui vient s’imprimer sur le bois vierge. Les planches en noir, c’est-àdire les épreuves sur bois, sont tirées à autant d’exemplaires qu’il y a de planches de couleur. […] J’invente toujours à la presse. C’est sur la

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presse que je réalise des essais de variations de couleurs ou de variations de gravure en utilisant des morceaux de papier découpés pour faire des caches provisoires sur la matrice encrée, et ainsi prévoir les espaces à graver, qui seront en réserve. Je fais ainsi des essais sur la couleur et en même temps je fais évoluer la forme à graver. […] Vous laissez deviner les superpositions de couleurs. C’est une façon de laisser paraître le jeu dans l’image, ce jeu de superposition quand surgit une tache de couleur pure du bleu, du jaune, du rouge…, sur la tête du baigneur de La plage I par exemple. Il s’agit de donner des indices qui dévoilent la construction. C’est une sorte de tissu écossais, avec du bleu partout, mais qui ne se voit pas partout. Oui, la gravure est pour moi comme un tissu, fabriqué avec peu de couleurs, mais qui ont un bon rapport entre elles. Le noir, pour ne pas briser ce rapport, est reconstitué par la succession des couleurs. Grâce à ma presse, le calage est précis. J’ai la possibilité de réaliser plusieurs passages d’une même couleur, ce qui permet d’obtenir telle ou telle nuance de couleur. Vous passez du dessin à la gravure, de la gravure au dessin. Le dessin est immédiat, alors pourquoi recourir à la gravure sur bois, un procédé qui paraît bien laborieux ? Ce qui me manque parfois en gravure, par rapport au dessin, c’est une certaine spontanéité, mais d’un autre côté, pour s’exprimer énergiquement on a besoin de stylisation, d’abstraction et là la gravure est plus forte que le dessin. Celui-ci est trop proche de l’artiste et ne fait souvent qu’enregistrer. Toutefois, c’est vrai qu’il peut être très personnel, comme une écriture. Puis le dessin représente un moment tandis que la gravure permet de combiner différents moments. Lorsqu’on regarde un dessin, on sent la présence de l’artiste, on est comme au-dessus de son épaule tandis que dans la gravure il n’y a que ce que l’artiste a voulu : l’intention, la vision, sont plus claires. La sensibilité est moins manifeste, mais la vision plus claire.


Dans votre atelier, on rencontre aussi des personnages sculptés. Comment êtesvous parvenue à la pratique de la sculpture polychrome ? On m’avait dit pendant mes années d’étude que je n’étais pas faite pour la sculpture ! Mais un jour je me suis mise à sculpter, pour faire un cadeau. En sculptant, j’ai oublié l’heure, j’étais fascinée par ce que je faisais. Et à un moment, j’ai décidé de colorer la sculpture, avec un jus d’acrylique, pour mieux la voir. Voilà comment j’ai commencé à sculpter. Puis j’ai découvert les sculptures en bois peint de l’Allemand Stephan Balkenhol, que j’apprécie beaucoup ; j’y retrouve l’intérêt que je porte aux gens « ordinaires ». Je sculpte le bois de tilleul ou de chêne. Le tilleul reçoit bien la gouge, il accroche, mais il est doux, tandis que la gouge fait sauter les morceaux de chêne. Pour les portraits vous avez besoin de ressentir une certaine empathie, d’établir une relation, de passer du temps avec le modèle. La notion de rencontre compte-telle davantage pour vous que celle de ressemblance ? Il faut parcourir un corps, et en sentir la tension, comme il faut réagir à un événement qui nous touche, ne pas rester inerte. Beaucoup de moments se superposent dans un portrait, c’est une synthèse et en cela le portrait dessiné diffère de la photographie. Différents moments se superposent : c’est cent regards, tandis que la photo c’est un seul instant arrêté. […] Chaque gravure de la série Hôtel Turgot présente un membre de l’équipe de la Fondation Custodia dans son espace de travail. Est-ce que le monde du travail vous inspire particulièrement ? Il s’agit pour moi de créer une atmosphère où se fondent le personnage et ce qui l’entoure, la pièce où il est, avec sa lumière particulière. Je fais le portrait de la pièce en même temps que celui de la personne, c’est cela qui m’intéresse, non ce que cette personne est en train de faire. Même quand le modèle prend la pose, il n’est jamais complètement immobile et je multiplie les dessins. Je veille à ce qu’un portrait exprime un léger mouvement en conservant

une sorte de flou, ce qu’on appelle un bougé dans une photographie. Le portrait résulte de l’accumulation des moments d’une rencontre, que je recompose, et la synthèse résulte des légers décalages du motif, dessinés sur chacune des plaques. Face à la réalité, vous dites vouloir échapper aux habitudes, et renouveler votre vision autant qu’il est possible de le faire. On a tendance aujourd’hui à dire du mal des artistes qui restent attachés à la réalité, mais je ne vois guère ce qui peut nourrir la sensibilité si ce n’est quelque chose qui est en dehors de soi. Même pour essayer de faire remonter les souvenirs, il faut réagir sur le motif avec tous ses sens en alerte. C’est comme quand on joue au

tennis : la réalité n’arrête pas de te lancer des balles et pour les saisir au vol, tu dois te servir de tous tes sens. Vous avez été lauréate en 2017 du prix de gravure Mario Avati — Académie des beauxarts. Est-ce que cela vous a touchée ? Ce serait vraiment prétentieux de dire que cet honneur ne m’a pas touchée. Apprendre que quelque part où l’on ne connaît pas tes gravures, un jury a ouvert ton dossier et décidé de te donner un prix, c’est bouleversant. Et c’est ce qui a fait qu’on m’a demandé ensuite de me joindre à une exposition de la Société des Peintres-Graveurs, à Paris, et que j’aurai une exposition en décembre, Quai Conti. J’ajoute qu’en Hollande, le fait que j’ai eu ce prix a été très bien perçu. 25


Marie-France Bonmariage

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En voyant et revoyant vos œuvres, leur intensité continue de me toucher — ou plus exactement, leur singulière alliance d’une instance, presque d’une urgence du propos, avec la légèreté et le délié du trait. Comme si vous évoquiez une intime gravité sous les dehors d’une lutine insouciance, des enjeux vitaux sous l’apparence des baguenaudes quotidiennes.

Notes des cordes, Marie-France Bonmariage tire des traits sur le papier. Elle les répète doucement, avec rigueur, pour que la note, la couleur, la partition deviennent sonores. Concerto ou symphonie douce. Par vagues tendres Les ondulations que vous dépeignez sont- comme un ventre. Par effacements, par touches elles organiques ou musicales, reflets de légères, par renversements, juxtapositions, comme quelqu’expérience de physique des hautes la musique répétitive de Steve Reich, énergies ou d’un électrocardiogramme de l’émoi ? elle compose. Tout, dans ces chansons lumineuses, Qu’importe, tant qu’elles enseignent que sous existe avec force vu qu’elle aime la vie et le l’impermanence du relevé se love la persistance montre sans cesse. La nature est forte. de la réalité… Marie-France Bonmariage parle d’humanité à l’humanité. Servus,

Miguel Mesquita da Cunha Michel Barzin

www.quai4.be/artistes www.cultureplus.be/Accueil.htm Page 26 : Soies bleues monotype lithographique, 41 X 32 cm, 2017 Pages 28 et 29 : Dans la mer, 12 Variations au départ d’une même pierre, 56 X 48 cm, 2018

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Résidence au centre flamand Frans Masereel à Kasterlee. Workshop et exposition au Portugal, à Vila Nova de Cerveira ; en Espagne à l’atelier Litografia vina à Gijon ; en Belgique à la fondation Rops. Participation aux projets d’échanges « Dialogue gravé » en Belgique, au Vietnam et au Maroc. Représente la Belgique lors de la 8e Triennale de l’art imprimé contemporain au Musée des Beaux arts du Locle en Suisse. 28


Marie-France Bonmariage vit à Liège (Belgique) Lithographe et professeur d’arts plastiques. Membre de La Nouvelle Poupée d’Encre - Prix de la gravure et de l’image imprimée de la Communauté française de Belgique Wallonie-Bruxelles en 2002 - Prix de technique traditionnelle au 4e concours de gravures et d’images imprimées à Marchin en 1999. Exposition en Allemagne, Brésil, Belgique, Chine, Danemark, Espagne, France, Hollande, Luxembourg, Maroc, Pays-Bas, Portugal, Serbie, Suisse, Québec, Vietnam… Instagram : mariefrancebonmariage 29


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Jabier Herrero est né en 1965 et vit à Llodio, au Pays basque espagnol. Il est difficile d’appréhender le monde graphique de Jabier Herrero, compte tenu de l’emploi constant de techniques mixtes au sein d’une même œuvre. Sa capacité à les marier entre elles fait partie d’un langage auquel il nous a habitués. Dans chacune de ses gravures, il a recours aux techniques classiques : eau-forte, xylogravure, lithographie, qui côtoient des techniques plus contemporaines, comme la sérigraphie ou encore l’impression digitale, par petites touches. Dans cette approche complexe, l’utilisation du collage est également très fréquente. Chaque gravure est la somme de toutes ces techniques. Ces procédés expérimentés sur vingt années de création ne paraissent pas être l’objectif de l’artiste, qui serait plutôt l’utilisation d’un langage propre pour narrer une histoire ouverte et inachevée qui se déroule en continu, et composer elle-même d’autres petites histoires. Plusieurs interprétations sont, dès lors, possibles. Ces dernières années, l’œuvre de Jabier Herrero a évolué dans la même direction, ce qui explique l’identification facile de ses gravures, peintures et sculptures. Ses personnages statiques, simples et silencieux, nous ont laissé cette empreinte délicate, dominée par la maturité de son langage. Dans son travail, deux références claires ne peuvent nous échapper : d’un côté la coexistence de plusieurs hommes en un seul, ce que nous appelons dans la littérature : “ hétéronyme “ (c’est-à-dire une seule personne qui en représente plusieurs), parce que l’âme

est unique, mais la pensée, multiple et ouverte aux autres ; de l’autre côté, nous remarquons comment son œuvre se construit autour d’histoires fragmentées, de faits irréels, de moments et de situations tirées de rêves ou d’expériences personnelles (autobiographiques) de l’artiste. Parfois, il nous donne l’impression de rencontrer des autoportraits successifs évoluant dans des paysages et des espaces fantasmagoriques ; à ce moment précis, les œuvres atteignent une dimension quasiment mystique. Cependant, nous ne pouvons affirmer que l’ensemble de ses créations gravées et sculptées sont belles ni que l’artiste semble faire un effort pour atteindre un idéal esthétique. Son œuvre, malgré sa maîtrise des techniques de peinture et de gravure, nous emmène dans un monde sans concessions ; elle nous invite constamment à un effort de décryptage et nous pousse à nous demander si nous n’en sommes pas nous-mêmes les protagonistes. Elle est constellée de signes, lettres, chiffres et marques répétitives ; elle est un hommage à la poésie, un langage codifié qui nous apporte les clefs pour comprendre l’artiste et son univers. Après deux décennies de créations figuratives, l’artiste entame à présent une nouvelle réflexion et de nouvelles recherches avec l’apparition de compositions abstraites et géométriques, en rupture avec ses créations antérieures. Le thème ou le titre « Que no lo vean mis ojos », « Que mes yeux ne le voient pas », ouvre un nouveau chemin et une autre direction à laquelle l’artiste semble vouloir résister, en gardant le lien et la connexion avec les créations du passé, en restant fidèle à son univers chromatique et son graphisme. Mais il bouscule finalement tout pour nous surprendre avec un nouveau langage poétique et une réflexion sincère.

www.euskalnet.net/jabierareta

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Page 30 : Fragmentos de una conversación infinita I. diamètre: 58 cmO, gravure et collage Page 32 : Suposición razonada 3. 60x60cm, gravure et collage, 2018 Page 33 : Suposición razonada 4. 60x60 cm, gravure et collage, 2018 Razonamiento reductible 3. 36x36 cm, gravure et collage, 2018

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Louise Gros Corps et âme Sur le travail de Louise Gros Louise anime le cuivre, la pierre, le papier avec autant d’enthousiasme que de talent. Son trait est sensible, son geste est posé. Elle aime ces techniques d’impression, car elles allient force et douceur, intimité et partage. La force physique nécessaire à la préparation de la pierre ou de la planche conjuguée à la douceur des surfaces à couvrir. L’intimité des sujets et des thèmes représentés liée au partage des procédés. Elle puisera son inspiration dans la poésie, l’écriture, mais aussi sur les chemins qui l’ont conduite dans différents ateliers en Belgique, au Canada ou en France. Dans ces entrelacs de corps où les membres, bras et jambes, se nouent telle la racine à la terre, où les respirations semblent s’entre-alimenter comme la feuille au soleil, où la rugosité des cuirs se fond dans la douceur d’un épiderme à l’instar de l’écorce à l’arbre, on sent battre le pouls dans les veines encrées de ses éditions. La lettre en surimpression résonne au dessin, comme un souhait de verbaliser le charnel. La typographie, en soutien au trait, renforce la beauté graphique qui émane de ses compositions. Le cadrage serré souligne l’introspection. Louise ne nous propose rien de moins qu’une utopique osmose entre les êtres, corps et âme. La technique est maîtrisée, le plaisir de l’exécution parfaite est visible, qui ne dénature jamais la spontanéité ni la fraîcheur. Les noirs et les blancs trouvent leur équilibre, les masses et les vides se comblent. Tel Narcisse, l’être couché sur le papier se métamorphose ensuite en voluptueuses fleurs, où l’on retrouve les mêmes élans charnels, les mêmes désirs de fusion, mais où le regard doit accomplir un travail confidentiel pour se réapproprier les passions.

Page 35 : “Elle s’était ajustée à ses manières brusques et égoïstes, les acceptant même comme contrepartie de tous ces autres moments où il se montrait généreux et fascinant“, lithographie - 2016 Page 36 : “Chaque homme était moi-même, mais isolé, temporairement, dans son écorce particulière“, aquatinte et dessin à l’eau forte 12 x 23 cm, 2018 Page 37 : “Il faut beaucoup de silence pour entendre l’arbre“, aquatinte et dessin à l’eau forte 12 x 23 cm, 2018.

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Née en France, Louise Gros a étudié la peinture et les techniques d’impression artistique aux écoles Saint-Luc de Liège. Après avoir intégré différents ateliers autogérés (le PCP de Saint-Nazaire, l’Atelier Circulaire de Montréal, et de manière plus ponctuelle les ateliers Open Studio, Engramme et GroundZero Printmakers Society), elle est aujourd’hui membre de l’Atelier aux Lilas pour la Typographie et l’Estampe, aux abords de Paris. www.louisegros-gravure.jimdo.com.

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Yassine chouati Estoy respirando bajo el agua Ce projet artistique s’intitule Je respire sous l’eau, phrase tirée d’une chanson d’Abdel Hamid Hafiz dans laquelle il est dit que l’amour romantique crée un parallèle avec le naufrage. Dans cette série d’œuvres graphiques, j’entends créer un récit qui unit deux personnages dans leur combat pour un amour platonique envers un “autre rivage” rêvé. Ces pensées et expériences sont capturées à travers des phrases décontextualisées de la chanson susmentionnée d’Abdel Hamid Hafiz. De manière poétique, j’essaie de distancer le lien entre le désastre et l’immigration et les chiffres fournis par les médias afin de lui donner une tournure plus proche des sentiments et des expériences personnelles. Mettre en relief le visage et la bande-son de cette histoire nous aide à réfléchir au rôle que nous prenons face au massacre perpétré en Méditerranée, transformant l’œuvre graphique en prétexte pour produire une métaphore visuelle de l’expérience de déracinement et de désorientation que subit l’individu expatrié. Mon intention avec ce projet est de modifier l’idée de narration visuelle en tant que processus logique pour provoquer un exercice participatif où le spectateur est confronté à deux niveaux de lecture, “fondamental” et “profond”. La première lecture serait limitée aux aspects formels du travail graphique présenté, tandis que la seconde serait liée au sens et à l’élaboration d’un discours personnel ouvert à de multiples interprétations et lectures. En tant qu’artiste expatrié, je considère cet usage du langage codifié que je propose dans cet ouvrage comme un symbole de l’existence de l’exil et une réflexion qui cristallise le plus pur de la condition humaine. Yassine Chouati

www.yassinechouati.com Page 38, 40, 41 : Estoy respirando bajo el agua ‫ ء‬Œuvre constituée de 12 pièces, sérigraphies sur papier, 38 x 26 cm, composition variable.

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Page 42, 44 et 45 : Couleurs des champs, aquatinte, deux plaques, deux passages, 50 x 65 cm, 2018.

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Vinça Monadé

Professeur d’Art en DMA-céramique à l’école du Gué à Tresmes. À l’enseignement et à son rôle de transmission s’ajoute un travail personnel de plasticienne. Vinça a débuté son apprentissage par des études de graphisme, puis elle a étudié dans l’atelier d’Amore aux Beaux Arts de Paris. Elle achève ses études par une licence d’Histoire de l’art et découvre avec passion l’art du Moyen Âge et les primitifs italiens. Vinça Monadé s’intéresse ensuite à la sérigraphie et fréquente l’atelier parisien de Jérôme Arcay. Cette technique deviendra un mode d’expression privilégié. C’est plus tardivement qu’elle se tourne vers la gravure et la technique de l’aquatinte. Par sa légèreté, sa blancheur, son intemporalité, le papier est le meilleur véhicule, sur lequel elle dessine, grave ou sérigraphie. Elle mélange souvent les techniques. Vinça Monadé expose ses estampes dans différentes galeries en France et à l’étranger et collabore régulièrement avec l’éditeur et graveur Rémy Bucciali. Vinça Monadé a publié plusieurs livres d’artistes aux Éditions « L’œil pour l’œil » et aux Éditions Chatoyantes

www.vinca-monade.com

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GÖKCE AYSUN KAYA

Gökçe Aysun KAYA Né en 1976 à Ankara. Elle est diplômée du département de gravure de l’Université Anadolu en 2006 et a obtenu son diplôme de maîtrise au département de gravure en 2012 de l’institut des beaux-arts de l’université Anadolu. Elle a commencé à enseigner à la faculté des beaux-arts de l’université de Balıkesir au département de Printmak.

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Page 46 : Untittled V, photogravure, eau-forte, 35 x 50 cm, 2018. Page 47 : série Rüzga, photogravure, eau-forte, 50 x 70 cm, 2017 Page 48 et 49 : Untittled VII, photogravure, eau-forte, 30 x 70 cm, 2018.

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Hedieh Jafari Je suis née en Iran, j’y ai grandi et vis toujours dans la capitale, Téhéran. Au cours des dernières années, je me suis entièrement consacrée aux techniques de gravure, et particulièrement à la manière noire bien qu’ayant acquis une certaine expérience dans d’autres techniques telles que la gravure à l’eau-forte, l’aquatinte, la pointe sèche… Avec l’évolution de la science et de la technologie, l’homme a surexploité l’environnement, ce qui l’a éloigné de la nature. Cette préoccupation est la source principale de mon travail. Le développement de l’industrialisation a un effet paradoxal sur la société actuelle. Il rend la vie plus facile dans les vies urbaines et modernes, mais, dans le même temps, endommage les ressources naturelles et l’environnement, ce qui cause un tort irremplaçable à toutes les créatures, y compris les êtres humains. Cet aspect dommageable rend la vie sur terre de plus en plus compliquée et à terme impossible. Avec cette série de manières noires, j’ai transformé une scène transitoire et momentanée en un lieu de silence. Ces images semblent avoir une nature intemporelle, elles habitent entre le passé et les événements futurs qui peuvent se produire à tout moment. Atmosphères froides et grises dans des soussols créés par l’homme ; atmosphères chargées de peur, de menace et de danger, que l’on pourrait contempler silencieusement. Il semble que nous observions notre propre brutalité tout en détruisant toutes les créatures de la terre. Hedieh Jafari Page 50 : Hazard, manière noire et pointe sèche, 20 x 29 cm, papier 28 x 38 cm, 2017 Page 51 : Sans titre, manière noire et pointe sèche, 10 x 15 cm, papier 20 x 25 cm, 2018 Page 52 et 53 : Sans titre,, manière noire et pointe sèche, 20 x 31 cm, papier 31 x 41 cm, 2017..

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www.unpassant2.ultra-book.com www.facebook.com/unpassantgraveur

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un passant Un passant. On ne peut choisir meilleur pseudonyme pour exprimer la modestie, la retenue et presque l’anonymat de cet acte follement audacieux de « créer » et le caractère éphémère, fugitif et passager des choses. Et il y a une parfaite concordance entre son nom, réponse d’Ulysse au cyclope et son travail, dont la discrétion passerait inaperçue si nous ne nous arrêtions pas. En passant. Ses traits d’encre écrivent le monde, la vie, la beauté simple, fragile et palpitante sans en figer les métamorphoses. Un passant effleure le métal, le griffe presque par inadvertance, suggère le rythme, le souffle. Tout est dans l’effleurement du geste, dans l’affleurement des formes, rendues visibles pour un instant furtif. Si la Gravure est le plus souvent l’art des visions nocturnes, des noirs, des apparitions émergeant de l’obscurité profonde, lui nous donne à voir la splendeur nue et la lumière du papier, où passe le flux d’une vie qui se cherche et de formes prêtes à éclore, mais encore indéterminées, ouvertes à toutes les possibilités et vibrantes dans le soleil. L’imperceptible de la nature y rejoint l’indicible de l’homme. Humblement, le graveur et lithographe semble se refuser à compter plus que le brin d’herbe pour lequel il témoigne.

« À la question que faites-vous dans la vie, voilà ce que j’aimerais répondre, voilà ce que je n’ose répondre : je fais du tout petit, je témoigne pour un brin d’herbe »

Christian Bobin

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Page 54 : Sans titre, pointe sèche sur pvc, 15 x 15,5 cm, 2016. Page 55 : Sans titre, monotype, 9 x 37,5 cm 2016. Page 56 : Sans titre, lithographie, 12,5 x 26,5 cm, 10 exemplaires, 2016. Page 57 : Sans titre, lithographie, 37,5 x 33,3 cm, 10 exemplaires, 2016.

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Pit Wagner

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Le graveur, peintre et illustrateur Pit Wagner a fait ses études artistiques de 1976 à 79 à la Rietveld Academie Amsterdam (illustration et graphic design). Présent sur de nombreuses scènes culturelles, il compte à son actif des illustrations pour musées, livres et magazines ainsi que la création de 12 timbres pour la poste luxembourgeoise. La publication de deux livres de dessins d’audience lui a valu le Luxembourg Design Award 2017. Il a participé à la 6th Guanlan International Print Biennial 2017 (CN). Pit Wagner vit et travaille à Ettelbruck (L) Du 19.01 au 17.02. 2019 il expose à la galerie Espace Beau Site à Arlon (B) dans le cadre de l’exposition “Énergies douces “ Pit Wagner découvre l’estampe dans les ateliers de la Gerrit Rietveld Academie Amsterdam où il s’amuse à fabriquer des vernis et à expérimenter avec des mordants et des papiers. Ce n’est que beaucoup plus tard, en 1995, qu’il commencera à s’immerger sérieusement dans le monde de la gravure.

d’histoires qui maîtrise la langue et jongle avec la parole. S’il est utile de connaître les procédés techniques pour comprendre la démarche de l’artiste, la magie de la gravure reste souvent abstraite pour les non-initiés. On risque de se perdre dans les explications techniques et de négliger l’image et ce qu’elle exprime.

“ Jouer est une activité sérieuse, c’est connu. Les musiciens et les comédiens ont le privilège que le mot Jeu définit leur travail. Le graveur par contre travaille dans son atelier. Il pourrait jouer ses matrices et leur impression comme on joue de la trompette ! La rigueur technique impose aux estampistes un corset qui peut être neutralisé par la maîtrise des gammes. L’improvisation génère des associations et des trouvailles qui font respirer les images.”

En 2003, Pit rejoint le collectif de graveurs Empreinte atelier de gravure  au Luxembourg, où il contribue à faire avancer la diffusion et la reconnaissance de l’estampe. Les échanges avec des structures d’art graphique à travers le monde font de cet atelier une plaque tournante à l’échelle du pays. Dessinateur chevronné, Pit Wagner utilise la gravure comme outil pour créer des images d’un autre genre. Parmi les procédés de la taille douce, la technique dite « au sucre » est celle qui s’impose dès le début, car elle permet de dessiner sur la matrice avec plumes et pinceaux, presque comme avec l’encre de Chine sur papier, et elle se prête à la spontanéité du geste et au traitement fluide des lignes et des surfaces. Très à l’aise avec ses outils et ses matériaux, il aime parler en images, tel un conteur

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Page 58 : Crossover 7, 42x32 cm, Transfert, aquatinte, eau forte, pointe sèche, deux plaques, 2016 Page 59 : Cozmic 3, 25x20 cm, Sucre, aquatinte, rouleau, 2012 Page 60 : Light & Shadow, Sucre, aquatinte, eau forte, vernis mou, rouleau, 50x40 cm, 2011 Pages 62 et 63:Dérive 3, 56x76 cm, Transfert, eau forte, aquatinte, pointe sèche, deux plaques, 2016.

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Dans son travail, Pit Wagner accepte volontiers l’interférence du hasard. Les nombreuses étapes de la création des matrices invitent des imprévus qui génèrent, à leur tour, de belles découvertes pour ceux qui savent les reconnaître. Pour éviter l’ennui, la commodité et le piège de l’autoplagiat, Pit aime expérimenter. Il découvre le transfert de photocopies au toner, puis l’impression numérique et il introduit la photographie dans son répertoire de graveur. L’association du numérique au dessin et à l’estampe classique est pour lui une aventure. Pit Wagner pratique la gravure par phases. Chaque phase fait naître une série qui a son propre caractère. Parfois une série fait référence à une phase antérieure ou en présage une autre qui est en gestation. Il arrive qu’une série se superpose et se mélange à une autre. S’il s’éloigne souvent des bacs de mordants et des presses pendant des mois pour créer d’autres images, et pour suivre d’autres projets, Pit Wagner y revient toujours avec un nouvel élan. Les séries : CERCLES ZEN (2011-12) Inspirées par l’esprit zen et le cercle Enso japonais, ces images ne racontent rien, ou presque rien. C’est leur essence. Le cercle est un symbole spirituel et exprime le vide, la simplicité, la force, l’harmonie, une forme méditative capable d’induire une transe. Des énergies cosmiques entrent dans l’esprit de ces estampes souvent tranquilles. “Light & Shadow “ joue avec le double sens du mot “ light “, lumière - léger. CROSSOVER (2012-16) L’ambiance de ces images est aux antipodes des cercles zen. Des explosions d’énergie, des forces antagonistes luttent pour former une

image équilibrée. Un cross-over visuel, à la traversée de ponts, de chemins et d’éléments sans définition, des formes entrecroisées, rythmées, gestuelles… Le titre de la série s’inspire autant du visuel que du croisement de la multitude des techniques, vernis mou, sucre, aquatinte, burins, roulettes, pointe sèche et morsure à blanc. « Crossover 7 et 8 » sont des gravures de transition, des impressions de chantier, un jeu de structures architecturales et de formes géométriques. Impressions numériques associées aux procédés classiques, elles imposent une rigueur technique en accord avec le sujet très graphique, austère et sobre. DÉRIVES ET ATELIERS (2016-18) Les “ Dérives “ se penchent sur des espaces de production et d’administration où des traces d’activités passées laissent une impression d’exode. Dans une ambiance d’abandon règne la mélancolie, une solitude mystérieuse avec une lueur d’espoir. L’amalgame de la photographie avec les techniques classiques de la gravure génère l’illusion d’une réalité documentaire. À l’opposition des “ Dérives “, les “ Ateliers” ne sont pas délaissés, ils évoquent l’activité, la présence, le potentiel des espaces créatifs. La lumière, le clair-obscur, les reflets, les contrastes jouent un rôle central et guident l’œil de l’observateur dans sa lecture de la scène.

www.pitwagner.lu https://www.facebook.com/lepus.haze

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Said Messari Said Messar

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Page 64 : Communication transméditerranéenne III, 105 x 75 cm. /Madrid 2006 Plaques offset traitées au sulfate de cuivre. (Double impressions sur papier BFK Rives 300 gr.) Page 65 : Communication transméditerranéenne IV, 105 Cm x 75 Cm. /Madrid 2006 Plaques offset traitées au sulfate de cuivre. (Double impressions sur papier BFK Rives 300 gr Page 66 : Enfance... Canal Étroit 1 , 200 Cm. X 75 Cm. /Madrid 2007 Méthacrylate traité au chloroforme et plaques offset traitées au sulfate de cuivre. [Double impressions sur papier Gvarro 270 gr.]

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“L’œuvre d’art graphique (la gravure), n’est pas la sœur orpheline de la peinture ”. Dans cette optique, la gravure est aussi un domaine de recherche et de développement, qui peut être à la hauteur des autres recherches plastiques du point de vue technique et conceptuel, tout en ayant l’avantage de pouvoir multiplier les œuvres. Cette technique m’a permis de découvrir non seulement des résultats inattendus, mais aussi d’apprécier la noblesse du papier et les nuances occasionnées par l’impact des métaux sur le papier à travers l’encre. Dans ce paysage panoramique, j’essaye de me situer pour convertir le traitement de l’œuvre graphique à une plasticité moderne et contemporaine qui rivalise avec d’autres domaines des plasticités telles que l’esthétique, l’expression, le symbolisme et la sémiotique thématique qui sont communs dans la transmission des sentiments humains. L’œuvre graphique a toujours été imprimée sur des supports rectangulaires ou carrés. Une des caractéristiques fondamentales de la proposition de mes derniers travaux est l’étude de nouveaux moyens d’explorer des supports circulaires ou encore triangulaires où la mosaïque des formes utilisées donne naissance à une œuvre d’art

monumentale qui joue avec les espaces architecturaux, et finalement adapter la gravure aux formes asymétriques et irrégulières...

Né à Tétouan au Maroc en 1956 Said Messari vie et travaille à Madrid en Espagne. 1979 Diplômé dans les BeauxArts par l’École Nationale des Beaux-Arts de Tétouan, Maroc. Branche : décoration. 1985 Licence de la Faculté des Beaux-Arts de l’Université Complutense de Madrid. 1985 à 1987 Cours monographiques de troisième cycle dans le département de l’histoire de l’art de la Faculté de Philosophie et des Lettres de l’Université Autónoma de Madrid

www.messari.com

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« KITCHEN LITHO CONTEST 2016 » Du 18 au 21 octobre 2018 s’est tenue l ’exposition « Kitchen Litho Contest 2016 » sur les murs du Centre culturel de la ville d’Épinal, la Cité des images. Le concours se présente comme un espace de rencontres ouvert à tous où cohabitent artistes débutants et confirmés, il s’agit de faire découvrir des talents et de créer une émulation créative. Une trentaine de Kitchen lithographies venant d’une dizaine de pays différents étaient exposées. Pour l’occasion, un catalogue édité et vendu en ligne par l’Atelier Kitchen Print regroupe toutes les images des premiers concours 2015 et 2016. Les membres du jury viennent du monde professionnel artistique et ils sont de fins connaisseurs de l’estampe. Le premier prix de cette édition a été décerné à l’artiste graveur et lithographe Ruben Dario Acosta. Son impression tout en couleur et en douceur évoque l’univers imaginaire de sa fille. Cette exposition comprenait également des Kitchen lithographies hors concours dont celles d’Émilion et de quatre artistes étudiants en art de Metz récemment édités par l’atelier. En plus des amateurs d’art, officiels et professionnels, les étudiants en art d’Épinal (ÉSAL) sont également passés à la galerie. Devant leur enthousiasme, un atelier de microédition s’est improvisé avec eux dans la galerie, il se poursuivra en décembre dans les murs de l’école.

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Participants au concours « Kitchen Litho Contest 2016 » Rodrigo Nicolás Arévalo, Monique Ariello Laugier, Tezcan Bahar, Magdolna Balla, Laurence Baudat Detrey, Luce Berthoz, Brigitte Bibard Guillon, Roger Bonnet des Claustres, Carole Capo-Chichi, Yves Chol, Ruben Dario Acosta, Pablo Delfini, Fanny Delqué, Katalina Durán McKinster, Patricia Fernez, Pierre Gallian, Oana Catalina Graviliu, Catherine Greenwood, Debra Kessler, Florentine Kotter, Sylvie Léandre, Ann Lund, Olivier Musseau, Rose Prevost, Grethe Elisa Malmo, Hermann Rommel, Aranza Saez Cigno, Ksenija Tomičić, Melisa Scisciani, Asa Takeuchi et Mónica Vidal Núñez. Membre du jury 2016 Jean-Marc Brunet. Artiste peintre et graveur. (France/FR) Simon Burder. Artiste lithographe et professeur à « Oaks Editions Lithography Studio ». (Royaume-Uni/GB) Bernard Delaunay. Artiste plasticien et enseignant gravure aux Beaux-Arts, École d’Arts Plastiques de la Ville de Poitiers. (France/FR) Isabel Elorrieta. Directrice du magazine « Grabado Y Edición, Print and Art Magazine ». (Espagne/ES) Hanna de HAAN. 1er prix du jury Kitchen Litho Contest 2015. Artiste graveure à la Haye. (Pays-Bas/NL) Friedhard Kiekeben Artiste, chercheur et professeur en gravure non-toxique. Fondateur du site « nontoxicprint.com ». (États-Unis/ US) Frank van Ootmersen. Directeur du Musée Steendruckmuseum à Vlakenswaard. (Pays-Bas/NL) Maxime Préaud. Conservateur général honoraire à la Bibliothèque nationale de France, membre du comité de lecture du magazine « Nouvelles de l’Estampe ». (France/FR)

Lauréats 2016 1er prix du jury — Ruben Dario Acosta (Argentine/AR)

2e prix du jury — Laurence Baudat Detrey (Suisse/CH) 3e prix du jury — Ksenija Tomičić (Croatie/ HR) Prix du public — Sylvie Léandre (France/ FR) Un projet d’ouverture de la biennale 20192020 est à l’étude. Elle s’ouvrirait à d’autres techniques de l’estampe (comme la gravure !), mais toujours avec cette même volonté de mettre en exergue la simplicité, l’esprit et la singularité des œuvres « faitesmaison ».

Émilie Aizier, Atelier Kitchen Print atelier.kitchen.print@gmail.com www.atelier-kitchen-print.org

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Tarifs 2019 Abonnement, un an /4 numéros, un Hors Série Gratuit,et un cadeau frais de port compris.

Belgique

Abonnement, Abonnement, un an /4 numéros avec gravures signées et numérotée, frais de port compris.

Belgique

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Monde 150€

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