VISUEL #10 HORS-SERIE Magazine d'actualité ISCPA LYON 18_06_2020

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VISUEL L’actualité exposée

JANVIER

FEVRIER

MARS

Incendie en Australie

Des chewing-gums en oeuvre d’art

Les guerres face au virus

2020... AVRIL

MAI

JUIN

DJ MCK

Black Lives Matter

Explosion en Chine

Hors série : Jeudi 18 juin 2020


L’édito... de l’artiste

2020... 2020 et trois petits points parce que l’on n’a pas forcément de choses à rajouter, c’est un fouillis, c’est triste, c’est l’incompréhension. L’année 2020, c’est un peu le numéro hors-série de ce début de XXIe siècle. Une parenthèse inattendue, mais pas tant que ça... L’année 2020 ce sont les flammes en Australie. Et depuis, un feu qui ne s’est pas éteint, que ce soit dans les villes syriennes ou dans les rues nord-américaines. Entre temps, des nouvelles en masse, des analyses à tout va, et toujours un mot sur les lèvres : Covid-19... Coronavirus et trois petits points parce que la vague a déferlé, mais tout est encore à faire, et qui sait si nous y aurons encore affaire. Et puis il y a nous... Lecteurs, journalistes, citoyens du monde et trois petits points, parce que malgré le fait que nous avons vécu ce début d’année, nous avons certainement l’impression aussi de ne pas l’avoir compris. Et comme le temps fait son œuvre, les informations vont s’accumuler, sans que l’on puisse très bien analyser le futur, n’ayant pas intériorisé le passé. Et c’est ce qui est ressorti de notre dernière conférence de rédaction. Nous trouvons, journalistes de Visuel, une zone d’ombre dans l’actualité depuis le début de l’année. Et chacun avait un sujet en tête qui lui tenait à cœur et qu’il souhaitait partager avec les lecteurs. Le hors-série s’est imposé à nous comme une chance de porter un bilan de cette année, mois par mois, avec l’occasion de porter des sujets de tous horizons, chers à chacun. Le tout, proposé sous la forme d’un calendrier, dans l’idée d’une page, un sujet, un visuel. Ceci est notre synthèse. D’une part des sujets qui nous ont marqué, mais aussi des informations que nous souhaitons faire passer. Pour finalement vous offrir un compte rendu clair, simple et efficace sur les derniers mois d’actualité et de culture. Alors 2020 et ses trois petits points vous sembleront peut-être plus clairs.

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Tableaux du monde Incendie Australie Scandales environnementaux Les Misérables De l’art avec du chewing-gum

La Galerie Les guerres face au virus

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En direct de Villeurbanne avec DJ MCK

France Les artistes s’impliquent au mouvement Black Lives Matter

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Arrêt sur image Le réchauffement climatique

L’exposition Explosion en Chine

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L’art du média Réouverture des cinémas

REDACTION Rédacteur en chef : Corentin Richard Redacteurs : Tristan Chalvet - Paul Bourret - Clémence Varaine - Gaël Traub Anthony Comberousse - Gressy Benatir -Coline Michel Maquettiste : Anouck Bedel 47 Rue du Sergent Michel Berthet, 69009 Lyon Twitter : @Visuel_

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Janvier

TABLEAUX DU MONDE

Le street artiste Andrew Gibbons a dessiné un koala-pompiers sur les rues de sa ville natale, Melbourne. @Andrew Gibbons

L’Australie en feu : quelles conséquences aujourd’hui ?

Les incendies australiens ont atteint le pic de leur violence en janvier, et se sont éteints en février. Mais aujourd’hui encore, leur impact sanitaire et écologique est de plus en plus préoccupant. Octobre 2019. La chaleur est insoutenable en Australie, où la température est supérieure à 40° Celsius. C’est là que vont commencer d’interminables incendies, au début maîtrisables mais qui deviendront rapidement incontrôlables, notamment en janvier 2020, considéré comme le mois le plus destructeur pour le paysage australien. Dans ce pays où l’outback n’est presque fait que de désert, les feux se sont davantage étendus près des côtes, principales zones de végétation. Et donc d’habitations.

de ces incendies « de saison », janvier s’est révélé être sans précédent. Des températures records, une sécheresse prolongée et des vents forts soufflant à travers le territoire se sont additionnés pour créer des conditions propices à des feux de grande ampleur. Et un constat sans appel : plus d’une quinzaine de millions d’hectares de brousse, zones boisées et parcs nationaux partis en fumée, 370 millions de tonnes de CO2 émis, 20% des forêts du pays disparues…

Tous les états australiens sont touchés, mais surtout la Nouvelle-Galles du Sud, avec Sydney, ville la plus peuplée de ce pays de 25 millions d’habitants. Fin décembre, la pollution de l’air y atteint un pic : son niveau était jusqu’à onze fois supérieur à celui estimé « dangereux », selon les médecins australiens.

Ces incendies ont aussi été dramatiques pour la biodiversité australienne. Des chercheurs de l’Université de Sydney estiment que plus d’un milliard d’animaux ont été tués par les feux dans tout le pays. Ce chiffre inclut les mammifères, les oiseaux et les reptiles, mais pas les insectes ou les invertébrés. Or, le territoire abrite de nombreuses espèces endémiques, c’est-à-dire qui ne se sont développées qu’à cette endroit. C’est du danger pour ces spécimens

Des conséquences écologiques dramatiques Bien que l’Australie soit une habituée

que plusieurs street-artists ont voulu alerter dans leurs œuvres. Beaucoup, comme Andrew Gibbons né à Melbourne, ont choisi le koala, espèce emblématique, pour illustrer leurs travaux. C’est aussi le cas de l’artiste Jben, qui a choisi le beach-art (le fait de créer sur la plage avec du sable) pour faire passer le message. Un impact sanitaire « d’après coup » inquiétant Le bilan humain de ces incendies, qui s’élevait à une trentaine de personnes décédées, pourrait bien s’alourdir après coup. C’est la conclusion d’une spécialiste de la santé environnementale, entendue par la commission d’enquête demandée par le gouvernement australien. Selon Fay Johnston, si on tient compte des conséquences de la fumée dégagée par ces feux, il y aurait en réalité beaucoup plus de morts. L’enquête pour laquelle elle travaille suit actuellement son cours jusqu’en août, mais elle a déjà présenté début juin ses premières découvertes. Ainsi, 445 décès et pas moins de 4000 hospitalisations seraient la conséquence directe des incendies qui ont ravagé l’Australie ces derniers mois. Toujours d’après cette spécialiste, ce seraient 80% des Australiens qui auraient été atteints par les fumées.

L’artiste Jben a dessiné un koala géant sur la plage de Royan (France). Fun-fact : ce dessin a été réalisé avec pour seul outil.. un râteau. @JBen

Coline Michel

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Février Les scandales environnementaux, sujet central d’enquêtes

De semaine en semaine, la forêt amazonienne perd de sa grandeur @Reuters

Annoncé en février puis diffusé sur France 5 le 1er mars, le projet « Green Blood » retrace la mort de journalistes ayant enquêté sur des scandales environnementaux liés au secteur minier dans trois pays : Tanzanie, Inde et Guatemala. Ces quatre documentaires de 52 minutes étaient des adaptations cinématographiques d’enquêtes publiées en juin 2019 dans plusieurs journaux mondiaux. L’environnement est donc au centre du sujet, à l’heure où la déforestation de l’Amazonie s’accélère sous le mandat de Jair Bolsonaro. En effet, 2 000 km² ont été brûlés depuis janvier dont 829 km² seulement durant le mois de mai. Cela correspond à une augmentation de 34%. Alors que le Brésil est touché en plein cœur par la Covid-19 avec 46 000 cas officiellement recensés, le poumon de la planète, lui, suffoque.

Les Misérables, un film qui prend tout son sens aujourd’hui Le 28 février dernier, Les Misérables remporte quatre Césars dont celui du meilleur film. Un plébiscite pour cette œuvre de Ladj Ly qui évoque les violences policières et la démission de l’Etat dans les quartiers défavorisés. Trois mois plus tard, ce film est révélateur de la situation actuelle avec des protestations en France et dans le monde. Les manifestants dénoncent notamment les décès de George Floyd aux Etats-Unis et Adama Traoré en France, suite à des violences policières. Un scénario similaire dans Les Misérables puisque Issa, un des habitants de la banlieue, reçoit un tir de LDB à bout portant par un membre de la BAC. Cette scène s’ajoute au fait que cette jeunesse considère les policiers comme des ennemis.

Depuis 16 ans, Ben Wilson se sert de chewing-gum usagés pour en faire des oeuvres d’art @Ben Wilson Des fikms célèbres revisités en vieux livres Des chewing-gums transformés en œuvre @Matt Stevens / Instagram d’art

Réaliser des œuvres d’art à partir de chewing-gums machés, c’est la prouesse réalisée par Ben Wilson. Surnommé le « Chewing-Gum man », il parcourt depuis 16 ans les rues de Londres à la recherche d’une gomme à mâcher. Une fois trouvée, sa fantaisie opère. D’abord chauffée à l’aide d’un chalumeau, il pose ensuite plusieurs couches de peinture et vernis. C’est ainsi qu’après plusieurs heures de travail minutieux, allongé au sol, plus de 20 000 toiles miniatures d’animaux, portraits ou peinture de monuments ont déjà été représentés. « Jeter un chewing-gum est un acte irréfléchi, je transforme les déchets en art, c’est une forme de recyclage », explique le Britannique.

Les forces de l’ordre, de leur côté, ressentent de la peur. Dans Les Misérables, ils sont en effet encerclés et reçoivent des jets de projectile. Un sentiment de panique dénoncé au cours des manifestations : « On a l’impression que c’est la rue qui commande et nous, on se sent complètement abandonnés », dénonce une policière. Des manifestations ont lieu partout en France depuis deux semaines @Le Parisien / Philippe de Poulpiquet

Peut-être verrons-nous bientôt des œuvres de ce genre avec les masques ? Eux qui sont bien trop souvent jetés à terre depuis la fin du confinement. @Ben Wilson

Anthony Comberousse Allée 3


Ma

La Galerie

Les guerres face au virus

Dossier réalisé par Gaël Traub

Avant la pandémie du coronavirus qui s’est largement développé au mois de mars, les guerres dans le monde étaient multiples et variées. Entre les conflits du MoyenOrient, la menace terroriste du Sahel, la guerre civile libyenne ou encore les diverses guerres mafieuses, le monde, comme à son habitude, était très agité. Mais la menace fantôme de ce virus a globalement apaisé ces conflits pour ouvrir un conflit plus large, celui du virus. Même si certains autres ont aussi pu profiter de ce contexte. Aujourd’hui, la page du virus s’apaise au MoyenOrient, tandis que pour les mafias et trafiquants d’Amérique la propagation du virus ouvre des perspectives, et les lignes de conflits rebougent. Si la Covid-19 faisait craindre une catastrophe humanitaire dans ces pays aux infrastructures dévastées par la guerre, celle-ci n’a finalement pas eu lieu dans les mêmes proportions qu’en Occident. Cependant, la crise et la crainte d’une catastrophe sanitaire ont tout de même freiné la plupart des zones de guerre du Moyen-Orient. L’exemple le plus marquant est celui de la ville d’Idleb, au nord de la Syrie. Après une trêve mise en place le 6 mars dans la province d’Idleb, dans le nord-ouest syrien, entre les rebelles au régime de Bachar Al-Assad soutenus par la Turquie et l’armée régulière soutenue par la Russie, le cessez-le-feu s’est prolongé avec la crainte du virus.

autour de la ville. Les accès sont d’ailleurs conjointement contrôlés par les Russes et des forces spéciales américaines qui continuent d’empêcher la reformation de l’Etat Islamique. Mais la présence turque est de plus en plus intégrée à la province d’Idleb, et se propage sur tout le nord du pays, jusqu’au Rojava au nord-est et même en Irak. Car avec ses nombreuses bases établies autour du kurdistan irakien, la Turquie est plus que jamais en position de force face aux réfugiés kurdes du Rojava et aux forces du PKK installés au nord de l’Irak. L’armée turque a lancé dans la nuit du 14 au 15 juin ses premières frappes aériennes. Baptisée Serres d’aigle, cette nouvelle opération en Irak a visé 81 cibles du PKK. De plus, à la frontière entre Turquie, Irak et Syrie, ce sont plusieurs milliers de soldats turcs qui sont arrivés récemment. Une offensive terrestre au Kurdistan irakien dans le prolongement de l’invasion des régions kurdes de Syrie est donc de plus en plus probable. Les forces du gouvernement d’union nationale, combattent avect des masques pour se protéger du coronavirus, lors de la reprise de Tripoli. @Amru Salahudien / Anadolu Agency

La Turquie a par ailleurs profité de cette période calme pour s’installer plus à l’est, près du Kurdistan irakien avec une quinzaine de bases militaires. Tandis que les kurdes, repoussés vers l’Irak, étaient encore un peu plus isolés. Enfin en Libye et au Yémen, alors que les deux pays sont plongés depuis plusieurs années dans le chaos d’une guerre civile, la crainte d’une catastrophe sanitaire avait d’abord motivé les belligérants à mettre en place un cessez-le-feu, avant que les combats ne reprennent finalement vite. Mais cette période délicate a tout de même stabilisé les fronts, les forces du maréchal Haftar faisant le siège de Tripoli et les rebelles Houthis tenant toujours d’une main de fer le nord du Yémen et la capitale, Sanaa. La coalition a même établi un cessez-le-feu à partir du 9 avril au Yémen. Un soldat russe contre le nord de la Syrie, lors d’une opération coordonné avec les troupes américaines. @Delil Souleiman / AFP Mais désormais, depuis mai et jusqu’à maintenant, les fronts du Moyen-Orient reprennent, et parfois de manière très importante.

En Libye, Après plus d’un an de combat, et une stagnation liée au virus ces derniers mois, le gouvernement d’union de Fayez al-Sarraj a enfin fait reculer les troupes du Maréchal Haftar. C’est donc le 4 juin que le gouvernement soutenu sur le terrain par la Turquie a repris la capitale, Tripoli. La coalition espère désormais aller plus rapidement dans la reprise du territoire du maréchal Haftar, à savoir l’est du pays autour de Benghazi. Au Yémen, après le cessez-le-feu décidé par la coalition pour éviter le virus le 9 avril, plusieurs éléments ont marqué la reprise des conflits plus tôt qu’espérée. Le 26 avril, le conseil de transition du sud a proclamé l’indépendance unilatérale du Yémen du sud, soutenu par les Emirats arabes unis. Cette division de la coalition a réenclenché les hostilités. Dans les environs de Marib, les Houthis ont tués huit soldats le 27 mai. En réponse, selon l’agence chinoise Xinhua, la coalition dirigée par l’Arabie saoudite a lancé le 13 juin plus de 20 frappes aériennes sur des bases houthis. Retour de patrouille d’une unité Houthis, les soldats sont désinfectés à leur arrivée à Sanaa, le 23 mai. @Mohammed Huwais / AFP

En Syrie, à Idleb, la trêve entre Damas et les rebelles soutenus par la Turquie a connu un sérieux accroc, le 2 juin, après une pause de trois mois permis par le virus. Plusieurs raids aériens attribués à la Russie ont eu lieu près d’Idleb. L’objectif est d’empêcher des combattants, et notamment des petits groupes jihadistes de quitter l’étau

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ars Nos militaires français en opération extérieurs ont également été touchés par le virus de différentes façons. En mars, c’est le porte-avion Charles de Gaulle, symbole de la marine française, qui s’est révélé être un foyer de la Covid-19, avec deux tiers du personnel contaminé, obligeant le porte-avion à revenir en urgence. Depuis, les précautions sont prises pour éviter une propagation. Les opérations de Barkhane sont donc ralenties par une importante décontamination du matériel et des tests récurrents. Cela n’empêche pas l’armée française de continuer sa mission, avec une grande réussite survenue le 3 juin avec l’élimination du chef d’AQMI Abdelmalek Droukdel.

Police suréquipée lors des patrouilles dans la mégapole de Manille durant le confinement. @AFP

Enfin qu’en est-il des trafiquants et orpailleurs de l’Amazonie, en guerre permanente contre les forces de l’ordre brésilienne, l’armée française en Guyane ou encore contre les populations locales ? Nettoyage d’un hélicoptère de combat en retour d’opération, lors de l’opération Barkhane. @État-major des armées

Par ailleurs, pour les mafias et trafiquants du monde, les guerres contre la police ont pu évoluer avec la présence du virus, laissant plus, ou moins, de liberté d’action. Au Mexique, les cartels s’adaptent au virus en se faisant bienfaiteur là où la police et les services sociaux n’ont pas les capacités d’agir. Pour le cartel de Sinaloa, cette médiatisation est venue de la distribution de cartons de vivres à Guadalajara. Provenant d’une marque créée par le cartel, les équipements (masques, boîtes, etc.) portent l’effigie du créateur iconique du cartel, El Chapo. Un cartel social qui contraste incroyablement avec les images de chaos lors de l’attaque d’un convoi policier pour la libération d’un fils d’El Chapo, à l’automne dernier.

Selon l’association Survival international, des milliers de Yanomami, le plus grand peuple autochtone de l’Amazonie (100 000 personnes), vivant près des zones minières illégales situées dans leur territoire pourraient être infectés à cause de cette présence étrangère. Or, la population indigène, moins au contact du monde, est particulièrement vulnérable aux maladies venues de l’extérieur. Et l’Amazonie est déjà particulièrement touchée, l’Etat d’Amazonas compte 2 271 décès selon le dernier bilan, et ne dispose de soins intensifs que dans la capitale Manaus, à plusieurs jours de bateau pour certaines populations autochtones. La campagne «#ForaGarimpoForaCovid» (#OrpailleursDehorsCovidDehors) a été lancée par les yanomami et par de nombreuses organisations dans le monde entier.

Contrôle sanitaire d’une femme ayant les symptômes du virus dans le village de Melgaco, au coeur de l’Amazonie entre Belem et Manaus. @Tarso Sarraf / AFP

Distribution par le cartel de Sinaloa de produits de la marque «El Chapo 701», détenue par la fille d’El Chapo, le 16 avril 2020 à Guadalajara. @Fernando Carranza / Reuters

Ambiance totalement différente aux Philippines, où la croisade de Rodrigo Duterte, le président, et des forces de l’ordre contre le trafic de drogue du pays s’est associé à la crainte de l’épidémie pour encore davantage affirmer la toute puissance de la police. « Tirez-leur dessus ! », déclarait Rodrigo Duterte contre les habitants de Manille, et notamment les trafiquants, qui ne respecteraient pas le confinement.

Mais sur place, les conflits sont toujours très compliqués à gagner à cause de la connaissance du terrain des trafiquants et de la crainte, pour les forces de l’ordre, de contaminer les populations. On sait ainsi que des soldats français de la Légion étrangère en guerre en Guyane ont attrapé la Covid-19. Pas de quoi simplifier la protection de ces peuples ancestraux dans la guerre contre les trafiquants illégaux.

Depuis, des images apparaissent de trafiquants de Manille, enfermés dans une cage en pleine rue, ou obligés de déambuler avec un cercueil pour ne pas avoir respecté le confinement. Concernant l’annonce d’abattre les contrevenants, un seul cas a été rapporté, le 6 avril, d’un homme abattu par la police qui refusait de se confiner et de porter un masque face aux policiers.

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Opération conjointe de la police militaire et des médecins du gouvernement sur l’Amazonie, dans l’Etat de Para. L’objectif est d’intercepter et contrôler les embarcations pour éviter la contamination des populations locales. © Tarso Sarraf / AFP


Avril

EN DIRECT de Villeurbanne avec DJ MCK

DJ MCK : « Le confinement a été très difficile »

DJ MCK mixe d’habitude en boîte de nuit et l’Astroballe lors des matchs de l’ASVEL @DJ MCK

Pur produit de l’industrie musicale lyonnaise DJ MCK a réussi à se faire un petit nom dans la capitale des Gaules ces dernières années. Ancien DJ du Barrio Club, il mixe aujourd’hui tous les mois au NH Club où il a créé une nouvelle formule de soirée le WeBallin mais il est également le DJ officiel de l’ASVEL. Rappelez-nous votre parcours ? Je m’appelle Mickael. Mon nom de DJ est DJ MCK et j’ai toujours vécu à Lyon. J’ai commencé la musique électronique dès mon adolescence en même temps que mes années basket et j’ai toujours eu en moi cette passion pour la musique très dansante, cela vient surement de mes origines africaines. Je ne vis pas entièrement de cela aujourd’hui mais je me produis presque tous les weekends en boite de nuit ou sur certaines radios comme Générations. Mixer radios depuis chez-moi et j’ai aussi c’est vraiment une passion pour moi et cela eu la chance de faire partie des 64 artistes à avoir participé à l’opération me prend énormément de temps. #1jour1Live. L’objectif était de récolEn quoi la crise du coronavirus vous a im- ter des fonds afin de soutenir les acteurs du monde culturel. Cette initiapacté directement ? tive a permis de récolter environ 1900 Le souci c’est que tout a fermé du jour au €. Mais j’avais vraiment hâte de reslendemain. On n’a pas vraiment pu anticiper sortir de chez-moi. J’ai pu reprendre même au niveau financier. C’était vraiment les mix sur la radio Générations à la très difficile le temps du confinement. Ce fin du confinement. Cela m’a fait un qui m’a impacté directement c’est que je bien fou autant psychologiquement me suis retrouvé sans revenu presque du que financièrement. jour au lendemain. Les boîtes ont fermé. Cela implique que je ne pouvais plus faire Comment voyez-vous les choses de mix. Je ne recevais donc plus d’argent. lorsque les boîtes rouvriront ? Et idem pour les matchs de baskets avec Je pense que cela sera très bizarre. l’arrêt du championnat. On essayera de faire en sorte que Comment avez-vous occupé votre confine- l’ambiance soit la même qu’avant mais l’atmosphère sera différente ment ? c’est évident. Je ne sais pas comment Mixer c’est vraiment ma passion alors c’est cela va se passer en boîte si elles ce qui a occupé en grande partie mes jour- seront encore limitées à un nombre nées pendant ce confinement. Je sortais restreint pendant longtemps, s’il fauénormément de mix sur ma page Face- dra respecter des distances ou s’il book mais aussi sur Youtube et sur les faudra porter des masques mais cela plateformes. Je faisais également des lives sera très différent c’est sûr et c’est

dommage. Même pour nous DJ on devra se protéger davantage, surement que je porterais un masque ou une visière et que nous mettrons plus de plexiglas de protection. C’est beaucoup de choses à prendre en compte mais c’est important. En tout cas, l’essentiel est que cela reprenne au plus vite car j’ai très envie d’y retourner même si ce n’est pas comme avant. Cela nous fera du bien à tous. Il faut faire la fête pour oublier tout ça. Quels sont vos futurs projets ? Pour l’instant, je pense juste à retrouver le chemin des boîtes et à pouvoir recommencer à mixer à l’Astroballe je ne me projette pas trop encore sur l’été. Je vais bien sûr continuer mes projets avec Générations et surement sortir d’autres mix sur les plateformes de téléchargement. Propos recueillis par Tristan Chalvet

Pendant le confinement, DJ MCK a participé à cet événement caricatif. @Facebook

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Mai Quand l’art s’en mêle

Clémence Varaine

Une fois de plus, l’art et la politique se répondent. Avec les manifestations contre les violences policières, le mois de juin n’a pas été de tout repos. Des mouvements nés de la mort de George Floyd, décédé pendant son interpellation. L’Afro-Américain George Floyd est devenu le symbole des violences policières à connotation raciste. Un deuil collectif qui franchit les océans pour prendre une ampleur mondiale. En France, la mort de George Floyd a touché de nombreuses personnes et est devenue un symbole pour protester. D’autres affaires comme celle d’Adama Traoré, mort en juillet 2016 à la suite de son interpellation, ont aussi refait surface. Des événements qui semblent représenter une certaine réalité et qui impactent toute la France, de quoi inspirer de nombreux artistes notamment ceux des rues. Dans de nombreuses villes de France, des artistes ont décidé de rendre hommage au mouvement « Black Lives Metter ». À Grenoble, pour le street art fest’ et son “Édition Résilience”, plusieurs artistes ont créé depuis le début du mois des œuvres engagées inspirées des événements de ces dernières semaines.

FRANCE

Les artistes de street art se mobilisent partout pour dénoncer ces événements et les violences policières. À Toronto, au Canada, ils sont une quarantaine d’artistes à avoir participé au projet «peindre la ville en noir». Une initiative pensée par les artistes pour dénoncer et protester.

L’artiste JR a réalisé lundi 8 juin, un collage en hommage à Adama Traoré. La fresque a été collée sur deux murs de l’école Louis-Blanc et a été réalisée avec l’école Kourtrajmé du réalisateur du film Les Misérables. On peut distinguer deux yeux séparés d’une fissure, l’un appartenant à Adama Traoré, l’autre à George Floyd.

Le festival grenoblois du street art a débuté ce mois de juin avec la présentation d’une œuvre forte de Combo, une fresque sur le mur d’un parking de Grenoble en hommage à George Floyd, asphyxié par un policier. L’artiste a imaginé deux personnages côte à côte : un homme blanc porte un t-shirt avec l’inscription Black lives matter (« La vie des Noirs compte ») et un homme noir avec l’inscription I can’t breathe (« Je ne peux plus respirer »), qui rappelle les derniers mots prononcés par George Floyd.

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Mai

ARRET SUR IMAGE

Le réchauffement climatique a été recensé dans tous les contients du monde @Copernicus

Un mois de mai historique ! C’est l’agence européenne, Copernicus qui a rendu son rapport climatique sur les températures du mois de mai, et il est alarmant. Mai 2020 est le mois le plus chaud depuis 1880, et la tendance au réchauffement s’accélère. C’est le mois de tous les records : mai 2020 a été le plus chaud depuis que l’homme a commencé à faire des relevés de température, en 1880. C’est la très sérieuse agence Européenne, Copernicus qui l’affirme dans son dernier rapport : la plus grande partie du globe a connu des températures supérieures aux moyennes quand d’autres ont battu leur record. En France, le mois de mai 2020 a été le plus chaud jamais enregistré. L’anomalie de température à la surface du globe en mai est en effet de 0,63 °C au-dessus la normale, devant mai 2016 (+0,58 °C) et mai 2017 (+0,53 °C). Mais certaines autres régions ont connu des températures particulièrement anormales pour la saison. Dans certaines parties de la Sibérie, une région connue pour avoir un réchauffement climatique plus rapide que la moyenne, des records ont été battus avec des températures dépassant parfois les normales de près de 10 °C. Dans le nord-ouest de la région,

la débâcle (rupture de la glace) sur les fleuves Ob et Ienisseï n’avait jamais commencé aussi tôt, précise Copernicus. Ce réchauffemet climatique provoque par conséquent la fonte des glaces. En Arctique, l’étendue de glace de mer était de 8% inférieure à la moyenne de 1981-2010, soit 12.2 millions de km². Cela en fait le cinquième étendue la plus faible enregistrée en sur ce mois depuis le début des observations en 1979. La « palme » appartenant à 2016 avec 13% d’étendue en moins.

Gressy Benatir

Et la culture dans tout ça ? Dans le cinéma, plusieurs films évoquent le réchauffement climatique. Et quoi de mieux que les films et les documentaires pour sensibiliser et lutter contre le changement climat ? En 2016, c’est le film Demain de Mélanie Laurent et Cyril Dion qui cartonne en salle avec plus d’un million d’entrées. Un superbe film qui permettra de comprendre les enjeux liés au changement climatique, mais aussi les solutions qui permettront d’éviter le pire.

Un mois de mai malhreusement pas isolé Plus encore, c’est la persistance de ces anomalies de températures depuis le mois de juin 2019 qui est notable. En effet, Copernicus souligne également qu’au niveau mondial, les douze derniers mois (juin 2019 à mai 2020) égalent la période la plus chaude jamais enregistrée (octobre 2015 à septembre 2016), avec 0,7 °C de plus que la normale. 2019 avait été la 2e année la plus chaude jamais enregistrée après 2016. Ce type d’évènement sera lourd en conséquences explique Copernicus dans son rapport… Il nous prépare à une multiplication d’événements météo extrême comme les canicules, sécheresses ou inondations.

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Egalement, un grand nombre d’exposition pédagogique a été mis en place afin de présenter les principaux messages clés en matière de changements climatiques : les causes, les impacts et les moyens d’agir. Un moyen qui permet au grand public de découvrir ces enjeux sur des supports faciles d’accès. C’est notamment à La rochelle qu’une exposition a eu lieu sur le réchauffement des océans !


L’EXPOSITION

Juin

Gressy Benatir

Les secours recherchent des survivants dans les décombres et les bâtiments endommagés par l’explosion d’un camion-citerne le samedi 13 juin près de Wenling, dans la province de Zhejiang, au sud de Shanghaï. À l’image de cette voiture complètement détruite par l’explosion, le bilan est évidemment lourd, avec 19 morts et 172 blessés, mais de nombreux décombres n’ont pas encore été fouillés et beaucoup sont portés disparus. Le camion transportait du gaz liquide sur une autoroute lorsque l’explosion est survenue. Des images qui ont fait le tour du monde montre une immense boule de feu monter dans les airs lors de l’explosion et des débris s’envoler à plusieurs centaines de mètres. @AFP

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Juin

L’ART DU MEDIA

A Montmartre, un décor de cinéma laissé à l’abandon pendant le confinement. @Christophe Airaud

La Covid-19, un mauvais film

C’est du jamais vu dans l’histoire du Grand Ecran. « Même pendant la guerre les salles étaient ouvertes » clamait Arnaud Thomas, président d’un festival de cinéma lyonnais « Les Mauvais Gones ». C’est ce qu’on va pouvoir voir le 22 juin dans toutes les salles de cinéma françaises. Les mesures sanitaires vont être drastiques, sans oublier les mesures de distanciation, mais l’attente de retrouver les salles devenait longue pour les amoureux du cinéma.

blockbuster de Christopher Nolan Tenet. Le nouveau James Bond qui devait créer l’événement en avril sera finalement projeté le 8 novembre. Wonder Woman 1984 endure également cette crise du coronavirus. Ce film va voir sa date de sortie décalée pour la troisième fois. Après décembre 2019, juin 2020 puis août 2020, il faudra désormais attendre la date du 2 octobre aux Etats-Unis pour découvrir les aventures de la superhéroïne. Godzilla vs Kong de Adam Wingard sera à l’affiche six mois plus tard que prévu, à partir du 21 mai 2021. C’est encore pire pour Matrix 4, qui prend quasiment un an de retard. Initialement attendu le 21 mai 2021, le film de Lana Wachowski ne sortira que le 1er avril 2022. Des retards qui décalent la cérémonie des Oscars au 25 avril 2021.

Une réouverture attendue…

Des succès pendant le confinement

Le 22 juin, 12 films sortiront en France et la moitié seront des reprises. En effet, les distributeurs hésitent à sortir leurs nouveautés sans savoir si les spectateurs seront au rendez-vous dès la réouverture. Des films comme De Gaulle avec Lambert Wilson et Isabelle Carré, 10 jours sans maman avec Franck Dubosc et Aure Atika ou encore Le Capital au XXIe siècle réalisé par Justin Pemberton & Thomas Piketty ressortiront de terre.

Cette période d’enfermement a poussé la consommation sur les plateformes de streaming. L’exemple de Contagion sorti en 2011 et disponible sur Netflix montrait bien le lien que pouvait faire la population avec l’actualité dominante. Il était le film le plus téléchargé du mois de mars et avril sur la plateforme. Les chaînes de télévision comme M6, TF1 et France 2 en ont profité également. Des films patrimoniaux et grandes franchises ont envahi les écrans de télévision depuis et pendant toute cette période, et avec des audiences exceptionnelles. Les difficultés financières étaient cependant bien présentes avec la baisse des revenus publicitaires.

Le confinement a privé le monde du septième art. Les salles de cinéma vont rouvrir le 22 juin, sous des conditions sanitaires strictes. Rires, suspense, angoisse, larmes, le public va pouvoir renouer avec toutes ces émotions sur grand écran.

…Mais des retards conséquents Programmé initialement en mars, le très attendu Mulan de Tony Bancroft et Barry Cook sera à l’affiche le 22 juillet. Idem pour le prochain

Paul Bourret

Sortie


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