WATTS, le magazine de l'intensive Mag de ISCPA Lyon nov_22

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Énergie : quels choix pour Lyon ?

La Ville Lumière s’éteint

L’OL montre l’exemple en termes d’énergie

Les carburants alternatifs

Prix unitaire : 8,99€
Novembre 2022 - N°unique

É D I T O

Les étudiants de la ville des Lumières au rythme des restrictions énergétiques

Alors qu’ils sortent tout juste d’une période compliquée avec la pandémie de la Covid-19, les étudiants lyonnais sont confrontés à une nouvelle crise.

Avec une entrée radicale dans la saison la plus froide de l’année depuis le début du mois de novembre, la nuit et les chaleurs tombent très vite sur Lyon. Attendu tout au long de l’année comme la saison des fêtes et des décorations, l’hiver est aussi beau que coûteux cette année. En effet, alors que le temps est à la restriction d’énergie, les Français subissent une hausse sans précédent au niveau des prix de l’électricité et du gaz. Avec par exemple l’augmentation du prix de l’électricité, les consommateurs vont sûrement vouloir changer leur type d’énergie. Ceci va contre les différentes politiques écologiques qu’on peut retrouver dans les grandes villes comme à Lyon. Le but de ces dernières est de réduire un maximum l’emprunte carbone en moyenne pour chaque habitant.

Pendant la période de la pandémie, Emmanuel Macron avait annoncé qu’il est dur d’avoir 20 ans aujourd’hui. Avec cette augmentation flamboyante les étudiants sont une nouvelle fois au cœur du sujet. Même si elle impacte tous les foyers, ils sont les plus touchés par cette dernière. Certains d’entre eux sont obligés de réduire leurs dépenses quotidiennes pour être sûrs de pouvoir payer leurs factures à la fin du mois.

Cependant, cette solution n’est pas la seule pour économiser son argent. En effet, il existe de nombreuses techniques dites « de grandmère » pour que les jeunes puissent réduire leur consommation. Alors que l’État conseille de ne pas chauffer les intérieurs au-dessus de 19 degrés, ils peuvent s’appuyer sur des isolations assez faibles pour être un minimum chauffé par « les voisins ». Bien évidemment, une nourriture et des choix vestimentaires chauds restent très importants pour rester à bonne température. Au niveau de l’électricité, il est conseillé de débrancher les chargeurs, les multiprises et tous les appareils électriques lorsqu’ils ne sont pas utilisés. Les restrictions énergétiques et la hausse des prix de cette fin d’année sont vues comme l’un des plus gros problèmes dans notre société. Avec les fêtes qui approchent, notamment celles de Noël, la période qui arrive risque d’être différente cette année. De nombreuses villes ont pris la décision de ne pas éclairer leurs allées avec les mythiques guirlandes et spots de Noël. Pire encore, certaines grandes villes comme Lyon n’éclairent déjà plus leurs rues au milieu de la nuit.

Ainsi, dans ce numéro de Watt’s, vous pourrez comprendre toutes les problématiques liées aux restrictions énergétiques dans les alentours de la capitale des Gaules. En espérant que les articles vous éclairent sur la situation, toute la rédaction vous souhaite de très belles fêtes de fin d’année.

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Directrice de publication : Isabelle DUMAS directeur de diffusion : Patrick GIRARD Directeur de rédaction : Alexandre Buisine Rédacteur en chef : Baptiste CHUZEVILLE Sous rédacteur en chef : Nastasya SORRIBES Maquettiste : Carla VALGANON Secrétaires de rédaction : Edgar GUYON / Thomas SANTOS ANTAO / Coralie BERTIN DUC Journalistes : Coralie BERTIN DUC / Carla CASADEI / Baptiste CHUZEVILLE / Rémy GUERRE CHALEY / Edgar GUYON / Tristan J. Malot / Julia NOGIER / Emma OLMO / Lukas PRAVE / Lucas
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L’isolation, l’une des clefs vers la transition énergétique ?

La fête des Lumières brave une nouvelle période de crise

Sobriété énergétique, la ville de Lyon se veut ambitieuse

Lyon : quel bilan économique et énergétique pour la ville

Ek’eau, une embarcation lyonnaise à énergie positive

Quand la ville des Lumière s’éteint

L’hydrogène, priorité des aéroports de Lyon au sol comme dans le ciel

Rouler vert, le défi écologique et technique de Lyon

La métropole de Lyon mise sur l’énergie solaire

Ménages : coûts de l’énergie et solutions

Face à la crise énergétique, Lyon met les gazs au vert

Vers la fin du chauffage 100% fioul

L’OL montre l’exemple en ligue 1

À la rencontre des Lyonnais sur leurs habitudes.... ....Et la vérification des faits

Les écoles lyonnaises contraintes d’accepter le défi énergétique

Les commerçants s’engagent à limiter leur facture énergétique

Économie locale et circulaire, une solution pertinente face aux défis énergétiques ?

3 S o m m a i r e 04-05 10-11 18-19 économie 6-7 8-9 plan Sobriété 12 - 13 transports 15 16 17 énergie 20 21 22-23
de crise énergétique,
rentable ? 14 24-25 SOlutions 26-27 28-29 30 31
Rouler à l’électrique en temps
toujours

LYON : QUEL BILAN ÉCONOMIQUE ET ÉNERGÉTIQUE

Lyon est implantée au cœur du Rhône, l’un des territoires les plus dynamiques de France. De ce fait, la métropole a demandé la réalisation de bilan énergétique de la ville, afin de concilier développement économique et consommation énergétique.

Bilan économique

Le Rhône se compose de la Métropole de Lyon et du Département du Rhône. En 2021, il se situe au cœur de la 2èmerégion économique française et 4ème région de l’Union Européenne pour le PIB. C’est le territoire le plus peuplé de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, avec près de 2 millions d’habitants dont 33% ont moins de 20 ans. Le taux d’emploi y est de 64,8%, (0,6 point au-dessus de la moyenne nationale). Le Rhône représente d’ailleurs 28,5% des emplois d’Auvergne-Rhône-Alpes. Dans le Rhône, on comptabilise 359 établissements de production et distribution d’électricité, de gaz et d’eau. Elles représentent 14 000 salariés.

Le Rhône représente aussi 23,3% des exportations de la Région, sa première destination étant l’Allemagne. Lyon Saint Exupéry est le 2ème aéroport français pour le trafic de passagers et 3ème en fret (hors aéroports franciliens). 2ème Hub digital de France, le Rhône rassemble un fort potentiel de recherche et d’innovation avec notamment près du quart des brevets déposés dans la Région.

Enfin, il se classe en 2ème position des régions touristiques de France. Lyon avait en effet été élue Capitale européenne du tourisme durable en 2019. La ville se place aussi 5ème dans le classement des « Meilleures Villes du Monde » du Condé Nast Traveler Reader’s Choise. Selon le Baromètre EY de l’attractivité de la France 2018, Lyon est la métropole française la plus attractive, après Paris, pour les investisseurs nationaux. La ville est également élue 1ère ville où il fait bon entreprendre, parmi les 100 plus grandes agglomérations françaises, par le Palmarès des villes de l’Express en 2019.

Bilan énergétique

En 2017, la Métropole lyonnaise a piloté le premier bilan énergétique des activités économiques et résidentielles. 33 térawattheures pour 3 milliards d’euros dans l’année. Le calcul de la consommation a nécessité l’analyse de 3 000 jeux de données (de l’année 2013). C’était le premier bilan énergétique réalisé à l’échelle d’un tel territoire en France. Les fournisseurs Enedis, GRDF, RTE et GRTgaz ont mis à disposition de la métropole leurs consommations annuelles. Ont aussi été pris en compte : le kilométrage parcouru par les réseaux de transport en commun (Sytral et Keolis) et la consommation des éclairages publics (SIGERly).

Ainsi, le Grand Lyon dispose d’un diagnostic complet de toute la chaîne énergétique : production, distribution et consommation. Un Lyonnais consomme 24 mégawattheures par an. Les énergies les plus utilisées sont le gaz et l’électivité. Arrivent ensuite les carburants, principalement consommés par les transports ainsi que la vallée de la chimie. Pour la métropole de Lyon, ce diagnostic global était un indicateur de la démarche à suivre pour la transition énergétique du territoire. Le Plan Climat de l’époque visait à atteindre une réduction de 20% des émissions de CO2 et une augmentation de 20% des énergies renouvelables. 72% des émissions de CO2 ne dépendent pas des actions de la Métropole. Et les quelques 1,5 millions d’habitants de la métropole rejettent plus de 8 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère chaque année. Néanmoins, en 10 ans, les rejets de CO2 dans l’atmosphère ont diminué de 11%, tandis que la population de la métropole augmentait de 10%.

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É C O N O M I E
© Julia Nogier, Place des Terreaux la nuit

Quelques données chiffrées pour en apprendre d’avantage sur l’économie et l’énergie de Lyon

5 Julie TAISSE

L’isolation, l’une des clefs vers la transition énergétique ?

En janvier 2022, la réglementation environnementale 2020 (RE2020) a été mise en place dans le secteur immobilier. La Métropole de Lyon doit progressivement s’adapter et cela passe par la rénovation des immeubles et autres bâtiments. Comment réagir pour consommer moins et respecter ces nouvelles normes ?

Depuis 2019, la région Auvergne-RhôneAlpes s’est donné comme objectif de réduire de 23 % la consommation énergétique par habitant d’ici à 2030. La chaleur représente environ 45 % des consommations énergétiques. Pour réduire drastiquement cette consommation, il faut en passer par la rénovation énergétique. L’entrée en vigueur de la RE2020, depuis janvier 2022 vient accélérer les choses. L’objectif est clair, d’ici 2030 il faudra assurer la rénovation de 130 000 logements. Dans le Rhône, c’est près de 18 % des bâtiments qui sont considérés comme des passoires thermiques.

quement. L’hiver, je ne prends qu’une palette de granulés pour me chauffer. Mais pour l’été, c’est plus compliqué.» Dans l’isolation d’une maison, c’est la méthode d’application qui est très importante. C’est dans le détail constructif de la bâtisse.

Le chauffage représente 80 % des consommations énergétiques des bâtiments résidentiels et 60 % des bâtiments du secteur tertiaire. Depuis la hausse des températures en été, les bâtiments sont de plus en plus exposés aux fortes chaleurs. « Aujourd’hui, on mise beaucoup sur le confort été, explique Ahmed Kallal, charpentier-menuisier. C’est pour éviter de mettre des climatisations à tout va parce qu’on est performants thermi-

« C’est là-dessus qu’il faut être vigilant. Ce n’est pas le tout de dérouler de 200 millimètres d’isolant dans les murs, c’est comment on met ces 200 millimètres pour qu’ils soient efficaces et performants. » C’est dans ce domaine que la Métropole de Lyon doit aujourd’hui progresser. Mais cette perte n’est pas uniquement due à l’isolation. Cette nouvelle réglementation concerne aussi les aménagements ménagers. Il faut faire attention à la production d’eau chaude, son système de chauffage, et même à ses appareils électriques, ajoute Ahmed Kallal.

« On parle souvent de la domotique attention c’est très énergivore mais une domotique bien faite permet de faire des économies et ça c’est important. » Un capteur d’ensoleillement à l’extérieur l’été permet une fermeture des volets pour préserver la fraîcheur dans la

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© Edgar GUYON, Les normes de constructions ont changées depuis le début de l’année 2022 Un retard affiché dans l’isolation des bâtiments

maison, et pour l’hiver le schéma s’inverse. C’est tout un ensemble qu’il faut respecter depuis ce début d’année. « On sait que ça coûte de l’argent de bien isoler une maison mais quand c’est correctement réalisé. Cela peut représenter des économies sur le long terme, mais c’est compliqué de donner un ordre de grandeur, surtout économique » affirme le chef d’entreprise.

Des contraintes de constructions vsans vérifications

Avec la mise en place de cette nouvelle réglementation énergétique, plusieurs contraintes de construction et d’aménagement ont été mises en place.

« Aujourd’hui on n’a même pas le choix. Au dépôt du permis de construire on est obligés de faire une étude thermique. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de contrôles », ajoute Ahmed Kallal. C’est ce gouffre entre la demande et la non-vérification du travail qui pose problème.

« Je vois les permis de construire qui passent actuellement, avec des études thermiques annoncées mais qui ne sont jamais respectées. Le client signe simplement une attestation pour signifier le bon respect de l’étude. Peut-être qu’un jour il y aura des rappels et des contrôles mais ce n’est pas d’actualité. »

Pour pallier ce problème, une rénovation énergétique déclinée plus finement en fonction de l’état du bâtiment, de son usage, de sa zone géographique, et mise en œuvre par étape progressive, permettrait une mobilisation des compétences et moyens financiers du privé. La consommation énergétique des bâtiments est le premier poste de consommation d’énergie régionale représentant 45,5 % des consommations finales d’énergie. De plus, les bâtiments résidentiels et tertiaires représentent un quart des émissions de gaz à effets de serre de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Compte tenu de leurs caractéristiques particulières (âge, usages, conception, étiquette énergétique, environnement climatique et architectural, valeur patrimoniale...), le parc de bâtiments existant ne peut pas être rénové uniformément. Il doit par conséquent faire l’objet d’une stratégie ciblée et de programmes de rénovation adaptés. L’objectif : améliorer de manière ambitieuse la performance énergétique des bâtiments dans le respect de leurs spécificités.

Les chefs d’entreprises risquent de se retrouver à court de main d’œuvre

Depuis la crise sanitaire, le BTP est un secteur qui peine à recruter ou encore à remplacer. Plusieurs structures de formations ont ouvert pour pallier ce manque d’effectif cuisant. Les chefs d’entreprises sont de plus en plus tournés vers la jeune génération pour combler leurs effectifs. « Les métiers ne sont pas attractifs pour les jeunes, l’éducation Nationale ne leur ouvre pas la voie vers l’artisanat et c’est ça qui bloque ces filières. Si ce secteur ne recrute pas rapidement, cela pourrait devenir très compliqué d’ici quelques années que ce soit la plomberie, l’isolation ou encore la maçonnerie. Les chefs d’entreprises risquent de se retrouver à court de main d’œuvre. » explique le représentant de la chambre des Métiers et de l’artisanat du Rhône.

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Edgar GUYON © Edgar GUYON, Avec la crise sanitaire et la guerre en ukraine, le prix des matériaux a parfois triplé. Une contrainte supplémentaire pour les chefs d’entreprises.

Evénementincontournable de la ville de Lyon, la fête des Lumières aura bel et bien lieu en 2022, malgré le plan sobriété mis en place le 1er novembre dernier. Après une édition 2021 marquée par la crise sanitaire, l’année 2022 se voit affronter la crise énergétique.

Le maire de la ville de Lyon, Gregory Doucet a récemment annoncé qu’il ne souhaite pas priver les Lyonnais de la célébration de la Fête des Lumières, elle aura bel et bien lieu du 8 au 11 décembre prochain. Il a même déclaré « la sobriété ce n’est pas l’austérité ». En parallèle, cela fait déjà quelques années que la Fête des Lumières développe des initiatives visant à améliorer la prise en compte de l’éco-responsabilité de l’événement. Cependant, les équipes qui travaillent à l’organisation de la Fête des Lumières ont à cœur que l’événement reste spectaculaire et populaire.

décharge, qui sont assez énergivores.

Néanmoins, elles nécessitent de couper l’éclairage public pour être misent en avant, cela compense. Malgré tout, pour ne pas avoir un bilan énergétique trop élevé des alternatives sont mises en place.

Toujours dans la continuité du plan sobriété, Sylvain Godinot, adjoint au maire de Lyon à la transition écologique et au patrimoine, rappelle que les illuminations vont prendre une trentaine d’heures en tout pour la Fête des lumières. C’est une période qui est très courte». En effet, une trentaine de sites sont illuminés cinq jours en soirée, de la tombée de la nuit à environ minuit trente.

Une manifestation qui se veut éco-exemplaire

Bien avant les problèmes de crise énergétique, l’équipe chargée de la programmation a encouragé les pratiques vertueuses d’un point de vue environnemental, que ce soit sur le transfert des œuvres, sur le réemploi, ou sur l’utilisation des sources. En effet, ils désirent utiliser des sources plus économes. Pourtant, la fin de l’abondance n’a pas été l’axe de réflexion premier. Pour Marion Traversi, cheffe de projet de la Fête des Lumières, l’évènement doit être « fabuleux pour les yeux sans être trop lourd sur l’empreinte environnementale ». e bilan énergétique de la Fête des Lumières n’est pas connu de façon précise puisqu’il est divisé ; plusieurs données rentrent en compte : les illuminations exploitent encore beaucoup de lampe à sodium et de lampe à

L’organisation s’engage dans des pratiques plus vertueuses depuis 1 an et demi. Les artistes ayant une démarche écoresponsable sont valorisés, certains utilisent exclusivement de l’énergie produite par des sources renouvelables. L’organisation s’est d’autant plus lancée dans un processus plus large de certification à une norme environnementale : Iso 20121. Cette norme fournit un cadre permettant d’identifier et de réduire les effets négatifs sur le plan social, économique et environnemental afin d’améliorer la planification du processus. Avec cette norme, l’organisation de la Fête des Lumières s’engage à contrôler et mesurer les frais énergétiques. L’empreinte énergétique de la Fête des lumières a baissé considérablement ces dernières années : L’évolution des sources lumineuses tel que l’utilisation massive de led et de projecteurs lasers a réduit le coût de la consommation énergétique. Ce sont des installations qui ont beaucoup évolué technologiquement.

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La fête des lumières brave une nouvelle période de crise
É C O N O M I E
Le bilan énergétique de la fête des Lumières

L’organisation prend aussi en considération que des milliers de personnes se rendent à la Fête des Lumières, ainsi ils ne sont pas chez eux à utiliser leur télévision, leur ordinateur et tout ce qui consomme de l’électricité. De plus, les transports en commun lyonnais augmentent leur offre de transport et sont gratuits le soir du 8 décembre, permettant ainsi aux visiteurs de se déplacer sans consommer.

La Fête des Lumières n’est pas la seule à poser question concernant la consommation d’énergie, les éclairages de Noël entrent aussi en compte. Une problématique à laquelle la ville a déjà répondu, en annonçant que l’amplitude horaire sera adaptée à 23 heures au lieu de minuit et la période d’illumination sera réduite d’une semaine en janvier.

L’œuvre I Love Light qui sera installée sur la place Bellecour est un bel exemple d’œuvre écologique puisqu’elle se compose de 947 lampes de récupérations, de tous styles et toutes provenances. Il s’agit de don des Lyonnais faits dans deux mairies, certaines proviennent aussi des foyers Notre Dame des sansabris, une association au profit des personnes dans le besoin. Cette œuvre a été réalisée par le collectif Fils de Créa, avec la participation de Marion Chauvin, Adrien Bertrand et Lucie Borel. Cette création participative et solidaire est un message d’amour à la lumière et à la tradition du 8 décembre.

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SANS QUE CELUI-CI SOIT TROP LOURD
L’ENVIRONNEMENT
ON VEUT RENDRE L’ÉVÈNEMENT SPECATUCLAIRE
POUR
Emma OLMO - Carla VALGANON Marion Traversi Chef de Projet de la FDL

Plan Sobriété

Sobriété énergétique : la Ville de Lyon se veut ambitieuse

Le 11 octobre dernier, la Ville de Lyon dévoilait sa charte sur la sobriété énergétique. Parmi un très grand nombre de restrictions, quelques-unes risquent d’impacter les usagers. Retour sur les grands axes du plan sobriété lyonnais qui a pour objectif une baisse de 10% de consommation. Pour atteindre cette baisse dès 2023, le chauffage, qui représente au moins deux tiers de la consommation énergétique de la collectivité, a baissé à 18°C dans tous les équipements municipaux à quelques exceptions près. En effet, certains lieux seront épargnés, parmi eux : les écoles, crèches, bibliothèques et services ou locaux administratifs qui sont à 19°C.

Lamunicipalité espère évidemment diminuer sa consommation avec les lieux inoccupés pendant au moins 24 heures avec un chauffage n’allant pas au-delà de 16°C. Les gymnases quant à eux doivent être chauffés à 14°C puisqu’une activité physique y est pratiquée. Quant aux piscines, la température de l’eau ne doit pas excéder 25°C, contre 28°C avant. Cette année les Lyonnais n’ont pu réchauffer leurs appartements que lorsque novembre a pointé le bout de son nez, soit quinze jours après la date habituelle où il est autorisé d’allumer les radiateurs. Il est obligatoire de couper l’eau chaude des lave-mains des bâtiments publics afin de la conserver dans les douches. Pas de baisse de température dans les résidences séniors.

4 nuits par semaine (éclairage maintenu les jeudis, vendredis et samedis soirs).

Les inquiétudes sur le sujet sont bien sûr liées à l’insécurité. Certaines rues déjà dangereuses en journées, on un risque plus élevé de voir grimper l’insécurité sans un lampadaire allumé. Mais pour donner le sourire à ses habitants, la Ville de Lyon maintient sa traditionnelle Fête des Lumières qui, pour rappel, se tiendra du 8 au 11 décembre. L’événement présente en effet un bilan de consommation énergétique négligeable, grâce notamment à l’utilisation de techniques peu énergivores. Pour le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, la consommation énergétique de l’événement « ne représente pas grand-chose, donc annuler la fête des lumières, qui fait partie de l’ADN de la ville, n’a pas été une option ».

Cette période tant attendue par les Lyonnais va évidemment être concernée par l’éclairage, grand point de cette charte puisque les illuminations de Noël se termineront à 23 heures contre minuit les années précédentes. La période d’illumination sera également réduite d’une semaine (du 25 novembre 2022 au 8 janvier 2023 inclus). Un point particulier fait également grincer des dents. C’est celui de l’expérimentation de l’interruption de l’éclairage public entre 2h et 4h30 (en fonction des horaires de circulation des métros),

Lors de l’annonce du plan sobriété, il y a forcément eu beaucoup d’inquiétude concernant les conditions de vie pour cet hiver. Pour certains particuliers, c’est une aubaine, l’opportunité de faire des économies. Qui dit moins de chauffage et moins d’électricité, dit une facture beaucoup moins importante et l’occasion de mettre de côté. Le timing est « idéal » pour Nathalie

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© Edgar GUYON, Les ballons de gaz de la piscine de Vaise réglés à 25 degrés selon la charte sobriété de Lyon Diminuer l’éclairage, une première solution Les Lyonnais en profitent

Pascal qui en « profitera pour offrir plus de cadeaux » à ses enfants pour Noël. « Les fêtes seront d’autant plus sympa, on mangera mieux, on fera plus plaisir à nos enfants ». Avec l’augmentation de la facture d’énergie, les Français sont aujourd’hui bien plus prudents, en effet d’après L’Obs, six français sur dix baissent le chauffage pour réduire la note et 84% des Français se disent préoccupés par leurs dépensent

énergétique, soit plus qu’en 2020.

Avec l’augmentation de la facture d’énergie, les Français sont aujourd’hui bien plus prudents, en effet d’après L’Obs, six français sur dix baissent le chauffage pour réduire la note et 84% des Français se disent préoccupés par leurs dépensent énergétique, soit plus qu’en 2020.

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J. MALOT
Tristan

Quand la ville des Lumières s’éteint

Dans le cadre du plan de sobriété énergétique mise en place par la Ville de Lyon, plusieurs mesures ont été établies. Parmi elles, l’extinction de certains bâtiments publics mais aussi de l’éclairage des rues. S’il s’agit pour l’instant d’une simple expérimentation qui devrait prendre fin au début du mois de janvier, cette mesure pourrait rester en vigueur bien plus longtemps. Une décision qui alarme certains élus d’opposition concernant l’aspect sécurité.

Réduire sa consommation énergétique d’au moins 10 % d’ici un an : c’est l’objectif que s’est donnée la municipalité écologiste de Lyon. Le maire, Grégory Doucet, avait annoncé vouloir faire « drastiquement » baisser les dépenses d’énergie. Pour cela, l’une des principales mesures qui a été mise en œuvre concerne la réduction de

l’éclairage public. En effet, l’éclairage urbain constitue le 2e plus gros poste de dépense de la ville de Lyon. Ainsi, depuis le 1er novembre dernier, la ville a d’abord commencé par éteindre 370 sites du plan lumière, tels que la basilique de Fourvière, la statue de la Vierge Marie, ou encore la Maison Carrée. Des bâtiments patrimoniaux qui sont désormais illuminés uniquement les samedis soir jusqu’à 23 h (hors évènements exceptionnels comme la fête des lumières). Mais la mesure la plus controversée concerne l’éclairage urbain. Jusqu’à début janvier 2023, les éclairages publics sont éteints quatre soirs par semaine, du dimanche au mercredi, de 2 h à 4 h 30 du matin. Dans un premier temps, seuls les quartiers de Bellecour, de la CroixRousse, une partie de la Presqu’île et du Vieux-Lyon, le plateau de Saint-Rambert (9e) et certaines parties du 3e, 6e, 7e du 8e arrondissement sont concernés pour des « raisons techniques liées au réseau de distribution d’électricité », a expliqué la mairie.

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Plan Sobriété ©
© Edgar GUYON, la ville de Lyon vue de Fourvièvre

Lyon est la ville la plus dangereuse de France aujourd’hui

La décision aurait été prise en prenant en compte les horaires de circulation des transports en commun, mais aussi les jours de la semaine qui sont généralement les plus festifs, à savoir les jeudis, les vendredis et les samedis soir. Cette mesure a inquiété certains décisionnaires, notament d’opposition qui alertent sur des questions de sécurité. En effet selon un sondage Ipsos réalisé en 2015, 91 % des Français considèrent que l’éclairage public joue un rôle important « pour renforcer les conditions de sécurité le soir et la nuit ».

Pierre Oliver, maire LR du 2e arrondissement de Lyon s’est toujours dit contre l’application de cette mesure. « Pour le plan de sobriété, il faut savoir que le maire de Lyon a réuni l’ensemble des membres des groupes politiques, une initiative qui est d’ailleurs plutôt à saluer. Dans ce plan global constitué d’un peu moins d’une vingtaine de mesures, il a été proposé l’extinction de l’éclairage public sur certains secteurs. «Nous là-dessus, c’était une des mesures sur laquelle on était en total désaccord. Notre crainte c’est d’avoir sur certaines zones éteintes, de gros problèmes de sécurité, notamment liés à des gens qui pourraient rester là, que ce soit sur du trafic, ou alors des gens qui attendent des jeunes qui pourraient passer à cette heure-là. Et je pense que la Ville de Lyon a aussi cette crainte car elle a elle-même réduit l’amplitude, à savoir uniquement du dimanche soir au mercredi soir et uniquement sur certains secteurs, ce qui montre quand même une certaine fébrilité de leur part. »

En désaccord sur la mesure d’extinction des bâtiments emblématiques de Lyon mais aussi des rues, Pierre Oliver considère que la justification qui a été donnée n’est pas suffisante.

« À mon sens, cette idée pose de vrais problèmes de sécurité. Les exemples qui nous ont été donnés en justifiant par «il y a d’autres villes qui le font», c’est essentiellement dans des territoires ruraux, plus reculés, qui n’ont pas les problèmes de sécurité que nous avons à Lyon, parce que Lyon est la ville la plus dangereuse de France aujourd’hui. Concernant l’extinction des bâtiments patrimoniaux, je trouve ça regrettable, d’autant que l’économie engendrée par ça est assez infime. Il y a un troisième sujet sur lequel nous étions en désaccord, c’est leur volonté de recruter des nouveaux chargés de mission qui ont vocation à travailler

les questions de sobriété. Cela va porter à six le nombre de personnes sur la question, là où aujourd’hui on sait déjà les diagnostics et ce qu’il faut faire. Nous dénonçons aussi cette mesure car elle va engendrer un surcoût supplémentaire, là où on a pour objectif de réduire la charge finale de l’opération. La crise énergétique va engendrer un surcoût financier de près de 25 millions d’euros pour la ville, donc on ne comprend pas comment on peut recruter des postes supplémentaires, c’est-à-dire dépenser plus, dans le but de générer des économies, c’est un discours qui ne s’entend pas. Aujourd’hui la réalité est avant tout économique. Autrement dit, comment on trouve ces 25 millions d’euros sur le budget pour l’année prochaine, sans augmenter les impôts, une idée à laquelle nous on s’oppose, contrairement au maire de Lyon. »

L’élu d’opposition a confié que ces recrutements vont venir effacer « l’ensemble des efforts qui sont faits sur les illuminations la nuit ». Selon lui, les 20 mesures de sobriété qui ont été prises vont générer une économie d’environ 1 million d’euros, là où le recrutement de ces postes sur l’issue du mandat coûtera quasiment la même chose. Pour lui, cela va créer un montant qu’il faudra supporter « alors même que l’enjeu n’est pas là », a poursuivi le maire LR.

« Il pourrait aussi y avoir des initiatives, comme ce qui a été fait à la Région Auvergne-Rhône Alpes, qui, elle, est bien gérée. La Région a décidé d’investir, c’est-à-dire que plutôt d’éteindre, elle va remplacer l’ensemble des lumières de nos lycées et passer en LED partout, ce qui, sur le long terme, va générer une économie substantielle à la fois de consommation et des factures. Donc je pense que ce qui est vraiment important c’est l’investissement sur de l’équipement plutôt que sur du personnel. Si j’en avais eu le pouvoir, j’aurais investi sur des éclairages publics qui consomment moins. Une idée qui n’a pas été mise en place par la Ville de Lyon car elle n’en a pas les moyens. J’aurais aussi investi sur une meilleure isolation de nos bâtiments, qui n’est pas faite aujourd’hui. Les politiques de rénovation thermique n’ont jamais été aussi lentes à la Ville de Lyon depuis que nous avons les écologistes. »

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problème
Un
avant tout économique
Une mesure qui divise

priorité des aéroports de Lyon au sol comme dans le ciel

Hydrogène, électricité verte, biogaz… Toutes ces énergies sont déployées à Lyon Saint-Exupéry et à LyonBron dans un but commun : viser la neutralité carbone.

L’avion est l’un des moyens de transports les plus polluants au monde, avec 133 g de dioxyde de carbone rejeté au kilomètre par passager. Les aéroports aussi sont des enceintes polluantes. Ainsi, pour remédier à cette problématique environnementale, Lyon Aéroports - incluant l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry et Lyon-Bron - poursuit son plan de décarbonation. Les émissions résiduelles avaient déjà été réduites de moitié entre 2016 et 2021, et ce grâce à l’utilisation de 100 % d’électricité verte, de 50 % de biogaz pour le chauffage, et à l’ouverture du Terminal 1 haute qualité environnementale. Ces émissions résiduelles représentent 2 000 tonnes par an à ce jour, mais Lyon Aéroports vise les 500 tonnes par an d’ici 2026.

Vinci Airports a choisi Lyon Saint-Exupéry, deuxième aéroport régional français pour l’aviation commerciale, comme site pilote de l’usage d’hydrogène comme carburant. Une station dédiée à cette énergie sera installée sur la plateforme dès 2023 pour l’approvisionnement des véhicules utilitaires légers et d’une partie des navettes parking. Du côté de la mobilité lourde, entre 2024 et 2025, l’aéroport s’est allié avec Airbus et Air Liquide pour l’installation d’une station d’hydrogène vert gazeux. L’objectif, à terme, consiste à déployer des infrastructures de production, de stockage et de distribution d’hydrogène vert liquide nécessaires à l’utilisation de cette énergie au sol et en l’air.

Avantages, inconvénients, et limites de l’hydrogène

Pourquoi les gestionnaires de l’aéroport de Saint-Exupéry

parlent-ils « d’hydrogène vert » ? Cette précision prend en compte la manière dont est produite cette énergie alternative. L’hydrogène peut être créé à partir d’hydrocarbures comme le charbon, le pétrole ou le gaz, mais aussi par l’électrolyse de l’eau. Cette dernière consiste à décomposer les molécules d’eau en hydrogène et oxygène, sous l’effet d’un courant électrique. Pour considérer que l’hydrogène soit « vert », il faut que l’électricité nécessaire à sa production ne soit pas elle-même polluante. À noter qu’à ce jour, 95 % de l’hydrogène est produit à partir d’hydrocarbures, un processus polluant. Cependant, l’hydrogène est considéré comme une piste prometteuse de carburant vert en raison de sa facilité et de son faible coût de transport, ainsi que son potentiel environnemental, si les conditions citées plus haut sont respectées.

Les prochains avions de ligne

Le constructeur aéronautique européen Airbus continue de peaufiner trois avions à hydrogène. L’un à turbopropulseurs, à la manière des avions de transport à hélices, l’autre à turboréacteurs, sur le modèle des avions de ligne A320 et A350, et le dernier, le plus encourageant des trois, une « aile volante », comme le présente le directeur de l’ingénierie d’Airbus JeanBrice Dumont. Cette dernière est la plus prometteuse vers une aviation décarbonée, puisque ce concept allie une grande capacité tant d’hydrogène que de passagers. Pour autant, les vols long-courriers à l’hydrogène restent illusoires. Une fois transformé, à énergie égale, l’hydrogène est quatre fois plus volumineux que le kérosène. La mise en service d’un tel avion est envisagée aux environs de 2035.

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L’hydrogène,
T R A N S P O R T S
Nastasya SORRIBES
© Edgar GUYON, Lyon Saint-Exupéry est le quatrième aéroport français en termes de fréquentation, avec 11,7 millions de passagers en 2019. Un chiffre tombé à 4,5 millions en 2021, à cause de la crise sanitaire. Lyon Saint-Exupéry, futur hub à hydrogène

Ek’eau, une embarcation lyonnaise à énergie positive

Produire plus d’énergie que l’on en consomme en 2022, c’est possible. C’est ce qu’a démontré Camille Bajot avec Ek’eau, une barge installée le long du quai Rambaud dans le quartier de Confluence et entièrement éco-responsable.

Après des années de travail dans l’évènementiel, Camille Bajot a eu l’idée de regrouper son activité professionnelle et sa conscience écologique dans un projet : Ek’eau. Tout commence en 2015 lorsqu’il décide d’acquérir une barge désuète afin de la transformer en un exemple énergétique. L’objectif avec le maquis : créer un lieu esthétique. « C’est un lieu en bord de rivière qui permet la rencontre de plusieurs univers différents », précise Camille Bajot. Actuellement, la barge a plusieurs fonctions : héberger l’activité professionnelle du fondateur et de son équipe, et accueillir un certain nombre de personnes dans le cadre de conférences, d’expositions, etc.

près de 6 MWh tout en ayant une consommation énergétique modérée. La constitution de la barge prend elle aussi en compte les problématiques énergétiques avec des matériaux locaux et peu polluants comme le bois qui provient principalement du Jura. L’embarcation possède même un filtre à particules afin de ne pas polluer la Saône. « Nous avons utilisé beaucoup de bon sens de façon à faire les choses au mieux », témoigne Camille Bajot.

L’autonomie énergétique en vue

Au-delà d’être un lieu de vie et d’accueil, Ek’eau a également l’ambition de sensibiliser les visiteurs sur la question environnementale et sur la protection des océans. C’est un exemple en la matière. De la conception du lieu jusqu’à son mode de chauffage, Ek’eau montre l’exemple d’un point de vue énergétique et environnemental. C’est d’ailleurs l’une des rares structures à énergie positive, car oui, cette barge produit plus d’énergie qu’elle en consomme. En continuité avec l’âme écologique du projet, la barque génère de l’énergie en majorité renouvelable. D’abord avec des panneaux photovoltaïques, puis en utilisant la force hydraulique et éolienne. . L’embarcation génère

Pour les mois, voire dans les années à venir, Camille Bajot et Ek’eau ont de grandes ambitions. À terme, l’embarcation se veut totalement autonome d’un point de vue énergétique, ce qui n’est pas le cas pour l’instant. À l’heure actuelle, la barge produit suffisamment d’énergie pour subvenir aux différents besoins tout au cours de l’année, notamment du fait qu’une partie de l’énergie générée en été est stockée pour être utilisée en hiver, saison la plus énergivore. D’après le fondateur d’Ek’eau, le stade d’autonomie devrait être atteint d’ici 2025. En outre, Camille Bajot souhaiterait créer dans le long terme, « un village éco-responsable en province, ayant pour but de sensibiliser sur les sujets de l’écologie, de l’agriculture et de la permaculture en accueillant des familles monoparentales ainsi que des enfants défavorisés ». Quoi qu’il en soit, Ek’eau démontre que l’écologie et la sobriété énergétique restent à la portée de tous.

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Un projet respectueux de l’environnement © Thomas Santos Antao, Embarcation à énergie positive Ek’eau

Rouler à l’électrique en temps de crise énergétique, toujours rentable ?

Rouler à l’électrique est de plus en plus fréquent dans la population et plus particulièrement à Lyon où les Verts favorisent ce moyen de transport. Mais avec la hausse des prix de l’énergie, est-ce réellement rentable de rouler au vert ?

Lesvoitures électriques sont de plus en plus répandues sur les routes, c’est ce que constate Tony Ledru, conseiller commercial automobile chez Citroën à Rillieux-la-Pape. Malgré le fait que beaucoup de clients soient encore réticents à abandonner leurs véhicules thermiques pour passer à l’électrique, les ventes de voitures électriques ont augmenté de 13% depuis janvier 2022 dans sa concession. En effet, la démocratisation de la voiture électrique est encore récente en France contrairement aux constructeurs japonais. Le premier véhicule 100% électrique de chez Citroën est sorti en 2020 et il s’agit du modèle Ë-C4.

Avantages et inconvénients

Les voitures électriques constituent un moyen plus écologique pour se déplacer, notamment du fait qu’elles n’émettent ni bruit ni odeur, contrairement aux véhicules thermiques, réduisant au passage la pollution sonore. Malheureusement, cette alternative possède son lot d’inconvénients. Premièrement, le coût d’une voiture électrique à l’achat reste plutôt élevé en comparaison à une voiture thermique. Il faut donc être prêt à mettre le prix : Pour le modèle Leaf de chez Nissan il faut compter 29 700 euros, pour une Citroën Ë-C4 comptez 35 600 euros. Le prix n’est pas le seul inconvénient, la recharge reste une contrainte : si vous n’avez pas d’équipement à domicile, les bornes de recharge ne courent pas les rues en centre-ville, encore moins en périphérie de Lyon. Le temps de recharge peut lui aussi entraîner un désagrément.

Cependant, sur le long terme, et selon votre usage, la voiture électrique peut rapidement devenir rentable. En effet, l’entretien est plus simple et moins onéreux : il est en moyenne deux fois moins cher que sur un véhicule thermique. De plus, dans le cas de Citroën, les véhicules électriques sont garantis huit ans ou jusqu’à 160 000km. Mais cette rentabilité dépend de votre mobilité, Tony Ledru parle de « client électrocompatible ». Car, si vous faites de longs trajets, rouler avec un véhicule électrique est désormais plus cher qu’avec un véhicule thermique.

La hausse des prix de l’énergie rend l’électrique moins rentable

S’il est indéniable que les automobilistes gagnent en rentabilité en roulant à l’électrique cela pourrait bien changer. Avec le prix de l’électricité qui ne cesse de croître, les véhicules électriques sont de moins en moins compétitifs par rapport aux thermiques. Cette hausse des prix de l’électricité va irrémédiablement impacter le coût de la recharge des véhicules hybrides, rechargeables et électriques. En France, les particuliers sont relativement épargnés, mais ce n’est pas le cas pour les entreprises qui doivent payer les prix du marché. C’est l’exemple de la marque Tesla qui a envoyé un mail à tous ses clients hier pour les prévenir d’une augmentation du prix de la recharge dans ses Superchargeurs (réseau de recharge rapide en courant continu de 480 Volts, déployé depuis 2012 par le constructeur automobile pour recharger les véhicules électriques.). La marque américaine n’est pas la seule à augmenter ses tarifs, c’est une hausse tarifaire généralisée qui touche le marché du véhicule électrique. En parallèle le prix de l’essence augmente aussi considérablement, et même davantage que le prix de l’électricité. L’électrique reste donc toujours plus rentable.

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T R A N S P O R T S
Emma OLMO © Emma Olmo, la citroen e-c4 voiture 100% éléctrique

Afin de respecter le plan climat mis en place en 2017, la Ville de Lyon a souhaité s’adjuger 2 000 nouveaux véhicules publics fonctionnant au gaz et à l’électricité. Pour cela, les mécaniciens de la ville ont du se former à l’utilisation de ses nouveaux équipements.

Depuis l’été dernier, la ville de Lyon s’est lancé le défi de posséder une flotte de véhicules publics totalement verte. En effet, ce défi faisait partie des promesses du maire de Lyon lors de son élection au printemps 2020, qui était de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’azote. Afin de répondre à cette attente, la Ville a décidé de changer la totalité de ses équipements. Patrick Nowicki, le responsable du garage municipal de Lyon, raconte qu’il a « vu arriver des nouveaux véhicules qui fonctionnent avec des énergies différentes. » Il ajoute à ceci qu’« aujourd’hui, la ville possède des équipements qui fonctionnent au gaz, à l’électricité ». Ces changements d’énergies ne sont pas anodins pour Patrick et son équipe puisqu’il a dû réapprendre la plus grande partie de son travail. En effet, ces véhicules « verts » fonctionnent avec des nouvelles technologies qu’il faut absolument savoir réparer en cas de panne.

En plus de cela, la plus grosse partie des machines a aussi dû être changée. En effet, aujourd’hui, le garage situé dans le quartier Bachut de Lyon, est obligé de posséder des prises électriques et de gaz pour alimenter les différents véhicules selon leurs énergies. Mais ces investissements permettent à la Ville de Lyon de rester dans les clous du plan climat mis en place en 2017, comprenant un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’azote de 30 % d’ici 2030.

Avant de pouvoir profiter pleinement des nom-breux avantages que proposent les véhicules « verts », il y a un énorme investissement. Il y a un an, Sylvain Godinot, adjoint au maire, délégué à la transition écologique et au patrimoine expliquait que «le problème majeur de cette transition c’est le surinvestissement puisque les véhicules coûtent plus cher». En effet, un camion qui fonctionne à l’électricité peut se révéler quatre fois plus cher à l’achat. Patrick Nowicki explique que « la ville de Lyon a dû payer les formations de la totalité du personnel pour qu’il puisse réparer les véhicules en panne ».

Aujourd’hui, les mécaniciens de la Ville de Lyon doivent se former continuellement puisque les énergies des véhicules ne sont pas encore toutes identiques. Les méthodes de travail varient énormément selon les types d’engins et représentent donc une énorme charge de travail pour les employés. Alors bien évidemment qu’au niveau écologique, l’arrivée des nouvelles énergies est importante, mais comme nous sommes seulement au début, il reste encore de nombreux problèmes à travailler comme celui de la formation.

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Des changements d’énergies onéreux
Rouler vert, le défi écologique et technique de Lyon
© Baptiste Chuzeville, Une vingtaine de mécanos s’occupent de plus de 2 000 véhicules sur le territoire lyonnais. Les agents sont regroupés en pôles de réparation et de surveillance

LA MÉTROPOLE DE LYON MISE SUR L’ÉNERGIE SOLAIRE

Dans le but d’accélérer le déploiement de l’énergie solaire sur le territoire du Grand Lyon, la Métropole a adopté un plan solaire, le 27 juin dernier.

Le territoire de la Métropole de Lyon consomme six fois plus d’électricité qu’il n’en produit. La production d’énergie solaire n’a d’ailleurs connu que 7% de hausse sur le territoire lyonnais depuis 2015. Les élus du conseil métropolitain de la ville de Lyon, ont donc adopté le 27 juin dernier, le « plan solaire », afin de booster le déploiement du solaire photovoltaïque. Philippe Guelpa-Bonaro, vice-président du Grand Lyon, délégué de l’énergie, a déclaré « nous devons collectivement prendre notre part dans l’installation de sources d’énergies renouvelables locales ». Les élus soulignent également dans un communiqué que « l’ensoleillement du territoire métropolitain, d’environ 2 000 heures par an, est extrêmement propice à la production d’électricité et de chaleur solaire ».

Ayant pris du retard sur ses objectifs, le territoire de Lyon n’a produit que 60 GWh (gigawattheure) d’électricité photovoltaïque en 2021. À travers ce nouveau projet énergétique, la Métropole écologiste exprime donc deux ambitions à atteindre avant 2030 : Elle souhaite accélérer la production d’électricité solaire, pour atteindre 250 à 300 GWh par an, et baisser les consommations d’énergie de 20%.

Les six axes de développement

Les objectifs de ce plan solaire, amenés par la métropole, répondent à l’urgence climatique actuelle, ainsi qu’à la volonté de

maîtrise de la facture d’énergie des habitants et usagers lyonnais. Pour parvenir à un tel résultat, le plan Métropole solaire s’organise autour de six axes majeurs. Il encourage « l’autoconsommation collective, le développement de l’agri-voltaïsme », ainsi que « l’implication citoyenne pour une appropriation par le plus grand nombre et une transition énergétique totale auprès des habitants.» Il a également pour but « d’accélérer le développement de la filière solaire thermique et de massifier la production d’électricité photovoltaïque sur les sites métropolitains ».

La Métropole souhaite implanter rapidement ces installations de production d’électricité photovoltaïque, tout en minimisant les impacts négatifs (impact écologique, intégration paysagère) et améliorer les retombées sociales et économiques du territoire lyonnais.

Vers la promotion du photovoltaïque

La Métropole de Lyon désire créer un Club solaire, dans le but de développer un réseau d’acteurs, (entreprises, syndicats, collectivités…) souhaitant apporter leur aide pour le développement du domaine lié au solaire. Dans le but d’affirmer sa neutralité carbone et de renforcer son attractivité, l’objectif de ce club solaire sera de promouvoir la réalisation des projets photovoltaïques envers des acteurs publics et privés.

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© David Kalfa, exemples de certaines installations de panneaux photovoltaïques chez les particuliers et dans des endroits publics

Alors que la hausse du prix de l’énergie inquiète, une solution a été mise en avant pour atteindre une certaine forme d’autonomie. David Kalfa, directeur de l’entreprise Vivaénergie, basée à Lyon, fait le point sur le fonctionnement d’un panneau photovoltaïque et sur les avantages de cette transition énergétique.

Les panneaux photovoltaïques sont une véritable source d’économie financière

Qu’est-ce qu’une transition énergétique ?

La transition énergétique a pour but de changer son système énergétique actuel pour un nouveau système énergétique basé sur des ressources renouvelables. Elle favorise l’indépendance énergétique et diminue la consommation globale pour abandonner progressivement le nucléaire pour des solutions écologiques.

Comment fonctionne un panneau photovoltaïque ?

Un panneau photovoltaïque est équipé de capteurs solaires. Ils réagissent à la luminosité et produisent de l’énergie qui se transforme en énergie électrique.

Cette énergie est produite en permanence et s’appelle du courant continu.

Ajouté à cela, le panneau photovoltaïque est adossé à un onduleur ou à un micro-onduleur qui permet de transformer le courant continu en courant alternatif. Il s’agit de celui qui alimente nos maisons en France.

Quelles sont les promesses d’un panneau photovoltaïque en termes d’économie ?

Cela dépend de nombreux critères comme la qualité et les performances du panneau photovoltaïque, mais également de la géolocalisation de l’endroit dans lequel il va être posé. À partir de là, vous allez produire de l’électricité en fonction de la puissance de chaque panneau.

Donc lorsqu’on la consomme en instantanée, il s’agit de l’électricité que l’on n’achète pas chez EDF mais de

l’électricité que l’on produit. Cela reste donc une véritable source d’économie financière. Il ne s’agit pas réellement d’une solution mais plutôt d’une alternative. Le panneau photovoltaïque n’a pas de production nocturne, donc cela va en complément du réseau EDF. Mécaniquement, cela dépend de l’ensoleillement et de la luminosité. Nous savons pertinemment qu’en hiver nous avons moins de soleil donc nous avons tendance à consommer plus que produire.

En règle générale dans les foyers, on consomme beaucoup moins en été qu’en hiver.

Quels sont les autres avantages de l’installation de panneaux photovoltaïques ?

Ce sont des produits de l’énergie verte, c’est-à-dire que l’on pollue beaucoup moins. Par conséquent, l’environnement est bien plus écologique qu’avec du nucléaire. Il n’émet pas de gaz à effet de serre ou de dioxyde de carbone. En prime, les panneaux photovoltaïques sont essentiellement de matériaux recyclables.

Cette solution alternative est-elle coûteuse ?

Le prix d’une installation photovoltaïque dépend de plusieurs facteurs. Cela peut être influencé par la marque, la puissance et le type de panneau que vous choisissez, le type d’onduleur, la hauteur de votre bâtiment ou encore le mode de pose. Il faut comprendre qu’il s’agit d’un marché très délicat. De nombreux arnaqueurs sont présents pour vous vendre du rêve en vous proposant des prix très bas.

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Propos receuillis par Carla CASADEI RENCONTRE AVEC DAVID KALFA
© David Kalfa

Alors que certains ménages ont un pouvoir d’achat plus faible que d’autres, plusieurs entreprises se mettent au diapason pour que la consommation énergétique et son coût diminuent.

C’estun souci pour tous les ménages : la consommation énergétique et son prix sont en effet dans toutes les têtes, qui plus est en fin d’année. Chaudières, pompes à chaleur, poêles à granulés ou autres, plusieurs outils existent pour réchauffer les logements, mais les questions économiques et écologiques entrent alors en considération. Pour se rendre compte du coût énergétique d’un ménage à Lyon, Christian a accepté de faire part de ses dépenses pour une famille de 4 personnes. Il confie : « Ici, nous chauffons exclusivement à l’électricité. C’était déjà installé de la sorte lorsque nous avons emménagé, mais c’est la solution la moins polluante ». D’un point de vue économique, Christian dépense en moyenne 330 euros mensuellement. « Ce prix englobe le chauffage, les appareils ménagers ainsi que l’éclairage, mais en réalité, on consomme l’équivalent de 172 euros par mois. Le prix que nous payons se base donc sur une estimation faite en début d’année. Nous sommes évidemment remboursés du surplus payé si jamais on consomme moins que prévu mais ce système a certaines limites. » 330 euros payés donc, pour cette famille de la banlieue lyonnaise, soit 40% de plus que le reste du pays en 2022.

Quelles solutions pour baisser la consommation énergétique ?

Si l’énergie coûte cher et pollue, c’est aux entreprises qui fournissent l’énergie de se mettre à la page pour proposer des solutions viables. En région lyonnaise, Solution Nature fait partie de ces boîtes qui vendent et installent des énergies renouvelables aux mé -

Joutang, Solution Nature vend donc des pompes à chaleur, poêles à granulés ou autres. Pour le premier des deux collaborateurs, le défi est de taille : « Pour tous les ménages, la facture énergétique fait du mal à la fin du mois et nous en avons conscience. On conseille vivement de chauffer les habitations à la pompe à chaleur. » Chauffer à la pompe à chaleur oui, mais à quel coût ? Nicolas Giannubilo donne quelques réponses : « Il faut voir sur le long terme. L’équipement a un coût, certes. Ce que peu de gens savent, c’est que tout le monde peut bénéficier à des aides de l’Etat sur les travaux. Dans un second temps, il faut prendre conscience que ces travaux énergétiques vous feront drastiquement baisser vos factures à la fin du mois. » La pompe à chaleur semble donc être une des solutions pour baisser vos factures et pour garder un respect de l’environnement. Comme le dit si bien le célèbre slogan : l’énergie est notre avenir, économisons là !

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nages. Dirigée par Nicolas Giannubilo et Corentin
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Ménages : coût de l’énergie et solutions
Lucas RICHET © Lucas RICHET, Nicolas Giannubilo, président de la société Solutions Nature

Face à la crise énergétique, Lyon met les gazs au vert

Face à la crise énergétique, le mot d’ordre est : sobriété. En parallèle, la métropole de Lyon a décidé de faire le pari du biogaz. Moins chère, plus écoresponsable, cette énergie verte pourrait être l’avenir de la ville Lumière.

Depuis

ce début d’année, l’Europe est déchirée par le conflit entre la Russie et l’Ukraine. La hausse des tarifs énergétiques est l’une des conséquences directes de ce conflit et les foyers européens sont les premiers impactés. Face à cette crise, la plupart des États optent pour un comportement plus économe et tendent vers un hiver marqué par une sobriété énergétique. En parallèle, certaines villes œuvrent dans la recherche d’énergies alternatives, permettant d’atténuer la crise énergétique. C’est notamment le cas de la métropole qui a récemment décidé d’investir massivement dans le biogaz. Au terme d’un appel d’offres, la ville de Lyon s’est engagée auprès de l’entreprise française Ekwateur. À l’heure actuelle, ce sont plus de 40 bâtiments municipaux qui sont chauffés au biogaz tels que l’Hôtel de Ville, les mairies d’arrondissements ou encore le musée des beaux-arts. Au total, la ville de Lyon a utilisé près de 17GWh, soit 25% de la consommation habituelle, qui avoisine les 75GWh par an.

Le biogaz, c’est quoi ?

Le biogaz est une énergie verte encore peu connue. On l’obtient via les systèmes d’épuration ou via les déchets agricoles. La première étape est de récupérer ces déchets. Par la suite, ces déchets sont isolés sous cloche pour suivre un processus de fermentation qui permettra la transformation du Co2 en biogaz. Ce gaz est par la suite travaillé par GRDF afin d’obtenir un gaz plus pur : le biométhane. Il rejoint ensuite le

réseau qui permet de chauffer les nombreux bâtiments municipaux ainsi que 100.000 logements dans la région. D’ici 2028, la ville de Lyon compte se doter de deux nouveaux sites de production de biogaz, l’un à Pierre-Bénite, l’autre à Saint-Fons. Le biogaz comporte de nombreux avantages. En plus d’être produit exclusivement en France, le biogaz n’est pas impacté par le conflit russo-ukrainien. Si le prix du gaz fossile a doublé, celui du biogaz n’a connu qu’une seule hausse. Le biogaz apparaît comme une solution intéressante dans le cadre d’une transition vers l’énergie verte.

Zéro consommation de gaz fossile en 2050 ?

Dans le cadre de cette migration vers le biogaz, la Métropole affiche de l’ambition. En effet, la ville de Lyon compte augmenter ses unités de production de biométhane. Ce serait une dizaine de méthaniseurs supplémentaires qui devraient rejoindre le réseau lyonnais d’ici la fin de l’année. L’objectif d’un tel investissement ? Transformer l’ensemble de la consommation de gaz fossile en une consommation 100% biogaz d’ici 2050. Pour y arriver, de nombreux objectifs sont installés, dont celui d’atteindre 20% de la transition d’ici 2030. Ce pari du biogaz s’inscrit dans une cohérence écologique proposée par la métropole avec le plan de sobriété énergétique et son investissement dans les autres énergies vertes.

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© Thomas SANTOS ANTAO, Cette station d’épuration à Pierre-Bénite accueillera de nouveaux methaniseur d’ici 2028 Thomas SANTOS ANTAO

Vers la fin du chauffage 100% fioul

En France en 2020, 2,7 millions de foyers étaient équipés d’une chaudière fonctionnant au fioul. Il s’agit d’un moyen de chauffage courant notamment en milieu rural. Pourtant, le chauffage au fioul subit des restrictions pouvant mener à son extinction.

Depuis

juillet 2022, il est interdit de mettre en place un équipement fonctionnant uniquement au fioul. Les installations déjà présentes n’ont pas obligation à être changées tant qu’elles fonctionnent encore, simplement il est impossible de commander de nouvelles pièces. En vérité cette interdiction concerne tous les équipements de chauffages dépassant les 300 gCO2eq par kW/h PCI (pouvoir calorifique inférieur). Le fioul dépasse ce seuil de même que le charbon. Deuxième frein pour le fioul, son prix: un réapprovisionnement sur une cuve de 1000 à 1500 litres se fait 1 à 2 fois par an. Son prix moyen en France est de 1,417 euro par litre. Son prix peut rapidement varier, durant ces dernières années il a surtout augmenté, pour atteindre parfois le double de sa valeur initiale. Roland Bouquet, président du SYNASAV (Syndicat National de la Maintenance et des Services en Efficacité Energétique) considère qu’à terme le fioul disparaîtra « c’est clair, les chaudières vont disparaître les unes après les autres ». Pour le président, « il n’y a pas une solution, mais tout un panel », pour remplacer le fioul petit à petit.

Cependant d’après le chef d’entreprise, les pouvoirs publics ne prennent pas en compte ce temps d’adaptation : « on est d’accord pour arrêter les énergies fossiles mais il faut nous laisser le temps ».

Le parc des chaudières sera remplacé avec le temps, mais par quoi ? Roland Bouquet est également président d’une entreprise d’entretien des équipements de chauffage. Pour lui le premier pas se fait sur le terrain : « Les particuliers posent des questions à nos techniciens, c’est comme ça qu’ils les renseignent sur les alternatives possibles ». Les métiers gravitants autour du fioul sont en pleine refonte, les techniciens doivent se former aux nouvelles méthodes, un temps à prendre en compte pour permettre une transition en douceur « certains sont des fioulistes de première langue et ils passent aux nouvelles compétences, idem pour les installateurs »

Celle-ci permet de passer sous la fameuse barre des 300 gCO2 par kW/h. Le principe est de mélanger un chauffage à l’électricité et au fioul. Dans les périodes où le climat est plus doux, l’électricité suffit. Quand il fait plus froid, le fioul prend le relais. Cela permet également de gérer entièrement sa consommation, en évitant les surcoûts d’électricité. Il faut tout de même changer entièrement son installation au fioul car l’équipement est différent. « Une Solution qui pour moi a du sens dans le changement et la fusion énergétique » explique Roland Bouquet. Tout ceci n’est qu’une hypothèse mais « demain les pouvoirs publics décideront peut-être de baisser la barre en dessous des 300 gCO2 par kW/h » précise Roland Bouquet. A ce wmoment-là, les alternatives qui étaient viables jusqu’à maintenant ne le seront plus. L’avenir de la filiale du fioul est grandement lié aux décisions gouvernementales.

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Faire face au renouvellement Miser sur l’hybride © Curtis Thevenon, Roland Bouquet : Le type d’installation à prioriser dépend de la situation de l’habitation.

LEs alternatives au FIOUL

Commence fonctionne une PAC Hybride

- Permet de gérer sa consommation d’énergie.

- Économique en fioul.

- Permet d’éviter les problèmes.

- Cet équipement coûte entre 10 000 et 12 000 euro.

- Le prix de l’électricité influe tout de même sur la facture.

- Impossible de transformer une chaudière classique en hybride.

Composition du bio-fioul

EMAG

(ester méthylique d’acide gras), principalement issu de colza, produit en France FIOUL DOMESTIQUE une grande partie du carburant reste du fioul classique. Il se mélange parfaitement avec le colza

Comment fonctionne une pompe à granulés

Silo stockage

Circuit à eau chaude Foyer granulés

- Pas besoin de changer l’enterièreté de l’équipent au fioul, seulement un nettoyage intensif de la cuve ainsi que le changement du brûleur.

- Résiste mieux au froid, jusqu’à 17°.

- Encore difficile de trouver ce type de carburant.

- Prix élévé du bio-fioul, 15% plus cher que le fioul classique.

- Le combustible ( bois) à un prix très faible, comptez 200 euros pour 1 tonne de granulés.

- Un équipement écologique.

- Un entretien annuel de 400 euros et deux ramonages.

- Entre 20 000 et 25 000 euros pour se procurer et installer ce système.

- La taille imposante du dispostif.

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Curtis THEVENON
à chaleur
chaude
Eau froide
Air éxterieur Pompe
Chaudière au fioul ou à gaz Production d’eau
Réfrégirant
Emag 30% Fioul domestique 70%

L’OL montre l’exemple en Ligue 1

Sport Positive, organisme indépendant anglais, a établi un classement afin de positionner les clubs de la première division française en fonction de leur politique éco-responsable. L’Olympique Lyonnais est le plus écologique, mais aussi le club ayant la meilleure note sur le point énergétique.

Malgré des résultats compliqués pour l’Olympique Lyonnais depuis deux ans sur le rectangle vert, le club rhodanien a tout de même de bons arguments pour avoir le sourire. Après une enquête réalisée par Sport Positive, une ONG basée en Angleterre, l’OL est le club ayant le meilleur modèle énergétique en Ligue 1. En étant seul propriétaire de son stade et décideur de l’OL Vallée, il est logique que le club soit devant tous les autres. Entre autres deux points devant son dauphin le Clermont Foot.

Depuis 2013, et la pose de la première pierre à DécinesCharpieu, l’Olympique Lyonnais exploite le potentiel autour du grand stade. Avec 1000 m2 de panneaux solaires sur la toiture du centre d’entraînement et 40 000 m2 de panneaux solaires dans l’OL vallée, 100 % de l’électricité consommée sur le site provient de sources renouvelables. C’est aussi pour cela que les Lyonnais comptabilisent 16 points sur 25 d’après le barème.

rieux, directrice RSE de l’OL : « Nous ne sommes pas 100 % LED sur l’éclairage du stade, mais nous progressons. Chaque année, nous avons un plan d’investissement qui abordait le sujet des LED. »

Depuis 2018, le club se charge de réduire sa consommation énergétique. Cet investissement de plusieurs centaines de milliers d’euros a permis de réduire par trois la consommation d’un match.

Réduire l’éclairage pour les clubs de Ligue 1

Le 16 septembre dernier, Amélie Oudea Castera, ancienne joueuse de tennis professionnelle et désormais ministre des Sports, avait rappelé la nécessité de passer aux ampoules LED à basse consommation. Les systèmes d’éclairage des équipements sportifs actuels représentent un poste de consommation énergétique important. Mais depuis l’inauguration du Groupama Stadium, l’OL utilise les ampoules LED pour ses infrastructures, indique Maëlle Tra-

Dans un contexte de sobriété énergétique, l’Olympique Lyonnais et les autres clubs de Ligue 1 doivent réduire leur éclairage en raison de la crise énergétique. En étant propriétaire et exploitant du stade, l’OL n’est pas le seul à décider et doit réduire son éclairage. Jusqu’à la saison dernière, le terrain devait être éclairé entièrement quatre heures avant le début du match, pour que les diffuseurs fassent les réglages. Depuis le match contre Toulouse, l’éclairage doit avoir lieu une heure et demie avant la rencontre. Cette demande de la Ligue de Football Professionnel (LFP) permet au club d’économiser.

Dans l’antre lyonnais, il n’est pas nécessaire d’éclairer le terrain avant le match. Avec la technique des LED, le stade peut s’allumer instantanément à pleine puissance, ce qui n’est pas le cas de tous les autres clubs du championnat.

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Lukas PRAVE © Lukas PRAVE, Des panneaux photovoltaïques installés sur les parkings autour du Groupama Stadium Les Lyonnais en avance sur les LED

Maëlle Trarieux :

Panneaux photovoltaïques, éoliennes horizontales, ampoules LED, l’Olympique Lyonnais impressionne sur le volet énergétique. Le club rhodanien, seul à être propriétaire de son stade dans le championnat français, a de grandes ambitions énergétiques. Maëlle Trarieux, directrice Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) de l’Olympique Lyonnais et déléguée générale à l’OL Fondation, fait le point sur la solarisation du quartier lyonnais, basé à Décines-Charpieu.

L’Olympique Lyonnais se positionne comme un acteur fort de la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises), dans le paysage sportif français. Quelle est la stratégie du club sur les sujets énergétiques ?

L’Olympique Lyonnais ne se positionne pas forcément comme le meilleur élève, ou comme le club le plus engagé. Nous savons que nous avons une spécificité, qui est d’être propriétaire du stade. C’est automatiquement une situation particulière pour le club. En étant propriétaire et exploitant du Groupama Stadium, nous sommes directement responsables de la façon d’opérer sur le site. C’est une responsabilité, mais également des opportunités de changements, d’efforts et d’engagements. L’objectif est de progresser année après année. Nous avons la démarche d’une amélioration continue. C’est-à-dire que nous avons une responsabilité, que nous sommes un lieu d’accueil qui est médiatisé et que par conséquent, nous devons, à travers OL Vallée, sensibiliser et faire évoluer les pratiques.

Justement, lors de la construction du stade, l’OL avait l’ambition de poser des panneaux photovoltaïques sur la toiture du Groupama Stadium. Pourquoi avez-vous abandonné cette idée aujourd’hui ?

C’est une question purement technique. La voilure qui compose le toit ne supporterait pas la force et le poids de ces panneaux. Nous avons trouvé une autre solution qui est celle des parkings autour et qui permet d’atteindre l’objectif de produire de l’énergie renouvelable à l’OL Vallée. Si ce n’est pas le toit, ce sont les parkings, mais cela reste une belle avancée pour le club.

À quoi servent ces 50 000 m2 de panneaux photovoltaïques pour l’OL Vallée ?

Sur le terrain d’entraînement des joueurs professionnels (Groupama OL Training Center), il y a un demi-terrain couvert de panneaux photovoltaïques. Ce sont directement des consommations au sein même du bâtiment sur lequel sont positionnés les panneaux. Sur les parkings, nous avons des discussions avec les autres partenaires du projet, afin d’analyser comment ces installations nous seraient utiles.

Aujourd’hui, les panneaux alimentent le réseau national d’électricité.

Depuis l’annonce du projet, ce sont 50 000 m2 de panneaux qui vont être installés. Pour le moment, une grande partie est installée à proximité du centre d’entraînement. Quels sont les futurs lieux à OL Vallée où les passants pourront apercevoir ces installations ?

Tous ceux qui sont en fonctionnement, ce sont les ombrières des parkings depuis le mois de juillet, sauf le parking P7. Aujourd’hui, le parking est en travaux. Il y a également des panneaux sur les terrains couverts des joueurs professionnels, qui sont raccordés, posés et qui fonctionnent. À terme, il y aura des panneaux sur le toit de la nouvelle LDLC Arena, qui accueillera notamment des concerts et les matchs d’Euroleague de l’ASVEL. Elle sera livrée fin 2023. Il y aura une production électrique directement grâce au poids du bâtiment. Ces installations peuvent nous faire croire que c’est une idée qui tombe du ciel au moment où la crise énergétique se manifeste. Mais ce sont des projets que nous avons mis sur les rails en 2019, et qui demandent du temps.

Des éoliennes horizontales seraient à l’étude, mais en quoi cela consiste ?

Le dispositif existe, ce sont des typologies de petites éoliennes adaptées au niveau urbain. Ce n’est pas comme on l’imagine, de grandes installations verticales. Ces éoliennes sont plutôt sous forme horizontale et produisent de l’électricité lorsque le vent s’engouffre à travers. Ce genre d’innovations, nous les suivons de près, pour vérifier à la fois le sérieux, la faisabilité et le rendement d’un tel dispositif.

Au total, quels bénéfices ont ces dispositifs pour l’Olympique Lyonnais ?

Le parc solaire s’étendra au total sur une surface comparable à sept terrains de football. Ce sont un peu plus de 5 000 places de parking couvertes d’ombrières. La puissance globale atteindra plus de 10 mégawatts, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 2 500 foyers. Ce projet d’énergie solaire permettra d’économiser 164 tonnes de CO2 par an.

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© Maelle Trarieux
L’objectif est de produire de l’énergie renouvelable à OL Vallée

À la rencontre des Lyonnais sur leurs habitudes…

Comment vivez-vous cette crise de l’énergie au quotidien, et que faites-vous pour réduire son impact ?

Je faisais déjà des efforts avant

Avec mon mari on travaille à Vaulx-en-Velin et on se déplace en bus, donc on se lève très tôt. J’éteins la lumière tôt à la maison, vers 6 h, parfois à 5 h du matin. Je fais aussi attention à lancer mes machines pendant les périodes creuses, vers 16 h ou 17 h. Quant au chauffage, je ne l’ai pas allumé avant novembre. Je faisais déjà des efforts avant mais ces derniers temps j’essaie d’appliquer les conseils du clip de l’État : « Je baisse, j’éteins, je décale. »

On tourne juste au feu de bois

On est obligés de s’adapter à l’explosion des prix de l’énergie. Pour l’instant, on tourne juste au feu de bois, même si nous avons aussi le chauffage au gaz. On fait aussi attention à toujours éteindre les pièces quand on n’y est pas… Ce sont des petits gestes quotidiens. Pour ce qui est des déplacements, je prenais les transports en commun, mais comme les services publics n’ont pas suivi le rythme, j’ai dû reprendre la voiture. Ce n’est pas toujours facile.

Je veille à mes habitudes pour l’écologie

Je ne me sens pas encore trop impacté par cette crise des énergies, mais je comprends les personnes qui le sont beaucoup. Je veille quand même à mes habitudes qui pourraient consommer trop d’énergie pour une raison éthique qui est l’écologie. Par rapport à l’électricité, j’essaie de faire des économies en faisant attention à la lumière et au chauffage. Mais tout a augmenté, la facture d’eau aussi.

Il y a beaucoup de pression

Je continue de faire attention. Je faisais déjà attention avant, mais je trouve qu’il y a beaucoup de pression, et de culpabilisation autour de cette crise énergétique. Mais j’essaie de faire des efforts sur mes déplacements. J’utilise beaucoup mon vélo et les transports en commun dans Lyon. On se chauffe pas mal au bois, donc à la cheminée, même si on a un chauffage électrique. On éteint aussi les multiprises tous les soirs.

Le chauffage est bloqué à 19 °C

Avec mon copain, on a bien ressenti l’augmentation des prix de l’énergie. On a mis le chauffage un mois plus tard qu’à notre habitude et on l’a bloqué à 19 °C. Notre facture n’a pas encore eu de régulation, mais c’est déjà le cas pour mes voisins, qui l’ont vue augmenter de 200 voire 300 euros. Quant à l’électricité, j’éteins la lumière et je coupe les multiprises. Mais je ne m’interdis pas non plus d’éclairer mon salon si j’en ai besoin.

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Cristelle Litzler, 52 ans Laurent Defontaine, 50 ans Olivier Puillon, 32 ans Pascale Payan, 56 ans Victoria Barbesa, 27 ans © Nastasya SORRIBES Nastasya SORRIBES / Coralie BERTIN-DUC

… Et la vérification des faits

Ces gestes sont-ils vraiment efficaces pour réduire ses factures énergétiques ? Réponses avec Hamid Chellali, plombier-chauffagiste depuis 22 ans.

Quel est le meilleur moyen de chauffer son foyer à ce jour ?

Le chauffage au bois est assez récent. C’est revenu en vogue par rapport aux prix avantageux, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le problème étant aussi qu’on ne pourra pas chauffer une chambre par exemple au chauffage à bois, puisque le poêle ou la cheminée se situent généralement dans la pièce à vivre. Donc à l’heure actuelle, le meilleur chauffage reste la pompe à chaleur à air, ou à eau. Sur tous les plans, en termes de consommation et de rayonnement de chaleur, elle est optimale. Cependant, même si elle est peu coûteuse à alimenter, l’installation peut revenir un peu plus chère que pour une chaudière à gaz ou pour des convecteurs électriques.

Que faire pour réduire ses factures d’énergie ?

L’isolation. C’est la priorité numéro 1. Si la chaleur est bien conservée, il y a beaucoup moins d’énergie à fournir pour garder une bonne température ambiante. La plupart des gens pensent que la chaleur s’échappe de leurs portes et de leurs fenêtres. Mais ce qui a le plus d’impact sur l’isolation, ce sont les encadrements et la toiture. Alors

même si on ne peut pas faire grand-chose mis à part changer de toiture, il y a quand même des solutions. Il existe des sociétés spécialisées dans la pose de silicone sur ces fameux encadrements. Les cartouches coûtent 2 €, donc c’est vraiment abordable. Dans les chambres, pour éviter les déperditions, vous pouvez aussi installer des boudins de porte isolants. Pour des raisons de normes, vous ne pouvez pas en appliquer si vous avez un chauffage à gaz.

Avez-vous d’autres astuces concernant le chauffage ?

Ensuite, il y a les systèmes de ventilation. La ventilation mécanique contrôlée (VMC) hygroréglable à double flux est à prioriser. Grâce à un échangeur thermique, l’air vicié sera utilisé pour chauffer l’air entrant, ce qui permet d’optimiser l’usage du chauffage à l’intérieur. Et enfin, une dernière erreur à éviter pour économiser sur sa facture, c’est de mettre des thermostats trop bas pour les chaudières à gaz ou au fioul. Ça peut paraître contre-productif, mais ces chaudières demandent le plus d’énergie au moment du démarrage. Moins elles s’enclencheront, plus d’économies vous ferez. Un thermostat à 20 °C, avec le chauffage allumé entre 11 h et 18 h devrait être le plus effectif.

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Nastasya SORRIBES
© Nastasya SORRIBES, Hamid Chellali en pleine réparation d’une fuite sur un compteur d’eau

Lycées, collèges, primaires, maternelles ou même crèches, tous ces établissements lyonnais sont depuis quelques semaines plongés dans le froid à cause des grèves et des décisions gouvernementales. Une situation bien loin de faire l’unanimité.

Depuis le 7 novembre, un vent glacial règne dans les établissements scolaires lyonnais. En cause, une grève des chauffagistes qui ont décidé de couper le chauffage dans les écoles. Une situation qui a duré près de 9 jours. 15 % des crèches et 20 % des écoles de l’agglomération lyonnaise ont été touchées par cette grève, dont l’école primaire Jacques-Prévert à Francheville Le Haut. Une période très difficile selon le directeur de l’établissement Gérard Castellain : « Cette période de grève fut très éprouvante pour tout l’ensemble de l’établissement. Que ce soit nous, le corps administratif, les professeurs, le personnel de maintenance, etc. mais surtout pour nos élèves qui ont entre 3 ans et 10 ans, ça a été un calvaire. Il y a la crèche juste à côté où il y a vraiment des enfants en bas-âge qui ont eu le même souci. Le thermomètre affichait 14 °C dans le bâtiment. 14 °C, vous vous rendez compte ?, s’alarme Gérard Castellain. C’est inhumain de faire subir ça à des enfants qui n’ont absolument rien demandé.

On peut revendiquer certaines choses quand on part en grève, mais mettre en danger des enfants, c’est une honte. Pour la première fois de ma vie, j’ai dû contacter les parents pour les prévenir de bien habiller leurs enfants et les conseiller de garder leur doudoune en cours. » Dans la foulée de cette grève, bon nombre d‘élèves sont tombés malades et pour le directeur : « Ces grévistes devront rendre des comptes. » Heureusement, la grève est désormais terminée et un retour à la normale arrive petit à petit… Enfin presque.

La fin de la grève, mais pas la fin des restrictions

Les bâtiments publics sont appelés à respecter un seuil de 19 °C et cette mesure n’écarte pas les écoles. Habituellement, la température moyenne dans les salles de classe s’établit à 22 °C. Seulement 3 °C de différence, mais qui ne sont pas négligeables pour Gérard Castellain : « Comme pendant la grève, je dis aux parents de bien habiller les enfants pour ne pas subir le froid dans les salles de classe. Encore une fois, il ne faut pas oublier qu’ils sont très jeunes, qu’ils sont dans une salle entre 8 h 30 et 16 h 30, et déjà que l’apprentissage est difficile pour certains, là c’est encore plus compliqué. »

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Les écoles lyonnaises contraintes d’accepter le défi énergétique

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Les 12 millions d’élèves des écoles, collèges et lycées devront ainsi supporter une certaine fraîcheur pour écouter leurs professeurs et exécuter les travaux qui leur seront donnés. En outre, il leur sera demandé, ainsi qu’au personnel enseignant et de service, de respecter les écogestes permettant de contenir la consommation énergétique lorsque les alertes Ecowatt seront à l’orange ou au rouge.

Des contraintes entraînant un changement d’organisation

Dès la tombée de la nuit, il est conseillé aux établissements de fermer les stores, rideaux ou volets. A fortiori, cette précaution s’applique aussi en période de vacances scolaires. Les éclairages scolaires aussi doivent être changés. « Le remplacement des lampes à incandescence, halogènes ou des tubes fluorescents par des lampes à LED a dû être effectué à Francheville et l’utilisation de l’éclairage doit strictement se limiter aux périodes d’occupation des locaux. Les appareils d’éclairage extérieur sont également éteints et leur allumage effectué seulement en cas de besoin. On a doté ces équipements de détecteurs de présence ce qui permet d’automatiser cette pratique. Il faudra ce -

pendant que les réglages soient finement exécutés pour qu’allumage et extinction s’exécutent sans délai », nous rapporte le directeur de l’établissement de Francheville.

« Même nos activités extra-scolaires vont devoir être revues pour les élèves qui restent après les cours. On avait des activités qui plaisent comme de la poterie, ou même de la cuisine mais maintenant c’est terminé. Malgré le fait que l’on change complètement notre méthode de fonctionnement, je trouve que ces mesures sont plutôt une bonne nouvelle. Si on peut contribuer, à notre échelle, à limiter la consommation d’énergie c’est tant mieux, sauf le fait qu’on ait froid, ça c’est vraiment embêtant. »

Avec ces nouvelles mesures, l’établissement a enregistré pour l’instant une baisse significative de 20 % de consommation d’énergie. Tous les établissements scolaires de l’Hexagone sont visés par ces mesures du gouvernement et nul doute que la baisse de consommation d’énergie fera du bien, même si l’agglomération lyonnaise a pris une longueur d’avance sur la baisse de consommation d’énergie sur les autres villes grâce aux grèves.

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© Rémi GUERRE-CHALEY, L’école primaire et maternelle de Francheville a enregistré des températures records avoisinant les 14°C depuis la grève des chauffagistes le 7 novembre dernier.

Les commerçants s’engagent à limiter leur facture énergétique

La Ville de Lyon a rédigé une charte sur la sobriété énergétique destinée aux commerçants. Une liste de gestes simples que les petites entreprises respectent dans la mesure du possible. Dans un contexte de hausse des prix de l’énergie, les commerçants sont de plus en plus vigilants.

Particuliers, entreprises, tous sont appelés à la sobriété énergétique. Dans le cadre de son plan de sobriété publié le 11 octobre dernier, la Ville de Lyon a rédigé une charte destinée aux commerçants. Cette charte est une liste de gestes simples, comme éteindre les lumières et enseignes lumineuses de leurs établissements à la fin du service, ou limiter la température ambiante à 19 °C. Un défi loin d’être inédit.

Tout pour réduire la facture

« On faisait déjà attention, mais on est d’autant plus vigilants maintenant, explique Amin Fard, gérant du restaurant Cœur d’artichaut dans le 9e arrondissement de Lyon. On éteint les lumières dès que les clients partent. Même chose pour les fours. On les allume le plus tard possible et quand on n’a plus besoin de les utiliser, on les éteint, pour éviter de consommer inutilement de l’énergie. » Le restaurateur n’a toujours pas allumé le chauffage dans sa salle de restaurant, et pour cause : « Dès qu’on allume le four à pizza, il chauffe le restaurant. On laisse la porte de la cuisine ouverte jusqu’à 12 h. Dès que les clients partent, on n’hésite pas à rouvrir la porte de la cuisine. Je suis actuellement en contact avec une association qui travaille avec la mairie de Lyon pour essayer de moins gaspiller l’énergie. » Le gérant compte sur le collectif pour les aider et à moins consommer. Par souci d’environnement et d’économie, le restaurateur va devoir s’adapter. C’est tout son établissement qu’il est en train de passer à l’éclairage LED.

On n’a pas tous les mêmes priorités

Sur la question des horaires d’extinction de l’éclairage de ses boutiques, Lydie Chollet, responsable des trois boulangeries Chollet dans les 9e, 5e et 2e arrondissements lyonnais, estime « qu’on ne peut pas trop les modifier. Il faut quand même que les boutiques se voient », soutient-elle. De la même façon, pour elle, il serait compliqué d’éteindre les écrans publicitaires : « Il faut toujours que ce soit allumé. Les éteindre serait une possibilité mais après la société ne voudra plus nous louer d’écrans pour qu’on diffuse nos publicités. Il ne faut pas que ces mesures de restrictions nuisent aux ventes. »

Tout comme Amin Fard, la boulangère fait preuve de vigilance. « Ce sont les grils qui consomment le plus. On les éteint dès qu’on n’en a plus besoin. » Lydie Chollet explique que passer à l’éclairage LED, renouveler et entretenir souvent son matériel, c’est aussi réduire sa facture. Mais pour la responsable, « ce sont toujours les mêmes qui trinquent. Nous, les petites entreprises, on essaie de survivre à notre activité pendant que les grandes s’enrichissent. La priorité de la Ville de Lyon devrait être de s’occuper des grosses entreprises comme les usines, très gourmandes en énergie. Mais on n’a pas tous les mêmes priorités », déplore-t-elle.

Greenpeace lutte contre le gaspillage énergétique

Début novembre, des militants de l’association Greenpeace se sont mobilisés à Lyon. Leur objectif ? Demander au gouvernement l’extinction définitive des écrans publicitaires et des enseignes lumineuses de magasins lorsque ces derniers sont fermés. Les militants ont dénoncé un « gâchis d’énergie » ainsi que des restrictions insuffisantes et incohérentes en cette période d’appel à la sobriété. « Nous exigeons que la sobriété ne soit plus seulement cantonnée aux petits gestes individuels », a rappelé le collectif.

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© Coralie BERTIN-DUC ; Amin Fard, d’origine italienne est le gérant de l’établissement Cœur d’artichaut (Lyon 9e). Il travaille dans la restauration depuis plus de 20 ans. © Coralie BERTIN-DUC ; L’une des trois boulangeries Chollet située rue Louis-Loucheur, dans le 9e arrondissement de Lyon.

La transition énergétique est devenue un objectif de plus en plus courant pour les collectivités territoriales et les entreprises. Utopies est une agence qui conseille ces acteurs depuis presque 30 ans pour les aider à adapter leur développement économique à la problématique climatique actuelle. L’agence travaille notamment avec la métropole lyonnaise.

EnFrance, Utopies est la pionnière des agences de conseil en développement durable pour les entreprises. « Nous réalisons des études sur des thématiques comme la RSE (responsabilité sociétale des entreprises), l’innovation responsable, les bilans carbone et stratégies climat des entreprises, la biodiversité, etc. Nous travaillons sur la manière de transformer les modèles économiques de nos clients tout en accélérant leur transition écologique »,explique Boris Chabanel, expert en économies locales durables chez Utopies.

Depuis une dizaine d’années, Utopies met ses services à la disposition des collectivités territoriales. « Globalement, nous aidons les collectivités et les territoires à se développer différemment. C’est à dire se développer en essayant de relocaliser l’économie et d’avoir un développement économique local et circulaire. De ce fait, le développement devient bas carbone, ce qui réduit les différents impacts du territoire sur l’environnement », poursuit l’expert.

La métropole lyonnaise coopère avec Utopies

M. Chabanel travaille chez Utopies depuis 2017. Ce géographe de formation travaille exclusivement pour les territoires, et en particulier pour la métropole de Lyon, depuis une quinzaine d’années. « Avec la métropole lyonnaise, je travaille sur des sujets qui vont toucher au développement économique local, à la transition écologique, mais aussi à l’emploi et à l’insertion. On réalise souvent des études destinées à aider les services à comprendre les enjeux et les nouveaux leviers de l’action publique. Pendant les 20 ans passés, on était plutôt sur une approche assez classique du développement économique. À savoir exporter, être compétitif, être attractif, etc. Désormais, on aborde le développement du territoire avec une approche qui cherche à réduire les impacts de l’économie. En relocalisant un certain nombre de productions pour mieux répondre à la demande

locale et en répartissant mieux les activités économiquesur le territoire, notamment pour éviter les déplacements et cette abondance de flux vers Lyon. Je pense que le développement du vélo restera emblématique de ce mandat », déclare-t-il

C’est via les outils que développe Utopies en matière d’analyse territoriale que Boris Chabanel a connu l’entreprise. « Nous avons des outils qui permettent de comprendre finement le fonctionnement économique des territoires et les flux générés à l’échelle locale (production, demande, importations, exportations). Ensuite, nous analysons ces flux : ce qu’ils représentent en euros, en emploi, en matière, et en impact carbone, détaille-t-il. Nous utilisons la notion de métabolisme économique, c’est-à-dire que nous nous intéressons aux flux de matières et d’énergie qui sont nécessaires au fonctionnement de l’économie. » En 2017, Utopies a mené une étude sur les importations lyonnaises et ce qu’elles entraînent comme consommation de combustible fossile, de métaux, de biomasse, de minéraux non métalliques, etc. « Ainsi, nous avons pu déterminer les flux d’importation les plus impactant et desquels nous sommes le plus dépendants, reprend M. Chabanel. Ce sont eux qu’il faut réduire en priorité, dans une volonté de développement durable et de souveraineté économique. »

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Économie locale et circulaire, une solution pertinente face aux défis énergétiques ?
© Utopies, Boris Chabanel interroge le déploiement des énergies éoliennes ou photovoltaïques, « qui repose sur des matières non renouvelables, très polluantes à extraire et dont on dispose assez peu en Europe ».

Les lieux publics qui font exploser la facture énergétique

LE PARC DE LA TÊTE D’OR

Particulièrement coûteux en raison de toute son installation, notamment pour les animaux, les serres ou encore l’éclairage. 7723 milliers de kWh (kilowattheure) par an.

LA BIBLIOTHÈQUE PART-DIEU

5170 milliers de kWh par an.

LA PISCINE DU RHÔNE

4449 milliers de kWh par an.

LE PALAIS

SAINT-PIERRE

4171 milliers de kWh par an.

LA PISCINE DE VAISE

3551 milliers de kWh par an.

En moyenne en France, la consommation électrique d’une personne est de 2200 kWh par an. 1 2 3 4 5

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