NEMESIS #9 Magazine d'actualité internationale ISCPA Lyon

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POLITIQUE p.6-7 Vénézuela : Trêve entre Maduro et Guaido, pour lutter contre le coronavirus

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11/06/2020

NÉMÉSIS Alliances et rivalités dans l’actualité internationale


édito

LES ENNEMIS DE MES ENNEMIS…

Après près de cinq ans de crise politique et humanitaire, il faut une crise sanitaire pour permettre au pouvoir vénézuélien d’enfin s’entendre un petit peu. L’arrivée de la COVID-19 dans le pays, et les potentielles conséquences pouvant en découler, forcent la main aux hommes s’affrontant pour la direction du pays. Nicolas Maduro (président réel en 2018) et Juan Guaido (Président de l’Assemblée Nationale du pays, autoproclamé président et soutenu par de nombreux pays) sont entrés en contact afin de débloquer des fonds. Le but? Se fournir en matériel pour le personnel soignant et simplement lutter contre leur ennemi commun, la pandémie. A première vue, cet accord est évidemment positif. On peut se féliciter que les deux ennemis laissent de côté leurs différends et s’entendent pour lutter contre un danger si grand que le coronavirus. Mais pourquoi attendre si longtemps? Oui, le coronavirus est évidemment dangereux. Mais le Venezuela vit déjà au ralenti depuis plusieurs années. La population souffre, manque de tout, au point même de fuir massivement le pays. Tout cela dure depuis plusieurs années, alors que le coronavirus vient tout juste d’arriver et n’a « seulement » tué qu’une vingtaine de citoyens. D’autant que, malgré ce pacte entre Maduro et Guaido, les deux ne semblent pas prêts à collaborer par la suite. Une fois la pandémie passée, le peuple et le pays « sauvés », la mitemps devrait être terminée et la rivalité reprendre. Le COVID-19 ne ferait donc qu’office d’arbitre dans ces affrontements. A croire que le coronavirus est le seul problème qui mérite d’être traité.

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Ça y est, Nicolas Maduro et Juan Guaido se sont enfin parlés ! Non pas pour s’échanger de cordiaux noms d’oiseaux, comme ils en ont l’habitude, mais dans l’intérêt de leur pays. Les deux hommes, qui s’affrontent depuis plusieurs années pour obtenir le pouvoir au Venezuela ont décidé d’une trêve pour lutter contre la pandémie de coronavirus dans le pays. Enfin ! Serait-on tenté de penser. On dit souvent qu’il faut qu’un drame survienne pour que les choses changent, que des actions se fassent. Au Venezuela, cet adage a été poussé plus loin que jamais. Le drame est survenu et survient toujours depuis bien longtemps déjà. Le pays s’effondre, les image de manifestations ne se comptent plus, la précarité et l’extrême pauvreté explosent. Au point que de nombreux citoyens quittent le pays, un exode de masse. Alors, la COVID-19, aussi dangereux fut-il, a, peut-être un bon côté: Celui d’ouvrir de nouveau le discours entre Maduro et Guaido. Deux hommes qui veulent diriger un pays qu’ils sont en train de détruire. Le coronavirus serait-il un arbitre dans cette bataille, un danger permettant de repartir du bon pied, dans la bonne direction politique, économique? A première vue, il semblerait que non, mais personne n’aurait parié sur un accord entre Juan Guaido et Nicolas Maduro il y a quelques semaines. Tout peut donc changer et il serait temps. En plus de la pauvreté, les Vénézuéliens doivent désormais faire avec un virus et un confinement intermittent. On comprend leur résignation.

Sylvain Gauthier, rédacteur en chef

Rédaction: ISCPA Lyon 47 rue Sergent Michel Berthet, 69009 Lyon, 04.72.85.71.73 Rédacteur en chef: Sylvain Gauthier Secrétariat de rédaction: Benjamin Lauriol, Léa Christol Rédaction: Pauline Choppin, Camille Romand, Sylvain Gauthier, Nicolas Delattre, Benjamin Lauriol, Léa Christol, Lucas Mollard, Adrien Chatre, Ameline Manissolle Maquettiste et graphiste: Ameline Manissolle

sommaire

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France

Au menu : compagnies d’assurances en cocotte !

05

Économie

L’économie suédoise ne résiste pas au coronavirus

06

Politique

Vénézuela : Trêve entre Maduro et Guaido, pour lutter contre le coronavirus

07

Politique

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Média

George Floyd : des funérailles sujettes à interprétation

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Culture

Les réseaux sociaux peuvent-ils influencer une société ?

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Technologie

La NASA et SpaceX main dans la main

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Société

Réseaux sociaux VS Donald Trump

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Photo

21 000 tonnes de diesel en Arctique

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france

économie

Au menu : compagnies d’assurances en cocotte ! Depuis le 2 juin, les hôtels, bars et restaurants ont rouvert. Malgré ce retour à la vie, un hic persiste puisque les compagnies d’assurances refusent de rembourser la perte d’exploitation des restaurateurs. Fabrice Bonnot, chef du restaurant lyonnais Cuisine & dépendances, donne le ton. L.M. Aujourd’hui, l’heure est au bilan pour les restaurateurs français, comment avez-vous géré cette crise à titre personnel ? F B. On s’est retrouvé confinés du jour au lendemain et pour beaucoup avec une fermeture le jour même, à minuit. Donc ça a été dur à encaisser, surtout pour ceux qui devaient rouvrir leur établissement le lendemain parce que dans la restauration, vous n’allez pas faire vos courses un samedi soir pour le dimanche. Il y a aussi l’angoisse de se dire comment on va assumer cette grosse perte financière. Moi, je pense surtout en tant que chef d’entreprise mais aussi en tant que président des commerçants « Quartier Charité Bellecour ». Je pense aussi aux entreprises récentes qui n’ont pas de trésorerie ni même la notion de la gestion d’une entreprise. Tout ça il faut y penser et c’est compliqué.

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Si la banque joue le jeu et leurs prête de l’argent pour pouvoir continuer quelques mois le temps de trouver les fonds nécessaires, c’est une très bonne chose. A priori ce n’est pas le cas des assureurs… Que leur reprochez-vous vraiment ? Aujourd’hui, il va falloir aller beaucoup plus loin car un plan d’urgence sanitaire devait être déclaré par l’Etat pour que la perte d’exploitation rentre en compte. Ce qui n’est pas normal, c’est qu’on paye des assurances lourdes et très coûteuses chaque année… Moi, j’ai la perte d’exploitation et j’ai regardé mon contrat : une pandémie ne rentre pas dans la perte d’exploitation, c’est juste scandaleux… On nous a imposé de nous arrêter contrairement à ce que disait le groupe Axa, à savoir que l’Etat avait demandé à la clientèle de ne plus aller au restaurant. Non ! S’il n’y a plus de clientèle, il n’y a plus de restaurant et on n’a plus lieu d’être là. Même pour soulager l’Etat, les assurances devraient trouver un accord avec nous et nous indemniser. Je ne dis pas de nous rembourser dans la totalité mais rien que de nous aider, ça serait un bon début.

Attaquée de tous les côtés, la fédération Est-ce que les Toques Blanches Lyonnaises française des assureurs doit proposer dont vous faites partie, ont mis en place un un dispositif pour couvrir un nouveau plan d’urgence durant ce confinement ? risque de pandémie d’ici deux semaines. Il n’y a pas eu de plan d’urgence des Toques Qu’attendez-vous de cette proposition ? Blanche ou de quiconque. Je pense que c’est Je pense qu’ils sont assez malins pour à chacun de gérer son entreprise, même si tout le temps cadrer les choses. C’est bien on a essayé de fusionner des idées. Moi, d’être assuré mais le jour où il nous arrive j’étais très inquiet pour ce déconfinement quelque chose, il est moins facile d’obtenir car on ne devait pas faire n’importe quoi une aide. Je pense que c’est plus pour faire L’instigateur de « Soupe en Scène » a été contraint de pour la rouverture. Aujourd’hui, beaucoup restreindre la capacité de son établissement de 75 à retomber le soufflé et dire qu’on s’occupe de personnes sont encore préoccupées et ne 35 couverts. © Arnaud Tracane un peu de nous. Mais ce n’est pas ce qu’on veulent pas sortir de chez elles. C’est à nous attend, on veut du concret. en tant que chef d’entreprise et restaurateurs de rassurer le consommateur, en apportant les mesures nécessaires. Après, Cela n’a pourtant pas suffit à convaincre l’Union des c’est notre métier car on applique l’hygiène depuis tout le Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (Umih) qui cherche temps. Si nous loupons aujourd’hui la rouverture et qu’on à mettre en place un système d’assurance propre aux s’aperçoit dans quelques temps que le virus repart en France, 230 000 professionnels concernés. Est-ce selon vous la du fait de l’ouverture des bars et des restaurants, il peut y avoir solution ? un boycott total de notre profession… Cette crise n’est pas compatible avec notre métier, certaines professions peuvent s’adapter mais dans la restauration, c’est Interviewé par Lyon People au début du confinement, très compliqué. Maintenant il va vraiment falloir se mettre Christophe Marguin a affirmé : « Les seules personnes autour d’une table et débattre mais aujourd’hui on ne va pas qui décideront de l’avenir de nos entreprises, sont les en rester là, certainement pas ! L’ensemble de la profession doit banquiers ! ». Finalement, ont-ils joué le jeu ? se mobiliser comme jamais et on doit faire front aux assurances Je pense que les banques n’avaient pas le choix parce que pour trouver une solution avec ou sans elles, pour faire bouger l’Etat leur a imposé des plans d’aide d’urgence. Donc oui, elles les choses. Mais malheureusement, beaucoup de restaurants ont aidé beaucoup d’entreprises avec des taux à 0% mais pour vont rester sur le carreau et ne pourront pas se redresser de moi, ça reste toujours un emprunt et on devra le rembourser. cette fermeture. Pour certaines entreprises cet emprunt sera très important, car Par lucas mollard ils n’ont pas de trésoreries.

Même sans confinement, l’économie suédoise ne résiste pas au coronavirus Malgré l’arrivée de la pandémie de COVID19 en Europe en début d’année, la Suède avait fait le choix de ne pas se confiner. Une (non) mesure plutôt décevante puisque l’économie du pays n’a pas résisté au virus. Contrairement à une grande partie des pays européens touchés pas le coronavirus, la Suède a décidé de ne pas mettre en place de confinement, tout en appelant à la responsabilité de chacun. A travers cette décision, le gouvernement souhaitait soutenir le système de santé publique. « Lorsque nous avons décidé des mesures à prendre pour stopper la propagation du virus, La Suède est le seuls pays européen touché par la COVID19 qui a décidé de ne pas nous n’avons eu aucune considération économique », a assuré prendre de mesures de confinement. © Jonathan Nackstrand/ AFP fin mai Magdalena Andersson, ministre des Finances du gouvernement de centre-gauche suédois. POURQUOI UN TEL EFFONDREMENT ? Une stratégie qui n’aura pas fait ses preuves, comme l’a déclaré à l’AFP Olle Holmgren, économiste à la banque SEB. « Comme La Suède est un pays dépendant de ses exportations, qui dans la plupart des pays du monde, l’économie suédoise connaîtra représentent près de 50% de son PIB. Parmis ces exportations, un déclin record au deuxième trimestre (...) il faudra beaucoup de 70% sont à destination de l’Union européenne. Selon temps avant que la situation ne se normalise ». Stockholm, « les fermetures d’usines en Allemagne, au RoyaumeUni (...) devraient avoir des effets considérables sur les exportations UNE POSSIBLE REPRISE DE LA CROISSANCE EN suédoises ». 2021 En mars, des grands groupes de l’industrie tels que le constructeur automobile Volvo Cars ou de poids lourds Scania, Malgré une légère augmentation du produit intérieur brut (PIB) avaient annoncé l’arrêt temporaire de leur production dans de 0,1% au premier trimestre, la Suède devrait subir les mêmes le pays nordique, à cause de perturbations dans la chaîne conséquences que la plupart de ses voisins européens : un d’approvisionnement en Europe et dans le monde. L’activité a recul de ce même PIB en 2020 et la hausse du chômage. Le repris il y a peu. 15 avril, le gouvernement envisageait en effet un recul de 4% La consommation a, elle, chuté de 24,8% entre le 11 mars et le du PIB pour 2020, contre une croissance de 1,1% prévue en 5 avril, d’après une étude conduite par quatre économistes de janvier, peu de temps avant l’arrivée de l’épidémie en Europe. l’Université de Copenhague. Si certains économistes envisagent une reprise de la croissance « La Suède paie le même prix (que le Danemark) face à la pandémie pour le deuxième semestre, la ministre des Finances a mis (...), lorsque l’on est plongé dans une crise, les consommateurs en garde que la baisse pourrait être plus élevée que prévue activent le freinage d’urgence. Que les restaurants soient fermés et engendrer davantage de chômage. Ce dernier pourrait ou non », explique Niels Johannesen, l’un des responsables de grimper à 9% en 2020 et 2021, contre 6,8% l’an dernier. La l’étude, cité par le quotidien Helsingborgs Dagblad. croissance, quant à elle, devrait repartir à la hausse en 2021, à 3,5% selon les estimations du gouvernement. UN DES TAUX DE MORTALITÉ LES PLUS ÉLEVÉS

LE

GOUVERNEMENT AU SECOURS ENTREPRISES

DES

Pour contrer les effets de la crise, le gouvernement avait annoncé dès le 16 mars des aides pour les entreprises, allant jusqu’à 28 milliards d’euros. Depuis, le budget a augmenté et les mesures de soutien se sont étendues, couvrant - entre autres - une réduction des cotisations patronales, la prise en charge du chômage partiel et des congés maladie. « Nous nous attendons à ce que d’autres mesures soient prises et, étant donné l’état des finances publiques, il y a de la place pour une politique budgétaire plus expansionniste », prédit Olle Holmgren.

D’EUROPE

Le « non-confinement » n’a pas non plus été une grande réussite au niveau de la population. Depuis le début de la crise, plus de 40.000 cas de coronavirus ont été détectés en Suède et 4.542 personnes en sont décédées. Le taux de mortalité compte parmi les plus élevés d’Europe, avec 449,7 morts/ million d’habitants, quatre fois plus que le Danemark et jusqu’à dix fois plus qu’en Norvège. Une gestion de la crise qui a été critiquée par plusieurs pays européens et une partie de la population suédoise.

Par camille romand

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politique Nicolas Maduro et Juan Guaido, président vénézuélien et son principal opposant © Infobae

Venezuela : Un accord entre Maduro et Guaido, pour lutter contre le coronavirus

Nicolas Maduro et Juan Guaido ont signé un accord pour lutter contre la COVID-19 au Venezuela. Ce pacte porte sur l’utilisation d’une certaine somme d’avoirs, placés dans des banques étrangères et bloqués par Juan Guaido.

En manque de ressources, le gouvernement de Nicolas Maduro a donc signé un accord avec l’opposition, sous l’égide de l’OPS, (Organisation Panaméricaine de la Santé, organisme de l’OMS), afin de pouvoir bénéficier de ces fonds. Ces derniers devraient permettre d’améliorer les capacités de détection et de Depuis plusieurs années, le pouvoir politique au Venezuela est traitement de la maladie. Du matériel de santé sera également morcelé. D’un côté, Nicolas Maduro, réélu à la tête du pays en délivré au personnel soignant. 2018. De l’autre, Juan Guaido, autoproclamé président début 2019 et soutenu par l’Assemblée. Depuis plus d’un an, les deux Le texte a été signé par le ministre de la Santé, Carlos Alvarado, hommes s’affrontent pour prendre la tête d’un pays en crise. et par un délégué de l’Assemblée nationale, Julio Castro. Il est Chacun contestant la légitimité de l’autre, avec ses arguments. également paraphé par Gerardo de Cosio, représentant local de l’OPS. « Ce document est, je l’espère, un pas en avant vers un Si cet affrontement politique crée une situation difficile pour la niveau de collaboration des deux côtés. C’est un jalon parmi tant population. Les problèmes économiques, sociaux et politiques d’autres à franchir » a déclaré Gerardo de Cosio. s’enchaînent et s’amoncellent. Dans ce contexte, l’arrivée de la pandémie de coronavirus et la crise sanitaire qui en découle PAS DE NÉGOCIATION POLITIQUE ENGAGÉE est une goutte d’eau qui vient s’ajouter dans un vase qui déborde déjà. Cet accord pourrait laisser penser qu’une porte est ouverte pour une négociation politique. Si les deux adversaires Mais, toutes proportions gardées, chaque situation, aussi s’entendent pour sortir leur pays de la crise sanitaire, pourquoi difficile fut-elle, a ses bons côtés. Pour lutter contre la ne pas continuer cette collaboration sur d’autres plans? Juan Covid-19, Juan Guaido et Nicolas Maduro ont décidé d’enterrer Guaido a semble-t-il coupé court à toute spéculation allant temporairement la hache de guerre. En effet, les deux s’allient en ce sens. Dans un tweet, le chef de l’opposition a en effet pour affronter économiquement le coronavirus. La donne est déclaré : « Nous protégeons ces fonds de la dictature. Ils iront simple, Juan Guaido, reconnu par une cinquantaine de pays directement à l’OPS, pour que l’aide parvienne à notre peuple qui comme président du Venezuela, bloque un certain nombre en a besoin dans une urgence aggravée par la Covid-19 ». d’avoirs et de dépôts, placés dans des banques étrangères. Citons notamment l’Espagne ou la Grande-Bretagne.

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« C’est un accord technique. Ce n’est pas un accord avec le gouvernement, ni le début de négociations politiques » a précisé Miguel Pizarro, émissaire de Juan Guaido sur les questions humanitaires. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a salué cet accord et a encouragé les parties à « mettre en œuvre cet accord conformément aux principes humanitaires d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance ». Les partisans des deux camps, se sont félicités du texte. Les militants des droits de l’Homme demandaient un accord de ce genre, depuis plus de deux mois. Une pétition « pour joindre les efforts afin de surmonter la pandémie » a recueilli le 3 avril, près de 500 signatures de dirigeants politiques, militants et universitaires. Mais, de son côté l’opposition radicale traite Juan Guaido de « collaborateur» ou encore de « complice» sur les réseaux sociaux. Elle considère que « tout accord avec la dictature » est inadmissible.

Tout cela impact durement la vie du pays. On sait que depuis plusieurs mois, les vénézuéliens manquent de tout. Électricité, nourriture, eau et autres, le Venezuela vit une crise humanitaire sans précédent. Plusieurs millions de citoyens ont déjà fui leur pays, beaucoup partant vers le Brésil, frontalier.

LA POPULATION SE SENT DÉLAISSÉE

Le pays manque de tout et voit en plus revenir des familles entières, réfugiées dans d’autres pays. Près de 65 000 Vénézuéliens ont quitté la Colombie, dans les dernières semaines. A cela s’ajoutent également des arrestations de personnels de santé, arrêtés en mai, après avoir évoqué publiquement la question du coronavirus. De quoi lever le doute quant à l’état réel du Venezuela par rapport à la pandémie…

A ces difficultés quotidiennes s’ajoutent maintenant la crise sanitaire du coronavirus, ainsi qu’un confinement intermittent. De quoi doucher les quelques espoirs restant aux Vénézuéliens. Dans un récent sondage de l’institut Datanalisis (institut vénézuélien et sud-américain de sondages), Nicolas Maduro recueille 9% d’opinions favorables. Juan Guaido culmine pour sa part à 27%. Des chiffres extrêmement faibles, pour les deux camps qui s’affrontent depuis plusieurs années.

Malgré tout, le problème politique ne semble plus être le plus important actuellement. En confirmant, mardi dernier, la Malgré tout, cet accord montre une faiblesse certaine du signature de l’accord de coopération sanitaire, le ministre de pouvoir de Nicolas Maduro. Le président élu est en effet forcé l’information Jorge Rodriguez a lancé, à la télévision : « Laissons de s’abaisser à demander de l’aide à son grand rival. Le tout la politique de côté et parlons de la lutte contre le coronavirus ». pour gérer une crise dans laquelle l’Etat est censé être le point de repère du peuple qu’il dirige. Des difficultés qui se Le coronavirus, justement, a contaminé 2 377 Vénézuéliens. retrouvent notamment sur le plan économique. 22 personnes sont décédées et 487 ont guéri. A l’image de la Le Venezuela vient d’augmenter le tarif de l’essence. situation actuelle du pays, le virus semble se propager moins Initialement presque gratuite (puisque le pays regorge de vite que dans d’autres régions du monde. Des organisations pétrole), elle est désormais bien plus chère maintenant. internationales craignent toutefois que ce chiffre soit sousNicolas Maduro a également décidé de la fin du monopole de évalué, et que les contaminations explosent dans un futur l’Etat pour la vente de carburants. « Nous avons décidé que deux proche. Il est en effet difficile pour les citoyens de rester cents stations-service pourraient vendre librement ce produit au confinés. Le personnel soignant n’a également pas assez de prix international », a-t-il notamment déclaré. matériel pour soigner les malades.

Dans ce contexte, la majorité des Vénézuéliens semble s’enfoncer dans la résignation. Ils ne se font pas d’illusions quant au futur de leur pays. Le Venezuela est miné depuis plusieurs années par un conflit politique majeur. Le dialogue entre les différents dirigeants n’existe plus, hormis pour se torpiller. Juan Guaido qualifie en effet Nicolas Maduro d’ « usurpateur », alors que ce dernier traite son adversaire de « criminel putschiste ».

Des Vénézuéliens en train de se fournir en eau dans la rue à Caracas © Manaure Quintero

Par léa christol et sylvain gauthier

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culture

média George Floyd : des funérailles sujettes à interprétation

LA POLICE CONTRE LE RACISME Premières attaches et non des moindres, les photographies. La différence de traitement médiatique saute aux yeux à travers un premier détail : la présence de policiers, formant une haie d’honneur, au passage du cercueil de George Floyd. Les photos officielles ne le montrent pas mais sur une dizaine d’articles, le Monde est le seul à le signifier. Comme pour témoigner de l’esprit contradictoire à avoir concernant les forces de l’ordre américaines.

Le cercueil contenant le corps de George Floyd rentre à l’église baptiste Fountain of Praise de Houston, Texas (Etats-Unis), mardi 9 juin. © Getty images north America/AFP

Après deux semaines de manifestations aux Etats-Unis, George Floyd, afro-américain tué par un policier blanc le 25 mai dernier, a reçu un dernier hommage. Ses obsèques qui ont eu lieu mardi 9 juin à Houston (Texas) ont été le prétexte idéal à la relance de débats politiques et sociétaux. C’est l’affaire qui déchaîne les foules depuis plusieurs jours, aussi bien dans les rues que sur les réseaux sociaux. Le racisme, la police violente, les classes sociales : autant de termes et de débats qui s’exacerbent partout dans le monde depuis la mort de George Floyd. Cet afro-américain a été tué par asphyxie le 25 mai dernier. Un policier s’était tenu agenouillé sur sa nuque, l’empêchant de respirer pendant 8 minutes 46 et finissant par le faire mourir. Ses obsèques avaient lieu mardi 9 juin dans l’église Fountain of Praise de Houston au Texas dans une ambiance pesante mais loin d’être anodine. Et si des milliers de manifestants, de politiques et de médias étaient présents sur place, tous n’y présentaient pas le même but. Les médias français se sont évidemment emparés de l’événement pour traduire les multiples points de vue et décortiquer chaque prise de parole. Un travail nécessaire mais qui divise obligatoirement en plusieurs parties l’ensemble de ce qu’il s’est dit aux Etats-Unis. C’est à la fois la force de multiplier ses sources pour vivre les funérailles de Floyd mais aussi la faiblesse de ne pouvoir lire un seul article sur un sujet aussi vaste.

Police notifiée dans un article à puces de Franceinfo seulement pour la sécurité : « Nous avons prévu beaucoup de mesures de sécurité. Beaucoup de police. Il y aura plusieurs agents de police qui vont participer pour assurer que nous serons en sécurité ce jour-là », a assuré l’organisateur Bobby Swearington, auprès de RFI. Une information importante toutefois, au vu des manifestations parfois violentes qui ont secoué le pays depuis le drame. L’élu Al Green, représentant du Texas, n’a pas véhiculé le même message de soutien en revenant à la charge. Il a ainsi demandé la création « d’un ministère de la réconciliation » et qu’une partie du budget de la police soit « injecté dans nos communautés » pour lutter contre le racisme. Une opinion forte applaudie par les quelques 500 invités présents à la cérémonie dans l’église comme l’ont montré plusieurs médias télévisés aux Etats-Unis mais aussi en France.

UNE CRITIQUE DE DONALD TRUMP Comme le titrent le HuffingtonPost, le Monde ou le Parisien dans des articles dédiés, Donald Trump a subi beaucoup de contestation pendant les discours de personnalités. Le révérend Al Sharpton, figure de la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis, s’est offert plusieurs phrases assassines. Celui qui dirigeait la cérémonie d’adieux indique que « le président a parlé d’appeler les militaires en renfort » pour tenir les villes secouées par les violences « mais il n’a pas eu un mot pour les 8 minutes et 46 secondes de ce meurtre policier ».

Les réseaux sociaux peuvent-ils influencer une société ? UN NOUVEAU MOYEN DE S’EXPRIMER Sur les réseaux sociaux, de nombreuses personnes ont posté un carré noir mardi 2 juin. Ce « BlackOutTuesday » est un soutien aux manifestations anti-racisme aux Etats-Unis. Les réseaux sociaux ont déjà prouvé à de nombreuses reprises qu’ils peuvent influencer une société. Avec le mouvement Mais est-ce que cela peut vraiment changer les choses ? #MeToo, les femmes victimes d’agressions sexuelles ont pu Mardi 2 juin, des millions de personnes ont posté un carré s’exprimer, permettant d’évoquer un sujet tabou. A la suite de noir sur les réseaux sociaux. La raison? C’était le « Black Out milliers de tweets, la colère s’est amplifiée, des manifestations Tuesday », un mouvement en réponse aux violences policières se sont formées à travers le monde et certains gouvernements qui sévissent aux Etats-Unis, suite à la mort de George Floyd, ont remis le sujet en question. Breonna Taylor et Ahmaud Arbery. Sur les réseaux sociaux, beaucoup se sont exprimés au travers de ce symbole, mardi 2 Exemple similaire en Tunisie, en 2010 sous le régime de Zine eljuin. Aucune marque n’a fait de promotion, aucun artiste non Abidine Ben Ali qui contrôlait les médias. La liberté d’expression plus. Aux Etats-Unis comme ailleurs, des manifestations ont eu n’existait pas. Mais quand un marchand s’est immolé pour lieu, comme en France, pour Adama Traoré, mort en 2016 de protester contre le gouvernement, la vidéo a fait le tour du pays sur Facebook. Les réseaux sociaux, non contrôlés, ont permis violences policières. aux Tunisiens de se révolter et d’organiser des manifestations. Le Président, incapable de gérer cette crise démissionne et EST-CE UTILE ? garantit la liberté d’expression. Se battre contre les inégalités liées au racisme est bien sûr un combat valeureux. Mais poster un carré noir sur ses réseaux Il en va de même pour l’Egypte où Hosni Moubarak, président sociaux a-t-il une réelle utilité ? Les avis sont mitigés. Pour de 1981 à 2011, est contraint de quitter ses fonctions sous Anaïs, 19 ans, cela n’a pas un grand intérêt : « se battre pour le la révolte du peuple. Comme en Tunisie, ce dernier s’est racisme est essentiel. Mais ce n’est pas avec un carré noir qu’on regroupé et organisé sur les réseaux sociaux pour diriger des va y arriver. C’est juste pour se donner bonne conscience, se dire manifestations. qu’on participe aux manifestations ». Un avis que ne partage pas Roxane, 18 ans. Selon elle, il est « Bien sûr, les réseaux sociaux n’ont pas été les seuls responsables important de montrer au monde que nous sommes unis et que des révoltes. Mais ils permettent à des personnes peu écoutées le racisme doit cesser ». Des personnalités ont directement de pouvoir enfin prendre la parole. Et ça, des pays comme la agi, notamment Kanye West qui va financer l’intégralité de la Chine l’ont bien compris en prenant le contrôle et en limitant ces derniers. Rappelons que Facebook y est notamment scolarité de Gianna Floyd, six ans, fille de George Floyd. censuré. Aujourd’hui, les réseaux sociaux sont bien plus qu’un divertissement. Ils sont un véritable mode de vie. Manifestations ou révoltes peuvent se former à partir de ces derniers. Ce qui devait rapprocher les gens est devenu un endroit où circulent des vidéos chocs d’abattoirs, de maltraitance animale, de racisme ou d’agressions sexuelles. Une véritable arme pour la population qui peut se faire entendre.

Un discours choc repris mot pour mot dans le live du Figaro au contraire d’autres médias qui l’incorporeront dans la suite de leur article. Joe Biden, rival de l’actuel président des Etats-Unis, s’est lui voulu rassurant dans une vidéo diffusée pendant les obsèques et reprise par France24. « L’heure de la justice raciale est venue. Nous ne pouvons plus nous détourner du racisme qui blesse notre âme ». Un hommage appuyé et presque une conclusion dans l’affaire pour le représentant démocrate qui tente de s’attirer la sympathie des communautés… Des milliers d’internautes ont mis ce carré en photo de profil comme signe de protestation.

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Par benjamin lauriol

Par adrien chatre

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technologie

société

La NASA et SpaceX main dans la main pour envoyer deux hommes vers l’ISS

Réseaux sociaux VS Donald Trump Serait-ce la fin de l’histoire d’amour entre les réseaux sociaux et Donald Trump ? Son agressivité est encore montée d’un cran. Au début du mois, Twitter et Snapchat ont pris des mesures drastiques pour limiter la diffusion des propos polémiques du chef d’Etat. Pour Facebook, supprimer les contenus serait contraire à la liberté d’expression et au droit à l’information.

Les astronautes américains Bob Behnken et Doug Hurley se sont envolés samedi 30 mai du centre spatial Kennedy en Floride, aux Etats-Unis, à bord d’une fusée (Falcon-9) de la société SpaceX, première entreprise privée à se voir confier par la NASA la responsabilité d’acheminer ses précieux astronautes. Initialement prévu mercredi à 16 h 33 (22 h 33, heure de Paris), le lancement n’avait pas pu avoir lieu. Le compte à rebours avait été interrompu dix-sept minutes avant le décollage, en raison des mauvaises conditions météorologiques qui régnaient sur le centre spatial Kennedy. Samedi, c’est donc en profitant d’une éclaircie que la fusée de la société fondée par Elon Musk a décollé à 15 h 22 (21 h 22, heure de Paris) et a placé en orbite sans encombre la capsule Crew Dragon une dizaine de minutes plus tard, pour son premier vol habité, et le premier lancé par les Etats-Unis depuis 2011.

UN VOL HISTORIQUE Ce vol est historique pour plusieurs raisons. Premièrement, il met fin à la dépendance des Américains vis-à-vis de la Russie, qui était le seul pays capable d’envoyer des astronautes à bord de l’ISS. Depuis l’arrêt du programme Space Shuttle en 2011, la NASA est contrainte de monnayer pour obtenir des places à bord du Soyouz, la fusée russe, afin que ses astronautes soient transportés jusqu’à la station. De plus, c’est la première entreprise privée à envoyer des hommes dans l’espace. Cela ouvre la possibilité au tourisme spatiale, dans plusieurs années ou décennies, un projet que Richard Branson, créateur de Virgin Group, n’a jamais su réaliser.

AVEC TWITTER, LA GUERRE EST DÉCLARÉE

Bob Behnken et Doug Hurley en combinaison, quelques minutes avant le décollage. © SpaceX photos

LE MOINS CHER DU MARCHÉ Si l’on regarde le coût d’un lancement par kilogramme envoyé dans l’espace, la société américaine est là aussi moins chère que ses concurrentes. Avec des tarifs allant de 4 700 à 12 600 dollars par kilogramme, ses tarifs restent moins élevés que ceux de son principal concurrent, Arianespace, dont la facture oscillerait entre 8 300 et 18 700 dollars par kilogramme en utilisant son lanceur Ariane 5.

Il y a deux ans, Elon Musk avait pour projet de réutiliser l’étage le plus bas de ses fusées Falcon 9, en les faisant atterrir. A l’époque, personne n’y croyait. Aujourd’hui, c’est ce qui permet à SpaceX d’être partenaire avec la Nasa, la réutilisation du basétage représentant une économie considérable d’argent. En plus de l’aspect symbolique, SpaceX a réalisé des prouesses Quelques jours après cette première phase réussie, la Nasa et technologiques pour devenir la compagnie qui collabore avec SpaceX ont partagé des centaines de photographies gravant à la Nasa. Le plus gros problème lorsque l’on envoit des hommes, jamais la séquence dans le marbre. L’agence spatiale a publié plusieurs centaines de clichés à visionner sur Flickr. ou des satellites, dans l’espace, reste le coût. En matière de coûts, l’entreprise figure parmi les acteurs les plus compétitifs. Alors que le prix d’un lancement est en moyenne de 92 millions de dollars chez ses concurrents, la facture s’élève à 61,2 millions de dollars chez SpaceX pour sa fusée Falcon 9, selon un rapport de la FAA, l’agence fédérale américaine de l’aviation.

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Crew Dragon est une capsule, comme Apollo, mais version XXIe siècle. Des écrans tactiles ont remplacé boutons et manettes. L’intérieur est dominé par le blanc, l’éclairage plus subtil. Un seul cordon « ombilical » relie les combinaisons aux sièges pour fournir air frais et communications aux deux hommes ; ajustées, elles ont été dessinées avec l’aide d’un costumier d’Hollywood.

Par nicolas delattre

Sur son réseau social favori, le milliardaire républicain a écrit : « Les pillages seront immédiatement accueillis par les balles ». Un tweet publié en marge des manifestations contre les violences policières, après la mort de George Floyd. Peu de temps avant Donald Trump avait affirmé que le vote par correspondance était nécessairement « frauduleux », puis s’était empressé de critiquer le gouverneur de la Californie. Il accuse ce dernier de promouvoir des bulletins de vote et de les distribuer aux habitants en disant « pour qui voter ».

Le réseau de partage de photos et vidéos éphémères a tout de même signalé que celles-ci resteraient visibles pour les abonnés et dans les recherches lancées à ce sujet. Une nouvelle fois, le camp Trump a accusé le réseau social de vouloir truquer le scrutin présidentiel du 3 novembre, avant d’accuser le PDG de Snapchat, Evan Spiegel d’« extrémiste de gauche qui préfère promouvoir des vidéos d’émeutes et encourager les usagers à détruire l’Amérique plutôt que de partager le message positif d’unité, de justice et de l’ordre du président ». Des accusations auxquelles l’équipe de Snapchat s’est empressée de réagir : « L’injustice et la violence raciale n’ont pas leur place dans la société et nous sommes solidaires de tous ceux qui recherchent la paix, l’amour, l’égalité et la justice ». Les deux réseaux ont toutefois choisi de ne pas bannir Donald Trump.

FACEBOOK S’ATTIRE UN TORRENT DE CRITIQUES

Contrairement à Twitter et Snapchat, Facebook a décidé d’épargner l’homme d’affaires et donc de ne pas supprimer ses publications. Une décision de Mark Zuckerberg qui a beaucoup fait réagir. Plusieurs employés ont d’ailleurs désavoué leur patron en lançant une grève surprise. D’autres ont choisi de démissionner. Dans tous les cas, ils estiment que même si le réseau décide de « laisser la parole des hommes politiques la plus libre possible, les propos du locataire de la Maison Blanche dépassent les limites ». Pour rassurer ses salariés et apaiser les tensions, le PDG de l’entreprise a tenu à condamner personnellement les messages incendiaires et clivants du président mais a également estimé que les plateformes ne devaient pas jouer le rôle « d’arbitres de la vérité en ligne ». Après de longues hésitations il laissera donc Mais Twitter est loin d’être intimidé : Nick Pickles, le directeur de ces propos publiés sur sa page Facebook, qui réunit plus de 28 la stratégie de politique publique, a admis qu’une suspension millions d’internautes. du compte de Trump pourrait prendre place s’il continuait à publier des messages enfreignant leur règlement. Le compte du président des Etats-Unis fait partie des dix compte les plus suivis sur la plateforme avec 81,7 millions d’abonnés. Deux tweets qui ont été signalés, avec la mention « vérifiez les faits » et masqués par le réseau à l’oiseau bleu. Une censure qui indigne le président des Etats-Unis. Pour lui, cet acte est en réalité un parti-pris de Twitter pour le camp démocrate. « Twitter étouffe la LIBERTE D’EXPRESSION », ajoute-t-il. Ni une, ni deux, Donald Trump a martelé son souhait d’abroger la section 230 du Communications Decency Act. Cette loi offre aux réseaux sociaux une immunité contre toute poursuite judiciaire liée aux contenus publiés par des utilisateurs. Ainsi, le locataire de la Maison Blanche voudrait modifier ce texte « afin de ne pas accorder cette immunité à ceux qui pratiquent la censure de certains points de vue ».

SNAPCHAT MODÈRE SES CONTENUS Même réaction du côté de Snapchat. Dès le 3 juin, le petit fantôme a annoncé qu’il ne ferait plus la promotion des messages du dirigeant américain pour éviter d’amplifier la violence raciale et l’injustice en faisant sa promotion sur Discover. Le fil info permet aux utilisateurs d’avoir accès aux nouveautés, recommandations et publications de médias ou personnalités publiques et donc de pouvoir retrouver les publications de Donald Trump.

Facebook avait mis en place des systèmes de lutte contre les contenus dangereux et la désinformation mais exempt les personnalités politiques de l’essentiel de ces mesures © ISOPIX

Par ameline manissolle

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L’un des réservoirs d’une centrale thermique s’est effondré.Plus de 20 000 tonnes de diesel ont été déversé dans l’Arctique.© The Siberian Times

21 000 tonnes de diesel en Arctique Le président russe Vladimir Poutine a déclaré mercredi 3 juin l’état d’urgence après un accident écologique désastreux qui s’est produit le 29 mai à la centrale électrothermique NTEK de Norilsk, filiale du géant énergétique Nornikel. Un réservoir de gazole se serait dépressurisé et effondré, ce qui a provoqué une fuite de carburant sur la route et les alentours. Ce dernier s’est alors vidé de 21 000 tonnes de gazole, qui se sont par la suite déversés dans la rivière Ambarnaïa et son affluent, Daldykan. Les responsables de la centrale ont tardé à prendre des mesures pour limiter la pollution. Ce qui souligne un manque de réactivité de la part du président russe, qui affirmait également qu’il était nécessaire de mobiliser plus de ressources afin de limiter les dégâts. Trois enquêtes criminelles ont été annoncées par le Comité d’enquête russe et l’arrestation d’un employé de la centrale thermique a également été faite. Selon NTEK, filiale du géant des métaux Norilsk Nickel, la dépressurisation du réservoir est la conséquence d’un mouvement du sol dû au réchauffement du permafrost (sol gelé en profondeur). Ce phénomène est une donnée constante et connue des territoires du Grand Nord russe : « on peut se demander si la surveillance des équipements, qui doit être constante, a bien été assurée », exprime le directeur de l’institut d’écologie de l’École supérieure d’économie, Boris Morgounov. La Compagnie Norilsk Nickel a déclaré être en mesure de nettoyer le territoire fluvial en dix à quatorze jours. Plusieurs lignes de barrages flottants ont été installées dans la rivière, 340 tonnes de carburant ont été pompées et 800 m3 de terre contaminée évacués. Cependant la rivière Ambarnaïa, « sera difficile à nettoyer, car elle se trouve loin des routes et n’est pas navigable, car peu profonde », a affirmé Alexandre Ouss. Selon les experts, cette catastrophe aura un impact conséquent sur la nature pendant plusieurs années. par pauline choppin 12


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