Némésis - Alliances et rivalités dans l'actualité internationale - ISCPA J2 - 2019

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TRADITION p.11 Le Sapin de Noël de Trafalgar Square, un cadeau de la Norvège

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11/12/2019

NÉMÉSIS Alliances et rivalités dans l’actualité internationale

SOCIÉTÉ p.8 Des décorations de Noël de mauvais goût


édito

LUMIÈRE ET ZONES D’OMBRE

Camille Romand Rédactrice en chef

La période des fêtes de fin d’année est officiellement lancée ! À Paris, les Champs-Elysées se sont illuminés le 24 novembre dernier pour le plaisir des habitants et des touristes venus du monde entier. Pourtant, à l’heure de la prise de conscience du danger du changement climatique, cet événement à été critiqué, et on peut le comprendre. Des millions d’ampoules sur les lampadaires, les arbres et les bâtiments qui consomment une énergie colossale. Tous les soirs pendant près d’un mois et demi, la facture sur le bilan carbone va nettement augmenter pour la ville lumière. Mais le réel problème est le discours des journalistes et des personnes ralliées à l’évènement. Tout d’abord pour eux, ce ne sont pas des ampoules ou des lampes mais des «points lumineux» ou “points de lumière”. Un terme aussi imprécis que ridicule, pour ne pas dire le mot qui fâche. Ensuite, pour tenter de rassurer les inquiets sur la consommation d’énergie de cet événement, des personnes interrogées par les journalistes sortent des comparaisons qui sont la définition même de “vague”. D’après JeanNoël Reinhardt, Président du Comité Champs-Elysées, la consommation des illuminations représente celle d’une “famille de quatre personne avec deux enfants”. Sur quelle durée ? Sur quelles données se base-t-il ? Un nuage de fumée pour perdre les téléspectateurs dans son discours très “communication”. Arrêtons avec la langue de bois. Les gens en ont assez des expressions et des formulations tirées par les cheveux. Les politiques souhaitent retrouver la confiance des Français, mais ce n’est pas de cette façon que cela fonctionnera ! En ce qui concerne le niveau environnemental, trouvons une solution pour consommer moins. Mettons moins de décorations dans les rues ou réduisons le temps d’illumination chaque soir. Nous pouvons peut-être aussi compenser la consommation d’énergie sur le reste de l’année. Mais soyons francs ; Paris ne perdrait-elle pas un peu de son charme sans ses illuminations ? Personne ne peut imaginer un Noël sans lumière ni décoration. On apprécie tous se balader en ville le soir pendant la période des fêtes. Les guirlandes lumineuses, les vitrines des magasins et les décorations sur les façades des bâtiments... Les yeux grands ouverts, comme des enfants ! Joyeuses fêtes ! Rédaction: ISCPA Lyon 47 rue Sergent Michel Berthet, 69009 Lyon, 04.72.85.71.73 Rédacteur en chef: Camille Romand Secrétariat de rédaction: Benjamin Lauriol, Léa Christol Rédaction: Pauline Choppin, Camille Romand, Sylvain Gauthier, Nicolas Delattre, Benjamin Lauriol, Léa Christol, Lucas Mollard, Adrien Chatre, Ameline Manissolle Maquettiste et graphiste: Anouck Bedel, Benjamin Lauriol, Ameline Manissolle

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sommaire

04

Économie

Le Vietnam, nouvelle fabrique du Père Noël

05

Politique

Ikea, la polémique «Vinterfest»

06

Environnement

Un père Noël vert pour sauver la planète

07

Culture

Le cinéma s’empare de Noël

08

Société

Des décorations de Noël de mauvais goût

09

France

L’illumination des Champs-Elysées dans la controverse

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Gastronomie

Le calendrier du vent de Foodwatch

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Tradition

Londres: un cadeau de la Norvège

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Photo

Japon: le poulet frit du KFC pour Noël

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économie Le Vietnam, nouvelle fabrique du Père Noël De plus en plus de producteurs de biens déplacent leurs usines au Vietnam. Les salaires y sont plus bas. Et cela permet de contourner les tarifs américains imposés sur les produits “made in China”. Le sapin de Noël est donc de plus en plus bordé de cadeaux provenant du Vietnam.

L’industrie électronique est celle qui a le plus profité de ces avantages. Elle représente désormais près de 40 % des exportations vietnamiennes, contre 10 % en 2010. Le Vietnam est devenu le deuxième plus important producteur de smartphones au monde après la Chine. Samsung, qui a investi 17 milliards de dollars sur place, a installé une méga-usine dans le nord du pays, qui emploie 60 000 ouvriers et fabrique une bonne partie de ses téléphones. LG y produit pour sa part des téléviseurs et Microsoft des smartphones. L’industrie textile et de la chaussure (19 % des exportations vietnamiennes) est elle aussi bien implantée. Des marques comme Nike ou Adidas y ont récemment déplacé une partie de leurs usines chinoises.

CONTOURNER LES BARRIÈRES IMPOSÉES PAR LES ETATS-UNIS Le Vietnam profite des tensions sino-américaines pour développer son économie, de nombreuses usines voient le jour. © Libération, Lu Hanxin

La Chine a construit sept zones industrielles dans la province du Guangxi, le long de sa frontière avec le Vietnam. Elles ont chacune une surface de 20 à 100 km² et hébergent une centaine d’usines. Surtout, elles sont à cheval sur la frontière entre les deux pays : les biens qui y sont assemblés peuvent donc bénéficier de l’étiquette “made in Vietnam”, même si leurs composants proviennent de Chine. Cette stratégie permet de contourner les tarifs imposés par Washington sur les biens chinois. Les Etats-Unis avaient en effet décrété une taxe à l’importation de 25 % sur une série de produits chinois valant au total 34 milliards de dollars. Une semaine plus tard, ils proposaient de l’étendre à 200 milliards de dollars de biens en provenance de l’Empire du Milieu. Depuis quelques années, le Vietnam est naturellement devenu une destination de premier choix pour les firmes chinoises, mais aussi étrangères, qui souhaitent éviter les tarifs imposés par l’Oncle Sam.

Mais la stratégie vietnamienne de ces firmes n’est pas sans risques, surtout lorsque les investissements ont pour but unique de contourner les tarifs américains. Face aux taxes imposées en 2015 par Washington, plusieurs producteurs d’acier chinois se sont mis à faire transiter leurs produits par le Vietnam, pour pouvoir leur accoler l’étiquette “made in Vietnam”, alors que la matière première provenait de Chine. En mai 2018, les Etats-Unis ont décidé de mettre le holà à cette pratique en introduisant une taxe sur l’acier vietnamien. Celleci atteint plus de 200 %.

HASBRO, S’ADAPTER POUR SURVIVRE

La guerre commerciale sino-américaine change la physionomie du secteur des jouets avec Hasbro. Le premier fabricant mondial de jouets accélère son plan visant à délocaliser de Chine sa production et envisage d’ouvrir une nouvelle usine au Vietnam et en Inde. Hasbro est la première entreprise dans ce secteur à modifier sa stratégie de production face aux tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine. De nombreuses entreprises multinationales comme Intel revoient ainsi leurs SALAIRES FAIBLES, PAYS ATTRAYANT plans de production, tandis que d’autres accélèrent leur Le succès du Vietnam, ce pays de 95 millions d’habitants, ne diversification afin de réduire au maximum les risques. s’explique pas uniquement par sa capacité à contourner les tarifs américains. Le salaire d’un travailleur d’usine y atteint 200 dollars par mois environ, contre 500 dollars en Chine. De nombreuses entreprises qui avaient choisi de s’y installer dans les années 1990 ont donc commencé à déplacer leurs opérations au Vietnam.

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Par Nicolas delattre


Politique Ikea « vinterfest » : une polémique sur fond de politique La période de Noël est encore bien ancrée dans les consciences populaires européennes. La firme suédoise Ikea en a fait les frais avec une polémique sur sa collection appelée « vinterfest ». Pas de référence nominative à la fête religieuse et, visiblement touchés, politiques danois et sites extrémistes ont commencé à alimenter une critique aux arguments fallacieux. Un vendeur de meubles international accusé de politiquement « trop » correct. Si la forme peut paraître, à la limite amusante, le fond ne l’est pas. Car le véritable enjeu de cette polémique est au centre d’un débat politique bien plus large au Danemark mais aussi en France. L’histoire part d’une nouvelle collection de 150 meubles Ikea pour Noël nommée « vintesfest » traduisible littéralement par « fête hivernale ». Ainsi, le mot suédois et danois « jul » qui signifie Noël n’apparaît soit disant nulle part sur le site. Tour à tour, plusieurs hommes politiques danois, de droite et d’extrême droite, ont crucifié Ikea sur sa politique jugée conformiste de ne pas relier sa collection et la fête nationale de Noël. Une information erronée et reprise par quelques journaux français comme Le Monde dans leur rubrique de démantèlement de fake news. Malgré ces précautions, de nombreux sites extrémistes dans les pays nordiques puis dans toute l’Europe et notamment en France, ont repris cette information pour diffuser leurs opinions. La polémique traduit également les rivalités chroniques entre le Danemark et la Suède réputée comme un pays avec une politique migratoire très généreuse et pas vraiment encadrée. C’est le pays européen qui adopte le plus de migrants par habitant. Et principalement d’origine musulmane… Une aubaine pour les extrêmes qui se sont saisis de l’affaire pour en tirer des conclusions racistes et intolérantes.

La décoration et les meubles de la collection “vinterfest” laissent difficilement la place au doute quant à leur proximité avec la fête de Noël.. © Ikea

La défense d’Ikea « Nous célébrons toutes les fêtes religieuses, mais particulièrement Noël, qui fait partie de notre héritage scandinave et qui en est une tradition très importante. On peut dire d’ailleurs que nous en assurons la promotion, en vendant des décorations de Noël dans le monde entier, y compris dans des pays comme Dubaï ou Bahrein. Et nous avons, comme chaque année, un buffet de Noël dans nos restaurants, où nous servons même du porc. » Christian Mouroux, responsable de la communication d’Ikea au Danemark.

LA DÉMONSTRATION DE L’OBSCURANTISME EXTRÉMISTE La polémique sur la collection Ikea rejoint de nombreuses fake news partagées et amplifiées via les réseaux sociaux pour alimenter la haine extrémiste. Tous les moyens sont bons pour accuser les multinationales, les gouvernements ou les citoyens d’un multiculturalisme trop prépondérant et d’abandon des pratiques traditionnelles. Le débat politique est sans cesse relancé sur l’islamisme, les migrants musulmans et la pratique de la religion dans les pays européens dits « classiques ». Et les extrêmes en profitent pour tirer leur épingle du jeu et répandre des informations stigmatisantes pour une partie de la population. Par benjamin lauriol

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environnement Greta Thunberg, rédactrice en chef d’un jour pour une émission radio

Un père Noël vert pour sauver la planète Le week-end du 30 novembre et 1er décembre dernier, un père Noël vert s’est installé à Dublin, pour demander aux enfants ce qu’ils souhaitent pour la planète pour Noël.

Greta Thunberg parlera évidemment d’environnement dans son émission ©Les Echos

La jeune militante écologiste Greta Thunberg sera sur une radio de la BBC en Angleterre en tant que rédactrice en chef. Elle se chargera d’une émission sur l’environnement pendant les vacances de Noël.

C’est l’idée du docteur Laura Kehoe, chercheuse en durabilité à l’Université d’Oxford. Un père Noël vert pouvait être vu à Dublin les 30 novembre et 1er décembre dernier. L’idée est que les gens, enfants comme adultes, puissent lui écrire une lettre pour savoir ce qu’ils aimeraient changer dans le monde pour le rendre meilleur. C’est surtout ce qui concerne la lutte contre le réchauffement climatique qui est mis à l’honneur. «Nous ne savons pas à quoi ressemblera le monde dans quelques décennies, explique la Dr Kehoe, mais écrire sur ce que nous voulons changer dans le monde est stimulant. En décrivant nos rêves pour la planète, nous créons mentalement une voie vers un avenir plus prometteur. Nous ne savons pas à quoi ressemblera le monde dans quelques décennies, mais écrire sur ce que nous voulons changer dans le monde est stimulant. En décrivant nos rêves pour la planète, nous créons mentalement une voie vers un avenir plus prometteur.»

La Suédoise de 16 ans engagée pour la sauvegarde de la planète, Greta Thunberg, aura le privilège de piloter une émission de la BBC. Elle sera la rédactrice en chef de Today, une matinale de grande écoute entre 6 heures et 9 heures, en Angleterre sur BBC Radio 4. Son émission sera diffusée entre Noël et le jour de l’An. D’après la radio, la jeune fille s’adressera Les lettres récupérées par le père Noël vert lors de cet “aux principales personnalités mondiales du changement évènement ont été apportées à Madrid pour la COP25, par Saoi climatique et entendra des militants de première ligne». O’Connor, un étudiant irlandais militant pour pour le climat. Elle s’entretiendra notamment avec des leaders indigènes. Elle souhaiterait également des reportages en Zambie et en Antarctique et une interview avec Mark Carney, gouverneur de la banque d’Angleterre. Une occasion pour la jeune fille pour toucher un maximum de personne sur la préservation de la planète. Rappelons que Noël est une période de l’année où nous consommons beaucoup, voire trop. Vivement critiquée pour son jeune âge et accusée d’être manipulée par les lobbies verts, ce sera peutêtre le moment pour elle de faire changer les avis à son sujet. Greta Thunberg fait partie des cinq personnalités de renom qui auront leur propre émission sur la BBC cette année. Parmi eux, Brenda Hale, présidente de la Cour suprême britannique, parlera du harcèlement moral et de la Cour suprême. L’artiste Grayson Perry s’intéressera aux stéréotypes, le rappeur « George The Poet » à la question de l’identité et Charles Moore, ancien rédacteur en chef du quotidien conservateur The Daily Telegraph, parlera de liberté d’expression.

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Adultes et enfants peuvent donner leur lettre à ce père Noël vert ©RFI / Emeline Vin

Par camille romand


culture Last Christmas, quand le cinéma s’empare de Noël Chaque année, le cinéma utilise Noël pour son compte. Entre La Reine des Neiges 2 ou Last Christmas, c’est réussi pour cette année. D’une fête religieuse, elle est devenue un symbole cinématographique.

Noël approche à grands pas en ce début de mois de décembre. Qui dit fêtes de Noël dit cadeaux, repas gastronomiques, mais aussi cinéma. Cette année, entre la comédie romantique Last Christmas et le film d’animation La reine des neiges 2, le cinéma est gâté. Mais pourquoi cette fête marche-t-elle dans les salles obscures ? Si Halloween possède ses films d’horreurs, Noël a des films divers et variés : films d’animations, comédies romantiques, comédies dramatiques… Qu’est-ce qui fait donc qu’un film de Noël est un film de Noël ?

LE RAPPORT À L’ENFANCE Il y a évidemment plusieurs critères à prendre en compte, mais Noël, c’est de la bonne humeur, de l’innocence et surtout, l’enfance. C’est pour ça que les films d’animation marchent autant durant cette période : Le Noël de Mickey, La reine des neiges, Mickey il était une fois Noël, Le Pôle express… Même chez les adultes, ces films sont toujours un rappel que Noël reste pour tous les âges un excellent moyen de retomber en enfance.

L’IMPORTANCE DE LA FAMILLE Noël se fête généralement en famille et sur ce point, la quasitotalité des films durant cette période le respecte. Si Maman j’ai raté l’avion est toujours aussi réussi, c’est justement parce que le rapport à la famille est plutôt étrange. Pour rappel, dans le film, le petit Kevin est oublié par ses parents qui partent en vacances et doit garder la maison pour lui tout seul. De plus, quel enfant n’a jamais rêvé d’être seul chez lui pour faire autant de bêtises qu’en fait Kevin ? Plus surprenant dans cette catégorie, Die Hard avec Bruce Willis n’a pas vraiment l’air d’entrer dans cette catégorie de films. D’abord, il se déroule durant les fêtes de Noël et John McClane veut retrouver sa femme. Mais lorsque des terroristes interviennent, il va devenir le héros dans le but de sauver sa famille. Et en cumulant ces deux points, cela permet de faire de Die Hard un film familial.

Last Christmas est sorti dans les salles le 27 novembre et y restera jusqu’à Noël. © extrait du film Last Christmas

LA ROMANCE Comme dit précédemment, Last Christmas est à l’instar de Love Actually une comédie romantique. Ces comédies utilisent donc la famille comme point d’appui. En général, les points de départ sont les mêmes : un personnage seul, un élément qui va “détruire” le protagoniste (un renvoi, un décès, un déménagement…) et la découverte du futur conjoint. Ce schéma change très peu, c’est d’ailleurs pour ça que les comédies romantiques commencent à patiner. Mais comme c’est une période où les couples aiment regarder des films sous la couette, forcément, ça marche. Mais considérer qu’un film ne marche qu’avec quelques explications ne fait pas tout. Où mettre L’étrange Noël de Monsieur Jack là-dedans ? Ce film qui repasse chaque année, réalisé par Henry Selick et produit par Tim Burton ne rentre pas dans une seule de ces catégories. Mais il fait la transition entre Halloween et Noël. A savoir que Burton a eu l’idée du film en marchant dans la rue au début du mois de décembre. Les décorations d’Halloween, pas encore enlevées faisaient face aux décorations de Noël qui venaient d’arriver. Burton s’est dit que confronter ces deux fêtes serait une bonne idée. Mais Joyeux Noël ou Le père Noël est une ordure ne respectent pas non plus les points évoqués ? Alors quoi, tout cela ne rime à rien ? Pas vraiment. Dans l’un, comme dans l’autre, la fête est incluse dans le titre permettant de situer la période. Joyeux Noël appuie sur le fait que cette fête est vraiment importante et que même des soldats veulent passer un moment convivial durant cette soirée, en sachant qu’il s’agit d’une histoire vraie. Et Le père Noël est une ordure, s’il s’agit d’une comédie, elle rapproche malgré tout les différents personnages qui en viennent à s’accepter et à passer une bonne soirée. Comme quoi, au cinéma comme en vrai, Noël reste une fête qui unit. Par adrien chatre

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Société Des décorations de Noël de mauvais goût Le Mémorial d’Auschwitz Birkenau a interpellé le géant UN PROBLÈME D’ALGORITHME ? américain Amazon après avoir découvert que la plateforme vendait des objets à l’effigie du camp de concentration qui a fait près de 1 million de victimes durant la seconde Les deux vendeurs, qui répondent aux surnoms de Fcheng Guerre Mondiale. et Tee26, hébergés par Amazon, vendaient des dizaines de décorations de Noël et de décapsuleurs du même genre. A seulement trois semaines des fêtes de Noël, l’heure est à la recherche de cadeaux ! Mais voilà, tandis qu’à cette période Mais là, les objets étaient décorés avec des photos issues de les magasins du centre-ville sont bondés, certains préfèrent banques d’images moins controversés comme des photos surfer sur la toile pour dénicher le présent idéal. Avant le 1er d’animaux, de paysages ou de motifs quelconques. Il serait décembre dernier, il était possible de tomber nez-à-nez avec donc très probable que cette blague malveillante soit le des décorations de Noël peu communes et plutôt glauques résultat d’un algorithme automatique. Les deux utilisateurs : de quoi orner son sapin, à l’effigie du célèbre camp de ont toutefois été bannis de la plateforme de vente. concentration d’Auschwitz. En plus de ces décorations en forme d’étoile et de clochette était également vendu un ouvrebouteille illustré là encore d’une photo du camp de la mort.

LE MUSÉE D’AUSCHWITZ RÉPOND Après avoir constaté la vente en ligne de ces objets, le mémorial du camp d’extermination polonais s’est tout de suite exprimé sur Twitter : « Vendre des décorations de Noël avec des images d’Auschwitz ne semble pas très approprié. Auschwitz sur un ouvre-bouteille, c’est plutôt dérangeant et irrespectueux. » Car ces objets à destination d’usage festif représentent en réalité le plus grand camp de concentration et d’extermination du Troisième Reich. De sa date de création, le 27 avril 1940, jusqu’au 27 Janvier 1945 où il est libéré par les alliés, plus d’un million de personnes y périrent, dont 90% de prisonniers juifs. A la suite de quoi l’entreprise américaine a retiré ces articles troublants. Les produits n’étaient pas vendus par Amazon mais par des revendeurs qui profitaient de la plateforme comme dans la plupart des cas. Peu de temps après le musée délivre un autre message à Amazon pour dénoncer un second vendeur : cette fois-ci ce sont des tapis de souris et des porte-clefs qui, eux aussi, étaient décorés avec des images d’Auschwitz. Le géant américain s’est quant à lui défendu en rappelant qu’il condamnait la vente de : « produits relatifs à des tragédies humaines et à des catastrophes naturelles ».

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Les photos des articles à l’effigie d’Auschwitz vendus sur Amazon affichaient le camp de la mort sous différents angles : de la façade aux couloirs de barbelés du baraquement. © Twitter @AuschwitzMuseum

Une polémique sans fin Amazon est de nouveau accusé par le musée polonais. Mais cette fois-ci, c’est une jeune fille qui pose tout sourire avec une serviette de bain avec l’image d’Auschwitz dessus, où on peut lire le slogan nazi : « Arbeit macht frei ». « L’histoire continue » martèle le mémorial polonais dans un tweet, exaspéré par l’inefficacité des services de vérification des produits du géant américain. L’article a, comme les autres, été supprimé de la plateforme.

Par Lucas mollard


FRance L’illumination des Champs-Élysées dans la controverse Le 24 novembre s’est déroulée l’inauguration des illuminations de fin d’année sur les Champs-Élysées, présentée par la maire de Paris Anne Hidalgo. Cette année, c’est le géant du chocolat italien Ferrero qui finance une partie des illuminations.

Cependant, le choix de ce sponsor a été orchestré par le comité des Champs-Élysées. Ce sont eux qui ont trouvé et négocié le contrat avec le géant du chocolat. « La ville n’intervient pas dans le processus de choix et Ferrero est une entreprise qui a des produits vendus dans tous les magasins de France. Ils ne sont pas interdits à ma connaissance » s’exprime Jean-Noël Reinhardt, le président du Comité.

Le 24 novembre dernier a eu lieu la cérémonie d’illuminations à Paris. Les Champs-Elysées se sont retrouvées entièrement colorés. Si les touristes et les Parisiens étaient subjugués par le coup d’envoi des festivités de Noël, ce n’était pas le cas pour tous. La marque italienne Ferrero a été choisi comme sponsor, ce qui a créé la colère de certains élus, dont des candidats à la mairie de Paris. Les franciliens n’ont pas pu passer à côté des publicités géantes placardées sur toute l’avenue. Certains ne digèrent pas que Ferrero puisse en être le financeur.

UN SPONSOR ACCUSÉ DE DÉFORESTATION Si ce partenariat gêne, c’est à cause de l’utilisation d’huile de palme pour fabriquer le Nutella. C’est une des raisons de la déforestation de la Malaisie et de l’Indonésie. Malgré tout, ce sont eux, cette année qui ont été choisis pour être le sponsor des illuminations des Champs-Elysées. A quatre mois des élections municipales, la marque italienne devient une arme pour les adversaires d’Anne Hidalgo, l’actuelle maire de Paris. Certains élus et personnalités publiques s’en sont pris à la maire de Paris sur twitter, sur ce choix. David Belliard - candidat à Europe Écologie - Les verts - à la mairie de Paris - souligne “l’obésité infantile” que provoque la consommation de ce produit. Du côté de La France Insoumise, Danielle Simonnet se demande si “pour les J.O il y aura du Coca Cola dans toutes les fontaines de la ville” ou encore l’ex-footballeur Vikash Dhorasoo qui pointe du doigt la déforestation et la nocivité du Nutella pour la santé. La plus grande avenue parisienne est mise dans le rouge jusqu’au 8 janvier.

ANNE HIDALGO PRISE DANS LA TOURMENTE Certains élus, sont plus qu’étonnés du choix de la Mairie de Paris sur la validation d’un tel sponsoring de la part d’une entreprise jugée peu écologique. Malgré cela, la maire de Paris est engagée pour la planète et n’en dément pas : « Tout le monde est conscient que l’on est au pied du mur, qu’il y a une urgence climatique ».

Cérémonie d’ouverture des illuminations des Champs-Élysées à Paris en présence d’Anne Hidalgo, la maire de Paris. © AFP

Par Pauline Choppin

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Gastronomie Le calendrier qui dénonce les arnaques

La cochenille est un insecte qui produit de l’acide carminique Pour la première fois, l’organisation non-gouvernementale (agent colorant du carmin), sauf que l’origine animale n’est pas Foodwatch propose un calendrier de l’avent un peu signalée, on la retrouve plutôt sous le synonyme E120. particulier : le calendrier du vent. Baptisé ainsi, il dévoile durant 24 jours les arnaques sur l’étiquette et justifie son action par le hashtag #OnVousVendDuVent. Nous avons eu l’occasion de discuter avec Ingrid Kragl, directrice de l’information chez Foodwatch. Habituellement, les enfants possèdent un calendrier de l’avent en chocolat pour patienter jusqu’à Noël ; depuis quelques années, les calendriers se sont déclinés pour les adultes, avec des produits de beauté ou des boissons. Dans le cadre de sa campagne « arnaques sur l’étiquette », l’ONG allemande Foodwatch a lancé pour la toute première fois son Calendrier du Vent : durant 24 jours, ils dévoileront 24 arnaques sur l’étiquette de produits de Noël. Depuis plusieurs années, l’organisation dénonce le manque de transparence dans le secteur alimentaire. Durant les périodes de fêtes, les consommateurs sont aveuglés par les articles. Sur son site, l’association ajoute : « les rayons des supermarchés débordent de produits parés de leurs plus beaux atours : c’est doré, suremballé, c’est bourré d’additifs controversés pour la santé, c’est chic et cher (même si c’est du chiqué), c’est de l’ultra-transformé qui se fait passer pour du traditionnel, soidisant français, c’est aussi souvent plein d’huile de palme ou d’insectes planqués dans des produits étonnants». Foodwatch lutte donc pour une meilleure communication autour des emballages et de la composition de nos achats. Foodwatch est une organisation non gouvernementale de défense des consommateurs. Fondée en 2002 en Allemagne par l’ancien directeur international de Greenpeace Thilo Bode, l’organisation existe depuis 2010 aux Pays-Bas et depuis 2013 en France. L’organisation milite pour le droit des consommateurs de se voir proposer des aliments de qualité, sans risques pour la santé et comportant un étiquetage fiable et transparent. Elle joue un rôle de lanceur d’alerte. Foodwatch, l’application Yuka et la Ligue contre le cancer se sont par exemple récemment associés pour dire stop aux nitrates ajoutés dans nos aliments.

Nous aurons l’occasion de découvrir que les Noix de la Mer à poêler de chez Fleury Michon ne sont pas des noix de SaintJacques, comme le laisse deviner le nom, mais du colin d’Alaska. Que les truffes fantaisie à la noisette Cémoi promettent une fabrication proche de chez nous, avec un cacao qui « protège la forêt » alors que le premier ingrédient est de l’huile de palme : « c’est gonflé de prétendre défendre la forêt d’un côté et de l’autre contribuer à sa destruction » clame l’organisation avant d’ajouter « Cémoi donne là un bel exemple de greenwashing ».

Ingrid Kragl, directrice de l’information de Foodwatch

D’où vous est venu l’idée de ce concept ? Nous sommes une organisation de campagnes. Nous militons pour le changement. Nous ne nous interdisons aucune approche (toujours non-violente) pour interpeller sur des sujets qui nous tiennent à cœur. Comment faites-vous pour repérer les arnaques : utilisation d’une application ou par des témoignages ? Nous connaissons parfaitement les réglementations qui s’appliquent à l’étiquetage. Nous repérons les arnaques sur l’étiquette directement en supermarchés. Les foodwatchers, les personnes qui nous suivent, nous envoient aussi des exemples criants. Est-ce que vous faites appel à des spécialistes pour une vérification ? (Si non, l’envisageriez-vous?) Nous faisons appel à des experts indépendants quand c’est nécessaire, en particulier sur des questions liées à la santé (contamination par des substances toxiques, malbouffe, additifs controversés) . Nous connaissons bien les questions d’étiquetage par contre. N’avez-vous pas peur que ça cause trop de tort aux marques ? Nous militons pour le droit à une alimentation saine et transparente. Nous faisons du « name and shame », c’est-à-dire que nous interpellons – notamment par le biais de pétitions - directement les marques et dialoguons également avec elles pour leur demander de changer soit l’étiquetage soit la composition pour qu’elle soit plus saine (souvent l’étiquette vend du rêve mais parfois il s’agit de produits qui ne sont pas sains).

Quelle est la pire arnaque que vous avez pu découvrir ? Certaines marques utilisent des insectes dans leurs recettes : Celle qui vous a vraiment choqué ? Ou alors une déception? Fossier emploie de la cochenille pour donner la couleur rose à Je n’ai pas de « pire » à vous donner. Quand elles méritent d’être dénoncées, nous le faisons. Et ce, depuis 2014 en France. ses biscuits rose de Reims.

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par ameline manissolle


Tradition Londres: le Sapin de Noël de Trafalgar Square, un cadeau de la Norvège Chaque année depuis 1947, la ville d’Oslo offre au Royaume-Uni, un sapin de Noël. L’arbre est installé à Londres sur la place de Trafalgar Square à partir du début du mois de décembre jusqu’au 6 janvier.

«L’ARBRE DE NOËL LE PLUS CÉLÈBRE DE GRANDE-BRETAGNE» CRITIQUÉ Cette année, l’arbre a été fortement critiqué par les Londoniens pour son feuillage «clairsemé» et son aspect «anémique». “C’est à cela que ressemblent les arbres de 90 ans de 25 mètres dans la nature” a déclaré l’ambassadeur de Grande-Bretagne en Norvège, Richard Wood. «Il est important de considérer le symbolisme de l’arbre plutôt que simplement le nombre de branches qu’il a.» a-t-il ajouté. De son côté, la maire d’Oslo Marianne Borgen, a nié que le sapin était un mauvais choix ou une insulte au Royaume-Uni. “Je pense que l’arbre est magnifique et qu’il illumine Londres dans le noir. Le fait que les gens aient tant d’opinions sur lui signifie simplement qu’ils s’en soucient et suivent de près la tradition” a-t-elle expliqué.

Lorsque les forces nazies ont occupé la Norvège au début de la Seconde Guerre mondiale, la famille royale et le gouvernement norvégiens ont fui pour se réfugier à Londres pendant cinq ans. En 1947, la ville d’Oslo a envoyé un sapin de Noël à Londres en remerciement du soutien apporté par le Royaume-Uni en temps de guerre. Le cadeau est devenu une tradition annuelle qui se poursuit encore aujourd’hui. Cette année, l’arbre est une épinette norvégienne de 85 ans, mesurant environ 24 mètres de haut. Il a été abattu dans une forêt d’Oslo en novembre et Mais ces arguments n’ont pas empêché les critiques sur est illuminé depuis le 5 décembre. Twitter. Beaucoup d’internautes l’ont surnommé «l’arbre le plus anémique», disant qu’il était «très souffrant et terne». Cependant certains l’ont défendu, expliquant que c’était un UNE LONGUE TRADITION DE REMERCIEMENTS, cadeau pour lequel la nation devrait être reconnaissante.

DE PAIX ET D’AMITIÉ

Pour beaucoup de Londoniens, l’érection de l’arbre accompagnée par les chants sur Trafalgar Square signale l’arrivée de Noël. De nos jours, il est considéré comme le plus célèbre du Royaume-Uni et est un symbole de paix et d’amitié. Le sapin est coupé dans une forêt près d’Oslo au mois de novembre, lors d’une cérémonie à laquelle assistent l’ambassadeur du Royaume-Uni en Norvège, le maire d’Oslo et le Lord-Maire de Westminster. Il est ensuite expédié au Royaume-Uni par voie maritime, souvent de Brevik à Immingham, avant de terminer son voyage vers le centre de Londres en camion. La Norvège offre également des arbres à d’autres villes du royaume. La ville de Bergen envoie, chaque année un arbre à Newcastle dans une tradition presque aussi longue que le sapin de Trafalgar Square. Aberdeen, Edimbourg, Grimsby et les îles Orkney se voient également offrir un sapin chaque année.

Le sapin de Noël de Trafalgar Square est décoré dans le style traditionnel norvégien et est équipé de lumières LED. © PA

par Léa Christol

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KFC est présent partout au Japon. Les affiches publicitaires se multiplient pour promouvoir la marque. © KFC

Au Japon, on célèbre Noël avec… le poulet frit du KFC A Noël, si les familles étasuniennes mangent leur fameuse dinde, les japonais eux, ont leur poulet frit du KFC. A l’image de Coca-Cola et du Père Noël rouge, la fameuse marque de fast-food surfe sur l’image de cette fête pour vendre ses produits. Manger du poulet KFC le jour de Noël est même désormais une tradition, dans l’Archipel. Cette tendance remonte aux années 70, date du début du développement de cette fête au Japon. A cette époque, la dinde est toutefois rare au pays du soleil levant. Une occasion sur laquelle saute la firme du colonel Sanders (fondateur de KFC), pour implanter son image. Il s’agit de faire du poulet frit la nouvelle dinde de Noël. Une stratégie marketing nommée «Kurisumasu ni wa kentakkii!» (Kentucky pour Noël!) est donc lancée en 1974. Dans des publicités, le poulet frit se joint notamment aux cadeaux sous le sapin. L’idée est simple mais cartonne ! Tellement qu’en 2010, le journal économique britannique Financial Time l’honore comme l’une des campagnes « les plus réussies » de la publicité. La sauce étasunienne prend donc, remplissant les KFC de l’archipel en ce jour de fête. Sans faiblir avec le temps, puisque la convoitise est actuellement toujours aussi importante. A tel point que certains amateurs vont même jusqu’à passer commande plusieurs mois à l’avance afin de s’éviter des queues longues de plusieurs heures. De quoi permettre à KFC de réaliser son plus gros chiffre d’affaires en décembre. Jusqu’à 20% des ventes annuelles se réalisent en effet sur cette période de l’année. Une marge non-négligeable, permettant au colonel Sanders de finir son année sur une note positive.

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Par sylvain gauthier


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