L'Escale un téléphérique pour la Métropole de Lyon Enquête

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DÉCEMBRE 2021 - LE MAGAZINE QUI VOUS TRANSPORTE - 3,90 €

LES CÂBLES DE LA DISCORDE Sceptiques ou partisans, le débat p.14

L'immobilier, pas non plus épargné ? p.18


Édito

Le transport par câble, réelle solution ou coup de com' pour la Métropole de Lyon ?

XXI

siècle. La pandémie du Covid-19 a créé de nouveaux enjeux de régulation et a eu pour conséquence une mise « sous contrôle des proximités sociales et spatiales », selon Jean-Marc Offner dans un dossier de la revue « Urbanisme ». Malheureusement, la crise sanitaire a aussi installé une méfiance envers les transports en commun et accroît un besoin de changement qui tend vers une mobilité plus durable.

Lyon

ème

La mobilité urbaine devient un enjeu majeur dans notre société. Elle doit s'adapter aux évolutions et changements de notre ère. Sur une planète où la technologie est indispensable, où les défis environnementaux deviennent cruciaux, où la demande explose et l'économie évolue, la mobilité est devenue un réel phénomène social auquel il faut répondre au plus vite en prenant en compte tous ses éléments. Les nouvelles politiques de mobilité durable visent à combiner un équilibre entre croissance économique, bien-être social et protection de l'environnement, un défi de plus en plus difficile à réaliser. Ces politiques tournent autour de trois grands buts précis : le développement du transport collectif, la promotion des mobilités actives (vélos, trottinettes, marche à pied) et la réduction du recours à la voiture individuelle. Si les mobilités restent en évolution permanente, et que la prise de conscience collective des enjeux environnementaux croît, la voiture individuelle reste le premier recours pour se rendre d'un point A à un point B. Un Français parcourt en moyenne 1300 km en voiture par an, soit l'équivalent de deux tonnes de CO par individu. À ce rythme-là, réduire la place de la voiture ² en ville, en développant de nouveaux types de transports, devient une nécessité urbanistique et environnementale.

LES MAINS DE L'ESCALE Directrice de publication, Isabelle Dumas. Directeur de diffusion, Patrick Girard. Directeur de rédaction, Alexandre Busine. Rédacteur en chef, Lola Engelmann. Sous-rédacteur en chef, Kévin Monaci. Secrétaire de rédaction,

Chemssdine Belgacem, Oscar Bertrand, Jade Lagnier, Kévin Monaci & Emma Ressegaire. La rédaction, Chemssdine Belgacem, Oscar Bertrand, Auriane Devaux, Emma Duffrene, Lola Engelmann, Cyprien Etaix, Thibaut Eperdussin, Jade Lagnier, Kévin Monaci, Emma Ressegaire & Léo Vignon. Maquettiste, Romane Thevenot-Terreiro.

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Aujourd'hui, il semble de plus en plus difficile d'aménager les villes étant donné que les espaces urbains se saturent doucement. C'est de là que l'Homme, toujours à la recherche d'innovations toujours plus folles s'est dit « s'il n'y a plus de place au sol, construisons dans le ciel ». Il est vrai que le transport par câble a ses avantages. Il permettrait de décongestionner les transports (encore plus avec la méfiance naissante à la suite de la crise sanitaire), il s'intègre également dans des problématiques de franchissements d'obstacles. Mais son point le plus fort reste celui de s'inscrire dans cette nouvelle demande de mobilité durable en proposant des économies d'énergie, aucune émission de gaz à effet de serre et une emprise au sol réduite. Présente-t-il une utilité flagrante ? Dire transport par câble, c'est aussi penser aux stations de départ et d'arrivée qui représentent une emprise de 500 à 800 m², soit beaucoup plus qu'un abribus ou qu'une station de tramway. La ville de Lyon dispose de bus, tramways, métros et même d'un funiculaire, le téléphérique arrangeant pour les utilisateurs du quotidien ou moyen de faire briller la ville ? Lola Engelmann


s Ommaire DE ROUTE 04/ LALaFEUILLE face du projet

06/ LELaTRAJET concertation, une division politique

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12/ LALesDOUANE 10 points de contestation TURBULENCES 14/ LES Sceptiques ou partisans, le débat PASSEPORTS 16/ LES Portrait : Véronique Dechamps et Michel Rantonnet BUSINESS CLASS 18/ ENL'immobilier, pas non plus épargné ?

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MODE ÉCO 22/ ENQuand le transport par câble menace la biodiversité

24/ CHECKPOINT Lyon, la grande Métropole de demain ? 26/ LALesHALTE téléphériques aux quatre coins du globe TESTÉ POUR VOUS 28/ ONLesAbulles de Grenoble WAGON BAR 30/ LEMots-fléchés / Horoscope

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La feuille de route

La face du projet D’abord utopique pour certains, désormais en concertation, le projet du transport par câble reliant Lyon et Francheville, commune de l’Ouest Lyonnais, est plus que jamais réalisable. Aujourd’hui, l’idée prend de l’ampleur et peut devenir l’un des travaux les plus imposants de l'histoire des transports en commun lyonnais. Un problème plane dans l'ouest de la Métropole lyonnaise et se fait ressentir : le besoin de mobilité. La liaison entre Francheville, Sainte-FoyLès-Lyon, La Mulatière et Lyon n'a jamais été des plus simples. Le bus et la voiture sont, jusqu'à aujourd'hui, les deux seules solutions les plus rapides pour relier ces points entre eux. Jusque-là, rien d'anormal, mais les embouteillages et les prises de conscience écologiques deviennent trop importants pour être négligés. Pour désenclaver ces communes, l'idée du transport par câble est née.

L'essence même d'un transport par câble est d'acheminer des habitants d'une commune vers une Métropole. Ici, l'équation concerne Francheville et Lyon. L'objectif est de pouvoir transporter en moyenne 8 000 à 20 000 personnes, en moins de 30 minutes, d'ici 2030. Pour le moment, quatre fuseaux sont proposés, tous avec un parcours différent, mais toujours dans l'idée de relier Francheville et le sud-ouest de Lyon. Chacune de ses propositions ont été expertisées en fonction de critères tels que le service de transport (pôle d'attractivité, temps de parcours, maillage), l'impact sur

l'environnement (survols, milieux naturels, patrimoine protégé) et leurs contraintes de mise en œuvre (insertion des stations, pentes). Le projet entre dans le Plan de mandat 2021-2026 du Sytral (syndicat mixte des transports pour le Rhône et l'agglomération lyonnaise) d'un montant d'investissement qui avoisine 2,5 milliards d'euros dont environ 150 à 165 millions d'euros juste pour le transport par câble. Les travaux sont initialement prévus pour 2026, en cas de réponse positive en faveur des acteurs favorables au projet.

« L’évolution du contexte législatif a conforté le développement du transport par câble en milieu urbain au service des déplacements quotidiens et le Sytral identifie désormais ce mode comme une nouvelle solution de mobilité offrant des réponses adaptées et performantes en matière de desserte et de transition énergétique », Bruno Bernard, en conférence de presse le 15 novembre dernier.

Les 4 fuseaux différents proposés par le Sytral.©Sytral

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Personnalités importantes GRÉGORY DOUCET

BRUNO BERNARD

Président de l'entreprise Sytral et de la Métropole de Lyon

FANNY DUBOT

Maire de la ville de Lyon JEAN-CHARLES KOHLHAAS Vice-président de la Métropole de Lyon chargé des déplacements et de la logistique urbaine

MICHEL RANTONNET

PIERRE OLIVIER

VÉRONIQUE SARSELLI

Maire du 2ème arrondissement de la ville de Lyon

Maire de la commune de Sainte-Foy-Lès-Lyon

Maire du 7ème arrondissement de la ville de Lyon

Les habitants concernés par le projet : Franchevillois (Francheville), Fidesiens (Sainte-Foy-lès-Lyon), Mulatins (La Mulatière) et Lyonnais (Lyon)

Maire de la commune de Francheville

VÉRONIQUE DECHAMPS

Maire de la commune de La Mulatière

L'ASSOCIATION SAINTEFOY-AVENIR

L'ASSOCIATION TOUCHE PAS À MON CIEL

Porte-parole des habitants et défend leur idéologie lors des concertations

Porte-parole des habitants et défend leur idéologie lors des concertations

En faveur du projet En défaveur du projet Kévin Monaci

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Le trajet

Jean-Charles Kohlhaas, Michel Rantonnet, Monique Cosson, Bruno Bernard et Grégory Doucet lors du lancement de la concertation préalable. © Kévin Monaci

La concertation, une division politique

Pour mettre à bien un tel projet, il faut l’expliquer, le justifier et le décrypter en long, en large et en travers. Alors pour cela, depuis le 15 novembre, et ce jusqu’au 15 février 2022, une concertation préalable et réglementaire a lieu. Ambiance électrique, contestation et controverse sont aussi au rendez-vous.

15 novembre, tous les acteurs du projet sont présents au siège du Sytral pour la conférence de presse du lancement de la concertation préalable. Tous présents ou presque. Un seul acteur en défaveur du projet s'est déplacé : l'association Touche pas à mon Ciel. La maire de La Mulatière, Véronique Déchamps et celle de Sainte-Foy-Lès-Lyon, Véronique Sarselli, ne se sont pas déplacées pour assister à la conférence. Le débat est bel et bien entamé.

Dans quel but ? « Transparence, objectivité et intérêt collectif sont les maîtres-mots qui guident le Sytral sur ce projet, comme pour tous les autres. » Ces écrits, provenant de l'avant-propos du dossier de concertation rédigé par le Sytral, résument, entre autres, son rôle. La concertation préalable

est une procédure qui a pour volonté de créer des échanges entre les instigateurs et les populations concernés, durant toute la genèse du projet. Pour une équité d'informations, 84 pages ont été publiées, à disposition de tous. Ces feuillets y présentent, entre autres, les atouts du transport par câble. Une fois que les acteurs sont informés, l'objectif est de débattre des travaux, des alternatives, des différents fuseaux... Comme l'explique le Sytral, « le projet n'est pas figé et tous les avis peuvent s'exprimer. La concertation préalable offre ainsi la possibilité de débattre de l'opportunité du projet. » Et puis, lorsqu'il est opérationnel, l'heure est à la décision finale, juger si le projet aura lieu. Si oui, quel fuseau utilisé ? Si non, quelle alternative choisir ?

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Dans le dossier de concertation, se trouvent quelques pages sur une alternative au transport par câble : le bus à haut niveau de service. À la différence d'un bus classique, son moteur est électrique et alimenté par une ligne aérienne de contact. Son coût serait de 88 millions, selon le Sytral. Bien d'autres questions seront à répondre à la suite d'une conversation entre constructeurs du projet, maires des villes et populations concernés, prévue pour début février 2022. Entre deux parties diamétralement opposées, un organisme indépendant, neutre et transparent se glisse entre les camps pour veiller au respect de la concertation.


tinée à choisir un fuseau. Même si la fonctionnaire Sytral ne cesse de dire que c'est « soit le transport par câble, soit le bus à haut niveau de service ou soit encore une meilleure proposition », vu du stand, c'est le transport par câble qui prime. Plutôt logique si le Sytral veut faire ce projet. Mais la base de la concertation est l'échange d'informations. Sur le marché de Francheville, les informations concernant les alternatives étaient pratiquement inexistantes, ce qui peut, entre autres, expliquer l'animosité de certains habitants.

©Kevin Monaci

Le Sytral a décidé de placer la concertation sous l'égide de deux garants (Claire Morand et Jean-Luc Campagne) choisis par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP). Avec comme slogan « ma parole a du pouvoir », son rôle est de faire respecter le débat public et la transparence d'information. Le Sytral a démontré que la transparence et l'échange est l'objectif souhaité. Pourtant, de nombreuses plaintes et revendications ont été entendues dans les différentes communes concernées par le projet. Les locaux présents au marché de concertation ont souvent incriminé le manque d'informations.

Les marchés de concertation, la contre-attaque du Sytral Pour combler ce problème d'informations et de communication ressenti par les locaux, le Sytral a décidé d'installer un stand mobile qui se déplace à Sainte-Foy-Lès-Lyon, La Mulatière, Francheville et dans le 7ème arrondissement de Lyon. Ces marchés de concertation sont mis en place pour que les riverains s'informent et discutent avec les fonctionnaires du Sytral. Une fois arrivés sur le marché de Francheville, l'ambiance est plutôt paisible, aucune tension dans l'air, seuls la discussion et le débat sont de mise. Les administrateurs du Sytral se mettent à la disposition de tous. L'un d'entre eux, une

femme, qui n'a pas voulu donner son identité, nous explique l'objectif de ces marchés. Avant cela, elle précise « bien que son rôle est de donner de l'information aux gens, et non vendre un produit ». D'après cette fonctionnaire du Sytral, ces stands mobiles servent à « dire la vérité, pour arrêter de transformer la réalité ». Elle mentionne le fait que les locaux se plaignent de ne pas être assez informés, voire mal informés. « Beaucoup de gens sont venus nous voir, nous sortent des aberrations et inventent certaines choses qu'on a jamais dites. Le Sytral veut avant tout écouter les nombreux avis divergents provenant des populations locales plutôt que d'imposer la mise en place de ce projet », explique-t-elle. Cette agent du Sytral précise que « le projet peut s'arrêter à tout moment » et qu'il « faut prendre la décision avec conscience, compte tenu de l'information ».

Un souci de transparence ? Pourtant, pendant ces 30 minutes de conversation, la majeure partie se consacre au transport par câble et ses quatre fuseaux. Peu ou presque pas de mots sur les alternatives. Comme si la concertation était juste des-

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Robert, 64 ans, habitant de Francheville, évoque le manque de transparence. « On nous parle que de ce transport par câble, que c'est la meilleure idée, on ne nous a rien dit sur le bus à haut niveau de service, comme si ça ne pouvait pas être une éventualité. » Les locaux ne sont pas les seuls en colère, chez les élus aussi, des problèmes ont été évoqués. ©Emma Ressegaire


Le trajet

Le marché de concertation de Francheville. ©Kévin Monaci

Un manque de pédagogie depuis l’annonce du projet De nombreux opposants, mais aussi certains élus en faveur du transport par câble accusent les représentants du projet de transport par câble d'avoir manqué de concertation en amont de l'annonce de la décision de ce projet. Cette concertation est la bienvenue pour répondre aux interrogations des habitants qui déclarent avoir été pris au dépourvu à la suite de l'annonce de ce projet, il y a quelques mois de cela. Des affiches publicitaires vantant le mérite du transport par câble étaient déjà exposées dans la Métropole de Lyon, bien avant que la concertation ne fut lancée. Provoquant ainsi la co-

lère des élus des villes touchés par ce projet mais aussi de leurs habitants. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, même les élus en faveur du projet étaient plutôt surpris face à ce manque de pédagogie et de concertation.

réunion au Sytral, « la CNDP a déjà éclairé des débats contradictoires, c'est un atout supplémentaire dans ce dossier après la cacophonie et la maladresse du lancement de ce dossier ».

Dès février dernier, les élus écologistes de Francheville demandaient une concertation le plus rapidement possible face à un projet aussi nouveau. « J'ai cru comprendre que le Sytral et la Métropole ne voulaient engager de démarche de concertation qu'à l'automne, dans un calendrier assez classique avec six mois d'étude et ensuite lorsqu'on a bien maitrisé l'univers technique, on lance la concertation », a déclaré Cyril Krestzechmarà Lyon Capitale, conseiller municipal écologiste à Francheville. En mars 2021, c'est Michel Rantonnet, le maire LR de Francheville qui avait souligné ce point, lors d'une

« Une rupture de confiance » selon Véronique Sarselli, la maire de Sainte-Foy-Lès-Lyon

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Lors du premier jour de la concertation, le 15 novembre dernier, Véronique Sarselli (LR), la maire de Sainte-Foy-Lès-Lyon critiquait déjà le cahier de la concertation. Elle a déclaré sur le plateau de BFM Lyon : « Aujourd’hui, il faut le dire, il est à la gloire du transport par câble. Ce qu'il me manque, c'est là que je remets en cause un petit peu la méthode, c'est que certes il y a des garants de la commission nationale


du débat public, mais aujourd'hui je n'ai pas de garantie. Cela signifie : comment justement on va faire peser le poids de ceux qui sont contre et qui avancent des arguments ? » Véronique Sarselli estime que cette concertation est biaisée et qu'il y a une rupture de confiance depuis l'annonce du projet.

détaillée, la cartographie des arguments de l'ensemble des personnes qui ont participé à la concertation. Ce bilan formule également des recommandations auxquelles le maître d'ouvrage, c'est-à-dire le responsable du projet (le Sytral), doit répondre pour une bonne prise en compte de la parole citoyenne.

Mais que se passe-t-il une fois la concertation terminée ?

C'est au printemps 2022 que le Sytral prendra en compte les recommandations des garants et qu'il dressera un dossier des enseignements de la concertation. Ce dossier doit être remis, au plus tard, deux mois après la réception du bilan des deux garants. À noter que celui-ci sera publié sur le site internet du maître d'ouvrage (sytral.fr). Vers la fin du printemps prochain, il y aura un vote en conseil d'administration concernant la suite du projet. Si le projet se poursuit, à l'issue d'un vote favorable, la concertation continuera dès mai 2022. Elle se déroulera sous l'égide d'un garant désigné par la CNDP. Ce dernier veillera à la bonne information et participation du public. Il s'agira d'une nouvelle phase de participation qui se fondera en grande majorité sur les recommandations des garants et les

Après trois mois de concertation, la concertation prendra fin le 15 février 2022. Mais c'est seulement un mois plus tard, en mars, que les deux garants (Claire Morand et Jean-Luc Campagne) de la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) publieront le bilan de la concertation préalable. Ce bilan est rendu public et transmis au responsable de projet, ici le Sytral. Ce rapport est rédigé en toute neutralité et en toute indépendance. À aucun moment, ce bilan ne se prononce sur le bien-fondé du projet mis en débat. Il présente le déroulement de la concertation et ses apports en donnant, de manière

engagements du maître d'ouvrage (Sytral).

Le référendum, mode d’emploi En parallèle d'une concertation s'étalant sur quatre mois et qui promet des débats houleux, les mairies de Sainte-Foy-lès-Lyon et de la Mulatière, farouchement opposées au projet de téléphérique, ont décidé de laisser s'exprimer la « vox populi ». En effet, un référendum a été organisé dans ces deux communes, le 28 novembre. Un concept simple à définir et à assimiler, mais dont la nécessité est plus compliquée à matérialiser. Référendum. Nom masculin. Vote qui permet à l'ensemble des citoyens d'approuver ou de rejeter une mesure proposée par le pouvoir exécutif. Telle est la définition accolée, au bon gré des tournures de phrases choisies, au mot référendum par n'importe quelle encyclopédie que l'on peut feuilleter. En somme, il s'agit d'un procédé politique permettant au peuple

“Je ne veux pas de pylône dans mon jardin”, écrit sur une ardoise mise à disposition au public pour écrire son mécontentement. © Kévin Monaci

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Le trajet

de se faire entendre à travers une question d'ordre social dont les deux seules réponses possibles sont l'affirmative ou la négative. Acolyte parfait des sujets d'actualité épineux, ce référendum est souvent utilisé pour légitimer des décisions politiques lourdes de sens et, encore plus, de conséquences.

Purement consultatif et fruit de l'idée de l'opposition, il ne faisait aucun doute que le non allait l'emporter. Ce dernier a même récolté une moyenne de 95,25 % des suffrages dans les deux communes. Attendu depuis plus d'un mois, le

Le référendum tend à se démocratiser Alors que ces choix ardus étaient souvent tranchés par les élites politiques à travers les dernières décennies, une augmentation des consultations référendaires est auscultée au patient Europe ces dernières années. Le Brexit, l'indépendance de la Catalogne ou encore l'accès à l'avortement en Irlande, toutes ces problématiques ont témoigné de ce désir référendaire accru chez les nouvelles sociétés occidentales. Pourtant, son usage se devrait d'être plus restreint si l'on s'en tient à la Constitution de 1958. Seul le vote d'une loi, une révision constitutionnelle ou l'entrée d'un État dans l'UE peuvent faire l'objet d'un référendum. Malgré cela, il peut également être local depuis 2003 en France grâce au projet de gouvernance locale adopté il y a 18 ans maintenant, et qui offre cette viabilité à ce vote dans certaines problématiques. Ces dernières doivent donc être assez importantes pour que le référendum soit légitime. Vous l'aurez compris, le principe de légitimité est indissociable à celui du référendum. Et ce, de son origine à sa sentence.

Au "non" de l’opposition

=référendum contre le téléphérique a finalement eu lieu malgré une ultime joute juridique de la préfecture du Rhône qui souhaitait le suspendre. Matérialisant l'action de l'opposition, bien plus exubérante que la majorité silencieuse, ce vote aura attiré énormément de monde aux urnes dans les deux communes concernées : La Mulatière et SainteFoy-lès-Lyon. Dans la première, les urnes ont été le théâtre d'un taux de participation d'environ 30 % (environ 1 200 votants pour 3 700 inscrits). 94,3 % de ces 1 200 personnes ont voté par la négative, un résultat dont s'est félicitée la maire de La Mulatière, Véronique Déchamps, sur Facebook : « Ces éléments confirment le souhait des Mulatins d'être entendus et renforcent encore notre ferme opposition au projet. » À Sainte-Foy-lès-Lyon, le vote a attiré encore plus de monde. 43 % de votants, une participation légèrement supérieure aux dernières municipales dans la commune qui avaient récolté un taux de participation de 42,5 %. Cela représente 6 606 votants dont 6 354 ont voté en

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défaveur du transport par câble. Soit pas moins de 96,2 % des votants.

Et maintenant ? Suite à ce référendum consultatif, que va-t-il se passer ? Le Sytral aura le dernier mot, certes, mais le maître d'ouvrage veut entendre tous les arguments avant de prendre une décision de cette ampleur. L'Escale s'est rendu au marché local de Francheville et a rencontré une fonctionnaire du Sytral, que l'on appellera Delphine*. Elle a notamment rappelé que « le Sytral ne veut rien imposer. On veut entendre les arguments de chacun et c'est justement le but de ces marchés. Discuter, entendre les arguments de chacun et trouver une solution commune. Je veux que les personnes qui sont contre ce projet livrent des arguments solides, et non pas des supputations qu'ils auraient pu entendre à gauche ou à droite ». Le syndicat lyonnais veut donc avancer vers le dialogue, une direction que semble vouloir partager Véronique Déchamps, qui l'a d'ailleurs répété à l'issue de ce sondage consultatif. « On encourage nos habitants à jouer le jeu de cette concertation du Sytral. » Une solution sera-t-elle trouvée ? Les différentes parties de l'opération ont jusqu'au 15 février pour tenter de résoudre l'équation.

Référendum à Lyon, une première aux volontés complexes A-t-il un leitmotiv ou est-il un pétage de câbles, sans mauvais jeu de mots politique ? Quoiqu'il en soit, le référendum a bien eu lieu et n'a fait que confirmer le désamour des habitants de Sainte-Foy-lès-Lyon et de la Mulatière envers le transport par câble. Une initiative politique qui ne


À Francheville, le "non" fait l'unimité. © Kévin Monaci

devrait pourtant pas influer la décision finale sur le projet. Depuis le premier maire de Lyon Justin Godard et son court mandat entre 1944 et 1945, aucun référendum n'a eu lieu sur le territoire de la capitale des Gaules. Appartenant à la Métropole de Lyon, Mulatins et Fidésiens ont donc décidé de réaliser le premier vote de ce type en terres lyonnaises. Véronique Déchamps et Véronique Sarselli, ont décidé de travailler de concert pour permettre à près de 30 000 habitants de donner corps à leur mécontentement face au projet de transport par câble entre Francheville et Lyon, qui passerait par les deux communes de l'Ouest lyonnais. Sans grande surprise, le non l'a facilement emporté que cela soit à Sainte-Foy ou à La Mulatière. Du même terreau que leur maire, les Fidésiens avaient donc fait germer l'idée d'un référendum qui a éclos sous l'impulsion de Véronique Sarselli, figure de l'opposition dans le dossier du téléphérique.

Un coup d’épée dans l’eau ? Mais voilà, malgré la légitimité dure

à définir de ce référendum, le préfet de région ayant demandé à le suspendre, quelle est la réelle portée de ce dernier ? Et comme il était facile de le deviner, ce référendum ne devrait pas chambouler les plans du Sytral, à l'origine de ce projet décrié. Pour cause, ce référendum est purement consultatif. En somme, il n'a fait qu'un simple constat d'une situation pourtant claire comme l'eau de roche : les habitants de ces communes ne veulent pas du téléphérique. C'est alors qu'il faut se questionner sur les volontés implicites que peut révéler ce référendum. Pour ce faire, mieux vaut repenser aux propos de Véronique Déchamps et Véronique Sarselli sur le but de cette consultation : « N'étant pas maître d'ouvrage et n'ayant pas la compétence du Sytral, nos communes ne peuvent imposer un référendum décisionnel. Juridiquement, les villes peuvent toutefois organiser un référendum consultatif. Libre au Sytral d'écouter ou non le résultat démocratique. » Mettre la pression au Sytral semble donc être le but du référendum, qui comme par hasard, se déroule

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en plein milieu de la période de concertation, cruciale pour dessiner de bons contours à un projet encore flou comme celui du transport par câble. Reste à savoir si ce subtil stratagème suffira à enrayer la mécanique de réflexion du Sytral, qui semble pourtant assez bien huilée et portée vers l'avant. Une volonté claire de ne pas aller à contre-courant des avis des populations locales anime également les maires de ces deux communes. Pour rappel, elles avaient demandé en 2017 au Sytral de développer l'idée d'un transport par câble pouvant desservir leur deux villes. Aujourd'hui, elles y sont opposées et l'argument cité plus haut est d'autant plus légitime pour expliquer cette volte-face. Kevin Monaci, Emma Ressegaire & Chemssdine Belgacem


1) Certains préfèrent le métro E Un récent sondage Ifop (Institut d'études, opinions et marketing), commandé par la mairie de Sainte-Foy-Lès-Lyon, a conclu que 8 habitants sur 10 préfèrent le projet du métro E. Cependant, ce projet a été mis de côté par la Métropole de Lyon préférant le projet du transport par câble.

2) Un mauvais exemple déjà en France

3) Un problème de covisibilité

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De nombreux riverains craignent que le transport par câble survole leur domicile et que l'on voit donc l'intérieur de chez eux. Notamment dans la ville de Sainte-Foy-Lès-Lyon où il y a une proportion importante de maisons individuelles avec jardin et piscine. Une étude du Sytral estime que 1 300 familles seraient touchées par ce problème de covisibilité.

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contes e d s ta t n t i

En France, le téléphérique est peu développé en ville. Il en existe trois en service : un à Grenoble, un à Toulouse et un à Brest. Concernant ce dernier, il relie les deux berges du fleuve Penfeld. Inauguré fin 2016, son fonctionnement pose toujours des problèmes actuellement. Les problèmes techniques s'enchaînent : chute de cabines, problèmes informatiques, câbles défaillants, pannes d'électricité... Inquiétant quand on sait que chaque réparation est onéreuse.

4) Dénaturation du paysage Toute construction en milieu urbain a un impact visuel et change le paysage. L'implantation des stations et pylônes, mais globalement ce transport par câble dans son ensemble, pose des problématiques d'insertion paysagère. Par ailleurs, il risque de passer en plein milieu de la ceinture verte qui se situe entre la ville de Lyon et Sainte-Foy-Lès-Lyon.

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La douane

Les sondages, comme ceux de la mairie de Sainte-Foy-Lès-Lyon ou du 2ème arrondissement de Lyon, se multiplient et sont toujours aussi défavorables à la mise en place du transport par câble reliant Francheville et Lyon. De nombreux points de controverses sont mis en avant.

5) Incertitude sur le taux de fréquentation Le Sytral, selon le fuseau choisi, prévoit une fréquentation entre 8 000 et 20 000 personnes par jour. Pourtant, en décembre 2019, la commission générale du Sytral avait mené une étude prospective qui annonçait une fréquentation beaucoup plus modeste. En effet, seulement 4 000 voyageurs par jour entre Francheville et Gerland, 8 000 par jour en été. Une différence notable à prendre en compte.

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6) La résistance au vent Lorsqu'un vent fort soufflera, il sera impossible au transport par câble de fonctionner. Les seuils de résistance au vent doivent être définis pour savoir jusqu'où le transport par câble peut rester en service. Selon les technologies utilisées, les résistances au vent varient. Les études menées montrent que lorsqu'il y aura des rafales de vent à plus de 90 km/h, le téléphérique ne pourra plus fonctionner. Or, à Lyon ces dernières années, les vents ont été plus virulents.

7) Un coût très élevé En fonction du fuseau choisi, le montant total de ce projet se situe entre 150 et 165 millions d'euros, selon le Sytral. Un coût bien nettement supérieur aux solutions alternatives proposées par le Sytral : les BHNS (bus à haut niveau de service) pour environ 110 millions d'euros, un tramway pour environ 27 millions d'euros.

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8) Survol de bâtiments historiques et classés

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Un des quatre fuseaux proposés survole un secteur patrimonial assez riche : la Tour du Télégraphe et l'Aqueduc du Gier à Sainte-FoyLès-Lyon. Cela inquiète les Fidésiens, qui craignent de voir ces lieux historiques dénaturés par le téléphérique.

9) La gestion des nuisances sonores Même si le transport par câble est 100 % électrique, des émissions sonores sont obligatoirement produites. Ainsi, cela provoque l'inquiétude de certains riverains qui seraient à proximité du téléphérique. Les nuisances sonores sont pour la grande majorité en partie haute, du fait des passages du câble sur le galet des pylônes. Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de la Métropole de Lyon, réfute l'argument des nuisances sonores : « À Toulouse, lorsqu'on était au pied d'un pylône, on entendait la route à deux km mais pas le téléphérique ».

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10) Un projet qui divise par manque de pédagogie Un projet sorti du chapeau ? En effet, plusieurs élus de communes concernées par la conduite de ce projet regrettent de ne pas avoir été mis au courant. Ces derniers dénoncent un manque de concertation et de pédagogie des élus de la Métropole de Lyon. Bien que la concertation ait commencé le 15 novembre dernier, ils demandent une meilleure écoute et une prise en compte des craintes des habitants des communes concernées dans la conduite de ce projet. Emma Ressegaire

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Les turbulences

Monique Cosson : “Depuis le début des débats, c’est un rouleau compresseur anti-téléphérique” Présidente de l'association Sainte-Foy Avenir en faveur du transport par câble, Monique Cosson s’est confiée sans filtre et en exclusivité pour l’Escale. L’ancienne conseillère régionale EELV regrette le manque de débat autour des arguments positifs de l’installation du transport par câble et la diabolisation du projet. Qu’est ce qui vous a motivé à embarquer dans ce projet pour le transport par câble ? Ce qui nous a réunis, c'est que l'on sera des utilisateurs, et on pense que la communication avec les autres transports, ça vaut le coup de regarder. À l'époque de la construction des trams, il y avait aussi eu des contestations. C'est un aménagement qui est nouveau. On attendait la concertation. Les anti-téléphériques en ont fait une bataille caricaturale. On veut agir pendant la concertation.

Justement, qu’attendez-vous concrètement de cette concertation ? Naturellement qu'on puisse pointer les avantages et indiquer que ce n'est pas qu'un transport qui peut desservir Sainte-Foy-lès-Lyon et Francheville, mais qu'il est relié à l'ensemble de la métropole. On entend souvent : “c'est à côté de chez moi, donc je n'en veux pas”. Il faut avoir du recul surtout qu'il y a une donnée importante à prendre en compte. Il faut passer deux collines : l'Iseran et la Saône. Clairement, il n'y a pas beaucoup de moyens pour se déplacer. On attend que le débat existe. Depuis le début, c'est un rouleau compresseur anti-téléphérique.

Comment les débats se portent-ils avec les maires et le Sytral ? Il y a eu beaucoup de conférences de vision. Les élus repérés d'une liste écologiste à Sainte-Foy-lès-Lyon se

sont faits laminer. Il y avait cinq vœux différents par rapport à l'opposition municipale. La maire de SainteFoy-lès-Lyon (Véronique Sarselli) a embarqué la maire de la Mulatière. Ils étaient dans une opposition systématique depuis le 19 décembre 2020. On en est au référendum avec des associations contre le téléphérique qui sont pour la concertation.

« Il faut déconstruire certaines affirmations qui ont été rabachées » Autour de la table, les débats et les craintes se font extrêmement sentir, et principalement les nuisances sonores. Quel est votre regard sur cette angoisse générale ? À Brest, il y a eu un vrai souci de bruit. Il y avait des ondes qui traversaient les fenêtres, mais finalement, ça s'est amélioré. Durant la conférence de juillet où des représentants de Brest sont venus témoigner avec le Sytral, on a eu des arguments destinés à rassurer les habitants des communes de l'ouest lyonnais. Les survols, le bas de la cabine est opaque. Si il y a une très proche covisibilité, on peut noircir les parois, et ça s'est déjà fait. Tout a été alimenté par les peurs du bruit. Il faut déconstruire certaines affirmations qui ont été rabâchées. Les survols, le bas de la cabine est opaque. Si il y a une très proche covisibilité, on peut noircir les

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Monique Cosson représente les voix en faveur du transport par câble. ©Oscar Bertrand.

parois, et ça s'est déjà fait. Le survol des espaces naturels est possible, comme à Toulouse, où il n'ont pas eu à couper des arbres.

Si on essaie de comprendre vos propos, jugez-vous que les populations impactées par ce transport par câble sont tout simplement mal informées ? Elles sont alimentées par des craintes, justifiées certes, depuis un an. Il faut par contre laisser la possibilité de trouver des réponses. Si il n'y en avait pas, on ne pourrait rien faire. On pourra se poser des questions, nousmêmes.

Quand vous entendez l’opposition réclamer des lignes de bus supplémentaires ou un métro E à la place, pensez-vous qu'il peut y avoir débat avec le téléphérique ? Je sais que dans la concertation, les lignes de bus sont mises en avant. Demandez aux Mulatins qui n'ont que deux bus. Les horaires s'arrêtent très tôt dans la soirée. À Sainte-Foylès-Lyon, on a des lignes plus importantes qui peuvent aller jusqu'à minuit et demi. Le site propre du C20 (ligne de bus) est prévu depuis 1995, il n'est toujours pas prêt. Ces sites propres iront sur les voies routières et il y aura aussi des gros impacts. Le Métro E ne sera pas possible en terme de fréquentation avant 2025 ou plutôt 2030. C'est complémentaire, mais en termes de coût et de temps de travail. Oscar Bertrand


Patrick Romestaing et Touche pas à mon Ciel veulent « trouver une porte de sortie par le haut » Patrick Romestaing est membre de l’association Touche pas à mon Ciel depuis ses premières heures. Contre le projet de transport par câble à Lyon, le médecin revient pour L’Escale, sur les motivations de l’association et les perspectives d’avenir pour la concertation et les débats. Patrick Romestaing milite activement contre le transport par câble avec “Touche pas à mon Ciel”. ©DR

Qu’est-ce qui vous a motivé à vous engager contre le projet, avec l’association Touche pas à mon Ciel ? Notre association est née d'un mouvement citoyen. Ce sont des gens qui ont été interpellés par ce projet tombé du ciel. Nous sommes près de 8 000 sympathisants dont 1500 adhérents. Ça ne tient pas la route ! Au début, c'était plutôt une interrogation quant à cette proposition, mais c'est devenu de la colère.

Qu’attendez-vous de la concertation qui vient de démarrer et qui va s’étaler jusqu’à février 2022 ? Nous sommes totalement partisans de la concertation. On sait qu'in fine, ce sera le Sytral qui tranchera mais c'est tout de même une bonne chose. Nous avons saisi la CNDP (Commission Nationale du Débat Public) afin que toutes les contributions à la concertation soient prises en compte. Il faut bien qu'ils se rendent compte qu'une énorme majorité est contre le projet.

Quel est votre regard sur le référendum ? On est forcément pour, on ne peut pas faire plus démocratique que de demander l'avis de la population concernée.

Quels sont les inconvénients majeurs que pourraient engendrer le transport par câble ? D'abord, on nous dit qu'il permettra de transporter 20 000 personnes par jour, alors qu'en réalité une étude menée il y a deux ans montre que le transport par câble sera en mesure

de prendre en charge seulement 5 000 personnes. S'il était aussi structurant que le métro, cela pourrait fonctionner, mais ce n'est pas le cas. On trouve insupportable de planter des pylônes de 30 à 80 mètres de haut... Cela représente une pollution visuelle, sonore et une dégradation de la faune et de la flore dans des communes très respectueuses de l'environnement. C'est une dégradation du cadre de vie !

« Notre volonté c’est d’améliorer l’existant » Comment se tiennent les débats avec les maires et le Sytral ? La position de Touche pas à mon Ciel est de trouver une porte de sortie par le haut à cette situation délicate. Le transport par câble n'est absolument pas adapté, donc, pour nous, c'est non absolument à cette solution.

Les partisans du projet avancent régulièrement l’argument écologique et l’argument pratique. Qu’en pensez-vous ? Est-ce écologique d'implanter des pylônes et des gares dans des zones vertes en majorité ? On parle d'un vallon vert notamment, et du fait qu'on va devoir enlever des arbres... C'est plutôt anti écologique, sans parler de la pollution sonore... Pour le côté pratique, on avance le fait que cela ne coûte pas cher mais le budget de 160 millions d'euros ne concerne que l'installation. En raison du vent notamment, il faudrait probablement

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passer à une mode de transport à trois câbles, soit 50 % en plus pour le budget et donc près de 250 millions d'euros. Il faut aussi ajouter le coût des expropriations...

Pensez-vous pouvoir trouver un terrain d’entente avec les porteurs du projet ? Oui, on propose différentes alternatives au transport par câble. Notre volonté est d'améliorer l'existant. Pourquoi pas les lignes de bus actuelles. Sinon, il y a le tram-train de l'Ouest lyonnais qui pourrait être amélioré. On a bien conscience que c'est compliqué mais c'est une voie possible, une bonne.

Ces derniers temps, on a entendu des propositions d'alternatives avec des bus ou une ligne E du métro. Quelle est votre opinion là-dessus ? Le Sytral ne considère pas l'option du métro car il considère que ce n'est pas la même population qui est concernée. C'est une alternative extrêmement structurante, donc nous serions pour. Sur le projet de métro E évoqué, il y a un arrêt à Saint-Irénée, qui pourrait prendre en charge 30% de la population de Sainte-Foy-lèsLyon. Le métro E fait partie de notre réflexion. Pour le bus, c'est trop compliqué de créer des couloirs réservés, sur une voirie étroite. Cela créerait un encombrement qui perturberait la circulation des voitures. Ce serait aussi très long à construire : il faut trouver une solution plus rapide. Cyprien Etaix


Véronique Dechamps, maire de la Mulatière ©Léo Vignon.

Les passeports

Véronique Déchamps , entre dénonciations et refus

Un an après le début de son mandat, Véronique Déchamps (Divers droite) a plutôt bien géré la crise. Arrivée en pleine période Covid, la maire de La Mulatière, diplômée Ingénieure Insa (Institut National des Sciences Appliquées), connaît une prise de poste difficile. Mais son expérience (membre du conseil municipal depuis 1995) lui permet très rapidement de s’adapter à sa population et maintenir les services. Décembre 2020, la Mulatière (Rhône). Véronique Déchamps est convoquée pour aborder le projet du transport par câble. L'idée avait déjà été évoquée en 2013 par le maire de l'époque, auquel Véronique Déchamps et sa mairie avaient adhéré « philosophiquement ». Mais après concertation, la sexagénaire y voit là un projet radicalement différent, et beaucoup moins viable.

Un projet contestable Pour Véronique Déchamps, le constat est indéniable. Le survol en ligne droite de sa commune par les télécabines serait un danger pour sa population. « Au total, ce sont 1300 logements qui seraient en co-visibilité », précise-t-elle. Les nombreuses plaintes de sa population seraient aussi à l'origine de sa contestation au projet.

demande plusieurs fois au Sytral les résultats. En plus le sondage par internet c'est un sondage qui n'a pas de valeur », indique-t-elle fermement. La volumétrie de transportation surdimensionnée par rapport au besoin (avec une capacité avoisinant les 20 000 personnes par jour) fait énormément débat parmi les sceptiques. Le projet de télécabine permettrait un déplacement rapide vers Lyon, reconnaît Véronique Déchamps. Mais « à quoi sert une ligne coûteuse pour aller au métro alors qu'il y en a une à deux pas, à Oullins ? », s'interroge-t-elle. « Il n'y a pas besoin de téléphérique, la population n'en demande pas. » Selon elle, le renforcement des lignes de bus serait une alternative au projet, à l'image d'un bus 8 à l'étude. Cela pourrait ainsi permettre de desservir un maximum de quartiers. Également, « cela éviterait aux habitants de monter ou descendre la colline pour le prendre ».

98% de ses habitants seraient contre, très loin du sondage réalisé par le Sytral (38% pour). Le chiffre ne reflète pas forcément l'avis de ses habitants.

« Un intérêt écologique nul »

La maire de la Mulatière dénonce un manque de communication de la part du Sytral. « Il a fallu qu'on

« Les bus vont devenir de plus en plus propres, car en décembre, le Sytral met en place à titre expéri-

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mental des bus électriques », analyse la maire de la Mulatière. Une solution plus rapide à l'échelle de la construction des télécabines, ainsi que pour ceux à hydrogène. Concernant la qualité de l'air, « sur le plateau de la Mulatière ça n'améliore rien du tout. Et le long de l'autoroute non plus car les gens qui viennent du sud continueront de venir par ce même sud ». Les 9% de trajets en voiture économisés, et évoqués dans la concertation, semblent rassurer la maire dans sa démarche. Autre point sensible : les pylônes, qui devaient à la base mesurer 50 mètres devraient finalement en faire 80 voire 100, ce qui représente un impact visuel et écologique conséquent selon les locaux. « C’est des centaines de m3 qu'il faudra pour poser ces pylônes, le bilan carbone sera désastreux », explique Véronique Déchamps. Elle se dit ne jamais avoir été opposée au dialogue, mais pour elle « ce projet n'apporte pas grand chose, par rapport aux moyens mis en œuvre ».


Michel Rantonnet, une voix essentielle pour le transport par câble .Michel Rantonnet, Maire de Francheville, ©Mairie de Francheville

Pleinement favorable au projet du transport par câble et au projet du métro E depuis 2013, Michel Rantonnet, maire de Francheville (LR), tente de faire entendre sa voix. Depuis l’annonce du projet, l’élu de la circonscription Ouest de la Métropole de Lyon y voit une bénédiction pour sa commune, malgré quelques réserves. « Il faut voir s'il est techniquement possible d'intégrer le téléphérique ou pas ». Michel Rantonnet a ses idées bien en tête. Le besoin d'intégrer de tels transports permet de fluidifier les déplacements collectifs et donc de limiter la voiture pour désengorger l'Ouest lyonnais. Autre objectif : permettre d'éviter une « fracture territoriale et sociale » avec le centre et l'Est lyonnais.

retard pris depuis 20 ans, le métro E est la colonne vertébrale des déplacements publics de l'Ouest lyonnais », explique Michel Rantonnet. « Le transport par câble est l'une des vertèbres ». Un projet également moins coûteux à en croire le maire de Francheville. « Un kilomètre de métro dans 20 ans correspond au coût de fabrication d'un transport par câble dans cinq ans ».

Des projets coûteux : « il faut cesser de gaspiller »

Sa place de conseiller à la métropole joue également dans sa prise de décision. « Je siège au Sytral pour apporter des solutions innovantes des transports collectifs ». Il explique que le projet a déjà coûté 10 millions d'euros au syndicat qui s'occupe des transports en commun lyonnais. Une somme établie lors du mandat précédent. « Il faut cesser de gaspiller », raconte le maire. Une télécabine améliore bien évidemment une desserte locale, mais ce sont au mieux « 10 000 voyageurs par jour ».

Comme le métro aérien de Paris, l'enjeu est de créer des transports alternatifs et innovants pour soulager le trafic routier. Plus de 100 000 usagers effectuent des déplacements chaque jour entre le domicile et le lieu de travail. 30 000 véhicules se déplacent par Francheville et Sainte-Foy-Lès-Lyon pour se rendre vers Lyon. « Si la métropole veut rattraper le

Division chez les habitants Un projet qui divise, y compris les presque 15 000 Franchevillois, et les 79 % de non au projet en témoignent. Nuancé par le faible taux de participation (1 647 votants), un chiffre qui remet tout de même en question l'avis global de la population. « Un projet innovant aura toujours des détracteurs », précise Michel Rantonnet. Le préjudice visuel sera forcément pris en compte par les ingénieurs. Une concertation qui, contrairement à la maire de La Mulatière, Véronique Déchamps, répond à « cet objectif de transparence », selon lui. Mais aussi bénéfique d'un point de vue écologique, « c'est une alternative aux moteurs thermiques et aux objectifs de la loi sur une meilleure qualité de l'air ». À Francheville, les opposants sont d'ores et déjà déterminés à faire interrompre le projet depuis le début de la concertation, le 15 novembre. Léo Vignon

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En business class

L’immobilier, pas non plus épargné ?

Depuis l’Ouest lyonnais, Sainte-Foy-les-Lyon domine les hauteurs de la Métropole et accueille de nombreux biens de prestige, dont les prix peuvent flamber autour de plusieurs centaines de milliers d’euros ou du million. Avec l’arrivée potentielle du transport par câble, ces propriétés pourraient considérablement perdre en valeur. Sainte-Foy-lès-Lyon. À cinq kilomètres parcourus en 15 minutes de voiture de Lyon, le projet de transport par câble est ancré dans toutes les têtes. Très prisée, la commune profite d’une particularité qui a su séduire ses habitants au fil des années. « Les acheteurs s'intéressent à SainteFoy-lès-Lyon car nous sommes la première couronne de Lyon, c'està-dire que nous sommes à proximité immédiate de Lyon centre », juge Ludovic Barraud, responsable de l'agence immobilière de la plaine (Sainte-Foy-lès Lyon). « De plus, la qualité de vie y est très agréable ». Et si le quartier est apprécié, cela se fait aussi ressentir dans les biens immobiliers disponibles à la vente. « Actuellement, sur la commune, il y environ une centaine de biens différents en vente », nous indique Thomas Sorrentino, agent immobilier à Sainte-Foy immobilier. « Mais, en général, nous sommes sur quelque chose de limité surtout en ce qui concerne les maisons. Il y a beaucoup plus de personnes qui souhaitent venir vivre ici que de personnes qui souhaitent en partir ». L'heure n'est pas vraiment au départ pour les Fidésiens. Raison principale : Sainte-Foy-lès-Lyon rassemble «

une certaine qualité de vie comme, avoir une maison, être proche de la ville et de ses commodités, avoir un jardin, pouvoir recevoir des amis et organiser un bon barbecue en été » selon Ludovic Barraud.

Thomas Sorrentino : « Ces maisons vont perdre en valeur économique » Chose importante à savoir, une maison se vend principalement sur trois critères : la localisation, l'état du bien en vente, et son extérieur ; selon une enquête du Figaro Immobilier. Dans le quartier de Sainte-Foylès-Lyon, les maisons se font rares et ces dernières partent comme des petits pains. « Ici la moyenne d'âge de notre population est globalement plus âgée qu'en centre-ville. Il y a donc peu de maison en vente et lorsque l'une d'entre elle est mise sur le marché, celle-ci peut partir très facilement. Globalement elles se vendent en l'espace de quinze jours mais, il m'est déjà même arrivé d'en vendre une dès son premier jour de vente » confie Thomas Sorrentino.

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Malheureusement pour les rêveurs, ce luxe a un certain prix, et celui-ci n'est pas forcément des moindres. « Une maison, ici, vous n'en trouverez pas à moins de 600 000 € » poursuit Ludovic Barraud. « Et encore, 600 000, c'est vraiment le minimum, puisqu’ici nous vendons plus des maisons à un million d'euros, voire plus. Nous avons donc des clients qui ont un certain budget et qui ont l'opportunité d'avoir le choix ». Avec un tel budget, les potentiels acquéreurs peuvent donc se permettre d'avoir des réticences avec l'arrivée potentielle du transport par câble, et sur ce sujet, la transparence des agents immobiliers est obligatoire. « Depuis l'annonce du projet, tous mes clients me demandent si le transport par câble passera au-dessus de telle ou telle maison. C'est très compliqué de leur répondre, puisqu’actuellement, nous ne savons pas où passera le téléphérique urbain ». Pas vraiment de suspense si le transport par câble venait à être voté. Les propriétaires de maisons devront se rendre à l'évidence.


« Depuis l’annonce du projet, tous mes clients me demandent si le transport par câble passera au-dessus de telle ou telle maison. C’est très compliqué de leur répondre, puisqu’actuellement, nous ne savons pas où passera le téléphérique urbain ».

Thomas Sorrentino Les hauteurs de Sainte-Foy dans le 5ème arrondissement Lyonnais. ©Lola Engelmann

« S'il y a bien une chose qui est sûre c'est que si ce projet aboutit, il faudra rebattre les cartes et se pencher sérieusement sur la valeur de ces maisons qui valent aujourd'hui un million d'euros sans le transport par câble », analyse Thomas Sorrentino. « Avec cette ligne qui aménera des nuisances visuelles et sonores au quartier, ces maisons vont perdre en valeur économique ? C'est la grande question ». Notre spécialiste préfère tout de même nuancer. Aujourd'hui les agences sont « en manque de maisons ». Donc leur valeur marchande ne baissent pas et les acheteurs restent au rendez-vous. Et quand il s'agit de parler d'accessibilité, passez votre chemin. Les agents immobiliers sont catégoriques. Sainte-Foy-lès-Lyon est une ville destinée aux amoureux du calme, et non du bruit d'une mastodonte comme Lyon. Quand les gens viennent ici, ils recherchent de la campagne. Se retrouver du jour au lendemain avec une ligne de téléphérique juste au-dessus de chez soi n'est pas vraiment vendeur », ajoute-t-il. « Il

est vrai que nous n'avons que des lignes de bus donc peut-être que certains biens pourraient prendre de la valeur, mais honnêtement je ne pense pas du tout que les maisons en feront parties ». Et, même s'il est question d'un dédommagement comme l'indique précisément le code des transports *1, la situation ne devrait pas être favorable aux Fidésiens installés. « Les personnes qui viennent s'installer à Sainte-Foy-lès-Lyon recherchent la tranquillité », décrit Ludovic Barraud. « Un tel projet amènerait du brassage et plus de population ce qui ruinerait cette quiétude. »

« Des enjeux considérables » Inconcevable ou emballant, ce projet de transport par câble laisse pour ainsi dire les Fidésiens partagés, même si une majeure partie s'est positionnée contre, d'autant plus que le parc Brûlet (qui fait la renommée de la commune) pour-

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rait être impacté par la ligne du transport par câble. L'immobilier serait touché par cette installation. Plus grand parc de la commune, ce dernier est un véritable atout de vente. Et les plusieurs pylônes en plein milieu du parc pourraient gâcher la vue de nombreux biens qui bénéficient aujourd'hui d'une place stratégique sur cet espace vert protégé depuis plusieurs années. « On ne sait pratiquement rien sur ce projet », exprime sans broncher, Michèle, Fidésienne, et fidèle du parc Brûlet. « On ne sait pas non plus où seront installés ces pylônes, combien il y en aura. On a aucune information là-dessus ». Atteindre le parc serait alors, que ce soit de la part des habitants ou encore des agents immobiliers, une « hérésie », selon Thomas Sorrentino. Ce projet pourrait amener du monde et donc atteindre la tranquillité du quartier, l'un de ses plus grands atouts de vente. Affaire à suivre... *1 : une indemnité est fixée dans les conditions prévues au livre III du code de l'expropriation pour cause d'utilité publique.

Auriane Devaux


En business class

Financements, fréquentation, rentabilité : décryptage économique

Entre les moyens financiers, le taux de fréquentation et la rentabilité, l’économie engendrée par le transport par câble reste en suspens. L’Escale s’est penchée sur la question lors d’une interview exclusive avec Yves Crozet, économiste des transports. Septembre 2021 : l'État français valide l'obtention d'un budget de sept millions d'euros à la Métropole de Lyon. Une somme dédiée à la construction d'un transport par câble entre Francheville et Lyon. Concrètement, à Lyon les investissements dans les infrastructures des transports collectifs sont financés par le Sytral. Pour se financer, le Syndicat mixte des transports pour le Rhône et l'agglomération lyonnaise dispose de plusieurs solutions. Puiser dans ses fonds financiers, faire un emprunt ou recevoir des subventions de l'État. Le projet du transport par câble à Lyon serait donc un mélange de

ces trois possibilités financières. « Avec sept millions d'euros, on ne finance pas l'intégralité d’un transport par câble. C'est seulement une partie du financement à laquelle vient s'ajouter le financement des études, des parkings et des achats de terrains », selon Yves Crozet, économiste des transports.

Un téléphérique plutôt qu’un métro E ? Pour le projet du transport par câble, le Sytral a annoncé un budget compris entre 150 et 165 millions d'euros selon le fuseau choisi. On dénombre 59 000 déplacements quotidiens entre les com-

munes de Francheville, Sainte-Foylès-Lyon, La Mulatière et le centre de la Métropole de Lyon. L'enjeu économique de la création d'un transport par câble pour la Métropole de Lyon aurait un avantage bien précis pour Yves Crozet. Il coûterait « moins cher que de faire un métro ». « La nouvelle majorité de la Métropole de Lyon a décidé d'abonner le projet du métro E qui était beaucoup plus coûteux qu'un téléphérique », explique le maire de la commune de Saint-Germain-laMontagne (Loire). « Ce qui est en cause c'est la masse

Yves Crozet, professeur émérite à Sciences Po Lyon et membre de LAET (Laboratoire Aménagements Économie Transports).©DR

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des budgets disponibles : faire un métro pomperait la plus grande partie des financements possibles de l'agglomération. » Le transport par câble permettrait donc les financements d'autres projets, comme l'extension de lignes de tramways voire de métros.

Une économie viable mais qui reste à prouver Le Sytral prévoit une fréquentation approximative de 8 000 et 20 000 personnes par jour. Le transport par câble serait donc une alternative qui permettrait de gagner 20 à 25 minutes de route en voiture aux heures de pointe. Malgré les possibles problèmes techniques, retards de construction et les multiples contestations, l'économie du transport par câble aurait des chances d'être assurée. Dès que le projet fonctionnera, il sera subventionné par la collectivité comme tous les autres moyens de transports. L'enjeu sera de prouver sa pertinence et son attractivité

face au projet du métro E, estimant pouvoir assurer environ 60 000 trajets quotidiens, selon le Sytral. « Estce que les usagers vont avoir un accès aussi rapide qu'avec le métro pour aller dans le centre-ville ? », s'interroge Yves Crozet. D'autres questions sans réponses restent importantes : le prix des tickets et des abonnements ainsi que l'habitude des Lyonnais qui se déplacent en voiture. Pour les locaux pouvant se déplacer à pied ou à vélo, ce sera un bon moyen de transport. Mais pour les automobilistes, il s'agira de trouver une place de parking pour se garer à proximité du transport par câble. « La Métropole de Lyon n'en veut pas parce qu'elle pense que les parkings sont des aspirateurs à voitures », commente Yves Crozet. Mais sans parkings, ces usagers en question ne prendront peut-être pas le transport par câble. Si ce scénario venait à se produire, le trafic routier ne diminuerait pas autant que la Métropole le souhaite. Cela

explique la prudence du Sytral en annonçant entre 8 000 et 20 000 usagers quotidiens.

Un projet économique aux aspects politiques La construction du transport par câble à Lyon pourrait avoir un enjeu beaucoup plus politique qu'économique. C'est ce qu'analyse Yves Crozet. « Le projet du transport par câble sera prêt au moment des élections présidentielles de 2027. Pour la majorité de la Métropole de Lyon, ce sera donc une vitrine et l'occasion de dire à la fin de leur mandat, qu'ils auront réalisé ce projet innovant. » D'autres défis seront sûrement à relever par la Métropole de Lyon : réaliser ce projet dans les temps annoncés. Mais aussi gérer les coûts de réalisation et les recours devant les tribunaux des antagonistes du projet. Jade Lagnier

©Jade LAGNIER

Transport par câble

Modes de financements

Budget du Sytral*

7 MILLIONS D'€

Subvention État français

Objectifs du projet

Arguments du Sytral*

150 À 165 MILLIONS D'€

Fonds financiers Sytral*

Emprunts financiers Sytral*

*Syndicat mixte des transports pour le Rhône et l’agglomération lyonnaise

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Améliorer l'accès au centre-ville via un transport en commun

Diminuer le trafic routier vers le centre-ville

8 000 à 20 000 trajets quotidiens selon le fuseau

Gain de temps de 20 à 25 minutes aux heures de pointes


En mode éco

Un environnement sacrifié par le transport par câble ? Alors que la troisième semaine de la concertation concernant le transport par câble démarre lundi, le projet n’a jamais connu autant de division. Plusieurs mairies ont montré leur refus de participer au projet, alors qu’au contraire d’autres y sont favorables. Un rapport de force qui pourrait s’accentuer avec la gestion des espaces verts et des animaux qui y vivent pourrait être grandement impactée par ce projet. Pour vous, L’Escale a enquêté. L'aspect humain n'est décidément pas le seul frein au projet du transport par câble rhodanien. La faune et la flore devraient être impactées par ces installations. « Dans la vallée de la rivière de l'Yzeron, il y a beaucoup de Héron Cendré, Héron Gardebœuf ou encore de chauves-souris », s'exclame Jean-Yves Barbier, présient de l'Association Générale d’Urbanisme et de Protection de l'Environnement à Sainte-Foy-LèsLyon. Ce projet de transport par câble, avec la technologie par trois câbles utilisée (3S), pourrait grandement impacter leurs déplacements quotidiens. » La forêt abrite également des arbres centenaires tel que des chênes ou encore des muriers pouvant atteindre 30 mètres pour les plus grands. « J'étais à la manifestation dimanche 21 novembre au parc du

Bûché à Sainte-Foy Lès Lyon, poursuit-il, il est de notre devoir de faire prendre conscience aux gens de l'héritage de ces arbres comme les cèdres et qu'ils ne doivent pas être endommagés par un tel projet ». Selon l'association, la construction de ce projet pose également un problème géographique puisqu'elle devrait être réalisée dans une zone dite « blanche » par le PPRI (Plan de prévention du risque inondation). Cette zone accueille l'eau des ruisseaux environnants, le projet pourrait nuire au développement des espèces.

Un impact non négligé par le Sytral La biodiversité est un sujet central pour le Sytral. Comme indiqué dans le dossier de concertation du projet, le transport par câble peut « occa-

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sionner des effets temporaires ou permanents sur certains groupes d'espèces, comme les oiseaux ou les chiroptères ». Une perturbation qui s'explique par l'aménagement de câbles et autres pylônes. À cette construction vient également s'ajouter quelques craintes sur la question des dimensions de cette réalisation. La cabine doit rester à une distance de 20 mètres des habitations et 30 mètres pour les espaces boisés. « Si le téléphérique doit survoler ces espaces boisés et avoir une distance de 30 mètres, il va falloir recourir aux arbres et par conséquent menacer les espèces environnant ». Le président ne manque pas de rappeler que dans des arbres comme les mûriers, il y a des blaireaux.


De même que dans les chênes se trouvent des geais, et les peupliers sont choisies par les pies pour y faire leurs nids. Face à l'inquiétude de ces associations, le Sytral se veut rassurant en indiquant que l'emprise au sol reste réduite aux pylônes et stations. Les architectes en charge du projet devront se mettre d'accord avec les services déconcentrés de l'État et les associations de riverains. Des décisions ont déjà été prises comme l'installation de câbles discrets, de cabines en mouvement, de pylônes dessinés, et surtout une emprise au sol minimum de l'installation. Des installations qui devraient nécessiter un déboisement localisé afin d'aménager les stations pour les futurs usagers. Face à cette polémique, le Sytral ne manque pas d'évoquer le choix entre les quatre fuseaux qui devraient, selon leurs dires, varier et éviter un déboisement massif. Pour rappel, la ville de Toulouse qui a

approuvé le projet du téléphérique et qui est actuellement en phase d'essai, traverse la réserve naturelle régionale de la Confluence Garonne-Ariège. Pour éviter toute collision avec d'autres oiseaux, le groupe Tisséo, qui s'occupe des travaux, a eu l'idée de construire des câbles plus volumineux.

Le but étant de ne pas faire peur aux espèces vivants dans ces espaces. Ces émissions ne devraient cependant pas s'effectuer sur toute la ligne et devraient concerner seulement la partie haute du projet c'est-à-dire à Villefranche. Elles ne devraient pas dépasser les 75 décibels du fait des mouvements des cabines.

Le bruit : une autre contrainte pour la faune environnante

Un point d'honneur pour le Sytral, qui ne manque pas de comparer le transport par câble aux autres transports en communs (le tramway fait déjà 75 décibels et celui d'une voiture thermique à 80 décibels). Le but est de réduire au maximum les émissions sonores sur les installations selon le Centre d'études sur les réseaux, les transports, l'urbanisme et les constructions publiques.

Si les contraintes environnantes peuvent être physiques, le bruit l'est tout autant pour tous les êtres vivants environnants. Bien que le transport soit 100 % électrique et qu'il n'existe pas de réglementation à proprement parler concernant cette nuisance, des contraintes acoustiques devraient être imposées au constructeur.

Thibaut Eperdussin Personne Interviewée : Jean-Yves Barbier, président de l'AGUP

Jean Yves Barbier, président de l'Association Générale d’Urbanisme et de Protection de l’Environnement à Sainte-Foy-Lès-Lyon. ©Le Progrès.

Le transport par câble, plus écologique que le bus ? Alors que le métro et le tramway sont d'ores et déjà deux pistes à oublier pour relier Francheville à Lyon, le transport par câble n'a que le bus pour unique concurrence. Le Sytral, maître d'ouvrage du projet, n'hésite pas à mettre en avant les bienfaits écologiques du transport par câble par rapport aux bus pour justifier l'installation future du premier. Comme le présente la société de transports en commun lyonnaise, entre 150 et 500 arbres seraient abattus si l'option bus était privilégiée. De son côté, l'installation d’un réseau de transport par câble présente l'avantage d'abattre aucun arbre.

« Écologiquement, le transport par câble est une option bien plus profitable aux populations locales. » avouait une représentante du Sytral lors du marché local de Francheville. Un postulat que ne partage pas certains habitants de la commune, qui pointent notamment le survol des milieux boisés et qui pourraient avoir une incidence sur le maintien de la biodiversité. En effet, entre 850 à 2100 mètres de milieux boisés pourraient être survolés selon le fuseau choisi par le Sytral.

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Chemssdine Belgacem


Checkpoint

Lyon, le rayonnement d'une ville verte de demain. ©ActuLyon

Lyon, la grande Métropole écologique de demain ?

Depuis son mandat, Grégory Doucet (Europe Ecologie-Les Verts) s’engage dans la création de nouveaux transports afin d’inscrire la ville de Lyon vers une transition énergétique efficace. Le projet de transport par câble semble bousculer les citoyens qui seraient potentiellement impactés par l’infrastructure. Toutefois, ce mode de transport, en plein essor, répond-t-il à un besoin de désengorgement de l’ouest lyonnais ou est-il seulement un modèle écologique, vitrine d’une ville qui cherche à s’imposer sur la scène européenne ? Maire de Lyon depuis un an et quatre mois, Grégory Doucet affirme un programme et des idées tranchées. Souvent qualifiés de « Khmers verts », en raison de leur politique, qu'on le veuille ou non, les scénarios écologiques mondiaux sont catastrophiques. Le dernier rapport du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), indique que la température de la planète devrait augmenter de 1,5°C dès 2030. Dans ce contexte, les grandes villes européennes, comme Lyon, mettent en place des solutions pour répondre à des objectifs futurs pour préserver notre environnement. Premièrement à petite échelle, la fi-

gure lyonnaise des Verts a déjà mis en place des solutions drastiques visant à réduire le nombre de voitures en ville. Ainsi, cela permettra d'apporter une meilleure qualité d'air et réduire la pollution.

Les représentants de chaque ville d'Europe ont demandé, à l'Union européenne, à ce que les objectifs en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre soient portés à au moins 55 % d’ici 2030.

L'engagement est fort, il comprend la mise en place d'une piétonnisation massive, la suppression de places de parking, une multiplication des voies pour les transports en communs et la création de voies cyclables.

Les solutions pour répondre à cet objectif sont en marche puisque actuellement 6 projets sont légiférés par le SYTRAL. Le prolongement de la ligne de tramway du T6, de nouvelles lignes T8, T9 et T10 et une ligne de bus à haut niveau de service sont en cours de réalisation.

À plus grande échelle, la politique écologique de Grégory Doucet se fait aussi entendre. Le 15 octobre 2020, le maire de Lyon ainsi que le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard, se sont associés à 57 maires de villes européennes.

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Ces projets ont donc pour but de permettre aux habitants de la Métropole de limiter les déplacements en voiture.


En effet, le SYTRAL s'engage à participer à la transition écologique et souhaite aussi par les mobilités urbaines répondre à l'urgence climatique grâce au projet « destination 2026 », le plan de mandat voté en décembre 2020.

Vers une transition écologique Peut-on imaginer l'illustration du nouveau transport par câble sur les cartes postales lyonnaises de demain ? Les ambitions de la Métropole de Lyon ne cessent de grandir. Selon le webmagazine The Good Life, Lyon a su « se réinventer en métropole moderne, durable et attractive... Elle entend s'imposer comme une référence européenne, tout en capitalisant sur l'image d’une ville où il fait bon vivre.” À l'image de Grenoble qui a, selon le site officiel Green Grenoble 2022, su « redoubler d'efforts, réhaussant ses ambitions en matière de qualité de vie et de respect de l'environnement ». L'arrivée du maire Éric Piolle (EELV) en fonction depuis 7 ans s'est distinguée par la mise en place d'actions concrètes en faveur de la transition écologique (qui a, comme Lyon, pour projet de construire un nouveau transport par câble prévu en 2024). Ces réalisations ont d'ailleurs permis à Grenoble de remporter le prix de la Capitale verte européenne des transitions pour 2022. Désormais, le soft power de Lyon est à son apogée et pour que cette ville s'inscrive dans une perspective durable comme à

Grenoble, les transitions sontelles essentielles ? Comme un air de déjà vu, il y a 40 ans lorsque le métro lyonnais s'est construit, « des négociations, des arbitrages et des contestations ont été incessants », rappelle France Info dans l'article « 40 ans du métro de Lyon : au cœur des choix de tracés ». L'histoire le prouve donc. Pour des projets si grands, la transition doit se faire. Lors de la création du métro, des obstacles ont entravé le projet, mais aujourd'hui, ils font partie du quotidien de tous les Lyonnais qui utilisent les transports en commun. Transition : “État, degré intermédiaire, passage progressif entre deux états, deux situations”, selon le Larousse. L'ambition est d'amener la ville vers des enjeux durables ainsi, la transition écologique est capitale. Ce terme fait d'ailleurs partie du programme de Grégory Doucet. L'objectif est d'amener de nouveaux modèles qui renouvellent notre façon de vivre. Ainsi, pour que le changement opère, les contestations sont inévitables. Dans ce sens, peut-on comprendre que les Lyonnais et les Fidésiens se sentent bousculés lorsqu'un projet comme le transport par câble est pensé ? Sontils victimes ou sont-ils acteurs d'une transition vers un nouveau mode de vie qui permettra à la ville de Lyon d'accueillir nos futurs enfants ?

"Il y a des gens qui viennent à ce stand pour exprimer leur opposition au projet" Soft power, métropole devenue influente, ok. Pourtant, seuls ceux qui y habitent ont le ressenti de ce qui s'y trouve, et pour le moment, le transport par câble n'enchante pas les populations. Alors avant de faire rayonner la ville, il serait plus légitime que les populations concernées soient en adéquation avec le projet.

Ancien métro lyonnais, il y a 40 ans.©France 3RA

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Jeudi 24 novembre sur le marché de Sainte-Foy-LèsLyon, s'installe le premier stand mobile de Sytral.©Emma Duffrene « Nous avons déjà trois bus qui nous emmènent à Perrache et à Bellecour en 20 minutes. Il y a aussi le tram-train qui va à Saint-Paul, nous n'avons pas besoin de ce transport par câble. », exprime Christelle Chalencon sur le stand installé sur le marché de Sainte-Foy-lès-Lyon. Si la décision finale de ce projet qui coûterait environ 160 000 millions d'euros reviendra à l'exécutif, et même si la concertation vient tout juste de débuter, « 77% des fidésiens ne veulent pas de ce transport par câble » explique Véronique Sarselli, que le magazine l'Escale a interrogé sur le stand. Toujours sur ce stand, un représentant de Sytral détaille « il y a des gens qui viennent pour exprimer leur opposition au projet ». Entre le stand de boucherie et le stand de légumes, Marque Colette, fidésienne depuis 40 ans, exprime ses inquiétudes : « Je ne veux pas que mes petits-enfants utilisent ce transport par câble, je ne l'utiliserais pas non plus. Il y a trop d'insécurité. » Si aujourd'hui, les habitants semblent réticents, le transport par câble pourrait peut-être devenir un moyen de transport incontournable et durable d'ici 30 ans. Emma Duffrene


La halte

Les téléphériques aux quatre coins du globe

Brest Le téléphérique de Brest aussi connu sous le nom de ligne C est le plus récent en France. Avec une mise en service en novembre 2016, il effectue un trajet au-dessus du fleuve Penfeld (qui coupe la ville en deux) qui traverse la ville sur une distance de 300 mètres.

New-York Le Roosevelt Island Tramway dans la ville de New-York est présent depuis 1976. Il relie l'arrondissement de Manhattan à Roosevelt Island et à un prix plus que raisonnable, il ne coûte pas plus cher qu'un ticket de métro. Une cabine qui s'élève à 76 mètres de haut et offre par la même occasion une vue époustouflante sur l'East River.

Les télécabines bicâbles ou tricâbles : Fréquentations plus élevées ou survols de longues portées.

Venuezela, Mérida Construit en 1957 et inauguré en 1960, le téléphérique de Mérida est le plus haut du monde pouvant s'élever jusqu'à 4 765 mètres d'altitude. Il constitue aujourd'hui l'attraction majeure de cette ville.

Les lignes tricâbles peuvent atteindre une capacité de transport de 5 000 personnes par heure et une vitesse de 7m/s, et donc transporter un grand nombre de passagers satisfaits. Ces systèmes représentent également une alternative très attractive pour le transport de personnes en ville, vu qu'ils offrent une consommation d'énergie réduite, une capacité de transport élevée, une sécurité d'exploitation maximale et la possibilité d'utiliser des portées extrêmement longues. -

Un câble tracteur, un ou deux câbles porteurs ; Une capacité légèrement plus importante ; Une meilleure stabilité au vent ; Des portées entre pylônes plus importantes ; Des cabines de plus grande taille.

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Bolivie, La Paz Ville de La Paz en Bolivie. Caractérisée par son relief et ses rues étriquées, le téléphérique était une évidence. Mis en service en mai 2014, le réseau compte 8 lignes aujourd'hui et représente ainsi le plus grand réseau de téléphérique urbain au monde.

Colombie, Medellin Medellin, ville colombienne de la vallée de l'Aburra est traversée depuis 2014 par un téléphérique appelé metrocable. Il a pour but de désenclaver les quartiers des hauteurs en complément du métro et des lignes de bus. Ce moyen de transport a été un réel enjeu sociétal en permettant à la puissance publique de réinvestir des quartiers auparavant tenus par des narcotrafiquants.

Les télécabines monocâbles : le roi des milieu urbains

Rio de Janeiro, Brésil Inauguré en 1912, le téléphérique du Pain du sucre à Rio de Janeiro au Brésil est aujourd'hui reconnu comme l'un des plus grands sites d'ingénierie du Brésil.

On retrouve ce système dans les projets de Grenoble, Créteil-Villeneuve-Saint-Georges, Ajaccio et Saint-Denis (La Réunion). Les cabines existent en différents modèles, comme par exemple rondes ou anguleuses, leur structure de base est néanmoins toujours en aluminium. Une circulation en boucle ; Un seul câble porteur et tracteur ; Des cabines débrayées et ralenties en gare ; Des cabines de petite taille ; Des gares intermédiaires possibles; Une technologie relativement économique.

Sources photos ©AFP

Lola Engelmann

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On a testé pour vous

Les bulles Le téléphérique prend son départ sur le quai Stéphane Jay. ©CE

Lorsque vous arrivez à Grenoble, le froid des Alpes vous refroidit vite mais l'air pur de la montagne est une véritable bouffée d'air frais. C'est en tout cas ce que l'on a ressenti en arpentant les rues de la préfecture de l'Isère. Et après s'être régalé d'un bon tacos à la grenobloise, nous nous sommes naturellement dirigés vers les quais, sur lesquels le Téléphérique Grenoble-Bastille prend son départ.

Au-dessus de l’Isère, le télécabine démarre son ascension vers la Bastille. ©CE Le point positif incontestablement, c'est la vue. On admire le vieux Grenoble, le stade des Alpes et on avance doucement vers le sommet de la Bastille en survolant les pentes des Chartreuses. Attention à ceux qui ont le vertige, le voyage peut vite devenir stressant. Mais le court voyage du Quai Stéphane Jay jusqu'à la grande colline est silencieux. La cabine ne fait aucun bruit, si ce n'est peut-être au moment de la transition au niveau du seul pylône implanté sur la terre.

Les toitures rouges grenobloises en guise de vue pour les voyageurs. ©CE C'est sûrement là que notre périple devient intéressant pour les riverains du potentiel transport par câble lyonnais. À travers les bulles de Grenoble, on survole donc les fameuses maisons qui“paient le prix”de ces installations. Mais au final, pas de souci de bruit, ni de destruction d'espace. Le monocâble n'est pas dérangeant, et surtout la hauteur permet aux habitants de respirer. L'une des craintes des habitants des communes de l'ouest lyonnais.

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de Grenoble Les “bulles” transportant les voyageurs survolent la route et les voitures. ©CE

Le premier téléphérique urbain en France, en marche depuis près d'un siècle, et son inauguration le 29 septembre 1934, est composé de deux groupes de cinq « bulles », qui font des allers-retours entre le quai Stéphane Jay et le sommet, à Bastille. Le téléphérique est un système touristique et non pratique. Ce n'est pas un mode de transport en commun à proprement parler. Ceci explique son tarif : 8,80 euros l'aller-retour en plein tarif.

Pas découragés par le prix, nous nous installons dans une « bulle », pouvant contenir jusqu'à six personnes et entamons notre voyage. Le confort est à revoir : l'espace dans la cabine est serré, à oublier pour les personnes claustrophobes, alors que les sièges en bois et leur petit dossier ne sont pas des plus agréables. La vitesse est modérée, pas de quoi s'affoler, mais, avec le vent, la cabine tangue légèrement.

Chaque cabine comporte 6 places assises, disposées en rond. ©CE

Sans aucun doute, la meilleure vue de Grenoble, accompagnée par les 5 cabines en descente. ©CE 5 minutes montre en main. Le téléphérique, c'est plutôt rapide et efficace disons-le. Mais attention, les bulles de Grenoble, destinées au tourisme, n'ont pas grand chose à voir avec le projet lyonnais. Les riverains ne se plaignent quasiment jamais du bruit selon des sources locales, et le téléphérique fait désormais partie du décor. Reste désormais à profiter de la vue. Peut être qu'il s'agira d'un quotidien vers l'ouest lyonnais dans les prochaines années. Cyprien Etaix & Oscar Bertrand

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Le wagon bar

Mots-fléchés

1. Elle se déroule du 15 novembre au 15 février 2. Syndicat qui s'occupe des transports dans Lyon 3. Moyens pour se déplacer 4. Cordage permettant de maintenir une cabine 5. Temps d'arrêt au cours d'un voyage 6. Différents tracés du projet Sytral 7. Caisson fermé servant au transport

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Horoscope Bélier : Un voyage intérieur est à prévoir pour ce mois de décembre. Posez vos valises au fond de votre cœur. Arrêtez-vous devant le panneau de l’instant présent en direction de la connaissance de vous-même. Les mots d’ordre : équilibre et repos. Ne vous précipitez pas sur les projets en cours et la victoire vous attendra sur le quai de la gare.

Balance : Si le train est en marche, pensez à vous reposer en cours de route. Accordez-vous du temps pour prendre une décision, car les choses semblent très bien aller. Le train vous guide vers la réponse à vos prières et souhaits. Bonne nouvelle, chance et joie sont arrivées à votre destination.

Amour : Écrivez ce que dicte votre coeur, les correspondances sont palpitantes et sans aucune turbulence !

Amour : Ne fuyez pas. Monter les marches pas à pas. Cela vous transforme et vous amène vers une belle union.

Taureau : Après de longs voyages, il est temps pour vous d’accueillir la nouveauté. Vous avez fait escale sur de nombreux maux qui sont à présent guéris. Profitez de toute l’abondance que l’univers vous offre. Ne descendez pas de la rame de train. Celui-ci pourrait vous amener sur le chemin de votre maison, là où vous pourrez pleinement profiter de vousmême et de ceux qui vous sont chers.

Scorpion : Il est temps de lâcher les pédales. Les nombreuses idées

Amour : Ayez confiance et soyez rassurés. Le temps est venu d’explorer un nouvel horizon !

Amour : Les marches arrière ne sont généralement pas recommandées. Mais pour ce mois, le retour d’une personne et donc des retrouvailles feront virevolter votre coeur !

que vous avez vous offrent de belles récompenses. Au cours du mois, pensez toutefois à ralentir. Revoyez vos plans, ce n’est pas le bon moment. Profitez du feu rouge pour faire briller la flamme qui est en vous. Cela vous permet d’être à l’écoute de votre cœur. N’oubliez pas, vos idées peuvent aider les autres.

Gémeaux : Il arrive parfois de louper la marche, mais d’arriver Sagittaire : Sur votre route, vous ne rencontrerez pas toujours de toutefois à la station désirée. Pour ce mois de décembre, de nouvelles occasions se profilent à l’horizon mais aussi de nouvelles idées et inspirations brillantes sont à prévoir. Vos projets arrivent à maturité et seront couronnés de succès. Alors veillez à sortir de votre wagon pour profiter du plein air, vous êtes protégés.

bons et gentils voisins. Ayez confiance en vous ! Votre vigilance est justifiée. En vous affirmant, vous atteignez une nouvelle étape qui vous apportera une belle transformation et de la joie. Sur votre chemin, l’abondance est comme un passage piéton, il y en a partout ! Vous êtes chanceux, il n’y a pas d’embouteillage, les choses semblent aller.

Amour : Vous méritez ce qu’il y a de mieux ! Si vous utilisez les transports de la ville, ils feront peut-être un arrêt vers quelqu’un qui vous correspond davantage.

Amour : Vos relations atteignent un nouveau stade.

Cancer : Quel merveilleux mois de décembre qui s’annonce pour Capricorne : Nous pouvons parfois se sentir étouffer mais vous vous ! S’il est bon de voyager à plusieurs, vous avez pour une fois choisi de vous écouter et de voyager seul. Déployez vos ailes et cela vous apportera de la tranquillité. Ainsi, vous vous remercierez d’avoir lâché le frein et de vous être autorisés à avancer. L’univers est votre GPS, il vous encourage à changer de vie et à trouver quel en sera le but divin.

n’êtes pas seul. Répandez l'abondance autour de vous. Prenez soin de vous et soyez fidèles à vous-même. Une ère de réussite se transforme à l’horizon. Si les retards sont à prévoir, cela n’empêche pas votre être de continuer d’évoluer. Tranquillité et confiance sont au rendez-vous.

Lion : Si vous êtes dans le bus, veillez à observer les fenêtres de vos voisins. Celle-ci pourrait vous montrer d’autres paysages que vous ne soupçonniez pas. Pensez aussi au départ à prendre le bus qui va dans la bonne direction. Ce choix vous permettra d’être en accord avec vousmême. Écoutez-vous, car vous êtes l’un des signes les plus protégés du zodiaque de ce mois !

Verseau : Pour ce mois de décembre, l’escale se fait cette fois-ci auprès de votre famille. Vos besoins affectifs et matériels seront comblés. La pause sera bénéfique pour votre âme. De nouveaux projets qui seront fidèles à vos principes sont en cours de création. Accordez-vous du temps calme et profitez-en !

Amour : Votre vulnérabilité vous permet d’attirer à vous des occasions Amour : Sur votre voyage en solitaire, un évènement important pourrait inattendues ! À la clef : un engagement. bien faire irruption dans votre vie.

Amour : La naissance d’une nouvelle relation avec quelqu’un que vous connaissez sûrement déjà se profile à l’horizon !

Amour : La naissance d’une relation avec la personne de votre cœur fera chavirer de joie votre âme.

Vierge : Le mois de décembre vous offre des envies de voyages. Soit Poisson : Qui dit dernier signe, dit arrêt final. Il est temps pour vous des déplacements sont à prévoir, soit simplement un voyage à l'intérieur de vous-même. Les énergies du mois vous demandent d’avoir confiance en vous, de communiquer et de trouver l’équilibre. Livrez le fond de votre pensée avec confiance et diplomatie. Cela vous apportera paix, abondance et changement.Vous êtes soutenus. Amour : La confiance en vous va vous offrir de belles synchronicités. Ralentissez, les choses s’améliorent.

d’ouvrir votre coeur et votre esprit à ceux qui vous entourent. Cela vous permettra de mieux accueillir l’abondance. Vous méritez d’attirer à vous de belles personnes. Vous êtes intuitif et cela résonne comme le volant d’une voiture. Désormais, ne vous dirigez plus vers les personnes qui ne vous conviennent pas. De belles occasions, de la créativité et de l’investissement sont vos radars de ce mois. Amour : Vos émotions s’apaisent, ce qui vous permet de vous tourner vers un amour plus grand !

Emma Duffrene

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AVIS À LA POPULATION « Je suis « Surtout pas de TPC. absolument Améliorer l’existant » contre » « Réunion

publique « Où est l’écologie ? » Francheville : 18 « Je ne veux pas de janvier 2021 » pylône dans mon jardin » « La comparaison entre New-York et Lyon est « Je veux des pylônes chez complètement tous les élus écolos et aussi utopique ! Reprenez de toutes les nuisances qu’ap- vrais exemples qui ont une proximité de porte ce stupide comparaison ! À ce projet » moment-là, on en reparle ! » « Nous avons besoin de « Non un téléphérique n’est pas téléphérique pour féérique. Et les routes, les autoroutes, les constructions, l’air desservir l’Ouest devient irrespirable… lyonnais » C’est féérique ? »


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