DECRYPT'AGE #8 le magazine d'actualité ISCPA LYON

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DECRYPT' AGE 20 mai 2020 - n°8

CORONAVIRUS

LES SERVICES SECRETS DU MONDE EN PREMIÈRE LIGNE


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© Le Temps/Domaine Public

e 8 mai marque un terme à la guerre la plus meurtrière de l’Humanité : la Seconde Guerre mondiale. Après six longues années de conflits sur le continent européen, l’Allemagne nazie finit par se rendre et signe l’acte de capitulation à Berlin. Mais la reddition des soldats du IIIe Reich s’est en réalité déroulée en plusieurs épisodes. La première capitulation a lieu dans la nuit du 7 mai, à Reims. C’est dans un collège pour garçons de la région Champagne, restauré en QG par l’armée américaine, que se déroule la ratification. Hitler est mort depuis le 30 avril, c’est le général nazi Alfred Jodl qui lui succède et signe la reddition des forces allemandes. En face de lui, sont également présents à ce moment les généraux Alliés britanniques, français, américains et soviétique : F.E Morgan, Sevez, Bedell-Smith et Souslopourov. Mais la nouvelle ne satisfait pas Staline, qui exige sur le champ une seconde entrevue, en zone d’occupation soviétique. À Berlin. Selon lui cette demande est justifiée au regard de la contribution sans pareil de l’URSS dans ce conflit. (L’URSS a encaissé 80% de l’effort de guerre nazi).

Des groupes de personnes se regroupent et défilent dans les rues de Lausanne en Suisse, après l’annonce de la fin de la guerre, brandissant les drapeaux des Alliés victorieux.

© H. Hanshkle

À nouveau des généraux des différentes armées se rejoignent. Dans la capitale allemande cette fois. Et dans la nuit du 8 au 9 mai (23h) le même accord que la veille, est signé dans une ambiance des plus sinistre. Aujourd’hui en France, le 8 mai est un jour férié, et est commémoré. Mais il aura fallu 1981, soit trente-six ans après la guerre, pour que François Mitterrand instaure définitivement ce devoir de mémoire. Si d’ordinaire, nos voisins allemands ne commémorent pas la capitulation, le chef de l’État Frank-Walter Steinmeier avait prévu une cérémonie officielle en présence de milliers d’invités. Coronavirus oblige, la célébration s’est tenue sous le signe du confinement. Avec pour seule présence, celle de la chancelière Angela Merkel.

La chancelière Angela Merkel, le président de la République Frank-Walter Steinmeier et des membres du gouvernement allemand, lors de la cérémonie du 75e anniversaire de la seconde guerre mondiale, le 8 mai à Berlin

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Malgré tout, cet événement restera symbolique, au sein d’un pays de plus en plus fracturé par l’antisémitisme, et où le parti politique d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) entré au parlement il y a trois ans, ne fait que gagner du terrain. Thibault Ajaguin


SOMMAIRE

ÉDITORIAL

CULTURE..................................................4 La délicate situation des intermittents du spectacle

ENVIRONNEMENT...........................5 Les insectes sont plus que jamais en danger CONFLIT..................................................6 Les services secrets en action contre le Covid Espion : un métier vieux comme le monde

MEDIAS....................................................8 De plus en plus de journalistes jetés en prison, quelle avenir pour la presse ?

ECONOMIE............................................9 Coronavirus : un chômage record aux Etats-Unis

SANTÉ......................................................10 Suicide et Hara Kiri : passé ou présent du Japon ?

POLITIQUE..........................................11 Les casques bleus : des unités essentielles ITW : Celhia De Laverene, correspondante à l’ONU

À l’heure où la pandémie liée au COVID-19 est toujours d’actualité, nombreuses ont été les grandes puissances à ne pas être préparées à une crise sanitaire de cette ampleur. Tous les pays du globe se démènent à présent pour tenter de garder la tête hors de l’eau et se livrent une lutte sans merci. Les services secrets de plusieurs grandes puissances mènent depuis des mois des opérations visant à mettre la main sur des équipements médicaux et ce, à n’importe quel prix. Une véritable chasse entachée par un profond sentiment d’individualisme. « L’égoïsme ne vaut tout son prix que lorsqu’il est accompagné d’une indifférence méprisante pour les affaires d’autrui. » disait Victor Cherbuliez. Force est de constater qu’en ces temps compliqués, l’individualisme a prit le dessus de manière drastique sur le collectif. On assiste ainsi tristement à des interceptions de matériaux médicaux déjà payés par d’autres pays mais aussi des surenchères à la dernière minute sur des cargaisons comme en mars dernier. Cette crise nous montre encore plus la direction déshumanisée de ces grandes puissances qui préférera laisser crever son voisin pour assurer sa propre survie.

Christopher Coustier

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Rédacteur en chef : Christopher Coustier Rédacteurs : Ugo Maillard, Léa Grillet, Margaux Levanto, Léo

Mourgeon, Nathan Vacher, Kenny Lauterbach, Thibault Ajaguin, Inès Pallot, Elliot Rogliardo : Léo Mourgeon : Margaux Levanto, Ugo Maillard

Maquette

S.R.


CULTURE

© Profession-Spectacle.com

Les intermittents du spectacle dans l’impasse

Le confinement lié à la crise sanitaire a frappé de plein fouet le domaine de la culture en France. Acteurs, danseurs, techniciens, producteurs, costumiers, bref, tous les intermittents du spectacle sont touchés. Économiquement et artistiquement, leurs situations sont particulièrement difficiles et bancales en ces temps.

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es projets et représentations sont en stand-by. C’est le cas de Guillaume Masson. Danseur et intermittent du spectacle depuis 4 ans désormais, le jeune homme de 23 ans a dû, comme tous ses confrères, revoir ses plans. Être intermittent du spectacle signifie avoir un avenir incertain. « Il faut compter sur Pôle Emploi, mais ce n’est pas sans risque » précise l’artiste. En effet, travailler sous ce régime requiert de travailler au minimum 507 heures par an pour bénéficier d’aide de la part des caisses chômages. Si le Président Emmanuel Macron assure les prolonger jusqu’en août 2021, Guillaume voit cependant quelques difficultés : « la fin de mes droits s’arrête fin juin pour moi. Mais chaque cas est particulier. Les intermittents du spectacle coûtent cher et sur une durée aussi longue, tout le monde ne pourra pas bénéficier de cette mesure. D’autant plus que certains pourront retrouver leurs vies professionnelles plus vite. Nous, les danseurs, serons les derniers à repartir. »

Un régime qui bloque Vendredi 6 mai, Emmanuel Macron avait également annoncé la mise en place d’un dispositif d’intervention dans les écoles. Les enfants bénéficieraient alors d’un accès à la culture différent et les intermittents du spectacle d’heure de travail rémunéré par l’État. Mais lorsque l’on bénéficie de ce régime spécifique, être rémunéré par le régime général entraîne une perte de ce statut et donc des aides. « C’est une bonne initiative, mais personne ne le fera. Il suffit de passer à côté d’un détail pour perdre notre statut, assure Guillaume Masson. Si je veux compléter mes revenus avec un autre travail, je ne dois pas être déclaré. On est comme pris au piège ». Les précisions aux plans d’aides annoncés se font attendre par les artistes et les techniciens qui s’arment de patience quant à leur avenir toujours incertain. Margaux Levanto

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Pendant que le monde se bat, les salles de cinéma et de spectacle restent vides

Être intermittent du spectacle : pas si simple Le régime spécifique aux intermittents du spectacle est créé en 1936 par le gouvernement du Front Populaire soutenu par les producteurs de cinéma, en pénurie de main-d’œuvre. Les travailleurs ont alors l’avantage d’accepter des contrats ou projets courts sans crainte du lendemain, grâce aux indemnités perçues. Les techniciens et cadres du cinéma sont les premiers métiers à en bénéficier. Vient ensuite le personnel des établissements cinématographiques en 1965 et les entreprises du spectacle en 1968. Mais être intermittent du spectacle n’a jamais été simple, bien au contraire. Ces métiers ont pendant longtemps été la risée du patronat. En effet, être libre dans le choix de son travail et son rythme, tout en percevant des aides, a toujours fait polémique. Beaucoup de mesures sont mises en place en leur faveur dans les années soixante, telles que l’ouverture progressive de l’assurance-chômage. Comme dit précédemment, un intermittent du spectacle coûte cher pour l’État. Au fil des années le secteur s’est agrandi. L’État s’est alors désengagé de la gestion de l’assurance-chômage des professions du spectacle et du cinéma en passant le relais à l’Unedic. Ce corps de métier doit de plus, lutter pour préserver ses droits mais aussi les différents déséquilibres économiques depuis plus 30 ans maintenant. Leur forte mobilisation a par ailleurs engendré l’annulation du Festival d’Avignon en 1992, tout comme en 2003. Année où un protocole modifie les principaux fondements de ce régime spécifique, entraînant de fortes contestations de la part des intermittents du spectacle. Depuis, de nouvelles lois ne cessent d’être mises en place modifiant leurs droits, à leur désavantage.


ENVIRONNEMENT Les insectes sontils en train de disparaître ? Les papillons et les abeilles, ces insectes pollinisateurs, font partie des espèces en voie de disparition

Les différentes espèces des insectes déclinent, à hauteur de près de 25 % en 30 ans selon la plus importante étude publiée par Sciences. La classe animale la plus vaste, qui compte plus d’un million d’espèces d’insectes (répertoriées, il en existe plus), voit aujourd’hui certaines d’entre elles en voie d’extinction.

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a situation semble s’aggraver pour les populations d’insectes. Une méta-analyse publiée dans la revue Sciences, révèle que 25 % des espèces d’insectes ont disparu en seulement 30 ans. Elle rassemble 166 études à long-terme, dont les premières démarrent en 1925, provenant de 1 700 lieux différents. L’étude a été dirigée par des chercheurs du Centre allemand de recherche intégrative sur la biodiversité (iDiv), de l’Université de Leipzig (UL) et de l’Université Martin Luther de HalleWittenberg (MLU). Selon les recherches, les insectes terrestres, qui passent l’intégralité de leur vie hors de l’eau (papillons, sauterelles, fourmis...), ont diminué de 0,92 % par an en moyenne. A l’inverse, les chercheurs montrent que les insectes dont le mode de vie est lié à l’eau, ont augmenté d’une moyenne de 1,08 % par an. Ces deux tendances sont observées en Amérique du Nord et dans certaines régions d’Europe. Mais selon Roel van Klink, les causes des déclins peuvent «différer d’un endroit à l’autre».

« Ces chiffrent montrent que nous pouvons inverser les tendances négatives. Au cours des 50 dernières années, plusieurs mesures ont été prises pour nettoyer nos rivières et nos lacs pollués dans de nombreux endroits à travers le monde. Cela a peut-être permis la récupération de nombreuses populations d’insectes d’eau douce » précise Jonathan Chase, coauteur de l’étude. Alors même si l’intervention de l’homme dans les points d’eau a été bénéfique, l’exploitation des terres et des mers sont la première cause du déclin des insectes selon un rapport de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques.

© Modman/Pixabay

Certains insectes plus touchés que d’autres Le recul des insectes, qui forment les deux tiers des espèces terrestres, remonte au début du XXe siècle, mais s’est accéléré dans les années 1950-60 pour atteindre « des proportions alarmantes » ces 20 dernières années. Parmi les plus affectés, les lépidoptères (les papillons), les hyménoptères (abeilles, guêpes, fourmis, frelons) et les coléoptères (scarabées, coccinelles). Aux États-Unis, c’est une perte de 83% des coléoptères en 40 ans qui a été constatée, et 75% des insectes volants aux Pays-Bas en moins de 30 ans. Les chercheurs allemands, entomologistes, ont eux prélevé des insectes dans des zones protégées à l’aide de pièges à insectes pendant 27 ans. Leur constat en 2017 ? Un déclin de 76%, en moyenne, de la biomasse des insectes s’est produit durant la période. Les abeilles alertent également depuis quelques temps dans le monde avec le « syndrome de l’effondrement ». La France, en 1994, est la première à remarquer que nombreuses étaient les abeilles retrouvées mortes au sol. Puis en 2006, les États-Unis assistent au même schéma, avec des pertes entre 30 et 90 % des abeilles. Nicolas Moulin, entomologiste indépendant et également chercheur, nous explique que « nous voyons le déclin parce que nous nous y intéressons avec des études depuis 25 à 40 ans. Par exemple, des entomologistes allemands ont roulé avec des filets sur leur voiture, pour faire toujours le même trajet et ils se sont rendus compte qu’il y avait, année après année, de moins en moins d’insectes. » Les entomologistes l’ont appelé le «syndrome du pare-brise». Il y a quelques dizaines d’années, une voiture qui conduisait quelques heures sur une route aurait, de sûr, retrouvé son pare-brise constellé d’insectes écrasés. En 2019, avec le même trajet et le même laps de temps, la vitre finira presque vide. Les insectes se voient diminuer ces dernières années. Seulement, pour prouver ce constat, il y a eu besoin de suivis qui devaient s’inscrire dans le temps. Et aujourd’hui le constat est alarmant avec certaines espèces qui souffrent plus que d’autres.

Inès Pallot

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CONFLIT

LE DOS

Lutte contre le coronavirus : les services secrets mondiaux en première ligne Depuis le début de l’épidémie, les services secrets des grandes puissances mondiales sont mobilisés. Contrôle de la population, interception de matériels médicaux ou encore manipulation de l’opinion publique, ils tentent d’améliorer la situation de leur pays, avec certaines pratiques parfois contestées.

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© Mossad israélien

© Guoanbu chinois

© CIA américaine

Nous nous emparons de tous les équipements médicaux possibles, à n’importe quel prix, quitte à intercepter des matériels commandés et payés par d’autres pays ». Comme l’explique cet officier supérieur du Mossad, agence de renseignements supérieurs d’Israël, à la télévision de son pays, c’est le genre de pratique courante effectuée par les services secrets ces derniers temps. Empêtrés dans cette crise sanitaire sans précédent due au Covid-19 depuis le début de l’année, tous les pays du globe se démènent pour tenter de garder la tête hors de l’eau et se livrent une lutte sans merci. Pour ce faire, les chefs d’État des grandes puissances ont mobilisé leurs services de renseignements et une multitude de missions leur ont été confiées. De la CIA, le service de renseignements américain, en passant par le FSB en Russie, la DGSE en France, le Guoanbu en Chine, le Mossad en Israël et bien d’autres encore, ils sont sur tous les fronts depuis bientôt 5 mois.

© FSB russe

© DGSE française

© MI6 anglais

effectuées pour des masques, venant majoritairement de Chine, devenus véritable objet de rareté dont le prix s’est envolé. Pour Israël, c’est des respirateurs, dont la mission de s’en procurer a été confiée à son agence de renseignements, le Mossad. Là aussi, des imprévues ont été signalés de leur côté. « Dans un certain pays d’Europe, nos camions sont arrivés aux portes de l’usine, mais un autre pays nous a devancés et a chargé le matériel », expliquait un officier du Mossad. Les missions ne s’arrêtent pas là. Des contrôles de populations sont également effectués par les hommes de l’ombre pendant cette période de confinement, fortement opérées par les services russes du FSB. La Chine a, quant à elle, mis au point des caméras de surveillance permettant l’identification de personnes portant un masque de protection.

Un véritable bras de fer autour de l’équipement médical

Les communications explosent, le cyberespace scruté attentivement

Bien qu’un centre d’analyses de la CIA alertait depuis plusieurs mois sur le risque d’une pandémie mondiale, ils sont aujourd’hui beaucoup de pays à ne pas avoir été assez préparés. Les masques chirurgicaux, respirateurs, gels hydro-alcooliques manquent grandement dans certaines nations et certains services n’hésitent pas à jouer des coudes pour s’en approprier. En mars dernier, une délégation américaine avait fait irruption sur le tarmac d’un aéroport chinois, où un avion chargé de millions de masques attendait de partir pour la France. Les représentants des États-Unis avaient proposé de payer prix double en argent comptant, puis étaient repartis directement avec la cargaison. De nombreuses transactions de dernières minutes ont été

Avec ce confinement, les services de cyber sécurité sont davantage sur le qui-vive. En plus de la surveillance de toute une population en confinement et donc présente massivement sur la toile, les services secrets se doivent également d’être attentifs aux actions de leurs homologues. C’est le cas de plusieurs agences européennes et américaines qui ont accusé les services secrets Russes et Chinois de créer et diffuser massivement des informations via de faux comptes pour manipuler l’opinion publique. Pour la Chine, l’objectif aurait été de faire oublier qu’elle serait à l’origine du virus, mais aussi de promouvoir son aide aux autres pays et montrer qu’elle a parfaitement géré le virus. Le tout avec des chiffres pouvant largement être contestés.

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SSIER Un des plus vieux métiers du monde devenu rôle majeur

Surnommé «the Queen agent», Francis Walsingham était le maître-espion de la reine d’Agnleterre Elisabeth I © Domaine public

Sur leurs appuis toute au long de l’année, c’est dans ce genre de moment, à l’instar de soldats lors d’une guerre, que ces organisations prennent une véritable dimension et importance au sein d’une puissance mondiale. Ces techniques sont en réalité plus anciennes qu’ils n’y paraissent. De l’Antiquité à l’époque moderne en passant par le Moyen-Âge, tous les chefs des plus grandes conquêtes ont eu recours à l’espionnage. Au XVIe siècle, le précurseur du service d’espionnages encadré fait son entrée en lice. Il se nomme Francis Walsingham et devient le « maître-espion » personnel de la reine Élisabeth I ère. Sa capacité de s’entourer des meilleures personnes dont experts en cryptographie et détourneur de document et son efficacité dans le domaine pour la défense de la couronne anglaise ont inspiré de nombreux pays par la suite. Au royaume de France, Louis XV crée « Les secrets du Roi », un service de renseignements dont les missions principales étaient l’interception de lettres et l’espionnage des territoires ennemis. Ce service est dissous à sa mort mais ses membres continuaient d’épauler le successeur, Louis XVI, et notamment lors de la guerre d’indépendance américaine.

par tous lors de la Première Guerre mondiale, considéré alors par certains comme pratique immorale. C’est aussi à ce moment que les femmes sont entrées en jeu en qualité d’espionne, et notamment chez les Belges et Britanniques, se faisant passer pour des prostituées afin de récolter quelques informations essentielles. Entre-temps, d’importantes organisations avaient tout de même été créées, à l’image de la BOI américaine en 1908 (devenue FBI) ou la MI (Military intelligence) britannique en 1909. Cette dernière aura d’ailleurs popularisé le métier « d’agent secret » avec le célèbre personnage James Bond. L’âge d’or de l’espionnage vient quelques années plus tard, lors de la Guerre Froide, avec les célèbres agences de la CIA américaine et du KGB soviétique. Aujourd’hui, la plupart des pays ont leur bureau permanent de renseignement et leurs missions sont plus qu’indispensables pour les pays. Kenny Lauterbach

L’importance et l’indispensabilité de l’espionnage ont été admises

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MEDIAS

Les journalistes, grands perdants des tribunaux imaginaires

On compte désormais 389 journalistes emprisonnés dans le monde. Ce chiffre s’est malheureusement vu augmenter de 12% en un an. Si certains sont emprisonnés aux mains de groupuscules violents qui exercent une pression pour les relâcher, d’autres se trouvent alors dans de vraies prisons, ayant commis le simple crime d’être politiquement opposé au régime en place.

© Reuters

Kyaw Soe Oo (à droite) et Wa Lone (à gauche) ont été arrêtés en décembre 2017, après avoir été piégés par des policiers qui ont fabriqué des fausses preuves pour les incriminer.

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près avoir été condamnés à sept ans de prison en Birmanie pour avoir enquêté sur un massacre de musulmans rohingyas, deux journalistes de Reuters ont été libérés grâce à la pression de Aung San Sur Kyi, prix Nobel de la Paix. Après leur condamnation en septembre 2018, décision confirmée deux fois en appel, ils se sont finalement vus accorder la grâce du président de la République, Win Myint. Les deux reporters, Wa Lone et Kyaw Soe Oo, ont alors passé plus de 500 jours emprisonnés, bien que leur enquête ait reçu le prix Pulitzer, plus haute récompense du journalisme aux États-Unis. Même s’ils sont désormais libres, la condamnation des deux reporters n’en est pas moins effacée. Le message est alors très clair du régime Birman aux journalistes, enquêter sur les sujets sensibles vous mènera à un an et demi de prison. En publiant son bilan annuel, Reporter sans frontières, cette année, pointait du doigt l’emprisonnement de journalistes dans de nombreux pays, mais essentiellement en Turquie. Avec 72 professionnels des médias, dont 42 journalistes, le pays de l’Anatolie est aujourd’hui reconnu comme la plus grande prison du monde

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pour les journalistes. Le paradoxe est d’une tristesse frappante pour un pays qui se veut comme la plus grande démocratie régionale. Cette malheureuse constatation n’a en réalité rien d’étonnant au vu des problèmes structurels de la justice turque. Les journalistes et représentants de médias pro-kurdes sont les plus nombreux dans ces prisons, signe du manque de liberté à l’information et à l’expression.

L’information au prix de la liberté On constate que le métier de journaliste est de plus en plus dangereux, à l’extérieur mais souvent essentiellement à l’intérieur même de son pays. Entre prise d’otage, emprisonnement politique, la censure de la presse n’a jamais été aussi grande. À ce jour, encore 232 journalistes sont emprisonnés. Le nombre ne faiblit pas puisque la censure ne date pas d’hier et n’est pas prête de s’arrêter. La dictature a très souvent accéléré la censure, ainsi que les mesures fortes en cas d’infraction aux règles du régime en place. Sous l’ère Franquiste en Espagne, il était obligatoire pour les journaux de signer chaque article pour les voir paraître, à condition qu’il n’y ait pas de critique, ou de dénonciation

du pouvoir. Dans le cas contraire, les journalistes s’exposaient à une amende, pouvant monter à un prix très élevé, mais également à la destitution du directeur de publication. Pour avoir écrit des articles qui n’ont pas été au goût du gouvernement espagnol, certains journalistes ont alors été emprisonnés, voir même humiliés, comme ce fut le cas de José Garcia Diaz. En ayant critiqué le gouvernement espagnol, ce dernier à reçu l’humiliation de se faire raser les cheveux et obligé de boire de l’huile. Souvent en première ligne, les professionnels de l’information sont alors souvent ceux qui doivent rendre des comptes, à la fois aux citoyens par nécessité de traduire l’information et la vérité, mais à la fois à l’État, de manière non-officielle, s’ ils ne souhaitent pas avoir la potentielle malchance de poursuivre leur combat derrière les barreaux. Quoi qu’il en soit, le métier de journaliste exige, à une époque moins démocratique, mais encore aujourd’hui, une volonté de prendre ce risque, parfois au prix de sa vie. On retrouve alors beaucoup de diversité dans cette résistance du savoir, allant de la simple dénonciation par preuves, jusqu’au journal satirique. Nathan Vacher


ECONOMIE

Coronavirus et chômage ne font pas bon ménage aux États-Unis En seulement deux mois de crise sanitaire, l’économie américaine est plus que mise à mal par la pandémie qui frappe la planète entière. On observe une destruction d’emploi presque record tout comme le nombre de demandeurs d’emploi et le taux de chômage. À titre de comparaison, il faut remonter à la Grande Dépression du XXème siècle pour observer un tel désastre.

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es États-Unis sont touchés de plein fouet par la crise sanitaire du Covid-19. Sur le plan économique pas moins de 33 millions de postes ont déjà disparu. Dans le même temps, les demandeurs d’emploi sont de plus en plus nombreux puisque sur ces trois dernières semaines, c’est d’abord 3,3 millions, puis 6,8 millions (nombre le plus élevé depuis le début de la crise) et récemment 6,6 millions d’américains qui ont effectué des demandes d’allocations chômage. Le taux de chômage est quant à lui passé de 3,5% en février à plus de 14,7% ces derniers temps. Ces chiffres exubérants nous rappellent la crise des « subprimes » de 2008 en provenance du pays aux 50 états et qui s’était transformée en une crise planétaire. Mais l’économie était bien moins mise en péril qu’actuellement. En effet, le nombre d’emplois détruits avoisinait les 8,6 millions et les nouveaux demandeurs d’emploi sur une semaine ont atteint, à l’apogée de la crise, les 665 000. Ainsi on constate en ces temps, une situation encore plus délicate que celle d’il y a douze ans. Mais des résultats aussi faramineux avaient malgré tout été atteints dans l’Histoire, notamment lors de la Grande Dépression.

Un jeudi noir entraînant une période sombre En 1929, un krach boursier sans précédent a lieu du côté de Wall Street. L’économie s’effondre et la crise va s’étendre partout dans le monde. Le pays de l’oncle Sam, qui est majoritairement une société industrielle, voit la moitié de sa production disparaître et entraîne donc une perte d’emplois pour un grand nombre d’Étasuniens. En trois ans, le nombre de chômeurs va s’accroître à une vitesse folle. Quatre millions en 1930, puis huit millions en 1931 et enfin douze millions en 1932. Pour contrer cela et répondre à la politique inefficace du Président Hoover, Franklin Delano Roosvelt va mettre en place sa politique du « New Deal » dès son élection en 1932. Une politique fortement caractérisée par des programmes de grands travaux ayant pour but de recréer de l’emploi. On était malgré tout encore bien loin des presque 48 millions d’Américains se retrouvant actuellement sans emploi même si la taille de la population diverge énormément. D’autant plus que la Réserve fédérale de Saint-Louis a annoncé une éventuelle suppression de 47 millions d’emplois dans les mois à venir, ce qui ferait grimper le chômage en flèche jusqu’à 32% (environ 105 millions de personnes potentiellement impactées).

Jamais autant d’Américains ne se seront retrouvés au chômage que durant cette crise sanitaire mondiale. © AFP

Des moyens bien plus conséquents que dans le passé La Réserve fédérale, basée à Washington D.C au sein de la capitale, a annoncé plusieurs aides pour lutter face à ce fléau économique. À l’inverse du passé, les moyens déployés par l’administration américaine sont bien plus conséquents et permettent aux citoyens de rebondir plus facilement pour une majorité d’entre eux. Ainsi, elle a annoncé avoir débloqué 2 300 milliards de dollars de nouveaux prêts pour les entreprises de différentes tailles afin de relancer au plus vite l’économie de la première puissance mondiale. Elliot Rogliardo

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SANTÉ Hara-Kiri au Japon moderne Le saviez-vous ? Pour Doi Takeo, psychanalyste japonaise, le suicide chez les jeunes Japonais pourrait s’expliquer par leur fort attachement à la figure maternelle. Rien n’est plus catastrophique que la perte de la mère ou de décevoir sa famille. Une théorie tirée d’un mythe japonais selon laquelle, la déesse du soleil Amaterasu (un nom qui rappellera des souvenirs aux fans de Naruto), après un désaccord avec son frère Susanoo, s’enferma dans une grotte et répandit sur la terre : la nuit, la désolation et une angoisse de mort.

Le Hara-Kiri, est une pratique japonaise consistant à se donner la mort par éventration aux moyens d’une dague.

Le taux de suicide est en baisse de 20% au Japon par rapport à l’an dernier, pourtant il pourrait bien grimper de manière très significative après la crise. C’est le constat alarmiste fait par le professeur Satoshi Fuji de l’université de Kyoto suite à la hausse du chômage dû au coronavirus. Dans un pays au taux de suicide parmi les plus élevés du monde depuis de nombreuses années.

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’est après qu’un restaurateur de l’arrondissement de Nerima à Tokyo se soit donné la mort que les autorisés sont alertées par des rapports sur une possible forte augmentation des suicides après la crise sanitaire. Plus de clients à cause des restrictions de déplacement, c’est ce qui aurait poussé le restaurateur à fermer boutique avant de s’enduire d’huile de friture et de mettre feu à son établissement début mai. Un décès qui marque selon les médias nippons, le premier « corona-jiatsu » (comprenez suicide du coranavirus), le premier d’une longue liste selon le professeur Satoshi Fuji. Il affirme « Si des mesures massives de soutien ne sont pas mises en œuvre à l’égard des travailleurs précaires, le taux de chômage va grimper et une vague de suicides s’ensuivra ». Le suicide, c’est la bête noire du Japon depuis de nombreuses décennies, alors que le nombre de suicide par an n’était pas descendu en dessous de 30 000 depuis 40 ans, c’est désormais chose faite en 2019. Après de nombreuses politiques et mesures gouvernementales, le pays pourrait de nouveau sombrer dans une nouvelle vague de suicide. Un triste constat qui pour certains anthropologues et philosophes comme Maurice Pinguet et Bernard Stevens, tire son origine de traditions nippones millénaires. Alors que certains se souviennent encore de l’éventration volontaire du réalisateur Yukio Mushima à

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l’état-major des armées de Tokyo en 1970.

© Domaine public

Ritualisation et origine de l’augmentation du taux de suicide Le phénomène de mort volontaire s’étend dans le Japon du XIIè siècle jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. Le Hara-Kiri, ou le fait de s’ouvrir le ventre au sabre (Hara : ventre et Kiru : couper), est une pratique courante à partir du XIIe siècle mais surtout très codifiée. À l’heure d’un Japon féodal, le Hara-Kiri plus tard appelé Seppuku, est souvent effectué lors de combats entre divers chefs de clans. Le vaincu, ne pouvant plus protéger son territoire s’ouvre le ventre avant que l’un de ses vassaux abrège ses souffrances en lui coupant la tête. Une pratique plus tard utilisée par les paysans, ne pouvant plus subvenir aux besoins de leurs foyers. La pression sociale, les condamne à réussir dans la vie. Alors que la mort volontaire est vue en occident comme une fuite, au Japon le suicide selon Maurice Pinguet « relève d’un acte de bravoure ultime ». Il n’est bien sur aujourd’hui plus question d’une telle théâtralité, malgré tout, dans les mœurs nippones, la question de la pression sociale reste le dénominateur commun. Ainsi, depuis les années 2010, le pays entame une politique visant à stopper la pensée commune qui prête à cet acte une connotation positive. Par exemple, le suicide des jeunes, n’ayant d’autres choix que de réussir à l’école (première cause de mortalité au Japon chez les 20-44 ans). Le Japon se classe aujourd’hui 14ème du sombre classement du taux de suicide dans le monde, derrière de nombreux pays européens avec pour chef de file le Groenland (Dannemark) avec 82 suicides pour 100 000 habitants en 2018.

Léa Grillet


POLITIQUE

Casque bleu, un combat pour la paix

© AFP/Roberto Schmidt

Le 10 mai dernier, trois soldats sont morts au Mali. Trois Casques bleus issus de la mission Minusma. Soldats Onusiens venus pour conquérir la paix, ils affrontent la guerre et subissent la mort. Zoom sur ce rôle hors du commun. Nés des cendres d’une guerre. Les Casques bleus symbolisent un espoir de paix durable qui voit le jour suite à la Seconde Guerre Mondiale. Bras armé de l’ONU, anciennement les Nations Unies, cette force de maintien de la paix est mandatée

Celhia de Lavarene Journaliste corespondante au siège de l’ONU à New-York

Quelle image aviez-vous de ces troupes avant de faire leur connaissance ? Je n’avais pas vraiment d’image, seulement deux mots : Nations. Unies. Des Hommes au service d’une cause, qui devaient se battre pour l’intérêt du monde et des populations. Évidemment j’étais naïve. Lorsque l’on arrivait dans un pays, nous étions considérés comme des sauveurs. Et puis très vite ça se dégrade (abus sexuels qu’elle dénonce dans son livre « Les étoiles avaient désertés le ciel). On devrait participer à la reconstruction des pays, malheureusement d’autres intérêts entrent en jeu.

Quelle est leur utilité réelle sur le terrain ? Tout dépend de la mission. En principe, les Casques bleus ne doivent pas se faire tuer et ne sont donc pas envoyés

en 1948 pour la 1ère fois en tant qu’observateur, lors du conflit Israélo-palestinien. 10 années plus tard, elle opère pour la première fois comme force militarisée lors de la crise du Canal de Suez. C’est de ce conflit armé que ces militaires, policiers et techniciens tireront leur nom, « les Casques bleus », un moyen de se différencier des autres belligérants. 72 années après la création de l’ONU, environ 3500 Casques bleus ont perdu la vie. 70 opérations dont 14 encore en cours aux quatre coins de la planète ont servi un intérêt commun. Des chiffres marquants qui masquent le travail faramineux des femmes et des hommes de l’ombre qui ont fait de la paix, leur combat.

dans des pays en guerre. Au cours de sept missions que j’ai pu effectuer, notre unique but est de restaurer la paix. En 2004, je suis allée au Libéria. J’ai eu la chance inouïe de travailler avec Jacques-Paul Klein. C’était un directeur de mission qui faisait tout pour réussir, ce n’était pas un béni oui oui. Un jour, il s’est vêtu de sa tenue militaire, est monté sur un char et s’est muni d’un mégaphone pour parler aux émeutiers « nous allons vous tirer dessus, nous sommes mieux armés, c’est ce que vous voulez ? ». Étrangement, les combats se sont arrêtés. Il était border line et pas réglementaire, mais nous avons instauré la paix dans le pays.

Ce sont ces individualités que vous retiendrez ? Les personnalités que j’ai rencontrées m’ont changée. Les trois quarts des gens qui travaillent pour l’ONU sont formidables. Kofi Annan fait partie de ces magnifiques rencontres. C’est quelqu’un de fidèle qui m’a toujours écouté et qui portait en lui, les valeurs de l’ONU. Sergio de Mello était l’un d’entre eux. Avoir travaillé avec un homme qui donne tout pour la paix, y compris sa vie puisqu’il a été tué en Irak, est pour moi une fierté.

Doit-on faire usage de la violence pour obtenir la paix ? C’est nécessaire. Les Casques bleus ont

la possibilité de se défendre et de tirer si on les attaque. L’ONU a une force de frappe gigantesque avec ces 100 000 militaires et policiers venus de 120 pays différents. La réalité du terrain et non celle de la bureaucratie montre qu’il faut… avoir des couilles.

Quel intérêt pour ces 120 pays d’envoyer des troupes au service de l’ONU ? Tout d’abord, une motivation financière. Chaque pays qui envoie des Casques bleus reçoit 1 428 dollars de l’ONU par individu. Ensuite, lorsque le Rwanda ou la Bosnie ont envoyé des militaires cela signifiait que la paix était restaurée dans le pays. Cela donne une réelle légitimité diplomatique et une fierté nationale. Maintenant, envoyer des personnes avec une éthique et un respect des valeurs serait mieux...

La paix n’est-elle pas qu’une simple utopie ? L’ONU et les Casques bleus ont été créés pour que plus jamais…plus jamais. Deux millions de morts au Cambodge, 800 000 au Rwanda, 380 000 en Syrie. Je ne suis pas utopiste, j’ai perdu mes illusions. Malgré tout, je me demande ce que serait le monde sans l’ONU et tristement, je pense qu’il ne serait pas meilleur.

Propos recueillis au téléphone par Ugo Maillard

DECRYPT’ÂGE

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L’HISTOIRE CONTINUE

La fonte des glaces révèle des trésors vikings

© Espen Finstad

Comme évoqué dans un ancien numéro de Decrypt’Age, la fonte des glaces arctiques met à jour de surprenantes trouvailles, pour le meilleur comme pour le pire. Direction la Norvège cette fois où une équipe de chercheurs scandinaves a pu découvrir des vestiges vikings d’une conservation exceptionnelle. En fait, cela fait dix ans que le glacier Lendbreen révèle, en se retirant, des sites archéologiques cruciaux pour la compréhension du passé de l’Homme. Pour la première fois en ce début du mois de mai, la revue scientifique Antiquity en a fait l’inventaire. Résultat : plus d’un millier d’objets ont été répertoriés. On a découvert des restes humains, des flèches, des traîneaux ou encore des raquettes de neige. Les trouvailles sont aussi variées qu’inattendues, comme en témoigne ce sabot de neige d’un cheval vivant au XIe siècle, resté figé dans la glace. L’analyse de tous ces items a permis aux scientifiques de révéler l’existence d’un long couloir de voyage, emprunté dès l’âge de Bronze jusqu’au Moyen-Age. La cessation d’activité sur les lieux coïncide parfaitement avec l’arrivée de la peste noire, qui a ravagé le continent européen au milieu du XIVe siècle. Une note qui fait étrangement écho à l’actualité…

Ces récentes découvertes témoignent d’une triste accélération du réchauffement climatique. Un élément qui n’a pas manqué de contraster la joie des découvreurs, comme s’ils avaient préféré ne pas mettre à jour ces objets. Alors oui, il s’agit là d’une avancée majeure pour les sciences historiques, «mais à quel prix ?», a témoigné Lars Pilo, co-auteur de l’article «Crossing the ice: an Iron Age to medieval mountain pass at Lendbreen, Norway», paru dans Antiquity. Aujourd’hui, un large nombre d’archéologues s’attendent à une intensification des découvertes du genre, tandis qu’un consensus scientifique s’est formé quant à la probable réapparition de bactéries et virus millénaires, parfaitement conservés dans la glace. Entre espoirs d’historiens et craintes de scientifiques, l’avenir du monde moderne et la compréhension des civilisations passées se jouent probablement sous les 33 millions de kilomètres carrés de glace répartis sur Terre.

Léo Mourgeon

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