ACCENT de Noël - Hors série d'actualité internationale ISCPA 2019

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Accent Pays numĂŠro ?

Titre Une

Date

Intertitre

accent de la semaine


Edito

L’accent de la rédac’ Cher père Noël...

Cher père Noël, pas trop cher, mais juste assez. Toi qui est au cœur de débats, peux-tu nous offrir pour cette année un moment de répit? Je parle des différents concernant ton lieu de résidence. Bon nombre de pays se disputent la palme du vrai pays du père Noël. J’imagine quand ces temps de fête, tu prônes la paix, l’amour et le partage. Alors va voir les Poutine, Trudeau, Erdogan, Niinisto et autres dirigeants de ce monde pour leur dire qu’on s’en contrefout du pays du père Noël, mais que l’important, c’est de faire opérer la magie de Noël et de rendre les enfants heureux. Veux-tu leur dire qu’ils doivent arrêter de penser en mode argent, qu’ils doivent arrêter de faire des actions en conséquence ? Et oui, ta présence amène un flux de touristes important et fait tourner l’économie pour ces pays. Dans mon pays, le Canada, tu as ta résidence d’été pour te faire dorer la couenne sur le bord de l’eau en attendant le retour du froid et de la neige. On t’a même donné la citoyenneté canadienne, c’est pas peu dire. D’autres pays vont construire un immense village pour toi, tes lutins et tes rennes. Tu as ta boîte aux lettres, ton code postal, tout. Nos gouvernements s’arrachent la tête pour t’offrir une maison alors que des enfants n’ont pas la chance d’avoir un toit où dormir et où se réchauffer l’hiver. Alors voilà. Malgré toi, tu es au service de ces pays qui t’utilisent pour leurs propres intérêts et non pour ceux des enfants. Ne devrais-tu pas être seulement au service des enfants ? Use donc de ta notoriété auprès des gouvernements pour faire changer les choses, pour leur dire qu’il y a des sujets plus importants que de savoir quel pays est LE pays du père Noël quand vient le temps des fêtes. Tu es un père Noël aux multiples passeports, alors tous les pays devraient être TON pays, non ? Si tu existes père Noël, pourrais-tu exaucer mon seul et unique vœu pour cette année ? J’ai été sage. Emma Jaquet, rédactrice en chef 2


Sommaire MédiAccent page 4

CINEMA

L’Accent du père Noël page 5

TERRITOIRE

Accent Éco page 8

ROUTES COMMERCIALES

Accent Aigu page 10

COURRIER

INTERVIEW

Accent de la semaine page 6

CONSOMMATION

Accent Grave page 9

POLLUTION

French Accent page 11

Rédacteur en chef & coordination : Emma Jaquet Rédaction : Léo Ballery, Guillaume Besson, Lucile Brière, Emma Jaquet, Vincent Imbert, Alixan Lavorel, Lancelot Mésonier, Eulalie Pernelet et Théo Zuili Twitter (@_AccentMagazine) : Alixan Lavorel Secrétaires de rédaction : Lancelot Mésionner et Eulalie Pernelet Conception graphique, maquette & dessin de presse : Alixan Lavorel, Jeanne Le Louette et Théo Zuili Imprimé à Grange-Blanche - Imprimerie Corep Lyon. Ne pas jeter sur la voie publique. 3


MédiAccent Le père Noël un personnage à part dans les films de Noël Qu’il soit généreux, drôle, professionnel, sans expérience ou à l'inverse alcoolique, odieux et égoïste, le père Noël est un personnage incontournable du cinéma et cela depuis 1906, date de sortie du premier film de Noël : "Le Noël de monsieur le curé".

De gauche à droite, Gérard Jugnot, Scott Calvin et Jim Carrey, trois acteurs célèbres qui ont incarné le rôle du père Noël au cinéma. © Public

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e film "Klaus", sorti en avant-première le 16 novembre 2019 sur la plateforme Netflix, évoque la rencontre d’un jeune homme avec un géant qui n’est autre que le père Noël. Une façon originale pour mettre en lumière le fameux personnage vénéré par tous les enfants dans ce film réalisé à l’ancienne en 2D. Mais les diverses illustrations du père Noël ne le mettent pas toujours en valeur et dévoilent un côté sombre du personnage.

Le cinéma ne l’épargne pas

partie du paysage cinématographique. "Le Grinch", qui a pour but d’effrayer les enfants pour les rendre plus sages, rencontre un franc succès auprès des plus jeunes comme des plus vieux. Même si le croque-mitaine vole les cadeaux, rien ne gâche la fête de Noël. Dans un registre très différent, la comédie potache américaine s'est emparée de la figure du père Noël. Dans "Bad Santa", Billy Bob Thornton interprète un père Noël misanthrope et suicidaire qui boit, pète et fume. La télé empiète sur le cinéma Chaque année, les chaînes de télévision repassent en boucle les mêmes films de Noël. On ne compte plus les rediffusions de "Maman, j’ai raté l’avion", "Le père Noël est une ordure", pour ne citer que ceux-ci. Cependant, les films de Noël n’ont jamais fait un carton sur le grand écran. Seule une dizaine de films a dépassé le million d’entrées depuis les années 50. À l’inverse de la télévision, qui grâce à ces films, réalise des audiences importantes.

Les films de Noël réalisent entre 5 à 6 millions d'audience en moyenne pendant le mois de décembre, selon Médiamétrie.

Au cinéma, cet homme barbu est représenté de mille et une façons. Les réalisateurs aiment régulièrement dans leur film prendre à contrepied les clichés habituels. Sur le grand écran, le costume de Santa Claus est en effet le plus souvent revêtu par des personnages aux intentions troubles, voire néfastes, comme le personnage incarné par Gérard Jugnot dans "Le père Noël est une ordure". Il existe tout un pan insoupçonné de films de Noël où les Santa Claus ne sont pas de joyeux vieux messieurs apportant des jouets aux enfants, mais de véritables monstres. C’est le cas de "Douce nuit, sanglante nuit", où le père Noël assassine des personnes. Le personnage maléfique du grincheux fait également

Guillaume Besson 4


L’Accent du père Noël "J’ai négligé mon empreinte écologique au profit du bonheur de tous les enfants du monde" Il est l’un des personnages les plus connus de la planète. Absent et reclus pendant 11 mois, omniprésent durant le mois de décembre. Lorsque janvier arrive, il repart toujours en emportant avec lui ses secrets. Accent a eu la chance de rencontrer brièvement le père Noël et de l’interroger sur ses mystères. Le temps d'un instant, le père Noël s'est livré à nous. © Lancelot Mésonnier

Tout d’abord, votre costume rouge ne vient-il pas de votre apparition dans une publicité Coca ? Décidément, cette anecdote me poursuit. En 1931, j'ai effectivement posé, un soda à la main, pour cette célèbre marque. Il est vrai qu'elle a contribué à ma popularité. Mais le rouge était déjà la couleur de mon père. J'ai aussi fait des campagnes de publicité pour l'armée et les grands magasins. Il faut dire que je suis sans cesse sollicité. En dehors de la distribution des cadeaux, comment gérez-vous le courrier des enfants ? Heureusement, j'ai un secrétariat depuis plus de 50 ans. Avant cette époque, je n'avais pas d'adresse. Les lettres se perdaient. C'est alors que deux Françaises ont eu une idée de génie. Mes chères Odette Ménager, employée dans un bureau de poste du Maine-et-Loire et Madeleine Homo, postière en Seine-Maritime ont décidé de répondre, elles-mêmes, aux requêtes des chers petits. Le ministre des Postes et Télécommunications, Jacques Marette, a eu vent de cette histoire et a créé mon secrétariat en 1962. Tous les ans, je reçois un million de lettres. Depuis 1998, vous pouvez aussi me faire parvenir vos vœux par courriel. Une petite révolution.

Assumez-vous d’ailleurs votre part de responsabilité concernant ce réchauffement climatique dans votre région ? (Voir accent aigu) Il est vrai que depuis toutes ces années j’ai négligé mon empreinte écologique au profit du bonheur de tous les enfants du monde… Tout est naturel dans mon pays, mais je sais que mes rennes ont une fâcheuse tendance à relâcher du CO2 dans l’air. Il faudrait que j’en ai moins peut-être. À l’inverse de vous, la mère Noël ne se montre jamais, comment cela se fait-il ? Elle passe l’année entière dans votre maison ? Je vous vois venir. C'est fort possible de la croiser si vous venez chez nous. Mais, contrairement à ce qu'on dit, elle ne m'aide pas à distribuer les cadeaux. La mère Noël est mon épouse, pas mon assistante. Même si seul, la tâche est rude. Dans ma hotte, les écrans plats pèsent bien plus que les oranges de la fin du XIXe siècle. Mais, promis, je vais lui demander de venir vous voir un jour.

Avez-vous du réseau au pôle Nord ? Oui, j’ai du réseau chez moi. Mais figurez-vous que comme l'ont montré les Finlandais en 1927, je ne peux y habiter puisqu'il n'y a rien pour nourrir mes rennes. Je vis, en réalité dans un somptueux désert glacé, qui, je dois l'avouer, n'est plus ce qu'il était, à cause du réchauffement climatique.

Propos du père Noël recueillis par Lancelot Mésonier 5


Accent de la semaine Quel est le pays du père Noël ? Qui ne s’est jamais posé cette question ? L’endroit où réside le père Noël sur Terre est très controversé. Géolocaliser et s’approprier ce personnage mythique est devenu un enjeu économique et symbolique. Une bataille d’apparence géoculturelle, mais surtout géoéconomique.

Le père Noël, dans son village Finlandais de Rovaniemi. © Santa Claus Village

L

e père Noël est connu dans le monde entier. Affirmer que ce personnage folklorique habite dans un pays en particulier représente la promesse d’un flux touristique continu. Pour profiter de cette poule aux œufs d’or, les pays nordiques se livrent une bataille médiatique et culturelle. Chacun le voit chez soi, car le père Noël est devenu un objet d’appropriation au service du soft power du pays.

Un historique de déménagements Le premier lieu de résidence du père Noël qui fait l’unanimité dans l’imaginaire collectif se résume à l’ensemble du Pôle Nord, lors de la fin du XIXe siècle. Au début du XXe siècle, les Finlandais décrètent qu’il ne pourrait pas y vivre pour une raison élémentaire : impossible de nourrir ses rennes dans les étendues glacées de l’Arctique où rien ne pousse. En 1927, la Finlande fixe sa résidence en Laponie, au Korvatunturi. La région étant trop isolée, les Finlandais relocalisent le père Noël près de la ville de Rovaniemi. Ancienne ville minière et forestière, dévastée durant la Seconde Guerre mondiale, Rovaniemi est ainsi devenue un pôle d’excellence touristique. L’endroit est désormais connu comme « Le village du père Noël ». Aujourd’hui, sur les navigateurs de recherche, Internet

nous affirme qu’il s’agit bien du lieu de résidence de Santa Claus. Le village est la destination touristique la plus populaire de Finlande. En 1998, encore à Rovaniemi, a été fondé Santa Park, un parc à thème souterrain qui a permis de reconvertir un ancien abri de défense civil en parc dédié au bonhomme rouge. La Finlande est donc historiquement considérée comme le Pays du père Noël. Même la compagnie aérienne nationale Finnair s’autoproclame la « compagnie officielle du père Noël » et fait figurer le personnage sur certains de ses avions marqués du sceau : « Santa Claus Finland ». Mais cette première place en lice de la course au père Noël est contestée par de nombreux pays.

De nombreuses controverses Pour les Norvégiens, il n’y a aucun doute. Selon eux, le vieil homme barbu est né près de Drøbak, ce qui légitime que ce village soit le véritable lieu de résidence du père Noël. Les Suédois, eux, affirment que Santa réside à Santaworld, un parc d’attractions créé en 1984 sur la montagne de Gesunda, où le véritable atelier du père Noël serait localisé. Les Danois argumentent qu’il vivrait au Groenland, dans la commune de Uummannaq. Une boîte aux lettres géante érigée en monument trône à 6


Nuuk, la capitale, et est destinée à recueillir les lettres des enfants pour lui. Le père Noël russe, appelé Ded Moroz, habite depuis 1999 dans la ville de Veliki Oustioug, en Sibérie. En 1953, la résidence d’été du père Noël est bâtie à Val-David, au Québec, et reçoit plus de 3 millions de visiteurs. En 2008, le père Noël est devenu officiellement un citoyen canadien : le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration affirme lui avoir remis la citoyenneté en personne. Le gouvernement lui offre, ainsi qu’à sa femme, un passeport, en 2010. Si les Canadiens reconnaissent que le père Noël ne soit pas né dans leur pays, ils affirment qu’il vit désormais dans le Pôle Nord canadien, sur l’île d’Ellesmere, à une adresse précise : « Santa Claus, North Pole, Canada, HOH OHO ». Son code postal « HOH OHO » est créé spécialement pour rappeler son rire caractéristique. Plus d’un million de lettres y sont reçues chaque année. Il n’y a pas que les pays nordiques qui prétendent localiser la résidence de papa Noël. La Turquie, qui a vu naître Saint-Nicolas, le père Noël originel, garde ses reliques dans la région d’Antalya, capitale touristique du pays. L’Église Saint-Nicolas de Demre est désignée par le ministère turc de la Culture comme le musée du père Noël. Plus de 500 000 visiteurs y sont accueillis chaque année. La France revendique également une part du gâteau : les usines de jouets du bonhomme rouge seraient situées dans le Jura. À Moirans-en-Montagne, le musée du Jouet est

fondé en 1989. Une résidence secondaire du joyeux barbu serait également située dans les montagnes Jurassiennes. Dans le Pacifique, c’est l’île Christmas qui se revendique comme résidence secondaire du père Noël. Découvert le 24 décembre 1777, l’atoll Kiribati accueillerait Santa Claus, de passage quelques jours après le 25 décembre pour se reposer.

Une guerre froide économique ? Si la question de la localisation de l’homme barbu peut paraître naïve, elle constitue véritablement un enjeu économique majeur. Depuis 1999, quand la Russie affirme que le père Noël (ou plutôt son cousin Ded Moroz) se trouve en Sibérie, les touristes russes désertent progressivement le Village du père Noël finlandais. Les Russes constituaient auparavant la majorité des touristes en Finlande. En 2015, la résidence finlandaise du papa Noël est menacée de faillite, alors que les relations diplomatiques avec la Russie se refroidissent à la suite de l'interdiction d'entrée en Finlande du président de la Douma, Sergueï Narychkine. Les touristes russes sont 1,6 million à venir en Finlande en 2013 contre seulement 780 000 en 2015. Ainsi, le père Noël est instrumentalisé par les États, mis au service du soft power entre guerre culturelle et économique. Théo Zuili

Le village du père Noël en Laponie. © Santa Claus Village

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Accent Eco Noël : la machine à sous Noël est une fête qui rassemble et promeut le partage. C’est une période qui fait du bien au moral et pas seulement au vôtre, mais aussi à celui de l’économie. Nombreux sont les secteurs économiques qui dépendent de Noël pour faire leurs chiffres d’affaires.

Montant total des dépenses annuelles moyennes en euros à Noël. © Léo Ballery

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a fête de Noël est à l’origine une fête religieuse ou culturelle, mais depuis le 19e siècle elle a pris un tout autre sens. À l’époque, les grands magasins commencent à émerger comme Macy’s à New York en 1858 ou encore la Samaritaine à Paris en 1870. Ces nouvelles enseignes ont peu à peu modifié la manière de consommer, transformant Noël en fête plus consumériste détachée des aspects religieux. Depuis, la période des fêtes est devenue essentielle pour l’économie de certains secteurs autant nationaux que mondiaux. Le secteur le plus influencé par cette période est évidemment le marché du jouet qui réalise 35% de son chiffre d’affaires durant les fêtes. C’est également l’entièreté du secteur qui est influencé, de la production à la revente en passant par le marketing. Le marché du jouet tourne cinq fois plus à Noël, mais ce n’est pas le seul secteur à profiter de cette période clé. Le secteur du parfum produit 10,5 milliards d’euro tandis que la filiale du champagne réalise plus de 4 milliards d’euros de bénéfices chaque année. Plus surprenant, la vente de sapins génère 160 millions d’euros de bénéfices, un chiffre important sachant que le prix moyen d’un sapin est de 25 euros. C’est donc 6,4 millions de sapins vendus chaque année. Les marchés de Noël ne sont pas en reste. Malgré une baisse de leur fréquentation, ils sont toujours aussi nombreux, plus de 2 300 en Allemagne contre 273 en France, et génèrent près de 5 milliards de bénéfices. La période de Noël ne sert pas uniquement à l’économie de marché, c’est aussi une période essentielle pour les églises qui perçoivent 30% de leurs dons.

Un milliard de produits Au niveau mondial, ce sont les grandes entreprises qui contrôlent le business de Noël. Parmi elles, Amazon annonçait, en 2016, avoir expédié plus d’un milliard de produits à travers le monde durant la période de Noël. Pour cela, Amazon a eu recours à 200 000 employés aux États-Unis (habituellement, l’entreprise emploie moins de 100 000 personnes) et à 45 000 robots. Les fêtes de Noël permettent donc à Amazon de générer des milliards de dollars sur une courte période. La compagnie affirme d’ailleurs augmenter ses demandes de près de 70% chaque Noël.

L’après-Noël Àprès Noël, une seconde partie s’enclenche : la revente des cadeaux. Il est possible de recevoir un cadeau qui ne plaît pas ou que le destinataire a déjà. Dans ces cas-là, le destinataire a tendance à vouloir revendre son cadeau. En France, un Français sur cinq revend des cadeaux qu’il a reçus. Ce business d’Après-Noël génère chaque année 100 millions d’euros, de quoi ravir les sites de reventes. Noël est une véritable machine à sous. Cette période engendre des milliards à travers le monde. Même certains aspects des festivités rapportent de l’argent comme le lieu de résidence du père Noël. Par exemple, la Laponie, soi-disant le pays du père Noël, connaît chaque année un afflux de touristes permettant au pays de générer près de 70 millions d’euros. Léo Ballery 8


Accent Grave Les cadeaux de demain passeront par le pôle Nord Entre terrain de jeu géostratégique où les grandes puissances se côtoient et intérêts économiques et commerciaux, l’Arctique et les nouvelles routes maritimes du Grand Nord attisent les convoitises.

Un bateau de la Marine nationale dans les eaux de l'Arctique en octobre 2018. © Marine nationale

seraient les cargos de transport de marchandises en empruntant le passage Nord-Est, l’une des deux routes de l’Arctique, en voulant rallier Shanghai (Chine) depuis Rotterdam (Pays-Bas).

Divisées en deux passages, celui du Nord-Ouest longeant les côtes canadiennes et américaines (Alaska) et du NordEst qui passe au-dessus de la Scandinavie et qui longe les côtes russes, les routes de l’Arctique sont difficiles d’accès. Pendant la majorité de l’année, la glace du Pôle Nord ralentit voire empêche totalement la navigation dans la zone. Pourtant, qui dit réchauffement climatique dit fonte des glaces et donc ouverture progressive de ces routes historiques aux bateaux du monde entier. Et au vue du nombre de nouvelles bases militaires russes, américaines, canadiennes et européennes construites le long de ces routes maritimes, on comprend combien l’ampleur des retombées économiques attendues par ces États est grande dans un futur plus si lointain. Selon des chercheurs américains, les navires pourront presque voguer librement toute l’année dans les eaux glaciales de l’Arctique d’ici 2050.

Des gains de temps et d’argent Mais alors concrètement, que vont apporter ces nouvelles routes maritimes au commerce mondial ? Prenons un exemple. Lors des fêtes de Noël, vous commandez un nouveau téléphone portable de la marque sud-coréenne Samsung. Imaginons que votre précieux sésame parte de Busan (le plus important port du pays) en direction de Rotterdam (le plus grand port européen). Par le trajet “classique“, passant par le canal de Suez en

Égypte, il faudra 19 900 kilomètres de trajet avant que le cargo contenant le smartphone n’arrive en Europe. En revanche, passer par la voie maritime de l’Arctique raccourci le trajet de 5 700 kilomètres (14 200 km) entre les deux ports, par rapport à l’itinéraire de Suez. Force est de constater que ces nouvelles routes permettent des gains de temps et d’argent (moins de fuel utilisé) et sont pour l’instant beaucoup moins sujettes aux risques de piraterie. En tout cas une chose est sûre, le pôle Nord, centre historique de l’imaginaire collectif de Noël, n’a pas fini de croiser des navires dans ses eaux territoriales. Gage au père Noël de les esquiver avec son traîneau …

Carte des routes de l’Arctique © planète-énergie.com

10 000 kilomètres. Voilà le raccourci que réali-

Alixan Lavorel 9


Accent Aigu Alerte pollution au pays du vert Noël

Selon le dernier rapport du Giec, les calottes de Groenland et de l'Antarctique ont perdu plus de 400 milliards de tonnes de masse par an depuis 2005.

Le pays du père Noël est-il l’un des grands responsables de la fonte des glaces ? Sa vie économique est rythmée par la conception, la production et le transport de plusieurs centaines de millions de cadeaux et de confiseries. Mais à quel prix pour la planète ?

L

es fêtes de Noël sont essentielles à la prospérité économique du pays du père Noël, seulement elles font payer au monde un lourd tribut écologique. Considérons que ce pays soit peuplé du père Noël et de sa femme (pour la conception), de quelques centaines de milliers de lutins (garants de la production) et de plusieurs millions de rennes (transport oblige), soit une population comparable à celle d’un petit pays européen comme la Slovénie. La Terre est peuplée de 1,8 milliard d’enfants de moins de 14 ans (1). Supposons qu’il y ait sur Terre environ 1 milliard d’enfants de moins de 9 ans (au-delà, ils ne croient plus au père noël) et sachant qu’un foyer moyen est composé de 3,5 enfants (2), alors les enfants habitent dans 258 millions de maisons. En éliminant la plupart des foyers musulmans, hindous ou même juifs, ne gardant que les enfants athées et chrétiens, la charge de travail est réduite à 15 % des foyers du monde à visiter, soit 38 millions de maisons. Ainsi, avec 38 millions de foyers à 3,5 enfants, pour une moyenne de 5,5 cadeaux par enfant (3), le pays du père Noël produit et livre 731 millions de cadeaux par an. Comment un si petit pays peut-il répondre à une si grande demande? Et bien, le pays du père Noël a délocalisé 90 % de sa production de jouets vers la Chine qui, selon le groupe Greenflex, rejette 46 000 tonnes de CO2 rien que pour les jouets européens.

Le père Noël, son traîneau et ses 8 millions de rennes Lors de sa tournée de décembre, le père Noël se déplace en traîneau tracté par des rennes. Si un renne a une force

de traction de 150 kg et qu’un cadeau pèse environ 1,7 kg (4), alors pour transporter 731 millions de cadeaux il faut mobiliser plus de 8 millions de rennes. Un bovin moyen émet 6,25 kg de CO2 par jour, la seule tournée du père Noël émet donc 51 000 tonnes de CO2, autant que les émissions annuelles de 4 250 foyers français. De nombreux autres facteurs de pollution plus marginaux peuvent aussi être pointés du doigt. Par exemple, les emballages cadeaux ou les sapins de Noël sont à l’origine de la coupe de plu-sieurs millions d’arbres. Les caprices du père Noël, qui demande à chaque foyer un verre de lait et quelques biscuits, équivaut à presque un millier de litres de lait (5). Évidemment, tous ces calculs, sans être exhaustifs, servent à illustrer une empreinte globale. Pour autant, ils reflètent une triste réalité. Le pays du père Noël est depuis toujours un havre de paix au nord du monde, protégé par la neige de la curiosité de tous. Or, en continuant à prospé-rer sur la seule rente des fêtes de Noël et l’exportation de jouets, le pays participe au réchauffe-ment climatique et donc à sa propre destruction. En produisant plus de cadeaux immatériels, en relocalisant sa production de jouets sur son terri-toire ou en utilisant des moyens de transport moins encombrants et polluants comme le train, le père Noël et ses compatriotes s’engageraient dans une dynamique plus durable, plus écologique, ce qui ne veut pas dire, moins magique. (1), (2) : source La Banque Mondiale. (3), (4) : source Planetoscope (5) : étude Greenpeace 2014

Vincent Imbert 10


French Accent À vos stylos, prêts, partez…

Une soixantaine de personnes, à La Poste de Libourne (Gironde), réceptionnent les lettres adressées au Père Noël. © MAXPPP

Il ne reste plus qu’une semaine pour envoyer sa lettre au père Noël. Le service français, La Poste, a ouvert son secrétariat du père Noël, le 6 novembre, à Libourne (Gironde). Les enfants ont jusqu’au 17 décembre maximum pour écrire ce qu’ils veulent recevoir comme cadeaux pour les fêtes de fin d’année.

«

On a vraiment l’impression que la première lettre qu’on écrit dans sa vie c’est celle pour le père Noël et c’est un passage dans l’étape de l’enfance », affirme Véronique Teulières, directrice du service client de Libourne. Une vraie tradition. Chaque année vient le moment d’envoyer sa lettre au père Noël. Livres, jeux de société, poupées, appareils photo, vélos ou encore consoles… Les demandes sont variées. L’objectif reste simple : dans chaque lettre doit se trouver la liste des cadeaux souhaités. Beaucoup sont prêts à faire preuve d’imagination pour espérer recevoir ce qu’ils demandent. Les adresses du père Noël sont aussi souvent le fruit de l’imagination des enfants. En passant par la Laponie, la rue des nuages, le pays des étoiles et le Pôle Nord, difficile de savoir où habite réellement ce vieil homme barbu. Les petits peuvent être rassurés, tant que la lettre est adressée au père Noël, chacun aura une réponse. Une réponse qui ne vient souvent pas du bonhomme rouge lui-même, tant il est occupé. Mais heureusement pour lui, les lutins de La Poste de Libourne lui viennent en aide.

milliers de lettres qui arrivent chaque année. Chaque postier lit attentivement les demandes des enfants et prend la peine d’y répondre à l’adresse de l’enfant écrite au dos de l’enveloppe. Et cela fonctionne. Plus de 1, 2 million d’enfants dans le monde continue d’envoyer des lettres chaque année. Ouvert depuis 1962, ce service rencontre un grand succès et continue de perpétuer l’émerveillement des petits comme des grands. Aussi âgé qu’il puisse paraître, le père Noël accepte également les lettres envoyées par mail sur le site de La Poste de Libourne. Il ne reste plus qu’à attendre que la magie opère et que les cadeaux arrivent au pied du sapin.

1,2 million de lettres en provenance de 132 pays du monde

Des lettres venant du monde entier Mobilisant une soixante de lutins postiers, le secrétariat du père Noël de Libourne n’a pas fini de réceptionner les

Lucile Brière 11


Un père Noël aux multiples origines Dans l’imaginaire collectif, le père Noël est un héros insaisissable à la productivité irréprochable. Les enfants du monde élaborent leur propre représentation de ce personnage mystérieux et mythique.

L

e père Noël est une figure emblématique des fêtes de fin d’année, pourtant difficile à approcher. Avec un œil partout, ce gouverneur a pris l’habitude de travailler d’arrache-pied avec ces lutins, pour offrir un Noël rempli de cadeaux. Muni de ces lunettes, il lit toutes les lettres de souhaits des marmots dans toutes les langues du monde.

de la naissance de Jésus. La livraison de cadeaux est également associée à la naissance de Jésus. Les catholiques ne supportent alors pas l’emprise protestante sur cette nuit sainte et transforment Santa Claus en père Noël.

Cette pratique continue d’exister aujourd’hui, au moins le temps de l’ignorance des plus jeunes. Pour les plus curieux, penchons-nous sur les origines de la légende populaire. Retenons que de par son invisibilité, il sera difficile de soutirer des déclarations du père Noël à la voix rauque, restons donc objectif et impartial. L’histoire commence avec l’évêque Nicolas de Myre au IIIe siècle en Turquie. Grâce à l’héritage de ses parents défunts, il offre ce qu’il possède aux enfants dans le besoin. Après sa mort, le saint est fêté tous les 6 décembre, un jour qui devient aussi en Europe, le moment où le généreux sur son âne récompense les enfants sages.

Le père Noël fantastiquement énigmatique reste taciturne si tu n’es pas un lutin.

Au XVIIe siècle, lorsque les Néerlandais arrivent en Amérique, ils apportent avec eux Saint Nicolas, alors appelé Sinterklaas. Les Anglais du continent le renomment Santa Claus, mais ce sont les colons d’Amérique qui associent la fête de Santa Claus à celle

En 1823, dans un poème du pasteur Clement Clarke Moore, Santa Claus ressemble pour la première fois à un homme dodu portant une longue barbe blanche. À travers les vers, le traîneau grinçant en bois, les rennes dont les grelots s’entrechoquent, la cheminée en pierre et les chaussettes remplies de cadeaux naissent aussi. Quelques années plus tard, le manteau rouge du père Noël venant du Pôle Nord est illustré par Thomas Nast, un dessinateur germano-américain. Ce n’est donc pas Coca Cola qui a imaginé ce costume mythique. La marque de soda utilise simplement l’image bienveillante d’un personnage légendaire et charitable dans ses publicités hivernales. Seulement, l’image de générosité de ce père Noël sera-t-elle immortelle ?

Eulalie Pernelet


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