10 du mat num iscpa 19012016

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Il ne fait pas bon être chrétien

PROMOTION 2015 / 2016

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ISCPA

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- MARDI 19 JANVIER 2016 N°2

Actualité, analyse et dérision, tout sur les religions à Lyon

Schisme chez les Anglicans p3

Sciences Po, antisémite ? p6 www.10dumat.iscpalyon.com

Les druides du futur p7


Le monde des religions

EDITO

David Hernandez rédacteur en chef

Prêcher la bonne parole…

A

près le port de la kippa, la rédaction du 10 du mat s’attaque aux actes anti-chrétiens. On a fait le choix de ne pas considérer une religion plus qu’une autre. Nous ne sommes pas des médiateurs puisque nous sommes là pour vous faire découvrir des vérités sur les différentes religions et pourquoi pas instaurer un dialogue. Un échange que le pape François essaye d’instaurer à plus grande échelle avec l’islam et le judaïsme. Ce weekend, il s’est rendu pour la première fois de son « mandat » dans la synagogue de Rome. «Ni la violence ni la mort n'auront jamais le dernier mot, parce que Dieu est le Dieu de l'amour et de la vie». Un geste et un texte fort dans une période où les relations entre religions sont mises à mal par les différents attentats. Loin de nous la pensée d’une relation judéochrétienne. Courant 2015, le Pape avait instauré un dialogue interreligieux où l’imam Azzedine Gaci avait été convié. Une volonté affichée par le Vatican de passer par l’échange pour arriver à une amélioration des relations entre les trois religions monothéistes. C’est dans cette optique que des initiatives comme « la religion autour d’un Kawaa » à Paris est porteuse d’espoir. Ce ne sont pas les politiques qui pourront enlever tous les préjugés mais les gens comme vous et moi autour de débats et de découvertes.

Pour réagir et approfondir la lecture www.10dumat.iscpalyon.com Directrice de la publication Isabelle Dumas Directeur de la rédaction Claire Pourprix Rédacteur en chef David Hernandez Rédacteurs

Axel Poulain, Lilian Gaubert, Laura Turc, Florentin Perrier, Maxime Feuillet, Leo Roynette, Léa Masseguin, Charline Bakowski, Hugo Borrel, Charlène Ravella, Pierre-Antoine Barrut, Arnaud Bastion, Johanne-Eva Desvages, Paul Dalas, Stéphane Monier, Morgan Couturier.

Quand le Vatican se fait doser par la paroisse de Craponne Dimanche, lors de la Journée mondiale du migrant et du réfugié le pape a rappelé que l’Europe doit continuer d’accueillir les migrants. Plus de 5 000 d’entre eux étaient réunis sur la place Saint-Pierre à Rome pour l’écouter. Une aide que le diocèse de Lyon assure depuis des mois.

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hers migrants et réfugiés, chacun de vous porte en lui une histoire, une culture des valeurs précieuses mais aussi des expériences de misère, d’oppression et de peur. Notre présence sur cette place est un signe d’espérance en Dieu". Ce sont par ces mots que les migrants ont été accueillis par le Pape. Un discours fait d’aide et d’entraide que l’on retrouve en France et à Lyon. Le Diocèse de Lyon apporte une aide depuis un peu plus d’un an à ces nouveaux arrivants sans papiers. Venus des Balkans pour la plupart, ces réfugiés vagabondent depuis des mois entre squats et centre d’accueil. De juin à novembre, la paroisse de Craponne, par l’intermédiaire du cardinal Barbarin, a accueilli une douzaine de familles de migrants albanais et serbes dans un ancien presbytère. Une situation temporaire « afin de leur donner un abri et des notions de français pour s’intégrer » explique Jean-Pierre, l’un des paroissiens. Comme les autres bénévoles de la paroisse de Craponne, il s’est senti investi face à la situation : « on a essayé de les aider même si on sait que la régularisation ne dépend pas de nous ». Avec la question de la déchéance de la binationalité posée dans le débat politique français, l’avenir de ses familles est incertain.

Religion autour d’un kawaa

L

a religion, c’est le nouveau concept à la mode. Le Kawaa, l’occasion de créer des rencontres et de discussions. Des discussions autour des différents sujets de société qui touchent notre pays. À Lyon, l’expérimentation a été de courte durée et selon l’organisme que contacté par la rédaction du 10 du mat’, la plupart des réunions se feront à Paris. La prochaine soirée est prévue ce jeudi avec un comme thème : « Un café pour vaincre les aprioris ». Dans un contexte politique compliqué, la France a plus que jamais besoin de ces initiatives pour ouvrir le débat sur des questions de religions.

45%

des jeunes kowetiens interogés par l’institut américain Zogby Research Services ont répondu non à la question : “Pensez-vous que des groupes comme Daesh ou Al Quaïda sont une perversion de l’Islam. Au Maroc ils sont 93% à s’en indigner.

La main servie sur un plateau

C

’est la terrible mésaventure d’un ado-

lescent survenue en fin de semaine dernière au Pakistan. Un jeune musulman de 15 ans a eu le malheur de lever la main à la question : « Qui ne dit plus les prières pour célébrer le prophète ? ». Un malentendu pour l’adolescent qui n’avait pas compris le sens de la question correctement et que l’imam Shabbir Ahmed a considéré comme blasphème. A son retour à la maison, le jeune musulman a donc décidé de se couper la main qu’il avait levé en guise de punition. L’imam a été arrêté samedi par la police pakistanaise. Les musulmans de Lyon comme Idriss dénoncent « un acte barbare et extrémiste qui ne fait pas du bien à notre religion ».

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Actualité

Mariage homosexuel : la question qui divise l’Église anglicane Le mariage homosexuel fait débat au sein d'une même confession. D'un côté ceux qui sont contre, de l'autre l'Église épiscopale des Etats-Unis, qui célèbre les unions entre les personnes de même sexe. Ce qui n'a pas été sans conséquences pour cette dernière. hands n

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© Google Street View

L’Église Anglicane de Lyon peut compter sur ses 200 fidèles.

Laura Turc

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’Eglise anglicane n’est pas passée loin du schisme, c’est-à-dire la division au sein d’une même communion. En effet, lors de son synode qui s’est déroulé du 11 au 14 janvier, à Cantorbéry en Angleterre, la Communion anglicane a annoncé que l’Eglise épiscopale des Etats-Unis ne pourra plus la représenter dans les instances œcuméniques pendant trois ans. « Pendant trois ans, l’Église épiscopale ne sera plus considérée comme un de nos membres. […] Ses dirigeants ne prendront plus part aux décisions sur les sujets doctrinaires ou de règlements », peut-on lire dans un communiqué daté du 14 janvier. La raison ? La branche américaine de l’anglicanisme bénit des unions entre homosexuels. Ce qui n’est pas du goût de l’Eglise anglicane. « En changeant récemment ses règles sur le mariage, l’Église épiscopale a créé une rupture fondamentale sur la foi et l’enseignement de la doctrine du mariage portée par la majorité de nos Provinces », détaille le communiqué. Comme le précise Régine Maire, bibliste théologienne : “L’Eglise anglicane se divise en deux sur la question du mariage homosexuel : l’église épiscopale (l’Eglise des Etats-Unis) et du Canada face à l’Eglise d’Angleterre et, notamment, des pays africains”, comme le Kenya ou le Nigéria. Pour Ben Harding, aumônier à l’Eglise anglicane à Lyon : “Le but n’est pas d’être tous en accord car c’est impossible d’avoir la même façon de regarder les choses dans une même communion, où des gens viennent de pays différents. Le mariage homosexuel est interdit, par la loi, dans certains pays d’Afrique, notamment, ce qui peut être dangereux pour eux.” L’Eglise du Canada non sanctionnée Pour eux, il n’y aura donc pas de conséquences majeures après la suspension de l’Eglise épiscopale des instances oecu-

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Comment s’organise l’Église Anglicane ? La Communion anglicane est une confession du christianisme, qui se situe entre le catholicisme et le protestantisme. Elle rassemble environ 77 millions de fidèles dans le monde. Les Églises anglicanes ont une structure épiscopale, elles ont conservé une partie de l’organisation hiérarchique catholique, mis à part le cardinalat et la papauté. L’Église anglicane est divisée en 38 Eglises épiscopales (ou provinces), par exemple : l’Eglise d’Angleterre, l’Eglise épiscopale des Etats-Unis, du Canada, d’Ecosse, du Rwanda, du Burundi, Eglise du Bangladesh, etc. Elles sont réunies en communion avec l’Archevêque de Cantorbéry, le primat Justin Welby.

méniques. “Il y a en a une par continent et une internationale, où l’Eglise anglicane est représentée mais pas le Vatican. Et je ne crois pas qu’il puisse y avoir d’interdits posés de façon globale et internationale. Cela se gère plutôt localement. Surtout que les autres Eglises n’ont pas leur mot à dire. Je ne pense donc pas que cela joue véritablement sur les relations oecuméniques”, déclare Régine Maire. Cependant, l’Eglise du Canada, tout aussi libérale que l’Eglise épiscopale à propos de l’homosexualité, échappe aux sanctions, car, elle n’a pas – encore – mis en place des cérémonies pour célébrer les unions homosexuelles. « L’Église anglicane pourrait se diviser car c’est une Eglise très diverse » Depuis plusieurs années déjà, la Communion anglicane s’oppose sur la question du mariage homosexuel. “Tout comme dans l’Eglise protestante de France, où il y a encore un débat à l’intérieur même de l’institution. Il n’y a pas encore d’accord là-dessus”, soulève Régine Maire. Alors que la position du Vatican face au mariage homosexuel est bien claire : “le mariage s’applique uniquement à un homme et une femme”, comme le rappelle Régine Maire, et ce que soutient Ben Harding. L’église épiscopale, même si elle est sanctionnée, pourra continuer à célébrer les unions entre deux personnes du même sexe “car ils ont évité la division”, a déclaré la bibliste. Mais Ben Harding n’est pas totalement optimiste face au schisme qui pourrait diviser l’Eglise anglicane : “C’est toujours possible car c’est une Eglise très diverse. Mais ce qui pourrait être intéressant c’est de voir si l’Angleterre va rester le centre du pouvoir.” Avant de conclure : “Il y aura toujours des désaccords mais ce que j’aime dans l’Eglise, c’est qu’ils essaient de trouver un moyen de vivre ensemble malgré nos différences”, confie l’aumônier.


Le dossier

Christianophobie : la recette de

l'étouffe-chrétien

En France, on recense chaque année plusieurs centaines d’actes dits anti-chrétiens qui peuvent aller de la simple insulte aux incendies criminels de paroisses. Des trois plus grandes religions pratiquées dans l’Hexagone, le christianisme est le culte le plus touché par ces dérives. Eclairage hand

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Maxime Feuillett Léo Royenette

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glises vandalisées, tombes profanées, croix tronçonnées, curés et fidèles agressés ou insultés… Les actes christianophobes sont aujourd’hui devenus récurrents dans la société française. En 2008, un rapport du ministère de l’Intérieur évoquait 304 atteintes aux édifices religieux et aux sépultures perpétrées à l’encontre des religions chrétienne, israélite et musulmane, dont 275 pour les sites chrétiens. Depuis, ces chiffres sont en constante hausse et pour 2014, la Place Beauvau dénombrait 807 atteintes dont 673 contre des sites chrétiens. L’Islam et le Judaïsme n’échappent pas au phénomène. En 2008, pour la première année de publication de ces rapports périodiques, on comptait 14 sites musulmans et 15 sites israélites touchés ; en 2014, 64 sites musulmans et 64 sites israélites. Des chiffres qui devraient être largement plus élevés pour l’année 2015, marquée par les attentats à Paris et qui s’est notamment achevée sur les spectaculaires événements islamophobes d’Ajaccio, en Corse. Les cimetières et lieux de culte catholiques, plus nombreux dans l’Hexagone, sont donc, selon les chiffres de ces rapports ministériels, les plus visés par ces atteintes à caractère religieux. Pourtant, plusieurs voix s’élèvent dans la blogosphère chrétienne traditionnaliste (proche de l’extrême droite) pour dénoncer un manque de médiatisation lorsqu’il s’agit de christianophobie plutôt que d’islamophobie ou d’antisémitisme. Ces polémiques et interrogations trouvent même écho dans les couloirs de l’Assemblée nationale lorsqu’en 2013, le député du Rhône Patrice Verchère (Les Républicains), interpelle Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur à ce sujet. Le député évoque « le traitement de l’information (qui) laisse penser que certaines religions sont largement plus visées que d’autres » par ces actes de vandalisme. Il nous explique aujourd’hui le sens de sa question : « Je sentais qu’on faisait beaucoup d’articles, en tout cas des articles plus importants, sur les profanations de lieux

de culte musulmans et juifs alors qu’en fait, on se rend compte qu’il y a beaucoup plus de lieux de cultes chrétiens touchés par ces atteintes. Je voulais savoir si ce qu’on disait sur les profanations des sites chrétiens sur internet était vrai, donc je me suis dit, le meilleur moyen de savoir, c’est de poser la question au ministère de l’intérieur pour connaître les plaintes et faits réels à ce sujet. »

Des sites internet spécialistes de la christianophobie

Plusieurs sites internet se chargent exclusivement de répertorier les actes christianophobes. En 2005 était lancé Indignations. org (inactif depuis février 2012), blog tenu par des croyants et agnostiques, qui voulaient « recenser autant que possible les actes de profanation qui ont lieu chaque semaine dans l’indifférence générale pour alerter l’opinion sur les faits de violence dont sont victimes les chrétiens, tant sur le sol français, qu’à l’étranger ». En 2010 est apparu un autre blog du même type : L’Observatoire de la Christianophobie, animé par des croyants proches du réseau Riposte Catholique. Sur l’année 2015, le site a été consulté plus de 2,8 millions de fois. Il publie en moyenne 6 à 7 articles par jour exclusivement rédigés par Daniel Hamiche, journaliste catholique traditionnaliste et rédacteur en chef du site. « Le blog a d’abord pour but d’informer le public qui a droit à la vérité sur ce phénomène planétaire de persécutions ou de discriminations que subissent les chrétiens » nous explique-t-il. « Les informations viennent de trois sources différentes. Les moteurs de recherches et mes recherches personnelles sur le net, la lecture quotidienne de sites étrangers, religieux et laïcs, spécialisés sur les persécutions contre les chrétiens dans le monde et enfin les informations exclusives fournies par les lecteurs du site. Celles-ci sont de plus en plus nombreuses mais parfois aucun média local n’en donne le moindre écho ». Hamiche justifie : «

"Des tags proIslam sur l'église de Chassieu en 2012"

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Trois semaines après l’acte de vandalisme sur l’église de Chassieu, une centaine de personnes s’étaient rassemblées sur son péron.

Souvent, les victimes de ces actes ne les signalent ni aux autorités, ni aux médias. Quand une église est taguée, le curé se contente de signaler le fait au maire qui fait intervenir les services municipaux pour effacer ou recouvrir l’inscription haineuse mais parfois mais ni le maire ni le curé ne le signaleront à la police ou aux médias ».

Qui sont les auteurs de ces actes ?

En 2012, c’est l’église Saint-Galmier de Chassieu qui était victime d’un acte de vandalisme de ce genre. Plusieurs tags avaient été laissés en orange sur les murs de la paroisse. Sur ceux-ci, on pouvait lire « l’Islam monte en force » ainsi que le nom du terroriste

7100 chrétiens tués en 2015 Portes Ouvertes est une association indépendante qui œuvre pour les communautés chrétiennes amputées de leur liberté religieuse à travers le monde. L’organisation a établi un index mondial de persécution des chrétiens dans le monde en 2015, sous la forme d’un classement. Et c’est sans surprise au Moyen-Orient que ces fidèles sont les plus atteints dans leur liberté de culte. Une menace qui s’étend du Maghreb jusqu’en Extrême-Orient, en englobant l’Asie centrale et l’Asie du sud-est. C’est la Corée du Nord qui occupe la première place du classement pour la 14ème année consécutive, talonnée par l’Irak, l’Érythrée, l’Afghanistan et la Syrie. Pour élaborer ce classement, l’association s’est basée sur de nombreux facteurs tels que la vie privée, la vie familiale, la vie sociale, la vie civile, la vie ecclésiale (qui constituent la « persécution étau » invisible à l’œil nu) et la violence réelle (qui constitue la « persécution marteau »). On distingue 4 tendances : une progression constante des persécutions, un extrémisme islamique qui est devenu la 1ère source de persécution (dans 35 des 50 pays cités), un refus de coexister avec les chrétiens et enfin la persécution d’Etat, instrumentalisée par la Corée du Nord (qui se veut athée) et en Inde par exemple où l’hindouisme est utilisée pour cimenter la nation en dépit des minorités.

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« M.Merah ». Trois semaines plus tard, une manifestation était organisée rassemblant une centaine de personnes (dont des militants FN et des identitaires lyonnais) sur le perron de l’église. Georges Laïlo, curé de la paroisse, se souvient : « Profaner un lieu de culte est une offense qui peut menacer l’équilibre des religions. Le cardinal Barbarin nous avait demandé d’ouvrir les portes de notre église pour dialoguer avec les jeunes présents lors de cette marche. On a écouté leur réaction puis on leur a dit des paroles d’apaisement. Il fallait qu’on essaye de se donner la main pour construire un monde un peu plus pacifique ». Il est relativement difficile de dresser un portrait-robot des auteurs de ces actes puisqu’il existe une large diversité dans les motivations des profanateurs. Interrogé par Atlantico en mai 2015, Jean-Pierre

Bouchard, psychologue et criminologue, expliquait que « les individus qui commettent ces profanations répondent souvent d’une forme de sectarisme religieux, dont de revendications anti-chrétiennes. Cela peut venir de personnes qui croient en d’autres religions, notamment l’Islam, mais il peut également y avoir des individus qui pratiquent la démonologie ». Mais, selon un rapport de la Gendarmerie nationale : « les personnes interpellées indiquent la plupart du temps avoir agi sans motivation idéologique, par jeu, défi, mimétisme ou désœuvrement ». Un rapport qui souligne par ailleurs que la présence d’alcool est un « facteur important de passage à l’acte particulièrement chez les adolescents et les jeunes adultes ». Le Sang du Christ est à consommer avec modération.

"Pas de profils types chez les auteurs de ces actes"

Une persecution

internationale ©Portes Ouvertes


Société

Antisémitisme à Sciences Po : des propos qui dérangent C'est une première pour la prestigieuse école de Sciences Po. La semaine dernière, l'administration de l'établissement parisien a annoncé l'exclusion définitive d'une étudiante koweïtienne pour avoir rédigé des propos antiséhands mites sur Facebook, en octobre dernier. hand

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xclusion définitive de Sciences Po Paris. La sentence est lourde, et pour cause ! En octobre dernier, Amira, étudiante en troisième année de cette prestigieuse école, avait tenu des propos antisémites violents sur une page Facebook : "Vous les juifs (...), vous n’êtes à votre place nulle part dans ce monde (…) Je viens du Koweït et mon pays peut vous acheter, vous et vos parents, et vous mettre dans des fours ». Ces mots avaient été découverts par The Inglorious Basterds (voir encadré), un collectif contre l’antisémitisme, souhaitant faire la « liquidation de nazis », comme l’indique sa page d’accueil. Après avoir immédiatement été renvoyée de son stage à l’ambassade de France aux Etats-Unis, la jeune koweïtienne vient d’être exclue définitivement de son établissement. Selon la section disciplinaire qui a instruit le dossier pendant deux mois, ces propos sont « inac-

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Léa Masseguin ceptables » et « contraires aux valeurs et aux missions de l’Institut d’études politique de Paris ». « Des propos insoutenables » Et lorsqu’on leur demande leur avis, les étudiants de Sciences Po sont partagés. Lorsqu’il étudiait au campus de Lyon, Mickaël Chailloux a ressenti au sein de sa promotion une certaine forme d’antisionisme (c’est-à-dire l’hostilité à l’existence ou à l’extension de l’Etat d’Israël), « mais cette notion peut se confondre avec l’antisémitisme. Ces propos ne m’ont donc pas vraiment étonné, souligne-t-il. Par contre, je n’ai jamais entendu de tels propos envers les Juifs à ce niveau-là ». Pour Pauline Tugend, étudiante à Sciences Po Lyon, les propos d’Amira sont « insoutenables » et doivent être condamnés : « Je comprends que l’école ne puisse se voir associer de tels propos et être accusée de conserver dans ses rangs tant de haine intolérable ». Mais les élèves s’interrogent : quelles vont être les conséquences pour celle qui a été exclue ? Va-t-elle changer d’opinion pour autant ? Rien n’est moins sûr.

Les propos d’Amira Jumaa sur le site Facebook. Le nom de son interlocuteur a été dissimulé. © theingloriousbasterds

Sciences Po et ses valeurs fondatrices Dans l’établissement le cas d’Amira serait toutefois un cas isolé. Sur leur site internet, Sciences Po se définit comme une université « ouverte sur le monde » qui « aime mélanger les approches et croiser les regards ». Hanoues Seniguer, maître de conférences à Sciences Po Lyon le confirme : « L’ensemble du corps professoral promeut des valeurs à travers ses enseignements. Pour ma part, j’essaie de concourir à la déconstruction des préjugés racistes. Lui non plus n’a jamais ressenti d’antisémitisme au sein de l’établissement. Au contraire. « Les élèves sont curieux et s’interrogent sur le monde et la société. Les échanges sont critiques et dynamiques ; je n’ai jamais entendu de propos outranciers », affirme-t-il. Mais comme partout, les propos haineux envers une communauté ou une religion sont malheureusement inévitables. «À Sciences Po, comme c’est une grande école, on a l’impression qu’on est entre gens bien et respectables, qu’il n’y a jamais de propos qui dépassent les autres, explique Mickaël. En fait, il a beaucoup de bluff dans tout ça. Les gens viennent de tous horizons et les opinions politiques sont divergentes ». Pauline le rejoint sur ce point : « On a beau transmettre toutes les valeurs du monde mais si les gens arrivent à Sciences Po avec une idéologie déjà plus ou moins constituée, ils repartiront sûrement avec ».

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Il était une foi...

Les Druides Si tout le monde connaît les grandes religions monothéistes, d’autres formes de spiritualité comme le néo-druidisme rassemblent de plus en plus d’adeptes. Terre, nature, dieux et cérémonies, le néo-druidisme et même reconnue comme religion à part entière. Pierre-Antoine Barrut

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anoramix, le druide des aventures d’Astérix, peut se rassurer, ses pratiques religieuses continuent à attirer des milliers de fidèles à travers le monde ! Apparu à l’âge de fer dans les régions celtes de l’Europe, le druidisme, était une religion polythéiste, basée exclusivement sur la transmission orale, favorisant ainsi sa disparition au Moyen-Age, lors de l’émergence du christianisme. Deux siècles plus tard, en 1717, sous l’impulsion de John Toland, historien et philosophe irlandais, et de Une cérémonie druidique du premier quelques fidèles qui avaient gardé la connaissance novembre dans le nord de l’Irlande. de cette philosophie, un nouvel ordre druidique fût créée sous le nom de Druid Order.

Le néo druidisme

Au centre des croyances du néo druidisme, se situent la Terre et la Nature, considérées comme des éléments sacrés et vénérables. Ses fidèles appliquent la doctrine panthéiste, considérant que tout ce qui existe sur Terre est Dieu. De plus, les néo druides vouent un culte aux ancêtres de leur croyance, croient en l’immortalité de l’âme et en la réincarnation. Ces derniers utilisent les mêmes codes, notamment vestimentaires et pratiques rituelles, que leurs prédécesseurs. Ils exercent en effet leur pratique religieuse en se réunissant dans la nature, le plus souvent autour de points d’eau ou d’autels. Lors de ces rassemblements, ils sont vêtus

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d’habits cérémoniels, identiques à ceux des druides d’époque, et méditent sur les forces de la nature qui les entourent. Ils se réunissent afin de célébrer les quatre grandes dates du calendrier druidique : 1er novembre, la plus importante car elle symbolise le passage d’une année à une autre, 1er février, qui célèbre l’équivalent de notre printemps, 1er mai, le début de la saison claire et le 1er août, « Lugnasad », qui célèbre la plus grande fête druidique.

Plusieurs milliers d’adeptes à travers le monde Réapparut donc en Irlande et au Royaume-Uni, le

néo druidisme s’est étendu en Europe, notamment en France et aux Pays-Bas. Ce dernier est depuis 2010, le premier culte néopaïen reconnu comme une religion au Royaume-Uni. En plus de connaître un fort succès en Grande-Bretagne avec 10 000 pratiquants reconnus, le néo druidisme compte dorénavant des dizaines de milliers d’adeptes dans le monde. Ainsi, il y a six ans, la Commission des organisations caritatives anglaise, a reconnue une communauté de druides, le Druid Network, comme œuvre de bienfaisance. Enfin, le phénomène du néo druidisme n’est pas prêt de s’arrêter car grâce à la vague écologiste que connaissent nos sociétés et à la proximité de cette religion avec la nature, le nombre de ses adhérents est en constante augmentation.


REPONSE 4 : Il s’agit là d’un épisode de l’histoire qui a fait naître le protestantisme. Au début du XVIème siècle, la papauté décide, pour financer le dôme de l’église Saint Pierre de Rome, de proposer le pardon des péchés contre la vente d’indulgences. Le moine allemand Martin Luther s’éleva contre ce trafic des indulgences et afficha sur la porte de son église 95 thèses contre les indulgences.

REPONSE 3 : Selon les protestants, le croyant est seul responsable devant Dieu et ne doit pas passer par des intermédiaires pour dialoguer avec lui. La confession est don inutile. Ils remettent également en question la présence de Jésus lors de la Cène et la transubstantation du corps et du sang du Christ en pain et en vin. Enfin,

REPONSE 2 : Selon le Coran, le prophète a dit : « Il n’est pas permis à un musulman de fuir son Frère plus de trois jours, chacun se détournant de l’autre lorsqu’ils se croisent. Le meilleur des deux est celui qui salue le premier ».

REPONSE 1 La Halakha regroupe l’ensemble des prescriptions, coutumes et traditions collectivement dénommées « Loi juive ». Essentiellement fondée sur la Bible hébraïque et, dans le judaïsme rabbinique, sur le Talmud, la Halakha guide la vie rituelle ou les croyances de ceux qui la suivent et les nombreux aspects de leur vie quotidienne. Le Talit est lui un vêtement de prière juif, et la Mezouzah, enfin, est un objet de culte juif qui se fixe aux portes des habitations des croyants.

les protestants rejettent l’autorité du Pape, qu’ils considèrent comme humain et donc faillible.

A-- La confession B- - La présence réelle de Jésus lors de la Cène C- L’autorité du Pape QUESTION 1

QUESTION 2

Quelle est le nom de la loi juive ?

Qui sont les ancêtres de tous les musulmans?

A-- La Halakha B- - Le Talit C-- La Mezouzah

A-Ibrahim et Zora B- - Moïse et Ava C- Adam et Ève

QUESTION 3

QUESTION 4 Qu’étaient les Indulgences ?

Que rejettent les protestants ?

A- Des remises de peine de prison sous volonté du Pape B-L’annulation d’une condamnation à mort à condition de réciter l’évangile selon Saint-Luc C-Le pardon de tous les péchés en échange d’une somme d’argent

Quiz écrit en collaboration avec Michel Younes, docteur en théologie et philosophie et professeur à l’Université Catholique de Lyon (UCLy).

Le quiz de la rédaction


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