GONE SKATE MAG #3

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SKATEBOARD MAGAZINE Été 2012



Edito Eté 2012

Photo: Fabien Ponsero

Et de 3 !

Bienvenue dans notre troisième numéro de Gone. Ça va donc bientôt faire une année que la petite initiative a germé. Oui il y a un an, le premier numéro se mettait en place, péniblement, tous un peu novices dans le domaine de l’édition même si nos différents chemins nous ont poussés à souvent nous servir de nos petites mains. Mais on vous rassure, un an après on est toujours autant à l’arrache, voire plus. Il faut savoir que le petit livret que vous tenez entre les mains n’existe que grâce à la vente d’espaces publicitaires ! Et on peut vous dire qu’en ce moment il n’y a pas que la météo qui donne le cafard. Les marques ont des budgets de plus en plus ric-rac, du coup les petites initiatives à l’image de Gone passent très vite à la trappe… Ce numéro 3 est donc dédié aux “gens riches” qui nous suivent, les marques qui pensent réellement que nous servons à quelque chose, nous, notre skate, la rue et notre petit fanzine… Ce troisième numéro est à l’image de l’hyperactivité de notre petit milieu. Des marques persistent, fêtent leurs 10 ans, voire leurs 15 ans, certaines voient le jour… comme Blaze. On ne vous en dit pas plus, il n’y a plus qu’à tourner les pages. Et rendez-vous en octobre pour le numéro 4. Promis d’ici là, on se met réellement au boulot et on vous pond un blog ! LB.




Sommaire Été 2012 p10 Gallery

p28 La

photo

double de Fred

p30 Que

deviens-tu ? Damien Zivanovic

p32 Nostalgie

Antiz

p34 Tricks

du graphiste Grégory Laufersweiler

p36 Interview

Adrien Blanc

p44 Activist

Ben Thé

p52 Stranger

Lucien Clarke

p54 Interview

Sandro Bertolucci

Ben Thé

fs guitare

photo: Gabee FY

goneskatemag.com


Cover: Victor Pellegrin bs blunt drop in Photo: Fabien Ponsero / 05/2012 - Croix rousse




Gallery photo

Vincent Dallemagne fs blunt photo: Lo茂c Benoit 04/2012 - Berges du Rh么ne

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Kota Ikeda

ollie

photo: Pierre Dutilleux 07/2011 - la Mulatière

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Adrien Coillard

5.0

photo: Pierre Dutilleux 05/2011 - place Rouville

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Tyler Bledsoe

lipslide

photo: Pierre Dutilleux 10/2010 - PathĂŠ Vaise

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Guillaume Colucci

bs nosegrind revert 17

photo: Lo誰c Benoit 03/2012 - Valmy


Mauro Caruso

switch flip

photo: Pierre Dutilleux 07/2011 - St Etienne

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JP Villa

Stephane Giret

Victor Pellegrin

Sandro Bertolucci

JP Villa BS flip

8,125’’ Get fuggy JP Villa

7,75’’ Team board

photo: Charley

Blaze apparel & supply developed and designed in France

Grégory Laufersweiler


Gallery photo

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Stephane Giret

nolie fs heel tail revert photo: Fabien Ponsero 11/2011 - Berges du Rh么ne

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Max Genin

fs bigspin

photo: Pierre Dutilleux 05/2011 - Charpennes

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RĂŠmy Taveira

no comply 360°

photo: Pierre Dutilleux 03/2012 - Perrache

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Valentin Bauer

noseblunt bs revert

photo: Lo誰c Benoit 09/2011 - Gorge de Loup

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La double de Fred Ali Boulala

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« Ali Bouyada »! Voilà comment Johnny Rotten des Sex Pistols appelait Ali dans la vidéo Flip « Sorry ». Cela fait bien long-

temps qu’il a quitté Lyon, et il doit manquer à bien du monde.

En tout cas à moi c’est clair ! Qu’est-ce qu’il a pu me faire mar-

rer. C’était la comédie en permanence, quotidiennement, tout le temps, même dans les situations les plus banales.

Un jour, en 2004 je crois, alors que je lui rendais visite chez

lui sur les pentes de la Croix-Rousse, il devait sortir le chien. Direction Croix-Paquet en bas de la rue. Et là Ali m’annonce qu’il a un spot pour le chien…

Pas un spot pour le faire pisser non, mais un spot à wallride ! « Quoi ? Mais tu me parles de quoi ? », je lui demande. Je

pense avoir mal compris. On se dirige alors vers une partie

du parc que je ne connais pas, et là se dessine au loin un mur légèrement incliné. Ali chope un bout de bois dans les buis-

sons. Et tout naturellement il me dit : “ je vais te montrer du

dog wall-riding ”. Sur ce, il me fait une petite démo de cette discipline très certainement unique au monde ! Voir un chien faire

des wallrides, c’est bien ouf, ah ah ! Il faut vraiment s’attendre à tout avec Ali ! Merci Mister Bouyada!!!

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Que deviens-tu ?

photo: Fabien Ponsero texte: Grégory Laufersweiler

Damien Zivanovic Ça va Damien, quoi de neuf ?

bosse les week-ends au shop WeSC Lyon avec mes potos. J’aide aussi Clément ( WeSC France Manager) pour le marketing et le sponsoring en France et puis je passe un peu de son en soirées pour tripper… Donc ça fait des semaines bien remplies.

Bah écoute ça va pas mal, je viens de finir mes exams, je peux donc commencer à reprofiter de ma board.

C’est vrai que ça fait un moment que l’on t’a pas vu, qu’est-ce que tu deviens ?

Tu en es où ? Tu vas ouvrir un cabinet d’ostéopathe ?

Ça fait trois ans que je skate beaucoup moins à cause de mes cours. (Damien vient de finir ses études d’ostéopathie, NDLR.) A côté de ça je

Pas tout de suite, je commence par faire des remplacements à partir de cet été et

switch fs bigspin

05/2012 - place Célestins

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je reprends des cours d’ostéopathie pédiatrique et ostéopathie du sport en septembre pour me spécialiser. Le cabinet ça sera pour plus tard.

bien particulier. Je compte toujours bosser avec Clem sur WeSC, ça me plaît beaucoup, et aussi aider mes potes qui ouvrent d’ailleurs un nouveau shop, Héritage, dans la rue Constantine.

Quels sont tes projets, tes ambitions ?

Que comptes-tu faire dans les mois à venir ?

J’ai découvert l’ostéopathie grâce au skate, comme tous les skateurs j’ai les chevilles en vrac, j’aimerais donc beaucoup allier l’ostéo et le skate, ouvrir mon cab’ et continuer à suivre les skateurs. Je commence à me familiariser avec les douleurs liées au skate car c’est quand même

Je suis sur motivé pour skater à fond, je vais avoir beaucoup plus de temps pour en profiter, donc on risque de se recroiser souvent.

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Nostalgie

texte & photo: Loïc Benoit

Antiz

ANTIZ « Putain 10 ans ! » Oui, ça fait 10 ans que Antiz, la petite marque européenne basée à Lyon, survit dans le petit monde de la planche à roulettes ! Voici quelques vieilles photos datant des débuts, de l’époque de l’insouciance où tout se printait sur pellicule. La marque suit son petit bonhomme de chemin dans toute l’Europe, tout ça avec toujours la même indépendance financière (aucune banque, aucun groupe n’a de l’argent chez Antiz !), mais aussi la même liberté de création loin de tout standard bien “à la mode”... Ces quelques photos sont un peu un avant-goût d’un ouvrage qui retracera 10 années « d’antizeries » et dont la sortie est prévue en fin d’année !

Team Antiz 2003

Samuel Partaix - 50.50 32


Julian Furones - flip

Steve Forstner - anti smith

Hugo Liard - wallride 33


Tricks du graphiste

texte & photo: Loïc Benoit

Grégory Laufersweiler heel crooks

11/2011 - Perrache

Salut Marley, raconte-nous un peu ton parcours de graphiste.

Tu skates encore un peu ou tu ne fais plus que de l’infographie ?

Yo, j’ai fait un CAP DECG (Dessinateur d’Exécution en Communication Graphique) à Studio M, puis une formation dont j’ai oublié le nom qui était plus axée sur l’informatique. Ensuite il y a eu Cliché, ils m’ont bien fait taffer, j’ai vraiment beaucoup appris à cette époque (merci Rico !).

Je skate toujours et avec les beaux jours qui reviennent je vais avoir grave la motive. Mais j’ai moins le temps de skater en ce moment, je passe beaucoup de temps devant mon ordi !

D’ailleurs quels sont tes projets avec ton ordi ?

Avec quel ordi et quel logiciel tu bosses ?

Continuer ce mag avec Loïc, Pierre et Fab, et je suis sur un nouveau projet Blaze Supply avec Sandro et le reste, on voit au jour le jour.

J’ai un MacBook Pro 15’’ et j’utilise pas mal de logiciels de suite Adobe (Illustrator, Indesign, Photoshop...) et puis une feuille et un crayon à papier. 34


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Interview

Adrien Blanc

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texte: GrĂŠgory Laufersweiler


Pour ceux qui ne te connaissent pas, qui es-tu et d’où te vient le surnom de Canardo ?

switch wallie

photo: Loïc Benoit 09/2011 - Caluire

Je m’appelle Adrien Blanc, j’ai 26 ans et ça fait maintenant 12 ans que je skate. Mon surnom me vient de l’époque où j’accompagnais les skate camps de Perpignan avec Tabs, Roulio et Dijor. Je me suis niqué la cheville et du coup ma démarche ressemblait à celle d’un canard… vous avez compris.

Ça fait combien de temps que tu es sur Lyon maintenant ? Ça fait maintenant 8 ans, je suis arrivé de Brion, un petit village près de Nantua dans le 01, avec comme excuse les études mais c’était surtout pour skater davantage. J’ai décidé d’habiter à Lyon après quelques missions skate pour le week-end à squatter chez Tabs, et puis aussi j’avais commencé à bosser à ABS durant les vacances d’été…

Qu’est-ce qui a changé sur Lyon à ton avis depuis toutes ces années ? Je trouve qu’il y a carrément plus de spots, entre Charpenne, Sucrière, Confluence, les curbs de le CSI… Ici tous les spots sont quasiment à côté, c’est vraiment chanmé ! Il y a même des petits parks qui défoncent comme celui de Vaulx-enVelin. Malheureusement on a quand même perdu des spots chanmés comme les plans inclinés de République par exemple. Mais à part ça je trouve qu’il y a gavé de monde qui skate et beaucoup de motive en plus. La relève est vénère donc c’est de la balle, et regarde toute l’équipe pour le park de Gerland, ça défonce. Il y a même un mag sur la scène locale tu te rends compte ! On a aussi vu passer pas mal de teams et de pros d’un peu partout et c’est cool pour la motive.

Qui retiens-tu par exemple ? Ben avant tout Cliché reste actif toute l’année, mais il y a eu aussi la visite de mecs comme Gonz, Boulala, Arto, Penny, Mike Carroll, Westgate… Le passage du team DC Europe avec 37


Ça y est, fini les études alors, comment ça s’est passé ?

Antony Lopez, Madars Apse était vraiment cool aussi, en plus il y a toujours une porte ouverte pour accueillir les gens du voyage.

J’ai fait pas mal d’années en alternance, je tenais jamais en place pendant les cours du coup l’alternance c’était vraiment cool, BEP, BAC PRO, BTS et pour finir une licence, Le commerce ça m’a toujours plu, parler avec les gens, les clients et autre, c’est vraiment cool cette sensation d’échange, rappelle-toi quand tu passais à ABS juste pour dire bonjour et que tu repartais avec de nouvelles sapes, c’était la belle époque.

Et aujourd’hui à part le skate ? J’ai fini mes études il y a maintenant deux ans et depuis je travaille comme commercial sur la région Rhône Alpes. Donc c’est cool je trouve toujours des spots dans d’autres villes, des ditches chanmés au bord de l’autoroute et je rencontre aussi pas mal de monde.

boardslide to ss crooks photo: Pierre Dutilleux 02/2011 - Lyon 5

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Ça te plaît d’être toujours à droite à gauche, de bouger tout le temps ?

de la fac de Bron la semaine dernière avec toute l’équipe, Arnaud, Guillaume, Uryan, Quentin, Damien, Sandro, Steeve, Maison…

Carrément, tu ne t’ennuies pas et tu ne vois pas le temps passer donc c’est vraiment cool. Surtout que j’ai toujours aimé zigzaguer dans tous les sens, avec Tabs du temps des skate camps de Perpignan, à l’époque des tournées ABS quand Arthur & Théo étaient encore des kids. Le Bist a aussi grave donné, ou même tous les trips en Suisse avec Pierre et avec Mabasi dont tu fais toujours partie, Swiss made tool pélo ! Les missions continuent, on s’est d’ailleurs fait virer

Il y a d’autres projets vidéo maintenant après la Trippin’ d’Arnaud ? A fond, en ce moment Bist est au taquet avec la vidéo des studio ILL, Pierre a encore fait parler de lui dans le MAG2LYON, Cliché est encore en tour en ce moment dans la région, Arnaud prépare une nouvelle vidéo… Il y a même une super nouvelle marque de boards qui arrive

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Interview

Adrien Blanc

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en direct sur Lyon, faite par des super bons gars, Blaze. Je vous assure que vous allez en entendre parler, mais bon je pense que tu connais ce projet…(rires)

Quels sont tes futurs projets ? Pouvoir continuer à allier skate et boulot aussi longtemps que possible, il y a encore plein de spots en construction en ce moment, ce serait con de passer à côté.

Je sais que tu aimes les remerciements : Si si la Famille, Martine qui me supporte depuis un bon petit moment maintenant, les Rho !, ABS pour le matos, Mabasi Lab don’t forget SWISS MADE TOOL, DC Shoes avec qui tout se passe bien, l’équipe de Lyon, mais aussi toute la clique de Bordeaux qui fait toujours plaiz ! Merci à tous ceux qui vont juste regarder les photos et ne pas lire le balnave ! Et bien sûr à toute l’équipe de Gone ! Continuez bien les Rho !

switch ollie

photo: Fabien Ponsero 06/2009 - Parc de la Tête d’Or

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switch fs crooks

photo: Pierre Dutilleux 03/2012 - Croix Rousse

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Activist Ben ThĂŠ

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M

esdames, messieurs, dans ce troisième numéro de Gone, nous avons décidé de faire dans le “copinage“ pour cette rubrique Activist. Laissez-moi donc vous présenter le petit Benjamin Thé (devenu grand) et ses activités dites “artistiques”. texte, photo: Loic Benoit

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Activist Ben Thé

J’ai connu Ben quand il n’avait que 15 ans, il venait skater sur Lyon en train, parfois seul, parfois avec ses potes… Sa maman m’appelait le vendredi soir afin de me donner les consignes pour le petit, il n’était pas majeur et j’étais donc responsable de lui. Depuis il s’en est passé des choses. Je vous rassure Ben skate toujours, même s’il a mis sa carrière de skater sponsorisé de côté depuis déjà quelques années. C’est dans la créativité artistique que Ben excelle désormais. Il a suivi de longues études d’art. Fort de son dynamisme et de sa fougue artistique, il s’est vite fait remarquer par ses sponsors et, n’ayant pas encore un seul diplôme en poche, il s’est retrouvé à dessiner des séries de planches de skate pour la marque lyon-

naise Antiz, ou encore réaliser des vitrines et des «relookings de shops» pour la marque Carhartt... Enfin Ben a toujours su produire et diffuser son art, sans se vendre et en restant lui-même. Je pensais faire une “vraie” interview de Ben par téléphone, mais faute de disponibilité et à cause d’un emploi du temps foireux, tout s’est passé autrement. Nos boîtes mails ont parlé et Ben Thé m’a pondu un petit texte sur son quotidien, une sorte de «Vis Ma Vie». A ma grande surprise, j’ai apprécié ses mots et son bilan. Je souhaitais reprendre certains de ses mots et reformulez d’autres phrases mais non, c’est mieux ainsi, Mesdames, Messieurs voici donc du Ben Thé brut de décoffrage !

Plus vite que ton ombre 46


Jesus

«Vis ma vie» par Ben Thé Je suis né à Annecy au pays des reblochons le 31 décembre 1984, d’un père français et d’une mère franco-suisse, j’y ai passé toute mon enfance et adolescence. Il y a 7 ans je suis venu m’installer à Genève pour continuer mes études dans le graphisme, dans le but d’obtenir un diplôme supérieur. Ils appellent ça un Bachelor of Art and Design. J’ai obtenu ce Bachelor il y a 2 ans, ce qui m’a donné une méchante motive, j’avais faim de créativité et de nouveauté (nouvelle ville, nouvelles têtes, nouveaux spots, nouvelle page blanche...). Cette

découverte de nouvelles choses te pousse et te motive à la création, les deux sont intimement liées je pense. En plus, on avait droit à du matos de folie à l’école, studio photo, imprimante ploter, découpe laser, caméra, appareils photo, des jolies filles aussi… Du coup, cette profusion de matériel couplée aux possibilités que cela t’offre m’a fait pousser des ailes. J’étais là pour profiter de l’enseignement et du matériel à disposition : « se faire plaisir et profiter de ces opportunités ». J’étais encore étudiant, je me la coulais douce et je repoussais toujours un peu plus le fameux “passage à la vraie vie”. 47


Activist Ben Thé

Numéro 2

En fait après ces études, j’avais vraiment envie d’essayer de “survivre” de mon “art” et de mes compétences de graphiste, pour payer le loyer, la bouffe… la vie quoi, ou plutôt la survie : le juste nécessaire. N’étant plus étudiant mes parents ne me payaient plus le loyer, cela faisait partie du “contrat de l’école de la vie”, et c’est normal d’ailleurs. Ils ont bien assuré les parents, en me soutenant dans mes études, j’ai vraiment pu me consacrer à fond à ce qui me plaisait. Mais un jour il faut se prendre en main ! La vie à Genève n’est pas donnée, mais j’ai suivi mes envies, comme celle de rester ici. J’ai aussi fait des choix, comme celui de me bouger, de mettre les deux pieds dedans ! Comment ça marche? Alors au début j’ai fait de tout, avec toujours autant de motivation créative pour tous mes projets : tu fais le maximum et t’essaies de lier l’utile à l’agréable en fait. J’ai fait ça pendant un an environ, et j’avoue que c’était un peu le stress au niveau financier, mais ça me plaisait de me donner la peine de “survivre” de ça, et de commencer à être indépendant. Mais à un moment c’était trop d’énergie dépensée, j’avais beau être à fond ce n’était pas suffisant pour gérer le truc. Tu ne sais pas trop où tu vas vraiment. C’est surtout cette course à l’argent qui m’a un peu dégoûté à certains moments, quand tu dois courir après les gens pour qu’ils te filent la thune qu’ils te doivent pour le boulot que tu as fait. A la fois ce sont ces expériences qui te forgent ! Certaines personnes pensent que le fait de dessiner et de prendre du plaisir à le faire n’est pas un vrai boulot. En fait, tout ce côté où tu dois te vendre ou juste faire respecter ton boulot à sa juste valeur m’a un peu saoulé, je suis dégoûté du truc, et ça m’a écarté de mon but premier, créer pour le plaisir… Je ne suis pas là pour me vendre et je suis surtout très mauvais pour ça, cela gâche mon énergie créative. Récemment, je me suis mis à enchaîner les petits boulots, dans l’idée d’avoir juste le minimum financier, et surtout pour m’éclater dans 48


run DMC

ma créa en dehors de ces moments de “vrais boulots payés”. Je choisis les projets qui me font vraiment plaisir maintenant, je m’en fous, j’ai de quoi payer le loyer et mes crayons grâce à ses petits boulots, c’est bon ça ! En plus, j’apprécie beaucoup plus mon temps libre, je suis moins stressé, et du coup je suis à fond de créa quand j’en ai le temps. Je pense que le fait d’avoir un petit boulot me stabilise un peu, ça me donne un rythme et c’est très bien ainsi. C’est vrai que j’ai un peu mis la planche à

roulettes de côté. Mais ce petit bout de bois c’est ce qui m’a formé ! En plus, il y a tellement de gars créatifs qui gravitent autour, dans tous les domaines (vidéo, photo, peinture, musique…) Et cet échange que tu as dans le skate, tu ne le retrouves pas partout, c’est l’esprit que j’aime bien.

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Angelo 50 48


Activist

Ben ThĂŠ

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Stranger

Lucien Clarke

grind transfer

07/2010 - Ampère

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Hey, que fais-tu de beau en ce moment ? Salut, en ce moment je voyage à fond, je viens tout juste de rentrer à Londres chez moi. On vient de finir un tour Palace X Polar en Suède avec une belle équipe. C’était assez fou. Vous verrez la vidéo.

Dans quelles villes d’Europe préfères-tu te retrouver ? J’aime bien aller à Copenhague, Berlin, Stockholm et Lyon, on s’y sent bien… Le skate, les bars, tout pour passer du bon temps.

Comment ça se passe à Londres ? On est vraiment bien, tellement de spots. On skate à fond, la video «City of rats» du shop Slam City Skates vient de sortir, on a “Grey”, le mag de Londres. C’est vraiment une ville incroyable.

Quels sont tes projets pour cet été ? On a pas mal de voyages prévus. Je pars avec Supra sur un trip, un peu partout en Europe. J’ai hâte !

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photo & texte: Pierre Dutilleux


Interview

Sandro Bertolucci texte: Pierre Dutilleux

nollie fs noseslide photo: Pierre Dutilleux 03/2012 - Foch

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Salut frère, présente-toi ?

opération du dos, qui m’a contraint à une année de rééducation intensive pendant laquelle mon temps ne se partageait qu’entre les études et le chill. Le médecin m’avait alors dit que le skate c’était fini pour moi.

Sandro, bientôt 23 ans, je suis né à Sao Paulo au Brésil, mon père est italien et ma mère brésilienne. J’ai fait, par hasard, un lycée français là-bas. Je skate depuis que j’ai 12 ans, j’ai découvert d’abord le skate par le surf avec mes frangins. J’ai vite laissé tomber le surf pour me mettre à fond dans le skate.

Et te voilà de retour depuis un petit moment maintenant ? Après pas mal d’efforts, beaucoup de muscu, de chill, de produits médicamenteux de toutes sortes ! J’ai réussi à me refaire une santé et à remonter sur ma board. Je suis reparti pour un moment au Brésil, faire de la courbe avec les anciens de Sao Paulo dans les nombreux bowls que nous avons là-bas. Je savais à peine faire un grind

Quand as-tu décidé de venir t’installer en France ? A 19 ans j’ai décidé de venir suivre mes études en France, Lyon semblait être le meilleur choix pour moi. Dès mon arrivée, j’ai subi une lourde

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avant mon opération et me voilà à fond de courbes maintenant.

incroyable. Je n’avais jamais vu de tels spots avant. Tous mes potes brésiliens rêveraient de pouvoir skater de tels endroits, avec un flat aussi parfait. Si les Brésiliens sautent beaucoup ici en Europe, c’est simplement parce que le sol est si pourri là-bas que ça rend tout plus facile sur les spots européens.

Comment vois-tu ces deux différentes scènes, Sao Paulo et Lyon ? Au Brésil il y a cette scène street, des mecs ultra forts. En centre-ville on a énormément de spots, l’ambiance y est un peu lourde, beaucoup de clochards, de gamins qui tapent de la colle, de flics… Là où il y a les meilleurs spots c’est un peu la zone. A Lyon, les spots comme la Sucrière ou la nouvelle place Charpennes sont des endroits vraiment beaux, plus tranquilles par rapport à Sao Paulo. Je ne sais pas si les gens s’en rendent compte mais c’est vraiment une ville

Tu as désormais ta licence en sociologie après trois années à la fac. Quel a été ton sujet d’étude ? Je viens de terminer mon mémoire, j’ai passé toute l’année à bosser sur ce projet dans lequel je parle de la socialisation urbaine des skateurs. En gros j’explique comment le skate constitue un

nollie inward

photo: Fabien Ponsero 04/2012 - Tonkin

bs grind photo: Loïc Benoit 11/2011 - Gorge de Loup Lyon 57


Interview

Sandro Bertolucci

vecteur sur les parcours des skateurs au sein de la pratique, sur leur rapport à l’architecture et au mobilier urbain mais aussi sur les différentes représentations visuelles, artistiques et esthétiques de ces skateurs et comment ils expriment ces influences dans leur façon de skater. Ça m’a permis de récolter des discours super intéressants sur nos styles de vie, sur le rapport avec la musique, la mode, les drogues mais aussi les rapports fragiles avec les autorités. D’ailleurs grosse dédicace à Mathieu Blondin pour la correction et Yassine pour quelques retranscriptions bien relous.

Et tu te lances désormais dans un nouveau projet ? J’ai toujours eu envie de m’investir dans le milieu du skate, ça a toujours été un peu un rêve, une volonté de créer quelque chose. J’ai fait ces études de socio à l’époque car je ne savais pas trop quoi faire mais je me suis dit que ce serait très intéressant d’étudier, de me pencher sur tout ce qui fait le skate, toutes les différentes interprétations que l’on peut avoir. J’ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes, d’échanger tous ces différents points de vue autour de cette même passion que nous partageons. Une des premières choses qui me motivent c’est de voir le manque de qualité au niveau des boards brésiliennes mais aussi des supports graphiques et visuels qui ne nous correspondent pas trop. Et voilà comment nous en sommes arrivés à vouloir créer notre propre marque, qui représente vraiment notre vision du skate, une esthétique propre à notre identité. On a tout géré depuis le début, de la création de l’identité visuelle, des graphismes, à la qualité des produits. Nous travaillons depuis quatre mois là-dessus. Shout out to Mrl !

switch crooks

photo: Pierre Dutilleux 03/2012 - Vaise

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Interview

fs flip

photo: Pierre Dutilleux 05/2012 - Lyon 5e

Sandro Bertolucci

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Inspiré par Anzeigeberlin information magazine (Berlin) www.anzeigeberlin.de Grey skateboard magazine (Londres) greyskatemag.com A propos skateboard magazine (Paris) www.aproposskatemag.com Edité par Les éditions du garage SARL Réalisé par Loïc Benoit Fabien Ponsero Pierre Dutilleux Grégory Laufersweiler Contributeurs Fred Mortagne Gabee FY Secrétaire de rédaction Valéry BLIN Imprimé par XL Imprimerie à St Etienne 2000 exemplaires Contact goneskatemag@gmail.com


goneskatemag.com


goneskatemag.com


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