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Au-delà des notoriétés confirmées et des prix littéraires décernés à l’automne, la Rentrée Littéraire demeure l’occasion de découvertes féminines magnifiques, de révélations étonnantes. Dans ce maelström de plus de 500 titres, l’équipe d’Alinéa vient vous éclairer, et partager avec vous l’envie irrépressible de lire.

Parmi les nombreux titres publiés par Grasset, Le Rire des déesses, roman d’Ananda Devi, ethnologue et traductrice, native de l’île Maurice. Chinti, fille de prostituée, est enlevée par un des clients de sa mère, qui se lance à sa poursuite avec l’aide de ses consœurs. Grâce à sa finesse d’écriture, l’auteure nous confie plus qu’elle nous raconte, à tel point qu’au bout de quelques pages nous ne la lisons plus mais nous l’écoutons, prodigieux !

Chez Marchialy, jeune éditeur dynamique, le récit de la poétesse, romancière et essayiste Kapka Kassabova, nous décrit avec L’Écho du lac le paysage historique et géographique d’une région fragmentée, en l’occurrence le sud-est des Balkans. L’onde de cet écho, comme la multitude de langues et de cultures auxquels l’auteure nous confronte, va très certainement vous faire vaciller jusqu’à atteindre une douce sensation d’enivrement. Également chez Grasset, Leonor de Recondo signe avec Revenir à toi, un roman bouleversant sur la quête des origines et donne vie à deux personnages féminins parmi les plus touchants. Magdalena est comédienne vouée à la scène, indépendante, talentueuse. Au faîte de sa carrière elle reçoit « la » nouvelle : sa mère est vivante. Trente années de nondits, d’adversité, et le surgissement de la passion amoureuse subite, l’attendent au bout d’une quête improbable.

Très contemporain et fortement marqué par la mythologie antique, Furies de Julie Ruocco, chez Actes Sud : Bérénice, jeune archéologue convertie dans le trafic d’objets anciens, et Asim, secouriste syrien dont le rôle, dans l’urgence et l’absurdité de la guerre, se réduit à enfouir les corps. Roman qui plonge au cœur du chaos. Ce qui restera de vie et d’espoir après le désastre ne saura être dû qu’au seul courage de milliers de femmes anonymes, combattantes ou mères de familles. Avec 4 heures, 22 minutes, et 18 secondes des éditions Belfond, Lionel Shriver explore une fois de plus nos mesquineries, nos névroses avec un humour perforant : Sérénata mère de famille sportive accomplie mais solitaire, contemple son mari Remington, limogé à la veille de sa retraite. N’ayant jamais fait de sport, il qui décide de courir un marathon, sous la houlette d’une coach cupide. L’humour cinglant de Lionel Shriver enfonce le doigt exactement là où ça blesse.

À retenir enfin pour l’écho que ce bref roman pourrait avoir tant il est singulier dans sa forme et ses excès : Jewish Cock, de Katharina Volckmer. Dans un long monologue à couper le souffle (et les jambes ouvertes devant son gynécologue), une femme confie avec audace, humour et provocation son histoire familiale et personnelle, sa sexualité exploratrice, ses fantasmes. Une femme à livre ouvert, bien plus subtil que le procédé le suggère. ●