La grece dans la premiere guerre mondiale e

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LA GRECE DANS LA PREMIERE GUERRE MONDIALE Projet etwinning ‘’ partageons nos mémoires’’ 1er collège IlioupolisAthènes


La Grèce entre 1914 et 1918 Lorsque le conflit mondial éclate, la Grèce proclame sa neutralité. Une neutralité stricte est toutefois impossible. Favorable à l’Allemagne, Constantin Ier, fils et successeur de Georges Ier depuis mars 1913, rencontre bientôt l’opposition du Premier ministre Venizélos, chef du Parti libéral et favorable aux Alliés. En 1915, son gouvernement cherche à deux reprises à soutenir ouvertement les Alliés, mais le roi, qui refuse tout engagement, met son veto.



Dessin représentant la parade des forces grecques sous L’ arc de Triomphe.

Révoqué en 1916, Venizélos fonde à Thessalonique un gouvernement insurrectionnel qui est reconnu par le Royaume-Uni et la France. C’est en 1917 que les Alliés obligent le roi à abdiquer en faveur de son deuxième fils, Alexandre, et que la Grèce peut faire son entrée officielle dans la guerre aux côtés de la Triple-Entente dès le mois de juin. En contrepartie de son engagement, les traités de Neuilly (1919) et de Sèvres (1920) attribuent à la Grèce la Thrace, le territoire de Smyrne (voir Izmir) et de nombreuses îles égéennes.



Après la mort d’Alexandre Ier et l’échec de Venizélos aux élections de 1920, un plébiscite rappelle le roi Constantin, malgré la désapprobation des Alliés, qui retirent leur soutien aux Grecs, alors engagés dans une offensive en Anatolie.



En effet, les traités de paix qui ont mis fin à la Première Guerre mondiale sont dénoncés par la Turquie de Mustafa Kemal Atatürk, et de nouveaux affrontements opposent les troupes turques à l’armée grecque. Après la défaite de la Crète en 1922 face à l’armée turque, une dictature militaire, sous l’égide du général Nikolaos Plastiras, partisan de Venizélos, oblige Constantin à abdiquer. Son fils aîné, Georges II, souverain fantoche aux mains de l’armée, lui succède en octobre 1922. Les victoires éclatantes des Turcs contraignent les Grecs à signer, en 1923, le traité de Lausanne : Smyrne et la Thrace orientale sont rendues à la Turquie, et près d’un million et demi de Grecs d’Asie Mineure sont échangés avec les minorités turques de Grèce. Cet épisode, resté dans la mémoire collective des Grecs comme la « Grande Catastrophe », n’est pas sans répercussion sur la situation économique déjà fragile du pays.



• Lors de la Première Guerre mondiale, le gouvernement grec est divisé entre les germanophiles, groupés derrière le roi, et ceux, qui, avec Venizélos, veulent se ranger aux côtés des Alliés. Quand ces derniers entreprennent l'expédition des Dardanelles, Venizélos propose l'entrée en guerre de la Grèce, mais Constantin Ier l'oblige à démissionner (6 mars 1915). • Venizélos revient en août, à la faveur des élections ; lors de l'invasion de la Serbie (octobre 1915), il veut tenir les engagements de l'alliance de 1913 et conseille secrètement aux Alliés de débarquer à Thessalonique, ne protestant ensuite que pour la forme.



La constitution, à Thessalonique (septembre 1916), d'un gouvernement républicain par Venizélos, l'amiral Pávlos Koundouriótis et le général Dhanglís amène Constantin à envisager une alliance avec les Empires centraux. Cette politique entraîne le général français à la tête de l'armée d'Orient, Maurice Sarrail, à occuper la Thessalie en mai 1917 ; le 11 juin, celui-ci fait remettre par le haut-commissaire des Alliés, Charles Jonnart, un ultimatum exigeant l'abdication de Constantin. Ce dernier se soumet, et la couronne revient à son second fils, Alexandre, qui rappelle aussitôt Venizélos. Le 26 juin, la Grèce déclare la guerre aux Empires centraux.



APRES LA GUERRE Les revendications de la Grèce sont incomplètement satisfaites, en novembre 1919, lors du traité de Neuillyavec la Bulgarie (acquisition de la Thrace occidentale et de la côte égéenne autour d'Alexandhroúpolis) et, en août 1920, lors de celui de Sèvres avec la Turquie (acquisition de la Thrace orientale, des îles d'Imbros [Imroz] et de Ténedos, de la région de Smyrne). En septembre 1920, Venizélos dissout la Chambre, mais, battu aux élections du 14 novembre, il s'installe à Paris. En octobre, Alexandre Ier meurt, et le plébiscite du 5 décembre rappelle Constantin Ier.



La guerre gréco-turque (1921-1922) En janvier 1921, poussé par les Alliés, le Premier ministre Ghoúnaris lance une offensive générale en Anatolie. Mais l'armée turque de Mustafa Kemal remporte d'éclatants succès sur les Grecs, qui doivent signer l'armistice de Mudanya en octobre 1922. Des officiers partisans de Venizélos, entraînés par le colonel Plastíras, ont obligé, en septembre, Constantin Ier à abdiquer en faveur de son fils, Georges II ; celui-ci gouverne avec le comité révolutionnaire de Plastíras et de Ghonatás ; Ghoúnaris et les généraux tenus responsables de la défaite sont exécutés en novembre.



Un échec lourd de conséquences Par le traité de Lausanne (juillet 1923), la Grèce doit renoncer à Smyrne ainsi qu'à la Thrace à l'est de la rivière Évros (Marica) et accepter d'échanger les minorités avec ses voisins turcs. 1 400 000 réfugiés, dont 200 000 seulement émigrent, aggravent la situation économique. Ces difficultés provoquent la formation de partis d'opposition : Union démocratique de Papanastassíou, parti communiste appuyé sur un syndicat ouvrier puissant. Cependant, après une tentative de coup d'État royaliste par Metaxás (novembre 1923), les élections de décembre sont un succès pour les partisans de Venizélos, et Georges II se retire en laissant la régence à l'amiral Koundouriótis (18 décembre 1923).



La République grecque (1924-1935) Entre anarchie et dictature La république, proclamée le 25 mars 1924, est confirmée en avril par un plébiscite, l'amiral Koundouriótis devenant président. Mais le pays sombre dans l'anarchie. Le général Pángalos prend le pouvoir en juin 1925 et établit bientôt une dictature, qui sera renversée par le général Kondhýlis en août 1926 ; ce dernier rétablit Koundouriótis à la tête de la République. Après des élections sans majorité, Zaímis forme un gouvernement d'union républicaine et publie en juin 1927 une Constitution parlementaire. La situation intérieure est aggravée par les difficultés financières.



Le retour de Venizélos

Appelé en juillet 1928 à la présidence du Conseil, Venizélos dissout la Chambre, et les élections d'août lui assurent une large majorité, qui lui permet d'exercer un pouvoir personnel. Mais il doit renoncer à son ancienne politique irrédentiste – la réalisation de la Grande Idée – et conclut un traité d'amitié avec l'Italie (septembre 1928), puis avec la Yougoslavie (mars 1929). Il reçoit même le président turc Ismet Inönü (1931) et ne soutient pas le mouvement nationaliste de Chypre. Ce revirement et l'abandon de l'étalon-or en mai 1932 l'obligent à démissionner (mai 1932) et à céder la place à Papanastassíou, puis, en novembre, à Tsaldháris, chef du parti populaire. Après une nouvelle tentative de coup d'État (mars 1933) par le général Plastíras, le général Kondhýlis prend le pouvoir (mars 1935) et abolit la république le 10 octobre.



La participation de la Grèce à la Première Guerre mondiale est d’abord indirecte, du fait de l’occupation de plusieurs régions du pays par les puissances belligérantes, mais elle a très vite d’importantes répercussions politiques et sociales. À partir de 1916, avec l’éclatement du « Schisme national », et surtout de 1917, la Grèce rentre de plain-pied dans la guerre aux côtés de la Triple-Entente.



Lorsque éclate le conflit, en août 1914, le royaume hellène proclame d’abord sa neutralité. Cependant, les pressions des grandes puissances, et surtout de la France, obligent peu à peu le pays à prendre parti dans le conflit. Plutôt germanophile et convaincu de la supériorité des empires centraux, le roi Constantin Ier se retrouve bientôt aux prises avec son Premier ministre, Elefthérios Venizélos, beaucoup plus favorable à la Triple-Entente. Le3 octobre 1915, ce dernier autorise les troupes alliées, mises en déroute dans les Dardanelles, à débarquer à Thessalonique. En réaction, le roi démet Venizélos de ses fonctions, creusant ainsi le fossé entre vénizélistes et monarchistes.



Quelques mois plus tard, le 16 septembre 1916, l’ex-Premier ministre forme, avec l’aide du général Maurice Sarrail, qui commande l’Armée d’Orient, un gouvernement provisoire à Thessalonique : c’est le début du « Schisme national ». Rapidement, le pays est divisé en trois parties : au sud, la zone dépendant du gouvernement royal (seul reconnu internationalement) avec pour capitale Athènes ; au nord, le territoire du gouvernement provisoire (Macédoine et Épire), avec pour capitale Thessalonique et, entre les deux, une zone neutre contrôlée par les forces alliées pour éviter la guerre civile.



De plus en plus menacé par les Alliés, qui lui imposent un dur blocus maritime, le gouvernement monarchiste finit par être renversé. Le 11 juin 1917, le nouveau représentant de l’Entente, Charles Jonnart, remet au Premier ministreAléxandros Zaïmis un ultimatum demandant l’abdication de Constantin Ier. Soucieux d’épargner le sang de ses sujets, le roi laisse le trône à son deuxième fils, Alexandre Ier, et part en exil en Suisse, avec le reste de sa famille. La Grèce est alors réunifiée sous le gouvernement de Venizélos qui déclare officiellement la guerre à la Triplice le 2 juillet. Cette participation du pays dans la guerre permet à la Grèce de faire partie du camp des vainqueurs après l’effondrement des puissances centrales. Aux traités de Sèvres et de Neuilly, elle reçoit ainsi d’importantes compensations territoriales pour son aide, en Thrace, en Égée et en Ionie.


UNE NATION ISOLEE APRES LES GUERRES BALKANIQUES

LA PENINSULE DES BALKANS EN 1914


Le royaume de Grèce est sorti victorieux des

Guerres balkaniques qui l’ont opposé successivement à l’Empire ottoman et à la Bulgarie en 1912-1913. Sa superficie a presque doublé grâce aux traités de paix. Le pays s’étend désormais sur une grande partie de la Macédoine, de l’Épire et des îles de l’Égée tandis que la Crète, qui réclamait l’énosis depuis le milieu du XIXe siècle, est enfin rattachée au pays.



Un pays ruiné par la guerre

Relativement isolée sur la scène internationale à la suite des deux guerres balkaniques, la Grèce a, par ailleurs, été durement éprouvée par les combats. Lorsque éclate la Première Guerre mondiale, la situation économique du pays est préoccupante et Athènes est à la recherche de soutiens financiers pour développer les régions récemment annexées. À l’automne 1913, le roi Constantin Ier effectue un important voyage diplomatique à Berlin et Paris dans le but d’y trouver de nouveaux crédits pour son pays. Il espère ainsi pouvoir développer le port de Thessalonique et construire une ligne de chemin de fer reliant Larissa à la Macédoine. Cependant, le voyage est un échec. D’abord parce que le roi n’obtient pas les crédits escomptés, à un moment où l’Allemagne se rapproche de l’Empire ottoman. Ensuite et surtout parce que Constantin froisse les susceptibilités françaises lors de son passage à Berlin. Nommé feld-maréchal par son beau-frère, le Kaiser Guillaume II, il prononce en effet un discours plein d'enthousiasme pour l'armée allemande et s’attire ainsi l’ire de la presse et de l’opinion publique hexagonales.



Une classe politique divisée Outre ces considérations diplomatiques et économiques, la classe dirigeante grecque est ressortie largement divisée des guerres balkaniques. Désireux de laver son honneur et de faire oublier le désastre de la guerre gréco-turque de 1897, le diadoque puis roi Constantin Ier s’est en effet davantage comporté en militaire qu’en chef d’État pendant les combats. Des frictions se sont donc produites entre lui et l’État-major d’une part et le Premier ministre Elefthérios Venizélos, d’autre part. Davantage soucieux de renforcer les frontières de la Grèce que d’humilier ses ennemis (Empire ottoman puis Bulgarie), Venizélos a en effet obligé plus d’une fois l’armée à se concentrer sur des objectifs stratégiques plutôt que militaires, ce qui a profondément déplu à Constantin. Malgré tout, en 1914, la rupture est loin d’être consommée entre le Premier ministre et le souverain. Au contraire, les deux hommes travaillent ensemble pour assurer à la Grèce la position la plus favorable sur la nouvelle scène balkanique.



La proclamation de la neutralité grecque • Le Premier ministre Elefthérios Venizélos est favorable à l'Entente mais ne souhaite entrer en guerre que si le conflit est profitable à la Grèce. • Dès la fin du mois de juillet 1914, le Kaiser Guillaume envoie un télégramme au roi Constantin pour lui demander quelle serait l’attitude de la Grèce en cas de guerre. Le souverain lui fait alors savoir qu’il n’a pas l’intention d’impliquer son pays dans un nouveau conflit et qu’il choisirait donc la neutralité. À cette réponse, l’empereur se fait menaçant et déclare à son beau-frère que, si la Grèce refuse de s’allier à l’Allemagne, elle doit être traitée en ennemie par celle-ci. Malgré tout, le roi des Hellènes reste ferme et maintient sa décision de ne pas intervenir. Il est en effet conscient que la Grèce est ressortie très affaiblie des guerres balkaniques et qu’elle n’est pas du tout prête à participer à un nouveau conflit. Cependant, tous, en Grèce, ne partagent pas l'avis du monarque.



Le Premier ministre Elefthérios Venizélos, qui soupçonne la famille royale de connivence avec l’empereur GuillaumeN 1, souhaite ainsi profiter du déclenchement de la Première Guerre mondiale pour mener à bien la Megali Idea et poursuivre le dépeçage de l’Empire ottoman. Malgré tout, dans un premier temps, Venizélos accepte de maintenir la Grèce dans la neutralité. Le Premier ministre refuse en effet d'engager son pays dans le conflit tant qu'il n'a pas obtenu de l'Entente des garanties concernant la Bulgarie. Il désire ne s'engager aux côtés des Alliés que si Sofia s'y engage aussi, ou au moins reste neutre. Il craint en effet les appétits territoriaux de la Bulgarie, qui monnaye son adhésion à la Triple Alliance ou à l'Entente en fonction de ce qui lui est proposé en termes de gains territoriaux. Venizélos refuse ainsi de lui accorder des territoires grecs en Thrace (comme Kavala, que la Bulgarie revendique), même si l'Entente le lui demande, du moins pas sans des garanties très fortes que la Grèce obtiendrait la région de Smyrne en échange. Ainsi, en janvier 1915, sir Edward Grey, le ministre britannique des Affaires étrangères, propose à Athènes de lui concéder l’Épire du Nord et une partie de l’Asie mineure. En échange, les territoires conquis sur la Bulgarie pendant la Deuxième Guerre balkanique seraient rendus à Sofia, qui s’allierait, en contre-partie, à l’Entente en même temps que la Grèce. Mais la proposition britannique reste vague. Surtout, alors qu’ils s’entretiennent avec Athènes, Londres, Saint-Pétersbourg et Paris discutent, en parallèle, des conditions d’entrée de Rome dans la Grande guerre et lui promettent la même zone d’influence en Anatolie qu'à la Grèce. Le Premier ministre est par contre prêt à céder des territoires serbes ou roumains à Sofia. Par ailleurs, comme lors des guerres balkaniques, Venizélos craint de déclarer la guerre à l'Empire ottoman. Il reste en effet soucieux du bien-être des très nombreuses populations micrasiates vivant dans cet empire.



L’invasion de l’Épire du Nord albanaise Peu après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, la situation intérieure de l’Albanie se complique et des combats fratricides opposent la population albanophone à la minorité grecque d’Épire du Nord. Malgré la signature, à Corfou, d’un protocole prévoyant l’autonomie des Épirotes, le 17 mai 1914, la paix n’est pas complètement restaurée et des conflits armés sporadiques continuent à frapper le pays. Face aux troubles, Guillaume de Wied, élu prince d’Albanie le 21 février, quitte le pays le 3 septembre. Les jours suivants, des unités épirotes attaquent, sans l’accord de leur gouvernement, la garnison albanophone de Berat et parviennent à prendre la citadelle. Dans le même temps, des troupes albanaises loyales au gouvernement d’Essad Pacha leur répondent par des opérations militaires à petite échelle.



• En Grèce, le gouvernement d’Elefthérios Venizélos s’inquiète de la situation albanaise et craint que l’instabilité du pays ne débouche sur un conflit plus large. Après avoir reçu l’approbation des grandes puissances, Athènes envoie son armée en Épire du Nord le 27 octobre 1914. La république autonome épirote cesse alors d’exister. Tandis que la Première Guerre mondiale fait rage dans les Balkans, la Grèce, l’Italie et les puissances de l’Entente décident que le sort de l’Épire du Nord doit être réglé à la fin du conflit. Pourtant, en août 1915, Venizélos proclame devant le Parlement hellénique que « seule une faute colossale » pourrait désormais séparer la région du reste de la Grèce. • Après décembre 1915, Constantin Ier et son gouvernement sont déterminés à profiter de la situation internationale pour incorporer formellement la région à l’État grec. Dans les premiers mois de l’année 1916, la population de l’Épire du Nord participe ainsi aux élections législatives grecques et envoie seize représentants à Athènes. Surtout, en mars, l’union de la région à la Grèce est proclamée officiellement et le territoire est divisé en deux préfectures : Argyrokastro et Korytsa. Cependant, avec le refroidissement des relations entre la Grèce et l'Entente, la France et l'Italie décident d'occuper la région en septembre 1916.



Athènes face à l'expédition des Dardanelles Les choses se compliquent lorsque l’Entente se lance dans l'expédition des Dardanelles, en février 1915. Venizélos cherche alors à faire entrer les forces armées grecques dans la bataille qui oppose les Alliés à l’Empire ottoman. Mais le roi Constantin et l'état-major, dominé par Ioannis Metaxas, s'y opposent : ils préfèreraient en effet que la Grèce intervienne seule face à la Sublime Porte. Elle serait ainsi en position de force pour s'emparer de Constantinople, l'objectif mythique de la Grande Idée. De plus, l'état-major ne veut pas dégarnir la frontière des troupes qui surveillent la Bulgarie. Du côté de l’Entente elle-même, les positions ne sont pas unanimes. Ainsi, la Russie, qui revendique aussi la possession de l’ancienne Byzance, s’oppose avec force à une intervention grecque sur les Détroits. Venizélos finit donc par démissionner le 6 mars 1915.


MONUMENTS GRECS DE LA 1ere GUERRE MONDIALE


• Affaibli par les tensions qui divisent la classe politique, Constantin Ier tombe gravement malade. Atteint d’une pleurésie aggravée d’une pneumonie, il prend le lit durant plusieurs semaines et manque de mourir. En Grèce, l’opinion publique s’émeut de la situation, d’autant qu’une rumeur, propagée par les vénizélistes, dit que le roi n’est pas malade mais que la reine Sophie l’a, en réalité, blessé d’un coup de couteau au cours d’une dispute pendant laquelle elle prétendait le forcer à entrer en guerre aux côtés du Kaiser Guillaume. Durant la période de maladie du roi, l’Entente continue à faire pression sur la Grèce pour qu’elle entre en guerre à ses côtés. Nommé Premier ministre après le départ de Venizélos, Dimitrios Gounaris propose donc l’intervention de son pays dans le conflit en échange de la protection des Alliés contre une éventuelle attaque bulgare. Cependant, l’Entente, toujours désireuse de nouer une alliance avec Sofia, refuse l’accord. • Finalement, le désastre naval de la flotte franco-britannique, le 18 mars, porte un coup à la popularité de Venizélos. On lui reproche alors d'avoir voulu entraîner la Grèce dans cette aventure. Au contraire, le roi et ses conseilleurs sont loués pour leur clairvoyance



L'occupation bulgare en Macédoine Une fois rétablies, les troupes serbes basées à Corfou doivent être acheminées à Thessalonique afin d’y renforcer l’Armée d’Orient. Pour accélérer leur transfert, l’Entente demande à la Grèce, le 12 avril 1916, d’autoriser le transit des Serbes par le canal de Corinthe puis par la ligne de chemin de fer reliant Larissa à Thessalonique. Mais, craignant la réaction des puissances centrales et refusant de donner une occasion supplémentaire à l’Entente de prendre pied en Grèce, le Premier ministre Stephanos Skouloudis fait connaître son opposition au projet le 14 avril. Finalement, un accord est trouvé et Athènes accepte que les forces serbes rejoignent la Macédoine en traversant les eaux territoriales grecques. Mais, encore une fois, l’Entente voit dans l’attitude du gouvernement royaliste la preuve de sa connivence avec la Triplice.



La proclamation du « Gouvernement de défense nationale » Dès le 29 mai 1916, Elefthérios Venizélos propose aux ambassadeurs britannique et français à Athènes, Sir Francis Elliot et Jean Guillemin, de former, à Thessalonique, un gouvernement provisoire avec le général Panagiótis Danglís et de mobiliser l’armée grecque contre Sofia. Conscient du soutien dont bénéficie Constantin Ier auprès des cours étrangères, l’ancien Premier ministre assure à l’Entente qu’il ne désire mener aucune action contre le souverain et sa dynastie. Selon Sir Elliot, il est même persuadé que le « succès de son action et les pressions de l’opinion publique [grecque] pourraient au dernier moment convertir [le roi] ». Mais la proposition de Venizélos est rejetée par le Président du Conseil français Aristide Briand, qui craint d'indisposer Londres en affaiblissant la famille royale de Grèce.



Malgré tout, le 2 août, des officiers vénizélistes organisent un coup d'État militaire à Thessalonique avec le concours du général Maurice Sarrail. Ils mettent alors en place un « comité de défense nationale » qui appelle Venizélos à sa tête : c'est le début du « Schisme national » qui divise la Grèce jusqu’en 1917. Dans un premier temps, Venizélos juge que le soulèvement est prématuré dans la mesure où il ne bénéficie pas d’un soutien populaire assez fort. Mais, mis devant le fait accompli, l'homme politique finit malgré tout par accepter de former, en Macédoine, un « gouvernement provisoire de défense nationale » en compagnie de l’amiral Pavlos Koundouriotis et du général Panagiotis Danglis. Le triumvirat débarque alors à Thessalonique le 9 octobre. Mais s’il est soutenu officieusement par les puissances de l’Entente, ce contre-gouvernement n’obtient pas leur reconnaissance officielle du fait de l'opposition de Londres, de SaintPétersbourg et de Rome.



Venizélos déclare la guerre à la Bulgarie et à l'Allemagne Les Alliés se contentent donc de faire subir à la Grèce du Sud un blocus naval encore plus étroit, lui causant ainsi d’importantes restrictions alimentaires, Surtout, le 2 décembre 1916, la France et le Royaume-Uni donnent un début de reconnaissance au gouvernement de défense nationale, officialisant ainsi la division opérée par le « Schisme national ». En partie satisfait de cette évolution, Elefthérios Venizélos déclare la guerre à l'Allemagne et à la Bulgarie le 7 décembre. Mais, ces deux pays ne reconnaissaient pas le gouvernement de Thessalonique. La déclaration de guerre reste donc à sens unique, d’autant qu’à cette époque, l’armée vénizéliste n’est composée que d’un bataillon de volontaires venus essentiellement de Thassos, d’Athènes, de Lesbos et de Crète et conduits par le général Emmanuel Zymvrakakis. En représailles, un mandat d’arrestation est pourtant lancé par Athènes contre l’ancien Premier ministre tandis que l’archevêque-primat Théoclète Ierlance un anathème contre lui.



Les combats du front macédonien Toujours suspicieux vis-à-vis des Grecs et craignant leur réaction après la déposition de Constantin Ier, les Français choisissent d’envoyer les troupes hellènes combattre aux côtés des forces britanniques, sur le Strymon. Mais le départ des soldats russes consécutif à la révolution d’Octobre et la propagation des idées bolcheviques sur le front d’Orient obligent Guillaumat à faire davantage confiance aux Grecs. Entre le 29 et le 31 mai 1918, les troupes hellènes soutenues par les Français remportent une importante victoire à la bataille de Skra-di-Legen. Elles prennent alors un front de 12 km et occupent tous les observatoires des cimes. Surtout, elles font prisonniers le 49e régiment bulgare avec ses 33 officiers et capturent également l’ensemble des conseillers allemands présents. Les pertes dans les rangs grecs sont toutefois importantes.



En septembre 1918, les troupes de la Grèce et de l’Entente (désormais sous les ordres du général Franchet d'Espèrey) mènent de nouvelles offensives contre la Bulgarie. Les 14 et 15 septembre, les forces serbes et françaises remportent ainsi la bataille de Dobro Polje, en Macédoine. Quelques jours plus tard, les 18 et 19 septembre, Grecs et Britanniques livrent la troisième bataille de Doiran, en Thrace. Bientôt, Sofia n’est plus en mesure de poursuivre les combats et la Bulgarie signe l'armistice de Thessalonique avec les Alliés le 29 septembre. Dans les semaines qui suivent, l’Empire ottoman (armistice de Moudros du 30 octobre), l’Autriche-Hongrie (armistice de Padou du 3 novembre) et l’Allemagne (armistice de Rethondes du 11 novembre) abandonnent à leur tour les combats.



Bilan des victimes • Dans Les Campagnes de l'armée hellénique, 1918–1922, Jean Bujac estime le nombre des victimes grecques de la Première Guerre mondiale à 8 365 soldats morts au combat et 3 255 militaires disparus. Le démographe soviétique Boris Urlanis décompte, quant à lui, un total de 26 000 morts grecs, dont 15 000 militaires décédés de maladies. Il existe toutefois d'autres estimations des pertes grecques. En 1922, le War Office estime ainsi le nombre des victimes à 5 000 tués ou morts de blessures et 1 000 prisonniers et disparus. • Du côté de la société civile, le nombre des personnes mortes durant la guerre dépasserait de 150 000 individus le nombre des décès d'avant-guerre. Ce chiffre serait dû à la famine provoquée par le blocus des Alliés et à la grippe espagnole.



RESUME: DE LA GRANDE IDEE A LA GRANDE CATASTROPHE A) Le traité de Sèvres (signé par Venizélos le 10 août 1920) confirme à la Grèce toutes ses conquêtes depuis 1913 et lui accorde la Thrace orientale (hormis Constantinople) et des droits de souveraineté sur toute la région de Smyrne, en attendant un référendum dans les cinq ans au sujet du rattachement de la région à la Grèce. Le même jour, Venizélos signe un accord avec l'Italie dans lequel celle-ci renonce au Dodécanèse, sauf Rhodes qui doit rester italienne jusqu'à un référendum dans les quinze ans. Mais cet accord ne parle ni de l'Épire du Nord ni de l'Albanie. La conférence des Ambassadeurs règle la question et accorde l'Épire du Nord à l'Albanie le 9 novembre 1920. Cependant, la Turquie de Mustapha Kemal ne reconnaît pas le traité de Sèvres. Il est alors convenu de le lui imposer militairement. Venizélos déploie à ce sujet à nouveau des trésors de diplomatie afin que son pays ne se retrouve pas seul face aux armées turques en Anatolie.



De la « Grande Idée » à la « Grande Catastrophe » B) Ayant presque réalisé la « Grande Idée » (c'est-à-dire l'union de tous les Grecs dans

un même État), Venizélos est à l'apogée de ses succès diplomatiques, d'autant que le traité de Sèvres a mis fin à la « protection » obligatoire que les Grandes Puissances imposaient à la Grèce depuis les traités de 1832, 1863 et 1864. La fin de cette « protection » du pays est donc aussi mise au crédit de Venizélos. Pourtant, le décès accidentel du roi Alexandre Ier le 25 octobre 1920 et l’enlisement du conflit avec la Turquie provoquent la défaite électorale de Venizélos et le retour au pouvoir de Constantin Ier en novembre-décembre. La restauration du souverain détrôné en 1917 n’amène cependant pas la paix escomptée et la Grèce connaît de graves défaites face aux troupes de Mustapha Kemal. Après plusieurs mois de combats, le traité de Lausanne du 24 juillet 1924 rend à la Turquie la Thrace orientale et la Ionie tandis que des milliers de Micrasiates sont assassinés ou expulsés. C'est la « Grande Catastrophe », qui aboutit à une grave crise politique et sociale en Grèce. Dans le même temps, le traité redonne formellement à l'Italie, qui profite de l'isolement diplomatique de la Grèce, toutes les îles annexées du Dodécanèse pour en faire une colonie sous l'appellation de Possedimenti Italiani dell'Egeo.


MONUMENT DE LA 1ere GUERRE MONDIALE - THASOS


Yannis, Aggeliki . Dimitra ,Giorgos Giorgina ,Dimitris Marinos,Irini


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