Entreprise & Santé N°45

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BTP I SERVICE I COMMERCE & ARTISANAT I INDUSTRIE I INTERIM

Manutentions

PORTEZ-MOI BIEN ! Cahier central juridique détachable

Zoom sur

Le chapiteau santé d’Eurotunnel

Manutentions p15

Interview

Yannick Boucher L’économie régionale va mieux

N°45

p24

p27

1er trimestre 2019 www.entrepriseetsante.fr


SOMMAIRE

N°45 • 1er trimestre 2019

p23

p04

Y PENSER !

INVESTIR

Conseils pratiques

Sécurité au travail : petites entreprises, un élément essentiel de réussite !

p05

p24 EN DIRECT

AISMT : des collégiens aux conducteurs : la sécurité, c’est ensemble ! CEDEST : le théâtre joue son rôle pour informer sur la santé au travail ! ASTAV : risque routier, de l’organisation du travail aux comportements individuels

ZOOM SUR

ASTIL : le "chapiteau santé" d’Eurotunnel p26

ENVIRONNEMENT & TECHNIQUE

A.S.T. : réparation d’éolienne, le risque chimique ne s’envole pas !

p09

ERGONOMIE & ORGANISATION p27 p27

STSA : club connexion, place au dialogue !

INTERVIEW

Yannick Boucher, l’économie régionale va mieux

p10

VU !

p30

L’actualité en santé au travail

MARS

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AUX ALENTOURS

p11

• Rencontres sur la prévention en entreprise • 22e Journée Nationale de l’Audition

DOSSIER

Manutentions : Portez-moi bien ! • Enjeux et conseils généraux • ASMIS : La prévention, une stratégie d’entreprise

p31

VOTRE AGENDA

p15

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LE CAHIER JURIDIQUE

Avec ce cahier central détachable, nous abordons les fondamentaux législatifs de la santé au travail, tels que définis par le Code du travail et donc, applicables aux entreprises privées.

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ÉDITO

présente… Action Santé Travail, service de santé au travail de l’Artois, le prouve en présentant une action de prévention du risque chimique.

Jean-François Lescart À l’ère de la société digitale, les manutentions sont toujours là. Dans tous les secteurs d’activité et quelle que soit la taille de l’entreprise : services et soins à la personne, métiers du bâtiment, du commerce et de l’artisanat, activités agroalimentaires et industrielles, transports, etc. Sans compter que tout doit aller vite : une commande faite sur internet doit être livrée sous 24 heures ! Le dossier central de ce numéro d’Entreprise & Santé vous propose une synthèse de cette question cruciale pour nombre d’entreprise. L’ASMIS, service de santé au travail de la Somme, nous livre sa précieuse expérience de terrain. Les échanges avec les employeurs sont essentiels pour le devenir de la santé au travail. L’exemple apporté par STSA, service de santé au travail du Sambre Avesnois, est très éclairant. Réparateurs de pales d’éolienne, située à 100 mètres de hauteur ! Même dans cette activité, la santé au travail est

AISMT - Association Interprofessionnelle des Services Médicaux du Travail 1461 avenue du Cateau place Santos Dumont CS 50182 - 59404 CAMBRAI Tél. 03 27 72 63 63 www.aismtcai.com

ASMIS - Association Santé et Médecine Interentreprises du département de la Somme 77, rue Debaussaux CS 60132 80001 AMIENS Cedex 1 Tél. 03 22 54 58 00 www.asmis.net

AST - Action Santé Travail 174 route de Béthune CS 20023 62160 AIX-NOULETTE CEDEX Tel. 03 21 18 42 00 www.actionsantetravail.fr

Grâce au dialogue étroit entre salarié, employeur et médecin du travail, des patients en difficulté majeure de santé, peuvent garder leur travail. MTA, service de santé au travail de l’Aisne, en apporte un exemple explicite.

Boucher, chef de service Economie à La Voix du Nord d’avoir répondu à nos questions. Observateur particulièrement averti, il nous apporte une précieuse synthèse. Bonne lecture ! Jean-François Lescart Directeur de publication pour les services de santé au travail

La prévention du risque routier reste une priorité permanente. L’ASTAV et l’AISMT, respectivement services de santé au travail de Valenciennes et de Cambrai, nous livrent deux témoignages différents : transports en autocar, entreprise du bâtiment. La sensibilisation et la formation des salariés à la santé et la sécurité au travail sont une nécessité et une obligation. Le CEDEST, service de santé au travail de Dunkerque, développe un moyen original : le recours à des saynètes de théâtre. L’ASTIL, service de santé au travail de Calais-Boulogne-Le TouquetBerck, s’est impliqué dans la mise en place d’un "Chapiteau santé".

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entrepriseetsante.fr

La santé de notre économie concerne chacun d’entre nous. Merci à Yannick

ASTAV - Association de Santé au Travail de l’Arrondissement de Valenciennes 1, avenue de l’Europe 59880 SAINT SAULVE Tél. 03 27 46 19 24 www.astav.fr

ASTIL 62 - Association Santé Travail Interentreprises du Littoral 430 boulevard du Parc BP 94 62903 COQUELLES Cedex Tél. 03 21 85 51 85 www.astil62.fr

CEDEST - Centre pour le Développement Santé au Travail 4/10, rue Albert Thomas 59210 COUDEKERQUE-BRANCHE Tél. 03 28 24 98 98 www.cedest.net

MTA - Médecine du Travail de l’Aisne rue Théodore Monod - Z.A. Bois de la Chocque 02100 SAINT-QUENTIN Tél. 03 23 62 52 48 www.mt02.org

PÔLE SANTÉ TRAVAIL Centre Vauban - 199/201 rue Colbert Bâtiment Douai - CS 71365 59014 LILLE Cedex Tél. 03 20 12 83 00 www.polesantetravail.fr

SIMUP - Service Interprofessionnel de Santé au Travail de la Vallée de la Lys - Lille Métropole 22 rue de Lille BP 40018 - 59431 HALLUIN Cedex TÉL. 03 20 94 12 54 www.simup.fr

STSA - Santé Travail Sambre Avesnois 24, rue Romain Duchateau 59720 LOUVROIL Tél : 03 27 53 31 31 www.sante-travail-sa.fr

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Y penser ! DIESEL : PREMIER CANCÉROGÈNE PROFESSIONNEL Selon l’INRS, plus de 700 000 personnes sont exposées à titre professionnel à des émissions de moteurs diesel. A ce titre, les émissions diesel constituent la première exposition professionnelle à un cancérogène. L’INRS lance une étude nationale pour évaluer ce risque en situation réelle de travail. Les entreprises dont l’activité est directement en lien avec les véhicules à moteurs diesel (entretien, réparation, contrôle) sont particulièrement concernées. Mais aussi : utilisation d’engins à moteur diesel dans des espaces confinés ou souterrains, à l’intérieur d’entrepôts, chantiers, mines et carrières, tracteurs agricoles et forestiers, travail sur la voie publique, dans les cabines de péage autoroutier, les parkings, sur les docks maritimes… Et cette liste n’est pas exhaustive !

INAPTITUDE : OBLIGATION POUR L’EMPLOYEUR DE RECHERCHER UN RECLASSEMENT Les dispositions relatives à l’inaptitude médicale au travail d’un salarié d’une entreprise privée ont été modifiées par la loi du 8 août 2016, le décret du 27 décembre 2016 et l’ordonnance du 22 septembre 2017. Avant de prononcer l’avis d’inaptitude médicale au poste de travail, le médecin du travail doit réaliser au moins un examen médical et procéder ou faire procéder à une étude du poste de travail. L’avis d’inaptitude oblige l’employeur à rechercher

ACCIDENTS DU TRAVAIL : EN BAISSE POUR LE BTP, EN HAUSSE POUR LES SOINS À LA PERSONNE ET L’INTÉRIM L’Assurance Maladie – Risques professionnels a publié en novembre 2018, les chiffres 2017 des accidents du travail et maladies professionnelles. Globalement, la sinistralité liée aux accidents du travail est à son niveau le plus bas depuis 70 ans (33,4 accidents du travail pour 1 000 salariés). En baisse quasi continue depuis 20 ans, la fréquence des accidents du travail dans le secteur du BTP a diminué de plus de 3 % (56,8 accidents pour 1 000 salariés). Le secteur de l’aide et des soins à la personne poursuit sa hausse : son indice de fréquence est à 52,8 (97,2 en Ehpad et aide à domicile). L’intérim continue sa progression (indice de fréquence à 53,6).

un reclassement pour le salarié. La procédure de licenciement ne peut être engagée que si l’employeur peut démontrer qu’il lui est impossible de proposer un emploi compatible avec l’état de santé du salarié ou que celui-ci refuse l’emploi proposé. La procédure peut également être engagée si l’avis d’inaptitude stipule que tout maintien dans un emploi serait gravement préjudiciable à la santé du salarié ou que son état de santé fait obstacle à tout reclassement dans un emploi.

Source : travail-emploi.gouv.fr.

AUPRÈS DE VOUS… Votre service de santé au travail vous conseille. 04

IL VOUS APPORTE COMPÉTENCES ET EXPÉRIENCES RÉPONDANT AUX DIFFÉRENTS RISQUES DE VOTRE ENTREPRISE. CONSULTEZ-LE !

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EN DIRECT

LES AUTOCARS DU CAMBRÉSIS

De nombreux partenaires ont répondu présent : Carsat Hauts-deFrance, Sapeurspompiers, Police, Gendarmerie, Assurances Christian Pommeyrol, référent QSE région Nord de RATP DEV

« Pour nous, RATPDev, la sécurité est une valeur qui guide chaque instant de notre activité », nous déclare Christian Pommeyrol, référent QSE région Nord de RATP DEV. « Quand j’ai lancé l’idée d’une journée sécurité routière, rassemblant les voyageurs et notre personnel, j’ai tout de suite sollicité l’AISMT, en particulier Séverine Lesne, Intervenante en Prévention des Risques Professionnels (IPRP), qui nous accompagne depuis de nombreuses années. Nous travaillons ensemble sur la santé et la sécurité au travail : c’était une évidence. En outre, parmi nos voyageurs, les collégiens, qui utilisent quotidiennement nos autocars, devaient être associés avec une approche adaptée. Nous l’avons fait ! ». Avec le soutien actif de la municipalité de Cambrai, la place devant la mairie a vécu pour la sécurité routière, ce vendredi 5 octobre 2018. Un car qui bascule… « De nombreux partenaires ont répondu présent : Carsat Hauts-de-France, Sapeurspompiers, Police, Gendarmerie, Assurances,

Société de transport 92 salariés

Christian Pommeyrol, référent QSE région Nord de RATP DEV CAUDRY SANTÉ AU TRAVAIL DE CAMBRAI (AISMT)

Sensibilisation

Des collégiens aux conducteurs : la sécurité, c’est ensemble ! Filiale de RATP DEV, les Autocars du Cambrésis parcourent 2 800 000 kilomètres par an. De 5 h 20 à 20 h 40, chaque jour de la semaine, ils assurent les liaisons locales interurbaines dans le Cambrésis et les environs. Ils réalisent également des déplacements touristiques en France. Les 92 salariés (de l’administration à la gestion, de la maintenance à la conduite) concourent à la sécurité des 63 autocars et de leurs passagers. L’AISMT, leur service de santé au travail, a participé activement à la Journée Sécurité Routière organisée devant la mairie de Cambrai, le 5 octobre 2018.

Organismes de prévention routière et de formation. Ceci nous a permis de répondre à toutes questions : comportement, réglementation, sécurité active et passive, conduites à tenir, etc. », précise Christian Pommeyrol. « Avec les établissements scolaires et certains de nos personnels très sensibles à la sécurité, nous avons ainsi accueilli 450 collégiens, par groupe de douze élèves. La découverte de la sécurité était ludique et pédagogique : vidéos courtes et jeu sur ordinateur, simulation d’incendie, simulation de conduite auto ou de deux roues avec trouble de la vue ou perte des réflexes adaptés… Jusqu’à un autocar qui basculait ! ».

La prévention santé au quotidien Le Dr Corinne Croguennoc est médecin du travail à l’AISMT : « Nous assurons le suivi de santé au travail des salariés, et nous aidons les entreprises dans leurs actions de prévention. Lors de cette journée, nous avons pu informer les salariés sur les dispositions à prendre, en application des textes, en cas de diabète, de maladie cardiaque, d’apnée du sommeil, de prise de médicaments, etc. Un quizz très ludique a permis à chacun de s’informer et d’échanger ». Expliquer et dialoguer Pour la réussite de cette action, l’AISMT a mobilisé les compétences d’une équipe pluridisciplinaire. Daphnée Patte, infirmière de santé au travail et Séverine Lesne, ingénieure HSE ont été au cœur de la programmation et de l’animation de cette journée. Pour Christophe Pinchon, ingénieur hygiène sécurité (IPRP) à l’AISMT : « Cette démarche va pouvoir être proposée à d’autres entreprises concernées par la sécurité routière ».

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EN DIRECT

DELIFRANCE

Boulangerie, pâtisserie, viennoiserie, snacking 180 salariés Delphine de Camproger, responsable des ressources humaines DUNKERQUE SANTÉ AU TRAVAIL DE DUNKERQUE (CEDEST)

Sensibilisation et information

Le théâtre joue son rôle pour informer sur la santé au travail ! Groupe coopératif français créé en 1921 et spécialisé dans les céréales, VIVESCIA appartient à ses 11 000 agriculteurs adhérents. Implanté dans 25 pays, VIVESCIA est présent du champ de l’agriculteur jusqu’au palais du consommateur : culture de céréales, transformation en ingrédients de panification-brasserie-distillerie, activités de boulangerie, pâtisserie, viennoiserie et snacking surgelé. Au sein de ce groupe, à Dunkerque, DELIFRANCE emploie 180 salariés et élabore des pains surgelés pour les professionnels en France et à l’international. Le CEDEST, son service de santé au travail, est son conseiller permanent pour développer sa politique santé et sécurité au travail.

Au-delà du suivi de santé individuel « Plusieurs partenaires et prestataires sont

intervenus sur différents stands et animations. Le CEDEST a fait preuve d’innovation avec des saynètes de théâtre qui ont eu un franc succès. C’est un mode de communication ludique, qui met en exergue des moments vécus. Pour nous, la prévention au travail rejoint la prévention dans la vie personnelle » précise Delphine de Camproger. La journée est ouverte aux entreprises intervenantes et aux prestataires de maintenance. « Avec le Dr Françoise Mailly, le CEDEST est très impliqué, en allant au-delà des visites médicales et en apportant des compétences, notamment en ergonomie et aménagement des postes de travail ».

cis Lepoutre, nous avons avec Jackie Smagghe, metteur en scène, écrit quatre saynètes, travaillé nos mises en scène et monté nos représentations. Il a fallu apprendre à se positionner, à articuler, à poser sa voix mais grâce à Jackie nous avons beaucoup appris. Cette démarche complète nos actions de sensibilisations sur le terrain ». Chez DELIFRANCE, le CEDEST a animé également un atelier sur la prévention des risques liés à l’activité physique et un stand sur l’alimentation et l’hygiène de vie. Les San Tinelles du

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Pièce de théâtre

présentent

dit mêlant humour, jeux de rôle s avez “ Vou tion ? ” et messages n santé et sécurité Préve jouée en entreprise

au travail...

Le théâtre : une communication ludique ! Caroline Fransois est infirmière de santé au travail au CEDEST : « Faisant du théâtre sur mes loisirs, j’ai lancé l’idée de recourir à des saynètes pour faire passer des messages de prévention. Des collègues ont vite répondu présents ! Sous la supervision du Dr Jean-Fran-

1 - Céline Mabille, secrétaire médicale, Célia Lecomte, chargée de projet, Rébecca Joly, assistante RH, Hélène Marquette, infirmière de santé au travail.

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Delphine de Camproger, responsable des ressources humaines, DELIFRANCE

Sur réservation en entreprise Impression PACAUD

« Dans le groupe, la démarche sécurité est la priorité absolue : rien ne justifie que l’on se blesse au travail ! », nous situe d’emblée Delphine de Camproger, responsable des ressources humaines. « Au quotidien, nous appliquons les huit règles d’or qui sauvent la vie. Chacun est acteur de sa propre sécurité. En liaison avec le Comité Social et Economique, nous avons organisé, en octobre 2018, notre deuxième journée santé-sécurité, le Safety Day. Dans la mesure du possible, nous stoppons nos productions et tous les collaborateurs sont invités, sur leur temps de travail, à participer à des actions d’information et de sensibilisation ». Le suivi individuel de santé au travail des salariés est assuré par le Dr Françoise Mailly, médecin du travail au CEDEST. Pour la journée sécurité, son équipe pluridisciplinaire s’est mobilisée, en faisant preuve de créativité !

La démarche sécurité est une priorité numéro un : rien ne justifie que l’on se blesse au travail !

Pour toutes informations : Pôle Prévention Cedest : 03 28 24 98 98 ou par mail : poleprevention@cedest.net

Une action de sensibilisation du

Scénario et et mise en scène par

Jackie Smagghe


EN DIRECT

EIFFAGE

Immobilier, construction, génie civil 10 salariés

Jusque 2022, trois secteurs sont ciblés : BTP, services à la personne, chauffeurs de poids lourds. Bruno Figurski, technicien QHSE, ASTAV

Pascal Dupas, animateur Qualité Prévention Environnement VALENCIENNES SERVICE DE SANTÉ AU TRAVAIL DE VALENCIENNES (ASTAV)

Risque routier

De l’organisation du travail aux comportements individuels EIFFAGE est bien connu pour ses activités de construction, d’immobilier, de travaux publics et de génie civil. Le groupe a aussi un savoir-faire en matière d’énergie : Eiffage Énergie Systèmes conçoit, réalise, exploite et assure la maintenance des systèmes et équipements en génies électrique, industriel, climatique et énergétique. A Valenciennes, un centre de travaux dédié au génie électrique dans le tertiaire (immeubles de bureaux et administration) réunit 10 salariés. Son service de santé au travail, l’ASTAV, a développé un savoir-faire largement reconnu pour la prévention du risque routier. Valenciennes, explique : « La réussite repose sur un véritable travail d’équipe, mené au sein de l’ASTAV et avec l’entreprise. La collaboration étroite entre les ressources internes de l’entreprise et nos compétences spécialisées sont le gage de cette réussite ».

« Nous étions fait pour nous rencontrer », résume Pascal Dupas, animateur Qualité Prévention Environnement sur le secteur Hainaut-Bassin minier, en région Nord. « Sur l’ensemble de mon secteur, nous avons une flotte de 35 véhicules. Avec notre CHSCT , nous avons constaté une recrudescence des PV pour excès de vitesse. Nous nous sommes adressés à l’ASTAV, après avoir reçu une documentation sur leurs interventions pour la prévention du risque routier professionnel. Et nous avons été pleinement satisfaits ! ». Le Dr Laurence Nonclercq, médecin du travail qui suit les salariés de

Une sensibilisation… permanente ! Pascal Dupas explique : « Après une préparation commune de la matinée de sensibilisation, nous avons bénéficié de l’intervention de Bruno Figurski de l’ASTAV. Avec des supports adaptés à notre activité et très ludiques, nous avons pu aborder sans tabou trois thèmes fondamentaux : la vitesse, l’entretien du véhicule et l’alcool. Les salariés pouvaient poser toutes les questions qu’ils souhaitaient. Les échanges ont été très riches ». Cette sensibilisation est partie intégrante d’une politique globale de prévention du risque routier inscrite dans le document unique d’évaluation des risques professionnels. « Nous renouvellerons cette sensibilisation au moins tous les 5 ans ! ». Un positionnement fort de l’ASTAV Technicien QHSE à l’ASTAV, Bruno

Figurski explique : « La prévention du risque routier est une des priorités de notre projet de service. Nous formons les responsables d’entreprise à l’évaluation de ce risque et sa prise en compte dans le document unique d’évaluation des risques professionnels ; nous réalisons également des sensibilisations des salariés. Jusque 2022, trois secteurs sont ciblés : BTP, services à la personne, chauffeurs de poids lourds ». A cet effet, les entreprises vont recevoir une documentation. Les formations ont lieu au siège de l’ASTAV, ou en entreprise. Depuis 2016, Bruno Figurski réalise des modules de sensibilisation au risque routier : « Suite à appel à projet, dans le cadre du Plan Départemental d’Action de Sécurité Routière, nous sommes reconnus et labélisés par la Préfecture et la Prévention Routière du Nord pour des actions menées auprès de nos adhérents».

1 - Comité d’Hygiène, de Sécurité et de Conditions de Travail, bientôt intégré dans les missions du Comité Social et Economique, selon les termes de la loi.

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ERGONOMIE & ORGANISATION

> Maintien dans l’emploi

Mission accomplie ! Spécialiste mondial en équipements électriques et numériques du bâtiment, LEGRAND propose 215 000 références en 78 familles de produits, pour le résidentiel, le tertiaire et l’industriel. A Guise, en Picardie, LEGRAND emploie 52 personnes pour un âge moyen de 54 ans et 51 % de femmes, qui produisent coffrets et prises industrielles sur des marchés stratégiques. Devant des problématiques identifiées sur une ligne d’assemblage de coffrets, LEGRAND fait appel à MTA, son service de santé au travail, en accord avec son CHSCT. Des solutions, applicables sur d’autres lignes de fabrication, ont été déployées. Médecin du travail à MTA, le Dr Serge Gibbe a suivi LEGRAND durant des années : « J’ai toujours eu une écoute très attentive, avec des interlocuteurs très réactifs. Quand s’est présenté le cas d’une employée de 55 ans pour laquelle de nombreuses restrictions avaient déjà été formulées, la recherche d’une solution par le maintien dans l’emploi, plutôt qu’une inaptitude, s’est imposée tout naturellement à chacun : direction, CHSCT, salariés. Toutes les conditions de réussite étaient réunies au sein de l’entreprise ». Travailler ensemble pour des solutions « Du fait de douleurs exprimées par des salariés et d’arrêts maladie, les lignes d’assemblage "offrets" avaient déjà attiré notre attention », précise Edwige Famechon, chargée d’étude Qualité Sécurité Environnement. Sous l’impulsion du CHSCT, une intervention conjointe des ergonomes de MTA et du Sameth est initiée pour aménager la ligne d’assemblage d’une salariée avec restrictions d’aptitude. Pour Edwige Famechon, « La réussite repose sur la participation et l’expression de chacun. D’où la mise en place d’un groupe "agents", d’un groupe "technique", d’un pilote et d’un comité de pilotage incluant la direction. Avec une planification précise des investigations et des restitutions ». 08

Mettre en œuvre une méthodologie rigoureuse Ergonome à MTA, Laurence Samain explique la démarche mise en place sous forme de conduite de projet : « Observation des situations de travail, entretiens individuels sur la base du volontariat, questionnaires santé, questionnaire de Karasek, mesure des niveaux d’éclairement et d’ambiance physique, analyses biomécaniques et mesures des efforts, réunions avec les agents. Les solutions ont été étudiées en commun et évaluées avant mise en œuvre ». De ce fait, les restitutions en comité de pilotage permettaient d’aborder une approche globale et constructive de la situation. « Nos préconisations ont été mises en œuvre, dans une parfaite concertation ». Bénéficier d’aides techniques et financières « La salariée concernée est titulaire d’une reconnaissance de qualité de travailleur handicapé », précise Christophe Jankovsky, responsable du service "Accompagnement dans l’emploi" de l’actuel CAP Emploi. « Nous sommes intervenus à toutes les étapes avec MTA, mais aussi pour pré parer un dossier de demande de financement auprès de l’Agefiph. Ce dossier doit être pertinent, argumenté en termes de compensation du handicap et avec une proposition de plan de financement élaborée avec l’employeur ».

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Bilan des actions Edwige Famechon conclut : « Tout ceci se construit dans la confiance et la durée. Les modifications mises en œuvre peuvent se déployer sur l’ensemble des lignes de fabrication, bénéficiant ainsi à chaque salarié ». Les résultats sont là : « mise en place d’une sertisseuse pneumatique, d’un chariot spécifique, de postes de travail ½ temps assis, ½ temps debout. Au total, 18 risques de TMS identifiés (coude, épaule, port de charge) et supprimés. Des opératrices avec moins de douleurs et moins fatiguées. »

LEGRAND Équipements électriques et numériques du bâtiment 52 salariés Edwige Famechon, chargée d’étude Qualité Sécurité Environnement GUISE SANTÉ AU TRAVAIL DE L’AISNE (MTA)


VOTRE SANTÉ, VOTRE EMPLOI

> Prévention et suivi de santé au travail

Club connexion : place au dialogue !

Le dialogue est au cœur de la réussite en santé au travail. Depuis 10 ans, textes législatifs et règlementaires se sont succédés : loi sur la pénibilité, réforme des services de santé au travail, disparition des CHSCT et apparition des CSE, etc. Dans le Hainaut, à Fourmies, le club d’entreprises "Connexion" a demandé à STSA, service de santé au travail interentreprises, de participer à une de leurs réunions. Objectif : dialoguer pour comprendre, échanger, construire, apprendre à se connaître. Construire la santé au travail de demain, au plus près des entreprises et de leurs salariés.

Membre du conseil d’administration de STSA, Reynald Coppeaux est également président du club Connexion : « Nous réunissons près de 30 entreprises, implantées sur Fourmies et ses environs, avec quatre objectifs : apprendre à se connaître, mutualiser des moyens à travers des achats groupés par exemple, dialoguer avec les élus, échanger avec des partenaires extérieurs. Les questions de santé au travail sont multiples. Que devient l’aptitude médicale ? Pourquoi moins de visites médicales ? Quelle est la nouvelle offre de services ? Pour répondre à ces questions, nous avons demandé à STSA de participer à l’une de nos réunions. Ce fut un succès. Nos a priori ont été bousculés… En fait, nous ne connaissons pas tout ce que peut nous apporter notre service de santé au travail ! ». Aller au-devant des employeurs « Cette démarche s’inscrit dans notre action intitulée Promouvoir le STSA », précise Valérie Demarquay, infirmière de santé au travail chez STSA. « Nous intervenons au sein de groupements ou de clubs d’employeurs pour échanger et ouvrir

un dialogue direct. Nous expliquons nos missions, nos compétences, les services proposés dans les cotisations et notre fonctionnement auprès des entreprises. Puis nous répondons aux questions. Elles sont nombreuses ! Car beaucoup d’employeurs découvrent nos différentes prestations ». Un questionnaire de satisfaction est remis avec la possibilité de faire diverses demandes. Répondre aux demandes Valérie Demarquay précise : « Beaucoup d’échanges portent sur la détermination de l’inaptitude médicale, et notamment le décret de décembre 2016 qui s’applique depuis le 1er janvier 2017. Les entreprises nous expriment aussi leurs attentes en matière de santé au travail, directement lors de la réunion ou avec le questionnaire de satisfaction. Nous avons ainsi pu répondre à plusieurs demandes : réalisation et analyse de fiches de données de sécurité, accompagnements à la rédaction du DUERP, fiches d’entreprise, interventions en ergonomie ou métrologie, conseil avec recherches documentaires et fiches d’expositions concernant la

pénibilité au travail, études de poste. Le rôle de nos infirmières et conseillères en santé au travail, de notre pôle technique avec psychologue du travail, ingénieur HSE, ergonomes, référente maintien dans l’emploi, formatrices est méconnu ! Beaucoup d’entreprises ne savent pas que le médecin du travail anime et coordonne une équipe pluridisciplinaire ». L’action "Promouvoir le STSA" est portée par un groupe de travail composé du Dr Gilles Fombonne, médecin du travail, Sabine Gumez et Valérie Demarquay, infirmières de santé au travail, Isabelle Villalta, conseillère en santé au travail. CLUB “CONNEXION” Club d’Entreprises Reynald Coppeaux, président du club Connexion FOURMIES SANTÉ AU TRAVAIL SAMBRE AVESNOIS (STSA)

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Vu ! ACCÉLÉRATEUR SANTÉ-PRÉVENTION DANS LE BTP

ACTIV’DOS : L’APPLI GRATUITE QUI PRÉSERVE VOTRE DOS

Grâce au partenariat d’OPPBTP, CCCA BTP, PRO BTP, Excellence SMA, un incubateur de start-up spécialisées en santé et prévention dans le BTP a vu le jour. Il est déployé par Impulse Partners. Les start-up incubées bénéficient ainsi d’un hébergement, d’un soutien financier et d’un réseau, leur faisant gagner plusieurs mois dans leur développement. 15 startup sont actuellement hébergées : calcul prédictif de danger et de risque, formations en réalités virtuelle ou augmentée, solutions connectées pour réduire les efforts et la pénibilité, etc.

En 2018, l’Assurance Maladie cible sa campagne nationale d’information « MAL DE DOS ? LE BON TRAITEMENT, C’EST LE MOUVEMENT » vers les entreprises. Une application mobile « Activ’Dos » est disponible gratuitement sous iOS et Android. Véritable coach miniature, ludique et pédagogique, l’appli délivre des conseils, astuces et plus de 60 exercices pour préserver son dos. Elle aide les patients à gérer leur mal de dos, les soutenir dans le maintien ou la reprise d’une activité physique, prévenir l’apparition d’une récidive. Elle a été téléchargée plus de 100 000 fois !

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En savoir plus : activ’dos, ameli.fr.

MOINS DE 30 ANS : 2 FOIS PLUS D’ACCIDENTS DU TRAVAIL ! Les jeunes de moins de 25 ans formés en santé et sécurité au travail pendant leur scolarité ont 2 fois moins d’accidents du travail que les autres, alors que les moins de 30 ans ont, en moyenne, deux fois plus d’accidents du travail que les autres classes d’âges. Devant ce constat, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), l’Assurance Maladie – Risques professionnels et WorldSkills France se sont engagés pour sensibiliser les jeunes à la santé et à la sécurité au travail, lors des Olympiades des Métiers, qui se sont tenues du 29 novembre au 1er décembre 2018 à Caen. En savoir plus : inrs.fr.

SANTÉ MENTALE DES ACTIFS La fondation Pierre Deniker pour la recherche et la prévention en santé mentale a publié la première étude épidémiologique sur la Santé mentale des actifs en France, réalisée avec IPSOS, avec le soutien de la Fondation BTP+. 44% des salariés estiment que la communication et la circulation d’informations ne sont pas satisfaisantes. 27% des salariés déclarent ne pas pouvoir compter sur leurs collègues. 22% des salariés déclarent ne pas se sentir utile au travail et n’ont pas une bonne image d’euxmêmes. Autant de facteurs favorisant mal-être, détresse ou trouble mental. En savoir plus : fondationpierredeniker.org.unique - les cartes », ANACT, Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail.

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DOSSIER

Manutentions

PORTEZ-MOI BIEN !

À l’ère de la société numérique, la “pomme de Galilée” tombe toujours à la même vitesse et avec le même poids. Les transports qu’ils soient terrestres, fluviaux, maritimes ou aériens n’ont jamais été aussi importants, en volumes et types de colis. Dans des délais de plus en plus

brefs, chaque colis doit être livré au bon endroit : les plates-formes logistiques fleurissent sans cesse. Dans un commerce, un service, un atelier, un chantier, un lieu de soins les manutentions restent au cœur de l’activité.

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Manutentions BTP UN JOUR OU CHAQUE JOUR : SERVICES E TOUS MANUTENTIONNAIRES ! COMMERC T A N & ARTISA La manutention fait partie de notre vie. Elle repose sur un effort entraînant de nombreuses sollicitations : musculaires, articulaires, tendineuses, osseuses, INDUSTRIE cardiaques, vasculaires… Tant au niveau des bras, des mains, des jambes, des INTERIM

hanches, des genoux des chevilles, des pieds… Et du dos ! Sans oublier que la posture, la nature du sol, le parcours à effectuer, le rythme et les délais, la nature de la charge et de ses caractéristiques, et les vêtements jouent chacun leurs rôles respectifs. En fonction de ses capacités personnelles, physiques et mentales. Une bonne manutention ne s’improvise pas. Qu’elle soit occasionnelle ou habituelle !

PENSER MANUTENTIONNAIRE

• Postures adéquates : environnement, aides et capacités personnelles • Vêtements, gants et chaussures appropriés • Equipements de protection individuelle • Information et formation

PENSER ORGANISATION du TRAVAIL

• Adaptation des poids et formes de la charge • Adaptation des durées et confort d’exécution • Adéquation et clarté des informations nécessaires • Mise en place de coopérations dans l’exécution des tâches de manutention

PENSER ENVIRONNEMENT ET ORGANISATION DES LOCAUX

• Qualité des sols : nature et entretien • Anticipation des changements de niveaux, de déclivités et obstacles • Signalétique adaptée • Organisation des circulations

PENSER CHARGE

• Poids : respecter les limites législatives et règlementaires au port de charge • Forme : tenir compte des dispositifs de prises en main et de visibilité • Fragilité ou dangerosité : tenir compte de la nature de la charge

À SAVOIR ! L’adoption de gestes et postures adéquates reste la clé de voûte d’une manutention réussie. Tant pour des préoccupations de prévention des risques que de performance et qualité…

IMPORTANT !

La mise à disposition d’aide manuelle, mécanisée ou automatisée demande adaptation des salariés et de l’organisation. Une approche du changement avec expression des salariés est souvent nécessaire. D’autant que de nouveaux risques peuvent apparaître…

PENSER PRISE, POSTURE, PARCOURS ET DÉLAIS

• Créer les conditions de gestes et postures adéquates à la prise du colis • Adapter les conditions d’éclairement et d’ambiances physiques (ex. : Audition des signaux sonores) • Disposer de délais d’exécution qui soient de nature à éviter des prises de risques.

PENSER RÉCEPTION ET DÉPOSE

• Créer les conditions de gestes et postures adéquates à la dépose du colis • Tenir compte des données de poids, encombrement et fréquences dans les dispositifs de rangement et de magasinage • Développer des dispositifs d’aide à la dépose

PENSER CHARGE MENTALE

• Clarté des consignes, des informations, des procédures • Organisation du travail qui privilégie des délais d’exécution adéquats. • Qualité relationnelle, notamment dans la gestion des aléas et du climat de confiance

À NOTER ! Chaque commande urgente sur internet génère des transferts de marchandises en un temps record ! Ceci entraîne délais d’exécution accélérés et horaires décalés…

ATTENTION

AUX MANUTENTIONS OCCASIONNELLES ! Réalisées souvent dans l’urgence ou l’impréparation, elles sont facteurs d’incidents ou d’accidents.

Y PENSER Les outils d’aide à l’évaluation

Plusieurs outils d’aide à l’évaluation des risques liées aux manipulations de charges manuelles existent. N’hésitez pas à demander conseil à votre service de santé au travail. En France, l’INRS ou l’OPPBTP ont publié des guides d’analyse des situations de travail. Citons un outil belge particulièrement facile d’utilisation : FIFARIM (emploi.belgique.be). 12

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VALEURS LIMITES ET SEUILS ACCEPTABLES Le poids des évolutions Du latin « manu tenere », manutention signifie « tenir à la main ». Aujourd’hui des conditionnements sont conçus pour faciliter ces manutentions : poids, formes et volumes, nature des emballages et des capacités de préhension. A l’autre extrémité, les robots sont présents au sein d’entrepôts immenses dont les transferts et rangements sont gérés par des systèmes d’information de plus en plus performants. A l’horizon, les drones arrivent…

MANUTENTION SELON LE DICTIONNAIRE Action de manipuler, de déplacer des marchandises en vue de l’emmagasinage, de l’expédition, de la vente. (Larousse). SELON LE CODE DU TRAVAIL Pour l’article R.4541-2 du Code du travail, on entend par manutention manuelle, toute opération de transport ou de soutien d’une charge, dont le levage, la pose, la poussée, la traction, le port ou le déplacement, qui exige l’effort physique d’un ou de plusieurs travailleurs. AIDES A LA MANUTENTION La manutention fait partie intégrante du processus de fabrication, d’expédition et de livraison. Les tâches de manutention sont liées aux autres tâches de ces processus de travail. Les aides à la manutention doivent faire l’objet d’une réflexion et d’une formation associant les salariés afin d’en garantir l’usage, la sécurité et la qualité. On peut distinguer trois types d’aides : • Aides non motorisées : diables, rolls, palans, sangles, gerbeurs manuels, etc. • Aides motorisées : chariots automoteurs, chariots élévateurs, transpalettes, voire exosquelettes… • Automatisation : chariots autonomes, dispositifs de nacelles automatisées, etc.

DOSSIER

Nous présentons ci-après deux sources complémentaires. Les interprétations et applications de ces valeurs sont inséparables d’une part d’une analyse globale de la situation de travail et, d’autre part, de la prise en compte de l’âge et l’état de santé des salariés exposés. Code du travail (voir cahier juridique central, pages 15 à 17) Lorsque le recours à la manutention manuelle est inévitable et que des aides mécaniques ne peuvent pas être mises en œuvre : • Une charge ne peut pas être supérieure à 105 kg pour un homme et 25 kg pour une femme. • Au-delà d’une charge supérieure à 55 kg portée de façon habituelle, le travailleur doit avoir été reconnu apte par le médecin du travail. • Pour une femme, le poids d’une brouette ne peut pas dépasser 40 kg (brouette comprise).

Norme NF X 35-109 : Ergonomie. Manutention manuelle de charge pour soulever, déplacer et pousser/tirer. Méthodologie d’analyse et valeurs seuils (se référer au document d’origine : www.boutique.afnor.org)

Cette norme s’applique à l’activité de manutention de charges dans un cadre professionnel, avec ou sans utilisation d’aide à la manutention, par une personne de 18 à 65 ans sans restriction d’aptitude. S’agissant de la masse unitaire d’une charge, elle définit, par exemple, des valeurs seuils de référence selon des zones de risques : - Zone acceptable • Contrainte à risque minimum : 5 kg. • Valeur maximale acceptable : 15 kg. - Zone sous conditions • Valeur maximale sous conditions : 25 kg. - Zone inacceptable Cette norme identifie des facteurs de correction tenant compte des conditions de réalisation de la manutention et ne s’applique pas en cas d’escalier ou de pente. Les manutentions répétitives de charges inférieures à 3 kg ne sont pas prises en compte dans cette norme (se référer alors à la norme NF EN 1005-5 : Sécurité des machines - Performance physique humaine - Partie 5 : appréciation du risque relatif à la manutention répétitive à fréquence élevée)

Suivi de santé au travail Toute affectation à un poste exposant à des manutentions manuelles doit prendre en compte les caractéristiques de la personne, notamment sur le plan de sa santé et de ses antécédents médicaux. Sans aides mécaniques et avec manutentions de façon habituelle, une aptitude médicale délivrée par le médecin du travail est obligatoire dès lorsque le poids de la charge est supérieur à 55 kg. Elle doit être également constatée pour les jeunes travailleurs autorisés à effectuer des travaux comportant des manutentions excédant 20 % de leur poids.

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BTP SERVICES E COMMERC T & ARTISANA INDUSTRIE INTERIM

Manutentions manuelles

MOINS DE PÉNIBILITÉ, PLUS DE PRÉVENTION Les récents textes de loi relatifs aux retraites ont explicitement inscrit, dans le Code du travail, l’obligation de prévenir la pénibilité liée à dix facteurs de risque. La manutention manuelle de charge est l’un de ces facteurs de risques. Responsables d’usure prématurée de l’organisme, grands pourvoyeurs de troubles musculo-squelettiques et d’accidents du travail avec arrêt, les manutentions manuelles de charge doivent être identifiées dans le document unique d’évaluation des risques professionnels. Et faire l’objet d’une attention permanente afin d’en maîtriser les risques.

PRÉVENIR LA PÉNIBILITÉ Depuis 2017, il n’y a plus d’obligation de déclarer annuellement auprès de la Carsat les salariés exposés aux manutentions manuelles de charges, en cas de dépassement de seuils définis par les textes et aux fins d’abonder au Compte personnel de prévention du salarié. Cependant, en cas de maladie professionnelle avec taux d’incapacité permanente partielle de 10 % et plus, le salarié peut faire valoir ses droits de départ anticipé à la retraite à taux plein.

75 % DES MALADIES PROFESSIONNELLES INDEMNISÉES, UN ACCIDENT DU TRAVAIL SUR DEUX ! Les manutentions seraient à l’origine de plus de trois troubles musculo-squelettiques sur quatre, reconnues en maladie professionnelle indemnisée, pour le régime général. Trois tableaux de maladies professionnelles concernent explicitement les manutentions manuelles :

• Tableau n° 98 : Affections chroniques du rachis lombaire provoquées par la manutention manuelle de charges lourdes.
 Les manutentions manuelles de charges et contraintes de postures sont à l’origine de nombreux accidents du travail, au premier rang desquels les chutes ou problèmes dorsolombaires aigus.

BÉNÉFICIER DES FORMATIONS PRAP ? Depuis 2010, le réseau INRS/CARSAT déploie le dispositif PRAP : prévention des risques liés à l’activité physique. Une analyse des activités est effectuée et une formation des salariés est réalisée, en leur apportant une compétence prévention adaptée à leur situation de travail. Les organismes de formation PRAP sont habilités et les formateurs sont certifiés. La durée de formation initiale est de 14 heures pour les secteurs Industrie-Bâtiment-Commerce et de 21 heures pour le secteur Sanitaire et Social (IBC). Tous les deux ans, une journée de formation est organisée pour consolider les acquis.

• Tableau n° 57 : Affections péri-articulaires provoquées par certains gestes et postures de travail • Tableau n° 79 : Lésions chroniques du ménisque

S’INFORMER ET ÊTRE CONSEILLÉ ! Les services de santé au travail interentreprises ont une mission générale de CONSEIL DES EMPLOYEURS, DES SALARIÉS ET LEURS REPRÉSENTANTS afin d’éviter toute altération de la santé des travailleurs du fait de leur travail : ILS CONDUISENT LES ACTIONS DE SANTÉ AU TRAVAIL, ILS CONSEILLENT SUR LES DISPOSITIONS ET MESURES NÉCESSAIRES ILS ASSURENT LE SUIVI DE L’ÉTAT DE SANTÉ DES TRAVAILLEURS ILS CONTRIBUENT À LA TRAÇABILITÉ DES EXPOSITIONS PROFESSIONNELLES ET À LA VEILLE SANITAIRE. 14

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BTP I SERVICE I COMMERCE & ARTISANAT I INDUSTRIE I INTERIM

LE CAHIER JURIDIQUE détachable !

Avec ce cahier central, nous abordons les fondamentaux législatifs de la santé au travail, tels que définis par le Code du travail et donc, applicables aux entreprises privées. Il s’agit de synthèses qui ne substituent pas à la lecture des textes originaux.

L’ACTU

Les manutentions restent d’actualité Texte de référence : Directive européenne n° 90/269/CEE du 29 mai 1990 et loi du 31 décembre 1991, relative à la prévention des risques professionnels et codifiée aux articles L. 4121-1 à 5 du Code du travail ; décret du 3 septembre 1992 codifiées aux articles R. 4541-1 à R. 4541-10 du Code du travail. Les dispositions législatives et règlementaires relatives aux manutentions manuelles de charges s’appliquent à toutes les entreprises quelles que soient leurs tailles et activités, selon les principes généraux suivants : • Eviter le recours à des manutentions manuelles de charge par toutes mesures d’organisation ou de moyens. • Lorsque le recours à la manutention manuelle de charges est inévitable : • L imiter l’effort et réduire le risque. •E valuer les risques et les réduire. •T enir compte des caractéristiques de la charge, de l’effort requis, du milieu de travail, des exigences de l’activité et des facteurs individuels de risques. • I nformer et former le travailleur. • Pour un homme : aptitude médicale nécessaire si charges supérieures à 55 kg sans aides mécaniques et de façon habituelle sans dépasser 105 kg. • Pour une femme : la charge ne peut pas être supérieure à 25 kg. • Des dispositions particulières sont prises pour les jeunes travailleurs et les femmes enceintes (cf. pages intérieures). (Source : service-public.fr)

En outre, les neufs principes de prévention définis par l’article R. 4121-2 s’appliquent : 1° Eviter les risques. 2° Evaluer les risques qui ne peuvent pas être évités. 3° Combattre les risques à la source. 4° Adapter le travail à l’homme, en particulier en ce qui concerne la conception des postes de travail ainsi que le choix des équipements de travail et des méthodes de travail et de production, en vue notamment de limiter le travail monotone et le travail cadencé et de réduire les effets de ceux-ci sur la santé. 5° Tenir compte de l’état d’évolution de la technique. 6° Remplacer ce qui est dangereux par ce qui n’est pas dangereux ou par ce qui est moins dangereux. 7° Planifier la prévention en y intégrant, dans un ensemble cohérent, la technique, l’organisation du travail, les conditions de travail, les relations sociales et l’influence des facteurs ambiants, notamment les risques liés au harcèlement moral et au harcèlement sexuel, tels qu’ils sont définis aux articles L. 1152-1 et L. 1153-1, ainsi que ceux liés aux agissements sexistes définis à l’article L. 1142-2-1. 8° Prendre des mesures de protection collective en leur donnant la priorité sur les mesures de protection individuelle. 9° Donner les instructions appropriées aux travailleurs.

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Code du travail Les manutentions manuelles de charge Textes de références : Code du travail (Partie règlementaire, Quatrième partie : santé et sécurité au travail, Livre 5 : Prévention des risques liés à certaines activités ou opérations, Titre 4 : Autres activités ou opérations, Section 1 : Dispositions générales) Champ d’application : manutentions manuelles comportant des risques en raison des caractéristiques de la charge ou des conditions ergonomiques. Article R. 4541-1 Les dispositions du présent chapitre s’appliquent à toutes les manutentions dites manuelles comportant des risques, notamment dorso-lombaires, pour les travailleurs en raison des caractéristiques de la charge ou des conditions ergonomiques défavorables.

Manutention manuelle : toute opération de transport ou de soutien d’une charge qui exige un effort physique d’un ou plusieurs travailleurs. Article R. 4541-2 On entend par manutention manuelle, toute opération de transport ou de soutien d’une charge, dont le levage, la pose, la poussée, la traction, le port ou le déplacement, qui exige l’effort physique d’un ou de plusieurs travailleurs.

Eviter le recours à la manutention manuelle de charges par toutes mesures d’organisation ou moyens appropriés. Article R. 4541-3 L’employeur prend les mesures d’organisation appropriées ou utilise les moyens appropriés, et notamment les équipements mécaniques, afin d’éviter le recours à la manutention manuelle de charges par les travailleurs.

Lorsque la manutention manuelle est inévitable : prendre des mesures d’organisation appropriées ou mettre à disposition des moyens adaptés pour limiter l’effort et réduire le risque. Article R. 4541-4 Lorsque la nécessité d’une manutention manuelle de charges ne peut être évitée, notamment en raison de la configuration des lieux où cette manutention est réalisée, l’employeur prend les mesures d’organisation appropriées ou met à la disposition des travailleurs les moyens adaptés, si nécessaire en combinant leurs effets, de façon à limiter l’effort physique et à réduire le risque encouru lors de cette opération.

Lorsque la manutention manuelle est inévitable : évaluer les risques, organiser les postes pour les réduire en mettant à disposition des aides mécaniques ou, à défaut, des accessoires de préhension. Article R. 4541-5 Lorsque la manutention manuelle ne peut pas être évitée, l’employeur : 1° Evalue les risques que font encourir les opérations de manutention pour la santé et la sécurité des travailleurs ;

2° Organise les postes de travail de façon à éviter ou à réduire les risques, notamment dorso-lombaires, en mettant en particulier à la disposition des travailleurs des aides mécaniques ou, à défaut de pouvoir les mettre en œuvre, les accessoires de préhension propres à rendre leur tâche plus sûre et moins pénible.

Pour l’évaluation des risques : tenir compte des caractéristiques de la charge, de l’effort requis, du milieu de travail, des exigences de l’activité et des facteurs individuels de risques. Article R. 4541-6 Pour l’évaluation des risques et l’organisation des postes de travail, l’employeur tient compte : 1° Des caractéristiques de la charge, de l’effort physique requis, des caractéristiques du milieu de travail et des exigences

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de l’activité ; 2° Des facteurs individuels de risque, définis par arrêté conjoint des ministres chargés du travail et de l’agriculture.

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L’employeur informe sur la charge : poids, position du centre de gravité, côté le plus lourd. Article R. 4541-7 L’employeur veille à ce que les travailleurs reçoivent des indications estimatives et, chaque fois que possible, des informations précises sur le poids de la charge et sur la position de son centre de gravité ou de son côté le plus lourd lorsque la charge est placée de façon excentrée dans un emballage.

L’employeur fait bénéficier le travailleur d’une information sur les risques et d’une formation adéquate. Article R. 4541-8 L’employeur fait bénéficier les travailleurs dont l’activité comporte des manutentions manuelles : 1° D’une information sur les risques qu’ils encourent lorsque les activités ne sont pas exécutées d’une manière techniquement correcte, en tenant compte des facteurs individuels de risque définis par l’arrêté prévu à l’article R.

4541-6 ; 2° D’une formation adéquate à la sécurité relative à l’exécution de ces opérations. Au cours de cette formation, essentiellement à caractère pratique, les travailleurs sont informés sur les gestes et postures à adopter pour accomplir en sécurité les manutentions manuelles.

Charge supérieure à 55 kg sans aides mécaniques et avec manutentions de façon habituelle : aptitude nécessaire par le médecin du travail. En outre, une charge ne peut pas être supérieure à 105 kg pour un homme et 25 kg pour une femme ; pour une femme: si utilisation d’une brouette, celle-ci ne doit pas dépasser 40 kg, brouette comprise. Article R. 4541-9 Lorsque le recours à la manutention manuelle est inévitable et que les aides mécaniques prévues au 2° de l’article R. 4541-5 ne peuvent pas être mises en œuvre, un travailleur ne peut être admis à porter d’une façon habituelle des charges supérieures à 55 kilogrammes qu’à condition d’y avoir été reconnu apte par le médecin du travail, sans que ces charges puissent être supérieures à 105 kilogrammes. Toutefois, les femmes ne sont pas autorisées à porter des charges supérieures à 25 kilogrammes ou à transporter des charges à l’aide d’une brouette supérieures à 40 kilogrammes, brouette comprise.

Expédition par mer ou voie navigable : obligation de marquer le poids à l’extérieur si le colis pèse 1 000 kg ou plus. Article R. 4541-10 L’expéditeur de tout colis ou objet pesant 1 000 kilogrammes ou plus de poids brut destiné à être transporté par mer ou voie navigable intérieure porte, sur le colis, l’indication de son poids marquée à l’extérieur de façon claire et durable. Dans les cas exceptionnels où il est difficile de déterminer le poids exact, le poids marqué peut être un poids maximum établi d’après le volume et la nature du colis. A défaut de l’expéditeur, cette obligation incombe au mandataire chargé par lui de l’expédition du colis.

Femmes enceintes : l’usage du diable leur est interdit

Jeunes travailleurs de moins de 18 ans : diminution des seuils admissibles

Article D. 4152-12 L’usage du diable pour le transport de charges est interdit à la femme enceinte.

Article D.4153-52 Les jeunes travailleurs sont autorisés à être affectés à des travaux comportant des manutentions manuelles au sens de l’article R. 4541-2 excédant 20 % de leur poids si leur aptitude médicale à ces travaux a été constatée. Article D.4153-39 Il est interdit de laisser les jeunes travailleurs âgés de moins de dix-huit ans porter, traîner ou pousser des charges pesant plus de : 1° 15 kg pour un travailleur masculin de quatorze ou quinze ans ;

2° 20 kg pour un travailleur masculin de seize ou dix-sept ans ; 3° 8 kg pour un travailleur féminin de quatorze ou quinze ans ; 4° 10 kg pour un travailleur féminin de seize ou dix-sept ans. Le transport sur brouettes est également interdit aux travailleurs de moins de dix-huit ans pour les charges supérieures à 40 kg, brouette comprise.

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Code du travail Les obligations de prévention de la pénibilité Depuis 2012, le Code du travail retient comme définition légale de la pénibilité au travail l’exposition à un ou plusieurs facteurs de risques professionnels susceptibles de laisser des traces durables, identifiables et irréversibles sur la santé. En application du Code du travail, la manipulation manuelle de charges constitue un facteur de risque de pénibilité, lié à une contrainte physique marquée. En ce sens des obligations spécifiques de prévention, voire de compensation, s’imposent. A noter que les postures pénibles, définies comme étant des positions forcées des articulations, constituent également des facteurs de risques de pénibilité. Depuis le 1er octobre 2017, les salariés exposés aux manipulations manuelles de charge ou aux postures pénibles ne relèvent plus du champ d’application du compte personnel de prévention (C2P) : • Ils ne font donc plus l’objet d’une obligation de déclaration annuelle par l’employeur, auprès de la Carsat, via les déclarations sociales. • Ils peuvent faire valoir une reconnaissance de maladie professionnelle avec IPP de plus de 10 %, sans condition de durée d’exposition et avec ouverture de droit à départ anticipé à la retraite.

INFO ! Initialement, en 2016, le dispositif de prévention des facteurs de pénibilité établissait les seuils suivants pour les « manutentions manuelles de charges » : 600 heures par an : • Lever ou porter une charge unitaire de 15 kg • Pousser ou tirer une charge unitaire de 250 kg • Déplacement du travailleur avec la charge ou prise de la charge au sol ou à une hauteur située au-dessus des épaules d’une charge unitaire de 10 kg 120 jours par an : • Cumul de manutention de charges de 7,5 tonnes par jour.

INFO ! En application de la jurisprudence et du Code du travail, l’employeur a une obligation de sécurité de résultat. À ce titre, l’évaluation des risques liés aux manipulations manuelles de charges fait partie du document unique d’évaluation des risques professionnels.

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DOSSIER Manutentions manuelles

La prévention est possible, nécessaire et rentable !

Le 29 novembre 2018, lors de ses 10es Portes Ouvertes, l’ASMIS, service de santé au travail de la Somme, a accueilli plus de 100 entreprises adhérentes à la conférence : “Manutentions manuelles de charges : enjeux et solutions”. Ces portes ouvertes annuelles, organisées à l’intention des adhérents, sont l’occasion de rencontrer les équipes pluridisciplinaires de santé au travail pour s’informer sur les risques professionnels et les actions de prévention proposées par l’ASMIS. Pour le Dr Michel Stévenard, médecin référent de la cellule ASMIS Troubles musculo-squelettiques (TMS), les arguments sont là : la prévention est possible, nécessaire et rentable.

L’équivalent du département de la Somme à l’arrêt pendant un an ! « Au niveau national, en 2016, les arrêts de travail dus aux TMS correspondent à 31 370 000 journées de travail perdues, soit 125 480 ETP (Equivalents Temps plein). C’est comme si tous les salariés du département de la Somme étaient à l’arrêt pendant un an ! Les TMS représentent 87 % des Maladies Professionnelles indemnisées. Ils interviennent dans 53 % des accidents du travail avec arrêt. Aujourd’hui le secteur de l’aide à la personne est concerné au premier plan, car ses statistiques de sinistralité sont croissantes, alors qu’elles tendent à diminuer dans le BTP. »

En entreprise : des impacts durables… « Pour l’entreprise, la survenue de TMS a des conséquences très lourdes : absentéisme, baisse de performance, déclaration d’accidents du Travail et de maladies professionnelles avec, comme corollaire, une augmentation du taux de cotisation AT-MP. Le coût directement imputable varie de 100 à 500 euros par an et par salarié. Pour le salarié, les TMS entraînent une incapacité temporaire ou permanente, un handicap avec reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, voire une inaptitude. »

La prévention : des actions qui marchent !

Dr Michel Stévenard

professionnels conseillent les entreprises. La prévention des TMS est inscrite dans notre projet de service 20162021 : nous menons des actions ciblées. Pour exemple, une action est en cours pour les poseurs de menuiseries extérieures, avec un réseau de partenaires : Carsat, OPPBTP, Aract, Capeb 80, FFB 80. »

Le retour sur investissement est de 2,19 € Pour 1 € investi en prévention « En 2013, l’OPPBTP a publié les résultats d’une approche économique de la prévention. Les résultats sont là : sur 101 cas étudiés dans 27 entreprises du BTP, le retour sur investissement est de 2,19€€ pour 1€€ investi en prévention. La durée moyenne d’investissement est de 1,5 an dont 1,2 an pour une TPE. »

Découvrez également l’article “du réchauffement climatique aux TMS” avec les menuiseries FOURNY et TRICOT Flashez-moi !

voir l’article

« Le premier objectif est la prévention primaire, c’est à dire la maîtrise des risques à la source. Les résultats sont mesurables, avec des actions qui marchent. Des équipes locales de santé au travail, composées de médecins, d’infirmiers et d’intervenants en prévention des risques Entreprise & Santé • 1er trimestre 2019 • N°45 • www.entrepriseetsante.fr

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Manutentions manuelles

La prévention : une stratégie d’entreprise Créée en 1976, près de Lille, par Yves et Claudine Pourbaix, les “Rillettes de l’Ermitage” est une entreprise familiale. En 2015, pour poursuivre son développement, elle s’implante à Nesle en Picardie. Elle exporte son savoir-faire et l’excellence de ses produits au sein de 33 pays au monde. Pour Grégory Pourbaix, président et responsable export : « La santé et la sécurité sont au cœur de nos préoccupations quotidiennes pour obtenir de bons produits. Pour durer, nous devons maintenir un très haut niveau d’excellence et de rigueur ». Responsable administrative et financière, référente sécurité, Claudine Pourbaix est venue expliquer la démarche aux Portes ouvertes de l’ASMIS. Forte de ses 12 salariés, Les “Rillettes de l’Ermitage” préserve le savoir-faire artisanal dans un outil industriel. Toute action de prévention a quatre objectifs : la santé des salariés, la sécurité alimentaire, la rentabilité, la préservation de l’image de marque de l’entreprise. Ces objectifs sont autant de gages de développement de l’entreprise et de sa pérennité. Le Dr Jean-Marc Geslin, médecin du travail de l’ASMIS, assure le suivi de santé au travail des “Rillettes de l’Ermitage”. Claudine Pourbaix résume la démarche.

L’implication des salariés, garantie d’efficience. « Devant un projet de réaménagement de notre laboratoire, je n’ai pas hésité à faire appel à l’ASMIS, notre service de santé au travail. Cet accompagnement de l’ASMIS, notamment de notre médecin du travail et de Nathalie Lachambre, ergonome, a permis d’associer très étroitement nos salariés. Leur expérience et leur regard extérieur ont facilité l’expression de nos salariés. Cela a suscité la reconnaissance et le sentiment d’appartenance. En prenant en compte leurs besoins réels, l’application sur le terrain des préconisations a été plus efficiente. »

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l’approvisionnement des machines au nettoyage des sols et des ustensiles, tout a été mis en œuvre pour lutter contre les ports de charges lourdes, l’exécution de mouvements avec bras en élévation, de postures penchées en avant et d’efforts de pousser-tirer. Tout ceci nous a été précieux pour orienter à bon escient nos choix d’investissements. »

De l’aide technique… financière.

à

l’aide

« Bien identifier nos besoins est le point de départ d’une démarche réussie. Pour cela, l’ASMIS nous a accompagnés très tôt dans notre projet de réaménagement, dans un délai d’intervention de 3 mois entre la première rencontre et le rendu de préconisations, sans oublier les phases d’essais et de tests. Ceci nous a permis de déposer un dossier particulièrement étayé de demande d’une aide financière simplifiée auprès de la Carsat. Et nous l’avons obtenue. Pour notre TPE, c’est un succès complet. Un plus pour l’avenir ! Réussir en santé et sécurité au travail, c’est agir tous ensemble. »

LES RILLETTES DE L’ERMITAGE 12 salariés Grégory Pourbaix, Président et responsable export Claudine Pourbaix, Responsable administrative et financière, référente sécurité

Un réaménagement d’ensemble

NESLE

« Au niveau du laboratoire, une analyse globale des situations de travail a été effectuée. De

SANTÉ AU TRAVAIL D’AMIENS (ASMIS)

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DOSSIER

Manutentions manuelles

Enjeux et solutions d’entreprises !

Animatrice de formation à l’ASMIS, Sandrine Rasch intervient en entreprise à la demande du médecin du travail. Son apport : développer la prévention primaire, c’est à dire la maîtrise des risques à la source, de concert avec les ergonomes de l’ASMIS. L’entreprise bénéficie alors d’une approche globale pour l’aménagement de ses situations de travail. Les Portes Ouvertes permettent de rencontrer, autour de questionnements très concrets, plusieurs entreprises. Le 29 novembre 2018, le thème des manutentions manuelles de charges a attiré une centaine d’entreprises. Signe que ce sujet reste une préoccupation de premier plan, à l’ère de la société numérique. La directive européenne n° 90/269 établit que la manutention manuelle de charges comporte des risques notamment dorsolombaires pour les travailleurs, du fait de ses caractéristiques ou des conditions ergonomiques défavorables. Les enjeux liés aux risques sont clairement posés : ils ne concernent pas que la charge. Pour mémoire, la manutention manuelle de charge est “toute opération de transport par un ou plusieurs travailleurs, dont le levage, la pose, la poussée, la traction, le port ou le déplacement”.

La charge, oui ! Mais pas que la charge… « Les caractéristiques de la charge jouent un rôle essentiel : poids, forme et encombrement, stabilité, poignées ou prises adaptées… ou inadaptées ? Son contenu est-il fragile ou dangereux ? Les déplacements doivent être pris en compte avec autant d’importance : distance, nature des sols, déclivité, obstacles, escaliers… Des moyens d’assistance sont-ils accessibles ? Diables, transpalettes, chariots… »

Postures et environnement… « Les postures influent sur la prise de risques : position du corps et torsion, équilibre et assurance, hauteur et profondeur de prise… L’environnement joue un rôle essentiel : encombrement, empoussièrement, bruits, ambiance thermique et lumineuse, espaces suffisants pour manœuvrer. Autant de conditions qui influent sur la réussite d’une bonne manutention ! Sans compter sur l’accessibilité du lieu de dépôt ! L’organisation des zones de rangement, en fonction des hauteurs, fréquences et poids, est essentielle pour la réussite d’une manutention adaptée, efficace et performante. Respectueuse de la santé des opérateurs. »

Et l’organisation ? « Elle joue un rôle essentiel pour la réussite d’une manutention performante ! Les contraintes de temps, la multiplicité des tâches, les exigences de qualité sont autant de facteurs influents. Ceci prouve que s’attacher uniquement aux caractéristiques physiques de la charge à manutentionner est réducteur dans l’analyse d’une situation de travail. »

Un exemple en EHPAD… « En pleine croissance, les soins à la personne constituent une activité au sein desquelles les manutentions sont fréquentes et délicates. Des lève-personnes sont à disposition. Parfois, ils ne sont pas utilisés. En effet, ils nécessitent souvent un réaménagement de la chambre pour pouvoir être utilisés en confort et pleine sécurité. Ils nécessitent aussi un apprentissage tant au niveau du personnel que du patient. Ceci démontre qu’une étude de poste est souvent utile et nécessaire.» Portes ouvertes de l’ASMIS

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DOSSIER Manutentions manuelles

Les exosquelettes : du rêve à la réalité ! Lors des Portes Ouvertes organisées par l’ASMIS à Amiens, le 29 novembre 2018, plus de 100 entreprises ont assisté à la conférence “Manutentions manuelles de charges : enjeux et solutions”. Ergonome à l’ASMIS, Nathalie Lachambre a abordé un sujet d’actualité : “Les exosquelettes, du rêve à la réalité”. Avec un questionnement récurent : “Sont-ils efficaces ou non ?”, “Est-ce une mode ou une solution miracle ?” En sachant que le prix d’achat moyen d’un exosquelette est de 2 500 € HT et pour les harnais ou gilet 99 € au regard du coût des accidents du travail pour lombalgie (20 % des accidents du travail, 11,4 millions de jours d’arrêt de travail et plus de 422 millions d’euros en 2015) : ces questionnements sont donc cruciaux.

Les progrès médicaux, biomécaniques et bio-neuronaux sont spectaculaires. Les exosquelettes sont là. Avec des applications médicales : redonner de la mobilité aux personnes en situation de handicap. Et des applications professionnelles : réduire la pénibilité de nombreuses situations de travail, tout en améliorant les performances. Bijoux de technologies, associant la gestion automatisée de capteurs d’informations, d’automatismes sophistiqués et de nouveaux matériaux, ils appartiennent à la vaste famille des “Nouvelles Technologies d’Assistance Physique.”

De quoi parle-t-on ? « Un exosquelette est un système mécanique ou textile revêtu par le salarié. Il vise à lui apporter une assistance physique dans l’exécution d’une tâche, en compensant ses efforts et/ou en augmentant ses capacités motrices : augmentation de la force, assistance et soulagement des mouvements. IL peut s’agir d’harnais, disposant d’élastiques soulageant le dos en accroissant les efforts. Ou de dispositifs à ressorts d’assistance des bras ou des jambes. Voire du corps entier (définition de l’INRS). »

Des exosquelettes qui ne servent pas… « Parfois, nous intervenons quand l’exosquelette est déjà acheté. Et ils restent au vestiaire. Pourquoi ? Parce que les salariés n’ont pas été associés au choix et à l’achat. Or, un harnais, par exemple, ne peut pas être porté plus de trois heures au départ. En effet, Il faut également intégrer l’équipement dans un nouveau schéma corporel. Tout cela demande des essais et un temps d’adaptation. Associer les salariés et tester en situation réelle de travail est incontournable avant d’acheter. »

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Des entreprises qui nous consultent avant d’acheter ! « Nous aidons alors l’entreprise et ses salariés à identifier les tâches pour-lesquelles l’exosquelette peut apporter une plus-value. Cela demande une réflexion sur l’organisation du travail avec ou sans exosquelette, en évaluant les changements d’organisation que son usage va entrainer. Pour choisir le bon exosquelette, il faut le tester. Il faut travailler pour cela avec les salariés et les fournisseurs. »

Les six conseils qui sauvent… « Avec les salariés et l ‘encadrement, nous étudions l’inconfort cutané, l’augmentation du stress, les risques de collision, les risques de déséquilibres ou de mouvements incontrôlés, les nouvelles contraintes, notamment dorsales, l’augmentations des sollicitations musculaires ou cardiaques et aussi le regard des autres collègues. Pour autant qu’il réduise la pénibilité en augmentant les performances, l’usage d’un exosquelette apporte de profonds changements dans la situation de travail et son organisation (modification du process afin de permettre de regrouper les tâches pour lesquelles l’exosquelette est efficace). Cette approche du changement doit être intégrée en associant les salariés. C’est le gage du succès ! »

En savoir plus Guides et animations pédagogiques sur inrs.fr

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INVESTIR

Santé et sécurité au travail

Petites entreprises : un élément essentiel de réussite ! L’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail est affirmative : la santé et la sécurité au travail est un élément essentiel de la réussite économique et commerciale d’une entreprise. Quelles que soient sa taille et son activité. Ses conclusions résultent de plusieurs études menées à l’échelle internationale. Au-delà de la réduction des accidents du travail et maladies professionnelles et de leurs conséquences sociales et productives - il s’agit bien de prendre en compte les avantages d’une politique de santé et sécurité au travail au niveau de l’efficacité, de la performance et de la qualité. Et cela s’explique.

Dans son bulletin FACTS (Numéro 77), l’Agence européenne estime que chaque entreprise peut tirer d’importants avantages de son investissement en santé sécurité au travail : « De simples initiatives peuvent améliorer la compétitivité, la rentabilité et la motivation des salariés ». Pour l’Agence, un retour sur investissement peut atteindre un ratio de 12 sur un (bénéfice de 12 euros pour un euro investi) en fonction des options choisies en matière de Santé Sécurité Travail. A noter que le ratio moyen retenu à travers de nombreuses études est de 2 à 5 euros de bénéfice pour 1 euro investi, avec un retour sur investissement sur un délai moyen de 2,5 ans.

L’ensemble constitue un cercle vertueux, profitable à l’entreprise et à ses salariés.

« C’est bon pour les petites entreprises » Pour une petite et moyenne entreprise, les impacts d’une santé et sécurité au travail vertueuse sont essentiels et concourent à sa pérennité : Eviter les perturbations dans l’entreprise. Eviter la perte de « membres clés » du personnel. Motiver le personnel.

« C’est bon pour les affaires » Pour l’Agence, les entreprises ont tout intérêt à sensibiliser les décideurs et les collaborateurs. Plusieurs arguments sont identifiés : Rapports coût/avantage évidents, en abordant les améliorations en santé au travail comme de véritables investissements. Amélioration des niveaux de santé et sécurité avec amélioration des méthodes de travail. Amélioration de l’intérêt et de la sensibilisation à la santé et la sécurité au travail. Amélioration de l’efficacité de l’innovation et la maîtrise des risques.

S’assurer de son engagement. Répondre aux exigences des clients. Les performances en santé et sécurité au travail concourent à la stabilité de l’entreprise et sa croissance durable. Pour l’agence, l’action responsable en santé et sécurité au travail doit être exigée des fournisseurs. Attention : « les mauvaises performances en matière de santé et sécurité au travail ont un impact disproportionné sur les petites entreprises », conclut l’Agence. Le coût économique, humain, commercial est souvent sans appel pour une petite entreprise, contrairement à une grande entreprise.

Amélioration de la profitabilité, en maîtrisant les coûts et en accroissant les bénéfices. Entreprise & Santé • 1er trimestre 2019 • N°45 • www.entrepriseetsante.fr

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ZOOM SUR

ASTIL

Le chapiteau santé d’Eurotunnel Chaque jour, jusqu’à 400 trains traversent le tunnel sous la Manche. Côté français, 1 600 salariés travaillent sur le terminal de Coquelles, dont 100 conducteurs de navettes. C’est dire la diversité des métiers nécessaires au fonctionnement du tunnel sous la manche : entretien, maintenance préventive, dépannages et réparations, administration,

gestion. Jour et nuit, 7 jours sur 7 ! A Coquelles, le 4 octobre 2018, EUROTUNNEL a installé un "chapiteau santé" en partenariat avec l’ASTIL, son service de santé au travail ; de 7 h 30 à 18 heures, près de 500 salariés ont ainsi participé, sur leur temps de travail, à des actions de sensibilisation "santé", conçues et animées avec l’ASTIL.

Au sein de l’ASTIL, huit pôles d’expertise existent sous la forme de groupes d’étude. Le Dr Grégory Hermel anime le GNAPS : Groupe Nutrition, Activité Physique et Sommeil. Ce groupe s’est particulièrement investi pour la réussite de cette journée "santé". Sous le chapiteau "santé", 14 stands étaient proposés aux salariés d’Eurotunnel autour de sept thèmes majeurs : • La nutrition, la composition des repas et la découverte du goût. • L’hydratation. • Les activités physiques et la lutte contre la sédentarité, avec démonstration de Gym Ball. • L’importance de l’échauffement musculaire, avec un film tourné avec les salariés d’Eurotunnel, en situation réelle de travail. • Les rythmes biologiques, le sommeil et le travail en horaire décalé. • L’hygiène du pied et les chaussures de sécurité adaptées aux profils podométriques de chacun. À chaque stand, l’approche ludique et interactive est privilégiée : court exposé, quizz, autoévaluation, vidéos, démonstrations… Chaque salarié pouvait ainsi dialoguer et trouver réponse à ses questions.

Mélanie Devillers

La mobilisation générale d’Eurotunnel Outre l’implication effective de la direction générale, la réussite de l’action a associé de nombreux collaborateurs, sous l’impulsion de : Bertrand Laurence, gestion des compétences sécuritaires Mélanie Devillers, responsable du service prévention Stéphane Ducrocq, manager de travaux Frédéric Pille, responsable de la production documentaire pour l’infrastructure

responsable du service prévention infrastructure, Eurotunnel

Nous avans lancé l’idée de cette "journée santé" en janvier 2018, avec le Dr Guy Laroche. Médecin du travail à l’ASTIL. Il assure le suivi de santé au travail des salariés d’Eurotunnel, et connait parfaitement l’entreprise. Notre but était d’aborder les questions de santé et de bien-être sans casquette de gendarme, mais avec une approche plutôt ludique et attractive. Avec l’ASTIL et ses équipes, nous avons sélectionné plusieurs thèmes susceptibles d’intéresser nos salariés. Puis, nous avons retenu le principe du châpiteau "santé", ouvert sur une journée. Le site couvre plusieurs centaines d’hectares. Des navettes dédiées ont permis à chacun de venir sur la base du volontariat. Les premiers retours sont très positifs. Le dialogue très constructif avec l’ASTIL doit se poursuivre.

Bertrand Laurence

gestion des compétences sécuritaires infrastructure, Eurotunnel

L’important, c’est d’expliquer, en bravant les a priori et d’apporter de nouvelles informations qui bousculent les présupposés, avec des moyens adaptés. La collaboration avec l’ASTIL nous a ouvert de nouveaux horizons. Le travail de conception, de préparation et de logistique a été considérable…. Organiser une journée comme celle-ci demande un travail en amont qui ne se voit pas ou peu... Il en reste des découvertes capitales, des relations entre professionnels, et des productions concrètes. Par exemple, le film sur l’échauffement musculaire a associé tous les métiers, tant du côté anglais que français. Il est utilisable. La sensiblisation sur les Gym ball est très concrète et passe par la démonstration. Aujourd’hui, la communication est multicanale !

Dr Guy Laroche

médecin du travail ASTIL

Quand madame Mélanie Devillers est venue me voir pour organiser une journée Hygiène Santé et Prévention, j’ai tout de suite adhéré au projet. Et, au sein d’ASTIL, de nombreux collaborateurs se sont impliqués pour créer les stands, les supports d’animation. Il nous fallait des animations adaptées et ludiques, pour capter l’attention des salariés. Ces collaborateurs ont été présents toute la journée. Chacun est intervenu en fonction de ses compétences : le sommeil, les rythmes biologiques et les horaires de travail, les chausures adaptées, le Gym Ball, la gymanstique d’échauffement, l’importance d’une alimentation et d’une hydratation saine, etc. C’est une réussite !. 24

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ZOOM SUR

L’implication de l’ASTIL Le groupe nutrition, activité physique et sommeil (GNAPS) s’est totalement mobilisé : Béatrice Claeyman, assistante santé travail Laure Desmarchelier, assistante santé travail Jean-Luc Ellart, responsable des services généraux Mathieu Fasquelle, infirmier en santé travail Grégory Hermel, médecin du travail, coordonateur et référent GNAPS Guy Laroche, médecin du travail Fanny Ledet, infirmière en santé travail Sylvie Rolland, collaborateur médecin Avec le renfort de : Maud Coupin, secrétaire médicale et administrative Maxime Capponi, assistant RH Sébastien Charrière, RRH Julie Croquet, chargée de projet Katia Deblanc, assistante santé travail Daniel Blondeau, collaborateur médecin Lefevre Delphine, secrétaire médicale Anne-Laure Aubel, assistante santé travail Jeanne-Marie Anot, technicienne hygiène et sécurité Marine Coche, infirmière en santé travail Alison Peru, infirmière en santé travail

Frédéric Pille

responsable production documentaire infrastructure, Eurotunnel.

Le travail avec l’ASTIL est une expérience importante : nous avons tout de suite accroché ! Avec la volonté, l’envie et le dynamisme de faire ensemble. Nous devons entretenir les contacts et ne pas laisser retomber ce qui a été fait ! Sans refaire nécessairement un chapiteau avec des stands…, mais en poursuivant les actions auprès de nos collègues. Tous les thèmes abordés leur parlent, de la qualité du sommeil à l’entrainement physique en passant par les échauffements ou l’activité et les charges de travail. Autre point important, nous avons pu bénéficier du soutien du management, de l’encadrement et de l’engagement de la direction. C’est capital !

Stéphane Ducrocq

manager de travaux infrastructure, Eurotunnel.

Notre but commun est de parler prévention à l’ensemble des salariés, ceux qui sont en travail posté comme les travailleurs de jour, ceux à l’infrastructure, au matériel roulant ou ceux des fonctions supports. Chacun est essentiel à la bonne marche de l’entreprise et à la satisfaction de nos clients. Nous avons cherché à parler d’autre chose que de la sécurité au travail et surtout autrement. Bref, de la santé ! Sans imposer. Nous devons respecter les horaires de travail. En sachant que notre population vieillit. Il est de notre devoir d’informer nos collègues afin que chacun soit éclairé, puisse bénéficier de conseils personnalisés concernant son hygiène de vie, et choisir pour sa santé !

Christophe Géneau

directeur de l’ASTIL, service interentreprises de santé au travail Calais-Boulogne-Berck-Le Touquet.

Nous avons mobilisé de nombreuses compétences. Si on pense Eurotunnel, on pense aux trains qui traversent la Manche en 30 minutes. C’est une réalité ! Mais pour cela, près de 2 000 personnes travaillent sur le site. Tous les métiers sont présents ! Nous avons donc apporté ce que nous faisons en dehors du suivi individuel de santé au travail, avec l’implication du Dr Guy Laroche qui suit les salariés d’Eurotunnel. Et de ses collègues : médecins du travail, infirmières de santé au travail, assistantes de santé au travail, secrétaires médicales, administratifs et gestionnaires. En partageant nos compétences et nos expériences avec celles de l’entreprise. Ce n’est donc pas sans lendemain… Car nous avons appris, ensemble, à surprendre et à développer une vision de la santé au travail qui repose sur la prévention des risques à la source. Les salariés sont demandeurs.

Dr Grégory Hermel

médecin du travail, animateur du GNAPS, groupe d’étude nutrition, activité physique et sommeil, ASTIL.

Au delà de la prévention des risques professionnels, nous devons aborder les questions de santé et de qualité de vie. Les salariés sont demandeurs d’informations et de conseils, tant au sein des consultations médicales et infirmières, que par des actions de sensibilisation sur les lieux de travail. A ce propos, Eurotunnel est un cas d’école. Tant par la diversité des métiers présents sur le site, que par la volonté des équipes de prévention et de sécurité de s’impliquer. Les animations ont été conçues sur une base de 15 minutes, chacune. Sur les différents stands que nous avons animés, les dialogues avec les salariés ont été continus tout au long de la journée. Et très denses ! Car chacun doit trouver réponse à sa question. Être proche des salariés et échanger fait partie de notre mission .

Flashez-moi !

voir le reportage vidéo

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ENVIRONNEMENT & TECHNIQUE

Risque chimique

Réparation d’éolienne : le risque chimique ne s’envole pas ! Elles mesurent 40 à 55 mètres de longueur et tournent à 100 mètres de hauteur. Ce sont les pales d’éolienne ! Et il faut les entretenir et les réparer. Des techniciens en fibres composites interviennent alors en hauteur, en utilisant des nacelles. Groupe d’origine danoise, VESTAS est le premier fournisseur d’éolienne au monde. Du développement à la fabrication, de la vente à la maintenance, VESTAS gère plus de 60 000 turbines à travers les cinq continents. Action Santé Travail, service de santé au travail de l’Artois, a étudié les risques liés aux manipulations de résines, lors des tâches de réparation des pales. Sébastien Ladessus, est coordinateurmanager de chantier chez VESTAS France : « En France, nous avons 1500 éoliennes installées, pour 4 500 pales en fonctionnement. VESTAS France emploie 400 salariés. Grâce à nos centres de maintenance, nous assurons l’entretien des rotors, des roulements et des générateurs, ainsi que des pâles. Sur l’ensemble du territoire, neuf techniciens de pâles assurent leur réparation à base de résine époxy. Lors de sa visite médicale à Action Santé Travail, un de nos salariés a fait l’objet d’une proposition d’étude de poste. Nous avons tout de suite accepté ». Médecin du travail à Action Santé Travail, le Dr Claire Meurillon a diligenté cette étude. Un suivi de santé adapté Mickaël Laloux est technicien en fibres composites chez VESTAS : « Lors de ma visite médicale, le Dr Meurillon a prescrit une série d’examens : test d’effort, radio des poumons, prise de sang. Puis elle est venue sur place, pour étudier la situation de travail. Nous confectionnons une résine, grâce au mélange au gramme près d’une

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base et de son durcisseur. En plusieurs passages, nous appliquons cette résine et des fibres. Après ponçage, nous appliquons des produits imperméabilisants et une peinture de finition. Dans la majorité des cas, la réparation a lieu en hauteur, soit à l’extérieur, soit à l’intérieur de la pale ». Lauriane Plumart est technicienne HSE à Action Santé Travail. En mai 2018, elle a accompagné le Dr Claire Meurillon au parc éolien de Domarten-Ponthieux. Une étude à 70 mètres de hauteur « J’ai observé la situation réelle de travail, en accompagnant le technicien dans la nacelle » précise Lauriane Plumart. « Ce travail présente plusieurs particularités : préparation et usage de produits chimiques, port d’équipements de protection respiratoire, influence des conditions météos, travail en grande hauteur et, le cas échéant, en espace confiné. Nous avons procédé à une observation du poste de travail en temps réel ». Pour l’analyse du risque chimique, les compétences d’Alicia Peuvergne, toxicologue à Action

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Santé Travail, ont été très précieuses : les fiches de données de sécurité ont fait l’objet d’une étude approfondie. Des préconisations précises ont été effectuées, notamment sur la nature des filtres de protection respiratoire. Sébastien Ladessus conclut : « Nous avons bénéficié d’un rendu du médecin du travail dans un très court délai. J’ai diffusé les résultats de cette étude auprès de l’ensemble de nos sites en France, afin que les résultats soient bénéfiques pour tous nos techniciens de pales ».

VESTAS Fournisseur d’éolienne 400 salariés Sébastien Ladessus, coordinateur-manager Mickaël Laloux, technicien en fibres composites DOMART-EN-PONTHIEUX SANTÉ AU TRAVAIL DE L’ARTOIS (ACTION SANTÉ TRAVAIL)


INTERVIEW

La santé de l’économie compte pour chacun d’entre nous. Chef du service Economie à La Voix du Nord depuis 2005, Yannick Boucher nous livre quelques réflexions sur la conjoncture de notre région : ses atouts, ses faiblesses, ses perspectives. Observateur privilégié de par ses fonctions, et reconnu de par ses compétences, il a accepté de répondre avec clarté aux questions d’Entreprise & Santé. Nous le remercions chaleureusement, d’autant plus que son regard est particulièrement averti. Il nous apporte une vision d’ensemble très synthétique.

Yannick Boucher,

Chef du service Économie La Voix du Nord

« Globalement, l’économie régionale va mieux... sans que la croissance retrouvée ne sache toujours garantir l’emploi » Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la conjoncture économique des Hauts-de-France ? Yannick Boucher : Globalement, l’économie régionale va mieux, sans que la croissance retrouvée ne sache toujours garantir l’emploi. On a retrouvé un investissement productif qui reste soutenu en 2018 à + 7,3 %, permettant une modernisation de l’outil de travail et une amélioration des capacités de production. Par ailleurs, le crédit suit. Que ce soit le crédit à la consommation, + 8%, le crédit aux entreprises, + 7,5%, et le crédit immobilier, + 5%. Cela soutient le niveau d’activité, notamment pour les petites et moyennes entreprises. Il y a eu un trou d’air au printemps 2018, mais la situation s’est améliorée pour ce début d’année. D’où une activité globalement satisfaisante pour les services, l’industrie et le bâtiment. Les

URSSAF ont pointé 200 000 créations nettes d’emploi en 2018. Mais le taux de chômage régional reste au-dessus de la moyenne nationale avec 10,6 % en Picardie et 11,6 dans le Nord-Pas-deCalais. De nombreux chefs d’entreprises partagent une projection plutôt optimiste, en l’absence de déconvenue majeure. Autres indicateurs : les programmations d’implantations, notamment logistiques, et la promotion immobilière, très dynamique pour le tertiaire. Cependant, les Hauts-deFrance ont une particularité : 80 % des investissements immobiliers tertiaires concernent Lille Métropole, sans rayonnement sur l’ensemble du territoire régional. Il persiste des disparités territoriales très fortes. Que dire du tissu économique ? Yannick Boucher : Le tissu productif relève encore de gros établissements et la région manque de Recherche

et Développement. Les gros établissements, qui ont une véritable culture du salariat, n’accompagnent pas les ETI, entreprises de taille intermédiaires, les PME ou les TPE. Et nous manquons d’entreprises de taille intermédiaire, qui sont au nombre de 150 environ. Les grandes entreprises ne les associent pas dans leurs propres démarches d’export ou de conquêtes de nouveaux marchés. Par rapport à d’autres régions, c’est une caractéristique des Hauts-de-France. Par ailleurs, la crise de 2008 laisse des traces. Ces cinq ou trois dernières années, les TPE ont peu investi, par défaut de visibilité et de confiance. La création d’entreprises artisanales reste faible par rapport à la moyenne nationale. On manque d’entrepreneurs : l’esprit d’entreprise apparaît encore plus faible que dans d’autres régions comparables, même s’il faut nuancer selon les secteurs et les territoires. Nous sommes également

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INTERVIEW

« On a retrouvé un investissement productif, permettant une modernisation de l’outil de travail et une amélioration des capacités de production. » sous influence d’une croissance de 1,5 à 1,6 %, qui est trop molle pour créer des emplois. Ceci impacte les petits commerces et les artisans, pourtant en prise directe avec les consommateurs et le public. Quels sont les principales faiblesses des Hauts-de-France ? Yannick Boucher : Le manque de Recherche et Développement est criant, d’où une insuffisance d’innovations. En recherche fondamentale, la région n’a rien à envier à d’autres régions. En recherche appliquée, il n’en est pas de même. On est moins bon. En deuxième lieu, nous sommes encore une région en perte d’emploi industriel. Et cela va se poursuivre… Dans le privé, un emploi sur cinq relève du secteur industriel. Depuis 15 ans, nous perdons 2 000 à 3 000 emplois industriels par an. Dans ce secteur, nous dépendons de grands établissements. Que ce soit dans l’automobile, la sidérurgie, l’agroalimentaire, nous ne sommes pas à l’abri de décisions défavorables Quels sont les principaux atouts des Hauts-de-France ? Yannick Boucher : La situation géographique, bien sûr. Avec tous les flux qui traversent la région. Le littoral HA DE-F UTSRANC

E

en est un exemple emblématique : les ports de Boulogne-Calais entrent dans un dynamique positive, tandis que Dunkerque a battu tous les records en 2018, notamment en trafic de containers. Des secteurs porteurs sont présents. L’automobile avec les bons modèles dans les bonnes usines. La soustraitance industrielle avec du travail qui peut être donné par de grands donneurs d’ordre. Le commerce, qui se renouvelle avec le développement du e-commerce. Il nous faut rester leader. Des secteurs émergents sont là : la bio-santé, les neurosciences, le numérique. Nous avons de nombreux sites et pôles d’excellence car nous savons accompagner les entreprises innovantes, avec une pratique historique de la gouvernance partagée entre les collectivités territoriales et les chambres consulaires. Bien sûr entre le Conseil Régional et la CCI Hauts-de-France. Mais aussi, et c’est très important, au sein des différents territoires. La responsabilité sociale des entreprises et l’entreprise citoyenne constituent-elles des mouvements de fond ? Yannick Boucher : Oui. Ce sont des mouvements de fond, avec des effets

de mode sur quelques tendances. La mobilité douce constitue un mouvement porteur. Les neurosciences, l’industrie cognitive, l’intelligence artificielle, la bio-santé constituent des secteurs ou notre région apporte une plus-value en établissant des liens avec les réflexions éthiques. Cela s’explique par l’histoire. Notre région a vu naître le 1% logement, le logement social, l’apprentissage, etc. Ceci constitue une base solide et légitime. Cette capacité s’illustre, par exemple, par le World Forum, qui se réunit chaque année en octobre. Egalement, par le réseau Alliance, qui réunit 250 entreprises qui intègrent bien-être des salariés, préservation de l’environnement et équité sociale. Des entrepreneurs citoyens apparaissent : ils créent ou développent leur entreprise en soutenant une cause d’utilité sociale. Ce n’est pas un hasard si la 3e Révolution Industrielle, conceptualisée par Jérémy Rifkin, a vu le jour dans notre région. Et se prolonge aujourd’hui avec REV 3, qui constitue une véritable stratégie de développement pour les Hauts-deFrance et impacte tous les territoires.

Les Hauts-de-France... • 6 millions d’habitants, soit 9,4 % de la population française. • 8 % du PIB national, soit 160 millions d’euros de produits intérieurs bruts. • Taux de chômage supérieur à la moyenne nationale : 10, 6 % en Picardie et 11,6 % en Nord-Pas-de-Calais. • 2,2 millions d’emplois. • 235 000 entreprises du secteur marchand, dont 97 % ont leur siège dans la région. • 300 000 emplois industriels. • 2e rang français en matière d’investissement étranger, après l’ Île-de -France.

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« De nombreux métiers, qui seront présents dans 10 ans, ne sont pas encore connus » L’environnement est-il une mode ? Yannick Boucher : La prise en compte de l’environnement est une évolution incontournable. Dans notre région, particulièrement. Une économie de la réparation se développe ! Réparation des dégâts environnementaux, de la biodiversité et des espaces naturels. Sur ces critères, notre région est la dernière au classement national… Cela a une conséquence sur son attractivité. Le marché du recyclage est porteur, avec le développement de véritables filières. L’économie circulaire commence à intéresser tous les industriels de la région. Elle valorise le recyclage et le réemploi des matières premières. Elle est porteuse de résultats concrets sur la gestion des minéraux, par exemple. Elle est source de valeur ajoutée. Grâce à elle, les sidérurgistes gagnent de l’argent et résolvent des problèmes de stockage. Associée à l’énergie renouvelable, la numérisation, la connexion, le zéro carbone, la sobriété énergétique, cette économie circulaire apporte une vision

stratégique indéniable pour les années 2050. Certes, avec des différences selon les secteurs. Mais avec une pression très forte et incontournable des consommateurs. Et que dire du numérique ? Yannick Boucher : C’est un sujet capital. L’avenir passe par le numérique, autant au sein de la société et de nos modes de vie, que des activités économiques et de nos modes de travail. Avec une donne incontournable : de nombreux métiers, qui seront présents dans 10 ans, ne sont pas encore connus… Et une question de fond : quelles sont les compétences qui n’existent pas aujourd’hui ? Cela impliquera des reconversions, grâce à la formation professionnelle et l’apprentissage. Notre région a d’indéniables atouts tant pour le développement d’activités numériques, que pour l’accompagnement en matière de formation initiale et continue. L’avenir dira si nous avons réussi ce rendez-vous !

À LIRE !

Hors-série La Voix du Nord, disponible en kiosque. Décembre 2018. Clairement et abondamment illustré, ce fascicule livre une mine d’informations sur la conjoncture économique et sociale de la région, sous forme d’articles courts et précis. Puis, il apporte un éclairage, secteur d’activité par secteur d’activité.

BIOGRAPHIE EXPRESS Yannick Boucher Chef du service économique de La Voix du Nord depuis 2005, Yannick Boucher a une formation initiale acquise à l’université de Lille II : Master de Droit public, DEA en Affaires politiques, Licence d’histoire. Yannick Boucher est également chargé des questions d’environnement au sein de la rédaction régionale de La

Voix du Nord. Son début de carrière à La Chronique du Nord-Pas-de-Calais l’a très vite plongé dans le monde économique. Au fil des ans, il en est devenu un observateur privilégié, en gardant son œil d’historien. Après plusieurs années au sein de NEP TV, et une pratique du reportage radio pendant

8 ans, il se spécialise en presse écrite, au sein du Groupe Voix du Nord. Yannick Boucher intervient comme enseignant à Sciences Po Lille ; il a été intervenant à l’IEP de Lille, l’Ecole Supérieure de Journalisme et IFCOM Lille.

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AUX ALENTOURS MARS

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Rencontres sur la prévention en entreprise

Rendez-vous le 12 mars dans votre service de santé au travail

Sous l’égide de Présanse le 12 mars 2019, les services de santé au travail interentreprises animeront partout en France des rencontres sur la prévention en entreprises. Une occasion unique pour les entreprises de valoriser leurs actions en santé au travail. Et d’échanger ! Quels sont les objectifs de cette journée ? Cette journée nationale inédite sera l’occasion de présenter la réalité de la prévention en Santé au travail et de partager les actions réussies, conduites au quotidien par les services de santé au travail interentreprises avec les entreprises adhérentes et leurs salariés. 17 000 professionnels des services de santé au travail interentreprises En France, 240 services de santé au travail interentreprises interviennent

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au bénéfice d’1,5 million d’entreprises (dont 80 % ont un effectif inférieur à 10 salariés) et de 15 millions de salariés (sur les 16 millions que compte le secteur privé). Cette journée nationale permettra de présenter les compétences et réalisations des 17 000 professionnels de santé au travail des services de santé au travail interentreprises. Cette mobilisation permettra de dessiner une image plus fidèle de la santé au travail et d’ouvrir la voie à des évolutions répondant aux besoins des entreprises.

14 mars 2019 : 22e Journée Nationale de l’Audition

Les oreilles au cœur de la santé : Et si c’était vrai ?

A l’occasion de cette 22e édition, le groupe d’Experts membres du Comité scientifique de l’association JNA créatrice des campagnes nationales sur l’audition (Professeurs et chercheurs médecins ORL, orthophonistes, audioprothésistes...) veulent alerter l’opinion publique sur le lien entre les oreilles et la santé.

Cette année, les experts de l’association JNA ont choisi de promouvoir l’audition comme l’un des éléments essentiels de l’équilibre de vie et de santé ; un élément trop souvent oublié, délaissé, même lorsque la presbyacousie apparaît, et que des acouphènes envahissent le quotidien.

Source : www.journee-audition.org

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Entreprise & Santé • 1er trimestre 2019 • N°45 • www.entrepriseetsante.fr

Pour qui ? Cet événement s’adresse aux différents publics des services de santé au travail. Tout d’abord les entreprises adhérentes, représentées par les chefs d’entreprises et leurs relais RH, cet événement s’adresse également aux 17 000 professionnels de santé au travail. Source : Informations mensuelles Présanse l Janvier 2019


AGENDA

» « Petits déjeuners sur les TMS Réservé aux adhérents de l’ASTIL

Le pôle d’expertise GTMS lance ses petits déjeuners sur la thématique des TMS sur les différents sites de Coquelles, Boulogne-sur-Mer et Rang-du-Fliers. Il s’agit d’un programme en 3 sessions autour des questions : • Qu’est-ce que les TMS ? • Qu’est-ce que la démarche de prévention des TMS ? • Qu’est-ce que l’analyse de l’activité ?

Et ça commence dès le 7 Février 2019 avec Boulogne-sur-Mer. Inscriptions et renseignements à l’adresse suivante : prevention.TMS@astil62.fr

« Matinales santé travail » Réservé aux adhérents de l’ASMIS

L’ASMIS organise des rencontres matinales d’information à l’intention de ses adhérents, dans plusieurs villes du département de la Somme, sur les thématiques suivantes :… > Le lundi 4 février 2019 de 8 h 30 à 10 h 30 à Amiens. Maintien dans l’emploi. > Le mardi 5 mars 2019 de 8 h 30 à 10 h 30 à Abbeville. Travail sur écran. > Le jeudi 14 mars 2019 de 8 h 30 à 10 h 30 à Amiens. Bruit au travail. > Le mardi 19 mars 2019 de 8 h 30 à 10 h 30 à Roye. Travail sur écran. > Le mardi 26 mars 2019 de 8 h 30 à 10 h 30 à Roye. Risque routier. Détails et inscriptions à l’adresse matinales@asmis.net

, « TPE/PME de moins 50 salariés concerne » la matinale travail sur écran vous

Réservé aux adhérents de MTA > Les 6 ou 7 mars 2019 de 8 h 30 à 12 h à la ZI Rouvroy-Morcourt de Saint-Quentin. Programme de la Matinale : • 8h30 Accueil des participants, café d’accueil • 8h45 Informations générales sur les risques et présentation des différents ateliers • 9h15 Ateliers : mise en situations et conseil sur le travail sur écran, implantation du poste de travail dans un bureau, réveil musculaire et étirements, Partenaires extérieurs locaux : présentation et information sur l’éclairage par un éclairagiste de la société ETAP et sur le matériel bureautique de la Société Perspectives. • 11h30 Quizz, évaluation, temps d’échange • 12h00 Fin de la Matinale Lieu : ALKOR (ex Majuscule) ZI Rouvroy-Morcourt 02100 Saint-Quentin Inscriptions avant le 22 février 2019 : par téléphone au 03 23 62 52 48 (tapez 2), par email matinales@mt02.org, ou directement en ligne (QR CODE)

Contact : entrepriseetsante@nordnet.fr Les éditions de l’encre vive Tél. 03 20 14 07 77 Directeur de publication : Jean-François Lescart Conception et Réalisation : Méthodes et Médiation – Lille Responsable de rédaction et rédaction : Dr Matthieu Méreau Méthodes et Médiation - Lille Coordinatrice d’édition : Nathanaëlle Debaene Méthodes et Médiation – Lille

Comité de rédaction : Alain Cuisse, Francine Lemonnier, Louis-Marie Hardy, Dr Alain Moniez Relecture scientifique : Bernard Fontaine Correctrice : Christine Bayart Création et mise en page : Altitude I GDSGROUP - www.gdsgroup.fr Crédit photos : P5 : LES AUTOCARS DU CAMBRESIS ; P6 : CEDEST ; P7 : EIFFAGE, ASTAV ; P8 : LEGRAND ; P19 : Dr MICHEL STEVENARD ; P20 : « RILLETTES DE L’ERMITAGE » ; P21 : ASMIS ; P24-25 : ASTIL, EUROTUNNEL ; P26 : VESTAS ; P27 : YANNICK BOUCHER ; P30 : PRESANSE, JNA.

Coordination, Fabrication, Diffusion : Les éditions de l’encre vive 71 boulevard Montebello - 59000 Lille Tél. 03 20 14 07 77 Régie publicitaire : Entreprise et Santé - Matthieu Méreau, Nathanaëlle Debaene Tél. 03 20 14 07 77 Impression : Léonce Deprez - Ruitz Dépôt légal à parution N°ISSN en cours Tirage : 94 000 exemplaires Édité par : Groupement Inter Services Santé Et Travail 40 bis allée du Bénélux - Zone Artoipole 62060 Arras Cedex 9 - Tél. 03 21 22 28 21

Entreprise & Santé • 1er trimestre 2019 • N°45 • www.entrepriseetsante.fr

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ENTREPRISES ET COLLECTIVITÉS

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