Entreprise & Santé N°63

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Fortes chaleurs et canicule

Santé au travail : rendre attractif des emplois

Témoignage de JEAN BRACQ SAS

Le magazine des services de prévention et de santé au travail Hauts-de-France www.entrepriseetsante.fr N°63 3e trimestre 2023 BTP I SERVICE I COMMERCE & ARTISANAT I INDUSTRIE I INTERIM
Le dossier

P08

EN DIRECT

CEDEST : La prévention sauve nos collaborateurs !

AST : Maitriser la première cause de mortalité au travail

ASTAV : Prévenir aussi (et surtout !) le risque routier

VU !

P15

DÉTACHABLE

P24

ERGONOMIE & ORGANISATION

AISMT : Rendre les emplois attractifs grâce à la santé au travail

DOSSIER

Fortes chaleurs et canicule Risques professionnels

CAHIER JURIDIQUE

Travail et fortes chaleurs, Travail et canicule. Que dit le Code du travail ?

INVESTIR & AGIR

ASTIL : Des Preventeurs de proximité et des outils en ligne gratuits !

P27

ZOOM SUR

Pôle Santé Travail Métropole Nord : 500 000 espaces «salarié», 33 000 espaces «entreprise»

P30

AUX ALENTOURS

PRST 4

L’accueil du nouvel arrivant : un moment clé de prévention !

INTERVIEW

Léa Leroy, Dorothée Vincent, Sylvain Chamot « Médecine et santé au travail, l’avenir est devant ! »

P31 ACTU

Votre agenda en santé au travail

Retrouvez la suite des articles grâce aux flashcodes présents dans les pages ou rendez-vous sur : entrepriseetsante.fr

Entreprise & Santé • 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr
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SOMMAIRE
P05
P11 RISQUE FAIBLE MOYEN FORT
P23
Actualités P10

ÉDITO

Le risque routier est la première cause de mortalité au travail. Dans la rubrique « En direct », le Cedest, l’Astav et Vallourec Services Center, l’Ast et l’association 3S nous livrent trois exemples d’actions de prévention menées sur les territoires du Dunkerquois, du Valenciennois et de l’Artois (p. 5 à 7).

Les déserts médicaux concernent aussi la médecine du travail. Pour nous éclairer sur cet enjeu majeur, les Drs Sylvain Chamot et Léa Leroy, respectivement chef de clinique et interne en Médecine et santé au travail au CHU d’Amiens, le Dr Dorothée Vincent, collaboratrice médecin à l’Amsis, ont accepté de répondre à nos questions (p. 27, 28,29). Je les remercie très sincèrement pour les perspectives positives qui se dessinent.

La Santé au travail concourt à l’attractivité de nos métiers. C’est la conviction que partagent l’Aismt et Jean Bracq SAS. Il s’agit de pérenniser sur le Cambrésis une entreprise de dentelle et passementerie, véritable savoir-faire local et séculaire de renommée mondiale (p. 8).

Notre dossier aborde une question d’actualité : les fortes chaleurs et la canicule. Il s’agit autant d’une question de santé publique que de santé au travail. Vous y trouverez des conseils concrets de prévention. Présoa témoigne d’actions spécifiques, déployées sur les territoires de l’Aisne et de la vallée de l’Oise (p. 11 à 22).

Le document unique d’évaluation des risques professionnels (Duerp) concerne chaque entreprise, quelle que soit sa taille. Astil 62 accompagne les Tpe et Pme, en les aidant à utiliser OiRA, logiciel gratuit et intuitif développé en France par l’Institut national de recherches et sécurité (p. 23).

Les relations entre les employeurs, les salariés et les Services de prévention et de santé au travail interentreprises doivent intégrer les nouvelles technologies. Pour plus de souplesse, plus d’efficience et de traçabilité ! Pôle santé travail métropole nord nous en donne l’exemple, avec le témoignage de deux entreprises : Sarbec et Proman (p. 24 et 25).

L’accueil d’un nouvel arrivant dans une entreprise est un moment fort de prévention. Dans le cadre du Plan Régional de Santé au Travail, les Services de prévention et de santé au travail des Hauts-de-France se mobilisent, avec de nombreux partenaires, pour apporter un aide à l’ensemble des entreprises de la région (p. 30).

AISMT - Association Interprofessionnelle des Services Médicaux du Travail

1461 avenue du Cateauplace Santos Dumont

CS 50182 - 59404 CAMBRAI

Tél. 03 27 72 63 63

www.aismtcai.com

ASTAV - Association de Santé au Travail de l’Arrondissement de Valenciennes

1, avenue de l’Europe

59880 SAINT SAULVE

Tél. 03 27 46 19 24

www.astav.fr

PÔLE SANTÉ TRAVAIL

Centre Vauban - 199/201

rue Colbert

Bâtiment Douai - CS 71365

59014 LILLE Cedex

Tél. 03 20 12 83 00

www.polesantetravail.fr

ASMIS - Association Santé et Médecine Interentreprises du département de la Somme

77, rue Debaussaux

CS 60132

80001 AMIENS Cedex 1

Tél. 03 22 54 58 00

www.asmis.net

ASTIL 62 - Association Santé Travail Interentreprises du Littoral 430 boulevard du Parc

BP 94 62903 COQUELLES Cedex

Tél. 03 21 85 51 85

www.astil62.fr

CEDEST - Centre pour le Développement Santé au Travail

4/10, rue Albert Thomas

59210 COUDEKERQUE-BRANCHE

Tél. 03 28 24 98 98

www.cedest.net

SIM’UP - Service Interprofessionnel de Santé au Travail de la Vallée de la Lys - Lille Métropole 22 rue de Lille

BP 40018 - 59431 HALLUIN Cedex

TÉL. 03 20 94 12 54 www.simup.fr

AST - Action Santé Travail

174 route de Béthune

CS 20023

62160 AIX-NOULETTE CEDEX

Tel. 03 21 18 42 00

www.actionsantetravail.fr

PRÉSOA - PREvention Santé Oise Aisne rue Théodore Monod - Z.A. Bois de la Chocque02100 SAINT-QUENTIN

Tél. 03 23 62 52 48

www.presoa.org

STSA - Santé Travail Sambre

Avesnois

24, rue Romain Duchateau

59720 LOUVROIL

Tél : 03 27 53 31 31

www.sante-travail-sa.fr

HAUTS-DE-FRANCE
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Bon été ! Bonne lecture !
© JM. Broux
03

ÉVALUER LES RISQUES PROFESSIONNELS

Le DUERP est le document unique d’évaluation des risques professionnels, que chaque entreprise doit avoir fait et actualisé, au regard de la loi, quelle que soit son activité et dès qu’elle emploie un salarié.

Qui peut m’aider pour mon DUERP ?

Ton SPSTI, pardi !

Le SPSTI est le service de prévention et de santé au travail interentreprise auquel adhère l’entreprise

DUERP

Au niveau national, près d’une personne par jour trouve la mort sur la route du fait de son travail. Les journées nationales de la sécurité routière au travail se sont tenues du 22 au 26 mai. Le 25 mai, près de 30 TPE et PME se sont retrouvées au CEDEST, pour un atelier co-animé avec la Carsat Hauts-de-France. À partir d’outils déployés par la Carsat, le CEDEST a en effet mis en place un module d’accompagnement qui permet aux entreprises de réduire le risque d’accident de trajet et d’accident de mission.

La prévention du risque routier professionnel est un des axes forts du PRST 4 (Plan régional santé travail 2021-2025), développé par les partenaires sociaux sous l’égide de la Dreets Hauts-de-France. Au CEDEST, la prévention du risque routier professionnel entre dans le partenariat déjà engagé avec la Carsat Hauts-de-France. Rappelons que le risque routier doit être abordé dans le DUERP (document unique d’évaluation des risques professionnels).

Les modules d’accompagnement du CEDEST

« Le 25 mai, nous avons accueilli des entreprises adhérentes de différents secteurs d’activité : transport de personnes, BTP, services, aides au domicile, industries, etc. Toutes sont convaincues que la prévention du risque routier professionnel sauve des collaborateurs. Mais comment faire ? », explique Mathieu Waro, assistant santé-travail au CEDEST. « Avec notre module d’accompagnement, elles trouvent une réponse ». Cet accompagnement repose sur une méthode rigoureuse, en 8 étapes de 3 heures chacune, qui permet à l’entreprise de s’approprier la démarche. Patrice Pascucci, assistant santé-travail au CEDEST, explique : « Après un temps de dialogue et d’échange permettant un pré-diagnostic, nous proposons une lettre d’engagement à l’entreprise. Cette lettre initie la mise en place d’un comité de pilotage et la nomination d’un référent au sein de l’entreprise ; elle formalise notre rôle.

L’analyse précise du risque routier peut alors être réalisée, grâce à l’outil Risque Routier Pro, développé et mis à disposition par la Carsat Hauts-de-France. Le Comité de pilotage peut alors adopter un plan précis de prévention, qui est intégré au DUERP. Ce plan d’action, dont nous assurons le suivi, peut alors se mettre en œuvre. Au bout de 12 mois, nous réalisons une évaluation des résultats obtenus, en comparant nos indicateurs à ceux du départ ». À noter que cette démarche rigoureuse et précise peut permettre à l’entreprise de faire une demande de minoration de son taux de cotisation « Trajet » auprès de la Carsat Hauts-de-France.

Les outils de la Carsat Hauts-de-France

« Pour nous, c’est « gagnant-gagnant » avec l’entreprise », explique Séverine Huyon, contrôleuse de sécurité à la Carsat Hauts-deFrance. « En co-animant l’atelier du 25 mai avec le CEDEST, nous avons pu présenter d’autres outils utilisables en toute autonomie : e-learning, application " Jeu Trajet Gagnant ", etc. Souvent sousestimé et absent des risques identifiés dans le DUERP, c’est pourtant un risque professionnel majeur qui concerne tous les salariés et employeurs ». Les différents outils de la Carsat sont présentés dans la rubrique " VU ! " de ce magazine (page 10).

03 Entreprise & Santé • 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr 05
CEDEST - PRÉVENTION ET SANTÉ AU TRAVAIL DU DUNKERQUOIS EN PARTENARIAT AVEC LA CARSAT HAUTS-DE-FRANCE EN DIRECT
UNE ACTION
- Risque routierLa prévention sauve nos collaborateurs !

-

À l’association Scarpe Sensée Services, les salariés parcourent près de 30 000 km en un mois, sur un territoire de 203 communes rurales. Soit plus de 1000 heures de travail par mois passées en déplacement routier. L’association 3S, dont le siège social se situe à Ecoust Saint Mein, est un service d’aide et d’accompagnement au domicile. Elle réalise donc, 7 jours sur 7, des interventions au domicile de ses bénéficiaires : soins, aides domestiques, jardinage, petit bricolage, assistance de patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Les ateliers de sensibilisation au risque routier réalisés par Action Santé Travail, service de prévention et de santé au travail de l’association 3S, sont donc essentiels.

Virginie Hangard est la responsable paie et ressources humaines des 160 salariés travaillant à l’association 3S : « Dans notre activité, le risque routier est un réel sujet. Nos aidants au domicile sont sur les routes de campagne 365 jours par an, hiver comme été, quelles que soient la météo et les circonstances : accident, travaux, transports des betteraves, etc. En 2017, nous avions déjà bénéficié d’une sensibilisation pour nos salariés intervenant au domicile. En 2023, nous avons demandé à Action Santé Travail de réaliser, chez nous, des ateliers de sensibilisation pour tous nos salariés… Soit, au total, 14 séances de 2 heures par groupe de 10 participants, en début d’après-midi ».

Le regard du médecin

Le Dr Joris Facq est médecin du travail à Action Santé Travail : « Le risque routier est la première cause de mortalité au travail par accident, lors du trajet domicile-travail ou lors de déplacements liés aux missions exécutées dans la cadre du travail. Quand je rencontre un salarié, lors des visites médicales, j’aborde le sujet à titre individuel. La sensibilisation de l’ensemble des salariés est tout aussi importante. J’ai d’ailleurs eu d’excellents retours de la part des salariés de l’association 3S ».

160 salariés

Virginie Hangard, responsable paie et ressources humaines

Les offres « sur mesure » d’Action Santé Travail

« Dans chaque entreprise, le risque routier doit être évalué dans le cadre du DUERP, Document unique d’évaluation des risques professionnels. À l’issue de cette évaluation, nous pouvons mettre en place des sessions de sensibilisations, adaptées aux besoins de l’entreprise », explique Chadia Belhadji, animatrice santé sécurité à Action Santé Travail. « Nous intervenons dans le cadre d’un accompagnement personnalisé de l’entreprise ». Cet accompagnement personnalisé de l’entreprise reprend la méthodologie « Risque Routier Pro » de la Carsat Hauts-de-France : pré-diagnostic, diagnostic, actions de prévention et évaluations. Dans ce cadre, les sessions de sensibilisation d’Action Santé Travail peuvent durer de deux à quatre heures, en fonction du nombre de modules retenus. « A chaque fois, nous privilégions une animation ludique, qui suscite les échanges et les débats. La prise de conscience est un préalable à l’adoption de comportements vertueux ». Virginie Hangard conclut : « Les échanges avec chacun constituent la richesse de cette démarche de sensibilisation. Nous avons eu d’excellents retours de nos salariés »

ASSOCIATION SCARPE SENSEE SERVICES
ECOUST SAINT MEIN
ACTION SANTÉ TRAVAIL – PRÉVENTION ET SANTÉ AU TRAVAIL DE L’ARTOIS
Risque routierMaitriser la première cause de mortalité au travail
EN DIRECT Entreprise & Santé • 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr
UNE ACTION
06
De gauche à droite : A. Cathelain, responsable SAAD, K. Carlier, intervenante à domicile, V. Hangard, E. Lecornet, assistante de Soins en Gérontologie et J. Minet, infirmière

Dans le groupe Vallourec, leader mondial de solutions tubulaires pour l’énergie et l’industrie, la culture Prévention « irrigue » chaque site de production. Concrètement, chaque salarié doit intégrer, au quotidien, des objectifs et règles fondamentales de sécurité. À Valenciennes, Marie-Laure Paumas, responsable des services généraux et HSE sur le site VALLOUREC SERVICES CENTER, a fait tout naturellement appel à l’ASTAV1, son « Préventeur de santé », pour la réalisation d’une sensibilisation au risque routier, dans le cadre de la Safety Day 2023, le 1er juin dernier.

« En matière de sécurité routière, l’Astav a développé un véritable savoir-faire depuis 2009. Nous sommes labellisés Sécurité Routière, par la Préfecture du Nord », explique Bruno Figurski, technicien supérieur QHSE/IPRP à l’ASTAV. « Nous avons participé à l’élaboration du Document général d’orientation 2023-2027 du Préfet. Nous allons participé au Club Entreprise Sécurité Routière du Valenciennois, mis en place par la Préfecture. Dans notre projet de service ASTAV 2023-2028, la prévention du risque routier est un de nos axes prioritaires ».

Le risque routier : une priorité

Le Dr Philippe Morel, médecin du travail à l’ASTAV, assure le suivi de santé au travail du site VSC de Valllourec : « J’assiste aux réunions du Comité de santé sécurité et conditions de travail de VSC Vallourec. Suite à l’actualisation régulière de leur document unique d’évaluation des risques professionnels, le risque routier a vu bondir son indice de priorisation, au 1er trimestre 2023. Il faut savoir que le risque routier est la première cause de mortalité au travail en France. Il est un des axes majeurs du PRST 4 : Plan régional de santé au travail ».

Prévention du risque routier : chacun est concerné !

« Sur le site VSC à Valenciennes, près de 200 collaborateurs travaillent pour des services partagés entre différents sites de production : informatique, comptabilité, paye et formation, achats, logistique, qualité et sécurité. Chacun est concerné par le risque routier, soit dans le trajet quotidien domicile-travail, soit lors

de missions spécifiques liées au travail », explique Marie-Laure Paumas. « En prévention, nous travaillons sur la base de notre DUERP, en liaison régulière et suivie avec le Dr Philippe Morel. Nous ne saurions faire autrement ! ».

La sensibilisation : un incontournable.

« Dans les ateliers de sensibilisation que j’anime, je privilégie les échanges entre les participants. C’est en parlant de faits concrets, que chacun peut reprendre conscience de l’importance quotidienne du risque routier », explique Bruno Figurski. Marie-Laure Paumas conclut : « Bruno Figurski a animé trois ateliers avec 10 salariés chacun. Il aborde les risques et les chiffres, grâce notamment à des vidéos chocs. Puis, chacun utilise des lunettes permettant de comprendre les conséquences de l’alcool ou du cannabis au volant. Enfin, les tests permettant à chacun de mesurer son temps de réaction sont explicites. D’autres thèmes, tels que le sommeil ou le stress ont été abordés lors de cette journée. L’atelier Risque routier a été plébiscité. C’est à faire… et refaire ! ».

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UNE ACTION
ASTAV - PRÉVENTION ET SANTÉ AU TRAVAIL DU VALENCIENNOIS VALLOUREC
CENTER
EN DIRECT 07
1- Association pour la santé au travail du Valenciennois
SERVICES
200 salariés Marie-Laure Paumas, responsable des services généraux et HSE
- IndustriePrévenir aussi (et surtout !) le risque routier

- Dentelles et passementerie -

Rendre les emplois attractifs grâce à la santé au travail

Créée en 1889 à Caudry, Jean Bracq SAS réalise sur demande des dentelles d'exception, pour des clients prestigieux, à travers le monde entier. 70 % de la production est exportée dans plus de 20 pays. Avec l’AISMT, service de prévention et de santé au travail interentreprises de Cambrai-Caudry, Jean Bracq SAS s’est engagé dans une démarche de suppression du port de charges. L’ergonomie permet de rendre les postes de travail plus attractifs. C’est essentiel pour pouvoir embaucher des jeunes. « Un enjeu très fort pour la société, les salariés et la filière », déclare Laurent Bracq, président de Jean Bracq Sas.

« Depuis 40 ans, rien n’avait bougé », poursuit Laurent Bracq. « Moi-même, j’ai été tulliste pendant trois ans, et, aujourd’hui, c’est un choix de chef d’entreprise que de vouloir supprimer les manutentions ». Le site de Caudry compte 35 salariés. Chaque année, deux nouvelles collections de dentelles de Calais-Caudry1 sont créées. La fabrication se fait dans un atelier de 100 m de long, avec 33 machines Leavers. Chaque machine comprend 5000 bobines (en cuivre/nickel) de 61 mm de diamètre, comportant chacune entre 100 et 130 mètres de fil ayant l’épaisseur d’un cheveu. Deux fois par semaine, le réapprovisionnement de chaque machine demande la manipulation de 8 boîtes de bobines, pesant chacune 29 kg. Le suivi de santé au travail est assuré par le Dr Laurence Nonclercq, médecin du travail à l’AISMT Cambrai-Caudry.

Remplacer « porter » par « glisser » !

Christophe Pinchon est intervenant en prévention des risques professionnels et ergonome à l’AISMT Cambrai-Caudry : « Étant sur place avec le Dr Laurence Nonclercq, Monsieur Laurent Bracq nous a fait part de ses recherches pour éviter aux ouvriers tullistes de porter, avec flexion, les boîtes de bobines ». En animant des groupes de travail, Christophe Pinchon a permis aux ouvriers de s’exprimer et de contribuer à trouver les solutions. « Dans nos échanges, nous avons remplacé le mot " porter " par " glisser ". Et le résultat est là ! Le " on a toujours fait comme cela " est devenu « on pourrait faire autrement ». La participation des ouvriers a entrainé leur adhésion au processus de changement ».

Permettre l’embauche de jeunes…

« Et le changement est nécessaire, si on veut embaucher des jeunes tullistes. Sans eux, l’entreprise va s’arrêter ! La manutention lourde ne doit plus être, pour que les postes soient acceptés par les jeunes générations et pour prévenir les troubles musculo-squelettiques » poursuit Laurent Bracq. De la préparation à la production, les postes ont été réaménagés. Aujourd’hui, un chariot élévateur permet d’éviter les manipulations de boîtes et de les amener sur les métiers de dentelle. Là, on pourra les amener sur des tables à roulement qui permettront à l’ouvrier de faire glisser les boîtes, tout au long du processus. « Tous les aménagements sont conçus, dessinés et testés sur place en situation réelle de travail, grâce à la participation de chacun. C’est le gage du succès ! », conclut Christophe Pinchon. Et il s’agit du patrimoine français, d’un savoirfaire séculaire, reconnu à l’international.

ERGONOMIE & ORGANISATION Entreprise & Santé • 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr 08
AISMT - PRÉVENTION ET SANTÉ AU TRAVAIL DU CAMBRESIS
1 - L’appellation correspond à une marque déposée et protégée, exclusivement réservée à la dentelle fabriquée sur des métiers Leavers depuis plus de deux cents ans. JEAN BRACQ SAS 35 salariés Laurent Bracq, président Caudry
UNE ACTION
Voir la vidéo

LES SERVICES DE PRÉVENTION ET DE SANTÉ AU TRAVAIL DANS LES HAUTS-DE-FRANCE

Un réseau de plus de 1700 experts présents sur les 24 bassins d’emploi : médecins et infirmiers de santé au travail, ingénieurs et techniciens HSE, psychologues du travail, ergonomes, toxicologues industriels, assistants d’équipes santé travail.

Un accompagnement adapté pour chacune des 100 000 entreprises de la région et leurs 1,4 million de salariés : évaluation des risques professionnels, le suivi individuel de santé au travail et le maintien en emploi.

UN ACCOMPAGNEMENT PERSONNALISÉ POUR

LES TRAVAILLEURS INDÉPENDANTS

Comment lutter contre les Troubles Musculo Squelettiques dans mon entreprise ?

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La solution : TMS Pros

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Pour en savoir + carsat-hdf.fr

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Carsat Hauts-de-France

RISQUE ROUTIER PROFESSIONNEL

Avec chaque année près de 500 décès et environ 30 000 blessés dont 4 500 blessés graves, le risque routier est la première cause de décès au travail. Le risque routier professionnel englobe les risques mission et trajet domicile/travail. Il concerne l’ensemble des travailleurs. Ce risque doit être pris en compte par l’ensemble des entreprises et être inscrit dans le DUERP (document unique d’évaluation des risques professionnels). Une démarche pérenne et continue doit être mise en place.

Pour vous accompagner dans cette démarche et agir concrètement sur le mana-gement des déplacements, des véhicules, des communications et des compétences, la Carsat Hauts-de-France vous propose une offre de services qui vous aidera à réaliser un bilan personnalisé, à structurer votre démarche et à progresser à votre rythme :

AGIR EN PRÉVENTION

• Plaquette : « Risque routier : pourquoi agir »

• Le site « Risques Routiers Pro » : risqueroutierpros.fr, outil d’évaluation du risque qui vous guidera également dans la construction de votre plan d’actions de prévention.

• Grilles d’autodiagnostic et grille d’analyse des accidents.

• Outils de sensibilisation : Serious game « Trajet gagnant », Chasse aux risques. Webinaires.

SE FORMER À LA PRÉVENTION

• Un E-learning « le procès du risque routier professionnel », destiné aux dirigeants et aux salariés

• Une offre de formation complète

S’INFORMER SUR LES AIDES FINANCIÈRES

• Le contrat de prévention, pour les entreprises de moins de 200 salariés des secteurs pour lesquels une convention nationale d’objectifs a été signée.

• Les subventions prévention, destinées aux entreprises de moins de 50 salariés.

SE DOCUMENTER

• Dossiers documentaires

• Guide « Agir sur les risques liés aux déplacements par des actions concrètes de prévention »

• Foire aux questions

En savoir plus : carsat-hdf.fr > entreprises

> expertise risques pros > risque routier Contacter les équipes de préventeurs (Ingénieurs conseils, contrôleur de sécurité, experts) : risque.routier@carsat-nordpicardie.fr

Entreprise & Santé • 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr 10 VU !

- Risques professionnels -

Fortes chaleurs et canicule

Depuis quelques années, la météo nous joue des tours ! Les épisodes de fortes chaleurs et de canicule impactent notre vie au travail, quelle que soit notre activité professionnelle. Entreprise & Santé fait un bref tour de la question. Attention : ce dossier ne traite pas de l’exposition à la chaleur générée par le travail. Il aborde la question de l’impact des fortes chaleurs et de la canicule, liées aux circonstances météorologiques, sur le travail.

03 11 Entreprise & Santé • 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr
DOSSIER

- Fortes chaleurs et canicule -

DE QUOI PARLE-T-ON ?

Présentant son plan d’anticipation des vagues de chaleur, le 8 juin 2023, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires est formel : elles « sont de plus en plus intenses, fréquentes, précoces et longues. En France, avant 1989, elles s’observaient en moyenne une fois tous les 5 ans. Depuis 2000, elles reviennent tous les ans. Et cette augmentation des vagues de chaleur va encore se poursuivre : elles seront deux fois plus nombreuses d’ici 30 ans ». Ceci impacte directement nos conditions de vie… et de travail !

Les épisodes de fortes chaleurs et de canicule impactent notre vie quotidienne. Que ce soit à la maison, dans nos activités de loisirs ou notre travail. Les personnes les plus vulnérables sont particulièrement concernées : nourrissons, enfants, personnes âgées, personnes isolées ou sans abri, etc. Le monde du travail n’échappe pas aux contraintes des épisodes de fortes chaleurs et de canicule : quelle que soit l’activité ou le métier. Chacun est concerné. Chacun est impacté.

PENSER AU DUERP

Il est évident que l’exposition aux épisodes de fortes chaleurs et de canicule fait partie des risques à identifier et évaluer lors de l’élaboration et de l’actualisation du document unique d’exposition aux risques professionnels. Et ceci concerne toute entreprise, quel que soit son secteur d’activité.

À SAVOIR : 0 800

C’est le numéro de la plate-forme « Canicule » : ouvert à tous, gratuit depuis un poste fixe en France, de 9 h à 19 h du 1 juin au 15 septembre, pour répondre aux questions et informer sur les recommandations sanitaires à suivre en période de fortes chaleurs.

DES ACTEURS RÉGIONAUX ET

QUELLES TEMPÉRATURES ?

La réglementation ne définit pas de température limite pour le travail à la chaleur. Toutefois, au-delà de 30°C pour une activité sédentaire, et 28°C pour un travail nécessitant une activité physique, la chaleur peut constituer un risque pour les salariés. Source : inrs.fr

ET D’AUTRES PARAMÈTRES…

La température n’est pas la seule donnée, pour qualifier les contraintes environnementales au poste de travail. L’humidité, la vitesse de l’air, les rayonnements, la pollution atmosphérique vont interférer.

TEMPÉRATURE RÉELLE… ET RESSENTIE !

La température réelle correspond à une mesure de celle-ci. La température ressentie prend en compte d’autres éléments, comme, localement, la vitesse du vent et l'humidité ambiante. La température ressentie est, en général, plus faible que la température réelle.

ET EN 2022… QUELS ÉPISODES ?

L’été 2022 a été marqué par trois épisodes de canicule intenses et étendus sur l'ensemble du territoire : une semaine en juin, deux semaines en juillet et deux semaines en août. 69 départements ont connu au moins une canicule entre le 1er juin et le 15 septembre. Source : ameli.fr

NATIONAUX.

Plusieurs sources d’information et de documentation sont disponibles : Carsat Hauts-de-France, ministère du Travail, ministère de la Santé, Santé Publique France, Institut natio- nal de recherches et sécurité (Inrs), Office professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (Oppbtp).

À NE PAS OUBLIER : VOTRE PARTENAIRE DE PROXIMITÉ !

Votre service de prévention et de santé au travail interentreprises est là pour vous accompagner et vous donner des conseils adaptés, notamment pour l’évaluation des risques et le suivi individuel de santé au travail de vos salariés.

ET EN 2022… QUELLES DONNÉES ?

2 816 décès en excès (+16,7 %) ont été observés lors de ces trois épisodes de canicule. Les personnes âgées de 75 ans et plus sont les plus touchées avec 2 272 décès en excès. Parallèlement, le Covid-19 a été responsable de 894 décès à ces mêmes périodes (trois quarts des personnes avaient 75 ans et plus). Le Covid a probablement rendu les personnes plus vulnérables à la chaleur et inversement, la cani- cule a fragilisé les personnes qui ont contracté le virus. Source : ameli.fr

DOSSIER 12 Entreprise & Santé 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr
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LE POIDS DES MOTS

Le ministère de la Santé et de la prévention distingue :

Le pic de chaleur : chaleur intense de courte durée (un ou deux jours) présentant un risque sanitaire, pour les populations fragiles ou surexposées, notamment du fait de leurs conditions de travail et de leur activité physique.

L’épisode persistant de chaleur : températures élevées qui perdurent dans le temps (supérieur à trois jours) ; ces situations constituant un risque sanitaire pour les populations fragiles ou surexposées, notamment du fait de leurs conditions de travail et de leur activité physique.

La canicule : période de chaleur intense qui atteint ou dépasse les seuils départementaux pendant trois jours et trois nuits consécutifs et susceptible de constituer un risque sanitaire notamment pour les populations fragiles ou surexposées.

La canicule extrême : canicule exceptionnelle par sa durée, son intensité, son étendue géographique, à forts impacts non seulement sanitaires mais aussi sociétaux.

Source : sante.gouv.fr

LES EFFETS SUR LA SANTÉ DOSSIER

Pour le ministère de la Santé et de la prévention1, « la canicule ou les fortes chaleurs peuvent avoir des effets importants sur la santé pour chacun d’entre nous, et particulièrement chez les personnes les plus vulnérables ». C’est à dire : personnes âgées, isolées, en situation de handicap, de précarité ou sans abri, avec des pathologies préexistantes, femmes enceintes, jeunes enfants, travailleurs en extérieur.

Plusieurs signes et situations traduisent une mauvaise adaptation de l’organisme :

n Fatigabilité

Tout effort physique est plus fatigant sous forte chaleur.

n Transpiration excessive

Celle-ci peut se traduire par des réactions cutanées : plaques rouges et démangeaisons, liées à une mauvaise évaporation de la sueur.

n Crampes musculaires

Ces crampes apparaissent après un épisode de transpiration excessive ou juste après une activité soutenue (travail ou sport). Bénignes, elles sont réversibles.

n Nausées, vertiges, troubles de la vue, voire malaise

Ces signes traduisent en général une baisse soudaine de la tension artérielle, premier signe de gravité d’une mauvaise adaptation à la chaleur.

n Insolation

Elle constitue un signe d’alerte, avec apparition brutale de nausées voire vomissements, fièvre, maux de tête voire perte de connaissance. Elle peut s’accompagner de brûlures cutanées. Elle résulte d’une exposition excessive au soleil.

n Déshydratation

Elle résulte d’un manque d’eau et de sels minéraux dans l’organisme. La soif, la sécheresse des lèvres et de la bouche, la fatigue, la réduction des urines en sont les premiers signes.

n Coup de chaleur

Celui-ci se caractérise par : température corporelle supérieure ou égale à 40 ° C., convulsions, propos délirants, perte de connaissance voire comas, chute de la tension artérielle. Il s’agit d’une urgence médicale.

Chez les personnes âgées ou les nourrissons, en cas d’exposition prolongée à un épisode de fortes chaleurs ou de canicule, un état d’épuisement peut survenir. Savoir le prévenir par une hydratation suffisante est essentiel. Par ailleurs, les conséquences mentales des fortes chaleurs et de la canicule, notamment la tolérance psychique, sont variables d’une personne à une autre.

13 Entreprise & Santé 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr
1
1er
Communiqué de presse du
juin 2023.

« Les gestes à adopter par tous »

Face aux vagues de chaleur qui se multiplient, année après année, trois institutions sont étroitement associées dans la veille météorologique et sanitaire : le ministère de la Santé et de la prévention, Météo France et Santé Publique France. Dans un communiqué de presse conjoint en date du 1er juin 23, ces trois organismes nous rappellent « les gestes à adopter par tous ». Chaque année, du 1er juin au 15 septembre1, un système de vigilance météorologique et d’alerte sanitaire est mis en place. On l’appelle communément le « Plan Canicule ».

La carte de vigilance météo

Météo France établit une double carte de vigilance météorologique, diffusée chaque jour à 6 h et à 16 h (celle du jour et celle du lendemain). Quatre couleurs indiquent le niveau de vigilance nécessaire :

: Pas de vigilance particulière, pas de risque particulier prévu

: Des phénomènes occasionnels et localement dangereux et/ou isolés mais habituels pour la région ou la saison sont prévus.

: Des phénomènes météorologiques dangereux sont prévus.

: Des phénomènes météorologiques dangereux d’intensité exceptionnelle sont prévus.

Le système d’alerte sanitaire

Santé Publique France gère le Système d’alerte canicule et santé (Sacs), qui permet d’identifier les vagues de chaleur susceptibles d’avoir un impact sanitaire majeur :

Vigilance météorologique jaune = pic de chaleur : exposition de courte durée (1 ou 2 jours) à une chaleur intense présentant un risque pour la santé humaine, pour les populations fragiles ou surexposées notamment du fait de leurs conditions de travail ou de leur activité physique.

Vigilance météorologique orange = canicule : période de chaleur intense pour laquelle les IBM (indice biométéorologique : combinaison des températures minimales et maximales moyennées sur trois jours) atteignent ou dépassent les seuils départementaux pendant 3 jours et 3 nuits consécutifs, susceptible de constituer un risque sanitaire pour l’ensemble de la population

Vigilance météorologique rouge = canicule extrême : canicule exceptionnelle par sa durée, son intensité, son extension géographique, à fort impact sanitaire pour tout type de population, et qui entraîne l’apparition d’effets collatéraux (ex. : sécheresse, approvisionnement en eau potable, hôpitaux, nécessité d’aménagement du temps de travail ou d’arrêt de certaines activités…).

En fonction de ces trois niveaux, la mobilisation des services de L’Etat, des Régions, des Départements et des Communes. Citons, par exemple :

• Actions de communication adaptées et renforcées, pour la population et les personnes les plus vulnérables.

• Plans d’actions coordonnés pour la prise en charge des personnes vulnérables (Personnes âgées, handicapées, isolées et sans abri, etc.).

• Mise en place d’un registre nominatif communal pour répertorier les personnes âgées et les personnes en situation de handicap qui en font la demande. Les personnes inscrites sont contactées et suivies en cas de fortes chaleurs.

QUE FAIRE EN PÉRIODE DE FORTE CHALEUR ?

Voici quelques conseils pour moi-même… et pour ceux dont j’aie soin !

• Buvez régulièrement de l’eau sans attendre d’avoir soif ;

• Rafraîchissez-vous et mouillez-vous le corps (au moins le visage et les avants bras) plusieurs fois par jour

• Mangez en quantité suffisante et ne buvez pas d’alcool

• Evitez de sortir aux heures les plus chaudes et passez plusieurs heures par jour dans un lieu frais (cinéma, bibliothèque municipale, supermarché...)

• Evitez les efforts physiques ;

• Maintenez votre logement frais (fermez fenêtres et volets la journée, ouvrez-les le soir et la nuit s’il fait plus frais)

• Pensez à donner régulièrement de vos nouvelles à vos proches et, dès que nécessaire, osez demander de l’aide.

Source : Communiqué de presse, ministère de la Santé et de la prévention, 1er juin 23.

- Fortes chaleurs et caniculeDOSSIER 14 Entreprise & Santé • 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr
1 - En cas de nécessité, ce dispositif peut être déclenché avant le 1er juin et après le 15 septembre.
À consulter sur :

Avec ce cahier central, nous abordons les fondamentaux législatifs et règlementaires de la Santé au Travail, tels que définis par le Code du travail et donc, applicables aux entreprises privées. Il s’agit d’une synthèse qui ne se substitue pas à la lecture des textes originaux.

L’ACTU

Travail et fortes chaleurs, Travail et canicule.

Que dit le Code du travail ?

Le Code du travail ne comprend pas explicitement d’articles précis en cas d’exposition à de fortes chaleurs pour des raisons météorologiques. Au même titre (raisons météorologiques), il ne fixe pas de seuil de température au-delà desquelles telle ou telle mesure s’imposerait.

Cependant, le risque d’exposition à de fortes chaleurs d’origine météorologique doit être pris en compte pour le travailleur comme tout autre risque lié au travail. Sur ce plan, l’employeur doit assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. Il doit appliquer les principes généraux de prévention. En l’espèce, il doit réaliser et actualiser son document unique d’exposition aux risques professionnels (DUERP). Le risque d’expositions aux fortes chaleurs d’origine météorologique en fait partie.

De même, le Code du travail comprend des dispositions relatives au renouvellement d’air et la mise à disposition d’eau potable.

Dans l’instruction n° DGT/CT4/2023/80 du 13 juin 2023 relative à la gestion des vagues de chaleur en 2023, le ministère du travail rappelle les dispositions que doit prendre l’employeur. Nous les synthétisons ci-après.

Enfin, rappelons que les dispositions prises par l’Etat, au titre du Plan Canicule s’imposent à la population générale, et donc, à la population au travail.

BTP I SERVICE I COMMERCE & ARTISANAT I INDUSTRIE I INTERIM LE CAHIER JURIDIQUE 15
Entreprise & Santé 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr
Le magazine des services de prévention et de santé au travail Hauts-de-France

Source : Code du travail. Articles relatifs aux ambiances thermiques d’origine météorologique, c’est-à-dire non générées par le processus de travail.

Attention ! Ceci constitue une synthèse qui ne saurait se substituer à la lecture du document original.

Évaluation des risques

L’employeur doit assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs.

Art. L.4121-1

L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. Ces mesures comprennent :

1° Des actions de prévention des risques professionnels, y compris ceux mentionnés à l’article L.4161-1

2° Des actions d’information et de formation ;

3° La mise en place d’une organisation et de moyens adaptés.

L’employeur veille à l’adaptation de ces mesures pour tenir compte du changement des circonstances et tendre à l’amélioration des situations existantes.

L’employeur évalue les risques pour la santé et la sécurité des travailleurs.

Art. R.4121-1

L’employeur, compte tenu de la nature des activités de l’établissement, évalue les risques pour la santé et la sécurité des travailleurs, y compris dans le choix des procédés de fabrication, des équipements de travail, des substances ou préparations chimiques, dans l’aménagement ou le réaménagement des lieux de travail ou des installations, dans l’organisation du travail et dans la définition des postes de travail. Cette évaluation des risques tient compte de l’impact différencié de l’exposition au risque en fonction du sexe.

Apportent leur contribution à l’évaluation des risques professionnels dans l’entreprise :

1° Dans le cadre du dialogue social dans l’entreprise, le comité social et économique et sa commission santé, sécurité et conditions de travail, s’ils existent, en application du 1° de l’article L. 2312-9. Le comité social et économique est consulté sur le document unique d’évaluation des risques professionnels et sur ses mises à jour ;

2° Le ou les salariés mentionnés au premier alinéa du I de l’article L. 4644-1, s’ils ont été désignés ;

3° Le service de prévention et de santé au travail auquel l’employeur adhère.

Pour l’évaluation des risques professionnels, l’employeur peut également solliciter le concours des personnes et organismes mentionnés aux troisième et avant-dernier alinéas du même I.

A la suite de cette évaluation, l’employeur met en oeuvre les actions de prévention ainsi que les méthodes de travail et de production garantissant un meilleur niveau de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs. Il intègre ces actions et ces méthodes dans l’ensemble des activités de l’établissement et à tous les niveaux de l’encadrement.

Lorsque les documents prévus pour l’application du présent article doivent faire l’objet d’une mise à jour, celle-ci peut être moins fréquente dans les entreprises de moins de onze salariés, sous réserve que soit garanti un niveau équivalent de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs, dans des conditions fixées par décret en Conseil d’Etat après avis des organisations professionnelles concernées.

L’employeur établit et met à jour le document unique d’évaluation des risques professionnels.

Art. R.4121-1

L’employeur transcrit et met à jour dans un document unique les résultats de l’évaluation des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs à laquelle il procède en application de l’article L. 4121-3. Cette évaluation comporte un inventaire des risques identifiés dans chaque unité de travail de l’entreprise ou de l’établissement, y compris ceux liés aux ambiances thermiques.

16 Entreprise & Santé • 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr

L’air est renouvelé de façon à éviter les élévations exagérées de température.

Art. R.4222-1

Dans les locaux fermés où les travailleurs sont appelés à séjourner, l’air est renouvelé de façon à :

1° Maintenir un état de pureté de l’atmosphère propre à préserver la santé des travailleurs ;

2° Eviter les élévations exagérées de température, les odeurs désagréables et les condensations.

Art. R.4222-1

Dans les locaux à pollution non spécifique, l’aération est assurée soit par ventilation mécanique, soit par ventilation naturelle permanente. Dans ce dernier cas, les locaux comportent des ouvrants donnant directement sur l’extérieur et leurs dispositifs de commande sont accessibles aux occupants.

Postes en exterieur

Les postes en extérieur sont aménagés pour protéger les salariés contre les conditions atmosphériques, dans la mesure du possible.

Art. R.4225-1

Les postes de travail extérieurs sont aménagés de telle sorte que les travailleurs :

1° Puissent rapidement quitter leur poste de travail en cas de danger ou puissent rapidement être secourus ;

2° Soient protégés contre la chute d’objets ;

3° Dans la mesure du possible :

a) Soient protégés contre les conditions atmosphériques ;

b) Ne soient pas exposés à des niveaux sonores nocifs ou à des émissions de gaz, vapeurs, aérosols de particules solides ou liquides de substances insalubres, gênantes ou dangereuses ;

c) Ne puissent glisser ou chuter.

Mise à disposition d’eau potable

L’employeur met à disposition de l’eau potable et fraîche.

Art. R.4225-2

L’employeur met à la disposition des travailleurs de l’eau potable et fraîche pour la boisson.

Art. R.4225-3

Lorsque des conditions particulières de travail conduisent les travailleurs à se désaltérer fréquemment, l’employeur met gratuitement à leur disposition au moins une boisson non alcoolisée. La liste des postes de travail concernés est établie par l’employeur, après avis du médecin du travail et du comité social et économique. Les boissons et les aromatisants mis à disposition sont choisis en tenant compte des souhaits exprimés par les travailleurs et après avis du médecin du travail.

Art. R.4225-4

L’employeur détermine l’emplacement des postes de distribution des boissons, à proximité des postes de travail et dans un endroit remplissant toutes les conditions d’hygiène. L’employeur veille à l’entretien et au bon fonctionnement des appareils de distribution, à la bonne conservation des boissons et à éviter toute contamination.

Situation d’intempérie pour le BTP

Pour le bâtiment et travaux publics : situation d’intempérie.

Art. L.5424-8

Sont considérées comme intempéries, les conditions atmosphériques et les inondations lorsqu’elles rendent dangereux ou impossible l’accomplissement du travail eu égard soit à la santé ou à la sécurité des salariés, soit à la nature ou à la technique du travail à accomplir.

17 Renouvellement de l’air Entreprise & Santé 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr

ATTENTION : JEUNES TRAVAILLEURS

En application de l’article D. 4153-36 du Code du travail : il est interdit d’affecter les jeunes aux travaux les exposant à une température extrême susceptible de nuire à la santé.

Affections professionnelles provoquées par le travail à haute température. Le Code de la sécurité sociale (régime général) prévoit la prise en charge au titre des maladies professionnelles des crampes musculaires avec sueurs profuses, oligurie et chlorure urinaire égal ou inférieur à 5 g/litre, pour tous travaux effectués dans les mines de potasse exposant à une température résultante égale ou supérieure à 28º C, avec un délai de prise en charge de 3 jours.

ET EN CAS DE CANICULE ?

Le Code du travail ne stipule pas de dispositions spécifiques relatives aux périodes de canicule. Nous publions ci-après les recommandations publiées par l’INRS (institut national de recherche et sécurité). Ces recommandations peuvent être interprétées comme découlant des obligations générales de sécurité et de préservation de la santé des travailleurs, qui s’appliquent à l’employeur.

Lors de périodes de canicule, il est indispensable de vérifier quotidiennement les conditions météorologiques et notamment le niveau de vigilance « canicule », pour prendre les mesures adaptées aux tâches et aux situations de travail. Certaines mesures techniques et organisationnelles peuvent contribuer à la réduction des risques :

n Aménager les horaires de travail en période de fortes chaleurs en favorisant les heures les moins chaudes de la journée ;

n Limiter le temps d’exposition du salarié à la chaleur en effectuant des rotations de personnel si possible ;

n Augmenter la fréquence des pauses de récupération, dans des lieux frais ;

n Permettre au salarié d’adopter son propre rythme de travail pour réduire sa contrainte thermique ;

n Limiter ou reporter le travail physique pour réduire la production de chaleur métabolique ;

n Modifier voire mécaniser certaines tâches. Par exemple, utiliser systématiquement les aides mécaniques à la manutention si la tâche demandée allie conditions de chaleur et manutention ;

n Prévoir des sources d’eau potable à proximité des postes de travail et des aires de repos ombragées ou climatisées ;

n Eviter le travail isolé, pour permettre une surveillance mutuelle des salariés et une intervention rapide si besoin ;

n Former et informer les salariés sur les risques liés à la chaleur, les signes d’alerte du coup de chaleur et les mesures de premier secours.

n Prendre en compte la période d’acclimatation nécessaire (au minimum sept jours d’exposition régulière à la chaleur), en particulier pour les intérimaires, les nouveaux embauchés, les salariés de retour après une absence.

En complément des mesures portant sur l’organisation du travail ou la conception de la situation de travail, il convient également de promouvoir les mesures de prévention individuelle (habillement, hydratation, alimentation…).

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Entreprise & Santé 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr
À NOTER

- Fortes chaleurs et canicule -

Je suis employeur : Que puis-je faire ? Que dois-je faire ?

Le ministère du Travail rappelle qu’assurer la sécurité et préserver la santé des salariés font partie des obligations des employeurs. Il est donc « de son ressort de prendre les mesures adéquates afin d'éviter les coups de chaleur ou les accidents du travail causés par une forte température ». Le ministère du Travail le rappelle dans un guide sur les mesures à prendre en cas de fortes chaleurs au travail. En voici une synthèse.

Mesures générales

Afin d'assurer la santé et la sécurité des salariés en cas de fortes chaleurs, l'employeur doit :

n Intégrer le risque de fortes chaleurs dans le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) ;

n Renouveler l’air dans les locaux de travail fermés ;

n Mettre à la disposition des salariés de l’eau potable et fraîche ;

n Fournir aux salariés des moyens de protection et favoriser l'utilisation des moyens d'aide à la manutention ;

n Adapter les mesures de prévention mises en pratique selon l'évolution des températures.

L’employeur peut faire arrêter le travail lorsqu'il considère que ses salariés sont en danger et que les mesures préventives sont insuffisantes.

Mesures spécifiques qui s’appliquent au BTP

Concernant le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP), les risques relatifs à la chaleur sont davantage présents puisque les salariés peuvent se trouver en milieux confinés ou en extérieur. Ceci implique une plus grande vigilance pour l'employeur qui doit :

n Tenir à disposition des salariés 3 litres d'eau potable et fraîche au minimum par jour et par salarié ;

n Préparer un lieu de repos adapté aux fortes chaleurs ou aménager le chantier afin de permettre l’organisation de pauses dans des conditions de sécurité équivalentes ;

n S'assurer que les équipements de protection individuelle portés par ses salariés (vêtements de signalisation à haute visibilité, casques de sécurité...) et les équipements de protection des engins soient compatibles avec les fortes chaleurs.

n Prendre les mesures organisationnelles adéquates pour que les travaux se fassent sans exposer les salariés. Il est également possible pour l'employeur de modifier les horaires de travail ou de reporter l'activité.

Mesures en cas de vigilance rouge

Dans le cas où les pouvoirs publics signalent un niveau de danger de « Vigilance rouge », il s’agit d’une canicule extrême par sa durée, son intensité et son périmètre. L’employeur doit alors :

n Procéder à une réévaluation quotidienne des risques encourus par chacun des salariés en fonction :

- De la température et de son évolution en cours de journée ;

- De la nature des travaux devant être effectués, notamment en plein air ou dans des ambiances thermiques présentant déjà des températures élevées, ou comportant une charge physique ;

- De l’âge et de l’état de santé des travailleurs.

n En fonction de cette réévaluation des risques :

- Ajuster l’aménagement de la charge de travail, des horaires et plus généralement de l’organisation du travail pour garantir la santé et la sécurité des travailleurs pendant toute la durée de la période de vigilance rouge. Une attention particulière doit être portée aux femmes enceintes, aux personnes souffrant de pathologies chroniques ou en situation de handicap, etc.

- Décider de l’arrêt des travaux si l’évaluation fait apparaître que les mesures prises sont insuffisantes, notamment pour les travaux accomplis à une température très élevée et comportant une charge physique importante, par exemple travaux d’isolation en toiture ou de couverture, manutention répétée de charges lourdes.

Pour toute information complémentaire, l’employeur peut contacter la direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets) et/ou son service de prévention et de santé au travail.

DOSSIER 19 Entreprise & Santé • 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr

FORTES CHALEURS : Une réponse adaptée !

150 000 salariés sont suivis en santé au travail par Présoa, service de Prévention et de santé au travail interentreprises (SPSTI) implanté sur les territoires de l’Oise et de l’Aisne. Ces dernières années, les variations climatiques et leurs conséquences sur le monde du travail ont généré des demandes de conseils très pragmatiques, de la part des entreprises et de leurs salariés. Pour y répondre, Présoa a mis en place une organisation spécifique, qui se renforce au fil des ans. Une vidéo de sensibilisation et deux plaquettes d’information, à destination d’une part des employeurs et d’autre part des salariés, ont été réalisées et mises à disposition dès le printemps 2022.

Stéphanie Buisine, chargée des projets et des partenariats chez Présoa, précise : « Nous parlons bien des conditions de travail, face à la chaleur non générée par l’activité. En effet, les épisodes de fortes chaleur et de canicule impactent les conditions de travail, quelle que soit l’activité. Dès 2022, nous avons mis en place un groupe Projet " Fortes chaleurs ". Devant la récurrence des épisodes climatiques, qui ne sont pas prêts de disparaître dans les années à venir, nous avons renforcé notre organisation. En octobre 2022, un

groupe permanent " Evènement exceptionnel " a vu le jour dans le cadre de notre Projet de service déployé à partir de 2023 »

Le Dr Céline Lamy, médecin du travail coordinateur chez Présoa, a suivi les travaux du groupe Projet " Fortes Chaleurs ", lui apportant la nécessaire validation médicale. Le groupe « Evènements exceptionnels » travaille certes sur les fortes chaleurs et la canicule, mais aussi sur les tempêtes, inondations, épisodes de grand froid et pollution.

Des conseils de prévention collective

▶ Séverine Middernacht, assistante technique santé travail chez Présoa

« Nous avons réalisé deux plaquettes disponibles dès le printemps 2022 : une pour les employeurs et une pour les salariés. Nous avons également réalisé une vidéo de sensibilisation qui est en ligne sur Youtube. Les épisodes de fortes chaleurs et de canicule touchent effectivement toutes les activités et tous les métiers. C’est dire combien nos supports de sensibilisation et d’information sont largement diffusés et utilisés ». Séverine Middernacht cite

les entreprises au sein desquelles elle est récemment intervenue en adaptant les conseils de prévention : restauration rapide, espaces verts, pressings, coiffeurs, bureaux, etc. « En fait, il faut partir des activités réalisées pour apporter des conseils appropriés. Sans oublier les situations de travailleurs isolés et les risques de malaise ».

Entreprise & Santé • 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr 20 DOSSIER
Voir
vidéo
la

Des conseils de prévention individuels

▶ Valérie Demarquay, infirmière en santé au travail chez Présoa

« Les messages de prévention s’adaptent également à la taille de l’entreprise, notamment pour les conseils relatifs à l’organisation, tels que les horaires et/ou les pauses. Dans le cadre de nos entretiens infirmiers, nous pouvons apporter des conseils personnalisés au salarié et répondre à toutes ses questions. De même, si cela le nécessite, nous pouvons l’orienter vers son médecin du travail. Une catégorie de salariés mérite une attention

Fortes chaleurs

Présoa s’organise pour toujours mieux conseiller les entreprises et leurs salariés

2022

Groupe Projet « Fortes chaleurs » (production de plaquettes et vidéo)

▶ Valérie Demarquay, infirmière santé travail

▶ Séverine Middernacht, assistante technique santé travail

▶ Isabelle Denuncq, responsable des secrétaires médicales

▶ Stéphanie Buisine, chargée de projets et de partenariats

2023

Groupe « Évènements exceptionnels », dont les évènements climatiques (canicule, tempête, inondation, froid, pollution).

▶ Florent Quilan, responsable qualité et responsable du groupe

▶ Isabelle François, infirmière en santé travail

▶ Aurélie Buckowski, infirmière en santé travail

▶ Véronique Wysromirski, secrétaire prévention

▶ Victor Oudin, responsable prévention

particulière : les travailleurs intérimaires. Tout dépend, bien sûr, des missions effectuées. Il en est de même pour les travailleurs saisonniers, notamment les étudiants pour leurs jobs d’été. Une dernière précision : en prévention, nous intervenons de plus en plus tôt dans l’année à propos des épisodes de fortes chaleurs ou de canicule ».

CANICULE ET FORTES CHALEURS : PRÉVENIR LES RISQUES

Le travail en période de canicule ou de fortes chaleurs peut être à l’origine de troubles pour la santé, voire d’accidents du travail, dont certains peuvent être mortels. Identifiez et prévenez les situations à risques.

Les risques professionnels induits par les conditions climatiques et leur prévention doivent être pris en compte dans votre document unique et l’organisation du travail doit être adaptée en conséquence.

www.presoa.org

www.presoa.org Le travail en période de canicule ou de fortes chaleurs peut être à l’origine de troubles pour la santé, voire d’accidents du travail, dont certains peuvent être mortels.Repérezetréagissezencasdesituationsdangereuses. CANICULE ET FORTES CHALEURS : PRÉVENIR LES RISQUES v.2022-06Version salarié VOTRE PRÉVENTIONBROCHURE VERSION SALARIÉ
Entreprise & Santé 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr 21 DOSSIER
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v.2022-06 version employeur VOTRE BROCHURE PRÉVENTION VERSION EMPLOYEUR
«
En prévention, nous intervenons de plus en plus tôt dans l’année à propos des épisodes de fortes chaleurs ou de canicule »

- Fortes chaleurs et canicule -

Je suis salarié, que faire ?

Le ministère du Travail publie un guide sur les mesures à prendre en cas de fortes chaleurs au travail. Ce guide rappelle les mesures qui s’imposent à l’employeur (voir page 19). Il rappelle des recommandations à l’intention des salariés. Entreprise & Santé vous en fait la synthèse et vous apporte quelques informations complémentaires.

■ Surveillez la température ;

■ Redoublez de prudence si vous avez des antécédents médicaux et si vous prenez des médicaments ;

HYGIÈNE DE VIE

■ Buvez régulièrement ;

■ Évitez toute consommation de boisson alcoolisée ;

■ Faites des repas légers et fractionnés ;

VÊTEMENTS

■ Portez des vêtements légers qui permettent l'évaporation de la sueur (ex. : vêtements de coton), amples et de couleur claire si le travail est à l'extérieur ;

■ Protégez-vous la tête du soleil ;

À SAVOIR

La visite à la demande

Un salarié qui estime présenter des facteurs de risque personnels, du fait de sa santé, par rapport aux épisodes de fortes chaleurs et de canicule, peut consulter son médecin du travail sur sa simple demande (art. R. 4624-34 du Code du travail). Un aménagement de poste peut alors être envisagé.

PROTECTION INDIVIDUELLE

■ Signalez à votre employeur si vos vêtements et équipements de protection individuelle sont sources d'une gêne supplémentaire ;

ORGANISATION ET CHARGE DE TRAVAIL

■ Adaptez votre rythme de travail selon votre tolérance à la chaleur ;

■ Demandez à votre employeur d'organiser le travail de façon à réduire la cadence, notamment en aménageant les plages horaires de travail ;

■ Réduisez ou différez les efforts physiques intenses, et demandez à votre employeur de reporter les tâches ardues aux heures les plus fraîches ;

■ Demandez à votre employeur d'alléger la charge de travail par des cycles courts travail/repos ;

À SAVOIR

Les températures

L'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) considère qu'au-delà de 30° C pour un salarié sédentaire, et 28° C pour un travail nécessitant une activité physique, la chaleur peut constituer un risque pour les salariés. Et que le travail par fortes chaleurs et notamment au-dessus de 33° C présente des dangers.

ATTENTION !

La prise de certains médicaments psychotropes et l’exposition concomitante à la chaleur peuvent engendrer des malaises.

N’hésitez pas à consulter votre médecin du travail.

22 Entreprise & Santé 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr DOSSIER
Pour les salariés, voici les recommandations à suivre en cas de fortes chaleurs :

FAIBLE MOYEN FORT

- Faire et actualiser son DUERP -

AVEC ASTIL 62 : Des Preventeurs de proximité et des outils en ligne gratuits !

DUERP : le chemin gagnant !

1 Je me connecte sur www.inrs.fr/oira

Je prends connaissance des outils et je peux visionner un tutoriel explicatif.

2 Je choisis le (ou les) OiRA correspondant à mon (mes) activité(s).

Je sélectionne le ou les outils sectoriels, adapté(s) à mon activité. 37 secteurs d’activité me sont actuellement proposés. J’ai à disposition un outil générique si je ne trouve pas mon activité. C’est simple d’utilisation… et intuitif !

3 Je créée un compte sur OiRA

Je renseigne une adresse électronique qui peut être anonyme. Je définis mon mot de passe.

4 J’associe les salariés à l’évaluation et la prévention.

En suivant les étapes, je peux associer les salariés grâce à des questionnaires simples d’utilisation. Je trouve aussi des informations précises sur les actions de prévention envisageables.

5 Je suis accompagné

Avec l’Astil 62, je peux bénéficier d’un accompagnement personnalisé, grâce à des préventeurs formés à l’utilisation d’OiRA. Je gagne donc du temps !

6 J’ai mon Duerp !

Je peux télécharger mon DUERP et le plan d’actions de prévention. Je peux facilement l’actualiser. Je peux l’éditer !

Identifier et évaluer les risques : c’est le « b.a-ba » de la prévention !... Véritable point de départ d’un plan d’actions de prévention utile et efficace ! En France, plus d’une entreprise sur deux n’a pas son document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), pourtant obligatoire depuis 20011. En collaborant étroitement avec l’INRS2, les préventeurs de l’ASTIL 62, service de prévention et de santé au travail interentreprises de la Côte d’Opale, leur apporte une solution optimale : utiliser la gamme d’outils gratuits en ligne 0iRA et bénéficier de conseils de proximité.

La gamme d’outils OiRA (Online Interactive Risk Assesment) a été initiée par l’Agence européenne pour la santé et la sécurité au travail (EU-OSHA). En France, ces outils sont élaborés par l’Assurance maladie –Risques professionnels (INRS, Carsat/Cramif/CGSS) en partenariat avec les organisations professionnelles des métiers concernés. Ils sont proposés gratuitement en ligne par l’INRS. En France, l’outil OiRA est reconnu comme pertinent par le décret d’application du 25 avril 22, de la loi du 2 août 2021, prise pour « Renforcer la prévention en Santé au travail ». Dès 2021, les préventeurs de l’Astil 62 le proposent à leurs entreprises adhérentes, en assurant un accompagnement personnalisé facilitant la réalisation et l’actualisation du Duerp. Ces préventeurs sont étroitement associés par l’INRS aux évolutions d’OiRA, assurant ainsi des remontées « terrain » essentielles aux développements de l’outil.

BRAVO !

Au sein d’ASTIL 62, A. Gerard, assistante en santé travail, M. Lavoisier, ergonome, A. Lossent, assistante en santé travail, M. Salvary, technicienne hygiène et sécurité assurent une liaison permanente avec O. Le Berre, chef de département études, veille et assistance documentaires

RISQUE
ASTIL - PRÉVENTION ET SANTÉ AU TRAVAIL DE CALAIS-BOULOGNE-LE
TOUQUET
UNE ACTION
03 09 Entreprise & Santé 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr INVESTIR & AGIR
- DARES Résultat, n° 29, juin 2019.
- Institut national de recherche et de sécurité.
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INRS
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500 000 espaces

33 000 espaces

Pôle Santé Travail Métropole Nord a changé de logiciel métier au printemps 2023. Un « plus » pour les 500 000 salariés suivis en santé au travail sur la Métropole lilloise, les Flandres intérieures, l’Audomarois et le Douaisis. Un « plus » également pour les 33 000 entreprises adhérentes, où travaillent ces 500 000 salariés. Au revoir les allers-retours pour trouver une date de rendez-vous. Bonjour la traçabilité, la souplesse et la praticité avec la création d’espaces privés et sécurisés : soit 33 000 « espaces entreprise » et 500 000 « espaces salarié » !

« Quand on change de logiciel métier, on dort peu au moment de la migration des données ! », nous déclare avec simplicité et humour Damien Vandorpe, directeur général de Pôle Santé Travail Métropole Nord. « Tout s’est bien passé au printemps 2023 pour Pôle Santé Travail Métropole Nord et ses 33 000 entreprises adhérentes ! L’enjeu était de taille : moderniser, sécuriser, simplifier et assouplir la relation entre les salariés, les employeurs et leurs médecins du travail. Cet enjeu est, pour moi, essentiel. Aujourd’hui, nous avons donc deux portails étanches et sécurisés : celui de chaque salarié pour lequel nous assurons le suivi individuel de santé au travail et celui de son entreprise, que nous accompagnons en prévention et santé au travail ». Damien Vandorpe précise : « Au-delà de ces améliorations relationnelles avec nos adhérents, nous sommes également prêts à faire face aux exigences émergentes du législateur et des partenaires sociaux, en matière de traçabilité. Nous sommes également prêts à faire face aux exigences de la certification Qualité, qui monte en puissance dans notre secteur d’activité. Enfin, avec des données robustes dont la circulation s’effectue en toute souplesse dans le strict respect du secret professionnel entre tous les acteurs concernés (Salarié, Médecin du travail, Employeur), nous serons capables d’apporter des statistiques fiables, voire de contribuer à des études épidémiologiques utiles à chacun ».

"salarié",

Le salarié a son espace personnel et sécurisé

Le Dr Alban Marquis est médecin du travail chez Pôle Santé Travail Métropole Nord : « Le salarié a maintenant accès à un espace personnel et sécurisé : tous les documents utiles sont disponibles en fin de visite, comme par exemple, les attestations d’aptitude, les rappels pour les prochaines visites ou tout autre document, comme les résultats d’examens complémentaires. Cela lui facilite le dialogue personnalisé avec son médecin du travail, car il peut partager de l’information avec lui, en toute sécurité et en temps réel ».

L’entreprise a son espace dédié et sécurisé

Le Dr Alban Marquis poursuit : « L’employeur a également un espace dédié. Chaque entreprise est ainsi en parfaite autonomie, dans son espace "entreprise". Elle peut à présent faire, en toute simplicité, ses demandes de rendez-vous pour ses salariés. Pôle santé travail peut également mettre à disposition des créneaux pour que les employeurs puissent positionner des rendez-vous périodiques en autonomie. Tout est automatisé et tracé, immédiatement entre Pôle santé Travail Métropole Nord et l’adhérent. En direct, l’employeur reçoit l’attestation ou le document de fin de visite, sans que des modifications puissent y être apportées. Tout est certifié, signé et garanti en temps réel. C’est instantané, tracé et sécurisé ! Il n’y a plus de documents qui se perdent : les lettres recommandées avec accusé de réception, qui ne sont pas retirées, sont d’une autre époque… Dans l’espace "entreprise", l’employeur peut également dialoguer avec le médecin du travail. C’est un vrai progrès ! Bientôt, dans leur espace, les employeurs auront à disposition leurs données relatives aux analyses de risques professionnels et leur DUERP1. »

24 Entreprise & Santé • 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr
ZOOM SUR 1- Document unique d’évaluation des risques professionnels. Pôle Santé Travail Métropole Nord
"entreprise"

Avant ce nouveau système, nous avions beaucoup de travail pour planifier les visites périodiques et celles des nouveaux embauchés. Il nous fallait de nombreux échanges par mails et téléphones, avec des allers-retours, selon les disponibilités de chacun. En plus, certains salariés ne nous transmettaient pas les attestations de visites. Il nous fallait recontacter Pôle Santé Travail pour les obtenir… Ces obligations légales et règlementaires tournaient donc vite « à l’usine à gaz », excusezmoi l’expression ! Aujourd’hui, cela nous facilite la vie ! Nous avons un espace employeur, où, tout seul, nous pouvons planifier nos rendezvous selon les disponibilités. Il a des créneaux ouverts et nous pouvons positionner les salariés selon leurs plannings. En plus, nous recevons automatiquement et sans délai une notification pour nous informer que la visite a eu lieu. Nous pouvons télécharger l’attestation. Enfin, nous disposons de statistiques, précises et en temps réel, quant au suivi individuel de santé au travail de nos salariés. C’est top !

Avec 400 agences en France, le Groupe PROMAN est le 4ème acteur européen sur le marché du travail en intérim et du recrutement en CDD et CDI. A l’agence BTP de Lille, nous demandons le suivi médical de 40 personnes par mois. Dans l’agence, trois mots clés nous résument : réactivité, recrutement, veille pour le lendemain… Nous programmons au mois les rendez-vous en santé au travail, tout en devant positionner des personnes en urgence, avant la date de démarrage de la mission d’intérim. Une fois la visite réalisée, il nous faut récupérer rapidement les attestations et avis d’aptitude. Avant, nous rappelions les salariés, nous les faisions venir à l’agence… voire revenir. Aujourd’hui, tout est automatisé par mail. Nous recevons directement les attestations nécessaires sur notre « espace entreprise », tandis que le salarié reçoit ses documents dans son espace personnel. S’il n’est pas nécessaire que le salarié repasse une visite, nous le savons directement et immédiatement. Chacun gagne du temps et tout est sécurisé ! Même en cas de demande de rendez-vous exceptionnel, comme par exemple lors d’un accident du travail ou à la demande du salarié ou de l’employeur, tout se fait en souplesse. Franchement, chacun s’y retrouve !

25 Entreprise & Santé 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr
Pauline Szypruk Chargée Administration RH et Paye Laboratoires Sarbec, 330 salariés à Neuville-en-Ferrain Cosmétologie, sous la marque Corine de Farme et des marques de grande distribution. Héloïse Kolakowski Consultante RH
ZOOM SUR
Proman, Agence BTP de Lille Société de tavail temporaire Cela nous facilite la vie… C’est top ! Chacun s’y retrouve !

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Léa Leroy, Interne en médecine et santé au travail

Dorothée Vincent Médecin collaboratrice en santé et travail, ASMIS

Chef de clinique en médecine et santé au travail, CHU Amiens

Les déserts médicaux fleurissent un peu partout en France. Et la médecine du travail, comme les autres spécialités, n’est pas épargnée. En outre, en faculté de médecine, on ne dit plus « spécialité de médecine du travail » mais « spécialité de médecine et santé au travail ». Que se passe-t-il ? Pour le savoir, Entreprise & Santé a rencontré Sylvain Chamot, Léa Leroy et Dorothée Vincent. Sylvain Chamot est chef de clinique en médecine et santé au travail au CHU d’Amiens, responsable de la formation des étudiants en médecine et santé au travail pour la subdivision d’Amiens. Il est aussi responsable du site amiénois du Centre régional de pathologies professionnelles et environnementales des Hauts-de-France. Léa Leroy est interne en médecine et santé au travail au CHU d’Amiens. Dorothée Vincent est une médecine généraliste, qui s’est reconvertie en médecine et santé au travail. Elle est aujourd’hui médecin collaboratrice à l’ASMIS1. Ensemble, ils regardent l’avenir.

La spécialité de « médecine du travail » est devenue « médecine et santé au travail ». Qu’est-ce-que cela change ?

Sylvain Chamot : « Notre spécialité de " médecine et santé au travail " n’est pas que centrée sur le rôle médical. On pourrait même dire que c’est une spécialité qui, en fait, n’existe pas par elle-même, car elle n’existe que grâce à « l’équipe pluridisciplinaire ». C’est-àdire les techniciens et ingénieurs HSE, les ergonomes, les psychologues du travail, les assistantes sociales, les assistants santé travail, les infirmiers spécialisés en santé au travail, les secrétaires médicales. Les infirmiers de santé au travail sont les collaborateurs quotidiens du médecin en santé au travail. Comme les infirmiers le sont en ville, à l’hôpital ou en clinique. Notre spécialité est en avance par rapport à d’autres spécialités,

grâce aux protocoles, aux délégations, à la coordination d’équipes… En fait, je n’aurais sans doute pas fait la spécialité de médecine du travail, il y a 20 ans… Je suis très heureux de faire la spécialité de médecine et santé au travail, aujourd’hui. »

Dorothée Vincent : « Il y a quelques années, je ne me serais pas reconvertie en médecine du travail. Aujourd’hui, je ne regrette pas mon choix. En tant que médecin généraliste, ayant exercé plusieurs dizaines d’années en libéral, j’ai fait le choix de reprendre des études, soit quatre années pour obtenir le Diplôme inter universitaire « pratiques médicales en santé travail ». Comme dit Sylvain, le travail en coordination avec une équipe pluridisciplinaire n’existe pas dans d’autres spécialités médicales. C’est vraiment une spécialité particulière… et à part entière !

Léa Leroy : « Pour ma part, j’ai commencé la spécialité de « médecine générale ». C’était mon choix. J’ai découvert la santé au travail lors d’un stage dans un service de prévention et de santé au travail. Ce fut une véritable découverte ! Il y a un décalage abyssal entre les représentations vis-à-vis de la médecine du travail et la réalité de la santé au travail. Je trouve un grand bonheur d’exercer en médecine et santé au travail. »

Va-t-on vers des « déserts de médecin et santé au travail », à l’instar des « déserts médicaux » que l’on rencontre en médecine générale ou d’autres spécialités ?

Dorothée Vincent : « Nous y sommes déjà ! Les déserts médicaux en santé au travail existent comme en médecine

27 Entreprise & Santé 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr INTERVIEW 1-Association de santé et médecine du travail interprofessionnelle de la Somme.
« Médecine et santé au travail, l’avenir est devant ! »
Sylvain Chamot

générale. C’est très clair !

Sylvain Chamot : « C’est vrai, mais la situation pourrait être plus catastrophique. Nous faisons tout pour freiner et inverser cette tendance. Dans 5 à 6 ans, le déficit en médecins du travail pourrait être multiplié par deux en Picardie ! La pyramide des âges de la profession nous est défavorable… La « médecine et santé au travail » n’est pas un choix prioritaire des internes… À la faculté de médecine d’Amiens, nous avons neuf internes. C’est un succès qui repose en partie sur le fait que nous créons des ponts, pour faire connaître la spécialité. »

Justement… la spécialité

« médecine et santé au travail » est très peu retenue dans leurs choix de spécialité par les internes de médecine. Pourquoi ?

Sylvain Chamot : « Au sein des enseignants de médecine, nous cherchons des solutions face à cette situation... Il faut développer l’attractivité de la spécialité, qui est très méconnue et peu valorisée. Certains enseignants s’interrogent sur le fait d’ouvrir l’exercice de la médecine et santé au travail. C’est à dire de permettre des exercices partagés de spécialités. Mais ceci demandera du temps pour que l’idée aboutisse… »

Léa Leroy : « Dans le cycle des études médicales, l’enseignement de la médecine et santé au travail pourrait se faire plus tôt et de manière plus pragmatique. Comme toutes les autres spécialités cliniques…

Dorothée Vincent : En médecine, nous sommes formés pour le « soin » : diagnostic et thérapeutique. Pour choisir la spécialité de médecine et santé au travail, il nous faut intellectuellement envisager un autre chemin : celui de la prévention. Nous faisons un acte médical complexe : analyse de la situation et propositions de mesures de prévention. »

Un médecin en exercice peut se reconvertir en médecine et santé au travail. Que pouvezvous nous en dire ?

Dorothée Vincent : « Oui, un spécialiste en médecine générale peut se reconvertir, au cours de sa carrière professionnelle en médecine et santé au travail. Les médecins qui s’interrogent sur leurs métiers au bout de plusieurs années d’exercice sont très nombreux. Pour des raisons personnelles, certes. Mais, aussi et surtout, du fait de l’évolution du mode d’exercice de la médecine. La spécialité de médecine et santé au travail ouvre des perspectives

de carrière et de nouveaux horizons professionnels : agir en prévention, travailler en équipe, être utile aux salariés et leurs employeurs. »

Sylvain Chamot : « Effectivement… Le médecin en reconversion vers la médecine et santé au travail, qu’il soit par exemple urgentiste ou médecin généraliste, doit passer le diplôme interuniversitaire « pratiques médicales en santé au travail ». Cette formation dure 4 ans, pendant lesquelles il a le statut de médecin collaborateur au sein d’un service de prévention et de santé au travail, encadré par un médecin en exercice qui devient son tuteur. Au terme de ces quatre années, après la soutenance d’un mémoire, il devient spécialiste de médecine et santé au travail, à part entière. »

Médecine et santé au travail : quel avenir ?

Léa Leroy : « Son avenir est conditionné à une meilleure connaissance de la spécialité. Autant au niveau de la société, qu’auprès des étudiants en médecine et des médecins en exercice. Au cours de mes études, j’ai rencontré des médecins du travail : cela m’a « ouvert les yeux » ! J’ai eu un autre regard sur cette spécialité, qui est très moderne et répond à des

28 Entreprise & Santé 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr
En faculté de médecine, on ne dit plus médecine du travail mais médecine et santé au travail
INTERVIEW

problématiques majeures de santé. En tant qu’interne en médecine et santé au travail, permettez-moi d’être directe : je m’éclate ! Cela ouvre un champ de connaissances, de compétences et de réflexion tellement vaste. »

Sylvain Chamot : « Tout à fait ! À ce propos, on est sorti de la décision médicale « apte-inapte ». Pour vraiment entrer dans une mission de conseils auprès des entreprises et de leurs salariés, au sein d’une équipe pluridisciplinaire. »

Dorothée Vincent : « Oui, c’est un métier d’avenir. C’est une certitude ! Au-delà du cadre législatif et règlementaire, il faut regarder ce que nous apportons. La société est en attente : la santé au travail est une préoccupation sociétale particulièrement forte Intellectuellement et humainement, c’est très enrichissant. »

Sylvain Chamot : « En conclusion, je dirai que ce métier ne disparaitra

jamais. Il évolue. Il nous faut être clair, tous ensemble, sur les solutions démographiques à trouver pour la profession. Il nous faut être visible et mieux reconnu. Et il y a des perspectives d’ouverture… Par exemple, les médecins de santé au travail de par leur expertise dans le domaine de l’évaluation des risques, notamment chimiques, sont les plus proches d’une préoccupation majeure et émergente : la santé environnementale. »

BIOGRAPHIE EXPRESS

Étudiante en médecine, Léa Leroy se destinait tout naturellement vers la spécialité de médecine générale. En novembre 2019, elle a donc commencé un internat de médecine générale. Puis, après un stage auprès de médecins du travail et au nom du « droit au remords », elle a effectué un changement de spécialité. En Novembre 2021, elle s’est orientée vers la médecine et santé au travail. Souhaitant poursuivre une carrière d’enseignante en médecine et santé au travail, elle est pleinement investie dans les activités universitaires à Amiens.

Au cours de ses études de médecine, Dorothée Vincent a choisi la spécialité de médecine générale. Installée en libérale, elle a exercé la médecine générale pendant 21 ans. En 2019, elle s’est réorientée vers la spécialité de médecine et santé au travail, en reprenant donc 4 ans d’études. Depuis 2019, elle est médecin collaborateur en santé et travail auprès de l’Asmis. Passionnée par l’enseignement et le partage de ses connaissances et de son expérience, elle participe aux activités universitaires à Amiens.

Durant ses études de médecine, Sylvain Chamot a choisi l’internat de spécialité en médecine générale. Il est aujourd’hui chef de clinique en médecine et santé au travail au CHU d’Amiens. Il est donc en charge de la formation des étudiants dès leur première année d’études, des internes et des collaborateurs médecins. Au niveau de la faculté de médecine d’Amiens et du CHU d’Amiens, Sylvain Chamot apporte une nouvelle dynamique pour le développement et la reconnaissance de la spécialité médecine et santé au travail. Il a ouvert des relations très étroites avec les services de prévention et de santé au travail de Picardie, qui accueillent de plus en plus d’étudiants en médecine afin de leur faire découvrir leurs métiers.

29 Entreprise & Santé 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr
La société est en attente : la santé au travail est une préoccupation sociétale particulièrement forte
INTERVIEW
Léa Leroy, Interne en médecine et santé au travail Dorothée Vincent, Médecin collaboratrice en santé et travail, ASMIS Sylvain Chamot, Chef de clinique en médecine et santé au travail, CHU Amiens

L’accueil du nouvel arrivant : un moment

clé de prévention

!

« Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin ! ». Ce proverbe africain résume bien la journée du 1er juin 2023, organisée par le Comité Technique « Accueil Nouvel Arrivant » du Programme Régional Santé au Travail 2021-2025. Plus de 90 participants ont échangé, à l’ensemble Saint-Luc de Cambrai sur la mise en place de supports et d’outils d’aides en entreprise lors de l’arrivée d’un nouvel embauché. Un tiers des victimes d’un accident du travail ont moins d’un an d’ancienneté. En un mot : « Accueillir, c’est prévenir ! ».

Les chiffres sont là ! Les jeunes et nouveaux embauchés sont victimes de 50 % de plus d’accidents que la moyenne des salariés. Près de 15 % des accidents graves et mortels surviennent au cours des trois premiers mois de l’embauche. Quand on est salarié intérimaire, on a 1,8 fois plus de probabilité d’être victime d’un accident du travail que les autres salariés. Un des moments clés de la vie d’une entreprise est l’accueil d’un nouvel arrivant (embauche, apprenti, stagiaire, interimaire, changement de poste et lors d’un retour après un long arrêt maladie…). Pourquoi pas en faire un moment de prévention ?

Une mise en production en 2023…

En 2023, un « kit d’animation » est finalisé et mis à disposition des services de prévention et de santé au travail des Hauts-de-France. Le 1er juin à Cambrai, les professionnels de la prévention et de la santé au travail ont échangé au sein de quatre ateliers, animés par les membres du Comité Technique PRST 4 : Kit de l’animateur qui comprend un kit de l’employeur (outil d’aide à la prévention), supports de présentation et documentation, mise en œuvre des quizz d’évaluation.

Pour des livrables en entreprises dès 2024 !

En 2024, ces SPSTI pourront animer des ateliers pour les TPE et PME, avec les mêmes supports d’animation, quelle que soit la zone d’emploi concernée. Les entreprises des Hauts-de-France bénéficieront d’un atelier « accueil du nouvel arrivant », déployé au niveau régional dans le cadre du Prst4. Rappelons que le Code du travail impose une formation pratique et appropriée à la sécurité, appelée communnément « accueil sécurité », à l’arrivée de tout nouvel embauché et intérimaire, ou lors de tout changement de poste ou de technologie et après un long arrêt de travail.

PRÈS DE 20 PARTENAIRES SE

MOBILISENT POUR FAIRE AVANCER LA « CULTURE PRÉVENTION »

Partenaires institutionnels

DREETS HAUTS-DE-France (Direction régionale des entreprises, de l’emploi, du travail et de la solidarité)

CARSAT HAUTS-DE-France (Caisse d’assurance retraite et de santé au travail)

CCI HAUTS DE FRANCE (Chambre de commerce et d’industrie)

OPPBTP (Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics)

Services de prévention et de santé au travail

AST (Action Santé Travail)

ASTAV (Association de santé au travail de l’arrondissement de Valenciennes)

ASMIS (Association de santé et de médecine du travail interentreprise de la Somme)

AISMT (Association interentreprises de santé et médecine du travail Cambrai-Caudry)

ASTIL 62 (Association santé travail interentreprises Littoral 62)

CEDEST (Centre de développement de la santé au travail)

PRESOA (Prévention et sanrté au travail de la vallée de l’Oise et de l’Aisne)

SMIBTB (Services Médicaux Interentreprises Bâtiment – Travaux Publics et Activités Annexes de l’Oise).

Avec le concours de…

ARACT (Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail)

INRS (Institut national de recherche et de sécurité)

MALCO HAUTS-DE-France (Maison des apprentis et des alternants)

FASST (Fonds d’action sociale du travail temporaire)

PRISM’EMPLOI (Organisation professionnelle des entreprises de travail temporaire et du recrutement)

Et pour la « com » !

Les étudiants de l’ENSEMBLE SAINT LUC (Collège, Lycée, Enseignement supérieur), Cambrai

Les étudiants de INTERFOR (Centre de formation en apprentissage), Amiens

30 AUX ALENTOURS
Voir la video Nouvel arrivant Entreprise & Santé • 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr
- PRST 4 -

Réservée aux adhérents de l'AISMT Journée portes ouvertes

27 sept de 10h à 15h non stop

Cambrai

Venez découvrir ou redécouvrir les activités et les missions de votre Service de Prévention et Santé au Travail de Cambrai

AISMT 1461 avenue du Cateau, Place Santos Dumont, Cambrai

Plus d’info :

JOURNÉE PORTES OUVERTES

Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail

Semaine européenne pour la sécurite et la santé au travail

Du 23 au 27 oct

La sécurité et la santé au travail à l'ère numérique Organisée par l’EU-OSHA et ses partenaires, chaque semaine européenne s’articule autour du thème de la campagne et vise à accroître la sensibilisation à l’importance d’une gestion active et participative de la santé et la sécurité au travail.

Plus d’info : SANTÉ AU

Congrès Médecinenationalet santé au travail

Du 4 au 7 juin

Contact : entrepriseetsante@nordnet.fr

Les éditions de l’encre vive - Tél. 03 20 14 07 77

Directeur de publication : Jean-Michel Dupuis

Responsable de rédaction : Dr Matthieu Méreau

Méthodes et Médiation - Lille

Coordinatrice d’édition : Nathanaëlle Debaene

Méthodes et Médiation – Lille

Rédaction : Dr Matthieu Méreau

Montpellier

n Expositions agricoles : de l’évaluation des risques à la prévention

n Santé au travail dans les métiers de services à la personne

n Médecine du travail et parcours de soin

n Risque cardio vasculaire et travail

n Thème libre

Plus d’info :

Comité de rédaction : Cécile Da Costa, Isabelle Desmarais, Philippe Duflo, Dr Alain Moniez, Damien Vandorpe

Conception et Réalisation : Méthodes et Médiation – Lille

Relecture scientifique : Bernard Fontaine

Correctrice : Christine Bayart

Création et mise en page : HOLI - www.agence-holi.com

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Coordination, fabrication, diffusion : Les éditions de l’encre vive

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Tirage : 100 000 exemplaires

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31 Entreprise & Santé • 3e trimestre 2023 • N°63 • www.entrepriseetsante.fr
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