Entreprise et Santé - numéro 22

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BTP I SERVICE I COMMERCE & ARTISANAT I INDUSTRIE I INTERIM

APPRENTISSAGE :

APPRENDRE LA SANTÉ ! p11

Interview :

Pierre de Saintignon p8

Vos droits, vos devoirs :

la pénibilité p24

Zoom sur :

les chauffeurs poids lourds p26

N°22

2ème Trimestre 2013 www.entrepriseetsante.fr


SOMMAIRE

N°22 • 2ème Trimestre 2013

VRAI OU FAUX ?

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BRÈVES

EN DIRECT :

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Face au risque…une seule réponse : la prévention ! Associer l’ensemble du personnel sur des objectifs concrets Dans la coiffure aussi…le « DUER » est obligatoire ! INTERVIEW :

p8

Pierre de Saintignon

DOSSIER p.11 à 22

Apprentissage : apprendre la santé ! • • • • • • • •

Interview de Nicolas de Araujo et Dominique Opéron Lycée Guynemer de Saint-Pol-sur-Mer : « Portes ouvertes » sur la santé CFA de Lens-Groupe SADIEP CFA du bâtiment de la Somme : « Fais gaffe à tes oreilles ! » Bâtiment et travaux publics : « Fais graff’ à ta peau ! » Nord-Pas-de-Calais : « Les pépites de l’alternance » Picardie : « L’alternance, une voie d’excellence » Apprentissage : Un apprenti sur deux est dans une entreprise de moins de 10 salariés

Fiche détachable L’apprenti et la santé au travail.

VOTRE SANTÉ, VOTRE EMPLOI :

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Maintien dans l’emploi : 9 salariés sur 10 ont pu garder un emploi dans leur entreprise en 2012. VOS DROITS, VOS DEVOIRS :

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p26

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Simplifiez-vous la vie grâce au portail de votre service de santé au travail ! ZOOM SUR :

800 chauffeurs poids lourds prennent soin de leur cœur…

ERGONOMIE & ORGANISATION :

Stress, souffrance, mal-être, harcèlement... les TPE aussi ?

AUX ALENTOURS :

Les échanges d’expérience : facteur de progrès en santé au travail ACTU

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Votre agenda

Entreprise & Santé • 2ème Trimestre 2013 • N°22 • www.entrepriseetsante.fr


ÉDITO

Je poursuivrai le travail accompli, en gardant le cap qu’il a tracé.

Depuis le lancement d’Entreprise & Santé en janvier 2008, Raphaël Mulliez a accepté la responsabilité de directeur de publication. Il a été l’un des initiateurs de ce magazine, et a su l’animer avec brio. Distribué auprès de 86 000 TPE et PME du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie, Entreprise & Santé valorise des actions de prévention, menées par des entreprises grâce à leur service de santé au travail. Au moment où je prends la succession de Raphaël Mulliez, comme directeur de publication d’Entreprise & Santé, je tiens à lui adresser un très grand merci.

La ligne éditoriale sera donc respectée. Ce numéro donne ainsi la parole à plusieurs entreprises, leurs médecins du travail et leurs collaborateurs. Nous avons fait réaliser une étude de lectorat. Nous y reviendrons dans le prochain numéro. Vous nous demandez de renforcer le côté informatif, notamment sur le plan juridique, et de continuer à présenter des actions concrètes en santé au travail, menées au sein des entreprises de tout secteur d’activité. Nous le ferons. Les TPE et les PME sont essentielles dans l’activité économique et sociale d’un territoire. Le Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais a initié une campagne pour aider les TPE dans l’évaluation des risques liés à leur activité et l’élaboration du Document Unique d’Évaluation des Risques (DUER), en conformité avec la loi. Merci à Pierre de Saintignon, vice-président du Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais, de nous

éclairer sur les enjeux de cette action. En relais, vous trouverez le témoignage d’une petite entreprise, un coiffeur, dans la rubrique « En direct ». Merci également à toutes les entreprises qui acceptent de témoigner dans Entreprise & Santé. L’apprentissage est le sujet du dossier central. Les entreprises qui réalisent des contrats d’apprentissage concourent à la formation de ces jeunes qui, pour plus de 90 % d’entre eux, trouvent un emploi au terme de leur cursus. La Prévention, la Santé et l’Environnement font partie de leur programme d’études. L’entreprise qui les accueille doit leur faire découvrir l’importance de la sécurité et la santé au travail. Bonne lecture ! Régis Lamoril Directeur de publication pour les Services de Santé au Travail

Avec le soutien de : N o r d / Pa s - d e - C a l a i s / P i c a r d i e

Les Services de au Travail

Santé

vous proposent le magazine :

N°22 • 2ème trimestre 2013 Numéro diffusé gracieusement aux entreprises des services adhérents

Contact : entrepriseetsante@nordnet.fr Les éditions de l’encre vive Tél. 03.20.14.07.77 Fax : 03.20.14.06.16 Directeur de publication : Régis Lamoril Comité de rédaction : Alain Cuisse, Dr Didier Debarge, Bruno Decherf, Louis-Marie Hardy, François Désérable, Dr Alain Moniez Conception et Responsable de rédaction : Dr Matthieu Méreau Méthodes et Médiation - Lille

Rédaction : Matthieu Méreau Secrétariat de rédaction : Nathanaëlle Debaene Création et mise en page : Graphic Design Solutions www.gdsgroup.fr Crédit photos : p5 : JC DAVID, p6 : FAIVELEY TRANSPORT, p8 : Ville de Lille, p12: BTP CFA SOMME, p15 : CEDEST, p16 : CFA de Lens-Groupe SIADEP, p17 : BTP CFA SOMME, p18 : ISTNF, p19 : Les pépites de l’alternance, MEDEF Picardie, p25 : ASMIS, PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord, p26-27 : AST 62-59, Fotolia.

ASMIS - Association Santé et Médecine Interentreprises du département de la Somme 77, rue Debaussaux CS 60132 80001 Amiens Cedex 1 Tél. 03.22.54.58.00 www.asmis.net AST 62/59 - Association de Santé au Travail 6, rue de la Symphorine Parc des Bonnettes - 62008 Arras Tél. 03.21.15.12.32 www.ast6259.fr ASTAV - Association de Santé au Travail de l’Arrondissement de Valenciennes 62, rue Milhomme 59300 Valenciennes Tél. 03.27.46.19.24 www.astav.fr ASTIL 62 - Association Santé Travail Interentreprises du Littoral

430 boulevard du Parc BP 94 62903 Coquelles Cedex Tél. 03.21.85.51.85 CEDEST - Centre pour le Développement Santé au Travail 4/10, rue Albert Thomas 59210 Coudekerque-Branche Tél. 03.28.24.98.98 www.cedest.net MTA - Médecine du Travail de l’Aisne rue Théodore Monod - Z.A. Bois de la Chocque - 02100 Saint-Quentin Tél. 03.23.62.52.48 www.mt02.org PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord 118, rue Solférino - Lille BP 1365 59015 Lille Cedex Tél. 03.20.12.83.00 www.polesantetravail.fr

Coordination, Fabrication, Diffusion : Les éditions de l’encre vive 71 boulevard Montebello - 59000 Lille Tél. 03.20.14.07.77 Fax : 03.20.14.06.16

Tirage : 90 000 exemplaires

Régie publicitaire : Entreprise et Santé - Matthieu Méreau Tél. 03.20.14.07.77 Fax : 03.20.14.06.16 Impression : Imprimerie Léonce Deprez - Ruitz Dépôt légal à parution N°ISSN en cours

Édité par :

Groupement Inter Services Santé Et Travail 40 bis allée du Bénélux Zone Artoipole 62060 Arras Cedex 9 Tél. 03.21.22.28.21 www.gisset.org

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BRÈVES

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VRAI OU FAUX

« PAS D’ACCIDENTS DANS MA MAISON » 20 000 morts chaque année en France, les accidents de la vie courante tuent trois fois plus que ceux de la route. Chaque année, 500 enfants décèdent des suites d’un accident domestique… soit l’équivalent de 10 bus scolaires ! Pour autant, les accidents domestiques ne sont pas une fatalité et de simples précautions permettent le plus souvent d’éviter un drame. C’est pourquoi O2 et la Sécurité Civile lancent une grande opération nationale de prévention des risques domestiques dans les écoles maternelles, en vue de sensibiliser 90 000 familles sur l’année 2013. 3 000 kits pédagogiques sont distribués aux maires volontaires partout en France… Cette action entre dans le cadre de la mise en œuvre du programme national de prévention des risques domestiques. TMS : 8 MALADIES PROFESSIONNELLES SUR 10 ! En 2011, un peu plus de 8 maladies d’origine professionnelle reconnues sur 10 sont des Troubles Musculo-Squelettiques (TMS). Ce qui correspond à près de 43 000 personnes prises en charge en 2011 pour un ou des TMS, soit une augmentation de près de 10% par rapport à 2010, année qui avait marqué le pas en terme de progression. Une attention particulière est portée à 10 secteurs d’activité : la grande distribution, l’agroalimentaire (notamment la découpe de viandes), le BTP, la plasturgie - caoutchouc - parfumerie, les entreprises de propreté, l’aide et soins à domicile, l’aide et soins en établissements, la logistique, la collecte et le tri des déchets, et les équipementiers automobiles. (Source : Faits marquants et chiffres clés 2011 – Assurance Maladie-Risques professionnels).

7,8 MILLIARDS D’EUROS EN 2011… En 2011, l’Assurance Maladie - Risques Professionnels a pris en charge plus de 1 200 000 sinistres (Accidents du Travail et Maladies Professionnelles) dont près de 820 000 avec arrêt de travail (indemnités journalières) pour 18,9 millions de salariés protégés. Les prestations en nature correspondent à l’ensemble des dépenses de soins prises en charge par l’Assurance Maladie - Risques Professionnels. En 2011, ces dépenses de soins représentent 1,1 milliards d’euros. Les prestations d’Incapacité Temporaire (IT) correspondent à l’indemnisation des arrêts de travail. En 2011, les indemnités journalières pour les accidents du travail et les maladies professionnelles représentent 2,6 milliards d’euros. Les prestations d’Incapacité Permanente (IP) correspondent aux rentes et indemnités en capital versées aux victimes ou à leurs ayants droit. En 2011, ces prestations représentent 4,1 milliards d’euros. (Source : Faits marquants et chiffres clés 2011 – Assurance Maladie-Risques professionnels).

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A partir du 1er février 2012, l’employeur doit réaliser et mettre à jour des fiches individuelles de prévention des expositions relatives, à des facteurs de risques de pénibilité définis dans le Code du travail. Réponse : « Vos droits, vos devoirs » pages 24 et 25

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VRAI OU FAUX

La Prévention, la Santé et l’Environnement fait partie du programme d’enseignement des apprentis. Réponse : « Dossier » pages 12, 13 et 14.

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VRAI OU FAUX

Les chauffeurs « Poids Lourds » ont tendance à prendre du poids avec l’ancienneté. L’alimentation, les horaires décalés et la sédentarité sont des facteurs de risques. La prévention est essentielle. Réponse : « Zoom Sur » pages 26 et 27.


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Entreprise de fumage de poisson 44 salariés Anne Savignard, responsable Qualité BOULOGNE-SUR-MER

Santé et Qualité vont de pair Anne Savignard, responsable qualité à JC DAVID Entreprise de fumage de poisson

A Boulogne-sur-Mer, le « rose tient le port ». Cette expression locale résume l’importance du saumon dans les activités de transformation du poisson. Créée en 1973, l’entreprise JC DAVID porte le nom de son créateur. Reprise par Hervé Diers en 2001, l’entreprise a bénéficié de locaux rénovés tout en gardant ses procédés à l’ancienne. Ces procédés, gage de qualité, constituent sa marque de fabrique. Cependant ils conduisent à de nombreuses manutentions, avec des contraintes posturales non négligeables. Comme dans de nombreuses entreprises, les TMS ont donc fait leur apparition au fur et à mesure de l’ancienneté du personnel. En France, les TMS représentent 8 maladies professionnelles reconnues sur 10.

L’alerte Madame Anne Savignard est responsable Qualité à JC DAVID. Elle sait combien le

SANTÉ AU TRAVAIL CALAISBOULOGNE-LE TOUQUET (ASTIL 62) Prévention des TMS

Face au risque… une seule réponse : la prévention ! 20 fours à l’ancienne constituent la fierté de JC DAVID, entreprise de fumage de poisson de 48 salariés, implantée à Boulogne-sur-Mer. Ces fours permettent un fumage vertical des filets de harengs et de saumons, avec peu de mécanisation. Le savoir faire du Maître Fumeur et de ses collègues est alors essentiel pour faire fonctionner ces fours à bois, dans lequel le poisson reste 24 à 48 heures à une température constante de 30°. Chez JC DAVID, la qualité est la « marque de la maison ». Quand les TMS (Troubles Musculo-Squelettiques) ont commencé à faire leur apparition, devant l’ancienneté croissante des salariés, l’entreprise a bénéficié des compétences de l’ASTIL 62, son service de santé au travail, et de la CARSAT Nord Picardie (Caisse d’Assurance Retraite et de Santé au Travail). salage et le fumage à l’ancienne conduisent à la satisfaction des clients : « En 2010, un audit nous confirmait que le savoir faire de notre personnel est l’un de nos principaux atouts. En parallèle, le docteur Anita Babillotte, médecin du travail à l’ASTIL 62, et monsieur Gouteyron, contrôleur de sécurité à la CARSAT, nous alertaient sur le risque croissant d’apparition de TMS. Nous avons alors décidé de monter un groupe de travail « sécurité » associant les compétences de chacun. Santé et qualité vont de pair ».

Le travail d’équipe Le docteur Anita Babillotte, médecin du travail à l’ASTIL 62, souligne l’importance du travail d’équipe, au sein duquel chacun apporte des compétences complémentaires et utiles à l’entreprise : « Les situations à risques ont été ciblées. Différentes actions ont pu être menées. Avec Sylviane Potier, ergonome au S.I.S.E., nous avons réalisé une approche

ergonomique qui a permis d’associer les salariés à la réflexion. Aurore Pecron, assistante santé travail à l’ASTIL 62 a réalisé une cartographie du niveau de bruit et d’éclairement. Des analyses des fumées ont été réalisées grâce au concours de la CARSAT. L’ensemble a permis à l’entreprise de concevoir un plan d’action concerté ».

Le plan d’actions, les aides financières Anne Savignard précise que « le plan d’action comprend plusieurs axes : mise en place d’un conditionnement semi-automatique, aménagement du poste de ballottineuse, amélioration des ambiances thermiques, installation d’un système à haute pression au niveau du lavage afin de moins recourir aux lances qui sollicitent des efforts importants. Les investissements ont commencé dès 2011. Nous avons pu bénéficier d’aide à hauteur de 20 % du montant, dans le cadre des Aides Financières Simplifiées de la CARSAT NordPicardie ».

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EN DIRECT

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FAIVELEY TRANSPORT Équipementier de matériel ferroviaire

350 salariés Fabrice Veret, responsable HSE (Hygiène, Sécurité, Environnement) AMIENS SANTÉ AU TRAVAIL DE LA SOMME (ASMIS) Prévention de la pénibilité

Associer l’ensemble du personnel sur des objectifs concrets Chacun d’entre nous est certainement monté un jour dans un train ou un métro, équipé de système de freinages FAIVELEY TRANSPORT, produit à Amiens… Groupe français, FAIVELEY TRANSPORT est l’un des premiers équipementiers ferroviaires au monde. Sur le site d’Amiens, 350 salariés conçoivent et fabriquent des systèmes de freinage, du bureau d’étude à l’assemblage et aux tests en ateliers. La réforme des retraites de novembre 2010 impose à tout employeur de mettre en place des actions de prévention de la pénibilité et de tenir des fiches individuelles de prévention de l’exposition. FAIVELEY TRANSPORT s’est engagé dans une démarche très rigoureuse, en associant le Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) et les Délégués du Personnel. 36 000 articles entrent dans la fabrication des systèmes de freinage. Les essais sont automatisés, tandis que l’assemblage est manuel à 90 %. Pour Fabrice Veret, responsable HSE : « L’entreprise est proactive en matière de prévention et d’amélioration des conditions de travail. Pour cela, l’ASMIS, notre service de santé au travail, est notre partenaire naturel. Par exemple, la prévention des TMS (Troubles Musculo-Squelettiques), avec l’ergonomie, fait partie de notre programme de management de la sécurité. Ainsi que l’aménagement des postes en cas de restriction médicale ou la gestion des fins de carrière pour les seniors… Il faut prendre les obligations légales comme une opportunité d’amélioration, une des données d’entrée d’un plan de prévention des risques professionnels et non comme une contrainte». La concertation, première condition de réussite A FAIVELEY TRANSPORT, l’approche de la pénibilité au travail entre dans la dynamique 06

créée par le Document Unique d’Évaluation des Risques (DUER), que chaque entreprise doit avoir réalisé, en application de la loi. « La question est : comment prend-on le sujet ? La réponse est : en travaillant en équipe avec une démarche progressive qui permet l’adhésion de chacun. Nous avons mis en place un groupe de travail qui comprend 2 membres du CHSCT, 4 représentants du personnel, les ressources humaines, l’infirmière, le Docteur Francis Van der Biest, notre médecin du travail et un représentant du bureau Méthodes. Il faut parler le même langage. La pénibilité est à l’ordre du jour de chaque réunion trimestrielle de notre CHSCT, de manière à faire un état d’avancement de notre plan d’action». La rigueur, deuxième condition de réussite « Avec l’aide de l’ASMIS, sur la base des outils disponibles, nous avons recensé les critères de pénibilité et refait l’historique des expositions depuis 10 ans. Ceci nous a permis de savoir, par exemple,

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Les obligations légales ne sont pas une contrainte, mais une donnée d’entrée Fabrice Veret,

responsable HSE, FAIVELEY TRANSPORT Équipementier de matériel ferroviaire

à quoi penser devant les manutentions manuelles. De manière collégiale nous avons ciblé les postes de travail et les opérations les plus pénibles. Puis nous sommes allés voir les opérateurs aux postes de travail. Prendre en compte le travail réalisé, et non pas ce qui est prescrit, est essentiel. En fonction de ces relevés, le groupe de travail a élaboré un plan d’action : 10 unités de travail prioritaires, 103 actions ciblées, 23 réalisées et 17 en cours. Par exemple, des chariots rehausseurs ont été achetés. Les investissements sont réalisés sur plusieurs années, en fonction des budgets. Ces actions sont validées avec les opérateurs ». Le mot de la fin revient au docteur Van der Biest : « Cette action est remarquable. Les TPE et PME peuvent s’inspirer de cette démarche. Nous sommes là pour les aider ».


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MIXTIF COIFFURE Salon de coiffure

Je ne savais pas que mon service de santé au travail le faisait ! Sylvie Dridi, gérante MIXTIF Salon de coiffure

Sylvie Dridi a créé MIXTIF coiffure, il y a 7 ans. « Je ne connaissais pas l’existence de ce document » nous dit-elle. « Mon comptable m’a appris que l’inspection du travail avait fait des contrôles chez plusieurs de ses clients. Il m’a conseillé d’appeler le CEDEST, mon service de santé au travail ». Chaque entreprise, quelles que soient sa taille et son activité, doit en effet procéder à l’évaluation des risques auxquels sont exposés ses salariés. Et mettre en place des mesures de prévention adaptées. Tout ceci doit être colligé dans un Document Unique d’Evaluation des Risques (DUER). Ce document doit être régulièrement actualisé. En cas de contrôle, il doit être mis à disposition de l’inspecteur du travail. Une charge en plus. Mais… allégée ! « Je ne vois pas passer les journées. Avoir sa petite entreprise, c’est « être sur le pont » en

1 salariée Sylvie Dridi, gérante Rosendaël SANTÉ AU TRAVAIL DE DUNKERQUE (CEDEST) Évaluation des risques

Dans la coiffure aussi... Le «DUER» est obligatoire ! « Allo… Pouvez-vous m’aider ? » En lançant cet appel téléphonique, Sylvie DRIDI, gérante du salon MIXTIF coiffure à Rosendaël, près de Dunkerque, ne se doutait pas qu’au CEDEST (Santé au Travail de Dunkerque), le docteur Le Bihan, son médecin du travail, lui répondrait : « Oui, bien sûr… Et nous pouvons même venir chez vous à un moment qui vous convienne… ». En effet, le CEDEST aide les TPE à réaliser leur Document Unique d’Evaluation des Risques dans le cadre de la campagne « Bien-être au travail », lancée par le Conseil Régional Nord-Pas-deCalais1, avec la participation active des services de santé au travail de la région. Le Docteur Le Bihan est également le médecin du travail référent au CEDEST pour les salons de coiffure. permanence… Je me suis dit : encore une charge supplémentaire à réaliser », relate Sylvie Dridi. « J’ai été agréablement surprise quand j’ai su que le CEDEST pouvait m’aider dans mon salon de coiffure. Pour moi, ils ne faisaient que les visites médicales obligatoires. Pour le DUER, c’est inclus dans la cotisation. Heureusement que je les appelés, car j’allais payer un prestataire extérieur… ». Patricia Pattyn, assistante en santé au travail au CEDEST s’est rendue dans le salon de coiffure de Sylvie Dridi. Elle lui a expliqué les prestations du CEDEST et lui a présenté la méthode pour réaliser le DUER. Elles se revoient dans quelques semaines. « Grâce aux conseils de Patricia Pattyn, j’ai commencé à faire mon Document Unique. J’en parle avec ma salariée. C’est intéressant. Ce n’est pas compliqué… mais c’est du boulot supplémentaire. Nous sommes un peu isolé à la tête de nos petites entreprises. C’est vraiment bien d’être aidé par le CEDEST ».

Le partage d’expériences Patricia Pattyn précise : « A Mixtif coiffure, nous avons apporté une aide pour faire le Document Unique et avons profité pour réaliser la fiche d’entreprise en accord avec le médecin du travail. Tout cela, dans un dialogue constructif avec l’entreprise ». Christelle Asseman est coordinatrice pluridisciplinaire au CEDEST : « Nous réalisons des rencontres entre patrons de TPE par branches professionnelles autour d’un petit déjeuner ou déjeuner. Pour les coiffeurs, en avril et mai, des anciens, qui ont 30 ans de salons, ont pu ainsi échanger avec des jeunes qui créaient leur entreprise. Marie-jo Loywick et Marilyne Pattyn ont ainsi animé ces sessions dans une ambiance très collaborative ». 1 Voir «Interview» pages 8, 9 et 10 de ce numéro d’Entreprise et Santé.

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INTERVIEW

Pierre de Saintignon Premier Vice-président du Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais, en charge du Développement Économique et de la Formation Permanente Quels sont vos domaines d’intervention en tant que Vice-président du Conseil Régional Nord-Pas-deCalais ? PDS : Les bases d’une économie dynamique reposent sur trois piliers essentiels que sont l’innovation et la recherche/ développement, la formation professionnelle et le bien-être au travail. En 2010, en accord avec le Président de Région, j’ai souhaité être en charge du développement économique et de la formation permanente. C’est la première fois que ces deux délégations étaient regroupées autour d’un même vice-président. Depuis, au travers du Schéma Régional de Développement Économique et du Contrat de plan régional de développement de la formation professionnelle, nous disposons des cadres partenariaux qui permettent à la Région de mener ses actions en parfaite coopération avec l’Etat, les partenaires sociaux et économiques et les acteurs de la formation et de l’emploi présents dans le Nord-Pas-de-Calais. Chargé du développement économique vous vous êtes intéressé à la santé au travail…pourquoi ? PDS : L’avenir du Nord-Pas-de-Calais passe par sa capacité à investir et à innover, mais aussi par sa capacité à promouvoir la place de l’homme et de la femme au cœur de son 08

développement économique et social. Associer le bien-être des salariés au travail et la bonne santé des entreprises sont reconnus comme des facteurs déterminants contribuant à la compétitivité de l’économie d’un territoire. Ma délégation correspond à une vision politique du développement économique au service de l’Homme. Le Schéma Régional de Développement Économique (SRDE) a placé l’homme au cœur des ambitions économiques. Les organisations, les conditions de vie au travail, la formation tout au long de la vie, font partie des facteurs de développement économique. La santé au travail a un rôle majeur dans ce champ de la prévention des risques professionnels, que ce soit au niveau collectif dans l’entreprise, ou individuel avec le suivi santé et bien-être du salarié. Le NordPas-de-Calais est reconnu comme une région pionnière en santé travail pour les actions partenariales et innovantes, impulsées dans le cadre des politiques publiques. Notre histoire industrielle a encore un impact très important sur les inégalités sociales et territoriales, les indicateurs de santé sont inférieurs à la moyenne nationale. C’est pourquoi la Région a toujours été engagée dans les programmes et actions visant à diminuer les inégalités dans tous les domaines et en particulier celui de la santé. C’est ainsi qu’ont pu être développés par l’ISTNF, les experts hospitalo-universitaires,

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Le Conseil Régional NordPas-de-Calais innove pour aider les TPE face aux risques professionnels. C’est le programme « Bien-être au travail en région Nord-Pas-deCalais ». Initiateur de ce programme, Pierre de Saintignon, Viceprésident chargé du développement économique et de la Formation Permanente, a accepté de répondre à nos questions. Avec lui, l’économie va à la rencontre de l’humain. Et le respecte.

« Le chef d’entreprise, qu’il ait un ou mille salariés, a les mêmes responsabilités et les mêmes obligations concernant les risques professionnels »


en réseau avec les structures et professionnels de santé travail (tous régimes de protection sociale), les partenaires sociaux, les acteurs eux-mêmes,…. des plateformes de conseils, de formation, de sensibilisation, d’information dans ces domaines interdisciplinaires que couvre le champ de la santé au travail. C’est dans ce contexte, que j’ai proposé lors de la 12ème conférence du 8 décembre 2010 du SRDE, un programme 2011-2014 « Bien-être au travail en région Nord-Pas-de-Calais ». Elaboré avec les nombreux partenaires, professionnels et représentants des instances et des acteurs du monde socio-économique impliqués dans la prévention et l’amélioration des conditions de vie au travail, ses axes ont été définis en complémentarité avec le Plan Régional Santé-Travail 2 jusque 2014 piloté par l’État (Direccte), ainsi que du Projet Régional de Santé de l’ARS prévu jusqu’en 2016. Il porte sur 5 objectifs dont le premier est la contractualisation avec les 8 services interentreprises de santé au travail de mobiliser, engager et accompagner 10 000 TPE (moins de 10 salariés) sur l’ensemble du territoire régional, dans leur démarche d’évaluation et de prévention des risques professionnels. Vous souhaitez soutenir les TPEPME, pourquoi ? PDS : Le contexte économique est devenu de plus en plus concurrentiel et mondialisé. Les entreprises doivent adapter leurs organisations, ouvrir leurs marchés pour répondre aux besoins sociétaux et aux règles des marchés. En Nord-Pas-de-Calais, les secteurs de l’industrie, du commerce, et des services sont développés par près d’un million de salariés employés dans 90.000 entreprises dont 80% de TPE/ PME. Or, le chef d’entreprise, qu’il ait un ou mille salariés, a les mêmes responsabilités et les mêmes obligations concernant les risques professionnels auxquels ses salariés, et luimême, peuvent être exposés. La prise de conscience est importante, mais le responsable d’une TPE est seul « capitaine à bord », et doit tout gérer, et en priorité son carnet de commandes, ses relations clients… En interne, la clé de réussite porte souvent sur les rapports de confiance qu’il instaure avec son ou ses salariés ; la motivation, la responsabilisation, le bien-être vont de pair, et sont à nos yeux, des leviers pour une meilleure productivité et efficacité économique, en particulier dans les très petites entreprises.

Le service interentreprises de santé au travail auquel la TPE adhère, a toutes les compétences pour lui permettre de mieux appréhender et évaluer les risques professionnels inhérents à son activité, de lui apporter appui pour remplir le document unique d’évaluation des risques, qui est de la responsabilité de l’employeur, de la conseiller sur tout problème d’hygiène, de sécurité et de condition de travail, et de faciliter les liaisons avec les dispositifs existants, dont elle peut avoir besoin. Mais les TPE sont nombreuses, leur approche difficile et nécessite expertise, communication et investissement en temps conséquent. C’est cependant elles qui ont le plus besoin d’appui dans ces domaines complexes de la santé et du bien-être au travail. C’est ainsi que la Région et les 8 services interentreprises de santé au travail NordPas-de-Calais ont décidé de conjuguer leurs moyens pour mobiliser, engager et accompagner 10 000 TPE, dans leur démarche d’identification et d’évaluation des risques professionnels, et l’élaboration par le chef d’entreprise d’un plan de prévention réaliste, évolutif. Celui-ci peut aller jusque prévoir des investissements nécessaires à la suppression de certaines expositions dans les secteurs d’activités à risques, une plus grande pertinence des organisations du travail, et contribuer ainsi à la compétitivité et au développement économique dans les territoires. C’est l’objectif premier du programme « Bien-être au travail en région Nord-Pas-de-Calais » Vous êtes à l’initiative du programme « Bien-être au travail en région NordPas-de-Calais ». Pouvez-vous nous en décrire les grandes lignes ? PDS : L’évolution des organisations de travail entraine de nouvelles contraintes, des hyper-sollicitations, une pénibilité des risques émergents à prendre en compte tout au long de la vie. Le passé industriel et ses conséquences lourdes pour la santé des habitants et l’environnement ont amené les institutionnels de prévention, les partenaires sociaux, les professionnels de santé et acteurs de l’entreprise à coopérer et développer un savoir-faire partenarial souvent envié hors Région. En tant que collectivité territoriale nous avons toujours soutenu ces démarches. La santé au travail est reconnue comme un enjeu d’avenir à fort potentiel de développement. Depuis plus de 20 ans, le Conseil

Régional a intégré la notion de santé travail et contribué à développer ce partenariat assez unique par sa force et son historicité. C’est ainsi, qu’en concertation avec l’ensemble des partenaires, nous avons élaboré ce programme régional pluriannuel « Bien-être au travail en région Nord-Pas-de-Calais », orienté sur cinq axes prioritaires : • Accompagner 10 000 TPE dans l’évaluation des risques et la démarche de prévention. Les services de santé au travail, grâce aux médecins, infirmiers, équipes pluridisciplinaires peuvent conseiller et accompagner les employeurs pour favoriser de meilleures conditions de travail de leurs salariés. • Favoriser dans les territoires l’accès de tous aux consultations de pathologies professionnelles (Troubles MusculoSquelettiques, Cancers, Souffrance au travail. Chaque habitant doit pouvoir bénéficier de diagnostic et de prise en charge près de chez lui) et aider et accompagner les populations en difficulté de santé dans le maintien à l’emploi et l’insertion/ réinsertion (la pathologie chronique, la pathologie mentale ne doivent pas être un frein à l’emploi) • Diminuer les inégalités en santé au travail en ciblant des métiers ou des secteurs d’activités : aides à domicile, salariés en emploi précaire, apprentis, BTP, Caféshôtels-restaurants…mais aussi développer des programmes régionaux adaptés aux besoins de santé de la population active du Nord-Pas-de-Calais (de l’apprenti au senior) en mettant au point indicateurs de suivi et démarches d’évaluation. • Favoriser la formation des professionnels, des acteurs santé travail et des partenaires sociaux. • Développer les connaissances en santé travail et mettre en lien les scientifiques, les professionnels de santé et les acteurs de l’entreprise en s’appuyant sur les plans régionaux et les structures existantes et en favorisant des campagnes de communication et de sensibilisation (médias, réseaux partenaires…). C’est un programme novateur, ambitieux, diversifié, reposant sur les compétences et les moyens existants en région. Il est perçu positivement au niveau national. Il sera évalué comme chaque programme ou action mis en œuvre en Région.

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INTERVIEW : Pierre de Saintignon

« Ce sont les TPE qui ont le plus besoin d’appui dans ces domaines complexes de la santé et du Bien-être au travail » Les services de santé au travail du Nord-Pas-de-Calais se sont investis dans la mise en œuvre de ce programme. Est-ce une expérience unique en France ? PDS : C’est une première en France. Le pilotage national des politiques publiques dans le domaine de la santé au travail relève du Ministre du Travail. Bien-être au travail et qualité de l’emploi, figurent au cœur des priorités d’actions. Sur ces sujets les services de santé au travail sont des acteurs incontournables et indispensables à la réussite de ce nouveau challenge, initié en région Nord-Pas-de-Calais. Quel en est le bénéfice escompté pour les salariés ? PDS : Les questions de bien-être et de santé au travail font partie de l’évolution économique. La sécurisation des parcours, la formation en alternance, l’apprentissage, la gestion des âges, et le maintien à l’emploi, intéressent directement les salariés et les entreprises : ce sont des problématiques de santé au travail, mais ce sont aussi des problématiques économiques sur lesquelles nous pouvons et devons agir. Si on améliore l’évaluation des risques, on favorise une meilleure prise en charge du bienêtre des salariés, et on agit pour la qualité des emplois et la qualité de vie au travail.

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Quel en est le bénéfice escompté pour les entreprises ? PDS : Permettre avec le concours des services de santé au travail, à 10 000 TPE, de les aider à engager leur démarche de prévention et de les aider à réaliser leur Document Unique d’Évaluation des Risques professionnels est un premier engagement essentiel pour l’entreprise. La mission du service de santé au travail n’est pas de se substituer aux obligations légales de l’employeur en la matière, le rôle de l’entreprise est essentiel à cet égard. Mais cette démarche peut être un levier vers une plus grande productivité et efficacité économique, et considérer la santé travail comme un investissement et un facteur important lié au management et à la compétitivité de l’entreprise. Après 2 ans de lancement, quels en sont les principaux enseignements ? PDS : De nombreuses actions sont développées en direction des TPE/PME ; Ce programme a nécessité une organisation importante au sein des services interentreprises, la création et le développement d’outils d’information et de recueil de données ; les interventions n’ont véritablement commencé que depuis quelques mois ; elles se situent dans le temps. Plusieurs centaines d’entreprises se sont engagées dans cette démarche de prévention des risques professionnels. Les résultats probants ne seront connus qu’en fin d’année. Mais il est certain que d’ores et déjà, les entreprises et les préventeurs impliqués dans ce programme témoignent de leur satisfaction pour l’intérêt et le soutien qui leur sont apportés. Quel conseil donneriez-vous à un patron de TPE-PME dans la conjoncture actuelle ? PDS : Les périodes de crise sont très dures pour les petites entreprises. Promouvoir le bien-être au travail de ses salariés est un investissement payant : des salariés bien dans leur entreprise contribuent fortement à la cohésion et au développement de l’entreprise. Les outils d’accompagnement des chefs d’entreprise sont présents dans le Nord-Pas-de-Calais, les chefs d’entreprise ne doivent pas hésiter à les utiliser.

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BIOGRAPHIE express Né en 1948, Pierre de Saintignon a, tour à tour, connu le monde de la recherche médicale et du médicosocial avant d’intégrer un important groupe commercial. Conseiller au sein d’un cabinet ministériel, il est devenu Inspecteur Général des Affaires Sociales. A travers son activité professionnelle et ses mandats électoraux, il s’est toujours investi avec passion et détermination pour le développement économique, l’emploi, l’insertion et la solidarité. 1967/1974 : INSERM – CTNERHI- chargé de recherche puis directeur du services « Études et recherches » 1974/1977 : Association de gestion des formations initiales (fonds paritaire national) du secteur sanitaire et social, Directeur Général 1977/1992 : Association départementale du Nord pour la sauvegarde de l’Enfance et de l’adolescence du Nord, Directeur Général 1992/1997 : Directeur Général adjoint du groupe Darty 1997/1999 : Conseiller auprès du Ministre de l’Emploi et de la Solidarité 1999 : Inspecteur Général des Affaires Sociales (retraité depuis juillet 2011) Mandats électifs : - Premier adjoint au Maire de Lille, chargé du développement économique et des finances - Premier Vice – président du Conseil Régional du Nord-Pas-de-Calais, chargé du Développement économique, des nouvelles technologies et de la Formation Permanente - Conseiller Communautaire, délégué auprès de la Présidente Mandats associatifs : - Membre fondateur de la Fondation Agir contre l’Exclusion (FACE) - Fondateur de l’Alliance Ville Emploi - Président et fondateur du groupe d’entreprises d’insertion Vitamine T (3 500 personnes en insertion)


APPRENTISSAGE :

APPRENDRE LA SANTÉ ! En France, chaque année, 440 000 jeunes sont en apprentissage, en Centre de Formation des Apprentis ou en section d’apprentissage de Lycée Professionnel. Près de 21 000 pour le Nord-Pas-de-Calais. Près de 14 000 en Picardie. La santé fait partie de leur programme

d’enseignement à travers une matière : PSE, comme Prévention Santé Environnement. A chaque apprenti correspond une entreprise d’accueil. C’est dans cette entreprise que le jeune en formation va acquérir les bons réflexes en santé au travail…

DOSSIER

APPRENTISSAGE: Apprendre la santé


Nicolas De Araujo

Dominique Opéron

CFA batiment de la somme

Un « Espace Santé » au sein du CFA ! La Santé tout au long de la formation La formation en alternance permet de bénéficier d’un enseignement professionnel et de connaître le monde du travail grâce au contrat d’apprentissage. Quand il n’est pas en entreprise avec son tuteur, le jeune apprenti fréquente les salles de cours et les ateliers de son Centre de formation, avec ses formateurs. Au Centre de Formation des Apprentis d’Amiens (CFA), dirigé par Alexis Maillard, une équipe est chargée de l’accompagnement éducatif. Le jeune adulte en construction trouve alors réponse à d’éventuelles difficultés familiales ou sociales. La santé est souvent au cœur des préoccupations. Rencontre avec Dominique Opéron, adjoint de direction chargé de l’Accompagnement Educatif au CFA Bâtiment de la Somme, à Amiens, et son collaborateur Nicolas De Araujo, animateur socio-éducatif.

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Dominique Opéron : Voici d’abord quelques chiffres sur le CFA Bâtiment d’Amiens. En 2012-2013, nous accueillons 875 jeunes en apprentissage. Ils peuvent entrer à 15 ans en préapprentissage (DIMA). Ils peuvent acquérir au CFA d’Amiens un CAP ou un Bac Professionnel, avec un projet d’ouverture du BTS TP en alternance. 75 à 90 apprentis peuvent être logés au CFA d’Amiens ou au Centre d’Hébergement des apprentis de Boves. Le CFA d’Amiens comprend 54 salariés avec une équipe éducative, dont j’ai la responsabilité et qui comprend une médiatrice et trois animateurs. Le CFA Bâtiment d’Amiens est géré par l’association BTP CFA Picardie, ainsi que deux autres CFA : Laon pour l’Aisne et Agnetz pour l’Oise. Quel est la mission générale du CFA ? Dominique Opéron : C’est « l’école de la branche du BTP ». Après 38 ans de carrière, j’ai la satisfaction de connaître d’anciens apprentis qui sont devenus chefs d’entreprises et accueillent aujourd’hui des apprentis. Au départ, ils avaient pourtant de très grandes difficultés. Ils ont trouvé un accompagnement au CFA. Dès qu’il est inscrit sur un parcours professionnel avec une perspective claire, l’apprenti est motivé et attachant. L’artisanat est très fidèle. L’artisan a alors un rôle de chef d’entreprise et de maître d’apprentissage. Nicolas De Araujo : Il y a deux grandes missions complémentaires. D’une part,

« Un jeune en bonne santé et bien dans sa tête a toutes les chances de réussir sa vie professionnelle et sa vie d’adulte » former les apprentis sur le plan des qualités professionnelles. C’est le rôle de l’équipe pédagogique. D’autre part, lui permettre de s’intégrer socialement. C’est le rôle d’accompagnement de l’équipe socio-éducative. Les deux sont liés, et non pas cloisonnés. Avec un jeune en devenir, il y a le « savoir être, le savoir faire et le savoir vivre ». Le BTP a ses valeurs : respect, solidarité, ouverture d’esprit, courage, volonté, travail en équipe… Pourquoi s’intéresser à la santé ? Dominique Opéron : Quand je suis arrivé à Amiens il y a 31 ans, la santé a été tout de suite une priorité. Beaucoup de jeunes adolescents avaient déjà un manque de suivi. Il était déjà évident qu’il fallait développer des actions de prévention. La deuxième priorité était l’ouverture d’esprit et l’accès à la culture. Nicolas De Araujo : Un jeune en bonne santé et bien dans sa tête a toutes les chances de réussir sa vie professionnelle et sa vie d’adulte. C’est une évidence. Nous avons également des jeunes en situation difficile ou en souffrance : pas de famille

DOSSIER

Pouvez-vous nous décrire votre rôle au sein du CFA ?

ou relations familiales difficiles, vie sentimentale complexe, paternité à 16 ans, addictions à l’alcool, les jeux vidéos ou le téléphone portable… Nous devons parfois réguler les relations avec le « patron » de l’entreprise. Le contrat d’apprentissage est un contrat de salarié. Certains ont du mal à admettre le statut de salarié. Ils découvrent également la réalité du BTP : être à 10 mètres de hauteur à 5 h tôt le matin, construire un mur par temps froid ou forte chaleur… nous devons tout faire pour éviter les ruptures de contrat. Régler les problèmes de santé permet au jeune apprenti de se concentrer sur sa réussite professionnelle. Prendre soin de sa santé, de son corps, c’est préserver sa vie professionnelle. C’est pouvoir aller plus loin. Pouvez-vous nous présenter des actions de prévention santé ? Dominique Opéron : Au sein du CFA, nous avons créé un « espace santé », grâce au soutien financier du Conseil Régional de Picardie et de l’Agence Régionale de Santé de Picardie. Il n’y avait pas d’infirmière : depuis 4 ans,

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« J’ai la satisfaction de connaître d’anciens apprentis qui sont devenus chefs d’entreprise et accueillent aujourd’hui des apprentis » nous avons une infirmière une semaine sur trois ; elle tient une permanence tous les midis quatre jours par semaine ; elle est le premier pas dans l’accès aux soins ; tous les mercredis matin, une psychologue est présente. Nous avons développé un partenariat avec l’association « Le mail » pour mettre en place des entretiens individuels et collectifs sur les problématiques d’addictions (alcool, tabac, autres produits, etc.) ; une fois par mois, l’unité mobile permet une information et des échanges très libres sur ces addictions. Pour nous, l’apprenti est au centre de notre mission et son bien-être est une priorité. Nicolas De Araujo : Ecouter et dialoguer sont deux valeurs essentielles. Ceci ne veut pas dire tout admettre. Notre médiatrice joue un rôle essentiel dans cette dynamique. On peut également citer d’autres actions. Une convention avec la CPAM d’Amiens permet à 50 % des élèves en première année de CAP, chaque année, de bénéficier d’un bilan de santé gratuit. Nous participons à la semaine de lutte contre le SIDA, avec la Maison Prévention Santé de la ville d’Amiens. Le don du sang est aussi un moment fort. Au 14

départ, cela a été mis en place pour sauver un jeune apprenti victime d’un accident de moto. Aujourd’hui, les apprentis veulent renouveler chaque année cet élan de solidarité. Et au niveau de la santé au travail ? Dominique Opéron : La santé au travail est intégrée dans l’enseignement. En effet, il y a une matière enseignée : Prévention Santé Environnement (PSE) pendant ses deux années de formation et de préparation au CAP. Tous nos efforts sont récompensés par une évolution des comportements des jeunes sur le chantier et en formation : le port des équipements de protection individuelle (EPI), la nutrition, l’équilibre de vie. La collaboration avec l’ASMIS (Santé au Travail de la Somme) nous est très précieuse. Nicolas De Araujo : Nous accueillons chaque année le podium de l’OPPBTP pour l’action : « 100 minutes pour la vie ». Cela marche bien car c’est très ludique. Cela fonctionne sous forme de questions-réponses, auxquelles les jeunes participent. Nous participons à la Journée Nationale de l’Audition. Nous avons des jeunes qui

ont des comportements à risque. Nous ne sommes pas les parents. Nous donnons de l’information et facilitons la prise de conscience individuelle pour adopter attitudes et comportements favorables au développement de leur santé. C’est variable selon les thèmes : la sécurité routière est plus facile à intégrer que le risque auditif. Pour l’audition, il faut faire comprendre aujourd’hui, alors que l’effet est à long terme… Il faut s’adapter aussi à chaque apprenti que nous accueillons et accompagnons. Quelles sont vos perspectives ? Dominique Opéron : Il y a encore beaucoup à faire… Chaque année, nous devons

former les nouveaux apprentis en nous adaptant à l’évolution de leurs modes de vie et leurs comportements. Nous devons rester un maillon essentiel et un relais des entreprises dans la prévention de la santé au travail. Nicolas De Araujo : Développer la relation avec nos maîtres d’apprentissage. Vis-à-vis de nos apprentis : « le patron reste le patron ! ». S’il est calme, l’apprenti l’est également. Si le patron est « speed », l’apprenti va adopter des attitudes similaires. Le jeune est « une éponge », qui ne demande qu’à développer l’écoute, le dialogue et le respect mutuel.

« La santé au travail est intégrée dans l’enseignement »

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DOSSIER Lycée Guynemer de Saint-Pol-sur-Mer

« Portes ouvertes » sur la santé 535 élèves, dont 30 apprentis, sont accueillis au Lycée Guynemer de Saint-Pol-sur-Mer, près de Dunkerque. L’établissement assure également la formation continue de 40 adultes. Ce lycée, dont le proviseur est M. Christophe Berger, forme aux métiers du bâtiment : carrelage, plâtrerie, maçonnerie, couverture, peinture, menuiserie et génie climatique. Dans la formation, la prévention des risques au travail fait partie de l’enseignement théorique et pratique. Pour ses journées « Portes Ouvertes », les 22 et 23 mars dernier, le lycée Guynemer a invité le CEDEST, CEntre pour le DÉveloppement de la Santé au Travail (Santé au Travail de Dunkerque). « En salle de cours ou en entreprises, en passant par les ateliers de formation, l’apprenti doit intégrer les bonnes pratiques qui conjugueront la qualité du travail réalisé et la préservation de sa santé. Sur les questions de santé et sécurité au travail, nous devons comprendre l’attitude des jeunes face aux risques », nous dit M. Luc Tonneau, chef de travaux. Pour Christelle Asseman, coordinatrice pluridisciplinarité au CEDEST : « De nombreux jeunes, que nous avons rencontrés, n’ont pas conscience du danger. Il faut les sensibiliser. Certains d’entre eux sont même fiers des cicatrices qui marquent leur peau. Comme des titres de gloire… Comme si le fait

d’être jeune permettait de prendre des risques… Dans ce contexte, faire porter les Équipements de Protection Individuelle n’est pas tâche facile. Mais cela avance. C’est pourquoi le CEDEST a répondu présent quand le lycée Guynemer nous a invités à ses journées Portes Ouvertes ». Bonjour Napo… « Le CEDEST a tenu un stand dédié à la prévention en entreprise avec des ateliers sur des thématiques variées telles que le port de charges, les gestes et postures, le Sauvetage Secourisme au Travail (SST) avec Napo, notre mannequin de démonstration, des lunettes de simulation jour et nuit pour l’alcoolémie, la connaissance des logos de sécurité pour les

produits chimiques, des vidéos sur le secourisme au travail, etc. Ce stand était animé par Carole Louit et Patrica Pattyn, assistantes de santé au travail au CEDEST». Pour Patricia Pattyn et Carole Louit, « c’est très important d’avoir des supports concrets qui permettent de dialoguer. Nous avons ainsi reçu les jeunes par petits groupes. Ils ont été particulièrement intéressés par les gestes et postures, le sauvetage secourisme, l’alcool… C’est important car c’est par eux que tout commence ».

à Caestre, et enseignant au Lycée Guynemer : « Nous participons à un concours d’affiche avec ma classe de 12 apprentis couvreurs. Les jeunes partent de leur vécu et leur ressenti pour parler de leur sécurité et leur santé au travail ». Ce concours fait partie de l’action régionale pilotée par l’Institut de Santé au Travail du Nord de la France2 et relayée sur place par le CEDEST. Prévention des Risques liés à l’Activité Physique (PRAP). 2 Voir page 18 de ce numéro.

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« Fais graffe à ta peau » Etienne Wavrant est artisan, couvreur-zingueur avec son entreprise Dépan’Toit basée

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CFA de Lens-Groupe SIADEP

L’estime de soi, ça compte ! 27 apprentis de 16 à 18 ans suivent une formation de CAP Employé de Vente Spécialisée au CFA (Centre de Formation des Apprentis) Métiers de la Vente et du Tertiaire du Groupe SIADEP de Lens. Ils participent à une action, intitulée « Aide à la vie : le développement de l’estime de soi ». Différents ateliers permettent aux apprentis de bénéficier d’une démarche personnalisée autour de la santé : sophrologie-relaxation, affirmation de soi, conseils en image, etc. La santé au travail de Lens (AST 62-59) a tout naturellement apporté son concours au sein de cette action. L’action menée au CFA de Lens, dirigé par Jean-Michel Hasebroucq, est originale. Elle intègre l’estime de soi, comme facteur de santé et de réussite. L’AST 62-59 est le service de santé au travail des salariés du CFA de Lens et de la majorité des entreprises qui accueillent les apprentis. La participation à l’action mise en place par monsieur Thierry Michel, responsable d’activités au CFA, s’inscrit dans un partenariat plus large. Cette action s’adresse aux apprentis eux-mêmes. Une vision globale « Nous avons rencontré monsieur Thierry Michel aux journées d’échange, mises en place par le Conseil Régional Nord-Pas-deCalais, sur les actions menées par les CFA auprès des apprentis » nous précise Laura Deleligne, chargée de projets à l’AST

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62-59. « En 2011-2012, l’AST 62-59 a réalisé une information sur les missions du service de santé au travail, les droits et devoirs des salariés et des chefs d’entreprise. Cette sensibilisation nous a paru essentielle pour ces apprentis qui débutent leur vie professionnelle. Le CFA a également collaboré avec l’AST 62-59 pour la validation obligatoire, avec mises en situation en cours de formation, du module Sauveteur Secouriste du Travail (SST) des apprentis en CAP. C’est une vision globale de la santé que nous souhaitons développer en rendant les apprentis acteurs de leur santé ». Casser les idées reçues Cette année, l’AST 62-59 participe à un « forum santé ». Une vingtaine de professionnels du territoire se sont mobilisés pour cette journée de sensibilisation, d’informations et de conseils

sur la santé. Laura Deleligne précise : « L’AST 62-59 propose un stand d’information sur la santé au travail qui nous permet de discuter avec les apprentis, de répondre à leurs questions et aussi de changer l’image de ce qu’ils appellent « la médecine du travail ». En partenariat avec les organismes intervenant sur le territoire, nous animons également un stand « Alcool ». Les apprentis bénéficient de sensibilisation attractive comme un jeu de vrai-faux ou les lunettes de simulation… ils peuvent rencontrer les diététiciennes de l’AST 62-59 et des professionnels travaillant sur les dépendances. Le but est de casser les idées reçues ». Développer le bien-être, c’est favoriser la réussite Thierry Michel précise : « Grâce à l’équipe pédagogique, le jeune apprenti acquiert des savoirs. Favoriser son bien-être, c’est concou-

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rir à son épanouissement et sa réussite. Le sport et la culture sont de grande importance. La sophrologie apporte une aide dans la gestion du stress. Depuis 2010, nous avons un point d’écoute. Et nous favorisons la mise en place d’un réseau régional des animateurs de Point écoute, pour être le plus réactif possible dans l’accompagnement d’un jeune en difficulté sociale. Notre but est d’éviter les ruptures de contrat et d’aboutir à une insertion dans la vie professionnelle. C’est permettre à l’apprenti de monter en qualification. ».

Plus d’informations : www.cfa-siadep.fr


CFA du bâtiment de la Somme

« Fais gaffe à tes oreilles ! » Près de 900 apprentis sont formés, chaque année, à 21 métiers du Bâtiment et des Travaux Publics, au CFA de la Somme à Amiens. Ils peuvent acquérir un CAP en deux ans, ou deux CAP en trois ans. Voire un Brevet Professionnel en quatre ans. A côté de l’équipe pédagogique, une équipe socio-éducative accompagne les jeunes sur les questions de citoyenneté et de santé. Chaque année, le CFA participe à la Journée Nationale de l’Audition. Le Service de Santé au Travail de la Somme (ASMIS) y participe. Le 5 avril 2013, six tables rondes ont été mises en place, des visites d’ateliers ont été organisées avec mesurage du niveau de bruit, et des dépistages auditifs gratuits étaient possibles. « Nous participons depuis 10 ans aux Journées Nationales de l’Audition » nous dit Nicolas De Araujo, animateur socioéducatif au CFA du Bâtiment de la Somme. « Beaucoup de nos métiers exposent au bruit. Si tout est OK pour les questions de sécurité, face au bruit, de nombreux jeunes ont du mal à porter les protections auditives individuelles. Le bruit est souvent considéré comme normal… Par exemple, lors d’une visite d’atelier, une barre de fer est tombée. Personne n’a sursauté… Pourtant, la mesure de bruit, qui était en cours, a révélé un pic de 120 décibels ! » 200 à 250 jeunes, 10 audiogrammes anormaux « Sur l’ensemble de la journée, avec l’ASMIS, nous sensibilisons

200 à 250 jeunes, par groupe de 20 à 30. Les tables rondes et les visites d’ateliers leur permettent de rencontrer les spécialistes de la santé au travail, grâce à la participation de médecins du travail et de techniciens de l’ASMIS. A l’infirmerie, les laboratoires BENOIT réalisent des audiogrammes, pour les jeunes qui le souhaitent. 40 à 50 audiogrammes ont été réalisés : 10 jeunes présentent déjà des anomalies ! Certes, plusieurs d’entre eux vont à la chasse et pratiquent le ball-trap… Il y a aussi les MP3, rivés aux oreilles, et les boîtes de nuit ! Cependant, il ne faut pas rajouter à cela les expositions professionnelles. Attention : une surdité apparaît de manière progressive et insidieuse. Quand elle

se révèle, entre 40 à 50 ans, c’est un handicap social important ! ». Une information « sur mesure » Luigi Grisoni, est conseiller en prévention et IPRP1 bruit et BTP à l’ASMIS : « Nous intervenons sur la prévention du risque professionnel. Beaucoup d’apprentis nous disent « je suis jeune, cela va aller… j’ai le temps ! ». Face au bruit, c’est une erreur fatale. Maîtriser le niveau à la source

est une obligation légale. Le cas échéant, porter un casque de protection ou des bouchons d’oreilles est la seule solution. Chacun doit en être conscient ». La mise en place de cette action de prévention en CFA est suivie par le docteur Marie Claire Deraison, médecin référent pour le risque bruit à l’ASMIS. IPRP : Intervenant en Prévention des Risques Professionnels.

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Bâtiment et travaux publics

« Fais graff ’ à ta peau ! En corrélation avec le programme régional « Bien-être au travail »1, initié par le Conseil Régional Nord - Pas de Calais avec l’ensemble des partenaires institutionnels et opérationnels de santé au travail de la région, l’Institut de Santé au Travail du Nord de la France (ISTNF), co-animateur du programme, conduit une action destinée aux apprentis. Cette action, dénommée « Bienêtre au travail des apprentis », s’est développée en 2013 vis-à-vis du BTP (Bâtiment et Travaux Publics) en lien avec le congrès national de Santé au Travail dans les métiers du BTP qui se tient à Lille en mai 2013 sur le thème Peau et BTP. A cette occasion, l’ISTNF organise un concours d’affiches au sein des CFA, sous le titre « Fais graff’ à ta peau ».

« Avec le programme « Bien-être au travail des apprentis », nous agissons auprès des Centres de Formation des Apprentis (CFA) pour faciliter la mise en place d’actions de promotion de la santé-sécurité au travail durant le temps de formation et en entreprise » nous dit Thierry Brechon, chargé de projet à l’ISTNF. « Notre action s’enrichit en 2013 par l’organisation d’un séminaire régional « Apprentis du BTP » à l’occasion des 32ème Journées Nationales de Santé au Travail du BTP le 28 mai prochain ». 5 CFA, 13 équipes, 100 apprentis Le concours d’affiches s’est développé entre 13 équipes, venant de 5 CFA implantés dans le Nord-Pas-de-Calais. Les 100 apprentis participants ont bénéficié d’un appui des équipes de l’ISTNF et de santé au travail de la région, pour aborder sur 2 heures, d’une part la nécessité de protéger sa peau, d’autre part l’importance de la prévention et la promotion de la santé. « Dans cette optique, nous précise Thierry Brechon, chacun est acteur de sa santé. Il est donc très important de partir de la perception qu’ont les jeunes et d’intégrer leurs langages et leurs modes d’expression. D’où l’idée du concours d’affiches. Le prix sera remis lors du séminaire dédié à l’apprentissage ouvert à tous ». 18

Un partenariat institutionnel fort Cette action rentre dans un programme « Santé des Apprenti-es », initié dès 2006 par le COM2 pour le développement de l’apprentissage. Ce programme associe le Conseil Régional Nord – Pas de Calais, la DIrection Régionale des Entreprises, de la Concurrence de la Consommation, du Travail et de l’Emploi (DIRECCTE), du Rectorat (Académie de Lille), et l’Agence Régionale de la Santé (ARS) Nord-Pas-de-Calais. Le séminaire « Apprentis du BTP » sera également l’occasion de restituer les premiers résultats d’une enquête menée depuis 2 ans auprès des CFA et des apprentis. Deux axes ont été explorés : les bonnes pratiques en santé au travail et la consommation de substances psychoactives (dépendances drogues-alcool-tabac). Thierry Brechon

précise : « il faut jouer sur deux tableaux : les pratiques adolescentes de recherche de plaisir et de prise de risques, et les impacts cumulés avec les expositions professionnelles. » www.istnf.fr/apprentis 1. Voir pages 8,9 et 10 de ce numéro d’Entreprise & Santé. 2. COM : Contrat d’Objectifs et de Moyens

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« Les pépites de l’alternance » En France, 32 % des entreprises ont recours à l’alternance. Dans certains pays européens, ce taux atteint 60 % … En 2011, dans le Nord-Pas-de-Calais, les entreprises ont signé 14 000 contrats d’apprentissage et 11 400 contrats de professionnalisation. Pour valoriser l’embauche par la voie de l’alternance, le MEDEF Nord-Pas-de-Calais et la Chambre du Commerce et de l’Industrie (CCI) de la région Nord de France ont lancé « les pépites de l’alternance » en 2013, après avoir organisé, avec succès, les trophées de l’alternance en 2010 et 2011. Le 5 septembre 2013, 10 entreprises seront élues Pépites de l’alternance 2013. Voici les objectifs de ces « Pépites de l’alternance » : mettre à l’honneur des projets majeurs et novateurs, valoriser les entreprises régionales ayant réalisé des efforts significatifs pour la formation en alternance. Les partenaires sont tous les acteurs qui agissent notamment autour de l’entreprise et des jeunes (DIRECCTE, Conseil

DOSSIER

Nord-Pas-de-Calais

Régional, Éducation Nationale, Services publics de l’emploi, OPCA, Branches professionnelles, CFA…). Ils peuvent conseiller, financer ou accompagner, mais tous sont fédérés autour de la même notion de qualité de l’alternance. Leur objectif commun est de favoriser les bonnes rencontres entre les jeunes et les entreprises.

Renseignements : www.pepites-alternance.com

Picardie

« L’alternance, une voie d’excellence » 500 jeunes, venus des quatre coins de la Picardie, sont présents au forum « Entreprendre pour apprendre » (EPA Picardie), à Doullens le 22 mai 2013, dans le cadre du salon régional des mini-entreprises. Ils y présentent leur projet personnel de mini-entreprise. A cette occasion, le MEDEF Picardie valorise la formation professionnelle en alternance, avec un slogan qui se passe de commentaire : « l’alternance, une voie d’excellence »... En effet, l’alternance est gage de réussite, du CAP au diplôme d’ingénieur. Or, en France, l’alternance n’est pas assez reconnue, comme facteur de réussite. 5 CFA de Picardie s’associent à cette démarche.

1400 diplômes et qualifications professionnelles sont accessibles par voie de l’alternance, dans plus de 500 métiers. En Picardie, les filières suivantes recrutent par alternance : industrie, BTP, banque, commerce, transports, logistique, agriculture, propreté, hôtellerie-restauration. Pendant le salon régional

des mini-entreprises, une démonstration de ces métiers qui recrutent en alternance sera effectuée pour l’industrie, le bâtiment, la restauration, l’horticulture et les services. Cette campagne de valorisation de la formation par alternance s’effectue en partenariat avec les branches professionnelles.

Renseignements : www.medef-picardie.fr

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Apprentissage

Un apprenti sur deux est dans une entreprise de moins de 10 salariés La formation en apprentissage permet à un jeune de 16 à 25 ans (voire plus si présence d’un handicap) d’accéder à différents diplômes du CAP à la Grande École :

> CAP ou BEP : niveau V > BP ou Bac Pro : niveau IV > Bac + 2 type BTS ou DUT : niveau III > 2ème cycle ou 3ème cycle universitaire ou Grande École : niveau I ou II. L’apprenti est salarié de son entreprise d’accueil ; il existe des variations interrégionales liées au tissu économique local, pour la répartition du nombre d’apprentis selon le secteur d’activité. En moyenne, un apprenti sur deux est dans une entreprise de moins de 10 salariés ; 80 % des apprentis trouvent un emploi au terme de leur formation.

Nombre total d’apprentis : 426 280 en 2010-11 Répartition selon le niveau de formation en 2010-11 • Niveau I et II : 11,58 % • Niveau III : 14,56 % • Niveau IV : 28,86 % • Niveau V : 45 %

FRANCE

(Source : Ministère de l’Education Nationale)

Répartition selon le secteur d’activité en 2010-11 • Service à la collectivité : 0,8 % • Service aux personnes : 16,1 % • Autres services (communication, gestion, …) : 23,2 % • Génie civil, Construction, Bois : 16,3 % • Transformation : 16,4 % • Mécanique, électricité, électronique : 16,2 % • Agriculture, pêche, forêt : 7,3 % • Autres : 3,7 %

Nombre total d’apprentis : 21 259 en 2010-11 Répartition selon le niveau de formation en 2010-11

NORD-PASDE-CALAIS

(Source : Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais)

• Niveau I et II : 10,93 % • Niveau III : 16,58 % • Niveau IV : 30,26 % • Niveau V : 42,22 %

Répartition selon le secteur d’activité en 2010-11 • Service : 33,6 % • Agriculture : 4,4 % • Industrie : 22,6 % • Construction : 17 % • Commerce : 22,4 %

Nombre total d’apprentis : 13 461 en 2010-11 Répartition selon le niveau de formation en 2010-11

PICARDIE

(Source : Conseil Régional de Picardie)

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• Niveau I et II : 9 % • Niveau III : 13 % • Niveau IV : 27 % • Niveau V : 45 %

Répartition selon le secteur d’activité en 2010-11 • Préapprentissage : 5 % • Métiers de bouche : 8 % • Agriculture : 11 % • Automobile : 5 % • Hôtellerie – Restauration : 5 %

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• Industrie : 14 % • BTP : 22 % • Commerce-vente-animation : 12 % • Service aux entreprises : 8 % • Service aux personnes : 10 %


L’apprentissage permet à des jeunes de 16 à 25 ans de bénéficier d’une formation au sein d’une entreprise et de cours théoriques et pratiques en Centre de Formation. « L’alternance » est de principe : périodes en entreprise, sous l’autorité d’un tuteur ou maître d’apprentissage, alternant avec des périodes en Centre de Formation. L’apprentissage conduit, sous réserve d’avoir satisfait à l’ensemble des épreuves, à un diplôme pouvant aller du CAP au diplôme d’ingénieur ou diplôme de l’Enseignement Supérieur. Au niveau d’une région, les formations par la voie de l’apprentissage se développent grâce au soutien de trois partenaires : les chambres consulaires (Chambres des Métiers, Chambres du Commerce et de l’Industrie) et les entreprises, le Conseil Régional, le Rectorat et les Universités (Ministères de l’Education Nationale et de l’Enseignement Supérieur).

DOSSIER

L’apprenti et la santé au travail

Fiche détachable

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1. Le contrat d’apprentissage est un contrat de travail Les relations entre l’apprenti, son entreprise d’accueil et son centre de formation sont régies par un contrat d’apprentissage. Celui-ci est un contrat de travail, d’un type particulier, le liant à un employeur. Pour les entreprises privées, ce contrat est régi par le Code du travail. Toutes les obligations du Code du travail doivent être satisfaites. L’apprenti a en outre l’obligation de suivre les enseignements en Centre de Formation et de se présenter aux épreuves du diplôme ou du titre, précisé dans le contrat d’apprentissage. Le temps passé en Centre de Formation est considéré comme du temps de travail, prévu dans le contrat d’apprentissage. Des droits à congés spécifiques sont ouverts pour le passage des épreuves validant la formation.

2. L’employeur a des droits et devoirs en santé au travail Comme pour tout salarié, l’employeur doit satisfaire aux obligations collectives et individuelles relatives à la santé au travail et la prévention des risques professionnels. Au chapitre des conditions de travail, le Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue Social précise (http://travail-emploi.gouv.fr, accueil>informations pratiques>fiches pratiques>contrat) :

Examen médical

Au plus tard dans les 2 mois qui suivent son embauche, l’apprenti bénéficie de l’examen médical d’embauche prévu à l’article R. 4624-10 du Code du travail. Toutefois, si le salarié fait partie des catégories soumises à une surveillance médicale renforcée en application des dispositions de l’article R. 4624-18 du Code du travail (travailleurs âgés de moins de 18 ans, travailleurs handicapés, etc.), cet examen doit avoir lieu avant l’embauche.

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L’apprenti âgé de 18 ans et plus est soumis aux règles applicables dans l’entreprise.

Moins de 18 ans

S’il est âgé de moins de 18 ans, l’apprenti ne peut pas travailler : - plus de 8 heures par jour (à titre exceptionnel, des dérogations peuvent être accordées dans la limite de 5 heures par semaine, par l’inspecteur du travail après avis conforme du médecin du travail) ; - plus de 4h30 consécutives (au terme desquelles l’apprenti doit bénéficier d’une pause de 30 minutes consécutives) ; - plus que la durée légale du travail (sauf dérogation de l’inspecteur du travail dans les conditions précisées ci-dessus). En outre, 2 jours de repos consécutifs doivent lui être accordés. En cas de risque sérieux d’atteinte à la santé ou à l’intégrité physique ou morale de l’apprenti, l’inspecteur du travail ou le fonctionnaire de contrôle assimilé propose au directeur régional des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) la suspension du contrat d’apprentissage. Cette suspension s’accompagne du maintien par l’employeur de la rémunération de l’apprenti. Dans le délai de 15 jours à compter du constat de l’agent de contrôle, le Direccte se prononce sur la reprise de l’exécution du contrat d’apprentissage. Le refus d’autoriser la reprise de l’exécution du contrat d’apprentissage entraîne la rupture de ce contrat à la date de notification du refus aux parties. Dans ce cas, l’employeur verse à l’apprenti les sommes dont il aurait été redevable si le contrat s’était poursuivi jusqu’à son terme.

DOSSIER

Plus de 18 ans

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3. L’apprenti a des droits et devoirs en santé au travail Comme tout salarié l’apprenti bénéficie des droits stipulés par le Code du travail et le Code de la Sécurité Sociale en matière de protection vis-à-vis des risques professionnels. Il a le devoir de respecter toutes les consignes de sécurité et d’appliquer les mesures de protection individuelle et collective, qu’il a à sa disposition et pour lesquelles il a été informé et formé par son employeur.

CHAQUE ENTREPRISE bénéficie d’une expertise médicale spécialisée et indépendante grâce à son médecin du travail :

Prénom et nom :................................................................................................................................................................................. Adresse :...................................................................................................................................................................................................... ..............................................................................................................................................................................................................................

Mail :. ............................................................................................................................................................................................................. Téléphone : . ............................................................................................................................................................................................

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VOTRE SANTÉ VOTRE EMPLOI

> Survenue d’un handicap et maintien dans l’emploi, Littoral Nord-Pas-de-Calais

9 salariés sur 10 ont pu garder un emploi dans leur entreprise en 2012 !

La clé de cette réussite repose sur deux mots : compétences et dialogues. En effet pour chaque cas, il faut mettre « autour de la table » les compétences de l’employeur, du salarié, du médecin du travail et des spécialistes du maintien dans l’emploi. Association sans but lucratif, prestataire sélectionné par l’AGEFIPH (Agence de GEstion du Fonds pour l’Insertion des Personnes Handicapées), HECO (Handicap et Emploi Côte d’Opale) porte le SAMETH Flandres Littoral en cotraitance avec l’Association des Personnes A Handicap Moteur (APAHM). Ce SAMETH couvre un territoire du Touquet à Dunkerque sur le littoral, et jusque Saint-Omer et Hazebrouck dans les terres. Chaque service de santé au travail dispose, sur son territoire, d’un SAMETH.

Que faire si le handicap, créé par une maladie ou un accident, vous met en difficulté pour réaliser les tâches liées à votre travail ? Pouvez-vous garder votre emploi ? Devez-vous envisager un reclassement dans un autre emploi, voire dans un autre métier ? Ces questions sont cruciales pour votre vie professionnelle, familiale et sociale. Pour y répondre, vous n’êtes pas seul. Votre médecin du travail peut vous aider avec le Service d’Aide au Maintien dans l’Emploi des Travailleurs Handicapés, le SAMETH. Sur le littoral Nord-Pas-de-Calais, en 2012, 396 situations ont été prises en charge par le SAMETH local : Handicap Emploi Côte d’Opale (HECO)1 en cotraitance avec l’Association des Personnes A Handicap Moteur (APAHM). 360 salariés ont pu être maintenus dans leur entreprise, soit 9 salariés concernés sur 10. Chef de chantier, Technicien de maintenance, Tourneur Fraiseur, Afficheur, Secrétaire commerciale, Magasinier, Plombier chauffagiste … Autant parler de cas concrets… M. X, chef de chantier dans la même entreprise de bâtiment depuis 24 ans, a pu bénéficier d’une formation en informatique pour intégrer le bureau d’études. M. Y, technicien de maintenance électronique dans une entreprise de transport ferroviaire depuis 16 ans, a pu bénéficier d’un aménagement de son véhicule. M. Z, tourneur Fraiseur, a pu bénéficier d’un siège assis-debout adapté à sa situation de travail. M. A, afficheur, a pu bénéficier d’un aménagement de son camion. Mme B, assistante commerciale a pu bénéficier d’un siège ergonomique adapté avec accoudoir et repose-jambe. Ces réalisations ont été effectuées grâce à des aides financières accordées par l’AGEFIPH, après instruction d’un dossier spécifique à chaque cas.

Un travail d’équipe, « sur mesure ». Sylviane Potier est chef de projet à HECO : « Chaque cas relève d’une ingénierie spécifique, qui va du diagnostic individuel de situation à la mise en place dans l’entreprise, en passant par la recherche de solution spécifique et d’aide financière. Au sein du SAMETH FLANDRES LITTORAL, chaque cas est suivi par un chargé de maintien dans l’emploi, qui apporte des compétences spécialisées (psychologie du travail, ressources humaines, ergonomie et ingénierie de formation), utiles à chacun : salarié, chef d’entreprise, médecin du travail, assistante sociale, etc. Il faut toujours être au fait des aides disponibles et des procédures à respecter. Et c’est capital d’anticiper ! La réussite est optimale quand on peut rechercher une solution bien avant le retour au poste de travail. » 1 Quai des Entreprises HECO : Quai des Entreprises, Parc d’Affaires, 430 BD du Parc, 62903 COQUELLES – Véronique DUMONT Administrateur Délégué Tél. : 03 21 46 87 68

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VOS DROITS VOS DEVOIRS

> ASMIS (Association Santé et Médecine Interentreprises du département de la Somme > PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord

Simplifiezvous la vie grâce au portail de votre service de santé au travail

Un salarié peut faire valoir ses droits au départ en retraite à taux plein dès 60 ans, au lieu de 62 ans, s’il a été exposé durant sa vie professionnelle à des facteurs de pénibilité définis par le Code du travail et fait l’objet d’un taux d’Incapacité Permanente Partielle (IPP) d’au moins 20% (loi 2010-1330 du 9 novembre 2010 portant réforme des retraites et art. articles L. 41243-1 et D. 4121-5 du Code du travail)1. Ceci entraîne trois conséquences : prévenir la pénibilité est devenu une obligation pour l’employeur… qui doit établir les fiches de prévention de la pénibilité pour chaque salarié exposé… et les transmettre à son service de santé au travail pour être incluses dans le Dossier Médical de Santé au Travail du salarié. L’ASMIS et PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord ont développé un service en ligne pour faciliter la réalisation de cette obligation. Depuis le 1er février 2012 (Décrets 2012134 et 2012-136 du 30 janvier 2012 pris en application de la loi 2010-1330 du 9 novembre 2010), chaque employeur est tenu de consigner dans une fiche individuelle de prévention établie pour chaque salarié exposé (voir encadré) : • Les conditions habituelles d’exposition, appréciées, à partir du document unique d’évaluation des risques, ainsi que les évènements particuliers survenus ayant eu pour effet d’augmenter l’exposition, • La période au cours de laquelle cette exposition est survenue, • L es mesures de prévention, organisationnelles, collectives ou individuelles, mises en œuvre pour faire disparaître ou réduire les facteurs de risques durant cette période. Ces fiches de prévention doivent être régulièrement actualisées. Chaque entreprise, quelque soit sa taille et son activité, est concernée. Les TPE et les PME. PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord et l’ASMIS ont développé un service en ligne pour simplifier la vie de leurs adhérents. • Attention ! Les intérimaires sont concernés. Les entreprises utilisatrices d’intérimaires doivent remplir les Fiches individuelles de Prévention des Expositions (FPE) pour les intérimaires qu’elles emploient. • Pour tout salarié, il est nécessaire de clore les expositions quand elles ne sont plus pertinentes. 1. Voir à ce propos Entreprise et Santé N°19, 3ème trimestre 2012, pages 19-20.

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VOS DROITS VOS DEVOIRS

Vous êtes implanté sur LILLE ROUBAIX TOURCOING, le DOUAISIS ou l’AUDOMAROIS PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord a développé un portail adhérent sur son site www.polesantetravail.fr. Ce portail permet à l’employeur de déclarer, dans son espace dédié et sécurisé, ses salariés en précisant le type de surveillance médicale (Surveillance Médicale Simple ou Renforcée) et de valider le règlement de sa cotisation. Dès le 2ème trimestre 2013, ce portail permet d’établir les Fiches individuelles de Prévention des Expositions (FPE) et de les transmettre, sous connexion sécurisée avec identifiant et mot de passe, à PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord. Pour Sophie Guilbert,

chargée de communication à PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord : « L’onglet pénibilité est une aide dans la formalisation des Fiches individuelles de Prévention des Expositions. Dans le strict respect de la législation, cela permet de générer une fiche par salarié. L’entreprise a accès à tout moment à ses Fiches individuelles de Prévention des Expositions et un exemplaire peut lui être adressé par mail pour la traçabilité des expositions en cas de contrôle. Si l’entreprise a déjà transmis ses fiches sous format « papier », nos équipes les intégreront directement dans l’espace dédié à l’entreprise. Une adresse, donc : www.polesantetravail.fr/espace-adherent. Un clip de démonstration peut être visionné : www.polesantetravail.fr/actualités_2013 ».

Vous êtes implanté sur le département de la SOMME En 2012, le Service de Santé au Travail de la Somme (ASMIS) a créé, pour ses adhérents, un site d’information sur les obligations des employeurs face à la pénibilité : www.prevenir-la-penibilite.fr. Sur ce site, avec un identifiant et un mot de passe, l’entreprise peut se situer, en quelques clics, par rapport à l’ensemble de ses obligations. Pour Francis Van der Biest, médecin du travail à l’ASMIS : « il fallait aller plus loin pour aider les TPE et les PME, dans la compréhension de la législation et le développement de la prévention. Une entreprise adhérente pourra sur le portail, mis en ligne au

deuxième trimestre 2013, rentrer les facteurs de pénibilité par groupe d’exposition homogène, faire les fiches individuelles de prévention de la pénibilité et les transmettre à l’ASMIS, sous connexion sécurisée ». Ergonome de formation, Rachel Ajroud est responsable du service d’expertise technique et organisationnel à l’ASMIS : « Il faut gérer les fiches dans le temps. Le module pénibilité développé avec Thierry Thuillier, responsable informatique à l’ASMIS, permet de qualifier les unités de travail en fonction des seuils de risques et de tracer les mesures de prévention associées aux expositions. Il s’inscrit dans la logique du Document Unique d’Evaluation des Risques, qui s’impose à l’employeur ».

Les 10 facteurs de risques concernés Les facteurs de pénibilité suivants (inscrits dans le Code du travail à l’article D 4121-5) sont concernés par l’établissement de fiches individuelles de prévention des expositions : es contraintes physiques marquées L • Manutentions manuelles • Postures pénibles • Vibrations mécaniques Les environnements physiques agressifs • Agents chimiques dangereux • Activités avec des températures extrêmes

• Activités en milieu hyperbare • Bruit Les contraintes liées à certains rythmes de travail • Travail de nuit • Travail en équipes successives alternantes • Travail à cadence contrainte

Attention : amende de 1 500 € à 3 000 € par salarié concerné ! Le fait de ne pas remplir ou actualiser la fiche de prévention des expositions est puni de l’amende prévue pour les contraventions de 5ème classe, soit 1 500 € à 3 000 €. L’amende est appliquée autant de fois qu’il y a de travailleurs concernés par l’infraction (article R. 4741-1-1 du Code du travail).

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ZOOM SUR

Santé au Travail Arras, Béthune, Hénin, Lens (AST 62-59)

800 chauffeurs poids lourds prennent soin de leur cœur... Il est 5 heures du matin dans cette entreprise de transport de Lens… Les chauffeurs poids lourds écoutent une diététicienne, venue spécialement pour eux en pleine nuit avec, à la clé, une collation ! Ces chauffeurs poids lourds bénéficient d’une action de prévention du risque cardiovasculaire, du surpoids et de l’obésité. Tout a démarré sur le bassin d’emploi de Lens-Liévin en 2008, grâce à l’initiative d’un médecin du travail et d’une diététicienne. En 2013, ils sont plus de 800 chauffeurs poids lourds à pouvoir échanger sur la base d’un questionnaire et d’une prise de sang avec leur médecin du travail dans le cadre de la visite médicale, à pouvoir être suivis, si nécessaire, par une diététicienne et à pouvoir participer à une collation et des « forum santé » au sein de leur entreprise… sur la base du volontariat. Bénéficiant du soutien financier du Conseil Régional, cette action de suivi et de prévention du risque cardiovasculaire, dénommée « Transport à cœur », est incluse dans la cotisation « Santé Travail » de l’entreprise. Dans le Nord-Pas-de-Calais, les transports sont un secteur d’activité de première importance. En général, les chauffeurs poids lourds prennent du poids au fur et à mesure de leur ancienneté. Horaires décalés, sédentarité et alimentation expliquent, entre autres cette situation. En 2008, suite à ce constat, le Dr Isabelle Waligora, médecin du travail sur Lens-Liévin et Tifanie Boulinguez, diététicienne, lancent une action de suivi et de prévention du risque cardiovasculaire, spécialement adaptée aux chauffeurs poids lourds. Elles ne pouvaient pas s’imaginer que, 4 ans plus tard, près de 800 chauffeurs auraient bénéficié de cette action. Et cela, grâce à l’adhésion de 15 médecins du travail, d’une autre diététicienne et de deux intervenantes en diététique, d’une assistante et d’infirmières en santé au travail, avec l’accompagnement scientifique et technique de l’Institut de Santé au Travail du Nord de la France (voir encadré). La coordination de cette conséquente équipe pluridisciplinaire est assurée par Laura Deleligne, chargée de projets à l’AST 62-59.

1. Visite médicale et bilan sanguin « A l’occasion de la visite médicale, un bilan sanguin est proposé : dosages de la glycémie, des triglycérides, du cholestérol. L’Indice de Masse Corporelle (IMC) et le périmètre abdominal sont relevés, avec mesure de la tension artérielle. Le médecin du travail complète le questionnaire sur les habitudes de vie et de travail avec le salarié et lui remet un bon d’ordonnance pour le bilan sanguin.

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C’est l’occasion d’un échange personnalisé » nous dit le docteur Stéphanie Pinte, médecin du travail à l’AST 62-59.

2. Suivi diététique personnalisé S’il le souhaite, le chauffeur poids lourds peut bénéficier, en dehors des heures de travail, d’une consultation personnalisée avec une diététicienne : une fois par mois pendant six mois, puis tous les six mois. « Près de 50 chauffeurs ont été suivis sur le plan individuel, en liaison avec le médecin du travail. C’est un accompagnement individuel sur le long terme », nous précise Tifanie Boulinguez, diététicienne à l’AST 62-59.

3. « Forum Santé » dans l’entreprise Pour le docteur Stéphanie Pinte : « L’action individuelle doit être relayée par une action collective, au sein de l’entreprise ». C’est pourquoi des forums santé sont proposés sur le temps de travail : stands sur le sommeil, l’alimentation, les substances psycho-actives… Pour Tifanie Boulinguez : « Les échanges sont très précieux et vivants, autour d’un petit déjeuner. Des dépliants d’information sont remis aux salariés. Nous réalisons environ 10 forums par an. »

4. Autour d’une collation… « Les salariés sont d’autant plus sensibilisés quand nous nous rendons la nuit dans l’entreprise. Ils apprécient que nous nous adaptions à leurs horaires de travail. On propose alors une collation type, adaptée au travail en horaires décalés » nous dit

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Tifanie Boulinguez. Un questionnaire permet de mesurer la satisfaction des salariés. Au préalable, une campagne d’affichage est mise en place dans les salles de pause des entreprises et les possibilités de remplacement des encas dans les distributeurs sont étudiées.

5. La vue d’ensemble Réaliser près de 800 examens médicaux sur le même modèle permet de tirer un enseignement collectif grâce à la création d’un logiciel de recueil des données : 40 % des chauffeurs poids lourds ont un tour de taille « à risque »


ZOOM SUR

33 % des chauffeurs poids lourds sont en surpoids, 26% en obésité, 58 % sont considérés comme sédentaires, au regard de l’activité physique, 233 anomalies sanguines ont été détectées, avec orientation vers le médecin traitant pour 150 d’entre eux. Des liens significatifs ont pu être établis (exemple : lien entre l’IMC et l’ancienneté au poste) 120 salariés ont pu bénéficier de collations en début ou fin de poste : 95% ont apprécié les supports et 38% des personnes qui n’avaient

pas de bonnes habitudes alimentaires ont affirmé qu’elles souhaitaient les modifier.

6. Et après…. Après 4 ans d’expérimentation, l’objectif est de permettre aux professionnels de santé au travail de mettre en place ce projet au sein de leurs entreprises. Un kit d’intervention (guide méthodologique et outils) sous la forme d’une pochette est mis à la disposition des personnes intéressées. Le logiciel de saisie des données est également disponible sur demande.

L’équipe Projet Initiées par le Dr Isabelle WALIGORA, Médecin du Travail et Tifanie BOULINGUEZ, Diététicienne à l’AST 62-59 (Santé au Travail Arras, Béthune, Hénin, Lens), l’action « Chauffeurs Poids Lourds » s’est développée grâce à une équipe multidisciplinaire : Professionnels Santé Travail AST 62-59 • MÉDECINS DU TRAVAIL : Dr Stéphanie PINTE, Médecin référent Dr Jean-Pierre ALLUIN Dr Roberto BOIDIN Dr Astrid CARTIERE Dr Yveline DEGUISNE Dr Hervé DELLOITTE Dr Anne DOUBLET Dr Philippe DURAK Dr Nathalie GONDARD Dr Isabelle HAY-LAINE Dr Frédéric LOLIVIER Dr Stéphanie LUBREZ Dr Marie Christine MAREK Dr Yves TOMOLKA

• DIÉTÉTICIENNE : Sandrine LAMBERT

• INTERVENANTES EN DIÉTÉTIQUE : Sabrina GRONEK Christine PETIT

• INFIRMIÈRES EN SANTÉ AU TRAVAIL : Jeanine DUQUESNE Magali SAUVAGE

• ASSISTANTE EN SANTÉ AU TRAVAIL :

Les soutiens institutionnels Cette action de suivi et de prévention du risque cardiovasculaire « Transport à cœur » bénéficie du soutien financier du Programme Régional Santé Travail (PRST 2) et du Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais. Elle entre dans le cadre de la « Charte Santé Nord Pas de Calais » (signée entre le Conseil Général du Nord, le Conseil Général du Pas-de-Calais et le Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais). Elle s’intègre dans le Programme Territorial de Santé (PTS) de Lens-Liévin.

Marie-Ange LESAGE-PARMENTIER

• CHARGÉE DE PROJETS :

Laura DELELIGNE, référent contact

Intervenants extérieurs à l’AST 62-59 Thierry MOUDJEB, Coordonnateur des Programmes Territoriaux de Santé de Lens-Liévin 2008 Catherine LE FUR, Docteur en Nutrition, Institut de Santé au Travail du Nord de la France (ISTNF) Mustapha GHAMMADI, Communication et multimédia (ISTNF) Karima AL KADIRI, Statisticienne (ISTNF).

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Touchez 83000 entreprises du Nord-Pas-de-Calais Picardie

VOTRE PUBLICITÉ ICI Contacts : Entreprise & Santé – Matthieu Méreau / Nathanaëlle Debaene entrepriseetsante@nordnet.fr – Tél : 03 20 14 07 77 – Fax : 03 20 14 06 16 www.entrepriseetsante.fr

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ERGONOMIE & ORGANISATION

> Risque Psycho-Social

Stress, souffrance, mal-être, harcèlement… les TPE aussi ? Des suicides liés au travail ont été médiatisés ces dernières années. Ils concernaient des salariés de grandes entreprises en restructuration. En 2008, un rapport1 a été remis au ministre du travail. Il a inspiré un « Plan d’Urgence » pour la prévention des Risques PsychoSociaux au travail. Chaque année, plusieurs agriculteurs « craquent » difficultés…

devant

Qu’en

les est-il

pour les TPE ? Voici quelques éléments de réflexion.

De quoi parle-t-on ? Le stress est une des manifestations du Risque Psycho-Social. Celui-ci a d’autres visages : sentiment de mal être, souffrance au travail, conflit passager, harcèlement, mécontentement d’un client, agression avec violences… Tout peut donc se voir dans le domaine de la santé mentale au travail. Dans une TPE, c’est comment ? Tout se traite entre peu de personnes et sans formalisme. Le chef d’entreprise (artisan, commerçant, etc.) réalise souvent les mêmes tâches que ses salariés. Dans une TPE, la solidarité l’emporte plus rapidement que dans une grande entreprise. Car une TPE est vite fragilisée si ses salariés vont mal… Y a-t-il des obligations ? Chaque employeur a l’obligation de préserver la santé physique et mentale de ses salariés, vis-à-vis des risques auxquels ils sont exposés. C’est inscrit dans le Code du travail. Chaque employeur doit évaluer les risques, dont les Risques Psycho-Sociaux, et mettre en place des mesures de prévention. Tout ceci doit être colligé dans le Document Unique d’Evaluation des Risques (DUER), que l’inspection du travail peut demander à tout instant… Quant au harcèlement, il est passible de lourde condamnation.

Y-a-t-il des méthodes pour les TPE ? Oui, il y a des méthodes simples de repérages des facteurs déterminants ou favorisants le bien-être et le mal-être au travail. Dans une TPE, c’est simple de mise en œuvre. Il y a aussi des méthodes de résolution de problèmes. Le point de départ de chacune de ces méthodes est la mise en dialogue constructif des personnes concernées. Qui peut aider une TPE ? En premier lieu, son service de santé au travail. Le médecin du travail, soumis au secret médical, est là pour apporter écoute et médiation. Il peut être aidé par des collaborateurs au sein d’équipes pluridisciplinaires avec, par exemple, des psychologues du travail. Combien cela coûte-t-il ? Le suivi de santé au travail est inclus dans le prix de la cotisation. Il faut se renseigner auprès de son service de santé au travail. Et ne pas hésiter à le consulter. Combien cela rapporte-t-il ? Être bien dans son travail est facteur de performance. Etre performant est bénéfique pour l’entreprise. Une TPE ne peut pas « s’offrir » le coût, par exemple, d’une situation conflictuelle… A vos calculettes !

1 - Rapport sur la détermination, la mesure et le suivi des risques psychosociaux au travail, NASSE Philippe, LEGERON Patrick , Ministère du travail, des relations sociales et de la solidarité, La documentation française, Paris, mars 2008.

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AUX ALENTOURS

> S anté au Travail de Dunkerque (CEDEST) > S anté au Travail de Calais-BoulogneLe Touquet (ASTIL 62)

Les échanges d’expériences : facteur de progrès en santé au travail Les entreprises de la Côte d’Opale sont régulièrement invitées aux « clubs sécurité », mis en place par Quai des Entreprises S.I.S.E., Société d’Ingénierie Sociale d’Entreprises1. Entreprise et Santé a dernièrement assisté au club sécurité consacré à l’ergonomie, au cœur du Parc d’Affaires de Coquelles. Petit retour sur la qualité des échanges, liés aux témoignages des entreprises présentes. Ces clubs sécurité illustrent bien que les Services Interentreprises de Santé au Travail sont là pour apporter aide et conseil aux entreprises, grâce à leur réseau de professionnels (médecins du travail, infirmières de santé au travail et assistant(e)s en santé au travail, ergonomes, techniciens et ingénieurs, juristes, assistant(e) s sociales, etc.). Echanger c’est progresser !

Quatre à cinq fois par an, sur une après-midi, des « clubs sécurité » ont lieu au siège de S.I.S.E.1 (parc d’Affaires de Coquelles). Des entreprises du littoral témoignent et échangent sur des thèmes d’actualité : Troubles MusculoSquelettiques (TMS), Risques Psycho-Sociaux (RPS), Addictions, Prévention des accidents de la route, Risques chimiques, Droit Santé Travail, etc. Le thème de la pénibilité, en 2012, a réuni plus d’une cinquantaine de personnes. Aux côtés des entreprises, les professionnels de la santé au travail de l’ASTIL 62, du CEDEST et du S.I.S.E. participent à ce retour d’expérience. L’ergonomie « partagée » Après quelques mots d’accueil de Patrick Gheerardyn, délégué MEDEF Littoral, Sylviane Potier, manager en prévention des risques professionnels au Quai des Entreprises S.I.S.E.1, a assuré l’animation de cette aprèsmidi en trois temps. D’abord, une séance de remue-méninges a permis d’élaborer une définition commune à tous les participants. Le but général de l’ergonomie étant d’adapter le travail à l’homme, elle est d’actualité face, notamment, au vieillissement des salariés, à l’obligation de prévention de la pénibilité et de la désinsertion professionnelle. L’ergonomie « accessible » Dans un deuxième temps, des exemples concrets ont donné plusieurs éclairages sur

la démarche en ergonomie. La qualité des dialogues internes à l’entreprise en conditionne la réussite. Des projets simples et pragmatiques constituent autant de « portes d’entrée » pour améliorer l’efficacité de l’entreprise tout en préservant la santé physique et mentale des salariés. L’ergonomie est applicable dans tous les secteurs d’activité. Les aides financières Dans un troisième temps, la question des aides financières a été abordée. La Caisse d’Assurance Retraite et de Santé Au Travail (CARSAT) gère les Aides Financières Simplifiées et les contrats de prévention. On peut également citer le Fonds d’Amélioration des Conditions de Travail (FACT), le Fonds National de Soutien relatif à la Pénibilité (FNSP), pour les situations concernant des personnes en restriction ou inaptitude médicale, le financement des interventions du SAMETH (Service d’Aide au Maintien dans l’Emploi des Travailleurs Handicapés) et des solutions de compensation du handicap, par l’AGEFIPH (Association de GEstion du Fonds pour l’Insertion professionnelle des Personnes Handicapées). Comme l’a souligné le docteur Emily Boukari, médecin du travail à l’ASTIL 62, la première aide est l’apport de compétences pluridisciplinaires du service de santé au travail.

1 -S.I.S.E. : Quai des Entreprises SISE : Quai des Entreprises , Parc d’Affaires, 430 BD du Parc, 62903 COQUELLES Véronique DUMONT Directeur Tél. : 03 21 85 51 76

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AGENDA

ACTU

EST D E C du s nt re hé ad x au vé er és R l de Dunkerque : www.cedest.org) (Santé au Travai Mardi 28 mai 2013 de 8h30 à 10h00.

Petit déjeuner Réforme. Travail. De la Médecine du Travail à la Santé au ? Les nouveaux services proposés. Quels changements ? Quelles évolutions

Jeudi 30 mai 2013 de 8h30 à 10h00.

Petit déjeuner Pénibilité. sation) dans tion, traçabilité des expositions, compen ven (pré té ibili pén la pte com en dre Pren s employeur ? concrètement, de quoi s’agit-il pour vou le parcours professionnel des salariés... osition. du portail pénibilité bientôt à votre disp Partage d’expériences et démonstration

i Mardi 28, mercredi 29, jeudi 30 ma Salon PREVENTICA

Mardi 11 juin 2013 de 8h30 à 10h00

ique Petit déjeuner aide au Document Un Risques généraux

Vendredi 21 juin 2013

00. ilée à Grande Synthe. De 10h00 à 17h Portes ouvertes au Cedest – rue Gal

Jeudi 27 juin 2013

Petit déjeuner Pénibilité. sation) dans tion, traçabilité des expositions, compen Prendre en compte la pénibilité (préven s employeur ? concrètement, de quoi s’agit-il pour vou le parcours professionnel des salariés... osition. du portail pénibilité bientôt à votre disp Partage d’expériences et démonstration

Vendredi 5 Juillet de 12h00 à 14h00

ent Unique risques spécifiques BTP Réunion déjeuner Aide au Docum

(- 10 salariés)

Jeudi 29 août 2013

sauveteur lateur avec une formatrice certifiée Initiation à l’utilisation du défibril 30 à Grande Synthe. secouriste du travail. De 8h30 à 10h

Ouvert à tous

Vie au 10ème Semaine pour la Qualité de Travail du 10 au 14 juin 2013 ème

juin, la 10 édition Le Réseau Anact organise du 10 au 14 au Travail ». Cette de la « Semaine pour la Qualité de Vie bonnes pratiques semaine est l’occasion de diffuser les liorer à la fois la sur les conditions de travail pour amé entreprises. situation des salariés et l’efficacité des d-Pas-de-Calais et Pour connaître le programme Nor Picardie :

g/?p=93 http://www.qualitedevieautravail.or

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