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TOUS LES VENTS DU MONDE::TOUS LES VENTS DU MONDE::TOUS LES VENTS DU MONDE::TOUS LES VENTS DU MONDE::TOUS LES VENTS DU MONDE::TOUS LES VENTS DU MONDE

de nuits, de bruits, de fureurs. Des hanches de femmes. Des enfants qui rêvent de cerfs-volants quand le vent passe sur la ville. Des fenêtres partout. Des bords de mer. Et des bateaux qui partent ou reviennent d’on ne sait quel ailleurs. Des vagues qui ne savent pas garder un secret, agitées comme des rêves de marins. Des rues où les garçons et les filles se promènent deux par deux, comme dans la chanson, pieds nus, comme pour sentir battre le cœur de l’éternité. Un livre. Une ville comme une bouche usée par les baisers. Où s’engouffrent tous les rêves.

Makenzy Orcel Montréal 26 nov. 2011

La Maison des vents © Dominique Gillerot

Tu es le vent. Nous ouvrons grand les fenêtres. Notre maison est suspendue. Poussenous. Nous battons l’air. Le soleil sort de nos doigts. Appuyons-nous contre la

Le livre des vents Il s’intitule Le roman de Port-Salut, une fresque d’amour qui se déroule entre le vent et ses passages secrets ou ses passagers. Sans intrigue ni recettes de fastfood. Au sud d’un pays où l’on guette le vent pour monter à bord. Avec des personnages solaires. Des hommes, des femmes, des enfants, des bêtes, attelés à leur solitude, le contre-jour des traversées. Sans voix, sans noms, libres comme le nordé ou la brise de mer. Livrés à leur solitude, dans des bleds où la vie est une chanson mal apprivoisée, des latrines à partir desquelles ils voient, questionnent le monde et forgent leurs mythes, ayant été traqués par les dictatures, les gardes civiles, aussi par l’oubli et la blessure de l’histoire… Des hommes, des femmes, des enfants, des bêtes qui donnent à voir le monde, ses couleurs et ses scintillements. Des vies en chute libre, fleuves incandescents de mots chargés de rires de larmes, de pays perdus, éperdus,

grille souple de la moustiquaire où pénètre un parfum de soucis. La rosée des yeux des autres passagers soigne les brûlures de nos articulations. Posons nos lèvres sur la mer, faisons rouler des coquillages en forme de grains de café sous notre langue. Du soir au matin, s’écrivent les pages à la combustion des bougies. Les vagues emplissent la chambre. De grandes rafales, baisers des êtres de souffle, nous mordent le cœur, rallumant la flamme. J’ai des conversations avec les hommes qui prennent la mer dans leurs bras. Mes cheveux se gonflent de bulles folles. Je suis l’harmonica du voyou. Estrellita, danseuse de pollen dans une fleur rouge, noire, blanche et jaune. La voisine aux yeux d’hydromel, tant de lumière dans ses pupilles — savant mélange d’eau, de feu, d’air et de terre — m’appelle “ma fille”. Et quand je n’ai pas dormi, parce que j’ai écrit la plage, le foulard turquoise autour de sa tête, elle chante :Papa Loco, tu es le vent, pousse-nous, nous sommes des papillons, pour que nous portions des nouvelles aux autres…

Laure Morali

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La revue de Passagers des Vents :: Intranqu' îllités ::

janvier 2012

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