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MANIFESTATION EN FAVEUR DE L’AVENIR DE L’HÔPITAL DE BAPAUME PAGES 8

EMPLOI : L'AVENIR DE L'INDUSTRIE PASSE PAR LES SALARIÉS

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2000 personnes manifestent à Lille avec le Parti communiste

128, B OULEVARD B ASLY - 62300 LENS -T ÉL . 03.21.74.89.89- FAX 03.21.74.89.88 (e-mail : liberte.62@wanadoo.fr) - 1,30

€ - N°884 DU V ENDREDI 23 AU J EUDI 29 O CTOBRE 2009


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Événement LA SNCF APPARTIENT À LA NATION

GRÈVE ET MOBILISATION DES CHEMINOTS, MARDI DERNIER

Mardi, à lʼappel des fédérations syndicales CGT, SUD Rail, CFDT, plus de 30 % de cheminots ont cessé le travail.

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E niveau de mobilisation est à apprécier au regard du silence inhabituel dʼune grande partie des médias, de la pression managériale agressive exercée vis-à-vis des cheminots et lʼaccompagnement zélé de la politique de lʼentreprise par les dirigeants nationaux de lʼUNSA cheminots. De ce point de vue, cette organisation a pris des responsabilités importantes pour lʼavenir en jouant les télégraphistes du Président de la SNCF et en acceptant sans renâcler les promesses faites par ce dernier. Chacun sait que les promesses nʼengagent que ceux qui y croient ! Dans le prolongement de multiples actions organisées aux plans local et régional ponctuées par une participation croissante des cheminots, des populations, des élus,

cette journée de grève doit être entendue par le gouvernement et la direction de lʼentreprise.

En ce sens, après que le président de la SNCF ait annoncé hier dans les médias le chiffre de 30% de

grévistes à la veille du conflit, aujourdʼhui, la direction ne cesse de triturer les pourcentages de grévistes, pour autant, ce nʼest pas en cassant le thermomètre quʼelle fera baisser la température ! Dans ce contexte, gouvernement et direction SNCF viennent de recevoir un sérieux avertissement. Il y a urgence à ouvrir de véritables négociations à tous les niveaux de lʼentreprise sur les réorganisations, la situation du Fret, lʼemploi, les salaires, les pensions et les facilités de circulation. En ce sens, forte de la mobilisation des cheminots, la CGT propose ce jour aux autres fédérations syndicales de cheminots (SUD Rail et CFDT) de sʼadresser à la direction de lʼentreprise pour être reçues dans les tout prochains jours et ceci dans le but dʼobtenir de réelles négociations sur les

revendications et des engagements concrets sur les propositions novatrices et alternatives que ne cesse de produire la CGT depuis des mois. La SNCF appartient à la Nation, dans ce cadre, elle doit être gérée, sʼorganiser, se développer à partir des besoins de la collectivité nationale et non être cantonnée dans le business et la politique du fric ! Rassemblement à Lens

À Lens, à Lille, à Somain, à Dunkerque, des rassemblements se sont déroulés en présence de nombreuses catégories de cheminots, à l'appel notamment de la CGT. À Lens, militants et élus communistes leur ont apporté leur soutien ; on y notait la présence de Laurence Zadératzky, section de Lens et Cathy Apourceau, conseillère régionale.

LA POSTE : LA GAUCHE SÉNATORIALE LANCE LA BATAILLE CONTRE LE PROJET DE LOI

Les sénateurs communistes Nicole Borvo et Jean-Claude Danglot ont exprimé leur point de vue devant la presse.

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A gauche sénatoriale a lancé mardi la bataille contre le projet de loi sur La Poste qui entame son parcours parlementaire en commission des Affaires économiques du Sénat alors que les syndicats annoncent une nouvelle campagne de mobilisation. Après le succès de la "votation populaire" du 3 octobre contre le changement de statut de La Poste, les présidents des trois groupes PS, Communiste et parti de Gauche (CRC-SPG) et RDSE, Jean-Pierre Bel, Nicole Borvo et Yvon Collin, ont voulu présenter un front uni. Accompagnés de représentants du Comité national contre la privatisation de la Poste (CNPP), ils ont annoncé, lors d'une conférence de presse commune, leur opposition "la plus ferme possible" "à ce premier pas vers la privatisation". "On ne s'interdit rien", "la bataille sera à l'intérieur (du Sénat) mais aussi à l'extérieur", a averti le représentant du CNPP, Nicolas Galepides.

Il a notamment annoncé l'installation à partir du 2 novembre, début de l'examen en séance, d'une "veille citoyenne" devant le Sénat et le lancement d'une campagne d'envoi de cartes postales à Nicolas Sarkozy demandant l'organisation d'un référendum sur La Poste. "Nous lançons un défi à tous les sénateurs quel que soit leur groupe, vous avez vos électeurs, est-ce que vous allez encore une fois leur mentir et voter probablement la disparition" de La Poste, a renchéri Nicole Borvo. "Nous allons nous entraider pour essayer d'arrêter la discussion de ce texte", a-t-elle ajouté. Une motion référendaire des trois groupes, visant à soumettre le texte à référendum, sera présentée à l'ouverture du débat. L'opposition va par "un nombre important d'amendements et de prises de parole" "tout faire" pour s'opposer au changement de statut, a expliqué le principal orateur PS sur le texte, Michel Teston.

Jean-Claude Danglot, chef de file du groupe CRC sur le projet, a mis en garde contre les "garde-fous" que la majorité pourrait mettre pour prévenir une privatisation. "Aucun exemple nous prouve que les bonnes intentions pourront être maintenues dans l'avenir", a-t-il dit, rappelant que GDF a été privatisée alors que Nicolas Sarkozy avait promis le contraire. Devant l'ampleur de l'affrontement qui se profile, le gouvernement est monté au créneau. Le cabinet de François Fillon a ainsi rendu publique mardi une lettre du Premier ministre à tous les maires leur assurant que la transformation de La Poste en société anonyme à capitaux publics était "le contraire d'une privatisation". La veille, le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, avait mobilisé l'encadrement de la Poste pour qu'il défende auprès du public le changement de statut.

INTERVENTION DE JEAN-CLAUDE DANGLOT DEVANT LA PRESSE (extraits)

1 - Pour ce qui concerne la Mobilisation en elle-même :

Il faut souligner que celle-ci a pu être organisée en un temps record et avec des moyens militants et bénévoles…

Deuxièmement, nous avons appris par lʼaction que des forces très diverses ont réussi à conjuguer leurs efforts pour consulter la population et lui demander de voter sur un sujet qui les concerne réellement…

Dans mon département , en particulier, mais aussi dans tous les départements avec lesquels jʼai pris contact il ressort une idée forte et quʼil nous faudra prendre en compte, je cite mes interlocuteurs, syndicaux, associatifs, élus politiques de tout niveau : «Nous avons aimé et nous avons pu travailler ensemble, et ce malgré a «priori» nos différences de point de vue.»… En fait nous sommes allés bien au-delà dʼune simple coordination et cʼest tout un esprit qui sʼest instauré pour arriver au succès du 3 octobre. Il faudra bien entendu en tirer les enseignements…

2 - Cette mobilisation a également permis de rompre avec un certain nombre

«dʼidées reçues» ou de «clichés» sur le Pas-de-Calais notamment :

Un département généralement considéré comme territoire de résistance «ouvrière» avec son mouvement ouvrier organisé dans les Mines, dans le «textile» ou dans son industrie manufacturière (automobile, équipementiers etc..)

Mais cette action «originale» non seulement marche mais elle a également permis de comprendre la grande richesse et la grande diversité de ce Département. Bien au-delà des agglomérations industrielles bien connues - Lens-

Liévin-Hénin-Beaumont… - cette «votation citoyenne» a révélé une mobilisation intense des élus de villes moyennes et rurales : nous comptons pas moins de 660 communes rurales sur 898 communes dans le Pas-de-Calais…

3 - Depuis ce scrutin du 3 octobre jʼai, pour ma part, entrepris une série de réunions publiques en invitant les élus des secteurs ruraux, péri-urbains ou de villes moyennes : je peux affirmer que la motivation ne faiblit pas.

Les élus, les syndicats unis, les associations dʼusagers ou -2-

citoyennes restent fortement mobilisés. Je confirme que ces élus trop souvent méconnus et «oubliés» par les medias attendent des réponses claires de la part de lʼÉtat afin de leur permettre de faire vivre leur territoire et leurs concitoyens. Trop souvent ils ont connu la suppression dʼune perception ensuite dʼune gendarmerie et puis dʼun tribunal ou dʼune subdivision de lʼéquipement… mais pour eux la «Poste» demeure le dernier bastion public pour faire vivre leur territoire… Je peux, à titre dʼexemple, vous livrer une remarque dʼun élu rural qui sʼest exprimé lors dʼune

réunion de canton. Elle permet, à mon sens, de mieux comprendre ce que représente «la Poste» et ce bien au-delà de ce que nous pouvons décrire, je cite : «La Poste a été le principal partenaire grâce à son implantation, de lʼopération des «pièces jaunes» quʼavaient organisée Madame Bernadette Chirac et David Douillet. Tout le monde y a cru, ma commune a participé à cette opération et personne ne pensait aux bénéfices, aux profits et au fric… Ça été un grand succès au plan national mais cʼest aussi parce que les petits ruisseaux font les grandes rivières. Cette opération a été généreuse et a permis de créer des lieux dʼaccueil pour les parents modestes dont les enfants étaient hospitalisés ou encore dʼaider les hôpitaux publics qui accueillaient les enfants... Cʼest ça aussi lʼesprit de «la Poste» comme service public et les technocrates du grand pouvoir ne veulent que des résultats financiers. On va tout perdre en solidarité et on ne sera que là pour payer». Jean-Claude Danglot concluait «on peut légitimement sʼinterroger sur lʼattitude quʼadoptera le tout nouveau député David Douillet qui a tant apprécié les services de la «Poste» pour cette action de solidarité nationale». Liberté 62 n°884 - Le 23 Octobre 2009


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Événement RÉFORME TERRITORIALE

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LA FRANCE DES DÉCRETS ET DES PRÉFETS

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Le président de la République vient de s'exprimer sur la réforme territoriale. C'est une régression démocratique sans précédent qui est annoncée. C'est la France des décrets et des préfets que veut le président.

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Pour Sarkozy, le Conseil régional va fusionner avec celui du Conseil général. Notre photo, le siège de la Région Nord-Pas-de-Calais.

E chef de l'État propose de réduire de moitié le nombre dʼélus territoriaux. Il affirme vouloir en finir avec «l'empilement des structures» mais agit en fait pour éloigner la pratique du pouvoir des populations. Il dit permettre ainsi un fonctionnement «à moindre coût» : c'est une aberration. La part des élus départementaux et régionaux dans le budget des collectivités est de seulement 0,04% ! Le mode de scrutin arrêté par le président est quant à lui une régression sans précédent. Les 20% de proportionnelle ne servent qu'à cacher un mode de scrutin «uninominal à un tour» qui vise à permettre à une UMP de plus en plus minoritaire de garder le pouvoir.

Il annonce la «suppression de la clause de compétence générale». Cette suppression signe l'arrêt de mort de politiques publiques locales de qualité. Nicolas Sarkozy lie par ailleurs sa réforme à la «suppression de la taxe professionnelle», témoin éclairant de son soutien aux intérêts privés, preuve de sa volonté de retirer tout moyen d'action aux collectivités. Les communistes ne proposent pas le statu quo. Ils proposent une réforme dont la démocratie serait le cœur. Ils proposent une réforme qui institue le partage des décisions entre citoyens et élus, qui valorise le rôle et le travail des élus, qui donne les financiers aux moyens Collectivités territoriales, pour

pouvoir conduire leurs politiques, qui favorise le développement des services publics et un nouveau mode de développement, qui ouvre les collectivités sur des coopérations entre elles et avec le reste du monde, qui donne à l'État un rôle de régulation et de répartition pour faire reculer les inégalités. La démocratie au coeur de cette réforme, c'est défendre et améliorer la démocratie représentative et instituer une démocratie participative c'està-dire la participation des citoyens aux décisions pendant la durée des mandats. Le président dit vouloir «des acteurs et des projets, pas des institutions et des procédures» mais c'est tout le contraire qu'il met en place dans un projet centralisateur et autoritaire.

"BIG-BANG INSTITUTIONNEL" Une motion des conseillers régionaux communistes du Nord/Pas-de-Calais

Les élus communistes et républicains du Conseil régional ont déposé et fait approuver une motion ayant trait à la réforme des collectivités territoriales voulue par Sarkozy et son gouvernement.

N récent article publié dans la presse régionale commençait par ces mots : «Est-on à la veille d'un big-bang institutionnel ?» et de poursuivre par une interrogation teintée d'inquiétudes quant aux conséquences sur la vie de tous les jours pour nos concitoyens. La réforme des collectivités territoriales est en effet un détricotage complet du maillage territorial de notre République, une forme de charcutage si vaste et si antidémocratique quʼelle provoque déjà des résistances, des oppositions parmi nombre d'élus locaux au-delà des clivages politiques partisans. Le gouvernement et le chef de l'État, s'appuyant sur les propositions de la commission Balladur, veulent aller vite en besogne : un conseil des ministres fin octobre, un examen au Sénat en décembre et une adoption définitive par le parlement en juillet 2010. Cette volonté d'aller très vite est à la hauteur de la gravité du coup qu'il veut porter, à savoir : ● Une reprise en main et une mise

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Édito

E projet de remise au pas des collectivités territoriales, poches de démocratie et de résistance, est emblématique des véritables intentions de la droite au pouvoir. Sous prétexte de simplifier les niveaux institutionnels, voire de faire des économies, Nicolas Sarkozy et le gouvernement sʼapprêteraient, si nous les laissions faire, à une véritable remise en cause de notre système républicain.

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au pas de toutes les collectivités. ● Un désir de briser les poches de démocratie et de résistance à la politique libérale quʼil met en œuvre. ● Une ambition, celle de casser les services publics locaux. De manière plus fondamentale, il s'agit d'ouvrir en grand, toutes les portes de la marchandisation du monde. C'est une véritable profession de foi libérale contre la démocratie locale quʼon tente de nous imposer. Refonte des régions, limitation ou disparition des compétences départementales, création autoritaire de mégalopoles omnipotentes. Ce projet vise aussi à éloigner, un peu plus, les citoyens des lieux de pouvoir. La miniaturisation, pour ne pas dire la disparition possible des échelons territoriaux locaux, à commencer par les communes, premier foyer démocratique du territoire, est une vieille idée d'inspiration libérale. Efficacité économique ?

Depuis le traité de Maastricht, la vivacité de cette démocratie locale se trouve régulièrement opposée à

la fameuse «efficacité économique». Le thème des «grandes régions» n'est pas neuf. Depuis son origine, il figure sur le fronton de la construction européenne de type libéral pronée par ceux-là même qui nous assurent que «seules de grandes régions» en concurrence (non faussée) entre elles, sortiront vivantes du champ de bataille économique. Dans le cadre d'une philosophie libérale, en échec au vue de la crise actuelle, gouvernement et patronat entendent donner tous les pouvoirs et toutes les ressources à quelques «champions urbains» plongé dans la jungle mondiale. Dans le cadre d'une bataille des idées permanente et diversifiée, ils tentent de faire valider leur objectif par le maximum de citoyens au nom de la sacro-sainte compétitivité présentée comme le summum de la modernité. Cette réforme des collectivités territoriales s'inspire d'une logique d'entreprise à l'échelle d'un pays : «l'entreprise France». Après la mise en oeuvre de politiques de transfert de charges, l'autonomie de gestion des universités, la

réduction à marche forcée des services publics, La Poste, les tribunaux d'instance ou de prud'hommes, les restructurations de services hospitaliers autour de grands établissements régionaux. Une nouvelle carte de France, marquée par la compétition entre les territoires et des inégalités criantes entre ces derniers est en train de voir le jour. Les conséquences - pour les populations et leurs élus locaux - de la réforme de la taxe professionnelle sont à ce point importantes que la presse se fait, chaque jour l'écho de tel ou tel maire, inquiet pour ne pas dire résolument opposé à sa mise en œuvre. Réforme des collectivités territoriales et réforme de la taxe professionnelle sont une même et seule politique à laquelle nombre de nos concitoyens sʼopposent avec raison. L'actualité récente nous le confirme avec plus de deux millions de citoyens qui votent contre l'ouverture du capital de La Poste. Alors que le fonctionnement de nos institutions républicaines souffre de plus en plus d'ultra présidentialisme, ce sont les collectivités locales qui

LA FORCE DE LA RUE

Lʼaffaiblissement des Communes et des Départements au profit de super- intercommunalités et de métropoles ne peut quʼéloigner encore plus les citoyens des centres de décision et ouvrir de nouveaux marchés au capital au détriment du service public rendu à la population. Nʼoublions pas que ce projet de loi est inséparable de la réforme fiscale en cours qui organise lʼasphyxie des collectivités locales (moins 9 milliards dʼeuros de

recettes de Taxe Professionnelle pour les seuls Départements). Les premières simulations financières le confirment : comme pour la Taxe Carbone, le gouvernement programme en fait un nouveau et considérable transfert de lʼimpôt des entreprises vers celui des ménages, petits commerçants et artisans. Les 2 000 manifestants qui ont parcouru samedi le Centre de Lille à lʼappel du PCF ont relevé le défi pour rappeler dʼune part au pou-3-

voir en place quʼils nʼaccepteront pas que notre Région devienne une Misère Land. Dʼautre part aux autres composantes de la gauche quʼils attendent autre chose que des discours : des actes au présent, des engagements clairs pour lʼavenir ! Comme le disait fort justement Alain Bocquet, cette manifestation est un véritable appel dʼair pour éclaircir le paysage médiatico-politique de tous ces voiles de fumée dressés pour brouiller lʼessentiel : lʼécart devenu

sont particulièrement visées alors qu'elles impulsent les principales solidarités citoyennes. La critique de «lʼempilement institutionnel» n'est donc qu'un prétexte, un «habillage utile» pour cacher l'essentiel. Une certaine conception de la République Française est en jeu. Justice sociale et plus grande solidarité, voilà ce qu'exigent les habitants de notre région du Nord-Pas-deCalais. Voilà la raison pour laquelle nous pouvons nous rassembler contre cette réforme. C'est affaire de démocratie, de responsabilité et d'efficacité. Le groupe des élus communistes et républicains du Conseil régional forme le vœu que la région NordPas-de-Calais s'oppose publiquement à ce projet de réforme tel qu'il est, aujourd'hui, demandé au gouvernement et à son représentant, le préfet de région : l'organisation d'un grand débat citoyen dans toutes nos communes et collectivités territoriales, débat portant sur la nature des collectivités territoriales dont ont besoin les habitants du Nord-Pasde-Calais.

insupportable entre ceux qui ont lʼargent facile et tous ceux très nombreux qui peinent ; la nécessité dʼinvestir dans lʼéconomie réelle, pour lʼemploi, le pouvoir dʼachat, les services publics et non pour les actionnaires du CAC 40 dont les Banques. Cʼest aussi dans la rue, en collant aux préoccupations populaires que se construira un rassemblement politique majoritaire en rupture avec les orientations actuelles. Dominique Watrin


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EMPLOI

L'AVENIR DE L'INDUSTRIE PASSE PAR LES SALARIÉS

Quelque 2000 personnes ont manifesté samedi à Lille à l'appel du PCF pour la défense de l'emploi industriel dans le Nord/Pas-de-Calais.

LORS que les grands médias et le gouvernement glosaient sur le manque de réaction des salariés depuis la rentrée de septembre, alors que les pessimistes de service répétaient à la ronde que l'on ne veut plus se battre, que ce n'est plus comme avant, les communistes du Nord/Pas-de-Calais ont démontré à leur manière et à leur niveau que tout n'était pas désespérance. En décidant, il y a quelques semaines, d'organiser cette manifestation du 17 octobre, les responsables des fédérations du Nord et du Pas-de-Calais du PCF prenaient en compte les signes d'un profond malaise, d'un profond ressentiment contre l'injustice sociale, d'une grande inquiétude face à la recrudescence du chômage. Autant la situation catastrophique de l'emploi peut apparaître comme un obstacle à un vaste mouvement de grèves, dans l'immédiat, autant elle n'empêche pas les travailleurs de prendre conscience qu'il y a bien des responsables à la crise actuelle et de ses conséquences sociales catastrophiques. D'où certainement cette forte mobilisation de samedi dernier à Lille qui ont vu élus et militants communistes défiler avec des salariés d'entreprises de la région, de jeunes précaires, des étudiants, des enseignants, des salariés de la fonction publique... Une mobilisation qui n'a pas échappé aux médias régionaux et notamment à la Voix du Nord et à FR3 qui ont souligné la capacité des communistes à rassembler sur un dossier aussi sensible que

l'emploi industriel. Une preuve que le PCF pourrait rapidement progresser, dans la période à venir, au sein de cette couche de jeunes et de travailleurs que la crise pousse à remettre en cause l'ensemble du système capitaliste. Encore faut-il que la direction du PCF ait la volonté de prendre ses distances avec cette partie de la gauche qui freine le mouvement et s'attache à tirer toutes les conclusions de la catastrophe économique et sociale actuelle. La casse de l'emploi industriel

La liste est longue et quotidienne des entreprises et des salariés victimes de licenciements collectifs, de plans de restructuration, de fermetures de sites, de délocalisations. Très souvent il s'agit d'entreprises parfaitement viables dont les possesseurs du capital veulent accroître la rentabilité et sauvegarder voire augmenter les dividendes. Dans notre région, l'inquiétude sur les questions de l'emploi est plus élevée que jamais. Le chômage est au plus haut, la précarité a fait un bond spectaculaire au cours des dernières années, le travail à temps partiel non voulu touche de plus en plus de personnes. L'emploi est bien l'une des questions les plus décisives pour laquelle les habitants du Nord/Pas-de-Calais souhaitent voir se construire des solutions afin de transformer la vie dans le sens de la sécurité du lendemain, de la possibilité de faire des projets, de la maîtrise de leur avenir et celui de leurs enfants. Pour la société, se diriger effecti-

vement vers l'éradication du chômage, c'est le moyen d'assurer une dynamique économique fondée sur la consommation populaire et la réponse aux besoins, à condition, bien sûr, que tout soit mis en oeuvre pour que l'offre correspondante soit largement assurée par notre outil de production. C'est aussi le moyen essentiel de financer les régimes sociaux, la santé, les retraites, l'éducation, les équipements collectifs. C'est à partir de cet ensemble de considérations que les parlementaires communistes avaient déposé plusieurs propositions de loi à l'Assemblée nationale et au Sénat avant les vacances d'été. Propositions rejetées avec mépris par la droite. Cynisme patronal et gouvernemental

«Je crois aux usines, c'est mon truc», avait osé dire Nicolas Sarkozy en février 2008. Son truc en plume, sans doute, qu'il agite pour masquer le vide de sa politique industrielle qui a détruit 143.800 emplois dans ce secteur en un an. Le ministre de l'industrie, pour ne pas être en reste, se prétend quant à lui «ministre des ouvriers». Ce dernier comme Sarkozy ne fait aucune illusion dans le camp des travailleurs. La peur du chômage, le sentiment que la fermeture du site est d'abord motivée par des considérations boursières ou encore celui d'injustice devant l'écart des rémunérations entre salariés et actionnaires forment le trio de tête des causes de la colère des salariés. Surtout qu'une majorité d'entre -4-

eux a accepté la mobilité, les heures supplémentaires payées chichement, les départs jamais remplacés, la précarité, travailler plus pour gagner moins... Quel sera le visage de la France d'ici quelques années après tant de fermetures, de restructurations et de délocalisations ? Un gros dossier pour la gauche : résister ou céder, brader ou reconstruire. En attendant, la manifestation de samedi à Lille était tout sauf un mur de lamentations. Face à un constat douloureux, la volonté de résister, de se battre, de ne pas laisser faire, de réagir collectivement, de construire des solidarités était bien réelle. L'intervention d'Alain Bocquet devant la chambre de commerce eut le souci de dégager clairement les responsabilités, de s'attaquer aux sources du mal : la logique comptable qui met les hommes au

service de la finance, les politiques qui n'offrent pas d'autres choix que ceux du grand patronat... Pour le député communiste du Nord, il s'agit de porter la résistance et la lutte au plus haut niveau afin que la région ne devienne pas un «Misère Land». Hervé Poly, secrétaire de la fédération du Pas-de-Calais du PCF, s'est félicité de la mobilisation des communistes dans la prolongation de la réussite populaire contre la privatisation de la Poste. À la fin de la manifestation, les grilles de la chambre de commerce gardèrent encore pendant un certain temps les griefs et les revendications portées sur les pancartes des manifestants. Nul doute que tout fut mis en place pour que ces traces de la colère ne fassent décor trop longtemps.

J.M.H.

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CONVERGENCES ET DÉMARCHE DES LUTTES DANS LE NORD/PAS-DE-CALAIS

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2000 PERSONNES MANIFESTENT À LILLE AVEC LE PARTI COMMUNISTE

A réalité dans le Nord/Pas-de-Calais est telle que le social y occupe une place prépondérante avec un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale ; les salariés de tous les secteurs sont en attente d'autres types de réponses face aux problèmes qui les assaillent. La région est à la dernière place des 22 régions françaises en terme dʼemplois, cela ne sʼétait jamais vu.

Aussi, samedi 17 octobre dernier, 2000 personnes manifestaient avec les fédérations du Nord et du Pas-de-Calais du Parti communiste pour lʼemploi, le pouvoir d'achat, les services publics. Elles représentaient les horizons divers du Nord/Pas-de-Calais, de Fourmies à Calais et dʼArras à Tourcoing. De petits groupes du départ à la foule à lʼarrivée, (de la Place de la République à la Bourse de commerce, en passant par la gare SNCF et les artères du centre ville), les communistes du Nord et du Pas-de-Calais ont réussi leur pari pour que vive cette région alors que l'actualité est marquée par des chiffres de suppressions de postes de travail en hausse vertigineuse.

Depuis un an, 23 762 emplois ont été supprimés dans notre région et 972 emplois sont directement menacés dans le cadre de redressements judiciaires dʼentreprises. 2 000 postes ont été supprimés dans la Fonction Publique dont une majorité dans lʼEducation Nationale. Des dizaines d'étudiants (notre photo) regroupés

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derrière la banderole de l'UEC faisaient part de leurs craintes pour leur formation et leurs études. Les inquiétudes des élus et parlementaires communistes rejoignent celles des salariés (privé et public) ; les mécontentements apparaissent de plus en plus au grand jour. "Cette crise, rétorquent-ils, nous la combattons avec notre mission dʼélus du peuple. Lʼemploi, la formation, les salaires, la reconnaissance des qualifications, les conditions de travail, les services publics restent les préoccupations convergentes des salariés. Nous sommes à leurs côtés. Comment relancer la consommation sans réelle augmentation du pouvoir d'achat ? On connaît l'origine de la crise, elle est dans la matrice des richesses produites par le travail ; richesses qui sont allées prioritairement à la spéculation au lieu d'aller aux salaires, à la recherche, à l'éducation, à la production durable. Il n'y a pas de véritables mesures, ni sur le Smic, ni sur les salaires, ni sur le maintien de l'emploi dans la fonction publique. Pour lʼavenir

Le politique, le social, lʼéconomique, sont tellement imbriqués que la place que donnent les militants communistes à la défense de la région est fondamentale. Cʼest le sens de lʼintervention des élus et responsables départementaux présents dans le défilé, parmi lesquels, Alain Bocquet, Hervé Poly, Bertrand Péricaud, Éric Corbeaux, Alain Bruneel, Jacky Hénin, JeanClaude Danglot, Michelle Demessine, Dominique Watrin, de

nombreux maires, conseillers généraux, conseillers régionaux. Au-delà de lʼemploi, cʼest tout lʼavenir qui est posé et cet enjeu ne peut laisser personne indifférent. Les délégations de salariés dʼusines, de services, des secteurs privés et publics en sont la preuve : Faurecia, Sodemeca-Michelin, ArcelorMittal, France Télécom, La Poste, Hôpital public, enseignants, etc. Précarisation, exclusion, le contrat nouvelle embauche, la contreoffensive des salariés s'appuie sur des revendications fondamentales qui recouvrent l'ensemble des préoccupations d'aujourd'hui, emploi, pouvoir d'achat, droits sociaux, retraites, salaires, conditions de travail, code du travail, sécurité sociale, garantie des services publics. La mobilisation des communistes de ce samedi 17 octobre est à situer dans la configuration dʼun débat général qui concerne des pans entiers de la vie de tous les jours. La droite fignole depuis des semaines le discours de propagande destiné à enrober un “paquet cadeau” quʼelle sait empoisonné, la réforme territoriale avec des conséquences évidentes sur la relation directe entre le citoyen et lʼélu. “Dans le Nord/Pas-de-Calais, rétorquent les syndicalistes, nous sommes les premiers en termes de profits engrangés et les derniers en ce qui concerne le service public. Alors, avec les privatisations, la situation ira toujours dans un sens contraire aux usagers. Le dumping social est une manière de faire pour la direction de France Télécom, La Poste, EDF, GDFSUEZ, cʼest une situation dangereuse.”

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Combat légitime

Marquer un coup dʼarrêt à lʼentreprise de liquidation des emplois est une ambition tout à fait légitime défendue par les communistes du secteur de lʼAutomobile, de lʼénergie, de lʼÉducation nationale, de la santé, de lʼImprimerie nationale, des services publics. Une des réponses se trouve dans la convergence des luttes et la bataille politique menée, notamment, par les militants et élus dans la région. La manifestation de samedi 17 octobre (et sa réussite) montre bien cette convergence et une démarche originale mêlant population, élus, syndicalistes, collectifs et associations. Le gouvernement actuel veut céder les biens de la Nation aux appétits financiers et tout marchandiser. Ils nʼont aucun scrupule et montrent leur vrai visage avec leurs salaires (qui ne sont quʼune partie de leurs revenus) en hausse vertigineuse. Devant lʼobstination de la droite et du Medef, il sʼagit de créer un rapport de forces décisif. Lʼavenir de notre société en dépend. Alain Desmons, salarié à France Télécom (Villeneuve dʼAscq) sait de quoi il parle lorsquʼil fustige la passivité de sa direction devant la souffrance au travail avec tout ce que cela entraîne. La montée de la colère dans cette entreprise, livrée au privé depuis Jospin, est aussi un fait significatif dans le mouvement social actuel. La région est aujourdʼhui la deuxième région automobile de France, dira Raymond, un militant syndicaliste de Renault mais cela ne sʼest pas fait par hasard. Rien

ne se fait au hasard. La lutte des communistes est à situer dans le cadre de la reconversion du bassin minier. Aujourdʼhui, sous couvert dʼun plan de modernisations, les directions programment la réduction dʼeffectifs et la mise en place de longues périodes de chômage partiel. Mais lʼon sait bien que toute chronologie a des effets pervers sur lʼemploi. Des arguments de “rationalisation” et surtout la volonté dʼaccroître les profits expliquent les licenciements et les fermetures dʼentreprises. Un syndicaliste de la Chimie-CGT dit combien son secteur dʼactivités connaît des disparités sociales dʼun secteur à un autre et lʼemploi est là aussi, la pierre dʼachoppement. À lʼÉcole, les contraintes budgétaires imposées ne peuvent que conduire au démantèlement sanitaire. Lʼemploi, la formation, les salaires, la reconnaissance des qualifications, les conditions de travail, le service public, sont les préoccupations de tous. Alain Bocquet, au nom des communistes de la région, a avancé plusieurs pistes de réflexion, “la question fondamentale qui est dans toutes les têtes est celle de la prise en compte des revendications économiques, sociales, humaines et un combat pour des politiques au service des populations. Notre région ne doit pas devenir Misèreland”. Ces propos tenus, symboliquement, devant la Bourse de commerce de Lille expriment lʼattitude de lutte de ces mêmes populations. Pierre Pirierros


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"NOS CONDITIONS ET NOTRE TEMPS DE TRAVAIL SE DÉGRADENT DE JOUR EN JOUR" M N CJ

(Thérèse, Auchan-Noyelles-Godault) La mobilisation dans la grande distribution n'est plus tabou

Les grandes surfaces en France risquent de perdre près de 40.000 emplois d'ici 2015, soit 6,3% de leurs effectifs, ou au contraire d'en gagner 36.000, voire 86.000, selon une étude commandée par le patronat du secteur. Les effectifs passeraient de 636.000 actuellement à 596.000 en 2015. "Des transferts importants de parts de marchés" se feraient "vers le hard-discount". Les "maxidiscount" verraient leurs effectifs progresser de 18.000 emplois, tandis que les grandes surfaces alimentaires traditionnelles (hypermarchés et supermarchés) en perdraient 50.000 et le commerce de gros 7.000.

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ANS ce monde, où l'on veut tout, tout de suite, service et accueil compris en trois minutes chronos, nous avons des revendications à défendre quant à notre avenir et la perception de notre rôle tant du point de vue de la direction que de la clientèle. Les passages en caisse dépendent de plusieurs choses mais le stress imposé par la direction ne se calcule pas dans lʼhoraire de travail”, Thérèse D. “hôtesse de caisse” au supermarché Auchan à NoyellesGodault s'insurge contre les salaires et la dégradation des conditions de travail alors que cette grande enseigne fait des bénéfices. La crise n'est pas pour tout le monde. Flexibilité

Les 35 heures, la flexibilité, les amplitudes des longues journées de travail ont modifié le travail “habituel” des caissières. “Or, notre journée est bousculée dʼune semaine à une autre, pour un salaire qui dépasse à peine les 1.050 euros, avec deux enfants en bas âge, vous faites vite le compte ; les relations lors des passages en caisse dépendent de tas dʼaléas, lʼhumeur des clients nous la subissons à divers moments, cʼest plus facile le matin quʼen fin de journée. Par contre, le samedi est un jour très difficile, car cʼest la plus grosse journée de la semaine et des familles entières font leurs courses dans un brouhaha décousu et un mélange de mauvaise musique et dʼodeurs diverses. Notre direction veut du chiffre.” Distribuer un tract à lʼextérieur du magasin, par la CGT et FO est possible mais ce nʼest pas le “moyen” le plus adapté pour faire comprendre à tout le monde lʼampleur des difficultés et des “servitudes” des employés de la grande distribution. Dans quelque temps, le code du travail a changé bien des aspects, ainsi le “licenciement économique” se retrouve dans la partie consacrée aux relations individuelles de travail, au risque de figer une jurisprudence contestée. Aujourd'hui, le souci de la ministre de l'Économie est de "dresser les conditions" pour limiter les clauses des licenciements économiques. Nous sommes loin de la garantie et de la progression du pouvoir d'achat, pour le moins. “On tend à valoriser le licenciement individuel, au détriment des dispositions sur lʼappréciation par le juge du motif économique du licencie-

ment ou sur le plan de sauvegarde de lʼemploi. Cʼest une évolution conforme au discours patronal qui milite pour écarter le juge des affaires de lʼentreprise. Et dans la grande distribution, le règlement intérieur, la convention collective, sont-ils compatibles avec le code du travail ? La réponse est aussi dans les mobilisations, mobilisations qui sont un signe conséquent dʼun ras-le-bol généralisé”. Autre sujet de grande préoccupation par les syndicalistes cégétistes, la discrimination entre hommes et femmes. Quant aux formations, une notion très importante dans la grande distribution, les commentaires critiques sur les contenus de ces formations ne manquent pas. “C'est une évidence, il sʼagit de stages bidons, dit Marc un salarié d'Auchan (après six ans d'ancienneté) ; pourtant je crois que ces fameux stages entrent dans le cadre d'un plan de formation et que toute formation doit se solder pour le salarié par une remise d'attestation de fin de stage. Si on relève le nombre de stages imposés par Auchan à ses salariés, on peut conclure que les employés du groupe sont qualifiés". La lutte dans la grande distribution a fait évoluer les propositions salariales, celles-ci, sont encore bien en dessous des attentes et ne répondent pas aux besoins. Lʼexaspération de ne plus pouvoir vivre dignement de son travail avec un salaire décent atteint son paroxysme. Noyelles-Godault

La zone commerciale de NoyellesGodault, lʼune des plus importantes au nord de Paris, est un lieu incontournable du passage des militants cégétistes.

Et les syndicalistes de souligner : “comment rendre la CGT plus forte ? Le secteur du commerce couvre 70 branches professionnelles et 110 conventions collectives. Le patronat de ce secteur cherche à liquider les garanties collectives, à l'exemple de la

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dénonciation de la convention collective des grands magasins. A ces revendications s'ajoutent celles d'un emploi stable, à temps plein, et d'un salaire convenable en rapport avec la qualification des travailleurs. Comment pointer, par exemple, la responsabilité des

1400 SALARIÉS D'AUCHAN AUX PRUD'HOMMES POUR LES SALAIRES

1400 salariés d'Auchan, soutenus par la CGT et la CFDT, sont aux prud'hommes pour non respect des réglementations sur les salaires.

ES employés réclament le paiement de salaires non versés entre 2000 et 2007. L'entreprise dit se conformer aux textes. Les salariés reprochent à l'enseigne de ne pas avoir respecté la réglementation sur les salaires entre 2000 et 2007. “L'entreprise a omis de payer la totalité de son obligation en digérant le temps de pause dans le temps de travail effectif”, soulignent les syndicalistes en dénonçant “une tambouille machiavélique”, qui aboutit à “une grille des salaires minorée de 5 %”. “On est plus ou moins rassurés sur l'issue”, indique Gérald Villeroy, au nom de la CGT, qui fait allusion à des condamnations prononcées à l'encontre d'autres enseignes, dont Carrefour. “Auchan se dit toujours dans la légalité. Il n'y a qu'un juge qui pourrait prouver le contraire”. Depuis 2005, la CFDT et la CGT ont engagé des actions en justice auprès du tribunal de grande instance de Lille. Elles n'ont pas abouti à cette heure.

Les salariés demandent le remboursement des sommes qu'ils estiment dues, jusqu'à environ 4 000 euros pour les salaires les plus modestes.. “Carrefour, Leclerc, Champion, tous ont été condamnés pour les mêmes raisons. Seul Casino a réussi à passer entre les mailles du filet”. La condamnation la plus symbolique a été celle, en octobre 2008, des Carrefour de Givors et Ecully à verser 3 000 euros d'amende, sanction maximale prévue par la loi, à chacun des 429 salariés payés en dessous du salaire minimum entre 2004 et 2006. Soit une somme record de 1,3 million d'euros. Carrefour a voulu aller plus loin et a fait appel. Il a de nouveau perdu et est allé en cassation. Mais sur la dernière cassation à Perpignan, cet été, Carrefour a finalement choisi de se désister, car il savait qu'il allait se faire condamner encore plus lourdement.

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donneurs d'ordres qui ont recours à la sous-traitance, comme dans la prévention sécurité? Symbole de cette solidarité syndicale et interprofessionnelle, les motions de soutien aux personnels des magasins.” Auchan est un groupe mondial avec, notamment, 120 magasins en France, cinq directions opérationnelles, une Banque, (la banque Accord), un secteur immobilier important avec Immochan. Un salarié syndiqué “isolé” doit pouvoir recevoir et diffuser les informations syndicales sur les lieux de travail ; cʼest une conquête de mai 68. Cela concerne, aussi, tous les personnels de la Grande distribution et du commerce. Quant aux consommateurs, à en croire les agriculteurs qui dénoncent cette mainmise de la grande distribution sur leur activité, ils sont unanimes à déclarer que si les prix dʼachat de leurs produits par les grandes enseignes sont toujours tirés vers le bas, le consommateur ne profite pas de cette baisse et continue à payer ses produits au prix fort. Pierre Pirierros Liberté 62 n°884 - Le 23 Octobre 2009


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Social À LENS, COMME DANS QUELQUE 60 RASSEMBLEMENTS EN FRANCE M N CJ

L'ACTION UNIE DES RETRAITÉS

Pas plus que les actifs, les retraités n'ont à subir les conséquences d'une crise dont ils ne sont pas responsables. - la deuxième est de faire une réforme des cotisations qui permettent de peser sur les politiques d'emploi et de développement des entreprises. Pour cela la cotisation patronale serait modulée en fonction des choix positifs ou négatifs des entreprises vis-à-vis de l'emploi et du financement de la protection sociale. Ces mesures pourraient, en élargissant l'assiette des cotisations et en stimulant la dynamique d'emploi, rapporter des dizaines de milliards d'euros.

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"Retraités, maltraités, mal payés", tel fut le fil conducteur du discours de Danièle Carin. Ph. Liberté 62

ES milliers de retraités sont descendus dans la rue, vendredi dernier, à l'appel des syndicats CGT CFDT - CGC, UNSA et FGR, pour réclamer le maintien de leur pouvoir d'achat. À Lens, les retraités ont défilé en demandant l'augmentation immédiate des retraites et le droit à la santé pour tous. La colère était bien présente dans les propos des uns et des autres fustigeant une société qui plonge les jeunes dans la galère et les vieux dans la misère. "Retraités, maltraités, mal payés", tel fut le fil conducteur du discours de Danièle Carin au nom des organisations syndicales sur la place de la mairie avant le départ de la manifestation jusqu'en sous-

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préfecture. La responsable syndicale insista notamment sur la défense et l'amélioration de la retraite par répartition, le choix d'une société solidaire, la bataille pour l'emploi, la réduction des exonérations patronales et l'élargissement de l'assiette des revenus soumis à cotisations (intéressement, participation épargne salariale et stocks-options). En outre, il s'agit également de réformer la cotisation patronale de deux manières : - la première viserait à inclure les revenus financiers des entreprises dans l'assiette des cotisations afin de faire payer les entreprises qui préfèrent développer leurs placements en France ou à l'étranger plutôt que d'investir en France dans l'emploi et le développement des capacités de production ;

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étant d'allonger la durée des cotisations nécessaire pour une retraite à taux plein. C'est un moyen très sûr de fabriquer des pauvres. Les travaux du COR (Conseil d'Orientation des Retraites) montrent, en effet, que les réformes de 2003 (allongement de la durée de

Les retraités mineurs qui étaient également dans la manifestation sont eux aussi confrontés à la remise en cause des avantages acquis par les luttes et qui avaient fait l'ossature exemplaire de la sécurité sociale minière.

cotisations, décote et surcote) n'auront qu'un impact très limité sur l'âge réel de départ à la retraite. Par désir d'un repos bien mérité, faute de trouver un emploi ou par crainte que les règles du jeu se durcissent encore, les salariés du privé comme du public n'ont pas l'intention de vieillir au travail. Ce serait plutôt une bonne nouvelle si les plus modestes ne le payaient au prix fort en ne touchant que des pensions de misère. Jean-Michel Humez

La situation des retraités s'est dégradée :

Le cahier de revendications des retraités n'est pas nouveau, mais il s'alourdit. La perte du pouvoir d'achat est importante et elle s'accélère. Elle est due aux hausses des prix enregistrées en 2008 et à la modicité de la revalorisation des retraites et pensions. Le montant de beaucoup de retraites est notoirement insuffisant et souvent en dessous du SMIC. Plus de pouvoir d'achat pour les retraités pourrait contribuer à la relance économique, d'autant que cette catégorie est de plus en plus importante. Lui donner des moyens de vivre décemment, c'est aussi contribuer à sortir le département de son marasme économique. Une autre grande inquiétude fait jour chez les retraités. Elle concerne la protection sociale. Toutes les mesures prises consistent à

Les propositions de la CGT

ES réformes de 1993 et de 2003 ont provoqué une double dégradation des retraites. D'une part, sans parler de l'allongement de la durée de cotisation, les droits sont moins élevés puisqu'ils sont calculés sur les 25 dernières années de rémunération, contre les 10 meilleures années de salaire auparavant. D'autre part, la revalorisation des retraites est aujourd'hui indexée sur les prix, alors qu'elle l'était sur les salaires. Or, 64 % des femmes perçoivent moins de 900 euros par mois et deux tiers des retraités ont moins de 1 600 euros. Du coup, avec l'augmentation du coût de la vie, les retraités ne peuvent plus faire face aux dépenses d'énergie, ou de santé : 80 % d'entre eux n'ont pas les moyens de se payer une place en

demander de nouveaux sacrifices aux assurés sociaux, sans apporter la moindre solution aux besoins de ressources nouvelles. Et c'est ainsi que l'on assiste au non remboursement de certains médicaments, à l'augmentation du forfait hospitalier…

établissement médicalisé… La CGT demande 200 euros d'augmentation tout de suite, pour tout le monde, un simple rattrapage. Il faut également que le minimum des pensions soit égal au SMIC. Les retraites ne sont pas un revenu d'assistance : la CGT ne demande pas une aumône, mais de profiter d'un droit acquis en travaillant. Une grande partie des ressources échappe complètement aux caisses : il faut faire un choix entre actionnaires et retraités. C'est un véritable choix de société, à l'heure où pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, quatre générations vont se côtoyer. Les retraités ne sont pas qu'un coût : ils font marcher tous les secteurs de l'économie, et la dépendance est facteur de développement, de recherche… -7-

Travailler plus longtemps ?

Le dossier des retraites va revenir d'ici peu dans la discussion entre gouvernement et partenaires sociaux. L'objectif gouvernemental

● Une augmentation de 200 euros pour tous pour le rattrapage de perte du pouvoir d'achat. ● La fixation du minimum de retraite au niveau du SMIG. ● Le relèvement de la pension de réversion à 75 % de la retraite initiale. ● Le retour à l'indexation de l'évolution des pensions sur les salaires. ● La revalorisation des retraites avec effet rétroactif au 1er janvier 2009.


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Social

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MANIFESTATION EN FAVEUR DE L’AVENIR DE L’HÔPITAL DE BAPAUME

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Menacé de restructuration et de liquidation, le Centre Hospitalier de Bapaume (CHB) est lʼobjet dʼune mobilisation grandissante en faveur de sa sauvegarde et de son développement. Mardi, venus de tout le département à lʼappel de la CGT, ils étaient près de deux cents personnes à manifester dans les rues de la capitale du Bapalmois.

ENUS des hôpitaux de Lens, Calais, Béthune et SaintVenant, arborant des drapeaux de la CGT et de Solidaires, personnels de santé, syndicalistes et citoyens venus du Bapalmois, de lʼArrageois et de la Gohelle, ils étaient près de deux cents personnes, mardi 20 octobre, à manifester à lʼappel de la CGT dans les rues de Bapaume pour défendre lʼavenir du centre hospitalier de cette ville située, au coeur dʼune région rurale, à 25 km au sud dʼArras. Le motif principal de cette manifestation tenait dans la contestation de la sincérité et de la finalité de la démarche engagée par les personnalités liées à la gestion du CHB. La mise en exergue dʼun déficit de 1,5 millions dʼeuros pour le CHB par un récent audit financier commandé auprès de lʼAgence Régionale Hospitalière (ARH) par Jean-Paul Delevoye, maire UMP de Bapaume et président du CA de lʼétablissement public apparait en effet, de plus en plus, comme lʼélément dʼune mise en scène médiatique où la «surprise» feinte de lʼédile le dispute à une «amnésie» à géométrie variable. Si elle sʼannonce comme visant à épurer les comptes du CHB et à le remettre financièrement à flot, la démarche des gestionnaires du CHB cache de plus en plus mal la manœuvre consistant, selon la CGT du CHB, à la veille dʼun CA lourd de menaces qui devait se dérouler jeudi, à faire passer la pilule dʼune restructuration des services de lʼhôpital qui se présente comme le point névralgique dʼun projet de liquidation en bonne et due forme et ceci sur la base dʼun déficit sciemment provoqué et, de fait, connu de longue date.

Surprise feinte et amnésie à géométrie variable

Intervenant devant la mairie de Bapaume au cours de la manifestation, Patrick Vanderpotte, secrétaire départemental de la CGT santé et action sociale a rappelé le contexte de ce qui devient lʼ«affaire» du CHB. «Il faut savoir, a-t-il déclaré, quʼon a supprimé 300 postes au Centre Hospitalier de Lens, 150 postes à Calais et 100 à Béthune; quʼon est en train de fusionner lʼhôpital de Saint-Omer et lʼhôpital de Calais ; quʼon est en train de préparer la fusion entre public et privé au Centre Hospitalier de Lens; quʼon est en train de tuer le Centre Hospitalier de La Bassée au profit du Centre Hospitalier de Béthune. Aujourdʼhui, cʼest Bapaume. Pourquoi ? Parce quʼon sʼest dʼabord occupé des grands centres hospitaliers.»

Continuant, il a souligné : «M. Delevoye nous annonce aujourdʼhui quʼil est surpris de voir un déficit aussi important à Bapaume. Cʼest vraiment se moquer du monde ! M. Delevoye fait parti de la majorité, il a ses proches là-bas, il sait très bien que le gouvernement a pris la décision de casser lʼhôpital public, comme il lʼa fait avec EDF, avec France Telecom et avec La Poste. La «solution» présentée pour le CHB est prévue de longue date. On essaie de la faire passer en chargeant lʼancien directeur. Ce qui sʼest fait à Bapaume, depuis quelques années, cʼétait uniquement de rattraper des retards : retard pour des locaux insalubres, retard sur les personnels qui travaillaient dans des conditions déplorables, retard pour une population qui a véritablement besoin dʼun hôpital de proximité. -8-

Aujourdʼhui, cet hôpital de proximité est mis en danger et on veut en faire un centre réservé aux personnes âgées !» Pour finir, Patrick Vanderpotte en a appelé aux usagers de lʼhôpital et ses personnels pour se mobiliser : «Il faut continuer de se battre pour défendre lʼhôpital de Bapaume sinon, dans quelques semaines ou quelques mois, il ne restera plus que le Centre Hospitalier dʼArras pour pouvoir mettre un plâtre ou pour pouvoir faire une radio. Ou bien, ce sera le secteur privé. Cʼest sur ce secteur que le gouvernement compte aujourdʼhui pour régler le déficit de la sécurité sociale ! Je crois que le combat qui est mené par les camarades de Bapaume est plus que légitime. A voir la mobilisation des personnels de lʼétablissements, je crois que la mobilisation est très grande aujourdʼhui.» «Les gens qui disaient avoir perdu la mémoire la retrouvent peu à peu»

Concernant cette mobilisation, son ampleur et son extension, le changement de ton et de discours, du maire de Bapaume notamment, mais aussi de son relais dans la presse locale, semble témoigner dʼun virage dans lʼopinion bapalmoise et dʼune prise de conscience grandissante de ce qui se trame effectivement autour du CHB. «Aujourdʼhui, nous a précisé Michel Carré, secrétaire général de la CGT du CHB, les gens qui disaient avoir perdu la mémoire la retrouvent peu à peu. Cʼest le cas notamment de JeanPaul Delevoye qui reconnait maintenant que lʼhôpital est en déficit depuis 2005 alors quʼil a prétendu ne le découvrir que cet été. Cʼest le cas aussi de Jean-Jacques

Cottel, Conseiller général et administrateur du CHB qui, aujourdʼhui, en appelle à la population pour soutenir lʼhôpital et les services hospitaliers dans le milieu rural de Bapaume. A la veille dʼun CA décisif pour lʼavenir du CHB, Michel Carré insiste : «Aujourdʼhui nous nʼavons encore que des brides de suspicion. La seule chose quʼon nous dise, cʼest que nous risquons dʼavoir de grandes surprises. On évoque lʼidée que le directeur proposerait de soutenir un projet de création de 14 lits en gériatrie. Si tel est le cas, nous, ce que nous souhaitons cʼest que ce soit 14 lits supplémentaires et quʼils sʼajoutent à nos 26 lits de médecine. En outre, il ne faut pas retomber dans ce quʼon est tombé par le passé. Il nous faut des dotations supplémentaires et des moyens. Ce nʼest pas tout de nous faire des annonces. Nous voulons des engagements explicites, que tout soit inscrit noir sur blanc. Aujourdʼhui, M. Delevoye a reçu le syndicat Force ouvrière. Hier, il a fortement insisté pour recevoir les membres du bureau de la CGT avant le CA de jeudi. Nous ne sommes pas fermés à la discussion mais, pour nous, une chose est claire : nous maintiendrons la pression jusquʼau bout ! Ce que nous voulons cʼest sauver notre médecine et lʼexercer comme nous lʼavons fait depuis toujours. Le personnel du CHB est compétent. Les gens qui viennent à lʼhôpital de Bapaume sont très heureux de venir. Nous répondons à un fort besoin de la population. Les gens nʼont pas à se déplacer pour se faire soigner dans des hôpitaux dont le premier est à 25 km.» Jérôme Skalski

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Calais RÉUNION DES TERRITORIAUX SOIT DIT EN PASSANT... Les communistes font tellement peur...

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ALGRÉ un temps n'incitant guère à sortir et une hécatombe de militants pris au piège des grippes et angines, belle réunion vendredi dernier au siège des territoriaux pour préparer leur prochain journal de cellule.

JACKY HÉNIN SUR LE MARCHÉ D'AUDRUICQ

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PRÈS avoir fait un trait sur les projets de la municipalité de gauche comme le transfert de Carrefour mi voix sur la zone du Virval (tout en conservant 200 emplois sur le site avec un «Champion» au Beau Marais), la création du complexe «Victory Park» (tourisme, loisirs, sports) sur la zone du Virval où se construit actuellement le nouvel hôpital, la municipalité UMP vient de rayer la création de 50 emplois industriels avec le projet ERAS MÉTAL sur le site d'Umicore (exVieille Montagne). Une façon démonstrative de refuser un avenir industriel à Calais et ses emplois.

E marché d'Audruicq est l'un des plus importants et des plus beaux du Calaisis. Il réunit chaque mercredi des milliers de personnes. Jacky Hénin y était présent la semaine dernière en compagnie de militants pour diffuser le journal du parlementaire européen avec «Liberté 62». L'ensemble des marchés de la 7ème circonscription et points de rencontre avec la population (Poste, CPAM, etc...) sont ainsi au «menu» des militants du PCF ces prochaines semaines avant leur conférence de section fixée au samedi 28 novembre, salle Caron. 128, boulevard Basly 62300 Lens 03 21 74 89 89 Fax : 03 21 74 89 88 E-Mail : Liberte.62@wanadoo.fr

L’actualité de la semaine selon Babouse

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S.A.R.L. D’ÉDITION PRESSE HEBDO SARL au capital de 7.622,45 euros SIR 389 113 333000 22 Banquet Scalbert-Dupont 62300 Lens n°229 100 105 390 • Gérant Directeur de la publication : Hervé Poly • Responsable du Comité de Rédaction : Hervé Poly. Commission paritaire : n°83075 Dépôt légal : ISSN 160-822 X. Publicité : • MULTIPUB, SARL DʼÉDITIONS PRESSE HEBDO au capital de 7.622,45 euros • Comédiance : 32, rue Jean-Jaurès - 93528 Saint-Denis Cedex. Journal dʼannonces légales. Montage et photogravure : Liberté62. Membre inscrit à « Diffusion Contrôle » Bureau de la presse payante : OJD Imprimé à l’imprimerie de l’Avesnois L’Observateur, rue Pierre Charpy à Avesnes/Helpe.


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Monde ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE EN AFGHANISTAN

LA STRATÉGIE AMÉRICAINE DANS L'IMPASSE

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La commission indépendante électorale (IEC) a suivi, ce mardi 20 octobre, les recommandations de la commission des plaintes électorales (ECC) en demandant l'organisation d'un second tour pour l'élection présidentielle en Afghanistan. Lundi, l'ECC avait demandé l'invalidation de 250 bureaux de vote (sur 24.450) et au contraire la prise en compte de 18 bureaux de vote mis en quarantaine. ES résultats préléminaires donnaient vainqueur le président Hamid Karzaï, dès le premier tour, avec 54,6% des voix contre 27,8% à son principal adversaire Abdullah Abdullah, ancien ministre des affaires étrangères. Après l'invalidation de bulletins pour fraude électorale par l'IEC, et l'approbation des conclusions de l'IEC par l'ECC, Hamid Karzaï n'aurait obtenu que 49,69% des voix, rendant obligatoire un second tour. D'abord réticent, Hamid Karzaï, qui contestait le mode de comptage de l'IEC, a cédé sous la pression des occidentaux et surtout des Américains. Il s'est engagé à respecter «la légalité constitutionnelle.» Un second tour est donc prévu le 7 novembre. Même si Hamid Karzaï part favori pour ce second tour, il s'agit pour lui d'un revers électoral car il espérait être élu dès le premier tour. Il s'agit surtout d'un revers pour les Occidentaux et surtout pour les Américains : 200 millions de dollars avaient été dépensés pour l'organisation de cette farce électorale, les Américains et les pays de l'OTAN avaient envoyé des renforts militaires supplémentaires (17.000 soldats américains et les contingents français, anglais et allemands) pour sécuriser le pays. L'Occident s'était réjoui de la participation, pourtant bien faible avec 35% de votants (sans doute beaucoup moins), participation qui témoignait de l'attachement à la démocratie élective malgré les menaces des Talibans. Le processus électoral avec ses fraudes massives, les tentatives de l'ECC (liée à Hamid Karzaï) de tronquer les résultats réduisent à néant les proclamations occidentales sur l'instauration de la démocratie en Afghanistan. L'échec militaire face aux Talibans qui bénéficient du soutien de la population afghane hostile aux troupes d'occupation est accompagné de cet échec politique. La stratégie américaine en Afghanistan est dans l'impasse. Une élection présidentielle embarrassante

Prévue d'abord au printemps 2009, l'élection présidentielle a eu lieu le 20 août. Dès le début, le président Hamid Karzaï était le favori. Hamid Karzaï qui jouissait de la double nationalité américaine et afghane, ancien employé de la compagnie pétrolière Liberté 62 n°884 - Le 23 Octobre 2009

Unical, il avait été porté au pouvoir par les Américains après le succès foudroyant de leur campagne militaire en 2001. Mais trois ans après les accords de Bonn organisant la transition jusqu'à la tenue d'élections, la situation politique restait précaire. L'élection présidentielle devait assurer une stabilisation. Celle-ci eut lieu le 9 octobre 2004, Hamid Harzaï a été élu président, dans des conditions douteuses. Cette élection n'a nullement apporté la stabilisation politique espérée par les Occidentaux. Le pouvoir est resté

avec H. Karzaï et Abdullah. Tout en déclarant que «si aucun candidat n'atteint les 50% des suffrages exprimés, il y aura un second tour», il a aussi affirmé que les relations entre Karzaï et Abdallah n'étaient «pas mauvaises», qu'il y a «une vraie volonté de travailler ensemble» chez eux sur «un programme commun» de gouvernement. B. Kouchner propose «des réformes» acceptables par tous les candidats en lice. Le sénateur américain John Kerry, président de la commission des affaires étrangères du Sénat a ren-

dements aveugles de l'armée américaine tuant des civils ou des «dommages colatéraux» des actions des troupes de l'OTAN, protestait ? S'agit-il de donner le change à une opinion publique internationale qui n'est pas dupe ? Ou bien s'agit-il d'essayer de satisfaire les autres éthnies d'Afghanistan ? En effet, H. Karzaï est un parchtoune, l'éthnie principale d'Afghanistan, qui est aussi celle des Talibans alors que Abdullah était le conseiller politique du commandant Massoud, un tadjik ? Il est difficile de comprendre ce jeu diplomatique très curieux. L'échec militaire et la fuite en avant

John Kerry et Hamid Karzaï.

corrompu et son implantation géographique limitée, les «seigneurs de la guerre» qui avaient soutenu les Américains dans leur offensive contre les Talibans gardaient le pouvoir en province. L'élection du 20 août a donné lieu à des fraudes massives dénoncées par Abdullah Abdullah mais aussi par le général Morillon, chef de la mission d'observation de l'Union européenne puis par l'américain P. Galbraith, membre de la représentation permanente de l'ONU en Afghanistan (Galbraith a été limogé par Ben Ki Moon à la suite de cette dénonciation). Une commission des plaintes électorales a alors été mise en place comprenant deux affaires et trois membres de l'ONU. Au bout de deux mois, finalement un second tour a été décidé. Le jeu diplomatique

Sachant que l'ECC devait fournir son rapport le 17 octobre, un jeu diplomatique assez curieux s'est déroulé depuis ce samedi. Bernard Kouchner, le ministre français des affaires étrangères s'est rendu samedi à Kaboul, «inquiet du blocage», à l'élection présidentielle afghane et déclarant agir au nom de l'Union européenne. Il s'est entretenu

contré B. Kouchner à Kaboul et défend la même politique de conciliation. Lors d'une conférence de presse, le dimanche à Washington, le secrétaire général de la Maison Blanche Rahm Emmanuel a prévenu que l'envoi supplémentaire de troupes en Afghanistan dépendait de la crédibilité du gouvernement. Devant ces différentes interventions, Hamid Karzaï a dénoncé une ingérence étrangère, et incriminé les méthodes de l'ECC. Lundi, après le rapport de l'ECC, le ministre des affaires étrangères de Suède Carl Bildt (la Suède assure jusqu'au 1er janvier la présidence de l'Union européenne) après avoir rencontré le ministre russe des affaires étrangères S. Laivrov a demandé à H. Karzaï d'accepter un second tour. Mardi après-midi, H. Karzaï annonçait qu'il respecterait le verdict des urnes, estimant que le processus électoral constituait un progrès démocratique. Tous les chefs d'État occidentaux exprimaient alors leur satisfaction de la décision d'Hamid Karzaï. Seul le secrétaire général de l'ONU Ben Ki Moon émettait quelques réserves sur la suite des événements. Pourquoi cette comédie grotesque de la part des Occidentaux ? S'agit-il d'un coup de semonce à Hamid Karzaï qui, lors des bombar- 15 -

Une question est posée : une défaite américaine et occidentale en Afghanistan est-elle possible ? Le 12 septembre 2009, Zbyniev Brzezinski, le conseiller du président Carter qui avait été conseiller d'Obama pendant sa campagne électorale déclarait que les États-Unis connaitraient en Afghanistan «une défaite semblable à celle des soviétiques». Obama, pendant sa campagne électorale, avait promis le retrait des troupes américaines d'Irak (un retrait qui se fait attendre) pour accroître l'engagement en Afghanistan. En avril 2009, lors de la réunion de l'OTAN à Strasbourg, il avait été demandé aux États membres de l'organisation d'envoyer des renforts. La France avait précédé la demande, l'Allemagne s'est exécutée et Gordon Brown vient d'annoncer l'envoi de 500 hommes. Plus de 100.000 soldats sont engagés en Afghanistan dont plus de 70.000 américains. Il faudrait y ajouter les milliers de mercenaires employés par les sociétés, principalement américaines et anglaises. Ces armées puissamment dotées d'un matériel militaire ultra-moderne ne parviennent pas à venir à bout de la guérilla talibane. Les Talibans installés au sud-est, près des zones tribales pakistanaises et afghanes ont progressé dans le pays, à l'est mais aussi au Nord Ouest. Ils contrôleraient 73% du territoire afghan. Les combats sont particulièrement meurtriers pour les soldats occidentaux comme pour les Talibans et les civils afghans. De janvier à août 2009, plus de 300 soldats auraient été tués, soit plus que pour la seule année 2008. Le mois d'août 2009 a été le plus meurtrier. En même temps, l'état d'esprit de l'armée américaine est à la démoralisation. Le nombre de sui-

cides augmente. En 2008, le taux de suicides était de 20,2 pour 100.000. Le commandant des armées de l'OTAN, le général Stanley Mac Chrystal demande l'envoi de 40.000 soldats supplémentaires. La décision d'Obama serait liée à la situation politique d'Afghanistan. Le choix qui a été fait est celui de la fuite en avant, c'est à dire l'extension géographique de la guerre. En mai 2009 a eu lieu une réunion tripartite à Washington entre Obama, H. Karzaï et le chef d'État pakistanais Zardari. Y assistaient aussi H. Clinton, les chefs de la CIA et du FBI ainsi que l'état major américain. Il a été demandé à Zardari d'intensifier la lutte contre les Talibans pakistanais et à Karzaï d'engager davantage les soldats afghans. L'armée pakistanaise a donc engagé une grande offensive à l'ouest du pays dans le Warziristan, offensive qui provoque le déplacement de milliers de réfugiés, offensive à laquelle répondent les attentats commis dans le pays dont le plus dramatique à Lahore. Les troupes afghanes ne sont guère efficaces. On peut se demander, compte tenu de la tension avec l'Iran à propos du nucléaire, si l'attentat qui a été commis contre les gardiens de la Révolution dans le sistan Balouchistan, voisin du Balouchistan pakistanais ne risque pas d'étendre la guerre à l'Iran. L'Iran a protesté auprès du Pakistan et accuse les Américains et les britanniques d'aider le Ioundallah, la milice islamiste qui a revendiqué l'attentat. Quels sont les objectifs des États-Unis ?

En fait, il semblerait que les ÉtatsUnis et leurs alliés ne cherchent pas une victoire militaire mais veulent rester en Asie centrale afin de s'opposer à la Russie et surtout à la Chine. Dans ces conditions, la défaite américaine et de leurs alliés occidentaux ne peut venir que de l'opinion publique de ces pays. Dans tous les pays européens, l'opinion publique est hostile à l'engagement militaire de leur pays en Afghanistan. Aux États-Unis, en dépit du rappel du 11 septembre 2001 et même en brandissant la menace de l'épouvantail d'Oussama Ben Laden, 51% des Américains jugent ce conflit inutile. Mais il faudrait que cette hostilité devienne action avant que le Nobel de la paix de Barak Obama ne devienne Nobel de la guerre.


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