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LA LOI DU PLUS FORT N’EST PAS INFAILLIBLE... M N CJ

Me FIODOR RILOV, UN AVOCAT INFLEXIBLE POUR LA DÉFENSE DES TRAVAILLEURS PAGE 3

Élections régionales du 14 mars De passage dans les secteurs de Vitry et d’Hénin-Beaumont

ALAIN BOCQUET, POURSUIT SON DÉBAT PUBLIC DE PROXIMITÉ

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JEUDI 4 FÉVRIER À 18H30 - SALLE JEAN NOHAIN À LENS

M E E T I N G AVEC ALAIN BOCQUET ET JACKY HÉNIN DANS LE CADRE DES ÉLECTIONS RÉGIONALES DE MARS 2010

128, B OULEVARD B ASLY - 62300 LENS -T ÉL . 03.21.74.89.89- FAX 03.21.74.89.88 (e-mail : liberte.62@wanadoo.fr) - 1,30

€ - N°898 DU V ENDREDI 29 J ANVIER AU J EUDI 4 F ÉVRIER 2010


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Événement LA LOI DU PLUS FORT N’EST PAS INFAILLIBLE... M N CJ

Me FIODOR RILOV, UN AVOCAT INFLEXIBLE POUR LA DÉFENSE DES TRAVAILLEURS

"Nous allons devant les tribunaux et nous avons les preuves pour dire avec force que Samsonite voulait rouler tout le personnel dans la farine. Cʼest insupportable ! La cessation de paiement et le redressement judiciaire ne sont, en rien, des notions abstraites ; en fait, ce sont des signes évidents de casse de toute lʼunité et, en définitive, cʼest tout le personnel qui a payé les pots cassés. Nous ne lʼavons jamais accepté. Nous ne lʼacceptons toujours pas et ne lʼaccepterons jamais.”

M

AÎTRE FIODOR RILOV est percutant lorsquʼil détaille, à la barre, (à plusieurs reprises et devant de nombreuses juridictions (prudhommes, tribunal correctionnel, cour d'appel) tout lʼhistorique de la cession frauduleuse de Samsonite à Energy Plast. Les anciens patrons sont même envoyés en prison, du jamais vu. “La sanction est forte, dit l'avocat, mais tout à fait proportionnée aux enjeux qui sont au centre de cette affaire puisqu'il y a des centaines de personnes qui ont perdu leur emploi, des centaines de familles qui vivent dans la précarité"... Samsonite, c'est une longue, très longue bataille, dès le dossier en mains, (en novembre 2006) Me Rilov se rend à plusieurs reprises sur le site même de l'entreprise et s'entretient longuement avec les salariés et les syndicalistes. Même le directeur local est là, il écoute... Plus de 200 salariés sont concernés, la direction, elle, dit "faire ce qu'il est possible pour éviter le dépôt de bilan" ; on connaît la suite.

Juin 2005, miroir aux alouettes. Changement de stratégie oblige, lʼAméricain Samsonite, leader dans la bagagerie, décide de se séparer de son usine française, située à Hénin-Beaumont ; il a deux solutions : soit la fermeture pure et simple, soit la reprise. Mais qui veut aujourdʼhui dʼune telle usine, quand nombre dʼinvestisseurs sont persuadés que la bagagerie nʼest plus rentable en Europe de lʼOuest ? Samsonite parvient tout de même à dénicher deux hommes, JeanJacques Aurel, déjà investi dans la reprise de lʼusine Delsey à Montdidier, dans la Somme , et un Allemand, Egon Schrick.

«N d é i t o

Le 4 février à Lens avec Alain Bocquet

Combat légitime

Samsonite (Hénin-Beaumont) recouvre le combat légitime pour le respect du travail et du droit. Lorsque le tribunal correctionnel de Paris donne raison, une fois nʼest pas coutume, aux salariés et implicitement à leur lutte exemplaire pour lʼéthique sociale et leurs droits, c'est qu'il ne peut pas faire autrement. Derrière toute cela, un avocat, celui des salariés de Samsonite, Me Fiodor Rilov a démonté une à une toutes les pièces d'un puzzle étonnant et délétère pour les travailleurs. Pour la justice Jean-Jacques Aurel a "eu un rôle essentiel dans le montage frauduleux ayant conduit à la liquidation judiciaire d'Energy Plast, en procédant à des prélèvements injustifiés". Une attitude d'autant plus blâmable pour les juges que le prévenu a déjà été condamné dans un dossier simi-

Prête nom

"Energy Plast nʼétait quʼun prête nom et la CGT, en épluchant le rapport dʼexpertises, découvre tous les dessous dʼune affaire financière qui nʼest, ni plus, ni moins, quʼune manipulation managériale entre le bagagiste Samsonite et ces “repreneurs”, des fabricants de panneaux solaires ; or, aucun panneau solaire nʼest sorti des ateliers de lʼentité, sise boulevard Darchicourt à HéninBeaumont. Lʼon sait très bien quʼEnergy Plast continuait à fabriquer des valises “sans nom et sans

marque” pour la multinationale américaine. Pour Samsonite, le plan social se serait élevé entre douze et quinze millions dʼeuros avec tout ce que cela induit. En externalisant le problème et surtout les salariés vers Energy Plast, le bagagiste faisait une bonne opération, pour sa renommée et ses finances." Me Fiodor Rilov frappe fort, une fois de plus. Ce dossier est emblématique de tout un combat. Dans le documentaire d'Hélène Desplanques "Liquidation totale" sur cette affaire éminemment sociale, l'avocat souligne que sans l'action de tous les salariés, sans exception, rien n'aurait pu être fait. Inflexible pour la défense des travailleurs, l'avocat est sûr d'une chose, "le sens de tout un engagement social s'appuie bien sûr sur une connaissance du droit mis au service d'une cause juste."

«NOUS N’AVONS PLUS DE BOUSSOLE» ?

OUS NʼAVONS PLUS DE BOUSSOLE» expliquait voici quelques semaines un député du Pas-de-Calais aux élus présents à lʼinauguration dʼun petit musée communal. Un député... de gauche... sans boussole... dans le Nord ? Sarkozy a une boussole. Elle indique toujours «La Bourse» et son CAC 40 et pour atteindre ce pôle Nord bien identifié, lʼultralibéralisme est lʼaimant. Il faut donc casser tout ce que les travailleurs ont conquis en un siècle et demi : diminution progressive du temps de travail, congés payés, retraite solidaire, services

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laire, avec Olivier Walter, concernant la reprise de l'usine Delsey de Montdidier dans la Somme. Samsonite a fait appel et on ne connaît pas encore la date de lʼaudience mais la victoire morale des salariés ne fait aucun doute puisque la justice leur donne raison.

“Dans le cadre du groupe Samonite, prévient lʼavocat, le coût du plan social se serait élevé à 12, voire 15 millions dʼeuros, avec les mesures de reclassement, les indemnités, les obligations de revitalisation. Sans compter les coûts indirects. Samsonite a plein de raisons de vouloir externaliser le problème : il monte une boîte, trouve un homme de paille, finance lʼopération et attend la liquidation”. Les salariés ne se sont pas trompés, ils ont remué ciel et terre pour plaider leur cause. Ils ont remporté une belle victoire (aux Prudhommes de Lens) avec des indemnités inhérentes à leur passé dans lʼentreprise. Me Rilov défile, lui, devant les tribunaux et plaide pour les travailleurs de Stora Enso, Staf, Delsey, Goodyear... Dans lʼaffaire Sublistatic, lʼavocat, est confiant dans une procédure légale et dénonce lʼabsence de Plan de sauvegarde de lʼemploi. Là aussi, il gagne et avec lui les salariés de cette entreprise spécialisée dans lʼimpression textile. La semaine dernière, il était à Lens pour la défense des ouvriers de la teinturerie Staf dont le travail était délocalisé à lʼétranger. Il était aussi à Arras aux côtés des papetiers de Stora Enso qu'il défend et lesquels viennent de remporter une belle victoire contre leur direction. À Lens, le 4 février prochain, Me Rilov sera présent au meeting de la liste du Front de gauche conduite par Alain Bocquet. Son soutien à la liste “LʼHumain dʼabord” est le prolongement naturel à un engagement précis, celui de la défense de celles et ceux qui refusent lʼarbitraire et la loi du plus fort. La loi du plus fort n'est pas infaillible. Pierre Pirierros

publics, sécurité sociale, droit au travail et droit du travail, fraternité... Le MEDEF propose, le MEDEF décide, le président et son gouvernement appliquent : travailler plus... plus longtemps... plus mal (suicides en hausse), délocalisations qui sʼaggravent... salaires des PDG qui flambent (même si la marionnette président de la République gesticule de temps en temps...). Leur pôle Nord, cʼest la Bourse, cʼest leur fric... Et au moindre problème, ils trouvent un bouc émissaire : les jeunes, les Rmistes, les sans papiers, les RSAistes. Et sʼil faut susciter un peu de haine, ils y vont : lʼidentité nationale est là

pour ça. Si ça dérape un peu trop, le président peut aller à Lorette... pour donner le change. Mais la boussole indique toujours la direction : leur fric. Face à cela «nous nʼavons plus de boussole» nous dit ce député socialiste. Malheureusement, en libéralisme, tout ce qui est sans boussole est avalé, récupéré, digéré : taxe Rocard, D.S.K. au FMI, Ségolène Royal «bayrouisée», Martine Aubry, pour une «réforme juste» sur la retraite à 61 ou 62 ans... Sans boussole, les 20 régions de gauche (sur 22), dont la nôtre, nʼont pas été des «régions boucliers» pendant ce mandat 2004-2010, mais des -3-

«régions passoires» appliquant les politiques nationales libérales, sans se battre, si ce nʼest verbalement et dans quelques cas seulement ! Quelle est donc la boussole des listes Nord/Pas-de-Calais pour les élections du 14 mars prochain ? Droite et extrême droite ont leur boussole : la Bourse, et la haine au besoin. Le PS nʼa plus de boussole, comme le reconnaissent certains de ses leaders. Les Verts ont pali en «Europe Écologie» avec Dany ex-rouge resté libertaire mais devenu blanc, au point que de vrais

Verts rejoignent le Front de gauche. NPA et LO ont une boussole mais tournée vers leur nombril au point que plusieurs de leurs sympathisants rejoignent eux aussi le front de gauche. Reste donc le Front de gauche avec sa dynamique unitaire (PCF, PG, gauche unitaire, Alternatifs, militants associatifs, écologistes, syndicalistes...) et ses projets de gauche combative et audacieuse pour un Nord/Pas-de-Calais enfin respecté. Le Front de gauche a une boussole, lui ! Cʼest lʼHumain dʼabord ! Daniel Dewalle


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Social MOBILISATIONS DANS LA FONCTION PUBLIQUE : RÉPONDRE AUX BESOINS DE TOUTE LA POPULATION M N CJ

2000 PERSONNES DANS LES RUES DE LILLE ; LES RETRAITÉS CGT DE MINES-ÉNERGIE À ARRAS

A lʼinitiative de la FSU, de SOLIDAIRES et de la CGT, la journée dʼaction du 21 janvier de grève et de manifestations a connu un bon succès. Dans de nombreux territoires, dans plusieurs professions, dʼautres organisations syndicales avaient appelé à se joindre au mouvement. À Lille, comme à Arras, à Calais, à Béthune, à Boulogne-sur-Mer, de nombreux défilés ont marqué cette journée d'action. Les retraités CGT Mines-Énergie, eux, ont manifesté leur colère devant la préfecture du Pas-de-Calais pour un dossier qui ne peut souffrir d'aucun retard. La revalorisation des retraites et pensions est plus que jamais à l'ordre du jour.

A

U bout de quinze ans de retraites, le pensionné mineur perd 20 % de pouvoir dʼachat, cʼest inadmissible. Les feuilles de pétitions récoltées sur ce point précis marquent lʼexaspération des retraités et veuves de mineurs devant les effets dévastateurs de la stagnation et de la régression de leur pouvoir dʼachat. Lʼindexation des retraites sur les prix est une revendication fondamentale mais le gouvernement pratique la surenchère en pénalisant tous les salariés.

Nouvelle étape

vent demeurer sourds aux légitimes exigences exprimées à nouveau aujourdʼhui, et soutenues par la majorité des citoyens. Combattre la politique libérale actuelle : à partir des pratiques de terrain en associant la population. Notre choix de société se fonde sur lʼengagement et la participation des citoyens. La responsabilisation des entreprises repose sur des choix stratégiques des territoires, les délocalisations, les fermetures dʼentreprises, dans le Pas-de-Calais, mais aussi ailleurs, continuent à faire dʼénormes dégâts sociaux. “Notre région demeure à la traîne ;

2000 personnes dans les rues de Lille, un premier signal à l'adresse de Sarkozy (notre photo, avec les salariés de l'Équipement).

Le 21 janvier constitue une nouvelle étape importante de mobilisation dans la Fonction publique. La journée du 21 janvier et celles qui lʼont précédée ont été lʼoccasion de multiples initiatives de sensibilisation en direction des usagers. Les échanges entre agents publics et usagers ont confirmé que ces derniers, dans leur immense majorité, désapprouvent la politique gouvernementale de casse de la Fonction publique. Le président de la République, le premier ministre, le ministre en charge de la Fonction publique ne peu-

Une école pour tous. -4-

notre région va mal, il est plus quʼurgent dʼy remédier.” Le ton revendicatif est donné, fort de ses syndicats locaux, la CGT va tout faire pour apporter quotidiennement sa voix dans tous les services publics et les instances où elle est représentée. Dénoncer les dérives actuelles, cʼest faire grandir lʼidée dʼun grand service public dans le Pas-de-Calais, dans lʼaction avec les personnels et les usagers. Ces derniers, depuis quelque temps, sont constamment associés aux démarches syndicales. Nous l'avons constaté lors des manifestations du 21 janvier ; élus et militants y ont apporté tout leur soutien.

Élus et militants communistes y ont apporté tout leur soutien.

Brader

Brader, cʼest vendre à bas prix ! On vend ou on externalise les services publics, autrement dit le transfert au privé. Le désengagement au profit du privé a évidemment des conséquences désastreuses dans la vie quotidienne des citoyens, qui se voient refuser lʼaccès à des services essentiels. Car la notion de service public nʼexiste pas dans lʼEurope actuelle. Lʼavenir des services publics est une question centrale. Pierre Pirierros

À Arras, les retraités de Mines-Énergie CGT ont manifesté devant la préfecture du Pas-de-Calais. (Photos Liberté 62) Liberté 62 n°898 - Le 29 Janvier 2010


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Social

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SERVICES PUBLICS

RESTRUCTURER... ET TOUT MARCHANDISER

La récente journée dʼaction du 21 janvier (CGT, SUD, FSU) a mis en exergue la détérioration des services publics avec la mise en place des RGPP. Coup de gueule donc contre les dysfonctionnements, les prébendes, les casses successives, le pouvoir de quelques uns, etc. Lʼavenir des services publics est une question centrale de lʼalternative au libéralisme. On ne peut pas prétendre mettre lʼéconomie au service du social sans remettre en cause les dégâts causés par les tenants du libéralisme. Dans notre région, de nombreux élus ont pris les devants en mettant tout cela sur la place publique. Le gouvernement veut céder les biens de la Nation aux appétits financiers et tout marchandiser.

L

ʼACTE citoyen et lʼacte civique prennent force dʼun seul coup, les élus et les citoyens sont les défenseurs autorisés et “légaux” des services publics appelés à disparaître ou à se restructurer, ce qui est quasiment la même chose, puisque de toutes façons, ils ne seront plus “présents” dans telle ou telle autre commune. Car le service public régule la vie de tous les citoyens, à commencer par les transports... Mais lʼÉtat ferme à tour de bras, hôpitaux, gares, postes, écoles, trésorerie, gendarmerie ; la Poste est malmenée dans son rôle initial. Une augmentation de 16,5% des dix plus hauts salaires de la Poste; le rapport social de l'entreprise est précis sur ce point que “lʼon oppose” à la revalorisation salariale minimale pour les employés. Gestionnite Mais où commence et où sʼarrête le périmètre des services publics, ce sont dʼabord les services régaliens de lʼÉtat mais la massue des désengagements, et pas seulement, dans les zones rurales, retombe sur la vie quotidienne du pays. LʼÉquipement ? Cʼest le transfert de la moitié des agents des directions départementales vers les conseils généraux et le ministère de lʼIntérieur parle de “bouquet de services minimal !”

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Dérapages

De rapports en dérapages et de méthodes dʼaction en gestionnite tenace, des principes sont réaffirmés tout en axant le processus de décentralisation, des réformes de lʼÉtat, des obligations de service universel, dans un sens voulu par Bruxelles et lʼUnion européenne. La notion de concurrence fait son apparition à grands pas de prédateur, lorsque la droite parle de “modernisation des services publics”, ce nʼest pas un éloge vide de sens, cʼest tout le contraire avec la casse successive et évidente pour réduire les budgets. Les termes de maintien, dʼamélioration, de développement de lʼaccessibilité et de la qualité de ces mêmes services publics sont utilisés mais leur véritable signification est détournée des fondements des pratiques connues. Le rapport “Durieu” suscite des inquiétudes. Restrictions budgétaires pour lʼécole

La politique faite dans lʼÉducation nationale avec les restrictions budgétaires massives en est un exemple. Aucune zone géographique nʼest épargnée. Sous couvert dʼ«individualisation des parcours», cʼest une école à plusieurs vitesses qui est organisée.

Pour certains élèves, la découverte professionnelle et un entretien individuel dʼorientation dès la quatrième visent à préparer des sorties précoces du système scolaire. Pour dʼautres, seront réservés la possibilité de déroger à la carte scolaire ou le développement des bourses au mérite. Ces mesures vont à lʼencontre dʼune politique de mixité sociale. Elles illustrent le tri social organisé par la loi Fillon. Comment penser faire mieux réussir tous les élèves dans des zones en difficulté en réduisant les exigences à un socle appauvri, sans proposer de mesures visant à favoriser les apprentissages pendant le temps scolaire ? Quelle justice fiscale ? La justice fiscale passe par une pérennité des services publics et contre la diminution des agents des impôts, en un peu moins de dix ans, 1000 emplois ont disparu dans le Nord/Pas-de-Calais. Les syndicalistes de ce secteur relient directement la politique fiscale et la dette de lʼÉtat (thème récurrent). Comment va évoluer cette fiscalité dans le cadre européen ? Comment définir le rôle de lʼagent des impôts alors que la TVA représente un pourcentage important dans les recettes en regard de lʼImpôt sur le revenu. À EDF Les “engagements” de service public inscrits dans le contrat signé entre la direction et lʼÉtat, qui nʼont jamais été négociés -5-

avec personne, portent lʼempreinte des luttes menées toutes ces dernières années contre la privatisation. Mais, dʼune part, le gouvernement oublie de dire aux Français que ces dispositions ne sont plus renégociables. Et, dʼautre part, il sait pertinemment que lʼengrenage boursier dans lequel il engage aujourdʼhui EDF battra en brèche dès que possible des digues volontairement provisoires. Lʼaffaire Proglio ne peut masquer un tel débat. Manque budgétaire Et lʼHôpital public ? Chaque établissement connaît un manque budgétaire évident pour 2010, cela est la résultante de lʼÉtat prévisionnel des dépenses et des recettes qui fait apparaître des dysfonctionnements pour la marche normale puisque les établissements sont obligés de solder leur passif et organisés des reports de charges sur fonds propres. Des dotations supplémentaires immédiates sont exigées par les personnels et leurs principaux syndicats dont la CGT ; cela passe par une remise à plat des situations budgétaires de tous les établissements, lʼouverture de réelles négociations sur lʼemploi et la formation. Et pourtant, des vélléités des tutelles voudraient opposer des établissements entre eux et mettre des niveaux de concurrence entre les

structures, ce qui est une totale aberration alors que le secteur privé sʼorganise de plus belle et sʼinsère là où le public lui laisse, par la politique établie au niveau gouvernemental, toute latitude pour cela. Économies...

Les économies au niveau de la Sécurité sociale prônées en haut lieu pénalisent doublement les populations en créant une médecine à multi-vitesses et en faisant porter aux mutuelles un poids de plus en plus important. Le contexte actuel qui se pose est celui du devenir du Service public hospitalier : qualité du dialogue social en baisse, dégradation historique de la situation budgétaire des établissements, vécu et conditions de travail difficiles, salaires et reconnaissance professionnelle en berne, déficit dʼemplois, précarisation en augmentation, pénurie de personnels qualifiés. La place offensive est mise en place par les milieux de la finance. Ils nʼont aucun scrupule et montrent leur vrai visage avec leurs salaires (qui ne sont quʼune partie de leurs revenus) en hausse vertigineuse. Devant lʼobstination de la droite et du Medef, il sʼagit de créer un rapport de forces décisif. Lʼavenir de notre société en dépend. Pierre Pirierros


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Régionales 14 mars 2010 De passage dans les secteurs de Vitry et d’Hénin-Beaumont M N CJ

ALAIN BOCQUET, POURSUIT SON DÉBAT PUBLIC DE PROXIMITÉ

Mardi 19 janvier. La journée dʼAlain Bocquet fut longue mais riche en rencontres diverses. Un nombre considérable de constatations recueillies sur le terrain, dʼinformations transmises directement par les acteurs du monde syndical, associatif, économique et industriel... Autant dʼéléments qui peaufinent le programme dʼAlain Bocquet pour la région Nord/Pas-deCalais et quʼil entend bien concrétiser ou aider à la réalisation après le 14 mars si la liste quʼil conduit parvient à prendre la direction de la Région ou à y jouer un rôle de première importance.

À Corbehem, des dizaines de maisons se délabrent au milieu des broussailles depuis la quasi fermeture de Stora-Enso.

LOGEMENT : LES DÉSASTRES DE LA DÉSINDUSTRIALISATION

M

ILIEU de matinée, mardi. Le temps gris accentue encore la désolation qui se révèle aux yeux de la délégation du PCF et des élus communistes qui a arpenté la rue de la Briquetterie et la cité du Jambon à Corbehem. Emmenés par Martial Stienne, conseiller général de Vitry, Alain Bocquet, député et Jean-Claude Danglot, ne peuvent que déplorer que tant de maisons

A

VEC la plate-forme multimodale de Dourges et le parc des Îles sur le territoire de Rouvroy-Drocourt, Alain Bocquet et les élus du secteur ont pu faire une comparaison entre deux concepts, deux réalités qui cherchent encore des solutions pour un plein développement ou pour une utilisation maximum de leurs capacités. Avec franchise, le directeur de la plate-forme multimodale a admis une diminution de lʼactivité et un passage difficile avec la crise qui nʼépargne rien, ni personne. Il croit percevoir quelques signes de reprise et voit une totale exploitation de cette plate-forme en 2020. Pour les élus communistes, il ne pourra y avoir de reprise durable et réelle sans une autre politique salariale et sociale. Un échange de point de vue courtois et le souhait commun dʼun réel développement de lʼactivité et de lʼemploi. Au parc des Îles, territoire qui appartient à la communauté dʼagglomération de Hénin-Liévin, lʼobjectif est différent. Cette immense friche industrielle doit son nom aux cinq promontoires éparpillés ci et là. Façonnés pour y accueillir par la suite quelques

puissent dépérir dʼune telle manière alors que dans ce secteur comme ailleurs de nombreuses familles sont à la recherche dʼun logement. Une cinquantaine de maisons qui ont appartenu ou qui appartiennent encore au patrimoine de Stora Enso. Des maisons qui ressemblent étrangement à celles des cités minières et qui ont été la proie des pilleurs, des caseurs, de

lʼhumidité depuis le départ de leurs locataires, ex-salariés de la papeterie. “Pourquoi nʼavoir pas revendues en 2006 ces maisons à ceux qui auraient pu été intéressés, à des organismes HLM ou même à des privés ? sʼinterrogent les élus communistes. La disparition dʼune entreprise ou son extrême liquidation ne laisse pas que des salariés sur le carreau. Cʼest la fin du tissu humain qui sʼétait développé à lʼintérieur et à lʼextérieur du lieu de travail et dans ce cas bien précis, cʼest aussi la fin dʼune vie de quartier. Ici et là, habitent encore quelques anciens de lʼusine qui seront bientôt priés de laisser le champ libre car la démolition totale est à lʼordre du jour”. Martial Stienne se souvient que quand Usinor a fermé à Biache, son patrimoine immobilier a été acquis par des promoteurs, lʼacte de vente stipulant que les occupants pourraient y rester à vie si cela leur convenait. Alain Bocquet entend écrire au

ministre du logement estimant quʼune réhabilitation reste possible dʼautant que dʼanciens bureaux restés eux aussi à lʼabandon feraient de bons logements

étudiants. En attendant, le plongeoir de la piscine extérieure, construite par lʼentreprise en des temps meilleurs, domine ce territoire de désolation et de gâchis.

L’EMPLOI ET LA POLITIQUE INDUSTRIELLE

thèmes à caractère floral, ils apparaissent comme un alibi pour justifier une réhabilitation dʼun territoire dont on ne saurait que faire. Le laisser en lʼétat serait une aberration estiment les élus communistes de la CAHC tels que Dominique Watrin, Bernard Czerwinski et Jean Haja. Ils veulent associer les habitants et les riverains pour que ce lieu ne reste pas un semblant de désert mais un espace utile et agréable au plus grand nombre. «Il faut des projets fédérateurs» : souligne Alain Bocquet qui approuve leur démarche. -6-

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Régionales 14 mars 2010 DROCOURT : AVEC LE MOUVEMENT SOCIAL METTRE LA RÉGION AU SERVICE DU BIEN COMMUN

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Une cinquantaine de syndicalistes et dʼélus du secteur estiment nécessaire que soient respectés et améliorés les droits des salariés. quʼà la fin des années 1980, la dépense en matière de logement atteignait 12,5% du budget dʼune famille, elle représente désormais 25% de la dépense des ménages. Mesure-t-on vraiment lʼampleur de ce changement insupportable pour la majorité des Français ? Et quand on écoute ensuite un syndicaliste en retraite explicitant la baisse de ses revenus chacun redoute vraiment pour son avenir.

Être traités en salariés citoyens

I

NSTALLÉS dans une petite salle à Drocourt, autour dʼun «casse-croûte polonais», des syndicalistes des entreprises du secteur, des responsables communistes et plusieurs candidats du Front de gauche ont échangé durant près de deux heures sur la réalité du monde du travail. En introduction, Alain Bocquet revient sur les propos dʼEstrosi qui se veut le grand défenseur de lʼindustrie française alors que les actes ne suivent pas les paroles. La preuve en est que 378.000 postes de travail ont disparu en 2009. Dans lʼindustrie, 269.000 emplois ont été supprimés en deux ans, soit une baisse de près de 8% des effectifs et le mouvement est loin dʼêtre fini. Alain Bocquet pose la question en ces termes. À lʼheure où le gouvernement se prépare à faire avaliser sa réforme des institutions territoriales, le monde du travail a besoin dans les institutions régionales dʼune gauche plus combative qui indexe son action sur le mouvement social, qui sache utiliser toutes les possibilités réglementaires pour faire des régions des pôles de démocratie et de résistance à lʼoffensive sarkozienne. Dʼoù la liste lʼHumain dʼabord qui offre aux citoyens une gauche

rassembleuse qui soit vraiment de gauche. Mobilisations et résistances

Des salariés de Stora Enso, de Samsonite, de Moy Park, de Sublistatic, de France Telecom, de Cetelec, de lʼANGDM... ont tous reconnu lʼimplication et le soutien des élus communistes dans leurs luttes. Certaines luttes ont obtenu des compensations salariales pour les licenciés, dʼautres ont imposé la non-fermeture, mais toutes posent la question de la nécessité de lutter tous ensemble contre cette politique de licenciements, entraînant des fermetures de sous-traitants en cascade et transformant notre région en désert industriel et éconoique et ce malgré le versement important de fonds publics. Outre les salaires, lʼemploi, les responsables syndicaux soulèvent dʼautres questions ciblant la répression, la pression, la formation... Mais la vie en dehors de lʼentreprise nʼest guère plus simple souligne une représentante syndicale qui soulève le problème des loyers. «Peut-on encore parler de loyer modéré - HLM ne veut plus rien dire» déplore-t-elle. En effet, son analyse est bien réelle. Alors

Insistant plus particulièrement sur les fonds publics, Alain Bocquet fait observer quʼen 2004, les élus communistes avaient refuSé de participer à lʼexécutif régional suite au refus des élus socialistes de prendre en compte cette question qui apparait encore plus primordiale aujourdʼhui. Cʼest dʼailleurs pourquoi Alain Bocquet souligne quʼil faut aller plus loin dans ce principe essentiel et notamment en faisant en sorte que les représentants des travailleurs aient droit de regard sur lʼutilisation de lʼargent public. «Tout travailleur participe, par lʼintermédiaire de ses délégués, à la détermination collective des conditions de travail ainsi quʼà la

gestion des entreprises», cette phrase, piochée dans le préambule de la constitution française, beaucoup lʼont oubliée... A commencer par Sarkozy, Estrosi et les élus socialistes peu regardant, avec lʼargent des contribuables. Certes, parfois les salariés obtiennent raison devant les tribunaux et peuvent gagner quelques batailles judiciaires sans pour autant pouvoir contrecarrer les décisions des entreprises car bien souvent les représentants des salariés en sont réduits à négocier à partir de la

décision patronale et non pas, comme lʼambitionne le préambule de la Constitution, à intervenir avant que cette décision ne soit prise. Une réalité que Fiodor Rolov, avocat de nombreux salariés dʼentreprises (Sublistatic, Samsonite, Moy Park, Continental) pourra certainement aborder le 4 février au meeting de Lens. Un meeting qui sʼannonce comme un rassemblement de résistance sociale tous azimuts.

ROUVROY : DES VŒUX DE COMBAT POUR LE CHANGEMENT Parti de gauche déjà entrés de plain pied dans cette campagne. Il sʼagit pour les intervenants dʼaccélérer le mouvement car la campagne ne va durer que quelques semaines. Ils la veulent percutante et utile à toutes celles et ceux qui se battent pour mieux vivre. Le gouvernement continue de taper dur et les souffrances sociales et les régressions démocratiques

C

ʼEST Dominique Watrin, secrétaire de la section de Rouvroy et adjoint au maire qui prit en premier lieu la parole pour souhaiter la bienvenue à lʼasLiberté 62 n°898 - Le 29 Janvier 2010

sistance et pour présenter à chacun des voeux de la section communiste. Avec Jean Haja, maire de Rouvroy et Alain Bocquet qui lui succédèrent au micro, les trois

intervenants ont insisté sur lʼéchéance au 14 mars, premier tour des élections régionales. Ils étaient dʼailleurs entourés de plusieurs candidats du PCF et du -7-

sont insupportables. Cʼest pourquoi, le meeting du 4 février à Lens sera un accélérateur de cette campagne, un meeting de riposte. Nul doute que cet appel sera largement entendu par les communistes de Rouvroy, des militants au Parti de gauche et tous ceux qui veulent que la région fasse une politique de gauche.

Reportage Jean-Michel Humez Photos : Jean-Luc Degrémont


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Club de la presse à Arras : “Santé : quelle politique pour la région ?”

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Département LA FSU DU PAS-DE-CALAIS EN CONGRÈS

La FSU du Pas-de-Calais a réuni son congrès, vendredi 22 janvier, à l'IUFM d'Arras. Ce moment de réflexion et de prise de décisions a été l'occasion pour les délégués départementaux du premier syndicat de la fonction publique, après la grève du 21 janvier et avant une manifestation nationale programmée le 30 janvier à Paris, d'élaborer leurs résolutions pour les trois années à venir, de faire le point sur les «contre-réformes» gouvernementales ainsi que sur les mobilisations du mois de janvier.

Le Club de la presse Nord-Pas-de-Calais a décidé d’ouvrir une antenne à Arras. Inaugurant une série de trois débats consacrés à la santé, à l’aménagement du territoire et à l’économie, un débat public a été organisé le jeudi 21 janvier à Cité Nature sur le thème «Santé : Quelle politique pour la région ?» Dans la salle, les candidats du Front de Gauche sont intervenus pour marquer leur désaccord avec une politique régionale de la santé présentée comme faisant l'objet d'un consensus entre l'exécutif PS-Verts et l'opposition de droite ainsi que pour faire valoir la nécessité, à cet égard, d'un engagement plus déterminé de l'Assemblée régionale.

Vœux de la section PCF d’Arras

L Animé par Hervé Poly, secrétaire de la fédération PCF du Pas-de-Calais ainsi que par Jean-Jacques Guillemant, Fabienne Nathan et Cathy Apourceau, candidats communistes du Front de Gauche, une quarantaine de militants du PCF ont participé, vendredi 22 janvier, à la cérémonie des voeux et à l'assemblée de début d'année de la section de l'Arrageois. Devant la presse – Liberté 62, l'Avenir de l'Artois et l'Observateur de l'Arrageois étaient présents -, au milieu des débats, la campagne des Régionales. Au cours de ce rassemblement, l'inauguration de la salle Marcel Roger ainsi que l'hommage à Jean Corbeau, camarade récemment disparu, ont donné lieu à l'expression de profondes émotions.

ES débats des congressistes départementaux de la FSU étaient articulés en quatre thèmes : l'éducation, les services publiques, les alternatives et l'avenir du syndicalisme. Suite à la forte mobilisation du 21 janvier (près de 45 % d'enseignants grévistes) et face à la série des «contreréformes» du gouvernement dans les écoles, dans le secondaire (nouvelle organisation des établissements publics d'enseignement, réforme du lycée, abandon de la sectorisation en collège, passage en

force sur le livret de compétences) ainsi que dans le supérieur (mastérisation, réforme du recrutement qui prive les futurs enseignants de toute formation professionnelle), le premier syndicat de la fonction publique entend informer et faire grandir la mobilisation. D'ores et déjà, à la veille d'une intersyndicale qui se réunira le 29 janvier, elle appelle tous les acteurs de la communauté scolaire à exiger la transparence sur les conditions effectives de la rentrée et à manifester leur opposition, notamment, en organisant le boycott des

CA, en votant contre la répartition de la Dotation Globale Horaire (la DGH, le "budget" dʼun établissement du second degré exprimé en heures dʼenseignement) et en signant la motion des conseils des maîtres réclamant la mise à plat du dispositif dʼévaluations nationales en CM2 et CE1. Une manifestation nationale est en outre programmée à Paris le 30 janvier soit deux jours avant la tenue du sixième congrès national de la FSU qui se déroulera à Lille, au Grand Palais, du 1er au 5 février. J.S.

LES TERRITORIAUX SE MOBILISENT ET ORGANISENT LA RÉSISTANCE

LES RETRAITÉS CHEMINOTS CGT DE L'ARRAGEOIS SUR LES RAILS DE L'ACTION REVENDICATIVE

Cʼest sur le seuil de lʼHôtel du département du Conseil général du Pas-deCalais, face à la préfecture dʼArras et en présence de représentants des Une trentaine de membres de la section des retraités syndicats CGT et de SUD solidaire, qu'une manifestation départementale des cheminots CGT de l'Arrageois ont assisté, mercredi agents des services publics territoriaux s'est déroulée ce jeudi 21 janvier. 20 janvier, à leur Assemblée Générale. Des représentants du syndicat actif, du secteur des cheminots de Lille, de la section multipro d'Arras, de l'USR du Pasde-Calais étaient également présents.

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OIGNANT l'utile à l'agréable, l'AG de la section des retraités CGT des cheminots d'Arras et environs s'est terminée autour d'une galette et d'un loto permettant de contribuer à la bonne santé financière de l'organisation. Quant à l'utile, remise des cotisations, revendications, moyens de les faire évoluer, syndicalisation des retraités, actions et manifestations programmées dans la période à venir étaient au programme de la rencontre syndicale. Au cours de la deuxième partie de l'AG, a été prise la décision d'envoyer une motion reprenant les principales revendications des cheminots retraités CGT au président de la SNCF ainsi qu'aux ministres et députés locaux concernés : aug-

mentation des pensions, augmentation du minimum des pensions, revalorisation du taux de la pension de reversion sans modification des conditions d'attribution, retour à la péréquation et application des mesures prises pour les actifs, améliorations de la protection sociale, des droits relatifs au logement et des facilités de circulation des retraités. Pour les faire appliquer et se faire entendre de la direction de la SNCF ainsi que du gouvernement, les cheminots retraités CGT de l'Arrageois se sont engagés à participer nombreux aux actions et manifestations de ce début d'année. . Contact : sectionretraitescheminots.arras@wanadoo.fr

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LIMANE RAHEM, responsable de la fédération CGT des services publics territoriaux a rappelé, au cours de son intervention, le caractère unitaire de cette manifestation des personnels soumis à la réforme des territoires engagée par le gouvernement. Une manifestation unitaire

Plusieurs prises de paroles de responsables syndicaux ont fait état de la protestation des personnels mobilisés envers «la politique destructrice du gouvernement envers la Fonction publique, politique contraire aux besoins de la population»,«le gouvernement ayant besoin de faire sauter ce quʼil considère être un verrou statutaire, pour réaliser sa vaste Jean-Claude Catoire/J.S. entreprise de privatisation». -8-

Contre lʼimmobilisme

En présence de Michel Dagbert, vice-président chargé du personnel départemental de la territorialisation au Conseil général, Slimane Rahem a indiqué que «les personnels organisent la résistance» et que «depuis plusieurs mois les mobilisations se succèdent pour les agents territoriaux, agents des hôpitaux publics, de La Poste, de lʼéducation, de la culture, de l'office national des forêts (ONF), de la direction générale de la concurrence, de la consommation et des fraudes (DGCCRF), des finances publiques, ainsi que de lʼéquipement».«La CGT territoriaux les soutient totalement et ne peut en aucun cas choisir le camp de lʼimmobilisme» a martelé Slimane Rahem.

Dangerosité de la réforme territoriale imposée par lʼidéologie du gouvernement

Même tonalité revendicative du côté de la responsable du syndicat SUD, qui a souligné pour sa part «la dangerosité d'une réforme territoriale imposée par lʼidéologie du gouvernement en place». Une réunion organisée avec le conseiller général présent et les dirigeants syndicaux a eu lieu à lʼissue du rassemblement. Une motion présentée par la CGT exigeant le retrait des réformes touchant les régions, les départements et les collectivités, particulièrement celle du Pas-deCalais, a été rédigée et transmise au préfet ainsi qu'au président du Conseil général. René Chevalier/J.S. Liberté 62 n°898 - Le 29 Janvier 2010


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Calais SOCIÉTÉ PORTUAIRE UNIQUE CALAIS-BOULOGNE : M N CJ

UN DÉBAT DE «FAUX CULS» !

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L y a quinze jours, Dany Wallin et Claude Vanzavelberg, conseillers régionaux du Littoral, organisaient une nouvelle réunion de travail avec les syndicalistes portuaires et cheminots afin d'être encore mieux porteurs des revendications du monde du travail sur ce secteur et d'enrichir les propositions de liste conduite par Alain Bocquet et Jacky Hénin aux Régionales du 14 mars. On y reviendra.

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l est vraiment «extraordinaire» Puissesseau, président de la Chambre de commerce et d'industrie de Calais ! Non seulement il ne fait rien pour défendre les emplois industriels sur son territoire (-1300 emplois en 1 an quand même !) mais en plus il avait obtenu du président de Région PS D. Percheron le vote en urgence d'une délibération en juin 2008 du Conseil régional sur la création d'une «société portuaire unique Calais-Boulogne»... Il y a déjà 1 an 1/2... Si on en croit les médias locaux... Dans «La Voix du Nord» (édition du 20 juin), Puissesseau, l'ami de la maire UMP de Calais, a «remis en cause la création de la société portuaire unique car l'Audit financier mené récemment (cet été NDLR) a mis en évidence le fait que la situation actuelle du Port de Boulogne est incompatible avec le nécessaire équilibre financier de cette société...» Un pavé de plus dans la mare que les élus régionaux communistes

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ALGRÉ l'absence (voulue ?) de toute initiative d'organisation concrète par les unions locales, ils étaient quand même plus de 150 militant(e)s syndicalistes à se retrouLiberté 62 n°898 - Le 29 Janvier 2010

avaient vu venir dès juin 2008 en séance plénière. Ah qu'il est gênant d'avoir souvent raison ! Mieux... dans «Nord Littoral» (20/01), on apprend que ce fameux audit financier (dont n'auront pas eu connaissance les partenaires du débat public organisé autour du projet Calais Port 2015 !), que cet Audit financier des CCI de Boulogne et Calais «ne certifie pas le bon fonctionnement de cette future structure»... Tiens, tiens ! ... et que le Conseil régional (et les contribuables) devra y participer à 49% du capital au moins... on croit rêver !

Et encore, le président de la CCIC d'indiquer que cette société portuaire unique ne se fera pas en 2010 et que «nous ne pouvons amener les 700 salariés (en contrat public CCI) en contrat privé... comme cela !» Et, comme l'écrira «La Voix du Nord» (19/01) : «il est vraisemblable que tous les départs à la retraite ne seront pas remplacés...» Les communistes (comme pour Sea France) avaient dénoncé dès juin 2008 l'arnaque en préparation. Ils le feront, chiffres des CCI en mains, ce vendredi à Calais. Ça risque de faire du bruit !

LOTO

DE LA SECTION DU PCF DIMANCHE 14 FÉVRIER SALLE DU CENTRE SPORTIF RUE DU STADE À MARCK PORTES OUVERTES À PARTIR DE 13H.

ver jeudi 21 janvier devant la souspréfecture de Calais. Notamment de la CGT, de la FSU et de SUD pour la journée nationale d'action de la fonction publique. Parmi eux, une forte majorité de

responsables et militants du PCF qui, une fois de plus, n'auront pas vu les médias locaux. Il n'empêche que l'appel à la grève aura été largement suivi à l'Université et dans les établissements scolaires. -9-

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ES responsables de la section vont peaufiner leur planning d'initiatives pour les Régionales lors du comité de section du lundi 1er février. Sans attendre, cette semaine aura été l'occasion d'une forte présence militante sur les marchés le week-end dernier, à la porte d'entreprises et dans les quartiers.

L’actualité de la semaine vue par Babouse


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Santé

UN COMITÉ POUR DÉFENDRE L’ACTIVITÉ MÉDICALE DE L’HÔPITAL DE BAPAUME

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Afin de répondre aux exigences posées par une situation dʼurgence, une première réunion du Comité de défense du Centre Hospitalier de Bapaume (CHB) a été organisée, lundi 25 janvier, salle Lawrence, dans la capitale du Bapalmois, réunion à laquelle étaient conviés lʼensembles des élus locaux ainsi que les diverses organisations syndicales, politiques et associatives impliquées dans la défense du CHB.

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UINZE personnes ont répondu présent. Ils représentaient le PCF, le PG, le NPA, lʼassociation Pour Bapaume et la CGT. Ne pas laisser le CHB être enterré, en catimini, «sans fleur ni couronne» La chose a été soulignée par ses organisateurs à plusieurs reprises au cours de la soirée. Lʼinitiative de constituer un Comité de défense de lʼhôpital de Bapaume prise par la section du PCF de lʼArrageois trouve son origine dans la constatation dʼun enlisement et dʼune dégradation de la situation du Centre Hospitalier de Bapaume ainsi que dans la conscience de la nécessité dʼorganiser une large riposte aux politiques gouvernementales de démantèlement organisé du service public de santé dont la situation de cet hôpital situé en zone rurale est emblématique. Dans la perspective du PCF a expliqué Jean-Jacques Guillemant, secrétaire de la section communiste de lʼArrageois et candidat du Front de Gauche aux prochaines élections régionales, cette constatation et ce souci impliquaient, au-delà même de la région de Bapaume, une fédération des énergies politiques, syndicales, citoyennes et associatives pour sauver effectivement lʼactivité médicale de cet établissement public, les acteurs concernés ne pouvant se contenter dʼune simple protestation de facade masquant un consensus tacite destiné à lʼenterrer, en catimini, «sans fleur ni couronne». Liberté 62 n°898 - Le 29 Janvier 2010

«Nous sommes dans lʼurgence»

«Nous sommes dans lʼurgence a expliqué Roger Maly, responsable régional de la fédération CGT Santé et Action Sociale. : «Lʼhôpital de Bapaume est menacé aujourdʼhui mais dans ce cas, il y a aussi les établissements de Seclin, de Carvin, de St-Omer, de Lens et de Fourmies par exemple. En fait, cʼest toute la région qui est concernée. Ce qui se passe à Bapaume doit faire boule de neige. Il faut rassembler le maximum de monde pour quʼeffectivement nous arrivions à construire quelque chose ici. A Bapaume, le maire est médiateur de la République. Il faut le mettre devant ses responsabilités de même, dʼailleurs, que lʼensemble des élus locaux du Bapalmois à qui il faut mettre le «nez dans la moutarde»». «Quand on nous parle de déficit pour les hôpitaux publics et pour lʼhôpital de Bapaume, cʼest ridicule quand on sait, par exemple, que le coût du vaccin HAN1 représente la totalité des déficits des hôpitaux en France ou quand le gouvernement donne de lʼargent à Renault pour construire la Clio en Turquie a continué et souligné le candidat communiste du Front de Gauche aux prochaines élections régionales : «Il y a des choix politiques à faire. A lʼorigine des difficultés des hôpitaux publics, en fait, il y a les réformes qui ont été ménées à partir de la loi Juppé sur la «maîtrise» des dépenses publiques et dont la loi Hôpital, patients, santé et territoires est le couronnement. La logique de ces réformes, cʼest de faire en sorte

que le privé empoche le maximum et que la santé publique soit réduite au minimum. Il nʼy a pas de petites luttes. Dans son combat pour défendre son hôpital, Bapaume, sur le territoire de santé de lʼArtois, peut être un exemple pour dʼautres hôpitaux publics. En ce sens, toutes les initiatives sont bonnes à prendre. Si on laisse faire et quʼil nʼy a pas une mobilisation forte, cʼest évident, le CHB deviendra une maison de retraite. Avec Patrick Vanderpotte, secrétaire général du Pas-de-Calais de la CGT Santé et Action sociale, nous avons pris lʼinitiative, pour marquer fortement lʼenjeu, dʼorganiser à Bapaume, le 9 février prochain, une réunion régionale de notre syndicat.» «Une volonté politique de casser les services publics et de casser la proximité»

«Actuellement, nous sommes face à une volonté politique de casser les services publics et de casser la proximité a souligné pour sa part Sylvie Leleu, membre de lʼassociation Pour Bapaume : «Pour le gouvernement, il faut éviter que les postiers soient trop sympathiques avec les gens. Il faut éviter quʼils leurs rendent des services gratuits. Il faut les empêcher dʼaller dans les villages. Dans lʼÉducation nationale, cʼest la même chose. Par exemple, on va avoir une diminution des postes au CAPES qui vont être proposés cette année et plus de postes qui vont être offerts dans le privé. Nous sommes dans la même logique au niveau de lʼhôpital. Le gouvernement ne veut pas dʼun hôpital à - 13 -

proximité. Pour lui, il faut aller très loin, dans de très grandes structures. Cʼest un avenir extrêmement inquiétant.» «Le risque cʼest que lʼhôpital de Bapaume se transforme en une grande maison de retraite avec une réduction drastique de lʼoffre de soins»

«Jʼai rencontré ce matin Edmond Mackowiak, le directeur du centre hôspitalier de Bapaume et de celui de Douai a expliqué pour sa part Michel Carré, secrétaire de la CGT de lʼhôpital de Bapaume. Le 5 février, il participe à une réunion à lʼARH (Agence Régionale de lʼHospitalisation, organisme régional de gestion des hôpitaux ndlr) pour ébaucher lʼavenir de lʼhôpital. Ce qui risque de se dessiner cʼest que lʼhôpital de Bapaume se transforme en une grande maison de retraite avec une réduction drastique de lʼoffre de soins. Nous avions un

service de médecine qui fonctionnait et était exédentaire avec la T2A (Tarification à lʼActivité, système de financement des établissements de santé issu de la réforme hospitalière du plan Hôpital 2007 ndlr). Différents services internes sont menacés : la cuisine et la lingerie. Aujourdʼhui, on nous dit quʼil faut fermer la radiologie. Si la radiologie ferme, cʼest la médecine qui disparaît à lʼhôpital de Bapaume.» Au terme de cette première réunion du Comité de défense du CHB, avant le lancement de différentes initiatives pratiques sur Bapaume et ses environs, la publication dʼun communiqué appelant lʼensemble de la population du Bapalmois à le rejoindre a été décidée ainsi que lʼorganisation dʼune nouvelle réunion publique. Une invitation à participer au Comité de défense du CHB sera à nouveau envoyée aux élus locaux. Jérôme Sklalski


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Monde ÉLECTIONS AU CHILI

LE RETOUR DE LA DROITE

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Le 17 janvier, Sébastien Pinera (notre photo), représentant de la coalition des droites chiliennes, a été élu président de la République du Chili avec 51,61% des voix contre 48,38% à son rival, le chrétien démocrate Éduardo Frei, candidat de la «concertation démocratique».

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ʼÉLECTION de S. Pinera met fin à la suprématie de la concertation démocratique qui gouvernait le pays depuis 1990, lʼéviction du général Pinochet. Le dernier président de droite avait été élu en 1958. Avec lʼélection de Pinera, les analystes occidentaux estiment que la page «Pinochet» est tournée, que le Chili est enfin entré dans le club des pays démocratiques où lʼalternance politique est de règle. Sʼadressant à ses partisans, le soir du scrutin, S. Pinera qui préconise un gouvernement «dʼunité nationale» a salué lʼalternance qui «renforce la maturité démocratique» du Chili et promis de «faire tomber les murs qui divisent» le pays hérités de son passé dictatorial. En fait, la victoire de Pinera est surtout la défaite de la concertation démocratique qui nʼa pas voulu sortir réellement le pays du pinochétisme. Des résultats attendus

La victoire de la droite était annoncée dès avant le 1er tour par les sondages qui, au Chili, comme en France, manipulent lʼopinion, car après le 1er tour, la victoire de S. Pinera nʼétait pas inscrite dʼavance. Le 13 décembre avaient lieu, à la fois les élections législatives pour le renouvellement de lʼAssemblée législation et la moitié du Sénat et le 1er tour de lʼélection présidentielle. Sur les 120 députés, lʼAlliance pour le changement coalition entre Rénovation nationale, droite libérale et lʼUDI (Union démocratique indépendante), droite pinochétiste a obtenu 54 élus auxquels se joigneront 3 élus indépendants. La concertation démocratique, alliance qui existe depuis 1990 et qui a mis fin à la dictature de Pinochet, entre quatre partis, le Parti socialiste, la démocratie chrétienne, le parti radical social-démocrate (PRSD) et le parti pour la démocratie (PPD) a 54 élus, perdant 11 sièges. La perte de sièges aurait été encore plus grande si la concertation nʼavait pas

Liberté 62 n°898 - Le 29 Janvier 2010

signé «le pacte contre lʼexclusion» avec le Parti communiste chilien qui a permis à celui-ci de remporter trois sièges dont celui de Guillermo Teillier, président du parti à Santiago. Pour la 1ère fois depuis 1973 avec la victoire dʼAllende et de lʼunité populaire de 1972, des députés communistes entrent au Parlement (en 1973, le PCC avait 26 députés sur 120, 9 sénateurs sur 50). Lʼexclusion des communistes du Parlement était dûe au système électoral instauré par Pinochet, un scrutin binominal à un seul tour. Ce système écarte tous les partis minoritaires, ou toutes les coalitions minoritaires. Or, pour revenir au pouvoir en 1990, les socialistes avaient accepté le compromis imposé par les militaires et les chrétiens démocrates : lʼexclusion du Parti communiste de la concertation démocratique. Au 1er tour de lʼélection présidentielle, le 13 décembre, S. Pinera obtenait 44% des suffrages et Eduardo Frei, le candidat de la concertation démocratique 29,62%. Le démocrate-chrétien E. Frei avait déjà été président de 1994 à 2000, il nʼincarnait donc pas le changement mais avait été accepté par le parti socialiste, principale composante de la concertation démocratique, pour succéder à la socialiste Michelle Bachelet. Le jeu électoral avait été bousculé par la candidature de Marco Enriquez Omninami, ancien socialiste, fils de Miguel Enriquez, un ancien dirigeant du MIR (mouvement dʼextrême gauche), partisan de la lutte armée mais qui sʼétait rallié en 1973 à lʼunité populaire à Allendé. Devenu très minoritaire, le MIR a renoncé à la lutte armée et a rejoint en 1997 Junitos Podenas Mas. Marco Enriquez Oninemi, très médiatisé, était très critique vis à vis du PS mais prônait une politique ni gauche, ni droite. Il a obtenu 20,10%. En 4e position, le candidat de Junitas Pottenos Mas (ensemble nous pouvons) Jorge Arrate a obtenu 6,21% des voix. Junitas Podernos Mas regroupe une vingtaine de mouvements dont la force principale est le Parti communiste avec le parti humaniste et les socialistes allendistes. Jorge Arrati avait été président du Parti socialiste et ministre du gouvernement Allendé. Au 2e tour, Jenitos Podenos Mas avait appelé à voter E. Frei pour faire barrage à la droite mais en obtenant de E. Frei un accord en 12 points (révision de la constitution, augmentation des salaires, des mesures pour la santé et lʼéducation, des mesures pour le droit au travail et les droits syndicaux, la non privatisation de lʼentreprise publique minière de cuivre Codelio). Mais compte tenu de lʼhypermédiatisation électorale de la droite et du ralliement in extremis à la concertation de Marco Enriquez Ominioni qui a laissé placer le doute, la droite lʼa finalement emporté alors que les premiers sondages indiquaient un coude à coude serré. Le vote étant obligatoire, lʼabstention est quasi nulle sur les 8 millions dʼélecteurs (population totale :

17 millions dʼhabitants). Mais signe de la dépolisation du pays, conséquence de la politique pendant 20 ans de la concertation, plus de 2 millions de jeunes, de 18 à 29 ans (85%) surtout issus des milieux ouvriers et des plus pauvres ne sont pas inscrits sur les listes électorales.

«Transition démocratique» et politique de la concertation démocratique

En fait, la conciliation démocratique a peu touché au modèle économique et politique instauré sous la dictature de Pinochet. Certes les partis politiques ont été autorisés, la répression sanglante des militants syndicaux et politiques a disparu, le conseil de la censure a été dissous. Mais rappelons quʼen dépit de certaines poursuites judiciaires, A. Pinochet est mort dans son lit. E. Frei alors président du Chili, est allé chercher A. Pinochet à Londres, avec lʼaccord du ministre travailliste anglais J. Strow alors que Pinochet était poursuivi par la justice anglaise pour crimes contre lʼhumanité. La constitution de 1880 mise en place par Pinochet a été peu retouchée. Il a fallu attendre 2005 pour que des mesures soient prises : réduction du mandat présidentiel de 6 à 4 ans, élimination du système des sénateurs à vie et des présidents devenant sénateurs (ce qui a ramené le nombre de sénateurs à 38 au lieu de 50 en 2006). Mais on a laissé à un seul mandat la présidence de la République, ce qui rend confus le message politique. Et surtout a été maintenu le scrutin binominal à un seul tour, si favorable aux grandes coalitions. Au plan économique, la concertation a poursuivi la politique de Pinochet : un néo-libéralisme inspiré du modèle anglo saxon, instaurant un capitalisme débridé marqué par les privatisations, lʼabsence de services publics (la santé, comme les retraites sont gérés par des fonds privés, le régime de retraite soit 190 millions de dollars est confié au privé, le système dʼéducation est obsolète). En outre, la politique budgétaire fondée sur lʼaustérité, une faible pression fiscale sur les entreprises, lʼappel aux capitaux étrangers ne permet guère une politique sociale. Dans une Amérique latine, appauvrie par des années dʼexploitation des sociétés étrangères, lʼéconomie chilienne semble relativement florissante avec une croissance moyenne de 5% en 2007, une hausse des exportations avec exédent commercial. Les revenus du commerce reposent pour 45% sur lʼexportation du cuivre, le Chili étant le premier exportateur mondial. Compte tenu de ses bons résultats économiques, le Chili a été accepté comme membre de lʼOCDE (organisation de coopération et de développement économique regroupant les pays occidentaux industrialisée). Mais si lʼextrême pauvreté (lʼindigence) a reculé de 4,7% à 3,2% - 15 -

depuis 2000, si la pauvreté a reculé de 18,7 à 13,7%, le Chili est un des pays du monde le plus inégalitaire, occupant la 12e place dans le classement des pays inégalitaires : 16 familles possèdent 80% de la richesse nationale, 60% des Chiliens sont pauvres ou très pauvres, 20% possèdent 70% des richesses du pays alors que 20% nʼont que 3%. M. Bachelet avait obtenu en 2005, 44% des voix contre S. Pinera. Elle avait promis de réduire la pauvreté et une réforme de la santé. Or, si sa cote de popularité est restée importante, elle nʼa pas tenu ses promesses. Dès la 1ère année de sa présidence, elle a dû faire face à une grève dʼétudiants et de lycéens. Puis le mécontentement social sʼest traduit par de nombreuses grèves. Entre les deux tours de lʼélection présidentielle, le gouvernement nʼa pas su répondre aux demandes des mineurs de cuivre de la codelco qui revendiquaient un alignement de leur salaire sur celui du privé plus élevé. De même, le gouvernement nʼa pas répondu aux demandes dʼautonomie des indiens Mapuches mais au contraire a accentué la répression des Mapuches en les persécutant et en emprisonnant leurs militants. En dépit du renfort de Junitos Pidemas Mas, la concertation nʼa pu surmonter un certain discrédit, dʼautant que les élections municipales de 2008 avaient montré ses divisions, lorsquʼelle était partie désunie devant les électeurs. E. Frei, représentant de la démocratie chrétienne qui avait soutenu le régime de Pinochet et qui critiquait le «radicalisme» de certains gouvernants dʼAmérique latine, ne montrait guère de divergences dʼavec la droite. Pinera, une droite moderne ?

Homme dʼaffaires multimillionnaire, lʼune des plus grosses fortunes du Chili (patrimoine évalué à 1,2 milliard de dollars), S. Pinera incarne, pour ces chiliens individualistes et dépolitisés, la réussite sociale à laquelle aspirent les gens des classes moyennes et supérieures. En même temps, il se dit volontiers ami des ouvriers qui, touchés par le chômage (taux de chômage 10%), croient en ses promesses de créer 1 million dʼemplois. Star du monde des people, celui quʼon surnomme le Berlusconi chilien, possède LAN, une des plus importantes compagnies aériennes dʼAmérique latine, une chaîne de télévision, le club de football le plus populaire du Chili, le Colo Colo. Issu de la démocratie chrétienne, il se vante dʼavoir voté non au référendum organisé par Pinochet en vue de devenir sénateur à vie. Néanmoins, il appartient à une famille proche du dictateur : son frère José Pinera a été ministre de Pinochet. Au plan politique, il a réussi dʼabord à éliminer son rival pinochétiste Joaquim Lavin qui nʼa même pas réussi à devenir sénateur. Il a axé sa campagne sur le besoin de renouvellement, de changement estimant la concertation usée.

II se montre lʼhomme de lʼunité prêt à collaborer, voire prêt à faire entrer dans son gouvernement des hommes de la concertation et également ceux qui ont servi Pinochet et qui sont compétents. Il est dʼailleurs possible que sa victoire nʼaboutisse à lʼéclatement de la concertation. Son modèle est N. Sarkozy : «Jʼai une grande admiration pour le président français N. Sarkozy, un homme qui possède beaucoup de leadership et de force». Au plan économique, il doit amplifier la politique ultra-libérale : pour créer les emplois, il propose de baisser le salaire minimum et de flexibiliser plus encore le travail. Il assure quʼil ne privatisera pas la campagnie publique du cuivre Codelco mais il propose lʼouverture du capital. Son élection a provoqué une hausse des actions dʼAxxion (son groupe financier qui contrôle LAN) à la Bourse de Santiago. Il a promis de vendre LAN après son élection mais nombre dʼéconomistes relèvent les liens entre affaires et politique et dénoncent un conflit dʼintérêt. Il se montre déjà digne de ses deux modèles Berlusconi et Sarkozy. Les répercussions en Amérique Latine

Dans le communiqué public entre les deux tours, pour appeler à voter E. Frei, le Parti communiste chilien écrit : «Le gouvernement de Pinera pourrait se convertir en un coup de poignard dans le cœur de lʼAmérique latine». Certes, les gouvernements successifs de la concertation ont toujours eu une politique pro-occidentale et surtout pro-étatsunienne. Alors que la zone de libre échange des Amérique proposée par Clinton puis par Bush a été repoussée par lʼAmérique latine, le Chili a signé avec les États-Unis un traité de libre échange en 2003, puis avec lʼUnion européenne. Lʼadhésion du Chili à lʼOCDE en 2008 consacre lʼencrage du Chili à lʼOccident. Pour autant, le gouvernement de M. Bachelet avait, avec les autres gouvernements de la Région, soutenu Evo Moralès contre les gouverneurs sécessionnistes de Bolovie et nʼavait pas approuvé lʼinstallation des bases américaines en Colombie. En revanche, Pinera approuve la Colombie et les États-Unis. Son élection renforcera le camp de la droite en Amérique du centre et du sud : Colombie, Pérou, Panama et, depuis le coup dʼÉtat, Honduras (sans oublier Haïti occupé par 20.000 soldats américains). Pinera peut donc aider la reprise en main de lʼimpérialisme américain et donner espoir aux autres droites en Amérique latine. Cela dit, la victoire de la droite au Chili nʼefface pas la victoire de Mujico en Uruguay la réélection éclatante dʼEvo Molarès. Au Chili même, Pinera nʼa pas la majorité à lʼAssemblée même sʼil peut compter sur le ralliement de quelques députés de la concertation. Ni en Amérique latine, ni au Chili les peuples nʼont dit leur dernier mot.


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Sciences et Techniques NANOMATÉRIAUX M N CJ

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NOUVEAU TRANSISTOR : COMME UN NERF

Une équipe de chercheurs de lʼinstitut dʼélectronique, de microélectronique et de nanotechnologie de Lille (Université Lille 1, Université de Valenciennes, Isen Recherche) vient, en collaboration avec le CEA, de mettre au point un transistor mimant à lui seul les fonctionnalités des terminaisons nerveuses que sont les synapses. ES synapses sont les zones de contact entre deux neurones. Ils assurent la transmission de lʼinformation, par exemple de lʼinflux nerveux dʼun neurone à lʼautre. Ils peuvent également assurer le contact entre lʼextrémité dʼune cellule nerveuse avec une autre cellule permettant ainsi la transmission dʼun ordre aux muscles ou recueillant des sensations pour quʼelles soient ensuite acheminées et traitées par le cerveau. Un transistor organique

Le transistor organique réalisé combine un type dʼhydrocarbure aromatique avec des nano particules d'or. Nommé NOMFET (Nanoparticle Organic Memory Tansistor), il

ouvre la voie à de nouvelles générations de calculateurs, capables de fonctionner comme notre système nerveux. Dans le système nerveux, la synapse est la jonction entre deux neurones. Elle permet la transmission des messages électriques d'un neurone à l'autre ce que peut faire également un transistor normal. Mais, les synapses sont aussi «capables» dʼadapter le message en fonction de la nature du signal entrant. Par exemple, si la synapse reçoit des pulsions très rapprochées de signaux entrants, elle transmettra une réponse plus intense. Inversement, si les pulsions sont très espacées, la réponse sera plus faible. Cette propriété est nommée la plasticité.

Une stratégie nouvelle

C'est cette plasticité que les chercheurs ont réussie à mimer avec le transistor NOMFET. Les nouvelles stratégies pour le traitement de l'information visent à reproduire le fonctionnement des systèmes biologiques, comme les réseaux de neurones, pour réaliser des circuits électroniques aux capacités nouvelles. Le transistor, élément de base d'un circuit électronique, peut être utilisé comme simple interrupteur – il peut alors transmettre ou non un signal – ou offrir de nombreuses fonctionnalités (amplification, modulation, codage...). Les Lillois à lʼavant-garde

La novation de lʼéquipe lilloise réside dans la combinaison d'un

transistor organique et de nano particules d'or. Ces nano particules encapsulées, fixées dans le canal du transistor, possèdent un “effet mémoire” qui leur permet de se rapprocher du fonctionnement d'une synapse lors de la transmission des excitations électriques entre deux neurones. Cette «imitation» du fonctionnement du système nerveux confère ainsi au composant électronique une capacité nouvelle. Il peut évoluer, sʼadapter, en fonction des systèmes dans lesquels il est placé. De nombreuses tentatives ont été faites par les électroniciens pour atteindre cette plasticité. A ce jour, la performance atteinte par les Lillois réclamait la mis en œuvre dʼau moins sept transistors. Les dispositifs réalisés ont été optimisés jusqu'à des tailles nanométriques afin de pouvoir les inté-

grer à grande échelle. Les calculateurs qui sʼinspirent du fonctionnement du système nerveux ainsi réalisés seront capables de fonctions comparables à celles de notre cerveau.

Contrairement aux calculateurs en silicium, utilisés en abondance dans les ordinateurs pour le calcul intensif, les calculateurs «neuro inspirés» peuvent résoudre des problématiques beaucoup plus complexes comme la reconnaissance visuelle. NOMFET va accroître la vitesse et la capacité de ces nouveaux calculateurs dont le fonctionnement est de plus en plus poche de celui de notre système nerveux, avec une différence notable : ils sont plus rapides. A.C.

Université Lille 1, l’Université de Valenciennes et l’Isen Recherche sont à la pointe de la recherche en électronique et en nanotechnologies.

Lʼhomme invisible a inspiré de nombreux livres et films de science fiction. Plus modestement, de nombreux travaux portent sur la création de matériaux qui se dissimuleraient à notre vue. Une étude publiée par une équipe de chercheurs du Cnr de Naples, en collaboration avec lʼUniversité de Berkeley (Californie) fait rentrer ce rêve dans la réalité.

BIENTÔT INVISIBLES ?

L

L’homme invisible des fictions doit se découvrir pour disparaître. Les recherches actuelles suivent une voie inverse : une cape qui rendrait invisible celui qui en serait couvert.

ES chercheurs sont parvenus à réaliser un matériau capable d'annuler les propriétés de la lumière, rendant ainsi invisible les objets quʼil recouvre. Ce matériau composite artificiellement créé possède des propriétés différentes de celles auxquelles nous sommes habitués du fait de la modification de sa structure. Ces propriétés permettent à ce matériau dʼannuler la propagation de la lumière dans l'air. Lʼobjet devient donc invisible. Anti-air

Le matériau a été réalisé en modifiant à l'échelle nanométrique la structure du silicium en le trouant de milliers de micro perforations. Cette modification de structure confère à ce nouveau matériau - 16 -

des caractéristiques opposées à celles de lʼair. Un millier de petites bandes de ce silicium «percé» ont été ensuite alternées avec des portions d'air de même longueur d'onde. «Quand la lumière passe à travers ce système fait d'air et «d'anti-air», c'est comme si elle nʼavait traversé aucun des deux matériaux" explique Vito Mocella, un des auteurs de lʼétude. C'est comme si cet espace n'existait pas pour la lumière.

Lʼair, du point de vue de la lumière est assimilé au vide. Son indice de réfraction est, par définition de 1. Le traitement auquel a été soumis le silicium lui confère un indice de réfraction de -1. De «lʼantiair» en quelque sorte. En les juxtaposant air et anti-air sʼannulent.

Ils sont donc rendus invisibles, tout au moins pour certaines longueurs dʼondes de notre domaine visible. Pour la cape, il faut attendre

Le prototype réalisé mesure environ 4 millimètres sur 4. On est donc encore loin de la cape d'invisibilité qui a fait rêver de nombreuses générations dʼenfants, et qui passionne aujourdʼhui les militaires. Cependant, l'étude a montré que des «matériaux dʻinvisibilité» fonctionnent et peuvent être utilisés pour des applications réelles. Une nouvelle prouesse des nanotechnologies qui ont réussi à contrôler la lumière à un niveau encore impensable il y a seulement quelques années. Liberté 62 n°898 - Le 29 Janvier 2010


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