Revue FOI - Hors Série - Vivre de l'Esprit Aujourd'hui

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Hors-série décembre 2005 • 6,50

FO

Hors-serie

FRATERNITÉ ŒCUMÉNIQUE INTERNATIONALE

Vivre de l'Esprit aujourd’hui

Cheminement des 7 Semaines


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Encarté dans ce numéro, un CD audio de Olivier Clément : Théologie du Saint-Esprit pour les abonnés de FOi, formule complète.

Vivre de l'Esprit aujourd’hui Éditorial

CHANGEMENT DE CAP Un dériveur léger ou un petit voilier mettent peu de temps pour virer de bord ; pour un paquebot, il faut plus de temps et parfois une bonne centaine de mètres ou plus pour changer de cap. La barque de Pierre comme aiment dire certains, l’église Catholique, est un grand paquebot et nous commençons à mesurer les effets de ce grand virage que fut le Concile Vatican II. En 1998 Jean Paul II eut l’heureuse initiative de rassembler à Rome les fondateurs de plusieurs communautés nouvelles. Il y avait un grand nombre d’invités et je me souviens très bien de la conférence d’un certain Cardinal Ratzinger. J’ai filmé toute sa conférence que je résumerai par cette phrase si pertinente : “Les Movimenti (les communautés nouvelles) ne sont pas des mouvements dans l’Église mais l’Église en mouvement !”. Dans son rapide historique de l’Église, le futur Pape soulignait le dynamisme et l’importance des mouvements communautaires dans l’Église. Ces mouvements ne sont pas marginaux ou extérieurs, ils sont la manifestation concrète du souffle de l’Esprit au cœur même de l’Église. Dans ce numéro hors série de F.O.I qui reprend les enseignements devenus classiques des “Sept semaines de préparation à l’effusion de l’Esprit” nous sentons que l’Esprit Saint, tranquillement, doucement, opère un grand changement dans l’Église… Pour ce grand paquebot, c’est vraiment un changement de cap. Il n’y a pas si longtemps lorsqu’une mère de famille désirait vivre le radicalisme de la vie évangélique, il fallait, par exemple la mort de son mari pour répondre enfin à son appel. Ainsi Émilie d’Hooghvorst, heureuse épouse pendant dix ans et mère de quatre enfants, peut fonder une congrégation religieuse (les Sœurs de Marie Réparatrice) après la mort de son mari Victor.

LAURENT FABRE

On était trop habitué dans l’Église Catholique à réserver le radicalisme à la suite du Christ, aux seuls privilégiés de la grâce : les religieux et religieuses, célibataires consacrés. Heureusement, les temps changent et, conformément à la première communauté chrétienne, les différents états de vie sont davantage représentés

Dans cette rencontre à Rome, la plupart de ces communautés nouvelles rassemblaient des hommes et des femmes célibataires (ce qui n’est pas nouveau) mais aussi des couples, des familles (ce qui semble plus nouveau). On était trop habitué dans l’Église Catholique à réserver les “conseils évangéliques”, le radicalisme à la suite du Christ, aux seuls privilégiés de la grâce : les religieux et religieuses, célibataires consacrés. Heureusement, les temps changent et, conformément à la première communauté chrétienne, celle du temps de Jésus, où il y avait les célibataires comme Jean mais aussi les personnes mariées comme Pierre, les différents états de vie sont davantage représentés : C’est tout un peuple qui se met en route ! De même que Jésus dans l’Évangile de Luc 14, 25-33 ose dire à “des foules nombreuses”, et non pas seulement au petit nombre des 12 :” Ainsi donc, quiconque parmi vous ne renonce pas à tous ses biens ne peut être mon disciple”. Et voilà pourquoi, de manière fort prophétique, ce dimanche de Pentecôte 1998 devant environ quatre cent mille membres des communautés nouvelles, répartis sur la place St Pierre, les rues environnantes et la via della Conciliazione, Jean Paul II pouvait dire : “J’ai devant les yeux les chrétiens du troisième millénaire”. L’Esprit souffle où Il veut mais Il sait bien ce qu’Il veut. Cette prochaine Pentecôte 2006, huit ans après, le Cardinal Ratzinger, devenu Benoît XVI nous rassemble à nouveau : c’est sans doute pour dire d’avancer au large ! ? ■

◗ Hors-série N°2 ◗ FOI ◗

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Vivre de l'Esprit aujourd’hui Cheminement des 7 Semaines

H o r s - se r i e

❱❱

Dieu est amour

8 Notre Dieu est amour 10 L’Esprit Saint dans la Trinité 12 14 15 16

Le secret du bonheur Dieu est venu me séduire L’expérience de Dieu Prier la Parole

Jean-Hubert Thieffry Enseignement des 7 semaines Michel Rondet Connaître le Saint-Esprit Cardinal Mercier Méditation Marie-Thérèse Subtil Témoignage Georgette Blaquière Connaître le Saint-Esprit

❱❱ Dieu vient à notre rencontre en Jésus-Christ

20 Rencontrer Jésus Christ aujourd’hui 24 L’Esprit Saint et la Parole de Dieu 28 Le groupe de prière, école de vie 30 Prier la Parole

Accueillir la Miséricorde 37 Le pardon de Dieu 40 J’ai découvert le pardon 41 Aime-moi tel que tu es 42 Prier la Parole

2

Pieter Leroux Enseignement des 7 semaines Thomas Roberts Connaître le Saint-Esprit Jacqueline Coutellier Spécial groupe de prière

❱❱ 34 Accueillir Jésus comme mon sauveur

1

Hasso Beyer Thomas Roberts Patricia Inconnu

Enseignement des 7 semaines Connaître le Saint-Esprit Témoignage Méditation

❱❱ Viens, suis-moi ! 46 L’affaire de toute une vie Dany Hévin 50 Le témoignage intérieur du saint-Esprit Pierre Widmer 52 La grâce à bon marché Dietrich Bonhoeffer 54 Prier la Parole

3 4

Enseignement des 7 semaines Connaître le Saint-Esprit Méditation

❱❱ Renaître par l’Esprit-Saint 58 Baptême dans l’Esprit et vie chrétienne Olivier Turbat 62 Le baptême dans l’Esprit Saint Raniero Cantalamessa 67 Combien plus… Saint Syméon 68 Comment prier pour le BES Laurent Fabre 70 Prier la Parole Croître dans l’Esprit-Saint 74 Les fruits du Baptême dans l’Esprit Vincent Le Callennec 76 Accueillir les charismes Alain Beucher 80 Le discernement des esprits Joseph-Marie Verlinde 82 Prier la Parole Devenir Témoin du Christ 86 l’Esprit Saint vivant au quotidien Laurence De Crouy 90 Proposer les 7 semaines en paroisse Pierre Chieux 92 Prier la Parole 94 Bibliographie

5

Enseignement des 7 semaines Connaître le Saint-Esprit Méditation

6

Spécial groupe de prière

❱❱

Enseignement des 7 semaines Enseignement des 7 semaines

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Connaître le Saint-Esprit

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Enseignement des 7 semaines Connaître le Saint-Esprit

Hors-Série N°4 • Sommaire


DR


❱❱

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Dieu est amour P

arce que beaucoup de groupes de prière nous l’ont demandé, nous avons voulu, dans ce hors-série Vivre dans l’Esprit Saint, proposer un cheminement des “7 Semaines”, semaine par semaine, utilisable aisément dans les groupes de prière, avec un enseignement des 7 Semaines, une ou deux méditations et témoignages et les textes de la Parole de Dieu à prier quotidiennement. Parallèlement à cette démarche, il nous a semblé bon de fortifier notre intimité avec l’Esprit Saint en approfondissant la connaissance que nous avons de Lui. C’est pourquoi, à chaque étape, outre la démarche qui intéresse directement le cheminement des 7 Semaines, vous trouverez une rubrique “Connaître l’Esprit Saint” où nous proposons des textes fondamentaux dont certains sont des articles ayant été publiés dans la revue Tychique. Nous espérons ainsi que ce numéro sera, pour chaque lecteur, au service de la vie nouvelle en Christ. Pour cette première étape, le père Thieffry nous propose l’enseignement “Dieu est amour”, tandis que l’article du Père Rondet nous replace dans le mystère trinitaire de Dieu, Père, Fils et Esprit Saint. Le témoignage de Marie-Thérèse Subtil nous rappelle que l’Amour de Dieu ne demande qu’à se révéler explicitement pour nous conduire vers la plénitude de la joie. Un fondement précieux nous est donné par Georgette Blaquière, s’appuyant sur le témoignage de Pascal pour nous donner quelques traits caractéristiques d’une expérience spirituelle authentique. ■

8

Notre Dieu est amour Jean-Hubert Thieffry

10

L’Esprit Saint dans la Trinité

12

Le secret du bonheur

14

Dieu est venu me séduire

15

L’expérience de Dieu

16

Prier la Parole

Michel Rondet

Cardinal Mercier

Marie-Thérèse Subtil

Georgette Blaquière


❱❱

Dieu est amour Enseignement des 7 semaines

Notre Dieu est amour Le père Jean-Hubert Thieffry propose dans cet enseignement des 7 semaines le fondement sur lequel tout repose : l’amour inconditionnel du Dieu créateur pour sa créature, tel qu’il se révèle dans la Bible. Dieu est amour Être aimés et aimer font partie de nos besoins primordiaux. Les religions, antiques ou modernes, mettent en œuvre les moyens d’accéder à et d’attirer la bienveillance de divinités, capables de répondre aux besoins fondamentaux de l’homme et à ses inquiétudes. Or à travers la personne et la vie de Jésus de Nazareth, il apparaît que c’est Dieu lui-même qui est en quête du cœur de l’homme, qui a soif d’une relation particulière avec chacun, au point d’assumer notre nature pour nous rencontrer. Mais il nous est difficile, à partir de notre expérience humaine, d’avoir une conception juste de l’amour de Dieu. Notre amour est souvent un attachement à une personne par attrait pour ses qualités, ou pour ce qu’elle peut nous offrir. L’amour de Dieu, au contraire, est don total, désir gratuit d’entrer en relation. Il est toutefois proche de ce que peuvent expérimenter les couples en attente d’enfant, qui éprouvent de l’amour pour l’enfant qui n’est pas encore conçu ! Dans l’Épître aux Éphésiens, St Paul affirme que Dieu nous a prédestinés dans son amour à être ses enfants d’adoption par Jésus Christ ! St Paul nous indique le chemin pour entrer dans cette relation filiale : « Que le Christ habite en vos cœurs par la foi, et que vous soyez enracinés, fondés dans l’amour. Ainsi vous recevrez la force de comprendre avec tous les saints, ce qu’est la Largeur, la Hauteur et la Profondeur, vous connaîtrez l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance et vous entrerez par votre plénitude dans toute la Plénitude de Dieu. » (Ep 3,17-19) Pour nous manifester son amour, Dieu s’est révélé

8 ◗ FOI ◗ Hors-série N°4 ◗

progressivement dans l’histoire : par la Création, par des expériences de salut du peuple d’Israël, par la parole des prophètes, enfin par la venue du Christ et le don de son Esprit Saint. Cette révélation a été transcrite dans la Bible, dans l’Ancien et le Nouveau Testament.

La Révélation de l’Ancien Testament Dieu est pluriel ; il est relation en lui-même. Il se suffit mais, par amour, il a voulu créer l’univers et l’homme entrer en relation et se communiquer lui-même. C’est une décision libre et gratuite qui ne répond à aucun besoin sinon celui de partager son amour. « Faisons l’homme à notre image comme à notre ressemblance ». (Gn 1,1-2,26)

Pour exprimer plus explicitement son amour à tous les hommes, Dieu a commencé par se révéler à un homme, Abraham, puis à sa descendance qui forme un peuple, Israël : « Dieu dit à Abram : Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père pour le pays que je t’indiquerai. Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton nom, sois une bénédiction ! Je bénirai ceux qui te béniront, je réprouverai ceux qui te maudiront. Par toi se béniront tous les clans de la terre. » (Gn 12,1-3) Abraham a eu foi en cette voix. Ainsi, il est devenu le Père des croyants. Grâce à cette foi, Dieu a pu entrer dans une relation d’alliance avec Abraham, puis avec Israël. Puis Dieu s’est révélé compassion. Il a été touché en lui-même par la situation d’esclavage du peuple d’Israël en Égypte « Dieu entendit leur gémissement ; Dieu se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Dieu vit les Israélites et Dieu connut (leur situation) ». (Ex 2,24-25) Dieu a suscité un libérateur, Moïse « Maintenant va ! Je t’envoie auprès de Pharaon, fais sortir d’Égypte mon peuple, les Israélites » et guide son peuple jusqu’à la Terre Promise, opérant des prodiges en sa faveur. (Ex 3, 10)

Au cours de la traversée du désert le Seigneur a manifesté son amour maternel : « Et moi j’avais appris à marcher à Éphraïm (Israël), je le prenais par les bras et ils n’ont pas compris que je prenais soin d’eux ! Je les menais avec des attaches humaines, avec des liens d’amour : J’étais pour eux comme ceux qui soulèvent un nourrisson tout


contre leur joue, je m’inclinais vers lui et le faisais manger. » (Os 11,3-4) Israël découvrit aussi en Dieu un amour paternel : « comme un père a compassion de ses enfants, l’Éternel a compassion de ceux qui le craignent. » (Ps 103,13) Puis à l’époque où les rois d’Israël s’étaient détournés de l’alliance avec le Dieu de leurs Pères, le Seigneur, par le prophète Isaïe se révéla habité par un amour semblable à celui d’un époux. « On ne te dira plus délaissée et de ta terre, on ne dira plus : Désolation. Mais on t’appellera “Mon-plaisir-est-en-elle” et ta terre “Épousée”. Car Yahvé trouvera en toi son plaisir et ta terre sera épousée. Comme un jeune homme épousera en toi son plaisir, et ta terre sera épousée. » (Is 62,4-5). Lors de l’épreuve de l’exil à Babylone, le peuple d’Israël fut ébranlé dans ses fondements. Par le prophète Isaïe Dieu manifesta sa fidélité : « Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles ? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas. » (Is 49,15) L’amour de Dieu est l’amour qui s’est manifesté plus explicitement en Jésus : « Après avoir à maintes reprises et sous maintes formes parlé jadis aux pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par son Fils. » (He 1, 1)

Que nous dit Jésus ? Jésus, en s’incarnant, est l’envoyé du Père par amour : « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui (…) ait la vie éternelle. » (Jn 3,16) Il nous révèle le vrai visage de Notre

Père plein de tendresse et de miséricorde : « Tandis qu’il était encore loin, son père l’aperçut et fut pris de pitié ; il courut se jeter à son cou et l’embrassa tendrement. » (Lc 15, 20)

Attentif aux besoins de chacun de ses enfants : « Demandez et l’on vous donnera… Si donc vous qui êtes mauvais vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui l’en prient. » (Lc 11,9-13) et aussi « Or votre Père céleste sait que vous avez besoin de tout cela. Cherchez d’abord son Royaume et sa Justice et tout cela vous sera donné par surcroît. » (Mt 6,32-33) Espérant inlassablement une réponse de chacun à son amour : « Celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; et je l’aimerai et je me manifesterai à lui. » (Jn 14,21) En Christ se réalise le dessein du Père de nous unir à Lui. Jésus est à la fois le chemin du Père vers nous mais aussi le chemin qui nous conduit au Père ! En Jésus c’est Dieu qui se donne lui-même et fait de nous ses autres enfants. Dans son Fils Jésus en envoyant l’Esprit, il nous rend capables d’accueillir son amour et d’en vivre. Il fait de nous ses enfants d’adoption : « Et l’espérance ne déçoit point, parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous fut donné » (Rm 5,5). Toujours par l’action de l’Esprit Saint, l’amour de Dieu agit aujourd’hui au milieu de nous par sa Parole, par les sacrements et par la fraternité possible. Nous devenons ses frères, le Peuple de Dieu, le Corps du Christ et les témoins de la Bonne Nouvelle. ■

J’étais pour eux comme ceux qui soulèvent un nourrisson tout contre leur joue, je m’inclinais vers lui et le faisais manger

◗ Hors-série N°4 ◗ FOI ◗

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❱❱

Dieu est amour Connaître le Saint-Esprit

L’Esprit Saint dans la Trinité Dans ce bel article écrit pour Tychique, le père Michel Rondet scrute les profondeurs de Dieu pour nous aider à découvrir Celui que nous nommons “la troisième Personne de la Trinité”. Qui est le Saint-Esprit ? La réflexion chrétienne s’est posé cette question, bien avant de pouvoir répondre : la troisième personne de la Trinité. Ce qui, au premier abord, avouons-le, ne nous éclaire pas beaucoup. Pourtant, c’est bien ce que nous confessons quand, dans nos professions de foi, nous affirmons croire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, les unissant dans une même adoration et une même gloire !

Au côté du père et du fils Souffle, vent, feu, chaleur, source… L’Esprit se réfère toujours à une origine et à un terme, mystérieux et insaisissables, mais réels. C’est dire par là que, si nous ne le connaissons qu’à travers ses effets, nous ne pouvons aussi le définir qu’en relation avec ce dont il procède et ce vers quoi il va. Scrutant les Évangiles la théologie chrétienne dira : il procède du Père et il repose sur le Fils ; il remonte du Fils vers le Père, entraînant avec lui tous ceux pour qui le Fils a donné sa vie. Il est l’amour saint et désintéressé dont le Père est la source. Il est la tendresse du Père pour tout ce qui naît de lui. À ce titre, c’est dans le Fils d’abord qu’il demeure, suscitant en lui l’action de grâces éternelle pour le don reçu du Père. C’est bien ainsi que les Évangiles le présentent dans la scène du baptême et tout au long de la vie publique de Jésus. Il est l’Esprit qui guide le Fils, l’inspire en tout ce qu’il dit et fait, si bien que l’on peut dire de lui qu’il est l’Esprit de Jésus Il est aussi l’Esprit que Jésus va remettre au Père dans sa Passion, lorsque tout aura été accompli (Jn 19,30). Il préside donc à l’attitude “eucharistique” qui est celle du Fils dans sa vie et dans sa mort, offrant au Père tout ce qu’il est et jusqu’à l’Esprit qui l’anime.

10 ◗ FOI ◗ Hors-série N°4 ◗

Il est entre le Père et le Fils cet échange continuel de don et de reconnaissance qui constitue leur amour mutuel. Entre eux, il y a un amour sans mesure, fort et éternel qui les lie l’un à l’autre d’un lien indestructible. Les Pères de l’Église ne craignaient pas de dire de l’Esprit qu’il est le baiser qui unit le Père et le Fils. (…) Inséparable du Père et du Fils sans lesquels il n’existerait pas, l’Esprit a cependant sa vie propre. Il est celui qui est en même temps aimé par le Père et le Fils. Il arrache leur relation à la stérilité du jeu de miroir où chacun se contemple dans l’autre et l’ouvre à l’altérité… Là où il pourrait y avoir complaisance réciproque dans le dialogue éternel de l’origine et de l’image, il introduit une ouverture. Parce qu’il est co-aimé du Père et du Fils, il ouvre leur amour sur l’infini du don. Aussi l’Esprit sera-t-il le don parfait du Père et du Fils, la communication de leur amour vivifiant. La prière chrétienne du Veni Creator aimera lui donner ce nom : Altissimi donum Dei. Le Fils, en se liant par l’Incarnation au monde né de l’amour du Père, va entraîner au cœur de la création l’Esprit qui demeure en lui. Dans sa Passion, il le remettra au Père pour qu’il puisse, en son nom, le remettre à ses frères : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20, 22). L’Église, dès l’origine, avait pris l’habitude de prier le Père, par une même adoration et une même gloire. Lorsqu’elle a réfléchi sur la relation qui unissait en un seul et unique Dieu le Père et le Fils, elle n’a pas pu ne pas évoquer aussi l’Esprit. Elle se serait cru infidèle à l’Écriture, en particulier à l’Évangile, si elle n’avait dit de l’Esprit ce qu’elle disait du Fils. À savoir qu’il était, lui aussi, Dieu de Dieu, lumière de la lumière, de même nature que le Père… et qu’il devait être, avec le Père et le Fils, confessé et adoré.

Dans une communion parfaite Mais en affirmant la parfaite égalité du Père, du Fils et de l’Esprit, en leur accordant à tous les trois la même adoration, l’Église ne renonçait-elle pas à ce qui avait été l’essentiel de la foi d’Israël : l’affirmation d’un Dieu unique ? Les chrétiens dès les premières générations ne se sont pas posé la question, tant il était évident pour eux que le Père, le Fils et l’Esprit ne faisaient


L’Esprit est entre le Père et le Fils cet échange continuel de don et de reconnaissance qui constitue leur amour mutuel qu’un, qu’ils étaient inséparables l’un de l’autre et qu’il était impossible d’aller au Père sans passer par le Fils et sans vivre de l’Esprit. Mais devant les questions des juifs et des païens, qui les accusaient de trithéisme, il leur a bien fallu tenter de trouver des réponses. La simple confession de foi en un Dieu un dans son essence et trine dans sa révélation ne suffisait plus. Il aurait été simple de dire que Père, Fils et Esprit n’étaient que trois noms employés tour à tour pour désigner la même réalité. Mais c’était là dépersonnaliser le message évangélique et vider de toute réalité le rôle du Fils et de l’Esprit dans notre salut. Il fallait donc tenir la distinction sans rompre l’unité. Ce n’est pas le Père qui s’est incarné et pourtant il est présent à tout ce que fait le Fils et réciproquement. Les théologiens chrétiens, après bien des hésitations, ont finalement retenu le mot personne pour traduire cette réalité que, dans la Bible, il y a trois voix qui pouvaient parler au nom de Dieu. Ils ont immédiatement précisé que ces trois Personnes n’étaient pas trois sujets indépendants et autonomes, mais qu’elles n’existaient qu’en relation l’une avec l’autre : la relation faisant partie de leur être essentiel.

d’être… Communion dans la même origine : le Père, dira la théologie orientale, pour souligner la place du Père dans la Trinité. Au-delà des différences d’accent, l’important reste ce mot communion et tout ce qu’il évoque entre des personnes : dialogue, échange, partage, amour… C’est sous ce visage qu’il faut concevoir l’unité du Dieu de la Révélation chrétienne, pas un Dieu un, monolithique, mais un Dieu uni, relationnel. Ceci souligne bien ce qui différencie le monothéisme chrétien du monothéisme musulman par exemple.

Pour exprimer leur unité sans gommer leur distinction, c’est le mot communion qui a été retenu. Communion dans une même essence divine, dira la théologie occidentale, pour bien souligner qu’entre ces trois personnes, il y a une unité de pensée, d’action,

Article initialement paru dans Tychique n° 123

L’unité, dans une perspective chrétienne, c’est la communion et sa perfection est celle du dialogue, de l’échange et du partage. Ce n’est pas sans conséquence pour nous qui sommes créés à l’image de ce Dieucommunion. La véritable image de Dieu en notre monde, ce n’est pas le saint, mais la communion des saints. Quand nous disons « Dieu est amour », nous n’affirmons pas seulement qu’il est infiniment bon, nous témoignons qu’il est, en lui-même, dialogue, échange, partage, nous confessons que son unité est communion. L’Esprit, qui est le lien d’amour, nous a introduits au cœur de la Trinité. ■

◗ Hors-série N°4 ◗ FOI ◗

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Monastère Sant Apollinare, Italie

12 ◗ FOI ◗ Hors-série N°4 ◗


Le Secret du Bonheur Je vais vous révéler un secret de sainteté et de bonheur : si tous les jours, pendant cinq minutes, vous savez faire taire votre imagination, fermer vos yeux aux choses sensibles et vos oreilles à tous les bruits de la terre, pour rentrer en vous-mêmes, et là, dans le sanctuaire de votre âme de baptisé, qui est le temple du Saint-Esprit, vous parlez à ce divin Esprit lui disant : - “Ô Esprit Saint, âme de mon âme, je vous adore, éclairez-moi, guidez-moi, fortifiez-moi, consolez-moi. Dites-moi ce que je dois faire, donnez-moi vos ordres. Je vous promets de me soumettre à tout ce que vous désirez de moi et d’accepter tout ce que vous permettrez qu’il m’arrive, faites-moi seulement connaître votre volonté !” Si vous faites cela votre vie s’écoulera heureuse, sereine et consolée, même au milieu des peines, car la grâce sera proportionnée à l’épreuve, vous donnant la force de la porter, et vous arriverez à la porte du Paradis chargés de mérites. Cette soumission intérieure au Saint-Esprit est le secret de la sainteté.

Card. Mercier


❱❱

Dieu est amour Témoignage

Dieu est venu me séduire Marie-Thérèse Subtil, membre de la Communauté du Chemin Neuf, nous partage sa découverte, toute jeune fille, de l’amour de Dieu pour elle, pierre d’angle de toute sa vie. L’amour de Dieu ! Pendant très longtemps, je l’ai reçu à travers l’amour des autres. L’amour de mes parents, de ma nombreuse famille, de mes amis, de tout mon entourage mais aussi à travers l’amour de G. dont j’étais moi-même très amoureuse ; ensemble, nous projetions de fonder une famille. Cet amour humain me suffisait – du moins je le croyais – mais je sais aujourd’hui qu’à travers l’amour des autres, c’était déjà l’amour de Dieu que je recevais. J’aimais la vie et j’y mordais à pleines dents.

pé une diphtérie. À l’époque, on ne connaissait pas les antibiotiques, c’était une maladie très grave et qui exigeait un isolement complet pendant 40 jours. Temps d’arrêt dans ma vie trépidante où le Seigneur est venu me visiter. Parmi les livres destinés à être brûlés (à cause de la mise en quarantaine) que j’eus entre les mains, se trouvait un gros livre intitulé La Vie des Saints. En le parcourant, je découvrais la relation intime de ces hommes et de ces femmes avec Dieu. Un poème dédié

À l’âge de 19 ans, j’ai attra-

Aujourd’hui, je puis dire que l’amour de Dieu ne m’a pas quittée.

Marie-Thérèse à son bureau à F.O.I

14 ◗ FOI ◗ Hors-série N°4 ◗


L’expérience de Dieu Lors d’une table ronde autour du Baptême dans l’Esprit Saint, organisée en 1994 par la Communauté du Chemin Neuf et le journal La Croix, Georgette Blaquière est intervenue spontanément pour rappeler ce qu’est une expérience spirituelle authentique aux yeux de l’Église.

à Thérèse d’Avila et qui retraçait sa vie me bouleversa intérieurement. Un voile se déchirait, me dévoilant une face de Dieu que je ne connaissais pas. Un Dieu amoureux de sa créature jusqu’à la séduire. L’histoire de cette vocation me rendit perceptible à mon propre appel. Appel qui était déjà comme un murmure au fond de moi. Un long cheminement se traçait devant moi : de purifications, de maturité spirituelle, de renoncement et de combats ; car pour répondre à cet appel au célibat consacré il me fallait renoncer à mes projets, à l’amour de G. Durant ce temps de maladie, la lecture des textes d’Isaïe, d’Osée, du Cantique des Cantiques ainsi que l’écoute du Seigneur dans mon cœur était de véritables “rendezvous d’amour”, et petit à petit, je me laissais séduire. Trois mots m’habitaient aussi : “si tu veux”, qui me montraient la délicatesse de Dieu qui, malgré sa séduction, me laissait libre. C’est dans une grande liberté, en même temps qu’habitée d’une joie profonde que je répondis oui à cet appel. Plus tard, au cours d’une projection du “Fils Prodigue de Rembrandt”, je pris conscience de l’amour de Dieu qui est joie, qui est miséricorde, qui n’écrase pas mais qui relève, qui pardonne, qui se réjouit. Ce fut en un instant comme une immersion dans l’océan de l’amour de Dieu, un nouveau baptême dans l’Esprit Saint. Aujourd’hui, je puis dire que l’amour de Dieu ne m’a pas quittée. Il m’a soutenue dans de nombreuses et dures épreuves, il m’a gardée dans la fidélité à mon appel, il m’a remplie de paix et de joie intérieure, il me donne de pouvoir chaque jour lui rendre grâce et de croire que cet amour sera éternel car, comme le chante la Bienaimée du Cantique : « L’amour est fort comme la mort… Ses traits sont des traits de feu, une flamme de Yahvé. Les grandes eaux ne pourraient éteindre l’amour ni les fleuves le submerger. » ■

L’expérience de Dieu est à la fois quelque chose de difficile à décrire et en même temps profond. D’abord, cette expérience est commune, quel que soit l’endroit d’où l’on parle. Je lis par exemple ce texte : “L’an de grâce 1654, lundi 23 novembre, au jour de saint Clément… Depuis environ dix heures et demi du soir jusqu’à environ minuit et demi. FEU Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, non pas Dieu des philosophes et des savants. Certitude. Certitude. Sentiments. Joie, Paix. Dieu de Jésus-Christ. Deum meum et Deum vestrum. Ton Dieu sera mon Dieu. Oubli du monde et de tout hormis Dieu. Il ne se trouve que par les voies enseignées dans l’Évangile. Grandeur de l’âme humaine. Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu. Joie, Joie, Joie, pleurs de joie. Je m’en suis séparé. Dereliquerunt me fontem aquae vivae. Mon Dieu, me quitterez-vous ? Que je n’en sois pas séparé éternellement. C’est la vie éternelle qu’ils te connaissent, seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. Jésus-Christ. Jésus-Christ. Je m’en suis séparé. Je l’ai fui, renoncé, crucifié. Que je n’en sois jamais séparé ! Il ne se conserve que par les voies enseignées dans l’Évangile. Renonciation totale et douce. Soumission totale à Jésus-Christ et à mon directeur. Éternellement joie pour un jour d’exercice sur la terre. Non obliviscar sermones tuos. Amen.” Nous retrouvons dans cet écrit, trouvé dans l’habit de Pascal après sa mort, tout ce qui fait le fond d’une expérience profonde de baptême dans l’Esprit ou d’effusion de l’Esprit. Nous y trouvons le feu, la certitude, la joie, la paix. C’est par les fruits de l’Esprit que l’on saisit ce qu’est l’Esprit. Nous y trouvons la foi, la joie indicible dite trois fois. Nous y trouvons l’adhésion au Père, la connaissance du Père. Nous y trouvons la repentance, la douceur, l’onction, la perspective du Royaume à venir, éternellement en joie. Ce papier n’a pas vieilli, beaucoup parmi nous pourrait le signer tel que. Et s’il y a quelques malentendus, c’est parce que trop souvent, nous assimilons l’expérience de l’effusion de l’Esprit à un ébranlement de la sensibilité. Il me semble qu’il s’agit de tout à fait autre chose. Il s’agit d’être touché dans le lieu du cœur comme le disent nos frères orthodoxes. Bien sûr, la sensibilité peut être comme un instrument de musique, mais elle n’est pas la musique. La sensibilité peut être impliquée, mais elle peut aussi ne pas l’être. J’expérimente en moi qu’il y a un espace, quelque chose, un endroit quelque part en moi où je suis capable d’aimer Dieu, où je suis capable de savoir qui il est, de le rencontrer mystérieusement. C’est à ce niveau-là qu’il nous faut situer les choses. Bien sûr, on a toujours tendance à une réduction sensible, mais c’est bien au-delà. ■


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Dieu est amour Prier la Parole

Jour 1

Grâce à demander M’abandonner à la tendresse du Père

Isaïe 55, 1-3

O

vous tous qui êtes assoiffés, venez vers les eaux, même celui qui n’a pas d’argent, venez ! Demandez du grain, et mangez ; venez et buvez ! - sans argent, sans paiement - du vin et du lait. À quoi bon dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, votre labeur pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez donc, écoutez-moi, et mangez ce qui est bon ; que vous trouviez votre jouissance dans des mets savoureux : tendez l’oreille, venez vers moi, écoutez et vous vivrez. Je conclurai pour vous une alliance perpétuelle, oui, je maintiendrai les bienfaits de David.

Jour 2 Psaume 145, 13-21

T

on règne est un règne de tous les temps et ton empire dure à travers tous les âges. Dieu est véridique, fidèle en tous ses actes. Le SEIGNEUR est l’appui de tous ceux qui tombent, il redresse tous ceux qui fléchissent. Les yeux sur toi, ils espèrent tous, et tu leur donnes la nourriture en temps voulu ; tu ouvres ta main et tu rassasies tous les vivants que tu aimes. Le SEIGNEUR est juste dans toutes ses voies, fidèle en tous ses actes. Le SEIGNEUR est proche de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent vraiment. Il fait la volonté de ceux qui le craignent, il écoute leurs cris et les sauve. Le SEIGNEUR garde tous ses amis, mais il supprimera tous les infidèles. Ma bouche dira la louange du SEIGNEUR, et toute chair bénira son saint nom, à tout jamais !

rompu mon alliance ; mais moi, je reste le maître chez eux - oracle du SEIGNEUR. Voici donc l’alliance que je conclurai avec la communauté d’Israël après ces jours-là - oracle du SEIGNEUR : je déposerai mes directives au fond d’euxmêmes, les inscrivant dans leur être ; je deviendrai Dieu pour eux, et eux, ils deviendront un peuple pour moi. Ils ne s’instruiront plus entre compagnons, entre frères, répétant : “Apprenez à connaître le SEIGNEUR”, car ils me connaîtront tous, petits et grands - oracle du SEIGNEUR. Je pardonne leur crime ; leur faute, je n’en parle plus.

Jour 5 Jean 3,16

D

ieu, en effet, a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle.

Jour 6 ÉzÉchiel 34, 15-16

M

Jour 3

oi-même je ferai paître mon troupeau, moi-même le ferai coucher - oracle du Seigneur DIEU. La bête perdue, je la chercherai ; celle qui se sera écartée, je la ferai revenir ; celle qui aura une patte cassée, je lui ferai un bandage ; la malade, je la fortifierai. Mais la bête grasse, la bête forte, je la supprimerai ; je ferai paître mon troupeau selon le droit.

JÉrÉmie 29, 11-13

Jour 7

M

oi, je sais les projets que j’ai formés à votre sujet -oracle du SEIGNEUR -, projets de prospérité et non de malheur : je vais vous donner un avenir et une espérance. Vous m’invoquerez, vous ferez des pèlerinages, vous m’adresserez vos prières et moi, je vous exaucerai. Vous me rechercherez et vous me trouverez : vous me chercherez du fond de vous-mêmes.

Jour 4 JÉrÉmie 31, 31-34

D

es jours viennent - oracle du SEIGNEUR - où je conclurai avec la communauté d’Israël - et la communauté de Juda - une nouvelle alliance. Elle sera différente de l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères quand je les ai pris par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte. Eux, ils ont 16 ◗ FOI ◗ Hors-série N°4 ◗

Matthieu 6, 7-14

Q

uand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens ; ils s’imaginent que c’est à force de paroles qu’ils se feront exaucer. Ne leur ressemblez donc pas, car votre Père sait ce dont vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez. “Vous donc, priez ainsi : Notre Père qui es aux cieux, fais connaître à tous qui tu es, fais venir ton Règne, fais se réaliser ta volonté sur la terre à l’image du ciel. Donne-nous aujourd’hui le pain dont nous avons besoin, pardonne-nous nos torts envers toi, comme nous-mêmes nous avons pardonné à ceux qui avaient des torts envers nous, et ne nous conduis pas dans la tentation, mais délivre-nous du Tentateur.” En effet, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera à vous aussi.


Votre Père sait ce dont vous avez besoin !



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❱❱ Dieu vient à notre rencontre en Jésus-Christ P

our introduire à cette deuxième semaine, le Pasteur Pieter Leroux nous propose un enseignement invitant à croire et désirer rencontrer personnellement le Jésus le Christ, le Fils de Dieu qui vient vers chaque être humain. Une rencontre fondamentale qui peut “tout changer”, selon l’expression consacrée, car alors c’est la rencontre d’un Dieu vivant et agissant qui s’opère, un Dieu qui fait ce qu’il dit et dont la Parole se donne humblement dans le quotidien, comme en témoigne Marine de Vanssay. Nous avançons dans notre connaissance de l’Esprit Saint grâce à l’article du pasteur Thomas Roberts, repris d’un supplément Tychique qui lui est dédié, où Thomas Roberts met en évidence le lien essentiel qui unit l’Esprit Saint et la Parole de Dieu. Lire la Parole sous la motion de l’Esprit nous conduit à nous centrer sur le Christ, clef des Écritures. Jacqueline Coutellier nous rappelle quant à elle la pédagogie discrète de l’Esprit Saint au cœur du groupe de prière : jamais il ne s’impose mais toujours il nous conduit et nous éduque, discrètement pour ne pas dire gratuitement. ■

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Rencontrer Jésus Christ aujourd’hui

24

L’Esprit Saint et la Parole de Dieu Connaître le SaintEsprit

28

Le groupe de prière, école de vie dans l’Esprit

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Prier la Parole

Pieter Leroux

Thomas Roberts

Jacqueline Coutellier


❱❱

Dieu vient à notre rencontre Enseignement des 7 semaines

Rencontrer Jésus-Christ

aujourd’hui ! Rencontrer Jésus-Christ aujourd’hui, c’est possible ! Le pasteur Pieter Leroux nous rappelle quelques vérités fondamentales de notre foi : Dieu vient à notre rencontre en Jésus-Christ, son fils bien-aimé qui a livré sa vie pour nous. “Au Dieu inconnu… à qui j’ai consacré au plus profond du cœur des autels, que ta voix me rappelle sans cesse. Et que maintenant s’enflamme la Parole gravée : Au Dieu inconnu. Je lui appartiens, même si, à l’heure actuelle, je fais partie du clan des impies, je lui appartiens - et je sens au milieu de la lutte les collets qui me lient à Lui ; nonobstant mon désir de fuir, ils me forcent à le servir… Ô toi, l’inconcevable, à moi apparenté ! Je veux te connaître et te servir.” 1 N’est-il pas surprenant de lire ces quelques lignes de Nietzsche ? Quelle lucidité de sa part sur sa condition d’homme loin de Dieu ! Et pourtant il ose glisser cette confession, comme une espérance : “Je veux te connaître et te servir.” En quelques lignes, il a résumé ce que nombre de nos contemporains ressentent. Ils savent que Dieu existe, mais en même temps se sentent indignes de Dieu, indignes de sa pureté et tellement indignes de sa grandeur. Pour Nietzsche, comme pour nos semblables, il reste le Dieu inconnu. Ils veulent bien reconnaître son existence mais clament qu’il est “introuvable”. En plus de cette distance ressentie envers Dieu, il demeure “inconcevable”. C’est-à-dire, littéralement, nos concepts ne suffisent pas pour cerner ou même commencer à définir ce grand Dieu. C’est d’ailleurs écrit dans la Bible. Dieu l’affirme lui-même : « Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant

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mes voies sont élevées au-dessus de vos voies et mes pensées au-dessus de vos pensées. » (Es 55, 9)

Dès le commencement une relation brisée Dès le commencement de cette relation entre Dieu et les hommes, ce fossé est confirmé. Adam et Ève font le choix de renoncer à faire confiance au Dieu créateur. Et cela, malgré le contact direct qu’ils ont avec lui. Comme pour ce philosophe, le défi n’était pas tant l’existence de Dieu mais bien “la distance qui les sépare de Lui”. Adam et Ève pouvaient converser avec Dieu. Seulement, ils n’avaient pas encore appris à lui faire confiance. En décrivant Dieu comme inconnu et inconcevable, il est question de l’altérité de Dieu. Ce qu’il y a de plus difficile pour Adam et Ève, c’est bien que Dieu soit différent, profondément différent. Si on devait utiliser un terme commercial, on pourrait dire que Dieu est nouveau. Il était inévitable que l’homme doute de ce Dieu qui apporte une nouveauté intarissable. Je me souviens du lancement des POST-IT®, la marque 3M a failli tout laisser tomber car personne ne faisait confiance à cette nouvelle colle au dos qui se détachait


Me voici debout devant la porte : je frappe.

sans laisser de trace. Il a fallu distribuer des échantillons gratuits de ces feuillets autocollants à des milliers de “bureaucrates” pour qu’ils ne puissent plus s’en passer ! Il n’y a rien de plus difficile que d’accepter ce qui est nouveau. Tout simplement parce que cela nous dépasse. C’est donc une illusion de croire qu’il était plus facile pour Abraham, Marie, Pierre et Marthe de croire en Dieu. Nous sommes tous sur un pied d’égalité face au défi de la foi en Dieu. Et ce défi n’est pas tant de répondre à la question : est-ce que Dieu existe ? Mais plutôt : puis-je lui faire confiance et le rencontrer ? Est-ce que je peux développer une relation durable et bienfaisante avec mon Créateur ? Car en fait, peu de personnes osent affirmer que Dieu n’existe pas ! Mais nombreux sont ceux qui se demandent s’il est possible de le rencontrer . Nous avons évoqué qu’il y a une distance entre Dieu et nous. Dieu a osé créer des êtres vivants différents de lui. Il accepte dès lors une certaine autonomie… au risque de nous perdre. C’est la différence entre fusionner et aimer. Car aimer c’est accepter la différence, c’est laisser de l’espace à l’autre. Nous voilà plongés dans une aventure qui peut vraiment mal tourner. C’est la porte ouverte aux erreurs que nous commettons tous et qui ont malheureusement des conséquences négatives sur nous-mêmes et notre entourage. Mais Dieu accepte

de prendre ce risque. Ceci étant dit, la Bible est remplie de promesses et d’espérance à notre égard. S’il a fait un tel miracle pour nous remettre un document qui retrace un résumé de l’histoire de cette rencontre  entre Dieu et les hommes c’est pour nous montrer qu’il travaille et qu’il n’a jamais cessé d’œuvrer pour permettre à sa Création de se réconcilier avec Lui. Depuis le début, il reconstruit la relation… La définition la plus simple du mot “péché” est précisément faire quelque chose qui m’éloigne de Dieu. Ce n’est pas Lui qui nous a quittés ! Nous avons hérité d’une relation brisée. C’est une notion difficile à comprendre dans une société qui promeut l’individualisme et la réussite personnelle.

Que faut-il alors pour restaurer cette relation avec Dieu ? Jésus-Christ est bien la solution à la requête : “je veux te connaître et te servir”… bien qu’apparemment “inconnu” et “inconcevable”. Jésus-Christ, Dieu parmi les hommes, offre le plus beau cadeau qui puisse être fait à l’humanité. Il devient le “concept” vivant qui nous permettra de concevoir Dieu sans porter atteinte ◗ Hors-série N°4 ◗ FOI ◗

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❱❱

Dieu vient à notre rencontre Enseignement des 7 semaines à sa grandeur. Il est celui qui va nous permettre de dire que Dieu n’est plus un inconnu mais plutôt une de mes connaissances, un proche. C’est pourquoi il est écrit : « Jésus-Christ a brisé le mur de la haine, il a vaincu la mort… par le sang de sa croix. » (Ep 2,16) Le sacrifice de sa vie offerte, met fin à toutes nos rébellions, Lui qui était innocent a accepté d’être l’objet de toute notre violence afin d’y mettre fin. Ce sacrifice fait de Jésus l’unique sauveur du monde. Il a fallu que Dieu lui-même se livre. « Oui, Dieu a tant aimé les hommes qu’il a donné son Fils, son unique, pour qu’aucun de ceux qui se confient en lui ne soit perdu mais que chacun accède à la vie éternelle. En effet, Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner les hommes mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (Jn 3, 16-17) Ce que Dieu a fait pour nous, personne n’aurait pu le faire sinon Lui. Il fallait quelqu’un d’innocent et pur pour que notre faute soit effacée. Il n’y a que la personne de Jésus-Christ qui puisse donner sens à l’existence de Dieu. Comment concevoir ne serait-ce qu’un instant, toute la souffrance qui est endurée à cet instant même dans le monde et l’existence d’un Dieu  juste ? Comment peut-il laisser les tremblements de terre, les tsunamis, la faim ravager la Création et un jour décréter que c’est maintenant le paradis ?

Il n’y a, à mon avis, qu’une seule réponse à cette question quand on croit au Dieu tout-puissant Être loin de Dieu a de graves conséquences sur une vie et il n’a pas fallu un jour de moins que chaque jour écoulé pour préparer l’humanité à recevoir la nouveauté de Jésus-Christ ! Ce que Jésus-Christ apporte est si radicalement nouveau qu’il a fallu ce temps de préparation et de maturation qui respecte notre liberté. C’est Jésus-Christ qui donne sens même au temps qui s’écoule, au travail que nous produisons. Sinon, tout cela est tout simplement scandaleux. Dieu tolère les scandales qui se produisent autour de nous seulement dans la perspective d’éviter un plus grand scandale encore, celui que serait l’anéantissement complet de sa Création. Jésus est l’acteur-clé dans un monde rempli d’injustice. Car de sa vie de juste, il va payer le prix pour restaurer la justice. Il rachète de sa vie le droit à la paix. « Lui de condition divine ne retient pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu… C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé et lui a conféré le nom qui est au-dessus de tout nom afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux sur la terre et sous la terre » (Ph 2) Il a fallu tout l’ancien testament, pour que Jésus soit

Rencontrer Jésus, c’est se trouver en sa présence sans l’avoir voulu, faire sa connaissance et être en relation.

22 ◗ FOI ◗ Hors-série N°4 ◗


Les 7 semaines : une porte ouverte sur un Trésor, la Parole reconnu au moment de sa venue ! Il a fallu chaque jour écoulé pour que je puisse entendre ce message d’espérance ici et maintenant. C’est toute l’intervention de Dieu qui va rendre possible ma rencontre avec le Dieu vivant. Le Petit Larousse  définit ainsi la rencontre : “Se trouver en présence de quelqu’un sans l’avoir voulu, faire la connaissance de quelqu’un, entrer en relation.” Et entrer en relation c’est l’action de relater ou raconter en détaillant les circonstances. La relation peut commencer après la rencontre. Appliquer à Jésus-Christ l’invitation est toute simple : Rencontrer Jésus c’est se trouver en sa présence sans l’avoir voulu, faire sa connaissance et entrer en relation. C’est-à-dire en relatant avec détail les circonstances de notre vie. Dieu me demande de lui raconter en détail qui je suis afin de s’assurer que c’est sans contrainte que je viens à lui. Entrer en relation avec Dieu c’est possible aujourd’hui. Plus d’un milliard de personnes l’attestent en des centaines de langues alors que s’ils devaient manger un repas tous ensemble, ils seraient parfaitement incapables de se mettre d’accord sur le contenu du menu ! Jésus se permet de dire : « Je suis LE chemin, LA vérité et LA vie (singulier), nul ne vient au Père que par moi. » (Jn 14, 6) Pour la simple raison, qu’il est le seul à porter toute la souffrance du monde. Il est l’unique personne à avoir vécu une vie irréprochable, pour que nous puissions le suivre et être irréprochable à notre tour. Jésus dit : « Me voici debout devant la porte : je frappe. Si quelqu’un est sensible à mon appel et s’il ouvre la porte, j’entrerai chez lui et nous dînerons en tête-à-tête : moi près de lui, et lui près de moi. » (Ap 3, 20)

Jésus nous rend l’accès au Père À cause du sacrifice de Jésus-Christ, non seulement nous comprenons Dieu mais en plus nos fautes ne peuvent plus nous empêcher de le rencontrer. Dieu peut à nouveau demeurer parmi nous par son Esprit Saint. Mais c’est Jésus qui a rendu cet accès possible. En Lui, Dieu est devenu “connu” et “concevable”. Tout comme je n’ai pas besoin d’avoir fait Sciences Politiques pour être ami avec un grand dirigeant de notre pays car la relation simplifie tout. De même Jésus Christ est devenu notre ami pour simplifier notre relation avec Dieu car il est Dieu. La Bible nous dit même que le Saint-Esprit est notre avocat et défenseur. Il suffit de commencer à lui parler et de lui ouvrir la porte de notre cœur car il n’a pas l’intention d’entrer par effraction ! Tout comme je prends mon téléphone et je peux assurer ma maison efficacement à partir de la seconde ou je dis “oui”. De la même manière je peux entrer en relation avec Dieu mon Créateur en un instant. Tout commence par un oui. Si mon assureur ne peut pas me forcer à

Née d'une famille catholique classique, je vivais ma foi par la pratique traditionnelle de la messe dominicale et de la récitation nocturne d'un ave et d'un pater… Jusqu'au jour où une amie m'invita à me conduire à un groupe de prière charismatique de la Communauté. Par amitié, j'acceptais sans rien en attendre… Lorsqu'on nous fit la proposition de vivre les 7 semaines, mon amie y adhéra et je fis de même. Ce fut mon premier contact personnel avec la Parole de Dieu. Une Parole qui s'offrait au quotidien, gratuitement. Cela fait maintenant dix ans que j'ai suivi ces 7 semaines et je constate qu'elles ont été un marchepied vers une rencontre avec la Miséricorde. Un chemin qui est loin d'être terminé et qui est l'un des seuls sur lequel je sache marcher sans trop m'en détourner. De fait, la Parole de vie m'offre aussi la fidélité, effet de la réciprocité du lien d'amour qui m'unit au Tout Autre. Marine de Vanssay

prendre une assurance, Dieu non plus. Le cours Alpha propose un exemple tout simple de prière d’acceptation de Jésus-Christ. C’est une sorte de déclaration de bonne volonté. Un engagement à rechercher le bien avec l’aide de Dieu. Mais c’est aussi accepter et par là reconnaître que sa mort et résurrection se sont produites pour que je n’aie pas à subir les conséquences de mes fautes. C’est Lui qui répare ce que je suis incapable de réparer. C’est le curé d’Ars qui disait : “… si j’étais triste j’irais confesser mes fautes…” Dieu veut la joie pour chacun de nous. Ce chemin nouveau peut commencer par une simple prière telle que celle-ci : “Père du Ciel, je regrette vraiment le mal que j’ai commis dans ma vie. (Prenez quelques instants pour demander qu’Il pardonne ce qui pèse particulièrement sur votre conscience.) Je t’en prie pardonne-moi. Je veux désormais renoncer à tout ce que je sais être mal. Merci d’avoir envoyé ton Fils Jésus qui est mort pour moi sur la croix afin que je sois pardonné et libéré. Désormais je veux Le suivre et Lui obéir car je le reconnais comme mon Seigneur. Merci de m’offrir maintenant le don de ton pardon et de ton Esprit. J’accueille ce don que tu me fais. Je t’en prie entre dans ma vie par ton Esprit Saint et reste sans cesse auprès de moi Par Jésus-Christ notre Seigneur, Amen.” Il existe bien des façons de dire cette prière. Ici les paroles sont toutes simples. Sans le vouloir, nous pourrions passer à côté de ce petit commencement. Et si c’était aussi simple de commencer avec Dieu une vie remplie de sa présence ! ■ 1 Frédéric Nietzsche, Dem unbekannten Gott, nach K. Löwith, Zeit-u. Unzeit-gemässes, Frankf. aM, 1956,240

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Dieu vient à notre rencontre Connaître le Saint-Esprit

l’Esprit Saint et

la Parole de Dieu Dans son style inimitable, le pasteur Thomas Roberts dévoile le lien fondamental qui unit l’Esprit Saint à la Parole, l’Esprit Saint et Jésus-Christ. La dialectique de l’Esprit et la Parole Sans l’Esprit Saint, la Bible ferait de nous des scribes et des pharisiens, et nous serions capables de crucifier l’Esprit Saint comme on a crucifié Jésus, la Bible sous le bras. Mais l’Esprit Saint sans la Bible ferait de nous des illuminés. Or, comme le disait délicieusement Karl Barth : “Un chrétien n’est pas un illuminé ; c’est un éclairé”. Alors, il faut que nous nous laissions éclairer par la Parole de Dieu ; mais il n’y a pas de doute pour nous, chrétiens de tous bords, que l’auteur de la Bible, c’est l’Esprit Saint. Si nous connaissons l’auteur, cela va rudement nous aider à comprendre sa Parole. Car s’il y a toujours le contexte du texte, il y a aussi le contexte de l’auteur. Quand on connaît l’auteur d’un texte, il y a toutes les chances d’être à même de mieux comprendre ce qu’il écrit. Je connais un prêtre, et théologien, qui me disait : “Après le baptême du SaintEsprit, je n’ai rien lu d’autre, pendant trois mois, que la Parole de Dieu, et je la lisais à genoux”. Dès que vous ouvrez votre Bible, vous y trouverez le Saint-Esprit, le “vent” de Dieu, Ruah Adonaï, qui se mouvait au-dessus des eaux. Il inspire aux prophètes des paroles qui viennent de plus loin qu’eux, mais qui passent quand même par eux, qui empruntent leur vocabulaire, leur langage, leur civilisation. La Bible renvoie au Saint-Esprit ; l’Esprit renvoie à la Bible : oh le jeu, la dialectique charismatique ! La Parole devient épée de l’Esprit parce que c’est lui qui l’a écrite et lui sait bien la manier. Oh, que Dieu nous remplisse de

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cette connaissance qui est dans l’amour du SaintEsprit, car Dieu est vérité, et Dieu est amour. Lorsque la Parole et l’Esprit sont ensemble, la vie spirituelle prend naissance. C’est le Saint-Esprit qui m’a appris que j’avais plus qu’un corps et plus qu’une âme ; que j’avais un esprit. Car son Esprit a témoigné à mon esprit que je suis enfant de Dieu, et comment ? Par la double action de l’Esprit et de la Parole. La première épître de Pierre dira : « Né de nouveau, par la semence incorruptible de la Parole » ; et Jésus dit : « Naître de l’Esprit ». Ils ont raison tous les deux bien sûr ! Et comment ? La Parole qui est en toi est fécondée par le Saint-Esprit et fait surgir cette vie de l’Esprit par la conversion et par le don de l’Esprit Saint. Je vous renvoie, autant que je puis, à l’Esprit Saint, et à la Parole. Moi, j’aime le Saint-Esprit. Je dis à mes amis catholiques que si j’ai une dévotion à leur proposer, c’est la dévotion à l’Esprit. Jésus qui est né dans une étable, ce n’est rien à côté du fait que le Saint-Esprit accepte de venir habiter en moi, pour y faire sa demeure, pour que mon corps soit le temple, le tabernacle du Saint-Esprit. Quel amour formidable, de la part du Saint-Esprit, d’habiter en des gens comme vous et moi ! Et il nous met en mouvement. Le Saint-Esprit n’est jamais statique. Si vous êtes dans un état statique, vous pouvez mettre en doute la réalité de votre vie dans l’Esprit. Aussitôt qu’on veut mettre l’Esprit en cage, on le détruit.

L’analogie du charisme de prophétie À travers l’analogie du charisme de prophétie qui s’exerce dans le Renouveau, on peut se faire une certaine image de ce qu’a été l’inspiration des auteurs bibliques. Quand le Saint-Esprit veut se manifester, il ne peut le faire qu’à travers les hommes ; à travers mes paroles, ou mes gestes ou mon regard. Il se servira d’un vocabulaire


comme le nôtre. Si c’est par vous qu’il se manifeste, il aura ce délicieux accent suisse ; si c’est par moi, il aura l’accent gallois. Ce seront les mots qui sont à votre disposition, de sorte que chez nous, le Saint-Esprit ne se manifeste jamais à l’état pur. De même, quand j’écoute la lecture des Saintes Écritures, je peux les yeux fermés reconnaître si c’est un passage de Jérémie, ou d’Esaïe, ne fût-ce que par le style. Le grec de Marc n’a pas l’élégance de celui de Luc. Mais l’Esprit s’est servi de l’un et de l’autre. C’est cela qui est beau, qui est merveilleux. Écoutez comment certains auteurs bibliques décrivent leur inspiration : « Je suis plein de paroles ; l’esprit me presse au-dedans de moi ; mon intérieur est comme un vin qui n’a pas d’issue, comme une outre qui risque d’éclater » (Job 32,18). C’est le témoignage d’un des amis de Job sur ce que peut être l’inspiration, qu’elle soit bonne ou qu’elle soit mauvaise, car le diable est le singe de Dieu. Il est des lois psychologiques que Dieu respecte. Jérémie dira : « La Parole était un feu dans mes os ». Saint Augustin au ivème siècle, parlant du don des langues le jour de la Pentecôte, disait : “C’était l’ébullition du vin nouveau dans cette outre neuve qu’est un cœur régénéré, recréé”. Au Psaume 45, le psalmiste chante : « Mon cœur bouillonne, ma langue est comme la plume d’un habile écrivain ». Un prophète comme Daniel décrira l’histoire d’une autre

manière qu’un historien car il voit l’intériorité des choses. Pharaon peut avoir des rêves, mais il faut un Joseph pour les interpréter. C’est là l’immense différence entre la connaissance humaine laissée à ellemême et la pensée inspirée. Le prophète a d’autres yeux, les yeux du cœur, comme dira l’apôtre Paul. Les prophètes dans l’Ancien Testament sont appelés les voyants. C’étaient des hommes comme nous, mais des hommes “purifiés”. Ésaïe au début de son ministère, a la vision de la sainteté de Dieu et s’écrie : « malheur à moi, car mes lèvres sont impures ». Alors comment exercer son ministère ? Un ange prend un charbon ardent sur l’autel et dit « Ceci a touché tes lèvres. Maintenant, parle, parle ! ».

La Bible de Jésus, c’est l’Ancien Testament. Je l’avoue, il me plaît de penser qu’en ouvrant l’Ancien Testament, j’ouvre la Bible de Jésus. Car au temps de Jésus, la Bible, c’était l’Ancien Testament. C’était la Bible de sa mère ; c’était la Bible de la Synagogue. Et comment Jésus la lisait-il ? Citant un psaume, il dit : « David a dit par le Saint-Esprit ». C’est le livre du Saint-Esprit pour Jésus. Il affirme que pas un iota de la

L

Lorsque

la Parole

et l’Esprit sont ensemble,

la vie

spirituelle

prend naissance.


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Dieu vient à notre rencontre Connaître le Saint-Esprit

Loi ne passera ; tout sera accompli ; et il citera luimême au moins 50 fois sa Bible à lui, qui est l'Ancien Testament. Il n’a jamais contredit Moïse ; il va plus loin. « Il a été dit aux anciens : Œil pour œil, dent pour dent ; mais moi je vous dis : bénissez ceux qui vous maudissent ! ». Je me souviens qu’un jour une femme était venue me voir, se plaignant qu’elle et toutes les bêtes de sa ferme étaient envoûtées à cause de la malveillance de certaines personnes. Elle voulait être libérée. Or ce matin même, j’avais longuement médité ce texte « Bénissez ceux qui vous maudissent ». “Madame, vous croyez qu’on vous a maudite ?” - “Oui” - “Alors, maintenant, voulez-vous les bénir ?” Jésus a résumé les très nombreux commandements en deux : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu ; tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Et finalement, il a réduit les deux en un seul : « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Avec cela, allez évangéliser le monde.

L’Esprit Saint met Jésus-Christ au centre de l’Écriture Le centre de la Bible, ce n’est pas l’Église, ce n’est pas Israël, mais Jésus-Christ. Et le Saint-Esprit d’aujourd’hui va “centraliser” de nouveau Jésus-Christ ; et toute Parole de Dieu est une Parole sur Jésus-Christ, car il est finalement lui-même la Parole de Dieu. Les hommes d’aujourd’hui verront Dieu quand nous saurons leur montrer Jésus-Christ. Car nul n’a jamais vu Dieu. Mais « Celui qui m’a vu, dit Jésus, a vu le Père ». Et c’est le Saint-Esprit qui nous conduit à Jésus-Christ, en nous rappelant tout ce qu’il nous a dit. Si pour vous, la Bible n’est plus centralisée sur JésusChrist, vous avez perdu la clé des Écritures. Vous êtes sur un chemin qui aboutira à une sorte de secte. Il faut prendre chaque texte, il faut prendre chaque mot, et le remettre sur les lèvres de Jésus et regarder dans ses yeux quand il parle. Le contexte, c’est la personne de Jésus-Christ. Lorsqu’au nom de la Bible, nous nous sommes persécutés ou massacrés les uns les autres, nous avions perdu le contexte, qui est Jésus. Une des premières grandes erreurs contre laquelle les apôtres ont combattu fut ce qu’on appelle le gnosticisme ; cela vient d’un mot grec qui veut dire “connaissance”. Les gnostiques croyaient que c’est la connaissance qui sauve ; ils méprisaient sans doute les petites gens, peut-être ceux que l’on trouvait dans l’Église de Corinthe. Paul écrit : « La connaissance enfle d’orgueil ». Ils disent : “la connaissance mène au salut et à la vérité”. La Bible dit le contraire : c’est l’amour qui conduit au salut et à la vérité. Si quelqu’un aime, il saura. Celui qui aime est engendré de Dieu. ■ Article initialement paru dans le supplément au Tychique n° 59 Thomas Roberts

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L'Esprit Consolateur est ici, au milieu de nous, en nous ; dans notre société, dans nos familles, dans nos institutions, dans notre monde qui semble parfois écrasé par les forces du mal. Il est là pour nous éduquer à la civilisation de l'Amour. Sr Gemma Girami


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Dieu vient à notre rencontre Spécial groupe de prière

Jacqueline Coutellier, co-fondatrice du Chemin Neuf :

Le groupe de prière, école de vie dans l’Esprit Grâce reçue du Renouveau charismatique, le groupe de prière développe une pédagogie aux multiples ressorts : écoute de la parole de Dieu, disponibilité à sa volonté, vie fraternelle et communautaire. ◗ Jacqueline Coutellier, il semble que les débuts de la Communauté coïncident avec l’expérience de la prière charismatique. Aujourd’hui encore, le groupe de prière est une source à laquelle il est bon de venir s’abreuver. Quelle est, selon vous, la manière propre au Chemin Neuf de vivre le groupe de prière ? ◗ Il est vrai que la Communauté, d’une certaine manière, est née d’un groupe de prière à Lyon. En 1971, un jésuite américain nous faisait découvrir ce renouveau charismatique grâce à une jeune qui, après avoir entendu son témoignage dans son école, avait demandé à sa famille d’accueillir dans leur salon ceux qui voudraient venir l’entendre et prier ! j’avais été touchée dès le premier soir par l’accueil simple et très fraternel, la foi dans la présence du Seigneur au milieu de nous et aussi la spontanéité dans l’exercice des charismes, notamment du parler en langues. J’avais trouvé déroutant et en même temps génial  le chant en langues, dégagé d’un souci de faire de jolies phrases pour s’ouvrir à une louange spontanée et se tourner vers le Seigneur.

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Aujourd’hui, dans nos groupes de prière, la qualité de l’accueil est toujours de mise, la simplicité aussi. Nous nous retrouvons, adultes et jeunes. Chacun est invité mais l’on peut aussi ne pas venir. Il y a ce temps de louange qui nous fait du bien, nous décentre, nous permet de remettre tous nos projets, activités, soucis et fardeaux. Cela nous rend disponibles pour écouter la Parole de Dieu placée concrètement au centre du lieu qui réunit des gens très différents par leur âge, leur formation, leur culture, ou leur confession. Concrètement, nous apportons nos bibles et nous sommes si possible en cercle pour signifier la communion entre nous. Rien n’a été préparé à l’avance, mais nous nous attendons à ce que la parole nous parle, nous renouvelle. Quelqu’un lit un texte, un autre donne une image… Au fil des semaines, nous nous laissons ainsi initier à écouter la parole et à en vivre. Le texte de la femme courbée que la liturgie nous propose aujourd’hui nous dit quelque chose de cette école de prière qu’est l’assemblée de prière charismatique. Nous pouvons en effet nous redresser ou nous déplier comme cette femme qui se laisse toucher


Dans la durée, la prière nous met à notre juste place de créature et d’enfant de Dieu

par Jésus, tout en le laissant agir comme il veut. Le groupe de prière nous éduque à nous laisser faire par l’Esprit Saint comme la prière personnelle ; l’un agit sur l’autre ! on peut à certains moments être tenté de s’enfermer, de se centrer sur soimême, la prière chrétienne nous ouvre à l’autre, nous sort de nous-mêmes.

Il faut reconnaître que c’est une grâce du Renouveau d’avoir réinventé cet espace de prière spontanée, d’écoute de la parole où nous apprenons, devant d’autres qui vont prier avec nous, à demander à Dieu ce dont nous avons besoin, par exemple lui confier tel souci de travail ou de santé, à oser lui remettre nos questions, notre “ici et maintenant”, dans la pauvreté, la confiance, pour qu’il nous éclaire et puisse être le Seigneur de nos vies. Dans l’assemblée, nous pouvons aussi demander la prière des frères et sœurs pour être renouvelés dans l’Esprit Saint. C’est vraiment une manière d’être enfant de Dieu et aussi de grandir dans la vie avec Dieu et avec les autres, en suivant un chemin qui nous fait passer par des étapes : l’appel du Seigneur à le suivre, à le servir, l’accueil de grâces comme la réconciliation ou la guérison, la compassion, le discernement, la prophétie souvent sous forme d’image. Le Baptême dans l’Esprit Saint nous rend capable d’être envoyé pour témoigner. Il y a aussi ces périodes où nous éprouvons nos résistances, des temps où notre foi est mise à l’épreuve - désert, combats spirituels. Ces rencontres hebdomadaires nous apprennent la pédagogie du Seigneur où il nous faut accueillir la manne, sans trop nous inquiéter du lendemain, accepter en période de sécheresse de puiser peu d’eau dans le seau que nous remontons à grand-peine du puits, comme l’évoque Thérèse d’Avila, et attendre la pluie !

◗ On entend dire parfois que certains groupes sont vieillissants, ou donnent l’impression de ronronner, ou que les jeunes sont moins présents qu’il y a 20 ou 30 ans. À tel point qu’on en vient à se demander si l’Esprit Saint est aussi présent qu’aux débuts du Renouveau dans les années 70. Le “Réveil” serait-il passé ? Avons-nous besoin d’un coup d’Esprit Saint ou avons-nous à faire preuve de plus d’audace en lui demandant d’être plus présent, agissant ? ◗

Pour ma part, j’ai été touchée par cette parole de Frère Roger : “Je crois ce que nous avons de meilleur, ça doit être le fait que des hommes pour leur vie entière ont décidé de courir une aventure qui ne va pas de soi, qui leur coûte, qui suppose en moi-même et en mes frères un combat intérieur à tout moment”. Il est possible que certains d’entre nous “vieux engagés” depuis plus de 30 ans ressentent ce combat et aient besoin de renouvellement, mais est-ce bien à nous de juger de la fécondité de nos groupes ? À Montagnieu, le groupe n’a extérieurement rien de brillant et pourtant, il est ouvert à des gens très différents, mettant en lien des habitants de plusieurs villages, quelque chose qui n’est pas objectivement quantifiable  mais de l’ordre d’un ressourcement. Une trentaine parfois plus de personnes répondent présent de façon régulière simplement pour écouter et accueillir la vie dans l’Esprit Saint, met-

tre leur vie en adéquation avec la parole de l’Évangile. Le groupe offre à ses membres l’aide dont ils ont besoin pour tenir dans leurs engagements, personnel, professionnel, ecclésial, malgré les difficultés ou les épreuves, la maladie où le chômage qui sont difficiles à vivre. Je suis donc convaincue qu’il est important, de vivre nos constitutions où il est écrit que nous nous engageons chaque semaine à participer au groupe de prière, nous donner le droit de nous mettre ensemble à l’écoute de ce que le Seigneur veut, de prier pour un frère, et cela, sans s’y être forcément préparés. Le groupe de prière est un espace d’écoute, de foi, de louange pour mieux “louer, respecter et servir Notre Seigneur”, comme dirait Saint Ignace. C’est un de ces petits moyens que nous nous donnons pour rester dociles à l’Esprit Saint et ne pas nous laisser trop accaparer par nos œuvres. Je me souviens de la phrase de Marthe Robin à Laurent Fabre, aux débuts de la Communauté : “Il faut souffler sur le feu et d’ailleurs vous y passerez”. Le groupe de prière est une manière de souffler sur le feu, de rester proches du souffle de Dieu. L’esprit Saint est comme le feu de Pentecôte. Le groupe de prière est aussi une école de gratuité. Nous avons l’impression de perdre un peu de temps ensemble ! Tant mieux. Reconnaissons que la prière, si on la considère dans la durée, nous met à notre juste place de créature, d’enfant de Dieu, et que le Seigneur s’en sert pour nous montrer au fur et à mesure, ce qu’il faut faire, et comment choisir ensemble. C’est lui redonner en fin de compte une autorité visible, tangible sur toute notre vie. Cela devrait dissiper les craintes de ceux qui pensaient que l’Esprit Saint allait nous couper, nous désengager du monde. Je crois au contraire qu’en nous réordonnant à Dieu, il nous réordonne au réel, et cela a des répercussions dans toute notre vie, de couple, de famille, d’Église, ou de travail.

◗ C’est très ignatien, ce que vous nous dites là. ◗ Cette pédagogie du groupe de prière nous conduit à “trouver Dieu en toute chose”. Quant à la question de l’usure, de la routine, il ne faut pas se décourager ! peut-être un besoin de formation appropriée est nécessaire dans le groupe de prière, car nous pratiquons ensemble une sorte d’interprétation ou de lecture des Écritures. Nous pouvons avoir l’impression d’écouter, alors que nous n’écoutons pas, et nous n’écoutons peut-être pas plus les autres. Nous avons peut-être aussi besoin de nous initier à la vie fraternelle, d’apprendre à faire attention à l’autre, à discerner les esprits en étant attentifs à ce qui nous met plutôt dans la paix, ou au contraire dans le trouble, ce qui nous procure la joie véritable. C’est là où les cassettes ou DVD Net for God peuvent avoir un rôle à jouer. ■

◗ Hors-série N°4 ◗ FOI ◗

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Dieu vient à notre rencontre Prier la Parole

Grâce à demander faire dans ma vie quotidienne la rencontre de Jésus vivant Jour 1

Jour 2

Exode 3, 1-8

Luc 2, 1-12

M

oïse faisait paître le troupeau de son beau-père Jéthro, prêtre de Madiân. Il mena le troupeau au-delà du désert et parvint à la montagne de Dieu, à l’Horeb. L’ange du SEIGNEUR lui apparut dans une flamme de feu, du milieu du buisson. Il regarda : le buisson était en feu et le buisson n’était pas dévoré. Moïse dit : “Je vais faire un détour pour voir cette grande vision : pourquoi le buisson ne brûle-t-il pas ?” Le SEIGNEUR vit qu’il avait fait un détour pour voir, et Dieu l’appela du milieu du buisson : “Moïse ! Moïse !” Il dit : “Me voici !” Il dit : “N’approche pas d’ici ! Retire tes sandales de tes pieds, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte.” Il dit : “Je suis le Dieu de ton père, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob.” Moïse se voila la face, car il craignait de regarder Dieu. Le SEIGNEUR dit : “J’ai vu la misère de mon peuple en Égypte et je l’ai entendu crier sous les coups de ses chefs de corvée. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers un bon et vaste pays, vers un pays ruisselant de lait et de miel, vers le lieu du Cananéen, du Hittite, de l’Amorite, du Perizzite, du Hivvite et du Jébusite.”

30 ◗ FOI ◗ Hors-série N°4 ◗

O

r, en ce temps-là, parut un décret de César Auguste pour faire recenser le monde entier. Ce premier recensement eut lieu à l’époque où Quirinius était gouverneur de Syrie. Tous allaient se faire recenser, chacun dans sa propre ville ; Joseph aussi monta de la ville de Nazareth en Galilée à la ville de David qui s’appelle Bethléem en Judée, parce qu’il était de la famille et de la descendance de David, pour se faire recenser avec Marie son épouse, qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le jour où elle devait accoucher arriva ; elle accoucha de son fils premier-né, l’emmaillota et le déposa dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle d’hôtes. Il y avait dans le même pays des bergers qui vivaient aux champs et montaient la garde pendant la nuit auprès de leur troupeau. Un ange du Seigneur se présenta devant eux, la gloire du Seigneur les enveloppa de lumière et ils furent saisis d’une grande crainte. L’ange leur dit : “Soyez sans crainte, car voici, je viens vous annoncer une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur ; et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire.”


Jour 5 Luc 5, 12-16

O Jour 3 Jean 1, 35-39

L

e lendemain, Jean se trouvait de nouveau au même endroit avec deux de ses disciples. Fixant son regard sur Jésus qui marchait, il dit : “ Voici l’agneau de Dieu. “ Les deux disciples, l’entendant parler ainsi, suivirent Jésus. Jésus se retourna et, voyant qu’ils s’étaient mis à le suivre, il leur dit : “ Que cherchez-vous ? “ Ils répondirent : “Rabbi - ce qui signifie Maître -, où demeures-tu ?” Il leur dit : “Venez et vous verrez.” Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait et ils demeurèrent auprès de lui, ce jour-là ; c’était environ la dixième heure.

Jour 4 Luc 5, 1-11

O

r, un jour, la foule se serrait contre lui à l’écoute de la parole de Dieu ; il se tenait au bord du lac de Gennésareth. Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ; les pêcheurs qui en étaient descendus lavaient leurs filets. Il monta dans l’une des barques, qui appartenait à Simon, et demanda à celui-ci de quitter le rivage et d’avancer un peu ; puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules. Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : “Avance en eau profonde et jetez vos filets pour attraper du poisson.” Simon répondit : “Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets.” Ils le firent et capturèrent une grande quantité de poissons ; leurs filets se déchiraient. Ils firent signe à leurs camarades de l’autre barque de venir les aider ; ceux-ci vinrent et ils remplirent les deux barques au point qu’elles enfonçaient. À cette vue, Simon Pierre tomba aux genoux de Jésus en disant : “Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un coupable.” C’est que l’effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pris ; de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, qui étaient les compagnons de Simon. Jésus dit à Simon : “Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu auras à capturer.” Ramenant alors les barques à terre, laissant tout, ils le suivirent.

r, comme il était dans une de ces villes, un homme couvert de lèpre se trouvait là. À la vue de Jésus, il tomba la face contre terre et lui adressa cette prière : “Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier.” Jésus étendit la main, le toucha et dit : “Je le veux, sois purifié”, et à l’instant la lèpre le quitta. Alors Jésus lui ordonna de n’en parler à personne : “Va-t’en plutôt te montrer au prêtre et fais l’offrande pour ta purification comme Moïse l’a prescrit : ils auront là un témoignage.” On parlait de lui de plus en plus, et de grandes foules s’assemblaient pour l’entendre et se faire guérir de leurs maladies. Et lui se retirait dans les lieux déserts et il priait.

Jour 6 Luc 18, 35-43

O

r, comme il approchait de Jéricho, un aveugle était assis au bord du chemin, en train de mendier. Ayant entendu passer une foule, il demanda ce que c’était. On lui annonça : “C’est Jésus le Nazôréen qui passe.” Il s’écria : “Jésus, Fils de David, aie pitié de moi !” Ceux qui marchaient en tête le rabrouaient pour qu’il se taise ; mais lui criait de plus belle : “Fils de David, aie pitié de moi !” Jésus s’arrêta et commanda qu’on le lui amène. Quand il se fut approché, il l’interrogea : “Que veux-tu que je fasse pour toi ?” Il répondit : “Seigneur, que je retrouve la vue !” Jésus lui dit : “Retrouve la vue. Ta foi t’a sauvé.” À l’instant même il retrouva la vue et il suivait Jésus en rendant gloire à Dieu. Tout le peuple voyant cela fit monter à Dieu sa louange.

Jour 7 Luc 18, 1-10

E

ntré dans Jéricho, Jésus traversait la ville. Survint un homme appelé Zachée ; c’était un chef des collecteurs d’impôts et il était riche. Il cherchait à voir qui était Jésus, et il ne pouvait y parvenir à cause de la foule, parce qu’il était de petite taille. Il courut en avant et monta sur un sycomore afin de voir Jésus qui allait passer par là. Quand Jésus arriva à cet endroit, levant les yeux, il lui dit : “Zachée, descends vite : il me faut aujourd’hui demeurer dans ta maison.” Vite Zachée descendit et l’accueillit tout joyeux. Voyant cela, tous murmuraient ; ils disaient : “C’est chez un pécheur qu’il est allé loger.” Mais Zachée, s’avançant, dit au Seigneur : “Eh bien ! Seigneur, je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens et, si j’ai fait tort à quelqu’un, je lui rends le quadruple.” Alors Jésus dit à son propos : “Aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.” ◗ Hors-série N°4 ◗ FOI ◗

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Accueillir la Miséricorde A

ccueillir la miséricorde de Dieu est ce moment fondamental où nous pouvons faire l’expérience dans notre vie qu’amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ; moment où Dieu éclaire notre état de pécheur pour nous révéler son amour sans limites et sans condition et nous ouvre un avenir et une espérance. Pour introduire à cette nouvelle étape, le Père Hasso Beyer propose un enseignement sans fioriture ni concession, dénonçant le péché et proclamant le pardon de Dieu, invitant à des pas concrets de conversion. Le message sur la Parabole du Fils prodigue par le Père Thomas Roberts est l’exemple même d’une lecture de l’Évangile sous la motion de l’Esprit-Saint : elle est puissante annonce de la Bonne nouvelle en nous permettant de “visualiser” l’œuvre de miséricorde de Dieu en train de s’accomplir. Patricia, membre de la Fraternité Cana Espérance, témoigne de l’importance qu’a revêtu dans sa vie ce moment de miséricorde et de pardon proposé durant cette étape. Enfin, la méditation « aime-moi tel que tu es » nous rappelle que ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu le premier, et que la seule attitude intérieure possible pour accueillir la miséricorde qui vient nous relever est l’humilité, cet accueil sans fausse honte ni amertume de ce que nous sommes réellement. ■

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Accueillir Jésus comme mon sauveur

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Le pardon de Dieu

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J’ai découvert le pardon

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Aime-moi tel que tu es

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Prier la Parole

Hasso Beyer

Thomas Roberts

Patricia


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Accueillir la miséricorde Connaître le Saint-Esprit

Soirée réconciliation à Cana, Hautecombe 2005

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Accueillir la miséricorde Enseignement des 7 semaines

Accueillir Jésus comme

mon Sauveur

Le père Hasso Beyer nous place devant notre réalité de créatures pécheresses, à qui le pardon de Dieu est toujours offert. Un enseignement qui marque le tournant des 7 Semaines. Le mystère du péché

Après avoir médité les deux premières semaines comment Dieu est Père et comment il désire nous rencontrer en son Fils Jésus Christ, nous devons aborder ce thème délicat et difficile du péché. Dieu vient à notre rencontre, mais nous, nous refusons son amour ou restons indifférents. Dieu fait tout pour nous et s’engage pleinement avec toute l’humanité et pourtant nous som-

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mes les témoins d’un monde dominé par des “mauvaises nouvelles”. Le cardinal Ratzinger disait que la question théologique la plus difficile qui se posait à lui tout simplement en ouvrant le journal quotidien : “Pourquoi ?” Le péché est une question très difficile, parce que personne d’entre nous ne veut explicitement être pécheur, personne d’entre nous ne veut commettre le mal. Sauf exceptions maladives ou psychologiques, les hommes veulent réussir leur vie et faire du bien. Et chacun de nous aussi quand nous commençons notre journée nous aimerions faire le bien et non le mal. Et pourtant autour de nous et aussi par nous, se fait tellement de mal. En commençant par des petites jalousies, des agacements, des convoitises jusqu’aux actes criminels. Le mal existe et nous participons, nous aussi, à le répandre. Le péché a d’un côté une part active, commettre réellement un acte négatif, mais très souvent aussi une


part passive : l’omission, l’indifférence, ma paresse et la fausse tranquillité. Si nous restons seuls livrés à notre péché, nous pouvons succomber souvent à deux tendances : soit la relativisation ou même le déni, soit un désespoir ou une amertume face à notre échec continu. • Le premier risque surgit, car le péché n’aime pas être démasqué, parce qu’ainsi découvert on pourrait se battre contre lui, alors il se cache et il se dédramatise lui-même. On dit alors : “De toute façon, nous sommes tous un peu pécheurs ; ce n’est pas grave tout le monde fait comme ça ; mais ça, c’est tout à fait humain, ce n’est qu’une petite faiblesse.” Mais il peut aussi y avoir un relativisme sur la vie morale personnelle où chacun se veut libre de décider ce qui lui semble bon et n’accepte de critique de personne. “C’est vrai, dit-on, qu’en comparaison avec beaucoup d’autres je ne suis pas si mal”. Et on arrive même à appeler bon, quelquefois, ce qui ne l’est pas. En matière financière par exemple “être intelligent” en déclarant ses revenus ne veut pas toujours dire être vrai et honnête. Une réaction vraiment conciliante et pardonnante, face à une injustice réelle, peut être perçue comme faiblesse ou tout simplement idiotie. • Le deuxième risque c’est le découragement. Face à mes faiblesses j’ai capitulé. J’ai tellement essayé de me changer, mais je vois très bien que je n’y arrive pas. On risque alors de dire : “les autres n’ont qu’à m’accepter tel que je suis”. Quelquefois finalement on perd le courage de vouloir réellement se changer et on désespère de soi-même en gardant un petit arrière-goût amer. Mais il y a encore plus grave : le péché que j’ai commis me semble impardonnable. J’en ai tellement honte, j’ai tellement fait mal que je n’espère plus en un vrai pardon et une vraie paix. Avec Paul nous devons affirmer et nous le savons « tous ont péché » (Rm 3). Et comme nous l’avons déjà dit, cela nous est insupportable et incompréhensible. Et encore avec Paul nous devons si souvent dire : « Vraiment ce que je fais je ne le comprends pas : car je ne fais pas ce que je veux, mais je fais ce que je hais ! » (Rm 7,15) Adam et Eve chassés du paradis, portail nord de Chartre

La réponse de Dieu

Et Dieu, qu’est-ce qu’il fait avec ce gâchis, le gâchis de nos péchés ? Comment faire avec cette humanité, qu’il a créée bonne et qui lui rend la monnaie en faisant le mal ? Est-ce qu’il ne faut pas rejeter tout ça ? Arrêter le cours des choses pour qu’il n’y ait plus de journaux remplis de mauvaises nouvelles ?

Dieu a choisi une autre direction, en inventant une ruse salutaire, il a choisi de sauver l’homme dans sa perdition. À l’endroit même où l’homme s’est perdu et s’est ainsi éloigné de Dieu et de lui-même. Et Dieu a décidé de nous sauver par la force de son amour. Et cet amour a poussé Dieu à sauver l’homme dans son humanité et pour cela il prend en son fils la condition humaine. La traduction du nom Jésus signifie “Dieu sauve”. En Jésus, Dieu nous montre son amour. Toute la vie du Christ témoigne de cet amour du Père pour les hommes. Mais il restait encore à Jésus à vivre « son heure » ; être rejeté, condamné et mis à mort ; donner sa vie en rançon pour la multitude ! Cette heure à travers laquelle il glorifiera son Père (Jn 17) et nous obtiendra le pardon des péchés. Regardons les conséquences de cet acte libre du Fils qui s’offre à son Père. • Le Christ en mourant sur la croix pour nous prend la place de la victime innocente, condamnée par la haine des hommes. Il prend la place de tous les innocents qui subissent la violence injuste. Il s’unit à eux et en même temps leur donne ainsi d’une manière mystérieuse d’être unis à lui dans son œuvre de salut. • Il est très concrètement aussi Dieu rejeté par les hommes. Ce rejet qui est l’œuvre principale de tout péché. Jésus est le Dieu tout-puissant de qui on peut se moquer, que l’on peut frapper au visage, dont on peut transpercer le cœur, ou que l’on a abandonné dans sa solitude. Ce Dieu qui en mourant dit : « Père pardonneleur ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23). • Mais il prend aussi d’une manière mystérieuse, mais assez concrète, la place du bourreau, la place du pécheur qui s’est éloigné de Dieu et qui se trouve, en

Miséricorde et conversion Parce que le péché a existé dans ce monde et que « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique », Dieu qui « est amour » ne peut se révéler autrement que comme miséricorde. Cela correspond non seulement à la vérité la plus profonde de cet amour qu’est Dieu, mais aussi à la vérité intérieure de l’homme et du monde qui est sa patrie temporaire. La miséricorde, en tant que perfection du Dieu infini, est elle-même infinie. Infinie donc et inépuisable, est la promptitude du Père à accueillir les fils prodigues qui reviennent à sa maison. Infinies sont aussi la promptitude et l’intensité du pardon qui jaillit continuellement de l’admirable valeur du sacrifice du Fils. Aucun péché de l’homme ne peut prévaloir sur cette force ni la limiter. Du côté de l’homme, seul peut la limiter le manque de bonne volonté, le manque de promptitude dans la conversion et la pénitence, c’està-dire l’obstination continuelle qui s’oppose à la grâce et à la vérité, spécialement au témoignage de la croix et de la résurrection du Christ. C’est pourquoi l’Église annonce la conversion et y appelle. La conversion à Dieu consiste toujours dans la découverte de sa miséricorde, c’est-à-dire de cet amour patient et doux comme l’est Dieu Créateur et Père : l’amour, auquel « le Dieu et Père de Notre Seigneur Jésus-Christ » est fidèle jusqu’à ses conséquences extrêmes dans l’histoire de l’alliance avec l’homme, jusqu’à la croix, à la mort et à la résurrection de son Fils. La conversion à Dieu est toujours le fruit du retour au Père riche en miséricorde. JEAN-PAUL II, Encyclique "Dives in misericordia"

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Accueillir la miséricorde Enseignement des 7 semaines

Démarche proposée lors d’une soirée de réconciliation animée par la Communauté du Chemin Neuf : Écrire une lettre à un proche pour se réconcilier avec lui

conséquence de son péché, abandonné à la mort et aux ténèbres. Il prend sur lui cette solitude amère quand je réalise que j’ai fait souffrir quelqu’un. Et avec le pécheur qui ne voit plus le salut, il crie dans la nuit « mon père, mon père, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27). Le Christ prend sur lui la souffrance de la victime et la solitude du bourreau. Et il peut cela parce qu’il le fait par amour pour son Père et pour nous les hommes. Cet amour lui permet d’entrer dans le péché et la mort sans être englouti par eux, mais de sortir victorieux grâce à cet amour qui sera la force de la résurrection. Par sa mort, Jésus est entré là, où ne résidaient que souffrance et désespoir, et c’est là qu’il a frayé un chemin pour notre salut. C’est en cela qu’il établit l’alliance nouvelle et éternelle que plus rien ne dépassera et arrêtera. Le soir, avant de mourir, il donne sens à sa mort brutale et injuste. Le corps flagellé, maltraité et épuisé il dit que c’est « son corps livré pour nous ». Le sang versé par haine et mépris, par calcul politique et soif de pouvoir, il dit que c’est « son sang, le sang de l’alliance nouvelle et éternelle, versé pour nous et la multitude en rémission de péchés ». Jésus a choisi le moment du rejet de sa propre personne, le “non” explicite à lui et sa mission, comme “oui” définitif et irréversible de Dieu pour l’humanité. Notre rejet, son sang versé, devient pour lui le signe du choix de Dieu pour nous. Un Dieu qui nous choisit exactement au moment où nous l’avons rejeté et crucifié. Voilà la réponse de notre Dieu au gâchis de notre péché.

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Des pas concrets Qu’est-ce que nous pouvons alors faire ? • Premièrement : Demander à Dieu de recevoir la grâce de reconnaître que nous sommes pécheurs. Que nous aussi, si souvent nous excluons Dieu de notre vie, que nous préférons décider seul, que nous n’avons pas le courage de résister à toutes nos tentations. Reconnaître que notre péché a entraîné la souffrance de nos proches et de Dieu. Reconnaître que nous avons besoin du pardon de Dieu. • Deuxièmement : Accueillir l’amour du Christ qui m’a sauvé en donnant sa vie pour moi sur le bois de la croix. Prendre le temps de regarder ce que le Christ a fait pour moi pour m’apporter la réconciliation avec le Père et pour m’apporter la paix de son pardon. Il peut être bon dans un des jours qui viennent de relire un des textes de la Passion pour contempler combien Dieu nous aime jusqu’à nous sauver là où nous étions perdus. (Pour des frères et sœurs catholiques ces deux étapes peuvent être vécues à travers la confession) • Troisièmement : Accueillir Dieu dans tous mes lieux de ténèbres où je suis perdu. Dans mes lieux de souffrance, dans mes lieux de faiblesse, dans mes lieux de péché. Prendre un temps pour l’inviter, lui le crucifié, à venir et se tenir près de moi. Il peut être bien de prendre ce moment de prière près d’une croix et d’inviter Jésus explicitement de venir dans tous ces lieux. N’ayons pas peur ! Le Christ a vaincu le péché et la mort. Il veut nous donner sa paix. Le ressuscité, quand il apparaît à ses disciples, il leur annonce toujours sa paix et leur donne la mission pour annoncer le pardon des péchés. Il leur montre ses plaies et c’est à ce moment-là que les disciples le reconnaissent, car ils voient celui qui a donné sa vie pour eux et qui est le vainqueur, qui ne mourra plus mais qui vivra pour toujours et qui veut nous entraîner avec lui. ■


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Accueillir la miséricorde Connaître le Saint-Esprit

Le pardon de Dieu Le message sur la Parabole du Fils Prodigue du Pasteur Thomas Roberts demeure toujours aussi percutant et porteur de la Bonne Nouvelle. Dans le Credo, nous disons : “Je crois à la rémission des péchés”. Mais est-ce vrai ? Croyez-vous à la rémission de vos péchés ? Quand est-ce que nous allons retrouver le Dieu du Nouveau Testament, celui que Paul appelle « le Père de notre Seigneur JésusChrist » ? La liberté du fils Lisons la parabole de l’enfant prodigue (Luc 15, 11 à 32). Pourquoi est-ce que le père a laissé partir son fils ? J’ai connu des pères qui ont enfermé leur fils pour qu’il travaille en vue des examens. Mais ce fils-là n’a pas filé par la fenêtre ; il est parti par la porte. Le père l’a laissé libre de partir. Nous sommes là devant le mystère de la liberté humaine. Jésus a même dit à ses apôtres, à un moment donné : « Voulez-vous vous en aller ? » Dieu ne veut pas de robots : c’est de la mécanique. Il veut des fils. Et il te veut seul à seul : « Toi, suis-moi ! ». Dieu respecte notre liberté ; le diable jamais. On n’est jamais possédé du Saint-Esprit. J’ai entendu des prédicateurs le dire ; mais pas la Bible. Dieu ne possède personne ; c’est le diable qui possède.

Le beau mot biblique, c’est « communion » : toi et Dieu, Dieu et toi. Jésus dit : « Veux-tu ? Veux-tu ? » Pour les jeunes, je dirais : la balle est de votre côté du filet ; c’est à vous de répondre. Dieu t’a dit OUI en JésusChrist ; maintenant, c’est à toi de dire OUI à Jésus. Le meilleur exemple, bien sûr, c’est le mariage. Et j’en ai béni des mariages dans ma longue vie. J’aime entendre le garçon dire à haute voix “OUI”, et la jeune femme murmurer : “OUI”. Mais le Maire, et encore moins le curé ou le pasteur, ne peuvent bénir votre mariage s’il n’y a pas de oui. As-tu réellement dit OUI à JésusChrist ? C’est un contrat, une alliance. As-tu signé le contrat ? Ne sois pas aussi bête que ce garçon dont on m’a conté l’histoire. Il paraît qu’à la Mairie, tout le monde était là. M. le Maire lui a demandé de dire oui. Il n’a rien dit. Encore une fois ; rien. Tout le monde était gêné. On commençait à pleurer. Tout le monde est parti. Alors un de ses camarades est allé le trouver et lui a dit : “Tu es rosse, quand même ! Pourquoi n’as-tu pas dit oui ?”. Et l’autre de répondre : “Je n’ai pas non plus dit non”.

Il faut dire ce OUI et tu verras la joie formidable qui viendra dans ton cœur ; quand tu auras dit Amen (c’est le mot biblique), le OUI à Dieu. Cette joie, tu la diras comme tu veux. À la française avec Pascal : “Joie, joie, pleurs de joie”. Ou à l’anglaise, comme ce buveur du début du siècle converti à l’Armée du Salut. Il s’était avancé au banc des pénitents et avait compris, malgré son ivresse, que toute sa vie était glorieusement sauvée : “Je me suis senti tellement léger, disait-il, que je ne sais pas comment je suis rentré à la maison : je levais une jambe, et elle disait : Alléluia ; je levais l’autre jambe, et elle disait : Amen”.

Le père a donc laissé partir le fils, parce qu’il le veut libre. Ce n’est pas Dieu qui envoie en enfer ; c’est toi qui vas y marcher si tu refuses de dire oui à Jésus-Christ. Mais crois-moi ! J’ai le droit de le dire à 80 ans. Dire OUI à Jésus-Christ ? c’est dire OUI à toi-même ? À ton vrai Moi, le moi essentiel. J’en témoigne après plus de 60 ans : dire OUI à soi-même, c’est dire OUI à Jésus-Christ. Et pour les jeunes qui sont là (converti jeune, j’aime parler aux jeunes !) la première fois que je suis entré dans un temple du réveil, avec mon frère, j’avais peur d’y aller. Je me disais : si tout le monde est aussi saint que lui, qu’est-ce que je vais faire là-dedans ? Mon frère m’a présenté au pasteur ; et sa première question : “Tom, est-ce que tu es converti ?” J’ai dit : non. Mais pendant la réunion, j’ai donné mon cœur à Jésus. Je n’ai même pas attendu à la fin pour le faire ; j’aurais perdu une heure de joie. À la sortie, on m’a demandé : “Es-tu sauvé ?” - J’ai dit “oui”. C’était glorieusement vrai. Quelques jours plus tard, un conseiller presbytéral marchait à côté de ma mère – il ne savait pas que j’étais juste derrière. Et je l’ai entendu dire à ma mère : “Il paraît qu’un autre de vos fils s’est converti ?” J’ai surpris la réponse de ma mère : “Oh vous savez, il n’a pas l’étoffe de son frère ; ça ne durera pas 15 jours”. Chère maman, cela fait 66 ans que cela dure. Oh, alléluia ! L’accueil du père Et le père n’a jamais fermé la porte de la maison. Il t’attend. Bien des jeunes disent : “Oh, je peux vivre sans mes parents. Je peux vivre sans ma mère.” C’est vrai, mais ta mère ne peut vivre sans toi. Reviens, tu verras, elle a vieilli. Tu peux vivre sans Dieu. Mais Dieu ne peut pas vivre sans toi. Et voilà pourquoi nous sommes là ; parce que Dieu nous attend comme un père. Le fils est donc parti. Il passait sa vie dans la débauche. Et ça va vite. À

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Accueillir la miséricorde Connaître le Saint-Esprit

Paris, le champagne ça coûte deux fois plus après minuit, paraît-il. Il faut épater les filles ; et tout le reste. Puis c’est le chômage ; il faut quand même vivre : un paysan l’embauche. Mais pour ce fermier, il avait moins de valeur que ses bêtes ; on ne lui donnait même pas la nourriture des cochons. On pourrait développer cela ; quelle sociologie chez Jésus ! Dans mon camp d’internement, j’ai vu des hommes avoir faim ; c’est terrible de voir des hommes forts qui ont faim. Alors, dans son travail, le fils pense à la maison ! Et vous avez ce petit mot qui vaut des volumes de nos mots à nous : « Combien d’ouvriers chez mon père ont du pain en abondance ! » (Patrons, avez-vous entendu ?) Je me lèverai ; tant pis pour mon orgueil ! Je me lèverai et j’irai chez mon père. Alors, il a préparé une belle prière. Il ne l’a jamais priée. Dieu n’a pas besoin de ta prière, il a besoin de toi. Il n’a jamais pu finir sa prière ; c’est son fils qu’il voulait. C’était une belle prière de repentance, je veux bien. Mais il n’a pu la prier jusqu’au bout, parce que le père courut à sa rencontre. Dieu est comme cela. Tu fais un pas, il en fait cent. Il court à ta rencontre.

Son père courut, se jeter à son cou et le baisa. Oh mon Dieu, est-ce possible ? Tel qu’il était ? En haillons ? Excusez le mot : il sentait le cochon. J’imagine comment cela se serait passé dans une famille anglaise. Il sonne à la porte. Le valet va ouvrir. “C’est bien vous ? Je vais prévenir Monsieur votre père”. Il va voir le milord. “Monsieur, votre fils est à la porte”. Noblesse oblige dans ce milieu-là. Il descend, toise son fils : “C’est bien toi ? Dans un joli état ! Passe à la salle de bains ! Je t’attends au salon”. Non ! Tel qu’il était ! Oh, j’aime le Dieu de Jésus-Christ. Le premier geste du père, c’est le baiser. Que de choses à dire là-dessus. J’ai fait une étude sur le baiser dans la Bible. C’est formidable ! Ce baiser de Dieu, c’est le baiser du pardon. C’est la base de toutes les réconciliations. C’est la réconciliation avec Dieu. Il faut être réconcilié avec le Père pour vivre la fraternité.

Je rappelle que le frère aîné n’a jamais dit « mon frère ». Il a dit « ton fils ». Vous les jeunes, qui êtes mariés, un petit conseil : si jamais votre mari vous dit : “Ta mère vient demain”, méfiez-vous ! S’il dit “Maman vient demain” ça va bien. Et je vous dis, Catholiques, Protestants, Orthodoxes : refuser le frère, c’est vous excommunier de la maison du Père.

« Il refusa d’entrer ». C’est terrible. Si vous dites : “Le Protestant ton fils”. Mais je fais des progrès. J’étais un hérétique ; puis on m’a appelé un frère séparé. Et maintenant, ici, je suis un frère tout court. Alléluia ! 38 ◗ FOI ◗ Hors-série N°4 ◗

L’effet du pardon Vous les voyez maintenant à la table du festin ? Le fils dit “Papa, c’est trop ; tu es trop bon : « Je ne suis pas digne d’être appelé ton fils ».” Et j’entends le papa lui dire “Tais-toi maintenant. Oublie tout cela !” C’est cela le pardon. « Je ne me souviendrai plus de vos péchés ». Mon Dieu ! Le sang de Jésus-Christ nous purifie de tout péché. C’est trop beau pour ne pas être vrai. Comment pouvez-vous rester assis sur vos chaises ? Il faudrait danser de joie !

Et j’entends le père dire : “Prends un peu de ce veau et n’en parlons plus”. Le fils essaye de manger, mais il a la gorge nouée. “Papa, je ne suis pas digne” - “Taistoi. Prends de ce pudding !” Dieu a de la peine à nous persuader que nous sommes pardonnés. J’en suis convaincu – je n’ai pas le temps de vous apporter des statistiques – qu’il y aurait d’innombrables guérisons physiques et nerveuses si nous pouvions croire au pardon de Jésus-Christ. C’est un ami psychiatre qui me disait : “C’est vrai ; le pardon tel que vous l’apportez dénoue les complexes et fait sauter les inhibitions !” Est-ce que vous croyez au pardon ? Alors vous êtes au moins à moitié guéris. Quand un homme d’un certain âge découvre ce pardon, il rajeunit d’au moins dix ans ! Ce pardon en Jésus-Christ, c’est un fait fondamental.

Terminons par une histoire de notre sœur hollandaise Corrie Ten Boom. Les Nazis l’ont mise avec sa sœur à Ravensbrück ; sa sœur y est morte, son père est mort en prison, mais Dieu lui a donné le pardon pour ceux qui l’avaient humiliée. Quand elle parle du pardon, elle cite le texte du prophète Michée (7, 19) : « Tu jetteras tous leurs péchés au fond de la mer ». Oui c’est dans la Bible, Dieu aime prendre des images pour nous persuader que nous sommes pardonnés. Quand donc tante Corrie raconte cette histoire, elle ajoute : “Tu jetteras tous leurs péchés au fond de la mer et tu placeras un panneau : pêche interdite”. Le pardon de Dieu est merveilleux. Ce ne sont ni le curé ni le pasteur qui l’ont inventé. Il n’y a pas de pardon dans la nature. C’est Dieu qui a inventé le pardon. Il l’a inventé en Jésus-Christ. Il n’y a plus aucune condamnation ! Est-ce qu’un psychiatre peut le dire ? Un prêtre, un pasteur ont le droit, ont le devoir de le dire : « Il n’y a plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ » (Romains 8, 1). Dieu ne te parlera plus de ton passé. Il te parlera de ton avenir, car il te donnera un avenir ! ■ Message sur la parabole du fils prodigue. Cassette N° 12063 et vidéocassette A.M.E. « Hommage à Thomas Roberts »


Seul l’Esprit de Dieu peut donner la force de passer d’un monde d’égoïsme et d’âpreté au gain, à un monde de compréhension, de partage et de sacrifice. Seul l’Esprit d’amour peut transformer nos cœurs de pierres en cœurs de chairs, plein de compassion tendre et vraie. Car il ne s’agit pas seulement de s’identifier aux pauvres et de leur distribuer nos richesses. Sans l’amour cela ne sert de rien, dit Saint Paul en 1 corinthien 13, 2. Jean Vanier


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Accueillir la Miséricorde Témoignage

J’ai découvert le pardon Membre de la Fraternité Cana Espérance, Patricia témoigne de l’étape importante de réconciliation qu’elle a pu vivre au cours des 7 Semaines dans son groupe de prière. Je connaissais le Chemin Neuf

depuis à peine un mois et demi, quand, à la fin de la prière rue Henri IV, quelqu’un a proposé aux personnes qui le souhaitaient, de vivre ensemble le parcours des 7 semaines, pour se préparer à demander le Baptême dans l’Esprit Saint… Elle a expliqué qu’il s’agissait d’un parcours avec lecture et méditation quotidienne de la Bible dans la prière. Mais, demander le Baptême dans l’Esprit, pour quoi faire ? C’était hors de question pour moi, j’avais déjà tant reçu, quelle ingrate et quelle égoïste j’aurais été ! Baptême dans l’Esprit ? Est-ce que c’était bien catholique ce “truc” là ? Ça sortait d’où ? Par contre, cheminer, ça oui ! j’en avais envie ; partager avec d’autres un bout de chemin, j’en avais besoin. Lire la Bible, c’était devenu nécessaire, vital, incontournable… Alors, apprendre à la méditer ne pouvait être qu’une grâce !

7 semaines, c’était prendre du temps, du temps pour Lui ; c’est dans cet état d’esprit que je me suis avancée vers Valérie et que je lui ai expliqué ce que j’avais vécu dans la nuit du 13 au 14 mars 2004 au cours d’un week- end CANA et ce que je vivais depuis.

En effet, j’avais fait sur mon chemin la rencontre personnelle de l’Esprit Saint et j’en vivais… Cette rencontre avait complètement changé ma vie ; mes collègues de travail ne me reconnaissaient pas… Plusieurs d’entre eux ont même fini par me demander si j’étais amoureuse… “Non”, leur ai-je répondu, “je marche dans la lumière !”… C’était la seule chose que je pouvais dire, c’était le sentiment profond que j’éprouvais : être illuminée de l’intérieur comme à l’extérieur (et je me donnais également l’impression à moi-même d’être illuminée tout court, au sens figuré !).

C’est Valérie qui a nommé

ce qui m’étais arrivé (et qui me dépassait), je venais de vivre un Baptême dans l’Esprit “sauvage” (en direct en quelque sorte, sans cérémonie, sans demande publique…), et j’en percevais déjà les fruits sans comprendre ce qui se passait. Il était donc pour moi, inconcevable de redemander quoi que ce soit, par contre, ce qu’elle m’a permis de découvrir au fil des semaines en accompagnant notre petit groupe, c’est qu’il y avait un double mouvement. Dans le Baptême, on demande à recevoir l’onction de l’Esprit Saint, mais on choisit surtout de donner sa vie au Seigneur, c’est un acte de conversion.

Dans le Baptême on accepte de recevoir les charis-

mes que le Seigneur veut bien nous donner mais c’est surtout pour la communauté, et pour servir nos frères… C’est tout cela que j’ai découvert au cours de “mes” 7 semaines. Le Seigneur m’a donné des frères et des sœurs pour cheminer, que j’ai toujours plaisir à retrouver dans un rassemblement ou à la prière. Dans la Bible j’ai découvert ce message du Seigneur qui me cherchait et qui avait des choses à me dire : « où es-tu ? ».

Temps de réconciliation au groupe de prière rue Henri IV


Aime-moi tel

Ces 7 semaines-là sont tout aussi importantes pour moi que la préparation de ma Première Communion à six ans et demi ou de ma profession de Foi à treize ans ou encore de ma Confirmation à dixhuit ; c’est mon premier acte d’adulte dans la Foi, c’est mon chemin de conversion. Ces 7 semaines m’ont permis de choisir, librement, à trente-six ans de me tourner vers le Christ, de marcher à sa suite et de donner ma vie au Seigneur. Faire ce choix, m’a permis de vivre des grâces de réconciliation… Je me suis en effet réconciliée

avec ma maman (décédée quatre ans plus tôt), mais surtout j’ai pu, dix ans après mon divorce, pardonner mon ex-mari. Il m’avait en effet demandé pardon dix ans plus tôt, au moment de la séparation, et soudain, j’ai enfin compris, que je ne lui avais jamais accordé ce pardon… Et j’étais restée tellement crispée sur ma propre souffrance et sur le mal qu’il m’avais fait, que j’en avais totalement oublié de lui demander pardon en retour… Peu à peu c’est devenu une évidence puis une certitude, et un jour un besoin : je l’ai appelé. Répondeur. “Pas de chance, d’ici qu’il me rappelle…” Il m’a rappelée dans les minutes qui ont suivi et a accepté un rendezvous pour le jour même ! (chose plus qu’improbable au départ)… Là, j’ai pu, à la terrasse d’un café, en plein soleil, quelques semaines après la Pentecôte, lui dire, en le regardant dans les yeux, des choses que je ne lui avais jamais dites en huit ans de mariage et encore moins en dix ans de divorce… J’ai pu lui dire, en larmes (parce qu’on peut pardonner, même si on a encore mal, ça aussi je l’ai découvert…), que je le pardonnais et que je lui demandais pardon à mon tour… ce qu’il a accepté bien volontiers, en souriant. Nous avons pu, avant de nous quitter, nous prendre dans les bras l’un de l’autre et échanger un baiser de paix…

Puissiez-vous découvrir l’Esprit en chemin au détour d’un parcours, au détour d’une lecture de la Parole vivante! Il vous invite, Il est Le Chemin, La Vérité, La Vie ! Ces 7 semaines-là ne sont que le début de la route en quelque sorte, c’est le chemin qui m’a révélé cet autre visage du Seigneur. L’Esprit Saint à l’époque, c’était pour moi “l’inconnu parmi les 3”, aujourd’hui il est celui qui me motive et par qui je vis… tournée vers Dieu à la suite du Christ. ■

que tu es…

Je connais ta misère, tes combats et les tribulations de ton âme, ta faiblesse et les infirmités de ton corps ; je sais ta lâcheté, tes défaillances et je te dis quand même : “Donnemoi ton cœur, aime-moi comme tu es”. Si tu attends d’être un ange pour te livrer à l’amour, tu ne m’aimeras jamais. Même si tu tombes souvent dans ces fautes que tu voudrais ne jamais commettre, même si tu es lâche dans la pratique de la vertu, je ne te permets pas de ne pas m’aimer. Aime-moi tel que tu es. Je veux l’amour de ton cœur indigent. Si pour m’aimer tu attends d’être parfait, tu ne m’aimeras jamais. Ne pourrais-je pas faire de chaque grain de sable un séraphin tout radieux de pureté, de noblesse, et d’amour ? Ne pourrais-je pas, d’un seul signe de volonté, faire surgir du néant des milliers de saints ? Ne suis-je pas le tout-puissant ? Et s’il me plaît de laisser pour jamais dans le néant ces êtres merveilleux et de leur préférer ton pauvre amour ? Mon enfant, laisse-moi t’aimer. Je veux ton cœur. Je compte bien te former mais, en attendant, je t’aime comme tu es et je souhaite que tu fasses de même. Je désire voir, du fond de ta misère, monter l’amour. J’aime en toi jusqu’à ta faiblesse et je veux que, de l’indigence, s’élève continuellement ce cri : “Seigneur, je t’aime.” C’est le chant de ton cœur qui m’importe. Qu’ai-je besoin de ta science et de tes talents ? Ce ne sont pas des vertus que je te demande ; et si je t’en donnais, tu es si faible que bientôt l’amour-propre s’y mêlerait ! Ne t’inquiète pas de cela. J’aurais pu te destiner à de grandes choses. Non, tu seras le serviteur inutile. Je te prendrai même le peu que tu as car je t’ai créé pour l’amour. Aime. L’amour te fera faire tout le reste sans que tu y penses ; ne cherche qu’à remplir le moment présent de ton amour. Aujourd’hui je me tiens à la porte de ton cœur et je frappe comme un mendiant, moi le Seigneur des seigneurs. Je frappe et j’attends ; hâte-toi de m’ouvrir ! J’allègerai ta misère et ton indigence car, si tu les réalisais pleinement, tu en mourrais de douleur. Cela seul qui me blesse le cœur, c’est de te voir douter et manquer de confiance. Je veux que tu penses à moi à chaque heure du jour et de la nuit ; je ne veux pas que tu poses l’action la plus insignifiante pour un motif autre que l’amour. Quand il te faudra souffrir, je te donnerai la force mais souviens-toi ; Aime-moi tel que tu es. N’attends pas d’être un saint pour te livrer à l’Amour, sinon tu ne m’aimeras jamais. ■

◗ Hors-série N°2 ◗ FOI ◗

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Accueillir la miséricorde Prier la Parole

Jour 1

Grâce à demander : Accueillir la miséricorde du père

Jean 4, 6-26

F

atigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C’était environ la sixième heure. Arrive une femme de Samarie pour puiser de l’eau. Jésus lui dit : “Donne-moi à boire.” Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger. Mais cette femme, cette Samaritaine, lui dit : “Comment ? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine !” Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains. Jésus lui répondit : “Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui aurais demandé et il t’aurait donné de l’eau vive.” La femme lui dit : “Seigneur, tu n’as pas même un seau et le puits est profond ; d’où la tiens-tu donc, cette eau vive ? Serais-tu plus grand, toi, que notre père Jacob qui nous a donné le puits et qui, lui-même, y a bu ainsi que ses fils et ses bêtes ?” Jésus lui répondit : “Quiconque boit de cette eau-ci aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; au contraire, l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissant en vie éternelle.” La femme lui dit : “Seigneur, donne-moi cette eau pour que je n’aie plus soif et que je n’aie plus à venir puiser ici.” Jésus lui dit : “Va, appelle ton mari et reviens ici.” La femme lui répondit : “Je n’ai pas de mari.” Jésus lui dit : “Tu dis bien : ‘Je n’ai pas de mari’; tu en as eu cinq et l’homme que tu as maintenant n’est pas ton mari. En cela tu as dit vrai.” “Seigneur, lui dit la femme, je vois que tu es un prophète. Nos pères ont adoré sur cette montagne et vous, vous affirmez qu’à Jérusalem se trouve le lieu où il faut adorer.” Jésus lui dit : “Crois-moi, femme, l’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient, elle est là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; tels sont, en effet, les adorateurs que cherche le Père. Dieu est esprit et c’est pourquoi ceux qui l’adorent doivent adorer en esprit et en vérité.” La femme lui dit : “Je sais qu’un Messie doit venir - celui qu’on appelle Christ. Lorsqu’il viendra, il nous annoncera toutes choses.” Jésus lui dit : “Je le suis, moi qui te parle.” O vous tous qui êtes assoiffés, venez vers les eaux, même celui qui n’a pas d’argent, venez !

42 ◗ FOI ◗ Hors-série N°4 ◗

Demandez du grain, et mangez ; venez et buvez ! - sans argent, sans paiement - du vin et du lait. À quoi bon dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, votre labeur pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez donc, écoutez-moi, et mangez ce qui est bon ; que vous trouviez votre jouissance dans des mets savoureux : tendez l’oreille, venez vers moi, écoutez et vous vivrez. Je conclurai pour vous une alliance perpétuelle, oui, je maintiendrai les bienfaits de David.

Jour 2 Marc 10, 17-22

C

omme il se mettait en route, quelqu’un vint en courant et se jeta à genoux devant lui ; il lui demandait : “Bon Maître, que dois-je faire pour recevoir la vie éternelle en partage ?” Jésus lui dit : “Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon que Dieu seul. Tu connais les commandements : Tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoignage, tu ne feras de tort à personne, honore ton père et ta mère.” L’homme lui dit : “Maître, tout cela, je l’ai observé dès ma jeunesse.” Jésus le regarda et se prit à l’aimer ; il lui dit : “Une seule chose te manque ; va, ce que tu as, vends-le, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel ; puis viens, suis-moi.” Mais à cette parole, il s’assombrit et il s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.


Jour 5 Luc 23, 39-43

Jour 3 Isaïe 53, 2-7

D

evant Lui, celui-là végétait comme un rejeton, comme une racine sortant d’une terre aride ; il n’avait ni aspect, ni prestance tels que nous le remarquions, ni apparence telle que nous le recherchions. Il était méprisé, laissé de côté par les hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, tel celui devant qui l’on cache son visage ; oui, méprisé, nous ne l’estimions nullement. En fait, ce sont nos souffrances qu’il a portées, ce sont nos douleurs qu’il a supportées, et nous, nous l’estimions touché, frappé par Dieu et humilié. Mais lui, il était déshonoré à cause de nos révoltes, broyé à cause de nos perversités : la sanction, gage de paix pour nous, était sur lui et dans ses plaies se trouvait notre guérison. Nous tous, comme du petit bétail, nous étions errants, nous nous tournions chacun vers son chemin, et le SEIGNEUR a fait retomber sur lui la perversité de nous tous. Brutalisé, il s’humilie ; il n’ouvre pas la bouche, comme un agneau traîné à l’abattoir, comme une brebis devant ceux qui la tondent : elle est muette ; lui n’ouvre pas la bouche.

Jour 4 Luc 22, 54-62

I

ls se saisirent de lui, l’emmenèrent et le firent entrer dans la maison du Grand Prêtre. Pierre suivait à distance. Comme ils avaient allumé un grand feu au milieu de la cour et s’étaient assis ensemble, Pierre s’assit au milieu d’eux. Une servante, le voyant assis à la lumière du feu, le fixa du regard et dit : “Celui-là aussi était avec lui.” Mais il nia : “Femme, dit-il, je ne le connais pas.” Peu après, un autre dit en le voyant : “Toi aussi, tu es des leurs.” Pierre répondit : “Je n’en suis pas.” Environ une heure plus tard, un autre insistait : “C’est sûr, disait-il, celui-là était avec lui ; et puis, il est Galiléen.” Pierre répondit : “Je ne sais pas ce que tu veux dire.” Et aussitôt, comme il parlait encore, un coq chanta. Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre ; et Pierre se rappela la parole du Seigneur qui lui avait dit : “Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois.” Il sortit et pleura amèrement.

L

’un des malfaiteurs crucifiés l’insultait : “N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même et nous aussi !” Mais l’autre le reprit en disant : “Tu n’as même pas la crainte de Dieu, toi qui subis la même peine ! Pour nous, c’est juste : nous recevons ce que nos actes ont mérité ; mais lui n’a rien fait de mal.” Et il disait : “Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras comme roi.” Jésus lui répondit : “En vérité, je te le dis, aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis.”

Jour 6 Jean 8, 3-11

L

es scribes et les Pharisiens amenèrent alors une femme qu’on avait surprise en adultère et ils la placèrent au milieu du groupe. “Maître, lui dirent-ils, cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère. Dans la Loi, Moïse nous a prescrit de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’en dis-tu ?” Ils parlaient ainsi dans l’intention de lui tendre un piège, pour avoir de quoi l’accuser. Mais Jésus, se baissant, se mit à tracer du doigt des traits sur le sol. Comme ils continuaient à lui poser des questions, Jésus se redressa et leur dit : “Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre.” Et s’inclinant à nouveau, il se remit à tracer des traits sur le sol. Après avoir entendu ces paroles, ils se retirèrent l’un après l’autre, à commencer par les plus âgés, et Jésus resta seul. Comme la femme était toujours là, au milieu du cercle, Jésus se redressa et lui dit : “Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ?” Elle répondit : “Personne, Seigneur”, et Jésus lui dit : “Moi non plus, je ne te condamne pas : va, et désormais ne pèche plus.”

Jour 7 Actes 3, 1-10

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ierre et Jean montaient au Temple pour la prière de trois heures de l’après-midi. On y portait un homme qui était infirme depuis sa naissance - chaque jour on l’installait à la porte du Temple dite “La Belle Porte” pour demander l’aumône à ceux qui pénétraient dans le Temple. Quand il vit Pierre et Jean qui allaient entrer dans le Temple, il les sollicita pour obtenir une aumône. Pierre alors, ainsi que Jean, le fixa et lui dit : “Regarde-nous !” L’homme les observait, car il s’attendait à obtenir d’eux quelque chose. Pierre lui dit : “De l’or ou de l’argent, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ, le Nazôréen, marche !” Et, le prenant par la main droite, il le fit lever. À l’instant même les pieds et les chevilles de l’homme s’affermirent ; d’un bond il fut debout et marchait ; il entra avec eux dans le Temple, marchant, bondissant et louant Dieu. Et tout le peuple le vit marcher et louer Dieu. On le reconnaissait : c’était bien lui qui se tenait, pour mendier, à la Belle Porte du Temple. Et les gens se trouvèrent complètement stupéfaits et désorientés par ce qui lui était arrivé. ◗ Hors-série N°4 ◗ FOI ◗

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Viens, suis-moi ! L

a Gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, enseigne Saint Irénée. À cet homme ou cette femme vivant, relevé et restauré par la miséricorde, Jésus-Christ adresse un appel à le suivre, c’est-à-dire à marcher selon ses voies, guidé par son Esprit. Tel est le chemin proposé pour cette nouvelle semaine. L’enseignement de Dany Hévin manifeste combien cet appel du Christ, fondement de toute une vie, s’incarne au fil du temps, dans le respect et la douceur, et conduit à un dépassement des horizons “intérieurs” et “extérieurs”. Ce dépassement se vérifie aussi à propos des Églises qui reçoivent cette grâce du Baptême dans l’Esprit, véritable grâce œcuménique offerte à toutes dans le respect de leurs particularités. Afin de conforter notre intimité avec le Saint Esprit, nous proposons, avec l’article du pasteur Widmer, de reconnaître que le Saint Esprit est non seulement la Troisième Personne de la Trinité, l’Esprit à l’œuvre dans la Parole de Dieu, mais qu’il est aussi celui qui « rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » (Rm 8,16) Le passage bien connu de Dietrich Bonhoeffer, « la grâce à bon marché », nous remet dans la juste attitude face à cet appel à suivre le Christ en nous évitant de tomber soit dans l’angélisme, soit dans le volontarisme. ■

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L’affaire de toute une vie

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Le témoignage intérieur du saint-Esprit

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La grâce à bon marché

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Prier la Parole

Dany Hévin

Pierre Widmer

Dietrich Bonhoeffer


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Viens suis-moi ! Enseignement des 7 semaines

L’affaire de toute une vie

Dany et Dominique Hévin, mariés, trois enfants, engagés à vie dans la Communauté du Chemin Neuf

Membre de la Communauté du chemin Neuf, Dany Hévin témoigne comment l’appel du Seigneur a retenti pour elle et son mari et conduit toute leur vie.

L’appel de Dieu est toujours une invitation à plus

de vie parce qu’il nous propose d’accueillir sa présence et sa présence est vie. L’appel de Dieu est toujours une invitation à plus de vérité parce que sa présence est vérité. Elle est jour qui éclaire notre réalité de pécheur pardonné. L’appel de

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Dieu est toujours une invitation à choisir un chemin pour vivre (Dt 30). Dans sa miséricorde, il se fait chemin en Jésus, berger pour qu’aucun ne se perde. Un chemin qui peu à peu s’éclaire parce que l’amour s’y révèle au fil des jours, un chemin qui nous fait percevoir le murmure de la source, l’appel de l’amour du Père qui nous attend, irréversible et incessant. Dès le début de la Création, Dieu appelle l’homme à entrer en communion, en Alliance avec lui. À travers tous les prophètes, Il invite l’homme à partager sa joie d’aimer. Il lui indique la route. Tout le Nouveau Testament est témoignage de l’amour du Père pour nous en Jésus-Christ. Plus sûr guide qu’une carte d’état-major, la Parole de Dieu qui nous rencontre, nous ouvre et nous indique un chemin ! « Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute ma faveur, écoutez-le. » (transfiguration)


Quand nous nous sommes mariés avec

Dominique, nous avons choisi de le faire en alliance avec Dieu, au sein de notre Église. Nous ressentions le besoin d’assurer nos pas dans plus grand que nous. Est-ce que nous avons invité Jésus à nos noces ? Je crois aujourd’hui que notre invitation était déjà une réponse à la sienne ! Jésus n’est pas venu les mains vides à ce mariage. Durant la messe, un rossignol des murailles s’est mis à chanter, son chant a rempli les voûtes de cette belle église romane où j’avais été baptisée 29 ans plus tôt, un 25 décembre. Les trilles de l’oiseau s’amplifiaient et glorifiaient Dieu. Alors, le père capucin qui avait pourtant préparé soigneusement son homélie s’est interrompu, et, un moment suspendu, le temps des hommes a accueilli le signe inattendu de la grâce, le cadeau de notre mariage, la gratuité de la brise légère. Pour Dominique et moi : le don d’une visitation au cœur de notre engagement mutuel.

Le signe sensible : l’éveil de l’oiseau ; le signe intérieur : une soif profonde, exigeante, impatiente de lire la Bible, de prier chacun, à deux et avec d’autres, d’aller à l’eucharistie le plus souvent possible, dès le premier mois qui a suivi. Ce fut pour nous le temps de la rencontre avec Dieu, au cœur et bien au-delà de notre rencontre conjugale. Une invitation à l’accueillir chez nous, au milieu de nous. Un appel à le suivre en couple, dans un chemin de conversion personnel et commun. Était venu pour nous le temps de l’écoute, de la mise en route, des étonnements et des questions, des émerveillements et des peurs. Un temps pour reconnaître que nous ne sommes pas suffisants par nous-mêmes (même amoureux !), que mon créateur est aussi mon Sauveur et mon Seigneur. Il est présent dans la Parole et aussi dans chaque relation et événement de la vie. Temps d’apprivoisement, entre doute et élan. Un temps pour accueillir cette réalité déterminante : Jésus nous appelait. Pas seulement depuis des siècles mais

Le chemin de dessaisissement et d’abandon à la volonté de Dieu accueilli par Dany et Dominique, les a conduits au Brésil où ils vivent dans une petite fraternité où tout est à apprendre et recevoir.

aujourd’hui, car Dieu est toujours au présent ; pas seulement Mère Térésa ou frère Roger et beaucoup de croyants féconds contemporains, mais aussi nous, chacun de nous. « Sorti vers la troisième heure, il en vit d’autres qui se tenaient là désœuvrés sur la place, et à ceux-là il dit : “allez vous aussi à la vigne, et je vous donnerai un salaire équitable.” » (Mt 20,3) Si Jésus s’est fait chemin humain, c’est pour que tout homme puisse avancer et rejoindre le Père. Il n’appelle pas des saints “tout faits”, des compétents en vertus, des diplômés en ascèse ! Il éveille le cœur et donne le goût de la randonnée. Il appelle à le suivre “en l’état”. Comme Pierre qui vient de le renier trois fois (Jn 21, 19) ; comme Paul qui le persécute avec acharnement… et comme chacun de nous qu’il touche, guérit, qu’il relève et restaure. C’est dans l’intime que Jésus appelle, nous laissant notre part. Il ne fait pas les demandes et les réponses, et ne prédestine personne. Son appel est en attente dans le respect de la liberté humaine.

Le choix de la réponse m’appartient. Je suis

responsable de la cohérence des conséquences de mes choix. À pleine page d’Évangile, nous rencontrons ces choix : ces oui et ces non, la joie de Zachée (Lc 19, 1-10) ou la tristesse du jeune homme riche (Mc 10, 17-22). Après quatre ans de marche, de soif, de recherche “du puits”, nous avons reçu, en pur don de Dieu, une terre fraternelle où répondre concrètement. Avec grande joie et paix profonde, nous avons échangé beaucoup d’éléments de notre vie quotidienne. Notre cœur a accueilli des inattendus comme l’arrivée par adoption de notre deuxième enfant. « J’espérais dans le Seigneur d’un grand espoir. En ma bouche, il mit un chant nouveau. Tu ne voulais sacrifice ni oblation, tu n’exigeais holocauste ni victime, alors j’ai dit : voici, je viens pour faire ta volonté ». (Ps 40)


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Viens suis-moi ! Enseignement des 7 semaines

C’est dans la Communautédu Chemin Neuf que nous avons dit oui à Jésus, au service de l’Église, dans des temps de mission d’évangélisation auprès des jeunes, des couples et des familles mais aussi et d’abord dans le service quotidien de ceux qu’il nous donnait à aimer et servir. Jésus a passé trente ans à Nazareth, dans ce creuset de la vie quotidienne, et c’est d’abord là qu’il nous appelle à vivre en amitié, en proximité avec lui. À vivre l’Alliance, sans se payer de mots. Nos jours sont des jardins où fleurissent nos oui au milieu de toutes nos résistances et de tous nos refus. Mais l’Amour du Père est indécourageable ! Jésus, pas à pas, à nos côtés, apprivoise nos peurs, et refait « ce vase d’argile » comme il lui semble bon (Jr 18, 1-6). Ainsi, quinze ans après notre “oui conjugal”, nous avons répondu oui dans un engagement communautaire définitif. C’était une joie très profonde, une joie nuptiale. Nous avions le sentiment – non – la certitude intime, de répondre enfin à l’appel qui nous avait été fait le jour de notre mariage, mais sans retard, sans qu’il y ait eu de temps perdu à répondre. Comme si cette alliance venait accomplir, déployer notre alliance conjugale ou plutôt comme si notre alliance conjugale avait préfiguré ce oui à Dieu. Ce n’était pas une arrivée mais un départ. À nouveau, il restait tout à vivre et attendre de l’Amour de Dieu. Accepter que la conversion soit toujours devant. Accepter un chemin de dessaisissement et d’abandon à sa volonté. Nous lui avons demandé une terre étrangère. Aujourd’hui, nous vivons dans une petite fraternité au Brésil où tout est à apprendre et à recevoir. Où nous offrons surtout notre incapacité à comprendre. C’est une aide pour entrer dans notre réalité de dépendance à Jésus Seigneur. Nos trois enfants sont adultes. Notre fille s’est mariée cet été. Rentrés pour les derniers préparatifs, nous avons eu à accueillir tout ce qui n’avait pas été pensé, organisé par nous. Accueillir la famille de notre gendre d’un autre pays européen. Tout fut grâce et joie et simplicité. Dans cette étape de dessaisissement et

d’abandon à sa volonté, la clef majeure est la confiance dans la miséricorde de Dieu. Accepter de ne pas se mettre de notes – elles sont toujours trop basses ou trop hautes ! Accueillir d’être aimés, en pécheurs pardonnés, et aimés. C’est un travail toujours à refaire ! “Le Christ apporte la paix à celui qui a le courage de s’abandonner à sa miséricorde, de lâcher prise.” (Le Courage d’avoir peur, MP. Molinié) Apprendre à tout remettre sans rien retenir pour nous qui serait perdu pour les autres dans ce chemin de randonnée derrière Jésus. Que jusqu’au dernier jour, nous soyons assez près de ses pas pour en voir la trace, pour l’entendre nous dire « suis-moi » et nous laisser saisir par l’Esprit Saint pour qu’en nous il dise oui. « Seigneur tu sais tout. Tu sais bien que je t’aime. » (Jn 21,17). ■

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Qu’est ce qu’il te demande d aussi la sollicitude de march Lui qui scrute les profondeur cœur. Lui qui ne supporte pa de résider dans une telle dem regard. Il est doux et suave, davantage vers la sienne pou réellement l’accomplir.


donc, Celui qui t’a cherché avec tant de sollicitude, sinon que tu aies her avec ton Dieu ? Cette sollicitude ne peut être que de l’Esprit Saint : rs de nos sentiments, qui discerne nos pensées et les intentions du as la moindre paille à l’intérieur du cœur qu’il possède, souffre du désir meure mais aussitôt l’enflamme au feu de son circonspect et pénétrant l’Esprit, qui fléchit notre volonté ou plutôt la redresse et la dirige ur que nous puissions la comprendre en vérité, l’aimer avec ferveur et Saint Bernard

◗ Hors-série N°4 ◗ FOI ◗

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Viens suis-moi Connaître le Saint-Esprit

Le Témoignage intérieur

du Saint-Esprit Le pasteur Widmer aborde ici la question cruciale de notre capacité à entendre, reconnaître et comprendre Dieu qui nous parle. « L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » (Rm 8, 16) Nous avons ici le texte fondamental et le plus précis concernant le “témoignage intérieur du Saint-Esprit”. Nous le garderons dans le contexte du chapitre 8, mais sans nous limiter à cela. En 1943, Théo Preiss, le regretté théologien protestant de Montpellier, avait fait un travail sérieux sur ce thème.1 Nous allons essayer de comprendre en quoi consiste ce “témoignage intérieur”, sur quoi il porte, et quelles en sont les conséquences pour le croyant, disciple de Jésus-Christ.

Qu’est ce que le “témoignage intérieur du Saint-Esprit” ? Un témoignage est le rapport d’un témoin, ce qu’il dit sur un fait, un événement qu’il a vu de ses yeux, une personne qu’il connaît bien. Qui donc est ici le témoin ? De quoi, de Qui parle-t-il ? À qui en rend-il témoignage ? Ce témoin est le Saint-Esprit, troisième Personne de la Trinité – mot qui n’existe pas dans la Bible, mais qui est très commode pour définir le Dieu trois fois saint de la Révélation. Il est une personne divine, et non pas un “fluide” ou une influence. Les évangiles et les épîtres la désignent clairement en relation avec le Père et le Fils. Son premier témoignage est objectivement rendu à Jésus-Christ (cf. Mt 3, 16-17 et parallèles). Avant de quitter ses disciples, le Seigneur Jésus leur parle du Saint-Esprit comme « l’autre consolateur », « que le Père enverra en mon nom » et « qui rendra témoignage de moi » (Jn 14, 16-18. 25-26 ; 15, 26) Comment ce témoignage “objectif” rendu à Jésus-Christ peut-il

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devenir “intérieur” ? Comment peut-on être sûr qu’il ne s’agit pas de quelque chose de “subjectif”, d’une impression personnelle, d’une conviction fondée sur le psychisme de l’individu ? Cela pose la question d’un critère sûr d’authenticité du témoignage.

Quel est le critère sûr du “témoignage intérieur” ? Cette sorte de “voix intérieure” qui parle et rend témoignage peut se manifester de diverses manières. Tout chrétien doit savoir que Dieu nous a donné une Révélation écrite et sûre : Sa Parole, la S a i n t e Écriture. “Le témoignage intérieur du S a i n t Esprit” ne peut qu’être en accord avec l’Écriture. Au cours des siècles, La Bible est l’autorité souveraine en matière de foi l’Ancien Testament a été composé sous l’inspiration du Saint-Esprit qui guidait les écrivains sacrés. Dieu a confié au Peuple d’Israël le soin d’en être le dépositaire. Le Nouveau Testament a été écrit sous l’inspiration du même Esprit Saint après le ministère terrestre du Seigneur Jésus ; c’est l’Église qui a reconnu l’autorité des livres qui le composent. Elle n’a pas conféré cette autorité, mais par l’action du Saint-Esprit, elle a reconnu dans les écrits de la Bible, la Parole de Dieu. Jésus avait déjà confirmé l’autorité de l’Ancien Testament. La Bible est donc l’autorité sou-


Soirée de prière à l’Abbaye d’Hautecombe : le Saint-Esprit témoigne avant tout de Jésus-Christ et de son œuvre de salut.

veraine en matière de foi.2 Quand donc quelqu’un dit : “Le Seigneur m’a parlé” ou “Dieu m’a dit” ou “le Saint-Esprit m’a révélé que”, il importe que ce témoignage soit en parfait accord avec ce que dit l’Écriture sainte, norme de la foi. Un prétendu “témoignage intérieur du Saint-Esprit” qui serait en contradiction avec ce qu’enseigne la Bible est donc à rejeter ; il ne satisfait pas au sûr critère de la Révélation divine, la vérité. La Parole de Dieu est la précieuse garantie que le Seigneur lui-même a donnée pour pouvoir éprouver tout témoignage. L’apôtre Jean a écrit : « éprouvez les esprits, pour savoir s’ils viennent de Dieu… » (1 Jn 4, 1ss). Et il ne cesse de renvoyer ses « bienaimés » frères en la foi au critère de l’Écriture Sainte.

Le témoignage du Saint-Esprit à l’Écriture Sainte De nombreux auteurs chrétiens et plusieurs Confessions de foi, historiques ou récentes, de diverses Églises, mettent l’accent sur le fait que le témoignage de l’Esprit Saint concerne d’abord la Parole de Dieu, pour aider le croyant aussi bien que l’Église, à la recevoir comme le message de Dieu par excellence.3 Commentant la Confession de Foi de la Rochelle (1559), le Professeur P. Courthial d’Aix en Provence, traduit ainsi en français moderne l’article 4 : “Nous reconnaissons que ces livres sont canoniques (c.-à-d. ont autorité divine) et la règle très certaine de notre foi, non pas tant par un commun accord et le consentement de l’Église, que par le témoignage et la persuasion du Saint-Esprit, qui nous les fait distinguer des autres livres ecclésiastiques sur lesquels, bien qu’ils soient utiles, on ne peut fonder aucun article de foi.” 4 Le témoignage intérieur du Saint-Esprit concerne d’abord celui qu’il rend, comme il le fait objectivement dans la Bible, à la divine inspiration et à la souveraine autorité de l’Écriture. La Confession de Westminster (anglicane) précise que “notre pleine persuasion et notre assurance de l’in-

faillibilité et de la divine autorité de l’Écriture nous vient de l’œuvre intérieure du Saint-Esprit, qui porte témoignage dans nos cœurs par la Parole et avec elle.” (ch I, Art. V)

Théo Preiss rapporte à ce sujet le propos de Calvin : “La Parole est comme un instrument par lequel le Seigneur dispense aux fidèles l’illumination de son Esprit.” En 1984, les Églises mennonites (anabaptistes) de Suisse ont rédigé une nouvelle Confession de Foi où il est écrit entre autres choses : “nous croyons à l’inspiration divine de l’Écriture Sainte ; elle est la vérité et la seule autorité en tout ce qui concerne la foi et la vie de l’homme. Le Saint-Esprit confirme son message et atteste sa véracité”. C’est le parallèle à la Confession Française citée plus haut. Il s’agit là à la fois du témoignage intérieur et extérieur du Saint-Esprit, à la fois subjectif et objectif : il parle à la conscience du croyant personnellement, en relation avec l’Église qui a reconnu l’autorité de l’Écriture. Le chrétien n’est pas livré à lui-même, ni à sa seule appréciation : c’est dans la communion de l’Église en général et de sa communauté locale qu’il perçoit ce témoignage intérieur de l’Esprit Saint. La Parole de Dieu, autorité normative et souveraine, est le critère sûr, extérieur à lui, auquel il peut confronter tout ce qu’il croit entendre comme venant de Dieu.

Le témoignage intérieur concernant Jésus Christ Parlant à la conscience, au cœur, à l’intelligence, à l’esprit de l’homme, le Saint-Esprit témoigne avant tout de Jésus-Christ et de son œuvre de salut. C’est le monde qu’il convaincra de péché, de justice et de jugement (Jn 16, 8-11). L’Évangile de Jean présente toujours le SaintEsprit comme une personne qui remplacera Jésus auprès des disciples et habitera en eux. Il l’appelle le « Paraclet », « l’autre Consolateur », lui-même étant le premier. Paraclet est la transcription d’un terme grec du vocabulaire juridique signifiant à la fois : défenseur, ◗ Hors-série N°4 ◗ FOI ◗

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Viens suis-moi Connaître le Saint-Esprit avocat, aide, assistant, conseiller, protecteur, consolateur, conducteur, allié, intercesseur, soutien. Et Jésus insiste sur le fait que ce « Paraclet » parlera de sa part, et ramènera sans cesse à Lui. Cet enseignement culmine au chapitre 15, verset 26 : « Quand le Conseiller sera venu, Celui que je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité qui vient du Père, il rendra témoignage de moi. » Toutes les traductions de la Bible sont unanimes à ce sujet. Il faut y relier en particulier les passages suiv a n t s : Jn 14, 16-18. 25-26 ; 16, 7-11. Il ne s’agit pas seulement du texte biblique, mais d’une action intérieure de l’Esprit Saint pour rendre agissante cette parole écrite et témoigner de Jésus vivant, le sauveur, l’Auteur de notre salut. Il peut ainsi nous donner une pleine assurance, ce que l’on appelle aussi la certitude du salut. Cela comporte une appropriation personnelle des mérites de Jésus-Christ, qui permet au croyant converti de se savoir pour toujours objet de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ et dont rien ne peut nous séparer (Rm 8, 38-39). Nous nous savons justifiés devant Dieu par Celui qui a expié nos péchés une fois pour toutes et qui est notre Parfait Avocat auprès de Dieu. Quiconque a fait cette expérience et vit quotidiennement de cette foi peut dire avec l’apôtre Paul aux Romains : « Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ… L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint, qui nous a été donné… Ainsi vous-mêmes, considérez-vous comme morts au péché, et vivants pour Dieu en Christ-

Jésus… Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus, qui marchent non selon la chair, mais selon l’Esprit… » (Rm 5, 1-5 ; 6, 11 ; 8, 1)

Le témoignage intérieur du SaintEsprit et l’expérience chrétienne Venons-en à la vie chrétienne et aux problèmes qu’elle pose. D’abord comment être sûrs que nous sommes « enfants de Dieu » et que le Saint-Esprit habite en nous ? C’est une chose fondamentale et, deux fois, l’apôtre Paul a interpellé les chrétiens de Corinthe à ce sujet : « ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Co 3, 16 ; cf. 6, 19-20). C’est une chose élémentaire pour un croyant né de nouveau de savoir que le Saint-Esprit habite en lui, et de vivre en conséquence, faisant toujours plus de place à l’Esprit. (cf. Ep 3, 19 et 5, 18) C’est par la foi que nous entrons dans la vie de l’Esprit, étant « nés de Dieu », faits « enfants de Dieu ». Voir à ce sujet les claires affirmations de Jean 1, 12-13 ; 1 Jean 3, 1 et 9, 13. C’est par le témoignage intérieur du Saint-Esprit que nous sommes sûrs d’être « dès à présent, enfants de Dieu » ; Paul préfère écrire « fils » dans ce magnifique chapitre 8 de l’Épître aux Romains, dont nous avons déjà souligné plusieurs affirmations. « Vous n’avez pas reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte, mais vous avez reçu un esprit d’adoption, par lequel nous crions :

La grâce à bon marché La grâce à bon marché, c'est la prédication du pardon sans repentance, c'est le baptême sans discipline ecclésiastique, c'est la sainte cène sans confession des péchés, c'est l'absolution sans confession personnelle. La grâce à bon marché, c'est la grâce que n'accompagne pas l'obéissance, la grâce sans la croix, la grâce abstraction faite de Jésus-Christ vivant et incarné. La grâce qui coûte c'est le trésor caché dans le champ : à cause de lui, l'homme va et vend joyeusement tout ce qu'il a ; c'est la perle de grand prix : pour l'acquérir, le marchand abandonne tous ses biens ; c'est la royauté du Christ : à cause d'elle, l'homme s'arrache l'œil qui est pour lui une occasion de chute ; c'est l'appel de Jésus-Christ : l'entendant, le disciple abandonne ses filets et le suit. La grâce qui coûte, c'est l'évangile qu'il faut toujours chercher à nouveau ; c'est le don pour lequel il faut prier, c'est la porte à laquelle il faut frapper. Elle coûte, parce qu'elle appelle à l'obéissance ; elle est grâce parce qu'elle appelle à l'obéissance à Jésus-Christ ; elle coûte, parce qu'elle est, pour l'homme, au prix de sa vie ; elle est grâce parce que, alors seulement, elle fait à l'homme cadeau de la vie ; elle coûte parce qu'elle condamne les péchés, elle est grâce parce qu'elle justifie le pécheur. La grâce coûte cher d'abord parce qu'elle a coûté cher à Dieu, parce qu'elle a coûté à Dieu la vie de son fils –"vous avez été acquis à un prix élevé" – parce que ce qui coûte cher à Dieu ne peut être bon marché pour nous. Elle est grâce d'abord parce que Dieu n'a pas trouvé que son fils fût trop cher pour notre vie, mais qu'il l'a donné pour nous. La grâce qui coûte, c'est l'incarnation de Dieu. Dietrich Bonhoeffer, Le prix de la Grâce

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C’est au prix d’un type de vie consacrée quotidiennement au Seigneur, que nous pouvons espérer jouir en vérité du “témoignage intérieur du Saint-Esprit”.

Abba ! Père ! » (Rm 8, 15) Abba, c’est notre mot “papa”. Une fois dans ma vie, j’ai entendu un homme de Dieu, que je veillais au moment de son départ, dire faiblement, mais distinctement : “Papa !” dans sa prière. Son chevet, un petit tableau pyrogravé portait la parole de Jésus : « le Père m’aime ». Pour moi, il n’y avait aucun doute que ce vénéré frère s’en remettait à son Père céleste, dont il se savait l’enfant, heureux de Le voir enfin après beaucoup de souffrances. Quelle intimité spirituelle dans ce simple mot !

Romains 8 commence et s’achève par un chant de triomphe. Toute la vie chrétienne s’inscrit entre ces deux assurances : « Il n’y a pas de condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus ! » et « Rien ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ. » (Rm 8, 1. 39) L’Écriture l’affirme, et l’Esprit Saint l’atteste à notre esprit d’une manière tout à fait personnelle : « L’Esprit lui-même atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu » (Rm 8, 16) Certains traduisent comme Darby ou le Chanoine Osty : «… atteste avec notre esprit… », incluant la participation humaine à ce témoignage de l’Esprit Saint. Tous les traducteurs de la Bible comprennent dans le verset 17 que nous sommes, du fait de notre adoption, également « héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ » ; Quelle position merveilleuse ! Cependant cette glorieuse affirmation continue par un « si » : « si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être aussi glorifiés avec lui » (Rm 8, 17). Les diverses versions emploient des expressions différentes, mais le sens est bien celui-là. La Parole nous appelle à une entière solidarité avec Jésus-Christ : bénéficiant de sa grâce, nous avons à le suivre. Et c’est au prix de ce type de vie, consacrée quotidiennement au Seigneur, que nous pouvons espérer jouir en vérité du “témoignage intérieur du Saint-Esprit”. En aucun cas il ne peut s’agir d’une foi au rabais, d’une “grâce bon marché”, selon le mot de Bonhoeffer. Quand l’apôtre Pierre écrit aux premiers chrétiens, il leur parle de « la vraie grâce de Dieu » et d’une foi « du même prix que la nôtre » (1 P 5, 12 et 2 P 1,1). Pour jouir de l’intimité du Seigneur et recevoir le témoignage intérieur de son Esprit, il faut vivre de la vie nouvelle. Et c’est ce qu’expose le chapitre 8 de l’Épître aux Romains. • Les versets 1 à 4 décrivent l’affranchissement de la condamnation et de la mort pour ceux qui sont « en Christ-Jésus », expression parlant de la relation vitale et d’intimité. Ceux-là peuvent marcher, non selon la chair – c’est-à-dire en obéissant à leur nature corrompue – mais selon l’Esprit. Ils ne sont plus soumis à « la loi du péché » : libérés par Jésus-Christ, ils vivent selon « la loi de l’Esprit de vie ». Leur conduite est marquée par la sanctification, la mise à part pour Dieu, la marche avec le Seigneur. Dans ces conditions, il peut leur faire entendre “la voix intérieure” de l’Esprit. • Les versets 5 à 11 marquent l’opposition irréductible entre la vie selon nos tendances naturelles et la vie selon l’Esprit, dans la soumission à la loi de Dieu. Et Paul d’écrire : «… vous n’êtes plus sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de

Christ, il ne lui appartient pas. » (Rm 5, 9). Déclaration catégorique : « Et si Christ est en vous »… vous revivrez aussi, par l’Esprit qui l’a ressuscité d’entre les morts. Telles sont les conditions de la vie avec Christ, par l’Esprit, et son aboutissement. • Cette “qualité de vie” est décrite dans les versets 12 à 17, avec le verset central : «… car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu » (Rm 8, 14). Être conduit par l’Esprit implique le privilège d’en recevoir – et pourquoi pas constamment ? - le témoignage intérieur. Ce qui n’empêche pas de vivre encore dans les limitations et les faiblesses de la condition humaine, même dans la prière, comme dans notre corps mortel. Mais quelle grâce d’être déjà « sauvés en espérance ! » Et quel bonheur de vivre le mystère de l’Esprit intercédant en nous, dans notre faiblesse, par des soupirs inexprimables que Dieu comprend, et qu’il exauce certainement ! (Rm 8, 26-27) Admirable sagesse de Dieu, merveilleux amour divin qui, dans le même chapitre, nous parle ainsi de l’intercession du Saint-Esprit en notre faveur et de celle du Fils, déjà à Sa droite ! (Rm 8, 31-34). Gloire soit à Dieu pour son Don ineffable ! Mais nous avons à nous défier de nos sentiments ; Dieu peut nous parler même quand nous ne sentons rien. Le témoignage intérieur du Saint-Esprit n’est pas nécessairement associé à des émotions bouleversantes. Quand on croit avoir entendu cette voix, douce et subtile, quand on se croit sûr de la volonté de Dieu, quand les émotions nous gagnent, il faut encore demander : “est-ce bien toi, Seigneur ?” Si nous vivons réellement dans Sa communion, Il nous répondra certainement. Car l’Esprit d’adoption nous permet de communiquer intimement avec notre Père céleste, et d’entendre “le témoignage intérieur du Saint-Esprit”, à éprouver toujours au critère de sa Parole. ■ Article initialement paru dans Tychique n°67 1. cf. Cahiers théologiques de l’Actualité Protestante, n°13, 2d. Delachaux et Niestlé, 1946, 39p. 2. Théo Preiss écrit au chapitre 1er de son ouvrage intitulé le Témoignage intérieur du Saint-Esprit : “L’Église des premiers siècles a éprouvé le besoin de faire un canon fermé, de reconnaître une fois pour toutes comme étant au-dessus d’elle-même certains écrits de l’époque apostolique. Elle a donc reconnu une autorité supérieure à la sienne.” (p.11) 3. Les Églises mennonites de France affirment dans leur Confession de Foi (1969) : “nous croyons que Dieu se révèle aux hommes dans les Saintes Écritures, la Bible, Parole de Dieu (Jn 1,14 ; He 1, 1-3, 2 P 1, 21). Nous croyons qu’elles sont entièrement inspirées de Dieu comme elles déclarent l’être, et que le Saint-Esprit en confirme la vérité salutaire (1 Tm 3, 16).” 4. P. Courthial, La Confession de Foi de La Rochelle, Commentaires, les cahiers de Tant qu’il fait jour et Société des compagnons pour l’Évangile, Paris, 1979.

◗ Hors-série N°4 ◗ FOI ◗

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❱❱

Viens, suis-moi ! Prier la Parole

Grâce à demander : que Jésus creuse en moi le désir d’accueillir son Esprit pour le suivre Jour 1

Jour 3

Matthieu 5, 3-10

Luc 14, 26-33 i quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix et ne marche pas à ma suite ne peut pas être mon disciple. En effet, lequel d’entre vous, quand il veut bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et juger s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? Autrement, s’il pose les fondations sans pouvoir terminer, tous ceux qui le verront se mettront à se moquer de lui et diront : “Voilà un homme qui a commencé à bâtir et qui n’a pas pu terminer !” Ou quel roi, quand il part faire la guerre à un autre roi, ne commence par s’asseoir pour considérer s’il est capable, avec dix mille hommes, d’affronter celui qui marche contre lui avec vingt mille ? Sinon, pendant que l’autre est encore loin, il envoie une ambassade et demande à faire la paix. De la même façon, quiconque parmi vous ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut être mon disciple.

H

eureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux. Heureux les doux : ils auront la terre en partage. Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux : il leur sera fait miséricorde. Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu. Heureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux.

Jour 2 DeutÉronome 30, 15-20

V

ois : je mets aujourd’hui devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur, moi qui te commande aujourd’hui d’aimer le SEIGNEUR ton Dieu, de suivre ses chemins, de garder ses commandements, ses lois et ses coutumes. Alors tu vivras, tu deviendras nombreux, et le SEIGNEUR ton Dieu te bénira dans le pays où tu entres pour en prendre possession. Mais si ton cœur se détourne, si tu n’écoutes pas, si tu te laisses entraîner à te prosterner devant d’autres dieux et à les servir, je vous le déclare aujourd’hui : vous disparaîtrez totalement, vous ne prolongerez pas vos jours sur la terre où tu vas entrer pour en prendre possession en passant le Jourdain. J’en prends à témoin aujourd’hui contre vous le ciel et la terre : c’est la vie et la mort que j’ai mises devant vous, c’est la bénédiction et la malédiction. Tu choisiras la vie pour que tu vives, toi et ta descendance, en aimant le SEIGNEUR ton Dieu, en écoutant sa voix et en t’attachant à lui. C’est ainsi que tu vivras et que tu prolongeras tes jours, en habitant sur la terre que le SEIGNEUR a juré de donner à tes pères Abraham, Isaac et Jacob.

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S


Jour 4

Jour 5

Romains 8, 38-30

Genèse 12, 1-4

N

ous savons d’autre part que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu, qui sont appelés selon son dessein. Ceux que d’avance il a connus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, afin que celui-ci soit le premier-né d’une multitude de frères ; ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés.

L

e SEIGNEUR dit à Abram : “Pars de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père vers le pays que je te ferai voir. Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai. Je rendrai grand ton nom. Sois en bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, qui te bafouera je le maudirai ; en toi seront bénies toutes les familles de la terre.” Abram partit comme le SEIGNEUR le lui avait dit, et Loth partit avec lui. Abram avait soixante-quinze ans quand il quitta Harrân.

Jour 6 Jean 6, 60-69

A

près l’avoir entendu, beaucoup de ses disciples commencèrent à dire : “Cette parole est rude ! Qui peut l’écouter ?” Mais, sachant en lui-même que ses disciples murmuraient à ce sujet, Jésus leur dit : “C’est donc pour vous une cause de scandale ? Et si vous voyiez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant… ? C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. Mais il en est parmi vous qui ne croient pas.” En fait, Jésus savait dès le début quels étaient ceux qui ne croyaient pas et qui était celui qui allait le livrer. Il ajouta : “C’est bien pourquoi je vous ai dit : Personne ne peut venir à moi si cela ne lui est donné par le Père.” Dès lors, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de faire route avec lui. Alors Jésus dit aux Douze : “Et vous, ne voulez-vous pas partir ?” Simon-Pierre lui répondit : “Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle. Et nous, nous avons cru et nous avons connu que tu es le Saint de Dieu.”

Jour 7 Jean 21, 15-19

A

près le repas, Jésus dit à Simon-Pierre : “Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ?” Il répondit : “Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime”, et Jésus lui dit alors : “Pais mes agneaux.” Une seconde fois, Jésus lui dit : “Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ?” Il répondit : “Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime.” Jésus dit : “Sois le berger de mes brebis.” Une troisième fois, il dit : “Simon, fils de Jean, m’aimestu ?” Pierre fut attristé de ce que Jésus lui avait dit une troisième fois : “M’aimes-tu ?” et il reprit : “Seigneur, toi qui connais toutes choses, tu sais bien que je t’aime.” Et Jésus lui dit : “Pais mes brebis. En vérité, en vérité, je te le dis, quand tu étais jeune, tu nouais ta ceinture et tu allais où tu voulais ; lorsque tu seras devenu vieux, tu étendras les mains et c’est un autre qui nouera ta ceinture et qui te conduira là où tu ne voudrais pas.” Jésus parla ainsi pour indiquer de quelle mort Pierre devait glorifier Dieu ; et après cette parole, il lui dit : “Suis-moi.” ◗ Hors-série N°4 ◗ FOI ◗

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❱❱ Renaître par l’Esprit Saint N

ul ne peut dire Jésus Christ est Seigneur si ce n’est par l’Esprit Saint ! Nous ne pouvons pas suivre le Christ si nous ne nous laissons pas renouvelés par son Esprit dans une offrande totale de nous-mêmes. Telle est l’enjeu de cette semaine que nous expose avec clarté le Père Olivier Turbat, nous ramenant fermement au cœur de notre vocation chrétienne : partager la vie de Dieu, non par nos forces – nous en sommes incapables, mais par l’Esprit du Seigneur. Dans ce moment où nous sommes invités à “renaître de l’Esprit-Saint”, la réflexion du Père Cantalamessa vient à point nommé développer une théologie du Baptême dans l’Esprit Saint en lien avec les sacrements de l’initiation chrétienne, grâce à la notion de “sacrement entravé”. Il était aussi utile de reprendre quelques éléments concrets concernant la forme de la prière de demande du Baptême dans l’Esprit Saint. Sans que soit établi un rituel contraignant, l’expérience montre en effet, que l’attention à ces points concrets aide la personne demandante à entrer dans la démarche qu’elle désire vivre. ■

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Baptême dans l’Esprit et vie chrétienne

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Le baptême dans l’Esprit Saint

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Combien plus…

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Olivier Turbat

Raniero Cantalamessa

Saint Syméon

Comment prier pour le Baptême dans l’Esprit Saint Laurent Fabre

Prier la Parole


❱❱

Renaître par l’Esprit Saint Enseignement des 7 semaines

Baptême dans l’Esprit

et vie chrétienne

Le père Olivier Turbat nous présente l’enjeu de la démarche du Baptême dans l’Esprit Saint : offrir sa vie au Seigneur pour accueillir la nécessaire intervention de Dieu qui seul permet de le suivre en Esprit et en vérité.

Le Christ ne vient pas seulement répondre à nos besoins ; il nous propose de participer à la vie trinitaire Dans la vie spirituelle, tout part d’une rencontre personnelle avec le Christ. Et  peu à peu, à mesure que nous nous engageons dans une vie avec le Seigneur, nous comprenons bien que Dieu offre une possibilité magnifique, un sens à la vie. Il nous sauve de toutes sortes de mal et de souffrance. Il se révèle comme le Dieu qui nous délivre de nos péchés et de nos enfermements : par différentes étapes de conversion, de guérison intérieure, de réconciliation avec nous-mêmes et d’apaisement, Dieu se révèle présent et agissant dans notre existence. Cependant, il reste une étape à franchir : c’est la découverte que Dieu n’est pas seulement la réponse à nos aspirations, nos désirs ou notre besoin de trouver notre réalisation, mais qu’il se propose d’être le maître de notre vie. Dieu n’est pas seulement un moyen au service de notre épanouissement, fut-il religieux. Avant de répondre à nos besoins, Dieu nous appelle à le suivre. Le Christ ne vient pas seulement répondre à nos aspirations ; il est venu nous révéler le plan de Dieu sur tout homme et le rendre réalisable pour chacun. Ce plan est de faire de nous des fils et de nous faire participer à sa propre vie trinitaire : « Qu’il soit Béni, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ. Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit au ciel dans le Christ. Il nous a choisis dans le Christ avant que le monde fût créé pour être saints et sans péchés devant sa

58 ◗ FOI ◗ Hors-série N°4 ◗

face grâce à son amour. Il nous a prédestinés à être pour lui des fils adoptifs par Jésus le Christ » (Ep 1, 3-5) Cette participation se fait par mode de connaissance du Christ et de conformation au Christ : il s’agit de « le connaître, lui, avec la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances, lui devenir conforme dans sa mort, afin de parvenir si possible à ressusciter d’entre les morts » (Ph 3, 10-11). « Ceux qu’il connaissait par avance, il les a destinés à être conformes à l’image de son fils, pour faire de ce fils l’aîné d’une multitude de frères. » (Rm 8,29). Ici Dieu ne se présente pas seulement comme un soutien ou une aide mais il nous appelle à être conformés à l’image de son Fils, à participer à l’offrande du Fils au Père pour le monde. Notre prédication s’arrête trop souvent à l’annonce d’un Dieu bon qui vient à notre aide et elle court ainsi le risque de réduire Dieu à n’être qu’un moyen au service de notre épanouissement et de notre réussite. Or le Baptême dans l’Esprit Saint nous place dans une perspective toute autre qui est celle de l’offrande de notre vie au Christ et de l’acceptation consciente et joyeuse d’être saisi par lui et de vivre dans son intimité ; intimité qui est alors vécue non seulement comme une consolation, mais aussi comme une participation à l’offrande que le Christ fait de sa propre vie. Nous sommes invités à donner notre vie par lui et en lui. Plus profondément, en ne présentant qu’un Dieu qui nous aime et qui nous fait du bien, nous courons toujours le risque d’évacuer le mystère de la Trinité qui est


« L’Esprit Saint reposera sur la maison »

le cœur et l’originalité même de la révélation chrétienne. “Croire que Dieu nous aime, cela ne peut rien signifier, cela peut même nous égarer, si nous ne savons pas de quel amour Dieu nous aime. Ce qu’il nous faut apprendre c’est que Dieu nous aime en Dieu, comme Dieu seul peut aimer c’est-à-dire en nous donnant Dieu” 1 Dans la révélation chrétienne, nous sommes face à un Dieu qui nous aime en se donnant luimême et en nous proposant de « devenir participants de sa nature divine » (2 P1,4), en nous conformant à son Fils crucifié-ressuscité. Il s’agit bien de se laisser saisir par le Christ, de lui devenir conforme, pour entrer par Lui dans son mouvement d’offrande à son Père et pour donner comme Lui et par Lui notre vie pour le monde : « Aimez-vous les

uns les autres COMME je vous ai aimés » ; « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ». C’est notre exacte vocation, où s’accomplit notre sacerdoce baptismal, qui est participation au sacrifice unique du Christ. Nous sommes ainsi rendus capables d’offrir l’offrande juste, qui est l’offrande de nous-mêmes : « je vous exhorte donc frères, par la miséricorde de Dieu, à vous offrir en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu : c’est là le culte spirituel que nous avons à rendre. » (Rm 12,1). Et cette participation à l’offrande du Christ à son Père se joue dans les lieux les plus concrets de notre vie quotidienne – combats intimes, vie quotidienne de la mère de famille comme du religieux, dans la vie professionnelle comme dans la vie familiale, etc… - C’est là ◗ Hors-série N°4 ◗ FOI ◗

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❱❱

Renaître par l’Esprit Saint Enseignement des 7 semaines que, comme le Christ et par le Christ, nous sommes invités à aimer jusqu’à donner notre vie pour nos frères, pour l’Église, pour le monde.

L’œuvre de l’Esprit Saint Cette participation, cette conformation progressive à Jésus est justement l’œuvre de l’Esprit Saint qui “se fait l’exécuteur des desseins du Père, l’ouvrier de la déification de l’homme, dont le Père a tracé le plan sur le modèle du Verbe incarné.” 2 “La première œuvre en nous de cet Esprit créateur et sanctificateur est de nous transformer à la ressemblance du Fils de Dieu et de nous faire vivre d’une vie conforme à notre filiation divine : « tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu ». (Rm 8, 14) (…) Il nous pousse à réaliser la complète ressemblance avec le Christ. Il nous excite et nous aime « jusqu’à ce que nous soyons parvenus à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite du Christ… jusqu’à ce que le Christ soit formé en nous » (Ga 4, 19)” 3 Et le Baptême dans l’Esprit Saint n’est pas autre chose ! Celui qui demande le Baptême dans l’Esprit Saint et à qui l’on pose la question “veux-tu donner ta vie à Jésus ?” - et cette question est essentielle – répond en fait à la question : “est-ce que tu consens à entrer dans la vie divine, à participer à l’offrande du Christ à son Père ; à donner ta vie par le Christ et comme Lui pour le monde et pour tes frères ? Est-ce que tu demandes en conséquence que l’Esprit Saint vienne prendre possession de ton être pour se faire l’exécuteur des desseins du Père en toi ?”

La nécessaire intervention de Dieu Et cette intervention de l’Esprit est absolument nécessaire : « nul ne vient à moi si mon Père ne l’attire » dit Jésus aux juifs dans l’évangile de Jean. Cela signifie que pour venir au Christ, nous avons besoin d’une inter-

vention de Dieu, d’une intervention du Père qui nous attire à lui. Cet attrait n’est autre que l’Esprit Saint luimême. Car « personne n’est capable de dire : ‘Jésus est le Seigneur’sans l’action de l’Esprit Saint » (1 Co 12,3) ; nous ne pouvons pas suivre le Christ sans l’intervention de l’Esprit Saint. Il s’agit là d’une étape essentielle de la vie spirituelle : celle de la découverte de notre radicale incapacité à nous mettre à la suite de Jésus. C’est exactement ce que vit le jeune homme riche, en Marc 10. Il a bien le désir de faire plus “pour Dieu” ; il veut plus, mais Jésus ne lui propose pas de faire quelques progrès ou quelques changements dans sa vie, il lui demande de tout donner et de le suivre. Et le jeune homme riche en est incapable. Quand Jésus se retrouve seul avec les apôtres, Il ne fait pas de reproches à propos du jeune homme riche ou n’exhorte pas ses apôtres à plus de courage que le jeune homme qui vient de partir, il leur déclare explicitement et à plusieurs reprises que ce qu’il a demandé au jeune homme, et ce qu’il leur demande est tout simplement impossible. (Mc 10,26). Les apôtres comprennent et « stupéfaits » et « interdits à l’excès », ils finissent par demander : « mais qui peut donc être sauvé ? » et la réponse de Jésus est très claire : « pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. » (Mc 10, 27). Celui qui demande le Baptême du Saint-Esprit, dit d’une certaine manière qu’il a conscience de son incapacité et de sa faiblesse. Il prend conscience qu’il n’est pas à sa portée de répondre à l’appel de Jésus et d’y être fidèle. Nous ne sommes pas naturellement apprivoisés à l’évangile et nous résistons au point de ne pas pouvoir répondre à notre vocation. (Cf. St Paul en Rm 7,14-21 qui s’aperçoit que « vouloir le bien est à sa portée mais non pas l’accomplir »). C’est l’étape du passage de la générosité à la supplication confiante. Nous nous apercevons que nous ne pouvons pas uniquement nous appuyer sur notre générosité pour répondre à l’appel du Christ, mais que nous avons besoin d’être saisis par Dieu lui-même pour le suivre. « Nul ne vient à moi si mon Père ne l’attire ».

Tout est donné et tout est à recevoir J’ai laissé le volant au Christ Qu’est-ce que le Baptême dans l’Esprit Saint sinon une dépossession, un dessaisissement de soi ? C’est un lâcher-prise qui a appelé une grande confiance en la douce dilection divine : se désappartenir, cesser de vouloir prendre notre vie en main pour au contraire se laisser saisir par le Christ. C’est comme cela que je l’ai vécu cet été à Volkenroda. Dans la Communauté, on le dit en des termes plus symboliques : “on laisse le volant au Christ”. Pour moi, cela s’est conjugué avec une grande libération. Comme il était étrange et mystérieux ce paradoxe de tout remettre au Christ pour être libre, de vouloir être là où souffle l’Esprit pour se désenchaîner soi-même. « Là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté. » (2 Co 3,17)

Thibaut Gilard

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L’intervention de l’Esprit Saint est nécessaire, non parce que Dieu n’aurait pas déjà tout accompli au Baptême, mais parce que la grâce du Baptême n’a pas été totalement reçue par le chrétien. C’est la tension qui définit la vie chrétienne entre le “déjà là” et le “pas encore” 4 : tout est déjà donné, nous avons tout reçu à notre Baptême, mais tout reste à accomplir en nous. Et c’est dans cette tension que se situe le sens du Baptême dans l’Esprit Saint. « Toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement et non pas elle seule mais nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons nous aussi dans l’attente de la rédemption de notre corps. » (Rm 8, 22-23). Saint Paul exprime cette tension à plusieurs reprises : en Galates 3, 27 il dit « Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ » et en Romains 13, 14  il demande : « Mais vous, revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ et ne vous souciez pas de la chair pour en satisfaire les convoitises. » Si nous avons déjà revêtu le Christ par le Baptême, il nous faut pourtant revêtir le Christ et nous défaire des convoitises de la chair. Ce


C’est dans l’acquisition de l’Esprit de Dieu que consiste le vrai but de notre vie chrétienne, tandis que les prières, les veilles, les jeûnes, l’aumône et les autres actions vertueuses faites au nom du Christ, ne sont que des moyens pour l’acquérir.

Séraphim de Sarov

Louange à Lyon

que le Christ nous a déjà donné doit prendre toute sa mesure dans notre vie et c’est là que nous avons besoin de cette intervention de Dieu. Ainsi celui qui demande le Baptême dans l’Esprit dit : “je sens cet appel à donner ma vie et je veux suivre le Christ, mais j’en suis incapable et je demande à être renouvelé dans l’Esprit Saint” et cette demande consciente et concrète est nécessaire pour que ce qui nous a été donné au Baptême puisse se développer et s’accomplir dans nos vies. Et l’Esprit nous donne alors les charismes, un nouvel attrait pour la prière, une soif de la Parole de Dieu… qui sont autant de fruits du Baptême dans l’Esprit et qui nous font entrer peu à peu dans notre vocation. Dès lors, on peut comprendre cette phrase de Saint Séraphim de Sarov : “le but de la vie chrétienne est l’acquisition de l’Esprit Saint”. Si la vie chrétienne consiste à participer à la vie divine, à entrer dans ce mouvement de don incessant qui est au cœur de la Trinité, à donner notre vie par le Christ, comme le Christ, et si seul l’Esprit Saint peut réaliser en nous cette grâce, alors l’acquisition de l’Esprit Saint est l’unique but de la vie chrétienne ! Évidemment, on est ainsi au cœur de la démarche de l’Eucharistie, qui récapitule toute la vie chrétienne. Lors de l’Eucharistie, en offrant le pain et le vin, nous offrons toute notre vie dans toutes ses composantes, spécialement dans sa faiblesse et sa fragilité. Et le corps du Christ que nous recevons n’est pas simplement un bien spirituel qui nous donne consolation et joie ; dans l’accueil du Corps du Christ nous sommes transformés par le Christ en lui-même pour participer à son mouvement d’offrande au Père. Dans la troisième prière eucharistique, une phrase résume parfaitement l’œuvre de l’Esprit Saint en nous : “que l’Esprit Saint fasse

de nous une éternelle offrande à ta gloire pour que nous obtenions les biens du monde à venir…”. Seul l’Esprit Saint peut faire de nous cette offrande au Père dans la gloire du Christ. Le Baptême dans l’Esprit Saint est ce moment ponctuel où nous prenons conscience de la nécessité de ce don et où nous demandons à nos frères de prier pour que l’Esprit Saint accomplisse en nous cette offrande au Père. Ensuite, ce don, cette offrande se feront à chaque instant de notre vie et en particulier à chaque Eucharistie. En conclusion, ou peut noter que si le Renouveau charismatique et la spiritualité ignacienne se marient si bien c’est sans doute parce que dans les deux cas cette démarche d’offrande au Christ dans l’Esprit Saint est au centre. Dans ses exercices spirituels de Trente Jours, Saint Ignace amène plusieurs fois le retraitant à reconnaître cet appel à donner sa vie au Christ, à le préférer à toutes choses et à lui offrir sa vie tout entière. De même, le cœur de la démarche du Renouveau charismatique est sans doute le Baptême dans l’Esprit Saint : don de notre vie au Christ qui nous donne son Esprit ; Esprit qui nous conforme au Christ et fait de nous des missionnaires de la Bonne Nouvelle. ■ 1. B. Bro, Peut-on éviter Jésus-Christ ?, Éd. de Fallois, Éd. Saint Augustin, Paris, 1995, p. 252 • 2. Marie-Vincent Bernardot, De l’Eucharistie à la Trinité, Éd. du Cerf 1920, réed. 2005, p. 119 • 3. Ibid. p.120 • 4. “Déjà là – pas encore” : l’expression est de O. Cullmann, théologien protestant, en particulier dans le salut dans l’histoire – l’existence chrétienne selon le nouveau testament, Delachaux et niestlé, Neuchâtel – Paris, 1966.

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Renaître par l’Esprit Saint Connaître le Saint-Esprit

Le Baptême

dans l’Esprit Saint Le père Cantalamessa, capucin, développe ici une véritable théologie du Baptème dans le Saint-Esprit en lien avec les sacrements de l’initiation chrétienne.

Avant de parler du Baptême dans l’Esprit, il est important d’essayer de comprendre ce qu’est Le père Raniero Cantalamessa le Renouveau prêchant à l’abbaye d’Hautecombe dans l’Esprit dans son ensemble. Après le Concile Vatican II, beaucoup de choses dans la vie de l’Église furent renouvelées : la liturgie, le souci pastoral, le code de droit canon, les constitutions des ordres religieux et leurs habits. Bien que toutes ces choses soient importantes, elles sont seulement extérieures et malheur à nous si nous nous arrêtons là, et pensons que la tâche est terminée, parce que ce ne sont pas seulement les structures mais les âmes qui sont importantes pour Dieu. “C’est dans les âmes des hommes que l’Église est belle”, écrit Saint Ambroise, et par conséquent, c’est dans les âmes des hommes qu’elle doit se faire belle. Le Renouveau est un renouveau dans lequel Dieu, et non pas l’homme, est l’artisan principal. « C’est moi, et pas toi », dit Dieu, « qui fait toutes choses nouvelles » (Ap 21, 5) ; « Mon Esprit – et lui seulement – peut renouveler la face de la terre » (cf. Ps 104, 30). Habituellement, nous avons tendance à voir les choses selon une perspective prométhéenne : au départ, il y a notre effort – organisation, efficacité, réformes, bonne volonté – avec la terre, comme centre que Dieu vient renforcer et couronner par Sa grâce. Notre œuvre est au centre. Nous devons – sur ce point la Parole de Dieu lance un cri – « redonner le pouvoir à Dieu » (Ps 68, 35) parce que « le pouvoir appartient à Dieu » (Ps 62, 12). Pendant trop longtemps, nous avons usurpé ce pouvoir à Dieu, en l’exerçant comme si c’était le nôtre, comme s’il nous revenait de “diriger” le pouvoir de Dieu. Nous devons changer totalement de perspective, et redire simplement

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que, sans le Saint-Esprit, nous ne pouvons rien faire, pas même dire que Jésus est Seigneur. (1 Co 12, 3) Le Baptême dans l’Esprit n’est pas un sacrement, mais il est relié au sacrement, à plusieurs sacrements en fait, aux sacrements de l’initiation chrétienne. Le Baptême dans l’Esprit authentifie et, en un sens, renouvelle l’initiation chrétienne. La relation première est avec le sacrement du Baptême. En fait, cette expérience est appelée Baptême dans l’Esprit par les anglophones. Nous croyons que le Baptême dans l’Esprit authentifie et revitalise notre Baptême. Pour comprendre comment un sacrement qui a été reçu longtemps avant, habituellement immédiatement après notre naissance, peut soudainement revenir à la vie et produire tant d’énergie, comme cela arrive à travers l’effusion de l’Esprit, il est important de regarder comment nous comprenons la théologie sacramentelle.

La notion de sacrement entravé La théologie catholique utilise le concept de sacrement “valide” mais “entravé”. Un sacrement est entravé quand les fruits qui devraient l’accompagner ne germent pas à cause de certains obstacles. Par exemple, le sacrement du mariage ou de l’ordre reçu en état de péché mortel. Dans de telles circonstances, ces sacrements ne peuvent apporter aucune grâce à ceux qui les reçoivent jusqu’à ce que l’obstacle du péché soit enlevé par la pénitence. Ceci réalisé, le sacrement est dit “revivifié” grâce à son caractère indélébile, même si nous sommes infidèles parce qu’il ne peut se renier lui-même. (cf. 2 Tm 2, 13). Dans le cas du Baptême, quelle est la cause qui garde entravé le fruit du sacrement ? Les sacrements ne sont pas des rites magiques qui agissent mécaniquement, sans la connaissance de l’homme ou sans réponse de sa part. Leur efficacité est le fruit d’une synergie ou


coopération entre la toute-puissance divine (en réalité la grâce du Christ ou le Saint-Esprit) et la liberté humaine, parce que, comme le disait Saint Augustin, “Celui qui t’a créé sans ta coopération, ne te sauvera pas sans ta coopération.” L’opus operatum du Baptême, c’est-à-dire la part de Dieu ou Grâce, revêt différents aspects – pardon des péchés, don des vertus théologales de foi, espérance et charité (mais seulement à l’état de semence), filiation divine – tout ce qui est réalisé à travers l’opération effective du Saint-Esprit. Mais en quoi consiste dans le Baptême l’opus operantis, c’est-à-dire la part de l’homme ? Il consiste dans la foi ! « Celui qui croit et sera baptisé sera sauvé » (Mc 16, 16) – du côté du Baptême, par conséquent, il y a un autre élément : la foi de l’homme. « À tous ceux qui l’ont reçu, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu : à ceux qui croient en son nom. » (Jn 1, 13) Le Baptême est comme un sceau divin apposé sur la foi de l’homme : « ayant entendu la Parole de vérité, l’Évangile de votre salut et ayant cru en lui, vous avez reçu (bien sûr dans le baptême) le sceau du Saint-Esprit. » (Ep 1, 13)

L’événement du Baptême Au commencement de l’Église, le Baptême était un événement tellement puissant et tellement riche en grâce qu’il n’y avait aucun besoin, normalement, d’une nouvelle effusion de l’Esprit, comme nous aujourd’hui. Le baptême était administré à des adultes qui s’étaient convertis du paganisme et qui, correctement instruits, étaient en situation de faire à l’occasion du Baptême un acte de foi et un choix libre et mûr. Il suffit de lire les catéchèses mystagogiques sur le Baptême, attribuées à Cyrille de Jérusalem, pour comprendre à quelle profondeur de foi ceux qui demandaient le Baptême étaient

conduits. En substance, ils arrivaient au Baptême à travers une conversion vraie et réelle, de telle sorte que, pour eux, le baptême était un réel “blanchissage”, un renouveau personnel et une renaissance dans le SaintEsprit. Les circonstances favorables qui permettaient au Baptême, aux origines de l’Église, d’opérer avec un tel pouvoir, étaient la rencontre au même moment de la Grâce de Dieu et de la réponse de l’homme, dans une parfaite synchronisation. Mais maintenant, la synchronisation a été brisée, parce que nous avons été baptisés enfants, et petit à petit, cet aspect de l’acte de foi libre et personnel n’apparaît plus. Il a été remplacé par une décision prise par un intermédiaire – parent ou parrain/marraine. Quand un enfant grandit dans un environnement totalement chrétien, cette foi s’épanouira, mais à une vitesse plus lente. Maintenant, cependant, ce n’est plus le cas, et notre environnement spirituel est pire que celui du Moyen-Age : ce n’est pas un environnement susceptible d’aider un enfant à s’épanouir dans la foi. Non pas qu’il n’y ait pas de vie chrétienne normale, mais cela constitue aujourd’hui l’exception plutôt que la règle. Dans cette situation, la personne baptisée n’atteint que rarement voire jamais le stade de la proclamation dans le Saint-Esprit que « Jésus est Seigneur ». Et tant qu’on n’a pas atteint ce point, tout le reste, dans la vie chrétienne, demeure étranger au cœur et immature. Il n’y a plus de miracles, et nous expérimentons ce dont Jésus a pu faire l’expérience à Nazareth : « Jésus ne put faire beaucoup de miracles à cause de leur manque de foi. » (Mt 13, 58) C’est là que je perçois la signification de l’effusion de l’Esprit. C’est la réponse de Dieu au dysfonctionnement qui s’est développé dans la vie chrétienne dans le sacrement du Baptême. L’Église et les évêques s’inquiètent depuis quelques années de ce que les sacrements chrétiens, en particulier

C

C’est dans

les âmes

des hommes que

l’Église est belle. Saint Ambroise


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Renaître par l’Esprit Saint Connaître le Saint-Esprit

« Mon Esprit – et lui seulement – peut renouveler la face de la terre » Ps 104, 30 le Baptême, soient administrés à des gens qui n’en feront aucun usage dans leur vie. On a même suggéré que le Baptême ne devait pas être administré à moins qu’il n’y ait quelques garanties minimum d’enseignement et d’encouragement de l’enfant. Ainsi, on ne doit pas jeter des perles aux pourceaux, comme Jésus l’a dit, et le Baptême est une perle, parce que c’est un fruit du sang de Jésus. Dieu s’est-il inquiété de cette situation, avant même l’Église, pour avoir suscité ici et là dans l’Église des mouvements destinés à renouveler l’initiation chrétienne chez les adultes ? Le Renouveau charismatique est l’un de ces mouvements, et en lui, la Grâce principale est, sans aucun doute, liée au Baptême dans l’Esprit et à ce qui vient avant. Son efficacité à réactiver le Baptême repose sur la “part” de l’homme. Il fait alors un choix de foi, préparé dans la repentance, ce qui permet à Dieu de travailler librement et de communiquer toute sa force. C’est comme un interrupteur de courant qui n’aurait jamais été ouvert. Le Don de Dieu est finalement “désentravé” et l’Esprit peut se répandre comme un parfum, dans la vie chrétienne. En plus du renouvellement de la Grâce du Baptême, un “oui” délibéré à son Baptême, à ses fruits et à ses engagements, et dans la mesure où il lui est lié, à la Confirmation aussi. La Confirmation développe, confirme et accomplit le travail du Baptême. Elle fait naître le désir d’une vie apostolique et missionnaire dans l’Église, ce que l’on remarque habituellement chez

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ceux qui reçoivent l’effusion de l’Esprit. Ils se sentent appelés à coopérer à la construction de l’Église, à se mettre à son service dans les ministères variés, aussi bien cléricaux que laïcs, à témoigner du Christ – à faire toutes choses qui rappellent l’événement de Pentecôte et qui sont actualisées dans le sacrement de la Confirmation. Le Baptême dans L’Esprit n’est pas le seul moyen de renouvellement des sacrements de l’initiation. Il y a par exemple, le renouvellement des promesses du Baptême lors de la Vigile pascale, les Exercices spirituels, et les professions religieuses, parfois appelées “second baptême” et au niveau sacramentel, la Confirmation. Aussi n’est-il pas difficile de découvrir dans les vies des saints, la présence d’une effusion spontanée, spécialement à l’occasion de leur conversion. La différence avec le Baptême dans l’Esprit cependant, est qu’il est offert à tout le peuple de Dieu, petits et grands, et pas seulement aux privilégiés qui font les Exercices spirituels de Saint Ignace ou une profession religieuse.

Une force nouvelle D’où vient cette force extraordinaire que nous expérimentons quand nous recevons l’effusion de l’Esprit ? Ce dont nous parlons n’est pas théorique mais quelque chose que nous avons nous-mêmes expérimenté et


par conséquent, nous pouvons dire avec Saint Jean : « Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nos mains ont touché, c’est cela même que nous vous annonçons, afin que vous soyez en communion avec nous. » (cf. 1 Jn 1, 1-2) La volonté de Dieu est la seule explication de cette force, parce qu’il a plu à Dieu de renouveler l’Église aujourd’hui par ces moyens-là et cela suffit. Il y a certainement des précédents bibliques, comme celui raconté en Actes 8, 14-17, quand Pierre et Jean, ayant entendu dire que des Samaritains avaient accueilli la Parole de Dieu, s’y rendirent, prièrent pour eux et leur imposèrent les mains de telle sorte qu’ils puissent recevoir le Saint-Esprit. Mais ces précédents bibliques rares et à l’interprétation difficile, sont peu de choses face à l’étendue et la profondeur de la manifestation contemporaine de l’effusion de l’Esprit. Par conséquent, l’explication est dans le plan de Dieu. Nous pourrions dire, en paraphrasant un mot célèbre de l’apôtre Paul : “parce que les chrétiens, avec toute leur organisation, n’étaient pas capables de transmettre le pouvoir de l’Esprit, il a plu à Dieu de renouveler les croyants à travers la folie de l’effusion. En fait, les théologiens cherchent une explication et les gens responsables préfèrent la modération, mais les simples touchent de leurs mains le pouvoir du Christ dans le Baptême de l’Esprit.” (cfr. 1 Co 1, 21-24) Nous les hommes, et en particulier nous, les hommes d’Église, avons tendance à limiter Dieu dans sa liberté : nous avons tendance à insister sur le fait qu’Il suit une forme contraignante (aussi désignée “canaux de la Grâce”) et nous oublions que Dieu est un torrent qui rompt les amarres et crée sa propre trajectoire et que l’Esprit souffle où il veut (sans sous-estimer le rôle de l’enseignement de l’Église pour discerner ce qui effectivement vient de l’Esprit et ce qui ne vient pas de Lui). En quoi consiste le Baptême dans l’Esprit et comment

agit-il ? Dans l’effusion, il y a une part secrète et mystérieuse de Dieu, qui est Sa manière de se rendre présent et d’agir différemment pour chacun, parce que lui seul nous connaît intimement et sait ce dont notre croissance a besoin. Il y a aussi la part extérieure et commune, la même pour tous et qui constitue, en un sens, une sorte de signe – comme le font les sacrements. La partie visible ou communautaire consiste principalement en trois choses : l’amour fraternel, l’imposition des mains et la prière. Ce sont des éléments non-sacramentaux, simplement ecclésiaux.

D’où vient la grâce que nous expérimentons dans le Baptême dans l’Esprit ? De ceux qui sont autour de nous ? Non ! De la personne qui la reçoit ? Non ! Elle vient de Dieu ! Nous pouvons seulement dire qu’une telle Grâce est reliée au Baptême, parce que Dieu agit toujours avec cohérence et fidélité, et il ne fait pas quelque chose pour le défaire ensuite. Il honore les engagements et les institutions du Christ. Une chose est certaine : ce ne sont pas les frères qui communiquent le Saint-Esprit, mais ils invoquent le Saint-Esprit sur leur frère. Le Saint-Esprit ne peut être donné par aucun homme, pas même le Pape ou un évêque, parce qu’aucun homme ne possède en lui-même le Saint-Esprit. Seul Jésus peut donner le Saint-Esprit ; tous les autres ne possèdent pas le Saint-Esprit, mais sont possédés par lui. Eu égard à la spécificité de cette Grâce, nous pouvons parler d’une nouvelle venue du Saint-Esprit, d’une nouvelle mission confiée par le Père à travers JésusChrist et d’une nouvelle onction correspondant à un nouveau degré de Grâce. ■

Article initialement paru dans Tychique n° 99

Le Baptême dans le SaintEsprit est offert à tout le Peuple de Dieu.

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« Combien plus le Père céleste ne donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ? » Viens, Esprit Saint. Viens, lumière véritable. Viens, vie éternelle. Viens, mystère caché. Viens, trésor sans nom. Viens, réalité ineffable. Viens, félicité sans fin. Viens, lumière sans couchant. Viens, réveil de ceux qui se sont endormis. Viens, résurrection des morts. Viens, ô Puissant, qui toujours fais et refais et transformes tout par ton seul vouloir. Viens, toi qui toujours demeures immobile et pourtant à chaque instant te mets tout entier en mouvement pour venir à nous, couchés parmi les morts, ô toi qui es au-dessus de tous les cieux. Viens, joie éternelle. Viens, toi qu’a désiré et que désire mon âme misérable. Viens, toi le Seul, au seul, puisque, tu le vois, je suis seul. Viens, toi qui m’as séparé de tout et m’as fait solitaire en ce monde. Viens, toi devenu toimême en moi désir, qui m’as fait te désirer, toi l’absolument inaccessible. Viens, mon souffle et ma vie. Viens, consolation de ma pauvre âme. Viens, ma joie, ma gloire, mes délices sans fin. Je te rends grâces d’être devenu un seul esprit avec moi, sans confusion, sans changement, sans transformation, toi le Dieu au-dessus de tout, et d’être pour moi devenu tout en tous… Je te rends grâces d’être pour moi devenu lumière sans couchant, soleil sans déclin ; car tu n’as pas où te cacher, toi qui de ta gloire emplis l’univers. Non, jamais à personne tu ne t’es caché mais c’est nous qui toujours nous cachons de toi, en refusant d’aller à toi… Viens donc, ô Maître, aujourd’hui dresse en moi ta tente ; fais ta maison et demeure continuellement, inséparablement, jusqu’au bout, en moi ton serviteur, ô très bon, et que moi aussi, à ma sortie de ce monde, je me retrouve en toi, ô très bon, et règne avec toi, Dieu qui es au-dessus de tout. Saint Syméon


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Renaître par l’Esprit Saint Spécial groupe de prière

Comment prier pour le Baptême

dans l’Esprit Saint Le père Laurent Fabre propose quelques principes pratiques pour le bon déroulement de la prière de baptême dans l’Esprit Saint. Bien distinguer la demande de Baptême dans l’Esprit du baptême proprement dit La démarche des hommes est une chose et la réponse de Dieu en est une autre. Dans sa souveraine liberté Dieu peut intervenir, répondre à notre prière quand bon lui semble : au moment même de la demande (comme cela arrive si souvent), ou plus tard… Ou même : avant, comme précédant la demande ! Pour Paul le chemin de Damas fut bien l’expérience de la rencontre de Dieu, une rencontre décisive ; et pourtant la prière et l’imposition des mains d’Ananie vinrent après cet événement.

Importance de la préparation Enseignement – Par le biais des “7 semaines” ou d’une sorte de catéchèse, il est important, autant que possible,

Prière pour le baptême dans le Saint Esprit lors d’une session Cana

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d’éclairer la portée, la signification au niveau de la foi d’une telle démarche en même temps qu’il est nécessaire de se placer au centre même du mystère de notre Salut en Jésus-Christ. Appel à la conversion – Cet enseignement (souvent entrecoupé de témoignages) doit être une invitation à la conversion, au changement de vie, à la nouvelle naissance… D’où la nécessité de découvrir ou plutôt de recevoir la révélation de notre péché. Expérience de notre misère devant la miséricorde de Dieu. Aider le plus concrètement possible dans le sens du véritable repentir et d’un esprit de pauvreté. Discernement-délivrance – Il arrive parfois qu’une demande trop précipitée de l’effusion de l’Esprit se juxtapose à une démarche qu’il serait préférable de faire avant : la prière de “délivrance”. Un discernement préalable ou même une lecture de la vie passée peuvent souvent permettre d’éviter de telles erreurs. Comme dans la démarche du baptême, celui qui s’avance vers le Seigneur doit et peut se débarrasser de tout ce qui paralyse sa marche. La prière des frères, la foi de l’Église sont souvent nécessaires pour permettre cette libération et rendre plus libre la demande de l’effusion de l’Esprit proprement dite. Prière – Se préparer dans la prière. Se préparer est préfé-


rable, mais nous savons tous que Dieu peut nous saisir à l’improviste… et que certains peuvent être amenés à tout demander ou à tout recevoir d’un seul coup : délivrance, guérison, conversion, effusion de l’Esprit et manifestations charismatiques. « Le vent souffle où il veut, tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va » (Jean 3,8).

Pendant la demande de Baptême dans l’Esprit Pour la plupart d’entre nous le moment du baptême n’a pas été une démarche personnelle de foi ; quelles que soient les modifications possibles dans la pratique sacramentelle de l’Église, il restera toujours pour nous la nécessité de confesser notre foi, de reprendre à notre compte la démarche de tous ceux qui ont suivi le Christ. Le mot baptême signifie “immersion”, “noyade” : « C’est dans sa mort que tous nous avons été baptisés » (Rm 6,3). Il s’agit donc, pour nous aussi, de vie ou de mort. La demande de l’Effusion de l’Esprit, ou comme disent certains la demande du “Baptême dans (la plénitude) de l’Esprit”, n’est pas une petite affaire de dévotion que certains pratiqueraient “à la sauvette” à la fin d’une réunion de prière. Sans tomber dans un nouveau rite ni vouloir éviter les surprises de l’Esprit Saint, il importe de conserver à cette démarche un caractère d’authenticité et de liberté spirituelle : une démarche libre, personnelle au sein d’une communauté d’Église. S’avancer. Importance du geste qui traduit un engagement personnel, physique. Demander. Il est important que le responsable de la prière pose explicitement la question : “Voulez-vous donner votre vie au Seigneur ?” à la personne qui

demande le Baptême dans l’Esprit. Importance de la parole : demander ce que je veux, c’est encore un acte de foi et de confiance. Imposition des mains. Sauf cas exceptionnels, il est sans doute préférable que ce soit les anciens ou ceux qui accompagnent spirituellement la personne en question qui prient à haute voix et qui imposent les mains en signe de communion. Éviter qu’une forêt ou qu’une montagne de mains “n’étouffent” cette même personne qui ne doit jamais oublier que c’est avant tout au Père, au Fils et à l’Esprit qu’elle s’adresse. Écoute de la Parole, prophétie, interprétation. Très souvent une parole inspirée concernant la personne qui demande l’effusion de l’Esprit est donnée à ce moment-là et suppose de la part de tous une vraie qualité d’écoute et de prière.

Après la demande Il n’est pas rare, il est tout à fait normal que la demande de l’effusion de l’Esprit soit suivie d’un goût inhabituel pour la Parole de Dieu, d’une facilité dans la prière d’adoration et de louange, d’un amour fraternel jamais ressenti avec autant d’authenticité, d’un zèle pour l’évangélisation et le témoignage… Il n’est pas rare non plus, que certains, à la suite du Christ, (après son Baptême sur les rives du Jourdain) soient conduits au désert, lieu du combat spirituel. Tout ceci nous montre combien il peut être précieux que toute cette période consécutive à la demande de l’effusion de l’Esprit soit l’occasion d’échanges, de partages, de discernement afin d’apprendre à marcher dans l’Esprit en aspirant aux dons spirituels et en recherchant par-dessus tout la charité (1 Co 14,1). ■ Article initialement paru dans Tychique n° 18 sous le titre Quelques remarques concernant la demande d’effusion de l’Esprit

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Renaître par l’Esprit Saint Prier la Parole

Grâce à demander : que Jésus creuse en moi le désir d’accueillir son Esprit pour le suivre Jour 1

Jour 3

ÉzÉchiel 37, 1-10

Luc 4, 14-22 lors Jésus, avec la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, et sa renommée se répandit dans toute la région. Il enseignait dans leurs synagogues et tous disaient sa gloire. Il vint à Nazara où il avait été élevé. Il entra suivant sa coutume le jour du sabbat dans la synagogue, et il se leva pour faire la lecture. On lui donna le livre du prophète Ésaïe, et en le déroulant il trouva le passage où il était écrit : L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a conféré l’onction pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé proclamer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer les opprimés en liberté, proclamer une année d’accueil par le Seigneur. Il roula le livre, le rendit au servant et s’assit ; tous dans la synagogue avaient les yeux fixés sur lui. Alors il commença à leur dire : “Aujourd’hui, cette écriture est accomplie pour vous qui l’entendez.” Tous lui rendaient témoignage ; ils s’étonnaient du message de la grâce qui sortait de sa bouche, et ils disaient : “N’est-ce pas là le fils de Joseph ?”

L

a main du SEIGNEUR fut sur moi ; il me fit sortir par l’esprit du SEIGNEUR et me déposa au milieu de la vallée : elle était pleine d’ossements. Il me fit circuler parmi eux en tous sens ; ils étaient extrêmement nombreux à la surface de la vallée, ils étaient tout à fait desséchés. Il me dit : “Fils d’homme, ces ossements peuvent-ils revivre ?” Je dis : “Seigneur DIEU, c’est toi qui le sais !” Il me dit : “Prononce un oracle contre ces ossements ; dis-leur : Ossements desséchés, écoutez la parole du Seigneur. Ainsi parle le Seigneur DIEU à ces ossements : Je vais faire venir en vous un souffle pour que vous viviez. Je mettrai sur vous des nerfs, je ferai croître sur vous de la chair, j’étendrai sur vous de la peau, je mettrai en vous un souffle et vous vivrez ; alors vous connaîtrez que je suis le SEIGNEUR.” Je prononçai l’oracle comme j’en avais reçu l’ordre ; il y eut un bruit pendant que je prononçais l’oracle et un mouvement se produisit : les ossements se rapprochèrent les uns des autres. Je regardai : voici qu’il y avait sur eux des nerfs, de la chair croissait et il étendit de la peau par-dessus ; mais il n’y avait pas de souffle en eux. Il me dit : “Prononce un oracle sur le souffle, prononce un oracle, fils d’homme ; dis au souffle : Ainsi parle le Seigneur DIEU : Souffle, viens des quatre points cardinaux, souffle sur ces morts et ils vivront.” Je prononçai l’oracle comme j’en avais reçu l’ordre, le souffle entra en eux et ils vécurent ; ils se tinrent debout : c’était une immense armée.

Jour 2 Matthieu 3, 13-17

A

lors paraît Jésus, venu de Galilée jusqu’au Jourdain auprès de Jean, pour se faire baptiser par lui. Jean voulut s’y opposer : “C’est moi, disait-il, qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi.” Mais Jésus lui répliqua : “Laisse faire maintenant : c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute justice.” Alors, il le laisse faire. Dès qu’il fut baptisé, Jésus sortit de l’eau. Voici que les cieux s’ouvrirent et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici qu’une voix venant des cieux disait : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu’il m’a plu de choisir.”

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A


Jour 5 Luc 24, 44-49

Jour 4 Jean 14, 15-18

S

i vous m’aimez, vous vous appliquerez à observer mes commandements ; moi, je prierai le Père : il vous donnera un autre Paraclet qui restera avec vous pour toujours. C’est lui l’Esprit de vérité, celui que le monde est incapable d’accueillir parce qu’il ne le voit pas et qu’il ne le connaît pas. Vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous et il est en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je viens à vous.

P

uis il leur dit : “Voici les paroles que je vous ai adressées quand j’étais encore avec vous : il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.” Alors il leur ouvrit l’intelligence pour comprendre les Écritures, et il leur dit : “C’est comme il a été écrit : le Christ souffrira et ressuscitera des morts le troisième jour, et on prêchera en son nom la conversion et le pardon des péchés à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. C’est vous qui en êtes les témoins. Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Pour vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez, d’en haut, revêtus de puissance.”

Jour 6 Actes 10, 44-48

P

ierre exposait encore ces événements quand l’Esprit Saint tomba sur tous ceux qui avaient écouté la Parole. Ce fut de la stupeur parmi les croyants circoncis qui avaient accompagné Pierre : ainsi, jusque sur les nations païennes, le don de l’Esprit Saint était maintenant répandu ! Ils entendaient ces gens, en effet, parler en langues et célébrer la grandeur de Dieu. Pierre reprit alors la parole : “Quelqu’un pourrait-il empêcher de baptiser par l’eau ces gens qui, tout comme nous, ont reçu l’Esprit Saint ?” Il donna l’ordre de les baptiser au nom de Jésus Christ et ils lui demandèrent alors de rester encore quelques jours.

Jour 7 Actes 19, 1-7

C

e fut pendant le séjour d’Apollos à Corinthe que Paul arriva à Éphèse en passant par le haut pays. Il y trouva quelques disciples et leur demanda : “Avez-vous reçu l’Esprit Saint, quand vous êtes devenus croyants ?” - “Mais, lui répondirent-ils, nous n’avons même pas entendu parler d’Esprit Saint !” Paul demanda : “Quel baptême alors avez-vous reçu ?” Ils répondirent : “Le baptême de Jean.” Paul reprit : “Jean donnait un baptême de conversion et il demandait au peuple de croire en celui qui viendrait après lui, c’est-à-dire en Jésus.” Ils l’écoutèrent et reçurent le baptême au nom du Seigneur Jésus. Paul leur imposa les mains et l’Esprit Saint vint sur eux : ils parlaient en langues et prophétisaient. Il y avait en tout environ douze personnes.

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❱❱ Croître dans l’Esprit Saint N

aître, c’est entrer dans un processus de croissance, un processus de vie. Élémentaire, mon cher La Palisse ! Mais renaître de l’Esprit Saint, c’est donc entrer dans la vie nouvelle de l’Esprit Saint : accueillir l’homme nouveau configuré au Christ par l’Esprit, accueillir les charismes et les fruits de l’Esprit Saint pour que se fortifie cet homme intérieur. Ces derniers ne sont pas de l’ordre du saupoudrage spirituel. Ils font partie intégrante de ce processus de croissance que veut le Seigneur – même si, comme le souligne Vincent Le Callennec, ils ne sont pas automatiques et demandent un espace pour se développer et s’exprimer. Ils sont au service de l’épanouissement de la personne et de l’Église, rappelle Alain Beucher, permettant à chacun de trouver sa juste place dans le Corps du Christ. Dans la rubrique “connaître le Saint Esprit”, le père Verlinde nous rappelle quelques règles de discernement et de sagesse dans notre quête spirituelle, face aux propositions du New Age, étranger à la Tradition et au Magistère garants de l’expérience chrétienne authentique. ■

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Les fruits du Baptême dans l’Esprit

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Accueillir les charismes

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Le discernement des esprits

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Prier la Parole

Vincent Le Callennec

Alain Beucher

Joseph-Marie Verlinde


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Croître dans l’Esprit Saint Enseignement des 7 semaines

Les fruits

du Baptême dans l’Esprit Pour cette 6ème semaine, Vincent Le Callennec, père de famille, met en exergue quelques uns des fruits qui apparaissent dans la vie des chrétiens renouvelés par le baptême dans le Saint-Esprit. Une invitation à croître dans cette vie nouvelle. Demander le Baptême dans l’Esprit, cela change-t-il quelque chose ? Si je donne ma vie à Jésus, si je demande au Saint-Esprit de déployer en moi les grâces reçues au baptême, que va-t-il m’arriver ? Dieu ne refuse jamais un enfant qui s’offre à Lui et Il « collabore en tout au bien de ceux qui L’aiment. » (Rm  8,28). Il y a donc un travail de Dieu en nous lorsque nous L’aimons au point de Lui donner notre vie. Et l’œuvre de Dieu n’est jamais sans effet puisque, comme la pluie pour la terre, la Parole de Dieu « ne retourne pas vers (Dieu) sans résultat. » (Is  55,11). Dieu porte du fruit en nous, c’est un fait. Oui, mais quel fruit ? La question est

périlleuse. Ai-je tout reçu ? Ai-je fait ce qu’il fallait ? Rassurez-vous : non ! Il y a encore du chemin. Pour beaucoup, aucune manifestation sensible ne se produira lors de leur demande de Baptême dans l’Esprit, pour certains un effet immédiat et parfois spectaculaire. Pour tous, un long travail de maturation et de conversion profonde. La vie chrétienne n’a rien d’un Walt Disney et le Saint-Esprit n’est pas la bonne fée. Dieu ne travaille pas en nous sans nous : Il collabore. Mais, en y “regardant” de près, on peut constater certains fruits présents de manière habituelle chez ceux qui ont demandé le Baptême dans l’Esprit. En m’appuyant sur un enseignement du Père René Jacob, j’en dénombre sept… plus un.

La Paix

Il s’agit de cette grâce intérieure qui me fait traverser de façon sereine les événements de la vie. Ce n’est pas une hypothétique action de Dieu qui viendrait régler ou supprimer tous les problèmes de ma vie. Ce n’est pas un état second qui altérerait ma conscience. La paix que Dieu me donne est comme la quille de mon bateau : elle ne change pas la tempête mais elle donne au bateau de tenir.

La Joie

Rarement vous verrez des chrétiens convertis tristes,

• La Paix • La Joie • La présence du Christ ressuscité à mes côtés


• Le goût pour la Parole de Dieu • Le goût pour la prière

sauf à l’occasion de tel événement. Jésus, Lui-même, a pleuré la mort de Lazare (Jn  11,35). Mais Jésus donne à ses amis la joie de vivre, d’être aimé et de s’occuper des affaires de Dieu.

La présence du Christ ressuscité à mes côtés

Ces deux fruits de la paix et de la joie sont liés à ce troisième : la certitude que j’ai d’être accompagné en tout par Jésus ressuscité. Dieu est ici, à mes côtés. C’est une expérience que je peux faire quotidiennement. (La prière d’Alliance* va nourrir ce fruit)

Le goût pour la Parole de Dieu

Je prends goût à la fréquentation de la Parole de Dieu. La bible me parle et j’y trouve mon Seigneur. Je vois dans les Écritures l’action de Dieu, j’y reconnais des similitudes avec ce que je vis. La Parole de Dieu est vivante.

Le goût pour la prière

J’aime rencontrer le Père, le Fils et le Saint-Esprit dans ce temps d’intimité. Dieu est là et cela suffit. Je suis comme “amoureux” de Lui.

Le besoin d’annoncer l’Évangile

Un feu intérieur me brûle. L’amour de Dieu pour moi est tellement essentiel que je ne puis me taire : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile. » (1 Co  9,16). Cette annonce ne veut pas forcément dire de me lever dans le bus pour crier aux foules “Jésus vous aime”. Mais tout en moi m’attire à dire Dieu, à témoigner. Toute ma vie s’ordonne à cet essentiel : Dieu est l’unique nécessaire pour moi et pour mon prochain.

L’Église

Cette vie nouvelle avec le Seigneur ne peut s’entretenir en restant seul : j’ai besoin de partager ma foi avec d’autres chrétiens qui vivent aussi de cet amour. Il me faut être en Église.

L’exercice des charismes

Les charismes tels que nous les vivons dans nos assemblées de prière sont indiscutablement un fruit de l’Esprit. Mais je mettrai ce fruit à part  du fait de la nécessité d’un cadre pour les vivre.  Je me rappelle cette religieuse pour qui l’expérience fondamentale avait été sa profession perpétuelle, consécration de sa vie à Jésus. Elle témoignait largement des fruits de l’Esprit dont il est question plus haut. Mais nulle part elle n’avait le lieu pour donner une parole de connaissance ou un chant en langue. Cependant, ces charismes de chant en langue, prophétie, connaissance, guérison, miracle font partie de la vie chrétienne ordinaire : Jésus est vivant parmi nous aujourd’hui, et comme sur les routes de Galilée, il nourrit, guérit, appelle. Tous ces fruits nous sont offerts gratuitement et font grandir notre amour pour Dieu. Mais aucun n’est acquis : certains durent, d’autres vont et viennent. La nuit de la foi existe et le passage par le désert fait partie de la vie spirituelle. Ces fruits sont promis à ceux qui se consacrent au Christ : ce sont les armes qui nous aident à aborder les événements de la vie. C’est le seul bagage dont nous ayons réellement besoin. “Donnemoi ton amour et ta grâce. Cela suffit.” (Saint Ignace de Loyola, Exercices Spirituels – Contemplation pour obtenir l’amour). ■ * Prière d’Alliance : exercice quotidien de relecture de ma journée sous le regard de Dieu.

• Le besoin d’annoncer l’Évangile • L’Église • L’exercice des charismes


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Croître dans l’Esprit Saint Enseignement des 7 semaines

Accueillir les Charismes

Alain Beucher, membre de la Communion du Chemin Neuf, nous témoigne de l’importance de la réception des charismes pour notre vie personnelle et celle de l’Eglise. “Je crois en l'Esprit Saint…” Tel est l'acte de Foi que nous affirmons dans notre Credo (au moins dominical…), mais avons-nous vraiment conscience de ce que nous croyons et envie de nous laisser “remplir” par les dons de l'Esprit Saint ! ...mais est-ce que je crois aux charismes, fruits de l'Esprit Saint ? « Dieu a mis sa marque sur nous, et il nous a fait une première avance sur ses dons : l'Esprit qui habite en nos cœurs » Corinthiens 2éme lettre de Saint Paul 1, 22. Passant d'une Foi “héréditaire” construite dans et par la transmission, le témoignage… et la confiance parentale, familiale, amicale et sociétale… à une Foi personnelle dont l'un des piliers fondateurs a été la révélation de l'Amour trinitaire avec et par celle qui est ma femme depuis 35 ans. J'ai découvert avec Geneviève et nos enfants (il y a 18 ans…) le Renouveau charismatique en participant à une session Cana, animée par la Communauté du Chemin Neuf. Le Baptême dans l'Esprit Saint, les Dons de l'Esprit, les Charismes… autant de “champs” que ma Foi en Dieu ignorait totalement, n'ayant pas pris conscience de la grâce reçue et donnée par l'Esprit Saint à mon Baptême et à ma Confirmation… laissant peu d'expression de cette grâce et de ce merveilleux et bénéfique Don de Dieu dans mes engagements chrétiens et paroissiaux. Don gratuit de Dieu, les charismes sont divers et bien souvent méconnus, négligés, délaissés voire même ignorés, “inexploités”… ce qui témoigne de notre man-

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que de Foi et de connaissance des manifestations de l'Amour de Dieu.

Les charismes nous aident à ne plus passer à côté de nous-mêmes “Dans la communion de l'Église, l'Esprit Saint distribue, parmi les fidèles de tous ordres, les grâces spéciales pour l'édification de l'Église. Or à chacun la manifestation de l'Esprit est donnée en vue du bien commun”. (catéchisme de l'Église Catholique - page 205 ; 1 Co 12)

• Le premier et le plus « petit » des charismes est le chant en langues : « L'esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables » (Rm 8, 26) et c'est le premier des dons de l'effusion de l'Esprit… mais s'abandonner dans la confiance, l'humilité, le regard de l'autre… à “balbutier” comme un jeune nourrisson n'est pas aisé et demande abnégation et pauvreté. S'agit-il pour moi d'un véritable abandon ne trouvant plus dans mon cœur les mots pour louer Dieu ? Le chant en langues, pour moi, n'est-il pas parfois plus une habitude ou un mimétisme des autres ? Même si je ne vis pas toujours ce parfait abandon, le chant en langues m'invite (par déviance professionnelle !) à me situer dans une relation confiante, libre, interactive me dégageant et me libérant car je sais que le Seigneur m'aime tel que je suis. • Recevoir une parole, la laisser pénétrer dans mon cœur, la proposer à un autre pour confirmation, la donner aux frères et sœurs est un charisme largement donné mais, si en ouvrant ma bible, une parole m'est donnée combien cela est-il bouleversant de se la faire confirmer par un frère ayant reçu le même texte ! Personnellement, je “reçois” et donne des textes à partager par “périodes” au groupe de prière en particulier, mais il y a des moments “sans rien”, de désert, de pauvreté… je les accepte avec humilité et ces périodes “stériles” sont variables dans leur durée et me confortent dans la nécessaire soumission à Dieu. • Les images sont données à certains frères et sœurs (mais pas à moi… du moins actuellement… !) pour


Si tu ne sais comment rendre grâces à Dieu comme il faut, réjouis-toi tout de même, de cette voix toujours entendue en toi d'un cœur qui chante, qui dépasse les signes de la terre et leurs équivoques, qui sait exprimer, dans son désarroi devant les mots, ses sentiments intimes et ineffables. Si tu dépasses le son des paroles, si tu t'élèves au-dessus du message que profèrent les lèvres, si tu peux chanter la louange de Dieu en ton esprit seulement, ton esprit qui ne sait comment traduire en mots les mouvements qui l'agitent, car les mots ne peuvent traduire les réalités ineffables et divines de l'Esprit, alors ta jubilation est en Dieu. Origène

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Croître dans l’Esprit Saint Enseignement des 7 semaines

permettre souvent une unité dans l'assemblée, pour rejoindre l'un ou l'autre dans ses obscurités ou ses combats et pour donner sens au chemin que le Seigneur nous propose. • Les prophéties, le parler en langues… sont des charismes peu développés dans les assemblées de prière, les retraites, les sessions… auxquelles je participe, ne sommes-nous pas trop timorés et de peu de foi dans l'invocation de l'Esprit Saint pour qu'il nous inonde de ces dons ?

« L'unique et même Esprit distribue ses dons, à chacun en particulier, comme il l'entend : discours de sagesse, discours de science, dons de guérison, puissance d'opérer des miracles, prophétie, discernement des esprits, diversités de langues et à tel autre le don de les interpréter ! » (1 Co 12) Certaines “personnalités” chrétiennes sont bien connues pour leur charisme de guérison, mais une attitude d'abandon et de confiance inconditionnelle dans le Christ permettrait certainement à plus de frères et sœurs ce charisme spécial de guérison pour manifester la force de la grâce du ressuscité… ignorant que par la volonté souveraine de l'Esprit Saint, ils l'ont reçu du Père. • Le charisme de guérison se manifeste par des paroles de connaissance, des paroles de délivrance, des paroles d'autorité… qui nous invite à recevoir une onction de libération et à se rappeler la tendresse infinie du Père qui veut donner à ses enfants consolation, guérison et délivrance. En tant que médecin, je suis toujours bouleversé par ces guérisons physiques prouvant l'importance de l'interaction profonde et du lien complémentaire entre le corps “physique”, le psychisme et le spirituel. C'est notre être en son entier, comprenant sa dimension affective et émotionnelle, qui doit adhérer à la Foi soulignant ainsi la complicité dans une force d'entraînement mutuel entre croire et guérir. Jésus ne disait-il pas souvent et en premier, avant tout miracle et toute guérison : « va ta foi t'a guéri ! » Des moments privilégiés d'échange avec une personne reconnue miraculeusement guérie à Lourdes (guérison inexplicable dans l'état actuel des connaissances de la médecine… !) et des souvenirs de guérisons survenues lors de sessions CANA ou de retraites, effectuées avec le Chemin Neuf, me viennent à l'esprit et dans mon cœur en écrivant ses lignes et m'exhortent à rendre grâce à Dieu pour ce qu'il m'a permis et me permet de vivre chaque jour. « Ne brisez pas l'élan de votre générosité mais laissez jaillir l'Esprit » (Rm 12,10). La pratique régulière du rappel des vaccinations a pour objectif de réactiver notre

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immunité afin de lutter contre certaines maladies potentiellement invalidantes voire mortelles… n'avons-nous pas besoin d'une “piqûre de rappel” afin de laisser la place aux charismes dans notre vie ? N'avons-nous pas tendance à oublier que la Communauté du Chemin Neuf est œcuménique et… charismatique ? En ce début de reprise de nos différentes missions, j'ai besoin (et je ne crois pas être le seul… !) de prendre du temps pour invoquer l'Esprit Saint et donner une nouvelle impulsion aux dons de l'Esprit que chacun d'entre nous a reçus à son Baptême et à sa Confirmation… et “réactivés”, pour certains, au moment de l'Effusion de l'Esprit. Puissions-nous cette année : oser la confiance, prier pour demander un charisme particulier, laisser s'exprimer une motion intérieure et laisser jaillir sans honte ni peur un charisme, rendre grâce pour les dons et charismes que Dieu donne aux autres… et à nous-mêmes !

Les charismes sont pour une assemblée, un groupe, une communauté… et servent à l'édification des uns et des autres. Ne les retenons pas car c'est alors de l'égoïsme ! “Pour te suivre Jésus, l'Esprit nous est donné”… Au seuil de cette nouvelle année… puisque notre vie sociétale est rythmée par les périodes scolaires… n'oublions pas que la pratique des vaccinations est effectuée pour protéger la société et pour éradiquer les maladies contagieuses (comme la variole par exemple…) Les charismes ne sont-ils pas une protection (par l'entremise des dons reçus) pour le bien commun et la croissance de chacun sur le chemin de découverte progressive et permanente de L'Amour ? Sachons tout au long de cette année, invoquer puissamment et régulièrement, l'Esprit Saint et nous laissez conduire par ses dons tant dans nos assemblées de prières, nos groupes de prière et nos rencontres F.O.I. (fraternité œcuménique internationale) que dans nos temps de fraternité CANA, communionnaires, communautaires. Et si nous envisagions dans nos différents groupes et assemblées de prière de proposer au cours de cette nouvelle année la préparation des “sept semaines” afin de proposer la demande de l'Effusion ou Baptême dans l'Esprit Saint ! Que les fruits des charismes construisent “notre corps” dans l'unité de leurs diversités ! ■


Détail d’une peinture de Macha Chmakoff, l’Esprit Saint planant sur les eaux

Sans l’Esprit Saint, Dieu est loin, le Christ reste dans le passé, l’Évangile est une lettre morte, l’Église une simple organisation, l’autorité une domination, la mission une propagande, le culte une évocation, et l’agir chrétien une morale d’esclaves. Mais en Lui : le cosmos est soulevé et gémit dans l’enfantement du Royaume, le Christ ressuscité est là, l’Évangile est puissance de vie, l’Église signifie la communion trinitaire, l’autorité est un service libérateur, la mission est une Pentecôte, la liturgie est mémorial et anticipation, l’agir humain est déifié. Métropolite Ignace de Lattaquié


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Croître dans l’Esprit Saint Connaître le Saint-Esprit

Le discernement des esprits Face à la multiplicité des expériences religieuses qui nous sont proposées, le père Joseph-Marie Verlinde nous donne quelques repères pour nous diriger dans notre quête spirituelle. L’épanouissement de la vie baptismale Le Baptême dans l’Esprit est une nouvelle immersion dans l’onction de l’Esprit reçu au Baptême. Il donne accès à l’expérience baptismale de la nouvelle naissance, cette fois consciemment vécue. Dieu intervient pour libérer la vie divine, sa propre vie dont il nous avait fait don au Baptême, et qui sommeillait en nous en attendant d’être ranimée. Cette vie nouvelle, qui est participation à la vie filiale dans l’Esprit, conduit logiquement à une rencontre renouvelée avec Jésus : le Baptême dans l’Esprit s’épanouit dans une expérience de conversion à la présence réelle et toute proche du Christ, de son amour, de sa miséricorde ; et dans une découverte de Dieu comme Père de tendresse. Cette rencontre libère une nouvelle capacité d’aimer qui demande à s’incarner dans une charité plus inventive au service de Dieu et du prochain, et qui se confirme dans une fécondité apostolique renouvelée. Nous avons utilisé à plusieurs reprises le terme “expérience” : il s’agit de spécifier ce vocable sur l’horizon de son utilisation dans les mouvements du Nouvel Âge.

Une surévaluation de l’expérience L’homme contemporain évalue les propositions religieuses à leur capacité à lui procurer une “expérience mystique”. Par cette expression, il entend en général une expérience sortant de l’ordinaire, particulièrement intense, et ouvrant sur des états modifiés de conscience. Cette quête d’une expérience intérieure extra-ordinaire s’est insinuée jusqu’au cœur du christianisme et se trahit par le recours à des techniques en tous genres, supposées introduire à ces états de prière prétendument mystiques.

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Il est bon dans ce contexte de rappeler que pour le disciple du Christ, seule peut être qualifiée de “spirituelle”, une expérience dont Dieu a l’initiative dans l’Esprit. Une telle expérience est nécessairement interpersonnelle, l’Esprit Saint étant précisément l’acte d’Amour personnel du Père pour le Fils et du Fils pour le Père. Impossible de le confondre avec une Énergie impersonnelle créée, dont le méditant pourrait disposer à souhait au moyen de quelques techniques. Les états modifiés de conscience auxquels celles-ci peuvent conduire, ne sont pas, dans la terminologie chrétienne, des expériences “spirituelles”, mais des voyages au cœur de notre propre intériorité psychique, où nous risquons fort de ne trouver que nous-mêmes. Le chrétien devrait rester prudent devant l’inflation actuelle de “l’expérience religieuse”. Le cardinal Hans Urs von Balthasar soulignait que dans la révélation biblique, Dieu ne vient pas en réponse à la quête mystique de l’homme, mais c’est le Seigneur qui prend l’initiative de venir à la rencontre des hommes qu’il s’est choisi, pour leur proposer une alliance, toujours vécue comme un événement déconcertant, inattendu, débouchant sur une mission éprouvante. “Tandis qu’il n’est question nulle part dans la Bible d’une expérience de Dieu par l’homme, le thème de l’expérience que Dieu fait de l’homme en l’éprouvant traverse toute l’histoire du salut”. (1) D’où la réponse de Jésus au tentateur qui lui suggérait d’obliger Dieu d’accomplir un prodige en sa faveur en se jetant du haut du pinacle du Temple : « Tu ne mettras pas le Seigneur ton Dieu à l’épreuve » (Mt 4, 7). Certes Dieu peut se donner à “goûter” ; cependant l’apôtre Saint Paul ne se glorifie pas de ses expériences mystiques pourtant extraordinaires, mais des tribulations qu’il a endurées, « sachant que la tribulation produit la constance, la constance une vertu éprouvée, la vertu éprouvée l’espérance, et que l’espérance ne déçoit point » (Rm 5, 3-5). Telle est aussi l’attitude de Saint Jacques, qui nous exhorte en ces termes : « Tenez pour une joie suprême mes frères d’être en but à toutes sortes d’épreuves. Vous le savez, ce qui éprouve votre foi produit la constance et celle-ci accomplit l’œuvre parfaite afin que vous ne laissiez rien à désirer » (Jc 1, 2-4). “Dieu dispose des états théologiques du croyant. C’est lui qui le plonge tantôt dans les eaux profondes de la


Croix où l’on ne peut plus faire aucune expérience de consolation et tantôt dans la grâce reçue de la Résurrection, d’une espérance dont on sait qu’elle ne trompe pas. Personne n’a ni la possibilité ni le droit de vouloir ramener ces états théologiques à un système que l’homme pourrait manipuler ou simplement dominer du regard. On peut tout au plus dire que d’ordinaire, pour le chrétien qui tient ferme dans l’épreuve, les états s’approfondissent mutuellement. Les signes de certitude sont d’autant plus grands que les dons du Saint-Esprit se déploieront dans la vie de l’individu par la pratique d’une foi vivante. Mais on ne peut faire que ce déploiement soit rectiligne et continu comme si l’on progressait vers une expérience mystique qu’il serait très normal d’atteindre. Car Dieu est à chaque instant libre, pour le plus grand bien de l’économie du salut, de retirer à un individu, même à celui qui s’est pleinement donné à lui, des expériences de grâces pour les réserver à d’autres membres du Corps mystique du Christ. Ce que l’on peut nommer, dans une certaine mesure, l’expérience de l’Esprit, ne peut à aucun moment être séparé du fait de marcher avec constance sur le chemin du Christ. Cette expérience est une sûreté intérieure qui n’est donnée qu’à celui qui avance sur ce chemin. Si on voulait s’arrêter et réfléchir sur cette lumière pour s’en assurer, ou bien elle s’éteindrait ou bien elle se changerait en un feu follet trompeur.” (2) Le chrétien ne cherche donc pas à obtenir une “expérience spirituelle” et évite ce qui pourrait la susciter automatiquement. Tout ce qui est systématique dans ce domaine devrait susciter la plus grande prudence, car qu’en est-il de la libre initiative divine dans un processus répétitif ? Certes le Seigneur est libre de susciter de nouvelles expériences qui servent de signes de sa présence agissante au milieu de nous. Mais précisément en tant que “signes”, ces phénomènes devraient être ponctuels ; le signe consiste en une grâce extraordinaire et pas en manifestations ordinaires que l’on pourrait susciter ou reproduire à la demande. Ajoutons que pour être des “signes”, il faut que les dites expériences puissent être discernées à la lumière de la Révélation. Les véritables “signes” de la présence de Dieu dans nos vies, sont la croissance dans les vertus théologales, en particulier une foi qui manifeste sa vitalité dans les œuvres de charité, qu’elle accomplit dans la force de l’Esprit.

La confusion entre le Feu d’en haut et le feu d’en bas Nous avons souligné le caractère interpersonnel de l’expérience mystique chrétienne qui est toujours le fruit d’une visitation de l’Esprit Saint. D’où il ressort également que cette expérience est nécessairement surnaturelle. La constitution dogmatique sur la Révélation divine, Dei Verbum, nous le rappelle : “Il a plu à Dieu dans sa sagesse et sa bonté de se révéler en personne et de faire connaître le mystère de sa volonté (cf. Ep  1,9) grâce auquel les hommes, par le Christ, le Verbe fait chair, accèdent dans l’Esprit Saint, auprès du Père et sont rendus participants de la nature divine (cf. Ep  2,18 ; 2 P  1,4).” Une des confusions les plus graves de notre époque consiste à identifier l’Esprit Saint incréé, aux énergies

immanentes à notre monde créé. Cette confusion est due à la vulgarisation du paradigme naturaliste, qui réduit Dieu à n’être que l’énergie occulte la plus subtile d’où émane le manifesté. Le divin est identifié selon les diverses traditions au Ki, au t’chi, au prana, ou mieux encore à la kundalindi-çakti. Ce dernier terme désigne l’énergie (occulte) lovée à la base de la colonne vertébrale, que les exercices du yoga sont sensés conduire jusqu’au sommet du crâne, où elle s’unirait à l’énergie complémentaire - shiva - pour produire l’illumination. Dans leurs efforts pour occidentaliser les doctrines et les techniques orientales, bien des auteurs n’hésitent pas à identifier ces énergies occultes créées avec les Personnes divines incréées de la Tradition chrétienne. Ainsi Samaël Aun Weor, fondateur de l’Église gnostique universelle, construit sa doctrine néo-gnostique sur des commentaires fantaisistes des Écritures, dans lesquels il identifie l’énergie astrale au feu de l’Esprit Saint. Pour susciter l’illumination, il préconise la magie sexuelle, qu’il n’hésite pas à désigner sous le terme de “conception dans l’Esprit Saint”. La réduction de la grâce surnaturelle à une énergie occulte naturelle est commune aux différentes écoles ésotériques et occultes qui cherchent à “récupérer” les chrétiens. En principe les différences doctrinales sont suffisamment importantes pour que les croyants ne se laissent pas égarer ; mais le vocabulaire utilisé est dans certains cas si proche de celui de l’Évangile, et la transmission de “l’énergie divine” par imposition des mains ressemble à tel point à ce qui peut se vivre dans une assemblée du Renouveau charismatique, que bon nombre de croyants se laissent abuser.

La confusion entre pouvoirs et charismes La large diffusion des “énergothérapies” en tous genres - c’est-à-dire des traitements par manipulation des énergies occultes - dans un contexte qui associe subtilement pratiques thérapeutiques et “spiritualité”, est une autre source d’égarement. De “magnétiseurs” sont jugés dignes de confiance sous prétexte qu’ils exhibent des statues ou des icônes dans leur cabinet de consultation. Certains prétendent même prier en imposant les mains. De là à identifier leur pratique avec l’exercice d’un charisme, il n’y a qu’un pas, (trop) rapidement et (trop) souvent franchi. Les traités de magie sont unanimes à reconnaître que l’homme ne pourrait avoir aucun pouvoir occulte sans l’assistance des entités gouvernant les plans sur lesquels il travaille. Or l’Écriture, la Tradition et le Magistère interdisent formellement l’invocation de ces entités, en raison de leur caractère présumé diabolique. Le recours aux pieuses images et à la prière ne suffit pas pour “neutraliser” les effets pervers d’une action contraire aux préceptes de la Révélation : nous ne pouvons pas « plier le genou des deux côtés : si c’est le Seigneur qui est Dieu, suivons le Seigneur ; si c’est Baal, suivons le Baal » (1 R 18, 21). ■ 1. H. Urs von Balthasar, Nouveaux points de repère, Fayard, Paris, 1980, pp. 49-63. • 2. Ibid

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Croître dans l’Esprit Saint Prier la Parole

Grâce à demander : Me livrer plus encore à l’Esprit Saint et accueillir les dons qu’il veut pour moi aujourd’hui Jour 1

Jour 4

ÉzÉchiel 36, 25-28

Galates 5, 16-26

J

e ferai sur vous une aspersion d’eau pure et vous serez purs ; je vous purifierai de toutes vos impuretés et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur neuf et je mettrai en vous un esprit neuf ; j’enlèverai de votre corps le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon propre Esprit, je vous ferai marcher selon mes lois, garder et pratiquer mes coutumes. Vous habiterez le pays que j’ai donné à vos pères ; vous serez mon peuple et je serai votre Dieu.

Jour 2 Romains 8, 22-27

N

ous le savons en effet : la création tout entière gémit maintenant encore dans les douleurs de l’enfantement. Elle n’est pas la seule : nous aussi, qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons intérieurement, attendant l’adoption, la délivrance pour notre corps. Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance. Or, voir ce qu’on espère n’est plus espérer : ce que l’on voit, comment l’espérer encore ?

Jour 3 Romains 8, 14-17

E

n effet, ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduits par l’Esprit de Dieu : vous n’avez pas reçu un esprit qui vous rende esclaves et vous ramène à la peur, mais un Esprit qui fait de vous des fils adoptifs et par lequel nous crions : Abba, Père. Cet Esprit lui-même atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Enfants, et donc héritiers : héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ, puisque, ayant part à ses souffrances, nous aurons part aussi à sa gloire.

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É

coutez-moi : marchez sous l’impulsion de l’Esprit et vous n’accomplirez plus ce que la chair désire. Car la chair, en ses désirs, s’oppose à l’Esprit et l’Esprit à la chair ; entre eux, c’est l’antagonisme ; aussi ne faites-vous pas ce que vous voulez. Mais si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes plus soumis à la loi. On les connaît, les œuvres de la chair : libertinage, impureté, débauche, idolâtrie, magie, haines, discorde, jalousie, emportements, rivalités, dissensions, factions, envie, beuveries, ripailles et autres choses semblables ; leurs auteurs, je vous en préviens, comme je l’ai déjà dit n’hériteront pas du Royaume de Dieu. Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi ; contre de telles choses, il n’y a pas de loi. Ceux qui sont au Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi sous l’impulsion de l’Esprit. Ne soyons pas vaniteux : entre nous, pas de provocations, entre nous, pas d’envie.

Jour 5 1 Corinthiens 12, 4-11

I

l y a diversité de dons de la grâce, mais c’est le même Esprit ; diversité de ministères, mais c’est le même Seigneur ; diversité de modes d’action, mais c’est le même Dieu qui, en tous, met tout en œuvre. À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien de tous. À l’un, par l’Esprit, est donné un message de sagesse, à l’autre, un message de connaissance, selon le même Esprit ; à l’un, dans le même Esprit, c’est la foi ; à un autre, dans l’unique Esprit, ce sont des dons de guérison ; à tel autre, d’opérer des miracles, à tel autre, de prophétiser, à tel autre, de discerner les esprits, à tel autre encore, de parler en langues ; enfin à tel autre, de les interpréter. Mais tout cela, c’est l’unique et même Esprit qui le met en œuvre, accordant à chacun des dons personnels divers, comme il veut.


Jour 6

Jour 7

Jean 7, 37-39

Jean 16, 23-24

e dernier jour de la fête, qui est aussi le plus solennel, Jésus, debout, se mit à proclamer : “Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et que boive celui qui croit en moi.” Comme l’a dit l’Écriture : “De son sein couleront des fleuves d’eau vive.” Il désignait ainsi l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui : en effet, il n’y avait pas encore d’Esprit parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié.

insi, en ce jour-là, vous ne m’interrogerez plus sur rien. En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu’ici vous n’avez rien demandé en mon nom : demandez et vous recevrez, pour que votre joie soit parfaite.

L

A

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❱❱ Devenir Témoin du Christ P

our cette septième semaine, dernière étape du parcours proposé mais commencement et ouverture sur l’avenir plutôt qu’arrivée et point final, le mouvement est bien d’entrer dans cette invitation de l’Esprit Saint à devenir témoin du Christ. Le témoignage fait essentiellement partie de la vie chrétienne, c’est-à-dire que ce n’est pas une option mais que cela fait pleinement et fondamentalement partie de la grâce de l’Esprit Saint reçue au Baptême. En même temps, comme toujours dans la vie chrétienne, il est à choisir consciemment car l’Esprit Saint ne nous contraint jamais. Devenir témoin, se laisser conduire dans le quotidien “banal” d’éducation des enfants, de travail, de service… de décisions à prendre où nous laissons le Seigneur prendre la première place que nous lui avons promis dans notre vie lors de la démarche du Baptême dans l’Esprit Saint. Comme le dit Laurence de Crouy, c’est chacun pour sa part, accepter de “se laisser replacer dans la logique de la création et de la vie.” Devenir témoin, c’est aussi accepter la mission que me proposent mes frères en Christ, dans ma paroisse, mon groupe de prière… de ma paroisse. Pourquoi alors, ne pas proposer ce cheminement des 7 Semaines selon quelques modalités que présente Pierre Chieux dans son article ? Ne pas laisser éteindre l’Esprit, n’est ce pas accepter – prendre le risque – de propager son feu selon le désir du Christ : « Je suis venu jeter un feu sur terre, et comme il me tarde qu’il ne soit déjà allumé ! » ■

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L’Esprit Saint, vivant au quotidien

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Proposer les 7 semaines en paroisse

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Prier la Parole

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Bibliographie

Laurence De Crouy

Pierre Chieux


Jeu familial

L’Esprit Saint, vivant

au quotidien En nous partageant son expérience de l’Esprit Saint dans la vie quotidienne, Laurence de Crouy, mère de famille, nous invite à être attentif au mouvement de la brise légère par laquelle l’Esprit Saint signe bien souvent sa présence au cœur de nos vies. Au bord de la rivière… les feuilles des arbres palpitent dans la brise automnale, qui, par moments, s’enfle, se gonfle, et puis retombe ; la surface de l’eau se ride en se déroulant lentement. Ce souffle du vent, je ne sais ni d’où il vient, ni où il va, mais je constate que, dans ce sous-bois, mystérieusement, il pousse l’eau de la rivière selon son cours naturel, plissant d’ombres et de lumières la surface émaillée qui n’y oppose aucune résistance ; bien plus, elle s’offre au regard et sa fascinante beauté me dit quelque chose de la rencontre du ciel et de la

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Vue de Lyon

terre. N’en est-il pas ainsi de l’Esprit Saint en chacun de nous ? On ne sait d’où Il vient, tantôt souffle puissant, tantôt brise légère, mais Il nous transforme, chacun selon sa vocation, de façon à nous enfanter à notre identité profonde.

On ne sait d’où Il vient L’Esprit Saint, je l’ai reçu à mon baptême. Je le sais parce qu’on me l’a dit, mais il est vrai que je me suis rendue compte, tôt dans mon enfance, que des questions, des prières de louange, des actes de foi ou des mouvements de mon cœur venaient de plus loin que moi. Un enfant, même s’il n’est pas encore instruit des choses de la foi, fait l’expérience de l’Esprit Saint ; cela m’est toujours resté comme une conviction  profonde ; à l’adulte, ensuite, de lui apprendre à le relire et à entrer dans son écoute. Cela veut dire aussi que tout être, aussi petit soit-il, peut être canal de l’Esprit Saint et que, si nous voulons y être attentifs, nous ne devons négliger “aucun de ces petits”. À travers mes enfants, j’ai souvent été interpellée sur mes propres attitudes spirituelles : la confiance,


Partie de volley à Hautecombe

L’Esprit Saint me pousse à me situer en vérité, à vivre l’espérance, à discerner ce qui est bon parmi tout ce que notre monde propose aujourd’hui.

l’accueil de la vie, l’ouverture de la contemplation, l’émerveillement… Aujourd’hui, je travaille dans un collège public, un milieu où il n’est pas question de Dieu. Mais, dans le désert de ces jeunes que je côtoie, dans cette pauvreté morale et spirituelle, l’Esprit me parle : Il m’ouvre les yeux sur les refus de Dieu, sur des souffrances muettes, sur des mensonges dans lesquels nous vivons… mais aussi sur des attentes. Il me pousse à m’y situer en vérité, à vivre l’espérance, à discerner ce qui est bon parmi tout ce que notre monde propose aujourd’hui… Il m’invite à l’audace pour ouvrir en eux, à travers les mots, à travers l’écoute de ce qu’ils sont, des chemins de beauté et de parole, de respect et de vie, une ouverture sur plus grand qu’eux-mêmes. Un jour où je les avais emmenés en voyage scolaire au Mont Saint Michel, j’ai été stupéfiée de voir comment quasiment tous, au lieu d’utiliser l’heure de liberté qu’on leur avait donnée à chiner dans les magasins de souvenirs, ils étaient remontés dans le cloître, où nous les avons trouvés en contemplation silencieuse et, pour certains, bouleversée. Après, que de questions, du haut de leurs quatorze ans ! Ce questionnement m’a évangélisée, par sa justesse et la soif qu’il exprimait. À travers cette expérience toute simple, j’ai senti le travail de l’Esprit Saint qui rejoint

chacun là où il en est. Ainsi, Il prend souvent pour porte-parole ceux auxquels on ne s’attend pas. L’Esprit souffle où Il veut, on ne sait d’où Il vient…

Tantôt souffle puissant, tantôt brise légère Cet Esprit Saint qui vient de façon imprévisible, parfois me dérange ; c’est même à cela qu’il m’arrive de le reconnaître. En effet, Il bouscule volontiers mon imaginaire ou même mes échelles de valeur. À la Pentecôte, Il se manifeste comme « un bruit tel que celui d’un violent coup de vent » (Ac 2, 2). Sans en avoir les caractéristiques extérieures, Il m’a parfois fait l’effet d’un violent coup de vent en moi, qui m’a retournée, mais, toujours comme ce vent sur la rivière, réajusté dans le sens de ma vie. Une parole forte d’un frère qui me met en route, un événement providentiel, une coïncidence déterminante, tous ces moments où on a l’impression que, soudain, le ciel s’ouvre pour laisser le Seigneur agir sans voile… Ce sont des grâces qu’il fait bon « méditer en son cœur », de ces signes de la présence de l’Esprit dans nos vies. Je me souviens qu’avec Vincent, après avoir terminé notre formation spiri◗ Hors-série N°4 ◗ FOI ◗

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❱❱

Devenir Témoin Enseignement des 7 semaines

C’est dans notre quotidien que se vit cette attention à l’Esprit : dans la prière, certes, mais aussi dans nos rencontres, pour des décisions à prendre, à propos de nos enfants

tuelle à Fribourg, nous nous demandions où nous habiterions pour être le plus possible au service de l’Église ; et nous avions choisi dans notre cœur, entre deux villes, celle qui avait une vie ecclésiale active, des monastères, etc…, cela nous semblait parfait. Mais au moment de donner notre réponse définitive, nous avons reçu chez nous, l’espace d’un repas, une femme qui avait beaucoup souffert dans sa vie ; et, quand nous lui avons partagé notre choix et ses raisons, elle s’est écriée : “voilà ! c’est toujours les riches qui vont chez les riches !” cette réaction vigoureuse a été pour nous le vent violent de l’Esprit Saint, confirmé, au cours de l’Eucharistie qui a suivi, par la paix soudaine qui s’installait en nous, et nous avons choisi l’autre ville, plus aride, mais où le Seigneur nous a fait grandir dans notre appel.

Plus subtil est ce travail discret, silencieux, de l’Esprit au fond de nous… comme ce grain qui pousse sans que le semeur ne s’en aperçoive. Ce travail, j’ai souvent l’occasion de m’en émerveiller, c’est quelque chose qui se tisse sur la durée ; un jour on se dit : “tiens, quelque chose a changé”. Ces petits signes, il est bon de leur donner leur éclairage, de les nommer ; tout ce chemin qui se trace à travers la relecture de notre vie nous mène à Le reconnaître, comme les disciples après la résurrection. En effet, ce que l’Esprit me montre, ce n’est pas moi, ou mon frère en tant que tel, c’est le Christ ressuscité, sauveur, présent en moi, présent dans mon frère. C’est aussi le Père, qu’Il me révèle ; c’est une Parole qu’Il fait mûrir en moi, puis s’incarner ; c’est cet Amour qu’il m’apprend à reconnaître et à accueillir pour grandir dans mon identité de « fils adoptifs ». Tout aussi discrète, cette présence agissante de l’Esprit Saint dans les sacrements, souvent perceptible au seul regard de la foi, mais ô combien féconde. Dans toutes ces expressions de Sa présence, l’Esprit Saint respecte notre liberté. Et il est vrai, nous le savons, que se laisser faire par l’Esprit peut nous emmener loin, puisque le propre de l’Esprit est de nous “animer”, c’est-à-dire, finalement, de nous déplacer intérieurement.

Vers notre identité de fils adoptif À la perspective de ces déplacements, nous vivons des résistances, une peur de ce qui pourrait nous dépasser, un manque d’abandon à Dieu. Nous vivons en permanence ce combat entre la chair et l’Esprit. Ces combats sont parfois violents et, paradoxalement, seul Celui qui semble nous plonger dans les ténèbres peut nous donner la lumière, la force de faire un pas vers Lui. Il m’est souvent arrivé d’avoir le sentiment d’être amenée à vivre, parce qu’on me le demandait, des choses dont je ne me sentais pas capable, du “trop-grand-pourmoi” ; alors, tout s’embrouillait et devenait oppressant, et je commençais par lutter parce que je ne faisais pas confiance à l’Esprit Saint. Mais j’ai fait l’expérience que « l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse », qu’il faut simplement accepter de m’y soumettre et y répondre avec mes limites certes, mais aussi avec les dons

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qu’Il a mis en moi. Car nos dons sont donnés par l’Esprit. Comme la rivière, l’Esprit nous pousse dans le sens du courant qui est le nôtre, avec ce que nous sommes d’ombres et de lumières. Les stries de nos combats disent notre transformation. Quelle joie quand, après coup, l’on peut dire “Il était là” ou “Il est là” et faire ainsi l’expérience de la douceur de l’Esprit qui apaise, guérit, régénère… Au fond, Il nous replace dans la logique de la création. Mais tout cela est un lent chemin, rien n’est jamais acquis… C’est pourquoi je comprends cette admonestation de Paul « N’éteignez pas l’Esprit » : on a vite fait d’étouffer en nous ces petites étincelles - des tout petits détails, parfois, une phrase retenue, un geste omis…- et, finalement, on fait taire l’Esprit Saint. Or, il y a un enjeu. La première fois que j’ai “basculé” dans le Renouveau charismatique, c’est parce qu’une personne au cours d’une prière où je ne cessais de combattre en moi-même - et contre moi-même - a donné une prophétie qui m’a rejointe au fond du cœur ; dans la foi, elle n’avait pas éteint l’Esprit qui lui inspirait ce chant… en langues ! C’est dans notre quotidien que se vit cette attention à l’Esprit : dans la prière, certes, mais aussi dans nos rencontres, pour des décisions à prendre, à propos de nos enfants, veillons à ne pas éteindre l’Esprit, risquons cet élan créateur qui nous fait davantage enfant du Père, même si cela nécessite de lâcher, de renoncer à nos schémas… Paul nous parle de ce combat permanent. Nous pouvons nous appuyer sur nos frères, aussi, car, seuls, nous n’allons pas forcément dans le bon sens, ni assez loin ; nous n’osons sortir de nous-mêmes ; l’Esprit nous fait sortir. Il nous pousse. Il est là qui nous transforme pour “que nous devenions ce que nous sommes” comme l’exprime la liturgie : “que nous soyons unis à la divinité de celui qui a pris notre humanité”. L’image des ossements desséchés est parlante, les morts sont recréés sous les yeux du prophète. Nous sommes à la fois ces ossements qui prennent chair, mais aussi le prophète qui en est témoin et qui est envoyé par Dieu pour annoncer : « Je mettrai mon esprit en vous et vous vivrez. » (Ez 37,14) Esprit donné à la croix, Esprit répandu à la Pentecôte, Esprit donné chaque jour en abondance pour féconder la vie de Dieu en nous, Esprit qui loue en nous, qui nous guide et nous éclaire… Il n’est pas de mots pour T’invoquer, T’adorer, Te louer. Que tes œuvres témoignent, que ta lumière éclaire, que ton feu brûle et se répande sur notre terre. ■


De même que les corps limpides et transparents, lorsqu'un rayon tombe sur eux, deviennent étincelants eux aussi et, par réverbération, font briller un autre éclat, de même les âmes porteuses de l'Esprit, recevant de l'Esprit la lumière, deviennent, elles aussi, spirituelles et renvoient sur les autres le don de l'amour de Dieu. Basile de Césarée ◗ Hors-série N°4 ◗ FOI ◗

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Devenir Témoin Connaître le Saint-Esprit

Proposer les 7 Semaines

en Paroisse Pierre Chieux, membre de la Fraternité Pentecôte, envisage comment proposer les 7 Semaines en paroisse. Ce qu’il convient de faire… et d’éviter. Ce qui anime en profondeur toute personne touchée par l’Esprit Saint, c’est la soif de communiquer à d’autres, la grâce reçue. Si l’on a le désir d’introduire en milieu paroissial les 7 semaines qui sont un parcours d’initiation chrétienne au cours duquel on propose l’accueil du don de l’Esprit Saint, il est très utile de se resituer par rapport à deux autres façons connues de proposer la grâce pentecostale. L’une publique et en milieu très ouvert est l’assemblée ou le rassemblement charismatique avec proclamation du kérygme suivi de la proposition de reconnaître la seigneurie du Christ sur nos vies. L’autre est le dialogue personnel, dans lequel la relation est conduite par l’Esprit jusqu’à l’expression de la foi au Dieu personnel et trinitaire qui nous anime, et jusqu’à la proposition : “Veux-tu toi aussi connaître ce Dieu qui m’habite ? Veux-tu que je prie maintenant pour toi ?” Il est clair qu’ainsi nous percevons d’emblée, les enjeux et les combats auxquels nous serons affrontés. Proposer les Sept Semaines en Paroisse va automatiquement impliquer d’exposer notre propre Foi au Dieu de Jésus-Christ, et de vivre un risque pour toutes nos relations qui ne seraient pas fondées en Lui et conduites par son Esprit d’Amour et de Vérité. C’est dans cette perspective que nous allons très succinctement essayer de souligner quelques points d’attention.

Les préliminaires spirituels Il s’agit ici à la fois de préparatifs, de fondements et de règles de comportement. Tout projet ne peut porter de fruit qu’initié en Christ et dans l’Esprit. En Lui, par Lui et pour Lui. Bien sûr, il faut que quelqu’un initie le projet, qu’une équipe se mette au service, etc… Mais Il est toujours important de relire les origines. Qui a mûri et discerné ce projet dans la prière, dans l’intercession, dans l’écoute du temps de Dieu ? Est-ce une personne, un petit groupe ? Ces personnes continuent-elles à se

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laisser conduire par l’Esprit dans l’intercession et le service ? Ces questions nous resituent d’emblée dans une histoire et dans une communauté de croyants, tout autant qu’elles nous appellent à voir si nos objectifs et façons de faire sont vraiment conduites par l’amour de Dieu et de tous les hommes et non par une volonté propre de faire-valoir. Nous connaissons la boutade attribuée à Mère Térésa à qui quelqu’un demandait quel est le plus grand obstacle à l’évangélisation et qui lui répondait : vous et moi, Monsieur. Cette réponse vaut également au niveau des groupes. Toute proposition conduite par l’Esprit Saint nous amènera à élargir nos cœurs, nos communautés, nos habitudes de vie, de pensée et de jugements. La Vie, la Vérité et le Chemin qui y conduit, ne peuvent qu’être crucifiants pour nos petites perspectives. Nous avons à nous préparer à être saisis et séduits par la Grandeur de Dieu et de la vocation de l’homme qu’il a placé au cœur de sa création.

Les premiers contacts Souhaiter démarrer les Sept Semaines en paroisse, c’est d’emblée se situer dans une perspective de renouveau, de réveil. Comme il nous faut nécessairement entrer en dialogue à ce propos avec le prêtre responsable et l’équipe paroissiale, il est important de bien nous y préparer. Notre désir peut être d’autant plus intense que la situation de la communauté paroissiale et des personnes que nous avons à rencontrer est, à nos yeux, plus tragique, il peut aussi jaillir du débordement de notre propre expérience de Pentecôte. Relisons les textes de la Visitation et des témoignages de la rencontre du Ressuscité. Si nous ne sommes pas mus par la grâce et le service radical de l’autre, si nous ne sommes pas convaincus que le Seigneur veut lui-même aujourd’hui éveiller son Église, si nous ne sommes pas prêts à le découvrir vivant au cœur des personnes qui nous paraissent les plus renfermées, alors nous ne sommes pas prêts à ces premiers contacts. Prions et demandons au Seigneur de purifier nos cœurs. Certes nous ne sommes jamais vraiment prêts et nous pouvons aussi être paralysés par la peur que nous inspirent certaines personnes ou situations. En fait les premiers contacts nous appellent à nous risquer en des démarches de Foi, d’Espérance et d’Amour. Nous aurons à y exposer clairement ce que sont les Sept Semaines, mais c’est


l’attitude profonde de notre cœur et le temps pris à entrer en de vraies relations personnelles et de partage de notre Foi qui vont être déterminants.

Les obstacles à surmonter, les enjeux à maintenir, les suites à envisager. Un des premiers obstacles que nous venons de souligner est celui d’oser entrer en des relations personnelles et de partage de Foi avec les responsables pastoraux. Il existe au sein de l’Église une tendance qui vient du monde et qui est de n’avoir avec les responsables que des relations fonctionnelles. Sommes-nous prêts à nous imaginer de proposer de prier avec eux et pour eux si, dans le dialogue que nous avons avec eux, l’occasion s’en présente ? Qu’est-ce qui nous bloque à cette idée, avons-nous des pardons à donner, des chemins de réconciliation à ouvrir ? Un autre obstacle vient de la proposition même des 7 Semaines. Il y a toujours une tension entre la gratuité et l’inattendu du don de Dieu et la proposition d’un parcours ou d’une méthode pour l’accueillir. Il est donc très important de bien saisir ce qui dans la

Ce qui va toucher et ouvrir les cœurs, ce n’est pas tant l’en-soi de la méthode que l’importance donnée à la relation vraie avec Dieu méthode permet l’œuvre de la grâce. En fait ce qui va toucher et ouvrir les cœurs, ce n’est pas tant l’en-soi de la méthode que l’importance donnée par les organisateurs à la relation vraie avec Dieu et avec les personnes, à l’occasion de ce parcours. Et, si nous l’écoutons, le Seigneur va cesse nous demander d’améliorer avec le concours de sa grâce, le témoignage de la Foi des intervenants et leur relation à Dieu, Père, Fils et Esprit, l’unité de l’équipe au service, la qualité de l’accueil et de l’écoute, et le respect radical de la liberté des personnes vis-à-vis des démarches proposées. Dans cette même ligne, un obstacle particulièrement redoutable est le statut implicite donné aux 7 Semaines lors de leur présentation à la communauté paroissiale. Toute proposition dans le sens d’une initiation ‘charismatique’ est de fait entendue selon l’idée que nous nous faisons nous-mêmes de la grâce pentecostale ou selon l’idée que les autres s’en sont faite à travers nous. Or nous restreignons presque toujours l’œuvre de la grâce à l’appropriation (sensible et rationnelle) que nous faisons de ses effets en nous. C’est pour cela que la façon la plus significative d’ouvrir la proposition des Sept Semaines à tous, est de la mettre en œuvre avec une équipe d’animation la plus ouverte possible aux diverses composantes chrétiennes de la communauté. Nous touchons ici à la grâce même de Pentecôte qui permet l’unité des croyants dans la diversité des personnes et groupes humains. Oser pour les 7 Semaines faire équipe, selon les circonstances et personnes mûres qui s’y proposent, avec des membres les plus variés de nos paroisses, et grandir à cette occasion en communion fraternelle en Christ et dans l’Esprit, est vraiment signe du royaume qui vient. Pour finir, il nous faut dire un mot de notre propre vision de l’Église et des temps que nous vivons. Les 7 Semaines ne peuvent être un évènement isolé. Elles nous engagent sur un chemin qui est tout à la fois un appel à l’approfondissement de notre relation personnelle à Dieu Père, Fils et Esprit, à l’approfondissement de nos relations fraternelles au sein de la communauté paroissiale, du témoignage de notre Foi, de l’ouverture à tous ceux qui cherchent Dieu, au partage de nos ressources et de notre temps, au don de plus en plus grand et total de nous-mêmes. L’ensemble de ces perspectives nous attire et nous dépasse. Nous sommes à une époque d’engagements limités, et nous avons plus que jamais besoin de cocons et de bulles spirituelles. Mais il est important d’oser dire : non pas ce que je veux, mais ce que tu veux Seigneur ! Il nous revient le choix d’oser nous laisser conduire au large. ■

Paroisse Sainte Madeleine des Charpennes à Villeurbanne

◗ Hors-série N°4 ◗ FOI ◗

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Devenir Témoin Prier la Parole

Grâce à demander : Me laisser conduire par l’Esprit pour être témoin de Jésus Christ Jour 1

Jour 3

Isaîe 6, 1-8

1 Corinthiens 9, 19-23

’année de mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé. Sa traîne remplissait le Temple. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils avaient chacun six ailes : deux pour se couvrir le visage, deux pour se couvrir les pieds et deux pour voler. Ils se criaient l’un à l’autre : “Saint, saint, saint, le SEIGNEUR, le tout-puissant, sa gloire remplit toute la terre !” Les pivots des portes se mirent à trembler à la voix de celui qui criait, et le Temple se remplissait de fumée. Je dis alors : “Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures et mes yeux ont vu le roi, le SEIGNEUR, le tout-puissant.” L’un des séraphins vola vers moi, tenant dans sa main une braise qu’il avait prise avec des pinces sur l’autel. Il m’en toucha la bouche et dit : “Dès lors que ceci a touché tes lèvres, ta faute est écartée, ton péché est effacé.” J’entendis alors la voix du Seigneur qui disait : “Qui enverrai-je ? Qui donc ira pour nous ?” et je dis : “Me voici, envoie-moi !”

O

ui, libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous, pour en gagner le plus grand nombre. J’ai été avec les Juifs comme un Juif, pour gagner les Juifs, avec ceux qui sont assujettis à la loi, comme si je l’étais -- alors que moi-même je ne le suis pas -, pour gagner ceux qui sont assujettis à la loi ; avec ceux qui sont sans loi, comme si j’étais sans loi - alors que je ne suis pas sans loi de Dieu, puisque Christ est ma loi -, pour gagner ceux qui sont sans loi. J’ai partagé la faiblesse des faibles, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver sûrement quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de l’Évangile afin d’y avoir part.

Jour 2

Jour 4

Marc 16, 15-20

Marc 6, 7-13

L

E

t il leur dit : “Allez par le monde entier, proclamez l’Évangile à toutes les créatures. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné. Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons, ils parleront des langues nouvelles, ils prendront dans leurs mains des serpents, et s’ils boivent quelque poison mortel, cela ne leur fera aucun mal ; ils imposeront les mains à des malades, et ceux-ci seront guéris.” Donc le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. Quant à eux, ils partirent prêcher partout : le Seigneur agissait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.

92 ◗ FOI ◗ Hors-série N°4 ◗

l

l fait venir les Douze. Et il commença à les envoyer deux par deux, leur donnant autorité sur les esprits impurs. Il leur ordonna de ne rien prendre pour la route, sauf un bâton : pas de pain, pas de sac, pas de monnaie dans la ceinture, mais pour chaussures des sandales, et ne mettez pas deux tuniques. Il leur disait : “Si, quelque part, vous entrez dans une maison, demeurez-y jusqu’à ce que vous quittiez l’endroit. Si une localité ne vous accueille pas et si l’on ne vous écoute pas, en partant de là, secouez la poussière de vos pieds : ils auront là un témoignage.” Ils partirent et ils proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils chassaient beaucoup de démons, ils faisaient des onctions d’huile à beaucoup de malades et ils les guérissaient.


Jour 5

Jour 6

2 Corinthiens 4, 6-13

1 Corinthiens 2, 1-5

C

ar le Dieu qui a dit : que la lumière brille au milieu des ténèbres, c’est lui-même qui a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ. Mais ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile, pour que cette incomparable puissance soit de Dieu et non de nous. Pressés de toute part, nous ne sommes pas écrasés ; dans des impasses, mais nous arrivons à passer ; pourchassés, mais non rejoints ; terrassés, mais non achevés ; sans cesse nous portons dans notre corps l’agonie de Jésus afin que la vie de Jésus soit elle aussi manifestée dans notre corps. Toujours, en effet, nous les vivants, nous sommes livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit elle aussi manifestée dans notre existence mortelle. Ainsi la mort est à œuvre en nous, mais la vie en vous. Pourtant, forts de ce même esprit de foi dont il est écrit : J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé, nous croyons, nous aussi, et c’est pourquoi nous parlons.

M

oi-même, quand je suis venu chez vous, frères, ce n’est pas avec le prestige de la parole ou de la sagesse que je suis venu vous annoncer le mystère de Dieu. Car j’ai décidé de ne rien savoir parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié. Aussi ai-je été devant vous faible, craintif et tout tremblant : ma parole et ma prédication n’avaient rien des discours persuasifs de la sagesse, mais elles étaient une démonstration faite par la puissance de l’Esprit, afin que votre foi ne soit pas fondée sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu.

Jour 7 Jean 17, 20-23

J

e ne prie pas seulement pour eux, je prie aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi : que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux comme toi en moi, pour qu’ils parviennent à l’unité parfaite et qu’ainsi le monde puisse connaître que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. ◗ Hors-série N°4 ◗ FOI ◗

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❱❱

Devenir Témoin Bibliographie

bibliographie Les sept dons du Saint-Esprit

Laissez-vous guider part l’Esprit, petit traité de théologie spirituelle

Ludovic Lecuru

Michel Rondet

Éd. Emmanuel, 2003, 10,83  Très pédagogique et vivant, ce

Éd. Bayard, 2005, 18,50  Le père Rondet nous offre un véritable parcours spirituel et mystique à travers cet ouvrage bien structuré. Les chapitres, courts et précis, sont ordonnés en quatre partie qui balisent le chemin parcouru  : Accueillir le Dieu qui vient à nous, Naître d’en haut, Vers la rencontre qui sera notre béatitude, sur nos chemins de phares. L’occasion pour lui de nous offrir des repères authentifiant l’expérience spirituelle vécue et de nous partager quelques grandes figures du christianisme qui l’ont aidé. Nous retenons sa définition de la spiritualité  : “une référence évangélique, une forme privilégiée d’exercice de la charité, une pédagogie adaptée, ces trois éléments structurent une forme de vie et peuvent servir de guide et de soutien à une vie spirituelle qui se veut cohérente avec un projet évangélique.”

livre est un guide excellent pour vivre dans l’Esprit Saint et grandir rapidement dans la connaissance de la vie spirituelle. L’auteur y présente avec simplicité, témoignage et exemples concrets à l’appui, la théologie des dons du SaintEsprit. Il se fonde sur la riche tradition des Pères de l’Église et des docteurs du Moyen Âge, ainsi que sur les textes du concile Vatican II et le Catéchisme de l’Église catholique.

Le fruit de l’Esprit dans la vie quotidienne Card. Martini

Éd. de l’Atelier, 2000, 10 

La sobre ivresse de l’Esprit Saint (2 tomes) Raniero Cantalamessa

Éd. DDB, Coll. Chemins ouverts, 1995, 7 

La sobre ivresse de l’Esprit, se réfère aux écrits des Pères de l’Église lorsqu’ils parlaient de la manifestation de l’Esprit Saint, soit sur les apôtres le jour de Pentecôte, soit sur chaque chrétien au moment du baptême. Si le tome 1 aborde principalement les implications de la venue de l’Esprit dans la vie de l’homme, le second volume interroge les communautés chrétiennes et les groupes de prière : exercice des charismes, développement des ministères, communion ecclésiale, construction du corps, fidélité au don fondateur, ouverture au souffle puissant qui traverse l’Église aujourd’hui.

Le buisson ardent.L’urgence de la prière d’adoration et d’intercession Kim Collins, Allessandra Nucci Éd. Béatitudes, 2002, 12 

À la fin du

xixème

siècle, en Italie, la

bienheureuse Elena Guerra sollicite le pape Léon XIII pour que l’Église revienne au Cénacle. À l’aube du troisième millénaire, Kim Kollins lance à nouveau au nom du Seigneur un appel fervent à l’adoration et à l’intercession pour voir l’Église renaître, refleurir et se fortifier. On retrouve là l’appel prophétique de Jean-Paul II à “s’engager avec davantage de confiance dans une pastorale qui donne toute sa place à la prière” (Novo Millenio Ineunte). Tel est le parcours très concret que nous propose cet ouvrage.

L’Esprit Saint source de vie René Laurentin

Éd. Fayard, 2002, 19  Un beau recueil de textes sur le SaintEsprit. On y trouve chronologiquement

Je crois en l’Esprit Saint Yves Congar

S’appuyant sur une lecture attentive de l’Écriture, le cardinal Carlo Maria Martini, s’attache à discerner ce qui aujourd’hui donne sens à l’existence quotidienne. Cela passe notamment par une redécouverte de l’action de l’Esprit qui habite les gestes et les paroles de tous les jours.

94 ◗ FOI ◗ Hors-série N°4 ◗

Éd. du Cerf, 1995, 34,96  Cette édition reprend celle parue en trois volumes entre 1979 et 1980. Cette synthèse théologique sur l’Esprit Saint commence de la façon la plus classique par une étude scripturaire de la révélation progressive de l’Esprit, souffle de Dieu, pour passer ensuite à une rétrospective des expériences et des manifestations de l’Esprit dans la vie de l’Église au cours des deux millénaires de son histoire. Les deux autres parties portent respectivement sur le rôle de l’Esprit dans l’Église et dans le chrétien et sur la théologie de l’Esprit telle qu’elle s’est exprimée en Orient et en Occident. Une synthèse fort dense et solidement documentée.

des textes de l’Ancien et du Nouveau Testament, des textes du Magistère, mais aussi des écrits des pères de l’Église, des saints, des mystiques, et enfin, les prières consacrées au SaintEsprit au cours des siècles.


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Oui, je profite de l’offre spéciale abonnements. J’envoie les coordonnées de cinq personnes accompagnées de leur règlement (15  par abonnement) et je recevrai gracieusement le CD audio de Xavier Le Pichon. À retourner (ou recopier sur papier libre) accompagné de votre règlement par chèque à l’ordre de ame - FOi abonnements à : ame - FOi • 10 rue Henri IV • 69287 Lyon Cedex 02 • FRANCE

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O Esprit de Dieu O Esprit de Dieu, Esprit d'amour et de miséricorde, Qui verses en mon cœur le baume de la confiance, Ta grâce confirme mon âme dans le bien, Lui donnant une force invincible : la constance !

O Esprit de Dieu, le plus aimable hôte de mon âme, Je désire de mon côté t'être fidèle, Tant aux jours de joie qu'aux heures de souffrances ; Je désire, Esprit de Dieu, vivre toujours en ta présence.

O Esprit de Dieu, Esprit de paix et de joie, Qui réconfortes mon cœur assoiffé, Verse en lui la vivante source de l'amour divin, Et rends-le intrépide dans la lutte.

O Esprit de Dieu, qui imprègnes mon être Et me fais connaître ta vie divine et trinitaire, Tu m'inities à ton Être divin ; Unie ainsi à toi, j'ai la vie éternelle. Sainte Faustine Kowalska


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