Une maison particulière de mon bourg, le presbytère, Saint-Aignan-de-Grand-Lieu

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Collection «La Mémoire des Lieux»

Une maison particulière de mon Bourg, le Presbytère

Saint Aignan de Grand Lieu

CONSEIL D’ARCHITECTURE D’URBANISME ET DE L’ENVIRONNEMENT DE LOIRE ATLANTIQUE





Vu e s u r l e b o u r g d e S a i n t A i g n a n



Avec Pont Saint-Martin, La Chevrolière, Saint-Philbert de Grand Lieu, Saint-Lumine de Coutais, Saint-Mars de Coutais, Port Saint-Père, Saint-Léger Les Vignes et Bouaye, Saint-Aignan de Grand Lieu est une commune de Loire Atlantique riveraine du lac de Grand Lieu. Elle se situe au Nord-Est du Lac sur lequel elle offre une large vue depuis le site de Pierre Aigüe. des

Le bourg s’est implanté en retrait limites hivernales du Lac. Celui-ci s’annonce juste derrière la fontaine Saint-Rachou par un cours d’eau qui s’enfonce à travers une imbrication de roselières, de massifs boisés et marécageux vers les eaux plus profondes de la Boire Malet, puis du Lac. Cette frange de paysage particulier des rives du Lac de Grand Lieu contraste avec le paysage du vignoble qui l’entoure. A la voie des eaux et à celle de la terre s’ajoute celle des airs avec la présence sur une partie de la commune de l’aéroport «Nantes-Atlantique».


Les Plans du bourg

Le premier plan cadastral de Saint-Aignan fut réalisé en 1827. On le nomme «Plan Napoléonien» car c’est sous Napoléon que furent dressés ces premiers documents officiels qui répertorient toutes les communes de France et leurs propriétés. Depuis cette date ils sont régulièrement mis à jour et tenus à disposition des habitants. Ils reproduisent avec exactitude, à une échelle précise, les parcelles, les constructions, leur numérotation, les voies, les hameaux et leur dénomination. L’ensemble est répertorié dans des registres. L’observation des plans des différentes époques nous renseigne sur l’histoire de la commune et de son évolution.



Le plan de 1827 nous révèle l’existence d’un bourg concentré le long d’une partie de l’actuelle Rue des Frères Rousseau. On reconnait encore nettement aujourd’hui ce noyau ancien délimité à l’Ouest par l’église et à l’Est par les constructions qui avoisinent la Piéta. Le plan de 1996 nous révèle la faible évolution de la forme et du nombre des parcelles dans cette partie ancienne du bourg. Mais on remarque leur densification. De nouvelles constructions apparaissent en direction de Nantes. Elles sont édifiées dans la continuité des constructions précédentes, en mitoyenneté et de façon linéaire de part et d’autre de la Rue des Frères Rousseau.


Cette rue, dans laquelle se côtoient de nombreux bâtiments anciens, reste le centre du bourg de Saint-Aignan. On y trouve la plupart des bâtiments publics et des commerces. La principale évolution contemporaine clairement lisible sur le récent cadastre se situe à l’Ouest, en direction de Bouaye. Ici les anciennes parcelles agricoles ont été urbanisées : redécoupées en petites parcelles, elles accueillent aujourd’hui de nombreuses constructions desservies par de nouvelles voies et organisées autour de nouvelles places. Ces constructions sont pour la plupart isolées au milieu de terrains aux proportions plus carrées que ceux du centre bourg. La toponymie fait ici référence au lac.


Une propriété

La propriété bâtie qui nous intéresse,ne pas sur le plan de 1827 mais on retrouve les contours de la parcelle actuelle. Sur ce terrain ont été édifiés le presbytère et ses annexes, puis la salle de sport. Dans le bourg, cette propriété se distingue des autres par sa superficie, l’architecture et la situation isolée du bâtiment principal, la qualité de son parc et de ses cèdres, la présence d’une mare. A chaque époque correspondent des façons de construire et d’aménager qui nous permettent de situer l’édification de ce bâtiment dans la seconde partie du XIXème siècle.

du bourg

figure y

C’est le mur de ce bâtiment récent qui, doublé d’une haie de peupliers, délimite aujourd’hui au Nord la parcelle du presbytère. Une grille a remplacé il y a quelques années la partie haute du mur d’enceinte sur la rue. Elle permet aux passants d’ appréhender l’intérieur de la propriété. Le presbytère se dérobe au regard à travers la masse volumineuse des cèdres qui l’environnent. Ceux-ci encadrent de façon dissymétrique l’allée qui serpente en direction de l’entrée principale. Une végétation spontanée s’est par ailleurs développée autour de la mare. Un puits et une pompe évoquent l’époque où il n’y avait pas l’eau courante.



Les façades du bâtiment


Cet édifice est constitué d’un volume simple qui s’inscrit dans un cube d’environ 12 mètres de côté. Il présente deux façades principales qui se distinguent des deux autres par un axe de composition souligné par un fronton. La façade se reproduit symétriquement de part et d’autre de cet axe. Les ouvertures sont cintrées et leur encadrement en pierre de tuffeau accentue le rythme régulier de ces percements. La corniche, les chaînes d’angle sont des éléments significatifs du langage de cette architecture du XIXème siècle dite “néoclassique”. La façade Sud se distingue de la façade Nord par l’imposant encadrement de son entrée et par la fenêtre géminée qui la surmonte. Au-dessus de celle-ci, dans l’axe du fronton, une petite fenêtre cintrée possède un appui en demi-lune qui pouvait recevoir une statue religieuse. On retrouve cette façon de composer les façades et ce savoir-faire des artisans, sur les bâtiments remarquables de la même époque : mairie et grandes maisons dites «bourgeoises» au XIXème siècle (enduits à la chaux, pierres de tuffeau moulurées pour les encadrements et de granite taillé pour les soubassements, ardoise en toiture, zinc sur les appuis de fenêtre et en toiture).


Plans et coupes Ils se complètent pour nous informer sur les aspects constructifs du bâtiment, l’organisation à l’intérieur de la maison et les relations avec l’extérieur. Le presbytère possède quatre niveaux : la cave, le rez-de-chaussée, l’étage et le grenier.



mur de refend

escalier

mur périphérique


Premier ĂŠtage

escalier balancĂŠ


C a v e

De

e t

nombreux

c o m b l e s

détails

constructifs

et ornementaux permettent de dater le bâtiment dans une période proche de la fin du XIXème siècle : des volets intérieurs en bois qui viennent se replier dans un cadre prévu à cet effet, des petites cheminées de marbre dans toutes les pièces et une grande cheminée de plâtre, de bois et de fonte dans la cuisine, des ferronneries très ouvragées sur les fenêtres et sur la rampe de l'escalier, des grandes portes à panneaux de b o i s plein mouluré, un lambrissage périphérique de la pièce d e réception, des sols en carreaux de ciment peints reprenant des motifs géométriques grecs, des corniches en plafond, une frise peinte sur le mur de l'escalier, l'intégration discrète mais efficace de deux petits carreaux d'éclairement des combles dans la toiture en ardoise, une cave voûtée en carreaux de terre cuite, aujourd'hui recouverts de ciment...


C o u p e

s u r

l e

b 창 t i m e n t


C é d r u s

sols, de son hommes. Cette sélection de Saint-Aignan-de-Grand Lieu.

A t l a n t i c a

L’environnement naturel et agricole se caractérise par une végétation spontanée, c’est-à-dire qui se reproduit naturellement. Elle résulte des conditions du milieu, climat, humidité, nature des exploitation et de son utilisation par les «naturelle» définit la palette végétale et le paysage

Dans le bourg et les jardins, les arbres ne sont pas les mêmes. La végétation urbaine diffère. Ainsi, le chêne commun (Quercus Pédonculata), arbre de la campagne, du bocage, laisse place, aux abords du bourg, au chêne d’Amérique et chêne des marais (Quercus Rubra et Palustris), espèces plus «ornementales». Au-delà de leurs valeurs «esthétiques», les végétaux possèdent une valeur symbolique. L’usage de tel ou tel arbre signifie et donne un sens au lieu d’implantation. Ainsi, les cèdres (Cédrus Atlantica) du presbytère font partie de ces végétaux de prestige et d’ornement, très utilisés au XIXème siècle, période de construction du bâtiment. Les conifères, très en vogue à l’époque, allées de châteaux, parcs et propriétés bourgeoises, affirmaient un statut social. Par ailleurs, le cèdre (du Liban) possède une histoire. C’est un arbre biblique. Il fut utilisé dans l’antiquité pour la construction de bateaux, la production de matériaux pour les temples. Il est aussi le bois précieux des mobiliers religieux.


Originaire de l’Afrique du Nord (Atlas) et de l’Asie Mineure (Liban, Syrie...), il arrive en Angleterre en 1638. Le sujet planté alors, vit toujours dans le jardin du presbytère de Childray près de Wingate. En France, les premiers cèdres seraient ceux du Jardin des Plantes de Paris. C’est Bernard de Jussieu qui les rapporta en 1734. On raconte qu’il les fit tomber et cassa les pots. Pour sauver les plants, il les transporta dans le premier objet qui lui vint à l’esprit : son chapeau. Sa noblesse, sa longévité, les qualités de son bois parfumé... Tout prédispose le cèdre à jouer un rôle symbolique. Le cèdre est tellement attaché à la légende qu’on en parle en oubliant qu’il en existe quatre espèces : le cèdre du Liban, le cèdre de l’Atlas, le cèdre de l’Himalaya, le cèdre de Chypre.


H e r b a u g e s , L i e u

c o m m u n e

d’après le témoignage d’un habitant du presbytère : Théophile Le Chat

« Ce lac de Grand Lieu doit remonter à des lustres.

De mémoire de chat il a toujours existé. D’après mon grand-père Matou, qui le tenait lui-même de ses ancêtres, il semblerait que cette grande étendue d’eau renferme les trésors d’une superbe cité nommée Herbauges. J’ai ouï dire que les habitants de cette cité d’un autre temps vivaient dans un tel état de débauche et de luxure qu’il devenait difficile d’y laisser traîner la patte sans se faire envoûter par la première minette. Impossible de leur faire entendre raison ! Même Saint Martin a échoué dans sa tentative !Toute approche devenait périlleuse. Alors ce fut la punition suprême! Par la main de Dieu ce joyau rempli de caves, de donjons et de ruelles fut englouti pour ne devenir qu’un mirage au plus clair des eaux du lac. N’étant pas un fanatique de l’eau je n’y risquerai pas mes moustaches, pas plus que dans cette mare aux eaux mouvantes. Je préfère me réfugier dans mon observatoire, tout en haut du grenier, et tendre l’oreille au son des cloches d’Herbauges qui, chaque Noël à minuit, tintent avec celles des neuf autres communes du lac.»


d u

p a y s

d e

G r a n d


Lexique Arbre biblique : arbre qui est cité dans la Bible, dont

Néo-Classique : en parlant d’architecture cela

Cadastre : registre dessiné et écrit sur lequel figurent

cherchait à imiter l’architecture grecque et romaine de

l’histoire est liée à celle des religions.

des renseignements sur la surface, la disposition et

correspond à une tendance du XIXème siècle qui l’antiquité.

l’identité des propriétaires.

Palette végétale : ensemble des végétaux présents

reproduit les plans des parcelles.

Piéta : statue qui représente la Vierge tenant sur ses

fruits sont en forme de cône et dont les feuilles sont des

Toponymie : ensemble des noms d’un lieu. Tuffeau : roche calcaire tendre. Il n’y pas de tuffeau

Plan cadastral : partie dessinée du cadastre qui Conifère : arbre généralement persistant dont les aiguilles ou des écailles.

sur un territoire donné.

genoux le corps du Christ mort.

Corniche : ensemble de moulures décoratives situées

dans le sol de Loire Atlantique, son utilisation est donc

d’un plafond

Urbaniser : aménager pour créer un quartier

en haut d’un mur de façade, d’un meuble ou aux angles

Densifier : rendre plus dense, plus compact.

Densifier une parcelle : y ajouter des constructions.

ici un signe de richesse.

construit, un village ou une ville.

Urbanisme : sciences et techniques de la

Frise : ornement sous forme de bande continue

construction et de l’aménagement des villes et des

Escalier balancé : escalier tournant dont les marches

Valeur symbolique : importance attribuée à un

répétant un motif.

suivent les courbes formées par les parois

villages.

objet ou à un être animé qui signifie quelque chose au

Géminé(e) : disposé par paires Granite ou granit : roche dure contenant des

Zinc : métal résistant et facile à façonner qui

Mitoyen(ne) : des constructions mitoyennes sont

endroits qui risqueraient de subir des pénétrations d’eau .

cristaux de feldspath, de mica et de quartz

accolées et ont un mur en commun. On dit aussi qu’elles sont en mitoyenneté.

Mur périphérique : le mur du pourtour du bâtiment Mur de refend : mur intérieur du bâtiment.

regard d’un groupe d’individus.

est utilisé pour les gouttières, et dans les constructions aux


© 1996 CAUE de Loire Atlantique

Tous droits réservés - ISSN 1251-4535 - ISBN 2-950969-0-6 Illustrations : Soazig DREANO

Imprimerie : La Contemporaine, Nantes


COMMUNE DE SAINT AIGNAN DE GRAND LIEU

Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement 1 rue du Roi Albert 44000 Nantes Tél 40 35 45 10

Prix : 20 F


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