Aperçus 2017

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Préface L’année 2017 est celle de l’anniversaire de la Loi de 1977 sur l’architecture, qui entérina la création des CAUE et définit leurs missions. Dans ce cadre, le projet stratégique 2017-2021 du CAUE de Loire-Atlantique réaffirme l’importance du conseil et du soutien aux initiatives portées par les collectivités pour œuvrer à l’amélioration du cadre de vie de tous les habitants du département. Il rappelle également la nécessité de « développer l’information, la sensibilisation et la participation du plus grand nombre dans les domaines de l’architecture, de l’urbanisme, de l’environnement et des paysages ». L’action « Aperçus 2017 » s’inscrit dans cette volonté. La mise en valeur de la diversité et de la qualité de réalisations publiques et privées, conçues par des architectes, urbanistes et paysagistes, a pour but de donner des clés de lecture d’un cadre de vie en mutation, dans l’habitat comme dans les lieux de travail ou de loisirs, dans les centres anciens comme dans les nouveaux quartiers. De nombreux autres édifices ou aménagements auraient pu figurer dans cette sélection, tant est grande la qualité de la majorité des réalisations récentes en Loire-Atlantique. Parmi près de deux cents d’entre elles, l’équipe du CAUE en a retenu 30, qui font l’objet de cette publication et d’une exposition itinérante. Le vote par internet du public, le choix du Conseil d’administration du CAUE placé sous la présidence de l’urbaniste Laurent Théry, et celui des salariés de Loire-Atlantique développement, ont permis de récompenser certaines opérations. Mais toutes méritent attention, toutes témoignent d’un haut niveau de créativité, avec des programmes et des budgets parfois modestes, et toutes illustrent les dynamiques en cours dans un département riche d’évolutions urbaines et paysagères, dans les métropoles comme dans les bourgs et les territoires ruraux. Le renouvellement urbain et le développement durable remettent aujourd’hui en question nombre d’habitudes dans la définition du cadre de vie. La mission d’information et de sensibilisation du CAUE, en direction de tous les publics et de tous les territoires départementaux, aux côtés des maîtres d’ouvrage et des concepteurs, et en synergie avec les autres composantes de Loire-Atlantique développement, est donc primordiale. L’action « Aperçus 2019 », qui coïncidera avec le quarantième anniversaire de la création du CAUE de Loire-Atlantique, sera le moment de faire découvrir la production architecturale, urbaine et paysagère aujourd’hui en chantier.

Philippe GROSVALET Président du Département de Loire-Atlantique

Bernard GAGNET Conseiller départemental Président du CAUE de Loire-Atlantique


Sommaire ARCHITECTURE

Équipements publics en centre-bourg....................................... MENTION SPÉCIALE DU JURY 9 Îlot de La Poste / La Plaine-sur-Mer........................................................................................................10 Médiathèque Joseph-Rousse / La Plaine-sur-Mer..............................................................................12 Office de tourisme / La Plaine-sur-Mer..................................................................................................14

Mise en relation............................................................................................................15 Pôle Enfance / Bouvron.................................................................................................PRIX DU PUBLIC 16 « Court-circuit », légumerie du lycée Jules-Rieffel / Saint-Herblain..............................................18 « Le Pont Supérieur » pôle d’enseignement du spectacle vivant / Nantes...................................19

Sports & Loisirs............................................................................................................22 Salle multisports « Graines de Champion » / Quilly............................................................................23 Base de loisirs pour le téléski nautique / Nozay.................................................................................24 Gymnase du centre-ville / Saint-Sébastien-sur-Loire.........................................................................26

Lieux de travail et de services...............................................................................27 Brasserie du Bouffay / Carquefou..........................................................................................................28 Agence d’architecture / Nantes..............................................................................................................29 Clinique vétérinaire / Châteaubriant......................................................................................................30 Immeuble de bureaux Françoise-Hélène Jourda / Nantes...............................................................32

Au-delà............................................................................................................................33 Église Saint-Vincent-de-Paul / Rezé......................................................................................................34 Crématorium du Sud-Loire / Château-Thébaud..................................................................................36

Maisons augmentées.................................................................................................38 Maison « P.L.U.s » / Nantes......................................................................................................................39 Maison paysage / Nantes.........................................................................................................................40 « Poignée de châtaigne » / Vigneux-de-Bretagne................................................................................42

4 | Prix départemental Aperçus 2017


Logements collectifs.................................................................................................43 « Loggia-parc » / Saint-Herblain..............................................................................................................44 « Beehive » / Saint-Herblain......................................................................................................................45 « Lucie-Aubrac » / Saint-Herblain............................................................................................................46 « Parc Océane » / Trignac..........................................................................................................................48 Logements pour jeunes travailleurs / Saint-Nazaire..........................................................................49

Construire dans l’existant.......................................................................................50 « Les Roseaux » / La Chapelle-des-Marais............................................................................................51 « Le Verger » / Mauves-sur-Loire..............................................PRIX DU CAUE DE LOIRE-ATLANTIQUE 52 « Le Quartz » / Nantes - Cours des 50 Otages......................................................................................54 URBANISME

Redessiner un territoire........................................................................................... 55 ZAC de la Pelousière / Saint-Herblain....................................................................................................56 Quartier « Campagne en fête » de la ZAC de Vireloup / Treillières.................................................58 AMÉNAGEMENTS PAYSAGERS

Espaces publics............................................................................................................60 Quartier de Certé / Trignac......................................... PRIX DE LOIRE-ATLANTIQUE DÉVELOPPEMENT 61 Front de mer de Tharon Plage / Saint-Michel-Chef-Chef...................................................................64

Trophées Aperçus 2017 Une création d’Hélène Morbu............................... 66

Prix départemental Aperçus 2017 | 5


LA DÉMARCHE DU CAUE DE LOIRE-ATLANTIQUE Le CAUE, issu de la Loi sur l’Architecture de 1977, est chargé entre autres missions de promouvoir la qualité de l’architecture et des aménagements publics et, plus largement, du cadre de vie à l’échelon départemental. L’action « APERÇUS 2017 – Prix départemental d’architecture, d’urbanisme et d’aménagement de Loire-Atlantique » s’inscrit donc dans ce cadre, parmi d’autres actions de sensibilisation menées tout au long de l’année. Au sein d’une production riche et variée, le CAUE récompense quelques maîtres d’ouvrage et concepteurs de réalisations récentes de qualité. Mais il s’attache également à faire connaître une sélection plus large d’opérations, présentées dans cette publication et dans une exposition itinérante appelée à voyager dans les communes, les établissements scolaires et les médiathèques dans le courant de l’année 2018. La capitalisation des données ainsi recensées auprès des collectivités et des professionnels permet au CAUE d’enrichir la base de données de son « Observatoire départemental » en ligne, et de nourrir ses actions de sensibilisation auprès du grand public, des collectivités locales, des professionnels et des scolaires.

LE PRIX DU CAUE DE LOIRE-ATLANTIQUE Le Conseil d’administration du CAUE, placé sous la présidence de l’urbaniste Laurent Théry a, le 25 octobre 2017 et parmi les 30 réalisations sélectionnées par l’équipe du CAUE, décerné à deux d’entre elles un Prix du CAUE et une mention spéciale.

6 | Prix départemental Aperçus 2017

LE PRIX DU PUBLIC Les 30 opérations sélectionnées par le CAUE sont présentées dans un site internet dédié (www.apercus2017.fr), qui donne des informations précises sur les programmes, les surfaces et les coûts des projets. Du 1er septembre au 22 octobre 2017, les internautes ont été appelés à s’exprimer anonymement. Leurs 4 847 suffrages ont permis de distinguer la réalisation lauréate du Prix du public.

LE PRIX LOIRE-ATLANTIQUE DÉVELOPPEMENT Les équipes des structures regroupées au sein de l’agence Loire-Atlantique développement (outre le CAUE, l’aménageur LAD-SELA et la SPL Tourisme) ont, par un vote interne anonyme et parmi les 30 réalisations sélectionnées, élu une opération lauréate du Prix Loire-Atlantique développement.


LE DÉROULEMENT D’APERÇUS 2017 Le CAUE a sollicité au début de 2017 les collectivités et les professionnels concepteurs exerçant dans le département, pour qu’ils proposent des réalisations achevées en 2015 et 2016 pour l’architecture, et depuis 2012 pour l’urbanisme et l’aménagement. Étaient éligibles les opérations publiques ou privées exprimant toutes les facettes de la création contemporaine, dont les concepteurs sont architectes, urbanistes, paysagistes. Tous les types de programmes étaient concernés, et toutes les échelles de projets ou de budget. Les interventions sur des édifices existants ont pu être prises en compte, à condition qu’elles aient entraîné une modification significative de l’état initial du bâti. La qualité de la relation mise en place entre les maîtres d’ouvrage et les concepteurs, l’insertion des projets dans le site environnant et leurs caractéristiques environnementales ont été prises en compte dans l’appréciation de la qualité des opérations. L’équipe du CAUE de Loire-Atlantique a, parmi les 180 opérations proposées, sélectionné 30 d’entre elles, qui font l’objet de cette publication et de l’exposition itinérante. La remise des prix aux maîtres d’ouvrage et aux concepteurs lauréats, et l’inauguration de l’exposition itinérante « Aperçus 2017 » ont eu lieu le 14 décembre 2017 dans les locaux de Loire-Atlantique développement, l’immeuble Françoise-Hélène Jourda à Nantes.

COMPOSITION DU JURY POUR LE PRIX DU CAUE DE LOIRE-ATLANTIQUE Laurent THÉRY, urbaniste, Grand Prix de l’Urbanisme 2010, président du jury Bernard GAGNET, conseiller départemental, président du CAUE de Loire-Atlantique Françoise HAMÉON, conseillère départementale, viceprésidente au Tourisme, à la Mer et au Littoral Marcelle CHAPEAU, conseillère départementale, maire de Haute-Goulaine Karine FOUQUET, conseillère départementale Serge MOUNIER, conseiller départemental, maire de Thouaré-sur-Loire Patrice CHEVALIER, maire de Riaillé Olivier BESSIN, directeur général de Loire-Atlantique développement Pierre BLANDIN, représentant la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (CAPEB) des Pays de la Loire Emmanuelle BOMMÉ, chargée de ressources documentaires, représentante du personnel du CAUE de Loire-Atlantique Christian DAUTEL, directeur de l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes Jean-Luc DURAND, président de SOLIHA 44 Delphine LAINÉ-DELAUNAY, architecte-urbaniste, directrice du CAUE de Loire-Atlantique Patrick LE BRIS, architecte, chef du Service paysage, architecture et développement durable à la Direction régionale des affaires culturelles des Pays de la Loire Gaëlle LE CLÉAC’H, paysagiste, représentant la Fédération Française du Paysage

© Tristan BRISARD

Christophe PERROQUIN, représentant le directeur de la Direction départementale des territoires et de la Mer de Loire-Atlantique Régis RIBET, architecte, représentant l’Association des Architectes du Patrimoine Anaïs TOUBOULIC, architecte, représentant le conseil régional de l’Ordre des Architectes des Pays de la Loire Prix départemental Aperçus 2017 | 7


Équipements publics en centre-bourg ARCHITECTURE Entretien avec Monsieur Michel Bahuaud, maire de La Plaine-sur-Mer CAUE 44 - En 2005, l’extension-surélévation de la mairie de La Plaine est nominée pour le Prix de la première œuvre pour l’Équerre d’argent, et le projet est publié dans des revues d’architecture prestigieuses. Cet événement a-t-il modifié chez les élus la perception qu’ils pouvaient avoir de l’architecture contemporaine ? Michel Bahuaud - Les prix décernés au projet d’extension et de rénovation de la mairie n’ont pas bouleversé la vision des élus sur l’architecture contemporaine. Cependant, cela a permis d’éclairer les plus sceptiques sur la cohérence et la valeur architecturale de l’ouvrage. CAUE 44 - Avez-vous eu alors à connaître des réactions, positives ou négatives, de la part d’habitants quant à la nouvelle écriture architecturale de la mairie? Michel Bahuaud - La conception intérieure des locaux, leur fonctionnalité, demeure la grande réussite d’un projet finalement très bien accepté par la population. L’écriture architecturale n’a pas suscité de réactions hostiles. L’intégration de l’ancienne mairie dans l’enveloppe du nouveau bâtiment en a probablement facilité l’acceptation. 8 | Prix départemental Aperçus 2017

CAUE 44 - La commune de La Plaine a vu récemment son centre-bourg remodelé, à la faveur de plusieurs réalisations quasi simultanées. S’agit-il d’un projet d’ensemble, réfléchi comme une transformation fonctionnelle et esthétique du centre-bourg ? Ou s’agit-il d’une succession d’opportunités foncières et de besoins en équipements sans liens entre eux ? Michel Bahuaud - L’extension du centre-bourg autour de la place du Fort Gentil résulte d’une volonté de créer un centre-ville dynamique à l’échelle de la commune. Une longue réflexion a été menée, reposant sur des études auxquelles le CAUE de Loire-Atlantique a participé. Une approche pluridisciplinaire concertée a permis d’identifier les besoins et le potentiel de la commune. Bien sûr des opportunités ont été saisies, notamment le départ du centre de tri postal permettant l’acquisition des locaux de la Poste, mais la rénovation du centre-bourg est avant tout le fruit d’une volonté, d’une vision soutenue par une réflexion approfondie. Les partis-pris architecturaux des bâtiments et des espaces paysagers sont dus aux concepteurs, architectes et paysagistes, qui ont su comprendre nos attentes.


CAUE 44 - Avez-vous aujourd’hui des signes de perceptions, positives ou négatives, de la part des habitants quant à ces architectures d’aujourd’hui apparues dans un centre-bourg ancien ? Michel Bahuaud - La perception des habitants, notamment des nouveaux arrivants, chaque année très nombreux, est très positive. L’image et la notoriété de la commune ont grandement bénéficié des récents aménagements. La modernité apportée autour de la place du Fort Gentil n’a pas pour vocation de créer une rupture avec le bourg ancien. La place du Marronnier devant l’Office de tourisme, les cheminements piétons depuis le parking de la Poste et les traitements paysagers permettent une intégration harmonieuse des nouveaux bâtiments. CAUE 44 - Le programme de l’îlot de la Poste incluait plusieurs commerces. Ce choix communal était-il l’enjeu du projet ? Quelles leçons en tirer aujourd’hui quant à l’animation et au fonctionnement du bourg ? Michel Bahuaud - L’animation du centre-bourg est la raison d’être du projet de l’îlot de la Poste. La complémentarité entre les logements, les espaces publics, les commerces et les services est très appréciée. L’idée était de revitaliser le centre-bourg, plutôt que de céder à la tentation de créer un espace commercial en périphérie de l’agglomération. Finalement, une réelle dynamique s’est révélée, correspondant parfaitement à nos attentes. Désormais, il faut s’appuyer sur ce pôle central dynamique pour prolonger le développement urbain, mais également inciter les passants à découvrir la partie plus ancienne du bourg. CAUE 44 - L’aménagement paysager des abords de l’îlot de la Poste a requalifié ce secteur. Même chose pour les abords de l’Office de tourisme. Y a-t-il une réflexion globale menée sur les espaces publics du bourg ? Comment est vécue la présence du rondpoint de la place du Fort Gentil ? Michel Bahuaud - Les espaces paysagers autour de l’îlot de la Poste, de l’Office de Tourisme et de la Médiathèque ont permis d’ouvrir des perspectives visuelles et de favoriser les cheminements piétons. Les aménagements futurs devront s’appuyer sur les mêmes exigences. Le rond-point du Fort Gentil, par son aspect routier, dénote quelque peu. Situé sur un axe départemental très passant, son aménagement est contraint. Son traitement n’est pas inscrit dans nos priorités, mais il faudra y réfléchir.

CAUE 44 - D’autres projets implantés en centre-bourg sont-ils actuellement dans les cartons ? Michel Bahuaud - L’ouverture aux associations de l’ancien centre de vacances de l’Ormelette, en cours de rénovation, et la création d’un terrain de football synthétique à Saint-Michel-Chef-Chef, vont libérer des espaces dans le centre bourg. En juin dernier, le CAUE nous a remis une étude comportant plusieurs scénarios de développement sur un large périmètre, au sud et au nord de la place du Fort Gentil. Il est en effet fondamental de ne pas abandonner le bourg ancien. L’étude aborde divers sujets : le lieu d’implantation du futur restaurant scolaire, de l’accueil de loisirs, d’une maison médicale, le traitement des entrées de bourg et des abords de l’Espace Sports et Loisirs, l’extension du commerce de proximité, le réaménagement du jardin des Lakas, mais aussi la destination de certains locaux ou terrains communaux. Durant les quinze prochaines années, une zone d’aménagement concerté de 350 logements va être réalisée dans la continuité du bourg. Cette opération nous oblige d’ores et déjà à anticiper les besoins à venir. ( entretien réalisé par courriel en novembre 2017 )

Le jury du CAUE 44 a décerné une mention spéciale à la commune de La Plaine-sur-Mer pour la qualité de sa réflexion urbaine.

Prix départemental Aperçus 2017 | 9


Architecture // Équipements publics en centre-bourg

Îlot de La Poste

LA PLAINE-SUR-MER - Boulevard des Nations Unies

L

e centre-bourg de La Plaine-sur-Mer, carrefour de voies et ensemble de maisons anciennes regroupées autour de son église, a conservé une centralité héritée d’une histoire séculaire. Il est longtemps resté limité, jusqu’à ce que l’urbanisation pavillonnaire ne l’étende à partir de la moitié du XXe siècle.

Autour, un jardin public, agrémenté de jeux pour enfants et d’un boulodrome, concourt à l’affirmation d’une nouvelle centralité et devient le carrefour de liaisons piétonnes irriguant le bourg

La Poste et son centre de tri, isolés au milieu de leur parking bitumé, ont fait l’objet dans cette opération d’une transformation radicale, urbaine et paysagère autant qu’architecturale. Le site est devenu un îlot urbain, réunissant des commerces et services en rez-de-chaussée : la Poste, un fleuriste, une boulangerie, un coiffeur et un restaurant, et au-dessus quatre logements locatifs sociaux. Le traitement architectural affirme cette dualité de fonctions, avec un niveau bas traité en béton blanc matricé, et un niveau de logements en ossature bois recouverte de bardages de zinc de différentes teintes. 10 | Prix départemental Aperçus 2017

Concepteurs Agence DRODELOT Architectes - ZEPHYR PAYSAGES Maître d’ouvrage Commune de La Plaine-sur-Mer Année de réalisation 2015 Surface 870 m2 SU Coûts 1 700 000 € HT


© Mairie de La Plaine -sur-Mer © Guillaume SATRE

© Guillaume SATRE

© Guillaume SATRE

Architecture // Équipements publics en centre-bourg

Prix départemental Aperçus 2017 | 11


Architecture // Équipements publics en centre-bourg

Médiathèque Joseph-Rousse LA PLAINE-SUR-MER - Rue Joseph Rousse

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n lieu et place d’un ancien local commercial désaffecté, la médiathèque est implantée à l’angle de la place centrale du bourg, et jouxte la mairie et le groupe scolaire. Alignée sur la rue latérale, elle offre à la place une façade biaise, ouverte d’un large auvent abritant l’entrée principale. Deux autres auvents creusent le volume monolithique, l’un couvrant les baies des espaces de lecture donnant sur un jardin aménagé en cœur d’îlot, l’autre protège l’entrée du personnel et les espaces techniques à l’est, côté parking. Deux relèvements du volume permettent, côté place, de donner à la médiathèque une ampleur et une visibilité accrues et, côté rue, de creuser un éclairement zénithal venu du nord.

12 | Prix départemental Aperçus 2017

Le surprenant polyèdre tire donc sa forme de fonctions architecturales et urbaines précises. Cette géométrie complexe a été rendue possible par la réalisation de voiles béton coulés sur place, qui supportent une charpente en bois lamellé-collé. Le tout est recouvert d’un bardage minéral blanc, dans lequel se découpent les percements et leurs fines menuiseries d’aluminium, et d’une couverture en zinc nervuré. À l’intérieur, les facettes du volume unique sont en béton, ou recouvertes de panneaux de bois, et plus généralement de plaques de plâtre perforé


© Patrick MIARA

© Patrick MIARA

© Patrick MIARA

Architecture // Équipements publics en centre-bourg

Concepteurs BAU Architecture - BIGRE ! Architecture

© Patrick MIARA

Maître d’ouvrage Commune de La Plaine-sur-Mer Année de réalisation 2015 Surface 642 m² SHON Coûts 2 076 750 € Prix départemental Aperçus 2017 | 13


© Mairie de la Plaine-sur-Mer

Architecture // Équipements publics en centre-bourg

Office de tourisme

LA PLAINE-SUR-MER - 1 rue de la Croix Mouraud

L’

ancien presbytère entouré de son jardin clos occupait depuis le XIXe siècle l’emplacement de ce qui fut le cimetière jouxtant l’église paroissiale.

© Mairie de la Plaine-sur-Mer

Comme ses anciennes dépendances restaurées, qui ferment le côté est de l’îlot, le logis, à l’architecture simple élégamment soulignée par des encadrements de granite et de pierre calcaire, a aujourd’hui retrouvé ses caractéristiques patrimoniales.

Concepteur Sandra TROFFIGUÉ Architecte Maître d’ouvrage Commune de La Plaine-sur-Mer Année de réalisation 2015 Surface 240 m² Coûts 636 903 €

La démolition d’un ajout disgracieux et la disparition des murs ont ouvert l’îlot, devenu pour partie un jardin public en prolongement direct de celui aménagé autour de l’îlot de la Poste, de l’autre côté de la rue. Les cheminements sont aujourd’hui ouverts à travers l’îlot, vers l’église comme vers les rues commerçantes du sud du bourg. De l’autre côté du bâtiment, une placette est aujourd’hui ombragée par un des trois arbres de haut jet préservés. Une fausse grotte et sa statue de la Vierge, qui étaient incluses dans le mur du jardin, ont été maintenues à leur emplacement originel. Devant les deux façades de l’ancien presbytère, deux pergolas métalliques au dessin géométrique soulignent les portes d’entrée de ce qui est aujourd’hui devenu l’Office de tourisme

14 | Prix départemental Aperçus 2017


Mise en relation ARCHITECTURE

L’architecture est affaire de mise en relation, dans les usages, les vues ou les cheminements qu’elle organise, comme dans les liens formels qu’elle tisse avec son contexte. Elle est aussi, dès la programmation et, de plus en plus, pendant sa conception même, l’occasion de confrontations, de concertations, d’échanges avec les usagers ou les habitants. Pour ses maîtres d’ouvrage comme pour ses maîtres d’œuvre, la création d’un édifice doit donc exprimer le temps présent, et les attentes grandissantes d’écoute et de confrontation d’idées. Reste aux architectes, pendant ces échanges, à préserver les exigences esthétiques, émotionnelles, culturelles, qui fondent aussi leur discipline.

Prix départemental Aperçus 2017 | 15


© Jean-François Molière

Architecture // Mise en relation

Pôle Enfance BOUVRON - 22 rue Jean-Louis Maillard

A

Par l’appropriation collective et l’échange de savoir-faire, une aventure humaine unique débute pour créer un équipement innovant, énergétiquement performant et au coût réduit. Réunis en ateliers, enfants, parents d’élèves, élus, architectes, paysagistes, psychosociologue, chauffeurs de cars, cuisinier, aides maternelles et thermicien vont questionner le programme et le faire évoluer. Ils décident d’agrandir l’école de 7 à 14 classes. Les locaux existants sont réhabilités, agrandis et en partie reconvertis en accueil périscolaire et de loisirs. Un bâtiment neuf est construit pour les 7 nouvelles classes. Les architectes l’assument, il ne s’agit pas ici d’une « architecture de revue qui parle d’elle-même ». Le projet ne se caractérise pas par des formes ou des matériaux exceptionnels, mais respecte un ancrage dans son environnement rural par son mode constructif, son volume et le soin apporté à ses espaces extérieurs. 16 | Prix départemental Aperçus 2017

© Jean-François Molière

près un premier projet jugé inadapté, la commune initie en 2010 une nouvelle méthode de réflexion pour travailler sur le pôle enfance. Accompagnés du cabinet Wigwam Conseil, les élus mettent en place un Processus de Conception Intégré (PCI), démarche de concertation originaire du Canada.

Atelier de sensibilisation à la construction en terre crue.


© Jean-François Molière

© Jean-François Molière

© Jean-François Molière

Architecture // Mise en relation

Sous une structure métallique de type hangar agricole, l’ossature bois non porteuse laisse libre l’aménagement intérieur. Le choix de matériaux écologiques et locaux se voit dans l’emploi de la terre crue issue du site pour des cloisons intérieures (mises en place grâce à des chantiers d’insertion) ou celui d’essences de bois de l’ouest de la France.

© Jean-François Molière

Le pôle enfance se distingue également par ses espaces extérieurs : coin terrasse arboré pour le repos, bacs à jardiner, sols paillés d’écorces, abords dédiés au pré-pâturage pour les vaches, parking optimisé pour être aussi piste d’athlétisme, « bosquet-ball » ou mare pédagogique. Au-delà de l’implication des acteurs de ce projet, il faut souligner les efforts d’une commune engagée depuis 15 ans dans une démarche de développement durable. La démarche d’architecture participative utilisée ici, présentée à la Biennale internationale d’architecture de Venise en 2016, est une première en France pour un bâtiment public. Elle a séduit Frédéric Bonnet et Lucie Niney, commissaires de l’exposition française : « Dans le contexte réglementaire actuel, cette expérience est un miracle salutaire et l’on pressent le courage qu’il fallut mobiliser - architectes, mais aussi citoyens, élus et entreprises - pour résister à l’habitude » écrivent-ils dans leur manifeste « Nouvelles richesses »

Concepteurs L’ATELIER BELENFANT & DAUBAS Maître d’ouvrage Commune de Bouvron Année de réalisation 2015 Surfaces Nouveau pôle maternelle : surface habitable 1380 m² Extension + préau : surface habitable 292 m² Restructuration de l’école existante : surface habitable 1200 m² Coûts 3 500 000 € HT Prix départemental Aperçus 2017 | 17


Architecture // Mise en relation

« Court-circuit », légumerie du lycée Jules-Rieffel

L

© Guillaume SATRE

SAINT-HERBLAIN - Rue de la Syonnière

a mise en relation directe de la production maraîchère biologique et de la restauration collective impose la création de sites de transformation dédiés, lieux de travail autant que d’expression d’un nouveau rapport aux territoires.

C’est du côté du jardin que les concepteurs de cet atelier se sont tournés, notamment dans le choix des matériaux. Si la démarche de transformation impose un processus interne rigoureux, lié à l’hygiène, l’enveloppe architecturale a pu se faire signifiante d’une proximité avec la nature, par le choix d’un treillage géométrique en ossature de pin douglas, associé à des vêtures de saule tressé qui ne sont pas sans évoquer les paniers de légumes du monde rural ancien.

© Guillaume SATRE

Le lycée Jules-Rieffel de Saint-Herblain, implanté dans une zone restée bocagère et boisée de la commune, propose des enseignements tournés vers l’agronomie et les paysages. Il est abrité dans un ensemble de bâtiments des années 80, où la brique et l’ardoise prédominent.

Deux bâtiments, l’atelier de transformation et ses locaux techniques d’un côté, et un ensemble de locaux d’accompagnement de l’autre, encadrent un couloir pédagogique vitré et donnent sur une cour de service discrètement implantée à l’arrière. Ils sont réunis par une ossature en bois lamellé-collé, et abrités sous une unique toiture en acier ondulé, et enveloppés de bois et d’osier Concepteurs MABIRE REICH

Année de réalisation 2015 Surface 425 m2 Coûts 1 124 000 € (bâtiment et espaces extérieurs)

18 | Prix départemental Aperçus 2017

© Guillaume SATRE

Maître d’ouvrage Conseil Régional des Pays-de-la-Loire


« Le Pont Supérieur » pôle d’enseignement du spectacle vivant

© Audrey CERDAN

Architecture // Mise en relation

NANTES - 4 Rue Gaëtan Rondeau

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Une deuxième phase d’urbanisation a permis de densifier le quartier, avec notamment la construction du Lycée Nelson-Mandela de François Leclerq (2014). L’auditorium qui sort de son long volume bâti, et le Jardin des Cinq sens qui lui font un écrin paysager (restructuration en 2015 par l’agence d’Ici là – Paysages et territoires), laissaient peu de place pour implanter le pôle interrégional d’enseignement supérieur de spectacle vivant, appelé à mutualiser des locaux et des usages avec le lycée et le Conservatoire. è

© Audrey CERDAN

a ZAC de l’île Beaulieu, au début des années 70, marque les débuts de l’urbanisation de ce qui allait devenir « l’île de Nantes ». Elle implante ses logements sociaux de l’autre côté de la Loire, à Malakoff, et regroupe près d’un centre commercial le Tripode, la Maison de l’Administration Nouvelle, le Palais des Sports de Beaulieu, ainsi que le Conservatoire de Nantes dessiné par Pierre Doucet et inauguré en 1979. Ses volumes hexagonaux et ses vitrages fumés marquent la rue Gaëtan-Rondeau de leur image surannée.

Prix départemental Aperçus 2017 | 19


© Audrey CERDAN

Architecture // Mise en relation

20 | Prix départemental Aperçus 2017


© Audrey CERDAN

© Audrey CERDAN

© Audrey CERDAN

Architecture // Mise en relation

© Audrey CERDAN

Le concours lancé par la ville posait donc comme préalable l’utilisation d’un langage architectural « simple » et d’une conception compacte en « donjon ». L’agence nantaise Raum, associée aux architectes belges de l’Escaut, a su allier la sophistication de sa réponse à une élégante retenue formelle, et ouvrir l’édifice à son contexte urbain, par ses grandes baies vitrées autant que par ses liaisons directes avec les différents niveaux du Conservatoire et les espaces extérieurs. Le niveau bas vitré, aux fines menuiseries d’acier, semble tenir en lévitation un volume recouvert de brique émaillée blanche, pour des parements pleins ou un grand moucharabieh central. Les larges baies extérieures, les fenêtres et coursives intérieures participent à cette volonté d’ouverture, de liaisons et de vues réciproques entre l’équipement et la ville d’une part, entre les salles de danse, de musique, d’enseignement et les bureaux qui composent son programme d’autre part, et le parvis extérieur cerné de gradins qui se prolonge naturellement dans le hall d’accueil aux ouvrants escamotables

Concepteurs Atelier RAUM et L’ESCAUT Maître d’ouvrage Ville de Nantes Année de réalisation 2016 Surface 2 693 m2 SHON Coûts 5 985 000 € HT (aménagements extérieurs compris) Prix départemental Aperçus 2017 | 21


Sports & Loisirs ARCHITECTURE

La conception d’une salle de sports est, pour les architectes, un exercice paradoxal. Les contraintes spatiales et techniques liées aux types de disciplines pratiquées laissent peu de latitude pour imaginer des architectures innovantes. Mais l’isolement urbain de la plupart de ces équipements et leurs dimensions leur confèrent un impact visuel fort. Après des décennies de salles stéréotypées aux charpentes et aux bardages métalliques issus de la construction industrielle, les équipement sportifs ont gagné le statut d’édifices publics à part entière, pour lesquels les préoccupations esthétiques, les qualités d’usage et une plus grande attention au contexte sont à la base de réalisations diversifiées.

22 | Prix départemental Aperçus 2017


Architecture // Sports & Loisirs

© Eric OLEJNIK

Salle multisports « Graines de Champion » QUILLY - Les Clos Guerioux

Sur un des côtés, au-dessus du volume d’accueil et de services qui poursuit l’écriture colorée du socle, l’élévation se différencie par une paroi de polycarbonate translucide, percée de baies vitrées verticales.

Concepteur CUB Architecture Maître d’ouvrage Communauté de Communes Estuaire et Sillon Année de réalisation 2016 Surface 1 041m² Coûts 981 169 € HT

À l’intérieur, des surfaces boisées prolongent le parquet de la salle et maintiennent l’effet d’un socle où reposent avec légèreté l’ossature bois et les parois claires 

© Eric OLEJNIK

Le nouvel équipement peut donc s’affirmer librement, par le jeu plastique de la composition de ses élévations, de leurs matières et de leurs couleurs. Au-dessus d’un socle strié de rouge, de violet, de sombre et de parties vitrées, les façades sont animées par la géométrie irrégulière

de bardages gris mat et de surfaces inox miroitantes, qui reflètent de loin les frondaisons des arbres. Le volume, devenu comme transparent, gagne ainsi en légèreté et se lie au contexte par le jeu des reflets partiels.

© Eric OLEJNIK

L’

implantation excentrée de la plupart des équipements sportifs, et leurs vastes espaces extérieurs, conduisent à la création de grands volumes isolés, sans attaches formelles directes à un contexte bâti. Ceci est d’autant plus vrai à Quilly, où le site est une ancienne parcelle agricole, à proximité de la mairie et jouxtant l’école, dans un site de très faible densité construite.

Prix départemental Aperçus 2017 | 23


Architecture // Sports & Loisirs

Base de loisirs pour le téléski nautique NOZAY - Étang Jean Guyon

L

es étangs de Nozay sont depuis longtemps un site de pêche et de loisirs. Ils connaissent aujourd’hui une nouvelle vie avec l’apparition du téléski nautique.

Comme sur le plan d’eau de Saint-Viaud qui en a été équipé antérieurement, un dispositif de câbles tendus en hauteur, entraînés par des moteurs électriques, permet de tracter les skieurs, à la place de bateaux bruyants et polluants, pour des activités tant sportives que ludiques. Pour ces nouveaux publics, deux bâtiments distincts proposent une base de loisirs et un restaurant buvette. Leurs volumes blancs facettés, qui s’inspirent des modules aquatiques disposés pour la pratique du wakeboard (ski sur planche), se font face et s’ouvrent sur un espace central orienté vers l’étang. 24 | Prix départemental Aperçus 2017

Les espaces extérieurs forment un ensemble de terrasses et d’auvents, animés par le va-et-vient incessant entre la base et le restaurant, qui accompagne le rythme des tours d’étangs effectués par les pratiquants du téléski. L’utilisation du bois a offert une solution économique et une grande rapidité de construction, pour les aménagements intérieurs comme pour les murs et ossatures. Il donne majoritairement le ton dès que l’on s’approche des volumes ou que l’on y pénètre, en contraste avec le bardage blanc extérieur. Le plus petit des bâtiments accueille un espace pour la billetterie, les vestiaires et casiers, et surtout un espace pour le stockage du matériel. Le second abrite un programme plus classique de restauration-buvette. La salle de restaurant s’ouvre vers l’étang sur trois côtés, par des baies toute hauteur. Le bar précède l’espace des cuisines


© François DANTART

© François DANTART

© François DANTART

Architecture // Sports & Loisirs

Concepteur TICA architectes & urbanistes Maître d’ouvrage TSN 44.2 Année de réalisation 2016 Surfaces 380 m2 SU + 260 m2 d’extérieurs couverts

© François DANTART

Coûts 800 000 € HT

Prix départemental Aperçus 2017 | 25


Architecture // Sports & Loisirs

Gymnase du centre-ville

© Claire PUAUD

SAINT-SÉBASTIEN-SUR-LOIRE - Rue Annie Hure

L

a commune de Saint-Sébastien-sur-Loire se caractérise par une urbanisation essentiellement pavillonnaire. La création d’un nouvel équipement sportif, bien que proche de la mairie, devait donc tenir compte de ce contexte péri-urbain. L’équipement est implanté près de la Maison de la Petite Enfance, et présente sa façade d’entrée en fond du parking mutualisé, qu’une implantation linéaire et des arbres rapprochent d’une allée d’accès.

26 | Prix départemental Aperçus 2017

Concepteurs ARCATURE Philippe TOCHEPORT & Claude PUAUD Maître d’ouvrage Commune de Saint-Sébastien-sur-Loire Année de réalisation 2015 Surface 1 850 m² SU Coûts 2 517 000 € HT

© Claire PUAUD

L’accueil vitré, aux parois revêtues de chêne naturel, ouvre une paroi transparente vers l’espace sportif. Celui-ci joue également la carte de la douceur, avec ses bardages de bois et ses surfaces claires. Des sheds en toiture, orientés au sud-est, complètent l’éclairement naturel d’un bandeau vitré surplombant les gradins de 300 places aménagés sur un des grands côtés de la salle Luc-Abalo

© Claire PUAUD

Comme sa voisine, le nouveau gymnase joue la carte de l’horizontalité. Pour diminuer l’impact visuel de sa volumétrie forcément plus importante, deux moyens ont été utilisés. Le premier a consisté à enterrer de 1,80 mètre l’espace sportif par rapport au reste de la construction. Le second a été la dissociation de deux volumétries par des écritures architecturales distinctes. L’espace d’accueil, de services et de vestiaires forme un soubassement clair, en voiles de béton matricé, qui se retourne autour du bâtiment. La salle de sport, recouverte d’un bardage en lames d’acier oxydé, semble en émerger sans violence.


Lieux de travail et de services ARCHITECTURE

Les typologies de programmes réunies ici n’ont que peu de choses en commun, sinon une longue histoire de pauvreté architecturale à laquelle échappent les quatre réalisations sélectionnées. Si l’île de Nantes, par exemple, témoigne du soin aujourd’hui accordé à l’écriture des espaces de bureaux, et si les agences d’architecture sont souvent des espaces dessinés avec soin, une clinique vétérinaire ou une brasserie de bière ressortent plus de l’exception statistique en matière de créativité. Mais leur existence même est la preuve que rien n’empêche, dans des coûts normaux et dans les sites les moins prestigieux, de concevoir des lieux de travail de qualité.

Prix départemental Aperçus 2017 | 27


Architecture // Lieux de travail et de services

© Atelier MIMA

Concepteurs Atelier MIMA Maître d’ouvrage SARL Brasserie du Bouffay Année de réalisation 2016 Surface 460 m2

Brasserie du Bouffay

Coûts 323 000 € HT

CARQUEFOU - 54 Rue des Monceaux

L’

architecture des locaux de production se confronte aujourd’hui rarement à un contexte urbain, et leur isolement géographique dans les zones d’activités ne favorise que rarement un minimum d’exigence formelle.

Les architectes ont eu à se poser une double question, celle d’une part de l’esthétique des extensions à réaliser, celle d’autre part de leur rapport à un contexte pavillonnaire dont l’échelle bâtie est très différente de celle des volumes nécessaires à l’entreprise.

Mais ici, la maîtrise d’ouvrage a souhaité agrandir son entreprise sur place, à partir de locaux existants, hangars, préaux et maison regroupés autour d’une cour, au milieu d’un hameau situé à quelques kilomètres du centre de Carquefou. Le lieu fut une forge, puis un garage.

La réponse a consisté à ajouter discrètement un nouveau local en fond de parcelle, et à affirmer la volumétrie générale d’un nouveau bâtiment sur rue, par la géométrie contrastée d’un bardage noir mat et de grands perce-

ments en polycarbonate translucide, tout en l’adaptant subtilement à son contexte : le décalage de la ligne de faîtage vers la voie permet de présenter une pente de toiture comparable à celle des maisons voisines, et de donner l’illusion d’un volume moins épais qu’il n’est réellement. Le nouvel entrepôt affiche ainsi le gabarit d’une grosse maison, apparemment de deux niveaux plus combles, et son architecture sans affectation conserve la simplicité et l’évidence des constructions artisanales ou rurales.

28 | Prix départemental Aperçus 2017

© Atelier MIMA

© Atelier MIMA

Le soir, le volume sombre disparaît, et ses percements éclairés en font un surprenant signal lumineux, qui participe à l’animation d’un paysage péri-urbain banal, succession disparate d’anciennes maisons rurales modernisées et de pavillons plus récents


Architecture // Lieux de travail et de services

Agence d’architecture

Entre les deux pignons de pierre, dont la matière restée visible réchauffe les ambiances intérieures des nouveaux espaces, une légère ossature métal-

Les quatre niveaux sont largement ouverts, donnant à la construction une vraie ouverture sur la ville. Le rez-dechaussée, notamment, joue la carte de la transparence : passée une devanture vitrée, l’abri à vélos précède une salle de réunion ouverte à l’arrière sur le patio

© François DANTART

Sur une petite parcelle coincée entre une maison de faubourg et un immeuble haussmannien de la fin du XIXe siècle, un local désaffecté de deux niveaux s’avançait en dépassement d’alignement. Il a été remplacé par une nouvelle construction élevée sur quatre niveaux, qui se cale sur l’implantation de ses voisines, et dont l’écriture sans faux-semblants permet de lire la logique constructive et spatiale.

lique sombre soutient des planchers collaborants couleur acier et des sols en béton. Le bois domine pour les escaliers, les panneaux de cloisonnements et les menuiseries, comme pour les rangements fixes créés par le collectif Fichtre !

Concepteurs DLW Architectes Maître d’ouvrage SCI 10 Marmontel Année de réalisation 2016 Surface 220 m2 Coûts 380 000 € HT

© François DANTART

L

e quartier Madeleine-Champ de Mars est un secteur recherché par les architectes, paysagistes et autres professions créatives, qui y ont trouvé nombre de locaux artisanaux à réinvestir, ou de constructions désaffectées à remplacer par de nouveaux espaces de travail en cœur de ville, bien desservis, et proches des services et de partenaires possibles.

© François DANTART

© François DANTART

NANTES - 10 rue Marmontel

Prix départemental Aperçus 2017 | 29


Architecture // Lieux de travail et de services

Clinique vétérinaire

CHÂTEAUBRIANT - 4 avenue Jean Moulin

L

e site d’implantation de la clinique, entre les aires bitumées et les grands volumes d’un centre de secours et de locaux commerciaux, mais à proximité d’espaces restés agricoles, a conduit ses concepteurs à proposer une transition entre ces deux mondes a priori inconciliables. Si la technique constructive est celle des hangars de zones d’activités, avec son ossature métallique et son long volume bas, l’écriture architecturale offre un contrepoint d’esprit naturel à l’aridité ambiante. La composition très en longueur et l’implantation perpendiculaire à la voie donnent à la clinique une ampleur et une visibilité maximales. Le bâtiment est recouvert d’un bardage en ganivelles de bois, en référence aux clôtures agricoles, qui lui offre une douceur et une irrégularité de matière bienvenues. L’entretien par des moutons des espaces extérieurs enherbés participe à cette image bucolique et sereine. Passé l’accueil desservant la salle d’attente et un magasin, quatre salles de consultation, un espace pour la chirurgie, un laboratoire et des locaux techniques composent un programme complexe. Les aménagements intérieurs et le mobilier ont été conçus par les architectes

Concepteur LOOM Architecture

Année de réalisation 2015 Surface 430 m2 SHON Coûts 771 000 € HT inclus aménagements extérieurs et mobilier 30 | Prix départemental Aperçus 2017

© Loom architecture

Maître d’ouvrage SCI Maroni


© Loom architecture

© Loom architecture

© Loom architecture

Architecture // Lieux de travail et de services

Prix départemental Aperçus 2017 | 31


Architecture // Lieux de travail et de services

Concepteurs Forma6 Maître d’ouvrage Conseil départemental de Loire-Atlantique Année de réalisation 2015 Surface 3133 m2 SHON

Immeuble de bureaux Françoise-Hélène Jourda

© Patrick MIARA

© Patrick MIARA

NANTES - 2 Boulevard de l’Estuaire

32 | Prix départemental Aperçus 2017

L

e terrain, très contraint par la réglementation urbaine, et en contact direct avec des mitoyennetés arrière, donne sur trois espaces publics très différents : la large place de la République, la courte rue Julien Grolleau, et le boulevard de l’Estuaire au sud. Ici, le vaste no man’s land est appelé à devenir un nouveau quartier, entre le futur CHU et les immeubles alignés sur l’ancienne gare devenue Maison des Syndicats. Ces contraintes ont conduit les architectes à proposer un immeuble en deux volumes distincts. Une partie haute de six niveaux, à l’angle de la rue et du futur boulevard, propose des plateaux de bureaux, au-dessus d’un socle vitré éclairant le centre de documentation du CAUE et un espace de réunion. Une partie basse étire au long du boulevard les vitrages du hall d’accueil et de la salle d’exposition, que poursuit le soubassement en béton matricé d’un espace de convivialité.

© Patrick MIARA

Coûts 5 420 793 € HT

Au-dessus, des bureaux et des salles de réunion s’abritent sous une couverture végétalisée à faibles pentes. La paroi biaise d’un puits de lumière réunit les deux modules. La transparence du rez-de-chaussée se poursuit par un petit patio vitré au centre de l’ensemble. Une terrasse prolonge les bureaux de l’étage de la partie basse, au-dessus des jardins du cœur d’îlot. Le bardage extérieur, en panneaux de chaume encastrés dans une ossature métallique, recouvre l’isolation thermique, autour de parois de béton restées apparentes dans les espaces intérieurs. Le bâtiment porte le nom de Françoise-Hélène Jourda (1955-2015), architecte fortement engagée dans la construction durable. Il abrite les services de Loire-Atlantique Développement, qui réunit la SELA, la SPL Tourisme et le CAUE de Loire-Atlantique


Au-delà ARCHITECTURE

L’architecture n’est pas qu’une affaire de budget, de surfaces ou de formalisme. Elle est parfois chargée de donner réalité à des programmes qui, outre leur faisabilité économique et technique, ont à proposer à leurs usagers des ambiances, des lieux, des espaces propices à un dépassement de soi-même. Dans la sélection d’Aperçus 2017, deux réalisations sont de cet ordre.

Prix départemental Aperçus 2017 | 33


Architecture // Au-delà

Église Saint-Vincent-de-Paul

© Patrick MIARA

REZÉ - Rue Ernest Sauvestre

Concepteur MAGNUM Architectes et Urbanistes Maître d’ouvrage Association Diocésaine de Nantes Année de réalisation 2015 Surfaces Église : 800 m2 SP Maison Paroissiale : 170 m2 SP Coûts 2 220 000 € HT

34 | Prix départemental Aperçus 2017

L

a conception d’un lieu de culte est pour les architectes, et singulièrement depuis le Mouvement Moderne, un défi. Pendant des siècles, la codification des formes traditionnelles chrétiennes avait figé l’architecture religieuse. L’évolution de l’architecture d’une part, de la liturgie d’autre part, a conduit au XXe siècle à une recherche formelle où se sont brillamment illustrés des architectes comme Auguste et Gustave Perret pour l’église Notre-Dame du Raincy (1922), Le Corbusier pour la chapelle de Ronchamp (1955) ou, dans l’agglomération nantaise, Jean Rouquet pour l’église Notre-Dame du Rosaire à Rezé (1960).

La reconstruction de l’église SaintVincent-de-Paul sur son site originel a permis de réaffirmer l’inscription du lieu de culte dans la ville, par la création d’un parvis conçu comme un espace public d’une part, par l’importance donnée à la maison paroissiale d’autre part. Ici, n’était la haute croix fichée en lisière du trottoir et la forte pente des toitures, peu de signes. Le zinc nervuré des couvertures descend jusqu’au sol, mais laisse apparents de hauts pignons en béton prévus pour accueillir des textes bibliques. C’est dans l’église que se voient les signes du sacré, dans la haute volumétrie intérieure comme dans la diversification des sources de lumière naturelle, et jusqu’à la réutilisation d’un vitrail moderne aux teintes chaudes


© Patrick MIARA

© Patrick MIARA

© Patrick MIARA

© Patrick MIARA

Architecture // Au-delà

Prix départemental Aperçus 2017 | 35


© Eric OLEJNIK

CHÂTEAU-THÉBAUD - 29 Rue des Châtaigniers

36 | Prix départemental Aperçus 2017

© Eric OLEJNIK

Crématorium du Sud-Loire

© Eric OLEJNIK

Architecture // Au-delà


© Eric OLEJNIK

Architecture // Au-delà

L’

évolution des pratiques funéraires, et leur déchristianisation grandissante, mettent les proches des défunts, au moment de la séparation finale, devant un déficit de rites et d’espaces signifiants, à la hauteur de leurs questionnements. La crémation des corps, et donc les rituels associés au devenir des cendres, sont des moments d’autant plus difficiles qu’ils ne sont pas associés à des repères traditionnels. La conception d’un crématorium participe donc à cette recherche de formes et de rites pour un accompagnement contemporain de la mort. On peut regretter que l’implantation de ce type d’équipements se fasse en général dans des zones d’activités, sites dépourvus d’histoire, de qualité et d’identité territoriale, donc de sens. Mais les crématoriums sont des lieux nouveaux, dont nul ne sait aujourd’hui

s’ils sont des équipements publics, des entreprises privées, des temples, des jardins, ou tout cela à la fois.

jusqu’aux espaces de prise en charge des cendres et à une salle de convivialité ouverte sur le jardin

Le crématorium du Sud-Loire, dans sa conception même, est une illustration de cette recherche de sens et de symbolique. Le site conserve quelques éléments arborés, et l’aménagement paysager du jardin, notamment du site de dispersion des cendres, participe à la quête de dignité et de sérénité. Passé l’inévitable parking, la construction, claire et lumineuse, légère, que des poteaux de bois simplement écorcés relient à son environnement, propose un cheminement architectural apte à guider les proches depuis le parvis et l’accueil jusqu’à une salle d’hommage et de recueillement, espace de cérémonie laïque proche des chapelles modernes par sa neutralité de signes et sa recherche d’éclairement naturel,

Concepteurs CUB Architecture Maître d’ouvrage SAS Crématorium du Sud Loire Année de réalisation 2016 Surface 690 m2 Coûts 1 800 000 € HT Prix départemental Aperçus 2017 | 37


Maisons augmentées ARCHITECTURE

Villes et campagnes sont majoritairement constituées d’un patrimoine modeste, qu’il soit urbain et ouvrier, ou rural. Ces maisons, en général peu adaptées aux modes de vie contemporains, ne sont pas pour autant condamnées, et offrent au contraire d’intéressantes opportunités. D’autant que leur réhabilitation ou leur extension contribuent à une densification douce, qui participe à la lutte contre l’étalement des surfaces urbanisées. L’architecture dite « contemporaine » n’est donc pas l’apanage des grands projets publics ni des sites urbains les plus photogéniques. Elle peut s’exprimer dans des programmes modestes, dans des budgets limités, pour peu que des maîtres d’ouvrage s’autorisent à travailler avec des architectes interrogeant leurs besoins et attentifs au contexte. La création architecturale offre des alternatives personnelles et une possibilité collective de densifier des sites de qualité, déjà desservis et déjà paysagés, loin des standards de l’urbanisme pavillonnaire banalisé. 38 | Prix départemental Aperçus 2017


Architecture // Maisons augmentées

Maison « P.L.U.s »

© Tristan BRISARD

NANTES

L’extension devait répondre à plusieurs objectifs : créer de nouvelles surfaces habitables, prévoir une évolutivité du projet, exprimer une appropriation rajeunie de la maison. C’est une nouvelle pièce de vie de 26 m2, largement ouverte sur le jardin, qui a été créée. Une chambre supplémentaire pourra être ajoutée ultérieurement, grâce à la pose d’un plancher haut et à l’ouverture des châssis, déjà réalisés dans l’ossature bois et prévus dans le permis de construire accordé. La nouvelle construction se raccroche à la maison au niveau de l’ancienne véranda, et s’en décolle pour créer

© Tristan BRISARD

un petit patio pour la nouvelle entrée latérale. Sa forme découle de la contrainte urbaine, en investissant tout le volume réglementairement constructible. Son écriture, simplifiée à l’extrême, lui donne paradoxalement une expressivité plastique maximale. Son bardage intégral en planches de bois se poursuit avec la clôture reliant la maison au mur de pierre du terrain de sports voisin, et laisse invisible l’accès extérieur à la maison et au jardin

Concepteur Tristan BRISARD Architecte Maître d’ouvrage Privée Année de réalisation 2016

© Tristan BRISARD

À

l’angle d’une impasse et d’une petite rue du nord-ouest de la ville, une petite maison « ouvrière » à toit de tuile, comme il en existe tant à Nantes, se composait d’un soussol, d’un rez-de-chaussée surélevé et d’un étage de comble. Son absence d’épaisseur n’était que faiblement compensée par la petite véranda ouvrant sur son jardin arrière clos de murs, sur une parcelle de seulement 170 m2.

Surface 26 m2 SP (extension) Coûts 75 000 € HT Prix départemental Aperçus 2017 | 39


© Guillaume SATRE

Architecture // Maisons augmentées

Maison paysage NANTES

É

tendre une maison, c’est réduire l’espace extérieur de la parcelle sur laquelle elle prend place. Le thème que nous avons développé pour « la maison paysage » est celui de la restitution de cet espace. Le site du projet se situe à Nantes, à Chantenay, un quartier implanté sur le sillon de Bretagne, l’une des lignes de crête du Massif armoricain. La parcelle de 300 m² accueille en son fond une petite maison témoignant du passé ouvrier du quartier.

Le développé de ce parcours définit une surface. Le volume situé en dessous de cette surface constitue l’extension de la maison : un enchaînement d’espaces à vivre (salon, cuisine, atelier) reliés par des vues obliques, mis en relation par des jeux de niveaux, sans aucune porte intérieure. La mise en relation entre les 2 maisons s’articule autour du patio ménagé par la distance entre les 2 volumes et le rétrécissement progressif du volume neuf pour distribuer la maison 40 | Prix départemental Aperçus 2017

© Guillaume SATRE

Nous avons mis en place un parcours constitué d’un jeu de terrasses successives reliées par des rampes, formant un itinéraire s’ouvrant successivement sur un patio, le paysage des cœurs d’îlots et le grand paysage des rives sud de la Loire.


© Guillaume SATRE

Architecture // Maisons augmentées

© Guillaume SATRE

ancienne. Il en résulte un effet théâtral, un « fenêtre sur patio » autour duquel chaque maison, et le spectacle de la vie qui s’y déroule, constitue le premier paysage de son pendant. Un lilas, une glycine, des poiriers en espalier et les multiples fleurs qui ornent le patio s’intercalent avec bonheur dans ce vis-à-vis et lui confèrent une véritable dimension végétale. La « maison paysage » est non seulement un potentiel des rapports variés à l’extérieur, mais également un travail sur la matière qui constitue la création d’un paysage intérieur : le veinage du contreplaqué, les motifs dessinés pendant le chantier par la pluie sur la structure métallique, le moirage de la résine ou les motifs répétitifs des carreaux de ciment constituent un univers à part entière, au même titre que les nuages dessinent des paysages inattendus et propices à la contemplation Texte de l’agence Mabire-Reich

Concepteurs MABIRE REICH

© Guillaume SATRE

Maître d’ouvrage Privée Année de réalisation 2015 Surfaces existant : 85 m² SP / créée : 100 m² SP Coûts N.C. Prix départemental Aperçus 2017 | 41


« Poignée de châtaigne »

© Tristan BRISARD

Architecture // Maisons augmentées

VIGNEUX-DE-BRETAGNE

© Tristan BRISARD

C’

est dans un hameau que cette maison rurale en moellons et encadrements de gra­­ nite nécessitait une extension, après une rénovation plutôt respectueuse de ses caractéristiques premières (malgré une surélévation de toiture un peu lourde à l’arrière). Une adjonction n’était possible qu’en pignon. Mais la présence de portes et de fenêtres rendait ici dommageable la pratique ancienne des extensions en longère prolongeant le volume d’origine.

© Tristan BRISARD

Le projet initial prévoyait l’ajout d’une chambre et d’une salle de bains, mais c’est finalement d’un nouveau séjour ouvert sur le jardin et d’une entrée traversante que la maison s’est enrichie, au prix d’une restructuration partielle de l’existant.

42 | Prix départemental Aperçus 2017

Pour conserver les usages et les qualités du pignon ancien, la nouvelle construction s’y accroche a minima, par un sas vitré qui conserve libres trois fenêtres et s’ouvre sur la maison par deux ouvertures existantes. Cette entrée fait partie intégrante du nouvel

espace réunissant le séjour, un bureau et un vestiaire. Le volume ajouté est implanté en équerre, et en retrait de la voie. Son ossature métallique apparente permet de laisser libre l’intégralité du volume intérieur, et d’ouvrir librement ses parois. S’il prend la forme traditionnelle d’un parallélépipède couvert d’une toiture à deux pentes, son écriture architecturale est d’aujourd’hui : autour de ses larges baies vitrées, des cadres débordants en acier galvanisé se prolongent en gouttières épurées, et une sculpturale descente d’eau pluviale marque le pignon avant. Le revêtement en bardeaux de châtaigniers donne une douce matérialité aux murs et à la toiture, dans une relation sans heurt avec les appareillages en moellons de pierre de la maison et des murs de clôture Concepteur Tristan BRISARD Architecte Maître d’ouvrage Privée Année de réalisation 2015 Surface(s) Extension : 70 m2 SP Restructuration intérieure sur existant : 40 m2 SP Coûts 95 000 € HT (extension)


Logements collectifs ARCHITECTURE

L’habitat social est, depuis ses débuts, un lieu d’expérimentations architecturales. Ses maîtres d’ouvrage et ses concepteurs sont également confrontés à une accumulation de normes, par exemple énergétiques. On cherche à minimiser les coûts d’entretien, pour les locataires comme pour les bailleurs sociaux, tout en essayant de doter les logements de prolongements extérieurs privatifs. La compacité s’oppose ici à l’ouverture et à la complexité des volumétries, la densité à l’intimité, l’économie d’échelle à la mixité des types d’habitat.

Prix départemental Aperçus 2017 | 43


Architecture // Logements collectifs

Loggia-parc

© Stéphane CHALMEAU

SAINT-HERBLAIN - 19 rue du Docteur Alfred Corlay

L

e site de la Pelousière, au sud du bourg ancien de Saint-Herblain, se caractérise notamment par le surplomb d’un coteau audessus d’un vallon, et par des vues lointaines vers Haute-Indre et la vallée de la Loire. L’implantation en peigne des immeubles collectifs laisse à la ZAC la perméabilité de ces vues, mais complique la tâche de leurs concepteurs. Loggia Parc est l’un de ces ensembles, posé comme les autres sur un soubassement de maçonnerie encastré dans la pente. Il se différencie de ses voisins par sa partition en deux blocs (R+3 et R+5), par son revêtement de bois, mais aussi par le choix de ses concepteurs de marquer plastiquement la volonté de capter le paysage.

© Christophe BOUCHER

Le regroupement de balcons et de loggias en volumes en excroissance, aux parois intérieures sombres et aux encadrements blancs, simule ainsi d’énormes fenêtres contrastées, ouvertes sur les environs. L’une de ces avancées semble s’extraire en biais du volume arrière, comme pour marquer la volonté d’un immeuble dynamique, qui saurait de luimême chercher à en voir plus et plus loin. Depuis les 34 appartements, doublement ou triplement exposés, cette projection dans l’espace est tout aussi sensible, grâce aux loggias poursuivant l’espace de 19 des séjours. Côté vallon, l’édifice s’avance en porte-à-faux au-dessus d’un mur de soutènement en béton matricé simulant des moellons de pierres. Les volumétries massives sont vêtues d’une précieuse marqueterie de planches et de tasseaux de douglas et de mélèze, dont l’arrangement accompagne la géométrie des percements

Concepteurs Agence GARO-BOIXEL Maître d’ouvrage Habitat 44 Année de réalisation 2015 Surfaces 3 028 m² SP - 2 232 m² surface habitable Coûts 3 597 951 € HT

44 | Prix départemental Aperçus 2017


Architecture // Logements collectifs

Beehive

SAINT-HERBLAIN - Parc de Bagatelle

Concepteur Forma6 Maître d’ouvrage Maison familiale de Loire-Atlantique

Surfaces 3 863 m² SP 275 m² SU (commerce) Coûts 5 370 040 € HT

© Patrick MIARA

Année de réalisation 2016

A

Les formes d’habitat s’adaptent pour relier le site à son contexte bâti. À l’angle ouest, des immeubles de grande hauteur sont réalisés au milieu de la trame bocagère. Le vallonnement du site leur fait bénéficier de vues vers les lointains au sud, vers le parc de Bagatelle à l’ouest. Beehive, à l’angle de la rue du Zambèze et du boulevard Marcel Paul, est un signal urbain fort. Il est posé sur un socle abritant les stationnements et une boulangerie, et dont le volume irrégulier en béton matricé simule un soulèvement du sol enherbé. Au-dessus, l’immeuble affirme sa verticalité par le jeu des fragmentations verticales.

© Patrick MIARA

u pied du Sillon de Bretagne, la propriété de Bagatelle est restée jusqu’à récemment un ensemble privé composé d’un parc d’agrément et de zones bocagères entourant un château de villégiature du XIXe siècle et ses dépendances. Son achat récent permet aujourd’hui la création d’un nouveau quartier de plus de 1 000 logements, organisé autour d’un parc public et où les cheminements doux sont privilégiés, les ensembles arborés et les étangs conservés.

Au sud et à l’est, ses balcons et loggias dessinent une géométrie savante et variée, qui n’est pas sans évoquer l’architecture balnéaire. À l’ouest et au nord, les élévations, revêtues d’un bardage métallique irisé, paraissent plus fermées puisque les prolongements extérieurs des appartements sont intégrés au volume général.

C’est que cette « ruche » de 11 niveaux résume l’ambition de mixité portée par le quartier tout entier, avec 24 logements sociaux, 21 en accession abordable et 15 en accession libre

© Patrick MIARA

Le hall d’accueil vitré, à l’angle nord, propose un lieu de détente, avec un sculptural canapé en bois et des étagères à livres dessinés par Fichtre !, devant une laverie collective.

Prix départemental Aperçus 2017 | 45


Architecture // Logements collectifs

« Lucie-Aubrac » SAINT-HERBLAIN - Boulevard Salvador Allende

L

a préfabrication, dans le domaine du logement social, est une histoire ancienne, qu’illustrent par exemple les maisons en bois conçues par l’entreprise Bessonneau dans les années 20 pour les ouvriers de Couëron ou des Batignolles à Nantes. Mais les avatars de l’industrialisation du bâtiment ne furent pas synonymes de qualité pour le logement social des années 60. Le nouvel essor de la construction en bois redonne une actualité à cette pratique de la fabrication en atelier de tout ou partie de logements, pour des raisons d’économie comme de gain de temps de chantier et d’une plus grande attention portée à l’isolation ou à l’étanchéité à l’air des logements. Le bailleur social Habitat 44 a ainsi contractualisé un accordcadre de conception-réalisation incluant l’entreprise de construction bois CMB et l’agence d’architecture Tetrarc. Le principe, ici, n’est pas de créer des modèles architecturaux répétitibles, mais de réaliser des modules dont l’implantation, 46 | Prix départemental Aperçus 2017

l’assemblage et les finitions permettront de concevoir des ensembles différents les uns des autres, et adaptés à leur contexte. L’opération Lucie-Aubrac, malgré la modestie d’un programme de 13 logements, permet de mesurer la richesse des combinaisons architecturales possibles. Deux plots en R+2 et R+3, aux implantations décalées, se différencient selon que leur rez-de-chaussée est un appartement avec jardin, un parking ouvert ou un abri à vélos poursuivis par des rangements fermés. Les volumes sont prolongés par de généreuses loggias au sud, et par les cages d’escalier au nord. Ces extensions, vêtues de tasseaux de bois ou de métal perforé, allègent les volumétries générales. Deux maisons individuelles en duplex complètent un ensemble élégamment habillé de revêtements de bois et de métal perforé ou ondulé, dont le caractère « modulaire » passe donc totalement inaperçu


© Agence Tetrac

© Patrick MIARA

Architecture // Logements collectifs

Concepteur TETRARC

Année de réalisation 2015 Surface 863m2 SHAB Coûts 1 847 300 € TTC, soit 142 100 € par logement

© Agence Tetrac

Maître d’ouvrage Habitat 44

Prix départemental Aperçus 2017 | 47


Architecture // Logements collectifs

« Parc Océane »

© Stéphane CHALMEAU

TRIGNAC - ZAC Acacias, rue du Normandie

© Stéphane CHALMEAU

L

a ZAC de Certé à Trignac est une opération d’urbanisation en cours d’achèvement. Sur un site auparavant dévolu à la maison individuelle et surmonté de quelques immeubles-tours dont l’essentiel a aujourd’hui disparu, il a fallu créer des liens urbains, par de nouvelles constructions aux volumétries adaptées, par de nouveaux équipements, par de nouveaux cheminements, et par un traitement qualitatif des espaces publics.

© Stéphane CHALMEAU

La résidence Parc Océane est un de ces ensembles bâtis intermédiaires, qui font le lien entre les pavillons et les immeubles, à la fois par leur hauteur limitée (ici 3 niveaux) et par leur implantation en îlots donnant leurs limites aux nouvelles voiries.

48 | Prix départemental Aperçus 2017

À cette forme urbaine s’ajoute la réalisation d’un jardin au centre de la composition bâtie, et d’une porosité de la parcelle pour les cheminements piétons publics. L’écriture architecturale privilégie le blanc, dans un état d’esprit typique de l’agglomération nazairienne, pour ne pas dire franchement balnéaire,

d’autant que de vraies loggias en porte-à-faux, fermées par des brisesoleil repliables en métal et tasseaux de bois, semblent s’extraire du volume principal, et alternent avec des terrasses aux fins bastingages. Côté jardin, des coursives desservent les appartements. Les 33 logements de l’opération sont traversants, prolongés par ces espaces extérieurs intimes, et largement éclairés, y compris pour les cuisines. S’y ajoutent deux logements individuels sur deux niveaux, implantés en retour au nord de la parcelle et ouvrant par des petites terrasses sur le jardin intérieur

Concepteur BOHUON BERTIC Architectes Maître d’ouvrage Silène Année de réalisation 2015 Surfaces 3 075 m2 SP - 2 550 m2 SHAB Coûts 3 790 160 € HT


Architecture // Logements collectifs

Logements pour jeunes travailleurs

© Detroit Architectures

SAINT-NAZAIRE - 10 rue Alfred Nobel

Dans un contexte de maisons individuelles et de petits immeubles collectifs, la construction est implantée en bordure de parcelle, et recrée un alignement urbain tout en ménageant en rez-de-chaussée une porosité vers le cœur d’îlot. Côté rue à l’est, pour s’adapter au contexte bâti, une partition verticale du volume de 4 niveaux est suggérée par trois pignons et trois bardages de

Les logements sont traversants, et les coursives jouent à la fois un rôle d’accès et celui de création d’espaces extérieurs appropriables par les habitants. À l’intérieur, des portes coulissantes permettent de cloisonner ou non l’espace central, entre les cuisines à l’ouest et les salles de bains côté rue. Les doubles ou triples orientations des appartements permettent un ensoleillement maximal et une optimisation des consommations d’énergie

© Detroit Architectures

Le nouveau bâtiment, implanté sur la même parcelle que le foyer principal, réunit 18 nouveaux logements (14 studios de 20 m2 et 4 appartements de 40 m2 pour des colocations), ce qui porte l’ensemble à 121, pour 135 jeunes pouvant être accueillis.

matières et de teintes différentes. Côté jardin à l’ouest, le bois domine, avec les trois coursives qui marquent une horizontalité et une ouverture du bâtiment, devant les trois « maisonnées » restées lisibles. L’escalier extérieur en pignon contribue lui aussi à un allègement de la volumétrie générale.

Concepteur DETROIT architectes Maître d’ouvrage Silène OPH de Saint-Nazaire Année de réalisation 2016 Surface 470 m2 Coûts 830 000 € HT soit 1 765 € HT/m2

© Detroit Architectures

C’

est pour répondre à une demande toujours forte de logement temporaire et de services associés que la Résidence des jeunes de Saint-Nazaire a dû créer cette extension. La structure accueille des apprentis, des lycéens et des étudiants, des stagiaires et des travailleurs en CDD ou en recherche d’emploi, âgés de 16 à 25 ans.

Prix départemental Aperçus 2017 | 49


Architecture // Construire dans l’existant

Construire dans l’existant ARCHITECTURE

À toutes les échelles de projets, et dans tous les types d’agglomérations bâties, le renouvellement urbain ne doit pas être conçu comme une simple opération de démolition-reconstruction. Il doit être synonyme de continuité de l’histoire, de renouveau architectural, et de requalification du cadre de vie.

50 | Prix départemental Aperçus 2017


Architecture // Construire dans l’existant

« Les Roseaux »

LA CHAPELLE-DES-MARAIS - rue des Écluses, bd de la Gare

L

a commune de La Chapelle-des-Marais est engagée depuis plusieurs années dans le renouvellement de son parc de logements, par des opérations d’échelles diverses, et notamment en milieu pavillonnaire.

Entre deux rues de son bourg, l’achat par la CARENE d’une friche commerciale a donné l’opportunité d’une réalisation de plus grande ampleur, réunissant un pôle santé, une pharmacie et trente logements sociaux. Au long du boulevard de la Gare, deux immeubles de trois niveaux poursuivent l’alignement des maisons construites entre les années trente et soixante. Grâce à leurs toitures terrasses, leur gabarit tranche peu avec celui de l’existant. Leurs rez-de-chaussée ouverts sur la rue accueillent d’un côté un pôle médical, de l’autre la pharmacie. L’écriture architecturale est claire et lisse, dans l’esprit de simplicité des maisons voisines.

© Xavier BRUNET

Entre les deux immeubles, une voie nouvelle relie le boulevard à la rue des Écluses, au tissu urbain plus lâche et plus végétalisé, composé de maisons individuelles alignées en retrait de la voie. De ce côté, les nouveaux logements sont organisés en deux ensembles de deux niveaux. Les rez-de-chaussée sont implantés derrière des petits jardins clos de ganivelles, rythmés par des annexes bardées de tasseaux de bois. Les étages sont accessibles par des escaliers extérieurs, et leur retrait dégage des terrasses munies de fines pergolas, qui n’attendent plus que des végétaux grimpants. Entre les deux, un cinquième plot en R+1 s’élève à un niveau intermédiaire, grâce à la légère pente du terrain. Malgré la rigueur du plan en peigne, qui favorise les expositions nord-sud, ce nouveau « morceau de bourg » s’insère en douceur dans son contexte de périphérie du centre, dont il semble constituer une extension naturelle

Concepteur Jacques BOUCHETON Architectes Maître d’ouvrage Silène Année de réalisation 2016 Surfaces Pôle médical / pharmacie : 719 m² SP Logements : 2 020 m² SHAB.

© Xavier BRUNET

Coûts 3 285 000 € HT hors VRD et espace vert

Prix départemental Aperçus 2017 | 51


Architecture // Construire dans l’existant

L

e bourg de Mauves réunit des maisons en alignement, certaines pluriséculaires, et des villégiatures du XIXe siècle aux parcs arborés. C’est sur le terrain de l’une d’elles, devenue maison médicale, que fut implantée l’actuelle EHPAD, dont ces 6 nouveaux logements constituent une extension indépendante.

« Le Verger »

MAUVES-SUR-LOIRE - La côte Saint-Denis

L’opération se greffe à un îlot urbain ancien, dont elle réhabilite et surélève partiellement une maison de bourg alignée sur la rue. Les nouvelles constructions s’insèrent à l’arrière, et poursuivent les volumétries imbriquées du bourg ancien : volumes détachés aux toitures à deux pentes, pignons percés de baies en hauteur, petits bâtiments annexes irrégulièrement implantés. Des clôtures hautes achèvent de donner le sentiment d’un espace urbain dense, dont on aurait réhabilité toutes les constructions existantes pour en conserver la variété des points de vue, des espaces extérieurs, des parcours, des proximités et des intimités.

© Stéphane CHALMEAU

C’est donc par l’écriture architecturale que l’opération se distingue de l’existant, dont elle constitue un lumineux contrepoint. Les façades de la maison ancienne sont recouvertes d’un enduit clair à la chaux, mais toutes les élévations neuves sont revêtues de brique claire. La toiture ancienne est d’ardoise, et les neuves sont de zinc nervuré. Les menuiseries à grands verres sont en bois, et les garde-corps transparents. Les clôtures en brique, majoritairement appareillées en claustras, poursuivent les façades. Les espaces extérieurs sont traités en venelles minérales ou en terrasses et cours plantées avec soin. L’ampleur modeste de l’opération participe à la qualité de cette greffe urbaine réussie. Mais c’est surtout l’attention portée à l’existant, et donc le travail sur le prolongement des formes urbaines anciennes, alliés à la qualité et la variété des espaces créés, des matériaux et du végétal choisis, qui permettent une insertion réciproquement valorisante de l’architecture contemporaine dans un centre-bourg ancien

Année de réalisation 2016 Surface 420 m² Coûts 708 000 € HT 52 | Prix départemental Aperçus 2017

© Stéphane CHALMEAU

Maître d’ouvrage Association Résidence Le Verger

© Stéphane CHALMEAU

Concepteur TACT Architectes avec la participation de Tanguy ROBERT


© Stéphane CHALMEAU

© Stéphane CHALMEAU

© Stéphane CHALMEAU

© Stéphane CHALMEAU

© Stéphane CHALMEAU

© Stéphane CHALMEAU

© Stéphane CHALMEAU

Architecture // Construire dans l’existant

Prix départemental Aperçus 2017 | 53


Architecture // Construire dans l’existant

« Le Quartz »

C

onstruire dans la ville historique, et surtout en Secteur sauvegardé, est un exercice difficile. Le hasard des opportunités foncières a fait de ce morceau de Nantes un laboratoire des réponses architecturales et urbaines possibles. Face à la rue de Feltre, c’est l’architecte Ganuchaud qui, dès les années cinquante, réinterprète le XVIIIe siècle nantais pour une place de l’Écluse néoclassique. En 1993, l’hôtel La Pérouse de Barto et Barto fait révérence à ce même siècle avec une relecture de la hiérarchie traditionnelle des étages, dans des façades penchées vêtues de calcaire. Pour l’îlot Boucherie, Frédéric Borel et Pellegrino sont tenus d’assagir un premier projet privilégiant les horizontales pour découper leur vaste édifice à l’échelle des façades du cours. Et c’est au tour de Jean-François Revert, connu à Nantes pour son fin travail d’urbaniste sur le quartier Madeleine-Champ de Mars, de construire entre les escaliers longeant l’îlot Boucherie et un immeuble haussmannien des débuts du XXe siècle. Contrainte supplémentaire, la démolition des deux immeubles existants a mis à jour une muraille et une tour médiévales. L’architecte choisit de construire un lien formel entre ses deux voisins. Au-dessus d’un soubassement percé de hautes baies commerciales, il scinde son immeuble en deux entités distinctes. L’une, doublée d’une verrière intégrale qui

54 | Prix départemental Aperçus 2017

© Stéphane CHALMEAU

© Stéphane CHALMEAU

© Stéphane CHALMEAU

NANTES - Cours des 50 Otages

fournit des espaces-tampons aux appartements, poursuit la hauteur d’égout et la pente de toiture de l’immeuble ancien. L’autre, revêtue de pierre, est un bloc d’angle percé de baies verticales, qui reprend l’épannelage et l’écriture de son vis-àvis de l’îlot Boucherie, jusqu’à son dernier niveau en retrait. Ici les plantations des terrasses, outre l’agrément qu’elles procurent aux appartements des derniers niveaux, adoucissent le passage entre les deux volumes bâtis. À l’arrière, une cour sépare l’immeuble de la fortification, qui reste visible depuis l’escalier public reliant le cours à la rue de la Boucherie. L’opération, qui témoigne de ce que la promotion privée est capable de générer de la qualité architecturale, a été distinguée nationalement par la profession en obtenant sur plans, en 2013, une Pyramide d’or

Concepteur Jean-François REVERT - Architecte Maître d’ouvrage NEXITY - SCI Nantes Îlot d’Orléans Année de réalisation 2016 Surfaces 1660 m2 SHAB (logements) - 920 m2 SU (commerces) Coûts 5 410 000 €


Redessiner un territoire URBANISME

Les ZAC, comme les lotissements, sont des lieux définis par des procédures juridiques, et non des formes urbaines ou paysagères en tant que telles. Pourtant, leurs programmes incluant des mixités d’habitat, des équipements publics, des parcs ou des espaces publics aux cheminements « doux », finissent par définir de nouveaux paysages, lieux de recherche de formes architecturales et lieux d’apaisement végétalisé des transitions entre volumes construits. Ces ensembles ne sont plus aujourd’hui seulement créés en périphérie des grandes villes, mais aussi sur le territoire de petites agglomérations, dans l’ensemble du territoire départemental.

Prix départemental Aperçus 2017 | 55


ZAC de la Pelousière SAINT-HERBLAIN - Avenue Dr Alfred Corlay

© Jean Dominique BILLAUD

Urbanisme // Redessiner un territoire

L © Jean Dominique BILLAUD

e site de la Pelousière prolonge au sud-est le bourg historique de Saint-Herblain, et surplombe les prés-marais de Tougas qui bordent la voie ferrée Nantes-Pontchâteau, elle-même en limite de l’ancien lit de la Loire d’où émergent les îles d’Indre. Un vallon le traverse, offrant ses deux versants irréguliers, abrupt et étagé au nord, plus doux au sud. La ZAC, conçue au début des années 2000, couvre une superficie de 22 hectares. Elle accueille un groupe solaire et une crèche, une salle associative et surtout 750 logements. Les objectifs étaient ambitieux quant à la densité bâtie, à la mixité sociale et à la performance énergétique des bâtiments. Cette volonté de s’inscrire dans le développement durable a conduit à la mise en place d’une démarche d’Approche Environnementale de l’Urbanisme (AEU) en concertation avec l’ADEME, pour la création d’un véritable éco-quartier.

© Jean Dominique BILLAUD

Le vallon central, avec son patrimoine bocager dense, structure l’ensemble du projet, sur le plan de la qualité paysagère comme pour son rôle ancien de récupération des eaux de pluie. Des digues en gabion, insérées dans la topographie, soulignent les cheminements et délimitent des bassins inondés en période de crues.

56 | Prix départemental Aperçus 2017


Urbanisme // Redessiner un territoire

Équipement Logement collectif N

Logement individuel groupé Lot libre

La voirie principale, bordée d’arbres en alignement, serpente entre ces deux typologies bâties. En contrepoint de l’ambiance rurale et boisée du vallon, elle est ponctuée de placettes urbaines desservant les voiries secondaires et les groupes d’immeubles. Leur minéralité est adoucie par les clôtures en poteaux de bois et grillages discrets, qui laissent les vues ouvertes et unifient des ensembles bâtis diversifiés

Plan schématique du Programme bâti

© Jean Dominique BILLAUD

Les formes bâties s’organisent de part et d’autre de la coulée verte, en fonction du relief. L’habitat collectif dense et les poches de stationnement sont implantés dans la pente, en surplomb direct du vallon. Le positionnement en peigne des immeubles préserve les vues vers les lointains. L’habitat individuel, groupé ou en lots libres, est organisé en amont et jusqu’au plateau, libérant l’horizon.

Maître d’ouvrage Nantes Métropole - Ville de Saint-Herblain - Loire Océan Développement Année de réalisation 2016 Surface 22 ha Coûts N.C.

© Jean Dominique BILLAUD

Concepteurs Jacques BOUCHETON Architectes - Marie-Anne ESTEVE, architecte PHYTOLAB Paysagistes

Prix départemental Aperçus 2017 | 57


Quartier « Campagne en fête » de la ZAC de Vireloup

© Jean Dominique BILLAUD

Urbanisme // Redessiner un territoire

© Jean Dominique BILLAUD

TREILLIÈRES - Rue de la Fortunerie

58 | Prix départemental Aperçus 2017


D

ans la ZAC de Vireloup, en prolongement ouest du bourg, le quartier « Campagne en fête » accueille environ 160 logements depuis 2013, année d’achèvement de la première tranche de travaux. Il prend place dans un environnement bocager riche, valorisé ici comme un véritable atout pour le cadre de vie des habitants. Une des particularités du projet a été en effet la forte prise en compte de la trame végétale existante. Inventoriée et classifiée pour être conservée ou revalorisée, elle constitue l’ossature du quartier. Elle donne toute sa place à un corridor écologique central, en grande partie classé en zone humide, qui devient à la fois une réserve pour la biodiversité et un espace de déambulation et d’observation des milieux, grâce notamment à des pontons et observatoires en bois. Une autre particularité du projet a été l’aménagement de la trame paysagère avant toute construction, comme une condition préalable à la réussite du quartier, pour que le bâti semble tout naturellement intégré au site. Le quartier propose ainsi un « mode d’habiter à la campagne » dans lequel le contact à la ruralité est assumé et privilégié. Les fondements du projet urbain sont également la diversité sociale, les économies d’énergie et la maîtrise de l’étalement urbain. Les formes bâties font alterner petits collectifs, logements intermédiaires et maisons individuelles, les constructions étant majoritairement orientées au sud afin d’augmenter leurs performances énergétiques.

© Jean Dominique BILLAUD

© Jean Dominique BILLAUD

© Jean Dominique BILLAUD

Urbanisme // Redessiner un territoire

Aux interfaces, les concepteurs ont identifié trois types d’espaces : les lieux domestiques intimes, les lieux publics et les lieux d’entre-deux. Ces derniers ont été travaillés avec soin pour créer les conditions de la convivialité, mais aussi de l’intimité. Le travail des limites prend une part importante dans l’échelle des ambiances, notamment par la variété des usages du végétal (épaisseurs, hauteurs, compositions). La voirie est volontairement tortueuse, pour apaiser la vitesse, et les nombreux chemins favorisent les déplacements doux au cœur du quartier

Concepteurs IN SITU Architecture et Environnement - ZÉPHYR Paysages Maître d’ouvrage Commune de Treillières - LAD-SELA Année de réalisation 2014 Surface 1ère phase achevée La Campagne en fête : 7 hectares sur une ZAC de 24 hectares Coûts 1ère phase : 2 800 000 € sur un coût global d’environ 10 472 000 € Prix départemental Aperçus 2017 | 59


Espaces publics AMÉNAGEMENTS PAYSAGERS

L’aménagement des espaces publics est un champ de réflexion sans limites, tant sont variables les sites, les problématiques, et la multiplicité des usages possibles dans des lieux publics, nouveaux ou à requalifier. Rien a priori de commun, donc, entre les deux réalisations présentées ici, sinon le préalable d’une réflexion en profondeur sur le sens de l’espace, et sur la nature des interventions (place du végétal, traitement des sols, ambiances lumineuses, mobilier urbain) qui aboutissent, bien au-delà d’un simple « embellissement », à la création d’un cadre de vie de qualité.

60 | Prix départemental Aperçus 2017


Aménagements paysagers // Espaces publics

Quartier de Certé TRIGNAC - Butte de Certé

S’

étendant au nord de Saint-Nazaire et en bordure est de la Brière, le site de Certé illustre l’histoire du logement social sur ce territoire : baraquements en bois voués à reloger les nazairiens sinistrés d’après-guerre, tours d’habitation et équipements dans les années 70, enclavement par des infrastructures routières.

Un « croissant humide » enveloppe la butte de Certé au nord de la ZAC. Il évoque le paysage des marais tout en permettant l’infiltration des eaux pluviales. Noues et bassins plantés, chemins intimistes et espaces de jeux réintègrent les immeubles conservés, les logements intermédiaires et les maisons individuelles dans une continuité des espaces. Une nouvelle place, ouverte le long de l’espace central de la ZAC, dessert les commerces, les équipements et les services, pour une nouvelle centralité affirmée au pied des écoles. Au sud et en place d’une ancienne friche se déploie le parc Océane, urbain au nord, plus « naturel » et spontané au sud. Il offre de nouveaux usages récréatifs : modules de jeux en bois pour les enfants, pelouse ensoleillée pour le sport et la détente, tables et bancs propices à la convivialité, îles et massifs plantés, espaces polyvalents libres ou arborés. è

© Jean Dominique BILLAUD

La ZAC de 21 hectares a permis de faire renaître les lieux sous une forme plus horizontale et mixte, redéployant 590 logements, des commerces, des équipements publics, reconnectant le quartier à l’agglomération nazairienne et au territoire briéron. Dix hectares d’espaces publics ont été aménagés, mis en réseau, pour offrir de nouveaux cheminements doux et un cadre de vie apaisé.

© Jean Dominique BILLAUD

Entaché d’une image dégradée, le quartier a fait l’objet d’une opération globale de restructuration urbaine, soutenue par l’ANRU en 2007, et dont le premier acte fut la destruction de tours.

Prix départemental Aperçus 2017 | 61


© Jean Dominique BILLAUD

© Jean Dominique BILLAUD

Aménagements paysagers // Espaces publics

Concepteur IN SITU Architecture et Environnement MAP Paysagistes Maître d’ouvrage Commune de Trignac - CARENE - LAD-SELA

© Jean Dominique BILLAUD

Année de réalisation 2016

62 | Prix départemental Aperçus 2017

Surfaces Surface de la ZAC : 21 ha Surface des espaces publics : 10 ha Coûts Montant total de l’opération tranche ferme HT : • 6 350 000 € (LAD-SELA) • 4 690 000 € (Commune de Trignac)


© Jean Dominique BILLAUD

© Jean Dominique BILLAUD

Aménagements paysagers // Espaces publics

Prix départemental Aperçus 2017 | 63


Aménagements paysagers // Espaces publics

Front de mer de Tharon Plage

© Annick BIENFAIT

SAINT-MICHEL-CHEF-CHEF - Boulevard de l’Océan

E

n 2011, la commune engage la réflexion sur la requalification de son front de mer, qui se présente alors comme un boulevard routier, sur plus de 2,5 km de long, à l’interface des quartiers pavillonnaires et des plages. L’aspect vieillissant des aménagements réalisés une trentaine d’années auparavant, l’évolution des usages vers plus de déplacements doux, et l’ensablement régulier de certaines sections, justifiaient de questionner le fonctionnement et l’image de cet espace stratégique. Un concours d’idées est organisé, pour imaginer autrement le site. Trois équipes pluridisciplinaires livreront le fruit de leur réflexion. Celle retenue est composée de Campo, paysagistes concepteurs, Magnum, agence d’architecture et d’urbanisme, et TUGEC pour la compétence VRD. Un plan guide est élaboré sur tout le linéaire pour assurer une réflexion cohérente et un phasage des travaux sur le 64 | Prix départemental Aperçus 2017

long terme. Le document définit le fonctionnement du site (liaisons douces, stationnement, sens de circulation, lieux de convivialité, stabilisation des dunes) et l’associe à des ambiances paysagères. L’idée forte du projet repose sur l’alternance de séquences naturelles (les dunes) et de places urbaines aménagées au débouché des rues. Les deux premières tranches de travaux réalisées entre 2013 et 2015 par les paysagistes de Campo illustrent ce principe. Dans la séquence « naturelle », le visiteur circule sur un platelage bois posé sur la dune, dont la stabilité est assurée par des ganivelles et des végétaux (oyats spontanés, euphorbes plantées) et renforcée par des bouchots fichés à la verticale. Le nombre important de ces derniers et leur positionnement aux angles des cheminements permet d’éviter l’effet déstructurant de tassement du sable, et renforce le caractère maritime.

Le promeneur aborde ensuite une esplanade minérale, munie de gradins et de bancs, lieu de contemplation des lointains. Les matériaux sobres (béton, bois, métal) se fondent dans les matières naturelles des plages. Le stationnement est organisé en « poches » près de l’esplanade. Les vélos bénéficient d’une vaste piste cyclable, la circulation routière est ramenée à un ruban étroit, côté habitations. L’image globale de la réalisation revêt un caractère d’évidence, de discrétion. Ce résultat est le fruit d’une analyse fine de la dynamique géologique et écologique du site, d’une compréhension d’un milieu vivant sur lequel il a fallu intervenir avec technicité et respect. C’est d’un travail invisible que les paysagistes concepteurs ont tiré la qualité même de leur aménagement


© Annick BIENFAIT

Aménagements paysagers // Espaces publics

Concepteur CAMPO Atelier de paysage

© Annick BIENFAIT

Maître d’ouvrage Commune de Saint-Michel-Chef-Chef Année de réalisation 2015 Surface 400 mètres linéaires Coûts 1 500 000 € pour la 1ère tranche Prix départemental Aperçus 2017 | 65


Trophées Aperçus 2017 Une création d’Hélène MORBU

H

élène MORBU, céramiste, est l’une des lauréates 2016 du prix Jeune Création Métiers d’Art, organisé par Ateliers d’Art de France. En 2008, elle crée son atelier à Nantes et s’intéresse dans un premier temps à la pertinence de l’objet d’usage. Hélène développe une collection de céramique fabriquée en petites séries qui s’inscrivent dans une démarche contemporaine basée sur des formes géométriques élémentaires. Attentive à la justesse des proportions et aux détails, elle pense chaque modèle par le biais du dessin puis elle les réalise au tour ou au coulage.

Collection Fisher - Tasses porcelaine

Aujourd’hui, elle explore de nouvelles voies en créant des pièces uniques qui relèvent d’un tout autre processus, plus expérimental et empirique. Jonglant avec les contraintes techniques et les qualités plastiques de la terre, elle élabore un nouveau vocabulaire oscillant entre délicatesse des textures et rigueur des lignes.

Collection Nexus

Hélène Morbu presse ou incise la terre crue avec précision pour y dessiner une maille ou former une résille qui gonfle ou se resserre suivant la forme. Le résultat : des vases aux surfaces texturées complexes, un vrai travail d’orfèvre.

PRIX :

Collection Demi-lune

2009 : Prix de la relève 2009 2016 : Prix de la Jeune Création Métiers d’Arts 2016 : Prix du public / Céramique 14

FORMATION : 2002-2005 DNAP option Design, École Supérieure d’Art et de Design, Reims 2005-2007 BTS Arts de la Céramique, ENSAAMA, Olivier de Serres Paris 15e 2006-2007 Stage et formation au tour chez la céramiste Maryline Vince

EXPOSITIONS :

Collection Akan

Ceramics of Europe, 13th Westerwaldprize, Keramikmuseum, HöhrGrenzhausen – Germany, 2014 « My Space, My World », Cassina, Tokyo, 2014 Les journées de la céramique, St-Sulpice, Paris, 2015 « Votre âme est un paysage choisi », galerie La Réserve, Reims, 2016 « The enchanted for forest », HD gallery, Bruxelles, 2016 Céramique 14, Paris, 2016, Prix du public « Géométrie variable », Le couvent de Treigny, France, 2017 Parcours céramique Carougeois, Suisse, 2017 Plus d’informations sur le site de l’artiste : www.morbu.fr

66 | Prix départemental Aperçus 2017

Collection Calice


Trophée Aperçus 2017 Pièces en grès teinté dans la masse et émaillées. Chaque trophée possède une surface texturée en référence aux rythmes des façades d’immeubles et des architectures de briques. L’ensemble crée alors une sorte de ville qui fait écho au paysage urbain.

Prix départemental Aperçus 2017 | 67



Conception et réalisation : CAUE de Loire-Atlantique Directrice de publication : Delphine Lainé-Delaunay directrice du CAUE 44 Textes (sauf mention contraire) : Christophe BOUCHER, Emmanuelle BOMMÉ, Delphine LAINÉ-DELAUNAY, Mathilde LOQUESOL, Marie-Ève TURPEAU Conception graphique : Nicolas BAUD Photographie couverture : Stéphane CHALMEAU Imprimeur : Val PG Saint Aignan de Grand Lieu Imprimé sur Sappi Magno Matt 135g ISBN : 978-2-9540-4198-8



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