Lettre d’information du CAUE44 N°6. Urbanité(s)

Page 1

urbanité(s) Dossier :

Place de l’Hôtel de Ville à Châteaubriant

Le passage du Plan d’Occupation des Sols (POS) au Plan Local d’Urbanisme (PLU) procède d’une révolution culturelle. Il ne s’agit plus désormais « d’occuper des sols », surfaces inertes et sans histoire(s), à tous les autres sols semblables, mais plutôt de créer les conditions particulières de l’appropriation individuelle et collective de territoires singuliers.

Le CAUE, outil départemental au service de la solidarité entre les territoires, se devait, à l’heure où s’accélère le phénomène d’extension urbaine, d’accompagner la réflexion des élus locaux en posant un regard attentif sur ce phénomène. Je forme ainsi le vœu que 2005 soit l’occasion de croiser les multiples compétences que recèle notre territoire départemental pour faire éclore des bouquets d’initiatives locales. Claude NAUD

Conseiller général Président du CAUE

Édito ................................. p. 1 Dossier : Urbanité(s)

Projet urbain : Bouvron, un projet durable ....... p. 2 Art urbain Du rural à l’urbain .................. p. 4 L’esprit du lieu ...................... p. 4 Pour un nouvel art urbain ......... p. 5 Un vocabulaire de l’espace urbain . p. 6 L’urbanité n’est pas lisible en plan ............................... p. 7 Continuités urbaines À Batz-sur-Mer, définition d’une règle urbaine ............................... p. 8 Les références au contexte ....... p. 9

Point de vue :

Construire des territoires harmonieux en tressant leur diversité .........p. 10

Prix d’Architecture et d’Aménagement de LoireAtlantique 2004 ................ p.11 Actualité du CAUE / Expositions Centre de documentation ... p.12

Sommaire

Il en résulte que chaque document d’urbanisme constitue une occasion inédite d’investir un territoire unique, de l’apprivoiser. Le projet urbain qui en découle est une aventure originale qui doit favoriser la mise en scène de la vie quotidienne. Dès lors, l’espace communal n’est plus à découper en « zones » cloisonnées mais à dessiner, à la manière du Petit Prince de Saint-Exupéry, en milliers d’espaces intimes à relier. Ainsi le « lotissement », terme barbare issu d’une vision mécaniste de l’aménagement, devient un « quartier », relié aux autres composantes du territoire, où habiter est un art : l’art de vivre ensemble.

1

6

° n

L’évolution démographique spectaculaire de la Loire-Atlantique interroge les politiques de l’aménagement du territoire départemental, et appelle des réponses sociales et spatiales inspirées par une approche compréhensive des « lieux à vivre ensemble ».

décembre 2004

édito

Photographie Stéphane Chalmeau

La lettre d’information du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Loire- Atlantique


urbanité(s)

urbanité(s)

DOSSIER :

Le respect d’autrui et de soimême qui s’appelle d’ailleurs, à juste titre, l’urbanité. Jean Giraudoux

Le terme médiéval « urbanité », et l’adjectif « urbain », désignent à l’origine les qualités de l’habitant de la ville, et par conséquent son affabilité, son aménité, son respect supposé des règles de vie en société. L’urbain s’oppose alors au rural, comme le poli, le cultivé ou le civilisé contredisent le grossier, le malappris ou le rustique. Le sens d’« urbanité » s’est ensuite étendu à ce qui tenait de la ville, à ce qui faisait la ville, à ce que montrait la ville. Et les différences entre l’urbain et le rural se sont progressivement estompées. Depuis peu, le terme presque désuet d’ « urbanité » est réapparu en force dans les ouvrages, les revues, les bulletins municipaux traitant d’urbanisme et d’architecture. L’urbanité de l’urbanisme, aujourd’hui, serait sa capacité à s’élever au-dessus des seules contingences fonctionnelles, celles par exemple de la gestion des transports ou des collectes diverses, pour proposer pour le cadre de vie, en réponse à de véritables projets politiques, culturels, esthétiques et sociaux, l’aménité d’une nouvelle culture de l’espace. De la même manière, l’urbanité de l’architecture qualifierait sa faculté de dialogue avec le contexte, sa contribution à la définition de l’espace public, son aptitude à concrétiser une dimension culturelle partagée. Si l’urbanité qualifie chez l’humain le respect d’autrui et de soi-même, elle peut donc pour l’architecture et l’urbanisme concerner leur capacité à exprimer, dans les paysages des villes et des bourgs, les dimensions altruistes et cultivées d’un nouvel humanisme « urbain ».

2

urbain Proje t

Bouvron, un projet durable Le rythme de l’urbanisation s’accélère en Loire-Atlantique, et nécessite de plus en plus de réflexions et de réponses adaptées au développement spatial et social des communes. Comment les élus, notamment en milieu rural, appréhendent-ils l’évolution de leur territoire à partir d’un projet urbain partagé, où l’accueil de nouveaux arrivants doit se conjuguer au mieux avec une consommation raisonnée des espaces naturels ? Marcel Verger, conseiller général, maire de Bouvron, répond aux questions du CAUE. Quel regard portez-vous sur l’aménagement et le développement de votre territoire communal ? Marcel Verger : En premier lieu, je voudrais dire que le point de départ de la réflexion sur l’évolution du territoire de Bouvron s’est fondé avant tout sur les spécificités identitaires rurales de notre commune. La position excentrée du bourg, par rapport au territoire communal, nous a amené à envisager un « rééquilibrage » prenant en compte l’ensemble du potentiel offert par les villages, à partir d’une accroche environnementale historique, celle du « parcours de l’eau ». C’est en quelque sorte un projet d’urbanisme durable qui a prévalu, et qui s’inscrit dans un cadre juridique d’aménagement de territoire quelque peu contradictoire, puisque nous sommes dans un périmètre de SCOT sans faire partie de celui-ci.

En quoi le projet urbain de la commune de Bouvron vous paraîtil un projet politique, social et culturel ? M.V. : Sur cette question très transversale, nous avons d’abord voulu mettre en place une démarche avant de concrétiser des objectifs principalement basés sur la dimension du développement durable. Le Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) de notre Plan Local d’Urbanisme (PLU) impulsé par l’équipe municipale, épaulé par l’architecte-urbaniste Patrick Kermarrec, concerté avec les groupes de travail, en a été l’outil principal, et la prise en compte des enjeux liés aux activités agricoles, le point de départ. En effet, la mutation des terres exploitées en zones potentiellement urbanisables a impliqué un regard éclairé et attentif sur

l’évolution de l’identité de notre commune, à caractère rural je le répète, notamment vis-à-vis de l’apport d’une nouvelle population empreinte d’exigences plus « urbaines » que jusqu’alors. Cette greffe communautaire et identitaire est bien, à mon sens, l’enjeu premier du développement harmonieux de la commune de Bouvron. Comment s’est concrétisé ce projet ? M.V. : Ce projet s’est tout d’abord affirmé autour d’une idée-force, qui était de donner un sens collectif au désir de venir habiter et surtout « vivre » sur Bouvron. Le respect des lieux nouveaux à investir s’est donc retranscrit dans notre PADD à partir de cinq axes, déclinés sous une formule, qui n’a rien d’algébrique, dite C2 P3.


Le premier « C » qualifie la Consolidation démographique, afin de maîtriser l’accroissement de notre population dans une proportion réaliste et adaptée au potentiel d’accueil de notre territoire rural. Le second « C » évoque la Cohésion sociale, recherchée à travers la mixité de la population et les liens historiques mis en place avec le tissu associatif local. En effet, l’investissement humain dans la vie locale doit être pérennisé visà-vis des nouvelles populations, qui auront aussi la responsabilité de « faire vivre » notre territoire communal.

POINTS DE DÉVELOPPEMENT POSSIBLE DU TERRITOIRE DE BOUVRON

ROUTES-LIENS

Le premier « P » met en avant le respect de la Plurifonctionnalité de notre tissu économique local et l’épanouissement nécessairement équilibré de leurs différentes composantes (agriculture, artisanat, commerces et services, industrie...). Le second « P » participe de la Préservation de l’environnement, notamment au niveau du parcours de l’eau évoqué précédemment, et de toutes les autres richesses environnementales qui ponctuent et façonnent le paysage communal. Enfin, le dernier « P » qualifie le Patrimoine naturel et bâti, pour lequel l’équipe municipale s’est beaucoup investie, en particulier dans le cadre d’un recensement exhaustif des édifices remarquables ou ordinaires, qui font aujourd’hui encore l’identité de la commune. Gageons que cette formule nous permettra de bien anticiper l’avenir, et de proposer de nouveaux quartiers de vie accueillants, organisés et conviviaux, à l’image de notre identité rurale, en quelque sorte.

BOURG

RIVIÈRE AUX CASTORS

ANNEAU DE L’EAU

Point d’articulation du schéma spatial

3

Propos recueillis par Vincent DEGROTTE ( Illustrations et photos, agence P. Kermarrec )

Construction de nouveaux quartiers autour des trames paysagères existantes et des usages ruraux.


urbanité(s) DOSSIER :

urbain Ar t

La Chapelle-sur-Erdre - photographie CAUE de Loire-Atlantique

Du rural à l’urbain...

La mise en place de la gestion différenciée utilise l’esthétique du « sauvage » pour qualifier de nouveaux «jardins» urbains.

4

Les paysages ont subi plus de transformations pendant les quarante dernières années qu’au cours de tous les siècles précédents. Le développement économique, accompagné par une mobilité individuelle très élevée, des moyens techniques de plus en plus performants, entraîne un bouleversement de certains territoires. Ainsi le développement des grandes infrastructures, l’extension de l’urbanisation, la rationalisation de l’agriculture ont provoqué des transformations importantes. Dans la même période, la société a également évolué. La population, encore largement rurale il y a cinquante ans, est devenue majoritairement citadine. Elle a des activités urbaines, adopte des modes de vie urbains, se déplace, et sa mobilité lui fait découvrir d’autres horizons, d’autres modèles. En ce début de XXIe siècle, plus de 7 Européens sur 10 sont des citadins. En France, 80 % de la population vit désormais dans les aires urbaines.

L’urbanisation de la société continue à se développer aux dépens de l’espace rural, et prend, notamment en Loire-Atlantique, de plus en plus la forme d’une extension périurbaine aux limites de la ville et de la campagne. La ruralité paysanne n’existe plus. Nous ne sommes plus que des urbains vivant à la campagne. Nos rapports à la nature ont donc considérablement changé, nos repères ne sont plus les mêmes. La culture « paysagiste », basée sur le jardin, le paysage pittoresque, la nature et l’urbanité, est devenue le fondement de nos valeurs, de nos aspirations. Celles-ci s’expriment au travers de ce qui est communément appelé la qualité du cadre de vie, et commandent d’agir sur les formes et les fonctions de l’espace public pour mieux vivre la ville. Le sens premier du mot urbanité, qui l’opposait à la grossièreté des mœurs rustiques de la campagne, a évolué pour désigner l’art de faire société ensemble. Le terme ne se restreint plus à l’art des bonnes

manières, mais s’étend aujourd’hui à toutes les pratiques sociales qui réunissent les hommes dans l’espace public ou privé : les parents, les amis, les voisins, les fêtes de quartier ou les marchés. Non que l’ancienne ruralité agricole n’ait pas connu de fêtes votives et religieuses, ou celles des battages, des vendanges, des foires, mais leur disparition laisse la place libre à une réinvention de la convivialité sur le mode urbain. L’urbanité ne se manifeste pas n’importe où. Certains espaces sont des lieux propices à l’établissement du lien social. Celui-ci n’a pas en fait de localisation régulière. Il est infidèle ou imprévisible, se loge sur les bancs des joueurs de cartes ou de boules, mais déserte parfois les spectaculaires parcs publics ou les brillantes réalisations architecturales et urbanistiques. Denis PORTIER, paysagiste

L’esprit du lieu La trame urbaine est constituée d’un réseau « invisible ». C’est dans les alignements ou les reculs, les perspectives ou les ruptures, les moments forts ou les espaces « ordinaires » que se crée la mise en scène d’un bourg. Au quotidien, on oublie souvent cette subtile hiérarchie du paysage urbain, qui doit être mise en évidence. Définir un plan d’embellissement, c’est rechercher les particularités

des lieux et leur apporter un traitement aussi simple que minutieux. C’est aussi inventer un véritable contrepoint aux masses des édifices, redonner un sens à l’espace public, affirmer une ambiance spécifique, c’est-à-dire concevoir une harmonie paysagère. Tout centre bourg est porteur d’une mémoire, d’une tradition, d’une poésie et d’une symbolique sur lesquelles il faut s’appuyer. L’ambi-

tion d’un principe d’aménagement et d’embellissement doit être de valoriser le patrimoine, de préserver et d’affirmer l’identité d’un bourg et de satisfaire néanmoins aux besoins nouveaux. Bien aménagées, les places publiques constituent des lieux privilégiés de convivialité et de récréation, des pôles économiques par le développement et la tenue de marchés et d’événements socioculturels.


Elles ont donc une valeur inestimable pour la qualité de vie dans les quartiers. Dans certains cas, ce sont aussi des lieux touristiques. Les places publiques, libérées du stationnement et du trafic automobile, sont rendues à la population et surtout aux enfants. Au-delà de sa fonction pratique, par sa forme et son usage, un espace possède un contenu composite, exprimable en termes symboliques. Tout aménagement urbain signifie quelque chose. Tous les lieux, du fait qu´ils sont signifiants, sont donc porteurs d´autre chose que d´eux-mêmes en tant qu´espaces matériels et fonctionnels. On pourrait dire qu´en principe ils ont tous une dimension symbolique. Il faut ajouter tout de suite qu´il y a des lieux plus symboliques que

d´autres. Par exemple les églises et leurs places sont encore des lieux symboliques forts, à l´échelle des villages ou des quartiers. Un symbole étant une réalité matérielle (un bâtiment, une statue, une place, etc.) qui communique quelque chose d´immatériel (une idée, une valeur, un sentiment...), un lieu peut être considéré comme « symbolique « dans la mesure où il signifie quelque chose pour un ensemble d´individus. Ce faisant, il contribue à donner son identité à ce groupe. Les promoteurs immobiliers, qui vendent un rêve autant qu´un objet fonctionnel, le savent parfaitement. Le « rêve « en question n´est pas qu´une illusion vendue par les marchands, mais le sens donné et reçu de l´espace. La dimension

symbolique est une nécessité vitale et incontournable, car elle permet de créer des liens et de donner du sens à l´environnement, de le rendre intelligible et appropriable. Ce rêve ne se retrouve pas toujours dans la réalité matérielle des extensions urbaines. Les exigences de la prise en compte de l’esprit du lieu et de la dimension symbolique dans l’aménagement, sont celles de « mise en paysage », de « mise en patrimoine », d’appropriation de l’espace, de « naturalisation » et de « mise en espace public ». Denis PORTIER, paysagiste

Pour un nouvel art urbain

Dessinés selon des schémas classiques empruntés à l’art des jardins de Le Nôtre, les plans d’embellissement du XVIIIe siècle généralisent, à l’échelle de la ville, les effets rayonnants des ronds-points et perspectives de Versailles. Reprenant le thème du salon ou du cabinet de verdure, les cours, mails et allées plantées structurent l’aménagement urbain. Le caractère clos de cette figure convenant particulièrement bien à la mise en scène des nouveaux bâtiments publics, mis en valeur au sein du quartier auquel ils appartiennent. Au XIXe siècle, au nom de l’hygiène, de l’esthétique et de la sécurité militaire, la ville est restructurée par l’organisation haussmannienne, avec des places, des grands boulevards et des parcs. Au XXe siècle, les principes issus de la charte d’Athènes la disloquent, en spécialisant ses parties, dont les «espaces verts », symbole discutable de la nature dans la ville, restaient un accessoire urbain très vite jugé consternant. En ce début de XXIe siècle, dans un contexte de cloisonnement des maîtrises d’œuvre urbaines, de montée de la demande sociale de nature, de fragmentation des décisions politiques et techniques, les projets urbains se retrouvent souvent limités à des politiques d’image et à des effets de décor. En réaction, se développe une demande de paysage, que l’on peut interpréter comme un besoin paradoxal de « mise en urbanité » de la ville. Cette revendication se manifeste, d’une part, au travers de la mise en place de politiques d’anticipation du devenir urbain, avec des outils réglementaires (PADD, PLU…), et d’autre part avec l’émergence de nouvelles exigences de composition urbaine. L’ambition clairement affichée est d’agir sur les formes et les fonctions de l’espace public pour

mieux vivre la ville. Elle se traduit par la création de parcs, squares, rues, abords d’immeubles, places, passages, mais aussi et surtout en établissant les liens entre eux, à différentes échelles, de l’allée au mail, ou du bassin au ruisseau, de la rivière en passant par le canal ou le fleuve, tout en créant des ambiances singulières et diverses, inspirées par un art des jardins contemporain autant que par un souci de la qualité des eaux, de l’air et de la vie sauvage. Parfois sous la pression d’associations de défense de l’environnement, lors de la création de nouveaux quartiers ou de leur requalification, sous la forme de plans verts, de ceintures vertes, de réseaux verts, de plan de paysage communal, ou des réseaux piétonniers et cyclistes, des politiques urbaines étendent l’espace public du loisir dans la ville et sur ses périphéries. Vaste programme, qui n’exprime pas seulement une conception hédoniste de la vie sociale devenue urbaine, mais également un projet d’art urbain, peu sensible dans l’urbanisme moderne, encore empreint d’un trop grand fonctionnalisme. La culture « paysagiste », au-delà de la création de simples décors de l’espace public, procure une nouvelle opportunité, celle de participer à la refondation d’un art urbain dont la pertinence fasse qu’un lieu aménagé soit reconnu ou non comme un lieu qualifié.

5

1743, jardin en Lombardie

1816, cottage anglais

Retrouver la cohérence spatiale égarée, relier l’intelligible et le sensible, le fonctionnel et le poétique, bref renouer des relations entre habitants où l’ouverture de l’espace public s’oppose à l’enfermement de l’espace privé. Plus qu’une demande de nature ou d’esthétique, la demande de paysage, liée à l’imaginaire du jardin, sous-tend un idéal social d’urbanité. Denis PORTIER, paysagiste

2004, aménagement à Nantes

photographie Stéphane CHALMEAU

Après les tracés orthogonaux et militaires de l’Urbs hygiéniste de la cité Romaine, puis la construction organique de la ville close médiévale, il faut attendre le XVIIe siècle pour qu’apparaissent un concept et un processus de fabrication de la ville.


urbanité(s) DOSSIER :

Un vocabulaire de l’espace urbain Dans l’espace urbain du bourg ou de la ville, une grande part de l’espace public est issue de la voirie, constituée d’éléments de propriété publique, affectés à l’usage de tous pour le déplacement et la desserte de l’espace privé (la chaussée, le trottoir…), mais aussi de tous les éléments visibles depuis cet espace, qu’ils soient publics ou privés. Ainsi, c’est l’ensemble des façades riveraines, construites ou non, qui constitue le décor de la rue, à l’interface entre les espaces privés et l’espace public. Leur densité, leur gabarit, leur alignement, leur unité, déterminent cet espace qu’elles génèrent ou qu’elles accompagnent. Dans l’agglomération, la route devient rue et se décline, pour un même usage, selon une variété de toponymes. Chacun mettra derrière les mots qui suivent une variété d’images évocatrices, qui qualifient tout autant le statut de la voie, son usage, son profil, que la nature et la qualité des constructions qui la bordent, l’agrément de son ambiance générale, l’image qu’elle renvoie de l’espace public, celui offert à tous, d’une société.

6

Venelle à Batz-sur-Mer

Mail à Ancenis

Composition urbaine à Châteaubriant

La route sillonne la topographie, cherchant à relier au mieux les lieux habités. Lorsqu’elle aborde le village, quand l’habitat se resserre, elle devient rue. Epousant le relief, elle serpente dans le village, s’élargissant pour former la place au point dominant. À la Renaissance, certaines rues centrales étaient tracées dans la pente, de façon à simuler la rencontre en leur sommet entre la terre et le ciel. La grande rue reste aujourd’hui la rue principale, bordée de commerces au centre du bourg. Elle était parfois rue à portiques ou rues à arcades, dans les villes plus méridionales. Au Moyen-Âge, la rue-marché était suffisamment large pour recevoir le marché en son centre. La rue croise les rues secondaires, plus étroites, qui desservent les quartiers d’habitat ancien. Certaines suivent encore la trace des anciens chemins ruraux, tandis qu’apparaissent les rues nouvelles, tracées de toutes pièces pour former les nouveaux îlots d’habitat. À l’intérieur de cette armature principale et secondaire, un autre réseau, plus informel, s’est tissé avec la densification de la ville. À la faveur des délaissés et des besoins, il emprunte les anciens chemins, les vides séparatifs, les coupe-feux, les ruelles latrinales. De propriété parfois indéfinissable, chemins, ruelles, venelles, boyaux, passages, impasses et voies sans issue irriguent les entrailles de la ville, riches de sinuosités, de raccourcis ou de détours, ni tout à fait publics ni tout à fait privés, à l’écart du bruit et de la circulation, appropriés et valorisés ou non par leurs habitants.

tracés, ordonnés dans un souci de composition générale du tissu urbain, de fabrication d’espaces publics différenciés. C’est alors la voie nouvelle, dont le tracé précède le bâti, qui dicte la position et le gabarit des constructions appelées à la border. Au coin, il y a parfois l’angle de rue et son traitement particulier. Destiné en premier lieu à la commodité de la circulation, il s’érige en véritable scénographie urbaine, confère une forme d’élégance à la rencontre de deux espaces publics et valorise l’immeuble concerné. L’avenue, souvent tracée dans un plan en étoile, est une artère de la ville ou du quartier. Elle organise une perspective sur l’édifice important, bâtiment ou monument, auquel elle aboutit. Elle s’érige parfois en voie triomphale ou en perspective, elle est avenue promenade lorsqu’elle est bordée de jardins publics. Petite anomalie au coin de l’avenue : elle nomme à Nantes de nombreuses ruelles et impasses de très faible largeur et de statut privé, qui desservent des terrains lotis au tournant du XXe siècle.

lieux de promenade et de manifestations. Comme à Nantes, des passerelles peuvent relier les façades restaurées et les quais industriels en reconversion, image valorisante de la ville contemporaine qui se reconstruit sur elle-même à la faveur de ses héritages patrimoniaux.

Depuis plusieurs siècles, l’extension de la ville génère de nouveaux

Au XVIIIe siècle, cette préoccupation de composition se poursuit avec les plans d’embellissement, qui dictent les façades imposées pour les espaces publics importants à l’intérieur de la ville : rues majeures, places, quais. Les quais, aménagés en promenade, offrent sur les cours d’eau des ensembles de façades parfois ordonnancées, reliées par des ponts, aux extrémités desquels les bâtiments se dessinent en têtes de pont. Dénaturés plus tard par des voies sur berge, des voies rapides et des parcs de stationnement, ils font l’objet de nouvelles appropriations publiques. Ils deviennent

Au milieu du XIXe siècle, les percées ont tranché dans le tissu existant des villes et des bourgs de larges voies nouvelles de circulation. Les bâtiments ont pris de la hauteur, en rapport avec le gabarit de la nouvelle rue « moderne », plus large, et affiché de nouvelles façades imposantes. Ces voies constituent aujourd’hui le réseau majeur de nombre d’agglomérations : rues commerçantes, animées, objets de nouvelles opérations de requalification. Dans cette générosité des espaces publics et de leur scénographie, il en est aussi qui ne sont pas nés de la nécessité de la circulation, mais qui ont été réservés à la promenade et à la flânerie, agrémentés de mobilier adapté, de sols confortables au piéton, de façades soignées, interrompues de parcs ou de jardins. Dans le cœur des villes anciennes, des passages, publics ou privés, traversent des îlots, desservent des parcelles enclavées. Certains sont de véritables « pièces » architecturales qui creusent dans le tissu urbain une galerie bordée de commerces et de logements. On les nomme aussi rues couvertes ou rues intérieures. En quittant ses fortifications, la ville s’était souciée d’offrir une image valorisante et ouverte, les remplaçant par un front de façades à l’architecture imposée formant


décor, sur le nouveau cours ou boulevard. Une large allée plantée, concentrique, le boulevard de ceinture, transforme alors les limites de la ville ancienne en promenade, en ceinture verte. Le mail, aujourd’hui promenade publique bordée d’arbres, était à l’origine un terrain allongé où se pratiquait le jeu de palemail (à l’aide du mail ou maillet). Le boulevard évoluera en voie urbaine, voie d’évitement du centre-ville, qui offre toujours le spectacle de ses riches et hautes façades alignées, et le confort au piéton empruntant ses larges trottoirs séparés de la chaussée par un alignement d’arbres, voire par une contre-allée de desserte. Il relie, par d’importants carrefours identifiables, parfois ponctués de portes urbaines ou de places, les principales entrées de la ville. Ce boulevard est devenu boulevard intérieur, marquant la limite des extensions plus récentes. Ponc-

tuée dès l’origine d’équipements publics, sa configuration a permis d’y intégrer des commerces de tous types, et d’en faire aujourd’hui une artère principale de quartier. Le boulevard périphérique, né dans la deuxième moitié du XXe siècle, est une autoroute, vouée à l’automobile. Il exclut, par talus et murs antibruit, la ville, ses façades et la vie à l’échelle du piéton, séparant le centre de sa périphérie. Dans le même esprit et à la même époque, les pénétrantes ont dégagé dans le tissu urbain de larges voies routières ayant pour unique objet de relier rapidement la périphérie au centre. Dans tous les cas, la volonté publique affirmée de fabriquer et d’embellir l’espace public, au-delà d’une simple exigence fonctionnelle de voirie, en intervenant sur toutes ses façades horizontales et verticales, ainsi que sur ses liaisons, nous a légué des pièces

urbaines qui ont traversé les époques, s’adaptant aux évolutions d’usage, et qui contribuent fortement à la perception d’une ville ou d’un bourg, quelle que soit son échelle, à la qualité d’ambiance et d’usage de ses espaces publics. Il est intéressant de le garder à l’esprit, à une époque où l’urbanisation engendre, par extension ou par densification, d’importants quartiers d’habitats, et donc autant de nouveaux espaces publics. Monique LE CORRE, architecte Ouvrage de référence : Espace urbain, vocabulaire et morphologie. Paris : Monum, éd. du patrimoine, 2003.

L’urbanité n’est pas lisible en plan… La forme originelle des centres de bourgs ou de villes est née de la logique qui a présidé à leur création sur un site particulier : l’implantation de maisons autour d’un espace de marché ou de communs agricoles, plus souvent leur construction au long de voies menant à une chapelle, à une place forte, à un pont, à un port… Les déplacements à pied ou en carriole avaient auparavant créé des parcours plus ou moins réguliers, qui tenaient du compromis entre la distance la plus courte et les contraintes dues au relief ou au franchissement des eaux. Ces chemins reliaient un point fort à un autre. Des rues les ont remplacés, conservant souvent les anciens tracés, les anciennes perspectives. La silhouette du clocher dans l’axe des voies centrales, un porche d’église dans la perspective d’une étroite ruelle, les commerces au long de l’ancienne « grande rue », le portail d’un logis noble au bout d’une avenue bordée d’arbres, l’ancienne halle ouverte sur une place, sont des exemples de ces permanences. Devenus centres bourgs, ces « noyaux » initiaux auront donc conservé au cours des siècles certaines caractéristiques issues de leur logique première, malgré la reconstruction des maisons, l’alignement de certaines voies, le redressement des places, le prolongement des rues principales. Ces formes urbaines « organiques », liées à l’usage et aux symboles, ont été plus tard réinterprétées à des fins esthétiques, dans les compositions urbaines régulières des XVIII et XIXes siècles, lorsque des « plans d’embellissement » axèrent les perspectives sur les frontons des équipements publics, des théâtres, des mairies. Au XIXe siècle, des peintres, des architectes, des urbanistes remettront à la mode les centres anciens et leur caractère « pittoresque », pour prôner des compositions urbaines irrégulières, imitées des formes historiques, visant à structurer les centres-villes autour de monuments « repères ». La qualité de beaucoup de centres-

villes et de centres bourgs est donc souvent due à ces caractéristiques formelles, à ces compositions où une rue « donne » sur quelque chose, où une perspective « s’ouvre » sur quelque chose, où un bâtiment « regarde » » quelque chose. Cet aspect de l’urbanité est dû à une évolution des agglomérations qui s’est faite dans la réalité de leur espace perceptible, en volumes, et pas seulement dans leur organisation en plan. Quiconque dessine aujourd’hui le tracé d’une nouvelle rue dans les seules dimensions du plan, sans tenir compte des réalités physiques, esthétiques, symboliques d’un lieu, se condamne à un « a peu près » de son projet, à une banalisation de l’espace, à une perte de sens. Quiconque dessine le plan d’un « lotissement » comme il ferait celui d’un véritable quartier de bourg ou de ville, en tenant bien sûr compte des continuités de voiries et

de cheminements, mais aussi et surtout en prenant appui sur le relief, sur les ouvertures vers le paysage, sur les vues vers un édifice ou un arbre remarquables, sur l’accroche aux constructions existantes, celuilà fait le pari de l’identité et de la qualité de l’espace qu’il est en train de concevoir. Dans un centre bourg, la « rue de la Mairie », la « rue du Château » ou la « place de l’Église » ont en général une dimension urbaine. Dans un nouveau quartier, la « rue du Moulin », la « place du Gros Chêne » ou la « rue de la Vallée » pourraient aussi gagner en urbanité, à condition d’avoir été tracées en tenant compte de la silhouette du moulin à vent, de la présence du gros arbre ou de la vue vers la rivière. Christophe BOUCHER, architecte

À Batz-sur-Mer, une ruelle axée sur un porche d’église

7


urbanité(s) DOSSIER :

urbaines Continuit és

À Batz-sur-Mer, la construction en 2001 et 2002 de 39 maisons en accession à la propriété, en limite du bourg ancien, a suscité une réflexion préalable sur la forme urbaine. Ce projet privé représentait en effet un enjeu pour l’identité même de la commune : l’extension du tissu urbain existant et la définition de nouveaux espaces publics. Pour comprendre la nature du questionnement (qui concerne en fait toutes les opérations de ce type) et celle de la réponse urbaine et architecturale, le CAUE a demandé leur point de vue au maître d’ouvrage et au concepteur du Domaine de Kermabon.

À Batz-sur-Mer, définition d’une règle urbaine

8

Le bourg de Batz-sur-Mer. En grisé le tissu discontinu et, à gauche du centre, le Domaine de Kermabon

Le site de Kermabon à Batz-SurMer a été examiné dans toute sa problématique par la maîtrise d’ouvrage privée, le groupe Brémond. Celui-ci a été l’initiateur d’une conjugaison d’expériences et d’opinions. Le site de Kermabon, morceau de la ville de Batz mais aussi urbanité en devenir, a beaucoup interrogé quant à sa forme urbaine future. Il occupait un site d’exception entre l’océan et les marais salants, entre le bourg ancien et l’urbanisation future, entre un tissu dense et continu et un tissu lâche et discontinu. Les différents intervenants : l’architecte des Bâtiments de France, la municipalité d’alors, le propriétaire (le groupe Brémond) et la maîtrise d’œuvre (la SARL d’architecture Jean-Claude Besseau) ont chacun formulé un désir par rapport à la composition urbaine du site. L’architecte des Bâtiments de France avait envisagé le site sous l’angle de la continuité avec le bourg ancien, caractérisé par : - un tissu dense et continu constitué autour des axes historiques de développement de la commune, - un volume d’habitat de faible lar-

geur, orienté soit parallèlement soit orthogonalement à la rue et laissant entrevoir des traces d’un parcellaire en lanière, - un clocher datant du XVIIe siècle, repère visuel du centre bourg. La municipalité avait un réel désir de créer un quartier habité, pratiqué, et non un tissu composé de résidences de tourisme. La maîtrise d’ouvrage, soucieuse de composer un nouveau morceau de ville en lien avec son contexte, a sollicité l’attention de tous afin de se mettre d’accord sur la forme urbaine souhaitée. C’est cette pluralité de visions et ce temps de réflexion qui ont permis d’aboutir à un projet cohérent par rapport à son environnement. Le choix de la continuité de la forme urbaine du centre bourg s’est imposé à tous. Il a permis de donner une réelle épaisseur au centre bourg, sans pour autant le figer. La forme et ses règles ont été réinterprétées. Une réappropriation de la typologie du bâti du centre bourg a pu naître dans ce site, grâce à la définition préalable d’un même objectif pour tous les acteurs. Chacun à sa

manière y a participé, la commune modifiant par exemple son Plan d’Occupation des Sols. Le nouveau quartier est structuré par un parcellaire étroit, sur lequel s’implantent deux ensembles bâtis : la partie habitat côté rue, et les annexes couplant deux garages à l’arrière de la parcelle. Cette disposition, qui rend traversant le parcellaire, induit des pratiques diversifiées pour les circulations douces (à la fois côté rue et côté cœur d’îlot). Afin de maîtriser la forme, la règle et l’image globale du Domaine de Kermabon, un permis de construire groupé a été déposé par la maîtrise d’ouvrage. L’opération s’inscrit dans son contexte en termes de morphologie urbaine et de typologie du bâti, tout en conservant des traces de son ancienne forme (tels les murs de clôture en pierre). Texte groupe BRÉMOND


Les références au contexte

Bibliographie Ouvrages consultables au centre de documentation du CAUE de LoireAtlantique : BAUER Gérard, BAUDEZ Gildas, ROUX Jean-Michel. Banlieues de charme ou l’art des quartiers-jardins. Aix-en-Provence : Pandora éd., 1980. 221 p. BOISSIÈRE Jacques, THIBAULT Jean-Michel (dir. de publ.). Formes urbaines identitaires de la Charente-Maritime : approche historique et perspectives d’application aux projets d’urbanisme. La Rochelle : CAUE de Charente-Maritime, 2004. 52 p. BONINI Dominique. Les 6 temps du lotissement : charte pour la qualité des lotissements. Coulommiers : CAUE de Seine-et-Marne, 1995. 14 p. CAUE de l’Hérault. Des logements, partout et pour tous : guide de l’habitat social dans le département de l’Hérault. Montpellier : DDE de l’Hérault ; Conseil général de l’Hérault ; CAUE de l’Hérault, 2000. 48 p. CHARRE Alain. Art et urbanisme. Paris : PUF, 1996. 128 p. Que sais-je ? N° 2089. CHIAPPERO Michel. Le dessin d’urbanisme : de la carte au schéma-concept, construire les projets de villes et de territoires. Manuel à l’usage des urbanistes. Lyon : Certu, 2002. 131 p. Dossiers, 139. Aménagement et urbanisme.

Le plan des nouveaux îlots avec la nouvelle rue au centre. Les maisons sont implantées au long des voies, les garages en fond de parcelles.

Le site Le terrain objet du projet de lotissement était issu d’une ancienne terre maraîchère, fermée en grande partie par des murs de pierre. Il jouxte le centre ancien de la ville et se situe à proximité de la plage Saint Michel. La superficie des parcelles constituant la propriété est de 18 005 m2, en zone NAc. L’environnement immédiat est constitué au nord par de l’habitat ancien serré et des fonds de parcelle clos par des murs de pierre. À l’est, le terrain jouxte un lotissement formé d’un habitat groupé, du type « opération greffe ». Au sud et à l’ouest se développe un habitat pavillonnaire isolé, dépourvu de particularités. Le terrain a une pente douce dans le sens nord-sud. Il était dépourvu de végétation significative, seuls quelques petits sujets ornant partiellement la périphérie. L’accès se fait par des voies étroites, à l’exception d’une partie de la rue des Garennes. Le projet Le projet de 39 maisons est structuré par la création d’une voie principale traversante et de deux voies intérieures secondaires. Le principe d’organisation est basé sur la desserte des lots en fond de parcelles, par les voies secondaires donnant accès aux annexes. Ceci permet d’obtenir des façades principales sur rue sans garage, à l’exNouvel alignement rue de Garenne

ception de certains lots situés en angle. La façade des îlots correspond à un type d’habitat en ordre continu, proche de la structure du centre ancien et déjà présent dans le lotissement voisin. Des cheminements piétons, ménagés entre les parcelles, créent des liaisons inter-quartiers. Une place arborée est aménagée au croissement de la voie structurante et du chemin de Kermabon. Cet espace, bordé d’un mur de pierre haut et bas, vient en complément et en élément de liaison avec l’espace du lotissement voisin, situé à l’est du chemin de Kermabon. Les limites d’implantation, en périphérie de la propriété, sont en rapport avec l’environnement immédiat, certains retraits permettant de conserver partiellement la trace du mur de pierre existant. Celui-ci est prolongé en retour des voies, selon les parcelles. Les maisons et annexes, et leurs menuiseries bois, sont différenciées par l’assemblage des tonalités. Ainsi les variantes se font par l’emploi de 4 couleurs d’enduits et de 4 couleurs de menuiseries. Le choix de ne pas juxtaposer des couleurs identiques rappelle les nuances subtiles du centre ancien. Jean-Claude BESSEAU, architecte DPLG Murs de clôture chemin de Kermabon

FERRÉ LEMAIRE Isabelle. Habitat et forme urbaine : villages sous influence. Expressions, les cahiers du CAUE de Seine-et-Marne, 1995, n°3. 40 p. GAUTHIEZ Bernard. Espace urbain : vocabulaire et morphologie. Paris : Monum, éd. du patrimoine, 2003. 493 p. Groupe de travail observatoire départemental des paysages, CAUE du Rhône. Du territoire aux paysages : recommandations pour des démarches de projets. Guide à l’usage des maîtres d’ouvrage publics du département du Rhône. Lyon : CAUE du 9 Rhône, 2003. 75 p. HOWARD Ebenezer. Les cités-jardins de demain. Paris : Dunod, 1969. 125 p. Aspects de l’urbanisme. 1ère édition en 1898. La ville aux champs (actes du colloque du 7 mars 2000). Paris : Adef, 2001. 218 p. MASBOUNGI Ariella (dir.de publ.). Penser la ville par l’art contemporain. Paris : Ministère de l’équipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer, Direction générale de l’urbanisme, de l’habitat et de la construction ; éd. de la Villette, 2004. 111 p. Projet urbain. MASBOUNGI Ariella (dir.de publ.). Penser la ville par le paysage. Paris : Ministère de l’équipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer, Direction générale de l’urbanisme, de l’habitat et de la construction ; éd. de la Villette, 2002. 97 p. Projet urbain. Paysages en villes. Les annales de la recherche urbaine, décembre 1999. n°85. 231 p. ROTY Soizic, SOUQ Marianne, LE DANTEC JeanPierre. Concours d’idées : habitat et forme urbaine en commune rurale. Coulommiers : CAUE de Seineet-Marne, 1995. 64 p. ROUX Michel. Inventer un nouvel art d’habiter : le ré-enchantement de l’espace. Paris : L’Harmattan, 2002. 205 p. Ingenium. ROUX Michel. Géographie et complexité : les espaces de la nostalgie. Paris : L’Harmattan, 1999. 335 p. Ouverture philosophique. SANSOT Pierre. Poétique de la ville. Paris : Klincksieck, 1971. 423 p. SITTE Camillo, WIECZOREK Daniel (trad.), CHOAY Françoise (pref.). L’art de bâtir les villes : l’urbanisme selon ses fondements artistiques. Paris : Seuil, 1996. 188 p. Points. Essais, 324. 1ère édition en 1889. STEFULESCO Caroline. L’urbanisme végétal. Paris : IDF, 1993. 323 p.

Autres références ROSSI Aldo. L’architecture de la ville. Paris : l’Equerre, 1981. 295 p. Formes urbaines. UNWIN Raymond. L’étude pratique des plans de villes : introduction à l’art de dessiner les plans d’aménagement et d’extension. Paris : l’Equerre, 1981. 370 p. Formes urbaines. 1ère édition en 1909.


Vue POINT DE

C o ns tr ui re d e s t er r it oires h a r monieux e n t re s sant leur

diversité

Ces lignes sont extraites d’un texte écrit pour la lettre du CAUE de Loire-Atlantique par Michel Roux, sociologue, professeur des universités et auteur des deux ouvrages Géographie et complexité : les espaces de la nostalgie (L’Harmattan, 1999) et Inventer un nouvel art d’habiter - Le Réenchantement du territoire (L’Harmattan, 2002). Michel Roux aborde ici le thème de la diversité des territoires et celui du rôle de leurs responsables politiques et administratifs.

Il n’est pas aisé de construire des territoires harmonieux. Chacun en conviendra quelle que soit sa position : élu, responsable administratif ou dirigeant d’une entreprise, et ce à toutes les échelles. L’actualité, du reste, via les médias, ne se prive pas de nous rendre compte de ces insatisfactions récurrentes. Il me semble toutefois qu’elles ne relèvent pas d’une quelconque fatalité imputable à « l’Homme ». En effet, il me semble que nombre d’entre elles procèdent davantage de notre difficulté à penser la diversité.

10

En effet, fascinés que nous sommes par l’Universel, nous manifestons une certaine propension à considérer les différences comme des contraires et de ce fait, quand nous voulons agir au service du bien commun, nous avons tendance à justifier nos choix en essayant de « prouver » qu’ils répondent à « l’Intérêt général », défini à partir de diagnostics dont l’objectivité découlerait d’une observation impartiale et d’un paramétrage rigoureux. De ce fait, la moindre politique fondée sur un tel régime de vérité uniformisante, au lieu de rassembler, divise et exclut et, en réduisant la diversité, produit l’inverse de ce qu’elle cherche à réaliser : l’ordre bien souvent produit le désordre qu’il entend combattre. Est-il possible de faire autrement ? Oui, je le crois, à condition de se convaincre de deux choses liées : - La diversité résulte du « projet essentiel » de tout être vivant de se différencier et de préserver ses différences. - Dans ces conditions, au lieu de développer une « intelligence de la preuve », reposant sur la quête d’une vérité unique pour tous, mieux vaut s’appuyer sur une « intelligence de l’agencement », qui cherche à tresser les vérités des uns et des autres.

S’agissant de la première proposition, il ne me semble pas hasardeux d’affirmer, à l’aune de la philosophie et des sciences de la complexité, que la diversité procède de la volonté des êtres « d’habiter en poète leur clairière». Nous voulons tous construire des territoires qui nous apparaissent à la fois comme des « chez soi », des abris familiers et rassurants, mais que nous pouvons transformer, « ouvrir sur un lointain inconnu », et ce, sur un mode qui nous rende « unique ». C’est cette attitude que Pascal résumait très bien quand il écrivait que les hommes ne savent pas se tenir en repos sous leur toit, nonobstant la qualité de ce toit, et qu’ils courent conquérir ce qu’ils ne voudraient pas qu’on leur donne. Le philosophe Paul Ricœur, dans ses conférences sur la Traduction, nous dit que s’il existe plus de 6 000 langues sur terre, c’est parce que les langues nous servent autant à communiquer pour nous comprendre qu’à nous distinguer les uns des autres et maintenir une « hétérogénéité radicale ». Et, même au sein d’une même langue, chacun sait que nous avons de nombreuses manières d’interpréter les mêmes mots. Nous sommes tous comme des musiciens de jazz qui interprètent un même morceau en improvisant chacun à sa manière.

les solliciter en tant que tresseurs de sens, à charge pour eux d’aider leurs concitoyens à faire émerger leurs vérités, et à les aider à les agencer pour co-construire leur devenir commun, sans chercher à savoir qui détient « la » vérité, en procédant sur le mode d’une épissure de marin où tous les brins sont solidaires et différenciés. (…) Considéré ainsi, le dirigeant fonde son autorité, moins sur le pouvoir qu’il exerce, que sur le fait qu’il rétablit la confiance : chacun le respecte et a d’autant plus envie d’œuvrer qu’il se sait et se sent pris en compte par cette autorité. Car elle seule permet à tous d’exprimer ce qu’« ils » considèrent comme le meilleur d’eux-mêmes. Michel Roux Professeur des Universités et Conseil

En conclusion, notre « sentiment de nous-mêmes », notre identité, repose autant sur la recherche de « similitudes » rassurantes qui fondent notre appartenance et que sur celle de « singularités » qui fondent notre différence. (…)

inventer un

Ces considérations donnent aux responsables politiques et administratifs un autre rôle. Au lieu de leur faire porter les lourdes responsabilités de personnes omniscientes qui sauraient ce qu’est l’intérêt général, mieux vaut

nouvel

art

habiter

d’


photographie Stéphane CHALMEAU

Une des sculptures d’Alain DOUILLARD remises aux lauréats

PRIX D’ARCHITECTURE Conception : Jean-Claude PONDEVIE architecte, La Roche - sur -Yon Maîtrise d’ouvrage : commune d’ANCENIS

photographie Stéphane CHALMEAU

THÉÂTRE «QUARTIER LIBRE» ANCENIS

11

Publication CAUE regroupant 26 réalisations sélectionnées par le jury 2004

PRIX D’AMÉNAGEMENT

photographie Stéphane CHALMEAU

Conception : Jacques LE BRIS, architecte-paysagiste, Nantes ESTÈVE et BOUCHETON, architectes-urbanistes, Nantes Maîtrise d’ouvrage : commune du CROISIC

photographie Stéphane CHALMEAU

AMÉNAGEMENT DU MONT-LÉNIGO LE CROISIC

MAISON B. / MONTBERT

Conception : FORMA 6, architectes-urbanistes mandataires, Nantes, Benoît GARNIER, architecte-urbaniste associé, Nantes, PHYTOLAB, paysagistes, Nantes Maîtrise d’ouvrage : commune de CHÂTEAUBRIANT

Conception : Jérôme BERRANGER & Stéphanie VINCENT architectes, Nantes Maîtrise d’ouvrage : privée

photographie Stéphane CHALMEAU

MENTION en ARCHITECTURE

AMÉNAGEMENT DE LA PLACE DE L’HÔTEL DE VILLE / CHÂTEAUBRIANT

photographie Stéphane CHALMEAU

MENTION en AMÉNAGEMENT

MENTION en ARCHITECTURE

MENTION en ARCHITECTURE

MAISON DE RETRAITE «LA SAINTE FAMILLE» / SAINT-GILDAS-DES-BOIS

TERRE DE SEL / GUÉRANDE

Conception : BARRÉ - LAMBOT, architectes mandataires, Nantes Daniel SAINTAGNAN, architecte associé, Nantes Maîtrise d’ouvrage : TERRE DE SEL

Conception : ROULLEAU - PUAUD, architectes-urbanistes, Nantes Maîtrise d’ouvrage : privée


caue Actualités du

exposition

manifestation

manifestation

Petites machines à habiter

Rencontres d’architecture

Journée du Patrimoine de Pays

du 18 janvier au 25 février 2005 au CAUE

du 14 au 18 mars 2005

19 Juin 2005

Exposition réalisée par le CAUE de la Sarthe, après un concours d’idées sur l’habitat léger de loisirs. Projets d’architectes, de designers, de plasticiens et d’étudiants.

Semaine de découverte de l’architecture pour les écoles primaires, en liaison avec le CRDP, l’Inspection Académique et le Rectorat. Deux sites : le Théâtre d’Ancenis et Ville-Port à SaintNazaire.

Sur le thème « Fer, verre : utiles et décoratifs ». Les informations sur les actions des collectivités, des associations et des particuliers sont à communiquer au CAUE avant le 28 février 2005.

forum

exposition

Forum sur la couleur

Aperçus

le 5 mars 2005 à Rezé

mars et avril 2005 au CAUE

Ateliers, conférences, expositions et débats publics à l’Hôtel de Ville, avec la CAPEB, l’ARDEPA, l’Ecole d’Architecture, l’association Bâtir avec l’architecte et le CAUE.

Exposition du CAUE 44, présentant les 26 projets sélectionnés par le Prix départemental d’Architecture et d’Aménagement 2004. Exposition itinérante qui sera proposée aux collectivités locales du département.

manifestation Nantes – Saint-Nazaire : deux villes pour un estuaire d’avril à juin 2005

Agenda

12

La documentation

Journées de découverte proposée par le CAUE aux classes de lycées de la région, dans le cadre de l’opération Pass Classe du Conseil régional des Pays de la Loire.

manifestation Semaine de l’architecture du 7 au 11 mars 2005

En partenariat avec le CRDP, les CAUE et les architectes. Neuf réalisations sont proposées à la visite des collèges et lycées de Loire-Atlantique. Inscriptions des classes par les CDDP

Fiche de participation : au CAUE au 02.40.35.45.10 ou par mail à n.bizeul@caue44.com

exposition Une provocation constructive : architecture et développement durable au Vorarlberg du 1er au 26 Juin 2005 L’architecture contemporaine dans une région autrichienne. Dans les locaux de Nantes Métropole. Exposition itinérante de l’Institut Français d’Architecture, présentée en partenariat par la Maison Régionale de l’Architecture des Pays de la Loire, la DRAC, la DRE, le CNDB, Atlanbois, les architectes, l’École d’architecture de Nantes et l’Union Régionale des CAUE des Pays de la Loire.

les dernières acquisitions du centre de documentation architecture et habitat CARIOU Joël. Maisons d’architectes à Paris. (VI). Paris : Alternatives, 2003. 158 p.

Vorarlberg. Vorarlberger Architekturinstitut, Institut français d’architecture, 2003. 128 p. (Catalogue d’exposition)

CLARISSE Catherine. Cuisine, recettes d’architecture. Ed. de l’Imprimeur, 2004. 251 p. Coll. Tranches de villes.

paysage

DEOUX Suzanne et Pierre. Le guide de l’habitat sain. Medieco éd., 2004. 407 p.

CAUE du Val de Marne. Jardins en banlieue. Créaphis, 2003. 145 p.

JACQUIER Annick-Françoise. Pornic : maisons de famille en bord de mer. Ed. Coiffard, 2003. 201 p.

L’invention de l’estuaire : patrimoine, territoire, représentations. Actes des journées d’étude des 28 et 29 juin 2001. Aestuaria, 2002, n°3.

JOFFROY Pascale. La réhabilitation des bâtiments : conserver, améliorer, restructurer les logements et les équipements. Le Moniteur, 1999. 312 p.

L’invention de l’estuaire : l’estuaire des naturalistes. Actes des journées d’étude des 27 et 28 juin 2002. Aestuaria, 2003, n°4.

sensibilisation DESMOULINS Christine. Le Stade de France. Norma, 2001. Coll. Archibald. DESMOULINS Christine. Le Centre Pompidou. Norma, 2002. Coll. Archibald. Les mots de la maison : l’extérieur. Vol. 1. Archives d’architecture moderne, 1995. 123 p. Coll. AAM Juniors, Les mots de l’architecture. Les mots de la maison : l’intérieur. Vol. 2. Archives d’architecture moderne, 1995. 123 p. Coll. AAM Juniors, Les mots de l’architecture. MADEC Philippe. L’architecture. Paris : Autrement, SCEREN, 2004. 63 p. Coll. Autrement Junior, Arts.

KAPFINGER Otto. Une provocation constructive : architecture contemporaine au

Les dossiers d’Ethnopôle : pour une géoarchéologie des estuaires. Aestuaria, 2004, n°5.

forum

programme

conférence

Mémoires des quartiers

Programme d’actions 2005 de Nantes Renaissance

Les conférences du mercredi à l’École d’architecture

du 21 au 23 janvier 2005 Forum organisé par les Archives municipales de Nantes au Lieu Unique. Exposition, débats, ateliers méthodologiques, conférences. Entrée libre.

exposition Arbres remarquables en Loire-Atlantique

25 janvier, conférence « Patrimoine industriel, quelle reconversion ? » à Couëron – Février, cycle de découverte « SaintSébastien-sur-Loire » - 18 mars, circuit « Arc’Antique » – Avril, visite « Le cours Cambronne à Nantes » – Mai, circuit « La paroisse Saint-Nicolas à Nantes » - Juin, Voyage « Les arts de la couleur ».

janvier 2005 Communiquer l’architecture ? - 12 janvier : « Du bon usage des médias », par Christophe Camus, sociologue - 19 janvier : « Architecture en mouvement », par François Delarozière, scénographe. 18h30, Ecole d’Architecture de Nantes.

Renseignements Nantes Renaissance 02.40.48.23.87

Du 11 au 18 février 2005 à Rezé L’exposition itinérante du CAUE 44 sera présente au Salon Natura de Rezé.

caue Le conseil d’administration du

À l’issue de son assemblée générale du 27 mai 2004, le CAUE de Loire-Atlantique a renouvelé son conseil d’administration : Président : Claude NAUD, conseiller général du canton de Legé ; 1er vice-président : Bernard DENIAUD, conseiller général du canton d’Aigrefeuille-sur-Maine ; 2ème vice-présidente : Françoise VERCHÈRE, conseillère générale du canton de Rezé, maire de Bouguenais ; Secrétaire : Alain TOURNAIRE, architecte des Bâtiments de France ; Secrétaire-adjoint : Serge GIMARD, maire de La Bernerie - Trésorier : Jean-François COURET, directeur de l’ADIL ; Trésorier-adjoint : Xavier BARBERY, représentant la Chambre syndicale des Géomètres-Experts.

Muriel GUILLET, directrice départementale déléguée de l’Agriculture et de la Forêt ; Jean-Marie CARTEIRAC, directeur départemental délégué de l’Equipement ; Dominique MULLER, inspecteur d’Académie ; Hervé BRÉHIER, conseiller général du canton de Ligné, maire de Mouzeil ; Yves DANIEL, conseiller général du canton de Derval, maire de Mouais ; Jean-Claude DOUET, conseiller général du canton de Vallet, maire du Pallet ; Daniel PAILLUSSON, représentant la Fédération du Bâtiment de Loire-Atlantique ; Alain DIATKINE, représentant le Conseil régional de l’Ordre des Architectes ; Alain MÉLAT, représentant l’Association des Urbanistes du Grand Ouest ; Pierrick TIGEOT, représentant le Syndicat des Architectes de Loire-Atlantique ; Jacques DANIEL, président de l’Union Départementale de Protection de la Nature ; Colette DELAUNAY-MARTIN, présidente de Nantes Renaissance ; Christophe BOUCHER, architecte, représentant du personnel ; Jean ARDEOIS, représentant le Centre Départemental de l’Habitat ; Philippe BATAILLE, directeur de l’Ecole d’Architecture de Nantes ; Daniel BESNIER, représentant la CAPEB de Loire-Atlantique.

n°6 - décembre 2004 - Publication du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Loire-Atlantique 25 rue Paul Bellamy - 44000 NANTES - Tél. 02 40 35 45 10 - E-mail : contact@caue44.com Directeur de publication : Vincent DEGROTTE - Rédacteur en chef : Christophe BOUCHER Comité de rédaction : Nadine BIZEUL, Emmanuelle BOMMÉ, Delphine LAÎNÉ-DELAUNAY, Monique LE CORRE, Denis PORTIER Conception graphique : Nicolas BAUD Crédit photo : CAUE 44 (sauf mention contraire) Dépôt légal : Juin 2002 - Imprimerie : Val de Loire - N° ISSN : 1637-4452


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.