Lettre d’information du CAUE44 N°5. Le Patrimoine de Pays

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PAYS

LE

PAT R IMOINE

DE

La lettre d information du Conseil d Architecture, d Urbanisme et de l Environnement de Loire-Atlantique 1

Ed it o du Président

5 juin 2004

Pour autant, cette notion un peu élitiste de patrimoine se décline désormais à des échelles accessibles pour tout un chacun, et le succès populaire grandissant de manifestations comme la journée annuelle du patrimoine de pays du mois de juin, rend bien compte de l’attachement des français à découvrir ou redécouvrir ces petits édifices qui appartiennent à une mémoire collective plus locale.

Ce retour aux valeurs du passé, bien souvent relayé et porté par les acteurs de terrain (associations, particuliers, élus locaux…) doit être compris non comme la simple expression de la crainte d’un futur incertain, mais plutôt comme le vecteur d’un avenir dynamique et moderne pour nos territoires. Nous nous efforcerons donc, au travers de cette cinquième lettre d’information du CAUE, de décliner un certain nombre d’initiatives et de témoignages qui expriment la formidable vitalité de notre département en matière de savoir-faire traditionnels et de patrimoine de proximité.

Édito.................................. p. 1

DOSSIER : Le Patrimoine de Pays

Le Patrimoine de Pays ?............. p. 2 Le Patrimoine de Pays, une idée en évolution............... p. 3 Le Patrimoine du Pays

du Vignoble Nantais................. p. 4 La Journée du Patrimoine du Pays.................. p. 5 Les architectes du patrimoine..... p. 6 Métiers et savoir-faire : La C.A.P.E.B........................... p. 7 Initiative : Connaître et restaurer un four à pain........................ p. 7 De la restauration du patrimoine à la compréhension d’un territoire..... p. 8 Bibliographie......................... p. 9

Point de vue « Pierre brute, pierre taillée »...p. 10

Regard............................... p.11 Actualité du CAUE La documentation / Agenda. p.12

Sommaire

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Reflet d’une culture héritée de générations passées, le patrimoine nous renvoie aujourd’hui le plus souvent à des images de bâtiments remarquables dont la monumentalité et la richesse illustrent le plus souvent les modes de vie exceptionnels ou l’exercice des pouvoirs qui en ont initiés l’édification.


DOSSIER

LE

LE PATRIMOINE DE PAYS

PATR I M O I N E DE

PAYS

Il était une fois quelques passionnés d’histoire locale, quelques propriétaires de moulins aux ailes disparues, quelques promeneurs attristés par la ruine de lavoirs enfouis sous la végétation, ou quelques artisans se sachant les derniers dépositaires de savoir-faire abandonnés… La suite de cette histoire est multiforme mais, partout, depuis maintenant plusieurs décennies, des sites délaissés ont été défrichés, des histoires particulières ont été recueillies dans la mémoire des habitants ou dans les archives locales, des associations se sont créées, des édifices ont été relevés ou restaurés, des lieux d’accueil se sont ouverts, des fêtes se sont organisées. La passion désintéressée et l’énergie déployée par quelques milliers d’individus ont progressivement permis le sauvetage, puis la reconnaissance d’un patrimoine bâti et culturel aux formes diverses, mais qui toujours exprime à sa manière un certain nombre de particularités locales : un matériau, une activité agricole ou artisanale, un style, une croyance, un mode de vie… Il convient de réintégrer aujourd’hui ces repères dans la globalité de territoires vivants, en perpétuelle évolution. Des réflexions à l’échelle des communes, des vallées, des bassins de vie, des pays, pourront mettre en évidence les lignes de force de cette réalité patrimoniale, et permettre de définir des projets de territoire qui puissent lutter contre la banalisation des paysages.

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L e p atr i mo i n e d e p a y s ? L’expression « patrimoine de pays » est récente. Elle réunit le mot patrimoine, qui recouvre à lui seul des réalités aussi complexes et mouvantes que l’héritage auquel il fait référence, et le mot pays, qui dans ce sens exprime un territoire d’échelle variable, souvent rural. On parle aussi d’ailleurs de « patrimoine de proximité », pour évoquer ces édifices que l’on rencontre au quotidien, sur le bord des routes ou au cœur des villages, et qui furent simplement bâtis, à titre utilitaire ou symbolique, par les habitants d’un lieu.

protection au titre des Monuments historiques, l’édifice acquérant ainsi un statut nouveau, qui s’accompagnera de nouvelles contraintes, mais aussi de nouvelles aides.

Un patrimoine matériel Le « patrimoine de pays » se différencie ainsi du « patrimoine » en ce qu’il n’est que rarement exceptionnel. Les Monuments historiques, eux, sont les témoins de courants architecturaux majeurs, de faits historiques marquants, d’aménagements extraordinaires. Ils font à ce titre l’objet de protections particulières, qui imposent des cadres réglementaires et des intervenants précis chargés de leur préservation, de leur conservation, de leur restauration. Par opposition, le patrimoine de pays est ainsi souvent qualifié de « patrimoine non protégé ». La frontière entre les deux notions patrimoniales n’est ni fixe ni étanche. On pourrait citer l’exemple d’une chapelle à l’architecture simple, dont la restauration entreprise par une association locale peut un jour révéler l’existence de fresques médiévales, justifiant une

Un patrimoine immatériel En lien avec l’édification ou l’usage de ces constructions, le patrimoine de pays concerne aussi l’ensemble des savoir-faire, techniques et culturels, qui rendent compte des activités et des croyances des sociétés qui nous ont précédés. Cette dimension représente un patrimoine « immatériel » tout aussi important que la construction elle-même. Les techniques d’extraction de l’ardoise, l’art de la limousinerie, les méthodes de fabrication de la chaux, ou le métier de meunier, sont autant d’exemples de savoir-faire qui, seuls, permettent de comprendre l’implantation, la nature et l’usage ancien de telle grange, de tel four à chaux, de tel moulin. Conserver leur mémoire, c’est transmettre aux générations futures leur raison d’être initiale, et la possibilité de comprendre les modes de vie et les activités des époques révolues.

Une culture patrimoniale La mise en valeur du patrimoine de pays, dans ces dimensions matérielles et immatérielles, participe à l’émergence d’une « culture » du territoire. Elle crée des liens intellectuels, et sans doute aussi affectifs, entre les habitants et leur cadre de vie. Elle donne du sens aux édifices, aux villages, aux paysages. Elle permet de repérer ce qui, dans l’environnement quotidien, possède des qualités propres, est un atout pour l’identité d’un pays, et doit donc être respecté comme tel. Elle peut ainsi permettre aux habitants d’un territoire, et à ses visiteurs, d’en devenir les conservateurs attentionnés. Non pas en termes d’interdictions, de réglementations ou d’enfermement dans une identité révolue, mais en termes de respect, d’élévation du niveau d’exigences, de filiations. Le patrimoine de pays ne témoigne pas d’un âge d’or, d’un paradis perdu, mais de l’évolution perpétuelle de territoires habités où, par nécessité, les constructions et les aménagements devaient être réfléchis, économes, adaptés. Parfois durables, ou parfois éphémères, ils ont encore, bien souvent aujourd’hui, valeur d’exemple.


Le p a t r i m o i n e de pa y s , u ne id ée e n é vo l u t i on L’intérêt pour le patrimoine de pays n’est pas une idée complètement neuve. Au XIXème siècle déjà, des artistes, des érudits locaux, s’étaient intéressés aux chapelles, calvaires, fermes et logis anciens parsemant les campagnes de motifs pittoresques. La préoccupation était parfois historique, mais surtout esthétique, et non dénuée de romantisme. Plus près de nous, Stany Gautier, qui fut conservateur du musée du château de Nantes, étudia par exemple l’habitat rural et les coutumes de Loire-Atlantique, dans une approche plus scientifique, quasi ethnographique.

Des choix collectifs

Ferme à DERVAL

Lavoir à CORCOUÉ-SUR-LOGNE

Le régionalisme architectural des années trente, tout en réutilisant les formes et les matériaux des maisons rurales anciennes, témoignait plus d’un goût pour le folklore que de préoccupations réellement patrimoniales. Et nul ne s’étonnait alors que l’on puisse construire une villa néo-basque à La Baule ou une chaumière de style normand en Bretagne. Il fallut attendre les années soixante-dix, pour qu’un engouement réel pour le cadre de vie rural fasse porter l’attention sur les caractéristiques de son architecture, et sur la qualité de nombre de fermes, de moulins, de fontaines, de lavoirs ou de chapelles… L’étude et la sauvegarde de nombreux édifices caractéristiques du patrimoine de pays se sont longtemps accomplies de manière spontanée, au coup par coup, chaque édifice étant considéré comme un patrimoine en soi, parfois coupé du contexte qui l’avait fait naître. À une autre échelle, les Monuments historiques avaient eux aussi longtemps été étudiés comme des éléments isolés, qu’il convenait de « dégager » de leur gangue urbaine avant de les restaurer. La notion « d’abords », c’est-à-dire la prise en compte de leur environnement spatial et architectural, n’est intervenue que progressivement, jusqu’à entraîner la création de secteurs sauvegardés ou de zones de protection (les ZPPAUP) à l’échelle d’ensembles architecturaux, de centres-bourgs, de centres-villes.

Un patrimoine diffus L’intérêt porté aux différents types de patrimoine a varié, s’est élargi progressivement pour, à partir des premiers engouements concernant le patrimoine rural, prendre en compte le patrimoine artisanal ou industriel, les aménagements paysagers, la batellerie, le patrimoine balnéaire… La liste n’est pas exhaustive, et de nouveaux champs de réflexion apparaîtront. Le patrimoine de pays concerne, par définition, un ensemble de sites divers éparpillés sur l’ensemble des territoires ruraux et péri-urbains. On pourrait à la limite considérer chaque élément ancien d’architecture ou de paysage, qu’il concerne l’habitat, l’industrie ou l’artisanat, les activités agricoles ou les transports, les cultes, comme autant de composantes du patrimoine de pays. Cette idée extrême marque un danger, puisque si l’on peut essayer de recenser le maximum d’éléments, on ne peut imaginer de tout préserver, de tout restaurer, c’est-à-dire de figer les paysages en autant de musées à ciel ouvert, visitables mais non vivables. La démarche patrimoniale est donc bien ici une façon de connaître, de choisir, de tirer parti des atouts d’un territoire, non de le pétrifier.

L’appréhension du patrimoine de pays impose donc, pour être en mesure de sauvegarder ce qui mérite de l’être, de savoir aussi abandonner à leur sort un certain nombre de sites, qui connaîtront peut-être une préservation sous l’effet de volontés particulières, ou qui disparaîtront un jour, pour laisser la place à de nouvelles formes d’aménagements, à de nouvelles créations architecturales, pour de nouveaux modes de vie. Un tri s’opère, souvent de manière spontanée, par les hasards des réalités financières ou des projets personnels. Mais une sélection peut aussi se faire de manière plus réfléchie, plus pertinente, grâce au travail des spécialistes ou à celui des associations thématiques ou locales. Les services de l’Inventaire de la Direction régionale des affaires culturelles, l’association TiezBreiz ou celle des amis des moulins de Loire-Atlantique, par exemple, participent à leur manière propre à ce travail d’élaboration des connaissances. C’est ici que s’impose l’idée d’une réflexion globale, attentive à la mise en perspective historique et paysagère, à l’écoute des préoccupations locales, et exempte de toute frilosité : le patrimoine commun, pour subsister, doit avoir un sens pour la collectivité qui décide de le préserver. Aucune société ne peut se construire sur la seule nostalgie. Ainsi subsisteront les éléments de patrimoine que l’on considèrera comme des témoins importants, ou qui retrouveront de nouveaux usages, un nouveau sens. L’histoire nous enseigne que nombres d’édifices anciens furent sauvés de la ruine parce que réutilisés, transformés, agrandis. Nombre de granges anciennes devront, par exemple, leur survie à leur transformation en habitations d’aujourd’hui. Parmi les outils de maîtrise du développement des territoires, les collectivités locales ont à leur disposition les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) qui remplacent progressivement les anciens Plans d’Occupation des Sols (POS). Ces documents donnent la possibilité d’ « identifier et localiser les éléments de paysage et délimiter les quartiers, îlots, immeubles, espaces publics, monuments, sites et secteurs à protéger, à mettre en valeur ou à qualifier pour des motifs d’ordre culturel, historique ou écologique et définir, le cas échéant, les prescriptions de nature à assurer leur protection ». La possibilité d’inscrire la préoccupation patrimoniale dans ces documents d’urbanisme est donc ouverte, et adaptable aux cas particuliers. Encore faut-il, qu’avec l’aide de tous les acteurs compétents, une sorte d’« état d’esprit » patrimonial soit intégré aux réflexions préalables à la définition des projets de territoire.

C.B.

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DOSSIER

LE PATRIMOINE DE PAYS

L e p a tr i mo i n e du Pa y s d u V i gn o bl e N an ta i s Entretien avec Serge POIGNANT, Député Maire de Basse-Goulaine, Président du Syndicat Mixte du Pays du Vignoble Nantais.

Ancienne grange - LA PLANCHE

CAUE : Comment les questions autour de la préservation et de l’évolution du patrimoine sont-elles abordées par le Pays du Vignoble Nantais ?

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Serge Poignant : L’attachement du Pays du Vignoble Nantais à son patrimoine, notamment architectural, n’est pas une histoire récente. Je ne vous apprendrais rien en vous disant que le Pays est, en la matière, riche d’une grande diversité. Ainsi trouvons-nous, répartis sur l’ensemble du territoire, des châteaux, des grands domaines, des maisons de maître, des maisons de bourg, de vignes et des fermes, sans oublier le patrimoine religieux, le patrimoine de proximité (calvaires, lavoirs, fours, moulins…) le patrimoine industriel de la vallée de la Sèvre et, bien sûr, tout le patrimoine rural découlant de l’architecture clissonnaise. Ceci étant dit, nous pouvons considérer que le véritable déclenchement des réflexions et des actions opérationnelles en faveur du patrimoine dit « ordinaire » du Vignoble remonte à 1997. En effet, cette date correspond au démarrage de notre deuxième Contrat Régional de Développement avec la Région des Pays de la Loire qui nous a permis d’inscrire sur trois années un certain nombre d’initiatives en faveur de la préservation de notre patrimoine majoritairement rural. Cette première action a ainsi occasionné la reconquête de bâtiments qui commençaient à se dégrader sérieusement, notamment au niveau des centres-bourgs. Dans la continuité immédiate, nous avons reconduit en 1999, avec la Région, un troisième contrat qui nous a donné l’occasion de nous recentrer sur la qualité des ravalements en préconisant l’utilisation des enduits à la chaux aérienne et en mettant en place des actions fortes de sensibilisation auprès des artisans et du grand public. Le CAUE nous a d’ailleurs efficacement épaulé en réalisant une exposition itinérante sur le patrimoine bâti du vignoble, prolongée en 2002, par la création d’un document de sensibilisation étendu aux paysages du vignoble, qui a été largement diffusé sur l’ensemble des communes du Pays. Nous avons également

accentué, à cette époque, le suivi des demandes de subvention en missionnant un architecte conseil auprès des porteurs de projets, privilégiant ainsi une démarche systématique de qualité à l’égard des réalisations. JeanClaude DAUBISSE, notre Président de la commission habitat, a énormément œuvré à la mise en place de ces actions qui, rappelons-le, ont quand même généré en six ans, 120 dossiers et quelque 320 000 euros de subventions. Je voudrais dire également qu’audelà de la préservation de l’identité de notre territoire, c’est une opération qui a fortement mobilisé le milieu des artisans, acteurs de l’économie locale, ce qui n’est pas négligeable pour la vie du Pays. Enfin, dans un autre registre, nous avons essayé de mettre en avant un certain nombre de réhabilitations jugées comme exemplaires. Une remise de prix s’est donc déroulée en 2002 au domaine de La Garenne Lemot, récompensant les commanditaires et auteurs de réalisations de qualité.

CAUE : En quoi la reconquête du patrimoine bâti « ordinaire » s’articule-t’elle avec la problématique de l’habitat ? S.P. : Ces deux éléments sont étroitement imbriqués. Ils le sont d’autant plus dans le Vignoble que la pression foncière se fait sentir sur la grande majorité du territoire. Il nous faut donc appréhender des offres de logement diversifiées, autant dans le domaine de la construction neuve que dans le bâti rénové. Nous avons, à cet effet, mis en place avec l’ANAH pas moins de cinq OPAH entre 1983 et 2002, qui nous ont permis de remettre sur le marché 5478 logements, dont 24% de locatifs, redonnant ainsi vie à bon nombre d’édifices modestes voués, dans certains cas, à la disparition. Pour l’avenir, ce sont les Programmes Locaux de l’Habitat, initiés à l’échelle des communautés de communes, qui auront vocation à traiter de ces sujets et de bien d’autres. En effet, dans le Vignoble, le patrimoine du Pays se décline également au niveau des terres agricoles et viticoles, obligeant ainsi une réflexion

de fond sur la cohabitation entre nouveaux habitants et exploitants en place. L’ouverture potentielle de l’urbanisation dans les hameaux et les villages doit, à ce titre, attirer tout particulièrement notre attention, afin de conjuguer au mieux le développement dynamique de notre territoire avec la préservation d’un patrimoine rural bien souvent en tout point remarquable.

Grange réhabilitée - SAINT-JULIEN-DE-CONCELLES

CAUE : Comment appréhendez vous la continuité de vos actions en faveur du patrimoine rural ? S.P. : Nous nous sommes en premier lieu inscrits, depuis l’année dernière, dans la nouvelle politique de développement local de la Région en faveur des Pays. Nous allons pouvoir ainsi faire perdurer nos initiatives à travers un Contrat Régional de Pays, en reconduisant les mêmes volumes de subventions et en les articulant à compter de cette année, avec les contrats de territoires initiés par le Conseil Général de Loire-Atlantique. L’analyse transversale du potentiel d’actions offert par la Région et le Département doit nous permettre de faire un lien encore plus étroit entre certains enjeux socio-économiques (nouveaux arrivants, populations en place, activités touristiques, culturelles, agricoles et viticoles …) et la remise en état d’édifices encore en mal de restauration sur nos territoires. Ainsi la prise en compte renforcée de notre « héritage » architectural, urbain et paysager, témoin de modes de vie et de savoirfaire du passé, nous permettra t-elle d’œuvrer encore plus efficacement en faveur d’une évolution moderne et adaptée du cadre de vie du Pays du Vignoble Nantais.


L a Jo ur n é e du Patri moi n e d e Pa y s Le Journée du Patrimoine de Pays vit en 2004 sa septième édition. Elle réunit sous une même bannière, sur l’ensemble du territoire français, des événements locaux aux formes diverses, circuits de découvertes, visites guidées, démonstrations de savoir-faire liés au patrimoine bâti ou aux métiers anciens, animations festives. Elle complète les Journées du Patrimoine qui, chaque septembre à l’initiative du ministère de la Culture, permettent au grand public d’accéder à des sites souvent protégés au titre des Monuments historiques, et ouverts à cette occasion.

Four à pain - LA CHAPELLE-SUR-ERDRE

Un réseau national L’étude et la sauvegarde du patrimoine de pays ont longtemps été le fruit d’actions locales, menées par des particuliers, des associations, des collectivités. La FNASSEM (Fédération nationale des associations de sauvegarde des sites et ensembles monumentaux) a été fondée en 1967 dans le but de fédérer et de conseiller les associations nationales et locales, et afin de sensibiliser l’opinion publique aux menaces pesant sur le patrimoine. Elle concerne aujourd’hui près de 4000 groupements voués à l’étude, à la protection, à la réhabilitation, à la mise en valeur ou à l’animation du patrimoine. Un site internet (www.associations-patrimoine.org/fnassem/461/775.asp) permet aux associations et au grand public d’être tenus informés de l’actualité liée au patrimoine.

Une fête du patrimoine

Ferme ancienne

Pont SNCF - CORCOUÉ-SUR-LOGNE

les plus actifs (en 2003, elle faisait partie des 4 départements ayant organisé plus de 40 manifestations différentes). Les organisateurs de la journée définissent le patrimoine de pays comme un patrimoine d’intérêt architectural, paysager ou historique, non protégé, que ses défenseurs souhaitent léguer aux générations futures, et dont les conditions de conservation nécessitent la connaissance et la transmission de savoir-faire traditionnels. La Journée du Patrimoine de Pays, si elle a pour objectif premier de faire découvrir et d’animer les sites, joue donc un rôle tout aussi important pour la valorisation de l’action des associations de sauvegarde, des professionnels, des architectes et artisans spécialisés, et des structures qui, à l’échelon national ou local, ont pour mission de conserver et de mettre en valeur les éléments les plus intéressants de ce patrimoine. Elle permet d’informer sur les techniques de restauration et d’entretien.

Maisons et Paysages de Bretagne, l’association Nantes Renaissance, les délégations départementales de la Fondation du Patrimoine ou de Maisons Paysannes de France. Les offices du tourisme, des communes, des associations locales, participent à la journée pour proposer au public des animations variées : découvertes de sites, apprentissages de techniques, rencontres de spécialistes, mises en valeur d’actions d’étude ou de sauvegarde, moments conviviaux. La journée est placée en 2004 sous le thème de la pierre : pierre brute, pierre taillée.

Journée du Patrimoine de Pays - 1999 - PIRIAC

C’est sous l’égide de la FNASSEM, en partenariat avec la Fondation du Patrimoine, l’association Maisons Paysannes de France, l’association des Architectes du Patrimoine, la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB), et quelques CAUE dont celui de Loire-Atlantique, que fut organisée le 14 juin 1998 la première Journée du Patrimoine de Pays. Le succès fut immédiat, puisque 100 000 personnes participèrent ce jour-là à près de 450 manifestations. L’événement, associé à la Journée nationale des moulins, a été reconduit tous les ans avec un engouement croissant du public. L’édition 2003 a ainsi concerné 1200 sites en France. La Loire-Atlantique se classe aujourd’hui parmi les départements

Journée du Patrimoine de Pays - 1999 - VARADES

Elle favorise l’adhésion du public, l’échange des expériences, la mise en place de partenariats nouveaux. La septième édition de la Journée du Patrimoine de Pays en LoireAtlantique réunit les partenaires habituels que sont la CAPEB (Chambre syndicale de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment), le CAUE et le Conseil Général, mais aussi les Amis des moulins de LoireAtlantique, l’association Tiez-Breiz

Les CAUE et la Journée du Patrimoine de Pays Les CAUE n’ont pas pour vocation première la défense du patrimoine. La loi leur a confié des missions de sensibilisation à la qualité de l’architecture et des paysages, dans lesquels le patrimoine joue un rôle évident. Que ce soit dans le cadre de l’accompagnement des collectivités locales ou dans la mise en place d’actions culturelles et de sensibilisation élargie, ou bien encore dans les conseils prodigués aux particuliers qui souhaitent restaurer ou transformer un bâtiment ancien, les CAUE inscrivent la préoccupation patrimoniale dans une approche globale des territoires. La promotion de l’ensemble du patrimoine de proximité se conjugue donc ainsi avec l’optique d’une lutte contre la banalisation et la volonté d’initier des formes diversifiées de développement local. En Loire-Atlantique comme ailleurs, à l’occasion de cette journée annuelle, le CAUE tient à souligner la nécessité de réfléchir à un cadre de vie de qualité, où le patrimoine monumental ou modeste, architectural ou végétal, urbain ou rural, est respecté parce qu’il est un patrimoine vivant, porteur de richesses culturelles et esthétiques, adapté à de nouveaux usages, facteur d’identité, de rassemblement et de développement des territoires.

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DOSSIER

LE PATRIMOINE DE PAYS

L e s a rc h i te c te s du p a tri moi n e Photo : Stéphane CHALMEAU

Entretien avec Clarisse CROUIGNEAU, architecte du patrimoine.

alors que l’on apporte un plus ? CAUE : A quel moment l’intervention de l’architecte du patrimoine se justifie-t-elle ? C.C. : Elle se justifie dès que le maître d’ouvrage se pose des questions sur un bâtiment ou sur un site, et plus particulièrement lorsque le traitement des pathologies et l’intervention nécessitent des savoir-faire spécifiques. CAUE : Est-il possible d’utiliser une écriture architecturale contemporaine sur un bâtiment du patrimoine ?

CAUE : Comment et pourquoi devient-on architecte du patrimoine ?

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Clarisse CROUIGNEAU : J’ai été sensibilisée depuis l’enfance au patrimoine architectural par les voyages familiaux. Avant de démarrer mes études j’ai fait un stage à Berlin chez un architecte s’occupant de la réhabilitation de Kreuzberg, et dès l’entrée en architecture j’ai eu envie de m’orienter vers le patrimoine, de redonner vie aux bâtiments désaffectés. C’est à l’école d’architecture de Nantes que j’ai eu connaissance de l’école de Chaillot. CAUE : Quelles sont les missions et les compétences de l’architecte du patrimoine ? C.C. : Son travail est très varié : mission de diagnostic, mission de conseil, étude urbaine type ZPPAUP, mission « classique « de suivi de projet, réhabilitation et restauration des monuments inscrits aux Monuments Historiques, traitement des abords, interventions en sites sensibles. L’architecte du Patrimoine a une connaissance particulière des techniques de restauration, de l’histoire de

l’architecture, des chartes de Venise et d’Athènes donnant les orientations et la déontologie à respecter en matière de restauration. Ces matières sont peu enseignées dans les écoles d’architecture. La formation de Chaillot, donnée par des professionnels en activité est une spécialité reconnue, y compris à l’étranger. CAUE : Qui peut faire appel aux architectes du patrimoine ? C.C. : Les particuliers peuvent faire appel aux architectes du patrimoine lorsqu’ils estiment que leur bâtiment présente un intérêt. Ils ont parfois été sensibilisés par le CAUE. L’architecte en chef peut aussi les orienter vers nous, lorsqu’une partie de leur patrimoine est Classé Monument Historique. Les collectivités nous consultent pour leurs biens, et en particulier pour les églises. Par contre, pour les autres biens nous sommes mis en concurrence avec des architectes non spécialisés en patrimoine, nous avons des difficultés à valoriser notre spécialité, même si nos prestations sont plus complètes, notamment au niveau du diagnostic. Comment peut-on s’aligner sur un montant d’honoraires anormalement bas déjà pour une mission de base

C.C. : Je revendique le fait d’intervenir de « façon contemporaine » sur un bâtiment ancien. Une construction sauf certains édifices majeurs, classés, pour lesquels une restauration pure s’impose, doit pouvoir montrer les interventions au cours du temps et exprimer la nouvelle fonction d’usage, tout en respectant les chartres évoquées plus haut. On ne peut pas faire n’importe quoi dans l’ancien et cela représente toujours des contraintes qu’il faut savoir respecter ou avec lesquelles il faut composer. Photo : Bernard RENOUX

Maison des syndicats - NANTES - Architectes : FORMA 6 et ATELIER C

Moulin à eau - SAINT-ÉTIENNE-DE-MER-MORTE Architectes : ATELIER C

Association des architectes du patrimoine Les architectes du patrimoine sont regroupés en association au plan régional et national. L’Association regroupe les architectes diplômés du Centre d’Études Supérieures d’Histoire et de Conservation des Monuments Anciens (C.E.S.H.C.M.A.), experts en patrimoine et urbanisme, ce sont des architectes libéraux, salariés, fonctionnaires, architectes en chef des monuments historiques ou architectes des bâtiments de France. Elle a pour but : • de promouvoir la qualification de ses membres et leur formation continue, • de veiller au maintien du haut niveau de l’enseignement de «l’École de Chaillot», • de se tenir à disposition de toutes personnes, associations ou comités intéressés par la défense du patrimoine, de la restauration et de la réhabilitation, • de représenter ces architectes spécialistes auprès du public, des administrations, des collectivités et des professionnels du bâtiments. Siège social de l’Association au plan national : Palais Chaillot - 1 place du Trocadéro - 75116 PARIS - tél./Fax : 01 56 58 00 75 Délégué régional pour les Pays-de-la-Loire : Yves STEFF 3 rue de Carcouët - 44000 NANTES - tél : 02 40 20 15 47 Site internet : www.archi.fr/AP

L’annuaire officiel national des Architectes du Patrimoine est remis à jour chaque année


Entretien avec Yannick FÉVRIER, chargé de l’animation économique à la C.A.P.E.B. des Pays de la Loire. formation des artisans leur permetelle de répondre à toutes les sollicitations ? La transmission des savoir-faire anciens s’effectue-telle toujours ?

CAUE : Pouvez-vous présenter rapidement les missions de la CAPEB et, parmi celles-ci, existe-t-il une action spécifique dans le domaine du patrimoine de pays ? Yannick FÉVRIER : La chambre artisanale des petites entreprises du bâtiment – CAPEB - est un syndicat professionnel. Elle représente et valorise les artisans et les petites entreprises du bâtiment, dans les domaines politique, juridiques, sociaux, économique et techniques. La CAPEB garantit l’indépendance de l’entreprise en lui permettant de s’adapter à la technique, à la réglementation, au marché… En Loire-Atlantique, la CAPEB comptee 2.500 adhérents, qui représentent 5.100 entreprises artisanales employant 11.500 salariés et 1.400 apprentis. Y.F. : Le patrimoine de pays représente une grande partie de l’activité des artisans du bâtiment. Pour identifier les entreprises compétentes et respectueuse de ce bâti ancien, la CAPEB met en place le Certificat d’Identité Professionnel Patrimoine (CIP Patrimoine) pour l’obtention duquel l’entreprise, après 4 jours de formation, doit présenter pour examen des dossiers de référence de chantier de réhabilitation ou de restauration, mettant en valeur son intervention respectueuse du bâti ancien et ses savoir-faire. En accompagnement, le Groupe Patrimoine de Loire-Atlantique propose des stages, assure des animations, des démonstrations de savoir-faire… pour valoriser la démarche du patrimoine et les métiers du bâtiment. CAUE : La CAPEB travaille-t-elle en lien avec d’autres acteurs du patrimoine de pays, et par exemple avec des associations présentes sur le terrain en Loire-Atlantique ? Y.F. : Bien sûr, c’est d’ailleurs l’un des enseignement de la formation au CIP Patrimoine : l’artisan dans une chaîne de partenaires du patrimoine. En Loire-Atlantique, nous menons des actions de valorisation du bâti ancien, des formations, des rencontres techniques ou l’édition ouvrages pédagogiques et techniques avec le CAUE, l’association Nantes Renaissance, l’association Tiez Breiz… ainsi qu’avec les indispensables associations de défense du patrimoine local. CAUE : L’entretien et la restauration du patrimoine de pays font appel à des savoir-faire diversifiés. La

Y.F. : Suivant les professions, la formation initiale (CAP – BEP…) n’insiste pas forcément sur les techniques traditionnelles ou anciennes. Aussi, c’est à travers des mentions complémentaires, ou la formation continue, que les techniques adaptées au bâti ancien seront transmises. La transmission des savoir-faire continue donc ! Nous travaillons avec un réseau de formateurs, souvent eux-mêmes artisans passionnés, qui ont à cœur de transmettre à leurs collègues… à travers des formations qui vont du stage « enduit à la chaux » de 2 jours au Diplôme Universitaire Bâti ancien et technologie innovante de restauration (DU BATIR), en 2 ans, avec l’Université de Nantes.

CAUE : On dit parfois qu’on ne trouve plus de candidats aux métiers de l’artisanat liés au patrimoine. Est-ce une réalité ? Y.F. : Pas du tout ! Les métiers de la restauration intéressent les jeunes comme les adultes … quand ils ont l’occasion de rencontrer un professionnel passionné. La formation pour adultes permet de qualifier des personnes d’horizons divers qui continueront à apprendre au sein de l’entreprise. Les techniques traditionnelles ne sont pas non plus synonymes de travail pénible. Les conditions de travail, l’outillage, la sécurité ont beaucoup progressé.

UN FOUR À PAIN

Concernant le patrimoine de pays, l’action du Syndicat Intercommunal des cantons de Saint-Nicolas-de-Redon et de Guémené-Penfao est à plusieurs titres exemplaires, en matière d’élaboration des connaissances comme en matière de mise en valeur et d’animation des sites. Un travail d’inventaire et d’étude sur l’ensemble des communes a ainsi notamment permis d’identifier plus de 750 fours à pains. Leur état variable, et la demande d’aide émanant de leurs propriétaires quant aux méthodes de restauration de ces édifices, a conduit à l’édition en 2001 d’un petit ouvrage permettant la connaissance de ce patrimoine, des techniques à utiliser, ainsi que des manières de le faire vivre et de l’entretenir (jusqu’aux recettes de pain !). Ce guide prend ainsi en compte la globalité de ce que peut-être un élément du patrimoine de pays, aussi modeste soit-il. Connaître le passé d’un site, proposer un bon diagnostic architectural et technique, entretenir et restaurer une construction comme elle doit l’être, et contribuer à lui redonner un usage pour aujourd’hui, sont quatre conditions nécessaires à une préservation réellement pertinente du patrimoine. Les fours à pain, en ce qu’ils représentent sur le plan symbolique, et en ce qu’ils proposent d’usage festif et gastronomique, sont des éléments emblématiques de ce que peut-être le patrimoine de pays, à la fois élément de la qualité du cadre de vie, mais aussi lien humain permettant aux habitants d’un territoire de se retrouver, au sens propre comme au sens figuré.

CAUE : Le patrimoine de pays représente-t-il aujourd’hui un poids économique important ? Y.F. : Effectivement, pour l’artisanat du bâtiment, l’entretien et l’amélioration représentent en France 55% de son activité. Le patrimoine de pays y tient une grande part car c’est naturellement le marché des entreprises de proximité qui ont la culture du pays, souvent implantées et transmises par générations successives. C’est aussi l’occasion pour les entreprises de mettre en œuvre des matériaux locaux, ou proches de ceux d’origine. Ces matériaux souvent simples nécessitent cependant une bonne maîtrise des savoir-faire et donc une valorisation de la main d’oeuvre. CAPEB DE LOIRE-ATLANTIQUE 4, rue de l’Aéronautique - Zone Industrielle du Chaffaut - 44344 BOUGUENAIS Tél. : 02 40 08 99 60 - Fax : 02 40 08 99 61 accueil@capeb-loire-atlantique.fr www.capeb-pays-de-la-loire.fr

« Connaître et restaurer un four à pain », 56 pages illustrées de photos et de dessins, septembre 2001. Conception et réalisation : Syndicat intercommunal des cantons de Saint-Nicolas-deRedon et Guémené-Penfao. Document consultable au CAUE de Loire-Atlantique.

In it i a ti ve

Mé t ie rs e t s avo i r -fa i re : L a C. A . P.E .B .

CONNAÎTRE ET RESTAURER

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DOSSIER

LE PATRIMOINE DE PAYS

D e la re stau rati on d u p a tri moi n e à la c o mpr é h e n si on d ’u n terri toi re Le Conseil Général de Loire-Atlantique a récemment fait évoluer sa politique d’aide en faveur du patrimoine de proximité. Entretien avec Georges Renoux, chargé du patrimoine au service développement culturel du Conseil Général, et Elisabeth Loir-Mongazon, Conservatrice départementale chargée des musées locaux. uniquement les sites et les édifices, mais aussi la dimension immatérielle, notamment dans le cas du patrimoine technique pour lequel les savoir-faire ont parfois autant de sens que l’édifice lui-même. On pourrait d’ailleurs ici souhaiter que le travail se prolonge avec une enquête ethnologique pour interviewer et filmer les anciens meuniers, dans leur cadre de travail. Il s’agit ici de travailler sur le long terme, avec cette association qui est un acteur d’une chaîne patrimoniale plus vaste, concernée par l’ensemble des traditions de la vie rurale locale. Le site devient dans ce cas le prétexte à une démarche plus globale. G.R. : En prolongement du travail de chantier, il serait d’ailleurs intéressant de pouvoir ensuite restituer au public la nature du travail effectué et des savoir-faire mis en œuvre.

DERVAL

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CAUE : Pourriez-vous tracer les contours de la politique d’aide du Conseil Général en matière de patrimoine de pays ? Georges RENOUX : Les premières aides au patrimoine du Conseil Général, il y a de nombreuses années, concernaient avant tout les Monuments historiques. Les demandes concernant le patrimoine non protégé ont entraîné en 1997 la création d’une nouvelle ligne de crédit, avec la volonté initiale d’aider des projets modestes (fours à pain, fontaines, calvaires, quelques moulins…), avec d’ailleurs des crédits peu importants. Puis des dossiers plus conséquents, par exemple des restaurations complètes de moulins, sont progressivement apparus. L’assemblée départementale a décidé à la fin de l’année 2003 de faire évoluer ce cadre général. Les subventions, à l’origine à taux fixe de 30%, sont devenues modulables, jusqu’à un taux de 30%, en fonction de l’intérêt du projet, de la qualité de l’édifice, et de la nature du projet d’animation. Une réflexion mise en place courant 2003 a par ailleurs permis la mise en place d’une politique complémentaire, à caractère thématique, dans le but d’optimiser les aides existantes. Elisabeth Loir-Mongazon, Conservateur départemental, a proposé une intervention sur les patrimoines revêtant un caractère identitaire pour les différents territoires de la Loire-Atlantique. CAUE : Le projet d’animation est-il une condition sine qua non à l’aide du Conseil Général ? Ou est-ce un plus pour l’appréciation du dossier ? G.R. : Les dossiers adressés aux porteurs de projets comportent un volet animation. Mais il est vrai que, dans certains cas, cet aspect n’était pas très développé. Il y a en effet des éléments du patrimoine, comme les calvaires ou certains éléments de l’architecture agricole, pour lesquels il n’est pas possible de mettre en place une animation. La visibilité directe depuis l’espace public est alors prise en compte. Elisabeth LOIR-MONGAZON : En revanche, la réfection d’un mécanisme de moulin n’a par exemple de sens que dans le cas d’un projet d’animation.

C’est pourquoi les aides doivent être appréciées au cas par cas. G.R. : Concernant les moulins, on a plutôt tendance actuellement à encadrer les projets de restauration, qui fleurissent partout dans le département, dans la mesure où on s’inquiète d’une inévitable concurrence entre un trop grand nombre de sites. L’Association des amis des moulins de Loire-Atlantique est d’ailleurs consciente du problème, et de la nécessité d’engager une réflexion particulière au cas des moulins. La difficulté tient aussi au caractère particulier de ce patrimoine, qui s’inscrit fortement dans les paysages. E.L-M. : La restauration isolée d’un moulin dans un site où ils étaient nombreux pose un problème de sens. Mais en même temps la restauration de plusieurs moulins au même endroit, avec la restitution complète de leurs voilures, est difficile. Là encore l’appréciation doit se faire au cas pas cas. CAUE : Avez-vous été confrontés à des demandes de création à neuf d’éléments bâtis ? G.R. : Oui. Nous avons par exemple refusé notre aide à un projet de construction d’un four à pain, dans un secteur où un travail d’inventaire avait permis d’identifier de très nombreux fours anciens. E.L-M. : Par contre, le cas du Moulin Neuf à Vigneux-de-Bretagne est intéressant. L’association y gère un écomusée rural, installé dans une ancienne minoterie construite avec les matériaux d’un moulin plus ancien, situé à proximité et détruit en 1917. Nous avons au départ refusé notre aide au projet de reconstruction de ce moulin, dans la mesure où l’existence de ses vestiges, à côté de l’écomusée, était suffisamment signifiante. L’association a décidé de mener à bien son projet, et de restituer le moulin disparu, ses maçonneries de pierre, sa toiture en bardeaux de bois, son mécanisme et sa voilure. Le tout à l’aide de matériaux et de méthodes traditionnelles. Et ce travail, bien documenté et suivi, a revêtu un réel caractère patrimonial. Nous avons alors souhaité les aider. Le patrimoine de pays ne concerne pas

E.L-M. : Ce type d’action, où la population locale s’est mobilisée, par exemple pour la fourniture du bois ou de l’outillage, est très différente du cas où un particulier décide seul de la restauration d’un édifice. On a ici une approche humaine, et plus seulement architecturale ou historique. D’autres associations ont une démarche plus intellectuelle, comme dans le Pays de Retz où un inventaire systématique des moulins est réalisé à partir d’un travail sur les archives. Il est intéressant de faire se rencontrer ces différents types d’acteurs, de les mettre en réseau afin qu’il s’enrichissent mutuellement pour aboutir à des projets plus complets. C’est un travail de longue haleine. CAUE : Pourriez-vous nous expliquer le lien entre votre mission première, auprès des musées locaux, et le patrimoine de pays ? E.L-M. : Mon poste a été créé en 2001, à l’origine pour apporter une aide scientifique et technique à la quarantaine de musées locaux de Loire-Atlantique, qui connaissent des situations très diverses. Par rapport à d’autres départements, et à quelques rares exceptions près, ces lieux offrent la caractéristique de toujours posséder un lien avec le territoire où ils sont nés. Ils sont des éléments de lecture locale. Même les collections agricoles, dont on pourrait croire qu’elles auraient pu naître ailleurs, explicitent des spécificités locales. Les potentialités de développement de ces sites tiennent à leur capacité à renvoyer à leur territoire et à ses particularités. C’est en cela que le travail sur les musées locaux pouvait rejoindre les préoccupations liées au patrimoine de proximité. Il s’agit de construire un travail en amont, reposant sur une lecture du territoire. Le choix d’axes thématiques doit permettre de faire comprendre les territoires à l’extérieur. Les visites de collections locales et d’éléments bâtis devenant des éléments complémentaires.

Schiste - MARSAC-SUR-DON


CAUE : Cette démarche thématique entraînera un appel à projets, des aides plus fortes ? G.R. : Nous avons effectivement décidé d’aider de manière plus conséquente les projets en phase avec notre thématique. L’aide pourra atteindre 40 %, avec pour les petites communes ayant un faible potentiel fiscal la possibilité de bénéficier d’une bonification. E.L-M. : Nous comptons sur des relais locaux, comme le Pays touristique de Châteaubriant, l’ASPHAN, la communauté de communes de Nozay. Même si nous allons de notre côté engager un recensement de sites, je ne pense pas a priori que nous aurons à aller vers un appel à projets. L’idée est d’accompagner les actions pendant une

durée d’au moins 3 ans, et de réaliser en 2007 une exposition au château de Châteaubriant sur le thème de l’architecture en schiste, de manière à présenter un bilan des actions engagées, à renvoyer vers le site de la carrière de Nozay, à proposer des circuits de découverte, des ateliers, etc. Nous pensons à une publication sur le sujet, illustrée par les projets réalisés et proposant une lecture patrimoniale de cette architecture. Mais nous souhaitons aussi aborder la dimension contemporaine, en s’appuyant sur le travail d’architectes qui emploient aujourd’hui le schiste. Ce matériau est l’expression d’un territoire, et l’adaptation contemporaine de son utilisation est intéressante.

Ouvrages consultables au centre de documentation du CAUE de Loire-Atlantique : CAUE de Loire-Atlantique. L’architecture rurale du Pays du vignoble nantais. Conseil Général de Loire-Atlantique, CAUE de Loire-Atlantique, 2002. 18 p. Les chaux dans les enduits : entretien et restauration des bâtiments anciens. Artefab, 2000. 124 p.(Ouvrage en vente au CAUE au prix de 11,43 €)

B ibl i o g ra p hi e

Quelle est la première thématique mise en place ? E.L-M. : Elle concerne le patrimoine en schiste du Nord du département. Les acteurs du tourisme ont, avec raison, valorisé le patrimoine industriel de cette partie de la Loire-Atlantique, avec Moisdon-la-Rivière ou Sion-lesMines, par exemple. Ce patrimoine est effectivement majeur pour l’histoire des techniques. Mais il nécessite des clés pour sa compréhension. L’architecture en schiste, qui est peu mise en valeur, est très présente sur ce secteur, avec des formes très diverses, depuis les encadrements de portes et de fenêtres jusqu’aux cadrans solaires ou aux poteaux à linge, en passant évidemment par les clôtures en palis. L’extraction du schiste a ici fortement marqué le paysage. Il subsiste de nombreuses anciennes carrières, parfois utilisées pour la fabrication de piquets pour les moules de bouchots ou pour la viticulture. La commune de Nozay a acquis l’une d’entre elles, pour laquelle l’ASPHAN (Association de sauvegarde du patrimoine historique ….) prépare un projet de valorisation. On pourrait imaginer de dépasser l’approche strictement touristique, et d’aller jusqu’à une activité d’extraction, pour donner au site une existence économique. Notre action en faveur de l’architecture en schiste peut créer une demande d’éléments en pierre, et l’on pourrait penser à une sorte de « banque de pâlis » qui permette, outre de stocker les éléments récupérés dans les démolitions, de profiter des savoir-faire connus pour approvisionner en palis les projets de restauration. Il serait possible de travailler avec des forgerons pour les barres de maintien, et avec des maçons pour la pose. On peut proposer des formations et développer de réelles activités. Et il est ici aussi important de préserver les savoir-faire que par exemple les clôtures de palis existantes.

Chaux et sables pour les enduits : entretien et restauration des bâtiments anciens. Artefab, 2002. Classeur. Guide d’observation du patrimoine rural. Ministère de l’agriculture et de la pêche, 1999. 111 p. Guide de valorisation du patrimoine rural. Ministère de l’agriculture et de la pêche, 2001. 176 p.

DERVAL

CAUE : D’autres thématiques sont-elles à ce jour définies ? E.L-M. : Certaines sont envisagées, sans qu’il s’agisse forcément d’un matériau. Nous pensons, en liaison avec le projet Loire-Atlantique 2006 concernant le patrimoine maritime et fluvial, initier une action sur le thème de la batellerie, en Loire mais aussi sur le lac de Grand-Lieu ou l’Acheneau et le Tenu. Nous pensons aussi aux pêcheries, ou aux éléments du patrimoine viti-vinicole comme les chais ou les maisons de vignes. Les formes de restitution de ces actions futures ne sont pas encore définies, et devront s’adapter aux thèmes retenus, mais il s’agira toujours de rendre lisible les territoires, de « contextualiser ». On pourrait parler de musée de plein air, dans le sens de la transmission plutôt que dans celui de conservation qui s’attache au mot « musée ». Il faut rendre les actions lisibles, donner du sens, autant pour les visiteurs extérieurs que pour les habitants eux-mêmes, qui ne sont pas toujours conscients de la valeur identitaire et culturelle de ce qu’ils côtoient. Le plus important est d’avoir à chaque fois un processus le plus complet possible : de l’étude documentaire jusqu’à la restitution du savoir engrangé, en passant par le travail de restauration. Il convient d’avoir la vision la plus large possible de l’entité patrimoniale, en incluant aussi bien les éléments bâtis que leurs liens avec le patrimoine culturel, immatériel.

JEUDY Henri- Pierre. La machinerie patrimoniale. Sens et Tonka, 2001. 127 p. Nantes renaissance. Nantes : ravalement et remise en état des immeubles : mode d’emploi. Nantes renaissance, 2003. 10 p. (Brochure disponible au CAUE) Le patrimoine des communes de la Loire-Atlantique. 2 tomes. Ed. Flohic, 1999. 1383 p. Patrimoine du XXe siècle. Ministère de la culture et de la communication, Direction de l’architecture et du patrimoine, 2000. 46 p. Les sables : entretien et restauration des bâtiments anciens. Artefab, 1998. 47 p. (Ouvrage en vente au CAUE au prix de 7,70 €) Bretagne. Monum, éd. du patrimoine, 2002. 531 p. La ferme réinventée. La Garenne Lemot, éd. du Conseil Général de Loire-Atlantique, 2001. 160 p. De nombreuses ressources sur le petit patrimoine de pays sont consultables au centre de documentation du CAUE (moulin, four, puit, lavoir, chapelle, etc).

Revues consultables au centre de documentation du CAUE de Loire-Atlantique : Cahiers du patrimoine industriel de Nantes/Région. Bulletin publié par l’Association E+PI Entreprises & patrimoine industriel.

Une ÉVOLUTION DE LA politique DÉPARTEMENTALE en faveur du patrimoine de proximité Le point de vue de Marie-Odile BOUILLÉ, Vice-Présidente du Conseil Général de Loire-Atlantique, déléguée à la culture, au patrimoine et au tourisme. Tout autant que dans ses monuments phares, l’identité de la Loire-Atlantique se dessine dans un patrimoine plus modeste : moulins, lavoirs, puits… autant d’éléments qui ponctuent nos paysages et témoignent chaque fois d’activités humaines et des particularités de chacun des territoires qui constituent notre département. Depuis plusieurs années, le Conseil Général aide les communes, associations et particuliers qui initient des actions en faveur de ce patrimoine, tout comme il aide la restauration du patrimoine bâti et mobilier protégé au titre des Monuments historiques. Aujourd’hui, le Conseil Général renforce ce soutien en apportant une aide complémentaire et plus incitative autour d’axes thématiques qui porteront sur des éléments très identitaires de la Loire-Atlantique. Ainsi, dès 2004, le Département soutiendra, jusqu’à 40 % du coût des travaux de restauration, les projets concernant le patrimoine en schiste et les clôtures en palis, caractéristiques du nord du département. Au-delà de la restauration, ce qui intéresse en effet le Département, c’est de favoriser la connaissance et l’appropriation par la population locale de ce patrimoine. Ainsi, cette démarche s’attachera tout autant à favoriser la conservation de ces témoignages qu’à en développer la connaissance. Une exposition portant sur cette richesse patrimoniale et sur l’action de tous ceux qui se seront engagés pour sa conservation et sa restauration, pourrait avoir lieu au château de Châteaubriant en 2007.

La lettre de Nantes Renaissance. Lettre publiée par l’Association Nantes Renaissance. Lettre d’information du portail des associations du patrimoine et des paysages. Lettre publiée par la FNASSEM. Possibilité de s’abonner pour recevoir gratuitement la lettre par mail : site de la FNASSEM http://www.associations-patrimoine.org Mémoire du patrimoine. Naturopa, 2003, n°99. Nantes : un modèle ? L’archéologie industrielle en France. déc. 2002, n°41. Spécial patrimoine rural. 303 Arts recherches et créations, 1er trim. 1998, n°56. La revue 303 consacre régulièrement dans ses numéros des articles sur le patrimoine des Pays de la Loire. Le pôle documentaire patrimonial du centre de documentation de la DRAC propose un fonds important sur le patrimoine régional. 1 rue Stanislas Baudry 44035 Nantes, ouvert au public du lundi au vendredi de 8h30 à 17h30 (16h le vendredi).

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POINT DE VUE « Pierre brute, pierre taillée »

En 2004, la Journée du Patrimoine de Pays est placée sous le thème de la pierre. À l’échelle de la LoireAtlantique, rendre compte des rapports entre la pierre, le patrimoine architectural et les paysages est une tâche complexe quant on connaît la diversité des matériaux disponibles et la richesse des savoir-faire utilisés au cours des siècles.

Pierres et usages

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Pendant des siècles, les constructeurs ont tiré du sol proche la terre, le sable et les moellons de pierre, qu’ils ont parfois mêlés au bois, à la paille, au roseau. La pierre, extraite de multiples carrières disséminées sur tout le territoire, a donc eu une influence longtemps très locale sur l’architecture. Mais dès le Moyen Age, et d’abord pour les édifices prestigieux, châteaux ou églises, des matériaux venus d’ailleurs (tuffeau ou calcaires durs, ardoise, marbre…) ont été importés, souvent par voies navigables. À partir des XVI et XVII es siècles, des références « savantes », notamment italiennes, sont venues influencer l’architecture, et progressivement les constructions modestes. L’usage des matériaux locaux s’est alors parfois trouvé confronté à des exigences contradictoires, conduisant les maîtres d’œuvre à l’utilisation d’artifices : parements de tuffeau sur des maçonneries de moellons de schiste, ou badigeons « fausse pierre » sur des murs en briques... Les formes architecturales évoluaient, en fonction des possibilités techniques qu’offrait telle ou telle pierre, mais aussi et surtout en fonction des usages du bâti, et selon l’image que ses bâtisseurs souhaitaient en donner. L’architecture la plus simple n’échappait pas aux volontés de représentation sociale. La technique et l’usage, donc, et le regard porté, ont créé des formes architecturales, comme à l’inverse les styles architecturaux ont influé sur l’usage du bâti, et sur le regard que l’on portait sur lui. Il n’y a donc pas toujours un lien évident entre le matériau utilisé et la forme donnée à une architecture. Des édifices identiques, comme les métairies construites au XIXe siècle dans les grandes propriétés agricoles, peuvent avoir été construites ici en brique, ailleurs en schiste, ailleurs encore en moellons de granite enduit. De même, une même pierre peut avoir servi à la construction d’édifices de nature et de proportions totalement différentes.

Réalités et symboles En matière d’appréhension du patrimoine, le décalage entre l’aspect actuel et la volonté initiale des bâtisseurs peut être grand. Les édifices ont vieilli, les enduits et les badigeons se sont usés, jusqu’à

finalement disparaître sous l’action de la pluie et du vent. Un autre exemple est donné par les pierres apparentes et les bois teintés présents dans de nombreux intérieurs restaurés, dont la vue aurait autrefois offensé tout habitant, même modeste, jusqu’à ce qu’une habitude récente ne fasse disparaître les enduits et les badigeons de chaux blanche pour mettre à nu les murs et les poutraisons. On ne construit aujourd’hui quasiment plus en pierre. Mais on ne s’est peut-être jamais complètement remis de cette évolution : il nous faut , la plupart du temps, habiller le béton d’enduits couleurs de sable ou de revêtements en pierre agrafée. Il faut à beaucoup des portails, des rocailles, des cheminées de vraie ou de fausse pierre. L’idée même de la pierre rassure. Et la restauration du patrimoine architectural (« les vieilles pierres ») n’est pas la seule façon de prendre ses repères puisque, même neuve, la construction continue de se présenter comme un investissement « dans la pierre ».

Quelques pierres en Loire-Atlantique La pierre bleue est une roche

métamorphique schisteuse, de couleur grise plus ou moins bleutée, extraite des carrières de Nozay, Juigné, Grand Auverné, Fercé… Imperméable et dure, résistante à l’écrasement, elle peut être débitée en feuillets. Elle a ainsi pour caractéristique d’avoir pu être utilisée de multiples façons : appareillages de moellons minces et longs, linteaux monolithes droits ou clavetés en arcs, appuis et jambages de fenêtres, mais aussi palis pour les clôtures et les parois de dépendances, ou dalles de sols, pierres de seuils, marches d’escalier, poteaux de vignes, croix de chemin… Son nom, et le patrimoine qui s’y rattache, en font un élément fort de l’identité d’une partie du nord du département.

Le granite est une roche magmatique grenue, de teinte variable allant du gris au roux en passant par les beiges et les bruns, présente dans le sous-sol de l’ouest et du centre de la Loire-Atlantique. Son abondance et ses qualités de résistance l’ont fait utiliser pour des constructions de tous ordres, en moellons ou en pierre de taille, pour les élévations ou les seuls soubassements, les linteaux, les chaînages d’angles, les encadrements. Elle a permis

l’édification des fortifications du Duché de Bretagne, avant d’être supplantée par le tuffeau dès le XVe siècle, pour les logis nobles comme celui du château de Nantes. Mais l’image du granite, autant basée sur sa robustesse que sur la force des édifices médiévaux, est celle de la pérennité, en même temps que celle de l’identité bretonne de certains sites de Loire-Atlantique, comme Guérande, Le Croisic ou Piriac.

Le tuffeau est un calcaire tendre

d’origine sédimentaire, absent du sous-sol de Loire-Atlantique, mais importé du Saumurois depuis des siècles par la Loire. Sa structure fine et homogène, et sa tendreté, ont permis son utilisation en pierre de taille, dans la masse ou en parements, et la création de moulurations et de décors sculptés. Sa légèreté a permis la création de voûtes audacieuses dès l’époque gothique. Sa sensibilité à l’humidité est parfois la cause du vieillissement prématuré des façades enduites ou mal protégées. Le coût de son transport et sa fragilité en ont fait une pierre « chère », longtemps réservée aux intérieurs et aux parties nobles des châteaux et des églises. Elle est ensuite devenue le matériau idéal des façades urbaines des XVIII et XIXes siècles. Dans le monde rural proche des rivières, elle a été utilisée pour les encadrements de baies, les corniches, les cheminées. Mais, en Loire-Atlantique, son image reste associée aux compositions urbaines et aux édifices prestigieux.

Le « tout-venant » est un terme

générique qui désigne des pierres variées, extraites de gisements locaux, et utilisées comme moellons, parfois en mélange. Ces grès, gneiss, granites ou calcaires durs, plus ou moins aptes à la taille, ont permis l’édification de murs grâce à un savoir-faire complexe, l’art de la « limousinerie », technique de pose adaptée aux caractéristiques de chacune de ces pierres. Les élévations étaient montées en réservant les meilleurs moellons pour les parements extérieurs, pendant qu’un mélange de pierres et de déchets de taille, noyé dans des mortiers de chaux, de sable et de terre, comblait l’intérieur des murs. Les façades étaient souvent enduites, notamment celles des habitations. Si les moellons restaient apparents, les artisans réalisaient parfois de savants arrangements de pierres différentes, avec une évidente préoccupation esthétique.


REGARD

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A ctua l i té d u C . A . U . E .

EXPOSITION

EXPOSITION

« Architecture, bois et développement durable »

« Architectures du XXème siècle en Loire-Atlantique »

Un livre et une exposition réalisés par le CAUE de Loire-Atlantique.

> Du 21 Septembre au 31 Décembre 2004 au CAUE.

A l’initiative de la délégation régionale d’Atlanbois et de l’Union Régionale des CAUE des Pays de la Loire, le recensement d’une quarantaine de projets d’architecture faisant appel au matériau bois dans la région a donné naissance à une exposition itinérante et à un ouvrage réalisés par le CAUE de Loire-Atlantique, présentant les qualités architecturales et techniques de la construction bois, et l’intérêt de l’utilisation de ce matériau dans la prise en compte du développement durable.

Dans le foisonnement de la production architecturale du XXe siècle, il n’est pas simple de faire un tri que le temps, les nécessaires destructions ou l’évolution du regard n’ont pas encore opéré. Il est donc ardu de décider de ce qui sera, ou ne sera pas, un élément du patrimoine futur.

18-27 juin aux Herbiers / 15-20 septembre au Grand Pavois / 20 septembre - 5 octobre au Mans / 10-30 octobre à Laval / 6, 7, 11 et 14 novembre à Nantes (Salon Habitat et Immobilier) / 2-4 décembre à Nantes (Salon Artibat)

CONCOURS « Prix départemental d’architecture et d’aménagement 2004 » La remise des prix du palmarès de la 2ème édition du Prix départemental d’architecture et d’aménagement de Loire-Atlantique se déroulera début décembre 2004.

La docum entation

Des édifices divers, prestigieux ou modestes, témoignent des mutations de ce siècle. Ils nous offrent quelquefois des leçons d’architecture. Ils apportent souvent leur qualité aux paysages urbains et ruraux.

Exposition conçue par le C.A.U.E. de Loire-Atlantique / Photographies de Bernard RENOUX.

JOURNÉE D U P AT R I M O I N E D E P A Y S « Pierre brute, pierre taillée » 20 Juin 2004 Comme les années précédentes, le CAUE assure la communication de cette journée à l’échelon départemental en partenariat avec la CAPEB 44, Nantes Renaissance, la Fondation du Patrimoine, Tiez Breiz et le soutien du Crédit Agricole. Le programme des manifestations au plan départemental est disponible au CAUE de Loire-Atlantique.

Ils sont ainsi, ou deviendront peut-être, des éléments du patrimoine.

La notion de patrimoine, et les moyens mis en œuvre pour le protéger, ont aussi connu des évolutions, qui ont parfois modifié les conditions de la conception architecturale. Certains édifices expriment ainsi les difficultés et les richesses d’un dialogue devenu nécessaire entre conservation et création. En complément des expositions réalisées en 2002 et 2003, le C.A.U.E. de Loire-

Les anciens numéros de la Lettre d’Information du CAUE sont téléchargeables sur : www.caue44.com/journaux/archives.asp N° 1 - Dossier «Aménager/développer sa commune avec la loi SRU» N° 2 - Dossier « L’espace est un patrimoine » N° 3 - Dossier« Architecture contemporaine » N° 4 - Dossier« Dimension(s) paysagère(s) »

Les dernières acquisitions du centre de documentation

ARCHITECTURE ET HABITAT

URBANISME

SENSIBILISATION

Code des marchés publics. Ed. des Journaux officiels, 2004. 163 p.

Jeu et détente : prise en compte dans l’aménagement de l’espace public. Certu, 2002. 231 p.

Jardiner avec les enfants. Jardiniers de France ; GRAINE Ile de France, 1998. 100 p. Lire sa ville : des activités pour la classe au cycle III et en 6e. CRDP de l’académie de Créteil, 1999. 216 p. SAINT-JACQUES Camille (dir.). Arts contemporains, 1950-2000. Ed. Autrement ; SCEREN, 2002. 448 p.

Le logement social en Europe : genèse, développement et actualité. Actes du cycle de conférence 2002, volume 1. CAUE du Rhône, 2004. 55 p. Processus de conception et sciences sociales. Les cahiers du L.A.U.A., 1994, n° 2.

PAYSAGE

Le projet architectural et urbain. Les cahiers du L.A.U.A., 1995, n° 3. Leçons de ville. Présentation publique du projet. Les cahiers du L.A.U.A., 1996-1997, n° 4. Esthétiques populaires. Les cahiers du L.A.U.A., 1999, n° 5. Qualité environnementale des bâtiments, manuel à l’usage de la maîtrise d’ouvrage et des acteurs du bâtiment. ADEME, 2003, 294 p.

Ag enda

Mais il est possible de regarder ces architectures, qui composent l’essentiel de notre cadre de vie actuel, d’essayer de les comprendre, d’accepter d’être surpris, et parfois séduits.

Atlantique présentera un nouveau choix d’une douzaine édifices, proposés comme autant de repères, de signes, d’opportunités de questionnement et de découverte.

Expositions Du 15 mai au 17 octobre 2004 Chaumont-sur-Loire - 13ème édition du Festival International des Jardins. Conservatoire des parcs et jardins et du paysage à Chaumont-sur-Loire. Cette 13ème édition sur le thème « Le chaos apprivoisé » propose 30 nouveaux jardins. www.chaumont-jardins.com à partie du 19 mai 2004 Hangar 32 - quai des Antilles - Nantes. « Une Île en ville... une ville en l’île » Une exposition pour suivre l’évolution du projet d’aménagement de l’île de Nantes. Vendredi :10h-17h / Samedi : 14h-19h / Dimanche 14h-19h / entrée libre

Jusqu’en août 2004 Parc de la Villette à Paris « Vivre, c’est habiter » - Présentation de 8 maisons contemporaines. tél. 01 40 03 75 75

Imaginer le val de Loire. Le fleuve et ses territoires : des enjeux patrimoniaux aux grands projets urbains, Orléans, 26 septembre 2003. Agence d’urbanisme de l’agglomération orléanaise, 2003. 132 p. MASBOUNGI Ariella. Projets urbains en France. Le Moniteur, 2002. 208 p.

depuis janvier 2004 Exposition virtuelle « Les bateaux du patrimoine en Pays de la Loire » sur le site www.bateauxdupatrimoine.culture. fr - La DRAC des Pays de la Loire présente les 18 bateaux classés monuments historiques ayant leur port d’attache en région des Pays de la Loire.

Arbres remarquables en Maine-et-Loire. Imago, 2003. 143 p. CHAIB Jérôme. Les eaux pluviales : gestion intégrée. Sang de la terre, Foncier conseil, 1997. 173 p. Jardiner. Les Carnets du paysage, 2003, n°9-10. MARCEL Odile (dir.). Territoire du bocage : un paysage à lire. Les Cahiers de la compagnie du paysage, 2002, n°1.

Exposition itinérante : « Arbres remarquables en LoireAtlantique » - 1er au 30 Septembre 2004 à Chauvé. - du 1er au 10 Octobre 2004 à La Chapelle-sur-Erdre.

Renseignements au CAUE 02 40 35 45 10

du 16 juin au 2 juillet 2004 à Plougragan (22) et du 5 au 31 juillet à Brest (29) Exposition « Une provocation constructive, architecture et développement durable au Vorarlberg » présentée par l’Institut Français d’Architecture et le Vorarlberger Architektur Institut. Du 2 juillet au 29 août 2004 à Nantes Lieu Unique – Quai Ferdinand Favre à Nantes. Exposition « Nature(s) uniques ». Liliana Motta, artiste botaniste, crée dans la cour de l’ex-biscuiterie LU, un luxuriant jardin de 200 m2 composé de 2800 plantes vivaces et annuelles dites invasives. En partenariat avec le Service des Espaces Verts de la Ville de Nantes et le lycée Jules Rieffel de St-Herblain.

n°5 - juin 2004 - Publication du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Loire-Atlantique 25 rue Paul Bellamy - 44000 NANTES - Tél. 02 40 35 45 10 - E-mail : contact@caue44.com Directeur de publication : Vincent DEGROTTE Rédacteur en chef : Christophe BOUCHER - Comité de rédaction : Nadine BIZEUL, Emmanuelle BOMMÉ, Conception graphique : Nicolas BAUD Crédit photo : CAUE 44 (sauf mention contraire) Dépôt légal : Juin 2002 - Imprimerie : VAL DE LOIRE à SAINT-AIGNAN-DE-GRAND-LIEU - Papier recyclé - N° ISSN : 1637-4452


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