Le livre des étoiles part 14

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Tant pis, Corsaire !Veillez à ce que mes compagnons soient soi-

gnés et conduisez-moi à votre chef. " Sherk comprit qu'il avait devant lui un vrai Karde : un Bâghère de Cighur, premier monde d'Hatysa. Peu après ils montaient à bord du Loup des Etoiles quise dressait comme une haute tour de métal luisant sur le spatioport désert, les détecteurs en alerte et toutes pièces dehors. j'ai ici avec moi un capitaine confédéré quiveut " Capitaine Volkurt, vous parler et qui... , * Est Chigir Bâgh ! , fit sèchement le Karde, car la patience n'était pas son fait. Sherk se tut, conscient d'avoir commis une erreur. Et voulut partir, mais on lui fit signe de rester et d'amener des sièges. u Que voulez-vous de moi, capitaine Chigir Bâgh ? , s'enquit Yerma Volkurt avec une politesse circonspecte. Car ilsavait que les Kardes sont les plus féroces d'entre les Tchirghri. Aussi sombres que leur fin pelage aux reflets de moire, leurs ruses et leur téméritê les ont fait redouter de tout le bras spiral, et malheur à qui allait à l'encontre de leurs desseins... Le vieux pirate se rendait compte que celuiqui se tenait sans crainte devant lui était particulièrement fier et dangereux. qui accepteront de me suivre' " Combattre à vos côtés et avec ceux Mais seulement contre les lmpêriaux, vous nous déposerez ensuite en dehors de la sphère impériale solaire , dit le Karde en relevant la lèvre sur ses dents blanches. u Cette proposition me flatte et m'honore, capitaine, et je serais bien stupide de la refuser , répondit Volkurt aussi doucement qu'il le put, en soutenant le regard inquiétant des yeux vert béry| oÙ se lisaient l'intelligence, I'arrogance et une volonté intlexible. u Est-ilvraiment sûr ? , demanda étourdiment Horvann le navigateùr en langue pisque, que comprenait Volkurt. Chirgir Bâgh sursauta comme si un aiguillon l'avait touché, il se leva d'un bond et lui décocha un regard terrible. Atteint dans son honneur, le Karde frémit comme s'il allait tuer l'imprudent. qu'une parole ! » rauQua-t-il, farouche comme " Le Peuple Noir n'a panthère ténêbreuse qui retrousse ses babines et montre les une crocs.

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Et ses yeux smaragdlee flambaient d'un éclat rouge. " Je le sais, capitaine » se hâta de répondre Volkurt en fixant sévèrement son subordonné interdit. Et je suis certain que Horvann, qui " est Piscan, ne voulait pas vous insulter. " Chigir Bâgh détendit ses muscles, comme à regret, et toisa le navi_ gateur avec un mépris hautain. ll se rassit avec lenteur. o Je l,espère bien ! , se contenta-t-il de gronder entre ses dents sur un ton peu êquivoque. Horvann s'en sortait à bon compte. Car ilétait notoire qu,un Karde et particulièrement un Karde hassêen pardonne rarement à qui l'a offensé. De plus, Chigir Bâgh était un officier de ces Franc-Chasseurs qui opéraient en enfants perdus et harcelaient comme des loups les forces impériales. Et ces troupes d'aventuriers avaient la réputation de se

comporter davantage en brigands qu,en soldats, leurs chefs fermant parfois les yeux pour autant qu'ils se battent bien. Tels étaient les corps francs et leurs officiers étaient connus pour être, par nécessité, gens redoutables... Le navigateur tremblait, car il avait vu la lueur rouge transparaltre derrière les prunelles vertes et s'éteindre doucement comme une braise. Et il savait, à présent, qu'il venait sans doute d,échapper à la mort. sherk ne devait plus revoir chigir Bâgh dans une pareille colère, sauf le jour où un homme de volkurt prétendit que les chasseurs Libres de Cighur s'amusaient à maltraiter les femmes prisonnières. ll y eut un duel, cette fois, et toute la science de Keerabah n,empêcha pas le Kursan de succomber à ses blessures. Horvann parti, les deux capitaines mirent au point les détails de leur future coopération. Yerma volkurt ne voulait pas se risquer dans la province de Denebola, où subsistaient d'importantes garnisons impériales, et comptait tenter une grande razzia enTransléonée, aux environs de Coxa. ll exposa ses plans au Cighuréen, qui l,écoutait sans mot dire. chigir Bâgh approuva le projet mais conseilla à volkurt d'éviter soigneusement Adhaferra car il le tenait d,un naute de Regulus qu,il avait forcê à parler - les solaires y entretenaient une flottille de surveillance quiavait la force d'une petite escadre. Ses affaires, chasse aux renseignements et coups de main divers, le tenaient au courant de presque tout ce qui se faisait entre les étoiles. 192


ll n'y avait pas un an que les ïerriens étaient parvenus à le capturer et I'avaient mis à pourrir dans cette geôle immonde. Or certaines choses n'avaient guère dt changer depuis... u La Tauride est fort intéressante pour vous, ronronna la voix persuasive, car toutes les forces que l'lmperium possède dans le secteur sont concentrées pour défendre Nath contre les Jorughas et les arrières sont dégarnis jusqu'à la hauteur d'Aldébarran, où commence le

dispositif de défense intérieure de Terra. Je vous conseille aussi d'abandonner définitivement l'Eridanie où les Confédérés cherchent à se renforcer et qui entrera un jour toute entière dans la sphère hanséatique, où je ne sais rien du Libre Echange... , Yerma Volkurt dissimula un bref sourire et continua d'êcouter attentivement, Chigir Bâgh avait remarqué le fugitif mouvement de ses lèvres et froncê le sourcil, mais il choisit de I'ignorer comme il sied en pareil cas. n Sij'étais vous, insista-t-il, je m'établirais en Aquilée, dans la province de Tarazed, ou aux abords des Marches Scutaires que les lmpériaux négligent à cause de leur présent conflit avec la Ligue des Royaumes Humains : une petite guerre qui a pour enjeu une poignêe de soleils, dans la Couronne Australe. lly a aussi des troubles entre Shaula et Antarès. Le sultan de Matar réunit hommes et vaisseaux pour conquérir Enif, en dépit du veto impêrial. Quoi qu'il advienne, cette histoire va tout mettre en dêsordre et occupera longtemps le préfet d'Homam. u Vous y ferez bonne chasse ! » conclut-il, enflant juste assez la voix pour que le ronron se mue en un grondement léger. Une curieuse flamme s'était allumée et éteinte dans ses yeux de vert béry1. Le communicateur annonça l'arrivé d'Agar SsanroT, l'otficier de renseignement. ll voulait parler d'urgence au capitaine Volkurt. n ll y a un homme - une sorte de savant - qui prêtend connaltre I'emplacement d'une cité mystérieuse où se trouvent de fabuleux tréSOfS...

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* Faites-le entrer , Volkurt jouait avec sa dague à la lame gravée d'étranges runes et au manche d'ivoire d'un travail stupéfiant, les motifs gracieux et distors rellétaient l'harmonie déroutante d'un art insen-

sé : l'onirisme d'une civilisation raffinée jusqu'à la déliquescence. ll l'avait pris autrefois à un capitaine salphan. n Nous manquons de temps pour de telles futilités dit avec impa" 193


tience Chigir Bâgh, qui se méfiait comme il convient des chasseurs de trésors et de leurs lubies. , " Ceux de Flandrys ont certainement réclamé du secours... j'ai paPas de intercepté leurs capsules-messages. " Oui, mais quart que d'une dans le trouilles et le prochain vaisseau n'est attendu année planétaire - trois mois locaux qui font deux mois standard, fixés d'après les normes terriennes. Nous pouvons ratisser la planète ! Aucune raison de partir, mon potentiel de combat reste opérationnel- je n'ai perdu qu'une quarantaine d'hommes et six chars - et notre pacte

le renforce de façon inespêrée. , " Fort bien... Qu'il vienne ! , dit Chigir Bâgh avec raideur. lljeta un regard sur le pelage en loques de ses flancs meurtris et rajusta les restes de sa tenue avec une feinte indifférence. Yerma Volkurt eut un bref sourire pour Sherk toujours présent et immobile. Reste ! disaient les yeux du capitaine pirate. Le Karde te fait confiance et ilveut que tu le saches. Tu t'en tires très bien, mon petit... Le vieil homme entrâ, escorté par le lieutenant Ssanroi- un Kiang à moitié homme et à moitié tchirg, qui appartenait à un de ces mystérieux peuples hybrides que I'on trouve au plus profond des Marches * et un voltigeur zakte aux yeux lavande. u ll est venu spontanément à nous, précisa tout de suite Agar Ssanroï, et il propose de nous conduire dans les ruines d'une ville légendaire. Pour lui c'est sérieux, j'ai contrôlé ses dires au détecteur de mensonge. ll est sincère... " " Gungala la Dorêe existait au temps des Grands Anciens, avant même que l'homme n'apparaisse sur la Terre Originelle psalmodia le vieil homme. Et les Râkshars disparus I'habitaient. De nombreuses expéditions l'ont cherchée mais toutes ont échoué, sauf une dont un homme seul est rentré fou. Un vieux document héloTm, dont un naute qui revenait des mondes de I'Universelle Harmonie m'avendu la copie, certifie son existence et donne même son emplacement exact. , Un doigt maigre à l'ongle long et jaune se promena sur la carte. , coassa-t-il en désignant un point situé entre deux chaînes de Là! " montagnes, en plein dans la zone marquée UNKNOWN... " On l'appelle aussi la Cité lnterdite. " Yerma Volkurt gratta son double menton, ce quivoulait dire qu'il commençait à être intéressé. Chigir Bâgh lui-même consentit à un coup d'æil faussement dis-

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trait. ses moustaches raides et blanches frémirenten une imperceptible secousse, une lueur bizarre passa dans ses yeux virides. sherk remarqua qu'il s'êtait levé à demi. " Et voici la preuve I » cria le vieil homme en brandissant une liasse de feuilles jaunies couvertes de fins signes cabalistiques. n Harmonique Ancien , dit Chigir Bâgh entre ses dents, et ilferma à moitié ses yeux de marbre vert où s,allumaient deux points d'or. u Pourquoi êtes-vous venu chez nous ? , s'enquit le capitaine Volkurt, méfiant comme un vieux loup expérimenté qui flaire le piège. u Les autres n'osent pas y aller, l,unique survivant a raconté des choses incohérentes et horribles - des histoires de spectres surgis du passé pour châtier les profanateurs. C'est pourquoi ils l,appellent la cité lnterdite et ils la craignent. , Le vieil homme eut un rire cassé de dément. " Mais les Franc-corsaires ignorent la peur et arracheront aux fantômes les trésors des Râkshars, et moij'auraivu Gungala avant de mourir ! " Yerma Volkurt ferma un ceil et se tassa sur son siège. plein de cu_ riosité pour ce qui allait suivre, le Karde pencha un peu la tête et filtra l'éclat subit de son regard vert doré. Le vieillard trembla de fièvre, l'écume apparaissait aux commissu_ res de ses lèvres. Moi, lngmar Linkor, ie sais ! Et les autres rient de " moi " haletat-il dans un anglique si pur qu'il ett fait honte aux aristocrates de Sol. Gundala était grande et fière, ily a encore cent mille années terrestres, quand les Héloïmi ailés venaient chez nos ancêtres et leur parlaient par la pensée au moyen des couronnes de lumière qui leur ceignaient le front. Mais les Râkshars blasphémèrent contre la Loi. lls furent châtiés, c'est pour cela que leurs cités tombent en ruines et sont envahies par la jungle. Gungala la Dorée fut la dernière d'entre elles et elle rêve parmi ses trésors à son passé glorieux, en attendant ses nouveaux maîtres. " u Bien parlé ! » convint Chigir Bâgh avec un ronronnement sauvage et il ajouta : u On s'en souviendra en ta faveur... , Ses paupières à demi_bais_ sées dissimulaient de plus en plus mal le feu de ses prunelles. u Soit, décida Yerma Volkurt, j'envoie deux chaloupes avec le ma_ tériel de fouille en plus des groupes de combat. cet homme ira avec eux, et s'il a menti... ,

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" J'en suis ! " lit simplement le Karde, une flamme verte dansait dans ses yeux allumés. et vous " Alors, capitaine Chigir Bâgh, ie vous confie l'expédition ie , souhaite bonne chasse t parg demain et je demande seulement une dizaine de mes " Je

gens (une brève lueur passa dans son regard chatoyant), ils savent se battre et leront face comme il sied aux pêrils inconnus qui nous attendent. "

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CHAHTRE

XIII

LA CITE INTERDITE

Au-dehors la nuit tombait et déjà s'allumaient une à une les étoiles scintillantes dont, bientôt, la foule silencieuse allait poudroyer le ciel. Des constellations exotiques commençaient à se dessiner en figures brillantes, esquissant en un léger pointillé de lumière des silhouettes merveilleuses et fantastiques. D'étranges motifs cloutês de diamants se déployaient, illuminaient gerbes et de guirlandes entrelacées en fabuleuses arabesques le de velours bleu sombre du firmament. Peu de temps après, Sherk d'Acamar aidait ses camarades à charger une foreuse robot à bord d'une chaloupe spatiale. Son coéquipier orionide, du nom de Ula Svard, avait servi comme canonnier à bord d'un char lourd confédéré avant de devenir pirate et s'y connaissait aussi en machines. Soudain, le Karde quiveillait au chargement fit signe à Sherk de venir. , " Tu as été blessé ? demanda-t-il en désignant les marques encore rouges de ses poignets. n Noo, torturé plutôt, précisa Sherk, sur la machine à écarteler du lieutenant Rahroum. Mais il n'a rien obtenu de moi ,, ajouta-t-ilavec une fierté amère. Chigir Bâgh le regarda, une chaude lueur passa dans ses yeux de marbre vert pareils à des clairières de jungle où voletaient des abeilles d'or. Sherk vit frémir les fines vibrisses blanches de ses moustaches

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félines, le Karde lui souriait comme à un ami. Un main de velours noir lui pressa l'épaule. " Tu es brave et cela me Flalt ! " ronronna la voix feutrée avec une vibration farouche. u Ainsi toi non plus tu n'as pas cêdé... , n Non ! dit Sherk sourdement, ses tempes battaient et une main " de feu lui griffait la gorge. Et ilgronda comme dans un délire de haine : " Je ne pense pas pouvoir oublier de si tôt le chevalet de Rahroum ! , " Moi non plus ", souffla le Karde avec sauvagerie " cela et le reste! , Mais il se reprit aussitôt. D'un geste brusque ilferma son col, sur lequel il avait lait coudre les écussons à tête de mort des Franc-Chasseurs. Fier et loyal, Chigir Bâgh détestait particulièrement les traîtres et son orgueil ombrageux refusait I'apaisement de l'oubli. lls survolaient toujours l'immensité moutonnée, que bordait à I'horizon la ligne bleue des montagnes, et d'où émergeaient de temps à autre d'immenses rochers enrubannés de lianes et couronnés d'arbres ployant sous leurs guirlandes en festons. Son tour de garde passé, Sherk sommeillait debout contre le garrot musclê de Diamarra, le bras appuyé à la base du torse et le visage enfoui dans l'âcre tiédeur

des poils fauves du léo-centaure immobile. n Nous y sommes ! , s'écria brusquement lngmar Linkor, exalté, en désignant la sylve particulièrement dense quitapissait le fond d'une cuvette. " Voilà Gungala la Dorée ! , Réveillê en sursaut, Sherk vlt le Karde examiner le paysage sur les écrans et par le hublot de proue, les lèvres plissées en un vilain rictus. n Je ne vois rien en tout cas, grogna Chigir Bâgh circonspect, et les détecteurs sont muets. , Ses yeux smaragdins avaient leur vert froid de jade, avec l'éclat dur de la mêfiance et du soupçon, quand ils revinrent au vieil homme qui ne se laissa pas troubler pour autant. " Bien str ! ll faut être au sol pour voir la Citê des Anciens et Gungala ne daigne pas se manifester à de pauvres instruments de détection électronique. " " Si c'est vrai, les installations fonctionnent toujours. projections tridimentionnelles de camouflage avec champs brouilleurs. , Chigir Bâgh émit un petit feulement d'appréciation. « Nous devrons être très prudents... , ll doutait toujours, mais ses yeux n'avaient plus leur mauvais regard.

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Sceptique, il fit pourtant descendre la chaloupe. L'autre resta en arrière pour les couvrir en équilibre sur les flamboiements de ses réacteurs. Et la feerie apparut. lls lurent éblouis par l'êclat des dÔmes et des coupoles étincelantes, pareils à des cloches fantastiques posées sur le sol, dont l'or fin réfléchissait les feux du soleil. La rêverbêration les obligea à baisser les visières filtrantes de leurs casques. Chigir Bâgh amena la chaloupe près de l'êpave d'un hêlico qui achevait de se rouiller et, dans un rugissement de turbines, I'enfonça dans les taillis. La seconde embarcation vint à son tour, rasant les arbres pour échapper à d'éventuelles défenses automatiques, et se dissimula de la même façon. L'acier disparaissait dans cette folle luxuriance, noyé par les couleurs crues qui semblaient fondre et couler en pluie de la masse sombre des frondaisons. Des bleus aigus, cruels, des jaunes enflammés, des taches rouges de sang et toute la gamme des verts depuis ceux qui ourlaient la broderie des mousses laineuses et des rideaux de lianes jusqu'aux laites obscurs des seigneurs géants, dédaigneux de la vermine qui se bousculait à leur pied. Ecrans antidêtection activés, les engins furent laissés à la garde de quelques hommes d'équipage. De l'odeur capiteuse de la jungle et des remugles de ses pourritures s'exhalaient des relents de mystère. L'air êtait épais, oppressant, comme une angoisse sourde, ainsi qu'il l'esttoujours avant que se dêchaîne la tempête. C'était l'heure torride, le long moment terrible du soleil où la chaleur écrase tout et où l'on étouffe même dans I'ombre moite, comme visqueuse, des sous-bois. Et quel silence ! On aurait dit que la forêt aussi avait peur, qu'elle baignait tout entière dans une crainte sans âge qui se faisait brusquement plus lourde de terreurs accumulées comme des nuées d'orage. Le ciel incendié êtait pourtant vide quand il apparaissait très haut, par taches violettes d'un feu presque liquide, au fond des trous crevant la verdure noire des feuillages immobiles. Les commandos sortirent les vêhicules et approchèrent de la ville de légende déployés en tirailleurs, leurs armes braquées sur le scintillement des dômes qui étaient des îles de lumière oÙ venait mourir en un léger ressac d'herbes folles et de broussailles la mer verte des arbres géants aux chevelures emmêlées de lianes. lngmar Linkor sanglotait en proférant des paroles incohérentes, mais les canonniers des chars P 68 et des autochenilles pointaient

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\.'Yüt\*

I I

favec inquiétude leurs pièces sur l'enchantement doré des étranges

constructions rutilantes qui êmergeaient de la grande forêt peureuse. Aucune vie, même animale, ne se manifestait autour d'eux et nul bruit f insolite ne vint de la nature inconnue pour soulager la tension indéfiI qui régnait en ces lieux. nissable / C" fut dans un silence sépulcral, à peine rompu par le cliquetis des I chenilles, qu'ils s'engagèrent dans la multitude symétrique des aveI nues de laque noire. Cnigir Bâgh, fièrement dressé dans la tourelle ouverte de son char de commandement, inspectait chaque détail de ses puissantes jumelles sondoscopiques - que le brouillage limitait au seul grossissement f

I

f I / I visuel. ( Monte sur le dos altier du Serkor, le métis progressait en éclaireur. te jet crépitant de son pistotet s,ajouterait . ÿ En cas d'attaque, "rffÊLtpar

-\

le bazooka de I'Homme-Lion. De plus ils seraient couverts tt^a crachés par le tir des voltigeurs qui suivaient en ordre dispersé, et par les ca-

nons des chars de soutien qui grinçaient en dérapant sur le sol lisse.

sur les autochenilles étaient montés de petits obusiers sans recul

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achetés longtemps auparavant à quelque officier corrompu de l'Empire. Sherk posa la main sur l'épaule de sa monture, et il se rendit compte que Diamarra tremblait, " Qu'y a-t-il, frère ? , demandat-il au jeune guerrier burria dont il connaissait le courage. " Un danger impalpable nous entoure et une invisible menace plane sur nous, je le sens ! souffla le centaure, étrangement oppressé. " " Nous devrions quitter cet endroit au plus vite... il est temps encore... Ou par Sarog, dieu des combats, il me semble que ce sera notre dernière bataille ! Et il n'est pas certain que nous aurons seulement I'occasion de nous battre... " Sherk eut I'idée fugitive d'exhorter son ami, mais la chassa. Diamarra qui s'êlançait avec joie dans la mêlêe et qui avait ri sous la torture, Diamarra était brave jusqu'à la témérité et s,il avait peur, c,était que le danger était d'une nature inconnue et terrifiante. Frémissant, il marchait quand même, les oreilles dressées et la queue battante, de son pas souple et silencieux. Tous les muscles tendus et les sens en alerte comme un grand lion qui s'aventure en territoire étranger. Mais sherk sentait I'inquiétude et le frisson dans la lon200


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