Initiatives n2

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le journal dont nos élus sont les héros

Haguenau 900 ans

numéro 2 un supplément de

Une histoire qui continue de s’écrire p. 9, 10, 11 & 12

Lembach joue la carte du bilinguisme

p.5

Manspach trace son cercle vertueux

Supplément à l’Ami hebdo du 19 juillet 2015

ISSN 2266-5412

Soppe-le-Haut Mortzwiller L’union en 2016

p.6

Dans les coulisses du Corso de Sélestat

p.8

Nos élus et leurs passions

p.14

Or noir et eau chaude à Soufflenheim

p. 7

Kingersheim ne voulait pas perdre la santé

p.13

p.15

Le partenariat gagnant de Niederbronnles-Bains et du Val de Moder

p.16

Chaque semaine, retrouvez toutes les éditions de l’Ami hebdo, ainsi que ses suppléments sur votre tablette numérique avec

67 & 68 Le ras-le-bol des élus alsaciens

p. 3 & 19

Plus d’infos sur www.ami-hebdo.com/lami-kiosk/


Les Communes au tableau d’honneur de ce 2ème numéro d’Initiatives en Alsace Lembach La volonté bilingue sur tous les fronts

p.5

Niederbronn-les-Bains Le partenariat jeunesse de la Comcom

p.17

Soufflenheim Quand la géothermie soutiendra la poterie

p.13

Haguenau

Une mobilisation générale pour les 900 ans p.9, 10, 11 & 12

Sélestat Le Corso Fleuri reste la fête emblématique

p.8

Muntzenheim Anim’jeunes pour les vacances scolaires p.18

Kingersheim Une nouvelle solution de santé mutualisée

p.15

Manspach Trois décennies de préservation de l’environnement p.6

Soppe-le-Haut Mortzwiller unissent leurs destins

p.7

Village-Neuf Un partenariat commune/ associations pour l’été

p.18


ANDRÉ Maire de Souffelweyersheim pendant 17 ans, André Reichardt siège au Sénat depuis 2010. Membre de la commission des lois, qui recouvre notamment l’organisation des collectivités territoriales, l’élu bas-rhinois tire à boulets rouges sur la baisse des dotations de l’Etat et sur la loi NOTRe dans son ensemble. Échanges…

REICHARDT

«Soyons francs. La grande région, c’est une connerie»

«Un coup de poignard dans le dos des collectivités» Depuis 2010, les finances locales sont déséquilibrées, avec une croissance des dépenses bien supérieure à celle des recettes. Dans ce contexte, que vous inspire la chute annoncée des dotations pour la période 2015-2017 ? Elle est pour moi de mauvais aloi. Elle crée, pour beaucoup de communes, un vrai souci en matières d’investissement mais aussi de fonctionnement. Lors de la dernière campagne sénatoriale, j’ai été chahuté de voir tant d’inquiétudes nées de cette baisse de dotations. Les communes avaient déjà supporté tant bien que mal une diminution du concours financier de l’Etat en 2014, alors même que leurs frais de fonctionnement et les exigences, notamment d’accessibilité, ne cessent d’augmenter. Là, le coup est dur et très grave.

Quelle est l’ambiance au Sénat sur cette thématique ?

Quelque soit les bancs, chez Les Républicains comme chez les Centristes et les sénateurs du RDSE (Ndlr, Rassemblement démocratique et social européen), c’est vent debout contre cette démarche. Nous n’arrêtons pas de relayer notre mécontentement et nous n’avons cessé de l’exprimer durant l’examen du projet de budget pour 2015. Le Sénat avait d’ailleurs proposé une alternative, battue en brèche par l’Assemblée nationale, où l’effort des collectivités locales ne portait que sur la part qui leur est imputable dans la dette nationale.

L’impact de la baisse des dotations se limitera-t-elle aux collectivités ? D’évidence, c’est un coup de poignard dans le dos des collectivités mais plus largement de l’économie française.. On sait que l’investissement privé ne se porte déjà pas bien, que le secteur de la construction, notamment dans le logement locatif social, marque clairement le pas. Seul l’investissement public pouvait encore faire quelque chose. Or avec des communes et des Départements pris à la gorge, le drame va être économique et social.

Supplément à l’ami hebdo du 19 juillet 2015

Ce «drame» que vous anticipez peut-il encore être évité ?

Même si cela veut dire attendre les échéances électorales de 2017 ?

Il convient que les préfets soient très attentifs à la situation. Certaines collectivités ne manqueront pas, demain, d’être incapables de fonctionner. Elles ne peuvent guère jouer sur le personnel, des fonctionnaires, comme variable d’ajustement, et ne peuvent échapper à un glissement vieillissement technicité largement positif. A l’échelon territorial, les services de l’Etat devront veiller à ce que ne soit pas jeté l’anathème sur telle ou telle commune ou sur tel ou tel maire «qui ne saurait pas gérer». Car tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, en fonction de son histoire et des potentialités d’investissement. Globalement, il faut remettre l’ouvrage sur le métier, donner au moins les moyens de fonctionner aux communes les plus en difficulté et, après, revoir sur qui doivent peser les efforts.

Oui, c’est de la pure politique, mais c’est comme ça. J’appelle de mes vœux l’alternance. Il y a des économies à faire ailleurs qu’au détriment des collectivités, et notamment dans le train de vie de l’Etat. A ce titre, la loi NOTRe n’est qu’une mesurette qui ne supprimera rien du millefeuille institutionnel français. Une vraie décentralisation, par un transfert réel de compétences à des collectivités, est incontournable.

Est-ce à dire que vous ne voyez positivement ni les grandes régions, ni le seuil des 20.000 habitants pour les intercommunalités, ni même le principe des communes nouvelles ?

Soyons francs. La grande région, c’est une connerie [sic]. Je suis profondément régionaliste, mais pour une région à taille humaine, dans lesquelles nos concitoyens se retrouvent. Concernant l’intercommunalité, elle doit être consentie, volontaire, et pas faite à la hussarde. Le Sénat voulait un maintien du seuil des 5.000 habitants ; il semblerait que l’on se dirige vers celui des 15.000. Enfin, la solution des communes nouvelles m’apparaît pernicieuse. Etrangler les communes ou les étrangler moins mais en les obligeant à fusionner avec d’autres et en les entraînant vers l’intercommunalité de demain, le principe me gêne. Tuer la commune par cette politique de gribouille, c’est éloigner des électeurs le seul élu qui avait encore une accroche sur le terrain. C’est tuer la cellule de base de notre société. Je veux penser que la droite ne fera pas cette bêtise. Propos recueillis par Florent Mathern

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Lembach joue la carte du bilinguisme

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Manspach trace son cercle vertueux

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Dans les coulisses du Corso de Sélestat

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Nos élus et leurs passions

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Or noir et eau chaude à Soufflenheim

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Kingersheim ne voulait pas perdre la santé

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Le journal s est distribué à 20 000 exemplaires à toutes les collectivités d’Alsace ainsi qu’aux abonnés de mx hebdxx et aux habitants des communes concernées par les articles du numéro.

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l’Alsace

le journal dont nos élus sont les héros

Le monde ne sera sauvé, s’il peut l’être, que par des insoumis.

André Gide p. 4

FAITS ET IDÉES

La logique de l’échec p. 4

RENCONTRE

Avec Joël Thoraval

Dimanche 22 mars 2015

La Lettonie p. 7

LUCELLE

Un nouvel écrin pour la chapelle p. 8 & 9

PÂQUES

Nos bonnes adresses AVEC CARITAS ALSACE

Haguenau 900 ans

+

Une histoire qui continue

p. 9, 10, 11 & 12

SOURIONS UN PEU

p. 46

Notre page humour p. 47

RÉGION

Dernière manifestation avant élection Der Volksfreund R29085 15.12F: 1,75 €

p. 3, 6, 46, 47 et 48

ALSACE

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Lembach joue la carte du bilinguisme p.5

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Pierre Freyburger et le Christ

de s’écrire

Soppe-le-Haut Mortzwiller

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Accueillez

un enfant pour les vacances! FOI ET SOCIÉTÉ

hebdo du 19 juillet 2015

Les élections départementales des 22 et 29 mars revêtent ainsi une importance inédite. En votants nombreux pour des candidats compétents et qui aiment l’Alsace, les électrices et les électeurs donneront ainsi une nouvelle chance à leur Région.

p. 5

TROIS MOTS SUR…

les 40 nouveaux cantons alsaciens

Supplément à l’Ami

En réunifiant rapidement Bas-Rhin et Haut-Rhin en un nouveau département Alsace, les défenseurs des spécificités régionales retrouveront un cadre institutionnel uni capable d’en assurer la représentation et la promotion.

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Avec la réforme territoriale qui impose en France la création de méga-régions, les Départements reprennent une nouvelle légitimité démocratique. Par leur proximité, les institutions départementales pourront continuer à assurer un service de qualité à l’ensemble des citoyens alsaciens.

L’union en 2016

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ET DES ENTREPRISES AU SERVICE DES COLLECTIVITÉS LOCALES le journal dont nos élus sont les héros

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Lembach joue la carte du bilinguisme

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COMMUNES, C OMMUNES, A ASSOCIATIONS, SSOCIA ATIONS, FÊ FÊTES, TES, SCOLAIRES, SCOLAIRES E , RESTAURATION,… REST TAUR TA U ATION,…

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CONSOMMER C ONSOMMER ON MER ALSACE A L S AC E Ça Ça coule cou ule l de d sou source ur e ! urc

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Vous avez été nombreux à nous faire part de votre enthousiasme après la parution du N° 1 d’INITIATIVES en ALSACE. Notre approche sympathique et positive de l'action des élus choisis par le suffrage démocratique a fait l’unanimité. Ce deuxième numéro fait la part belle à quelques partenariats réussis dans nos communes et communautés. Il se fait aussi l’écho du ras-le-bol grandissant des conseils municipaux et communautaires de notre région. Cette page présente utilement nos premiers partenaires commerciaux susceptibles d’intéresser toutes les collectivités dans la conduite de leurs actions. Le N° 3 d’INITIATIVES en ALSACE sera au rendez-vous de la rentrée de septembre qui s’annonce plus politique que jamais.

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■ Parution : 6 fois par an ■ Diffusion : 20 000 exemplaires ■ Abonnement annuel L’Ami/I.A. : 18 euros en partenariat avec

et aussi sur

www.ami-hebdo.com/initiatives contact : initiatives@ami-hebdo.com

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Ce numéro d’Initiatives en Alsace est un supplément de

Numéro préparé par: Florent Mathern Photos: F. Maigrot, J. F. Frey, F. Mathern, F. Clauss, DIA - JM. bannwart

édité par l’ami du peuple s.a.s. Siège social Grand-Est 30, rue Thomann 67082 Strasbourg Cedex Tél : 03 88 22 77 22 Fax : 03 88 22 51 66 www.ami-hebdo.com

Publicité: Jean-Claude Beaureperre Compo et maquette: Emmanuelle Kubler, Matthieu Hilbert

Imprimé en France Dépôt légal Directeur de la Publication : à date de parution Bernard Deck C.P.P.A.P. N° 0414 C 84654

Initiatives en Alsace


LEMBACH

LA VOLONTÉ BILINGUE

«Le ciel dialectal est moins sombre» Si les communes ne disposent d’aucune compétence ni obligation en matière de promotion du parler régional, certaines d’entre elles se sont approprié la problématique. C’est le cas de Lembach sous la houlette de son maire Charles Schlosser, signataire de la Charte européenne des langues régionales. Séquence témoignage avec cet érudit de poésie dialectale… dialectal est moins sombre qu’il ne l’était il y a vingt ans. La prise de conscience des élus et de certains parents est réelle. Il n’y a qu’à regarder le nombre d’initiatives à destination des plus jeunes. La création de l’OLCA a marqué un tournant. A ce titre, on ne rendra jamais assez hommage à Adrien Zeller, qui avait compris les enjeux avant tout le monde.

La genèse «Lembach entretient une tradition de gens du village qui écrivent en alsacien et suscitent depuis longtemps des vocations. Je pense notamment à Paul Bertoly, à Henri Mertz, à André Weckmann. Il y a quarante ans, un groupe de jeunes sensibles à la langue régionale crée la revue «D’r Eichbaum» (Ndlr, Le Chêne). J’en fais partie, je suis même l’instigateur du projet. J’avais déjà fait du théâtre dialectal, au sein d’une troupe qui s’était relancée après la guerre. Dans la foulée du Eichbaum, une autre troupe théâtrale nait à Lembach, nommée «Waschpritch» et qui joue du vaudeville en alsacien. Personnellement, durant mes études d’allemand à Strasbourg, j’ai la chance d’avoir comme professeurs des linguistes et dialectologues comme Raymond Matzen et Ernest Beyer. J’y côtoie aussi Roger Siffert et sa guitare. Du coup, à mon arrivée en mairie en 1989, je fais évidemment en sorte que le dialecte ait pignon sur rue !

Les actions Dès 1993, Lembach est parmi les premières communes d’Alsace à se doter de plaques de rues bilingues. Nous mettons en évidence, sur cinq fontaines, autant de strophes d’un poème d’Henri Mertz. Une partie du bulletin municipal est rédigée en dialecte. Quand j’appelle quelque part en Alsace, je parle systématiquement en alsacien. Une langue sans parler ni statut social dans l’espace public ne peut que mourir. En 2012, après Munster, Soultzmatt et Blienschiwller, Lembach

Initiatives en Alsace

Et l’allemand?

inaugure le quatrième sentier des poètes soutenu par l’OLCA (Office pour la Langue et la Culture d’Alsace). Ce Dichterwaj reprend, durant cinq kilomètres et sur une trentaine de panneaux, les textes poétiques d’auteurs locaux et régionaux déclinés dans différentes variantes dialectales. Dans le village, la tradition d’écrire en alsacien est perpétuée, notamment par l’œuvre poétique de notre ancien secrétaire de mairie, Charles Attali. Enfin, l’an dernier, Lembach signe la Charte européenne des langues régionales.

Les Charbonniers En 1998, nous avons créé l’association des Charbonniers du Fleckenstein (Ndlr,

le château éponyme, deuxième plus visité d’Alsace derrière le Haut-Koenigsbourg, se trouve sur le ban de Lembach) dont je suis toujours le président. Nous comptons 80 membres qui partageons nos activités entre la redécouverte des techniques, du métier et des modes de vie des charbonniers, la fabrication du charbon de bois et des animations culturelles. Nous disposons d’une chorale qui chante en alsacien et a participé à plusieurs messes à la cathédrale de Strasbourg durant les années 2000. L’association s’est vue décernée le Bretzel d’Or en 2014. Le 26 juillet prochain, au château du Fleckenstein, nous participerons à un culte œcuménique co-célébré par un

pasteur et par le curé de Marlenheim.

La Charte Lembach a été l’une des 22 premières communes d’Alsace à la signer. Aux côtés de Pierre Klein notamment, que je côtoie depuis quarante ans, voilà une dizaine d’années que je me battais pour que la France la reconnaisse. Aujourd’hui, cette étape franchie, il y a un autre palier à passer : convaincre les quelque 900 communes qui n’ont pas encore rejoint la Charte de le faire. La réticence vient d’une peur de s’engager, de sortir du rang, mais aussi concrètement de la contrainte d’embaucher du personnel bilingue. Pour autant, je crois que le ciel

Lembach est à la fois à la frontière de la Rhénanie-Palatinat et de la zone du francique. Je dirais qu’il y a un cinquième de locuteurs allemands parmi la population du village. L’important, ici, est l’ancrage dialectal mais aussi la présence de l’allemand. Notre école entretient des échanges avec une école allemande à Fischbach. Dans un souci de promouvoir le dialecte, nous menons une coopération transfrontalière sur plusieurs fronts. Des élus allemands sont ainsi intervenus à l’occasion de notre célébration du 8 mai. Les discours, en allemand, en alsacien et en français, ont donné une dimension humaniste à l’événement. Par ailleurs, à l’échelle de la Communauté de communes Sauer-Pechelbronn, notre politique touristique est menée en collaboration avec celle de nos voisins du Dahner Felsenland. Nous faisons les salons ensemble, disposons d’une revue commune. Nos deux territoires se situent dans la première réserve de biosphère transfrontalière reconnue par l’Unesco en Europe. La coopération est aujourd’hui dans les mœurs et va continuer d’aller de l’avant». Propos recueillis par Florent Mathern

Selon l’Office pour la langue et la culture d'Alsace, la région compte quelque 600.000 locuteurs réguliers du dialecte alsacien (sur 1,8 million d'habitants). La proportion de dialectophones concernerait 74 % des plus de 60 ans mais 12% seulement des 18-29 ans. Le travail de fond mené par des communes comme Lembach pour la défense et la promotion du parler régional revêt une importance historique considérable : il a encouragé une prise de conscience sociopolitique réelle de la nécessité d’un dialecte vivant et décomplexé ; il doit maintenant faciliter le renouveau du dialecte au sein des classes d’âge où il est le moins présent, les jeunes et les actifs. Par sa proximité et sa simplicité, l’action communale est un levier essentiel au service de notre identité linguistique. Aujourd’hui et pour demain.

avec Charles Schlosser 66 ans Retraité de l’Education Nationale Maire de Lembach depuis 1995 Vice-président de la Communauté de communes Sauer-Pechelbronn en charge du tourisme, de la culture et de la coopération transfrontalière

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MANSPACH

L’ÉCOLOGIQUE

Manspach trace son cercle vertueux L’eau, c’est la vie. Portée par la vision scientifique de son maire, la commune de Manspach confirme l’adage en ayant impulsé, et concrétisé, une ambitieuse politique de sauvegarde des milieux aquatiques naturels. Mieux, cette démarche a pris tout son sens dans un élan plus global et fondamentalement reproductible : l’écologie intelligente appliquée à des acteurs consentants est directement vertueuse pour le bien-être et le portefeuille de l’administré. Elle conduit également avec force vers les réalités d’une transition énergétique que les élus ont, si ce n’est l’obligation, mais le devoir de stimuler.

avec Dany Dietmann 68 ans Professeur de SVT à la retraite Maire de Manspach depuis 1983 Administrateur de l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse

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De la protection des eaux de la rivière à la réalisation d’une mairie à énergie positive, la commune sundgauvienne de Manspach vit et agit depuis trois décennies au rythme de la préservation de l’environnement. Initiateur et manager de cette démarche globale, le maire Dany Dietmann, éternel militant au service de l’éco-citoyenneté… L’homme est du genre prévoyant. Quand on le sollicite pour dérouler les tenants et aboutissants de la politique municipale en matière d’écologie, il répond par un rire étouffé et… par une question qui en dit long : «vous avez le temps ?» Oui, on a prévu le coup. On sait que Dany Dietmann a beaucoup de choses à dire. Trop, répètent à l’envie ses nombreux détracteurs. Le maire de Manspach n’en a cure. Depuis qu’il a pris en main les destinées du village en 1983, charriant son lot de critiques, de jalousies mais surtout d’initiatives structurantes, de l’eau a coulé sous les ponts de la Largue. Mais jamais l’élu n’a cédé ni changé de cap. C’est d’ailleurs justement la Largue, on a aujourd’hui envie de dire «sa» Largue même si elle ne compte qu’un kilomètre de linéaire sur le ban de sa commune, qui lui a naturellement insufflé la direction à suivre. «J’ai été professeur de sciences et vie de la terre. Arrivé en mairie, par déformation professionnelle sans doute, j’ai tout de suite voulu que les Manspachois disposent d’une eau dans le meilleur état possible.» Bâton de pèlerin en main, il part convaincre ses collègues élus de la nécessité d’actions à l’échelle de tout le bassin versant de la rivière. Dans les années 80, les eaux de la Largue, affluent de l’Ill, sont dans un état catastrophique. La première croisade de l’élu militant dépasse largement Manspach et débouche sur un changement radical : théorique d’abord, avec le passage d’une gestion des usages à une gestion des milieux ; concrète, ensuite, avec la création du Syndicat mixte pour l’aménagement et la renaturation du bassin versant de la Largue

(SMARL) et une pluie d’interventions en faveur des milieux aquatiques. Depuis, entre autres, les poissons sont revenus dans une Largue dont la température a baissé de deux degrés. «Les résultats du SMARL, dont le coût par habitant et par an n’excède pas les 3€, prouvent que la mauvais santé d’une eau et de ses milieux environnants n’est pas irréversible.»

«Mieux tu tries, moins tu payes» Au milieu des sceptiques et des idées reçues, Dany Dietmann est celui qui introduit l’hydrobiologie à l’ordre du jour de la politique locale. Pas un mince exploit. Il enchaîne ainsi les actes fondateurs, comme la mise sur pied du premier Schéma d’aménagement de gestion des eaux (SAGE) d’Alsace. Après le Syndicat et avant le Schéma, il aura, dès 1993, doté Manspach d’une station d’épuration en rhizosphère. Pourtant, ce sont deux réalisations éloignées de l’élément liquide qui vont conférer au maire qu’il est une médiatisation internationale. Au début des années 90, il emmène son conseil municipal sur la voie alors jugée utopique de la collecte sélective des ordures ménagères. «Beaucoup ont essayé de m’en dissuader. Au final, j’ai convaincu toutes les autres communes de la Porte d’Alsace d’en faire de même». En marche vers le «zéro déchet», un mot que Dany Dietmann remplace systématiquement par «produit résiduel», Manspach et ses voisins passent en 1999 à la redevance incitative basée sur le principe de pesée embarquée. «Nous sommes passés de 320kg d’ordures ménagères résiduelles par

an et par habitant à 75 aujourd’hui.» Ces chiffres et le modèle qui les accompagnent ont fait le tour de France. Ce que l’on sait moins, c’est que le coût du tri a dans le même temps baissé de 60 € annuels par habitant. Satisfait, Dany Dietmann ? «Oui, évidemment, même si la qualité du tri peut encore s’améliorer. Des villes comme Milan et Santa Monica vont plus loin que nous. Le principe est simple : mieux tu achètes, mieux tu tries, plus tu compostes et moins tu payes.» Volontiers provocateur, scientifiquement solide et résolument empêcheur de tourner en rond, le maire va à nouveau bouleverser les us et coutumes en 2010 en faisant poser 462 panneaux-

tuiles solaires sur le toit de l’église communale. Un projet fou mais reproductible qui, via un contrat de revente auprès d’EDF, dégage chaque année un excédent de 8.800 €, entre les recettes «électriques» et le remboursement du prêt qui a financé l’installation et la rénovation de l’édifice cultuel. Du coup, le village de 560 âmes vient de s’offrir une mairie flambant neuve avec un impact nul sur la fiscalité locale. Une mairie pas comme les autres, cela va sans dire.

Valeur ajoutée «Il y a eu beaucoup de réflexions en amont autour de la restauration du bâtiment», explique Dany Diet-

mann. «Nous voulions être irréprochables.» Plus vite dit que fait, sur un projet où s’agrègent les contraintes, notamment en matière d’accessibilité. L’édifice comprend ainsi un ascenseur en bonne et due forme pour accéder au 1er étage, situé… 35cm plus haut que le rez-de-chaussée. Restaurée, et inaugurée en mai dernier, la mairie ne paye pas de mine ; elle affiche seulement et en toute modestie le statut d’édifice au bilan énergétique positif. Et pour cause : des panneaux solaires produisent 9kwh d’électricité à la revente, 3,6kwh en autoconsommation ; le parking, en macadam recyclé, masque un puits canadien hydraulique où a été artificiellement reconstitué une nappe phréatique. Un système de récupération de chaleur permet de climatiser en été, de chauffer en hiver. En complément, une chaudière à granulés bois est prête à prendre le relais. Tout l’éclairage est à Led ou via des ampoules très basse consommation. Coût de l’opération, 660.000€HT, subventionnée à hauteur de 110.000 € par la Région et de 98.000 € par le Conseil départemental. «Surtout, entre les économies de fonctionnement et la revente d’électricité photovoltaïque, la valeur ajoutée avoisine les 20.000€ annuels», détaille le maire, soucieux de montrer que l’écologie et la transition énergétique forment, pour les Manspachois, un cercle vertueux économiquement viable. Et un sujet de discussions sans fin, alimentées par les idées et les actes de «leur» Dany Dietmann. F.M.

Initiatives en Alsace


SOPPE-LE-HAUT ET MORTZWILLER

L’UNION EN 2016

Deux communes et une nouvelle Les villages de Soppe-le-Haut et de Mortzwiller ont décidé d’unir leur destin au sein d’une «commune nouvelle». Complémentarité, histoire commune et incitation financière : les maires Franck Dudt et Christophe Beltzung détaillent les tenants et aboutissants d’un rapprochement officialisé au 1er janvier prochain. «Arriver à s’entendre. Voilà ce qui est primordial.» Avant même d’entamer les échanges, le duo d’élus opte pour une spontanéité toute légitime. On le sait, la chose publique est une affaire de personnes et surtout de bonne intelligence, ou non, entre ces personnes. A fortiori quand il s’agit de se rapprocher au point de construire un avenir commun. «Oui, le moment est historique. Nous allons nous marier.» Christophe Beltzung et Franck Dudt s’amusent de leur boutade qui n’en est finalement pas une. Respectivement maires de Mortzwiller et de Soppe-le-Haut, 350 et 580 habitants entre Masevaux et Dannemarie, ils ont décidé que l’heure était venue pour leurs collectivités de cheminer main dans la main. Le contexte historique et géographique abonde dans ce sens. 200 mètres séparent le panneau d’entrée de village de l’un du panneau de sortie de l’autre. Un sentier sécurisé relie les deux communes. Toutes deux partagent un même cimetière, un même monument aux morts. «Pas de querelle de clocher, nous avons une même église», sourit Franck Dudt. Fondé par le regroupement de quelques paysans, Mortzwiller a de tout temps été rattaché à la paroisse de Soppe-le-Haut. Les enfants fréquentent les mêmes écoles. Ce tableau offre une base de travail simplifiée et un terrain d’entente naturel. Restait à dégager la volonté politique d’aller plus loin.

Une charte à rédiger Les dernières élections municipales ont fait bouger les lignes à Soppe-le-Haut. L’arrivée dans le fauteuil du maire de Franck Dudt a rapproché les perspectives. L’intéressé, 35 ans et secré-

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taire général en mairie de Dannemarie, est immergé dans la réalité administrative des territoires. «Il a été l’élément moteur de notre démarche», reconnaît volontiers Christophe Beltzung. Il est aussi celui qui a mis sur la table un autre argument, et de poids. Le rapprochement et la création d’une commune nouvelle constituent en effet l’unique moyen de maintenir les dotations des deux communes à leurs niveaux actuels. Cette «carotte» se chiffre tout de même, pour le duo Mortzwiller-Soppele-Haut et sur trois ans, à 72.000 €. Une économie cumulée qui ne tient que si le regroupement est effectif au 1er janvier 2016. Sans compter que le projet évite à Soppe-le-Haut d’entamer une coûteuse mise aux normes de sa mairie, puisque… Mortzwiller l’a déjà fait. En résumé, pour éviter d’être étranglés, rassemblez-vous au plus vite, dit la loi du 16 mars 2015 améliorant le régime de la commune nouvelle. «Pour autant, les raisons financières passent après l’envie de monter un projet constructif pour la population», assurent à l’unisson les deux maires. Dans les faits, les étapes vers la commune nouvelle se sont enchaînées ces dernières semaines. La température a d’abord été prise au sein des deux conseils municipaux. Personne ne s’opposant à la démarche, un débat général a été ouvert lors d’une réunion qui mettait en commun les deux assemblées. Entre une fusion pure et simple et la création d’une Commune Nouvelle qui maintient jusqu’à l’horizon 2020 les deux entités communales, c’est la seconde option qui a été retenue. Une lettre a été distribuée aux quelques 930 habitants concernés pour les informer de l’orientation. Cinq élus de chaque commune ont ensuite re-

joint une équipe chargée de rédiger une charte précisant le fonctionnement durant la période 2016-2020 : «cela revient à créer notre propre recette dans l’éventail de la loi», avance Franck Dudt, «car, à notre petite échelle, nous sommes les premiers dans l’Est à aller vers la commune nouvelle.» (Ndlr, Sigolsheim, Kaysersberg et Kientzheim formeront eux une commune nouvelle de 4.650 habitants).

Quel nom, quel avenir? Le 3 septembre, une réunion publique présentera le projet à tout un chacun. D’ores et déjà, on connaît l’essentiel de la charte : chaque commune déléguée conserve son nom et un maire délégué ; chaque mairie reste un lieu d’accueil et garde toutes ses prérogatives en matière de démarche administrative ; les deux conseils municipaux fusionnent pour devenir, avec 25 élus, le conseil de la commune nouvelle, dont le siège se trouvera à Mortzwiller et qui élira son propre maire en janvier. La

charte mentionnera également le nom attribué à la commune nouvelle, un nom soumis à l’avis populaire lors de la réunion publique de rentrée et aux votes des deux conseils municipaux. Entre Soultzbach (ainsi s’appelle la rivière qui prend source à Mortzwiller et traverse, entre autres, Soppe-leHaut) et Soppewiller, les cœurs balancent. Au final, aucun changement tangible pour la population mais l’enclenchement d’une démarche où la marche arrière ne sera plus guère possible. Côté impôts, une double fiscalité demeurera l’an prochain, la commune nouvelle ayant jusqu’à octobre 2016 pour valider un lissage qui s’échelonnera sur une dizaine d’années. C’est en 2020 qu’il faudra officialiser le mariage et procéder à la fusion complète. La commune nouvelle sera alors LA commune de référence. C’est là l’unique certitude d’un paysage institutionnel encore puissamment illisible. Car pourquoi instaurer une commune nouvelle si c’est pour la voir noyée dans une intercommunalité omnipotente élue au suffrage universel direct ? Cette absence

de visibilité a d’ailleurs grandement joué sur le nombre finalement limité de créations de communes nouvelles. A Soppe-le-Haut comme à Mortzwiller, on veut croire en une réforme de l’organisation territoriale venue du terrain, appuyée par l’association des maires de France, pour optimiser la gestion et conserver le couple identité/proximité. Quelques mètres en aval, malgré sa proximité patronymique, Soppe-le-Bas n’est pas concerné par le projet. Arriver à s’entendre, oui on se souvient. «Plus facile de se marier à deux qu’à trois», glisse Christophe Beltzung. Au Moyen Âge et jusqu’à la Révolution pourtant, les deux Soppe comme Mortzwiller et un quatrième village appartenaient à une seule et même commune, dépendante de la seigneurie de Thann. «Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre», disait Churchill. Mais à le revivre comme une farce, susurre le fantôme de Marx. Au bord du Soultzbach, on espère vraiment que les deux se trompent… F.M.

Les territoires de demain seront mutualisés ou ne seront pas. Ceux qui auront fait le pas spontanément et sans crainte de l’autre garderont un long moment une longueur d’avance. Soutenu par l’association des maires de France et incité financièrement, le concept de commune nouvelle est l’une alternatives pour entamer une nouvelle vie ensemble tout en conservant son identité et ses spécificités. Clés du succès, un dialogue de tous les instants et une quête volontaire de simplicité. Ainsi, les communes nouvelles finiront par donner tout naturellement vie à des nouvelles communes, moins nombreuses mais plus unies.

avec Christophe Beltzung 51 ans Commercial Maire de Mortzwiller depuis 2008 et Franck Dudt 35 ans Secrétaire de mairie Maire de Soppe-le-Haut depuis 2014

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CORSO FLEURI

LA FÊTE EMBLÉMATIQUE DE SÉLESTAT

Dans les coulisses du Corso En ces temps de dotations en berne, la crispation financière mais surtout intellectuelle est l’un des écueils qui guettent bon nombre de communes. Elle ne saurait être une réponse viable à ces incertitudes planant férocement au-dessus des budgets municipaux. En terme d’événementiel, la tentation est grande de réduire urgemment la voilure, mais les choix méritent d’être mûrement réfléchis, notamment au regard de l’ancrage populaire des manifestations. La Ville de Sélestat continue ainsi de jouer à plein le jeu de l’événement qui, avec la bibliothèque humaniste, assure son rayonnement bien au-delà des frontières de la région : le Corso Fleuri, ADN festif de la cité. Car dans la morosité, mettre les moyens dans ce que l’on sait bon pour la population contribuera à redonner le sourire…

avec Marcel Bauer 66 ans Retraité de l’Education nationale Maire de Sélestat depuis 2001 Vice-président du Conseil départemental du Bas-Rhin 8

Qu’y a-t-il derrière l’organisation d’une manifestation-phare comme l’est le Corso Fleuri pour Sélestat ? Gros plan sur une municipalité volontariste, des services techniques mis à contribution et quatre mois de préparatifs : une vraie invitation à voyager les 8 et 9 août !

Les ateliers municipaux sont prêts à se muer en fourmilière. A la mi-juillet, une équipe de saisonniers vient occuper les lieux pour couvrir de papiers l’ensemble des «squelettes» métalliques qui habillent les chars. Puis, dans moins d’un mois et à la veille du jour J, les hangars seront envahis par une nuée de petites mains issues des 17 associations de la ville, toutes en charge du clou des préparatifs : le fleurissement de ces mêmes douze chars qui défileront le lendemain. Les ateliers municipaux retrouveront alors d’un coup d’un seul le calme. Pour quelques mois tout du moins, jusqu’en avril prochain. C’est à ce moment du printemps que tout a commencé à bouger cette année. Durant l’hiver, le concepteur des chars Eric

Ball s’est creusé les méninges pour définir un thème à l’édition 2015 du Corso Fleuri. C’est en effet la quatorzième fois que l’événement symbolique de Sélestat, née en 1929 de l’imagination des occupants des jardins ouvriers de la ville, se dote d’un fil rouge thématique. Au fil des saisons, le choix retenu, ouvre la porte à des tableaux expressifs et poétiques. «Le choix du thème est l’étape la plus délicate. Il faut qu’il soit fort et lisible», témoigne Eric Ball. «Ensuite, je mets tout sur plan, toutes mes idées de mises en scène pour les chars».

paux de concrétiser les plans du dessinateur en structures volumineuses. Une vingtaine de corps de métiers différents sont requis pour donner vie aux idées d’Eric Ball. Ferronniers, menuisiers, soudeurs, peintres, électriciens, tout le monde y passe. «Les préparatifs du Corso Fleuri mettent en valeur le savoir-faire d’une collectivité et de ses agents. A Sélestat, disposer de toutes ces compétences est une vraie force !» Philippe Raul est le responsable du service Festivités et Vie associative au sein de la Ville. Il supervise l’ensemble de l’organisation du Corso, le cortège, la sécurité, les animations en ville, et bien sûr le montage des fameux chars. La commande des fleurs, quelque 500.000 dahlias venus en droite ligne des Pays-Bas, est l’une des étapes primordiales. Après tout, le dahlia est aussi emblématique de Sélestat, par la vocation maraîchère de la ville il fût un temps. Cette année, ils seront entre 30 et 50.000 par char, selon qu’il faille donner vie et couleurs à cet éléphant en 2CV, à ces cygnes en gondole ou à ce

char de la rentrée scolaire. Qui sait, l’un d’entre eux aura peut-être l’honneur d’être piloté le jour du Corso par Marcel Bauer lui-même.

Effort budgétaire Le maire, aficionado numéro un de l’événement, a été conducteur (dont l’année dernière !), mais aussi spectateur («depuis mes 4-5 ans», glisse-t-il), caissier, puis en charge du clouage et de la décoration des chars. Dire qu’il est attaché au cortège est un doux euphémisme : «tant que je serai maire, on n’y touchera pas», assure-t-il à l’évocation de ce qui n’est plus aujourd’hui qu’un aspect parmi d’autres de la manifestation, entre les animations, le marché du terroir, la foire aux vins, le bal, le feu d’artifice et les concerts. Evidemment, l’aspect budgétaire compte dans ces temps de vaches maigres pour les collectivités. «Mais il faut savoir ce que l’on veut», affirme l’élu. «Et accepter de faire les efforts nécessaires pour des événements qui en valent la peine, qui mobilisent nos associa-

tions, qui mettent en valeur les synergies entre nos différents services.» Dans les faits, le budget du Corso avoisine les 500.000 €, avec des retours financiers difficilement quantifiables. Car si l’entrée est payante pour les visiteurs, à hauteur de 7 € pour un adulte, elle ne l’est pas le samedi, jour des cortèges et donc de la plus grande affluence, pour les Sélestadiens. Avec autour de 28.000 spectateurs ces derniers années, la recette «entrées» n’a ainsi jamais dépassé les 100.000 €. D’évidence, le Corso Fleuri coûte cher aux habitants de la ville. Mais il résulte d’une volonté municipale et associative visiblement partagé par l’essentiel de la population, qui accueille chaque année avec enthousiasme l’envahissement floral. En coulisses, dans l’effervescence à venir des ateliers, ces histoires de gros sous et d’orientation politique paraissent à des annéeslumière. Ici, tout le monde n’a que les yeux de Chimène pour ce Corso annuel qui prend forme… FM

Des savoir-faire Arrive la première semaine d’avril : charge aux employés des ateliers munici-

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900

HAGUENAU

ANS ANS

DU PASSÉ

À L’AVENIR

«Une histoire qui continue de s’écrire» «900 ans, quelle superbe opportunité de mettre Haguenau sur le devant de la scène !» Ce cri du cœur est poussé par le député-maire Claude Sturni. De la parole aux actes, l’élu a assumé en pilotant l’organisation d’une année-anniversaire qui restera dans les annales. Haguenau 2015, c’est une succession de temps forts, un déploiement d’énergies et un condensé d’émotions qui font rayonner la capitale de l’Alsace du Nord. Evidemment, à moins d’une heure à la ronde, la concurrence est rude. Imaginez, Karlsruhe fête ses 300 ans, la cathédrale de Strasbourg son millénaire. Soyez-en pourtant convaincus, Haguenau s’est donné les moyens de rivaliser avec ses voisins jubilaires. Mieux, la Ville, entendez la municipalité, comme la ville, deuxième plus peuplée du Bas-Rhin avec ses 35.000 habitants, donnent vie à un anniversaire dont la cohérence des festivités n’a rien à envier à personne. Ici, on a souhaité aller beaucoup plus loin dans la célébration, pour «parler de Haguenau dans une globalité, avec une globalité d’acteurs qui se saisissent de l’événement.» Globalité, motclé dans la bouche du dé-

puté-maire Claude Sturni. Résultat, les 900 ans forment une manifestation globale qui essaime tous azimuts, un mouvement d’ensemble qui se complète mois après mois de nouvelles initiatives. Fil conducteur de cette année exceptionnelle, la thématique de la métamorphose. «Transformation, changement de forme» selon l’étymologie grecque, «une histoire qui continue de s’écrire» pour le premier magistrat : Haguenau regarde ainsi son passé, mais aussi ses forces et faiblesses d’aujourd’hui et les transformations que la ville prépare pour son avenir. Les acteurs mobilisés pour et autour de l’année-anniversaire seront les moteurs des projets de demain. Le dixième siècle d’existence

de Haguenau débute par cette année de prise de

conscience autant que de prises de paroles. Il y en a

pour tous les goûts, de l’éphémère au moment

long, de l’exposition annuelle au meeting aérien, des Veilleurs au Festival du Houblon. «J’ose espérer que chacun va retenir autre chose de ces 900 ans», sourit Claude Sturni. «Laissez-vous surprendre par cette ville fière de son histoire, consciente de ses atouts et tournée positivement vers l’avenir.» Avec les soutiens de la Région Alsace, du Département du Bas-Rhin et de nombreux partenariats privés, Haguenau 2015 est un jubilé pluriel et ambitieux, subtil et délectable, «important pour ce que la ville est aujourd’hui et ce qu’elle veut porter demain.» Alors, on suit le député-maire et on accompagne la métamorphose ! Florent Mathern

Les 900 ans de Haguenau ont été déclinés en cinq dimensions stratégiques Claude Sturni nous offre son regard sur chacune d’entre elles ❍ La forêt

«Haguenau est partie de là. Aujourd’hui nous sommes fiers de notre écrin de verdure. Nous voulons faire de cette touche verte un atout de développement économique et touristique du territoire. Un projet de gestion durable va être arrêté, il est capital pour l’avenir. Avec l’ONF, nous allons concourir pour le label national «Forêt d’exception».

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❍ La culture

«Ce sont des femmes et des hommes qui ont des choses à dire, à vivre, à ressentir. Les manifestations qui en découlent revêtent de multiples facettes. Certains temps forts sont inscrits dans la programmation annuelle, mais sont «colorisés» par les 900 ans. L’objectif ? Toucher le plus grand nombre, permettre aux habitants d’être acteurs et que des choses restent. Une œuvre d’art contemporain va ainsi être créée et installée en ville : elle suscitera des réactions, créera des émotions et laissera une trace. Sur le thème de l’eau, de cette Moder qu’on ne voit plus couler en centre-ville, elle recréera, en plein cœur de la vieille île, une symbolique chère aux Haguenoviens.

❍ L’économie

«Le bassin de Haguenau est marqué par l’industrie. Avec Mulhouse, c’est même le pôle régional le plus puissant. Des partenariats financiers ont été réalisés avec le monde industriel, une opération également : la «journée des savoir-faire industriels» L’aspect commercial est également essentiel. Haguenau constitue le deuxième espace commercial du Bas-Rhin. Les 900 ans sont l’occasion rêvée de ré-intéresser des gens qui viennent d’ailleurs».

❍ L’histoire

«C’est le volet le plus classique. Un très bon colloque a eu lieu en début d’année. Deux ouvrages ont été édités. Une belle exposition s’annonce, en fin d’année et en collaboration avec le musée de Heidelberg. Nous aurons la chance unique de récupérer les insignes impériaux de la ville. Les 900 ans permettent de se souvenir du dynamisme de Haguenau au Moyen Âge, de son leadership pendant la Décapole. Nous recevrons aussi un «cadeau d’anniversaire» de l’Armée de Terre : une simulation en 3D du château impérial, réalisée par des militaires de la Brigade de Renseignement basée dans la ville».

❍ L’urbanisme

«Les 900 ans coïncident avec des opérations phares de notre programme de rénovation urbaine. Il y a eu la conclusion d’un projet majeur, avec l’inauguration de l’espace sportif Sébastien Loeb. Il y a l’ancienne caserne militaire Thurot, où les travaux d’aménagement du futur éco-quartier entrent dans leur phase active. Il y aura la première étape de la transformation du quartier de la gare, avec le lancement de l’installation du «passe-quartier», édifice qui franchira les voies ferrées et se posera en symbole de l’entrée de ville».

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HAGUENAU

UNE HISTOIRE QUI CONTINUE DE S’ÉCRIRE

La ville sous haute surveillance C’est assurément le projet le plus symbolique de cette année anniversaire : les Veilleurs de Haguenau déroulent en 365 jours et 730 tours de garde un fil d’Ariane artistique et événementiel, individuel et collectif. Entre introspection et regard sur la cité, une veilleuse a accepté de témoigner de son expérience. Marie-Thérèse Weisdecker, en poste le 25 janvier dernier… et observation, entre connexion et méditation, l’aurore et le crépuscule sont guettés. Il y a des siècles, ce guet était de rigueur partout. Aujourd’hui, il est remis au goût du jour avec un sens nouveau. Ou pas. Le rite a commencé le 1er janvier, il s’achèvera le 31 décembre. Chaque matin, aux alentours du lever du soleil, une personne veille sur Haguenau pendant une heure. Une autre fait de même le soir, pendant la dernière heure du jour. L’abri de guet est situé sur le bâtiment n° 2 de l’ancienne caserne Thurot. Un accompagnateur accueille le veilleur. 60 minutes plus tard, il le prend en photo et le laisse écrire ses impressions dans un livre d’or. Marie-Thérèse Weisdecker, ans et habitante de Gunstett, a veillé sur Haguenau au coucher du soleil le 25 janvier dernier. C’était un dimanche… «Il y a beaucoup à dire !

des questions. L’heure passe vite. J’ai mis un peu de temps à revenir à la réalité.»

Sur scène

MEHDI WEHRLE

Le point commun entre Belfort, Laval, Rennes, Fribourg-en-Brisgau et Haguenau ? Un petit bout de femme au délicieux accent des antipodes, pardi ! Chorégraphe belge d’origine australienne, Joanne Leighton a donné vie à un projet aussi curieux que puissant, humaniste autant qu’intime, bienveillant comme emblématique. Veiller sur la ville, ainsi que le Christ Rédempteur sur Rio, la Statue de la Liberté sur New York, voilà le concept. Il a été initié par celle qui était alors directrice du centre chorégraphique national de Franche-Comté, dans l’esprit de ces mots de Proust : «Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeux.» Un abri en bois vitré sur un point culminant, une année, une présence, un regard, le tour est joué. Entre action

Juste avant, j’étais impatiente, excitée. J’appréhendais de ne pas arriver à l’heure, de ne pas remplir ma mission correctement. Pendant, il y a en fait deux étapes. D’abord celle de l’entrée dans l’abri, de l’appropriation de l’espace et de la découverte de la vue, puis celle où l’on laisse divaguer son esprit. Dans un monde à part, avec le ciel, les oiseaux et l’horizon, j’ai fait le point sur moi-même, me suis posé

«Il y a 900 ans, les veilleurs existaient, pour des raisons de sécurité. Aujourd’hui, la mission a bien évidemment changé. Elle est de se mettre à disposition des autres, d’être solidaire et bienveillant. La veille est quelque chose de fort ; chacun est libre de faire de ce moment ce dont il a envie. Dès la présentation du projet, j’ai été séduite. Je participe aux activités théâtrales du Relais Culturel de Haguenau. Cette expérience, c’est être acteur, sur scène mais sans être vu par tout le monde. A la fois une démarche personnelle et d’appartenance à une chaîne.» FM

Haguenau a du timbre Un peu à sa propre surprise, la municipalité a décroché un Graal philatélique : l’édition d’un timbre national dédié à la ville et à son 900ème anniversaire. Retour sur une procédure accélérée… Quelque 1.500 demandes pour 50 à 60 heureux élus chaque année. Le numerus clausus est strict, la sélection digne d’un concours d’entrée dans une grande école. C’est sûr, le jeu doit en valoir la chandelle. Pourtant, il n’a l’air de rien, ce bout de papier de 4 centimètres sur 3, qui a le toupet d’afficher ostensiblement une valeur, 0,68 €, n’ayant quand même rien de renversant. Oui mais voilà, les apparences sont trompeuses. Un timbre, c’est sacré. Même à l’heure des réseaux sociaux et de la dématérialisation, il reste ce qu’il a toujours été : un for10

midable outil de communication. A l’aube de ses 900 ans, la Ville de Haguenau ne pouvait rester insensible aux appels du pied de son Cercle philatélique. Seul souci, les délais. «Entre le dépôt d’une requête et l’émission éventuelle, comptez en moyenne deux ans», explique Fabien Bauer, directeur de cabinet du député-maire de Haguenau. C’est lui qui va piloter un défi apparemment perdu d’avance. A l’automne, soutenu par la délégation régionale de La Poste et l’ensemble des philatélistes locaux, il remplit un dossier de demande d’émission de

timbre-poste auprès de Phil@poste, héritier du Service national des timbresposte et de la philatélie et

responsable des émissions philatéliques. «Vu les délais habituels, je n’y croyais pas trop». En février, la

bonne nouvelle surprend ainsi son monde en mairie. Haguenau aura son timbre pour le 900ème anniversaire. Le thème a forcément dû séduire au plus haut point les décideurs de Phil@poste pour qu’ils décident d’accélérer la démarche. D’après des visuels fournis par la Ville, la créatrice Sophie Beaujard et le graveur Claude Jumelet donnent vie à une représentation réussie d’une ville résumé en quatre édifices et lieux : ses musées alsacien et historique, son quai des Pêcheurs et, à l’arrière-plan, une vue historique de son château impérial. 1.000.080 exem-

plaires du timbre ont été tirés et mis en vente dans les bureaux de poste à partir du 6 juillet. Une vente anticipée, les 3 et 4 juillet, aura permis d’acquérir en avantpremière le précieux sésame. Et, pourquoi pas, d’envoyer déjà Haguenau et ses 900 ans se promener partout dans le monde… En quelques jours, l’Alsace aura ainsi été deux fois à l’honneur de la philatélie : le 22 juin, La Poste émettait en effet un timbre sur le mémorial du Hartmannswillerkopf, en hommage aux combattants de la bataille de la Première Guerre mondiale. FM

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POUR ÉVEILLER PASSION ET ÉMOTION

À HAGUENAU

Embarquement immédiat Les 900 ans de la ville résonnent comme une délicieuse invitation au voyage. Dans le temps, on le savait. Mais aussi dans l’espace, grâce à la surprenante collection des époux Rolland du musée du Bagage mise en scène dans le hall du Grand Manège de Haguenau jusqu’en octobre. «Le voyage était une destination en soi. Quand on voyageait, on avait le temps de réfléchir, d’échanger, de rencontrer les autres». JeanPhilippe Rolland est comme ça. Vous l’appelez pour parler de sa collection, et forcément le propos prend de la hauteur. «Cette période est aujourd’hui révolue. Nous courons pour ainsi dire après.» L’unique moyen de rattraper ces années perdues semble être de s’évader dans les allées d’une exposition qui rehausse avec bonheur les festivités des 900 ans de la ville de Haguenau. «Haguenau rêve de voyage, le bagage de luxe du 18ème siècle à nos jours» met en lumière 300 ans d’histoire des voyages. Comme les 900 ans, placés sous le signe des métamorphoses, l’exposition immerge le visiteur dans les métamorphoses successives de nos bagages, en

sans-restaurateurs d’excellence, les époux haguenoviens se sont pris de passion pour ces tranches uniques de voyage, ces valises de marque à la re-

De la banque au musée

fonction de l’évolution de la société, de ses moyens de transport et de ses habitudes vestimentaires. De la malle-lit de l’explorateur branché à la mallebureau commandée par Sir Arthur Conan Doyle, de la malle qui joue les penderies à la malle muée en meuble à chaussures mo-

bile, le voyage s’opère au gré des envies et de la locomotion choisie : sur le pont du paquebot Normandie, dans une voiture de l’Orient-Express, bien au chaud dans un compartiment de diligence Wells Fargo, sur un siège de 4CV, liste non exhaustive. Près de 200 luxueux

bagages, résumé de vies et d’aventures, sont mis en scène dans une scénographie volontairement plurielle. Elles sont issues de la plus importante collection d’Europe de bagages rassemblée par Jean-Philippe et Marie Rolland. Collectionneurs, mais aussi veritables arti-

Le fil rouge des 900 ans Alerte rouge dans Haguenau : la couleur de l’amour et du feu envahit la ville pour remuer passions et émotions autour du 900ème anniversaire. Derrière ce choix chromatique, une réalité historique… Affublé d’une paire de lunettes de soleil flamboyante, même lui voit rouge. Ce cher lièvre des sables dont l’appellation en dialecte est le sobriquet des Haguenoviens n’en croit pas ses yeux. Que le Sandhaas se rassure, il n’est pas le seul. En cette annéeanniversaire, voilà toute la ville comme passée dans un filtre. L’identité visuelle de l’événement Haguenau 2015 a en effet joué la carte de la chaleur, de l’énergie, d’une tentation à laquelle il est de bon ton de succomber. Le rouge est là, omniprésent. Mais attention, pas

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nommée parfois mondiale. Leur fonds rassemble au total quelque 600 pièces. Et donne envie de crier : «Haguenau, embarquement immédiat.»

n’importe quel rouge ! L’intéressé n’est ni vermillon ni carmin, mais garance, du nom de cette plante dont les racines et les tiges souterraines contiennent des pigments surpuissants. Son nom latin se suffit à luimême : rubia tinctorum.

L’avènement des colorants synthétiques a plongé dans l’oubli cette rubiacée aux propriétés si éclatantes. Mais Haguenau n’a pas la mémoire courte. Aussi improbable que cela paraisse, la plante a fait l’objet d’une culture intensive dans les environs de la ville au XVIIIème siècle. Originaire d’Asie Centrale et d’Europe de l’Est, elle s’est parfaitement adaptée au sol riche en sable des abords de la forêt de Haguenau. La garance revêt un enjeu industriel d’envergure, beaucoup de paysans signant des contrats directs avec les ca-

pitaines de l’industrie textile d’alors. L’extraction des pigments et la production de la teinture rouge se fait exclusivement à Haguenau. Avec cette garantie d’uniformité de la qualité apparaît, avant l’heure, une appellation d’origine contrôlée : le «rouge de Haguenau». Aujourd’hui, la vivace ne se trouve plus qu’à l’état sauvage. Enfin, presque. En quelques endroits stratégiques, vous verrez ses tiges grimpantes réinvestir l’espace d’une cité fière de ses racines. Et fière d’un rouge que 2015 fait reprendre des couleurs ! FM

La collection des époux Rolland connaît un premier moment-phare lors de l’inauguration, en juin 2011, du musée du Bagage. L’endroit se veut tourné vers l’histoire, mais aussi le présent avec la découverte de l’atelier de restauration. A noter, parmi les innombrables pièces uniques exposées, une création des collectionneurs euxmêmes : cette malle-bière gainée de kelsch, qui renferme une tireuse, des sous-bocks, des verres, des bretzels. Bref tout le nécessaire pour voyager avec un condensé d’Alsace dans son bagage. Le voyage prend une nouvelle dimension à l’automne dernier. Les préparatifs des 900 ans intègrent l’exposition du hall du Grand Manège. Le quartier général des festivités est fixé au 5, rue Saint-Georges, dans la vénérable bâtisse qui abritait jusqu’en 2004 la succursale haguenovienne de la Banque de France. Qu’à cela ne tienne, décision est prise de déménager par deux fois les bagages. En cette année 2015, les voilà mis à l’honneur dans un musée temporaire aux portes de la mairie. Dès le premier semestre 2016, le musée posera durablement ses valises dans l’ancienne institution bancaire à peine libérée par le «900ème». Un écrin à la mesure d’une collection unique.

Un festival arc-en-ciel A la croisée des cultures et des traditions, des rythmes et des couleurs, Haguenau et son 56ème Festival du Houblon feront à nouveau la part belle aux folklores du monde entier. Du 18 au 23 août prochain, un demi-millier de danseurs et de musiciens s’approprieront une manifestation placée sur le thème, cher aux 900 ans de la ville, de «Couleurs du monde, couleur garance». 50.000 personnes, six jours, cinq continents, les chiffres donnent le tournis mais ils ne sauraient suffire à décrire un événement pluriel. Volontairement, le festival s’ancre dans le local, à travers les deux produits emblématiques de la ville que sont le houblon et la garance, alors même qu’elle s’ouvre à la planète entière via des artistes d’une quinzaine de pays différents. Des concerts tous les soirs, des chorégraphies folkloriques, des dîners-spectacles, des prestations dans la rue, des déambulations de fanfares, rien ne manquera à l’appel. La clôture de la 56ème s’opérera en apothéose, autour d’une parade et de cinq scènes artistiquement festives en centre-ville. Pendant six jours, Haguenau s’offrira un somptueux arc-en-ciel, bien de son grand anniversaire.

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LES 900 ANS

DE HAGUENAU

J’y participe! Haguenau gourmand Des acteurs de tous horizons se sont approprié l’année jubilaire pour mettre travail et passion au service de leur ville en fête. En voici trois exemples…

Les pâtisseries sont légion dans la seconde ville du Bas-Rhin. L’une d’elle, la pâtisserie Guy Heitz, place d’Armes, est presque centenaire. Guy et Brigitte Heitz se sont tout naturellement joints à l’opération du 900e anniversaire. Le père Georges avait, dans les années 60, eut l’idée, en précurseur, de faire un moule du sceau impérial de la ville en cire, conservé au Musée de La Petite Pierre et véritable patrimoine historique de la ville. Après quelques tentatives, au fil des années, la vente de ce sceau ne dé-

passa pas le cercle des clients habituels. L’année des 900 ans était donc une opportunité de remettre au goût du jour ce sceau – grandeur nature entre 5 et 6 cm de diamètre –. La Bière du Sandhaas est

brassée pour l’occasion des festivités à Marienthal, quartier de Haguenau de près de 2.000 habitants où l’hôtel-restaurant-brasserie artisanale donne sur la place de la Basilique. «Notre bière-anniversaire est blonde, une Pils pure malt issue de plantation biologique», témoigne le directeur des lieux, ……… «Nous accompagnons l’effort de la ville pour mettre en lumière l’histoire des lieux. Nous avons également dans la gamme une ambrée Barberousse, qui souligne également le

passé de Haguenau, mais elle existait avant. Nos bières sont disponibles à l’Office du Tourisme de la ville, au «5», chez Vins et Terroirs, à la ferme Krieger route de Weitbruch, à la ferme Baehl à Kriegsheim et évidement chez nous à Marienthal». Par ailleurs, toute une gamme de produits dérivés est disponible à l’OT et au «5», allant du parapluie au tee-shirt en deux couleurs, en passant par les lunettes du Sandhaas, stylos, peluches et autres blocsnotes. F.C.

Avec la patrouille de France

Tous les ans, la chorale Aubépine réunit des chorales de l’Alsace du Nord pour un après-midi de chants en commun, pour et avec les résidents des maisons de retraite. «Le thème était tout trouvé cette année et tous les participants, les 120 choristes et les 150 invités, portaient du rouge garance. Le répertoire tournant autour de la ville, sa forêt, son passé», explique son directeur Louis Thinus. Le Conseil Municipal des enfants (10-12 ans) marque l’année festive par une chanson composée par les jeunes élus. «Parce que en chanson tout se comprend mieux», glissent les jeunes. Un an de travail fut nécessaire et le résultat sera bientôt visible sur la plate-forme You Tube. Le Centre Hospitalier a inauguré un parcours poétique au sein de son jardin thérapeutique. Plus de trente poèmes d’un membre du personnel sont mis en valeur sur des socles en bois agrémentés d’un travail textile du groupe «Textiles et Patchwork». Au fil de la promenade, on découvre les textes de Raymond Rouault, natif de Haguenau et brancardier, alias Le Polymorphe errant, dans lesquels il décline ses «impressions de la cité». L’habillage de la végétation et des espaces verts est signé de Marie-Louise Fagherazzi, artiste-plasticienne et technicienne de laboratoire. Enfin, les patients et l’animatrice de l’Unité de Soins de Longue Durée, Sylvie Guillaume, ont participé au projet à travers la fabrication de personnages-musiciens, complétant ce parcours avec l’art de la musique. Un vrai moment ludique et culturel autour de l’histoire de la ville, pleinement dans l’esprit de Haguenau 2015 ! F.C. 12

Dans l'esprit de l'anniversaire et de cette métamorphose qui se poursuit, le meeting sera tourné vers l'avenir. Il sera l'un des projets phares d’une annéeanniversaire déjà tournée vers demain. Il ne s'agira surtout pas d'un simple survol mais bien d'un show complet de la Patrouille de France qui sera basé, pour quelques jours, à Strasbourg-Entzheim, la piste de Haguenau n’ayant pas la longueur de sécurité requise. «Pourquoi la Patrouille de France, parce que simplement c'est la référence absolue dans le domaine», souligne Alexandre Nehling, directeur Sports et Jeunesse de la Ville de Haguenau qui supervise et organise, avec le président du C.O.M.A.H. (Comite d’organisation du meeting aérien de Haguenau) l'opération. Sur deux jours, et à prix abordable un plus pour cette manifestation, 10 €/jour ou 15 € les deux jours par adulte–, les regards seront tournés vers le ciel, mais pas que. «Nous avons travaillé

ARMÉE DE L’AIR

Les 26 et 27 septembre, le meeting aérien des 900 ans s’annonce comme un événement majeur. Et volontairement protéiforme.

avec les services météorologiques», complète Alexandre Nehling. «Selon les cycles de lune aux jours prévus, nous devrions bénéficier d’un ciel dégagé. C’est le grand souci du COMAH et de la Ville. En cas de mauvais temps, de la hauteur du plafond nuageux, on devra ajuster, voir au pire annuler.» La sécurité, il est vrai, prime. Il a fallu obtenir une autorisation préfectorale après le montage d’un dossier compliqué où la sécurité, tant en l’air certes mais également au sol, était primordiale. Entre 30 et 40.000 spectateurs sont attendus les 26 et 27 septembre prochains. L’accord de l’aviation civile et de

l’armée de l’air était aussi nécessaire. Les deux jours impacteront les vols en partance ou à destination tant de l’aéroport de Strasbourg-Entzheim que de de Karlsruhe/Baden-Baden. Car les avions de la Patrouille de France seront basés à Entzheim. Pour l’entrainement du samedi comme pour le show du dimanche, la voie aérienne sera bouclée longtemps avant et après. L’aviation est un thème porteur qui fascine petits et grands. Un thème en évolution constante, comme les mateurs pourront le vérifier sur place avec des démonstrations de la patrouille Reva préfigurant déjà l’avion de demain.

Placée sous le thème de la métamorphose durant deux jours, l’aviation montrera son aspect le plus légendaire avec quelques vieux coucous en belle forme et des «engins de demain». Une trentaine d’avions, mais aussi une exposition de drones et de matériels de toutes sortes témoigneront de cette évolution, sur un aérodrome de Haguenau qui fêtera pour l’occasion ses cent ans. L’armée stationnée dans la ville participera aux festivités. Meeting aérien de Haguenau samedi 26 et dimanche 27 septembre 2015 à l’aérodrome. F.C.

Initiatives en Alsace


LES GISEMENTS DE

Or noir et eau chaude? L’aventure «souterraine» de Soufflenheim est moins connue que celle de Pechelbronn et de Soultz-sousForêts. Son sous-sol a pourtant aussi été exploité pour ses hydrocarbures. Mieux, le gisement de Soufflenheim fait actuellement l’objet d’une tentative de remise en production. Etat des lieux sur place avec le maire Camille Scheydecker. Nom de code : SFH-1. Mensuration : 550m de profondeur, grand maximum. Fonction : puits de pétrole. Nous ne sommes pas dans l’Ouest du Texas, encore mois au-dessus du gisement Ghawar en Arabie Saoudite. Non, ici c’est l’Alsace du Nord, la bordure de la forêt de Haguenau. Et SFH, c’est Soufflenheim en jargon géologico-administratif. Au pays des potiers, l’or est couleur d’argile. Noir, il ne l’a été que pendant quatorze ans, entre 1954 et 1968. «Evidemment, Soufflenheim est aujourd’hui associé exclusivement à la poterie», témoigne le maire Camille Scheydecker. «Mais notre petite ville a aussi une longue tradition pétrolière.» Dans les années 50, la société de prospection et d’exploitation pétrolière en Alsace (Prepa) décide d’y exploiter treize puits sur le ban communal. 63.000 tonnes de pétrole brut sont extraites des entrailles locales. «Enfant, les zones de forage et les derricks en bois puis métalliques étaient nos terrains de jeu», se souvient l’élu.

Permis obtenu La production s’arrête brusquement quelques années avant le premier choc pétrolier, le type de forage nécessaire étant devenu trop onéreux et le gisement de Soufflenheim n’ayant jamais finalement été qu’un satellite de celui de Scheibenhard, à côté de Lauterbourg. Il y a peu, toutefois, des demandes de permis de recherche d’hydrocarbures ont commencé à réapparaître. L’augmentation du prix du brut et les progrès en matière de techniques d’exploitation ont rendu le sous-sol nord-alsacien à nouveau digne d’intérêt. Plusieurs puits ont été remis en production sur diverses concessions de la région. Pour Soufflenheim,

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commune est pour l’instant minime, de l’ordre de 1.600 € par an. Cela pourrait évoluer si les opérations préparatoires et les essais de production donnent satisfaction. Car l’exploitant devra alors verser une redevance communale sur les produits pétroliers, sorte de royalties qui n’a néanmoins que très peu de chances d’enrichir Soufflenheim : la somme à régler serait de 0,34€ par baril produit (en moyenne, pour du pétrole brut, 1 baril = 159 litres, une tonne = 1208 litres).

La carte de la géothermie

une demande de permis exclusif a été déposée par les sociétés Millenium GeoVenture et Geopetrol. Par arrêté ministériel, il a été obtenu en 2008 pour quatre ans, puis prolongé d’autant en 2013, le tout valant pour un territoire d’exploitation de 200 m2. Les travaux préalables de l’exploitant ont permis de situer un gisement à 500m de profondeur. De son côté, le conseil municipal a donné son aval aux forages : «la société a bien communiqué auprès de nous et des riverains concernés, garantissant qu’ils ne subiraient pas de nuisances», affirme Camille Scheydecker. Résultat, un premier puits, le fameux SFH-1, a été foré sur un terrain communal au bord de la rivière Eberbach. «Cette parcelle d’1,64 hectare était restée en dehors du périmètre constructible. Quand nous

avons eu les garanties qu’il n’y avait pas de risques de pollution, que la plate-forme de forage soit placée au-dessus du niveau de la crue centennale de l’Eberbach, nous l’avons louée à Millenium.» Le revenu pour la

Après un temps d’arrêt, les forages ont repris sur le puits SFH-1 en ce début juillet. Si l’extraction d’hydrocarbures est un jour relancée dans ce gisement, un site de stockage de brut sera installé à proximité du puits. Mais pour l’instant, rien n’est moins sûr. Les essais pourraient encore se prolonger plusieurs mois. Autre paramètre, le cours du baril de pétrole. Avec un prix mondial aujourd’hui à nouveau largement sous les 100 €, le brut venu d’Alsace a du plomb dans l’aile. Mais le maire de Soufflenheim reste confiant. Il a en effet une autre carte à

jouer, intimement liée à la première mais pourtant indépendante d’elle. «Dès le début, la géothermie a fait partie du deal avec Millenium Geo-Venture. C’est même pour nous le principal intérêt des forages ici». L’idée était de vérifier le potentiel de présence d’eau chaude. Il y en a, entre 1.500 et 2.000 m de profondeur. Le département «géothermie» de Moore Energy, compagnie pétrolière norvégienne qui possède Millenium à 55 %, a été mandaté pour effectuer des études de pré-faisabilité portant sur la valorisation du potentiel géothermique de Soufflenheim. «Reste à voir si la source d’eau chaude est suffisamment puissante pour donner vie à un réseau de chaleur.» Le maire n’exclut pas de chauffer ainsi deux nouveaux lotissements d’importance (l’un de 150 logements, l’autre davantage) qui vont sortir de terre dans les années à venir. Plus limité qu’à Rittershoffen (exploitation de la géothermie à l’échelle industrielle), ce process constituerait tout de même une autre forme de valorisation du potentiel énergétique de l’Alsace. Loin des puits à balancier et du brut visqueux des années 50… FM

SOUFFLENHEIM L’exploitation de gisements d’hydrocarbures, c’est l’incertitude de l’épopée, le vertige de pénétrer les entrailles de la Terre. En Alsace, l’activité revêt un caractère historique unique sur le territoire national. Entre le premier permis d’exploitation par galeries de mine accordé à la fin du XVIIIème siècle et les tentatives de reprise d’exploitation de ces derniers mois, l’Alsace du Nord confirme son statut de province pétrolière. Soufflenheim, comme d’autres, s’associe à cette nouvelle tentative de conquête de son sous-sol menée par des sociétés privées. Sa démarche, à juste titre et bien aidée par une règlementation des plus strictement encadrée, fait primer le maintien, voire mieux si affinités géothermiques, du bien-vivre de la population locale.

avec Camille Scheydecker 66 ans Retraité de l’Education nationale Maire de Soufflenheim depuis 2001 13


NOS ÉLUS

ET LEURS PASSIONS

«Des records sur moi-même» Oui, il y a une vie hors des bureaux de la mairie, des réunions intercommunales, des allées de l’hôtel du Département. Quand le voile de l’élu(e) tombe, reste l’homme, la femme, engagé(e) pour une cause, dans une passion, et d’autres défis, d’autres perspectives. Initiatives en Alsace permet aux décideurs politiques de présenter une autre facette de leur vie quotidienne, de leur personnalité, de leur citoyenneté aussi. Les premiers à se livrer : Brigitte Klinkert la marathonienne et Etienne Burger, en crampons et sur scène.

Deuxième vice-présidente du Conseil départemental du Haut-Rhin, Brigitte Klinkert court toujours. A 58 ans, entre deux réunions et une séance d’entraînement, l’élue a accepté de partager sa passion pour la course à pied. pline m’a attiré car elle permet de se vider la tête et impose un dévouement total du corps à l’effort physique. Surtout que j’ai commencé à courir aux côtés de Guy Rossi (Ndlr, Alsacien d’adoption, cet ultra-triathlète est une référence mondiale sur ces épreuves de très longues distances) !

Quel est votre record sur le marathon ? [Grand sourire] Oh vous savez, je ne suis pas une championne. Mais je suis endurante ! Les records, je les bats sur moi-même. C’est en 2008, lors du marathon de Berlin, que j’ai réalisé mon meilleur temps.

Des points communs entre la course et la politique ?

Combien de marathons avez-vous déjà effectué ? J’en suis à trois. Berlin, Londres et New York. Mon souvenir le plus fort des trois courses, c’est assurément Berlin, avec ce départ et cette arrivée à proximité d’un lieu aussi symbolique que la Porte de Brandeburg.

Comment êtes-vous venue à la course à pied ? J’y suis arrivée assez tard. Je ne suis donc pas «cassée» comme ceux qui courent depuis tout jeune. La disci-

Je vois plusieurs parallèles avec la politique. Les deux demandent un don de soi et une abnégation de tous les instants. Ce sont des écoles de volonté incroyables. Et puis, il y a le côté esprit d’équipe : même en course, car on s’entraîne mieux à plusieurs.

Il y a des mentors en politique. Quel coureur vous inspire le plus ? Sans hésiter, Haile Gebreselassie. Un jour, sur les 10km de Berne, je l’ai croisé courant de l’autre côté de la chaussée. Je me suis presque arrêtée pour mieux le voir, tant il donne l’impression de voler. Il a battu le record du monde du marathon l’année où j’ai couru à Berlin.

Combien de séances d’entraînement par semaine ? J’essaie de m’en tenir à trois sorties hebdomadaires. Cette année, avec les élections, ça a été un peu compliqué. Mais finalement,

une année d’élections peut être considérée comme un très long marathon, non ? Dernièrement, j’étais en déplacement au Sud-Liban. J’y ai fait une séance avec les soldats du régiment de Colmar du 15/2 : eux étaient plutôt surpris de me voir courir avec le groupe. Un excellent moment !

Quel est votre programme des mois à venir ? Je vais disputer la deuxième moitié du marathon de Colmar en septembre et les 20 kilomètres de Paris en octobre. Ca devrait aller pour mon état de forme actuelle. En 2016, par contre, je compte bien m’inscrire à nouveau à un marathon !

«Une école formidable» Vice-président du Conseil départemental du Bas-Rhin et maire de Kuttolsheim, Etienne Burger a un demi-siècle de vie associative derrière lui. A 64 ans, le football et le théâtre alsacien rythment ses loisirs… et ses discussions. défensif, pas le poste le plus brillant à l’époque. En 1973-74, j’ai créé un club dans mon village d’origine, Rumersheim, qui venait de fusionner et de devenir Berstett. En 1981, je suis allé à l’AS Nordheim comme entraîneur-joueur. Huit ans plus tard, je devenais maire de Kuttolsheim.

Le ballon rond, c’est dans la peau d’un acteur ou d’un spectateur ? A mon âge, je suis plus spectateur que joueur. Ma dernière licence, de joueur vétéran, date de 2001. Des blessures ont eu raison de mon engagement. J’ai aujourd’hui deux prothèses totales de genou. Ça ne m’empêche pas de disputer chaque année une petite rencontre entre élu et présidents de clubs à l’occasion de la coupe du Kochersberg. Sinon, je joue encore régulièrement au tennis et je pratique le ski de piste. Propos recueillis

par Florent Mathern 14

Votre carrière, en quelques mots…

J’ai commencé en minimes à l’ES Pfettisheim, pour rejoindre ensuite Wingersheim pendant sept saisons. J’étais un joueur moyen, milieu de terrain

lie). J’étais aussi au Stade de France lors du fameux France-Irlande et la main de Thierry Henry. Mais j’ai aujourd’hui autant de plaisir à aller voir jouer des U11, des débutants au rugby, le basket à Furdenheim ou le handball à Truchtersheim.

Le footballeur était aussi supporter ?

Pourquoi être passé des terrains aux planches ?

Il l’était et l’est toujours. Je suis abonné au Racing Club de Strasbourg depuis trente ans. Je suis allé voir SaintEtienne-Liverpool en 1976, plus tard aussi à Munich à un match du Bayern. Lors de la Coupe du Monde 2006 en Allemagne, j’ai assisté à toutes les rencontres de la France… sauf la finale (Ndlr, perdue contre l’Ita-

Avec l’amicale des maires, nous organisions des petites séances avec des sketches, et j’y participais. Un jour, on m’a proposé de rejoindre la troupe du théâtre alsacien de Fessenheimle-Bas. Je me suis pris au jeu et désormais, mon enthousiasme pour le théâtre a remplacé celui pour le ballon rond. Dernièrement,

pendant la campagne des départementales, et même le jour des élections, j’étais en représentation !

Qu’apporte un tel engagement associatif en politique ? L’engagement dans un sport d’équipe comme dans une troupe théâtrale est une école formidable, qui forme à la discipline, à la maîtrise de soi, au respect des règles et des autres. Dans ma vie d’homme public, il m’apporte une vision plus large, me fait rencontrer d’autres gens, me donne sans cesse l’envie d’être en relation avec les autres. Le monde associatif vaut toutes les formations universitaires du monde !

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KINGERSHEIM

LA SOCIALE

La ville qui ne voulait pas perdre la santé La Ville de Kingersheim devient la première collectivité d’Alsace à proposer à ses concitoyens une solution santé mutualisée. Gros plan sur une démarche volontaire et collective que le maire, Jo Spiegel, place dans un projet plus large : passer d’une démocratie consumériste à une démocratie de construction…

Le constat est sans équivoque à l’échelle hexagonale. Suffisamment inquiétant pour faire pousser des cris d’alarme à tout-va. Chaque année, davantage de Français renoncent purement et simplement à se soigner. D’une part, la couverture par la sécurité sociale des dépenses de santé a sensiblement évolué à la baisse. D’autre part, le taux d’équipement des ménages en complémentaire a suivi une courbe similaire. Derrière cette périphrase barbare, une réalité angoissante : plus de trois millions de personnes sont aujourd’hui sans complémentaire santé, divisant par deux le risque de se priver de soins en cas de besoin. Le chiffre gonfle encore lorsqu’on le complète par le nombre d’actifs qui ne bénéficient pas d’une complémentaire santé à un tarif de groupe, atteignant les 4,5 millions. Dans ce débat national ouvert pour sauver ce qui peut l’être de la protection

Initiatives en Alsace

sociale à la française, que peuvent faire les acteurs les plus proches du terrain, les plus proches de ces millions de familles qui n’ont plus les moyens de s’offrir une complémentaire à prix correct et/ou une complémentaire tout court ? «Le pouvoir d’achat et l’accès aux soins figurent parmi les préoccupations majeures de nos concitoyens. A l’échelon communal, nous devons essayer d’apporter des réponses», lance le maire de Kingersheim, Jo Spiegel.

«Ma commune, ma santé» L’élu, qui aime à s’auto-définir comme un homme de gauche atypique, est depuis longtemps le chantre convaincu du principe de subsidiarité dans le champ social. Voilà une décennie qu’il a fait de Kingersheim un laboratoire de pratiques politiques issues d’une démo-

cratie participative où transparence et échange sont les maîtres-mots. Le lancement récent d’Agora 15-20, une assemblée réunissant élus, associations et citoyens cooptés qui étudiera toutes les orientations municipales entre 2015 et 2020, confirme cette éthique de travail. Il était sans doute ainsi écrit que la ville ferait partie des pionniers à concrétiser sa prise de conscience communautaire en matière d’accès aux soins, «car il ne saurait y avoir de citoyenneté active quand les fins de mois sont difficiles». Le maire a donc porté la décision d’associer sa commune à l’association nationale Actiom (Actions de mutualisation pour l'amélioration du pouvoir d'achat), créée par des courtiers en assurance. Celle-ci propose aux habitants des collectivités membres du réseau un contrat de santé mutualisé décliné en trois formules, intitulé «Ma commune, ma santé». Près de 300 communes françaises

ont à ce jour opté pour ce dispositif clé en main de contrat collectif. A Kingersheim, la valeur ajoutée de ce dispositif «de groupe» négocié ainsi au meilleur rapport qualité-prix par Actiom a séduit. «Kingersheim ne dépense pas un centime dans cette démarche», précise Lorraine Ruch, directrice générale adjointe en charge de l'épanouissement des valeurs et des pratiques démocratiques. «La commune se veut facilitatrice pour offrir un service compétitif à ses citoyens, sur le même mode de fonctionnement que les contrats collectifs d’entreprise.»

Permanences en mairie Concrètement, Actiom a pour l’instant négocié un contrat-groupe avec deux compagnies d’assurance santé privées, MIEL Mutuelle et Pavillon Prévoyance. L’association, jouant le rôle de personne morale, dispose en Alsace d’un courtier indépendant référent, Michel Tempel. Après une réunion publique, qui a confirmé l’intérêt de la population pour la démarche, l’intéressé a tenu une première permanence en mairie pour étudier les situations personnelles et les perspectives de plus-value en matière de couverture de frais de santé. Seize personnes s’y sont rendues. Une prochaine permanence est d’ores et déjà programmée le 16 juillet. Michel Tempel : «J’imagine bien qu’Actiom, dans les mois qui viennent, propose une offre de santé spéci-

fique à l’Alsace-Moselle. Plusieurs mutuelles de la région nous ont déjà contactés et devraient nous faire des offres.» Une grande inconnue demeure : combien de Kingersheimois vont adhérer au dispositif ? Difficile à prévoir. «Avec une composition sociologique de ville de banlieue, Kingersheim compte beaucoup de citoyens très démunis et sans formation», explique Jo Spiegel. Donc, potentiellement, beaucoup de gens qu’une mutuelle-santé cohérente et sans excès devrait intéresser. Mais aussi, de fait, beaucoup de gens durs à sensibiliser et à mobiliser, même lorsqu’il en va de leur intérêt. «Cette question de la responsabilisation me porte. La démocratie électorale, consumériste, a atteint ses limites. Je veux croire en une démocratie de construction, de participation.» En se posant en intermédiaire dans un domaine jusque-là jamais investi par la collectivité, Kingersheim fait un nouveau pas vers sa population et cet idéal de citoyenneté sociale tellement en souffrance aujourd’hui. FM

Infos pratiques Centre d’appel téléphonique Actiom pour répondre à toutes les questions des habitants intéressés par ce dispositif : 05 64 10 00 48 (du lundi au vendredi de 9h à 18h) Service Solidarité de la Ville de Kingersheim : 03 89 57 04 10.

Est-ce la solution pour éviter que ses administrés, notamment les plus fragiles, ne renoncent complètement à se soigner ? Peut-être. C’est en tout cas une des solutions mises en œuvre par plusieurs dizaines de collectivités à travers l’Hexagone. Ce n’est pas à proprement parler une mutuelle municipale, mais un partenariat acté avec un intermédiaire qui négocie des complémentaires santé à tarif préférentiel. Cette démarche initiée par Kingersheim ne se veut pas uniquement solidaire : elle s’inscrit dans l’ambition plus large de redonner du sens à la démocratie locale et à la responsabilité citoyenne. C’est placée sous cette dimension résolument humaine que «l’intrusion» d’une commune dans la sphère de la santé prend toute sa force. Et se donne les moyens de servir le plus grand nombre.

avec Jo Spiegel 64 ans Retraité de l'Education nationale Maire de Kingersheim depuis 1989 15


ALSACE DU NORD

AVEC LE RÉSEAU ANIMATION INTERCOMMUNALE

Communes et Communautés de communes Les animations à destination de la jeunesse constituent un pan important de la politique des collectivités territoriales alsaciennes. Au plus proche du terrain, les intercommunalités et les communes déploient des moyens importants et des actions souvent ambitieuses au service de leur jeune population, notamment durant la période estivale. Trio d’exemples entre Nord, Centre et Sud de l’Alsace…

Réseau Animation Intercommunale des Pays de Niederbronn-les-Bains et du Val de Moder

Un partenariat gagnant L’été, les vacances, la plage. Pas pour tout le monde. En Alsace aussi, écoliers, collégiens et lycéens ne manquent pas de divertissement pour occuper leurs mois de juillet et d’août. Dans la palette d’offres d’animations et activités, l’immense majorité émane de près ou de loin des collectivités territoriales. Aux manettes, les communes ou les Communautés de communes, souvent dans un étroit partenariat avec le monde associatif. En arrière-plan, un choix politique fort, qui répond aux attentes et s’accompagne d’efforts financiers conséquents. Mais c’est bien sur le terrain, aux côtés de la jeunesse, de projets structurés et de l’imposant réseau d’animateurs professionnels, que l’élan sociétal prend tout son sens.

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60 vacataires en été. 14 animateurs professionnels. 1,3M de budget. Une association. Il y a des chiffres qui parlent plus que d’autres. Ceux de l’association «Réseau Animation Intercommunale» (RAI) font partie de cette catégorie-là. En charge de l’animation socioculturelle à l’échelle des Communautés de communes du Pays de Niederbronn-les-Bains et du Val de Moder, le RAI a développé une offre qui couvre toute la palette des possibles. Son président, Jean-Marie Ott, est maire de Mietesheim et investi dans le monde associatif depuis 35 ans : «L’association émane du service dédié à l’animation jeunesse de Reichshoffen. Dès sa création, en 1999, elle s’est positionnée sur le territoire des deux intercommunalités, soit le périmètre des quatre collèges du secteur. Les deux entités avaient déjà l’habitude de travailler ensemble.» Du coup, le maillage se veut des plus complets, dans un espace où Niederbronn-les-Bains et Reichshoffen contrastent avec la ruralité des 18 autres communes. Durant toute l’année, les interventions du RAI sont résolument transversales, dans l’éducatif comme les loisirs, dans le scolaire comme l’extrascolaire, dans la culture comme le sport. Durant toutes les vacances scolaires, excepté celles de Noël, et tous les mercredis de l’année scolaire (renommés «mercre-

Jean-Marie Ott.

dis éducatifs»), des animations du RAI occupent les jeunes pousses dans chaque commune du territoire de compétences. Soit une prouesse organisationnelle et humaine concrétisée en milliers d’heures d’activités. Grâce à ses agréments Jeunesse et Sports ainsi que la Caf (caisse d’allocations familiales), l’association est aussi présente directement dans les écoles. En lien avec les nouveaux rythmes scolaires et les projets d’école respectifs, l’intervention s’opère une fois par semaine, après les cours et durant 1h30 : «nos activités à l’école sont une bonne chose», juge Jean-Marie Ott, «car elles mettent tout le monde en contact en décloisonnant le milieu scolaire.»

ajoutera une école d’une nouvelle commune à son rayon d’actions : «le maillage se fait en toute logique : là où il y a du périscolaire, nous intervenons en concertation et en complémentarité. Dans les villages plus ruraux nous assurons des animations une à 2 fois par semaine», précise le président. Pour autant, ce sont bel et bien les huit semaines de vacances estivales qui occupent le plus le Réseau. Entre début juillet et fin août, il réalise en effet traditionnellement la moitié de son activité annuelle, en termes financier comme de fréquentation. La saison se prépare tôt, en allant à la rencontre des jeunes jusqu’à 14 ans dans les écoles et les collèges pour leur présenter la palette d’animations possibles. La démarche essaie autant que possible d’associer les parents. A chaque activité proposée, les parents se voient proposer

des temps de rencontre avec les animateurs et les enfants! Cette ouverture s’avère très appréciée par les familles. Peut-être viendront-ils rejoindre à terme les rangs d’une autre force du Réseau Animation Intercommunale, ce noyau de quelque cent bénévoles qui facilitent l’encadrement au quotidien. Car sans les bénévoles présents sur chaque localité, les professionnels du RAI ne pourraient pas assumer leur mission. Ce sont les bénévoles qui sont les relais concrets et les courroies de transmission auprès des enfants et des jeunes du territoire. Ces bénévoles sont souvent des jeunes devenus adultes et accompagnent le Rai durant des années. «Nous venons de recevoir, il y a quelques jours, la notification d’agrément «centre social» par la Caf. Cela nous apportera des financements et des compétences supplémentaires

certes, mais est aussi un signe de la reconnaissance de notre travail en profondeur sur le terrain.» Lorsque l’on demande à Jean-Marie Ott de nous citer l’animation qui lui tient le plus à cœur, le voilà bien en peine : «il y en a tellement. Beaucoup d’activités sont fédératrices et permettent de redynamiser un village !» Suivi de près par les deux Communautés de communes, dont la dotation annuelle atteint les 800.000 € (80 % pris en charge par le Pays de Niederbronn-les-Bains, 20% par le Val de Moder) et qui valide un projet de développement trisannuel (actuellement 2013-2016), l’association sait disposer de la pleine confiance des élus. Ses résultats, chiffrés mais surtout humains, parlent d’eux-mêmes et entérinent explicitement cet étroit partenariat. FM

La moitié en été Onze établissements scolaires de cinq communes de l’intercommunalité de Niederbronn-les-Bains sont concernés par ce dispositif. Soit une moyenne hebdomadaire de 250 enfants. A la rentrée, le RAI

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FESTIVAL JEUNE PUBLIC DES ARTS VIVANTS

NIEDERBRONN

au service de l’été et des jeunes Une nouvelle édition de «Mômes en scène» C’est le point d’orgue de l’année du RAI. Chaque été, pendant une semaine, l’association organise le festival jeune public des arts vivants «Mômes en scène».

Un moment phare Principe de la manifestation, éparpiller de la création professionnelle dans les rues de Niederbronn, inviter enfants et familles à se déplacer en ville au gré de leurs envies, mais aussi en faire profiter des communes environnantes.

Du 2 au 6 août à Nieberbronn-les-Bains Cette année, du 2 au 6 août, une soixantaine de spectacles seront proposés au public. La compagnie du Petit Monsieur viendra notamment de la Drôme pour proposer sa représentation burlesque «2 secondes», tour à tour à Oberbronn, Reichshoffen, Dambach et Uberach. Humour, danse et musique seront à l’honneur de festivités rendues possible par l’investissement de toutes les forces vives du RAI. Une vraie fête de la bonne humeur, de l’art… et du réseau !

Le point de vue des présidents

Jean-Denis Enderlin

Fernand Feig

Jean-Denis Enderlin, maire de Pfaffenhoffen et président de la Communauté de communes du Val de Moder «Il est essentiel d’avoir une structure qui gère la dimension jeunesse, dans son aspect social comme du stricte point de vue «loisirs». L’encadrement des jeunes est assuré par des animateurs de haut niveau et par des bénévoles qui s’investissent tout au long de l’année dans le Val de Moder. L’intercommunalité apporte son soutien total au RAI. Seuls, nous ne pourrions jamais faire ce que le Réseau nous apporte !»

Communautés de communes, communes et associations : un triptyque gagnant dès lors qu’il s’agit d’animations pour les jeunes. Les modèles divergent selon les cas et les habitudes de travail, mais la finalité au service de la jeunesse alsacienne en vacances reste la même. Aux Pays de Niederbronn-lesBains et du Val de Moder, l’entente inter-intercommunale fait confiance à une association aux ramifications et interventions multiples. Dans le Ried Brun, c’est en direct que l’intercommunalité assume sa responsabilité vis-à-vis des enfants et adolescents par un programme on ne peut plus varié. A Village-Neuf enfin, c’est la Ville et son service des sports qui sont maîtres à bord et choisissent de faire transpirer leurs jeunes troupes.

Fernand Feig, maire de Gumbrechtshoffen et président de la Communauté de communes du Pays de Niederbronn-les-Bains «Historiquement, les bassins de vie des deux intercommunalités sont très différents, mais il y a de vraies habitudes de travail en commun. Le Réseau Animation Intercommunale est le fruit d’une volonté politique des années 90 allant dans ce sens. Il œuvre aujourd’hui dans un bon esprit et va clairement dans la bonne direction. Entre l’équipe dirigeante et nous Communauté de communes, les échanges sont très réguliers.»

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AU SERVICE

DE L’ÉTÉ ET DES JEUNES

Communauté de communes du Ried Brun

Un été rempli, et après ? Entre Colmar et le Rhin, l’intercommunalité du Ried Brun, qui couvre huit communes, gère en régie propre ses animations à destination de la jeunesse. Le programme «Anim’jeunes» s’étale des vacances scolaires de février à celles de la Toussaint. Comme partout, le point d’orgue de la saison arrive avec l’été. Dans le Ried Brun, plus d’une centaine d’animations sont proposées aux jeunes de 9 à 14 ans. La plupart d’entre elles se tiennent à l’espace Ried Brun de Muntzenheim, salle de spectacle modulable à souhait. «Mais nous essayons de répartir nos actions sur l’ensemble du territoire, en exploitant par exemple les gymnases», précisé Raphaël Kuehn, directeur général des services. Un

animateur intercommunal assure annuellement la programmation,

complété par le recrutement d’animateurs saisonniers. La pa-

lette proposée est incroyablement variée, du baseball à la pyrogravure, de l’équitation au bricolage en passant par la coiffure, la couture et même le kin-ball, sorte de volley joué avec un ballon surdimensionné. Des sorties extra-muros offrent la possibilité d’un bowling à Colmar, d’une baignade à la piscine de Munster, d’un parc aventure au Lac Blanc ou de sensations fortes à Europa Park. «Au total, le budget alloué sur une année à Anim’Jeunes avoisine les 35.000 €», complète le DGS. «Et, d’évidence, il n’est pas à l’équilibre.» La petite intercommunalité -moins de 10.000 habitants- s’est toutefois toujours démenée pou proposer un maximum d’options à sa jeune population. C’était même

l’une des priorités politiques affichées. «C’était», car la com’com sera dissoute en fin d’année et la compétence relative aux animations jeunesse n’est pas encore clairement affectée : «la Communauté d’agglomération de Colmar qui nous englobera ne devrait pas la récupérer». Pour Raphaël Kuehn, le syndicat intercommunal des affaires culturelles du canton d’Andolsheim, actuellement en charge du collège de Fortschwihr notamment, devrait en hériter. Mais rien ne dit que les moyens alloués seront toujours les mêmes. Et, qu’au final, les jeunes du secteur du Ried Brun sortent gagnants de la disparition de leur structure communautaire de proximité…

Commune de Village-Neuf

L’animation passe par le sport

Ici, au cœur du secteur des Trois Frontières, les activités estivales dédiées à la jeunesse sont assurées via une collaboration entre la municipalité de Village-Neuf et deux associations para-municipales : d’une part, les Chouettes, qui proposent un riche programme culturelle, d’autre part, l’association Jeunesse et Loisirs, présidée par l’adjoint aux sports François Bechtold. A Village-Neuf, la pratique sportive est résolu18

ment au cœur des préoccupations et des orientations municipales à l’attention des plus jeunes. Quatre agents permanents du service des sports de la Ville encadrent douze animateurs saisonniers titulaires du Bafa et recrutés par la municipalité. Sur le terrain, cela donne sept semaines d’activités en été, à raison de trois à quatre animations différentes par semaine. «Chaque demi-journée, les jeunes de 5 à 17 ans que nous

accueillons disposent d’un programme à la carte», explique Julien Burtz, éducateur sportif territorial. «Chaque enfant fait son choix pour la semaine.» Au total, une vingtaine de sports sont ainsi passés en revue, des «classiques» football, gymnastique ou basketball aux plus insolites comme le frisbee, le handball sur trampoline ou autre football américain. Le concept rencontre un vrai succès : sur le seul mois de juillet, plus

d’une centaine de jeunes sont inscrits au dispositif proposé à Village-Neuf. L’essentiel des prestations, tarifées à la semaine en fonction des revenus des foyers, se déroule dans l’outil sportif numéro un de la commune, le complexe du Rive Rhin. Quelquesunes obligent à sortir du ban communal, comme pour aller au centre nautique de Saint-Louis. Deux animations sortent elles totalement des sentiers battus. Pendant deux jours, une randonnée au-dessus de Munster est ainsi proposée en partenariat avec le Club Vosgien. Par ailleurs, comme depuis plus de dix ans, le service des sports et l’association Jeunesse et Loisirs organisent, pour les adolescents de 11 à 17 ans et en partenariat avec la mairie voisine de Blotzheim, un séjour spor-

tif d’une semaine dans les Landes. 24 jeunes du dispositif «VillageNeuf» et 24 autres de Blotzheim passeront ainsi six jours à Capbreton, et pas pour de la remise en forme (Ndlr, la station balnéaire accueille toute l’année des centaines d’athlètes de haut niveau dans le centre européen de rééducation du sportif) : au programme, surf, bodyboard et autres sports de la mer et du vent, difficilement praticables sur le Rhin. «En plus, nous en profitons pour mettre en valeur le jumelage qui unit Village-Neuf à la commune des Landes de Geaune, où nous passerons une journée», ajoute Julien Burtz. Une manière de plus de concilier sport et amitié, et d’ouvrir les horizons des jeunes villageneuvois !

Dans les associations Au cœur du programme estival des animations sportives proposées par la commune de Village-Neuf, une initiative particulière : organiser une journée «Village du Sport», où enfants et adolescents inscrits sont orientés, par groupe, vers toutes les associations sportives de la ville. Au nombre de dix, allant de la pétanque au tennis en passant par la lutte et la boxe, elles voient ainsi passer en quelques heures une centaine de jeunes et potentiellement autant de futurs licenciés. Ce moment valorisant le milieu associatif aura lieu cette année le 24 juillet.

Initiatives en Alsace


L’INVITÉ

ministration qui veut remodeler le pays, la vision de ceux que j’appelle les bobos, qui sévissent dans toutes les grandes villes et ne connaissent rien à la France profonde. Eux jouent clairement la carte de la «ville», moyenne comme grande, sans demander l’avis des gens de la campagne. Jamais durant toute ma carrière je n’ai vu les collègues maires, spécialement ruraux, autant énervés qu’aujourd’hui. Toutes les décisions sont prises loin, très loin de la population. «C’est trop sérieux pour qu’on demande notre avis» se disent-ils. Il y a de la part d’une élite française et européenne une forme de mépris pour le peuple qui devient insupportable.

L’Association des maires du Haut-Rhin rassemble les maires des 377 communes du département, mais aussi les présidents des intercommunalités. Défense, soutien, conseil et accompagnement, ses missions entendent aujourd’hui répondre aux grands enjeux et incertitudes nés de la réforme des territoires. Président de l’AMHR, sénateur-maire de Tagsdorf, René Danesi tape du poing sur la table au nom des élus de collectivités locales…

«Une forme de mépris du peuple» Quelles sont les préoccupations actuelles des maires, et à travers eux, de l’AMHR ? Une accumulation de faits ! Prenez la baisse des dotations de l’Etat: les chiffres annoncés sont sévères. Prenez aussi le fonds national de péréquation dit de «solidarité horizontale» entre les communes et les communautés. Dans le HautRhin, ce fonds pompe de 7 à 8 millions d’euros pour le national et pas une seule commune ne reçoit un centime en retour. Prenez encore l’augmentation régulière des dépenses, issue notamment de la réforme des rythmes scolaires. Ces aspects financiers préoccupent vraiment. Ils suffiraient déjà à énerver tout le monde. Pour autant, je pense qu’à l’aune de l’effort commun et d’un mauvais moment à passer, cela finirait par être accepté.

Mais il y a autre chose… En même temps, il y a cette restructuration des communautés de communes. On vient à peine de sortir d’une première démarche de regroupement, dont les conséquences ne sont même pas encore soldées. Personne ne comprend l’urgence de la chose. Pourquoi ce nouveau seuil minimal de 15.000 habitants par commu-

Initiatives en Alsace

nauté ? Pourquoi ce «marche ou crève» ? En plus des fusions demandées, il faut faire disparaître tous les syndicats possibles et imaginables, alors qu’ils collent bien au terrain géographiquement, physiquement. Il faut éviter la généralisation et prendre en compte les réalités locales. Ce que je crains : que ces grandes communautés soient encombrées, voire asphyxiées par une série de compétences secondaires et inutiles que peuvent gérer, à l’échelon en-dessous, les communes et les syndicats. Le principe de subsidiarité qui veut que chacun s’occupe de ses affaires est manifestement jeté par-dessus bord.

Cette nouvelle restructuration des intercommunalités est-elle un pas vers la disparition des communes ? Je le pense. La France idéale vue par la direction générale des collectivités locales (DGCL) compte 13 régions, 50 départements et 5.000 communautés. En plus du seuil des 15.000 habitants et de l’intégration forcée des syndicats intercommunaux dans les communautés, il y a le transfert obligatoire de compétences communales vers ces communautés : l’eau, l’assainissement, l’urbanisme. Pourquoi pas, mais encore une fois, pas partout! Le conseil municipal est historiquement là pour

RENÉ DANESI

Retrouvez-vous cet éloignement et ce mépris dans la réforme territoriale des régions ?

aménager la cité. Là, il ne va plus maîtriser la politique d’occupation de ses propres sols. Dans beaucoup de communes, le rôle du maire va finir par se limiter aux querelles de voisinage, au concours de fleurissement et à la location, tous les neuf ans, de la chasse en Alsace-Moselle.

Les maires ont-ils la sensation que toutes les mesures viennent «d’en haut» ? Les ministères font chacun des choses de leurs côtés. Résultat, tout part dans tous les sens et, dans tout ça, le maire se sent légitimement perdu. Dernier exemple, la carte des zones humides. C’est honnêtement ce qu’on a trouvé de plus fou. L’idée du législateur ? Préserver ces zones et leur équilibre. Dans le Haut-Rhin, notons quand même que depuis vingt ans, plus personne ne draine les sols. Mais la folie réside dans la définition donnée à la zone humide : des endroits où il y avait de l’eau dans le sous-sol il y a 200.000 années répondent aux critères des techniciens. Tout le Sundgau, ou presque, entre par exemple dans la définition d’une zone humide, donc on ne devrait plus rien y faire nulle part. Une mesure additionnée à l’autre, on a la sensation que l’administration se déchaîne, qu’elle justifie sa présence et son existence. Sur le terrain, les maires mettent tout cote-à-cote et se disent : «je ne sais plus quoi faire.» Il n’y a pas

une commune où quelqu’un puisse dire de quoi demain sera fait.

Votre regard sur l’élection du président du conseil communautaire au suffrage universel ? C’est la cerise sur le gâteau ! Déjà dans le dispositif actuel, l’évolution sociologique rendait difficile le recrutement qualitatif, dans l’intérêt général, d’un conseil municipal. Cela risque d’aller en s’aggravant. On ne trouvera même plus des gens voulant être maires. Bref, cette élection de l’intercommunalité au suffrage universel, c’est le meilleur moyen de mettre à mort les communes et d’amener à leur suppression. Tous les maires, de droite comme de gauche, l’ont compris. Du coup, une journée nationale de mobilisation est déjà prévue le 19 septembre. Et le congrès des maires de France de novembre sera sûrement plus agité que d’habitude.

A qui la faute ? J’ai vraiment l’impression que le véritable patron du ministère de l’Intérieur est cette DGCL, que le gouvernement soit de gauche ou de droite. Elle a des idées bien précises sur la France de demain, avec les communes réduites au rôle de «guichet de poste» civique et administratif. Manifestement, c’est une vision de la haute ad-

A-t-on consulté le peuple à ce sujet ? Non. La grande région est une tromperie, un non-sens, une escroquerie. Autant une fusion entre l’Alsace et la Lorraine était finalement peu contestable, autant l’ajout de la Champagne-Ardenne ne fait suite qu’à des règlements de compte internes au parti socialiste. Aucun géographe, aucun homme politique ne peut justifier cette région XXL.

Tous ne réagissent pourtant pas de la même façon en perspective des élections régionales… Il y a en effet deux réactions possibles. Certains collègues, nerveux, estiment qu’il faut refuser la réforme par tous les moyens. Des moyens qui n’existent légitimement pas. Ils se présenteront aux élections avec comme programme le «retour en arrière». Il appartiendra au peuple de donner son avis. Autre réaction : dire que c’est une sottise mais aussi une réalité avec des élections régionales fixées en décembre prochain. Je suis de ceux qui disent : tant qu’à faire, autant ne pas se contenter de participer aux élections, mais de les gagner. En 2017, je soutiendrai par contre le candidat à la présidence qui s’engagera à donner aux Alsaciens la possibilité de revenir sur la réforme. Cela pourra se faire soit par le vote d’une loi comme cela vient d’être fait pour la Corse, soit par un nouveau référendum régional. Propos recueillis par Florent Mathern 19


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ISSN 2117-444X

- N° 12 Dimanche 22 mars 2015

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