2010 janvier - Livre - 324 pages

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qu’un cobra circule entre les pieds des invités, très absorbés par leurs activités mondaines. Dans la classe, le professeur questionne ses élèves pour s’assurer que chacun a bien compris. La parole circule : « Le vidéoprojecteur est, dans ce cas, un outil extrêmement mobilisateur, commentera plus tard Carlos de Oliveira : les élèves n’ont pas la tête baissée sur leur livre, et tous les regards sont focalisés sur le tableau. Le texte est affiché en grand : c’est clair et évident. Quand j’attire leur attention sur une phrase, tous la voient en même temps, personne n’est en train de chercher la ligne… » Réfléchir. « Allumez maintenant vos ordinateurs pour copier le dossier qui nous intéresse: vous allez devoir me prouver que vous avez compris le sens du texte que nous venons de lire… » S’il se présente comme une sorte de jeu, l’exercice qui attend nos élèves suppose un réel effort de réflexion: une dizaine de phrases courtes – en anglais, bien sûr – sont disposées sur l’écran, sans aucune logique apparente. Il s’agit de les déplacer pour reconstituer la trame du récit. « C’est, dans la continuité du travail de lecture, une façon de m’assurer que le sens du texte est bien clair pour tout le monde, et de préparer l’activité suivante», nous glissera le professeur, pourtant très occupé à passer de table en table, volant au secours de l’un, mettant un second sur la voie, encourageant un troisième… «Stop ! Qui veut venir au tableau, pour placer les trois premières phrases? » Félix est volontaire. Plusieurs de ses camarades vont ensuite se relayer jusqu’à la reconstitution complète de l’histoire. Parler… Le professeur distribue maintenant un micro-casque à chaque élève : « Ouvrez le fichier son, vous allez entendre une question, à laquelle vous devez répondre en utilisant le micro pour vous enregistrer. Vous pouvez relire le texte, pour bien vous imprégner des expressions, avant de répondre. » Voilà donc nos élèves « lâchés sans bouée » – l’expression est de Carlos de Oliveira : « L’avantage de l’ordinateur portable, c’est qu’ils peuvent s’enregistrer une première fois, puis s’écouter et recommencer s’ils le souhaitent. – Un vrai petit labo de langue ? – C’est tout à fait ça… et qui offre une certaine autonomie à chacun: les élèves en difficulté peuvent travailler à leur rythme, tandis que ceux qui sont plus à l’aise passent à l’activité suivante sans attendre que tout le monde ait fini. » Visages tendus, regards fixes: la concentration est flagrante, et notre présence dans la classe complètement oubliée. «Je suis sûr que chacun aura au moins écouté la question, et réfléchi à une réponse, en s’aidant éventuellement du document… Et comme je leur demande de me rendre un fichier son, ils sont obligés de produire quelque chose. Alors que dans une situation plus classique, en dehors des quatre ou cinq élèves qui sont vraiment dans le travail, les autres sont souvent passifs. Certains peuvent

UN COLLÉGIEN, UN ORDINATEUR PORTABLE / / / 92


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