Workshop PRESS KILL mars 2017

Page 1



À partir de lectures de cinq quotidiens (La Croix, Le Figaro, L’Humanité, Libération, Le Monde) et de cinq hebdomadaires (Courrier International, L’Express, Marianne, L’Obs, Le Point) les étudiants de 1ère année BTS Design d’Espace et Design Graphique ont réalisé un workshop d’une semaine piloté par Perrine Lacroix, artiste et commissaire d’exposition, accompagné par Frédéric Limonet, Pierre-François Raine et Jean-Louis Raynard, professionnels enseignants. Ces lectures d’articles –2 à 3 par étudiant- ont permis de définir des groupes de travail (selon les lectures de chacun) pour ce workshop intitulé «PRESS KILL». Après le travail d’analyse des articles, chaque groupe devait définir une approche créative. La seule contrainte matérielle était l’utilisation de film plastique. Des approches diverses allant de la cyber surveillance «Stigmates» / De la surabondance d’informations affichée et la réalisation de cadavre exquis de mots d’articles à la manière des surréalistes «Ces hommes charmants qui président la vie en rose» / De la superposition - défilement d’images par la multiplication de chaînes télévisuelles «Distance intime» / La confiance aveugle et l’interrogation de sommes-nous manipulés par des propos peu certains concernant les professionnels de la médecine «Ne vous inquiétez pas» / La volonté créative dans la mode de Junko Koshino dans une société japonaise réputée patriarcale «Corps et décors raccord» / Le sentiment d’être constamment surveillé, suspecté et en potentiel danger «Pastic bags» / Ces articles qui proposent un contenu ne présentant aucun débat, seulement une lecture passive «Interruption» / Le projet «thérapie par les affinités» désignant la diversité des passions chez les enfants autistes «Thérapie» / Sans condition et en les accompagnant, permet aux plus vulnérables de se reconstruire durablement «Chez soi» / De quelle manière le marketing s’est approprié la cause féministe dans un but commercial «Vidée de sens».

Francis Alÿs

Je suis entré dans l’art par accident : une collusion entre des facteurs géographiques, personnels et juridiques m’a imposé des vacances indéfinies qui, par un mélange d’ennui, de curiosité et de vanité, m’ont conduit à ma profession actuelle. La pratique de médiums plutôt mixtes a découlé de l’ignorance : n’ayant aucune compétence dans un médium spécifique, je pouvais les revendiquer tous.

Matthew Barney

Je ne trouve pas mon travail si étrange. L’important est d’avoir la discipline d’aller jusqu’au bout d’une idée, de l’étirer jusqu’au bout de ses limites.

Maurizio Cattelan

Pour être vaincu, le pouvoir doit être abordé, récupéré et reproduit à l’infini.

George Condo

Je déteste les dessins animés. Mais on peint ce que l’on n’aime pas, justement pour en faire quelque chose de bien.

Thomas Demand

Mes images ne concernent ni le lieu banal, ni l’argumentation sur la réalité des faits, mais ce qui y reste accroché et prend son autonomie pour devenir mythe.

Marlène Dumas

Mes meilleurs œuvres sont l’expression érotique d’une confusion mentale (où viennent s’ajouter des informations dépourvues de toute pertinence).

Olafur Eliasson

L’expérience physique produit une impression beaucoup plus profonde que la rencontre purement intellectuelle. Je peux vous expliquer ce que l’on ressent quand on a froid, mais je peux aussi vous faire éprouver le froid par le truchement de mon art. Mon but est de sensibiliser les gens à des questions hautement complexes.

Urs Fisher

Chaque œuvre commence par un rapide croquis, mais dés que je commence à travailler avec les matériaux, ça tourne mal. Par exemple, le truc ne tient pas debout et mon agencement me mène ensuite vers autre chose. Le résultat ne ressemble jamais à ce que j’avais l’intention de faire au départ.

Tom Friedman

Le dénominateur commun dans mon travail, c’est de prendre une chose qui était pour moi claire comme de l’eau de roche, une chose que je croyais connaître et de découvrir que plus je m’en rapproche en l’examinant méticuleusement, moins cette chose est claire.

Robert Gober

J’essaie toujours d’amener les gens à se poser moins de questions sur la signification ou le thème de l’œuvre, mais à se concentrer sur ce que c’est exactement. Sur ce dont elle est faite et comment elle est faite. Très souvent, des métaphores sont quasiment intrinsèques au médium.

Nan Goldin

Mon travail vient de l’instantané. C’est la forme de photographie qui traduit le mieux l’amour.

Andreas Gursky

Rétrospectivement, je vois que mon désir d’abstraction devient de plus en plus radical. Plutôt que de proposer un rapport au réel, l’art devrait regarder derrière les choses.

Mona Hatoum

J’aime que mon travail conserve une indétermination qui permette de l’interpréter à différents niveaux. L’art ne peut être comparé au journalisme ; il ne peut débattre de sujets concrets.

Thomas Hirschhorn

J’utilise l’art comme un outil pour connaître le monde, un outil pour affronter la réalité et un outil pour travailler sur l’époque où nous vivons.

Shirin Neshat

Je suis une artiste pas une activiste. Mon travail a juste pour but de favoriser un dialogue. Je ne fais que poser des questions.

Albert Oehlen

Quand j’avais 15 ans, il y avait une recette toute simple. Plus la musique rock était dure ou compliquée, plus elle allait contre le courant dominant. Concernant l’art, je ne parlerais pas de la dureté parce que ça a l’air débile. Mais c’est quand même ce que je penserais.

Gabriel Orozco

La réalisation fait partie du résultat final, elle fait partie de la fin de l’histoire. Et c’est pourquoi le corps en action, l’individu en action en relation avec le champ social, les matériaux sociaux et leur économie sont très importants.

Rirkrit Travanija

L’art se rapproche de l’idée ou de l’idéalisme visant à obtenir un espace pour débattre de la liberté.

Jeff Wall

Je commence par ne pas photographier le sujet.

Erwin Würm

J’essaie de créer une œuvre accessible au plus grand nombre, du moins au premier coup d’œil. J’utilise souvent des références à la bande dessinée, à la science-fiction, au cinéma, etc. ce qui constitue la langue vernaculaire internationale de notre époque.


Ces hommes charmants qui président la vie en rose, 8,50 m x 3 m, polyéthylène translucide 100 microns.

L’Europe Blanche, les vingt-huit, les « anti-système »... Les croisés de l’Europe Blanche

Ce sont les cadres d’une nouvelle internationale brune, dont la rapide expansion inquiète les services de renseignements : « les identitaires ». Chaque été, ils se retrouvent pendant une semaine dans un lieu tenu secret, mais toujours en France, où ce mouvement d’extrême droite est né il y a quinze ans ; il essaime désormais dans toute l’Europe. Au risque de voir émerger — de Paris à Vienne, de Berlin à Amsterdam — une petite armée unifiée. « Dans ce camp, l’exigence théorique et physique est telle qu’à la fin on est de vrais combattants. »

Les vingt-huit s’alarment de l’instabilité dans les Balkans. En termes diplomatiques, les conclusions du sommet évoquent « les défis internes et externes » qui rendent la situation « fragile » sur le flanc sud de l’UE. Donald Tusk, à peine réélu président du Conseil Européen, rend compte du huis clos de manière plus crue. « Ne soyons pas naïfs ! Il est clair que des forces intérieures et extérieures cherchent à déstabiliser la région ». Les présidents et chefs de gouvernements y ont consacré l’essentiel de leur dîner jeudi soir, même si bien peu, à l’image de François Hollande, ont choisi d’en faire état devant la presse.

Pourquoi se disent-ils tous « anti-système » ? « Démocratie représentative » est un terme plus qu’équivoque. Il véhicule l’idée fausse d’un peuple déjà constitué qui s’exprimerait en choisissant ses représentants. Or le peuple n’est pas une donnée qui préexiste au processus politique : il en est le résultat. Tel système politique crée tel peuple, et non le contraire. Par ailleurs, le système représentatif est fondé sur l’idée qu’il y a une classe de la société qui représente les intérêts généraux de la société. Ce système crée un peuple qui se reconnaît dans cette classe de représentants légitimes et la reconfirme périodiquement par les élections.


CES HOMMES CHARMANTS QUI PRÉSIDENT LA VIE EN ROSE Aujourd’hui, nous sommes noyés sous les informations, d’autant plus quand il s’agit de politique. Les programmes, interviews, scandales et magouilles politiques sont repris, interprétés et parfois déformés par les journaux que nous lisons. On se perd dans une masse d’informations dans laquelle nous ne savons plus identifier le vrai du faux. C’est à nous de rentrer dans cette masse pour nous faire notre propre interprétation. Mais quelles sont les choses que l’on retient ? Comment les traduit-on ? Dans cette installation, nous avons recouvert un mur avec de

nombreux articles concernant la politique, tirés de différents journaux comme Libération, Le Monde, l’Obs... Ce mur représente l’amas d’informations sous lesquelles nous croulons, lorsque l’on essaye de s’intéresser à la politique. De plus, de grandes photos des principaux candidats sont rajoutées afin de montrer à quel point ils sont omniprésents. Des tweets sont également éparpillés sur les articles pour montrer l’opinion des personnes et leurs réactions face à l’actualité politique. Une grande bâche recouvre ce mur pour flouter cette

abondance d’informations. Les grands mots qui résument ces articles sont décalqués afin de les sortir de leur contexte. Cette installation est donc interactive avec les spectateurs puisque c’est à eux de choisir ce qu’ils veulent lire en appuyant sur les mots pour rendre la lecture plus nette. Grâce à ses mots, nous avons pu créer de nombreuses phrases décalées concernant la politique, qui seront présentées sous forme tracts ou de bulletins de vote. Chacun sera donc libre de choisir une phrase dont sa signification leur paraîtra la plus pertinente.

« Ces hommes charmants qui président la vie en rose »

« Tous s’engagent sauf des citoyens en rupture avec le ticket gagnant »

« Rassemblement xénophobe pour abattre les rois »

« La peau attaque la justice et souffle le débat en rose »

« Le discours annexe le cœur et préside la peau de l’Élysée »

« Le cordon du cœur coupé par la pédagogie de l’Élysée »

Amandine Gomes Clémence Marcombes Loïc Bogo


WikiLeaks CIA, des yeux derrière l’écran Pierre Alonso évoque les limites de la CIA d’où se sont échappés plusieurs milliers de documents qui ont été mis en ligne. Les agences américaines seraient des « passoires » insiste le journaliste en décrivant l’opération « Vault 7 » à l’origine de ces fuites de renseignements. Mais ce n’est pas le seul rôle de la cybersurveillance. Dans certains pays, les « bêtes noires d’Internet », comme la Chine, la Russie, l’Ouzbékistan, la Syrie..., le traçage des journalistes se solde par un nombre accru d’arrestations, d’emprisonnements, de prises d’otages et de peines

capitales. Les informations sont filtrées, triées, censurées. Aussi, en réponse à cet étouffement de la liberté d’expression, Reporters sans Frontières met au point des « sites miroirs » permettant de retrouver et republier des contenus censurés. Le fait que WikiLeaks ou Reporter sans Frontières puissent récupérer et publier ce genre d’informations dépeint l’omniprésence de traces, d’empreintes laissées sur « la Toile » presque en libre accès pour ceux capables de s’en emparer.

Empreinte de pas, argile sous vide

Deux bâches en plastique soudées à l’aide d’un fer à repasser

Le Monde, Pierre Alonso, jeudi 9 Mars 2017.

Disposition de l’argile à l’intérieur de la poche en plastique


STIGMATES

La cybersurveillance est un système utilisé à l’origine pour lutter contre le terrorisme. Cependant cette pratique invisible s’étend tous les jours derrière nos écrans de façon intrusive et de plus en plus abusive. La cyberpolice récolte des informations et les sauvegarde, les enregistre. Elle garde des traces, des empreintes indélébiles. Cet aspect nous a inspirés pour ce projet : comment récupérer des empreintes à l’insu des gens et comment rendre visible ce qui est habituellement invisible et immatériel ? Nous avons décidé d’obliger le visiteur à marquer le palier d’escalier de ses empreintes (seul chemin menant à la salle d’exposition). Pour cela nous l’avons

recouvert d’une argile molle. Comme un second sol, une deuxième peau, ou un paillasson. Les archéologues ont daté des villes grâce aux poteries retrouvées, la terre étant le système le plus ancien et le plus fiable de datation. Nous l’avons emballé dans une house en plastique, étouffant l’air à l’intérieur. Le plastique représente la technologie dont on ne peut plus se passer. Notre vie est conditionnée par la technologie de la même manière que

l’argile est conditionnée par le plastique et la mise sous vide. Le « paillasson » agit comme message de bienvenue jusqu’au moment où l’on s’enfonce à l’intérieur. Comme sur Internet lorsqu’on est attiré par un site, un blog bien fait et esthétique qui récolte des informations sur nous dès notre connexion. La continuité du projet prend place dans l’espace public. Nous avons réalisé parallèlement au palier, un élément à la taille d’un véritable paillasson. Nous

l’avons placé au sol, à l’entrée de la bouche de métro Gorge de Loup, obligeant les utilisateurs à marcher dessus. Nous avons observé plusieurs réactions et récupéré un grand nombre d’empreintes avant de reproduire l’expérience devant un distributeur automatique et devant une pharmacie. Ces lieux n’ont pas été choisis au hasard. Ce sont trois lieux surveillés par caméra.

Projet achevé, 292 x 154 x 2 cm

Testé dans un lieu de passage fréquenté

Réalisation d’un second dispositif, 125 x 60 x 2 cm

Théa Macera Louise Tavernier Laurianne Thévenet


Téléspectateurs déboussolés Créé en 2004, le programme phare de Canal+ quitte définitivement l’antenne le 17 mars. Son lent déclin est révélateur du grand malaise qui s’est abattu sur la chaîne cryptée. La direction de Canal+, en panne d’idée et de savoir-faire, s’est retrouvée dans une impasse.

Installation à la lumière, plastique.

Mais le mal était fait. Il n’a cessé de s’accentuer avec les départs brutaux de tous les anciens dirigeants. Changement d’horaire, hésitation entre le clair et le crypté, réduction drastique des coûts et volonté de faire du « Le Grand Journal » le grand relais promotionnel des artistes maison ont, à partir de là, fini par déboussoler les téléspectateurs. Ils ont fui en masse. LGJ était à bout de souffle.

Pour preuve : créditer de 1,7 million de téléspectateurs entre 2008 et 2011, LGJ ne mobilisait guère plus de 100 000 personnes dans les dernières semaines. « C’est la vie de la télévision », tente de relativiser Gérald-Brice Viret, le directeur des antennes de Canal+, en février dans Le Monde. Il n’empêche que la direction de Canal+, en panne d’idées et de savoir-faire, s’est retrouvé dans une impasse.

« Il fallait faire totalement autre chose depuis plusieurs années, en innovant d’abord sur le contenu, ce qui aurait permis à l’émission de se remettre en phase avec son époque », juge Philippe Gildas, qui a animé « Nulle par ailleurs » (NPA) en clair sur Canal+ de 1987 à 1997. Le Monde - Daniel PSENNY - 13/03/17


DISTANCE INTIME

« Une vérité accommodante est une vérité accommodée » Louis Veuillot (journaliste écrivain)

Notre installation se compose de deux grandes bâches placées l’une devant l’autre avec une certaine distance. Deux projecteurs sont placés derrière ces dernières. L’un projette un zapping provenant de la télévision (JT/ Sport/télé-réalité, etc.), l’autre diffuse comme un effet de respiration, la Mire qui anciennement servait de calibrage. Lorsque l’on regarde ces images, le spectateur les voit assez floues. Il manque donc de précisions, de détails.

Cette installation peut donc d’évoquer le manque de précision et de véracité des images diffusées à la télévision. Des statistiques du journal « La Croix » montrent que les français ont plus confiance en la presse écrite et la radio qu’en la télévision. Il faut donc regarder à travers ce filtre pour se faire ses propres idées et trouver la vérité par soi même. En même temps, cette installation nous renvoie à une certaine

intimité grâce au plastique qui crée une opacité et ne révèle donc pas ce qui se trouve derrière. Les images projetées nous rappellent les écrans de télévision que l’on peut percevoir le soir dans les appartements. Inconsciemment, nous essayons de deviner ce que regardent les autres chez eux. Nous entrons dans leur intimité sans pour autant y être invités.

différentes approches que l’on peut avoir avec la télévision. Certains l’utilisent au quotidien en tant que divertissement et/ ou diffuseur d’informations, d’autres partagent des moments familiaux ou amicaux, tandis que d’autres encore n’en possèdent pas et n’ont aucun contact avec ce média.

La distance entre les images multipliées symbolise les

Installation dans le noir, projection sur plastique.

Émilie Manzoni Océane Sisaleumsack Adrien Chantepy


La nouvelle arme anti-cancer De simples analyses de sang permettent déjà de mieux traiter les malades. Demain, elles suffiront aussi à dépister les tumeurs à un stade précoce. Une perspective prometteuse. « Une prise de sang pour dépister la naissance d’un cancer et le traiter pendant que la tumeur est encore petite et facile à éliminer ? » « À ce jour, une seule étude a montré la possibilité de détecter un cancer dans le sang avant même qu’il ne forme une masse visible au scanner. »

«L’intelligence artificielle contre le Mélanome»

« Des “biopsies liquides” peuvent être proposées aux patients ayant une tumeur au poumon pour éviter un prélèvement invasif risqué. » L’Express, La nouvelle arme anti-cancer, 8 mars 2017

«Une cinquantaine de techniques d’analyse différentes sont déjà sur le marché»

Accrochage des gants et poches d’eau.

60 ans pour vaincre la polio Découvert en 1945, le vaccin est en passe d’éradiquer une maladie qui a semé la terreur « À cause d’une erreur de manipulation d’un des laboratoires, plus de 100 000 Américains ont été contaminés par la maladie dont on était censé les prémunir ; une centaine en resteront paralysés. C’est l’horreur. Salk est effondré. Les campagnes s’arrêtent. Mais, sitôt les lots suspects retirés, elles reprennent, acceptées massivement par une population trop soulagée d’en avoir fini avec la peste. » L’Obs, François Reynaert, 9 mars 2017

« C’est l’horreur. Salk est effondré »

Phase recherches


NE VOUS INQUIÉTEZ PAS ! Rassurés par les médecins, nous buvons tout ce qu’ils affirment. Sommes-nous manipulés par des propos peu certains ? Devons-nous en avoir peur ? À partir de deux articles dédiés à la médecine, dont le but principal est de donner un message d’espoir à propos de maladies graves comme le cancer ou la poliomyélite, nous avons interrogé notre confiance envers le corps médical. En effet, dans un cas grave, être pris en charge par des médecins soulage et met immédiatement en confiance. Cependant, la médecine, en qui nous avons confiance peut alors faire passer tout type de message. Ils sont donc à même de nous manipuler. Voilà d’où viennent les mains que l’on a pendues (qui sous-entendent

la manipulation physique et morale que l’on peut subir inconsciemment ou non ), ainsi que les poches d’eau rappelant des perfusions. Cet amas d’objets médicaux apparaît comme une puissance qui nous surplombe. Il rappelle le pouvoir qu’a le corps médical sur nous. Tels des marionnettistes, ils font de notre corps leurs outils principaux. En effet, les fils attachés aux gants représentent cet aspect de manipulation. Nous avons choisi de rassembler puissance et pouvoir dans cette installation. Pauline Deville Salomé Bertharion Juliette Robin


La Coco Chanel du kimono Affranchie. élevée avec ses deux sœurs par sa seule mère dans une société réputée patriarcale, Junko Koshino a révolutionné le monde de la mode. Alors qu’elle expose ses créations au Musée Guimet à Paris, rencontre à Tokyo. Junko, la plus grande styliste avant-gardiste japonaise, a révolutionné le kimono traditionnel. Diplômée de la plus grande pépinière japonaise de la mode, le Bunka Fashion College, comme sa sœur Hiroko Koshino ou le couturier Kenzo, elle soutient la comparaison avec Coco Chanel dans son rôle de briseuse de conventions. Elle a su réinventer la femme japonaise avec des kimonos modernes, fusion entre la tenue traditionnelle nippone et la robe longue occidentale. « Cela permet à ce vêtement, fastidieux à porter, de franchir les frontières en gardant son essence nippone », grâce aux

tissus, couleurs et motifs. « Résolument inspirées, les créations de cette Japonaise sont un véritable défi lancé aux conventions. » Alors que le Japon débat du travail des femmes depuis des lustres sans parvenir à élever le taux d’activité des jeunes mamans et que les surnommées « single mother » (mères seules) sont encore considérées comme une catégorie bien à part, « pour les Koshino mère et filles, trimer est une évidence ». Le Point - Karyn Nishimura - 09 /03/17

Kimono, 2017 - 2,5 m x 3 m x 15 m, film souple neutre, scotch.


CORPS ET DÉCORS RACCORD Faire ondoyer la matière au milieu d’un couloir c’est certifier la mode comme un outil à la fois culturel, artistique, patrimonial et de circulation. L’utilisation de la matière plastique se traduit par la mise en scène d’un kimono moderne, alliage de décalage et d’élégance. Celle-ci, suggère l’image d’une femme forte et affranchie. Le message passe autant par le vêtement que par le décor. Une scénographie démente qui prend parfois l’allure d’une démonstration de force et de moyen par l’utilisation d’un film souple neutre intégré à l’espace. En même temps, il offre un écrin théâtral parfait pour la mise en lumière de la matière qui donne un aspect énigmatique. Dans la progression des espaces, créés par l’ondulation du kimono, on y découvre différentes ambiances pour enfin y voir une silhouette subjective.

J’utilise l’art comme un outil pour connaître le monde, un outil pour affronter la réalité et un outil pour travailler sur l’époque où nous vivons. Thomas Hirschhorn

Constance Le Lay Maud Sanchez Cathy Tury


Djihadisme Ces crimes djihadistes qui gênent « le monde ».

Cet Alep-Ouest, dont les habitants étaient considérés comme inexistants lors des multiples articles consacrés au siège de la ville, subissait donc bel et bien, selon les termes onusiens, « des bombardements indiscriminés ». L’enquête mentionne notamment les victimes des tirs contre un bus d’étudiants et une attaque contre un marché. Les « rebelles », dont une branche appartenait à Al-Qaida, n’ont pas hésité à multiplier les exécutions de civils. Ils ont utilisé des survivants comme bouclier humain et leurs ont interdit de fuit Alep-Est. L’aide humanitaire a été détournée. « Le favoritisme et le népotisme régnaient et la population vivait dans un climat de peur », d’après les enquêteurs de l’ONU.

Marianne, Martine Gozlan

Déradicalisation : Il faut une troisième voie entre prison et milieu ouvert.

Il a fallu développer une nouvelle politique publique de prévention en deux ans (détection, numéro vert, mais aussi formation et « contre-discours » avec le programme « stop djihadisme »). Pour une raison que je n’explique pas depuis mon arrivée, les centres apparaissent comme le cœur de la prise en charge. L’essentiel est pourtant de prévenir en milieu ouvert, via les cellules préfectorales et les professionnels de la prévention. Libération, interview de M. Domenach, recueilli par W. Le Devin


PLASTIC BAGS

Deux-trois retouches, tiens ! Deux articles de presse ont inspiré notre projet. Le premier parlait du mouvement djihadiste en termes de conséquences (situation actuelle de guerre à Alep) ; le second évoquait plutôt les solutions de prévention face à l’enrôlement de nouveaux candidats (notamment les jeunes adultes). Le sujet du Djihadisme étant large, mais surtout compliqué à saisir dans sa globalité, nous avons envisagé une approche plus personnelle, plus sensible en questionnant nos ressentis et nos impressions face au sujet. C’est ce qui nous a amené à penser un sac à dos totalement transparent, en lien avec la situation politique actuelle, imposant des mesures sécuritaires de masse (fouilles corporelles, vérifications des bagages, suspicions de colis dangereux, etc.) nous avons décliné cette idée en trois modèles différents : sac à dos, sac tati, sac de sport, réalisés à

l’aide de bâche en plastique. Leur transparence vient dénoncer ces mesures politiques, face auxquelles nous avons l’impression d’être constamment surveillé, suspecté, et en potentiel danger. Cela interroge également notre intimité face à ce mouvement: la transparence rassure, nous préférons voir, vérifier pour être certains d’être en sécurité. Mais le revers nous expose au monde, mettant cette fois en danger, notre vie privée. Ces sacs à dos, eux… vous dévoilent leur intégrité. Rassurez-vous, il paraît que vous ne courez aucun danger.

J’essaie de créer une œuvre accessible au plus grand nombre, du moins au premier coup d’œil. J’utilise souvent des références à la bande dessinée, à la science-fiction, au cinéma, etc., ce qui constitue la langue vernaculaire internationale de notre époque. Erwin Würm

Léa Boiteau Marion Chéné Mélissa Marconnet


L’art sacré du Jardin Harmonie : Au Japon, c’est le lien le plus fort entre l’homme et la nature, entre l’homme et les dieux. Que celui-ci relève du parc-promenade, des temples ou du zen, il ne se contente pas d’être beau. Son caractère sacré ouvre ce monde terrestre aux Kamis, esprits shintoïstes, ou à l’esprit zen. (…) Lorsque le bouddhisme s’imposa au Japon au VIe siècle, les montagnes, les îles dessinèrent un espace mental différent, mais qui n’excluait en rien le respect aux Kamis. (…) Pour aboutir à une conscience qui tient lieu de Table de la loi : la perception aiguë de la finitude de l’homme et sa place dans un univers sur lequel il n’y a pas prise.

L’eau, élément fondamental, symbolise le temps qui passe et, même dans les jardins zen dits « secs », elle est présente sous la forme des graviers ratissés par les moines. Sa ligne horizontale offre un contrepoint à la verticalité des rochers, autre élément fondateur. (…) Tout est symbole. Le Point 23/02/2017 Montage, panneaux, dimensions variables

Lorsque le bouddhisme s’imposa au Japon au VI siècle, les montagnes, les îles dessinèrent un espace mental différent. e

Wendy Girard Marie Duriat Agathe Mellet


INTERRUPTION

Ces articles proposent un contenu qui ne présente aucun débat, seulement une lecture passive. Intérêt pour la place des articles récréatifs et consensuels dans les magazines. Très souvent en fin d’ouvrage, ces articles nous permettent une pause intellectuelle, une sorte de repos mental, proposé après la lecture des informations que l’on nous soutient importantes. Comme un instant de vide, de creux, qui ne pose aucun questionnement, la dimension immuable de ces écrits protège ainsi de la réalité et des influences négatives pendant quelques instants. Ces articles proposent un contenu qui ne présente aucun débat, seulement une lecture passive. Nous avons traduit cela plastiquement en utilisant la notion de paravent, panneaux de feuilles servant à protéger des courants d’air et spirituellement de certains démons. Leur présence dans ce workshop permet de contrer toutes dénonciations et révocations. Cet espace à la fois apaisant et calme soumet une circulation libre et sans réflexion profonde, au spectateur. Les vitraux créés sur les vitres

adoucissent la luminosité et apportent une atmosphère plus chaleureuse, plus reposante. La déclinaison des aspects du plastique nous permet de créer un espace plutôt neutre et sans abus. La forme cubique que l’on retrouve partout dans l’installation souligne le côté rangé et constant de ces articles. Esprit très simple et minimal, à la fois dans l’ambiance et dans le sujet. Cette proposition artistique relève plus d’une sublimation quelconque que d’une réelle intervention.

Interruption, 474 x 118 cm, plastiques, peinture et scotch, 2017

« chaque œuvre commence par un rapide croquis, mais dès que je commence à travailler avec les matériaux, ça tourne mal. Par exemple, le truc ne tient pas debout et mon agencement me mène ensuite vers autre chose. Le résultat ne ressemble jamais à ce que j’avais l’intention de faire au départ». Urs Fisher

Interruption , 2017 - 474 x 118 cm, plastiques, peinture et scotch.


Disney-thérapie

Thérapie, 2017. Dimensions variables, bâche de plastique fondue.

C’est comme s’il avait creusé en silence et en secret un vaste souterrain dans lequel il se cacherait (...) Owen possède non seulement une capacité de langage, mais aussi des aptitudes d’analyse et d’interprétation considérables pour son âge, Il va tenter d’établir le contact. L’enfant mutique dialogue sans peine avec la marionnette lui révélant des états intimes qu’il était bien incapable de décrire à d’autres humains. Il apprend à exprimer ses sentiments, à regarder ses interlocuteurs dans les yeux, à leur parler, à leur répondre, à chanter et à danser avec eux, à partager leurs émotions.

Il progresse à pas de géant depuis qu’il s’applique à une matière qui le passionne. Ce sont l’exemple et la sagesse de ces seconds rôles qui l’aident à naviguer dans sa vie de jeune adulte. Le projet s’appelle « thérapie par les affinités », le mot désigne la diversité des passions que l’on peut trouver chez 90 % des enfants autistes. Ses passions sont des portes d’entrée sur leurs intimités. Ursula Gauthier L’Obs 2731 - 09/03/2017


THÉRAPIE Notre idée vient d’un article sur la thérapie d’un enfant autiste. Par le biais de dessins animés, l’enfant arrive à grandir, s’épanouir et se construire. Nous en sommes venus à nous intéresser à la thérapie de l’enfant. Notre projet met en scène ce questionnement en utilisant le plastique. Il représente l’esprit d’un enfant atteint d’un mal-être et son chemin vers la guérison.

Thérapie, 2017 - 1,70 x 2,20 x 2,80 m, structure en étagères, cellophane, bâche plastique, vidéo.

« Je ne trouve pas mon travail si étrange. L’important est d’avoir la discipline d’aller jusqu’au bout d’une idée, de l’étirer jusqu’au bout de ses limites. » Matthew Barney

Clara Blanc Elena Michel Benoît Cercley Scion


Ces SDF qui reprennent pied dans le logement Menée depuis 2011, l’expérience « Un chez-soi d’abord » démontre que loger les sans-abri, sans condition et en les accompagnant, permet aux plus vulnérables de se reconstruire durablement. L’objetctif « zéro SDF» n’est pas une utopie. « Ça y est. Ça a mis longtemps, mais dans ma tête, je ne suis plus un SDF ». François est un des soixante locataires du programme parisien « Un chez-soi d’abord ». Après des années entre la rue, des petits emplois précaires pour Emmaüs, l’alcool, le haschich et les séjours en hôpital psychiatrique, il a intégré un petit studio du 13e arrondissement de Paris.

Toujours en guerre avec ses addictions et des voix qui lui parlent, il commence à reprendre sa vie en main. Inventée par un médecin canadien en 1992, « Un chez-soi d’abord » est une inversion complète de la logique de l’aide aux sans-abri. Jusqu’à présent, l’approche « en palier » a dominé. Pour accéder à un logement,

même provisoire, les sans-abris doivent d’abord se « réhabiliter » : arrêter de boire, se soigner. Lancé depuis six ans, ce programme a sorti 350 personnes de la grande exclusion en leur offrant un toit. Ces derniers sont également soutenus par une équipe pluridisciplinaire de travailleurs sociaux et psychologues.

Presque tous les locataires ont repris contact avec des proches, malgré les aprioris négatifs « il n’y a aucune prédictivité à la capacité à habiter » martèlent chercheurs et travailleurs sociaux. Mieux, presque tous les locataires ont repris contact avec des proches et « 20 % ont une activité professionnelle ou sont en formation ».

L’Humanité, article de Dihal, 13/03/17


Comment un logement peut-il participer à la reconstruction d’une personne ? Pour commencer, nous avons réalisé des fragments de mobilier : rangements, étendage, table, balançoire ainsi qu’un couchage doté de coussins pour créer une intimité. Pour finir, nous avons suspendu de grands pans de plastiques transparents, articulés de manière aléatoire, qui donnent un aspect aérien et ouvert. La fragilité de l’installation se manifeste à travers l’assemblage des divers éléments récupérés : morceaux de bois reliés par du scotch, ficelles, et cordes, comme peut l’être une personne qui se reconstruit. Cet ensemble de fragilité donne une force pour se reconstruire.

CHEZ SOI

Notre réflexion se base sur la reconstruction d’une personne à partir d’un logement. Notre projet s’inspire de différentes formes d’habitat naturel, telles que le cocon, le lotus, ou le nid. Ces habitats sont caractérisés par la sécurité, les repères et l’intimité.

À partir de ces trois mots, nous en avons trouvé une représentation graphique : trois branches qui se relient en un seul point. Ainsi ces trois morceaux nous ont amenées à travailler de l’intérieur vers l’extérieur.

Marie Da Prato Jade Leriche Marie Mercier


Le marketing du pop féminisme Si l’on peut juger l’inanité d’un mouvement à sa capacité à être récupéré par le marché, le bon vieux féminisme des mamies a du souci à se faire ! On ne compte plus les gadgets roses gnangnan, les tee-shirts bavards et les jet-setteuses en Louboutin qui clament leur allégeance à la cause des femmes. Dérision fourbe ou provocation masochiste ? On est loin, très loin, des sévères aspirations universalistes de Simone de Beauvoir. Le féminisme serait-il devenu en 2017 un argument de marketing comme un autre ? C’est ce que pense en tout cas très fort l’essayiste américaine Andi Zeilser, fondatrice du célèbre magazine Bitch, dont tout le combat est justement de ne pas se laisser abuser par la pop culture. Son livre Once We Were Feminist règle donc son compte à ce qu’elle appelle le « féminisme de marché ». Une entourloupe qui consiste, selon elle, « à s’approprier le langage, l’imagerie et l’énergie du féminisme en le vidant de toute culture politique ». À cette dérive frivole, Andi ne dit pas du tout oui : « le

féminisme, ce n’est pas un truc marrant ! » Traduisez, il s’agit de droits fondamentaux ! Et pas juste d’anti-body shaming (comprendre le droit d’être grosse et molle, en gros). D’autres y vont plus doucement. Elles qualifient ces problématiques, très occidentales, de « pop féminisme », voire de « féminisme cupcake ». La jeune newsletter engagée « Les Glorieuses » trouve même que cette appropriation mercantile n’est pas un tel désastre. « Tant qu’à avoir de la publicité, autant qu’elle soit féministe, explique sa fondatrice, Rebecca Amsellem,

sur le site. Vivre dans un monde sans pub n’est pas à l’ordre du jour, donc mieux vaut qu’elle véhicule une image des femmes à la hauteur de ce qu’elles sont. » Peut-être. La seule chose qui ne soit pas ambiguë dans cette récupération évidente, c’est le changement de la figure de la féministe dans l’imaginaire contemporain.


VIDÉE DE SENS De quelle manière le marketing s’est-il réapproprié la cause féministe, dans un but commercial ? À travers cette démarche, notre procédé montre le vice du marketing, qui vide de leurs sens des causes défendant des droits fondamentaux. Le marketing se sert de causes diverses et variées, qui initialement, défendent de véritables droits, pour s’en servir comme

objet de vente. Ici, nous prenons l’exemple du féminisme pour illustrer cet effet ; les marques utilisent cet engouement pour défendre le droit des femmes pour transformer cette cause importante en différents objets de vente : culottes, porte-clés… À travers notre travail, nous voulons montrer cette réalité, une image se vidant de son sens, se confrontant à un bouillonnement d’idées.

Marine Bécaud Louise Bistac Anne-Lou Regnoux



Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.