W-Fenec Mag 13

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LES DISQUES DU MOIS

CECILIA::EYES Disapperance (dEPOT214 Label)

sicisme d’une élégance rare, aux langueurs enfiévrées et autres petites finesses littéralement obsédantes, «Lord Howe rise» tutoie déjà des sommets en faisant ici naître des émotions pures, foudroyantes et sublimées par un crescendo véritablement extatique. La suite n’est pas en reste et «Loreta» balade son spleen électrique entre saturation charnelle et riffing velouté, sensualité languissante et faux-rythme pénétrant. Impossible de lâcher l’écoute de l’album celle-ci une fois débutée, les pépites soniques signées Cecilia::Eyes traversant l’âme de l’auditeur de part en part, s’y accrochant pour ne plus jamais la lâcher.

Cinq ans après le très beau Here dead we lie, les tenants de la scène post-rock Belge reviennent enfin aux affaires avec un nouvel album forcément attendu et qui, dès les toutes premières secondes, ne manquera pas de surprendre les plus fervents aficionados du groupe. Et pour cause : en guise de nouvelle offrande post-rock, les natifs d’outre-Quiévrain délaissent un temps leurs amours passés pour délivrer un substrat d’ambient/ shoegaze qui trouve ici une forme de prolongement inattendu certes, mais finalement naturel de leurs œuvres précédentes. On pensait auparavant aux méconnus (et c’est triste) Sweek, Mono, Explosions in the Sky ou évidemment Mogwai en évoquant leurs travaux, désormais c’est vers l’icône Slowdive que penchent les sentiments créatifs de nos voisins frontaliers. Sans pour autant renier ce qu’ils ont pu produire avant.

Une musique délicieusement noisy, mélancolique et habitée par les Dieux Cocteau Twins et My Bloody Valentine et dont l’héritage post-rock n’est plus à revendiquer, mais également toujours cette réorientation stylistique qui laisse «Swallow the key» percer les ténèbres d’une idylle ombrageuse et ardente avec un mur de guitare ou un halo de fumée ambient, le travail des Belges surprend en même temps qu’il fascine. Masquant de fausses explosions sur l’intrigant «Default descent», Cecilia::Eyes construit pas à pas et avec une intelligence remarquable cette constellation sonore qu’est Disappearance. Un opus qui lors de ses ultimes pistes («Isolated shower») dévoile une écriture versant toujours plus dans l’intime, la mise à nue pourtant pudique et l’effervescence des sentiments mêlée d’une divine confusion des sens («Reign»). Une conclusion dans la lignée du reste de cet album à la puissance ambient/rock/indie/shoegaze évocatrice et aussi rare que subtile : une rêverie insomniaque à la classe incandescente. Aurelio

Pas étonnant donc que l’inaugural «Bellflowers» instille, quelques huit minutes et vingt-deux longues mais enivrantes secondes durant, un savant mélange d’atmosphères panoramiques et immersives, de mélopées instrumentales planantes et d’instrumentations graciles, flottant dans la stratosphère sans jamais perdre leur fil narratif conducteur. Prolongement logique de ce premier titre, plus indie et enveloppé d’un songwriting au clas-

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