REFLETS n°34 / Décembre 2016

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N°34 / DÉCEMBRE 2016

WWW.VISION-FRANCE.NET

REFLETS le magazine des églises de vision-france

DOSSIER

MON ENGAGEMENT DANS LA SOCIÉTÉ QUI EST MON PROCHAIN ?


SOMMAIRE

FACULTÉ LIBRE DE THÉOLOGIE ÉVANGÉLIQUE

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www.flte.fr

Une formation académique au service de l’Église en mission !

ÉDITO

DOSSIER

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MON ENGAGEMENT DANS LA SOCIÉTÉ

VIE DES ÉGLISES 08 WOERTH ET REICHSHOFFEN

09 10 11 Fondée en 1965, la FLTE offre une formation théologique de qualité pour le ministère chrétien au moyen d’un enseignement évangélique de niveau universitaire. Elle prépare aux ministères de pasteur, d’implanteur d’Église, d’enseignant, d’évangéliste et de missionnaire. Les études s'organisent autour de trois axes : • Développement d’une spiritualité équilibrée où progrès dans la connaissance et exercice de la piété COLLOQUE 2017 se nourrissent mutuelDE LA RÉFORME lement • Communication d’un AUX LECTURES esprit et d'une vision CONTEMPORAINES missionnaires DE L’ÉPÎTRE AUX • Développement, en lien avec les Églises et les ROMAINS œuvres, des dons et capacités de chaque Une façon d’aborder étudiant le 500e anniversaire Située en bord de Seine, la FLTE bénéficie d’un campus propice à l’étude et au recueillement et d’une bibliothèque de plus de 25 000 volumes.

de la Réforme sous l’angle biblique !

9 et 10 juin 2017 à Vaux-sur-Seine

Formations non résidentielles Il est possible de faire de la théologie tout en gardant son emploi ou en exerçant un ministère • Au niveau de la Licence, en formation intensive (deux fois quinze jours par an, en février et juillet) • Au niveau du Master, pour se spécialiser dans l’implantation et le développement d’Églises (six semaines par an/3 ans) Plus de renseignements en écrivant à pedagogie@flte.fr

FACULTÉ LIBRE DE THÉOLOGIE ÉVANGÉLIQUE 85, av. de Cherbourg - 78740 Vaux-sur-Seine (France) Tél : 01 34 92 87 17 E-mail : infoscom@flte.fr

BISCHWILLER COLMAR CHALLANS - CÔTE DE LUMIÈRE

VIE DE L’UNION

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ADMINISTRATION & BILAN JOURNÉE DES ÉGLISES PORTRAIT SUJETS DE PRIÈRE

COLLABORATEURS

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REFLETS, le magazine des Églises de Vision-France. Paraît cinq fois par an. Comité de rédaction Jean-Georges Gantenbein 14, avenue Clémenceau F-68100 Mulhouse 06 69 29 25 38 jg.gantenbein@vision-france.net Benoît Baslé Roland Brobeck Florence Brobeck Gilbert Goetz Angel Portaz Anouk Riedinger Administration Vision-France 13 rue Xavier Marmier 25000 Besançon Tél. +33 (0)3 81 80 87 19 Directeur de publication Jean-Georges Gantenbein jg.gantenbein@vision-france.net Mise en page The Hug (www.thehug.fr) Photos et illustrations Libres de droit, privées ou archives des Églises Impression Saxoprint, Paris Compte postal Strasbourg 3 349 82 W036 IBAN : FR67 2004 1010 1503 3498 2W03 679 BIC : PSSTFRPPSTR

Siège social 6 Petite rue des Blés 68000 Colmar SIRET : 434 186 862 00034 APE : 9491Z Titre Reflets (Besançon. 2014) ISSN : 2426-2781

Membre de :

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EDITO

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hers lecteurs,

Le 23 octobre, 550 adultes, enfants et jeunes ont participé à la journée régionale des Églises de Vision-France à Bouxwiller. Ce numéro de Reflets reprend en grande partie toute la thématique de cette journée qui se voulait une invitation à la réflexion sur l’éthique sociale : « Qui est mon prochain ? Mon engagement dans la société ». Nous avons fait une synthèse des deux interventions du professeur Schweitzer lors de cette journée. Vous pouvez la découvrir ou l’approfondir dans le dossier . L’orateur de la journée est présenté dans la rubrique « portraits ». Nous n’avons pas seulement fait connaissance de notre intervenant – avec lui, nous avons pu resserrer les liens avec son institut de rattachement – la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine (FLTE). Plusieurs étudiants ont accompagné leur professeur lors de ce déplacement. Le stand de la FLTE nous a rappelé l’importance du soutien de nos instituts de formation et la reconnaissance pour les pasteurs de Vision-France issus de cette faculté (Gaël Archinard et Matthieu Freyder). Vous trouverez deux sujets concernant la FLTE dans notre édition. Ça y est, la dernière réponse des Églises de Vision-France concernant le projet de fusion avec France-Mission est arrivée ! Le résultat nous réjouit et nous engage à la fois :

• •

12 Églises sont d’accord avec ce projet. 6 communautés se joignent à cet avis, mais souhaitent quelques modifications. 1 réponse ne peut être exploitée.

Cette première consultation nous réjouit parce que le résultat est clair : « continuez d’aller dans cette direction ! » Mais ce sondage nous engage aussi à approfondir le sujet et de bien intégrer les modifications souhaitées. L’équipe de direction fonctionne actuellement avec un effectif réduit, ce qui rend la gestion quotidienne de notre Union assez difficile. Pour un tel projet, il faudrait plus de temps et de forces. Je vous invite à prier pour nous afin que le Seigneur lui-même donne ce qui nous manque. Avançons ensemble vers cette nouvelle aventure avec confiance en Dieu. Bien amicalement, Jean-Georges Gantenbein président de Vision-France

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MON ENGAGEMENT QUI EST MON PROCHAIN ? ?

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Louis Schweitzer

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1. L’AMOUR EN QUESTION – « SEIGNEUR, QUE VEUX-TU QUE JE FASSE ? » « Recherchez la paix (Segond 21 : le bien-être) de la ville où je vous ai exilés et intercédez pour elle auprès du Seigneur, car votre paix dépendra de la sienne (votre bien-être est lié au sien) » (Jérémie 29.7). Ce commandement est surprenant car il est destiné au peuple juif, alors exilé à Babylone et soumis à la servitude. Or, loin de comploter contre Babylone, le peuple devait agir en sa faveur ! Il est tout à fait remarquable que ce peuple ait eu à cœur de prier pour la paix, c’est-à-dire la prospérité, d’un peuple qui le maltraitait de la sorte. Dieu voulait que son peuple soit un instrument de paix plutôt que de haine. Cette injonction divine trouve écho ailleurs dans l’Ancien Testament, notamment dans ce passage bien connu du livre du prophète Michée : « On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ; et ce que l’Éternel demande de toi, c’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu » (6.8). Dieu appelle à l’amour du prochain (l’individu qui se trouve en face de nous), et à faire preuve d’équité, ou de justice, dans la société. a. Le coeur de la théologie évangélique depuis la Réforme La justification par la foi. Nous ne sommes pas justes devant Dieu par nos mérites, par nos bonnes actions, mais par grâce, à cause de son amour. La foi est l’accueil de cette grâce et l’entrée dans la dynamique de l’amour de Dieu par l’œuvre du Saint Esprit. Parce que nous sommes pardonnés, nous sommes appelés à pardonner ; parce que nous sommes aimés (sans être 04

aimables), nous sommes appelés à aimer tous les êtres humains (aimables ou non), d’où l’amour du frère, du prochain et de l’ennemi. L’amour de Dieu est premier. Le refus du pardon (donc de l’amour concret) de la part de celui qui a reçu le pardon pour lui-même est signe qu’il n’a pas reçu l’amour de Dieu, qu’il n’est pas entré dans la dynamique de l’amour qui est un fruit de l’Esprit (cf. Mt 18.23-35). Il n’y a pas de limites à l’amour (cf. Luc 10. 25-37), d’où les paroles de Jésus sur l’amour des ennemis au cas où nous n’aurions pas compris. Le fondement ultime de cet amour n’est pas dans le commandement de Dieu (même s’il dit « Tu aimeras... » en Mat 22.3640 et passages parallèles), pas même dans l’action de Dieu qui nous fait grâce, mais dans l’être même de Dieu : Dieu est amour (1 Jn 4.16). Nous sommes appelés à être les imitateurs de Dieu, à entrer, à notre tour, dans cet amour que l’Esprit suscite en nous. b. Les formes de l’amour Aimer, c’est, de manière indissociable, annoncer l’Évangile du pardon et de la libération, en être les témoins, et apporter des signes concrets de l’amour à celui ou celle qui en a besoin. Jésus a annoncé le Royaume et le pardon de Dieu et a guéri les malades etc. 1 Jn 3.18 : « Petits enfants, n’aimons pas en parole ni avec la langue,


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DANS LA SOCIÉTÉ ?

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mais en action et en vérité ». La parole seule ne veut pas dire grand-chose si elle n’est pas accompagnée d’un geste concret. « Si un frère ou une sœur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour, et que l’un d’entre vous leur dise : Allez en paix, chauffezvous et rassasiez-vous ! sans leur donner ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert-il ? » (Jc 2.15-16). Pour cette raison, l’Église est toujours venue en aide à ceux qui étaient dans le besoin (imparfaitement, mais réellement) : nourriture, hôpitaux… La nature et la forme concrète du service est fonction des besoins particuliers d’une époque. Il existe 3 types généraux d’action qui sont indissociables :

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Annonce de l’Évangile, du pardon, réponse aux besoins spirituels. Service des «petits», diaconie, aide concrète. Engagement pour la justice (esclavage, prisons, pays pauvres etc, ex. de M. L. King ou de D. Bonhoeffer) et volonté de changement des structures sociales qui provoquent et entretiennent l’injustice.

Il s’agit de trois domaines distincts, mais qui se recoupent et souvent s’appellent. c. Le service de tous Nous n’avons pas à choisir ceux que nous servons et nous avons à le faire gratuitement, sans rechercher aucun avantage. La diaconie sera donc sans limite de race, de classe ou de

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religion. Le témoignage chrétien pourra être clair, mais sera toujours indirect si on ne veut pas faire du service de l’autre un argument de vente. Jésus a guéri bien des personnes qui ne l’ont pas suivi. d. Le service de chacun Chaque être humain (quels que soient son sexe, sa race, ses convictions, sa religion) est un être créé à l’image de Dieu (Gn 1.27), aimé de Dieu et pour lequel le Christ est mort. Sa dignité absolue ne dépend pas de sa situation sociale ou des circonstances de sa vie, mais du fait qu’il est une personne. e. Attentifs à l’appel que Dieu nous adresse Le risque, c’est de prendre conscience de la foule des besoins, de s’en trouver débordé… et de ne plus rien faire. Discerner ce à quoi notre communauté est appelée : engagement social en réponse à un besoin particulier, participation à des engagements plus larges dans la commune ou la région… Et confiance en Dieu pour qu’il appelle d’autres à d’autres tâches. f. Le service du Christ Matthieu 25.31-46. « Chaque fois que vous aurez fait cela (donner à manger à celui qui a faim, accueillir l’étranger, vêtir celui qui est nu, visiter les malades et les prisonniers) à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Le service que nous rendons (ou non) au plus petit est celui que nous rendons (ou non) au Christ lui-même. Cela ne veut pas dire qu’il ne faudrait agir que pour le Christ et en le voyant, comme par transparence, derrière l’affamé, 05


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même. Mais il nous est rappelé par Jésus, que derrière la personne, c’est Dieu lui-même que nous traitons bien ou mal. Notre comportement à l’égard de l’image de Dieu, qu’est la personne, est significatif de notre comportement à l’égard de celui dont elle est l’image.

Enfin, n’oublions pas que l’acte lui-même, s’il est indispensable, ne suffit pas. L’attitude du cœur est essentielle : « Quand je distribuerais tous les biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas l’amour, cela ne me sert de rien » (1 Co 13.3).

2. L’AMOUR EN ACTION – « SEIGNEUR, COMMENT VEUX-TU QUE JE FASSE ? » Nous avons vu quelques raisons bibliques pour l’engagement dans la société et, en particulier, dans le domaine social et caritatif. Je voudrais essayer d’esquisser avec vous quelques grands principes qui peuvent nous aider à faire preuve de discernement dans ces domaines et principalement en ce qui concerne la dimension plus « politique ». Nous prendrons le mot « politique » au sens large (et souvent masculin) d’implication dans la cité et non pour parler directement des enjeux actuels et la politique partisane (même si les deux ne sont pas sans rapports). L’éthique et la technique Dans toute pratique politique, on peut distinguer deux étages qui sont inséparables, mais qu’il importe de ne pas confondre : l’ « éthique » et le « technique ». Par le mot « éthique », nous entendons ici les principes fondamentaux qui donnent à une pratique ses finalités et ses grandes orientations. L’aspect technique concernera la mise en œuvre concrète, les moyens choisis pour parvenir à ces objectifs. L’économie, les lois qui règlent le proprement politique en font partie. Quant à cet aspect « technique », la foi chrétienne n’a pas grand-chose à dire me semble-t-il, sinon lorsqu’il empiète sur les orientations fondamentales. La Bible manifeste d’ailleurs une grande liberté à cet égard. Le Dieu d’Israël est plus que réticent devant la monarchie (1 Sam 8), mais puisque le peuple la souhaite pour faire comme les autres, Dieu va le guider par des rois qu’il choisira. De même, la loi prévoit que le pays sera divisé en petites propriétés, avec remise à plat de la répartition tous les 50 ans (Lv 25), mais Joseph, devenu premier ministre d’Égypte, va en quelque sorte nationaliser (« pharaoniser ») les terres du pays pour le sauver de la famine. Il s’agit d’adapter la réponse aux circonstances particulières d’un lieu et d’un temps. Les lignes directrices En revanche, l’Écriture nous présente un certain nombre de lignes directrices en dehors desquelles il n’est pas possible d’imaginer un engagement politique qui se veuille en accord avec la foi. Il serait trop long de les énumérer et plus encore de les développer. En voici simplement quelques-unes rapidement évoquées.

La valeur absolue de la personne humaine. Chaque être humain est créé à l’image de Dieu et c’est ce qui lui donne sa dignité absolue (Genèse 9.6, cf. Jacques 3.9). Il ne s’agit pas d’abord de peuples, de nations, de classes ou de races, mais de toute personne. C’est elle qui doit être la fin véritable de toute politique. Trop souvent, les lois de l’histoire ou de l’économie ont primé et continuent de le faire.

Le réalisme et l’imperfection. Ce point est important. Le chrétien est appelé à

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rechercher dans le domaine politique le bien d’une communauté d’hommes et de femmes, aimés de Dieu et pécheurs, imparfaits et infiniment respec tables. Il est toujours étonnant de voir avec quel réalisme les personnages les plus importants de la Bible nous sont présentés. Il n’y a aucune idéalisation même des plus grands hommes ou des plus grandes femmes de Dieu ; leurs faiblesses et leurs fautes sont aussi clairement présentées que ce qu’ils peuvent avoir de meilleur. Il est capital que ce réalisme demeure lorsque nous cherchons des solutions aux problèmes de nos sociétés.

Cela veut dire aussi qu’aucun principe, qu’aucun système politique n’est sans défaut. Toutes les espérances de société idéale et parfaite sont, nous devons le savoir, toujours illusoires. Nous restons toujours, étant donné la condition humaine, dans le domaine de l’imperfection et du moindre mal.

L’exigence de la justice. Encore une fois, la justice est le minimum de l’amour et de son application concrète en ce qui concerne une société. Toute la révélation ne cesse de proclamer son importance. Cette exigence repose directement sur ce que nous venons de dire. La justice se mesure avant tout au traitement réservé à ceux qui sont pauvres et sans défense. Nous avons tous un sens inné de la justice lorsqu’il nous semble que nous sommes victimes d’une injustice. Mais nous sommes sujets à une étrange paralysie de ce même sens de la justice lorsqu’il va à l’encontre de nos intérêts immédiats ou simplement de notre confort. C’est le droit et l’équité qui sont ici en cause. Mais la justice est au-dessus du droit, comme le principe est au-dessus de son application. Si le droit est fait pour défendre la cause du puissant contre celle du faible, ou celle des membres d’une ethnie contre les autres, c’est le droit qui est lui-même injuste. Une autre manière de parler de la justice sera de mettre en valeur le Bien commun, c’est-à-dire non pas les intérêts particuliers de quelques-uns, mais le bien de la société dans son ensemble, c’est-à-dire de toutes les personnes qui la composent. La véhémence des prophètes ou de Jésus lui- même à cet égard nous gardera de penser qu’il s’agit là d’un élément facultatif ou secondaire.

L’attention particulière aux petits et aux pauvres. Cette priorité que l’on retrouve si souvent dans toute l’Écriture n’a pas pour fondement une vision romantique du pauvre qui serait supposé meilleur


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que le riche. Mais le pauvre est justement la personne humaine dont la dignité ne s’impose pas. S’il faut prêter une attention particulière à la veuve et à l’orphelin, c’est parce qu’ils sont sans défense. Ils ont besoin de plus d’attention, car il est tentant et facile de les laisser de côté. Il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup d’imagination pour appliquer ce principe à nos sociétés actuelles, aux pauvres de notre pays, qui ne sont parfois défendus par personne, ou à ceux des pays du tiers-monde qui sont eux-mêmes, en tant que nations, dans cette situation d’extrême vulnérabilité. La solidarité humaine. Tous les êtres humains sont créés à l’image de Dieu, d’où leur égale dignité. Ce qui veut dire que toute distinction de race, de classe, de langue ou de nation est seconde. Les communautés humaines particulières, légitimes et nécessaires, ne doivent jamais avoir le dernier mot. Avez-vous remarqué la liberté qui est celle de Jésus par rapport aux liens familiaux qui sont pourtant souvent considérés comme les plus sacrés ? Il est important que les chrétiens et les Églises se souviennent que la fidélité qu’ils ont à manifester à l’égard de leur nation ne doit jamais prendre le pas sur la solidarité humaine qui est fondamentale. La recherche de la paix. Nous savons bien l’importance de la paix, cette « Shalom » qui englobe plus que notre mot paix qui ne signifie souvent que la simple absence de guerre. Justice, bien-être, prospérité en font partie. Mais tout ceci ne peut exister que si la paix au sens le plus simple du mot est une réalité. « Recherchez la paix de la ville où je vous ai exilés » (Jr 29.4-7), et la prière pour les autorités qui nous est demandée en 1 Ti 2 vise aussi la paix : « afin que nous menions une vie paisible et tranquille en toute piété et dignité ». Voici un autre principe important. Il n’est sans doute pas absolu car le conflit ne dépend pas toujours de nous. Mais il oriente néanmoins toute une attitude qui peut s’appliquer aussi bien aux relations internationales qu’à la politique des banlieues. Le respect de la création. Le mandat premier confié par Dieu à l’être humain est d’être responsable de la création, d’en prendre soin comme un bon gérant. Pendant longtemps, cela ne posait guère de problèmes car les capacités de l’homme ne lui permettaient guère de nuire gravement à la création. Depuis le vingtième siècle, les choses ont changé et il est devenu clair que nous sommes capables de détruire la planète ou, en tous cas, de la laisser à nos descendants dans un état tel qu’ils ne pourront plus que supporter notre comportement irresponsable. L’écologie, le souci de la conservation et de l’entretien de la création, est devenu une priorité. D’une part, elle concerne notre amour du prochain en la personne de ceux qui viendront après nous, mais d’autre part, nous sommes et serons responsables devant le créateur de ce que nous aurons fait à ce monde qui est notre maison commune.

Attentif à la vocation de chacun La politique n’est pas tout et chacun n’est pas appelé à s’engager. Il faut d’ailleurs distinguer divers aspects.

L’Église ne doit prendre la parole que lorsque des valeurs essentielles sont en cause. Alors, se taire peut devenir une infidélité. Mais en dehors de ces cas particuliers (torture, racisme, antisémitisme, injustices flagrantes etc.), elle n’a pas à se mêler du jeu politique sinon pour rappeler les lignes directrices. En revanche, elle peut largement s’impliquer dans sa ville, son village ou sa région pour venir en aide à des personnes dans le besoin sous une forme ou une autre. C’est une manière de joindre l’action à la parole. Le chrétien peut être appelé à prendre position et à s’engager. Il essaiera de le faire en restant fidèle aux grandes lignes que lui dicte sa foi et en distinguant les nécessaires compromis et les compromissions qui sont une atteinte à la vérité. Il peut s’engager à des niveaux très divers. Si nous regrettons que les politiciens ne sont pas assez comme nous les souhaiterions, peut-être devrions-nous réfléchir pour savoir si certains chrétiens ne sont pas appelés à servir dans ce cadre. Des chrétiens ensemble peuvent être appelés à s’engager en tant que chrétiens. Mais ils ne sont pas l’Église et d’autres chrétiens peuvent légitimement faire d’autres choix. Des exemples comme celui de Martin Luther King et du mouvement qu’il a suscité montrent la possible fécondité de telles actions. On peut aussi penser au CPDH et à bien d’autres associations.

C’est à chacun de discerner l’appel qui lui est adressé. Certains chrétiens pourront être appelés à servir les hommes par leurs responsabilités politiques. Il nous reviendra de prier pour eux. Cependant, il faut nous souvenir qu’en démocratie, nous sommes tous citoyens et appelés dans les votes à opérer des choix en conscience. Cette responsabilité-là est un privilège de notre temps ; à nous de savoir en tirer les conséquences. Quant à l’Église et telle Église locale, elle doit être attentive à ce que le Seigneur peut lui demander. Le souci de l’unité est important, mais il ne doit pas paralyser les Églises et les empêcher de prendre position.

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VIE DES ÉGLISES WOERTH ET REICHSHOFFEN

LE TRAVAIL HUMANITAIRE EN ROUMANIE

JEAN-PAUL BROBECKER

Q humanitaire en Roumanie depuis 16 ans ?

Q payez votre pension ?

R

R payons pour travailler !!! Une partie des frais de voyage est

Jean-Paul, qu’est-ce qui t’a amené à participer à un travail

Henri Nippert, de l’association Espérance de Woerth, avait commencé à y apporter du matériel. Il m’a sollicité et j’ai répondu positivement à sa demande. Participer à ce travail humanitaire était pour moi une façon de témoigner de ma foi en aidant ceux qui étaient le plus dans le besoin. En Roumanie, nous avons rencontré plusieurs personnes qui se battaient pour améliorer la vie des plus malheureux, tout en leur apportant l’espérance en Jésus.

Q

Pourquoi aller si loin pour aider ? N’y a-t-il pas aussi des besoins ici ?

R

Il y a trois ans, je m’étais posé cette question, alors que nous étions dans un coin perdu des Carpates, près de la frontière ukrainienne. Misiu, le responsable de la Fondation Hannah à Radauti, avec laquelle nous travaillions alors, reconnaissant pour tout le matériel apporté et pour tous les travaux effectués, nous confia : « Ce qui me touche le plus, ce n’est pas tant ce que vous avez apporté ou réalisé, mais c’est surtout le fait que vous soyez venus de si loin et que vous ne m’oubliiez pas. » J’avais compris qu’il ne faut négliger ni l’effort à fournir, ni les kilomètres à parcourir, pour encourager un frère. Bien sûr, nous agissons ici aussi. Mais en allant en Roumanie nous aidons les plus démunis. Lorsque nous avons travaillé à l’orphelinat d’Otelu Rosu, Genni, la femme de Vali, directeur de Humanitas Pro Deo, nous confia un jour : « Ce qui compte le plus pour nous dans votre venue, ce n’est pas seulement ce que vous faites ; mais chaque année, les enfants attendent les Français avec impatience. Lorsque vous êtes là, les enfants rechargent leurs batteries et, pour un peu de temps, ils ont un papa. »

Vous allez travailler comme volontaires et pourtant vous Non seulement nous travaillons sans être payés, mais nous

couverte par des dons. Notre participation aux frais permet de laisser le maximum d’argent aux Fondations que nous aidons, souvent pour que les travaux que nous ne pouvons pas achever soient réalisés à temps. Ainsi, dans le camp de jeunes à Brodina, Misiu a pu terminer les aménagements après notre départ, pour que les camps et colos de l’été puissent avoir lieu. Nous expérimentons ainsi une parole de l’Évangile : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. »

Q le pays ?

Depuis toutes ces années, observes-tu une évolution dans

R té que la Roumanie progresse : les infrastructures routières Il reste encore beaucoup de misère. Mais nous avons consta-

s’améliorent, des vieilles villes sont rénovées, le tourisme se développe. Les Roumains sont chaleureux et accueillants. Ceux qui ont participé aux séjours de découverte de la Roumanie en 2015 et en 2016 l’ont vérifié par eux-mêmes.

L’équipe en 2016 en Bulgarie

Adi et Marcus d’Otelu avec JP Brobecker

Un papa...

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VIE DES ÉGLISES BISCHWILLER

QUAND L’ÉGLISE EST UNE FAMILLE NOMBREUSE

CHRISTOPH HAUSER

Avoir des enfants, c’est un cadeau ; les voir grandir et les éduquer, un beau défi. On sait qu’ils ne sont pas seulement la future génération dans une communauté chrétienne, mais déjà entièrement présents. Aujourd’hui, l’Église arrive-t-elle à répondre à l’appel de Jésus de les bénir et de leur permettre d’être pleinement intégrés dans la vie de nos communautés ? Nous avons posé quelques questions à plusieurs familles de l’Église de la rue des Menuisiers.

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ans une famille chrétienne, les besoins par rapport à la vie de l’Église sont multiples : pour les parents il est « important que les enfants aient des moments spécifiques enthousiasmants » dit Nicolas, membre d’un groupe de maison de jeunes familles, qui s’est penché récemment sur la question de ce qui compte le plus dans la communion dans l’Église. Et ce n’est pas juste pour bien occuper les plus jeunes ; car l’enjeu est de taille nous partage Joël qui, avec sa femme Damaris, vient d’avoir un deuxième garçon : « Nous voulons donner envie aux enfants d’être chrétiens à travers ce que nous pouvons vivre de particulier dans l’unité d’Esprit qui règne à l’Église. » Pour Philippe et Sara, il s’agit là d’être des modèles dans l’engagement et le service, mais aussi dans « la façon dont nous vivons notre foi. Notre prière profonde est que la communauté facilite l’attachement à la Parole et encourage à une foi sincère en Christ, sans hypocrisie. »

C’est ce que vise probablement toute Église. Mais qu’en est-il de la concrétisation ? Un constat fait souvent surface : chaque famille doit s’adapter à sa manière pour que la vie avec la communauté ne se fasse pas au détriment de l’équilibre dans le foyer. Philippe, ancien de l’Église, a fixé un cadre général très concret avec son épouse : une réunion en soirée par semaine ; c’est l’idéal pour la situation actuelle de sa famille. Joël, lui, souligne qu’il est important « qu’il n’y ait pas de frustration due au manque de temps passé avec chacun dans la famille », tout en répondant aux besoins de l’Église.

Joël et Damaris Bernold avec leurs enfants Luca et Nathan : « Nous devons être des témoins envers les enfants par nos choix de vie ! »

Le dimanche, l’Église accueille en moyenne entre 15 et 25 enfants dans trois groupes différents. Ici, une partie des « Moussinets » lors du culte d’accueil de la nouvelle famille pastorale en octobre. Arrivé cet été à Bischwiller avec sa famille, Christoph a servi auparavant à l’Église Protestante Évangélique de Lons-le-Saunier (39).

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VIE DES ÉGLISES COLMAR

DÉPART VERS UN NOUVEL AVENIR

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ous avions l’impression de faire avec Abraham le premier pas pour quitter famille et pays, ou avec Pierre le premier pas pour quitter la barque. Le moment était venu de célébrer le dernier culte à la Petite rue des Blés, avant la vente du bâtiment et la poursuite de nos activités dans d’autres lieux.

PAUL FLUCKIGER

Déroulé de la vie de l’Église

Ce dimanche 20 novembre restera dans nos souvenirs comme une fête de reconnaissance, pour laquelle nous avions invité voisins et frères et sœurs d’autres assemblées. Entonner le chant « Grand Dieu nous te bénissons » était alors une confession de foi, pour témoigner de la fidélité de Dieu depuis le début de l’Église, en 1820, jusqu’à nos jours. LE BUS DE L’ESPÉRANCE Après le Flixbus des uns, ou le Ouibus des autres, nous voici en route, depuis quelques mois, dans notre HOPEbus. L’apôtre Paul écrit que Dieu est l’auteur de l’espérance qui la fait même déborder dans nos vies par l’œuvre de son Esprit (Rm 15.13). Un voyage par étape, avec des arrêts de bus appelés « Courage », « Provisions » ou encore « Consécration », et des temps pour évoquer nos souvenirs et pour prier ensemble que Dieu nous garde unis dans les importants changements pour l’Église. L’ATTACHEMENT À LA BIBLE Le livre de Josué a marqué notre voyage avec l’exhortation « que ce livre de la loi ne s’éloigne pas de toi ! Médite-le jour et nuit pour agir avec fidélité conformément à tout ce qui y est écrit, car c’est alors que tu auras du succès dans tes entreprises, c’est alors que tu réussiras. » La semaine de jeûne et prière en septembre et les cultes ont été des appels constants à lire et à vivre la Parole de Dieu afin de renforcer le fondement spirituel de notre vie d’Église. L’AVENIR Le culte de reconnaissance du mois de novembre était aussi l’occasion de rappeler qu’il s’agissait du départ d’un lieu afin de poursuivre notre mission ailleurs à Colmar. Une période de transition est engagée, avec la possibilité d’organiser nos activités dans les locaux de l’Église Adventiste. Nous voulons mettre ce temps au bénéfice d’une réflexion commune conduisant à dessiner tous ensemble notre future Église (corps de Christ) et église (bâtiment). Le texte d’Esaïe 11.16 nous sera encore précieux, comme il l’est depuis cinq ans déjà : « Il y aura une route pour le reste de son peuple, pour ceux qui seront restés en Assyrie, comme il y en a eu une pour Israël le jour où il est sorti d’Egypte. »

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Gilbert Goetz et Paul Fluckiger devant le bus de l’espérance

L’assemblée du jour

Tania Goetz et le parcours


VIE DES ÉGLISES CHALLANS-CÔTE DE LUMIÈRE

PAS D’ÂGE POUR SERVIR !

JOËL HERRMANN

Portrait de Marco-Rafaël ONET

L’

une de ses facéties préférées consiste à leurrer son papa avec un pot de yaourt vide : placé en évidence dans le frigo, l’opercule soigneusement remis sur le pot, il savoure l’air ébaubi de sa victime bernée par l’astuce !

À la projection des chants...

Du haut de ses dix ans, Marco aime jouer au foot et surtout se lancer dans de grandes aventures, telle la quête du trésor de Rackham le rouge, aux côtés de Tintin : « J’aime quand ça bouge et quand il y a du suspens ! ». Mais qu’on se le dise, tonnerre de Brest !, pour ce jeune garçon qui rêve encore des paysages enneigés de sa Roumanie natale, Tintin n’est pas le seul personnage qui l’enthousiasme. Dans son répertoire d’histoires favorites, c’est Moïse qui détient la palme ! Le serpent élevé dans le désert inspire sa jeune foi : « Cette histoire m’aide à comprendre ce que Jésus a fait pour moi en mourant sur la croix. » Très inspiré également sur les questions culinaires ! Toutefois, ni les moules-frites, ni le steak-frites ne détrônent la Ciobâ de burta : soupe aux tripes, façon roumaine !

Marco Onet, meneur de jeu inspirant !

Voilà de quoi requinquer ce technicien en culottes courtes qui s’installe chaque dimanche à la vidéo projection. Avec une aisance déconcertante, Marco jongle avec les strophes des chants, qui valsent sur l’écran au rythme des instruments : « C’est bien de faire ça, parce que c’est aussi une manière d’encourager les gens à croire en Dieu. Je suis plus attentif à ce qui est dit dans la première partie du culte depuis que je m’occupe de l’ordinateur et de la projection des chants. Je commence à connaître les chants par cœur, et ça m’aide quand il faut suivre les musiciens ». Marco espère que son expérience inspirera d’autres enfants et encouragera de telles initiatives dans l’Union. Assurément, il n’y a pas d’âge pour (apprendre à) servir ! Si d’aventure vous passez en Vendée, ne manquez pas de venir saluer Marco ! Il vous interprétera peut-être un morceau de violon ou vous proposera… un yaourt !!

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VIE DE L’UNION ADMINISTRATION & BILAN

CÔTÉ ADMINISTRATION

ELISABETH LUX responsable du Service Administration et Communication

L

a rentrée 2016 a apporté quelques changements, des stagiaires sont venus rejoindre Vision-France, d’autres ont changé de lieu d’affectation et de nouveaux partenaires se sont ajoutés. Même si tous ces changements entraînent une charge administrative supplémentaire, c’est toujours avec beaucoup de joie que Vision-France voit évoluer les pasteurs et accueille de nouveaux stagiaires. Jean Woloszczyk, un frère de notre Église de Saverne, que je remercie au passage, se charge aussi avec plaisir de mettre à jour le site internet de notre Union, afin que vous puissiez y découvrir tous ces changements.

ALLONS-NOUS VERS UN BILAN ÉQUILIBRÉ ?

Q

uand on évoque les finances, on souhaite ardemment que le budget établi en début d’année puisse être tenu. Rien de plus frustrant s’il faut présenter à l’assemblée générale un bilan négatif. La rentrée 2016 a dévoilé ses chiffres et la situation financière intermédiaire de l’exercice en cours n’est pas très florissante. On peut se poser la question : est-ce le résultat d’une mauvaise gestion ou le fruit d’un autre problème ? Si quelques postes voient un très léger dépassement du budget, il faut noter que le manque provient essentiellement des rentrées qui ne répondent pas à celles escomptées. En effet, l’analyse révèle 3 raisons principales :

Elisabeth Lux

Les dons sont en baisse de 1%. Certes, ce n’est pas énorme mais si le 1% se calcule sur 470 000 € cela représente tout de même 4700 €. Se rajoute à cela des dons exceptionnels à hauteur de 3500 € mis au budget et non réceptionnés à ce jour. Le fonds de formation est alimenté par les Églises mais ne couvre que 50% du soutien financier que nous voulons apporter à nos étudiants et à nos stagiaires. Il nous manque également 1000 € pour soutenir nos stagiaires en formation. Les soutiens pour nos missionnaires ne comblent pas 100% de leurs rémunérations. Pour certains l’équilibre n’est pas atteint et nous constatons, malheureusement, qu’un trou d’environ 9000€ sera à combler d’ici la fin de l’année.

Luc Viguier stagiaire avec E. Strupfler à Besançon

Chers lecteurs, si vous avez à cœur de soutenir le travail d’évangélisation, d’implantation d’Églises et/ou la formation de futurs pasteurs, n’hésitez pas à vous faire connaitre ! Pour un trésorier, c’est toujours à nouveau un défi de faire confiance en Celui qui tient toutes choses entre ses bonnes mains. Il sait de quoi nous avons besoin et donne selon Sa Volonté.

Malia Bridwell collaboratrice à l’Église de Strasbourg 12


VIE DE L’UNION JOURNÉE DES ÉGLISES

JOURNÉE RÉGIONALE DES ÉGLISES

FLORENCE BROBECK Membre de la rédaction

Cette année, c’est à Bouxwiller que s’est déroulée la journée des églises de Vision France ; consacrée à la question de l’engagement du chrétien dans la société, l’événement met à l’honneur la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux sur Seine (FLTE).

«

Agents 17 au service de Sa Majesté », voilà le thème choc de la soirée jeunes du samedi ! Notre maître de cérémonie est un James Bond impeccable, pardon, Jacques Liaison, tel qu’on le connaît évidemment bien mieux en France. Nous rencontrons des étudiants du MIT (FLTE en français), qui nous présentent leur mission. Le message est clair : nous sommes tous appelés au service de Sa Majesté ! Pas besoin d’être parfaits ni d’avoir des dons exceptionnels : répondre à l’appel, voilà ce qu’on nous demande, avec sincérité de cœur et motivés par l’Amour de Dieu. Et pour s’engager concrètement, « Bouge ta France 2017 » semble l’occasion idéale ! Au lendemain de cette soirée high-standing, les Églises de Vision-France se retrouvent cette fois-ci au centre culturel de la ville. L’orateur, Louis Schweitzer, s’attaque à cette question brûlante : « Mon engagement dans la société, qui est mon prochain ? » Justement, celui à qui nous devons manifester de l’amour, c’est aussi celui qui nous dérange. Et de quelle façon ? Un engagement qui peut être multiforme : celui de l’Église au sens large, qui se fait entendre sur une question sociétale ; celui d’un groupe de chrétiens, qui fonde une association par exemple ; ou encore celui de l’individu, qui s’implique en politique ou plus simplement en tant qu’électeur. Un engagement qui veut maintenir la personne humaine au centre et se fonde sur la recherche du bien commun, en acceptant qu’il ne peut y avoir de solution parfaite. La recherche de la paix doit parfois s’effacer devant l’exigence de la justice, en particulier pour ceux qui ne peuvent pas défendre leur dignité. En définitive, une réflexion d’éthique sociale qui veut impacter en profondeur la conception de notre engagement dans la société : il y a là un vrai champ d’action dont nous pouvons – nous devons nous saisir.

Le public

L’enseignement des enfants

Matthieu Freyder avec M. le Maire

« Un grand merci à Vision-France de nous avoir invités pour ce week-end d’Églises. Nous avons été très encouragés de voir comment vivait l’union, le zèle des jeunes, et la gentillesse des alsaciens ! Merci pour votre soutien, votre accueil, et pour le travail exceptionnel des organisateurs et des volontaires. » Manu Bastard, étudiant à la FLTE

Soirée jeunes à l’Église de Bouxwiller

Un groupe issu de plusieurs Églises d’Alsace


VIE DE L’UNION PORTRAIT

LOUIS SCHWEITZER, OU L’ARTICULATION ENTRE LA FOI ET L’ACTION SOCIALE.

Interview réalisée par ANOUK RIEDINGER

Louis Schweitzer est professeur d’éthique et de spiritualité à la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-Sur-Seine et pasteur de la fédération baptiste. Il enseigne également à l’Institut Supérieur d’Études Œcuméniques de Paris. Il a notamment œuvré au sein du Comité Consultatif National d’Éthique. Bref, un CV impressionnant… mais avant tout un cœur pour l’engagement dans la société.

Q gique. Comment définiriez-vous ce terme ?

Vous enseignez notamment l’éthique à la faculté théolo-

R ment chrétien. Elle répond à la question : « Que faire ? Comment

Il s’agit d’une discipline de théologie qui traite du comportevivre en chrétien aujourd’hui ? ».

« L’ÉGLISE N’EST PAS UN CLUB PRIVÉ ! »

Q enseigner cette matière spécifique, l’éthique. Était-ce un

Pouvez-vous nous rappeler le parcours qui vous a mené à choix délibéré ? Lié à des circonstances particulières ?

toujours été un passionné de l’action sociale. La frontière R J’ai entre la foi et l’action constitue un champ d’investigation riche,

qui ne cesse de me questionner. D’ailleurs, si je n’avais pas été pasteur, j’aurais fait de la politique ! À dire vrai, dans le même temps, une place se libérait pour cet enseignement à la faculté…

Q pour nos Églises évangéliques ?

En quoi l’engagement social constitue-t-il un enjeu majeur

R précisément dans l’amour pour les autres. Il s’agit de rentrer Le lien entre la doctrine et le comportement chrétien réside

dans la dynamique de l’amour : Christ nous a aimés ; à nous d’aimer notre prochain. Le risque serait de laisser au bord de la route un grand nombre de personnes, en cultivant « l’entre-soi », confortable, sans résonance vers l’extérieur. L’Église n’est pas un club privé de personnes sympathiques… Par ailleurs, les repères éthiques tendent à devenir flous aujourd’hui. Il est essentiel qu’une voix chrétienne se fasse entendre. Aussi sommes-nous face à un choix : soit on se désintéresse du monde en ne pensant qu’au ciel…, soit on réfléchit à des solutions politiquement viables et éthiques pour concrétiser l’amour de Dieu. Cette dernière posture, certes compliquée, semble la seule cohérente.

Q Nous voilà sur le terrain de l’engagement politique… Tout à fait. D’emblée, un principe clair, conforme aux écrits de R Saint Augustin : ne pas confondre les deux royaumes ; autre14

ment dit, ne pas confondre la cité terrestre et le Royaume de Dieu. En s’engageant politiquement, il s’agit de vouloir le bien de la cité, de faire le mieux possible, sans viser l’absolu. La perfection n’est pas de ce monde. Une personne droite, qui a des valeurs éthiques, des convictions réfléchies, donne une image rassurante et peut dès lors s’engager à différents niveaux politiques, en étant crédible.

« LA FRONTIÈRE ENTRE LA FOI ET L’ACTION SOCIALE M’A TOUJOURS PASSIONNÉ » Deux conditions toutefois à cette action : être prêt à ne pas être élu, voire évincé ! … et que l‘Église accepte de réfléchir aux questions sociales, de mener une vraie réflexion éthique chrétienne, cohérente.

Q Églises ?

Si vous aviez un mot d’ordre, un conseil à donner à nos

R avant tout de grandir en maturité pour que les différents dons

Le but premier n’est pas la croissance quantitative. Il s’agit

puissent se manifester et que l’Église puisse dispenser un rayonnement véritable.


VIE DE L’UNION

P R I È R E BELLIGNAT Nous adressons à Dieu toute notre reconnaissance car il prend soin de ses enfants. Jérémy, après un parcours compliqué de soins, va bien. La maladie ne refait pas surface ! Le couple vit des moments forts ensemble. Leur fille Maëlya va bien et le bébé à venir grandit normalement. Merci Seigneur.

REICHSHOFFEN Nous louons, célébrons et remercions Dieu pour sa grâce et son pardon. Nous prions et nous intercédons pour le rétablissement de Claude et de Micheline, l’engagement de Jacques Fullenwarth en Russie et son retour, la foire de Noël du 11 et la fête de Noël du 18 décembre 2016, la distribution et la vente de calendriers.

BISCHWILLER Nous sommes reconnaissants pour divers encouragements et particulièrement pour le très bon accueil de la municipalité envers notre Église. Nous prions pour avoir toute la sagesse dans le choix et la conduite des activités futures. Nous prions aussi pour Luc et Béatrice (missionnaires WEC) qui réorientent leur ministère en France.

SOULTZ-SOUS-FORÊTS Nous sommes reconnaissants pour l’aide de Hans Wyttenbach et de Maurice Vuilleumier. Nous prions pour de nouveaux contacts au marché de Noël et à la Fête de Noël du 4 décembre, ainsi que pour une salle adaptée pour relancer le Parcours Alpha-Couple en 2017 et un local pour l’Église.

BOUXWILLER Nous confions à Dieu les activités de fin d’année. Qu’elles soient l’occasion de partager la Bonne Nouvelle de Noël. Nous continuons à intercéder pour l’arrivée d’une nouvelle génération de responsables (trentenaires !). Nous voulons croire que Dieu donne ce qu’il ordonne. LONS-LE-SAUNIER Nous remercions le Seigneur pour la manière dont il nous a conduits pendant ces mois de transition. Nous demandons à Dieu de nous guider dans notre réflexion sur l’avenir de nos locaux. Nous prions pour que des personnes hors Église se joignent à nos activités. MULHOUSE Nous sommes reconnaissants pour le baptême de 2 jeunes de l’Église et pour la fréquentation des différentes cellules. Nous prions pour notre projet de transformation du bâtiment. Que le Seigneur nous éclaire et nous guide dans les différents choix et ferme les portes qui ne seraient pas selon sa volonté. PAYS DE BRISACH (VOLGELSHEIM) Nous sommes reconnaissants pour deux beaux moments d’Église : un défi d’aimer les musulmans et d’aller vers eux ; un témoignage très fort de libération d’addiction. Nous prions pour le travail sur la vision d’Église, entrepris par le conseil. Nous prions pour plusieurs personnes qui ont besoin de libération.

STRASBOURG Nous sommes reconnaissants pour ce que nous vivons depuis la rentrée : accueil de nouvelles personnes, fruits dans le témoignage, célébration de baptêmes, arrivée de Malia Bridwell, missionnaire engagée auprès des jeunes femmes dans l’Église, démarrage d’un ministère auprès des étudiants internationaux, arrivée prochaine d’un couple missionnaire pour une future implantation. LE TREMPLIN Nous remercions pour le CA renouvelé. Nous prions pour la préparation des projets 2017, des directeurs disponibles et des équipes toujours motivées. Nous intercédons pour le « Camp de ski » et le « Camp neige et famille » en février 2017. WOERTH Nous prions pour : - notre action bougies et crèche vivante lors du marché de Noël : que des contacts durables s’établissent. - la fête de Noël : que des personnes se laissent inviter à cette occasion. - les personnes seules, en deuil et malades de notre assemblée : que le Seigneur soit leur réconfort durant cette période de l’Avent et de Noël.

COMMENT SOUTENIR VISION-FRANCE ?

L’implantation d’Églises, la formation de stagiaires (et de futurs pasteurs), ainsi que les services offerts aux Églises locales dépendent du soutien financier de personnes individuelles. Vous pouvez faire parvenir votre don : Par chèque : A l’ordre de Vision-France 13 rue Xavier Marmier 25000 Besançon Par virement : En France : CCM Besançon-Montrapon RIB : 10278 08004 00020143201 33 IBAN : FR76 1027 8080 0400 0201 4320 133 BIC : CMCIFR2A En Suisse : Compte postal 91-456339-4, Vision-France, F-68000 Colmar En Allemagne : Chrischona-Gemeinschaftswerk Deutschland Volksbank Giessen BLZ 513 900 00 KtoNr. 50 237 800 EKK Kassel BLZ 520 604 10 KtoNr. 5851 Vermerk : Vision-France, Spende Pour chaque virement, merci de bien préciser votre nom et adresse dans l’espace texte à disposition. Celui-ci n’apparaît pas automatiquement dans les relevés bancaires.

Vision-France compte 5 Églises en implantation (Bellignat, Besançon, Lonsle-Saunier, Strasbourg, Challans-Côte de Lumière) et 14 Églises établies (Bischwiller, Bouxwiller, Brumath, Colmar, Molsheim, Mulhouse, Reichshoffen, Sarrebourg, Saverne, Sélestat, Soultz-ssForêts, Volgelsheim, Wissembourg, Woerth). Elle compte également une association jeunesse (Le Tremplin), une maison de retraite (Petit Château) et une maison de vacances (Hohrodberg). 15


FLTE

EN FORMATION

ÊTRE ÉTUDIANT À LA FACULTÉ LIBRE DE THÉOLOGIE EVANGÉLIQUE Un cursus à la Faculté de Vaux sur Seine, voilà qui n’a rien de comparable aux études dans les universités académiques. Comment les étudiants vivent-ils cette expérience ? Interview (propos recueillis par Florence Brobeck). Pourquoi cette formation ? Benjamin : Pour me rendre utile à l’œuvre de Dieu, en apprendre plus sur Lui et la façon dont Il nous a transmis sa parole. Marion : Suivre une formation universitaire en 5 ans reflétait cette conviction que Dieu me voulait à plein temps pour son service. Je souhaitais mettre du temps à part pour me former, grandir dans ma connaissance de Dieu et dans ma foi. Qu’attend-on de votre investissement ? Manu : On nous demande de beaucoup lire et d’être proactif : poser des questions, débattre, préparer les cours. À la fin du semestre, on a des devoirs à rendre et des examens. Il y a de la pression, mais cela nous permet de bien intégrer nos cours.

sible : j’ai appris à L’écouter dans le silence. J’ai aussi découvert que la prière et la méditation de la Bible pouvaient prendre plusieurs formes, et trouver celle qui me correspondait vraiment a rendu ma relation avec Dieu plus vivante et plus profonde. Quels sont vos défis ? Benjamin : En réalité je constate que je ne connais que peu de choses de la Bible, elle est un trésor incroyable. Mais il faut s’accrocher car le travail demandé est important et cela ne doit pas prendre le dessus sur notre relation avec Dieu ; heureusement, nous avons deux cultes par semaine, pour mettre en pratique les enseignements et louer Dieu. Quels sont vos projets pour la suite ?

Marion : Mes études à la Fac ont transformé ma spiritualité ! Méditer nos enseignements permet de comprendre avec notre cœur et pas seulement notre intelligence. Ma relation avec Dieu est devenue plus douce et pai-

Benjamin : Devenir aumônier aux armées ou pasteur. Manu : Exercer un travail séculier, lieu de témoignage tellement important ! Après ma licence (en janvier) je travaillerai dans un cabinet de conseil en stratégie. Je continuerai à servir mon Église en utilisant pleinement ce que j’ai appris. Marion : Devenir aumônier dans les hôpitaux pour accompagner des personnes en fin de vie.

1. Benjamin Deroeux, 21 ans, 3e année

2. Manu Bastard, 23 ans, 3e année

Qu’apprenez-vous au niveau personnel ? Dans votre relation avec Dieu ?

Cette étape peut être vécue dans la joie si elle est accompagnée correctement. Pourquoi venir étudier à la FLTE ? Manu : Et pourquoi pas ? Faites-vous une idée : venez suivre gratuitement les cours d’une journée et posez toutes vos questions aux étudiants et professeurs ! Plusieurs formations à distance sont aussi proposées (dont les formations intensives et bientôt un programme d’E-Learning). Marion : Pour se mettre à l’écoute de Dieu, se laisser transformer en profondeur, se remettre en question, apprendre, construire des relations et réfléchir sur Dieu, sur sa vie. Il utilise aussi ce temps pour nous sanctifier. Un conseil à une personne intéressée ? Benjamin : Avoir fait des études supérieures ! C’est difficile pour quelqu’un sortant du BAC. Sinon, bien connaître sa Bible et aimer lire sont aussi très importants. Manu : La formation théologique, c’est avant, pendant, et après. N’attendons pas d’y être pour commencer à lire des livres plus « difficiles ».

3. Marion Daniel, 21 ans, 4e année

PROGRAMME HEBDOMADAIRE

COURS

Cours du mardi au jeudi Soirées en bibliothèque (lecture et révisions) 2 cultes par semaine 1h de sport par semaine Implication dans les églises et révisions du vendredi au lundi

Ancien et Nouveau Testament, exégèse, éthique, histoire de l’Église, missiologie, théologie pratique (prédication, gestion d’Église, accompagnement spirituel) et dogmatique, grec et hébreu, anglais théologique, philosophie, psychologie.


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