Meurtre de Maxime Roussel : les archives de l'Est Républicain

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Automobile La fausse rumeur de la fusion Fiat­PSA EnFrance

Lure Le bâtiment de World Tricot vendu aux enchères pour 380.000 € EnRégion

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La bonne idée cadeau à la bonne date ! Copie possible pour les journaux parus à partir du 5 mai 1889 sauf période du 15 juin 1940 au 7 octobre 1944 et jours de non parution. Editions du Doubs à partir de mai 1951.

Instructions La police des polices accusée d’avoir truqué une enquête MONTBELIARD

Anniversaire, mariage, naissance, départ en retraite...

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Montbéliard Incendie volontaire : des locataires à l’hôpital En Montbéliard

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encore réussi à s’introduire dans l’immeuble pour incendier une cave.

Montbéliard Coup d’envoi des soldes : un bon démarrage En Montbéliard

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Maxime, 14 ans, tué et brûlé

K Cet habitant du 1, rue Oehmichen ne comprend pas. Quelqu’un a

K C’est parti pour cinq semaines de bonnes affaires à faire avec déjà des réductions jusqu’à 70 %.

Montbéliard 1.762 nouveaux inscrits sur les listes électorales En Montbéliard

Académie Goncourt

Coup de jeune avec Pierre Assouline et Philippe Claudel

Une cinquantaine de gendarmes ont effectué les premières investigations dans l’attente de l’autopsie.

Photo Jean­Luc GILLME

Le corps sans vie de Maxime Roussel, 14 ans, a été découvert en partie calciné hier matin dans une forêt d’Étouvans, dans le Pays de Montbéliard. L’adolescent avait quitté la veille le domicile familial sur une moto qui n’a pas été retrouvée. En Région MEURTRE

Parasites par Chantal Didier

A

ffaire Karachi, mise en cause de la police des polices, saisie des comptes de campagne 2007 de Nicolas Sarkozy… A défaut de faire campagne, les juges la parasitent. Ils font leur métier, vérifient les propos des uns, recoupent ceux des autres, veulent savoir la vérité. Que leurs actes de procédures, voire les procès­verbaux des interrogatoires, se retrouvent dans le domaine public est un peu moins normal. D’autant que la charge vise surtout l’actuel titulaire de l’Elysée. Mais il y a eu Dominique Strauss­Kahn et il risque fort d’y avoir d’autres candidats en ligne de mire.

C’est un peu la loi du genre des batailles présidentielles : des coups partent, venus de nulle part, mais la tête chercheuse des missiles a bien été programmée. A peine démarrée, cette campagne se révèle déjà violente, au couteau. Comme si le fait que beaucoup d’électeurs n’aient pas encore choisi invitait à matraquer l’adversaire plus qu’à développer ses projets. Dans le flot de vraies informations et de fausses affirmations, les électeurs devront faire le tri. François Hollande invitait la gauche à se « cramponner ». Cela vaut aussi pour la droite.


L’ E S T R É P U B L I C A I N | J E U D I 1 2 J A N V I E R 2 0 1 2

REGION Aujourd’hui

En vue

F

rançois Baroin, ministre de l’Économie, en visite chez Bourgeois à Besançon avant une rencontre avec les acteurs économiques et sociaux de la région.

Faits divers Accident RN57 à Cromary

Un jeune Doubien dans un état critique

A suivre

15,6 M€ de fonds européens alloués au développement du projet Temis Sciences de Besançon Ces crédits ont été attribués en décembre parmi plus de 21 M€ dédiés à des dossiers francs­comtois.

Le musée Bartholdi fermé Le musée situé dans la maison natale du sculpteur à Colmar est fermé. Réouverture le 1er mars.

Maxime, 14 ans, retrouvé calciné dans un bois

K L’état de la fourgonnette, coupée en deux, témoigne de la violence du choc.

Vesoul. Un accident d’une rare violence s’est produit hier matin sur la RN 57, en Haute­Saône, à hauteur de Cromary. Une fourgonnette immatriculée dans le Doubs et un poids lourd polonais sont entrés en collision vers 6 h 30. Sous la violence de l’im­ pact, l’utilitaire a été coupé en deux. La partie avant s’est désolidarisée du reste du véhicule, et a été totale­ ment broyée. Les sapeurs pompiers de Rioz et de Ve­ soul, rapidement sur les lieux, ont dû désincarcérer le conducteur bisontin âgé de 24 ans, avant de le trans­ porter à l’hôpital de Besan­ çon. Guillaume Baud reve­ nait d’une livraison à Vesoul, pour le compte de la boulangerie 365 Matins, ba­ sée à Saint­Vit. Le chauffeur polonais (Je­ rzy Krawczyk, âgé de 47 ans)

Photo DR

a également été conduit à l’hôpital bisontin. Il en est sorti dès hier. Si le choc frontal ne fait guère de doute, les circons­ tances exactes de l’accident restaient hier à déterminer. Chaussée humide et brouillard ont pu jouer un rôle. La communauté de bri­ gades de Rioz mène l’enquê­ te et a lancé un appel à té­ moin. La RN 57 est restée coupée à la circulation, dans les deux sens, pendant plu­ sieurs heures. Des dévia­ tions avaient été mises en place par les forces de l’or­ dre. La circulation a été réta­ blie peu avant midi. Hier, à l ’ h e u r e d u b o u c l a g e, Guillaume Baud se trouvait dans un état critique. Isabelle GÉRARD

W La gendarmerie lance un appel à témoin. Contact : 03.84.91.80.15.

K Un ado sans histoire.

Photo DR

Partiàmoto,l’adolescentn’était pasrentréchezluimardisoir. Hiermatin,desbûcheronsont découvertsoncorpsenpartie calcinédansunboisd’Etouvans. L’ondedechocestimmense.

S

es parents n’en ont pas dormi de la nuit de mardi à mercredi. Ils avaient raison de se faire un sang d’encre. Maxime, 14 ans, a été découvert mort, hier ma­ tin, dans une forêt d’Etouvans, son corps en partie calciné. Mardi soir vers 18 h, l’adolescent avait enfourché sa moto pour une courte sortie dans les environs du do­ micile familial. Ne le voyant pas reve­ nir dîner, son père et sa mère ont télé­ phoné à la gendarmerie. Il était 23 h. Des recherches ont immédiatement été entreprises et certains de ses amis contactés. Sans résultats. C’est à environ 1.000 m des premiè­ res habitations, dans un bois, que des affouagistes ont aperçu le corps du col­ légien. Ils ont prévenu les employés communaux, qui ont eux­mêmes in­ formé le premier magistrat. Le maire d’Etouvans, Anne­Marie Hadiuk, et les gendarmes ont pris leur courage à deux mains pour annoncer la nouvelle aux parents. Les vêtements qui n’avaient pas brûlé ont très vite permis

K Maxime Roussel a été découvert sur cette route forestière, à environ 1 km des premières maisons.

d’identifier le jeune homme, qui gisait à quelques mètres d’un chemin fores­ tier.

Autopsie « déterminante » La gendarmerie a immédiatement bouclé la zone. Des militaires de la sec­ tion de recherches (SR) de Besançon et de la brigade de recherches de Montbéliard, dont plusieurs techni­ ciens d’identification criminelle, ont travaillé autour du corps pendant plu­ sieurs heures. Dans le même temps, une quinzaine d’autres gendarmes a reçu ordre de ratisser un vaste périmè­ tre autour du lieu de la découverte. Un hélicoptère a également été requis, mais la météo ne lui a pas permis de décoller. Le corps de l’adolescent a été emporté par un véhicule funéraire peu avant 15 h. Il sera autopsié aujourd’hui ou demain à l’institut médico­légal de Besançon. Une étape de la procédure

K Dans la maison familiale, toute la famille est anéantie.

« Un bon jeune » Une chose est sûre : la motocyclette du garçon n’a pas été retrouvée. Maxi­ me Roussel est­il décédé à l’endroit où les affouagistes l’ont découvert ? Son corps a­t­il été transporté là ? Par ses investigations, la SR bisontine tentera de répondre à ces grandes questions. Le maire d’Etouvans, qui parle d’« un bon jeune comme il y en a encore », est

Alsace

Lorraine

Un référendum sur le conseil unique

La musique made in Forbach

Les rats ne perdent pas une miette

Forbach. Le Forbachois

Thionville. Les riverains

David Krutten peut savourer son succès musical. « Hiding thing », un titre de son groupe Binoculars, a été repris dans un épisode de la série Desperate Housewives. « C’est une chanson qui parle d’un personnage qui, psychologiquement, se cache les choses. Cela devait correspondre à certains profils de la série ! », explique l’artiste, aujourd’hui exilé à Paris. Un autre titre, electro­ pop, a été mis à l’honneur dans un épisode de Melrose Place. Une chanson sera reprise dans la série Hellcats. David travaille depuis peu comme directeur artistique

du chemin des Bains sur l’îlot de la gare n’en peuvent plus. Ils se plaignent d’une invasion de rats. De vrais rats des villes, bien dodus, qui se promènent tranquillement en plein jour. Les rongeurs se nourrissent dans des conteneurs très sales et ouverts à tous les vents. Pour l’instant, le propriétaire des lieux fait la sourde oreille. L’Immobilière des chemins de fer (ICF), filiale de la SNCF, ne répond ni aux appels des habitants, ni aux mises en demeure de la ville, bien consciente du problème de salubrité publique.

est

Strasbourg. Selon le président du conseil régional Philippe Richert, le référendum sur la création d’un conseil unique d’Alsace sera organisé dans « six à neuf mois ». Soit en septembre au plus tard. « Le groupe grand projet se réunira au mois de janvier. Les invitations ont été envoyées aux conseils généraux du Bas­Rhin et du Haut­Rhin qui devront désigner leurs représentants pour siéger avec ceux du conseil régional », a déclaré M. Richert lors de son discours des vœux, lundi. Le président du conseil régional a ajouté : « Ces représentants auront six à neuf mois pour

catastrophé. Quant aux parents et à la sœur de Maxime, plusieurs connais­ sances les ont décrits anéantis. Ses co­ pains du village et camarades du collè­ g e Je a n ­ Ja c q u e s ­ R o u s s e a u d e Voujeaucourt ne le sont pas moins. Ag­ glutinés hier au centre du bourg, plu­ sieurs, refusant de s’exprimer, avaient déjà laissé s’échapper beaucoup de larmes. Tandis que les adultes, appre­ nant l’information au fil de l’après­mi­ di, échafaudaient le film de la soirée. Sur deux roues, Maxime était moins vulnérable qu’à pied. A­t­il réalisé une mauvaise rencontre ? A­t­il été ren­ versé et le fautif, pris de panique, a­t­il voulu faire disparaître le corps du mo­ tocycliste ? Les enquêteurs et le par­ quet n’excluent aucune hypothèse. Une cellule de soutien psychologique rencontre aujourd’hui les camarades du collégien. DamienBESSOT

K Le procureur de la République, Thérèse Brunisso, espère une résolution rapide.

auprès de Justement music, label d’illustrations sonores spécialisé dans la synchronisation audio pour les musiques de films, de publicité, et de séries TV.

Grand

travailler les thématiques qu’étudiera le groupe grand projet. Le référendum viendra dans la foulée ».

qualifiée de « déterminante » par le procureur de la République de Montbéliard, Thérèse Brunisso. La magistrate, pour qui « l’hypothèse cri­ minelle est la plus probable », a ouvert dès hier une information judiciaire du chef d’« homicide volontaire ». La juge Sophie Baghdassarian dirigera l’ins­ truction. En l’état des informations communiquées au parquet, il n’a pas été permis de savoir si des traces de coups ont été relevées sur la victime.

Photos Jean­Luc GILLMÉ


Sochaux PSA : les ventes reculent EnFrance­Monde

Montbéliard Licenciée pour avoir critiqué son entreprise sur Facebook En Région

Nucléaire Le coût du démantèlement inquiète la Cour des comptes BELFORT

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s’est produit hier au CCsRB devant les maternelles et primaires.

Sermamagny Classe découverte d’hiver au Malsaucy En Belfort

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Maxime : un ami suspecté

K Le duo « Sirius et Carolus », alias deux Belfortains, Olivia et Vincent,

K Les élèves du collège Vauban partagent leur emploi du temps entre activités de loisirs et découverte de la nature.

Roppe et Chaux Radars : le panneau d’avertissement a disparu En 24 Heures

L’Est et vous/Multimédia

Vidéo : la magie des parcs Disney à la maison

Le lieu où des forestiers ont réalisé la macabre découverte, en forêt d’Etouvans.

Photo Jean­Luc GILLMÉ

MEURTRE Un amide l’adolescent tuéetbrûlémercredi à Etouvans(Doubs) se trouvaittoujours

en garde à vue hier soir à Montbéliard et la moto de la victime a été retrouvée à son domicile. Les parents de Maxime Roussel disent continuer à vivre pour sa petite soeur. En Région

Canonnière par Chantal Didier

C

ent jours ! Encore ou seulement ? A un peu plus de trois mois du premier tour de la présidentielle, la « campagne à la tronçonneuse » a pris un tour si excessif qu’elle lasserait presque avant que les Français aient songé à se déterminer. A une gauche qui rend Nicolas Sarkozy responsable de tout ce qui va mal répond une droite qui canonne sur la crédibilité de François Hollande. Les deux camps tentent ainsi d’installer un duel au sommet, afin de marginaliser les petits. Sauf qu’ils risquent de favoriser l’abstention… ou la prise en considération

de ces candidats qui pourraient servir d’éxutoire. Alors que Marine Le Pen reste haut dans les sondages, François Bayrou semble tirer profit de la discréditation réciproque à laquelle se livrent majorité et opposition. Résultat : un match à quatre s’esquisse, qui pourrait réserver des surprises. Pour fixer l’opinion sur ces sables mouvants, mieux vaudrait ne pas se contenter de l’invective. Si la crise rend difficiles les promesses coûteuses, elle n’interdit pas les débats sur la France souhaitée. Il reste cent jours pour les imposer. Serait­ce trop exiger dans un monde incertain ?


L’ E S T R É P U B L I C A I N | V E N D R E D I 1 3 J A N V I E R 2 0 1 2

REGION

La moto de Maxime retrouvée chez « un copain » LamotodeMaximeRoussela étédécouverte,hier,audomicile d‘uneconnaissance.Lajournée serapeut­êtredécisive.

cureur de la République de Montbé­ liard, Thérèse Brunisso, communi­ quera en effet les premières conclusions de l’autopsie réalisée hier à l’institut médico­légal de Be­ sançon. L’adolescent pourrait avoir été abattu d’une balle dans la tête.

L

Grâce à son portable

a moto de Maxime Roussel a été retrouvée en partie calci­ née, hier, au domicile d’une personne présentée comme « un copain » de la victime. En garde à vue depuis mercredi, le jeune homme se trouvait toujours hier soir dans les locaux de la compagnie de gendarmerie de Montbéliard. Sa gar­ de à vue a été prolongée de vingt­ quatre heures. Le suspect serait un primo­délin­ quant déjà impliqué dans des affaires de stupéfiants, de vols, et d’outrages. Une connaissance plus qu’un ami de la victime. Mais qui possédait tout de même le numéro de mobile du gar­ çon. Selon nos sources, il ne s’agirait pas d’un habitant d’Etouvans. La juge d’instruction Sophie Baghdassarian s’est rendue dans l’après­midi à la gendarmerie pour rencontrer les en­ quêteurs. Toutes ces informations en prove­ nance de sources contradictoires, lo­ cales et parisiennes,pourraient être confirmées dès aujourd’hui par les acteurs locaux de ce dossier. Le pro­

Cet « ami » de Maxime est certaine­ ment la dernière personne à l’avoir vu vivant. C’est chez lui que l’adolescent se serait rendu mardi vers 18 h 45 après avoir reçu un appel ou un SMS. A cette heure, ses parents n’étaient pas rentrés du travail et seule sa jeune sœur, présente à la maison, l’a vu partir. Les enquêteurs de la section de recherches de Besançon ont donc passé au crible les communications téléphoniques de l’ado pour identifier celui qui est aujourd’hui gardé à vue. Maxime Roussel, 14 ans, dont le corps a été découvert sans vie et à moitié calciné, avait emporté son por­ table mais pas d’argent. La perquisi­ tion effectuée dans sa chambre a per­ mis aux militaires de constater que tout l’argent reçu à Noël s’y trouvait encore. Sur les hauteurs du village, le lieu de la découverte du corps a été recouvert de sciure sitôt après le départ des derniers gendarmes. Maxime Rous­ sel aurait eu 15 ans le 26 mars. Damien BESSOT

Des flottements dans la communication Montbéliard. Hier matin, l’in­

formation était reprise en boucle par de nombreux médias en ligne. Ces der­ niers indiquaient que Maxi­ me était décédé « par arme à feu, des suites d’une balle dans la tête ». Mais cet élé­ ment n’a pas été confirmé (ni infirmé d’ailleurs) par la procureure de Montbéliard, Thérèse Brunisso. « Je ne sais pas d’où sort cette infor­ mation. L’autopsie ne sera réalisée que ce jeudi après­ midi. Et les résultats ne se­

ront connus que tard ce soir (hier) », indiquait la respon­ sable du parquet en fin de matinée. Selon des sources proches de l’enquête, l’in­ formation émanait du mi­ nistère de l’Intérieur qui l’a divulguée à un organe de presse parisien sans, appa­ remment, en informer le parquet montbéliardais. D’où un certain cafouilla­ ge dans la communication, ressenti par de nombreux journalistes présents hier à Montbéliard. A. L.

K La tristement célèbre forêt d’Etouvans, lieu où le corps en partie calciné du garçon a été retrouvé.

K Quel motif a bien pu pousser Maxime Roussel à sortir de chez lui, mardi ?

Photo DR

Photos Jean­Luc GILLMÉ

Réactions Reprise des cours au collège

« Personne n’est à l’abri »

Exclusif Rémi et Isabelle, les parents de Maxime, estiment qu’ils n’ont « pas le droit de baisser les bras »

Trouver la force de continuer Montbéliard. Ni radio, ni télé, ni journaux, ni internet. Jus­ qu’à nouvel ordre, les pa­ rents de Maxime Roussel ont décidé de vivre coupés du monde, du moins des mé­ dias. La petite sœur de Maxime n’est pas au courant des circonstances tragiques de la mort de son frère. Et ses parents ne tiennent pas à tout lui dire tout de suite. La jeune fille, en classe de 6e dans le même collège que la victime, n’a donc pas été en­ voyée à l’école hier. P., 11 ans, est la dernière raison que ses parents ont trouvée pour continuer de vivre : « Il ne nous reste qu’elle, on n’a pas le droit de baisser les bras », déclare Isabelle, la maman. Le couple, originaire de la banlieue de Nancy, a fait construire sa maison d’Etouvans en 1997. Isabelle

était alors enceinte de Maxi­ me. Un petit gars bien com­ me il faut, selon plusieurs voix. « Il ne sortait jamais sans demander l’autorisa­ tion », atteste le papa. Auto­ risation que ses parents lui donnaient pendant le week­ end. Jamais en semaine. Aussi Rémi, chef d’une jeu­ ne entreprise, a­t­il été étonné de ne pas trouver Maxime en rentrant mardi à la maison.

Devoirs faits pour le lendemain Maxime a filé vers 18 h 45. Seule sa sœur se trouvait là. « Un appel ou un SMS a dû le faire sortir ». De qui ? Et pourquoi ? « Il dépannait souvent les copains du villa­ ge qui avaient un problème avec leur mobylette », ra­ conte le père. Pour lui, son fils n’est pas allé bien loin.

Chez Roussel, il convient d’être à l’heure au repas du soir, servi entre 19 h et 19 h 30. Preuve que Maxime ne comptait pas découcher, « ses devoirs étaient prêts pour le mercredi matin ». Ne le voyant pas rentrer, Rémi Roussel a sauté dans sa voiture. « J’ai fait les en­ droits habituels. » Il passe même à 50 mètres du lieu de la découverte du corps. Mais la dépouille du collégien s’y trouvait­elle à cet instant ? « Pour moi, tout s’est passé entre 18 h 45 et 19 h 15. » Longtemps, le père croit à un accident. Jusqu’à ce que le maire et les gendarmes sonnent à la porte. Le monde s’écroule mercredi vers 10 h. De très bons amis domiciliés à Etouvans rappliquent im­ médiatement, puis c’est le tour de la famille de Meur­ the­et­Moselle. Leurs voitu­

res bouchent toujours le chemin qui mène au pa­ villon de la famille, côté Dampierre­sur­le­Doubs. Tous resteront tant qu’il le faudra. Depuis que les gendarmes ont perquisitionné la cham­ bre de l’ado, la mère de Maxime refuse d’y mettre un pied. Tout comme elle ne se sentait pas, hier midi, la for­ ce de monter jusqu’à la forêt, sordide avec son brouillard permanent. Pour l’instant, « on reste chez nous ». Où le téléphone sonne, souvent. Beaucoup pour des témoi­ gnages de sympathie. On sonne aussi beaucoup à la porte. « J’ai toujours l’espoir que c’est lui qui rentre », ânonne la maman entre deux sanglots. Hier, c’était un type de la télé. « Il m’a proposé des infos sur l’en­ quête contre une inter­

view ». L’imbécile. Il y a aussi les visites régulières de la gendarmerie, qu’ils remer­ cient pour la qualité de l’ac­ compagnement. « Ils nous donnent des nouvelles deux fois par jour ». Et se tiennent prêts à éconduire les repor­ ters trop insistants. De l’enquête, les parents attendent d’abord les résul­ tats de l’autopsie. « On veut savoir comment ça s’est pas­ sé, on veut savoir s’il a souf­ fert ». Le papa : « Un jour, on saura ». Dans la cuisine aux portes rouges ouverte sur le séjour, famille et amis patientent, assis. Les journalistes s’en vont, alors on peut aller chercher P., la sœur, pour se mettre à table. Cela passera toujours le temps. Car de­ puis ce mardi 10 janvier 2012, « les minutes parais­ sent des heures ». D. Bst.

Mobilisation Une cellule d’écoute est mise en place depuis hier matin au collège de Voujeaucourt

« Tristesse, stupeur et colère » Montbéliard. « Dans ces si­ tuations aussi dramatiques, l’important c’est de verbali­ ser sa souffrance, de par­ ler », explique le docteur Jean­Luc Robbe, responsa­ ble de la cellule d’écoute mise en place hier matin au collège Jean­Jacques­Rous­ seau de Voujeaucourt. Con­ seiller technique à l’Inspec­ tion d’académie, le médecin a déjà reçu de nombreux collégiens, bouleversés par la mort de Maxime. Sept autres agents de l’Éducation nationale, formés à cette spécialisation, l’assistent : « Les élèves viennent seuls ou en groupe ».

« Beaucoup d’interrogations » Le choc des adolescents est perceptible : « Ils ressen­ tent une très grande tristes­ se, de la peur, de la stupeur et beaucoup de colère », ré­ sume le docteur Robbe. Le traumatisme est aussi lié à la découverte de la victime. « Il y a beaucoup d’interroga­ tions autour du corps calci­ né. Les élèves ne compren­ nent pas… Maxime était apprécié de tous et ne posait aucun problème. ». La cellule doit aussi soulager des enseignants et l’ensem­ ble du personnel « extrême­

K Le climat devrait rester pesant pendant un long moment au collège de Voujeaucourt.

Montbéliard. Maxime ? Au collège de Voujeaucourt, tout le monde ou presque le connaissait. Au moins de vue. « Il avait une moto et il venait avec au collège. Il était le seul qui acceptait de la prêter », confie une élève. A l’heure de retourner à Jean­Jacques­Rousseau, les élèves présentent tous des traits identiques. Graves, fermés. La nouvelle a fait le tour de leur communauté. Une jeune fille dit l’avoir ap­ prise par les réseaux so­ ciaux ; un autre jeune dégai­ ne son portable. A l’écran, le SMS qui a tourné tout l’après­midi d’avant­hier : « Hommage à Maxime, 14 ans, retrouvé brûler se matin a Etouvans (25). Fais tourner si t’as un cœur. Reposes en paix petit ange ». Seuls les élèves de Vou­ jeaucourt, venant à pied, peuvent s’exprimer. Ceux descendus des bus ou dépo­ sés par les parents devant la grille pénètrent fissa dans la cour. Une surveillante et le principal adjoint montent la garde. L’établissement ne souhaite pas laisser les jeu­

nes parler aux journalistes, « pour les protéger »…

« En pleine face » Les seuls adultes qui ac­ ceptent de répondre aux mi­ cros tendus sont des parents d’élèves. Grand­père d’une élève de 4e, cet homme con­ fie avoir discuté de la mort de Maxime avec sa petite­ fille : « C’est un événement qui les frappe en pleine face. Nous avions déjà parlé du décès de Pierre Nasica (dé­ couvert mort dans la neige au pied du Lion de Belfort en décembre 2010, NDLR). Il était grand et costaud. Elle se rend compte que person­ ne n’est à l’abri. Nous lui avons donc rappelé quel­ ques consignes de pruden­ ce ». La fille d’Olivier, en 5e, vient de sortir de la voiture. Par la portière, le papa ex­ plique avoir fait de même, mais « il ne faut pas tomber dans le catastrophisme avant de connaître toute l’histoire. » A la pendule : 8 heures moins 10. Le « drr­ riiiiiinggg » du collège re­ tentit. Une pénible journée vient de débuter. D.Bst

La mairie annule les vœux le prêtre est assailli d’appels K Jean­Luc Robbe : « Il est important de verbaliser ».

K Élisabeth Bisot : « On pense à cette famille anéantie ».

ment destabilisés et très émus ». Pour autant, il n’y a aucune réponse rationnelle possible. « Notre rôle est d’écouter. Les élèves tout comme les professeurs doi­ vent exprimer leur ressenti et leurs émotions ». Élisabeth Bisot, inspectri­ ce de l’académie du Doubs, est aussi persuadée que « la parole libère ». Hier après­ midi, la responsable a tenu à apporter son soutien au per­ sonnel du collège Jean­Jac­ ques­Rousseau : « C’est no­ tre devoir. La communauté scolaire est sous le choc », assure­t­elle. L’inspectrice a

les hommages se multi­ plient. Les élèves de la clas­ se de Maxime (la 3e F) ont organisé une minute de si­ lence ce jeudi matin à la ré­ création en mémoire de leur ami : « C’est une démarche réactive et adaptée », estime le docteur Robbe. Au cours de l’après­midi, un second moment de recueillement a été suivi par les collégiens. La tristesse et l’incompré­ hension se traduisent par d’autres gestes. Ainsi, cer­ tains adolescents ont choisi d’exprimer leur peine par des petits mots qu’ils ont ac­

rencontré les élèves, les en­ seignants, les agents admi­ nistratifs, d’entretien qui « vivent une épreuve ». Et d’ajouter : « La cellule d’écoute répond à des be­ soins. Elle sera mise en pla­ ce aussi longtemps que le personnel et les élèves en auront besoin ». Élisabeth Bisot a aussi exprimé toute sa compassion aux proches de l’adolescent : « On pense à cette famille anéantie. Comme dépasser ce dra­ me ? J’adresserai une lettre aux parents de Maxime Roussel », ajoute­t­elle. A l’intérieur du bâtiment,

Photos A.L.

crochés sur les murs de l’établissement. « Ils disent leur émotion, leur révolte, leur attachement à leur ca­ marade décédé », note l’ins­ pectrice d’académie. Aux parents qui ne savent pas toujours quelle attitude adopter avec leurs enfants scolarisés à Jean­Jacques­ Rousseau, Élisabeth Bisot conseille d’être attentifs. « Tous les enfants ne veulent pas parler. Il faut le respec­ ter. Ça peut venir par la sui­ te. Il faut rester vigilant. Le collège sera toujours à l’écoute des élèves ». Aude LAMBERT

Montbéliard. La cérémonie des vœux à la population d’Etou­ vans est annulée. Le maire de la commune a estimé que « ce serait choquant, nous ne som­ mes pas prêts ». Tous les habitants qui avaient annoncé leur venue samedi matin ont été avertis. Le maire demandera par ailleurs au conseil municipal de respecter une minute de silence à l’entame de sa pro­ chaine réunion, fin janvier. La communauté de communes des Trois cantons, qui s’est réunie hier soir à Lougres, de­ vait également marquer un temps de silence. Le maire d’Etouvans, Anne­ Marie Hadiuk, ancienne insti­

tutrice, avait fait la classe à Maxime Roussel, qui était alors en grande section de ma­ ternelle : « Un bon jeune », ré­ pète le premier magistrat. Curé de la paroisse « Les trois Rois », l’abbé Jean­Marie Viennet, qui réside dans la commune, est allé rendre visi­ te à la famille. Le prêtre a indi­ qué hier recevoir de nom­ breux appels émanant de personnes qui avaient besoin de comprendre. C’est sans doute lui qui présidera les ob­ sèques, « dans le respect des positions de chacun », lorsque le corps aura été rendu à la famille Roussel. Inviter les pa­ rents de Maxime à regarder l’avenir, une tâche difficile. D.Bst


L’ E S T R É P U B L I C A I N | S A M E D I 1 4 J A N V I E R 2 0 1 2

REGION Le chiffre

En vue

27

gains de plus d’un million d’euros ont été enregistrés dans la région depuis la création de La Française des jeux en 1976.

A suivre

Le 34e salon Mineralexpo propose sa bourse internationale, ce week­end, de 9 h à 18 h, au parc des expositions de Mulhouse. On pourra également y voir une exposition sur le thème : « Gondwana, la Préhistoire ».

Maxime : un mineur écroué Hier,lesuspectinterpelléaprèsla mortdel’adolescentaétémis enexamenpourassassinat. Undeuxièmehommeest toujoursengardeàvue

«I

l admet sa présence sur la scène du meurtre mais conteste avoir porté des coups », affirmait, la pro­ cureure de la République Thérèse Brunisso, en conférence de presse. Hier, le mineur interpellé mer­ credi après le décès de Maxime Rous­ sel (nos précédentes éditions) a été mis en examen pour assassinat par la juge d’instruction Sophie Baghdassarian. « J’ai demandé son incarcération », ajoutait la responsable du parquet. La préméditation est donc retenue contre ce jeune homme de 17 ans, ap­ prenti agricole, au domicile duquel la moto de la victime (une Honda rouge super­cross) avait été retrouvée en bon état. Mais ce suspect n’est apparem­ ment pas le seul impliqué. Ce vendredi matin, un « jeune majeur », dixit la procureure, a été placé en garde à vue, sans doute dénoncé par le premier. Caché par une couverture dans un fourgon bleu qui a rapidement franchi le portail de la compagnie de la gen­ darmerie de Montbéliard, route d’Audincourt, vers 10 h... Sur ce der­ nier, très peu d’éléments ont été livrés. On ne connaît pas son âge, ni son do­ micile, ni son passé judiciaire. Il pour­ rait être présenté aujourd’hui aux ma­ gistrats.

Une fin terrible Maxime Roussel, 14 ans, est peut­ être tombé dans un guet­apens : « Il était parti mardi soir en moto pour faire du bricolage avec ce mineur qui était une de ses connaissances mais pas un ami ». Les résultats de l’autop­ sie témoignent de la fin atroce de la victime. « Elle a été atteinte de plu­ sieurs coups portés avec une arme blanche, dont un fatal à la carotide.

K Thérèse Brunisso : « Maxime est décédé suite à une blessure à l’arme blanche portée à la carotide ».

Maxime Roussel est mort avant la cal­ cination. Le corps porte des lésions de défense… », précisait Thérèse Brunis­ so qui n’a pas pu cacher son émotion. Et de poursuivre, les larmes aux yeux : « Le Pays de Montbéliard n’a pas été épargné car il y a un an, nous avons eu une affaire non pas similaire mais la mort d’un jeune homme de 15 ans (N.D.L.R : l’affaire Pierre Nasica à Bel­ fort) ». Quant au mobile, « l’élément cataly­ seur est la moto », notait le lieutenant­ colonel Jean­François Gras, comman­ dant de la Section de recherches (SR) à Besançon. Les liens entre le mineur qui a été écroué, le majeur en garde à vue (et peut­être d’autres complices à

21e Momix à Kingersheim (68)

Bourse aux minéraux à Mulhouse

interpeller) ne sont pas établis. « Nous n’en sommes qu’au début des investi­ gations », notait le parquet. Depuis mercredi, les gendarmes de la Brigade de recherches de Montbéliard (BR) entendent des dizaines de témoins. Des techniciens en identification cri­ minelle (TIC) de Besançon ont ache­ miné toute la journée, ce vendredi, des scellés dans des laboratoires pour ex­ pertises. Outre la moto, aucune affaire de la victime n’a été retrouvée chez le mineur incriminé. Reste aussi à identi­ fier les degrés d’implication de chacun. Et à comprendre les raisons de ce terri­ ble passage à l’acte et la participation d’un mineur, juste connu pour des dé­ lits mineurs, accompagné, hier, par ses

Photos Jean­Luc GILLME

parents : « Nous avons passé une jour­ née difficile. Mon client a besoin de temps et de calme », déclarait Me Euvrard, son avocat, après la pré­ sentation. Sur l’arme, aucun élément dévoilé si ce n’est « qu’elle n’a pas été retrouvée ». Selon des sources proches de l’enquête, l’adolescent d’Étouvans est décédé à l’endroit où le corps a été découvert partiellement brûlé mercre­ di. L’heure de la mort n’a pas pu être établie. Et le suspect, incarcéré hier, s’est refusé à toute déclaration devant le juge qui a décidé de sa détention. AudeLAMBERT avecnotrecorrespondantlocal AlainDUPONT

Le festival international de théâtre pour le jeune public aura lieu du 26 janvier au 5 février.

« Ils ont tué mon fils pour une moto à 1.600 euros » Montbéliard. Isabelle et Rémi Roussel, les parents du jeune Maxime, ont pris con­ naissance hier des conclu­ sions de l’autopsie pratiquée jeudi sur le corps de leur fils. Un officier de la gendarme­ rie de Montbéliard qui les suit particulièrement les leur a communiqués avant la conférence de presse du procureur de la République. Leur fils est mort après qu’une arme blanche a tran­ ché son artère carotide. Il n’est donc pas mort immolé, ce qui aurait porté un nou­ veau coup terrible à la fa­ mille. Les parents ont également pris connaissance de l’ar­ restation de deux suspects. Le premier, 17 ans, n’était qu’une connaissance de la victime. « Il était venu quel­ quefois pour bricoler dans le sous­sol de la maison », se souvient le papa. Maxime le rencontrait de temps en temps dans les rues d’Etou­ vans. Il n’habitait pas le vil­ lage, mais était ouvrier agri­ cole dans une ferme de la commune. Quant au second protagoniste présumé, un jeune majeur, Rémi Roussel est catégorique : son fils ne le connaissait pas.

Convoitée Le père de Maxime en est convaincu : « Ils l’ont attiré pour lui voler sa moto ». L’officier commandant la section de recherches de la

Les doigts coupés par ses codétenus

K La disposition en étoile de la prison a permis à la scène d’humiliation d’être vue depuis la cour. Photo ER

pauvre homme à passer ses doigts à travers la grille qui communique de sa cellule avec la cour. C’est là qu’attend un autre détenu, âgé d’à peine 18 ans, qui lui tranche quatre doigts

cebook, dans un « groupe » dédié cette fois à la moto 50 cm3. Cette page publie de nombreuses photos de scoo­ ters et de petites motos. On sait que la moto de cross de Maxime peut avoir constitué le mobile de son assassinat. Ce groupe comprend 23 per­ sonnes. Le dernier message, publié par son administra­ teur mercredi à 14 h 38, est un hommage à Maxime, as­ sorti de condoléances à sa famille. Une photo de la jeu­ ne victime a également été publiée avec ce message, prise alors qu’elle avait une douzaine d’années. S.L.

K Maître Euvrard, avocat du mineur, à son arrivée à la gendarmerie hier matin.

Prison Ecroué pour sa « dangerosité potentielle », un Doubien est humilié et torturé

Vesoul. La tête dans les toilet­ tes et la chasse tirée par son codétenu. Voilà le quotidien de ce quadragénaire, incar­ céré par le juge Kato depuis le 5 janvier. Ce jour­là, le pré­ venu comparaissait pour avoir fait des propositions malhonnêtes à une fillette de 10 ans, puis à deux adoles­ centes en juillet et octo­ bre 2010. Il avait fait l’objet d’un mandat de dépôt, après que le juge l’eut condamné à un an de prison ferme « pour la gravité virtuelle des faits et sa potentialité dangereuse ». Trois jours plus tard, le loup est devenu l’agneau, victime de l’imagination sordide des autres pensionnaires de la prison de Vesoul. Pourtant réputée humaine par sa taille modeste (60 détenus pour 50 places), elle n’échappe pas à la loi inique des tau­ lards qui place tout en bas de l’échelle les « pointeurs ». Alors que les autres pen­ sionnaires sont à la prome­ nade, le Doubien est con­ traint de subir des humiliations à caractère sexuel, par son codétenu, un homme de 38 ans. Puis celui­ ci monte de plusieurs crans dans la torture en obligeant le

Damien BESSOT

Facebook pleure Maxime Le site de réseau social Fa­ cebook a immédiatement réagi au drame d’Etouvans. Plus de 5.000 internautes adhéraient hier soir à une p a g e d é d i é e, i n t i t u l é e « Hommage à Maxime Roussel ». Cette page re­ prend, avec plus ou moins de justesse, les nombreuses informations, parfois con­ tradictoires, publiées sur les sites d’information du net. Elle appelle également au rassemblement à la marche blanche silencieuse qui par­ tira aujourd’hui à 14 h de l’église d’Etouvans. Maxime Roussel, apparaît également, toujours sur Fa­

K Les gendarmes ont beaucoup communiqué mais ont donné très peu d’informations.

gendarmerie de Besançon l’a reconnu à demi­mot, qui a déclaré hier que la moto est « un élément cataly­ seur ». Cette moto de cross pou­ vait­elle attirer la convoiti­ se ? Oui, selon Rémi Rous­ sel. « Il avait une belle moto pour un jeune de son âge. Nous lui avions achetée pour ses 14 ans. C’était une 50 cm3. Neuve, elle valait 3.000 euros ». Le papa de Maxime l’a eue pour 1.600. Mais on ne tue quand même pas pour une moto ! Dans ce bas monde, si. Des gens ne sont­ils pas déjà morts pour un regard de tra­ vers ? « Ils ont tué mon fils pour une moto à 1.600 euros. J’aurais préféré qu’ils cam­ briolent la maison, la nuit, et qu’ils prennent la moto, Maxime serait encore là aujourd’hui. » Le corps de l’adolescent est rendu ce samedi à Isa­ belle, Rémi et à P., 11 ans, la petite sœur. Le jour où tou­ tes les personnes abasour­ dies par cet assassinat et ses derniers développements sont invitées à se rassembler à 14 h au centre d’Etouvans pour une marche silencieu­ se. Les parents de Maxime n’en seront pas. Ils s’atta­ cheront à préparer la céré­ monie religieuse qui se dé­ roulera lundi à 14 h. La petite amie de la victime a écrit une lettre à celui qu’elle aime.

de la main droite, à l’aide d’une lame de rasoir. « Il a pris son temps », se rappelle la victime. Le bourreau passe ensuite un mouchoir au bles­ sé afin qu’il essuie les traces de sang sur le rebord de la

fenêtre, et lui intime de ma­ quiller les violences subies en automutilation. C’est dans un premier temps ce que déclare la victi­ me aux surveillants qui le font hospitaliser. Opéré à Ve­

soul, le quadragénaire re­ vient ensuite sur ses déclara­ tions pour désigner les deux hommes, entendus dès jeudi. Hier, les deux bourreaux ont été mis en examen par la juge Claire Fevotte. L’instruc­ tion de la magistrate vésu­ lienne a été ouverte pour vio­ lences aggravées par trois circonstances : l’usage d’une arme, la préméditation, et la réunion. Le tout, mâtiné du nettoyage de la scène. La quête de la vérité se fera éga­ lement autour des actes gra­ ves d’humiliation infligés. Pour l’heure, l’homme est toujours incarcéré à la prison de Vesoul. La main plâtrée avec une incapacité totale de travail (ITT) de 45 jours, se­ lon une première estimation des médecins, les séquelles au niveau des tendons res­ tant à déterminer. Julie Bres­ sand, substitut du procureur en charge de cette affaire, a confirmé que l’homme n’avait pas fait appel de sa condamnation. Pas plus que le ministère public qui n’avait requis le 5 janvier qu’une peine de prison avec sursis. Walérian KOSCINSKI

W

Les deux tortionnaires ont été écroués hier soir en maison d’arrêt, et ne côtoieront plus leur victime.

Saisie de tabac à narguilé importé illégalement Besançon. Jeudi, les agents de la brigade des douanes de Lons­le­Saunier ont réalisé une saisie inhabituelle sur l’autoroute A39. Lors du contrôle d’un véhicule occu­ pé par trois personnes, ils ont découvert 80 kg de tabac à narguilé, importé illégale­ ment. Ce tabac, provenant des Émirats Arabes Unis, via la S u i s s e, n ’ a f a i t l ’ o b j e t d’aucune déclaration en douane. Achetée 3.400 €, se­ lon les dires des personnes interpellées, la marchandise était destinée à la revente

sur la région de Dijon. Va­ leur sur le marché intérieur légal : 9.600 €. À l’issue de la procédure, le tabac fera l’objet d’une sai­ sie par abandon pour être détruit. Les trois transpor­ teurs, originaires de Dijon, encourent une amende d’une à deux fois la valeur des marchandises. En outre, leur véhicule pourrait être confisqué. La lutte contre le trafic des tabacs constitue une priorité pour la douane, au même titre que celle con­ tre les trafics de stupéfiants ou de contrefaçons.

Appel à témoins Montbéliard. Suite à la de­ mande de la famille de Far­ ras Nezzar (notre précéden­ te édition), les gendarmes demandent aux personnes qui auraient pu apercevoir cet homme de les contacter au numéro vert suivant : 08.00.00.48.43. Âgé de

27 ans, père de deux en­ fants, cet habitant de Lieb­ villers a disparu le 6 janvier dernier. L’hypothèse qu’il soit tom­ bé avec son véhicule dans le Doubs, à hauteur de Ver­ mondans, est toujours privi­ légiée.


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EDITION DE MONTBELIARD

Vesoul Le maire Alain Joyandet passe la main

Verglas à Besançon Une voiture percute un bus et prend feu : deux morts EnRégion

EnRégion

Football Grosse désillusion sochalienne à Saint­Etienne En Sports

Dans Est Magazine :

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Une librairie comtoise sauvée par ses clients DIMANCHE 15 JANVIER 2012 | N° 40456 | 1,80 € | www.estrepublicain.fr

Une procession de roses blanches

K À l’image de Nogueira (à droite) ici à la lutte avec Sako, Sochaux aura longtemps résisté avant de céder à la 76e à Saint­Etienne (1­0).

Combiné nordique Pittin (re)souffle la victoire à Jason Lamy­Chappuis En Pontarlier et en Sports

SILENCE Plus d’un millier de personnes ont marché sans faire de bruit, hier, dans les rues Photo Nicolas BARREAU

d’Etouvans. Celles qui tenaient une rose à la main les ont déposées devant des photos de Maxime, l’adolescent de 14 ans retrouvé mort mercredi dans une forêt voisine. Beaucoup reviendront demain pour les obsèques du collégien. Dans l’enquête, l’homme en garde à vue depuis vendredi matin a été libéré. La gendarmerie mobilise 30 enquêteurs. En Région K Au bout d’un sprint d’anthologie et d’une photo­finish, l’Italien Pittin prive à nouveau Lamy­Chappuis d’une victoire à Chaux­Neuve.

Football Performance de Belfort et faux pas de Vesoul En Sports

Naufrage d’un paquebot en Toscane

Des scènes de panique « dignes du Titanic » Photo Alexandre MARCHI

Identifiés Chats à puce… électronique Métier L’art de faire aménager son jardin L’Est et vous dimanche

Au dépôt des fleurs ont succédé les applaudissements de la foule.

Intransigeance par Chantal Didier

R

établir la confiance en la zone euro exigera « un long chemin », selon Angela Merkel. Si l’Allemagne garde son triple A, alors qu’elle redoutait une dégradation aussi, la chancelière sait que la baisse de la note française ne tient pas qu’à la politique suivie par Paris. Standard & Poor’s le dit d’ailleurs dans ses attendus : la sanction vise aussi les indécisions dans la zone euro et la difficulté à faire adopter des règles de bonne gestion budgétaire par tous. Berlin pousse donc à accélérer la mise en œuvre du pacte de discipline et à refuser les possibilités d’exemption

réclamées par certains. Sauf que la trique ne suffira pas à tout régler. Les États­Unis et le Japon, dégradés eux aussi, ne souffrent pas de taux d’intérêt plus élevés. C’est que leur banque centrale joue le rôle qui lui revient : monétiser la dette en la rachetant à faible coût. Une façon d’alléger la pression sur les États que la Banque centrale européenne s’interdit. Pour la raison essentielle que Berlin le refuse catégoriquement. Une intransigeance qui menace la zone euro dans son ensemble. A quel niveau de danger l’Allemagne consentira­t­ elle à bouger ? Avant le naufrage, faut­il espérer.

Photo Francis REINOSO

Photo ER

L’Est et vous dimanche


L’ E S T R É P U B L I C A I N | D I M A N C H E 1 5 J A N V I E R 2 0 1 2

REGION Aboutir « le plus vite possible » Meurtre d’Etouvans Montbéliard. Il n’y a pour l’instant qu’un seul suspect dans l’enquête sur le meur­ tre de Maxime Roussel. Le jeune majeur interpellé vendredi vers 6 h 30, chez lui, dans le Pays de Montbé­ liard, puis placé en garde à vue, a été remis en liberté hier en début d’après­midi. « La juge d’instruction n’a rien à lui reprocher », a indi­ qué le capitaine de gendar­ merie Didier Gueriaux. Les enquêteurs avaient tout de même cru bon de demander à la magistrate de prolonger la garde à vue de celui qui, pendant un temps, a été tenu pour suspect. Son avocate, Me Laurence Clauss, a refu­ sé d’apporter le moindre commentaire. A ce jour, seul un adolescent de 17 ans est officiellement impliqué dans la mort du collégien de 14 ans. Cette « connaissance » de la victime a été mise en exa­ men pour « assassinat », vendredi soir, puis placée en détention. « Il admet avoir été présent sur la scène du meurtre, mais conteste être l’auteur direct des coups », avait expliqué le procureur de la République, vendredi. Si ces déclarations sont exactes, il manque une voire plusieurs personnes aux gendarmes. Or, « il n’y a à cette heure aucune autre personne en garde à vue », a

ajouté l’officier. Mais l’ins­ truction ouverte dès mercre­ di ne fait que commencer. Et Didier Gueriaux de préciser que la cellule d’une trentai­ ne d’enquêteurs, qui a élu domicile à la compagnie de gendarmerie de Montbé­ liard, restera active in situ autant que de besoin. Elle est composée de militaires de différentes unités, cha­ peautés par une quinzaine de personnels de la section de recherches (SR) de Be­ sançon. Leur but est d’abou­ tir « le plus vite possible ». Le porte­parole des en­ quêteurs s’est refusé hier à confirmer l’hypothèse privi­ légiée par les parents, à sa­ voir : Maxime a été attiré dans un guet­apens pour qu’on lui vole sa moto. « Nous ne négligeons pas cette piste, mais toutes les hypothèses sont exploi­ tées », déclare Didier Gue­ riaux. Hier, des hommes sont re­ tournés sur le terrain pour une mission de type « rele­ vés topographiques ». Les nombreux éléments rappor­ tés mercredi du lieu de la découverte du corps en par­ tie calciné ont été, pour cer­ tains, conduits dans plu­ sieurs laboratoires par les gendarmes de la brigade ra­ pide d’intervention. Les pre­ miers résultats pourraient tomber dès cette semaine. D.Bst.

Le mineur a déjà sévi à Vesoul Montbéliard. Le jeune hom­ me mis en examen dans l’enquête sur le meurtre de Maxime, 14 ans, est détenu dans le quartier des mineurs de la maison d’arrêt de Be­ sançon. Habitant de Montbéliard, il connaissait bien Etouvans pour y être apprenti dans une exploita­ tion agricole. Mais c’est à Ve­ soul que cet ado de 17 ans a grandi. A Vesoul, aussi, qu’il a eu ses premières démêlées avec la Justice. Le 12 juin 2010, des poli­ ciers l’arrêtent au volant de la voiture de son père. Il n’a bien sûr pas le permis. L’ado remet ça le 26 novem­

bre 2011. A Vesoul toujours, des policiers tombent sur trois jeunes qui montent dans une voiture volée, près de la gare. Lui est au volant. Il nie les faits, essaye d’em­ bobiner la police. Il finit par reconnaître que la voiture est volée, mais qu’elle ne l’a pas été par lui. Coïncidence, la voiture appartient à l’agri­ culteur chez qui l’ado pour­ suit ses études à l’époque. Il tombe pour recel et, de nou­ veau, défaut de permis de conduire. Il évite le tribunal pour enfants, le juge déci­ dant de lui appliquer une mesure alternative.

Plus d’un millier de personnes rassemblées à la mémoire de l’adolescent de 14 ans

Le silence et les applaudissements Montbéliard. Impression­ nant. Un millier de person­ nes, au moins, ont marché hier après­midi dans les rues d’Etouvans. Les voies ne sont pas larges, alors la foule des anonymes s’éten­ dait sur plusieurs centaines de mètres. Pas un téléphone portable n’a retenti du mi­ lieu de ce cortège. Aucune mélodie débile pour gâcher l’instant. Le bruit des chaus­ sures sur la route, c’est tout. Impossible d’y arriver en temps normal. Mercredi matin, le temps s’est arrêté dans ce village de 700 habitants. Maxime, un enfant du pays, a été dé­ couvert mort. Là­haut, sur un chemin forestier. Mort, et son corps en partie calciné. « Je ne le connaissais pas, mais je me sens concerné. » L’homme qui parle vit dans un village voisin. Ses deux filles sont scolarisées à Etouvans, alors il est venu. Comme beaucoup de pa­ rents, surtout ceux dont les enfants fréquentent le collè­ ge de Voujeaucourt. Celui où « Max » venait en moto. Les professeurs aussi sont là. Et des élus ceints de leur écharpe tricolore. Pas de­ vant, les élus. Au milieu. De­ vant, ce sont les jeunes, les amis de Max. Un drap leur sert de banderole : « A notre ami, repose en paix Maxi­ me ». Deux cœurs dessinés à la bombe encadrent son pré­ nom. Les jeunes ont tout organi­ sé. Ou plutôt ont appelé à se rassembler, via Facebook. L’émotion suscitée par ce qui semble être un assassinat a fait le reste. « Pauvre gosse, il n’a rien vu de la vie », ne

K Tout le collège de Voujeaucourt s’est joint à la foule des anonymes.

peut retenir une dame. « Les parents ne s’en remettront jamais », croit savoir une maman. Plus loin, une ado­ lescente dit que non, elle ne se satisfait pas de l’arresta­ tion d’un suspect. Pour ce retraité, « s’il y avait moins de violence à la télévision, ça arriverait peut­être moins ». « Les jeunes ne font plus la différence entre virtuel et réel. Résultat : on arrive à des morts pour des futili­ tés », est persuadée cette trentenaire. « On en vient à

se demander s’il existe en­ core des gens bien », réagit une autre anonyme. Sur la place de la Résistan­ ce, les porteurs de roses blanches ont fendu la foule pour les jeter au pied d’un banc public. Sur le banc, des photos, des bougies. Une procession de jeunes, d’ac­ tifs, d’anciens. Avec ou sans lunettes noires. Avec ou sans larmes aux yeux. Avec ou sans mouchoir. Un homme se signe, un autre fait un sa­ lut de la main. C’est à Maxi­

Photos Francis REINOSO

me qu’il dit au revoir. Par­ tout, des mamans et leurs enfants ne se quittent pas des bras. A l’arrivée, une montagne de fleurs. Le re­ gard fixé sur elles, la petite amie du défunt sait que le plus dur commence. « On a fait ça pour qu’il nous voie là où il est », parvient­elle à déclarer. Applaudissements. Le plus dur sera peut­être demain. Là, à côté de cette place, se trouve l’église Saint­Ferréol et Saint­Fer­

jeux où seront célébrées les obsèques (15 h). Des profs, « encore sous le choc », an­ noncent que le collège sera fermé à partir de 13 h 30, mais qu’un accueil fonction­ nera pour ceux qui décide­ ront de rester à Voujeau­ court. Le clocher sonne 14 h 30. Une demi­heure que les pa­ rents endurent une autre épreuve. Au funérarium de Bart, leur fils vient de leur être rendu. Damien BESSOT

D.Bst avec S.M.

K La petite copine de Maxime surmonte l’émotion et parvient à lire un court texte.

K Une trentaine de gendarmes se consacrent à l’enquête.

Cérémonie Quatre­vingt­dix­sept salariés de notre journal ont reçu hier leurs médailles du travail

Les médaillés de L’Est Républicain

K Les 97 salariés et leurs conjoints, honorés hier par le directeur général de L’Est Républicain, Pierre Wicker.

Houdemont. « L’Est Républi­ cain, une magnifique entre­ prise, m’a permis de faire le métier dont je rêvais en­ fant », a confié avec émotion Gérard Charut, hier à Hou­ demont. Ce journaliste est entré à Jœuf en 1970, pour terminer par servir les arts et les lettres dans notre ma­ gazine du dimanche. Tou­ jours avec éloquence. Avec son confrère photographe

Michel Fritsch, entré à 16 ans au journal et aujour­ d’hui en poste à la rédaction de Nancy, ils étaient les deux seuls médaillés « grand or ». « Cette catégorie s’était ra­ réfiée dans les entreprises, mais on en verra de plus en plus avec l’évolution des mécanismes de financement des retraites », a commenté Pierre Wicker. Le nouveau Directeur général, nommé

par la banque fédérative du Crédit Mutuel, nouvel ac­ tionnaire, préside désormais aux destinées de notre jour­ nal : « Le monde des entre­ prises évolue de façon cons­ tante. Avant, on s’appuyait beaucoup sur les compéten­ ces, le savoir­faire, le métier. De nos jours comptent aussi l’inné et le talent ». Pierre Wicker a également évoqué le nouveau manage­

Photo Philippe BRIQUELEUR

ment de l’entreprise : « L’Est Républicain a connu une stabilité exceptionnelle de son actionnariat pendant 30 ans. Une nouvelle période s’ouvre, à un moment où l’on passe de la presse tradition­ nelle au traitement de l’in­ formation. Le groupe Crédit Mutuel aborde cette évolu­ tion de façon atypique, en prenant le temps, avec l’en­ vie d’arriver de façon trans­

parente et dans le respect. Je vous souhaite une bonne santé, car on aura du boulot, et on mettra en exergue les défis à venir dans ce monde où l’information se consom­ me désormais de façon ins­ tantanée ». Le Directeur général et les différents directeurs ont en­ suite décerné 97 médailles, dont 24 or et 44 vermeil. La cérémonie s’est achevée par une galette des Rois.


L’ E S T R É P U B L I C A I N | D I M A N C H E 1 5 J A N V I E R 2 0 1 2

REGION Aboutir « le plus vite possible » Meurtre d’Etouvans Montbéliard. Il n’y a pour l’instant qu’un seul suspect dans l’enquête sur le meur­ tre de Maxime Roussel. Le jeune majeur interpellé vendredi vers 6 h 30, chez lui, dans le Pays de Montbé­ liard, puis placé en garde à vue, a été remis en liberté hier en début d’après­midi. « La juge d’instruction n’a rien à lui reprocher », a indi­ qué le capitaine de gendar­ merie Didier Gueriaux. Les enquêteurs avaient tout de même cru bon de demander à la magistrate de prolonger la garde à vue de celui qui, pendant un temps, a été tenu pour suspect. Son avocate, Me Laurence Clauss, a refu­ sé d’apporter le moindre commentaire. A ce jour, seul un adolescent de 17 ans est officiellement impliqué dans la mort du collégien de 14 ans. Cette « connaissance » de la victime a été mise en exa­ men pour « assassinat », vendredi soir, puis placée en détention. « Il admet avoir été présent sur la scène du meurtre, mais conteste être l’auteur direct des coups », avait expliqué le procureur de la République, vendredi. Si ces déclarations sont exactes, il manque une voire plusieurs personnes aux gendarmes. Or, « il n’y a à cette heure aucune autre personne en garde à vue », a

ajouté l’officier. Mais l’ins­ truction ouverte dès mercre­ di ne fait que commencer. Et Didier Gueriaux de préciser que la cellule d’une trentai­ ne d’enquêteurs, qui a élu domicile à la compagnie de gendarmerie de Montbé­ liard, restera active in situ autant que de besoin. Elle est composée de militaires de différentes unités, cha­ peautés par une quinzaine de personnels de la section de recherches (SR) de Be­ sançon. Leur but est d’abou­ tir « le plus vite possible ». Le porte­parole des en­ quêteurs s’est refusé hier à confirmer l’hypothèse privi­ légiée par les parents, à sa­ voir : Maxime a été attiré dans un guet­apens pour qu’on lui vole sa moto. « Nous ne négligeons pas cette piste, mais toutes les hypothèses sont exploi­ tées », déclare Didier Gue­ riaux. Hier, des hommes sont re­ tournés sur le terrain pour une mission de type « rele­ vés topographiques ». Les nombreux éléments rappor­ tés mercredi du lieu de la découverte du corps en par­ tie calciné ont été, pour cer­ tains, conduits dans plu­ sieurs laboratoires par les gendarmes de la brigade ra­ pide d’intervention. Les pre­ miers résultats pourraient tomber dès cette semaine. D.Bst.

Le mineur a déjà sévi à Vesoul Montbéliard. Le jeune hom­ me mis en examen dans l’enquête sur le meurtre de Maxime, 14 ans, est détenu dans le quartier des mineurs de la maison d’arrêt de Be­ sançon. Habitant de Montbéliard, il connaissait bien Etouvans pour y être apprenti dans une exploita­ tion agricole. Mais c’est à Ve­ soul que cet ado de 17 ans a grandi. A Vesoul, aussi, qu’il a eu ses premières démêlées avec la Justice. Le 12 juin 2010, des poli­ ciers l’arrêtent au volant de la voiture de son père. Il n’a bien sûr pas le permis. L’ado remet ça le 26 novem­

bre 2011. A Vesoul toujours, des policiers tombent sur trois jeunes qui montent dans une voiture volée, près de la gare. Lui est au volant. Il nie les faits, essaye d’em­ bobiner la police. Il finit par reconnaître que la voiture est volée, mais qu’elle ne l’a pas été par lui. Coïncidence, la voiture appartient à l’agri­ culteur chez qui l’ado pour­ suit ses études à l’époque. Il tombe pour recel et, de nou­ veau, défaut de permis de conduire. Il évite le tribunal pour enfants, le juge déci­ dant de lui appliquer une mesure alternative.

Plus d’un millier de personnes rassemblées à la mémoire de l’adolescent de 14 ans

Le silence et les applaudissements Montbéliard. Impression­ nant. Un millier de person­ nes, au moins, ont marché hier après­midi dans les rues d’Etouvans. Les voies ne sont pas larges, alors la foule des anonymes s’éten­ dait sur plusieurs centaines de mètres. Pas un téléphone portable n’a retenti du mi­ lieu de ce cortège. Aucune mélodie débile pour gâcher l’instant. Le bruit des chaus­ sures sur la route, c’est tout. Impossible d’y arriver en temps normal. Mercredi matin, le temps s’est arrêté dans ce village de 700 habitants. Maxime, un enfant du pays, a été dé­ couvert mort. Là­haut, sur un chemin forestier. Mort, et son corps en partie calciné. « Je ne le connaissais pas, mais je me sens concerné. » L’homme qui parle vit dans un village voisin. Ses deux filles sont scolarisées à Etouvans, alors il est venu. Comme beaucoup de pa­ rents, surtout ceux dont les enfants fréquentent le collè­ ge de Voujeaucourt. Celui où « Max » venait en moto. Les professeurs aussi sont là. Et des élus ceints de leur écharpe tricolore. Pas de­ vant, les élus. Au milieu. De­ vant, ce sont les jeunes, les amis de Max. Un drap leur sert de banderole : « A notre ami, repose en paix Maxi­ me ». Deux cœurs dessinés à la bombe encadrent son pré­ nom. Les jeunes ont tout organi­ sé. Ou plutôt ont appelé à se rassembler, via Facebook. L’émotion suscitée par ce qui semble être un assassinat a fait le reste. « Pauvre gosse, il n’a rien vu de la vie », ne

K Tout le collège de Voujeaucourt s’est joint à la foule des anonymes.

peut retenir une dame. « Les parents ne s’en remettront jamais », croit savoir une maman. Plus loin, une ado­ lescente dit que non, elle ne se satisfait pas de l’arresta­ tion d’un suspect. Pour ce retraité, « s’il y avait moins de violence à la télévision, ça arriverait peut­être moins ». « Les jeunes ne font plus la différence entre virtuel et réel. Résultat : on arrive à des morts pour des futili­ tés », est persuadée cette trentenaire. « On en vient à

se demander s’il existe en­ core des gens bien », réagit une autre anonyme. Sur la place de la Résistan­ ce, les porteurs de roses blanches ont fendu la foule pour les jeter au pied d’un banc public. Sur le banc, des photos, des bougies. Une procession de jeunes, d’ac­ tifs, d’anciens. Avec ou sans lunettes noires. Avec ou sans larmes aux yeux. Avec ou sans mouchoir. Un homme se signe, un autre fait un sa­ lut de la main. C’est à Maxi­

Photos Francis REINOSO

me qu’il dit au revoir. Par­ tout, des mamans et leurs enfants ne se quittent pas des bras. A l’arrivée, une montagne de fleurs. Le re­ gard fixé sur elles, la petite amie du défunt sait que le plus dur commence. « On a fait ça pour qu’il nous voie là où il est », parvient­elle à déclarer. Applaudissements. Le plus dur sera peut­être demain. Là, à côté de cette place, se trouve l’église Saint­Ferréol et Saint­Fer­

jeux où seront célébrées les obsèques (15 h). Des profs, « encore sous le choc », an­ noncent que le collège sera fermé à partir de 13 h 30, mais qu’un accueil fonction­ nera pour ceux qui décide­ ront de rester à Voujeau­ court. Le clocher sonne 14 h 30. Une demi­heure que les pa­ rents endurent une autre épreuve. Au funérarium de Bart, leur fils vient de leur être rendu. Damien BESSOT

D.Bst avec S.M.

K La petite copine de Maxime surmonte l’émotion et parvient à lire un court texte.

K Une trentaine de gendarmes se consacrent à l’enquête.

Cérémonie Quatre­vingt­dix­sept salariés de notre journal ont reçu hier leurs médailles du travail

Les médaillés de L’Est Républicain

K Les 97 salariés et leurs conjoints, honorés hier par le directeur général de L’Est Républicain, Pierre Wicker.

Houdemont. « L’Est Républi­ cain, une magnifique entre­ prise, m’a permis de faire le métier dont je rêvais en­ fant », a confié avec émotion Gérard Charut, hier à Hou­ demont. Ce journaliste est entré à Jœuf en 1970, pour terminer par servir les arts et les lettres dans notre ma­ gazine du dimanche. Tou­ jours avec éloquence. Avec son confrère photographe

Michel Fritsch, entré à 16 ans au journal et aujour­ d’hui en poste à la rédaction de Nancy, ils étaient les deux seuls médaillés « grand or ». « Cette catégorie s’était ra­ réfiée dans les entreprises, mais on en verra de plus en plus avec l’évolution des mécanismes de financement des retraites », a commenté Pierre Wicker. Le nouveau Directeur général, nommé

par la banque fédérative du Crédit Mutuel, nouvel ac­ tionnaire, préside désormais aux destinées de notre jour­ nal : « Le monde des entre­ prises évolue de façon cons­ tante. Avant, on s’appuyait beaucoup sur les compéten­ ces, le savoir­faire, le métier. De nos jours comptent aussi l’inné et le talent ». Pierre Wicker a également évoqué le nouveau manage­

Photo Philippe BRIQUELEUR

ment de l’entreprise : « L’Est Républicain a connu une stabilité exceptionnelle de son actionnariat pendant 30 ans. Une nouvelle période s’ouvre, à un moment où l’on passe de la presse tradition­ nelle au traitement de l’in­ formation. Le groupe Crédit Mutuel aborde cette évolu­ tion de façon atypique, en prenant le temps, avec l’en­ vie d’arriver de façon trans­

parente et dans le respect. Je vous souhaite une bonne santé, car on aura du boulot, et on mettra en exergue les défis à venir dans ce monde où l’information se consom­ me désormais de façon ins­ tantanée ». Le Directeur général et les différents directeurs ont en­ suite décerné 97 médailles, dont 24 or et 44 vermeil. La cérémonie s’est achevée par une galette des Rois.


Aire urbaine

Evénement

MARDI 17 JANVIER 2012 21

Étouvans Une foule émue et recueillie a assisté aux obsèques du jeune Maxime Plus d’un millier de personnes, visiblement bouleversées, ont entouré, hier, les parents effondrés du jeune Maxime dont les obsèques ont été célébrées à l’église d’Étouvans par l’abbé Jean-Marie Viennet. Alors que les cloches sonnaient à toute volée, hier, à quinze heures, dans le petit village d’Étouvans, le fourgon funéraire transportant le cercueil du jeune Maxime a fendu la foule amassée aux abords de l’église Saint-Ferréol et SaintFerjeux. Plus d’un millier de personnes étaient en effet venues soutenir les parents, Isabelle et Rémi, ainsi que Pauline, la jeune sœur de l’adolescent tué mardi dernier dans d’horribles circonstances. Les fidèles n’ont pas pu tous prendre place dans les travées de la petite église et près de six cents personnes ont dû assister à l’office célébré par l’abbé Jean-Marie Viennet depuis l’extérieur, grâce à la sono installée spécialement à cet effet. Il y avait

L’appel à témoin des enquêteurs de la gendarmerie Rien de nouveau dans l’enquête sur le meurtre sordide du jeune Maxime. La gendarmerie lance un appel à témoins. Le week-end n’a pas apporté d’éléments nouveaux dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de Maxime Roussel, 14 ans, tué de façon épouvantable dans la soirée du mardi 10 janvier, à Étouvans (nos précédentes éditions). Après la mise en examen pour assassinat, vendredi, d’un adolescent de 17 ans, domicilié à Montbéliard, qui reconnaît s’être trouvé sur les lieux du drame, mardi dernier, mais conteste être l’auteur des coups mortels portés au jeune Maxime, suivie, le lendemain, de la remise en liberté d’un second homme qui avait été interpellé vendredi matin, l’enquête n’a pas connu de rebondissement particulier. Une trentaine de gendarmes restent mobilisés sur ce dossier sous les ordres de Sophie Baghdassarian, juge qui instruit ce dossier. Le point

Étouvans écrasé de douleur à l’heure des obsèques de Maxime, hier après-midi. Photo Pierre-Olivier Kleitz

beaucoup de jeunes, les traits marqués dans cette assemblée. Plusieurs portaient un casque à la main, comme un clin d’œil à leur ami motard au destin si tragique. Beaucoup d’élèves du collège

Jean-Jacques Rousseau de Voujeaucourt, que fréquentait Maxime, avaient tenu à venir dire un dernier adieu à leur camarade. Au premier rang, les parents et la famille proche ont fait montre d’une grande dignité dans leur épreuve. « Notre vie s’est arrêtée en même temps que la tienne. Nous n’entendrons plus le bruit de ta moto, c’est ta passion qui t’a coûté la vie », a déclaré la maman de Maxime, la voix étreinte par l’émotion et la peine. « Tu laisses un grand vide, mon petit ange qui es parti trop tôt », a ajouté Alicia, qui pleure son petit-ami.

« Notre vie s’est arrêtée… » Une foule émue s’est rassemblée autour du cercueil de Maxime. Photo Pierre-Olivier Kleitz

Dans la foule massée dans la nef, on remarquait la présence du sous-préfet Jacques Troncy, du

recteur de l’académie de Besançon, de la mairesse d’Étouvans, Anne-Marie Hadiuk et des conseillers généraux des cantons de Voujeaucourt et de Pont-de-Roide. Présents également en tenue de cérémonie, le commandant de la compagnie de gendarmerie du pays de Montbéliard, Manuel Boissière, et son adjoint, le capitaine Philippe Carme. La voix de l’abbé Viennet a retenti au-dessus du cercueil blanc recouvert de roses blanches entourant le portrait de Maxime, pour adresser un message d’espoir et de réconfort. Un Alléluia résonnait sous les voûtes de l’édifice quand le cercueil, béni par toute l’assemblée, a pris la route de sa dernière demeure, suivi, à pied, par une foule émue et recueillie.

presse organisé sous le contrôle de la magistrate, hier en mil i e u d’ a p r è s - m i d i à l a gendarmerie de Montbéliard par le capitaine Didier Guériaud, officier de la cellule communication a surtout servi à lancer un appel à témoins. Les enquêteurs prient en effet toute personne qui aurait véhiculé un jeune homme entre Montbéliard et Colombier-Fontaine, mardi dernier, entre 18 h et 20 h de se mettre en relation avec eux. De la même façon, ils souhaitent savoir si quelqu’un a remarqué un individu sur une moto ce soir-là, dans le même secteur, ou aperçu un ou plusieurs individus poussant une moto sur la RD 126 entre Voujeaucourt et Colombier-Fontaine. Enfin, toute personne susceptible de fournir des renseignements sur cette pénible affaire est priée de contacter la cellule d’enquête au numéro Ve r t g r a t u i t s u i v a n t : 0800.004.843. « Nous explorons toutes les pistes. Il reste de nombreuses vérifications à faire », a conclu le capitaine Guériaud. J.G

Les gendarmes mettent en service un numéro Vert à l’intention des témoins éventuels. Photo Pierre-Olivier Kleitz

José Gonzalvez et Pierre-Olivier Kleitz

Bourguignon La voiture et son conducteur retrouvés dans le Doubs Comme on pouvait le redouter, Ferras Nezzar et sa voiture avaient bien disparu dans le Doubs d’où ils ont été retirés, hier, à hauteur du barrage de Bourguignon. Les gendarmes ont mis fin au dramatique suspense qui entourait la disparition d’un jeune habitant de Liebvillers, Ferras Nezzar, 27 ans, au volant de sa voiture depuis le soir du jeudi 5 février. Hier matin, à partir de 10 h, sept gendarmes-plongeurs, dont une jeune femme, venus de SaintJean-de-Losne (Saône-et-Loire) et d’Alsace, ont entrepris de nouvelles recherches à partir du lieu-dit « La Culbute », entre Vermondans et Bourguignon, là où la famille du jeune homme avait remarqué des traces de sortie de route. À cet endroit, où 19 véhicules se sont déjà succédé dans la rivière, on peut remarquer que la clôture ainsi que l’écorce d’un arbre ont été arrachées, les traces de passage d’un véhicule se perdant

en direction de la rivière proche. Dans la soirée du jeudi 5 janvier, Ferras Nezzar, qui se trouvait à Pont-de-Roide, avait prévenu sa jeune épouse, dont il a deux enfants en bas-âge, qu’il se rendait chez des amis à Bourguignon.

départ pour l’institut médico-légal de Besançon où il sera autopsié, afin de lever toute forme de doute sur les causes et les circonstances de la mort.

Treuillée depuis le barrage

Jamais arrivé à Bourguignon Il était environ 20 h 30. Il n’est jamais arrivé chez ses amis et il n’a plus jamais donné de ses nouvelles. Pour cause : la Fiat Stylo du malheureux conducteur avait bien disparu dans les ondes boueuses du Doubs en crue, comme le craignaient tous ses proches. Des recherches avaient été entreprises par les gendarmes tant à pied sur les berges que dans le Doubs et dans les airs depuis un hélicoptère. En vain : le niveau du fleuve et son débit étaient trop importants. Hier matin, le niveau ayant baissé et le courant étant beaucoup plus faible, les plongeurs affrontant des températures glaciales, mais bénéficiant d’une relative visibilité n’ont pas tardé à repérer l’épave du véhicu-

Le jeune homme et son chien n’ont pas survécu au dramatique accident.

le qui gisait, sur le toit, à quelque 200 m en aval de son point d’entrée dans l’eau et à environ 50 m de la rive. Dans un premier temps, le corps de l’infortuné conducteur, relativement bien

conservé en dépit de son séjour prolongé dans l’eau et donc facilement identifiable, a été extrait de l’habitacle et ramené sur la berge. Le capitaine Philippe Carme, adjoint du commandant de la com-

Photo José Gonzalvez

pagnie de gendarmerie du pays de Montbéliard, a aussitôt prévenu la famille. Il a eu un mot de condoléances pour les proches et amis éprouvés, qui assistaient à la récupération du corps et à son

En début d’après-midi, les opérations de repêchage de la voiture ont été réalisées, toujours avec le concours des plongeurs, et sous la surveillance des gendarmes de la communauté de brigades (COB) de Pont-de-Roide et du PSIG (peloton de surveillance et d’intervention) par les spécialistes du garage Jean-Claude Pryzbor, de Bavans, à l’aplomb du barrage. Grâce à un puissant camion-treuil, la Fiat a été retirée des eaux du Doubs vers 16 h 15, livrant le spectacle de désolation d’un habitacle défoncé dans lequel gisait le cadavre du chien du conducteur. Une bien triste et tragique issue mais qui met fin, comme le soulignaient des proches de la victime, à l’insoutenable attente endurée par la famille et les nombreux amis du disparu depuis dix jours. J. G.


L’ E S T R É P U B L I C A I N | M A R D I 1 7 J A N V I E R 2 0 1 2

24 HEURES E Aire Urbaine Offemont

Étouvans

La Chaux­de­Fonds

Foussemagne

Un monde de mercières !

L’adieu émouvant à Maxime

Cœur foudroyant

De si précieuses mares

Comment vivre sans télévision ? À Offemont, voici une semaine où l’on remplace délibérément les soirées canapé contre des rencontres. Mercredi, à la Miel, « Les aiguilles en folie », de 14 à 18 h. On trouve de tout, de la laine aux boutons.

Hier, plus de 1.000 personnes ont assisté aux obsèques de Maxime Roussel. Une cérémonie servie par une homélie poignante de l’abbé Viennet. La tristesse de la famille était insoutenable (lire en Région). Photo Francis REINOSO

Hier soir, TAG Heuer dévoilait une montre révolutionnaire (le Mikrogirder), avec un oscillateur battant à 1 000 hertz. Une merveille développée par le Montbéliardais Guy Sémon. Voici, en exclusivité, le cœur de la bête. Photo Sam BONJEAN

30 à 70 % des mares ont disparu en France depuis 1950. Un sentier de randonnée permet de découvrir les mares de l’étang de la Marnière, compris dans un site pilote choisi par le conservatoire régional des espaces naturels.

Fest’hiver

Faits et méfaits Appel à témoin Giromagny.­ La gendarmerie prie toute personne susceptible de lui fournir des renseignements sur le cambriolage avec séquestration survenu jeudi 12 janvier de la contacter au 03.84.57.63.81. Elle garde la maîtrise de l’enquête, les faits ayant démarré à Giromagny au domicile de la victime, et s’étant poursuivis à la bijouterie Claudine rue Jean­Jaurès à Belfort. Les faits se sont produits dans les deux endroits jeudi dernier entre 19 h 50 et 22 h 15.

Sur le toit ! Florimont.­ Une voiture a glissé sur le verglas, dans la nuit de dimanche à lundi vers 5 h du matin à Florimont, sur la RD 463. Elle s’est immobilisée sur le toit. L’occupante du véhicule n’a pas réussi à s’en extraire. Les sapeurs­ pompiers ont dû employer leur matériel de désincarcération pour la dégager. Elle a été prise en charge puis transportée au centre hospitalier pour contrôle.

Voiture contre camionnette Sévenans.­ Un choc entre une camionnette et une voiture s’est produit hier matin peu avant 8 h sur la RN 1 019. Deux personnes ont été légèrement blessées lors de la collision.

Chez nos voisins Vin d’Alsace : baisse des ventes Après avoir reculé de 1,5 % en 2010, les ventes de vin d’Alsace ont régressé de 4,3 % l’an dernier. La chute touche aussi bien la France (­ 4,4 %) que l’étranger (­ 3,9 %). Les professionnels, cependant, ne s’inquiètent pas outre mesure puisqu’ils mettent ce recul sur le compte d’une production plus faible que les années précédentes en raison de la maigre vendange de 2010 (­ 22 % en volume). Les vins premiers prix ont été les premiers touchés par le phénomène.

Année record pour Swatch Swatch Grouop a signé un nouveau record de ventes en 2011 en franchissant pour la première fois la barre des 7 milliards de francs de chiffre d’affaires. Le groupe suisse, dont le siège social se trouve à Bienne, prévoit de poursuivre son développement en 2012, en tablant sur une hausse des ventes de 5 à 10 %. Le groupe produit actuellement une montre suisse sur trois. Les ventes globales de Swatch Group ont augmenté de 21,7 % en 2011 par rapport à 2010. Il lancera deux nouveaux sites de production à Villeret et à Boncourt, à la frontière avec le Territoire de Belfort.

Société

Musique sans frontière Fest’hiver,festivaltransfrontalier despectaclesjeunepublic, débutedimancheàBeaucourt.

C’

est Janet, une tourterelle joliment coiffée d’un chaud bonnet rouge qui est le personnage central de l’affiche de la dixième édition de : « Fest’hiver ». Sa mission ? Faire s’envoler vers les sommets ce festival transfrontalier de chanson jeune public, destiné en gran­ de partie aux enfants de 2 à 12 ans, dans un cadre scolaire avec des séan­ ces spécifiques. Un plus large public pourra assister à la majorité des spec­ tacles dont : « le Va­va de Janet », créé par la chanteuse beaucourtoise Marie Tout Court et le violoncelliste suisse Jacques Bouduban. Issue d’une commande du festival, cette création lancera la quinzaine mu­ sicale dimanche 22 janvier à 17 h, foyer Georges­Brassens à Beaucourt. « Les enfants ne forment pas un pu­ blic facile, ils ne font presque jamais de rappel et peuvent très vite se lasser » prévient Luc Renaud, président de la Maison pour Tous de Beaucourt, qui poursuit : « ils sont difficiles à intéres­ ser, à séduire, moins patients qu’un public d’adultes » soulignant ainsi que l’on ne s’improvise pas chanteur pour enfant comme cela. Les huit groupes et artistes, dont trois Belges, mesurent donc la tâche qui les attend.

Souhaits Pas moins de vingt spectacles seront proposés jusqu’au samedi 4 février dans dix villes partenaires : Beaucourt, Delle, Belfort, Lachapelle­sous­Chaux et Colmar pour la France, Porrentruy, Delémont, Saignelégier, Saint­Imier et Tavannes pour la Suisse. Lætitia Joly, coordinatrice artistique de la Maison pour Tous, souligne les objectifs d’une telle manifestation : « Nous désirons apporter un autre re­ gard sur la chanson et le travail des artistes à la jeune génération, le public de demain. Les sensibiliser au specta­

K Marie Tout Court et son spectacle ; fil rouge de fest’hiver 2012

cle vivant et à la découverte ». La motivation est la même pour Claudine Donzé, coordinatrice côté helvète, mais elle ajoute : « nous n’avons pas de tradition en Suisse de spectacle pour jeune public, contraire­ ment à la France ou la Belgique. Il nous faut trouver une relève à Henry Dès ».

Ateliers scolaires Malgré des moyens limités, les orga­ nisateurs réussissent, cette année en­ core, à proposer un superbe program­ me : « Le Va­va de Janet », qui remet au goût du jour expressions, textes et mé­ lodies traditionnelles des deux côtés de la frontière. Un exemple ? Le va­va : expression suisse romande pour signi­ fier tristesse ou coup de blues. Alain Schneider partagera, pour sa part, un moment de musique et de poé­ sie. Les spectacles de Tartine Reverdy,

Photo Renaud RULHMANN

avec : « Rouge Tomate », et celui de Gé­ rard Delahaye : « 1+1 = 3 », sont eux réservés aux scolaires. Jofroi, auteur, conteur et chanteur, présentera : « Bienvenue sur la terre », la fantastique histoire des humains. « L’incroyable histoire de Gaston et Lucie », de Monsieur Lune, est un con­ te ironique et tendre qui remporte déjà un joli succès public. Geneviève Laloy avec : « Si la ter­ re… », et André Borbé, régulièrement invité à Beaucourt, et son : « Brouha­ ha », complètent cette programmation. Les séances scolaires affichent com­ plets, mais il reste des places pour les spectacles ouverts à tous.

La vérité scientifique sur les effets de la télé LE PREMIER CAFÉ citoyen de l’année 2012 organisé dans le cadre des Rencon­ tres citoyennes de la MJC à Valentigney recevra mardi 7 février à 20 h 30 à la MJC Michel Desmurget, docteur en neuroscience, qui vien­ dra animer un débat ayant pour thème « TV lobotomie, la vérité sicientifique sur les effets de la télévision », en partenariat avec les Amis du Monde diplomatique Nord Franche­Comté et les Amis de l’émancipation sociale. A cette occasion, Michel Desmurget présentera son livre, dans lequel il a dressé le constat suivant : « La télé­ vision est un fléau qui affec­ te notamment le développe­ ment intellectuel des jeunes enfants, entraînant une chu­ te des résultats scolaires au travers d’une baisse de l’at­ tention. Sur une année, un enfant passe en moyenne plus de temps devant la TV que devant son instituteur à l’école primaire. Plus géné­ ralement, elle favorise les risques de présenter des troubles du sommeil, de l’alimentation, mais aussi de contracter la maladie

d’Alzheimer ou encore de souffrir de problèmes car­ diaques… Bref, plus on re­ garde la télévision, plus on s’empoisonne. Les person­ nes se ruent sur les écrans plats et passent des heures à se gaver de contenus insipi­ des. C’est que, loin d’être un simple outil à usage récréa­ tif, la télévision s’avère une véritable ‘’arme de manipu­ lation massive à caractère addictif’’. Certes, il ne s’agit plus d’imposer, par le biais d’une chaîne d’Etat, un dis­ cours officiel, mais bien de produire des consomma­ teurs. Le sujet n’est là que pour allumer le poste et de­ venir ensuite l’objet, la cible de l’annonceur. Pour ce fai­ re, le mieux est encore d"ac­ cepter de mettre son cer­ veau entre parenthèses. Or, pour produire ce résultat, rien de tel que de flatter les plus bas instincts des indivi­ dus, que ce soit par la peur ou encore la sexualité, les producteurs ont compris qu’en submergeant le télés­ pectateur sous un flot d’émotions violentes, celui­ ci devient plus réceptif aux messages publicitaires ». Entrée libre.

Didier HUMBERT

W

Infos et réservations : Maison pour tous, foyer Georges Brassens à Beaucourt Tél : 03 84 56 96 94 Internet : www.mptbeaucourt.fr

K Michel Desmurget est l’invité du premier café citoyen de l’année, à Valentigney.

Art contemporain

Une galerie qui a du chien CHELOUDIAKOFF comme à Bruxelles. Une galerie d’art contemporain qui a du chien, et la frite. Une belle métamorphose pour l’an­ cienne brasserie Wagner de la rue des Capucins, à Bel­ fort. Le chien géant de Re­ nato Montanaro, rose car­ rosserie, installé dans le hall d’entrée qui sent encore la peinture fraîche. La frite : une dynamique dégagée par de nombreuses œuvres de la dizaine d’artistes exposés pour cette inauguration, dont la fidèle Agnès Des­ camps et ses astucieux car­ rés magiques. Ou encore les sculptures monumentales miniaturisées de Jacky Gs­ chwind. Sans oublier d’autres ar­ tistes suivis depuis plus de dix ans et qui ont fait du chemin, dont Jacques Ver­ dier ou Paul­Marie Brisson. Une place pour Sonja Bris­ soni, disparue, mais toujours présente. La transformation du lieu, son adéquation avec « son

sujet », sont une réussite : 260 m2 lumineux, sobres, où des éléments de l’ancienne brasserie viennent ajouter une âme à un esprit design discret, sans bling­bling. De magnifiques piliers métalliques rythment le lieu, comme des sentinelles, et ne le coupent pas. Parmi les espaces les plus réussis, la salle du fond : ruptures de volume au sol et au plafond, où a été conservée la « toitu­ re » d’usine d’origine : le « V » caractéristique, consti­ tué d’un côté en verre. L’ar­ chitecte ? « Stéphane Vita­ l i » p r é c i s e Pa t r i c k Cheloudiakoff, « de l’atelier 3D ».

est risqué. Il a déjà eu du nez, il y a 21 ans, en ouvrant sa petite galerie, cour des arts. Son intuition artistique et sa rigueur lui ont permis de prospérer, comptant sur la vente des tubes de cou­ leurs quand le marché de l’art fléchissait. Cette fois, dans cette gale­ rie digne des grandes villes, le dénicheur de talents ajou­ te une nouvelle destination au lieu. À l’étage, un atelier où accueillir des artistes en résidence. Pour commencer, dès cette semaine, Pitout. On peu le rencontrer chaque soir à 17 h 30, regarder, dis­ cuter. Premier accrochage à l’atelier : des cartes à jouer géantes. Pour le moment, c’est l’As de cœur à tous les niveaux.

Du culot Chez les Cheloudiakoff, fa­ mille d’artistes où l’on peint et danse sur plusieurs géné­ rations, fait du cinéma, ou encore du rock, on sait d’of­ fice jouer des éléments et des lumières. « Nous avons intentionnellement laissé des marques de l’ancienne

K La galerie Cheloudiakoff vient de déménager au 1 bis rue des Capucins à Belfort. La première exposition, collective, est au poil.

brasserie, comme ces an­ ciens trous visibles au pla­ fond qui servaient d’enton­ noirs » confirme le « boss », courant d’un étage à l’autre

lors du vernissage. Patient. A l’écoute. Débordé. Tandis que Nathalie et les amis du duo swing font valser les verres et les notes de guita­

re, façon classe et manou­ che. C’est indéniable : Patrick, Belfortain pure Pépinière, a là du culot. L’investissement

Christine RONDOT

W Galerie Cheloudiakoff, 1 bis rue des Capucins à Belfort, tel. 03.84.22.64.16., ouvert tous les jours. Parmi les artistes également, Eric Ullrich, Ilehm Ellouze, Florent Wong,


L’ E S T R É P U B L I C A I N | M E R C R E D I 1 8 J A N V I E R 2 0 1 2

REGION Aujourd’hui

En vue

S

ignature à Paris du protocole d’intention de financement de la 2e phase de la LGV Rhin­Rhône entre l’État et l’ensemble des collectivités territoriales concernées

Justice Le septuagénaire haut­saônois a récidivé en décembre 2008

8 ans ferme pour le « violeur des terrains vagues » Vesoul. Tout le monde en a pris pour son grade hier. Les parents d’Alexander* (12 ans au moment des faits) et Ke­ vin* (14 ans et demi), bouscu­ lés par le président Ardiet et les deux juges qui l’enca­ drent. « Comment se fait­il que vous n’ayez pas réagi une fois les faits dénoncés ? » Si­ lence gêné de la maman, qui se reprend : « Si, ça, je l’ai fait. » « Vous l’avez fait bien après, vous l’avez laissé y re­ tourner » regrette un magis­ trat de la cour d’assises. Quinze jours plus tôt, Alexander lui avait dit avoir été tripoté par Henri tandis qu’il passait le week­end chez son père, entre Gray et Dampierre­sur­Salon. « Si ça recommence, tu me le dis. » Ce regret résonne dans les déclarations faites aux gen­ darmes par le jeune garçon de 12 ans qui, le 7 décembre 2008, assure avoir été violé par l’accusé, Henri Lapostol­ le. « Si ça recommence, tu me le dis », avait lancé la veille des faits de viol et à son tour, le père de la jeune victime. Autre alerte : Alexander s’en était ouvert à un copain du papa : « Henri a dit qu’il voulait faire l’amour avec moi. » « Dis­le à ton père » lui avait­il répondu. La suite, dramatique, a été consignée par les certificats de deux médecins qui ont examiné les blessures du jeune garçon.

« Hallucination négative » Hier matin, pas de doute pour le psychiatre expert, le docteur Claden, qui a brossé le portrait clinique du sep­ tuagénaire. À lui d’être ra­ broué. Un juge assesseur le reprend au terme de son ex­ posé : « Je suis gêné de vous avoir entendu exprimer votre intime conviction. » Le prati­ cien concède que cette re­ marque est justifiée, mais, au regard de son expérience, l’explicite. « Il y a un certain nombre d’arguments suffi­ sants pour faire le lien. Des précédents nombreux (N.D.L.R.: au nombre de six) et les constatations de l’en­ quête qui font une démons­ tration précise. Tout, mis bout à bout, c’est presque de la part de l’accusé une hallu­ cination négative. » Seul son avocat la parta­ geait. « Je suis dans le doute. Rien n’est plus dangereux

que les évidences. » Hier, pas plus que la veille, le vieil homme n’a concédé un seul des faits qui lui étaient repro­ chés. La porte était dès lors ouverte en grand à l’avocat général, M. Wardenski, pour enfoncer le clou de son réqui­ sitoire. « Il est des dossiers difficiles, mais pas ce dossier présent. » Et de faire état des éléments matériels et des dé­ clarations ayant suivi les faits dénoncés. Des détails très précis révélés par un gamin au QI de 50, de la couleur du porte­monnaie planqué sous un siège de la voiture sans permis ­ « où il n’est jamais monté », assure l’accusé ­, à la poche du manteau où le prédateur remisait le tube de vaseline à capuchon blanc. « Il est malin », tentera­t­il de balayer les arguments qui le confondent dans l’enquête millimétrée des gendarmes. Plus tristement, le contexte de cette affaire est baigné d’alcool. Celui qui gangrène la mémoire comme les en­ trailles du prédateur sexuel. Cet alcool qu’il partageait avec le père des deux victi­ mes, un homme de 51 ans. À la barre, il n’en a pas fait mys­ tère. « On buvait trois à qua­ tre bouteilles de rosé à qua­ tre… et les apéros avant quand même. » « C’est très contextuel » pour l’avocat gé­ néral, habitué des audiences de conduite sous l’empire de l’alcool. « L’alcool est un fac­ teur désinhibiteur et crimi­ nogène connu et puissant » avait d’ailleurs rappelé le Dr Claden, après avoir parlé « de tendances perverses » de l’accusé. Bien vain parait alors le coup de théâtre de Me Barrail, qui a tenté de renver­ ser la crédibilité des deux garçons. « Avec des éléments non portés au dossier », a re­ gretté pour les débats contra­ dictoires l’avocat général. Ar­ gumentaire balayé par le président Ardiet : « J’indique aux jurés qu’ils ne peuvent tenir compte que de ce qui a été débattu devant nous. » M. Wardenski ayant requis de 6 à 8 ans, les jurés ont porté le curseur à 8 ans de prison ferme pour Henri La­ postolle, âgé de 70 ans. Et dé­ claré les deux enfants victi­ mes de viol et d’agression sexuelle. Walérian KOSCINSKI *Les prénoms ont été modifiés.

« Digne d’un roman à la Zola » Colmar. Le procès de dix per­ sonnes, pour la plupart issues du même « clan familial », a débuté hier devant la cour d’assises du Haut­Rhin à Col­ mar, accusées de séquestra­ tions et de violences sur des personnes vulnérables ainsi que, pour trois d’entre elles, d’assassinat. Ce clan, dirigé d’une main de fer par « le pa­ triarche » Gérard Ehret, 53 ans, est soupçonné d’avoir pris sous sa coupe des person­ nes vulnérables, handicapées mentales ou physiques, et de les avoir violentées pour dé­ tourner leurs allocations. Les faits se seraient étalés de 1992 à 2008. Parmi les victimes, Sylvie Mutschler et son mari Daniel Eckert auraient été séquestrés entre 2004 et 2008 par Gérard Ehret, son ex­épouse, son épouse, son fils et sa compa­ gne, et auraient subi d’innom­ brables violences : coups de poing ou de bâton, brûlures avec un fer à repasser... Sylvie Mutschler avait même rap­ porté plusieurs viols, qui n’ont finalement pas été retenus par l’instruction. En avril 2008, Daniel Eckert parvenait à s’échapper. C’est alors que le clan Ehret aurait décidé de supprimer Sylvie Mutschler, 32 ans, dont le corps avait été retrouvé le 29 juillet suivant à Rosenau (Haut­Rhin) dans le Grand Canal d’Alsace. Dans cette affaire, « digne d’un roman à la Zola », comme l’avait qualifiée le procureur de la République en 2008, les trois principaux suspects de l’assassinat sont Gérard Ehret, son fils Edmond Welc­

ker (25 ans), présenté comme son bras armé, et Bernard Boulanger (59 ans), qui avait lui aussi été séquestré par Gé­ rard Ehret dans les années 1990 avant de se mettre à son service par peur de repré­ sailles. Ils encourent la perpé­ tuité, les sept autres risquent trente ans de réclusion pour séquestration. Gérard Ehret, physique massif, cheveux ras et fine moustache, se montrait par moments exaspérés à la lectu­ re de l’acte d’accusation. À côté de lui, Edmond Welcker semblait prostré sur son siège, le visage à moitié dissimulé dans un pull à col roulé. Ber­ nard Boulanger avait quant à lui des difficultés à compren­ dre ce que lui disait la prési­ dente, et tout autant de pro­ blèmes à se faire comprendre. Son avocat, Me Charles­Henri Wolber, estime qu’il n’aurait jamais dû se retrouver là : « Je ne suis pas sûr qu’il mesure la portée de ses déclarations. » « On se méfie de l’attitude de M. Boulanger, il n’est pas si irresponsable que ça », a de son côté souligné Me Ange Pu­ joli, qui défend Gérard Ehret. Selon lui, le parrain du clan « reconnaît avoir été présent au moment où Sylvie Muts­ chler a été jetée dans le canal » mais, « s’il assume ses respon­ sabilités, il ne veut pas assu­ mer celles des autres ». Les jurés pourraient avoir du mal à démêler les fils de ce drame : les versions des trois principaux protagonistes évo­ luent au fil du temps et cer­ tains témoins craignent enco­ re des représailles. Le procès doit durer jusqu’au 10 février.

A suivre

Ivan Cavalliari, nouveau directeur du Ballet de l’Opéra du Rhin

Genève célèbre la naissance de Rousseau il y a 300 ans

Le chorégraphe et interprète italien vient d’être nommé à la direction du Centre chorégraphique national­Ballet de l’Opéra du Rhin à Strasbourg.

Coup d’envoi officiel jeudi de « 2012, Rousseau pour tous ».

Maxime : les automobilistes sollicités Touteslesvoiturescirculant hiervers19hàDampierre­sur­ le­Doubsontétéarrêtéespar lesgendarmes.

H

ier matin, vers 11 h, les habitants d’Étouvans ont été surpris par les rondes d’un hélicoptère au­dessus des habita­ tions. L’engin a survolé le secteur où le corps de Maxime Roussel, 14 ans, a été retrouvé. « Ce sont seulement des vues aériennes. Elles peuvent être utiles à l’enquête », informe le capitaine Gueriaud, en charge de la communication à la gendarmerie. L’hélicoptère avait déjà été requis le jour de la découverte de l’adoles­ cent, mercredi 11 janvier, mais n’avait pas pu décoller en raison de la météo. L’enquête ne semble guère avan­ cer. À moins que les gendarmes de la Brigade de recherches de Montbé­ liard, qui travaillent sous commis­ sion rogatoire de la juge Baghdassa­ rian, n’aient de sérieuses pistes encore tenues secrètes.

Questions aux conducteurs L’appel à témoins n’a pour l’instant rien donné. Une seule personne a

contacté le numéro vert mis à dispo­ sition par les autorités : « Des infor­ mations évasives, des mouvements de moto mais rien à voir avec cette affaire », certifie l’officier de com­ munication. Ce qui est sûr, c’est que les enquê­ teurs mettent les bouchées doubles. Hier, vers 19 h, tous les automobilis­ tes qui roulaient en direction de Co­ lombier­Fontaine ont été arrêtés par les gendarmes à Dampierre­sur­le­ Doubs, juste avant l’embranche­ ment menant à Étouvans. Les mê­ mes questions que dans l’appel à témoin (notre édition d’hier) leur ont été posées. Ont­ils remarqué un motard suspect, le soir du meurtre, entre 18 h et 20 h sur ce même axe ? Ou quelque chose d’anormal ? C’est dire les moyens déployés par les mi­ litaires. Même motivation en ce qui concer­ ne la recherche de l’arme ou d’indi­ ces. Dimanche, les gendarmes ont été à nouveau aperçus près du che­ min forestier où l’adolescent a été repéré, le corps en partie calciné. Ils se sont employés pendant plusieurs heures à examiner un tas de bois avec minutie, enlevant les branches une par une. Peut­être recher­ chaient­ils un couteau utilisé par le(s) assassin(s) de Maxime. Ou d’autres éléments susceptibles de déterminer le mobile, les circons­

K Juste avant l’embranchement menant à Étouvans, les automobilistes ont été questionnés pour les besoins de l’enquête.

tances et les raisons qui ont motivé cet acte terrifiant. Des coups portés à l’aide d’une arme blanche, dont un fatal à la carotide, une volonté de faire disparaître les indices en calci­ nant la victime, l’implication d’un mineur qui n’a jamais fait parler de lui dans des affaires d’agressions ? A­t­il agi seul, ce qui paraît encore surprenant ? Maxime, qui a subi le

Photo ER

pire dans ce bois d’Étouvans est­il tombé dans un guet­apens ? Ou a­t­ il été victime de la folie d’un groupe entraîné dans une spirale de violen­ ces ? Toutes les suppositions sont permises. Dans ce drame, le mystère reste aussi entier que terrifiant. Aude LAMBERT

W

Numéro vert de la gendarmerie mis à disposition dans le cadre de l’appel à témoin : 0 800 004 843.

PSA Le plan de rigueur se concrétise à Sochaux

300 prestataires sont déjà partis Montbéliard. Le CE extraor­ dinaire organisé hier sur le site de Sochaux l’a confir­ mé : le plan de rigueur se traduit, sur le site de So­ chaux ­ le plus important de PSA avec 12 000 salariés ­, par la perte de 359 postes. Sur ce total, 124 concernent la recherche et développe­ ment. « Pas de scoop ma­ jeur », de ce côté­là, avoue un syndicaliste. À l’inverse, la direction, qui avait an­ noncé vouloir se séparer de 400 personnes des bureaux d’études extérieurs (BEX, prestataires de services), a détaillé son plan par trimes­ tre. À Sochaux­même, 280 personnes doivent partir au premier trimestre, 30 au deuxième, dix au troisième. À Belchamp, il s’agit de 60, 10 et 10. Or, avec le non­re­ nouvellement des contrats en début de cette année, FO a fait le compte : 330 presta­ taires de services sont déjà partis ! « On ne s’attendait pas à ce que ce soit si rapi­ de », avoue Claude Devillers, représentant au CE de cette

Grand

est

Lorraine Fillon en Moselle Nancy. Les personnalités politiques se succèdent décidément en Lorraine. Le Premier ministre, François Fillon, effectuera un déplacement à Sarrebourg, ce vendredi, « sur le thème de la compétitivité de l’industrie française ». Il visitera d’abord dans la matinée les ateliers de l’entreprise Mephisto, qui fabrique et commercialise des chaussures de marque sous le même nom. Puis, accompagné d’Alain Marty, le député­maire (UMP) de Sarrebourg, il se rendra au Cercle de garnison, où il prononcera un discours.

centrale. Pour la CFE­CGC, la direc­ tion a, une fois encore, mis « la charrue avant les bœufs ». « Depuis de nom­ breuses années, nous dé­ nonçons à la direction re­ cherche et développement (DRD) des organisations gé­ nératrices de surcharges de travail et de stress », souli­ gne Pascal Lemaire. « Plutôt que de commencer à résou­ dre ce problème, la direction annonce des départs de BEX […] qui laissent les salariés du groupe devant la difficul­ té d’assumer la charge de travail. » Le syndicat de­ mande l’embauche en CDI des BEX qui resteront sur le site de Sochaux et Bel­ champ.

« Stratégie purement financière » « PSA adopte une stratégie purement financière, qui consiste à réduire les frais de R & D. Dans une volonté d’apparaître socialement responsable, en fait de ren­ voyer la responsabilité sur

Empêché d’assister aux obsèques de sa mère Nancy. La famille d’un tzigane détenu à la maison d’arrêt d’Épinal (Vosges) s’est rassemblée hier devant la prison pour protester contre le refus opposé au prisonnier d’assister aux obsèques de sa mère qui auront lieu aujourd’hui en Haute­Marne. « C’est horriblement choquant. On a affaire à un garçon de 20 ans, dont la mère sera enterrée demain. Normalement, ça se fait sans problème, le détenu étant évidemment escorté par des policiers ou des gendarmes », a expliqué l’avocate du jeune homme, Me Marie Desmet. Le rassemblement s’est déroulé dans le calme, encadré par plusieurs dizaines de policiers. Mais quelques heures plus tard, la

K Les syndicats veulent des précisions sur les formations. Archives

d’autres, PSA choisi de ren­ voyer les BEX », s’indigne, sur ce même registre la CFDT. « Quel impact sur l’ef­ ficacité globale ? » La CGT a pour sa part de­ mandé à la direction « de sortir de l’hypocrisie de la GPEC, qui vise pour l’essen­ tiel à renvoyer les salariés âgés et usés à Pôle emploi, dans l’attente de leur retrai­ te ».

Corollaire de ces départs en externe, et de ces sup­ pressions de postes en in­ terne : le redéploiement des effectifs. Pour FO, 420 postes sont à pourvoir en interne. Si tous les syndicats sans ex­ ception ont donné un avis défavorable à ce « plan de performance 2012 », ils sont plus partagés sur les mesu­ res d’accompagnement. Concernant la mobilité in­

famille du jeune homme a manifesté, cette fois plus violemment, dans la commune de Bourbonne­les­ Bains (Haute­Marne), où la communauté est sédentarisée. « Près de cent personnes appartenant à une même famille se sont rassemblées dans la soirée de mardi sur la place centrale de Bourbonne­les­Bains pour y brûler des pneus, du mobilier urbain et des arbres », a expliqué André Noirot le maire de la commune. Quelque 40 gendarmes ont été appelés en renfort pour tenter de contenir la manifestation. « La situation est très tendue, ils attendent que le procureur général revienne sur cette décision », a ajouté le maire. La direction de la maison d’arrêt a indiqué qu’elle n’avait pas le pouvoir de revenir sur cette décision, qui appartient au parquet

général de Nancy. Ce dernier n’a pu être joint par l’AFP. Selon les manifestants, le jeune tzigane a été condamné à la prison pour vol.

Alsace ECS (Schindler) délocalise Strasbourg. Le fabricant d’ascenseurs Elevator Car System (ECS), filiale du groupe Schindler, va délocaliser l’activité industrielle de son site d’Illzach­Mulhouse (Haut­ Rhin) vers l’Europe de l’Est et supprimer 96 des 123 emplois « pour sauvegarder sa compétitivité », a­t­il annoncé hier. La direction d’ECS a présenté mardi lors d’un comité d’entreprise un projet prévoyant la cessation de l’activité industrielle d’ici à juillet 2013 et « la création d’une nouvelle usine qui

terne, de fonction ou entre sites, certaines centrales voudraient ainsi une recon­ naissance en terme d’évolu­ tion de carrière. La CFDT, qui dénonce comme d’autres le manque de préci­ sions de la direction, exige de connaître la liste des pos­ tes disponibles pour le redé­ ploiement des salariés sur les postes sensibles, le plan de formation précis pour le redéploiement de ces sala­ riés et que la prime de mobi­ lité soit versée en une seule fois. « En complément de la mo­ bilité interne, des mesures d’aides à la mobilité externe, basées sur le double volon­ tariat salarié­entreprise, sont également prévues (aide au projet profession­ nel externe, aide à la créa­ tion d’entreprise, départ vo­ lontaire en retraite à taux plein », a précisé hier la di­ rection. Les espaces « Mobi­ lité et Développement pro­ fessionnels » (EMDP) sont reconduits à Sochaux. À no­ ter qu’un nouvel EMDP est installé à Belchamp. Sophie DOUGNAC

permettrait de réduire les coûts de production ». Par ailleurs, une plate­forme logistique sera créée à Illzach, opérationnelle au troisième trimestre 2013. « Ce projet devrait entraîner la suppression nette de 96 postes sur les 123 actuels », a indiqué ECS, les 27 postes sauvés étant transférés sur la plate­forme logistique. La nouvelle usine pourrait être créée sur un site déjà existant en Europe de l’Est, a précisé une source proche du dossier. L’annonce a été « une demi­surprise pour les salariés car Schindler n’investit plus sur le site depuis trois ans » alors qu’Illzach était « en concurrence avec le site de Slovaquie où une nouvelle usine a été montée », a commenté le secrétaire du CE, Florent Dietsch.


L’ E S T R É P U B L I C A I N | J E U D I 1 9 J A N V I E R 2 0 1 2

REGION Aujourd’hui

En vue

B

ruines et pluies verglaçantes annoncées pour la nuit dernière sont susceptibles de rendre les routes glissantes jusqu’en milieu de matinée. Prudence !

Etouvans De nouvelles investigations

Des militaires sondent les lieux de crime

Un Bisontin lauréat ex aequo du prix de l’ingénieur créateur 2011

recueillement.

Montbéliard.Après un impres­ sionnant barrage routier mar­ di soir à Dampierre­sur­le­ Doubs (notre édition d’hier), des investigations d’envergu­ re ont été menées hier à Étou­ vans. Leur but ? Faire avancer l’enquête sur l’assassinat de Maxime Roussel. En début d’après­midi, une vingtaine de militaires du 19e régiment de génie basé à Be­ sançon se sont rendus sur le lieu où le corps de l’adolescent a été découvert, un chemin fo­ restier situé sur les hauteurs du village. Un car et un four­ gon de déminage qui n’ont pas échappé aux regards des ha­ bitants. Pendant plus de deux heures, le secteur a été passé au crible. Tous les bosquets ont été sondés, le terrain ob­ servé avec minutie. « Ce sont des spécialistes en déminage, équipés de matériel ultra­so­ phistiqué pour la détection d’objets métalliques », rensei­ gne le capitaine Guériaud, responsable de la communi­ cation de la gendarmerie. Ain­ si, l’arme blanche utilisée pour commettre le crime se­ rait toujours recherchée. « Tout comme d’autres indi­ ces », ajoute l’officier. Si aucune recherche n’est prévue aujourd’hui, les mili­ taires pourraient reprendre leurs investigations au cours de la semaine, toujours dans ces bois d’Étouvans qui con­

Photo Jean­Luc GILLMÉ

servent leur mystère. Appa­ remment, les fouilles, hier, sont restées vaines…

Quelques éléments recueillis

L’important déploiement de gendarmes sur la départe­ mentale 126 mis en place la veille, n’a guère donné plus de résultats. À moins que... En tout, près de 200 automobilis­ tes ont été abordés (entre 19 h et 20 h) et questionnés dans le cadre de l’appel à témoin. Et certains auraient dit des cho­ ses intéressantes. « Nous avons recueilli quelques élé­ ments. Il nous reste mainte­ nant à les recouper. » L’appel à témoins lancé à la population (numéro vert 0.800.004.843) reste actif. Depuis sa mise en place, une quinzaine de per­ sonnes ont contacté les en­ quêteurs : « Il y a eu deux ou trois appels malveillants mais aussi des informations que nous allons également creu­ ser », précise l’officier, sans plus de détails. Dans le même temps, un ha­ bitant a formulé l’idée de ren­ dre hommage à Maxime en apposant une plaque commé­ morative à son nom dans le village d’Étouvans. Il en a émis l’idée au maire via une péti­ tion, circulant sur Internet, et qui aurait déjà recueilli plus de 70 signataires. AudeLAMBERT

Faits divers Coincé sous une rampe

Accident forestier mortel à Giromagny

Salon du mariage et de la vie à 2 au Parc Expo de Belfort­Andelnans

Marc Bouvrot­Paratte a reçu le Prix Norbert Ségard. Une création de sa société Crystal Device Technology intégrera la nouvelle génération de smartphones.

Les 21 et 22 janvier, avec défilés de prestige, grand show mode...

S’habiller de saphir Aumilieudugothadela hautecouture,quiluitourna naguèreledos,WorldTricot Cie (Lure)appuiesa renaissancesurunerobe exceptionnelleprésentée demainenSavoie.

K Le lieu de la découverte du corps est devenu un espace de

A suivre

I

l y a tout juste une semaine, au tribunal de grande instance de Vesoul, avait lieu la vente aux enchères des bâtiments de World Tricot. Le coup de grâce porté à l’entreprise de Lure (Haute­ Saône), spécialisée dans la maille haut de gamme et mise en liquida­ tion judiciaire en juillet 2010. Un bâtiment occupé peu après cet­ te liquidation par la nouvelle société World Tricot C ie, « sans titre ni droit », jusqu’à son expulsion le 13 décembre 2011. Si d’aucuns croyaient le dernier chapitre de cette épopée écrit, ils se trompaient. Sur les marches du palais de justi­ ce de Vesoul, Carmen Colle avait confié : « L’histoire de la maille n’est pas finie. Mon âme, mon esprit de création, m’appartiennent. » Elle va en faire la démonstration ce vendre­ di, en Savoie. Plus précisément à Saint­Hélène­du­Lac, où auront lieu le lancement de la « Saphir Val­ ley » et l’inauguration de la platefor­ me technologique Cristal Innov. Une belle occasion de présenter la cris­

Mobilité

tallogenèse, dans un mariage de fer­ tilisation croisée entre la haute cou­ ture et la haute technologie. Carmen Colle y présentera une robe en saphir réalisée par World Tricot Cie à la demande de Cristal Innov. « Depuis quelque temps, je cherchais à marier la maille et la pâte de verre », confie Carmen Colle. « Travailler les saphirs de synthèse, j’ai tout de suite eu le coup de cœur. La seule difficulté a été de les percer pour les travailler sur la robe. »

Conçu et fabriqué en France « Les cristaux de synthèse ­ notam­ ment le saphir ­ ont d’abord été dé­ veloppés pour la joaillerie et l’horlo­ gerie. Nous voulions aller plus loin dans la démarche et montrer de nouvelles applications technologi­ ques innovantes à base de mono­ cristal », explique Patricia Jeandel, directrice de Cristal Innov. Ajoutant : « L’ensemble de ces pièces a été entièrement conçu et fabriqué en France. Des saphirs qui, une fois polis, ne peuvent plus se rayer. On peut également les percer. Ou les graver. Ce dernier procédé a été dé­ veloppé et breveté par Anano. » De plus, le saphir synthétique « est un support les plus performants au monde », observe Patricia Jeandel. « Plusieurs créateurs haute couture avaient déjà songé à travailler les saphirs de synthèse, mais c’est très cher. » Pour World Tricot Cie, la création est toujours au goût du jour. Après

K Au Parc d’activités Alpespace, à Saint­Hélène­du­Lac, Julie Brisson, Miss Haute­ Saône, portera la robe en saphir.

« le séisme de ces dernières semai­ nes », Carmen Colle a bien l’inten­ tion de rebondir. « Ce jeudi, je visite des locaux à Lure, on a eu des propo­

Besançon. L’Insee vient de rendre un rapport sur les Francs­Comtois et leur mo­ bilité. Autrement dit, est­ce que les personnes nées dans notre région sont plus mobi­ les que les autres ? Ont­elles tendance à quitter le doux cocon d’origine pour tenter l’aventure dans d’autres ré­ gions de France ? De ce point de vue, ce rap­ port confirme des tendances connues. Aujourd’hui, sept Francs­Comtois de naissan­ ce sur dix habitent… en Franche­Comté et donc trois dans une autre région de France. L’étude, en effet, ne prend pas en compte les ré­ sidents à l’étranger.

express

Belfort. Un dramatique acci­ dent s’est déroulé hier dans la forêt de Giromagny, dans le Pays sous­vosgien (90). Tôt le matin, Antoine Iltis, 45 ans, quitte Sewen, dans le Haut­Rhin, où il habite et où se trouve le siège de l’entre­ prise familiale du même nom. Après le cimetière de Giromagny, il roule en direc­ tion d’Auxelles­Bas. Quel­ ques centaines de mètres plus loin, au niveau d’un parking aménagé en bordu­ re de route, il s’engage dans un chemin forestier empier­ ré. Un kilomètre plus loin, il stationne son poids lourd. Le camion tracte un impres­ sionnant tracteur forestier, qui permet de débarder des troncs d’arbres. L’engin est transporté sur un porte­ char. C’est en voulant bais­ ser la lourde rampe d’accès métallique de la remorque,

Photo Xavier GORAU

pour faire descendre le trac­ teur, que l’accident s’est pro­ duit. La rampe d’accès est retombée sur le forestier, qui s’est retrouvé pris au piège. L’homme, qui travaillait seul en forêt, n’a pas pu don­ ner l’alerte. C’est un agent de l’ONF qui, passant sur ce chemin, l’a trouvé agoni­ sant, plusieurs heures après le drame. À 11 h 45, les pompiers et le SAMU ont enfin pu être prévenus. La victime a été dégagée, mais elle n’a pas survécu à la gravité de ses blessures. L’enquête a été confiée à la gendarmerie de Giromagny, qui tentera de déterminer les circonstances de l’acci­ dent, en précisant notam­ ment s’il résulte d’un dys­ fonctionnement technique. L’inspection du travail s’est également rendue sur place. Isabelle PETITLAURENT

Chantal LAVOINE

Ces Francs­Comtois qui bougent

La moyenne exacte est de 72 % résidant dans leur Franche­Comté d’origine, contre 74 % pour la moyenne nationale. « Et s’ils changent de région, généralement, ils ne vont pas très loin», expli­ que Gaëlle Dabet, qui a ef­

(à droite) a bloqué la victime, seule sur place.

sitions d’industriels textiles pour nous prêter des machines à trico­ ter… » L’espoir renaît.

La grande majorité ne quitte pas sa région d’origine

plus tendance à bouger, sou­ vent, bien logiquement vers l’Alsace.C’est au moment des études post­Bac que se fait l’essentiel de la grande migration. Les premières générations actives 25­29 ans et 30­35 ans sont les moins présentes. Respecti­ vement, 65 % et 63 % vivent toujours en Franche­Comté.

Les cadres les plus mobiles

72 % restent en Franche­Comté

K C’est en voulant décharger l’engin forestier que la rampe d’accès

Photo DR

Routier polonais ivre sur l’A 36 Besançon. Ce sont des

automobilistes qui, voyant le 38 tonnes zigzaguer sur l’A 36, ont préféré alerter les gendarmes, hier, vers 16 h. Le conducteur du poids lourd, qui transportait du vin, faisait route vers la Pologne, dont il est originaire, en provenance de l’Isère. Rapidement rattrapé et interpellé, l’homme, qui était quasiment endormi sur son volant, avait une très mauvaise raison de se sentir fatigué. Son taux d’alcoolémie atteignait 2,60 g. Le routier ivre s’est vu retenir son permis sur le champ, et a été placé en cellule de dégrisement. Il sera statué sur son sort lorsqu’il aura cuvé, et devra expliquer aux militaires pourquoi il a pris la route dans cet état lamentable.

K S’ils changent de région, les Francs­Comtois ne vont pas très loin, comme en Bourgogne.

fectué cette étude pour l’Insee. « Leur implantation s’oriente d’abord vers la Bourgogne, l’Alsace et la ré­

Photo DR

gion Rhône­Alpes. » C’est le Doubs qui garde le plus ses habitants, alors que ceux du Territoire de Belfort ont le

Bien logiquement, là aussi, ce sont les cadres les plus mobiles et donc les moins fidèles à leur région d’origi­ ne. Seuls quatre cadres sur dix nés dans la région exer­ cent ici. Un phénomène qui se constate aussi en sens in­ verse, la moitié des cadres exerçant en Franche­Comté n’est pas originaire de la ré­ gion. Mais, phénomène cette fois particulier, un tiers des travailleurs venus s’installer en Franche­Comté sont des ouvriers. L’attrait du Nord­ Franche­Comté est encore réel. Philippe SAUTER

Francs­Comtois de Marseille E Elle s’appelle « Union Ami­ cale des Francs­Comtois et Belfortains ». C’est l’une des plus anciennes associations de Marseille, fondée le 22 dé­ cembre 1901. Les Francs­Com­ tois de Marseille, comme ceux de Paris, ont leur association. « Nous sommes une bonne soixantaine, nous fûmes cent vingt il y a une quinzaine d’années mais nos adhérents vieillissent », raconte le prési­ dent Serge Pautot, originaire de Besançon. « L’heure de gloire de l’association fut 1938. À cette époque, l’évê­ que, le préfet et le recteur de Marseille étaient tous francs­ comtois. On disait alors que nous avions annexé Mar­ seille ! » Aujourd’hui, ils res­ tent assez nombreux pour organiser des conférences sur Pasteur ou Pergaud, ainsi qu’un prochain repas annuel, le dimanche 29 janvier. Au menu : coquilles Saint­Jacques ou loup grillé. Dommage pour la saucisse de Morteau ou la cancoillotte, les Francs­Com­ tois de Marseille se sont adap­ tés à leur région d’adoption. Ph. S.


L’ E S T R É P U B L I C A I N | S A M E D I 2 1 J A N V I E R 2 0 1 2

24 HEURES E Aire Urbaine Belfort

Bethoncourt

Sochaux

Montbéliard

Dix panneaux d’information

Maxime : recherches délocalisées

La magie africaine soulève la Mals

Et une vice­présidente de plus !

La ville a installé dans la cité du Lion dix panneaux qui signalent aux automobilistes de l’inversion de la circulation dans la rue des Tanneurs le 23 janvier et les travaux sur les réseaux souterrains dans les rues Sarrail et Lebleu. Embouteillage garanti.

Hier matin, les militaires du 19e Régiment de génie de Besançon ont effectué des recherches sur le terrain bordant la D 438, entre Montbéliard et Bussurel. Ils tentaient de retrouver l’arme utilisée par l’assassin de Maxime Roussel (lire en Région) Photo Francis REINOSO

Plus de mille spectateurs ont applaudi jeudi soir la comédie musicale sud­africaine, Umoja. Le spectacle, qui conte en chants et danses l’histoire mouvementée de la nation arc­en­ciel, est un hymne à la tolérance. Photo DR

Il va bientôt y avoir autant de vice­présidents que de juges au TGI de Montbéliard. Hier, Fabienne Litlzer a été installée dans ses nouvelles fonctions. En provenance de Mulhouse, elle remplace Laurence Rouillon partie à Colmar en septembre 2010. Ph. JLG

Urbanisme

Faits divers

Du haut débit partout

Pays de Montbéliard.­ Après une relative période d’accal­ mie, la vague de cambriola­ ges vient de reprendre. La plus fracassante illustration a pour cadre le cabinet médical Busson, situé rue de la Gare à Saint­Hippolyte. Dans la nuit de jeudi à vendredi, il a fait l’objet d’une effraction. Le ou les auteurs sont repartis avec « quelques milliers d’euros » rapporte une source proche de l’enquête, mais aussi une valise contenant du matériel médical et surtout un ordon­ nancier. Un appel à la vigi­ lance est ainsi lancé à l’adres­ se des pharmaciens du secteur qui pourraient se voir présenter des ordonnances au nom du praticien pour la délivrance de drogues. Rue du Montalenvert à Maîche,

99%delapopulationdel’Aire urbainecouverteavant10mois. Malgrélespéripéties,leTerritoire conserveunelongueurd’avance.

F

ini l’internet qui patine ! Dans « huit à dix mois », 99 % des habi­ tants, administrations et entre­ prises de l’Aire urbaine seront reliés à du haut débit, variable selon l’endroit et la technologie em­ ployée. Aujourd’hui, c’est 94 %. Cette dif­ férence de 5 points entre l’objectif initial et l’objectif atteint a bien failli envoyer tout le monde au tribunal. Le SMAU (Syndicat mixte de l’Aire urbaine, à l’ini­ tiative dès 2008 d’une boucle locale à haut débit) et la société « Alliance connectic » (choisie par le SMAU pour construire et exploiter le réseau sous délégation de service public) viennent de rétablir leurs relations diplomatiques. Président du SMAU à l’époque où ça chauffait, Pierre Moscovici se rappelle d’« une situation tendue » mais d’« un dialogue jamais rompu » ; Max Roche, directeur général adjoint d’Eiffage, responsable des con­ cessions, d’« échanges virils ». La fâcherie était née de l’incapacité d’« Alliance connectic » de fournir du haut débit aux zones blanches restantes. De plus, « la réaction d’opérateurs privés rendait compliqué l’équilibre économi­ que du réseau ». Si l’on suit bien Pierre Moscovici, qui reconnaît « des responsa­ bilités partagées », les deux parties ont accepté de faire la moitié du chemin. Au nom du qu’en dira­t­on pour les entrepri­ ses au capital d’« Alliance connectic » ; au risque d’être qualifié de moulin à vent pour le SMAU, dont la boucle à haut débit n’est autre que « le premier projet opéra­ tionnel ». Un avenant a été signé hier par les deux entités. Il porte sur la création de 40 nou­ velles antennes WifiMax. Ces stations de base (Evette­Salbert, Châlonvillars, Ma­ thay…) s’ajouteront aux 32 antennes acti­ ves. Et diffuseront du haut débit à 18

K La signature de l’avenant prévoit 32 nouvelles stations WifiMax.

mégabits par seconde (Mbps) jusqu’à 6 km à la ronde ! Les personnes qui, dans ces zones, rament avec leur PC peuvent consulter l’offre d’Ozone, fournisseur d’accès à Internet unique en WifiMax. Le reste de la couverture, lui, repose sur deux autres technologies : la très connue DSL (en ville) et la fibre optique. Quelque 300 km ont été enfouis. Sa puissance de feu de 100 Mbps serpente aujourd’hui sous 54 zones d’activités de l’Aire urbaine et relie PSA et Faurecia au reste du (nou­ veau) monde. Le SMAU avait tôt fait de cette infrastructure à 18 millions d’euros un outil de séduction des investisseurs et un préalable au maintien des autres so­ ciétés. Forte de la boucle locale à haut débit,

de 17 ans, natif de Pologne, qui se présentait dans des maisons muni d’une fausse carte de sourd et muet. Il pro­ posait des jouets en bois à la vente. Ce qui constitue un dé­ marchage à domicile illégal. D’où l’interpellation. Les militaires ont ensuite remis le mineur à un foyer d’accueil de Montbéliard. Semblable manège avait été signalé sur Morteau, il y a de cela quelques jours, là où des vols avec effraction ont été enregistrés. Il semblerait que la manœuvre ait pour but de repérer les habitations. Iden­ tifier celles qui sont habitées en journée et celles qui ne le sont pas et, accessoirement, répertorier les objets de va­ leur convoités. Sam BONJEAN

Photo Jean­Luc GILLMÉ

l’Aire urbaine a pris de l’avance sur nom­ bre de départements, foi d’Yves Acker­ mann, président du conseil général du Territoire. Alors oui, un jour, il y aura peut­être assez d’argent pour tirer la fibre optique jusqu’au domicile de tous les par­ ticuliers. Pas demain la veille, à croire Pierre Moscovici, qui estime que le ré­ seau présent a « une forte durée de vie devant lui ». Détail pratique : le SMAU via « Alliance connetic » n’a rien à vendre à personne. Ils n‘est qu’opérateur des opérateurs. Al­ satis, Completel, Trinaps… Il en existe plusieurs, inconnus des particuliers, qui tiennent leurs tarifs à disposition des pro­ fessionnels. DamienBESSOT

Danjoutin.­ Une patrouille de la brigade canine a interpel­ lé, vers 2 h 45 du matin hier, deux hommes de 20 et 23 ans résidant respectivement à Lachapelle­sous­Rouge­ mont et Vauthiermont. Ils ont été surpris à taguer les sigles « 517 » et « Kids » sur des murs de la rue de l’Egali­ té à Danjoutin. Ces motifs déjà connus ont

recouvert bon nombre de murs et ouvrages d’art de l’agglomération belfortaine. S’il est encore difficile d’im­ puter aux suspects l’ensem­ ble de ces dégradations, ils ont néanmoins reconnu, dans leurs auditions, avoir griffonné, notamment, sur un pont enjambant l’auto­ route A 36, un transforma­ teur d’Andelnans et sur les

jambes du pont du TGV à Trévenans. Or beaucoup de ces symboles sont énormes. Ils jurent dans le paysage ou d é g r a d e n t d e s f a ç a d e s. Aujourd’hui les enquêteurs du commissariat de police de Belfort aimeraient recen­ ser et identifier toutes les victimes de ces tags. Les victimes peuvent se faire connaître au 03.84.58.50.71.

Droit dans le camion

Justice

Visite de Mélenchon : avec ou sans ailettes ? chon puisse visiter l’entrepri­ se. Ce n’est pas facile, il ne partage pas les idées du Me­ def. On est en bataille pour faire pression » ajoute le syn­ dicaliste, qui ne peut pas com­ prendre qu’a contrario Fran­ çois Hollande « ait pu visiter librement l’usine Alstom du Creusot. Il a même eu l’autori­ sation de prendre la parole au sein de l’usine » détaille­t­il. La pression portera­t­elle ? Pas acquis. Alors même que les salariés des Ailettes sont très demandeurs pour cette rencontre. « Les salariés des Ailettes ont prévu d’aller à sa rencontre et de l’interpeller » prévient Jacques Rambur. Sous­entendu : quoi qu’il arri­ ve. Autre preuve de l’intérêt de cette visite de Mélenchon ? Le repas de midi prévu avec le candidat, au restaurant d’en­ treprise du Techn’hom affiche déjà complet. Le Front de gauche local at­ tend aussi beaucoup de sala­ riés pour le débat prévu à 13 h sur « la réindsutrialisation du Territoire de Belfort ». Juste avant la visite d’Alstom. Autre frémissement ressenti à Belfort, les demandes enre­ gistrées pour suivre le mee­ ting programmé le même soir à Besançon. Déjà deux bus prévus au départ de Belfort. « Mais il reste encore des pla­ ces » nuance Bertrand Che­ vallier. OlivierBOURAS

W

durant la même nuit, c’est l’institut de beauté qui a été visé. Une tentative infruc­ tueuse (du point de vue des auteurs) qui n’est pas allée plus loin qu’une poignée de porte forcée. Pas plus de suc­ cès à Étupes, rue de Taille­ court jeudi entre 15 h 50 et 19 h 15. Le déclenchement de l’alarme dont est dotée l’ha­ bitation semble avoir conduit le ou les intrus à mettre, fissa, les voiles. Ces faits, qui s’ajoutent à ceux de ces der­ niers jours sont­ils liés avec le démarchage sauvage de faux… sourds et muets ? La question taraude les enquê­ teurs. Jeudi en fin d’après­ midi, du côté de Saint­Hip­ polyte, les gendarmes ont ainsi interpellé un adolescent

Jeunes tagueurs interpellés

Politique

Belfort.­ « Il veut du contact, il va être servi » promet Jacques Rambur, syndicaliste à l’Als­ tom. « Cela va être d’une autre teneur que pour la visite de Mme Royal ou de M. Monte­ bourg. Il faut que ces candi­ dats­là entendent la voix du peuple » ajoute­t­il. Le « il » en question, c’est Jean­Luc Mélenchon. Qui est attendu en Franche­Comté, le 24 janvier. Le matin, le candidat du Front de gauche à la présiden­ tielle, sera à Mandeure à la rencontre des salariés de Peu­ geot Cycles. Avec Pierre Lau­ rent, le secrétaire du PCF. La journée comtoise de Jean­Luc Mélenchon est pla­ cée sous le signe de l’industrie et de la réindustrialisation, précise Bertrand Chevalier, élu PCF à Belfort, et soutien du candidat Mélenchon. Nor­ mal donc qu’il passe aussi par Alstom dans ce grand bassin industriel qu’est le Nord com­ tois. Mais si le principe d’une vi­ site de l’entreprise de Belfort est acquis, c’est l’itinéraire du candidat dans l’usine qui sem­ ble être encore en débat. Le souhait de Jacques Ram­ bur et des salariés des Ailettes, c’est que Mélenchon puisse visiter l’atelier promis à la dé­ localisation de ses fabrica­ tions. Et ne soit pas limité à la visite des ateliers de rotors. Ca coince pour l’instant. « J’ai in­ sisté plus que lourdement pour que Jean­Luc Mélen­

Cambriolages en série et faux démarcheurs

Inscriptions pour les bus au 03.84.21.34.66.

Un « record absolu » IL N’EST PAS EXAGÉRÉ de dire que les affaires de con­ duite sous l’emprise de l’al­ cool sont monnaie courante au tribunal correctionnel de Belfort. Presque la routine, avec les faits de violences et de dégradations. Hier pourtant, ces débats routiniers ont été quelque peu troublés par la perfor­ mance de l’un des prévenus à l’audience, une perfor­ mance qualifiée par le pro­ cureur, Alexandre Chevrier de « record absolu ». Jugeons du peu. Le 9 no­ vembre 2011, à 19 h, les poli­ ciers sont appelés sur les lieux d’un accident survenu rue de la Croix­du­Tilleul. L’instigateur de l’événement les attendait sur le trottoir près de sa 306 endommagée à l’avant­gauche et des trois autres véhicules en station­ nement qu’il avait tapés. Le choc avait dû être parti­ culièrement violent pour que l’une des voitures ait perdu sa roue arrière gau­ che arrachée à son essieu et projetée plus loin sur la chaussée. Soumis au contrôle de l’éthylomètre (qui ne devait être qu’une formalité tant le jeune Belfortain embaumait l’alcool), le contrevenant sortait l’appareil de sa pério­ de de rodage : 2,72 g/l de sang. « Un record jamais at­ teint dans ce tribunal » a fait

remarquer le procureur. Un record complété par une parfaite maîtrise du strike… Placé en cellule de dégrise­ ment, l’homme était enten­ du le lendemain. Difficile pour lui de nier les faits. Même s’il ne se souvenait même plus de s’être endor­ mi en soufflant dans le bi­ niou. Présenté hier au tribunal, il se souvient malgré tout d’avoir partagé une bouteille de whisky et des bières avec un ami. « Ensuite, je ne me suis plus souvenu de rien » a­t­il confessé. « Je me suis réveillé en cellule de dégri­ sement ». « Mais, vous n’étiez pas conscient de ne pas être en état de conduire ? » lui de­ mande le président André Chenet. « Justement, j’avais dépassé le degré de cons­ cience », lui répond, contrit, le jeune homme. Qui suit de­ puis un traitement au Relais pour ses problèmes d’alcool. « Ca m’a donné une leçon ». Le tribunal a répondu aux réquisitions du procureur en condamnant le Belfortain à deux mois de prison avec sursis pendant cinq ans, à une suspension d’un an de son permis de conduire et à payer 200 euros de domma­ ges et intérêts à la proprié­ taire de la voiture endom­ magée. Elisabeth BECKER

Exincourt.­ Tout commence par un appel à la police, hier peu avant 8 h. Une Renault Mégane verte a été aperçue rue Louis­Aragon, à Audin­ court, roulant à tombeau ouvert. Des témoins signalent que le véhicule vient d’em­ boutir une porte de garage à hauteur du numéro 23. Dans sa fuite en avant, le conducteur a également ac­ croché une Fiat Bravo, arra­ chant son rétroviseur. À peine les policiers arrivent­ils sur

place qu’ils sont avisés d’un accident à quelques hectomè­ tres de là, rue des Mines à Exincourt. Une collision entre un camion benne et… la fa­ meuse Renault Mégane verte. Les pompiers vont rester de longues minutes sur place pour extirper le conducteur de la berline, prisonnier de l’amas d’un habitacle défor­ mé. Le chauffeur du camion, un Audincourtois de 39 ans, s’en est sorti indemne. Au volant

Disparition inquiétante EMMA A ÉTÉ inscrite sur le fichier national des person­ nes recherchées. Un numéro vert est diffusé pour permet­ tre à toute personne qui apercevrait ou qui connaî­ trait la localisation de l’ado­ lescente de 14 ans de le si­ gnaler sept jours sur sept. La gendarmerie a en effet décidé d’étendre les recher­ ches pour retrouver l’élève du collège de Rougemont­le­ Château qui n’est pas retour­ née à son domicile depuis le 4 janvier. Au début, sa famille a promis de ne pas se fâcher si elle rentrait rapidement. Avant de partir, elle a juste laissé une lettre où elle expli­ que vouloir changer de vie. L’absence de nouvelles la concernant a plongé dans l’angoisse ses proches qui se demandent aujourd’hui ce qu’elle peut faire et où elle se trouve. Pour tenter de répon­ dre à ces questions et la ra­ mener à ses parents, la gen­ darmerie qui travaille sur cette affaire d’arrache­pied, a diffusé sur l’ensemble de la France le signalement de

K Emma

Photo DR

l’adolescente. Mesurant 1,60 m, les cheveux noirs, les yeux verts et de corpulence moyenne, elle portait, le jour de sa disparition, un blouson noir avec col fourré, un jean bleu foncé, une écharpe noi­ re, un sac à dos rouge­rose et un sac à main noir et blanc. Le numéro ver t est le 0800.00.16.97.

de la Mégane, le Belfortain de 35 ans se plaignait de douleurs au thorax et à la jambe. Il a été évacué vers l’hôpital où il se trouvait toujours en observa­ tion, hier soir. Selon un pre­ mier diagnostic, il souffrirait d’une fracture de la cheville droite. Des analyses toxicolo­ giques sont en cours afin de déterminer si le conducteur de la voiture était, ou non, sous l’emprise de l’alcool et/ou de stupéfiants. S.B.

Faits et méfaits Bip­bip, retour en garde à vue ! Montbéliard.­ Ces deux jeunes avaient été placés en garde à vue lundi, suite à un vol dans une voiture, dans le quartier de la Citadelle, à Montbéliard. Lors de la fouille, au milieu des effets des suspects, les policiers avaient remarqué un étrange « bip­bip ». Un boîtier électronique servant manifestement à ouvrir une porte. Les deux lascars étaient à peine sortis du commissariat qu’une dame domiciliée rue de la Seigneurie­du­ Chatelot est venue déposer plainte. Elle a notamment évoqué la disparition d’un boîtier correspondant à celui observé par les enquêteurs. D’où un retour express en garde à vue du Montbéliardais de 22 ans et de l’Audincourtois de 20. Ils ont nié les faits et ont fini par recouvrer leur liberté, hier. Ils sont convoqués le 12 mars prochain à 13 h 30, devant le tribunal de Montbéliard.


L’ E S T R É P U B L I C A I N | S A M E D I 2 1 J A N V I E R 2 0 1 2

REGION Aujourd’hui

En vue

E

lection de Miss Ronde à Paris où la Franche­Comté sera représentée par la Haut­Saônoise Priscillia Warszewski, 19 ans.

Maxime Reprise des recherches, hier, entre Bethoncourt et Bussurel

Les militaires toujours sur le terrain

La fête des vieux skis à Entre­les­Fourgs (Doubs)

Montbéliard. Dans le cadre de l’enquête après l’assassinat de Maxime, les recherches s’intensifient et se délocali­ sent. Mercredi après­midi, les militaires du 19e régiment de génie de Besançon avaient sondé un périmètre impor­ tant autour de la scène de crime à Étouvans (notre édi­ tion du 19 janvier). « Nous sommes à la recherche de tout objet métallique (NDLR : pour ne pas dire l’arme) et d’autres indices », indiquait, laconique, le capitaine Gue­ riaud, responsable de la com­ munication au sein de la gen­ darmerie. Hier, les recherches ont re­ pris mais dans un tout autre secteur. Cette fois­ci, les mê­ mes militaires, en treillis, bonnet sur la tête, ont arpen­ té les terrains en friche bor­ dant la départementale route d’Héricourt, à Bethoncourt. Munis d’appareils de détec­ tion sophistiqués, ils ont avancé doucement, scrutant la surface, jusqu’à la commu­ ne de Bussurel : « Ces appa­ reils sont capables de détec­ ter des objets jusqu’à 30 cm en dessous du sol », précisait l’adjudant Charo, du régi­ ment, qui chapeautait les opérations. Trois heures en­ viron de fouilles qui

Environnement

Photo Francis REINOSO

n’auraient toujours pas per­ mis de mettre la main sur l’arme. Mais les enquêteurs, soumis au secret de l’instruc­ tion, restent muets sur toutes leurs investigations. Au vu de l’étendue des re­ cherches, il semble que les gendarmes retracent le par­ cours qu’a pu emprunter l’as­ sassin de Maxime. Est­ce ce mineur, mis en examen pour assassinat, qui a juste recon­ nu sa présence dans le bois des Charmes au moment de l’atroce mort de l’adoles­ cent ? Serait­il monté à pied jusqu’à ce chemin forestier d’Écot pour redescendre avec la moto de Maxime Roussel ? Convoitait­il, s’il s’agit bien du criminel, seulement l’en­ gin ? En garde à vue, cet ado­ lescent de 17 ans a donné le nom d’un présumé complice, remis en liberté après vérifi­ cation de son emploi du temps : il présentait un alibi en béton le soir des faits, en­ tre 18 heures et 20 heures Devant le juge qui a décidé de son incarcération, le mineur n’a donné aucun autre élé­ ment. Tous ses anciens amis de lycée ont été auditionnés. Il s’agissait, pour les enquê­ teurs, de cerner la personna­ lité de cet apprenti, décrit comme « calme et posé ».

Les bassins de l’Allan­Savoureuse, du Doubs, de la Loue et de l’Ognon sont placés en vigilance jaune. Risques de débordements et pluies jusqu’à dimanche.

« Nous sommes soulagés de les avoir retrouvés »

«L

aissons cette fa­ mille dans la douleur. Le si­ lence s’impo­ se ! », oppose une voisine. A Audeux, comme à Besançon, où résidaient Jeannette Gannard et Pierre Grégoire, la pu­ deur et la retenue des voisins et des habitants accompagnent comme un voile protecteur le deuil des proches des deux victimes doubiennes du Costa Concordia. Hier, au nom des siens restés silen­ cieux jusqu’à présent, Christophe Grégoire a accepté d’accorder une interview exclusive à L’Est Républi­ cain et à France 3 Besançon. Toute la famille, soudée pour faire face à ce drame a voulu éviter au maximum l’exposition médiatique « afin de protéger nos enfants ». Ce vœu a été particulièrement res­ pecté. Le maire d’Audeux, Hugues Binétruy, celui de Besançon, Jean­ Louis Fousseret, ainsi que la préfec­ ture du Doubs se posant en interlo­ cuteurs privilégiés pour toute tentative de communication avec la famille. Celle­ci se trouve en Italie

Assises

où elle s’est rendue pour identifier formellement les corps et accomplir les démarches nécessaires à leur ra­ patriement. En préambule de cet entretien, Christophe Grégoire a souhaité cor­ riger une erreur qui s’est répandue dès le premier jour de la nouvelle de la disparition de Pierre et Jeannette dans l’accident du paquebot et a été publiée : « Ce voyage était initiale­ ment prévu en mai dernier avec ma mère qui est gravement tombée ma­ lade avant de décéder en août. Com­ me il ne s’est pas fait, mon père a proposé à sa sœur de l’accompagner, elle qui n’avait jamais voyagé. » Dans quel état d’esprit vous trouvez­ vous aujourd’hui ? Nous sommes soulagés d’avoir pu identifier les corps de nos parents. Au départ, nous avions des indices pour mon père mais aucun sur ma tante. Depuis hier, c’est le soulage­ ment d’avoir retrouvé nos parents. D’autres familles recherchent enco­ re leurs proches. Nous pensons for­ tement à elles et leur avons fait par­ venir une lettre de soutien. Une rumeur annonçait aujourd’hui que vous alliez vous rendre sur le ba­ teau ? Nous sommes allés hier après­mi­ di sur l’île où nous avons rencontré l’adjoint au maire de Giglio, le res­ ponsable des secours et l’un des di­ recteurs de Costa croisières. Nous avons pu échanger pendant une bonne heure. Savez­vous maintenant ce qui est arri­

K « Ils se trouvaient sur le pont 4 au moment de l’évacuation. A un moment, on ne sait pas pourquoi, ils n’ont pas suivi », a relaté Christophe Grégoire.

vé à vos parents ? Nous avions très rapidement pu joindre un couple qui avait sympa­ thisé avec eux. Ils se trouvaient en­ semble, sur le pont 4 au moment de l’évacuation. À un moment, on ne sait pas pourquoi, ils n’ont pas suivi. C’est au niveau de ce pont 4 que leurs corps ont été retrouvés. Qu’allez­vous faire dorénavant ? Les corps ont été autopsiés ce ma­ tin et nous allons assister à la mise en bière avant de repartir mais nous n’avons encore aucune indication

Photo AFP

sur la date à laquelle les corps nous seront rendus. Quand ce sera le mo­ ment, nous publierons un avis de décès. Êtes­vous en colère contre Costa ? Non. Nous souhaitons avant tout remercier tous ceux qui nous ont accompagnés dans ces moments, la préfecture du Doubs, le maire de Besançon, le consul d’Italie en Fran­ ce et, depuis notre arrivée, les auto­ rités italiennes, l’ambassadeur et France et le consul qui nous ont accueillis à notre arrivée à Rome, et enfin les sauveteurs. Recueilli par Fred JIMENEZ

Le propriétaire du restaurant belfortain Le Châtelain a tué Valérie Demenus « pour ne pas la perdre »

15 ans pour avoir tué son ex­compagne

Aude LAMBERT

Barrage du Refrain

EDF relève le débit Mulhouse. Une nouvelle me­ sure pour protéger le Doubs, c’est en ces termes qu’EDF présente la décision qu’elle vient de mettre en œuvre, en ce début d’année, sur le tronçon « court­circuité en aval du barrage du Refrain », à la frontière franco­suisse. L’exploitant du barrage vient ainsi de relever « le débit réservé » (N.D.L.R. : le débit minimum nécessaire à la vie aquatique) qui passe ainsi de 890 litres à 2.000 litres par seconde. Faut­il voir dans cette me­ sure une réponse aux mor­ talités de poissons consta­ tées, notamment au printemps dernier, dans le Doubs. « Ce n’est pas lié. La mortalité était liée à un pro­ blème épidémique, même si c’est la même rivière et ce sont les mêmes poissons », assure Anne Laszlo, respon­ sable de la communication d’EDF à l’unité de produc­ tion de Mulhouse. Elle ajou­ te que cette action résulte avant tout des bonnes rela­

Alerte aux crues

Les Brûle­loups proposent une animation originale. Dimanche, des matériels anciens (luge et skis en bois) seront mis à disposition des volontaires.

Silencieuxjusqu’àprésent,les prochesdeJeannetteGannard etPierreGrégoire,lesdeux DoubiensvictimesduCosta Concordia,nousontaccordé uneinterviewexclusive,hier.

K Les friches passées à la loupe.

A suivre

tions nouées depuis des an­ nées avec les administra­ tions et les pêcheurs. « On fait des études de longue ha­ leine sur le milieu aquatique du Doubs. On ajuste au mieux pour trouver le meilleur compromis entre la préservation de l’environ­ nement et la production d’énergie renouvelable. On est toujours dans cette re­ cherche du meilleur com­ promis entre deux réalités à préserver. » En relevant ce débit réser­ vé, EDF entend participer à « l’amélioration de l’écosys­ tème du Doubs franco­suis­ se ». Cette amélioration, ajoute EDF, se poursuit par d’autres mesures. « La prin­ cipale est la limitation des variations du débit dans la rivière. » Concrètement : « l’augmentation et la baisse des débits se font plus pro­ gressivement en 2 h 30. Alors qu’il y a une dizaine d’années, la variation totale du débit était obtenue en moins d’une demi­heure ».

L’EGC sur le portail post­bac Lancée par les CCI territoriales du Doubs et de Haute­Saône qui ont décidé de rapprocher leurs programmes, l’Ecole de Gestion et de Commerce Franche­Comté figure, pour la première fois, sur APB (admission post­bac) le portail national de coordination des admissions dans l’enseignement supérieur. Le premier concours, ouvert aux élèves de terminales ou bacheliers des séries générales et technologiques aura lieu le 31 mars 2012. Pour y participer l’inscription via APB est obligatoire avant le 11 mars 2012. L’EGC Franche­Comté permet aux étudiants de préparer un Bachelor (bac+3) sur 3 campus : Besançon, Montbéliard et Vesoul.

W Contact : www.egc­franchecomte.fr ; Chambre de commerce et d’industrie territoriale du Doubs 46, avenue Villarceau 25042 Besançon cedex. Tél. : 33 (0) 3.81.25.26.53 ; www.doubs.cci.fr

Vesoul. La seconde journée de la session d’assises con­ cernant le meurtre commis au restaurant belfortain « Le Châtelain » s’est ouverte hier avec l’audition des ex­ perts qui ont examiné le meurtrier Metin Yucelbak. « Le jour du drame, il espé­ rait encore pouvoir recon­ quérir sa compagne », préci­ se une psychologue. « Il ne pouvait accepter de la parta­ ger avec un autre homme. Au point de passer à l’acte. » La psychologue évoque sa « jalousie à caractère patho­ logique ». En ce qui concerne les en­ fants, un second psychiatre relève que l’aîné de 11 ans « a mis le deuil de sa mère

entre parenthèses » et se trouve dans « une forme d’isolement relationnel ». Malgré son jeune âge, sa sœur de 7 ans a compris la situation. « Mon papa a tué maman. C’est normal qu’il soit en prison. » Les deux enfants « sont en souffran­ ce ». Me Dreyfus­Schmidt, qui défend les intérêts de la mère de la victime, n’épar­ gne pas l’accusé, décrit com­ me « jaloux, possessif, mani­ pulateur et suspicieux ». Il évoque les lettres adres­ sées par la victime, Valérie Demenus, 41 ans, à ses tan­ tes, décrivant son « enfer » et insiste sur l’acharnement du

meurtrier le jour du drame : « Il l’a étranglé avec le bras, les mains, puis une nappe ». Me Véjux, rappelle que les enfants ont « non seulement perdu leur mère mais égale­ ment leur père ». M e Pelletier représente l’association « Solidarité femmes », qui accueille les victimes de violences conju­ gales. « Une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son com­ pagnon. Les auteurs ne sont pas des tyrans, mais mon­ sieur­tout­le­monde. » L’avocate générale, Anaïs Riegert rappelle « qu’un meurtrier encourt la perpé­ tuité lorsque la victime est le concubin. »

« Le crime passionnel n’existe pas. C’est un crime de colère. On ne tue pas par­ ce qu’on aime », ajoute­t­el­ le, avant de requérir 18 ans de réclusion criminelle. L’avocat de la défense, Me Uzan, récuse la constitution de partie civile de « Solida­ rité femmes », estimant que « la victime n’était pas une femme battue ». Selon lui, le jour du drame, son client a voulu tenter une « discussion de dernière mi­ nute pour éviter le rendez­ vous chez le juge aux affai­ res familiales ». « Valérie l’aimait et ne vou­ lait pas le quitter jusqu’à sa décision finale qu’il n’a pas

voulu entendre. » Il s’éver­ tue à défendre, devant les jurés, la thèse du crime pas­ sionnel. « Metin Yucelbak n’a jamais été violent avec sa première femme et la sépa­ ration s’est bien passée. Tout simplement parce qu’il con­ naissait un amour fusionnel avec Valérie », qualifiant le meurtre de « geste de folie dans une relation d’amour ». Il implore l’indulgence des jurés : « La punition pour lui est éternelle, comme pour les parties civiles ». À l’issue de plusieurs heu­ res de délibéré, la cour a rendu son jugement : Metin Yucelbak est condamné à 15 ans de réclusion criminelle. Isabelle PETITLAURENT

OGM La CEDH a rejeté la requête du « faucheur » pontissalien condamné pour avoir refusé un prélèvement d’ADN

La Cour européenne botte en touche Pontarlier. « C’est affligeant ! » L’avocat de François Mandil ne comprend pas. La Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) vient de re­ jeter purement et simplement la requête du faucheur d’OGM pontissalien et de deux autres requérants, condamnés par la France pour avoir refusé de se prêter à des prélèvements d’ADN. La Cour ne retient qu’un seul motif : celui d’avoir rendu publique l’offre faite par le gouvernement d’arrêter les poursuites, contre un chè­ que de 1.500 euros. L’étude de la légalité du fichage généti­ que interprétée au regard de la Convention européenne est donc avortée. En tout cas, pour le moment. En août 2004, plusieurs di­ zaines de faucheurs volontai­ res avaient arraché des plants de maïs génétiquement modi­ fiés dans le Loiret. Des faits pour lesquels François Mandil a été condamné. Cette déci­ sion pénale engendrait l’obli­

gation de se soumettre à un prélevement d’empreintes génétiques, incorporé dans le fichier national. Or, François Mandil a refusé de s’y prêter. Un acte pour lequel la justice française l’a à nouveau con­ damné. C’est pourquoi, com­ me deux autres faucheurs, il a voulu porter l’affaire devant la CEDH. Objectif : faire con­ damner la France et ainsi faire déclarer la législation sur le fichage génétique contraire au principe de respect de la vie privée.

« Etouffé par un micro­détail » Selon le requérant, l’auto­ maticité du fichage, si elle s’entend pour certains délin­ quants ne peut être admise pour d’autres délits, non dissi­ mulés. La CEDH aurait pu également se prononcer sur les garanties de conservation et consultation du fichier. Mais il n’en sera rien. En effet, un communiqué de

presse du greffier de la CEDH est tombé hier, tel un coupe­ ret. Les faucheurs volontaires auraient violé l’obligation de confidentialité des négocia­ tions sur un règlement amia­ ble. La CEDH reproche aux trois requérants d’avoir rendu publique à l’automne, dans nos colonnes ainsi que dans d’autres journaux locaux et nationaux, la proposition qui leur a été faite par l’Etat d’ar­ rêter leurs poursuites euro­ péennes contre un chèque de 1.500 euros. Selon une disposition mé­ connue du règlement de la Cour, les négociations en vue de parvenir à un règlement amiable sont confidentielles. Le fait d’avoir évoqué ces pro­ positions dans la presse cons­ tituerait un « abus de droit » qui aboutirait automatique­ ment au rejet de la requête. « Je ne connaissais pas cet ar­ ticle. Et je ne comprends pas. Pour moi, nous n’étions pas dans une phase de pourpar­

lers ou de discussion. Nous avions rejeté une proposition unilatérale de l’Etat », s’insur­ ge Me Randall Schwerdorffer qui va demander un réexa­ men et des précisions sur ces « abus ». « Nous l’avons vrai­ ment en travers de la gorge car, encore une fois, il y a la volonté de se débarrasser du problème, sans se prononcer sur le fond. Comme devant la Cour de cassation. » François Mandil, forcément très déçu, reste confiant. « Ce combat, on le gagnera car il y a d’autres militants qui sont ac­ tuellement en procès devant les instances françaises et qui poursuivront le combat. Ils ont trouvé un micro­détail pour éviter d’en parler. Mais ce n’était que la première of­ fensive. » Avec le recul, ne peut­on pas penser que les juristes de l’Etat, fins limiers et connais­ seurs des artifices procédu­ raux, se doutaient bien que les faucheurs volontaires ébrui­

K « Ce n’était que la première offensive », assure François Mandil.

teraient une proposition fi­ nancière (dérisoire), qu’ils al­ laient forcément refuser ? Piège ou non, les prochains à demander un formulaire de requête devant la CEDH auront compris qu’il faut être discret. LisaLAGRANGE


L’ E S T R É P U B L I C A I N | S A M E D I 2 8 J A N V I E R 2 0 1 2

REGION Le chiffre

En vue

2,58

% de hausse sur les Autoroutes Paris­Rhin­Rhône à partir du 1er février.

Alerte à la bombe Au lycée professionnel Fernand­Léger,

400 lycéens évacués à Audincourt Audincourt. « Une bombe va sauter au lycée Fernand­Lé­ ger, à Audincourt ! » Le mes­ sage est aussi laconique qu’explicite. Clic ! Le téléphone est déjà rac­ croché. Il est 13 h 15, hier, lorsque l’appel parvient au standard du 17, à Besançon. L’information est répercu­ tée à l’Hôtel de police de Montbéliard. « C’est le genre d’affaire que l’on prend très au sérieux », note le com­ missaire Christophe Char­ les. Branle­bas général. Avec plusieurs de ses hom­ mes, le patron du commissa­ riat file sur place, au 6 de la rue René­Girardot, et ren­ contre Jean­Pierre Koeppel, le proviseur. La décision d’évacuation (ou non) des lieux est de la compétence exclusive du chef d’établis­ sement. Ce dernier ne tergiverse pas un instant et les quelque 400 élèves alors présents en ce début d’après­midi, sur 660 lycéens à l’effectif théo­ rique, sont aussitôt sommés de rejoindre la cour. « C’est la première fois que nous sommes confrontés à

ce type d’alerte », fait valoir le proviseur. Pendant que les élèves patientent, une fouille méticuleuse du bâti­ ment est menée par les ser­ vices de police. Recherches tous azimuts d’un éventuel objet suspect. Après une bonne heure à arpenter coins et recoins, à tout vérifier et contrôler, il apparaît que l’alerte relève probablement du canular. « Peut­être un élève qui voulait être en week­end anticipé ou qui souhaitait rater un cours… », soupçon­ ne le commissaire. Dès lors, le chef d’établis­ sement prend la décision de faire réintégrer les salles de classe. Il est un peu plus de 14 h 15. De leur côté, les spécialistes de l’identité ju­ diciaire ont procédé à des relevés d’empreintes dans la cabine téléphonique, proche du lycée, d’où l’appel a été passé. Seule certitude, la voix perçue par le standardiste du 17 était masculine. Une enquête est en cours afin de tenter d’identifier le cor­ beau. Sam BONJEAN

Faits divers

Étouvans : des fouilles encore et toujours Montbéliard. « Pourquoi ne parle­t­on pas de l’enquê­ te ? », se demandent de nombreux amis de Maxime Roussel et des habitants sur les réseaux sociaux d’Inter­ net. Chacun y va de son commentaire. « Les gendar­ mes n’ont peut­être rien », écrit une jeune femme. « C’est pas comme dans les séries télé, ils ont besoin de temps », note un autre inter­ naute. Un troisième : « Ils doivent rester discrets ». Le crime du jeune adolescent d’Étouvans suscite de nom­ breuses interrogations et des inquiétudes légitimes. « On aimerait bien avoir des

réponses », commente un habitant. Est­ce que les in­ vestigations piétinent, avan­ cent ? Officiellement, il est impossible de le savoir. Le parquet de Montbéliard, tout comme les gendarmes, ne communiquent pas. Une chose est sûre : des recher­ ches, sans doute pour ret­ trouver l’arme, sont toujours en cours. Depuis mercredi, les militaires du 19e Régi­ ment de génie de Besançon sondent à nouveau le bois où a été découvert le corps par­ tiellement calciné de la victi­ me. Hier, ces recherches se sont arrêtées peu avant 13 h…

Photo Francis REINOSO

Justice

Boudebouz paie la note Montbéliard. Hier matin, le milieu de terrain du FC So­ chaux, Ryad Boudebouz, était entendu au tribunal de Montbéliard, dans le cadre d’une comparution sur re­ connaissance préalable de culpabilité. L’affaire remonte au mois de février 2011, rue du Petit Chat Noir dans la Cité des Princes. L’interna­ tional algérien avait été con­ trôlé pour utilisation de son téléphone portable au volant. Il se trouvait qu’il faisait l’objet d’une injonction ad­ ministrative de restitution de son permis, faute de point restant. La démarche de «

Les meilleurs chiens de traîneaux d’Europe aux Fourgs (Doubs)

Vers une AOC pour la crème et le beurre de Bresse

1.200 chiens et 200 mushers seront présents aux championnats d’Europe du 17 au 19 février. L’an dernier, ils ont eu 5.000 visiteurs.

L’Institut national de l’origine et de la qualité a donné son feu vert aux cahiers des charges des 2 produits fabriqués dans le Jura, l’Ain et la Saône­et­Loire.

Mort en garde à vue : un gendarme condamné Uncommandantdebrigadedu Doubsaétécondamnéhierà troismoisavecsursispour homicideinvolontaire. «UnepremièreenFrance»selon l’avocatdelafamilledela victime,MeSchwerdorffer.

L

e tribunal correctionnel de Be­ sançon a condamné à trois mois de prison avec sursis l’un des deux gendarmes poursui­ vis suite au décès d’un septua­ génaire au cours de sa garde à vue, le 22 juin 2010 à la gendarmerie d’Aman­ cey (lire notamment nos éditions des 23 juin et 21 août 2010 ainsi que celles des 6 janvier et 17 décembre 2011). « Pour moi il allait bien, bien sûr ce qui est arrivé est regrettable, mais je n’ai fait que mon travail », avait déclaré ce commandant de brigade lors de son procès, le 16 décembre dernier. S’il a relaxé son adjoint ­ moins im­ pliqué dans la garde à vue ­, le tribunal a en revanche reconnu le commandant de brigade coupable du décès du sep­ tuagénaire. Comme l’a expliqué le président De­ poulon en prononçant son délibéré : « Si la déstabilisation d’une personne en garde à vue peut être légitime, c’est à la condition qu’elle soit utile et motivée et elle ne saurait porter atteinte à l’inté­ grité de la personne ». Le tribunal a ainsi considéré comme « une faute » le fait d’avoir procédé à la fouille à nu du gardé à vue, procédé « attentatoire à la dignité et particulièrement humiliant [ qui] se doit d’être réservé aux person­ nes dont la dangerosité est suspectée ». Seconde faute relevée : le fait de ne pas avoir vérifié que l’état de santé du mis en cause était compatible avec son pla­ cement en garde à vue. Pour autant, le tribunal a prononcé une « non­inscription de la condamna­ tion au bulletin n°2 du casier judiciaire » de sorte qu’il pourra continuer d’être gendarme. Relevant les « excellents états de service » du gendarme con­ damné et considérant qu’il avait sans doute procédé à la fouille à nu « par la force de l’habitude » et « sous la pres­ sion de l’obligation de résultat », les

K Le défunt, Joseph Petithuguenin, était un paisible retraité de Peugeot. Photo DR

K « C’était pas un voyou mon papa », avait notamment lancé au cours du procès le fils de la victime (ici aux côtés de sa sœur).

juges n’ont pas souhaité mettre un ter­ me à sa carrière. Sachant que le gen­ darme condamné ne devrait pas man­ quer de faire appel de la décision qui vient de le frapper.

Le parquet avait classé sans suite Rappelons que si le parquet avait classé l’affaire sans suite en estimant qu’il n’y avait « pas de responsabilité pénale » de la part des gendarmes, un procès s’est tout de même tenu sur citation directe de Me Schwerdorffer, avocat de la famille de la victime. L’occasion de revenir sur les circons­ tances de l’affaire. Convoqué à la gendarmerie d’Aman­ cey dans le cadre d’une enquête con­ cernant des daims prétendument em­ poisonnés, Joseph Petithuguenin, 77 ans, retraité Peugeot domicilié à Éter­ noz dans le Doubs, s’était retrouvé pla­ cé en garde à vue le 22 juin 2010. Per­ quisition de son domicile, fouille à nu, deux interrogatoires… rien ne devait lui être épargné. Les gendarmes qui l’avaient placé en cellule de garde à vue à 12 h 40 devaient retrouver son corps sans vie une heure plus tard à leur retour de déjeuner.

Photo archives ER

Pour l’avocat de la famille, « le trau­ matisme de se voir placé en cellule et mis en cause alors qu’il était innocent et le stress émotionnel aigu qu’a relevé l’expert ont été déterminants dans la mort subite de Joseph Petithuguenin, consécutive à un problème coronarien. » Fustigeant « des fautes, une absence d’information du médecin et une ab­ sence de surveillance », Me Schwer­ dorffer devait demander au tribunal de reconnaître la culpabilité des gendar­ mes en demandant un euro symboli­ que au titre du préjudice moral (euro qui a été accordé dans le jugement au titre des dommages et intérêts).

« Mort innocent » Mis sur le gril au cours des six heures qu’a duré le procès, les deux gendar­ mes mis en cause (le commandant de brigade de l’époque et son adjoint sous­officier, respectivement âgés de 37 et 32 ans) sont restés droit comme un I, regrettant ce qu’il s’était passé mais assumant de bout en bout le fond et la forme de cette garde à vue fatale. Le procureur ayant requis leur re­ laxe, les avocats de la défense, MMe Billaudel et Sahia, avaient insisté sur le professionnalisme de leurs clients. Non sans avoir en préambule salué la

« Sans commentaire » E Invité hier à réagir suite à la décision de justice qui venait de frapper l’un de ses hommes, le colonel Grimaux, com­ mandant le groupement de gendarme­ rie du Doubs, s’est refusé à « commen­ ter une décision de justice. » Il a toutefois rappelé que l’enquête de l’IGGN (inspection générale de la gen­ darmerie nationale) avait conclu, com­ me le parquet, à l’absence de faute dans cette affaire. Suite aux faits, le commandant de brigade condamné hier avait été muté dans le cadre d’une promotion et exerce actuellement dans un service d’enquête du Doubs.

mémoire de Joseph Petithuguenin, « mort innocent ». Ce d’autant plus que l’affaire des daims a été définitivement classée en mai 2011, « la preuve de l’empoisonnement volontaire n’étant pas rapportée » et l’empoisonnement « pouvant provenir du fourrage qui était donné aux animaux ». Une affaire dans laquelle la victime avait été mise en cause pour avoir été vue à proximité du parc à daim. Et pour cause. Grand mar­ cheur, c’est là qu’il avait l’habitude de garer son véhicule pour partir en bala­ de. PierreLAURENT

Assises Le Haut­Saônois Philippe Muzard a été condamné pour meurtre hier

Quinze ans de réclusion

A. L.

K Encore des recherches près du chemin où a été découvert le corps de Maxime.

A suivre

plaider­coupable » du joueur a donc connu son épilogue hier matin. Le Sochalien a écopé d’une amende de 4.000 € pour conduite sans permis et de 100 € pour usage illicite de son téléphone. Joint hier, Ryad Boudebouz a confirmé et assumé les faits. « Je pen­ sais que j’étais encore en possibilité de conduire avec mon papier rose. Sinon, j’aurais trouvé un autre moyen pour me véhiculer », a­t­il confié pour sa défense. Depuis cette interpellation, le footballeur professionnel in­ dique qu’il a repassé et obte­ nu son permis. F. D. et V. T.

Vesoul. Philippe Muzard a­t­il provoqué, sans le vouloir, la mort le 1er février 2009 de son « ami » Daniel Guenot ? S’agit­il d’un manipulateur qui n’a eu de cesse au cours de l’instruction et du procès de travestir la vérité afin de mini­ miser ses actes ? « Meurtre », clame l’avocat général. « Vio­ lences volontaires sans inten­ tion de donner la mort », ré­ torque Marjorie Weiermann, à la défense. Le ministère public reprend l’enchaînement des faits. Im­ placables. Philippe Muzard passe chez Daniel Guenot, à Arc­lès­Gray, « pour prendre un café ». Les deux hommes partent, avant 10 h, en voiture pour « aller visiter un copain éclusier à Essertenne­lès­Ce­ cey », dixit l’accusé. La dispute dans le véhicule. La mort de Daniel Guenot, âgé de 58 ans. « Un seul coup porté, en rou­ lant », assure l’accusé. « Faux », dément l’avocat gé­ néral, « Philippe Muzard a tué la victime. Il a serré la gorge de M. Guenot jusqu’à l’asphyxie.

Grand

est

Lorraine Automobiliste blessé par un policier Thionville. Un policier de Thionville (Moselle) a blessé par balle un automobiliste qui

Le rapport médico­légal ne laisse aucun doute ». Ensui­ te… « Il se constitue un alibi », tonne le ministère public. En passant un coup de téléphone au domicile de Daniel Guenot. L’accusé laisse un message sur le répondeur, dans lequel il in­ vite « celui qu’il vient de tuer », à déjeuner le midi. Des faits reconnus par l’accusé gray­ lois.

« Alibi » Avant ce coup de fil, Philip­ pe Muzard a pris soin de se débarrasser du corps. « Il a pensé son plan », rappelle l’avocat général. Au cours de sa garde à vue, l’accusé révé­ lait qu’une fois la victime dé­ cédée, il avait continué à rou­ ler avant de faire demi­tour pour que le côté passager de l’auto, où était assis Daniel Guenot, se retrouve du côté de la berge de la Saône. « Il a ba­ lancé le corps » qui a dévalé la pente abrupte de la rive, pour finir en partie immergée dans la rivière, poursuit le ministè­ re public. Et le magistrat de

tentait de foncer sur les fonctionnaires dans la nuit de jeudi à vendredi. Vers minuit, une patrouille de policiers a décidé de contrôler un conducteur suspect. Mais l’automobiliste n’a pas obtempéré et les policiers se sont lancés à sa poursuite. Ils sont parvenus à immobiliser le véhicule mais le conducteur a redémarré. L’un des policiers a répliqué en

K Le président Ardier a mené les débats pendant les trois jours écoulés.

Photo Jean­Loup CORNET

suggérer : « Sans doute, s’est­ il dit qu’avec la force du cou­ rant, le corps disparaîtrait ». L’avocat général s’appuie sur les conclusions du psychiatre : « Pas d’altération du discerne­ ment. Il était maître de lui quand il a étranglé la victi­ me ! ». L’amnésie de l’accusé, qui n’a pas souvenir des cir­ constances exactes des évé­ nements ? « Manipulation ! »,

tranche le ministère public, « on a affaire à quelqu’un de rusé. Pendant sa cavale en 2011, il a réussi à déjouer pen­ dant sept mois les forces de l’ordre ! ». L’avocate de la défense parle de son côté « d’une amitié sin­ cère », vieille de trente ans, entre l’accusé et la victime. Le conseil insiste : « Il n’a jamais voulu la mort » de son copain.

ouvrant le feu à cinq reprises, estimant être en état de légitime défense. Blessé au ventre, le conducteur a été hospitalisé à Metz.

projet de grand campus à vocation mondiale, l’une des trois « Initiatives d’excellence Idex » retenues pour le moment par le gouvernement, et qui sera dotée de 750 millions d’euros issus du grand emprunt. Dans les services de recherche qui en bénéficieront, « le financement par chercheur sera quatre fois supérieur

Alsace Campus à vocation mondiale Strasbourg. L’Université de Strasbourg a lancé jeudi son

« Si vraiment, il était manipu­ lateur, il aurait inventé une histoire qui tienne mieux la route », estime Marjorie Weiermann. Et pour faire dis­ paraître le corps, « il l’aurait lesté ». L’avocate interroge : « Quel mobile ? ». Une somme d’environ 1.000€, volée par Philippe Muzard qui a détour­ né la carte bancaire de Daniel Guenot ? « Ridicule », ironise la Doloise, « au pire, avec son casier judiciaire vierge, il ris­ quait de la prison avec sur­ sis ». Non, tempère la jeune femme, « il a porté un coup, ça a entraîné le décès ». Avec l’hypothèse que ce bâton de sucette mâchonné retrouvé au fond de la gorge de la victime lors de l’autopsie a peut­être joué un rôle dans l’histoire… Pas l’avis du médecin légiste. L’avocat général avait de­ mandé 18 ans de prison. Les jurés ont reconnu Philippe Muzard coupable de meurtre et l’ont condamné à 18 ans de réclusion criminelle. IsabelleGÉRARD

dans le périmètre d’excellence qu’en dehors », a précisé l’Université. A titre d’exemple, les fonds du grand emprunt permettront de financer un centre de recherche du médicament dans le domaine du cancer et de l’inflammation, pour 12 millions d’euros, ou encore un centre de recherche sur les systèmes chimiques complexes, pour 15 millions.


L’ E S T R É P U B L I C A I N | M E R C R E D I 1 5 F É V R I E R 2 0 1 2

REGION Aujourd’hui

En vue

U

n artisan de Vezet (Haute­Saône) est rejugé en appel à Dijon, à la suite d’une empoignade mortelle avec un rôdeur surpris dans le jardin de son voisin

Faits divers

Martin Hirsch, président de l’Agence du service civique, en déplacement à Montbéliard et Besançon vendredi

Un cadavre sous la Citadelle

«P Photo Ludovic LAUDE

l’alerte à la brigade de gen­ darmerie de Tarragnoz, tou­ te proche. Les sapeurs­pom­ piers ont engagé le Grimp et la grande échelle pour éva­ cuer la dépouille de l’hom­ me, qui pourrait avoir com­ mis un acte désespéré dans la journée même selon les premières constatations ef­ fectuées. L’alerte, donnée un peu avant 17 h, a entraîné une forte mobilisation des se­ cours ainsi que de sérieuses perturbations à cette entrée de la ville, qui ont duré au­ delà de 18 h. Ce n’est pas la première fois qu’un corps est retrouvé à cet endroit.

Découvert 3 ans après sa mort Strasbourg. Le cadavre d’un homme né en 1931 a été re­ trouvé dans son logement à Strasbourg près de trois an­ nées après son décès, resté inaperçu parce qu’il payait son loyer par virements auto­ matiques, a­t­on appris hier. Les pompiers ont découvert le corps de cet homme dans son appartement samedi, a indiqué le parquet. Une sour­ ce policière a précisé qu’une voisine avait alerté les se­ cours, inquiète d’entendre une radio allumée jour et nuit depuis plusieurs jours. Selon la police, pour qui la mort semble naturelle et da­ terait d’il y a près de trois ans,

ce sont les pigeons entrés dans l’appartement par une fenêtre restée ouverte qui auraient allumé cette radio. Le bailleur social CUS Ha­ bitat n’avait pas remarqué le décès parce que les loyers continuaient à être régulière­ ment versés par virements automatiques et que les compteurs étaient relevés à distance, a indiqué Olivier Bitz, adjoint au maire de Strasbourg en charge du quartier où habitait cet hom­ me. « Nous avons fait un point et manifestement, les services sociaux ont fait leur travail, il n’y a pas eu de fau­ te », a­t­il ajouté.

Prud’hommes Le statut de salarié protégé fait débat à Montbéliard

« Pas facile de trancher sur la question » Montbéliard. Le12 décembre dernier, le conseil prud’ho­ mal n’avait pas réussi à se mettre d’accord et avait lais­ sé le soin à un juge départi­ teur de trancher. Hier, nou­ velle confrontation entre Nicole Bombled, salariée CGT de l’entreprise bo­ roillotte EAK (fermée de­ puis le 23 décembre) et son ex­employeur devant la ju­ ridiction montbéliardaise. « J’ai effectué 90 jours de chômage partiel sans avoir donné personnellement mon accord. C’est beaucoup plus que les autres salariés et délégués de l’entreprise », expliquait la plaignante avant l’audience. Chaque partie a encore fait valoir ses arguments devant le juge Maîtrepierre, très attentif. Me Duffet, défenseur de la plaignante, a rappelé que celle­ci, du fait de son statut de salariée protégée, ne pouvait pas se faire imposer des modifications dans son contrat de travail. « Ce n’est pas une règle qui tombe du ciel mais la loi », a martelé l’avocat, rappelant la juris­ prudence. Il a aussi évoqué six cas similaires chez Trecia (Étupes) en 2009, où les pru­ d’hommes avaient donné raison aux salariés en réfé­ ré : « La partie adverse s’était pourvue en cassation. Mais la cour avait rejeté le pour­ voi. L’arrêt remonte au 19 janvier 2011. » La somme de 3 381 €, correspondant

Le 21 février à Temis Innovation Besançon, pour découvrir l’application des jeux vidéos au quotidien de l’entreprise.

Dans les deux villes, il rencontrera des jeunes en situation de service civique.

ÀÉtouvans,lesparentsde MaximeRousselsonttouchés parlesnombreuxmessages desolidaritéqu’ilsontreçus.

Besançon. Le corps d'un homme d’une trentaine d’années, qui n’était pas en­ tièrement identifié mardi soir, a été découvert par des promeneurs, hier, sur une corniche située en dessous de la Citadelle et juste au­ dessus de l’entrée du tunnel r o u t i e r. L e s j a m b e s d e l’homme dépassaient des fourrés et étaient visibles pour qui, empruntant les es­ caliers menant à la forteres­ se de Vauban, s’arrêtait pour contempler le paysage de­ puis la tour de guet. Les témoins sont alors re­ descendus pour donner

Serious games : un petit­déjeuner interactif

« Je continue à lui parler »

Macabre découverte

K Le Grimp a été mobilisé.

A suivre

lus les jours passent, plus son absence est douloureuse », murmure Isa­ belle Roussel. À Étouvans (Doubs), Maxime, 14 ans, qui aimait la boxe, le bricolage, le vélo, ne franchira plus le seuil de la maison. « Mais je conti­ nue à lui parler, tous les jours. J’ai besoin de me recueillir sur sa tom­ be », continue sa maman. Voilà plus d’un mois que le corps de l’adoles­ cent a été retrouvé sur les hauteurs du village. Sa famille est paralysée par la souffrance, l’atrocité du crime. « Mais nos sentiments, nous les gar­ dons pour nous », souffle Rémi, le papa.

Rumeurs « insupportables » Si ces parents ont souhaité à nou­ veau témoigner dans nos colonnes, c’est pour exprimer leur gratitude. Aux gendarmes de la brigade de re­ cherches de Montbéliard, qui, au plus fort du déferlement médiatique, les ont protégés : « Ils ont tenu les journalistes à distance. Certains nous épiaient avec des jumelles. On a vécu cloîtrés pendant plus d’une semaine. Comme si on avait besoin de ça, en plus… », reprend, d’une voix douce, Isabelle. La famille est très sensible à l’engagement humain et professionnel des enquêteurs : « Je sais qu’ils font tout pour élucider la mort de Maxime et ils prennent régulièrement de nos nouvelles. » Cet hommage s’adresse aussi à toutes les personnes qui leur ont témoigné compassion et solidarité : l’abbé Viennet, « un abbé pas com­ me les autres, qui trouve les mots de réconfort », et les gens émus par le drame. Deux sites Internet ont été créés en mémoire de Maxime. Y fleurissent des milliers de messages

aux montants des jours dé­ duits, ont été demandés. Me Tisserand, intervenant pour l’entreprise, n’a visi­ blement pas la même lecture du droit. Il a opposé plu­ sieurs arguments : « Afin d’éviter toute discrimina­ tion, en situation de chôma­ ge partiel et par souci de so­ lidarité, la société applique le même traitement à tout le personnel. Le statut de délé­ gué syndical ne permet pas d’être payé à 100 %. » Don­ ner raison à la plaignante serait, pour lui, transformer un statut protégé en statut de privilégié. Et de conclure : « J’admets qu’il n’est pas fa­ cile de trancher sur la ques­ tion. » La décision a été mise en délibéré jusqu’au 4 avril. A. L.

« Sa maman pourra l’embrasser au parloir » Les amis de Maxime sont aussi très protecteurs à l’égard de Pauline, 11 ans, la sœur de l’adolescent, qui as­ siste à l’entretien : « Nous ne lui cachons rien. Elle peut être confron­ tée à de fausses informations, sur­ tout sur Internet. Nous préférons lui dire la vérité ou la rétablir quand elle entend certaines choses. » Pauline, privée d’un grand frère qu’elle ado­ rait : « Il était très gentil. J’aimais bien faire du motocross avec lui », souligne timidement la fillette en ouvrant son cahier pour montrer qu’elle continue à bien travailler à

K Maxime, un sportif qui aimait le bricolage, la moto, les joies simples.

l’école. Rien n’apaisera la douleur de cette famille brisée. « Ce qui nous fait tenir, c’est cette petite puce », réaffirme Isabelle en prenant sa fille dans ses bras. Rémi peine à parler. La mamie ne peut pas prononcer un mot… Sur l’enquête en cours, les parents laisseront le soin à leur avocat, Me Simoneau, de communiquer (lire ci­ dessous). Juste un ressenti : « C’est incompréhensible. L’assassin était peut­être jaloux de la moto de Maxi­ me, jaloux de notre famille soudée…

Photo DR

La moindre des choses, c’est qu’il dise la vérité, qu’il assume ses actes. Mais j’ai du mal à penser qu’il était seul », précise Rémi. Isabelle fait part de ses craintes. « J’ai tellement peur que le ou les auteurs soient reconnus irresponsables. Nous, nous n’avons pas pu dire au revoir à notre fils, l’embrasser. On a pris per­ pétuité… Lui (N.D.L.R. : l’adolescent soupçonné du crime et incarcéré), sa maman pourra toujours venir l’em­ brasser au parloir. » Aude LAMBERT

Un premier rendez­vous avec la juge E Début mars, la famille de Maxime rencontrera pour la première

fois la juge d’instruction Sophie Baghdassarian. Elle sera soutenue

par Me Philippe Simoneau, du barreau de Lille. L’avocat représente le père, la mère et la sœur de la victime : « Je commence à recevoir certains actes et éléments de la procédure. Je n’ai pas encore eu le temps de les examiner. Mais la famille est bien informée du suivi de l’enquête », indique­t­il. Lors de cet entretien, les parents de l’adolescent auront accès au dossier pénal. Me Simo­ neau admet que toute la difficulté est de « déterminer si l’auteur a agi seul ou avec des complices ». « Manifestement, Maxime est tombé dans un piège. On s’interroge aussi sur un assassinat aussi violent, le fait qu’un simple vol de moto puisse se transformer en une scène d’enfer avec un corps partiellement calciné », précise­t­il. Pour l’avocat, les parents de Maxime ont besoin d’avoir des réponses rapides même si, pour l’instant, les circonstances sont encore bien nébuleuses. A.L.

A 36 Dangereux routiers… cinéphiles

Argent

Un œil sur la route, l’autre sur l’écran…

Changer ses francs en euros

Montbéliard. « L’inconscience au volant sévèrement répri­ mée. » Ainsi s’intitule le com­ muniqué de la préfecture du Doubs, daté d’hier. Il y est question des chauffeurs de poids lourds contrôlés en train de visionner un film sur un ordinateur portable, alors qu’ils roulent sur l’autoroute. Un œil sur l’écran, l’autre sur la route et une concentration forcément diffuse. L’image a de quoi semer l’effroi quand on songe à ces mastodontes déferlant dans le flux des voi­ tures, à près de 100 km/h avec des chauffeurs en quasi­pilote

Besançon. Plus que deux jours pour changer en euros les francs. Vendredi 17 fé­ vrier au soir, ce sera fini. « Actuellement, 40 à 50 per­ sonnes viennent chaque jour depuis le début de la semaine. Certaines ont at­ tendu le dernier moment. Les personnes qui viennent ont souvent retrouvé des billets conservés ou qu’ils échangent pour des parents plus âgés », souligne Patrick Bernard, directeur régional de la Banque de France. Ce dernier le rappelle,

express K Mme Bombled.

d’espoir, de tristesse, d’amitié… Une récente initiative a beaucoup touché la famille Roussel : une pétition dif­ fusée sur Internet pour la pose d’une stèle dans le village en hommage à leur fils : « Nous avons rencontré un des deux internautes qui en a eu l’idée. C’est un jeune homme sé­ rieux. Plus de 1 100 signatures ont été recueillies et nous avons trans­ mis la pétition à la maire d’Étouvans, qui a été très chaleureuse. La pose de la stèle sera délibérée en conseil municipal. » Parfois, dans le cour­ rier, les époux Roussel ont dû faire le tri : « Beaucoup d’associations vou­ laient nous contacter. Certaines étaient bizarres, on se demandait si ce n’était pas des sectes. De toute manière, on n’a donné aucune ré­ ponse. C’est notre histoire. » La famille sort aussi du silence pour que cessent des rumeurs mal­ saines et infondées : « On a raconté que notre fils pouvait être mêlé à un trafic de stupéfiants. C’est complète­ ment faux et insupportable. On s’est posé la question : ’’Est­ce que Maxi­ me nous cachait quelque chose ? ’’ L’enquête a confirmé qu’il n’avait rien à se reprocher. Maxime est une victime. Il était sérieux, sportif, gé­ néreux. Et ses amis ne sont pas des délinquants. Ce sont des jeunes très bien. Ils ont un comportement exemplaire. C’est important pour nous de le préciser. On ne peut pas laisser dire des mensonges. »

Virus de Schmallenberg : un cas détecté dans la Marne Lille. Un premier cas de virus de Schmallenberg, qui affecte les ruminants mais n’est pas transmissible à l’homme, a été détecté hier dans un élevage d’ovins de la Marne, portant à 19 le nombre de départements touchés en France par cette épidémie. Quelque 95 élevages sont désormais touchés par ce virus, dans 19 départements, essentiellement du nord de la France : Aisne, Ardennes, Aube, Calvados, Manche, Marne, Haute­Marne, Meurthe­et­Moselle, Meuse, Moselle, Nord, Oise, Pas­de­Calais, Bas­Rhin, Seine­Maritime, Somme, Vienne, Haute­Vienne et Vosges.

automatique. Depuis le 4 jan­ vier dernier et l’évolution de la législation en la matière, huit routiers ont été interpellés en flagrant délit dans le Doubs. Ce qui s’est traduit, pour sept d’entre eux, par la confisca­ tion pure et simple de l’ordi­ nateur. « On a même eu un chauffeur qui regardait un film sous­titré. Ce qui nécessi­ te une attention accrue sur l’écran et donc moindre sur la route. Donc d’autant plus dan­ gereux… », livre et analyse le lieutenant Pierre Schroth, pa­ tron de la brigade motorisée de Villars­sous­Écot.

Tous les routiers étrangers ainsi pincés (essentiellement en provenance des pays de l’Est) ont pu reprendre la rou­ te après s’être acquittés d’une consignation allant de 750 € (dans le Territoire de Belfort) à 1 200 (dans le Doubs) sur un maximum de 1 500 ; le barème étant fixé par le parquet terri­ torialement compétent. Il fau­ dra sans doute attendre enco­ re quelques semaines pour que l’information circule en­ tre routiers et, peut­être, voir ce type d’inconscience au vo­ lant se mettre en arrêt sur « pause ». SamBONJEAN

Affluence à la Banque de France

seuls les établissements de Besançon et Lons­le­Sau­ nier, avec une activité fidu­ ciaire, sont habilités à chan­ ger les francs en euros dans la région. Mais il est possible de se rendre aussi dans les trésoreries et les centres des impôts pour particuliers. Seuls cinq billets font, en cette dernière ligne droite, l’objet d’échanges : le De­ bussy de 20 francs, le Saint­ Exupéry de 50 francs, le Cé­ zanne de 100 francs, le Gustave Eiffel de 200 francs et le Pierre et Marie Curie de 500 francs.


L’ E S T R É P U B L I C A I N | D I M A N C H E 1 9 F É V R I E R 2 0 1 2

REGION Le chiffre

En vue

7

500 € seront répartis entre les œuvres primées au Prix interrégional jeunes auteurs 2012 organisé, entre autres, par la Région Franche­Comté. Tél. 03 81 61 64 36

Faits divers Sa voiture a forcé un

barrage à la sortie de Pontarlier hier soir

Un policier tire sur un chauffard Pontarlier. Hier, vers 18 h, à l’entrée de Pontarlier, peu après La Cluse­et­Mijoux, un barrage de police a été forcé par une voiture, imma­ triculée en Alsace et venant de Suisse. Un policier pon­ tissalien a dû faire usage de son arme pour obliger le chauffard à s’arrêter. Depuis le franchissement de la frontière, aux Verriè­ res, son comportement dan­ gereux avait inquiété de nombreux automobilistes circulant sur la RN 57. Cer­ tains ont alors alerté les for­ ces de l’ordre. Prévenus de son arrivée par les gendarmes, les poli­ ciers ont établi un barrage au début de l’agglomération, au niveau de l’entreprise Cofreco. Le véhicule a tenté de le forcer. Un des policiers, voyant la voiture foncer sur lui, a fait feu dans sa direc­ tion. Un tir qui n’a pas fait de victime. Après avoir percuté plu­ sieurs voitures, le véhicule du chauffard s’est immobili­

sé sur la chaussée. Le con­ ducteur a tenté de s’enfuir à pied, mais il a été appréhen­ dé par les policiers présents sur place au bout d’une course d’une trentaine de mètres. Légèrement blessé, le chauffard a été amené à l’hôpital de Pontarlier, puis placé en garde à vue dans la soirée. Le policier ayant utilisé son arme de service était très choqué. Il a subi un test alcoolémie qui s’est avéré négatif. La sous­préfète de l’arrondissement, Laura Reynaud, s’est rendue sur les lieux et s’est entretenue avec lui. Les faits se sont déroulés sur un axe de circulation déjà très chargé tout au long de la journée. Les véhicules en provenance et en direc­ tion de la Suisse ont été for­ tement ralentis. La circula­ tion a été rétablie aux alentours de 19 h 30. Lætitia COURTI et Ianis MISCHI

Dénouement heureux à Mulhouse Mulhouse. L’ h o m m e d e 41 ans, qui avait séquestré pendant plusieurs heures sa fille d’une douzaine d’an­ nées dans son appartement à Mulhouse (Haut­Rhin), s’est rendu sans violence à la police dans la nuit de ven­ dredi à samedi. La femme du forcené, sortie de l’apparte­ ment, avait alerté les forces de l’ordre. « Le forcené a fini par ouvrir la porte de son appar­ tement aux policiers vers une heure du matin, la fille est saine et sauve », a indi­ qué le directeur départe­ mental adjoint de la sécurité publique, Thomas Kieffer. Un couteau a été retrouvé

dans l’appartement, mais rien ne permet de confirmer si l’homme était effective­ ment en possession d’une arme à feu, comme il le pré­ tendait. Sous l’emprise de l’alcool, l’individu, qui se disait an­ cien militaire, avait tenu des propos incohérents lors de ses contacts avec les poli­ ciers. Il était « dépressif » et depuis longtemps en arrêt maladie. Les autorités avaient bou­ clé le secteur autour de l’im­ meuble, situé dans un quar­ tier résidentiel du sud de la ville. Des hommes du GIPN de Strasbourg, ainsi que des CRS étaient venus prêter main­forte aux policiers.

Dieter Krombach sera rejugé à la fin de l’année Paris. L’ancien médecin alle­ mand Dieter Krombach, con­ damné en première instance à Paris à quinze ans de réclu­ sion pour la mort de sa belle­ fille Kalinka Bamberski en 1982, sera rejugé en appel à Créteil, du 26 novembre au 14 décembre. Dieter Krom­ bach, qui a toujours nié farou­ chement les faits, a fait appel de sa condamnation devant les assises de Paris. Il sera re­ jugé par la cour d’assises du Val­de­Marne. « Pour nous,

c’est un procès illégal qui a abouti à une décision injuste », s’était justifié fin octobre Me Philippe Ohayon, l’un de ses avocats, qui avait plaidé l’ac­ quittement. Le 22 octobre, la cour d’assi­ ses de Paris, suivant l’analyse du ministère public, a consi­ déré que Krombach avait bien commis des violences ayant entraîné le décès de l’adoles­ cente de 14 ans dans la nuit du 9 au 10 juillet 1982, mais qu’il n’avait pas cherché à la tuer.

A suivre

« Cinquante ans de conquête spatiale, et après ? »

Salon du disque à Salins­les­Bains

Une conférence de Jean­Louis Fellous, directeur du Comité mondial de la recherche spatiale, le 22 février à 18 h, à la faculté des lettres de Besançon.

Le 26 février, de 9 h à 19 h, à la salle CCP. Vinyles, CD, DVD, instruments, hi­fi... 06 83 73 04 29.

Feu vert pour la camionnette Unmoisetdemiaprèsle meurtredeMaxime,à Étouvans(Doubs),levéhicule archiconnudel’abbéViennet, curéduvillage,étaitlaciblede rumeurs.

«L

es enquêteurs en charge du meur­ tre de Maxime s’intéresseraient très sérieuse­ ment à la camionnette de l’abbé Viennet… Il a l’habitude de la prêter à plein de gens, dont des jeunes, alors… » La phrase, ainsi déclinée sur divers modes et assaisonnée à des sauces plus piquantes les unes que les autres, revient, grossit et s’amplifie dans les conversations à Étouvans et aux alentours. Il faut dire qu’elle est célèbre, cette fameuse camionnette Jumper, cou­

Justice

par méprise

leur vert émeraude, affichant aujourd’hui 195 000 kilomètres au compteur. Elle a même fait l’objet d’un livre intitulé « Elle est verte la camionnette », écrit par Jean­Marie Viennet et publié fin 2008. Alors, rumeurs fumeuses ou authentique piste à explorer ? Le plus simple est de demander au principal intéressé de quoi il en ré­ sulte et de filer au marché de Montbéliard où, depuis des années, le curé d’Étouvans, aujourd’hui âgé de 75 ans, a l’habitude d’aller à la rencontre des gens.

« Je vais vous dire la vérité » Première constatation : sur la pla­ ce, au milieu des commerçants, sta­ tionne bien l’engin coloré. Comme chaque samedi matin et depuis dix­ huit ans qu’il va ainsi à la rencontre du chaland sur les marchés de Montbéliard et L’Isle­sur­le­Doubs. L’abbé discute de la vie, de ses affres et de tout ce que le quidam qui s’ar­ rête là veut bien lui livrer pour tenter

de soigner ses maux à l’âme. La question est directe, la réponse tout autant. « Je vais vous dire la vérité », con­ fesse d’emblée Jean­Marie Viennet, ex­proche de feu l’abbé Pierre, père d’Emmaüs. « Les gens ont dit que, parmi les véhicules qui avaient cir­ culé le mardi, il y avait ma camion­ nette. J’ai été entendu par les gen­ darmes il y a de cela deux jours. Je leur ai dit que le mardi en question (N.D.L.R. : 10 janvier, date du meur­ tre de l’adolescent de 14 ans), j’ai effectivement prêté ma camionnette à quelqu’un qui me l’avait deman­ dée. Il en avait besoin pour aller à Montbéliard chercher je ne sais quoi. Il me l’a empruntée à 14 h et m’a rendu les clés à 18 h. » Or, d’après la chronologie de cette tragique soirée, Maxime Roussel aurait quitté le domicile de ses pa­ rents aux alentours de 18 h, donc, a priori, après le retour de la camion­ nette. À tout le moins, dans un cré­ neau suffisamment proche pour être

Condamné à juste titre, Gaël Faremo a vu sa peine grossir

Une histoire franco­novégienne Besançon. « Il faut qu’il y ait une sanction mais il faut qu’elle soit juste ! » Et Isa­ belle pense que celle qui frappe son fils, Gaël Faremo, 25 ans, actuellement incar­ céré à Besançon, ne l’est pas. « Nous éprouvons un vérita­ ble sentiment d’impuissan­ ce face à la justice française. On ne nous entend pas. Pour elle, Gaël n’est pas une per­ sonne, simplement un dos­ sier. » Tout a commencé dans la nuit du 12 au 13 septembre 2007, entre Nice, où Gaël et son ami Nicolas sont allés s’amuser, et Saint­Raphaël, où le jeune Franco­Norvé­ gien gère un drugstore. Sur l e c h e m i n d u r e t o u r, à 4 heures du matin, l’Audi RC4 de Gaël Faremo percute un camion frigorifique à la vitesse de 188 km/h, sur l’autoroute à hauteur de Ca­ gnes­sur­Mer. Le conducteur s’en sort bien que blessé, mais Nico­ las est tué. Gaël accuse un taux d’alcoolémie de 1,32 g. Il est également sous traite­ ment antidépresseur. Il est jugé pour homicide involontaire le 19 octobre en comparution immédiate et écope de trois ans d’empri­ sonnement, dont deux ans assortis d’un sursis. Le par­ quet fait appel et la cour d’Aix­en­Provence alourdi la peine le 7 janvier 2008 à cinq ans d’emprisonnement, dont deux ans de sursis. Trois ans ferme, malgré l’in­ tervention du grand avocat parisien Francis Szpiner. Les faits sont graves mais la sanction est assez sévère pour un primo délinquant. Le jeune homme se pour­ voit en cassation. Laissé li­ bre, il solde ses affaires à Saint­Raphaël et vient s’ins­ taller près de sa mère, à Lau­ sanne. S’ensuit un flou. Débouté en juin 2009, il n’a

signifier voici quelques jours la révocation de son sursis. Photo d’archives Ludovic LAUDE

« Du jamais vu dans ce type de dossier » Il n’en aura pas connais­ sance car elle lui est adres­ sée à Saint­Raphaël, où il ne vit plus. Entre­temps, sa fa­ mille tente d’obtenir de la Suisse qu’il y purge sa peine. Ce que la cour suprême dans un louable souci d’économie refuse catégoriquement. Gaël Faremo est finalement de nouveau arrêté à Lausan­ ne le 9 novembre dernier et remis à la France quinze jours plus tard. C’est à la maison d’arrêt de Besançon qu’on lui signifie voici quel­ ques jours la révocation de son sursis : cinq ans ferme. « Du jamais vu dans ce type de dossier » estime son nou­

Grand

est

Alsace

vel avocat hexagonal, M e Randall Schwerdorffer. « Je ne comprends pas ce système qui révoque son sursis sans même rencon­ trer mon fils » déplore Isa­ belle Celse­L’Hoste, la ma­ man de Gaël, qui regrette également l’autisme des autorités françaises face à une « demande d’extradition vers la Norvège où demeure le père de Gaël, qui possède la double nationalité ». Un point sur lequel appuie l’avocat bisontin : « Il est même assez curieux de constater les efforts de la France pour rapatrier deux de ses ressortissantes con­ damnées pour trafic de dro­ gue en République domini­ caine et le blocage incompréhensible d’une tel­ le procédure entre deux pays amis de l’Union euro­ péenne. Gaël Faremo a cer­ tes commis une faute grave, il doit en répondre et il n’es­ saie pas d’y échapper, mais il est aussi victime de cet acci­ dent dans lequel son meilleur ami est mort. » Fred JIMENEZ

Selon la préfecture, ils étaient

Ikea bientôt à Mulhouse ?

« entre 9 500 et 10 000 »

Belfort. Ikea s’intéresse à

les pays européens.

près de la gare au départ de la manifestation, qui devait parcourir plusieurs

Des milliers de Kurdes dans la rue

kilomètres avant un

Strasbourg. Des milliers de

d’après­midi dans un quartier

Kurdes ont manifesté hier à Strasbourg pour demander la libération du chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, détenu en Turquie depuis 1999, et interpeller

du sud de la ville.

rassemblement en début

D’autres participants devaient ensuite rejoindre le cortège, les organisateurs tablant sur « 30 000 personnes »

L’enquête semble stagner Une porte se refermerait donc avant même d’avoir été réellement entrouverte. Pour preuve, selon l’abbé Viennet, les enquêteurs n’ont même pas pris la peine de visiter le véhicule ni de procéder à la moindre collecte d’indices éventuels. Sans compter que le propriétaire du véhi­ cule aurait sans doute remarqué des traces suspectes sur l’habillement de bois de l’intérieur de sa camion­ nette. Intérieur nickel chrome. Voilà qui devrait tuer dans l’œuf une rumeur. Pour le reste, l’enquête semble stagner. L’arme du crime n’a toujours pas été retrouvée, pas plus que des complices présumés n’ont pu être identifiés. Comme le confiait un proche du dossier : « On pensait avoir beaucoup d’éléments au dé­ part et on se rend compte que l’on n’en a pas tant que cela. »

Mulhouse (Haut­Rhin). Le groupe suédois a confirmé son intérêt pour une implantation au sein de l’agglomération, précisant qu’il « étudie depuis quelques mois la possibilité d’y installer un magasin ». Le site envisagé est un terrain d’environ 8 à 10 ha au parc des Collines à Morschwiller­ le­Bas. L’enseigne explique vouloir se rapprocher de ses clients, sachant que les magasins les plus proches se situent à Bâle, en Suisse, et à Fribourg, en Allemagne.

Sam BONJEAN

Marche blanche pour Marion Dijon. Entre 100 et 150 per­ sonnes ont défilé hier à Dijon à l’occasion d’une marche blanche organisée « en l’honneur » de Marion Bou­ chard, 21 ans, dont on est sans nouvelles depuis le 26 janvier. La mère et le beau­père de la jeune femme étaient présents au début de cette marche, au cours de la­ quelle des avis de recherche, avec la photo de la disparue, ont été distribués (voir ER du 18 février 2012). Une information judiciaire

K C’est à la maison d’arrêt de Besançon que Gaël Faremo s’est vu

plus de nouvelles de la justi­ ce française avant que les gendarmes suisses ne vien­ nent lui mettre la main au collet le 25 avril 2010, obéis­ sant à un mandat d’arrêt européen du 10 janvier. Li­ béré sous caution, il est assi­ gné à résidence dans l’atten­ te d’une convocation pour effectuer sa peine en France.

incompatible avec une quelconque participation au crime.

a été ouverte à Dijon pour « détention arbitraire, enlè­ vement et séquestration » après la disparition de Ma­ rion, et de son petit ami, dis­ paru ultérieurement. De sources concordantes, des actes de maltraitance sur la jeune femme par son com­ pagnon ont été évoqués. Mais « il n’y a rien d’avéré là­des­ sus. Il n’y pas de plainte en­ registrée », avait souligné Eric Lallement, procureur de la République à Dijon, ven­ dredi.


L’ E S T R É P U B L I C A I N | V E N D R E D I 1 6 M A R S 2 0 1 2

REGION Aujourd’hui

L

ancement de la 3 édition de l’opération « Cœur d’artisan » dans 400 entreprises du Doubs. Portes ouvertes et salons jusqu’au 25 mars. www.coeur­artisan.com

Enquête

.fr

En vue e

En présence de leur avocat

Les parents de Maxime ont rencontré la juge

Braconniers dans la nasse

T parents. »

Montbéliard. Un moment éprouvant mais nécessaire. Hier, pour la première fois, les parents de Maxime Roussel, assassiné le 10 jan­ vier à Étouvans, ont été re­ çus par la juge d’instruction en charge de l’affaire. L’en­ tretien avec la magistrate, Sophie Baghdassarian, a duré une heure et demie. À l’abri des regards, dans son bureau. « La motivation de la juge et des enquêteurs est excep­ tionnelle », soulignait le re­ présentant des parties civi­ les, Me Simoneau, à l’issue de la rencontre, se faisant le porte­parole de la famille. Selon l’avocat, « les parents avaient ce besoin et ce droit d’être informés », même s’il admet que ce fut un calvaire, tant pour la mère que pour le père de l’adolescent, en re­ trait et qui n’ont pas pu s’ex­ primer à la sortie du tribu­ nal. « La magistrate les a tenus au courant de la pro­ cédure, a répondu à leurs questions, les a écoutés. Ce dialogue a permis de revoir les choses plus en détail, d’aborder des éléments techniques », ajoutait Me Si­ moneau. Invoquant le secret de l’instruction, l’avocat lillois a donné très peu de détails sur les discussions entre le ma­ gistrat instructeur et la fa­

Photo A.L.

mille ainsi que sur les inves­ tigations menées : « Mais l’enquête avance, concrète­ ment. J’ai reçu quelques no­ tifications de rapports d’ex­ p e r t i s e. O n e n a t t e n d d’autres. Nous sommes con­ fiants et nous avons beau­ coup d’espoir. »

« Tout tourne autour du vol de la moto »

Cependant, l’avocat, tout comme le père de Maxime, reconnaît que des questions restent en suspens. « La pro­ blématique, c’est de savoir si le mineur incarcéré a agi seul ou avec des complices. Sur ce point, nous sommes toujours dans le vague. Il y a des incohérences dans le discours de la personne pla­ cée en détention. Est­ce l’as­ sassin ou un complice ? Et comment est­il arrivé sur place ? On sait juste que la moto est le mobile, que tout tourne autour du vol de l’engin. » Me Simoneau a repris la route avec un dossier déjà très épais sous les bras. Les parents de Maxime sont re­ partis aussi discrètement qu’ils étaient venus. Dans une souffrance indicible : « Ils ont également répété à la juge d’instruction que plus le temps passait, plus c’était dur. » A. L.

Avis de recherche

A Valentigney

Élie, 16 ans, a disparu Montbéliard. Les policiers montbéliardais lancent un appel à témoins après une disparition inquiétante. Un adolescent de Valentigney, âgé de 16 ans, n’a pas donné signe de vie depuis mercre­ di. Sa mère venait de le ra­ mener du collège, vers 12 h 45, quand il s’est volati­ lisé. Tous deux se trouvaient devant le domicile familial, 72, rue Du Vernois. Appa­ remment, l’adolescent n’a pas pris son téléphone por­ table. Depuis, sa famille est très inquiète. De type africain, Élie me­

sure 1,78 m. Il est très mince. Ses cheveux sont noirs fri­ sés, ses yeux noirs. Lors de sa disparition, le Boroillot portait un pantalon noir ser­ ré, un anorak sans manche bleu marine, un sweat bor­ deaux à capuche, des bas­ kets noires et bleu marine. Toute personne l’ayant aperçu ou pouvant apporter des informations sur le jeu­ ne homme peut prendre contact avec le major Ruffo­ ni de l’Unité de protection sociale (UPS) du commissa­ riat central de Montbéliard au 03 81 91 59 38.

P Magasin de fleurs ravagé par le feu à Luxeuil : diaporama P Les ArcelorMittal à Paris : photos, vidéos, buzz P Poids lourd en feu sur l’A 31 près de Nancy : diaporama P Le ministre de l’Agriculture en Meuse : manif’ et visite en images et vidéo

De 9 h à 17 h 30. Parmi les thèmes : « Chalain, Clairvaux et les sites palafittiques autour des Alpes : inscription au patrimoine mondial de l’Unesco ».

Aveclasortieduboisdes grenouillesrousses,c’estaussi celledesbraconniers.Unsport franc­comtoisquiécraseune espècemenacée.

K Me Simoneau : « Cet entretien fut très éprouvant pour les

AUJOURD'HUI SUR estrepublicain

Journée archéologique régionale demain à Lons­le­Saunier

ant que la traçabilité de ce plat de gourmet ne sera pas clairement affichée à la carte des restaurants, le trafic durera. En ce mo­ ment, les agents de l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) de la Haute­Saône, trou­ vent des dizaines de nasses dans les cours d’eau. Parfois, à la faveur d’une planque méthodique, ils met­ tent la main sur un braconnier. C’est ce qui s’est produit lundi dernier à 18 h 30 sur le secteur de Vregille, dans la vallée de l’Ognon, côté haut­ saônois de la rive. Deux hommes sont appréhendés, occupés à relever des casiers de grillage gonflés de 820 grenouilles rousses. Batraciens que l’on dé­ pouille à la manière d’une chausset­ te retournée avant d’en faire revenir les cuisses à l’ail et au persil. C’est justement pour garnir l’assiette pro­ posée par des restaurateurs du Doubs et du Haut­Doubs que cet

homme de 35 ans et son beau­père âgé de 51 ans accomplissaient leur forfait. C’est en tout cas ce qu’ils ont fini par dire à l’occasion de leur gar­ de à vue, qui s’est prolongée jusque mercredi. Le trentenaire, qui sera jugé en correctionnelle pour ces faits, et risque jusqu’à deux ans d’emprisonnement, a avoué un tra­ fic de 6 000 grenouilles revendues en 2011 sur 9 000 prélevées. Pour 2012, alors que la saison ne fait que com­ mencer, il a déjà reconnu en avoir prélevé 2 400 dans les cours d’eau de la région pour 1.200 commerciali­ sées… à des restaurateurs.

De 50 à 60 centimes d’euro pièce En moyenne, ces grenouilles sont vendues de 50 à 60 centimes d’euro. Pour les attraper, il suffit de plonger une nasse dans les cours d’eau qui mènent des bois, où elles passent l’hiver, aux zones de fraie. Plus le cours d’eau est petit et plus la mois­ son est importante, la nasse agissant comme un goulet d’étranglement. Un vrai carnage pour l’espèce, d’autant que, cette année, avec la faiblesse des précipitations, les cours d’eau sont plus que jamais maigres en débit et étroits de lit. Ainsi, au manque d’eau qui limite la migration vers les étangs ou mares forestières, les braconniers ajoutent

K Une fois entrées dans les nasses, les grenouilles sont prisonnières.

une difficulté à cette espèce proté­ gée par le code de l’environnement. Qui voit sa population diminuer d’année en année. En octobre 2011, trois hommes avaient comparu devant le tribunal correctionnel de Vesoul pour des faits similaires et écopé de peines d’amende. En outre, et pour éteindre toute velléité de la fédération de pê­

Photo ER

che, ils lui avaient versé de lourdes compensations. Mais d’année en an­ née, le substitut du parquet en char­ ge de l’environnement tend à se spé­ cialiser. Et sans doute, à requérir de manière plus sévère pour endiguer le pillage du milieu naturel. W

Walérian KOSCINSKI

En eau close et dans sa propriété, un particulier peut prélever des grenouilles pour sa consommation personnelle.

Assises du Doubs Un supplément d’information refusé

Justice

« Le jour du jugement »

Crash de La Vèze : fautes et négligences pointées

Besançon. Au deuxième jour des débats, le procès de Lyazid Khatir, accusé d’avoir étranglé un handicapé mental, le 7 oc­ tobre 2009 à Montbéliard, a pris une tournure imprévue. Un frère de la victime, Jamel Hadjami, a demandé hier au président un supplément d’information : en clair, la comparaison d’une empreinte ADN inconnue retrouvée sur le câble utilisé pour la stran­ gulation avec celle d’un prota­ goniste secondaire de l’affaire, mais, pour le frère, probable accompagnateur de Khatir transportant le corps du dé­ funt dans un tapis. Peu avant, l’expert en em­ preintes génétiques avait été formel : quatre zones d’em­ preintes ont été analysées sur le câble d’antenne : trois por­ tant le profil pur de la victime, une avec un mélange d’ADN présentant le profil de la victi­ me et un profil indéterminé n’appartenant ni à l’accusé ni à Hassak ni à Mahnouche, ses compagnons du soir des faits. La défense a appuyé cette demande de supplément d’in­ formation. Au final, le président Ardiet l’a refusée, comme l’avait re­ quis l’avocate générale Re­ naud. La magistrate avait ar­ gumenté solidement : l’accusé ou tout autre n’a jamais mis en cause ce protagoniste qui a été entendu sous le régime de la garde à vue ; et tout ce qui

Éducation

aurait trait à ce supplément se trouve déjà dans le dossier. Il n’empêche, cette demande même repoussée tombe à pic pour le défenseur, qui pourra l’utiliser pour instiller un peu plus le doute.

Verdict aujourd’hui Un expert psychiatre n’est pas un détecteur de menson­ ge. Le Pr Claden l’a rappelé hier à propos de Khatir, qui a passé des aveux précis et cir­ constanciés à plusieurs repri­ ses et s’est rétracté avec des variations. Histoire d’ajouter à la confusion, l’accusé a jeté hier à la cour : « J’ai dit à l’ex­ pert que tout reposait sur moi mais je lui avais pas dit que j’attendais le jour du jugement pour dire la vérité, et j’ai rien fait. » La vérité de Khatir, c’est qu’il y avait chez lui, le soir des faits, lui­même, Ali Hassak, Hossin Mahnouche et Hama­ dji, la victime ; c’est qu’entre alcool, Valium et Subutex à doses répétées, il s’est endor­ mi et que Mahnouche est le meurtrier. « Peut­on savoir si Khatir dit la vérité quand il dit qu’il a tué et quand il dit qu’il n’a pas tué ? », demande Me Schwer­ dorffer. Impossible : « Khatir a une posture en dépit du bon sens et sa défense est d’une crétinerie totale », rétorque l’expert. Ce dernier précise : Khatir n’est pas un manipula­ teur, sa dépendance à l’alcool

et aux médicaments a pu en­ traîner un état de conscience dégradé, une amnésie partiel­ le et une altération du discer­ nement lors des faits. L’exper­ te psychologue a relevé des traits autistes. Visiblement, le départ en 1985 de toute la fa­ mille en Algérie a marqué Khatir, alors âgé de 11 ans et né à Montbéliard. Surtout, avant son retour en France, à l’âge de 28 ans, ses quatre an­ nées passées dans la gendar­ merie algérienne, au moment des attentats islamistes, l’ont déboussolé. Avant le réquisitoire et la plaidoirie de la défense aujourd’hui, l’avocate généra­ le Renaud et Me Schwerdorf­ fer ont balisé chacun leurs ter­ rains respectifs. La magistrate en cherchant à mettre en évi­ dence des épisodes violents précédant les faits et ayant valu des condamnations à Khatir. Le défenseur en rame­ nant au premier plan les men­ songes de Mahnouche dési­ gné par sa propre ex­ concubine comme étant l’auteur du meurtre, selon les confidences de ce dernier. Nordine Hadjami a­t­il été tué pour des motifs purement crapuleux ? Son frère est en­ clin à le croire car la victime, handicapé mental, se vantait, à l’envi, d’avoir perçu une pri­ me de 43 000 € pour son dé­ part anticipé de chez Peugeot. YvesANDRIKIAN

Cinq ans et demi après le drame

Besançon. La ténacité a payé. Cinq ans et demi après le crash aérien qui a coûté la vie à leurs proches, le 19 octobre 2006, les familles des victi­ mes, parties civiles, et leurs avocats, ont été reçus par le juge d’instruction, qui leur a notifié les conclusions du rapport final d’expertise. Une expertise demandée de longue date et obtenue de haute lutte par les familles, qui avaient réclamé des in­ vestigations exhaustives alors même que la justice semblait initialement se diri­ ger vers un non­lieu. Hier, les parties civiles re­ groupées au sein de l’asso­ ciation « AVEC Besançon » (Association des Victimes et de l’Entourage du Crash de Besançon), ont eu la satisfac­ tion d’entendre l’expert pointer des fautes et négli­ gences de la part de l’em­ ployeur du pilote défunt (qui n’avait pas les compétences requises pour prendre les commandes d’un tel avion), ainsi que de l’instructeur, qui n’a pas respecté le protocole de la formation et validé hâti­ vement son stage de qualifi­ cation. « C’est un peu comme si vous étiez embauché comme ambulancier alors que vous avez à peine le code et qu’on vous donne le permis après

quelques heures de conduite seulement », résumait hier à la sortie d’audience Bruno Ramuz, président d’AVEC Besançon et père de l’un des deux médecins qui ont perdu la vie dans l’accident alors qu’ils se rendaient à Amiens pour prélever un foie en vue d’une greffe.

Le gérant de la compagnie et un instructeur entendus prochainement Selon Me Busy, du barreau de Reims, avocat des familles et de la FENVAC, Fédération nationale des victimes d’acci­ dents collectifs, « il y avait un turn­over très important dans cette compagnie Flo­ wair, que certains pilotes ont expliqué avoir quittée pour son manque de sérieux. Par ailleurs, d’autres compagnies ont indiqué ne pas avoir vou­ lu intégrer le pilote en ques­ tion en raison de son manque de qualifications ». Le juge d’instruction en charge de l’affaire devrait ainsi entendre prochaine­ ment le gérant de la compa­ gnie lyonnaise Flowair (ac­ tuellement en redressement judiciaire), ainsi que l’ins­ tructeur qui a validé le stage du pilote défunt. Avec, à la clé, de possibles mises en examen. Pierre LAURENT

Elles ont été présentées hier aux syndicats lors d’un comité technique paritaire à Besançon

138 suppressions de postes dans les lycées Besançon. Lors de la réunion du comité technique paritaire (CTA) qui s’est tenue hier à Besançon, le recteur a présen­ té aux syndicats (pour infor­ mation) les suppressions de postes prévues pour la ren­ trée. Concernant les lycées d’en­ seignement général et tech­ nologique (LGT), 75 suppres­ sions sont attendues alors que, selon les syndicats, les effec­ tifs sont en progression de 100 élèves. Pour les lycées profes­ sionnels (LP), le nombre de réductions est de 63 postes. Soit un total de 138 suppres­ sions sur l’ensemble de l'aca­ démie qui, rappellent les syn­ dicats, « s’ajoutent aux 55 suppressions dans les collè­ ges ». Pour la FSU, il s’agit là d’une « nouvelle saignée » qui va imposer des « conditions d’apprentissage et d’exercice toujours plus dégradées » et d’une « politique irresponsa­

ble qui hypothèque l’avenir de milliers d’élèves et sacrifie le système public d’éducation ». « Il est plus que temps de re­ donner au dialogue social et aux instances le rôle qu’elles ont perdu depuis longtemps » conclut la FSU.

Suppressions et créations Lycées professionnels Fernand­Léger, Audincourt : 8 suppressions. Jouffroy­ d’Abbans, Baume­les­Dames, 3 suppressions. Montjoux, Be­ sançon, 8 suppressions, 1 création. Tristan­Bernard, Besançon, 1 suppression. Louis­Pergaud, Besançon, 5 suppressions. Adrien­Pâris, Besançon, 2 suppressions. Toussaint­Louverture, Pon­ tarlier, 1 création. Les Huisse­ lets, Montbéliard, 3 suppres­ sions. Jules­Viette, Montbéliard, 5 suppressions, 1 création. Jacques­Prévert,

Dole, 3 suppressions, 1 créa­ tion. Le Corbusier, Lons­le­ Saunier, 2 suppressions. Montciel, Lons­le­Saunier, 8 suppressions. Pierre­Vernot­ te, Moirans­en­Montagne, 1 suppression. Ferdinand­ Fillod, Saint­Amour, 3 sup­ pressions. Pré­Saint­Sauveur, Saint­Claude, 1 suppression. Henri­Fertet, Gray, 4 suppres­ sions, 5 créations. Beauregard, Luxeuil­les­Bains, 4 suppres­ sions. Luxembourg, Vesoul, 4 suppressions. Pontarcher, Ve­ soul, 1 création. Raoul­Folle­ reau, Belfort, 4 suppressions, 3 créations. Jules­Ferry, Delle, 1 suppression. SEP Jules­Haag, Besançon, 1 suppression. Edgard­Faure, Morteau, 1 suppression. Xa­ vier­Marmier, Pontarlier, 2 suppressions. P.­Emile­Victor, Champagnole, 1 création. SEP du Bois, Mouchard, 1 suppres­ sion. Augustin­Cournot, Gray,

1 suppression. Louis­Aragon, Héricourt, 1 suppression. Lycées et SGT LPO J.­Haag, Besançon, 8 suppressions, 1 création. LGT V.­Hugo, Besançon, 3 sup­ pressions. LGT Pergaud, Be­ sançon, 11 suppressions. LGT Pasteur, Besançon, 1 suppres­ sion. LGT Ledoux, Besançon, 1 suppression. LGT Cuvier, Montbéliard, 2 suppressions, 4 créations. LGT Le Grand Chênois, Montbéliard, 5 sup­ pressions, 1 création. LGT Viette, Montbéliard, 7 sup­ pressions, 1 création. LPO E.­Faure, Morteau, 1 suppres­ sion. LPO Marmier, Pontarlier, 1 suppression. LGT Peugeot, Valentigney, 4 suppressions. LPO Victor, Champagnole, 5 créations. LPO Duhamel, Dole, 5 suppressions. LGT Nodier, Dole, 1 création. LGT Michel, Lons­le­Saunier, 3 suppressions. LPO Bérard,

Morez, 3 suppressions. LPO Du Bois, Mouchard, 4 sup­ pressions. LPO Friant, Poli­ gny, 2 suppressions, 3 créa­ tions. LCL Considérant, Salins­les­Bains, 1 suppres­ sion. LYC Pré­Saint­Sauveur, Saint­Claude, 6 suppressions. LPO Cournot, Gray, 1 sup­ pression. LPO Aragon, Héri­ court, 3 suppressions. LPO Colomb, Lure, 2 créations. LPO Lumière, Luxeuil­les­ Bains, 2 suppressions. LPO Belin, Vesoul, 4 suppressions. LGT Les Haberges, Vesoul, 2 suppressions, 3 créations. LGT Condorcet, Belfort, 3 suppressions. LGT Courbet, Belfort, pas de suppression ni de création. LGT Follereau, Belfort, 9 suppressions. SGT Pâris, Besançon, 3 suppres­ sions. SGT Montjoux, Besan­ çon, 1 suppression. SGT Les Huisselets, Montbéliard, 1 création. SGT Vernotte, Moi­ rans, 1 suppression.


L’ E S T R É P U B L I C A I N | M A R D I 2 0 M A R S 2 0 1 2

REGION Matière grise

Pose de la première pierre du futur bâtiment de l’institut Femto­ST, hier, à Besançon

« Temis Sciences » surgit de terre

K Direct 8 dans nos locaux.

Photo Jean­Luc GILLME

Faits divers Maxime : retour sur un drame Montbéliard. Demain soir, à 20 h 45, Jean­Marc Morandini reviendra sur l’assassinat de Maxime Roussel dans l’émission « Présumé innocent » sur Direct 8. Le thème retenu : « Les enfants tueurs ». Pour parfaire leur enquête, les journalistes de la chaîne télévisée sont retournés sur le terrain, ont recueilli des témoignages, ont demandé à des rédacteurs de l’Est Républicain et à des représentants d’autres médias de résumer les grandes lignes de cette tragédie. Au­delà du fait divers, ils s’interrogent sur un phénomène de société, D’autres reportages sur une jeune fille qui a assassiné son père néonazi ou encore sur un meurtre qui pourrait

Economie

avoir être commis « entre ados » sont programmés. La violence des jeunes est en question. Sans être plus significatifs que par le passé, ces événements bouleversent par leur atrocité. C’est le cas avec l’affaire Maxime Roussel, ce garçon de 14 ans, découvert mort dans un bois d’Étouvans le 11 janvier. Le jeune homme a été sauvagement tué (plusieurs coups de couteau lui ont été portés) mais l’auteur a tenté d’effacer son crime en incendiant le corps. Ce qui interpelle, c’est l’âge de l’assassin présumé, seulement 17 ans, jamais condamné pour des violences. Et le mobile supposé : un simple vol de moto qui a tourné au cauchemar pour la victime.

La 2e Semaine de l’industrie

K Un tiers de places vacantes dans les formations relevant

Besançon. Soixante­cinq en­ treprises franc­comtoises jouent le jeu en ouvrant leurs portes durant une ou plusieurs demi­journées. Sont les bienvenus durant cette 2e édition de la Semai­ ne de l’industrie dont le maî­ tre d’œuvre est l’UIMM (l’Union patronale de la mé­ tallurgie) : les élèves des col­ lèges et lycées, les deman­ deurs d’emplois. Mais aussi les enseignants, parce que leur influence est grande en matière d’orientation. Les élus locaux, pour qu’ils con­ naissent mieux encore le tis­ su économique de leur sec­ teur. Et le grand public. « 1.500 personnes sont déjà inscrites », signale l’UIMM comtoise. L’académie de Besançon est associée à l’opération avec un colloque autour de la mise en place d’un nou­ veau bac technologique, le STI2D (Sciences et techno­ logies de l’industrie et du développement durable). Le colloque, ouvert ce 19 mars au lycée Paul­Émile­Victor de Champagnole, se pour­ suit à Besançon ce 20 mars (à la fac des sciences). Puis ce 22 mars au pôle universi­ taire des Portes du Jura, à Montbéliard. Autre initiative qui a susci­ té l’inscription de 850 élèves, de la 4e à la seconde : deux tables rondes, ce 20 mars, animées par Jamy Gour­ maud, journaliste de l’émis­ sion « C’est pas sorcier ! » sur France 3. Sur le thème « les technologies de pointe au service de la santé », au cinéma Mégarama de Valen­ tin (près de Besançon), ce matin. Et au Mégarama

Photo d’archives ER

d’Exincourt, près de Montbéliard, cet après­mi­ di, sur le thème « le véhicule du futur au service de l’envi­ ronnement ».

Les « prescripteurs » visés D’autres débats avec la participation d’industriels locaux (débats illustrés par des projections de docu­ mentaires) sont prévus, no­ t a m m e n t à Ve s o u l c e 21 mars. Bien vue aussi, cette opé­ ration « Les 24 heures de l’industrie » (ce 22 mars), avec durant ce laps de temps la visite de quatre entrepri­ ses dans la région, par des « prescripteurs » en matière d’orientation (chefs d’éta­ blissements, conseillers d’orientation, professeurs principaux). Cette 2e semaine du genre est d’autant plus pertinente que la Franche­Comté de­ meure, par le poids de l’automobile bien sûr (et de ses sous­traitants), la pre­ mière région industrielle de France. Avec 29 % d’emplois dans ce secteur d’activité (contre 16,6 % au niveau na­ tional). Mais actuellement, dans les formations relevant de l’Éducation nationale, il res­ te un tiers de places vacan­ tes. D’où ce temps fort pour susciter des vocations. W

Micro, nano… femto E Le micron : un millionième de mètre. Le nanomètre : un millième de micron. Et l’unité dite « femto », c’est… mille fois plus petit que le « nano ».

E C’est parce qu’il vise l’infini­ ment petit, l’infiniment précis, que l’institut Femto­ST est ainsi dénommé, les lettres du sigle « Femto » jouant aussi sur les spécialités de ses chercheurs en physique.

E Dans le cadre du « grand emprunt d’État » et des « investissements d’avenir », l’institut vient de décrocher un nouveau « labex » (au sein d’un réseau intégrant notam­ ment des chercheurs bourgui­ gnons). Ce « laboratoire d’excellence » vise à réaliser des machines « intelligentes », capables par exemple de s’adapter à des changements environnementaux. K Une image du « vaisseau » Temis Sciences, tel qu’il apparaîtra dans 2 ans. Document cabinet Groupe Six

riés : électronique, mécani­ que, thermique, optique, pour citer les termes for­ mant le sigle Femto. Le « F » désignant la Franche­Com­ té, car l’institut, s’il a son siège à Besançon, a des an­ tennes aussi à Montbéliard et Belfort.

Opérationnel en 2014 Depuis sa création il y a 9 ans, les responsables de ce

gros labo ont milité pour un bâtiment « unitaire » ras­ semblant ses départements. Successeur de Michel de La­ bachelerie, le nouveau di­ recteur, Nicolas Chaillet, a pu mesurer tout le chemin parcouru avec la pose de la première pierre, hier, pour cet immeuble imposant, baptisé « Temis Sciences ». Car érigé à proximité de la fac des sciences, et au cœur

de la technopole bisontine Temis vouée aux activités innovantes. Conçu par le cabinet gre­ noblois « Groupe Six », le bâtiment déroulera 5.300 m2 pour la recherche. Et offrira une capacité de 850 m2 de « salle blanche ». Ce type de local où le contrôle des par­ ticules dans l’atmosphère est maîtrisé pour des expé­ riences scientifiques réali­ sées dans des conditions hy­

giéniques optimales. Le rôle moteur du conseil régional, dans cette opéra­ tion, lui a valu la maîtrise d’ouvrage. Et a permis de maîtriser les délais. Coût total du chantier : presque 34 M€, dont près de la moitié financée par des fonds européens. Le reste par l’État et les collectivités locales. Livraison prévue avant l’été 2014. Il sera temps alors de dire Eurêka. Joël MAMET

Environnement L’union prônée pour que la construction en bois gagne plus de terrain dans notre région

Encore du pain sur les planches

Usines ouvertes

de l’Éducation nationale.

Besançon. Les « gens de Femto » (s’ils nous passent l’expression) font dans la gran e, très grande com­ plexité. Mais avec un naturel désarmant. Qui, du coup, ne les enferme pas dans une tour d’ivoire bardée aussi de matière grise. En tout cas, cet institut, respect. Fédéré sous ce nom depuis 2003, il constitue le plus grand laboratoire de re­ cherche en Franche­Comté avec 650 personnels (dont la centaine du labo d’informa­ tique de Besançon, qui vient de rejoindre le « noyau dur » originel). Des personnels qui sont des enseignants­cher­ cheurs, des ingénieurs, des doctorants, et font de lui l’un des labos français le plus re­ connu dans son domaine. Lui que l’Agence d’évalua­ tion de la recherche a classé « A + ». Soit « le plus haut niveau de reconnaissance de la recherche publique », selon la définition de cette catégorie. Semblable aux « 3 A » des agences de notation pour les finances des États. Mais davantage… comment dire… avant­gardiste. Son domaine ? La physi­ que au sens large. Au servi­ ce, notamment, de l’ultra­ précis, héritage du savoir­ faire horloger bisontin et haut­doubien. Et dans des champs disciplinaires va­

Semaine de l’industrie. Jusqu’au 25 mars. Pour tous renseignements sur le programme et les inscriptions aux visites : UIMM Franche­ Comté, tél. 03.81.48.50.00 (www.semaine­industrie­ franche­comte.fr).

Montbéliard. La Damassine à Vandoncourt est le lieu sym­ bolique par excellence : tout en bois, des murs au plafond en passant par la décoration intérieure. Pour le Réseau rural, association du conseil régional et la DRAF (Direc­ tion régionale de l’agricultu­ re et la forêt), elle est incon­ tournable. Logique donc que le premier atelier d’échange régional sur le bois cons­ truction se soit déroulé, hier, dans ses murs. La photo d’actualité, le constat, est plutôt sympathi­ que. « La Franche­Comté a la chance d’avoir une belle forêt, grande, aux essences variées, vivante dans le sens où elle produit toujours du bois », détaille ainsi, pour poser le décor, Jacky Favret, président des communes fo­ restières de la région. « Nous avons aussi de bons forestiers et un outil de transformation très présent sur le territoire. »

Isoler pour économiser Première ou deuxième ré­ gion forestière de France (selon les chapelles), la Franche­Comté, avec ses plus de 700.000 hectares de résineux et feuillus, joue aussi les bons élèves du bâti­ ment : 20 % des nouvelles

K « La valorisation de la forêt et du bois doit passer par les territoires organisés. »

constructions sont en bois. La moyenne nationale tour­ ne autour de 7 à 8 %. Pas question pour autant de s’endormir sur ces lauriers. Car, au vu de l’ensemble du monde (80 % des construc­ tions neuves aux États­Unis ou en Finlande par exemple) et surtout au vu de la riches­ se de la région, ils n’ont rien de franchement exception­

nel. S’il est vrai que la politique régionale privilégie aussi la forêt d’agrément (balades et sports) et milite pour le maintien de la biodiversité, seule la moitié du bois qui pousse chaque année (5 millions de m²) est récol­ tée et exploitée. Dans le même temps, 50 % des habi­ tations construites le sont

Photo Daniel Nowak

avec du bois « étranger » (NDLR : c’était 65 % il y a quelques années). « Il n’est pas question de nier ce mar­ ché ou de fonctionner en autarcie », explique Jacky Favret. « Mais en utilisant au mieux nos capacités, on pourrait aboutir à une cer­ taine autonomie. » Les solutions ? D’abord continuer à changer les

mentalités. À tort, le bois a en effet encore trop souvent la réputation d’être inflam­ mable, friable, onéreux et lourd en entretien. Deuxiè­ me étage de la fusée : relever « ce défi des habitudes et des pratiques » au niveau des territoires organisés (com­ munautés de communes ou autres pays). « La valorisa­ tion des politiques territo­ riales est un discours nou­ veau car, avant, tout le monde faisait un peu dans son coin », note le président, qui cite l’érection d’une mai­ son des services dans sa propre communauté de communes, en Haute­Saô­ ne. « L’action combinée que mènent tous les acteurs de la filière commence à porter ses fruits. » À l’avenir, le bois de cons­ truction aura aussi pour dé­ bouchés les réhabilitations mais aussi et surtout l’isola­ tion thermique de l’existant. « Pour l’instant, c’est un marché de niche mais il va se développer dans les an­ nées à venir », pronostique Johann Ast, chargé de mis­ sion pour le développement des industries du bois. Bâti­ ments publics, maisons, iso­ lation et chauffage : les planches ont de l’avenir ! Sophie DOUGNAC

express Religion

Pèlerinage en Cappadoce Le service interdiocésain des pèlerinages de Besançon et Belfort­ Montbéliard organise du 23 au 30 avril un pèlerinage en Cappadoce, terre étrange et fascinante des églises troglodytes et berceau du christianisme. Renseignements et inscriptions auprès du service des pèlerinages, 18 rue Mégevand, à Besançon, tél. 03.81.25.28.22 ; email : pelerinages@centrediocésa in­besancon.fr


Aire urbaine En bref Mardi après-midi

Bart et Bavans Deux pavillons cambriolés

Deux vols avec effraction ont été commis mardi après-midi à Bart, rue des Lilas et à Bavans, rue des Fauvettes. Dans le premier cas, les propriétaires ont déploré auprès de la gendarmerie la disparition de deux appareils photo, d’objectifs et d’un caméscope, ainsi que d’un bijou. Dans le second, la somme de 70 € en numéraire a été dérobée. La gendarmerie a diligenté une enquête.

Mardi, 18 h 45

Montbéliard Tentative de vol dans un tabac

Trois jeunes hommes ont été interpellés, dont un a été mis hors de cause rapidement, mardi soir vers 19 h près de l’Acropole, à Montbéliard. Des policiers en faction dans ce secteur les avaient repérés alors qu’ils s’enfuyaient précipitamment du bureau de tabac situé à proximité, en face de la gare. La buraliste a confirmé qu’elle venait d’être victime d’une tentative de vol. L’un des trois protagonistes, apparemment alcoolisé, a tenté, mais en vain, de plonger la main dans le présentoir des jeux à gratter, verrouillé. Il s’en est pris verbalement à la commerçante, avec le renfort de son complice, qui a menacé la buraliste de violences si jamais elle prévenait la police. Puis ils sont ressortis. Le premier a quand même essayé en outre d’emporter un présentoir à bijoux installé près de la porte. Bref, beaucoup de remue-ménage et de cris pour rien. L’instigateur principal, âgé de 17 ans, domicilié à Bethoncourt, est convoqué devant le juge des enfants. Le second, âgé de 18 ans, demeurant à Denney (Territoire de Belfort) répondra de menaces devant le tribunal correctionnel de Montbéliard prochainement.

Mardi, 20 h 20

Belfort Ivre, il tombe sur une voiture

Un Belfortain de 68 ans se tenait sur le terre-plein central, avenue de la Laurencie, manifestement en état d’ébriété. Il a perdu l’équilibre lorsqu’arrivait une voiture à faible allure. Il a été légèrement blessé au visage et transporté aux urgences.

Mardi et mercredi

Valdoie et Belfort Personnes retrouvées mortes à leur domicile Deux personnes ont été retrouvées sans vie en deux jours à Valdoie et Belfort. Dans les deux cas, il a fallu forcer la porte de leur domicile qui était fermée, avec les clés à l’intérieur. À Valdoie, au 6, rue Carnot, on était sans nouvelle de la locataire, depuis plusieurs jours. À 42 ans, elle était très malade. Elle a été découverte mardi à 18 h 15. À Belfort, rue de l’Etuve, il s’agit d’un homme de 66 ans que les pompiers ont découvert sans vie, hier, à 9 h 15. L’homme était aussi sous médicaments. Dans les deux cas, il s’agit de morts naturelles.

Hier, 0 h 29

Luxeuil Appartement en feu

Un incendie d’origine probablement accidentelle a détruit un appartement en duplex situé au numéro 6 de la rue Jules-Jeanneney, au-dessus d’une boulangerie, à Luxeuil. L’alerte a été donnée à 0 h 29 et le feu a été totalement maîtrisé à 2 h 10 par les sapeurspompiers de Luxeuil. Le boulanger, son épouse et leur fillette de 21 mois ont pu évacuer leur logement à temps. Légèrement incommodés, ils ont été évacués sur le centre hospitalier pour examens de précaution. La boulangerie et un salon de beauté situés au rez-de-chaussée ont souffert de l’eau et subiront une période de chômage technique.

Faits divers justice

JEUDI 9 FÉVRIER 2012 20

Montreux-Château La péniche de la halte fluviale a failli couler et emploie une cuisinière.

Une rupture de canalisation a mis en péril la péniche stationnée à la halte fluviale de Montreux-Château, hier. Il y avait un certain branle-bas de combat, hier matin, le long du canal, à la halte fluviale de Montreux-Château (Territoire de Belfort), où est installée la péniche restaurant, propriété de la communauté de communes de la Bourbeuse (CCBB). Selon le commandant Thierry Ugolin, officier de garde départemental des sapeurs-pompiers, « une canalisation qui alimente en eau potable la péniche restaurant de Montreux-Château se serait rompue à cause du gel durant la nuit ». Conséquence : environ 300 à 500 m3 d’eau ont envahi la cale presque aux trois-quarts. L’alerte a été donnée par un agent de VNF (Voies navigables de France), chargé de la surveillance du site. Immédiatement, l’ancien gérant, Marc Meyer, s’est rendu sur la péniche et a constaté que l’embarcation menaçait de couler. Une vingtaine de sapeurspompiers, commandés par le lieutenant Raffier, des élus de la Communauté de communes de la Bourbeuse, et quelques cu-

Par un froid polaire, les pompiers ont dû vider entre 300 et 500 m³ d’eau qui avaient envahi la cale de la péniche. Photo D. Lhomme

rieux étaient sur place. Les pompiers ont immédiatement coupé l’arrivée d’eau et installé une motopompe, car la péniche penchait dangereusement du côté du canal, alors qu’elle était retenue à la berge par deux câbles. « L’intervention est dangereuse, assure le commandant Ugolin, car un câble a déjà cédé et les autres pourraient l’imiter. Ils sont capables de couper un homme en deux. Le but de la manœuvre est bien sûr de remettre la péniche à flot. Mais comme elle penche d’un côté, on va vérifier que de l’eau ne rentre pas par les hublots. Pour cela, nous allons faire appel à des pompiers plongeurs, car ce n’est pas la peine de pomper d’un côté si l’eau rentre par un autre. »

Tout était déjà complet pour le concert de Gazy L’eau du canal est gelée en surface, sur 17 cm, selon l’agent de

VNF. L’opération est donc très délicate pour les plongeurs. Les pompiers pompent sans relâche, mais en cas de besoin, il sera fait appel à des moyens plus importants. Quant au risque de pollution, en raison des 100 litres de fuel de la cuve de chauffage, il a été rapidement écarté. La manœuvre s’est prolongée tout au long de l’après-midi par une température glaciale. En fin d’après-midi hier, la péniche n’était pas encore renflouée. Il est donc possible qu’une voie d’eau empêche de vider l’embarcation. Les plongeurs qui ont inspecté les hublots sous la glace n’ont rien découvert. Les dégâts sont très certainement considérables. La péniche restaurant propose des concerts et des animations chaque week-end. Ce lieu convivial est tenu par un nouveau gérant, depuis quinze jours, Franck Nello, ex-leader, auteur, compositeur des « Pères Verts Peppers »,

Elle fait partie du projet touristique soutenu par la CCBB, qui a obtenu le label « pôle d’excellence rurale » (PER). Ce projet comprend aussi la restauration de la synagogue de Foussemagne et la création d’un musée, la réalisation d’un ponton d’amarrage pour les plaisanciers sur la commune de Brebotte et d’une liaison douce de l’embranchement de la véloroute, près de la maison de la communauté à l’entrée de Montreux-Château. Il bénéficie d’une aide d’un montant global de 727 204 €.

Un désespéré de 34 ans s’est jeté du pont surplombant le canal du Rhône au Rhin, hier après-midi à 14 h 30, entre la Poste et la gare de Mulhouse. Mais l’eau était gelée… Après une chute de six mètres, il a atterri sur une épaisse couche de glace et s’est blessé aux jambes et à un poignet. Une dizaine de sapeurs-pompiers, dont plusieurs spécialistes du sauvetage aquatique, ont été mobilisés pour lui porter secours. Munis d’un équipement spécial, au cas où la glace cède sous leur poids, ils ont rejoint le bles-

Des certitudes Le corps de Maxime a été découvert le lendemain matin par des bûcherons, en bordure de la route forestière qui traverse le Bois des Charmes, sur les hauteurs du village, à deux kilomètres du centre de la bourgade. Il était en partie carbonisé et baignait dans son sang. La nouvelle a suscité une immense émotion. L’enquête confiée à la gendarmerie par la procureure de la République de Montbéliard, Thérèse Brunisso, aboutissait le soir même à l’interpellation d’un jeune

provient cette fausse information », commente la procureure de la République, qui confirme en revanche que « l’arme du crime n’a pas été retrouvée », en dépit des recherches importantes menées par la gendarmerie avec l’aide de militaires du 19e régiment du génie de Besançon.

Le jeune Maxime avait 14 ans. Sa mort tragique a suscité une immense émotion. Photos José Gonzalvez et DR

Montbéliardais de 17 ans. C’est lui qui, la veille, avait fixé rendezvous à Maxime, à propos de moto sans doute. Lors de son audition sous le régime de la garde à vue, il a reconnu avoir assisté, de très près, à la mort de Maxime, qui n’était pas son ami, mais une connaissance, sans plus. Le jeune Montbéliardais a affirmé qu’il n’était pas l’auteur des coups portés avec une arme blanche sur Maxime, dont un, fatal, qui a sectionné la carotide. Le mis en cause a dénoncé un autre homme, qui a été interpellé le vendredi matin, alors que lui-même s’apprêtait à être déféré devant la juge d’instruction Sophie Baghdassarian, qui l’a mis en examen pour assassinat, la préméditation ayant été retenue contre lui. Il a été écroué. Il n’a pas été réentendu par la juge depuis cette date. L’autre homme a été remis en liberté le samedi, aucune charge n’ayant été retenue contre lui.

Pas de balle dans la tête L’autopsie du corps de Maxime a confirmé qu’il était mort des suites de ses blessures, notamment à la carotide et qu’il s’était défendu. Contrairement à une rumeur qui perdure aujourd’hui encore, il n’a pas été atteint d’une balle en pleine tête. « Je ne sais pas d’où

Il est clair que le prochain weekend est plus que compromis. Dominique Lhomme

Mulhouse Il saute dans le canal… et tombe sur la glace

Étouvans Un crime sans mobile connu, l’arme n’a pas été retrouvée Un mois après la mort violente et particulièrement horrible du jeune Maxime Roussel, 14 ans, à Étouvans, la justice ne dispose toujours pas des aveux du principal suspect, ni de l’arme du crime, ni du mobile qui pourrait permettre de comprendre ce drame affreux. Le point sur l’enquête. Un mois déjà, que Maxime Roussel, 14 ans, a été tué dans des circonstances particulièrement atroces, à quelques centaines de mètres du domicile de ses parents, à Étouvans. Il a quitté la maison familiale en fin d’aprèsmidi, au guidon de sa moto de cross, le mardi 10 janvier. Ses parents se sont inquiétés de son absence à 19 h, l’heure du repas. Maxime, adolescent sérieux, sans histoire, obéissant ne se serait pas permis d’être en retard sans une raison importante. Son silence a fini par convaincre ses parents que quelque chose de grave avait dû lui arriver. Ils avaient, hélas, raison.

La péniche, installée depuis janvier 2011, a été inaugurée le 14 mai suivant et, durant l’été, elle avait été fréquentée par 2000 personnes par mois en moyenne. Les élus de la CCBB ont été peinés de cet accident : « Samedi dernier, malgré le froid, elle avait fait le plein et tout était déjà complet pour le concert de Gazy, une chanteuse du Sud à la voix rauque et soul, découverte par Frank Nello, signale l’un d’eux. Pour nous, au départ, c’était un pari un peu fou. »

Le mis en cause aurait « livré diverses versions des faits », qui n’ont pas permis non plus d’établir le mobile de ce crime odieux. Ni de conclure que le meurtrier a agi seul. Les investigations ont permis de retrouver la moto de Maxime au domicile du Montbéliardais qui, pour l’heure, demeure l’unique suspect de ce crime sans arme et sans mobile, sauf à penser que Maxime a pu être sauvagement tué pour une moto ! Une dizaine de gendarmes de la section des recherches de Besançon et de la compagnie de Montbéliard restent mobilisés sur ce dossier qui laisse encore beaucoup de questions sans réponses. José Gonzalvez

Beaucourt Ils tirent sur les voitures avec une carabine à plomb Lundi après-midi, deux jeunes majeurs de 18 ans devaient s’ennuyer ferme, car ils n’ont rien trouvé de mieux que de tirer sur des voitures en stationnement et sur la vitrine du garage Lamarche à Beaucourt, avec une carabine à plomb. Une des vitres d’une automobile a d’ailleurs volé en éclats. Les gendarmes de la localité, alertés, ont constaté des impacts sur une façade. Ils se sont alors dissimulés derrière des arbres pour observer d’où provenaient les tirs. Ils ont repéré au 3e étage, derrière des volets, le canon d’une carabine, ce qui leur a permis d’interpeller les tireurs. Au total, les tirs auront causé préjudice à six personnes, cinq propriétaires de voitures et le propriétaire de la vitrine. Les tireurs ont reçu une convocation pour l’audience du tribunal du 28 mars.

sé au milieu du canal gelé, l’ont conditionné dans un brancard et l’ont fait glisser jusqu’à la rive, devant des dizaines de badauds. Le trentenaire a ensuite été pris en charge par une équipe médicale du Samu et conduit au centre hospitalier Emile-Muller. Durant le sauvetage, la victime a par ailleurs indiqué aux policiers qu’avant de partir, elle avait allumé le gaz dans un immeuble inoccupé, rue du Ballon à Mulhouse. Pompiers et policiers se sont rendus à l’adresse indiquée, où ils ont constaté que deux gazinières étaient effectivement allumées. Ils ont coupé l’arrivée de gaz et ventilé les locaux.

En bref Hier, 1 h 20

Montbéliard 1,96 g d’alcool au volant

Un chef d’entreprise domicilié à Étupes a été surpris au volant de son véhicule, hier, vers 1 h 20, au centreville de Montbéliard, alors qu’il avait consommé beaucoup d’alcool : il accusait le taux de 1,96 g par litre de sang. Déjà condamné six fois, dont cinq pour des motifs similaires, la dernière fois le 26 septembre dernier, le contrevenant tombe sous le coup de la récidive légale. Le vice-procureur de la République, Lionel Pascal a requis à son encontre la détention provisoire en attendant qu’il soit jugé, ce matin, selon la procédure de comparution immédiate.

Hier, 10 h 57

La Vaivre (HauteSaône) Maison détruite par un incendie

Un habitant de La Vaivre (Haute-Saône) a mis le feu au toit de sa maison située rue des Carrières, hier vers 11 h, en utilisant un décapeur thermique pour dégeler une conduite d´eau gelée, a-t-on appris auprès de la gendarmerie. La conduite se trouvait sous la toiture qui a été complètement détruite par les flammes. Les pompiers de Luxeuil et de Fougerolles aux ordres du major Villedieu n´ont pas pu utiliser les bornes incendie du village, également victimes du gel. Ils ont dû faire venir un camion-citerne à grande capacité d´eau pour maîtriser l´incendie, a précisé la gendarmerie. Les habitants de la maison, un couple de retraités, vont être relogés. Légèrement incommodés par la fumée, ils ont été évacués vers le centre hospitalier de Luxeuil pour examens de contrôle. La veille, un agriculteur de Longevelle avait mis le feu à son hangar en se servant d´un chalumeau pour dégeler un tuyau d´alimentation en eau. 75 bottes de paille étaient parties en fumée, selon les gendarmes.


L’ E S T R É P U B L I C A I N | M E R C R E D I 1 4 N O V E M B R E 2 0 1 2

REGION Aujourd’hui

A suivre

P

ortes ouvertes, de 14 h à 19 h, à l’IRTS (Institut Régional du Travail), 1, rue de Vigny à Besançon. Conférences pour tout public du secteur sanitaire et social

Meurtre de Maxime à Étouvans

Les plongeurs cherchent le couteau dans le canal

L’innovation franc­comtoise à Compared C’est le plus grand rendez­vous européen de l’instrumentation médicale qui se tient à compter de ce jour à Düsseldorf

.fr

AUJOURD’HUI SUR estrepublicain

P Explosions au collège Diderot de Besançon : diaporama P Manuel Valls provoque la colère des députés de droite sur le terrorisme : vidéo P Sébastien Loeb vole à bord d’un Mirage de Toul­Ochey : toutes les images sur le site dans la matinée

Cocktails Molotov au collège « Un collège à la gestion délicate »

Deuxexplosionsontretenti hierà15 h 45dansuncouloir ducollègeDiderot,dans lequartierdePlanoise,à Besançon.Pasdeblessémais beaucoupd’émotionet uneviveinquiétude.

E Ce n’est pas la première fois que le

«J’ K Les plongeurs de la gendarmerie ont passé au peigne fin les eaux du canal et devraient poursuivre aujourd’hui. Photo Francis REINOSO

Étouvans._ Le déferlement de véhicules terrestres et d’em­ barcations nautiques de la gendarmerie, hier matin, au centre du village d’Étouvans n’est évidemment pas passé inaperçu. D’autant que rapidement, douze plongeurs se jettent dans une eau à 9° et évoluent, en ligne serrée, pour passer au crible le canal du Rhône au Rhin et ce jusqu’aux confins de la cité voisine de Voujeau­ court. Les curieux se relaient pour assister au ballet et poser des questions. Si, sur les berges, les militai­ res, en civil, restent discrets (ils opèrent sous commission rogatoire d’un juge d’instruc­ tion), le motif de ce déploie­ ment n’a guère de secret. Les plongeurs recherchent le couteau avec lequel Maxi­ me Roussel, un adolescent de 14 ans, a été assassiné le 10 janvier dernier dans la commune.

« Une piste cohérente » Les hommes grenouilles, en provenance de différentes brigades fluviales du grand Est, sont là, théoriquement, pour deux jours. Équipés d’un sonar, ils affinent les recher­ ches au plus près, histoire de ne rien laisser au hasard. Si le canal est l’objet d’autant

d’attention, c’est simplement parce qu’il constitue « une pis­ te cohérente », dixit une sour­ ce proche du dossier, que l’as­ sassin aurait pu emprunter en vue de se débarrasser de l’arme du crime. Une arme, jusqu’à ce jour, introuvable. On se souvient que la voie de chemin de fer de Bethoncourt, distante d’Étouvans d’une quinzaine de kilomètres, avait été passée au peigne fin de la même manière, il y a de cela quelques mois. Autant dire que le champ d’action des en­ quêteurs est des plus vastes, compliquant et démultipliant les hypothèses de travail… Autant chercher une épingle dans une meule de foin. Hier, les plongeurs ont re­ monté à la surface un peu de tout : vélo, ferraille rouillée sans intérêt pour l’enquête et d’autres éléments peut­être un peu plus intéressants. Comme ce pantalon de jog­ ging gris, maculé de tâches, découvert peu avant midi à hauteur du pont derrière l’église. Et si, ici comme précédem­ ment, le résultat devait s’avé­ rer décevant, cela servirait à « fermer des portes », faute d’en ouvrir, comme il est cou­ tume de dire dans le jargon des enquêteurs. SamBONJEAN avecAlainDUPONT

Naufrage Un Jurassien dans l’équipage

Quatre morts et un disparu au Maroc Rabat (Maroc). Quatre Fran­ çais sont morts et un cin­ quième est porté disparu à la suite du naufrage de leur ca­ tamaran hier mardi au large de Saïdia, sur la côte septen­ trionale du Maroc, en raison des mauvaises conditions météorologiques, a­t­on ap­ pris de source diplomatique française à Rabat. Selon la même source, le naufrage a eu lieu en mati­ née et les quatre corps ont été retrouvés à proximité de cette ville frontalière de l’Al­ gérie. Pour la cinquième personne, « un tout petit es­ poir demeure » car le canot de sauvetage n’a pas encore été repéré, a­t­on précisé. Le voilier était parti de Marseille et devait effectuer

un long périple, avec esca­ les, jusqu’au Brésil puis aux Caraïbes. Le skippeur était expérimenté mais les condi­ tions étaient « très mauvai­ ses » en ce début de semaine dans le nord­est du Maroc, a­t­on souligné de même source. D’après le programme de ce périple de neuf mois, pré­ senté sur une page internet, l’équipage, originaire de dif­ férentes régions de France (Alpes­Maritimes, Ardèche, Jura), avait quitté Marseille le 15 octobre dernier. Il de­ vait terminer son parcours aux Caraïbes autour du 10 juillet. Le voilier y est présenté comme un catamaran de 13 m de long et 7 m de large, photos à l’appui.

Société Son visa a été renouvelé

Le professeur pas expulsé Belfort. Oliver Dean, le pro­ fesseur d’anglais, originaire de Nouvelle­Zélande, mena­ cé d’expulsion (ER du 9/11), pourra continuer à donner ses cours à l’UTBM. Finale­ ment, le préfet lui a renouve­ lé son visa, précieux docu­ ment qui lui a été remis hier après­midi. Les étudiants de l’UTBM avaient constitué un comité de soutien et avaient

fait parvenir à la préfecture un courrier, signé par 130 étudiants, pour plaider sa cause, imités par les députés Meslot et Zumkeller. Le professeur avait vu son nombre d’heures d’ensei­ gnement diminuer à la ren­ trée scolaire – il n’était plus qu’à 50 %­, ce qui justifiait le non­renouvellement de son visa.

étais en train de faire cours à l’éta­ ge juste au­dessus et nous avons sou­ dain entendu deux fortes détonations. On a d’abord cru à des coups de feu. Cer­ tains ont commencé à paniquer, ont crié à l’attentat, et une de mes élèves a fait une crise de nerf. » Ce profes­ seur est l’un des cinq qui étaient en train de faire cours lorsque les ex­ plosions se sont produites. Il était 15 h 45, hier, lorsque deux déflagrations ont retenti dans le couloir du premier étage du bâti­ ment longeant la cour de récréation du collège Diderot. Un établisse­ ment situé 3, avenue Ile­de­France, en plein cœur du quartier de Planoi­ se à Besançon et que fréquentent quotidiennement 680 collégiens.

Une centaine d’élèves évacués Le dispositif d’alarme incendie a alors immédiatement été déclenché. Tandis que les secours étaient aler­ tés, la centaine d’élèves qui se trou­ vaient dans le bâtiment en question a été évacuée et rassemblée dans la

Escroquerie

K Les policiers vont maintenant analyser les produits et débris des deux engins explosifs artisanaux qui ont été retrouvés sur les lieux.

cour. Rapidement sur les lieux, sa­ peurs­pompiers, policiers et CRS ont sécurisé le périmètre. Également sur place, l’inspectrice d’académie ainsi que des représen­ tants du conseil général et de la mai­ rie sont venus épauler le principal, Jean­Louis Tournut, pour faire face à ce nouvel épisode traumatisant pour son établissement (lire par ailleurs). Si cinq adultes et enfants, légère­ ment incommodés par l’odeur des produits explosifs, ont dû être mo­ mentanément pris en charge dans le

collège Diderot connaît un événement d’une telle gravité. Voilà un an et demi (notre édition du 16 mars 2011) un collégien de 4e en avait blessé un autre au cours d’une rixe dans la cour de récréation. Depuis ? Des agressions moins graves certes mais néanmoins fréquentes. Depuis la rentrée, un enseignant a été mordu, un autre a reçu un coup de crayon et une surveillante a eu trois jours d’arrêt après avoir été blessée en voulant séparer deux élèves qui se bagarraient. « C’est un collège à la gestion fragile et délicate, situé au cœur d’un quartier sensible », reconnaissait hier soir l’inspectrice d’académie Élisabeth Bisot. « C’est pourquoi nous allons dès ce mercredi envoyer du personnel adulte en renfort pour le temps qu’il faudra. »

Photo Arnaud CASTAGNÉ

véhicule des sapeurs­pompiers, personne n’a été blessé ni dû être évacué vers l’hôpital. Et les élèves ont quitté le collège dans la foulée.

Des individus étrangers au collège aperçus Si les cocktails Molotov ont bien explosé, pour une raison restant à déterminer, la déflagration n’a pas été suivie d’un début d’incendie. Les engins ont en revanche répandu un liquide que les soldats du feu ont immédiatement neutralisé à leur ar­

rivée et qui devra maintenant être analysé. Selon des témoignages re­ cueillis sur place, deux ou trois indi­ vidus étrangers à l’établissement et qui auraient escaladé les grilles à l’arrière du bâtiment, auraient été aperçus dans l’enceinte du collège peu avant les faits. Le parquet a confié hier soir l’en­ quête aux services de police de la Sûreté départementale et, ce matin, élèves et professeurs seront ac­ cueillis par une cellule d’écoute mise en place par le rectorat. Pierre LAURENT

Association de malfaiteurs de Montbéliard à la Tunisie

Trahis par leurs communications Montbéliard. Une dénoncia­ tion anonyme. C’est par ce biais, au début de l’été, que les policiers montbéliardais sont informés de l’existence d’un réseau qui écoulerait, en Tunisie, de la marchandi­ se volée ou achetée avec des cartes bancaires et chèques falsifiés. Le renseignement est si précis qu’il désigne en un prénommé Adlène, 27 ans, la tête du réseau. Des écoutes téléphoniques sont mises en place. Elles per­ mettront de baliser les con­ tours de la nébuleuse. Et comme ce jeune entre­ preneur en maçonnerie est particulièrement bavard et prolixe lors de ses conversa­ tions téléphoniques et de ses sms, les enquêteurs savent précisément que le voyage à destination de la Tunisie est prévu pour le 9 novembre au soir et qu’un autre est pro­ grammé pour janvier. Il suf­ fit donc de planquer à proxi­ mité du domicile et d’intercepter ce Jumper de 6 m³, quelques hectomètres après son départ du quartier de la Petite­Hollande (notre édition d’hier).

La caverne d’Ali Baba Le fils, accompagné de son père de 59 ans, commence par nier avant d’être con­ fronté aux évidences des

Drogue

écoutes. Il reconnaît avant d’opérer une saugrenue volte­face lors de ses der­ nières auditions. Il dit qu’il existe sur le quartier un ga­ rage, une espèce de caverne d’Ali Baba, regorgeant de marchandises. Qu’il s’est servi, niant du coup toute orchestration d’un réseau. Sauf que les écoutes mettent en lumière toute autre cho­ se. Il apparaît qu’un jeune « black » du quartier s’est fait voler sa carte d’identité. Qu’à partir de là, un compli­ ce, à la couleur de peau sem­ blable, a été recruté pour tenter de faire ouvrir des comptes bancaires avec la pièce d’identité et ainsi utili­ ser l’argent aussi longtemps que la banque se faisait es­ croquer. Cible des achats, des vête­ ments siglés (Dolce & Gab­ bana), des meubles, des piè­ ces autos, du matériel de bricolage, etc. Et quand le jeune complice n’achetait pas ce qui lui était comman­ dé, une équipe était chargée de le remettre sur les rails. Si besoin avec force. C’est ainsi qu’il est enlevé et séquestré dans le coffre d’une voiture. Que le 9 no­ vembre au soir, il aurait es­ suyé des tirs de balles. Il dé­ signe alors Marouane et

en détention provisoire. L’avocat de la défense abat sa dernière carte et invite le JLD à contraindre son client à demeurer en Région pari­ sienne, ce qui éviterait toute pression.

Les avocats ironisent

K Renforts de police au tribunal, de peur de débordements des proches des mis en cause.

Zohère, deux frères, comme ayant conduit l’expédition punitive. Deux frères qui auraient aussi tenté de lui soutirer 6.000 € et auraient dépouillé son appartement. Deux frères muets ou pres­ que durant leurs auditions, réfutant simplement les faits. « Je note que la préten­ due victime est défavorable­ ment connue », lance M e Pierre­Henri Surdey, l’avocat des frangins, com­ me pour allumer un contre­ feu lors du débat, hier à 20 h,

Photo Francis REINOSO

devant le juge des libertés et de la détention (JLD). « On se croirait dans la scène d’ouverture des Affran­ chis », poursuit­il. À enten­ dre la représentante du mi­ nistère public, là encore, les écoutes téléphoniques con­ fondent Marouane, 21 ans, intermittent du spectacle sur Paris, qui se serait vanté de la prouesse. Elle estime que pour les besoins de l’enquête, il est nécessaire que ce protago­ niste, comme les autres, aille

La magistrate n’a pas suivi et a décidé d’envoyer le pré­ nommé Marouane derrière les barreaux de la prison de Montbéliard. Le frère de ce dernier, la tête réseau pré­ sumée, et le père de ce der­ nier devaient suivre, dans la soirée, pour connaître leur devenir dans cette affaire initialement présentée com­ me une escroquerie en ban­ de organisée (donc passible des assises) avant d’en ré­ duire le volume et de retenir « l’association de malfai­ teurs ». Les avocats de la défense ironisaient sur l’ampleur chiffrée du trafic. Selon leurs décomptes, le butin des vols portant sur les mar­ chandises retrouvées dans la camionnette se chiffrerait très précisément à 666,99 €. « Tout ça pour ça », soupi­ rait un proche du dossier. Désormais, les investiga­ tions se poursuivront sur commission rogatoire avec deux juges d’instruction sai­ sis. Sam BONJEAN

Quatorze trafiquants sont jugés à Nancy. En 2011, la justice avait saisi 130 kg de poudre à Mulhouse

Ils inondaient l’Europe de cocaïne Nancy. Ils ont de 26 à 48 ans et sont, depuis lundi, sage­ ment alignés dans le box. Un box qui paraît minuscule puisque treize des quatorze prévenus de cette vaste af­ faire de trafic de stupéfiants instruite par la JIRS (Juridic­ tion interrégionale spéciali­ sée) de Nancy sont en effet détenus… Le procès qui s’est ouvert lundi matin, de­ vrait s’achever en début de semaine prochaine. Le directeur d’enquête a narré la genèse de cette his­ toire qui a débouché sur la saisie en 2011 de 130 kg de cocaïne : un renseignement anonyme transmis en juin 2010 à la PJ de Mulhou­

se et qui fait état d’une pro­ chaine transaction de plu­ sieurs kilos de poudre entre des Sud­Américains et des ressortissants de pays de l’Est basés notamment en Espagne. L’hôtel où se tient le ren­ dez­vous est surveillé et les enquêteurs, après avoir constaté que l’un des hom­ mes a passé un coup de fil d’une cabine téléphonique, placent le portable contacté sur écoutes. Au fil des mois, en remon­ tant le fil, la justice découvre qu’elle est en présence d’un véritable réseau qui fait transiter la drogue de la Ré­ publique dominicaine vers

l’aéroport de Bâle­Mulhou­ se, via Roissy­Charles­de­ Gaulle à Paris. « Un réseau qui fonctionne avec des cel­ lules juxtaposées assez in­ dépendantes », précise l’en­ quêteur, « et avec différents niveaux : celui des ouvriers, des petites mains, celui des superviseurs, celui de la cel­ lule de recrutement, basée à Madrid. Et, au­dessus, les gens les plus importants : des Colombiens qui utilisent des Dominicains ». Cinq saisies seront effec­ tuées en 2011 : les 8 mars, les enquêteurs mettent la main sur 23 kg de cocaïne que sont venus récupérer un Ukrai­

nien et un Roumain. Une se­ maine plus tard, ce sont 65 kg qui sont saisis, tou­ jours à Mulhouse, dans les mains de deux Anglais do­ miciliés à Malaga. D’après la police, ces deux cargaisons étaient destinées à des Rus­ ses également basés en Espagne.

Cascadeur dans James Bond Trois autres saisies auront lieu en juin 2011 : l’une de 5 kg, une autre de 4 et une dernière de 33. Ces valises de poudre avaient des desti­ nations différentes : Nice, le marché suisse et le marché

espagnol. Les mis en cause sont éga­ lement de nationalités très variées : anglaise, domini­ caine, italienne, roumaine, lituanienne, ukrainienne, espagnole, albanaise ou en­ core mexicaine. L’un des prévenus présen­ te la particularité d’être cas­ cadeur professionnel. Il est la doublure attitrée de l’ac­ teur Jason Statham, a tourné aux côtés de Pierce Brosnan dans deux James Bond (« Le monde ne suffit pas », « De­ main ne meurt jamais ») et est le premier soldat à se faire tuer dans « Il faut sau­ ver le soldat Ryan »… Eric NICOLAS


L’ E S T R É P U B L I C A I N | M E R C R E D I 1 4 N O V E M B R E 2 0 1 2

REGION Justice Le Routard du crime aux assises

Homicides involontaires Une nouvelle expertise devra tenter d’élucider un accident mortel à Heillecourt

Heaulme : audience décisive le 18 décembre

Un accident divise les experts

pour le double meurtre de Montigny ?

Nancy. La chambre de l’ins­ truction de Metz doit exami­ ner le 18 décembre la deman­ de de renvoi du tueur en série Francis Heaulme devant les assises de Moselle, pour un double meurtre d’enfants à Montigny­lès­Metz en 1986. Comme nous l’avions révélé fin octobre, le parquet général de Metz compte demander le renvoi de Francis Heaulme pour ce crime jamais élucidé, pour lequel Patrick Dils avait été condamné à deux reprises avant d’être acquitté en 2002. Les juges de la chambre de l’instruction pourront confir­ mer un non­lieu déjà pronon­ cé pour Francis Heaulme en 2007, ou exiger un renvoi aux assises, ou encore demander un troisième supplément d’in­ formation. « Cette décision était atten­ due », a déclaré l’avocate de Francis Heaulme, Me Liliane Glock. « Pour autant, j’attends les réquisitions exactes du procureur général et je suis curieuse de connaître l’argu­ mentation de l’accusation ». Le parquet avait décidé de

demander ce renvoi à l’encon­ tre de Francis Heaulme après l’analyse d’un deuxième sup­ plément d’information. Le 29 septembre 1986, les corps de Cyril Beining et Alexandre Beckrich, âgés de 8 ans, avaient été retrouvés le crâne fracassé sur une voie ferrée de Montigny­lès­Metz. L’affaire avait d’abord conduit à la condamnation de Patrick Dils, un apprenti­cuisinier de 16 ans, à la réclusion criminel­ le à perpétuité en 1989. Mais il avait bénéficié en 2001 d’une rarissime procédure de révi­ sion de son procès, la présen­ ce de Francis Heaulme ayant été établie à proximité du lieu du crime à l’époque des faits. Réjugé, Patrick Dils avait été condamné à 25 ans avant d’être acquitté en 2002. Une nouvelle instruction, ouverte en 2003, avait conduit à la mise en examen de Francis Heaul­ me. Mais le tueur en série avait bénéficié d’un non­lieu en 2007. La chambre de l’instruc­ tion avait ordonné deux sup­ pléments d’information, en 2008 puis en 2009.

Faits­divers

Un Nancéien impliqué dans des incidents entre supporters de football

Echauffourées à Mulhouse Mulhouse. Un Nancéien figu­ re parmi des supporters im­ pliqués dans des échauffou­ rées en marge du derby de football entre le FC Mulhou­ se et le RC Strasbourg, same­ di dernier à Mulhouse. La compagnie de CRS et les di­ zaines de policiers mulhou­ siens mobilisés pour l’occa­ sion ont été contraints de calmer à plusieurs reprises les ardeurs de quelques di­ zaines d’individus. Avant le match, des supporters stras­ bourgeois « indépendants » qui tambourinaient sur une voiture ont été dispersés à l’aide de gaz lacrymogène. Un peu plus tard, un groupe a

tenté de forcer le passage vers les tribunes mulhou­ siennes dans l’intention ma­ nifeste d’en découdre. Ses membres les plus virulents ont été interpellés. Selon nos confrères de « L’Alsace » et des « Dernières Nouvelles d’Alsace », un Nancéien de 22 ans est accusé d’avoir lan­ cé un projectile sur la police municipale. L’homme, dont la garde à vue a été prolongée, est connu et a déjà été con­ damné pour des faits similai­ res. En tout, une dizaine de personnes ont été interpel­ lées, dont sept pour « ivresse publique et manifeste » et une qui était recherchée.

Nancy. Les deux avocates sont côte à côte et confron­ tent leurs points de vue sur le ton de la discussion. Dis­ cussion à laquelle partici­ pent les trois magistrats du tribunal correctionnel de Nancy. Le président Clerc et ses deux assesseurs. Tout le monde se penche sur le plan des lieux d’un accident mor­ tel et chacun y va de son commentaire. Ce n’est pas encore un dé­ bat de comptoir au café du commerce. Mais ce n’est déjà plus le classique et ri­ tuel affrontement judiciaire. C’est sans doute dû à la fati­ gue et à l’heure tardive. Nous sommes lundi en dé­ but de soirée et les magis­ trats siègent depuis 13 h 30. C’est également dû à la com­

plexité et à la gravité de l’af­ faire. Il s’agit de savoir si un chauffeur routier de 56 ans est responsable d’un terri­ fiant drame de la route qui s’est produit le 20 août 2010 à Heillecourt. Le poids lourd du prévenu s’est engagé sur la route dé­ partementale 570 pour se di­ riger vers une zone commer­ ciale. Et cela alors qu’une moto arrivait. Elle s’est en­ castrée contre le réservoir du camion. « Elle a été cou­ pée en deux, complètement détruite », indique, impres­ sionné, le président Clerc.

Les larmes d’une mère Le conducteur du deux­ roues et sa compagne qui était passagère, tous deux

âgés d’une vingtaine d’an­ nées, sont morts sur le coup. A combien roulaient­ils ? Et le camion ? A­t­il vu la moto ? A­t­il freiné et quand ? Autant de questions aux­ quelles la Justice a tenté de répondre en nommant un expert puis un deuxième. Problème : ils n’arrivent pas aux mêmes conclusions. Idem pour les experts des assurances du motard tué et du camion. « J’ai rarement vu des ex­ pertises aussi différentes », constate, surprise, la substi­ tut du procureur Nora N’Hari. D’où les longues et tardives discussions, lundi, pour savoir s’il était néces­ saire ou non d’ordonner une nouvelle et ultime expertise

pour clarifier la situation. C’est le seul point sur le­ quel se rejoignent l’avocate de la famille des victimes, Me Geray du barreau de Saint­ Etienne, et celle du routier, Me Vilmin. Elles sont en dé­ saccord sur tout. Sauf sur la nécessité de nommer un nouvel expert. Le président hésite toute­ fois. Pas convaincu. Il craint une perte de temps. Il est prêt à juger l’affaire. Mais dans la salle d’audience, la famille des victimes est visi­ blement favorable à cette expertise de la dernière chance. La mère du motard tué ne peut retenir quelques larmes. Car si les circons­ tances de l’accident restent floues, sa peine est incontes­ table. Irrésistible.

Après une heure et demie d’échanges à bâtons rom­ pus, le président finit par se rallier à la solution de l’ex­ pertise. Afin d’analyser le chrono­tachygraphe du ca­ mion. Et d’essayer de déter­ miner si routier a freiné avant ou après le choc avec la moto. Ce qui permettrait de savoir s’il l’a vue ou non. Encore faut­il trouver un expert compétent. Le tribu­ nal a renvoyé l’affaire à dé­ but décembre, le temps de trouver le nom de l’oiseau rare. Et il faudra ensuite vraisemblablement plu­ sieurs semaines avant d’avoir des résultats d’ex­ pertise. « J’espère que cela sera utile », conclut le prési­ dent Clerc. Christophe GOBIN

Drame Le parquet de Bar­le­Duc vient de relever appel d’une décision du tribunal correctionnel qui a relaxé un

médecin­anesthésiste poursuivi pour homicide involontaire après le décès d’une jeune femme qui venait d’accoucher

« On se bat pour Benjamin » Bar­le­Duc. Après dix ans d’une interminable procé­ dure, la famille d’Agnès Hocquet­Simonin, une jeu­ ne maman âgée de 20 ans décédée le soir du 5 octobre 2002 à la suite d’un accou­ chement difficile au service de gynécologie­obstétrique de l’hôpital de Bar­le­Duc, a été profondément choquée et meurtrie par le jugement rendu en délibéré, le 16 oc­ tobre dernier, par le tribunal correctionnel qui a relaxé un médecin­anesthésiste âgé de 47 ans, poursuivi pour « homicide involontaire » dans le cadre de cette dou­ loureuse affaire. « Il y a eu des erreurs rele­ vées par deux collèges d’ex­ perts qui ont conclu à une faute professionnelle de l’anesthésiste. Dans ses ré­ quisitions, le ministère pu­ blic a indiqué qu’il n’y avait pas eu d’autopsie, ce qui est faux. Le fait qu’il n’y ait pas de coupable, on ne peut l’ac­ cepter. On veut que justice soit faite pour Agnès. Son fils est né avec un sacré

fardeau sur le dos. On se bat pour Benjamin », confie Ghislaine, l’une des sœurs, écœurée mais combative au point d’écrire une lettre au procureur de la République Yves Badorc, seul compé­ tent pour relever appel de la décision. Une initiative entendue par le parquet. « Compte tenu de sa nature et d’un enjeu fort, j’ai estimé que l’affaire méritait un deuxiè­ me examen pour permettre à la famille de s’exprimer à nouveau sur des faits très douloureux. Le dossier est en train d’être transmis à la cour d’appel de Nancy », a indiqué le procureur.

Prise en charge tardive Le soir du drame, l’accou­ chement, par césarienne, entraîne une déchirure de l’utérus. Une suture est pra­ tiquée. La maman, après la naissance de son fils à 17 h 25, est ensuite conduite en salle de réanimation, où une infirmière relève, à

Meurtre de Maxime des plus larges

18 h 10, des « pertes sangui­ nes anormales ». La situa­ tion s’aggrave à 19 h 10 où une chute du taux d’hémo­ globine est constatée. Sur les trois collèges d’ex­ perts sollicités au cours de l’instruction, les deux der­ niers, dont celui réalisé par des sommités près la cour de cassation, observent que le médecin­anesthésiste a sous­estimé l’état de choc hémorragique de la patiente et que la prise en charge de cette dernière a été tardive avec la mise en place de cu­ lots globulaires à partir de 19 h 40. Victime de compli­ cations, la jeune maman est de retour au bloc à 21 h 15 pour subir une ablation de l’utérus qui se solde par son décès, déclaré à 21 h 40. À la barre, lors de l’audien­ ce du 2 octobre, le médecin­ anesthésiste a affirmé « avoir fait son métier sans négligence », rejetant la fau­ te sur le chirurgien qui aurait dû, selon lui, agir plus rapidement. Dans cette af­ faire, les deux gynécologues

Le champ d’action des enquêteurs est

Des plongeurs cherchent le couteau dans le canal, à Etouvans Montbéliard. Le déferlement de véhicules terrestres et d’embarcations nautiques de la gendarmerie, hier ma­ tin, au centre du village d’Étouvans, dans le Doubs, n’est évidemment pas passé inaperçu. D’autant que rapidement, douze plongeurs se jettent dans une eau à 9° et évo­ luent, en ligne serrée, pour passer au crible le canal du Rhône au Rhin et ce jus­ qu’aux confins de la cité voi­ sine de Voujeaucourt. Les curieux se relaient pour as­ sister au ballet et poser des questions. Si, sur les berges, les mili­ taires, en civil, restent dis­ crets (ils opèrent sous com­ mission rogatoire d’un juge d’instruction), le motif de ce déploiement n’a guère de secret.

Assassiné le 10 janvier dernier Les plongeurs recherchent le couteau avec lequel Maxi­ me Roussel, un adolescent de 14 ans, a été assassiné le 10 janvier dernier dans la commune. Les hommes grenouilles, en provenance de différen­ tes brigades fluviales du grand Est, sont là, théori­ quement, pour deux jours. Équipés d’un sonar, ils affi­ nent les recherches au plus près, histoire de ne rien lais­ ser au hasard. Si le canal est l’objet d’autant d’attention, c’est simplement parce qu’il constitue « une piste cohé­ rente », selon une source

K Stéphane et Agnès ont longtemps désiré un enfant. Aujourd’hui, Benjamin a 10 ans. Il ne connaîtra jamais sa maman.

présents cette nuit­là ont bénéficié d’un non­lieu à la suite de l’arrêt de la cham­ bre de l’instruction rendu le 10 novembre 2011. Ren­ voyant seul l’anesthésiste devant le tribunal correc­ tionnel qui vient de le re­ laxer, arguant notamment du fait qu’il existait un

Explosions

Photo DR

« doute sérieux sur l’origine de l’état d’hypovolémie (dé­ ficit de sang) et que « si l’ad­ ministration de facteurs de coagulation pouvait limiter l’importance de l’hémorra­ gie, le nécessaire traitement de la source de l’hémorragie était d’ordre chirurgical ». Nicolas GALMICHE

A Besançon dans le Doubs

Cocktails Molotov au collège Besançon. Pas de blessé, mais beaucoup d’émotion et d’in­ quiétude : hier, à 15 h 45, deux explosions ont retenti dans un couloir du collège Diderot, dans le quartier de Planoise à Besançon, fréquenté par 680 collégiens. Le dispositif d’alar­ me incendie a immédiate­ ment été déclenché. La cen­ taine d’élèves qui se trouvaient dans le bâtiment en question ont été évacués et rassemblés dans la cour. Rapi­ dement sur les lieux, sapeurs­ pompiers, policiers et CRS ont sécurisé le périmètre. Si cinq adultes et enfants, légèrement incommodés par l’odeur des produits explosifs, ont dû être

momentanément pris en charge par les pompiers, per­ sonne n’a été blessé. Et les élèves ont quitté le collège dans la foulée. Les cocktails Molotov ont répandu un liqui­ de que les soldats du feu ont neutralisé à leur arrivée et qui devra maintenant être analy­ sé. Selon des témoins, deux ou trois individus étrangers à l’établissement auraient été aperçus dans l’enceinte du collège peu avant les faits. Le parquet a confié l’enquête aux services de police de la Sûreté départementale et ce matin, élèves et professeurs seront accueillis par une cellule d’écoute mise en place par le rectorat.

Prison : syndicaliste sur la sellette K Les plongeurs de la gendarmerie ont passé au peigne fin les eaux du canal et devraient poursuivre aujourd’hui. Photo Francis REINOSO

proche du dossier, que l’as­ sassin aurait pu emprunter en vue de se débarrasser de l’arme du crime. Une arme, jusqu’à ce jour, introuvable. On se souvient que la voie de chemin de fer de Bethon­ court, distante d’Étouvans d’une quinzaine de kilomè­ tres, avait été passée au pei­ gne fin de la même manière, il y a de cela quelques mois. Autant dire que le champ d’action des enquêteurs est des plus vastes, compliquant et démultipliant les hypo­ thèses de travail… Hier, les plongeurs ont re­ monté à la surface un peu de

tout : vélo, ferraille rouillée sans intérêt pour l’enquête et d’autres éléments peut­ être un peu plus intéres­ sants. Comme ce pantalon de jogging gris, maculé de tâches, découvert peu avant midi à hauteur du pont der­ rière l’église. Et si, ici comme précédem­ ment, le résultat devait s’avérer décevant, cela ser­ virait à « fermer des por­ tes », faute d’en ouvrir, com­ me il est coutume de dire dans le jargon des enquê­ teurs. Sam BONJEAN avec Alain DUPONT

Metz. En arrêt maladie de­ puis le mois d’avril « pour dépression », Carlo Di Egi­ dio, représentant syndical du SPS (Syndicat pénitenti­ aire des surveillants) à la maison d’arrêt de Metz­ Queuleu a reçu récemment un courrier de son adminis­ tration le sommant de re­ prendre son travail ce matin. En cas de non­présentation à son poste, ce mercredi, il s’expose « à la radiation ». En d’autres termes, il sera licencié. Les rapports entre le fonctionnaire et son admi­ nistration semblent diffici­ les « depuis l’arrivée de la nouvelle directrice interré­ gionale il y a deux ans », considère l’intéressé. Carlo

Di Egidio, qui travaillait à la surveillance des bracelets électroniques, a alors été « muté au parloir, un poste généralement réservé aux stagiaires, soit une perte de salaire de 2 000 € », selon le syndicaliste qui s’est alors mis en arrêt maladie jus­ qu’au jour où un médecin contrôleur a estimé qu’il pouvait reprendre le travail. S’appuyant sur un texte de loi, Carlo Di Egidio a refusé. Mais la la direction considè­ re, elle, cette « absence non justifiée ». Ce matin, Carlo Di Egidio ne se présentera pas à son travail. Il déposera un re­ cours contre la procédure administrative dont il est susceptible de faire l’objet.


Région Un jeune héroïque

JANVIER Maxime, tué en forêt pour sa moto

n DOUBS/10 JANVIER

Près d’un an après les faits, de nombreuses zones d’ombre persistent quant aux circonstances du décès de Maxime Roussel, adolescent de 14 ans dont le corps a été retrouvé carbonisé le mercredi 11 janvier au matin dans un bois d’Étouvans, près de Montbéliard. Le garçon avait disparu depuis la veille au soir, lorsqu’il avait quitté le domicile familial pour faire un tour à moto. Son corps partiellement calciné avait été retrouvé mercredi matin par des forestiers, dans

Dimitri Higelin a grimpé jusqu’au balcon du deuxième étage pour rassurer une dame de 89 ans. Photo Hervé Kielwasser

n COLMAR/17 JANVIER À peine de retour d’Afghanistan, un caporal du 152e Régiment d’infanterie se distingue, le 17 janvier, en venant au secours d’une dame de 89 ans lors d’un incendie qui s’était déclaré au deuxième étage d’un immeuble rue de Belgrade, à Colmar. « J’ai vu l’épaisse fumée qui se dégageait et cette dame coincée sur son balcon qui menaçait de sauter. J’ai donc grimpé jusqu’à elle pour la rassurer », témoigne Dimitri, jeune homme de 22 ans, enfant du quartier Europe à Colmar, qui se rendait à la mosquée. « La chaleur était vraiment intense, mais d’autres passants, dont son petit-fils que je connais de vue, et des policiers ont trouvé une échelle et sont venus nous faire descendre… » Huit personnes ont été intoxiquées par ce violent incendie.

8

Une marche blanche a eu lieu en mémoire de Maxime.

Maxime était parti faire de la moto dans les bois d’Étouvans. Photo José Gonzalvez un bois à proximité du village. L’autopsie a révélé que Maxime avait été touché par plusieurs coups d’arme blanche dont l’un, fatal, à la carotide. Il est mort avant d’avoir été calciné. Deux jours plus tard, un jeune homme de 17 ans est mis en examen pour assassinat. Il a reconnu sa présence sur les lieux, mais nié être l’auteur des coups. Un second suspect, un jeune majeur, avait également été interpellé avant d’être remis en liberté à l’issue de sa garde à vue. Le mobile du meurtre reste également inconnu, l’une des hypothèses pouvant être que l’adolescent a été tué par une ou plusieurs de ses connaissances qui étaient intéressées par sa moto.

PhotoPQR/L’Est Republicain/Francis Reinoso

Mulhouse : l’incendie était criminel

n MULHOUSE/JUSTICE

L’explosion et l’incendie qui ont coûté la vie à trois Mulhousiens, rue de Thann à Mulhouse, le 1er novembre 2011, étaient criminels. Grâce aux relevés téléphoniques des appels passés dans le secteur quelques minutes avant l’explosion, les policiers constatent que l’une des lignes téléphoniques en activité correspond à celle de l’ancien gérant d’un taxiphone implanté auparavant au rez-dechaussée de l’immeuble. L’homme et l’un de ses neveux, âgé de 17 ans, sont interpellés et le second passe rapidement aux aveux. Il reconnaît avoir mis le feu à l’aide de quatre jerrycans d’essence, selon lui à la demande de son oncle. La raison demeure inconnue. Un temps évoquée, la piste d’une tentative d’escroquerie à l’assurance a été écartée, le local n’étant pas assuré. L’explosion, survenue à 5 h 20 du matin, avait secoué tout le quartier et coûté la vie à la propriétaire de l’immeuble, âgée de 84 ans, à sa fille de 49 ans et à son petit-fils de 18 ans.

Les policiers ont identifié les responsables de l’incendie grâce aux relevés d’appels téléphoniques. Photo Darek Szuster

Aufildel’actu n TEMPÊTE/5 JANVIER La tempête Andrea n’épargne pas le nord Franche-Comté et l’Alsace, mais les dégâts sont Photo Hervé Kielwasser relativement limités. Près de la gare de Ribeauvillé, le vent a emporté des éléments du toit d’un chenil qui ont atterri sur une caténaire de la SNCF. La circulation des trains entre Bâle et Strasbourg a été interrompue pendant deux heures. Un millier de foyers a également été privé d’électricité, notamment à Thannenkirch et Labaroche

dans le nord du Haut-Rhin, suite à des chutes de branches sur des lignes hautes tensions de20 000volts.Lafoudreaégalement frappé lemurouestduchâteaumédiévaldeFerrette, provoquant un éclatement de la roche, un dégagement de fumée et une coupure du courant dans le secteur.

n ÉCONOMIE/2 JANVIER Fleuron de la boucherie charcuterie alsacienne, le groupe Tempé, qui emploie 281 personnes, est placé en redressement judiciaire.

n FAITS DIVERS/12 JANVIER Une femme de 48 ans est abattue d’un coup defusildansledosparsonmariàleurdomicile de Hagenbach dans le Sundgau. L’homme a

ensuite appelé un de ses amis avant de retourner l’arme contre lui.

n VŒUX PRÉSIDENTIELS/10 JANVIER Le président de la République, Nicolas Sarkozy, présente depuis Mulhouse ses vœux aux professionnels dumonde de la santé et à « la France solidaire ». Photo Darek Szuster


L’ E S T R É P U B L I C A I N | D I M A N C H E 6 J A N V I E R 2 0 1 3

SPÉCIALE Faits divers

Il y a un an, Maxime Roussel, 14 ans, était assassiné dans un bois d’Étouvans, le corps en partie calciné

« Une douleur quotidienne » K Les amis de Maxime lui adressent toujours des petits mots sur la Toile.

Photo F.R.

Hommage Internet contre l’oubli Quelques heures après le décès de Maxime, les hommages pleuvaient sur le réseau social Facebook. Le 13 janvier 2012, près de 5.000 internautes adhéraient à une page d’hommage. Ils sont 8.000 aujourd’hui à l’avoir consultée. Même si les messages se sont espacés depuis un an, les amis de l’adolescent sont toujours présents sur la Toile comme Justine qui écrit : « J’ai retrouvé une photo de classe et j’ai repensé à tous nos délires. Maxime, on ne t’oublie pas ». Marie­Amélie note simplement : « Tu nous manques », flanqué d’un triste smiley. Youna dit qu’elle pense souvent à lui : « J’écoute les musiques diffusées pour son hommage ». Les messages s’adressent aussi à ses

parents. Ils sont porteurs de courage, d’espoir, de solidarité. Des petits mots émouvants d’adolescents qui, pour la plus grande majorité, ne se laissent pas gagner par la haine, le ressentiment. La colère et la tristesse passent avec douceur et dignité. Certaines personnes, dont des proches, aimeraient que cet hommage se concrétise aussi par la pose d’une stèle commémorative à la mémoire de Maxime dans son village. Le symbole fort d’une vie brisée, de cet « ange » parti trop tôt, victime d’une folie meurtrière. L’idée avait été émise par un internaute. Le maire d’Étouvans, Anne­ Marie Hadiuk, avait donné un accord de principe : « Il faut que la délibération soit votée en conseil municipal », ajoutait­elle. A. L.

L’ombre de Pierre Nasica E Difficile d’évoquer le meurtre de Maxime Roussel

sans penser à Pierre Nasica, ce Belfortain de 15 ans qui a succombé à une vingtaine de coups de couteau le 1er décem­ bre 2010. Son corps avait été retrouvé au pied des remparts à Belfort. Lors d’une conférence de presse portant sur la mise en examen de l’assassin présumé de Maxime, en jan­ vier 2012, la procureure de la République de Montbéliard avait fait le lien : « Les habitants n’ont pas été épargnés car, il y a un an, nous avons eu une affaire similaire, la mort d’un jeune homme de 15 ans », commentait Thérèse Brunisso, les larmes aux yeux, la voix nouée par l’émotion. Si l’instruction concernant la mort du jeune habitant d’Étouvans est toujours en cours, celle de Pierre Nasica est close. Le meurtrier présu­ mé, Yacine Sid, 20 ans, comparaîtra du 4 au 12 avril prochain devant la cour d’assises du Territoire de Belfort et de Haute­ Saône. A. L.

Enquête

Montbéliard. Douze mois ont passé. Douze mois de travail acharné des enquêteurs. Douze mois de souffrance insupportable pour une fa­ mille. Et le décès de Maxime Roussel, poignardé dans un bois d’Étouvans (Doubs) le mardi 10 janvier 2012, garde son mystère. Sept gendar­ mes œuvrent en permanen­ ce au sein de la cellule bapti­ sée Hom­Max (pour homicide­Maxime) à Montbéliard pour tenter de trouver des réponses : « C’est un dossier difficile, compliqué », admet l’un d’entre eux. Cela tient déjà à la person­ nalité du suspect de 17 ans, mis en examen pour assassi­ nat. Au lendemain de la dé­ couverte du corps, la moto de la victime, une Honda 50 cm³, avait été retrouvée chez lui. « Il y a des éléments à charge », indique Philippe Simoneau, représentant de la partie civile. Sur le gui­ don, par exemple, une trace ADN qui ne correspond pas à Maxime a été recueillie. Mais de nombreuses zones d’ombre restent à éclaircir. D’où l’impression que l’en­ quête piétine… L’assassin présumé s’en tient à sa première version. S’il reconnaît sa présence sur les lieux du crime le soir des faits, le mineur incrimi­ né nie toute participation au meurtre. Ce n’est pas lui qui a porté plusieurs coups de couteau, dont un mortel à la carotide, à Maxime. Alors qui ? Le jeune homme a donné des noms. Le soir de sa première garde à vue, il balance un ami. Entendu, celui­ci est vite libéré car il présente un alibi en béton. Mais le suspect continue à dire que d’autres personnes étaient présentes, qu’il n’a pas tué. Ce qui induit des vérifications constantes sur le terrain. Quel crédit appor­ ter à ses propos ? Les pre­ mières analyses psychiatri­

K Maxime vivait avec ses parents et sa petite sœur. C’était un passionné de sport, de bricolage, de moto.

ques, qui ont fait l’objet de contre­expertises, parlent d’une « personnalité dé­ pourvue de toute sensibili­ té ». D’aucuns sont persua­ dés qu’il a pu commettre le crime tout seul. Ce que Me Euvrard, avocat de la dé­ fense, refuse de considérer. « Matériellement, c’est im­ possible », rétorque­t­il.

Reconstitution Deuxième point nébu­ leux : le moyen de locomo­ tion utilisé par le(s) auteur(s). La version rete­ nue est celle d’un guet­ apens dans lequel serait

tombée la victime. Visible­ ment, Maxime a été attiré dans ce coin reculé du villa­ ge, situé sur les hauteurs d’Étouvans. Mais comment l’assassin est­il arrivé sur le site ? Malgré les appels à té­ moin lancés en bataille et un barrage routier, les enquê­ teurs sont toujours dans l’expectative. Le tueur a­t­il été déposé sur place ? A­t­il rejoint le chemin forestier à pied ? Une chose est acqui­ se : le mineur, meurtrier présumé, déjà connu pour des délits routiers, a réussi à gagner la confiance de la victime décrite comme en­

jouée et communicative. « Troisième frein », l’arme, un couteau, n’aurait tou­ jours pas été retrouvée. Quant au moyen utilisé pour incendier le corps de Maxi­ me (l’acte terrible est surve­ nu post­mortem), il n’a pas été dévoilé. Une hypothèse : l’assassin s’est peut­être servi de l’essence de la moto. Selon Me Simoneau, seule la reconstitution peut ap­ porter de nouveaux élé­ ments, tout au moins mettre le mis en examen face à ses contradictions. « Je la de­ mande au juge depuis des mois. Elle est nécessaire »,

Photo DR

martèle l’avocat lillois qui reconnaît, par ailleurs, l’énorme investissement des autorités militaires et judi­ ciaires. « Parfois, je ron­ chonne mais là, sincère­ ment, il n’y a rien à redire. Le travail fourni est énorme. » Même s’ils ont conscience des efforts consentis, les pa­ rents de Maxime ont du mal à entendre « les progres­ sions », si tant qu’il y en est, de l’enquête : « Ils trouvent que la procédure est longue. Ils vivent dans la douleur, chaque jour. Ces personnes sont complètement détrui­ tes », conclut Me Simoneau. Aude LAMBERT

Le point sur les principales investigations menées dans les mois qui ont suivi le crime

Chronologie d’un drame Mardi 10 janvier 2012 A Étou­ vans, vers 23 h, les parents de Maxime, un adolescent sans histoire, signalent la dispari­ tion de leur fils aux gendar­ mes. L’adolescent a quitté la maison vers 18 h 45. Sa sœur explique qu’il a reçu un SMS. Ces derniers mots sont : « Je vais bricoler chez un co­ pain ». Depuis, il n’a plus donné signe de vie. Toute la nuit, Rémi, le père, recherche son fils dans les endroits qu’il a l’habitude de fréquenter. L’inquiétude monte, la fa­ mille croit à un accident. Mercredi 11 janvier Au cours de la matinée, des affouagis­ tes découvrent l’adolescent sans vie près d’un sentier, sur les hauteurs du village, dans le bois des Charmes. Le corps est en partie calciné. Les lieux sont gelés toute la jour­ née. Le maire doit s’armer de tout son courage pour annon­ cer la découverte macabre aux parents de Maxime. Une information judiciaire est

ouverte pour homicide vo­ lontaire par la juge d’instruc­ tion Baghdassarian. Des ré­ quisitions téléphoniques sont ordonnées. Le soir même, la moto de Maxime est retrouvée chez une connais­ sance, un adolescent de 17 ans, le dernier à avoir échan­ gé des SMS avec la victime. Le mineur, établi un temps dans le village, est placé en garde à vue. Jeudi 12 janvier Une cellule psychologique est mise en place au collège de Voujeau­ court où était scolarisée la victime. Les amis de Maxime, les enseignants sont trauma­ tisés. Anne­Marie Hadiuk, maire d’Étouvans, annule la traditionnelle cérémonie de vœux. La garde à vue du sus­ pect est prolongée. Vendredi 13 janvier Le matin, un second Doubien est placé en garde à vue à la gendar­ merie de Montbéliard. L’ado­ lescent entendu depuis la veille, âgé de 17 ans, est mis

en examen pour assassinat. La procureure de la Républi­ que, Thérèse Brunisso, don­ ne connaissance des premiè­ res conclusions de l’autopsie. Maxime a été tué de plu­ sieurs coups portés par arme blanche dont l’un fatal à la carotide. Le corps porte des lésions de défense. Le mobile du crime serait la moto de la victime. L’arme reste introu­ vable. L’assassin présumé est placé en détention. Il recon­ naît sa présence sur les lieux du crime mais affirme y être étranger. Le jeune homme désigne des complices. Samedi 14 janvier La secon­ de personne à avoir été pla­ cée en garde à vue est remise en liberté. Aucune charge ne peut être retenue contre elle. Les gendarmes lancent un appel à témoin. Ils ont besoin d’éléments sur les déplace­ ments du ou des auteurs le soir des faits. Une marche blanche est organisée à Étou­ vans en mémoire de Maxime. Elle rassemble un millier de

K Pendant des semaines, les militaires ont sondé le sol à la recherche de l’arme. Ici, ils prospectent entre Bethoncourt et Bussurel.

Photo d’archives Francis REINOSO

personnes. Mardi17janvier Entre 19 h et 20 h, à Dampierre­sur­le­ Doubs, 200 automobilistes sont contrôlés sur la route principale au niveau de l’in­ tersection avec Étouvans. Les gendarmes cherchent à sa­ voir si les habitants ont re­ marqué des comportements suspects, de personnes à pied, en deux­roues ou en voiture, le mardi précédent. Mercredi 18 janvier Des mili­ taires du 19e régiment de gé­ nie basé à Besançon effec­ tuent des recherches dans le bois des Charmes. Ils sont équipés d’un matériel ultra­ sophistiqué. L’arme utilisée et le portable de la victime sont visés. L’appel à témoin est toujours activé. Vendredi 20 janvier Les mili­ taires du 19e régiment de gé­ nie sondent un autre périmè­ tre, entre Bethoncourt et Bussurel. Il s’agit visiblement de l’itinéraire emprunté par le (s) auteurs (s) le 10 janvier.

Il sera même fait appel, plus tard, à une association juras­ sienne spécialisée dans la re­ cherche de métaux. Du mercredi 25 au vendredi 27 janvier Toujours des re­ cherches dans les environs d’Étouvans et sur le Pays de Montbéliard. Mercredi 8 février Audition du mineur incriminé par la juge d’instruction. Jeudi 15 mars La juge d’ins­ truction reçoit les parents de la victime pendant plus d’une heure. Leur avocat reconnaît que « beaucoup de questions restent en suspens ». Mardi13novembre Des plon­ geurs de la Brigade fluviale de Strasbourg sondent le ca­ nal à Étouvans. Les fouilles se poursuivent à Voujeaucourt jusqu’au lendemain. Jeudi 27 décembre Le mineur écroué est entendu par le juge d’instruction Monnier qui a repris le dossier, la ma­ gistrate en charge de l’affaire étant en congé maternité. A. L.

K Le corps de Maxime a été découvert en bordure de ce chemin forestier.

Photo d’archives Jean­Luc GILLME

K La marche blanche émouvante des habitants et amis de Maxime : tous ont déposé des roses blanches dans le bois des Charmes. Photo d’archives FR


L’ E S T R É P U B L I C A I N | L U N D I 1 4 J A N V I E R 2 0 1 3

REGION Étouvans

Une marche blanche pour Maxime a réuni hier une centaine d’adolescents

Hommages

Ensemble contre l’oubli

« Mort pour défendre nos libertés »

Les obsèques du lieutenant Damien Boiteux, pilote d’hélicoptère des forces spéciales tué vendredi en opération au Mali, auront lieu samedi prochain à 14 h 30 au Russey, dont il était originaire et où vivent ses parents

Besançon. « Son action a con­ tribué à arrêter l’avancée des forces terrestres vers Mopti et restera dans nos mémoi­ res », a déclaré le président de la République, François Hollande, après avoir témoi­ gné de sa « vive émotion » suite à l’annonce de la mort du lieutenant Damien Boi­ teux, 41 ans, originaire du Russey, dans le Haut­Doubs, mort au combat suite à un raid de l’Armée française

K Messages, bougies, roses blanches.

Montbéliard. A leur manière, les adolescents d’Étouvans ont rendu hommage à Maxi­ me Roussel, un an après son assassinat. Hier, à l’initiative de la pe­ tite amie de la victime, une centaine d’habitants se sont retrouvés à la salle des fêtes. Une manifestation intimiste et volontairement discrète que les organisateurs ne souhaitaient pas ébruiter. Certains accompagnés de leurs parents, les enfants du village ont entamé une mar­ che blanche dans la plus grande dignité. Plusieurs d’entre eux portaient une banderole sur laquelle étaient inscrits les mots : « Maxime, on t’aime ».

« Présent dans leur vie » Le cortège a rejoint le sta­ de sportif de la commune. Un lieu symbolique puis­ qu’il est le point de rendez­ vous de toute la jeunesse d’Étouvans. Là, les ados ont écrit des petits mots sur d’immenses draps blancs étalés à même le sol pour Maxime et sa famille. Mais la souffrance s’est aussi teintée de notes d’es­ poir. Des roses blanches ont été déposées, des bougies al­ lumées, des ballons se sont envolés dans le ciel. Le mai­ re, Anne­Marie Hadiuk, a participé à cette manifesta­ tion d’une belle sobriété :

Cette année encore, le don de sang est nécessaire tous les jours, toute l’année. Une séance de prélèvement spéciale est organisée sur le site de Besançon mercredi 16 janvier, de 17 h à 20 h 30, 1, boulevard Fleming, à côté de l’hôpital Minjoz. Une collation pizza­ soda sera offerte, une station accueil iPhone vous permettra d’écouter de la musique pendant le prélèvement. Un parking sera réservé aux donneurs. Pour rappel, il faut être âgé de 18 à 70 ans, être muni d’une pièce d’identité avec photo, être reconnu apte au don, peser au moins 50 kg, avoir un taux d’hémoglobine suffisant et ne pas venir à jeun. N’oubliez pas d’apporter votre coupon carte Avantages Jeunes « Je donne mon sang et je dis pourquoi » que vous pourrez remplir et donner au personnel de l’EFS. Venez nombreux ! Plus d’infos sur www.dondusang.net

ments terroristes a dû se re­ plier ». Le tout avant de « rendre hommage à sa mé­ moire » et de traduire sa sym­ pathie et ses condoléances à sa famille, puis de « saluer son engagement », pour con­ clure : « Le lieutenant Boi­ teux est mort pour la France, pour défendre notre sécurité et nos libertés. » Dans un communiqué de presse transmis hier, le prési­ dent du conseil général et sé­

nateur du Doubs, Claude Jeannerot, a, de son côté, in­ diqué : « Ce premier mort pour la France sur ce nou­ veau front endeuille toute la communauté nationale mais tout particulièrement notre département du Doubs dont il est issu. Le Russey, sa com­ mune où vivent ses parents, est particulièrement éprou­ vée. Je veux me faire l’inter­ prète de toute la population

de notre département pour assurer ses parents, son fils et toute sa famille, de notre soli­ darité la plus ardente. J’ai une pensée particulière pour mon ami Jean­Marie Bart, son oncle, engagé au premier plan dans l’exécutif départe­ mental. » Les obsèques de Damien Boiteux seront célébrées sa­ medi prochain 19 janvier, à 14 h 30, en l’église du Russey. P. L.

Photo A. D.

« C’était très important, pour moi, d’être là, même si je me suis mise en retrait », expliquait­elle, tout en sa­ luant les initiatives des ado­ lescents : « Ces hommages montrent à quel point Maxi­ me est encore présent dans leur vie. » Certains collégiens ont ressenti le besoin de se re­ cueillir sur la tombe de la victime, qui repose dans le cimetière du village. Anne­ Marie Hadiuk a confirmé qu’une stèle serait bien éri­ gée en sa mémoire : « Au dé­ part, une plaque commémo­ rative devait orner le stade sportif, mais je crois que la famille de Maxime a changé d’avis concernant l’empla­ cement », soulignait­elle. Il y a un an, le 13 janvier, l’assassin présumé de Maxi­ me, découvert étranglé et le corps en partie calciné, était mis en examen. Le lende­ main, samedi 14 janvier, 1 000 personnes se rassem­ blaient à Étouvans pour une marche blanche : amis, pro­ ches, habitants, professeurs, anonymes. Une marche déjà mise sur pied par les adoles­ cents à l’époque sous le choc, plongés dans une tris­ tesse infinie mais qui ont toujours su faire preuve d’une sagesse exemplaire. Aude LAMBERT avec notre correspondant local Alain DUPONT

Jeunes Les avantages de la carte Collecte de sang exceptionnelle le 16 janvier

mené dans le Sud Mali pour contrer une colonne terroris­ te qui s’apprêtait à prendre d’assaut les villes de Mopti et Sévaré ». Dans son allocution offi­ cielle, le ministre de la Défen­ se, Jean­Yves Le Drian, avait pour sa part souligné que le raid auquel a participé Da­ mien Boiteux « a permis la destruction de plusieurs uni­ tés et stoppé leur progression vers la ville : la colonne d’élé­

En car jusqu’à Métabief Le comité départemental du tourisme du Doubs propose des sorties neige à Métabief au départ de Besançon, Saône et Nods les samedis 19 et 26 janvier, 2 et 9 février. Avec la carte Avantages Jeunes, bénéficiez d’un tarif réduit sur le transport (10 €) ou sur le pack forfait­transport (20 €). Infos et inscriptions obligatoires au 03.81.21.29.80 ou sur www.doubs­ reservation.com. Pensez à utiliser votre forfait gratuit à détacher du livret !

Festival « Un Vent de hip­hop » Du 17 au 19 janvier a lieu la nouvelle édition du festival « Un Vent de hip­hop » sur Morteau. Au programme, des spectacles neufs, créatifs et originaux. Avec le coupon à détacher dans le livret Avantages Jeunes Besançon/Haut­Doubs et Haute­Saône, vous bénéficiez d’une entrée gratuite pour un spectacle. Réservation obligatoire à l’office de tourisme de Morteau au 03.81.67.18.53.

K Damien Boiteux, originaire du Russey, avait 41 ans.

Société

Photo DR

express

Lancé mercredi à Strasbourg, contre l’opacité financière et la corruption

Création d’un Observatoire citoyen Belfort. Un « Observatoire ci­ toyen pour la transparence financière internationale » (OCTFI) vient d’être créé et sera lancé mercredi à Stras­ bourg. Il sera dirigé par Chantal Cutajar, maître de conférences à la faculté de Droit de Strasbourg, qui s’est fait une spécialité, ces dernières années, des ques­ tions relatives au blanchi­ ment de capitaux, à la crimi­ nalité économique et financière et au finance­ ment du terrorisme. D’émanation universitaire, l’Observatoire, qui a été re­ joint par des économistes, sociologues, philosophes, etc., veut dépasser le cercle des spécialistes pour inscri­ re le débat parmi le grand public. « Il y a tout à craindre d’une société qui réduirait l’économie à la science des intérêts » avance Mme Cu­

tajar, pour qui la corruption est de l’essence même d’un système fondé sur l’opacité : « La crise financière, écono­ mique et le développement de la criminalité organisée puisent à la même source : l’opacité juridiquement or­ ganisée. Cette opacité, par le biais de montages comple­ xes, permet de contourner les règles en toute impunité. Nous devons y mettre en terme » déclare la juriste, pour qui la clé de l’efficacité de toute réaction est la mo­ bilisation citoyenne.

Mise en pièces de la démocratie « L’action citoyenne est au cœur de notre méthode. Seule une volonté affirmée, déployée dans une vision claire de la société dans la­ quelle nous voulons vivre, permettra d’imposer la transparence des flux finan­

État de catastrophe naturelle reconnu pour cinq communes Paris. Un arrêté de recon­ naissance de l’état de catas­ trophe naturelle portant sur des dommages causés en 2012 par des inondations et coulées de boue dans des communes de 18 départe­ ments a été publié hier au Journal officiel. Parmi elles, on trouve cinq communes franc­comtoises : Valenti­ gney, dans le Doubs (mouve­ ment de terrain, hors tasse­ ment différentiel, du 10 octobre), Faverois, Flori­ mont et Joncherey, dans le Territoire de Belfort (inon­ dation et coulées de boues, à la même date) et Toulouse­ le­Château, dans le Jura (même motif que pour les communes du Territoire).

La constatation de l’état de catastrophe naturelle au Journal officiel peut activer la garantie des assurés con­ tre les effets des catastro­ phes naturelles sur les biens faisant l’objet de contrats d’assurance visés au code des assurances. Cette garantie est activée « lorsque les dommages ma­ tériels directs qui en résul­ t e n t ( d e s c a t a s t r o p h e s, N.D.L.R.) ont eu pour cause déterminante l’effet de cet agent naturel et que les me­ sures habituelles à prendre pour prévenir ces domma­ ges n’ont pu empêcher leur survenance ou n’ont pu être prises », précise le texte du JO.

K Eva Joly, invitée du premier atelier débat citoyen de l’observatoire.

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ciers sans laquelle il est vain d’espérer prévenir les crises financières et le développe­ ment des marchés crimi­

nel » poursuit Mme Cutajar. Selon elle, l’opacité finan­ cière et la corruption mè­ nent droit à la mise en pièces de la démocratie. L’OCTFI se propose donc de mettre en œuvre des dé­ bats citoyens afin de définir les moyens d’action à de­ mander aux pouvoirs pu­ blics. « Dire que la finance est internationale afin de bais­ ser les bras est une erreur. Des réponses peuvent être apportées dans un cadre na­ tional » souligne Chantal Cutajar. Le premier atelier débat citoyen se déroulera le mer­ credi 16 janvier, à 20 h, au FEC (Foyer de l’étudiant ca­ tholique), 17, place Saint­ Etienne à Strasbourg. L’invi­ té d’honneur de la soirée sera Eva Joly. Philippe PIOT

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www.octfi.org

Justice

Braquage en Suisse jugement en France Créteil. Braqueur multirécidiviste et sans frontières, Michel Zivkovic, membre présumé du gang des Pink Panthers, va retrouver les prétoires français ce lundi devant le tribunal correctionnel de Créteil, pour son évasion musclée d’une prison et un vol à main armée dans une bijouterie, en Suisse, en février 2011. Détenu à Fresnes (Val­de­Marne) depuis son interpellation à Paris, le 20 juillet 2011 par la police, Michel Zivkovic est jugé dans le Val­de­ Marne car la France n’extrade pas ses ressortissants. Objet d’un signalement à Interpol en qualité de « Pink Panthers », un groupe à géométrie variable de criminels originaires d’ex­ Yougoslavie, spécialistes des braquages de bijouterie de luxe, ce quadragénaire français d’origine serbe était d’ailleurs toujours en liberté conditionnelle lorsqu’il a commis son dernier braquage, en Suisse, en février 2011. À l’aide d’un pistolet d’alarme et de plusieurs complices, Zivkovic, que les enquêteurs désignent comme le cerveau de l’opération, avait sans ménagement rudoyé le propriétaire d’une bijouterie et sa famille pour s’emparer du butin, avant une course­ poursuite avec la police piteusement achevée dans la boue d’un vignoble. Placé en détention provisoire le 15 février 2011 à Porrentruy (Jura suisse), cet homme qui alterne derrière les barreaux brillantes études et psychanalyse, s’était évadé le 3 juillet en compagnie de deux autres détenus après avoir neutralisé et enfermé un surveillant de la prison dans la cellule où il était détenu.


Aire urbaine Faits divers justice Étouvans Une reconstitution pour tenter de savoir qui a tué Maxime Reconstitution en deux actes du meurtre de Maxime Roussel, commis en janvier 2012. En commençant par Montbéliard avant Étouvans, lieu du crime. Pull noir, protégé par un gilet pare-balles qui ne dissimule ni ses larges épaules ni sa corpulence râblée, le meurtrier présumé de Maxime Roussel s’avance d’un pas calme et assuré vers le garage de son ancien domicile, à quelques encablures de l’hôpital de Montbéliard. Il est 16 h 15, en ce glacial jeudi, sporadiquement balayé par des flocons de neige. C’est le début d’un interminable marathon. C’est le départ de la reconstitution du crime de Maxime Roussel. Le 10 janvier 2012, vers 18 h 45, cet adolescent de 14 ans quitte son domicile d’Étouvans, au guidon de sa petite moto, une Honda 50 cm3. Avant de sortir, il dit à sa sœur avoir rendez-vous avec un copain pour « bricoler ». Jamais il ne rentrera. Le lendemain, son corps, en partie calciné, est découvert par des affouagistes, dans un bois, sur les hauteurs d’Étouvans. Maxime a été tué à coups de couteau, la carotide sectionnée. Glaçant d’effroi et de sauvagerie. L’enquête démarre sur les chapeaux de roue. Le 11 janvier, la moto est retrouvée dans un garage à Montbéliard et un adolescent, alors âgé de 17 ans, est placé en garde à vue. Il est le dernier à avoir contacté Maxime par SMS.

La moto de Maxime a-t-elle été transportée dans un fourgon funéraire ? Une hypothèse sérieusement envisagée par la juge d’instruction. Photo Jean-Luc Gillmé

Le garage appartenait à ses parents. De quoi en faire le principal suspect, le meurtrier sinon l’assassin présumé. Depuis plus d’un an, il est en détention à Besançon.

Une scène d’horreur Rapidement, il reconnaît avoir été sur les lieux. Il dit avoir assisté « à une scène d’horreur », rapporte son avocat, Me Euvrard, mais se défend d’avoir commis le crime. Il se défausse en désignant deux autres personnes. Pour l’heure, et en dépit d’un autre jeune placé en garde à vue mais vite mis hors de cause au bénéfice d’un implacable alibi, il est le seul à être mis en examen pour assassinat. « Certains éléments du dossier ne laissent planer aucun doute sur sa présence ni sa culpabilité », circonscrit Me Simoneau, l’avocat lillois

de la famille Roussel, hier peu avant 16 h. Pour lui, cette reconstitution constitue « un acte essentiel » pour tenter d’approcher la vérité. Une mise en condition et en perspective destinée à placer le suspect face à ses déclarations voire ses contradictions. Sophie Baghdassarian, la juge d’instruction en charge de ce dossier, a ainsi conduit les débats. Elle a souhaité commencer par Montbéliard et ce garage où était dissimulée la moto. Durant près de quatre heures, la magistrate a interrogé le mis en examen, étudiant toutes les possibilités, toutes les hypothèses. Comme lorsqu’à 18 h 45, elle a fait venir un fourgon funéraire devant le garage pour le passer au crible. Histoire de vérifier s’il aurait pu servir à transporter la moto

d’Étouvans à Montbéliard. Histoire d’éventuellement torpiller la thèse des complicités soutenue par le désormais majeur. Lui dit être monté à Étouvans en voiture et être revenu sur la moto. Crédible ou pas, la reconstitution d’hier avait vocation à fermer des portes. « Peut-être qu’il n’en ressortira rien… », soupesait Me Simoneau avant le début de cette harassante journée. Vers 20 h, le fourgon pénitentiaire transportant le mis en examen quittait Montbéliard pour rejoindre Étouvans. Là où tout a commencé, là où la vie de Maxime Roussel a été volée. Une longue et glaciale soirée se profilait pour la juge, les avocats et les quelque vingt enquêteurs et gendarmes de l’escorte. La vérité serait-elle au bout de cette nuit ? Sam Bonjean

VENDREDI 15 MARS 2013 25

Bavilliers Voiture volée repêchée dans le canal à Froideval C’est à 13 h 35, jeudi, que des pêcheurs et promeneurs ont donné l’alerte. Le toit d’un véhicule affleurait la surface du canal le long de la coulée verte, route de Froideval, à Bavilliers, dans le Territoire de Belfort. « La voiture était près du pont de l’écluse n° 7, en face de l’hôpital psychiatrique, explique le lieutenant Bernard Iltis, qui commandait les opérations de secours. Nous avons engagé les plongeurs pour vérifier que personne ne se trouvait à l’intérieur de l’habitacle. » Trois plongeurs et trois sauveteurs aquatiques de surface sont intervenus dans le canal, renforcés sur la berge par leurs collègues de BelfortNord et Sud. La cellule des risques chimiques a également été engagée. La voiture, une Ford Fiesta, a été sortie de l’eau par la société Josseron de Roppe, à l’aide d’un bras de levage. Une fois à terre, elle a été chargée sur la dépanneuse. Pendant l’opération, les pompiers ont mis en place un bar-

rage flottant et épandu du produit absorbant pour récupérer les hydrocarbures qui se sont échappés du véhicule. La pollution, de surface et limitée à une dizaine de mètres, n’a pas occasionné de dégâts. « Tous les jours, un technicien de VNF (Voies navigables de France) patrouille le long du canal. Nous n’avons rien remarqué de particulier. Mais depuis lundi, nous avons baissé le niveau d’eau de 15 cm », explique Stéphane Goudey, de VNF. Le véhicule, entièrement immergé, n’était pas visible avant cette opération. La profondeur, juste avant l’écluse, à cet endroit, est d’environ 1,60 m en temps normal. « La baisse du niveau doit permettre de faire des tests sur les fuites au niveau du bief, ajoute Stéphane Goudey. L’objectif est de trouver le niveau optimum pour stabiliser le bief sans perte d’eau. » La police et le maire de Bavilliers ont assisté au remorquage du véhicule. La voiture avait été volée le 7 mars rue de la Croix-du-Tilleul à Belfort. Isabelle Petitlaurent

La voiture a été sortie de l’eau tandis que les plongeurs installaient un barrage flottant sur le canal. Photo DR


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EDITION DE MONTBELIARD

Lure Deux hommes mis en examen pour meurtre EnRégion

Assises du Doubs 9 et 12 ans de prison requis contre les braqueurs de bijouteries EnRégion Football Hérimoncourt Les fromagers en quête d’un raccordement au réseau En Région

MONTBELIARD

Photo Jean­Luc GILLME

Ligue des Champions : Le PSG affrontera le Barça les 2 et 10 avril SAMEDI 16 MARS 2013 | N° 40876 | 1,10 € | www.estrepublicain.fr

Maxime : les parents face au suspect

K Uniquement approvisionnée par l’eau de pluie, la ferme Longeval, isolée, n’arrive plus à alimenter la famille et son cheptel de chèvres.

Vieux­Charmont Francis Tobaruela, un maquettiste de génie En Montbéliard

Les parents de la victime sont intervenus, avec l’aval du juge d’instruction, lors de la reconstitution marathon, dans la nuit de jeudi à vendredi, du meurtre de leur fils Maxime Roussel. Bref et intense instant. En Région

Ecurcey : des nids artificiels pour les balbuzards

Photo Jean­Luc GILLME

ÉTOUVANS

K Sa 4e reconstitution de l’univers du cirque est une réussite. Francis Tobaruela rend hommage à ses amis du cirque Kino’s.

Seloncourt Irène Tharin n’aura pas son nouveau collège En Montbéliard

Tabac

Europe et France s’opposent sur les achats à l’étranger

Ils viennent d’être érigés à dix mètres au­dessus du sol pour favoriser le retour dans l’Aire urbaine de ce rapace piscivore autrefois éradiqué par l’homme. En Montbéliard Photo Jean­Luc GILLME

Apesanteur par Rémi Godeau

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eureux passagers de l’A300 Zéro­G… L’espace de cinq minutes, ces super­héros ordinaires ont vécu… en apesanteur. Ce premier vol commercial d’un nouveau genre, plus d’un Français en rêverait. Et sans nul doute le premier d’entre eux ! Ecrasé par la gravité de la crise, le poids de l’exaspération sociale, François Hollande a vu sa popularité se fracasser sur le mur des réalités. Plus hypo qu’hyper­président à force de synthèses et de consensus, le chef de l’Etat semble désormais décidé à se faire violence. Bref, à accélérer pour répondre à l’impatience des citoyens. A Dijon, n’a­t­il pas critiqué la lenteur « à laquelle trop de

monde s’habitue partout » ? Il désignait, paraît­il, les lourdeurs réglementaires. Le voilà donc prêt à réformer plus vite que le son, par ordonnances. Au risque de heurter sa majorité. A moins que l’inventeur de la normalité tranquille, aujour­ d’hui poussé à la célérité tous azimuts, veuille torpiller la sortie du CD de Carla Bruni dont une chanson le décrirait sous les traits d’un pingouin, « ni haut, ni bas, ni oui, ni non »… Un pareil tube peut saper un mandat, l’animal n’étant pas connu pour sa vélocité. On comprend dès lors que le président souhaite s’affranchir des forces inertielles pour mieux rebondir. Et réussir son nouveau départ.

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Faits divers écroués

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En vue

Lure : mis en examen pour meurtre femme qui l’héberge, et un autre individu. D’ailleurs, une des interpel­ lations ne passe pas inaper­ çue, avenue de la République à Lure. Le suspect, à l’arrivée des gendarmes, tente de fuir par les toits… avant de se ren­ dre. Le trio est immédiate­ ment placé en garde à vue. Avant­hier, la femme a été remise en liberté. Les deux hommes ont quant à eux été conduits, hier, au pôle de l’ins­ truction de Besançon où la juge Mariette Auguste leur a signifié une mise en examen pour « homicide volontaire ». L’enquête se poursuit tou­ jours sur commission rogatoi­ re de la magistrate bisontine. Ce qui explique le silence qui perdure autour de ce meurtre. Ce qui est déjà précisé, c’est que les deux suspects sont âgés de 18 et 25 ans. Les faits se seraient déroulés lors d’une soirée alcoolisée. Les suspects reconnaissent­ ils leur implication dans ce cri­ me ? « L’un reconnaît, l’autre minimise », résume le repré­ sentant du parquet. Les inves­ tigations se poursuivent donc pour préciser le rôle précis de chacun d’eux lors de cette soi­ rée tragique. OlivierBOURAS

Réseau

Soupçonnés de trafic de Subutex, ils ont été mis en examen

Trois généralistes lorrains interdits d’exercer Metz. Le temps judiciaire est encore à l’investigation, au questionnement, aux préci­ sions. L’enquête de la police judiciaire de Metz est « loin d’être terminée » en raison de son ampleur et de ses pos­ sibles ramifications. Ça n’empêche pas les jugements sévères de s’abattre sur les trois généralistes messins in­ terpellés mercredi et soup­ çonnés d’avoir facilité un tra­ fic de produits de substitution. Par le procureur de la République de Metz, d’abord, qui s’interroge sur « l’usage qu’ont fait les mé­ decins de leur serment d’Hippocrate ». À travers la réaction du conseil de l’Ordre de Moselle, ensuite, qui se montre « très satisfait de l’ouverture de l’information judiciaire dans le cadre d’une affaire aussi grave ». L’Ordre va se constituer partie civile.

De l’Allemage au Maghreb Mis en examen hier, placés sous contrôle judiciaire avec caution et avec interdiction d’exercer, les trois généralis­ tes ne sont pas encore jugés mais sont cloués au pilori. « On attend autre chose de médecins », soufflent divers connaisseurs du dossier. Leur garde à vue n’a fait que confirmer les soupçons qui pèsent sur les trois docteurs installés au centre­ville de Metz. S’ils minimisent leurs actes ou se disent victimes de menaces, ils ont reconnu leur signature en bas des ordon­

nances. Pour chacun, il y en a « des centaines, des mil­ liers », indique Pierre­Yves Couilleau. Le procureur de la République porte une atten­ tion particulière à ce dossier de trafic de Subutex et de Skenan, un dérivé de la mor­ phine, parce qu’il est excep­ tionnel à plusieurs niveaux. Le réseau de revente s’étend bien au­delà des frontières de la Moselle : du Subutex mosellan a été retrouvé en Allemagne et à Marseille. « Un vendeur allait même ali­ menter le Maghreb. » La Caisse d’assurance­maladie de Moselle, qui a mis du temps à se rendre compte de la fraude, a affiné le préjudi­ ce : deux millions d’euros de­ puis 2010. Le patron du parquet de Metz recentre encore les dé­ bats sur les conséquences sa­ nitaires. « Les témoignages de certains toxicomanes sont édifiants. L’un explique avoir reçu 403 boîtes de Subutex 8 mg dans une période de cinq mois. Si on calcule, il s’est injecté plus de 100 mg par jour alors que la posolo­ gie impose qu’on ne dépasse pas les 16 mg par jour. » Et les médecins ? Si l’un des trois n’a, semble­t­il, pas tou­ ché d’argent dans l’affaire, un autre aurait encaissé 52 000 € d’honoraires pour de simples coups de griffe en bas des ordonnances. Les spécialis­ tes financiers du groupe d’in­ tervention régional (GIR) se penchent désormais sur le patrimoine du trio. Des sai­ sies pourraient intervenir.

Loto : un Bourguignon gagne 3,5 M€ en Moselle Creutzwald. « Un de vos con­ frères journalistes m’a appris ce matin qu’un monsieur de Saône­et­Loire a gagné 3,5 M€ en validant son Loto chez moi », raconte, encore tout surpris, Lionel Poinsi­ gnon. Le gérant de la Maison de la Presse, installée dans la galerie marchande du centre Leclerc de Creutzwald (Mo­ selle), ne cache pas sa satis­ faction d’avoir un nouveau « gros gagnant » pour pallier « les nombreux perdants ». Le ticket gagnant à 3,5 M€ a été validé le 26 janvier par un habitant de Saône­et­Loire de passage. D’après la Fran­ çaise des Jeux, ce nouveau millionnaire coche les mê­ mes numéros depuis trente ans. Mais ce samedi­là, le Bourguignon, qui souhaite

Le fils spirituel de Bob Marley et son groupe « Solar System » seront en concert à la Rodia à Besançon, samedi 23 mars à 20 h 30. L’occasion de présenter les titres de leur dernier opus « Mystic Power ». Tarifs : 24/27 € (location), 26/29 € (guichet).

P Reconstitution du meurtre de Maxime Roussel à Étouvans : diaporama. P Gagnez des places pour l’exposition Rétropolis, Salon du véhicule de sport et de collection, à Besançon du 30 mars au 1er avril, en jouant sur le site.

« Les yeux dans les yeux, dis­moi que tu n’as pas tué Maxime »

Les deux hommes ont été

Lure. « Les deux étaient sur place. On en est quasiment sûr », soulignait hier Thomas Hirth, le substitut du procu­ reur de Besançon. Le magis­ trat avait quelques heures plus tôt requis deux mandats de dépôts à l’encontre des deux hommes mis en examen pour le meurtre de Serge Pheulpin. Des demandes en­ tendues par le juge des liber­ tés et de la détention. L’un dort depuis hier soir à la maison d’arrêt de Vesoul, l’autre est à Lure. Les événements se sont pré­ cipités cette semaine dans ce dossier ouvert le 12 octobre dernier. Serge Pheulpin, 49 ans, est découvert sans vie dans l’appartement qu’il loue, rue de l’Ognon à Lure. Le corps porte des traces de bles­ sures. Son appartement est en désordre absolu et des traces de sang laissent entendre que l’homme a été frappé à l’inté­ rieur de son logement. Les gendarmes de la brigade de Lure et leurs collègues de la section de recherches enta­ ment alors de longues investi­ gations. Mercredi, ils sont visi­ blement convaincus d’avoir une piste sérieuse. Au matin, les militaires interpellent trois personnes. Un homme, la

AUJOURD’HUI SUR estrepublicain

Alpha Blondy à la Rodia

garder l’anonymat, avait opté pour un Loto flash. L’homme a confié aux représentants de la Française des Jeux qu’avec cette somme rondelette, il souhaite « aider ses proches et réaliser ses rêves avec son épouse ». Hier après­midi, à la bouti­ que creutzwaldoise, aucune affiche n’indiquait le gros gain. Mais au guichet, Sandra n’a pas une minute de répit. Les clients se succèdent pour acheter un ticket de grattage, valider une grille… Rien d’étonnant pour Lionel Poin­ signon. « Depuis deux ans, depuis que l’on parle de la crise économique, nous no­ tons une progression de 15 à 20 % par an dans la vente de jeux de hasard. » O. Bo.

Coupdethéâtreà4heuresdu matinlorsdelareconstitution dumeurtred’Étouvans.Les parentsdelavictimesont intervenus,avecl’avaldujuge, faceaumeurtrierprésuméde leurfils.Brefetintenseinstant.

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ouze heures déjà que la reconstitution du crime de Maxime Roussel a dé­ buté (notre édition d’hier). Douze heures que le mis en examen répète inlas­ sablement les mêmes formules laco­ niques : « Je ne sais pas. » « Je ne sais plus. » « Je ne me souviens pas… » Dans cette glaciale nuit (le mercu­ re affiche ­10 °C en forêt d’Étou­ vans), la fatigue gagne les acteurs de cet épuisant marathon, qui semble inexorablement se heurter au vide. Un proche du dossier livre son senti­ ment sur le jeune majeur mis en examen pour assassinat. Il parle d’un homme « n’exprimant aucune émotion, drapé dans le costume de l’indifférence ». « Mais quand on pose 75 fois la même question à mon client, il est normal qu’il finisse par s’agacer. À un moment, il était à bout », contrebalance Me Jean­Bap­ tiste Euvrard, l’avocat de l’intéressé. Il est 4 h du matin. Après une étape à proximité de la cabane des chas­ seurs où Maxime avait rendez­vous avec le « copain » qui l’avait contacté par SMS, le cortège s’est déplacé de quelque 500 mètres. Là où le corps

Assises du Doubs

de l’adolescent de 14 ans a été dé­ couvert, en partie calciné. C’est l’instant que choisit Sophie Baghdassarian, la juge d’instruction qui orchestre cette reconstitution, pour réserver une surprise qui dé­ borde précisément du cadre habi­ tuel d’un acte où sont censés partici­ per les protagonistes d’un crime et les témoins. Rarement d’autres per­ sonnes. S’agit­il d’un coup de po­ ker ? La juge dit au mis en cause que ce qui va intervenir l’aidera peut­ être à être plus prolixe. C’est alors que les parents de Maxime Roussel approchent.

Sans conséquence L’instant sera bref. La maman ap­ pelle l’assassin présumé de son fils par son prénom et lui dit : « Les yeux dans les yeux, dis­moi que tu n’as pas tué Maxime. » Le temps semble suspendu. Le silence est lourd. In­ soutenable. « Il a murmuré que ce n’était pas lui mais il n’a pas eu le courage de nous regarder. Ce n’est pas l’attitude de quelqu’un qui n’a rien fait et qui se battrait pour le démontrer », confie le papa. Le jeu­ ne majeur laisse ensuite couler quelques larmes, qui n’ont manifes­ tement pas convaincu les parents. Le père de Maxime Roussel le re­ connaît. Avec son épouse, il avait souhaité participer à cet acte de l’instruction et la magistrate y avait consenti. Dès minuit, les parents étaient là. Observant à l’écart mais à l’intérieur du périmètre. « Ils ont été d’une dignité admirable. Il ne faut pas se méprendre. Leur présence ne relevait pas d’une quelconque curio­

K La juge Baghdassarian (bonnet sur la tête) a conduit une reconstitution marathon de près de 14 heures, qui s’est achevée hier sur les coups de 6 h.

sité morbide. Simplement, ils ont un besoin de vérité », décode leur avo­ cat, Me Philippe Simoneau. Selon lui, le mis en cause s’enferre « dans les inventions et le déni. Il se dé­ charge sur deux personnes qui, à mon sens, n’existent que dans son imagination. Et puis il raconte n’im­ porte quoi. Il parle, par exemple, de coups de couteau dans le thorax de Maxime alors que le légiste a précisé que les coups n’avaient pas été por­ tés dans cette partie du corps. Sa position est grotesque. » Me Euvrard, lui, fulmine contre ce qu’il considère comme un coup dé­

Photo Jean­Luc GILLMÉ

loyal destiné à arracher des aveux. En cours de journée, il avait deman­ dé au magistrat instructeur si les parents de Maxime interviendraient à un moment ou à un autre et l’avo­ cat avait obtenu une réponse négati­ ve de la juge. Sans doute voulait­elle ménager l’effet de surprise. Le coup de théâtre aura finalement été sans conséquence. Me Simoneau dit pourtant avoir en­ trevu « ce que l’on perçoit parfois devant une cour d’assises. L’instant où la part d’humanité du criminel s’exprime. Et puis finalement, non. Rien ! » Sam BONJEAN

Les trois défenseurs ont dénoncé les manques de l’enquête et plaidé l’acquittement.

9 et 12 ans requis contre les braqueurs Besançon. Des peines de douze ans de réclusion et neuf ans d’emprisonnement ont été respectivement re­ quises vendredi à l’encontre de Jonathan Guillut et Hi­ cham Achi par l’avocate gé­ nérale Parietti. Le verdict, appelé à tomber tard hier dans la soirée, montrera si les jurés de la cour d’assises du Doubs ont été convaincus ou non par les constantes dénégations des accusés, surtout Guillut, répondant de deux braquages de bijou­ teries, d’une agression à main armée et de deux ten­ tatives de vols. Ces trois jours de débats auront fait surgir, à travers le défilé des témoins à la barre, des morceaux de cette Fran­ ce des quartiers avec, d’un côté, des familles se levant tôt, dures au boulot et s’ef­ forçant d’inculquer des va­ leurs à leurs enfants, de l’autre, des familles jonglant avec virtuosité entre petites ou grosses embrouilles, pro­ duits de casses et presta­

tions sociales dont le mon­ tant, comme indiqué hier par une témoin, est de 1 500 € mensuels. À cet égard, il faut l’entendre, la mère de Guillut s’offrant en mater protectrice, « falsi­ fiant des chèques pour faire manger les enfants », payant une voiture 4 500 € avec de l’argent provenant, à l’en­ t e n d r e, d ’ u n r a p p e l d e 6 000 € d’APL. Il faut enten­ dre aussi une de ses amies expliquer que les 23 000 € en espèces trouvés chez elle dans une cocotte­minute, « ce sont mes économies plus du travail au noir ». Ces trois jours de débats auront aussi fait surgir, à tra­ vers les enregistrements de Guillut, une France de cer­ tains jeunes des cités aux cerveaux en friche, nourris de séries télé et de jeux vi­ déo, n’ayant à la bouche que le « respect », surtout quand ils estiment qu’on leur en manque, et la réputation que leur confère « la montée en prison ». Le tout proféré en

« Petit braqueur deviendra grand » C’est justement cet appât du gain facile sous­tendant chacun des braquages, que l’avocate générale a mis en exergue en lançant aux ju­ rés : « Vous avez des preuves multiples. Guillut raconte quasiment tous les faits en 3D dans les enregistre­ ments. Petit braqueur de­ viendra grand, pourvu que justice ne le bloque pas. Ne vous en tenez pas au seul étalon du butin : au­delà de la gravité des faits, il y a leur entêtante négation et une absence de remise en cau­ se. » Tout à tour, les parties civi­ les ont fait ressortir le man­ que absolu de digues mora­ les. Me Degenève s’est dit « confondu par les accusés se convainquant de leurs

propres dénégations et qui doivent se foutre de ce que je dis ». Démontant par avance l’argumentation de la défen­ se, Me Franck Bouveresse soulignait : « Guillut est tou­ jours informé, il est trop pré­ cis dans les enregistrements pour ne pas être l’auteur des faits. Son chemin criminel le fait passer de la bombe la­ crymogène au fusil à pompe, il dit vouloir acheter une AK47 et un pain de plasti­ que, même si c’est fantasmé, c’est inquiétant. » Me Plan­ tevin a rappelé que le casse de la bijouterie Delatour avait abouti à sa fermeture par suite du refus des assu­ reurs de couvrir les risques : « Guillut va braquer avec un naturel désarmant comme d’autres vont faire leurs courses. Tous les ans, des bi­ joutiers crèvent parce que des gens ont décidé de se servir. » Ce sont les manques et les à­peu­près de l’enquête et de l’instruction qui ont étayé

confortablement sur une horloge murale. Cueilli là par les agents de l’ONCFS, ce spécimen au nom savant d’Elaphe Guttata a été remis à un éleveur autorisé.

Grand

est

Lorraine

Drogue : un million d’euros de valeur marchande

Un serpent dans la douche Lunéville. Jeudi, alors qu’elle prenait sa douche, une jeune femme demeurant à Lunéville a vu apparaître la tête d’un serpent sortant de la bouche d’aération de sa salle de bains. Syndic et pompiers ont été aussitôt prévenus. Les soldats du feu ont tenté à plusieurs reprises de faire sortir l’animal de sa cache, à grand recours de vapeur d’eau, la technique habituellement utilisée dans un tel cas. En vain. Les agents de l’ONCFS (Office national de

mots rudimentaires, en sons d’où émergent les casses, faits ou à faire, et les armes à utiliser.

Nancy. Le Laxovien de Photo ER

la chasse et de la faune sauvage) ont été appelés sur les lieux mais n’ont pas davantage réussi, dans un premier temps, à déloger le locataire indésirable. Ce n’est qu’hier après­midi que, de retour dans l’appartement, ils ont pu récupérer ce serpent des blés… installé

24 ans interpellé juste avant la saisie record d’héroïne à Villers­lès­Nancy (ER d’hier) doit être déferré ce samedi au parquet de la JIRS (Juridiction interrégionale spécialisée) qui ouvrira une information judiciaire pour « trafic de stupéfiants » et « association de malfaiteurs ». Quand le suspect a été interpellé par les Douanes – mardi soir, à Villers­lès­ Nancy, il sortait d’un

Photo ER

immeuble, en possession de 106 g d’héroïne. Et de clefs d’appartement. Au cours de la perquisition qui y a été menée, les policiers ont mis la main sur « 43 kg d’héroïne, 2,450 kg de cocaïne, 12 kg de résine de cannabis, plus de 150 000 € en espèces, des balances de précision, une Kalachnikov ainsi que de

les acquittements demandés par les défenseurs. « Il ne faut pas juger sur les appa­ rences » : M e Catherine Bresson s’est évertuée à évacuer chaque élément pe­ sant sur Achi et a mis à mal l’enquête fondée « sur des affirmations et des certitu­ des ». Pareillement, Me Jérô­ me Pichoff a dénoncé les failles du dossier : « L’en­ quête a souvent recréé ou extrapolé et écarté tout ce qui ne va pas dans son sens. Pour la certitude des preu­ ves de culpabilité, le compte n’y est pas. » Démontant le dossier, Me Randall Schwerdorffer de­ mandait : « Où sont les bi­ joux, le fusil, les cagoules ? On n’a rien, sinon un enquê­ teur borné persuadé que son indic a raison. La culpabilité est assise sur des postulats et constructions intellec­ tuelles. Dans ce dossier, il faut que ça colle mais on a beau dire que c’est la vérité, ça ne va pas. » Yves ANDRIKIAN

nombreuses munitions », a détaillé le vice­procureur de la JIRS, David Touvet, au cours d’une conférence de presse, hier à la cité judiciaire. « Il s’agit de la deuxième plus grosse saisie en Lorraine depuis deux ans. Il y a suffisamment d’héroïne pour fournir quotidiennement 500 toxicomanes pendant un mois. La valeur marchande est estimée à un million d’euros. Nous avons affaire à un groupe criminel organisé qui vient de subir un coup très dur. La présence de fusil d’assaut montre qu’ils sont prêts à tout pour impressionner. L’appartement était loué sous une fausse identité. Il servait de planque ou de base arrière, et est éloigné des lieux de deal. » Le SRPJ de Nancy est en charge de l’enquête.


L’ E S T R É P U B L I C A I N | S A M E D I 1 3 J U I L L E T 2 0 1 3

REGION Justice Seconde reconstitution du meurtre de Maxime Roussel, décédé en janvier 2012, hier à Montbéliard

« On court après la vérité » Montbéliard. Du haut de sa ter­ rasse, une habitante observe, intriguée, la scène qui se dé­ roule en contrebas dans une cour proche du centre­ville de la cité des Princes. Sous un soleil de plomb, la juge d’instruction Sophie Ba­ ghdassarian mène, ce vendre­ di, la deuxième reconstitution du meurtre de Maxime Rous­ sel. Elle durera beaucoup moins longtemps que la pre­ mière qui s’était étalée sur quatorze heures (nos articles du 15 et 16 mars). Une fois de plus, la juge veut confronter l’assassin présumé, 19 ans, à ses contradictions. Il a tou­ jours admis sa présence sur les lieux du drame, un bois d’Étouvans, mais nie être l’as­ sassin.

« Il nous restait un doute. On ne l’a plus » Le 10 janvier 2012, Maxime Roussel, un habitant de 14 ans est sauvagement tué à l’arme blanche. Son corps, en partie calciné, sera découvert le len­ demain sur les hauteurs boi­ sées du village. Le lendemain également, sa moto, une 50 cm² Honda, est retrouvée dans le garage de l’assassin présumé, au fond de cette pro­ priété montbéliardaise en partie dissimulée derrière une rangée de thuyas. Me Simo­ neau, l’avocat lillois de la fa­ mille Roussel, passe en revue les opérations : « La magistra­

K Une deuxième reconstitution discrète près du garage où la moto de la victime a été retrouvée. Photo Samuel COULON

te va lui demander de répéter tous ses gestes quand il a ra­ mené la moto ici. » Deux thè­ ses s’affrontent : celle des par­ ties civiles, persuadées que l’homme, une connaissance de Maxime, a pu agir seul. L’autre est celle de la défense, représentée par Me Euvrard. Ce dernier est convaincu que des complices sont toujours dans la nature. La moto est au cœur des préoccupations.

C’est, a priori, le mobile du terrible passage à l’acte. D’où la présence d’un modèle simi­ laire amené sur les lieux de la reconstitution et d’un fourgon mortuaire qui, selon l’enquê­ te, aurait pu être utilisé pour transporter l’engin d’Étou­ vans vers Montbéliard. Jeans et tee­shirt noir, le meurtrier présumé sort, l’allure désin­ volte, de la voiture aux vitres fumées de l’administration

pénitentiaire. Il est aussitôt di­ rigé vers le garage individuel où la moto était cachée. Pen­ dant plus de trois heures, la juge Baghdassian travaille avec une minutie chirurgicale. Des clichés du fourgon mor­ tuaire sont pris sous tous les angles. À l’intérieur, les sièges sont enlevés via une porte coulissante latérale. Un gen­ darme charge ensuite la petite cylindrée à l’intérieur : « Il

nous restait un doute. On ne l’a plus », glisse Alexandre Bergelin, avocat des grands­ parents, oncles et tantes face à la démonstration. Les heures qui suivent sont consacrées à l’étude d’une fosse de garage, dans le bâti­ ment, à l’abri des regards. À 17 h, gendarmes, policiers, magistrats…, prennent la di­ rection du tribunal correction­ nel. La magistrate a estimé que la (vraie) moto de Maxi­ me, placée sous scellés, devait encore faire l’objet de mani­ pulations. Au moment où les dernières greffières s’en vont, plusieurs voitures gagnent le parking souterrain du tribu­ nal. « On court toujours après la vérité », note, à l’issue Me Gantois, de Nancy, représen­ tant d’une autre partie de la famille Roussel. À 18 h, la mère de Maxime se gare près du tribunal. Son visage est tendu. Pendant quelques mi­ nutes, son avocat lui fait le compte rendu de l’après­midi. Cette nouvelle procédure, qui n’aurait pas apporté grand­ chose, sera sûrement la der­ nière. Selon une source pro­ che de l’enquête, le dossier pourrait être bouclé avant la fin de l’année. Le procès du meurtrier présumé de l’ado­ lescent devrait avoir lieu de­ vant la cour d’assises des mi­ neurs au début de l’année 2015. AudeLAMBERT

Ordonnance de renvoi Le Vosgien, accusateur en 1991 de Raphaël Maillant dans l’affaire du meurtre de Valérie Bechtel, répondra de l’assassinat, à La Rochelle en 2011, de son épouse

Yann Bello renvoyé aux assises Nancy. L’histoire offre par­ fois d’étonnants raccourcis. C’est au moment où la Com­ mission de révision des con­ damnations pénales vient de transmettre le dossier Ra­ phaël Maillant à la Cour de révision que Yann Bello, l’ancien meilleur ami du Nancéien, a reçu, au fond de sa cellule de la maison d’ar­ rêt de Vivonne (Vienne), l’ordonnance qui le renvoie devant la cour d’assises de la Charente­Maritime. Le Vosgien, aujourd’hui âgé de 43 ans, y répondra d’assassinat précédé d’un autre crime, en l’occurrence un viol par conjoint. Cette qualification lui fait encourir la perpétuité. Le 18 juillet 2011, à 20 h 45, le corps de Charlène, 23 ans, qui avait quitté le domicile conjugal quelques mois auparavant, avait été retrou­ vé dans l’appartement de Yann Bello, dans un immeu­ ble de La Rochelle. Violemment frappée à la tête, la jeune femme était, d’après le légiste, décédée des suites d’une strangula­ tion. Autour de son cou, on avait retrouvé une serviette de toilette. Le médecin avait

également relevé une lésion anale. Bello avait été inter­ pellé moins d’une heure plus tard, en plein centre­ ville de La Rochelle, alors qu’il venait de réserver une chambre d’hôtel avec la car­ te bleue de la victime. Il avait par ailleurs effectué deux retraits de 400 euros dans l’après­midi. Placé en garde à vue, il aurait avoué avoir tué son ex­épouse. Il aurait expliqué qu’il avait demandé à Char­ lène de passer le voir et ce, afin de trouver une solution à sa situation financière ca­ tastrophique.

« Mode de fonctionnement relevant de la perversité » Bello aurait sollicité le sou­ tien financier de sa femme mais, devant son refus et alors qu’elle voulait quitter les lieux, il l’aurait saisie par derrière au niveau du cou avec le creux de son bras droit. Il aurait alors plaqué son épouse sur le carrelage, lui aurait frappé la tête sur le sol, le mur et la porte d’en­ trée à plusieurs reprises avant de, de nouveau, réali­ ser un étranglement fatal.

Les histoires de Raphaël Maillant et de Yann Bello sont étroitement liées. En 1997, ils ont en effet compa­ ru devant les assises des Vosges. Poursuivi pour le meurtre en 1991 de son ex­petite amie, Valérie Bechtel, 20 ans, retrouvée étranglée avec un torchon dans un bois de Thaon­les­Vosges, Raphaël Maillant avait éco­ pé de 17 ans de réclusion, au terme d’un procès marqué par les accusations de Yann Bello. Ce dernier avait été condamné à deux ans pour recel de cadavre. La semaine passée, la Commission de révision des condamnations pénales a estimé qu’il existait des « éléments nouveaux de na­ ture à faire naître un doute sur la culpabilité » de Ra­ phaël Maillant. Parmi eux, les faits de La Rochelle mais aussi la personnalité de Yann Bello. Le psychiatre et le psycho­ logue qui ont examiné le Vosgien en 2012 à La Ro­ chelle auraient décelé « une personnalité frustre et im­ mature, avec un mode de fonctionnement relevant de la perversité ».

K Yann Bello, ici en 1991 lors de la reconstitution du meurtre de Valérie Bechtel, est renvoyé pour un assassinat précédé d’un autre crime, en l’occurrence un viol par conjoint. Photo d’archives

Dans leur décision rendue la semaine passée, les ma­ gistrats de la Commission de révision relèvent que « si la personnalité de Yann Bello, telle qu’elle résulte du dos­ sier de La Rochelle, avait été connue de la juridiction de jugement, il est possible d’envisager que la cour d’as­ sises des Vosges aurait pu apprécier différemment la

crédibilité tant des accusa­ tions portées par Yann Bello que de la défense de Ra­ phaël Maillant ». Yann Bello, qui conteste­ rait le viol et la prémédita­ tion, a fait appel de ce renvoi devant les assises. Il devrait être fixé avant la fin de l’an­ née. Eric NICOLAS eric.nicolas3@ estrepublicain.fr

Prévention Près de soixante personnes mobilisées hier pour le premier exercice de ce type dans le haut Jura

Quand le parcours de canyoning devient celui de tous les dangers Lons­le­Saunier. Le village de Coyrière (Jura) a connu une agitation inhabituelle hier matin. Pompiers, gendarmes, élus étaient sur place pour un exercice de sécurité civile si­ mulant un accident de canyo­ ning, dans le cadre du plan Orsec (Organisation de la ré­ ponse de sécurité civile) dé­ partemental « intervention urgence en milieu monta­ gneux ». Dans le scénario, cinq amis pratiquant régulièrement le canyoning décident, vers 9 heures, de parcourir le canyon de Croirette, malgré l’alerte orange sur le département. « Pour l’exercice, le Jura est en alerte orange depuis 48 heu­ res, au regard d’un épisode orageux marqué par de fortes précipitations et un vent im­ portant », détaille Joël Bour­

geot, sous­préfet de l’arron­ dissement de Saint­Claude. Une heure après leur arri­ vée sur le site, les cinq canyo­ neurs voient monter l’eau d’une manière fulgurante. Ils sont surpris, déstabilisés et deux d’entre eux se retrou­ vent emportés par le débit. In­ tervient alors, à 10 h 30, le groupe de secours en monta­ gne et milieu périlleux, qui part à leur recherche. À 11 h 05, le préfet du Jura, déjà en état de pré­alerte, délègue Joël Bourgeot sur place, pour assurer la gestion des secours. Les premiers éléments d’ana­ lyse arrivent à 11 h 30 : trois des victimes ont été retrou­ vées indemnes et mises en sé­ curité, mais deux sont encore manquantes. La communica­ tion entre les différentes équi­

K Deux « blessés grave » vont être héliportés. Photo Yannis DAPIER

pes est parfois difficile, à cause de l’enclavement des lieux. L’Adrasec sert alors de relais. Le premier disparu est re­ trouvé dix minutes plus tard. Il

s’agit d’un homme de 40 ans, blessé à la colonne vertébrale et avec une fracture au tibia. Le second blessé, localisé aux environ de 12 heures, est pour

sa part « en état d’urgence ab­ solue ». « Dragon 25 » est attendu pour héliporter les deux bles­ sés. Les trois non­blessés sont raccompagnés par les secours, sans encombre, jusqu’à ce qu’un des secouristes se bles­ se aussi, dans un suraccident : entorse au genou. L’hélicoptè­ re fait trois tours, pour récupé­ rer les blessés. Il est 15 heures, l’exercice est terminé. Tout s’est passé presque comme prévu, malgré un léger retard sur le timing dû à… une vraie intervention requérant l’in­ tervention de « Dragon 25 ». Elus et techniciens de la pré­ fecture, observateurs de l’exercice, en feront un dé­ briefing. « La coordination en­ tre les équipes s’est bien pas­ sée », analyse Joël Bourgeot. JustineLHABITANT


L’ E S T R É P U B L I C A I N | V E N D R E D I 2 0 D É C E M B R E 2 0 1 3

REGION Justice

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Assises

D

es trafiquants de faux papiers, qui écumaient les mairies du Grand Est, ont été condamnés hier à un et deux ans ferme par le tribunal correctionnel de Vesoul

AUJOURD’HUI SUR estrepublicain

Procès d’un parricide : verdict aujourd’hui Les experts psychiatres se sont succédé hier pour souligner la « dangerosité sociale » de Sébastien Volet, jugé pour le meurtre de son père en 2012.

P Trafic routier, aérien, ferré : nos rubriques pratiques P Tir de Flash­Ball, reconstitution à Audincourt (photos) P Participez à notre Jeu de Noël sur le site et Facebook P Tops, flops : élisez les personnalités de l’année 2013 P Saison de ski : notre carte interactive

Meurtre de Maxime : procès en juin Généreux, sérieux, sportif et apprécié

Lecrimeavaitétéperpétréà Étouvansle10janvier2012.La préméditationestretenue. L’auteurprésuménietoujours avoirtuél’adolescent.

Si la barbarie dont a été victi­ me Maxime a suscité autant d’émotion et d’incompréhen­ sion, c’est en raison de la per­ sonnalité de l’adolescent. Maxime, 14 ans, n’avait rien demandé à personne. Cétait un gamin comme les autres avec les mêmes passions et les mêmes rêves, apprécié de tous. Il vivait à Étouvans avec ses parents et sa petite sœur, une famille unie. Il aimait bri­ coler avec son père, pratiquer la boxe, le vélo, la moto. Le garçon avait une petite amie, un cercle de copains. Élève au collège de Voujeau­ court, Maxime suivait une scolarité normale et n’avait pas de mauvaises fréquenta­ tions. Il était sérieux, géné­ reux. « On a raconté que notre fils était mêlé à un trafic de stupéfiants. C’est totalement faux et insupportable à enten­ dre », confiait sa mère, Isabel­ le, un mois après la tragédie. Non, Maxime a juste croisé le chemin d’un autre adolescent perturbé. « Il l’avait vu une ou deux fois dans le village. C’est incompréhensible. L’assassin était peut­être jaloux de Maxi­ me, de notre famille soudée »,

L

a famille de Maxime connaî­ tra­t­elle un jour la vérité ? Pourquoi l’adolescent d’Étou­ vans, âgé de 14 ans, a connu une fin si atroce un soir d’hi­ ver 2012 ? Ses parents espèrent beau­ coup du procès de l’assassin présumé dont les dates sont désormais con­ nues : « La qualification de meurtre avec préméditation est retenue. Le mis en cause comparaîtra à Besanson devant la cour d’assises des mineurs au cours du mois de juin 2014 », fait savoir le procureur de la République de Montbéliard. Pendant cinq jours, du lundi 16 au vendredi 21 juin, les jurés devront se pencher sur cette terrible affaire, re­ vivre cette soirée où le corps de Maxi­ me, lardé de coups de couteau, en partie calciné, quasi­méconnaissa­ ble, a été laissé à l’abandon dans un bois du village. Pour la juge qui a mené l’instruction pendant près de deux ans, l’auteur présumé, aujour­ d’hui âgé de 19 ans, a agi seul. Le mobile ? La moto­cross de Maxime, une Honda 50 cm³ qu’il convoitait. « Ça ne tient pas. Si mon client avait voulu une moto, ses parents lui en auraient acheté une. Il était gâté », répond Me Euvrard, à la défense. Mais c’est au domicile du même mineur, une connaissance de Maxime, que l’engin a été découvert au lendemain des faits : « Il a toujours dit qu’il l’avait gardé pour le compte de ses compli­ ces, les véritables auteurs », soutient l’avocat.

Trois reconstitutions Seulement, cette thèse de complici­ té a été complètement écartée par la magistrate, suivant ainsi les réquisi­ tions du parquet. « Les trois reconsti­ tutions (N.D.L.R. les 15 et 16 mars et le 7 juillet 2013) ont démontré que ses explications étaient fantaisistes, inco­ hérentes et qu’elles ne valent rien », tranche Philippe Simoneau, repré­ sentant la partie civile (pour les pa­ rents et la petite sœur de Maxime). La personnalité de l’accusé, connu de la

K La moto et la jalousie seraient les mobiles du crime.

justice jusque­là pour des larcins, sera au cœur des débats. « Il se pose en retrait. Il est toujours spectateur de la scène de crime. Je pense qu’il ment pour ne pas reconnaître la monstruo­ sité de son geste », interprète l’avocat lillois. Me Euvrard décrit un homme ordinaire, « apathique » depuis sa mise en détention le 13 janvier 2012 : « Il est renfermé. Un expert affirme qu’il n’est pas capable d’entretenir des relations sociales. Le deuxième peint un être tout à fait normal ». La défense est diamétralement opposée à la version de l’accusation. Pour Me Euvrard, aucun élément matériel ne

ajoutait Rémi, le père de la vic­ time. Dévastée, la famille Roussel reste persuadée que Maxime est tombé dans le piège d’un homme qui en voulait à sa moto. Convaincus que le mis en cause, 17 ans à l’époque, est le meurtrier, les parents atten­ dent qu’il assume ses actes, qu’il dise la vérité. Lors de la première reconstitution, Isa­ belle et Rémi Roussel l’ont apostrophé avec l’aval de la juge d’instruction : « Les yeux dans les yeux, dis­moi que tu n’as pas tué Maxime ! », lui avait lancé la mère de famille. L’homme, incarcéré à la mai­ son d’arrêt de Besançon, avait murmuré qu’il était innocent sans pouvoir regarder les pa­ rents de Maxime droit dans les yeux. Pour eux, le procès qui s’annonce sera une torture. Ils seront confrontés à l’auteur présumé, devront assister au rapport du médecin­légiste, revivre cette soirée d’hiver qui doit peupler leurs nuits de cauchemars et qui rend le quotidien invivable. «Nous, on a pris perpétuité», soulignait, à l’époque, la maman. A.L.

Photo d’archives Samuel COULON

prouve l’implication du suspect. « On se contente d’une hypothèse imagi­ née », dénonce l’avocat qui plaidera pour le jeune homme avec l’avocat bisontin, Me Schwerdorffer. Les jurés ne disposent ni d’aveu, ni du couteau (longtemps recherché) et des zones d’ombre demeurent autour du moyen de locomotion utilisé. Un faisceau d’éléments prouverait que l’auteur a utilisé un fourgon mortuaire : « C’est plus que probable. Ce garçon s’est encore ridiculisé en affirmant qu’il ne pouvait pas monter une moto, seul, dans le fourgon. Quand les gendar­ mes ont répété la scène, ils y sont

parvenus très facilement », rappelle Me Simoneau. D’autre part, les enquêteurs dispo­ seraient d’indices de police technique et scientifique qui n’ont pas été dévoi­ lés (N.D.L.R. : des bidons d’essence ont été retrouvés). Outre la moto dé­ couverte chez lui, l’accusé est le der­ nier à avoir été en contact avec la victime, via à un message téléphoni­ que. « Pour les parents et la petite sœur de Maxime, asphyxiés de dou­ leur, le jugement est essentiel. Ils ont besoin de réponses à leurs ques­ tions », résume Philippe Simoneau. Aude LAMBERT

K Maxime était sportif, communicatif et donnait sa confiance naturellement, ce qui l’a sans doute perdu.

Photo DR

Enquête A Audincourt, le 7 février 2011, un Montbéliardais a perdu un œil après un tir policier. Reconstitution hier

Polémique Le premier magistrat a porté

« Pourquoi se cachent­ils ? »

« L’Humour de droite » incrimine le maire de Métabief

K Des gendarmes mobiles à toutes les entrées de la place.

Montbéliard. « Je me suis sen­ tie mal. Je n’ai pas pu rester. » Dans un bar qui borde la pla­ ce du Temple, à Audincourt, Najet prend son mal en pa­ tience. Elle sait que l’après­ midi va être longue, très lon­ gue : « Je ne dors plus depuis une semaine. Je ne mange plus. Le juge a dit que ça allait durer jusqu’à 17 h ». Si la Montbéliardaise est aussi an­ goissée, c’est parce que son fils, Ayoub, est au cœur de la reconstitution qui se déroule juste à côté. La place du Tem­ ple est barricadée de grilla­ ges recouverts de bâches noi­ res. Comme un état de siège. Gare à celui qui voudrait s’aventurer. Une armada de gendarmes mobiles zélés surveille les alentours : « Pourquoi se cachent­ils ? Pourquoi les habitants ne peuvent pas regarder ce qui se passe ? », s’interroge la mère de famille. L’événement est délicat. Il s’agit pour le

juge d’instruction, Edgard Pallières, de déterminer les circonstances d’un tir poli­ cier de Flash­Ball aux consé­ quences dramatiques : Ayoub, un Montbéliardais de 17 ans, le fils de Najet, a per­ du un œil. « Il angoissait par rapport à cette reconstitu­ tion. Mais il ne montre rien », ajoute la mère de famille. Ce 7 février 2011, lors­ qu’une rixe opposant une centaine de jeunes a éclaté sur cette même place, Ayoub attendait tranquillement son bus. Etranger à la bagarre, il s’est soudain effondré, l’œil gauche en sang.

Panique Même si l’IGPN (la police des polices) lui a reconnu le statut de victime, Ayoub at­ tend que la responsabilité du policier soit engagée. Mis en examen pour blessures invo­ lontaires (en janvier 2012), le fonctionnaire a toujours don­

K De nombreux témoins appelés à répéter leurs gestes.

né la même version : « Il a visé une personne apparte­ nant au groupe des émeu­ tiers au thorax et Ayoub a pris la balle », relevait le procu­ reur de la République, Thé­ rèse Brunisso, qui estimait qu’une reconstitution était nécessaire. « Ayoub n’a pas varié d’un iota dans ses dé­ clarations. Il était très tendu aujourd’hui. C’est la premiè­ re fois qu’il voyait le poli­ cier », souligne Me Rey­De­ maneuf, son avocate. En présence d’une trentaine de témoins, le juge Pallières, qui avait autorisé la famille de la victime à rester pour la sou­ tenir, a pris le temps d’écou­ ter la victime et le policier. L’enquête de l’IGPN a établi

que le tir était légitime et que le fonctionnaire disposait de l’habilitation requise. Taiseux, répondant aux questions qu’on lui posait, l’auteur rejette toute respon­ sabilité : « J’ai tiré sur un homme qui avait un blouson noir », se rappelle­t­il seule­ ment. Il se trouve qu’Ayoub était vêtu de rouge et qu’il ne se trouvait pas dans la trajec­ toire du tir. Mais l’homme était­il vraiment maître de ses moyens dans ce contexte difficile ? N’a­t­il pas cédé à la panique en voulant conte­ nir la violente émeute ? Le fonctionnaire n’a jamais sou­ haité s’exprimer sur cet épi­ sode. En off, ses collègues font bloc derrière lui, répè­

Photos Francis REINOSO

tent qu’il n’avait pas le choix pour séparer les deux bandes rivales et que le tir était régle­ mentaire. Mais Ayoub, qui souffre tant physiquement que moralement, ne peut pas l’entendre. Il pense, au con­ traire, que l’homme qui l’a mutilé doit répondre de ses actes devant le tribunal cor­ rectionnel. Odile Banet et Gérard Delavelle, membres de son comité de soutien, qui accompagnaient hier la fa­ mille, dénoncent l’utilisation des Flash­Ball : « L’État doit se rendre compte, une fois pour toutes, de leur dangero­ sité. Des drames comme celui que connaît Ayoub sont de plus en plus fréquents », as­ sène Odile Banet. Aude LAMBERT

plainte pour diffamation contre le blog politique

Pontarlier. Toujours plus ou moins drôle ou impertinent, le site viral « L’Humour de droite, reconnaissable à son logo inspiré de celui de l’UMP avec l’inscription « LOL » en son centre. Mardi soir, pourtant, il n’a pas fait sourire le maire de Métabief. Gérard Dèque, par ailleurs directeur d’un cen­ tre de vacances dans la peti­ te station de ski du Haut­ Doubs, est pris à partie d’une façon pour le moins équivoque. Il est accusé, sous la forme d’un témoi­ gnage renseigné et argu­ menté de citations entre guillemets, d’avoir tenu des propos infamants à l’encon­ tre d’un groupe de handica­ pés en séjour dans le centre. Centre qui, par ailleurs, dis­ pose d’un label « Tourisme et handicap ». D’après le blog, le responsable aurait souhaité écarter un groupe de handicapés alors qu’un photographe travaillait à

l’élaboration d’une nouvelle plaquette faisant la promo­ tion du centre. «Je n’ai évidemment ja­ mais parlé comme ça à qui que ce soit », se défend Gé­ rard Dèque, qui est allé por­ ter plainte pour diffamation. « On vise à la fois le maire et le centre tout entier à travers ma personne.» Le réseau de vacances, directement cité, devrait lui aussi porter plainte dans cette affaire. « Ce n’est surtout pas lui que l’on pourrait incriminer sur le sujet du handicap », témoigne Cédric Siron, le responsable de l’association Apach Évasion qui s’occupe de handicapés à Métabief. Pour l’heure, les réactions plus ou moins virulentes ou crédibles s’accumulent sur le site. Gérard Dèque, lui, reste serein à quelques se­ maines des municipales, et à deux jours de l’ouverture du centre de vacances… Didier FOHR

K Gérard Dèque : « «Je n’ai évidemment jamais parlé comme ça à qui que ce soit ».

Photo DF RFC01


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