Les Cahiers Internationaux du Tourisme

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Centre International de Recherche Vatel en Tourisme et H么tellerie

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Nous remercions Catherine Sicart qui a contribué aux " abstracts " et Véronique Hasselweiler Responsable de la Communication du Groupe Vatel qui a suivi la production de ce numéro.

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SOMMAIRE

Étape tunisienne de notre recherche touristique Équipe responsable du CirVath

7

De la Qualité à la Qualité totale, les systèmes d'appui à la qualité dans l'hôtellerie tunisienne J. Mehdi Chapoutot

25

Le Tourisme de santé en Tunisie : état des lieux Foued Allani

49

À propos d'un dictionnaire utile du tourisme à paraître (Conférence à Tunis) Jean-Michel Hoerner

77

Compte-rendu autour de “ La famille Fenouillard fait son tourisme ” une " farce " présentée à Carthage à partir de la fameuse bande dessinée) Gilles Ferréol

91

Caractéristiques des " Cahiers internationaux du tourisme "

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ETAPE TUNISIENNE DE NOTRE RECHERCHE TOURISTIQUE

Equipe responsable du CirVath Résumé : Le CirVath ou Centre International de Recherche Vatel en Tourisme et Hôtellerie a animé un colloque à Tunis, le 14 mars 2008, où des professionnels, des institutionnels, des formateurs et des étudiants de Vatel Tunis ont beaucoup parlé du tourisme tunisien et de la recherche touristique (contribution d'Anne-Marie Mamontoff). Cette introduction des responsables du CirVath est l'occasion de redéfinir des axes de recherche et, au-delà de l'exemple tunisien, de s'interroger sur le rôle de l'industrie touristique dans le développement des pays du Sud. Abstract : CirVath or Vatel International Research Centre in Tourism and Hospitality conducted a symposium on March 14th 2008. Professionals, institutionals, educators and students from Vatel Tunis mentioned Tunisian tourism and tourism research (AnneMarie Mamontoff's article). The introduction by the CirVath official is the opportunity to redefine the main lines in tourism research, and, beyond Tunisian example, to ponder over the part of the tourist industry in the development of emerging countries.

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Mi-mars 2008, le second numéro de notre revue a fait escale à Tunis, à l'occasion d'un colloque organisé par Abderraouf Tebbourbi, Directeur général de Vatel Tunis au sein de l'Université Internationale de Tunis (UIT), pour le compte du CirVath et en présence d'Alain Sebban, Président de notre association-fondation et de Vatel. Parmi l'assistance, il y avait de nombreux responsables institutionnels et des professionnels tunisiens, les membres du conseil d'administration d'Eurhodip - The Leading Hotel Schools in Europe - et beaucoup d'étudiants, notamment de Vatel Tunis en partenariat avec l'Université de Perpignan, sans lesquels notre combat pour la recherche touristique n'aurait pas de sens. Le thème principal de la " conférence de Tunis ", placé sous l'égide du Ministère du Tourisme Tunisien en collaboration avec l'Ambassade de France, portait sur le " reprofilage " du tourisme mondial, mais derrière les mots, se " profilaient " justement les nouvelles orientations que la Tunisie voudrait donner à son tourisme. Comme le soulignait Raouf Tebbourbi, " le secteur touristique subit une mutation extraordinaire, entre la réorganisation du transport aérien, les nouveaux produits touristiques et les nouvelles formes de distribution et de commercialisation ". Parmi les nombreuses interventions et outre les représentants du CirVath, on mentionnera celles de son Excellence, Serge Degallaix, Ambassadeur de France en Tunisie, et de l'ancien Ministre Ahmed Smaoui. La richesse des débats attestait l'envie des Tunisiens de participer à ce vaste débat et, dans cette perspective, nous proposons les articles écrits par des spécialistes tunisiens qui animèrent -8-

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les ateliers de l'après-midi. Le premier, J. Mehdi Chapoutot, expert et enseignant, dresse ainsi les systèmes d'appui à la qualité dans l'hôtellerie en Tunisie, qui préoccupent beaucoup cet État. La documentation fournie, dense et précise, montre la volonté d'une " qualité totale " qui atteste le niveau d'expertise d'un pays du Sud dans ce domaine. C'est édifiant et prometteur. Ensuite, Foued Allani, journaliste et consultant, établit " l'état des lieux " du Tourisme de santé en Tunisie, à partir de l'exemple de la " thalassothérapie " qui compte 37 centres dans ce pays et en fait une activité prioritaire, et du cas du " tourisme médical ". On sait que la Tunisie dispose d'agences de voyages de séjours médico-touristiques et compte de plus en plus exploiter ce créneau, où les dépenses des touristes sont dix fois supérieures à celles des visiteurs habituels. L'analyse de Foued Allani demeure très pertinente. L'autre axe de ce petit colloque se rapportait à l'avancement des recherches en tourisme et, au titre du CirVath, nous présentons le résumé de l'intervention d'Anne-Marie Mamontoff et, en sorte d'avant-première, des extraits commentés du prochain Dictionnaire utile du Tourisme conçu par Jean-Michel Hoerner. Nos lecteurs doivent saisir le sens de la démarche globale du CirVath, qui ne sera jamais déconnectée des problèmes et des perspectives de l'industrie touristique et hôtelière de par le monde. Notre champ d'études n'est nullement limité mais nous avons le souci, déjà en tant que formateurs, d'essayer d'appréhender le plus possible ce qui relève de la professionnalisation du secteur du tourisme. Au demeurant et sans doute à contre-courant des usages universitaires, qui privilégient la recherche c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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académique, nous pensons qu'il existe une réflexion scientifique applicable à la valorisation des métiers touristiques et hôteliers. Pour autant, cette nouvelle recherche s'avère difficile. Elle tâtonne. Ainsi, si nos amis tunisiens sont également conscients de sa nécessité, elle ne mobilise guère beaucoup d'énergies. Nous voulions donner la parole à un pays du Sud mais nous devons nous rendre à l'évidence que la plupart de ses responsables de l'industrie du tourisme, voire de ses enseignants qui contribuent aux formations professionnalisées du secteur, ne conçoivent pas encore, comme nous d'ailleurs, les analyses nécessaires à une maturation et à une réflexion innovante. Nous ne sommes pas pessimistes mais nous restons réalistes. Heureusement, les questionnements des étudiants nous donnent beaucoup d'espoir. La conférence d'Anne-Marie Mamontoff à Tunis (14 mars 2008) Anne-Marie Mamontoff, Maître de conférences de psychologie sociale, soucieuse d'intégrer cette science dans la discipline de sociologie, a présenté les contradictions des recherches en tourisme et en hôtellerie, et nous présentons ici un résumé de son intervention : " Actuellement, en France, la recherche dans les filières universitaires professionnalisées, notamment dans le tourisme, n'est guère développée. Cela tient au fait que le système universitaire reste encore figé, malgré la récente Loi d'autonomie. Le recrutement et la promotion des enseignants-chercheurs dans les - 10 -

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principales disciplines sont soumis à une instance nationale, le CNU ou Comité National des Universités, qui fixe les normes de sélection et d'évolution des carrières. Et, pour l'instant, les critères demeurent très traditionnels, c'est-à-dire orientés vers une recherche fondamentale liée à des cursus académiques au détriment d'une recherche plus appliquée, nécessaire dans les cursus professionnalisés, et notamment, dans les nouvelles filières du LMD (Licence-Master-Doctorat). Par ailleurs, les formations universitaires touristiques sont relativement jeunes et la reconnaissance de leurs diplômes n'est pas encore tout à fait acquise pour des métiers souvent déconsidérés. Les professionnels, qui embauchent, ne sont pas obligatoirement convaincus que leurs futurs salariés aient besoin d'un diplôme de niveau Master. Qui plus est, toute recherche apparaît souvent ici surréaliste. Or c'est une erreur. La société a profondément évolué, le tourisme est en pleine mutation et il doit répondre aux nouvelles attentes des consommateurs. Les filières universitaires doivent donc moderniser leurs programmes. Ceci ne peut se faire sans la contribution d'une recherche de pointe, comme c'est le cas dans les pays anglo-saxons. Ce n'est qu'à cette condition que l'on pourra devenir innovant et permettre la construction d'une nouvelle identité des métiers du tourisme. Ceux-ci sont encore déclinés à partir d'un stéréotype qui les associe à des pratiques manuelles éloignées de toute réflexion théorique et méthodologique, propre à l'enseignement supérieur. Il ne s'agit pas de nier le principe de la professionnalisation mais de lui donner un autre sens, et de former des cadres, des " managers ", dans un secteur qui a besoin de compétences adaptées. c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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Dans cette perspective, nous avons entrepris une politique de recherche depuis deux ans, grâce au soutien financier de la fondation d'un partenaire privé. En, effet, c'est à l'initiative du Doyen, Jean-Michel Hoerner, et d'Alain Sebban, Président-fondateur de Vatel, que le CirVath ou Centre International de Recherche Vatel en Tourisme et Hôtellerie a vu le jour. Cette fondation, qui se situe dans la droite ligne de la Loi Pécresse (loi française de 2007 pour l'enseignement supérieur), nous donne les moyens de mettre en place un véritable programme de recherche. Celui-ci s'est déjà concrétisé par la création d'une revue scientifique, Les Cahiers Internationaux du Tourisme, et se poursuivra par des colloques qui rassembleront des personnalités motivées, ainsi que par des publications d'ouvrages de recherche. Bien entendu, cela s'ajoute à la dynamique existante dans notre filière tourisme et au sein de notre Faculté, dans la mesure où nos enseignants et nos enseignants-chercheurs sont conscients de la nécessité de cette vocation en appui des formations professionnalisées ". Pour une dynamique de l'innovation Comme nous l'avons annoncé, le " comité de lecture " de notre revue compte désormais des notabilités scientifiques qui partagent nos convictions, sans être toujours de véritables spécialistes du tourisme. Outre nous-mêmes, Henri Magne, Directeur International de Vatel et notre Président, Alain Sebban, nous sommes ainsi très fiers de citer les éminents universitaires qui nous rejoignent, les professeurs Maurice Blanc (sociologue, Strasbourg), Michel Cadé (historien, Perpignan), Jean-Claude Deschamps (psychologue - 12 -

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social, Lausanne) et Gilles Ferréol (sociologue, FrancheComté). D'autres personnalités seront sollicitées… Leur contribution, et nous les en remercions, se situera certainement au niveau du pari que nous avons fait. D'horizons très divers, ils ont tenu à soutenir notre démarche scientifique, dans la mesure où il serait dommage que le tourisme et l'hôtellerie, qui bénéficient de formations professionnalisées performantes jusqu'au Master, négligent la recherche. Comme nous ne cessons de le répéter, la première activité économique mondiale, en mal de productivité, ne peut faire l'économie d'une solide réflexion sur les notions de qualité et de rentabilité, mais aussi sur ses engagements interculturels, sur sa portée sociologique, sur ses axes géopolitiques et, plus simplement, sur la projection de l'individu-touriste dans une société fondée de plus en plus sur les loisirs. Ne faudrait-il pas non plus nous interroger davantage sur le lien très fort qui existe entre l'économie, la mondialisation et l'offre touristique, un ensemble qui se range dans la constante progression du tourisme d'affaires ? Nous sommes conscients de la grande-œuvre qui est devant nous, et nous savons aussi, sans le négliger, que l'essentiel de la recherche touristique est souvent déconnecté de la vie des entreprises, de la professionnalisation qui aboutit à des métiers au plus grand profit de nos très nombreux étudiants. C'est sans doute pour cela, que notre objectif est innovant. Par exemple, nous ne cessons de répéter que la profession qui, depuis moins d'une décennie, s'est ouverte assez massivement vers des qualifications élevées, à Bac + 5, n'y trouve pas encore son compte. Combien de managers, c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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souvent formés sur le terrain, doutent toujours du bienfondé de ce choix et combien d'étudiants qui les côtoient à l'occasion de leurs stages professionnels, ne croient pas encore à la nécessité des diplômes de Master ! Dans l'état, nous ne pouvons pas leur donner entièrement tort. En théorie, le personnel le plus qualifié devrait participer à la modernisation des métiers, à l'accroissement de la sempiternelle productivité qui traduit la vitalité des secteurs. Il devrait donc permettre toutes les innovations nécessaires. Or nous savons que le niveau de recherche actuel ne le permet pas. Pis, nous n'ignorons pas que beaucoup pensent que ce n'est pas le but des formations professionnalisées. Quelques articles du premier numéro de notre revue allaient déjà dans ce sens, et nous sommes persuadés de parvenir à nos fins. Certes, il sera difficile de contribuer à l'accroissement de la productivité dans les services hôteliers ou de restauration mais, tant au niveau des investissements des hôtels, avec " l'externalisation des murs ", que de la rationalisation des hébergements de loisirs, qui est le souci de beaucoup de stations touristiques, nous pourrons certainement atténuer l'importance capitalistique du secteur et, peutêtre, séduire davantage la main-d'œuvre nécessaire par une gestion plus informatisée. On constate déjà, qu'à périmètres comparables, des hôtels disposent de moins de salariés que d'autres. Il serait probablement possible d'envisager, du moins dans les pays industriels où les charges restent élevées (dans des proportions, pourtant, très différentes d'un État à l'autre), que des mesures soient prises pour ne pas pénaliser les entreprises dont les emplois sont toujours très nombreux comme dans le - 14 -

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secteur de l'hôtellerie. Dans les pays du Sud, où salaires et charges sont moins préoccupants, on procède également à de sérieux ajustements. Ce serait alors le rôle des emplois très qualifiés, et si beaucoup doutent que le tourisme et l'hôtellerie soient incapables d'imiter l'industrie automobile, par exemple, qui a abandonné depuis longtemps le travail à la chaîne, rien ne prouve pour autant qu'aucun progrès en la matière ne soit possible ici. Trop de spécialistes, dans un raccourci facile, prétendent qu'on ne peut pas réduire le nombre des femmes de chambres, mais quelques-uns, déjà, ont imaginé leur rotation dans un souci de meilleure rentabilité. Tout reste donc à faire et le retard est imputé au poids des traditions, selon lesquelles aucune véritable mesure de productivité ne serait possible. Jusqu'aux débuts de la grande mondialisation, il y a à peine vingt ans, les cadres de l'hôtellerie formés en deux temps, c'està-dire avec un diplôme à Bac + 2 et une belle expérience de terrain, ne voulaient pas entendre parler d'innovation. Cela aurait peut-être remis en cause leurs carrières, dont les parcours étaient liés aux entreprises. Or ce conservatisme de nature corporative est de plus en plus battu en brèche. Personne, encore, n'a trop fait appel aux avancées des sciences telles que la psychologie, notamment sociale, voire aux recherches en ressources humaines dans lesquelles les sociologues ne sont pas en reste. Mais une telle mutation semble possible demain. Aujourd'hui, dit-on, il faut investir dans l'hôtellerie et le tourisme respectivement deux fois plus et quatre fois plus que dans les industries de l'automobile et du bâtiment pour créer un emploi. Or un tel carcan est-il c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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immuable ? Nous pensons le contraire et surtout, nous faisons le pari du contraire, contre tous ceux qui s'arcboutent sur de tels préjugés. L'histoire de l'économie et de la gestion montre que la première cause de l'évolution réside dans la volonté de changer. Certes, nous sommes de simples observateurs quoique déjà très attentifs, mais nous savons que les sciences sociales et humaines peuvent donner lieu à de multiples applications et donc, que des mutations profondes sont envisageables dans les métiers du tourisme et de l'hôtellerie. Le tourisme méditerranéen et tunisien Évoquer le " tourisme méditerranéen " signifierait qu'on doive à la fois prendre en compte le Nord, c'est-àdire essentiellement l'Europe, et l'ensemble du Sud qui, en l'occurrence, recouvre l'oumma ou la communauté musulmane. Bien sûr, hormis quelques données générales, nous nous intéresserons au Sud, au Maghreb et surtout à la Tunisie, dont les problématiques sont spécifiques. Total en millions

Part en %

Dépense moyenne par touriste

Union Européenne

197

77%

750 à 1000€

Croatie

8.5

3%

-

Maghreb dont Tunisie

13.5 6.5

5% 2.5%

250 à 500€ 250€

Moyen Orient dont Turquie

39 21

15% 8%

500 à 100€ -

TOTAL

258

100%

750€

Tourisme dans le Bassin méditerranéen en 2006

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Tout d'abord, il faut rappeler que ces quelque 258 millions d'arrivées touristiques internationales (données OMT) correspondent à une fourchette de 150 à 200 millions de touristes internationaux, auxquels il faudrait ajouter des dizaines de millions de touristes internes (domestic tourism) qui concernent essentiellement les pays du Nord. En matière économique, ce sont des dizaines de milliards d’euros et des dizaines de millions d'emplois qui sont en jeu et, pour la Tunisie par exemple, des recettes de près de 1,6 milliard d’euros (14% des exportations) et plus de 370 000 emplois directs et indirects. Depuis 1989, on assiste au doublement des flux touristiques en général, et bien plus encore en Croatie (aucune donnée à l'époque de la Yougoslavie), au Maroc et en Tunisie (x 3), en Turquie (x 4) et en Egypte (x 5). Seules régressions : le Liban, la Jordanie et Israël mais pas la Syrie. Par ailleurs, en sus de la Méditerranée musulmane, qui est en phase d'émergence avec des pays phares tels que la Turquie, l'Egypte, le Maroc et la Tunisie, il faudrait ajouter la formidable croissance touristique des pays du Golfe arabo-persique dont Dubaï, à caractère très artificiel. Toutefois, en rapport justement avec un contexte géopolitique qui concerne surtout le Moyen-Orient, si la Méditerranée musulmane semble vivre une profonde mutation, avec l'expansion d'un tourisme de masse de grandes structures, il convient de souligner les influences d'un islamisme extrémiste et d'un climat de terrorisme qui visent souvent les destinations touristiques les plus prisées (Jean-Michel Hoerner, Géopolitique du Tourisme, Paris, Éditions Armand Colin, 2008). c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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En matière de tourisme international, les succès de la Tunisie, du Maroc, de l'Egypte et de la Turquie sont pour l'instant indéniables. Certes, il y a des politiques étatiques telles que le " Plan Azur " au Maroc, mais c'est surtout le secteur privé qui contribue à cette expansion. Il suffit de prendre l'exemple de Marrakech : une progression des arrivées de 20% par an, 1,5 million de touristes internationaux dont 50% de Français, 35 000 lits surtout situés dans le haut de gamme hôtelier, et des prix proposés relativement bas, comme on l'a dit. Il faut ajouter un aéroport en extension, qui accueille 2,2 millions de passagers, et bénéficie de plus en plus de vols charters et de low cost. La Tunisie, pays d'une dizaine de millions d'habitants et le premier exportateur d'Afrique, a connu une expansion touristique plus rapide qui la conduit, désormais, à accueillir 6,5 millions de visiteurs internationaux par an, des Européens dont beaucoup de Français, pour un total de 39 millions de nuitées. Cependant, les attentats de New York en 2001 et de Djerba en 2002 (- 29% de recettes touristiques de 2001 à 2003), ont révélé la fragilité de son tourisme. Certes, la défection des Allemands (500 000 aujourd'hui contre deux fois plus en 2001) est largement due à la concurrence d'autres pays, tels que la Croatie qui a retrouvé sa clientèle de jadis, mais beaucoup ont critiqué les mauvais choix de la Tunisie : un tourisme de masse bas de gamme que satisferait mal une hôtellerie très endettée (232 000 lits), et qui ne se concentre que dans les stations balnéaires (80%). Malgré son importance économique (14% des exportations) et une durée moyenne des séjours supérieure à 5 nuitées, la Tunisie souhaite une profonde mutation de son tourisme, fondée sur 9 projets haut de gamme (investissements prévus de - 18 -

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près de 40 milliards $), où la thalassothérapie, les golfs, les étapes de croisière et le tourisme de congrès, joueraient un rôle de premier plan. Pour autant, comme nous le laissions entendre, le tourisme international de la Méditerranée arabe, vitrine affichée de la mondialisation occidentale, se heurte à des questions d'ordre social et géopolitique très préoccupantes. Autrement dit, il faut reconnaître que le tourisme pose un réel problème de société qui pourrait contrarier le succès économique promis. En effet, dans le cadre du " Choc des civilisations " décrit par l'Américain Samuel P. Huntington (Paris, Ed. Odile Jacob, 1997), la Méditerranée arabe est soumise à des forces qui pourraient la dépasser. Il n'est pas facile d'aborder ces questions bien qu'en Tunisie, par exemple, nos étudiants soient conscients des risques encourus et soucieux de les limiter. Pendant notre séjour, deux touristes autrichiens peu prudents, qui se sont aventurés seuls dans le désert à la limite de l'Algérie, ont été enlevés par des terroristes se réclamant d'une mouvance d'Al-Qaida et ont été conduits au sud du Mali. Or les médias autrichiens se sont déchaînés contre la Tunisie, jusqu'à faire annuler les réservations de touristes. Faut-il rappeler, depuis les attentats de Londres, en juillet 2005, qui concernaient un pays du Nord, qu'on a l'impression qu'un sentiment de fatalité anime désormais tous les touristes occidentaux potentiels ? La Tunisie respire la sécurité mais, comme au Maroc, on vit très mal le climat de menace et de suspicions. Cela est peut-être dû aux touristes du Nord qui, issus en grande majorité de classes moyennes cultivant c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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l'individualisme à l'outrance, affichent des comportements répréhensibles. Déjà, leur forte présence n'est pas un facteur de stabilité : n'y a-t-il pas des dizaines de millions de touristes occidentaux, surtout européens, qui visitent de plus en plus nombreux les pays du Sud ? Certes, ils rapportent des devises et créent beaucoup d'emplois, mais ils provoquent un malaise, lié seulement à leur existence (de telles migrations, même sporadiques, sont sans précédent), ou à leur attitude globale et marginale (développement de la prostitution telle que celle de ces jeunes garçons de la place Jemaâ-el-Fna de Marrakech) et, sans aucun doute, à une certaine résistance de la morale de l'islam, qui rappelle " l'incompréhension " soulignée par Bernard Kouchner au Top Résa de Deauville, en 2005. Un collègue marocain, Mimoun Hillali (Le Tourisme international vu du Sud, Presses de l'Université du Québec, 2003), qualifie cette " invasion " de " néocoloniale ". Nous préférons l'utilisation des termes colonisme et colonistes (Jean-Michel Hoerner, Revue Hérodote du 4ème trimestre 2007 et Géopolitique du Tourisme, Op. cit. en 2008), dans la mesure où ces expressions de la conquête coloniale française en Algérie, très vite abandonnées, sentent bon " les colonies de vacances " sans dénaturer le sens premier. Il suffit de rappeler quelques comportements de chauffeurs de taxi à Tunis, par exemple, qui sont très agressifs vis-à-vis des touristes. Certes, toute généralisation serait abusive mais les quelques cas que nous avons vécus sont édifiants. Ces touristes sont en effet de nouveaux colonistes : ils ont payé leur séjour, donc ils affichent leur morgue et, par exemple, les Marocains parfaitement informés (il faut rappeler le nombre incroyable de " paraboles ", même dans les bidonvilles) savent que ces touristes ne jouent - 20 -

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aux riches que chez eux. Non seulement, les salaires de l'industrie touristique du Sud ne sont pas élevés, mais la misère touche encore une bonne moitié de la population. C'est-à-dire que beaucoup trop de pauvres gens désespèrent de réelles retombées économiques et sociales. Le tourisme, facteur de développement Se pose alors la question lancinante de savoir si l'enjeu en vaut la chandelle, c'est-à-dire si l'industrie touristique internationale peut réellement concourir au développement des pays qui misent sur sa contribution. Des colloques se préparent sur la question, tels que celui de l'Université de Cadi Ayyad à Marrakech (juin 2008) ou celui à venir au Vietnam, avec pour thème fort : " Tourisme et Pauvreté ". Au demeurant, nous saluons nos amis du Sud pour leur initiative, dans la mesure où les spécialistes du Nord pourraient se complaire dans leur attitude récurrente de " donneurs de leçons ". En essayant de ne pas tomber dans ce travers, nous nous contenterons de poser un certain nombre de questions. L'implantation des firmes multinationales hôtelières, voire l'action des tour-opérateurs du Nord, permettront-ils les meilleures retombées sociales ? Autrement dit, quelle est la part des recettes obtenues qui resteront dans les pays du Sud ? Les bourgeoisies compradores de ces pays, associées aux réalisations, ne seront-elles pas tentées d'externaliser leurs recettes ? Les salaires des employés du tourisme et de l'hôtellerie seront-ils à la hauteur des attentes ? La formation nationale des ouvriers, des cadres intermédiaires et des managers du secteur contribuera-t-elle vraiment à l'essor c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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d'une industrie propre et performante ? Sera-t-on capable de résorber le fossé interculturel qui se creuse entre les populations visitées et les touristes occidentaux, que nous qualifions ci-dessus de colonistes ? Aurons-nous suffisamment d'imagination et de moyens pour que le tourisme participe à des opérations de codéveloppement dans le cadre de cette fameuse " culture du tourisme " que nous appelons de nos vœux ? L'enjeu est immense et les réponses apportées, pour l'instant, très insuffisantes. Pourtant, nous sommes conscients que l'industrie touristique, qui est une activité neuve, pourrait bien faire sa révolution dans les pays du Sud, qui ont à la fois la chance de l'expérimenter avec autant d'atouts, sinon plus, que les pays riches, et surtout qui sont obligés d'innover face aux concurrences et aux paris dans lesquels ils se sont engagés. Nous ne le répéterons jamais assez, il s'agit pour ces pays d'importer à la fois les capitaux, les savoirfaire et les clientèles du Nord. Produire pour exporter, comme dans l'industrie textile, n'est évidemment pas la caractéristique de l'industrie du tourisme. Certes, ses investissements ressemblent à la plupart de ceux de toutes les autres industries, mais il faut, comme nous l'avons souligné, également accueillir des millions de touristes qui, parce qu'ils ont payé leur séjour et parce que leur comportement ne sera jamais trop parfait, risquent de ne pas être vraiment acceptés par les locaux. On peut imaginer alors, ce qui ne serait pas une utopie, une augmentation de leur niveau de vie, mais outre le renchérissement consécutif des salaires et des charges susceptible de limiter l'attractivité des sites du Sud, il paraît difficile de réduire toutes les poches de pauvreté qui alimentent les ressentiments. Une course contre la - 22 -

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montre va s'engager sans qu'on sache si les résultats attendus seront atteints. La seule solution consisterait pourtant dans l'action des pouvoirs publics, qui pourraient mettre en place des programmes d'éducation capables de préparer toutes les mutations. Puisque finalement nous donnons dans le conseil ou les recommandations, nous suggérons une organisation de l'industrie touristique du Sud sous la forme d'une " économie mixte ". Elle ne devrait pas heurter les investisseurs étrangers, qui seraient toutefois mieux contrôler, et concevrait l'essor de l'industrie touristique sous la forme d'un programme national qui ne négligerait aucun paramètre. Pour conclure cette longue introduction qui, on le devinera, n'est que le prélude à l'ensemble des recherches en tourisme et en hôtellerie que nous voulons faire, nous souhaitons une fois encore remercier les organisateurs du colloque de Tunis. Ils nous ont permis de quitter nos certitudes du Nord et d'envisager, grâce notamment aux formations mises en place par Vatel, avec le concours en l'occurrence de l'Université de Perpignan, une recherche tous azimuts qui n'exclut aucune problématique. Dans ce sens, bien que les mots nous fassent peur, le tourisme ressemble à un humanisme.

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DE LA QUALITÉ À LA QUALITÉ TOTALE, LES SYSTÈMES D’APPUI À LA QUALITÉ DANS L’HÔTELLERIE TUNISIENNE

J. Mehdi CHAPOUTOT, Expert-Enseignant, jmmc@gnet.tn Résumé : Dans un article bien documenté, l'auteur fait le bilan de l'hôtellerie en Tunisie qui a connu une très forte expansion. Cependant, il montre la nécessité de l'intervention de l'État pour mieux établir les normes et les critères qui font défaut, afin de parvenir à la " qualité " maximum. Au passage, il constate l'endettement alarmant du secteur (environ 2,4 milliards d’euros) qui exigerait en outre un engagement financier de l'État. Abstract : In a well-researched article, the author accesses the situation of the booming tunisian hotel industry. He points out the need of state intervention to better set missing standards and criteria to reach top quality. At the same time, he notices the alarming debt of the industry (about 2.4 billion euros) that would demand the state financial commitents.

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La Tunisie, qui bénéficie d'atouts naturels et culturels, est un pays largement ouvert au tourisme. Sa proximité par rapport à l'Europe, à 2 à 3 heures de vol, en a fait une destination incontournable en Méditerranée. Superficie (km2) Littoral km Population Monnaie Capacité en lits Entrées Nuitées Taux d'occupation (%)

Durée moyenne de séjour (nuitée) Emplois directs et indirects Recettes (M DT) Tourisme / Total exportations (%)

164 000 1 300 10 130 000 Dinar tunisien (1€ ˜ 1,670 DT) 232 000 6 550 000 36 850 000 51,5 5,2 371 000 2 825,0 14

Tableau 1 Caractéristiques de la Tunisie et brèves touristiques 2006

La force du tourisme en Tunisie a toujours résidé dans une " Liberté en sécurité " (Chapoutot-1990). Ainsi, en 19541, le Club Med a installé son premier village de vacances à Djerba, véritable Polynésie à 5 heures de Paris2 . Le tourisme tunisien a également tiré sa force de la qualité des aménagements, des infrastructures, des équipements et des unités d'hébergement situées dans de grands jardins ombragés. Cette qualité réglementée a finalement réduit le produit touristique en un produit hôtelier contrôlé par un corps d'inspecteurs. En 1959, avec la création de la Société Hôtelière et Touristique de Tunisie3 (SHTT), c'est le début de - 26 -

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l'aventure touristique (Chapoutot - 2007). La SHTT a pour mission de développer : - Un tourisme de Palaces. Inauguration du Corniche Palace en 1962, du Skanès Palace, du Jugurtha Palace et de l'Ulysse Palace en 1964. En 1966, la SHTT compte 19 établissements comptabilisant 3000 lits, ce qui correspond à 18% de la capacité totale hôtelière du pays et à 36% de la capacité en lits des hôtels " Palace " et 1ère Catégorie. - Une hôtellerie économique. Inauguration de l'hôtel Miramar en 1959, Premier établissement balnéaire à Hammamet. - La politique de collectivisation, qui a stimulé l'investissement4, et le décret n°66-339 du 2 septembre 1966, portant encouragement de l'Etat à la construction hôtelière et touristique, ont été les véritables moteurs de la " machine à hôtels " : De 1963 à 1972, 157 hôtels ont été construits, dont 100 en 1968 et 19695 .

Diagramme 1 Evolution du nombre d'hôtels (1963 - 1972) c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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La capacité en lits a naturellement suivi la même courbe. Elle a été multipliée par plus de 8, entre 1963 et 1972, passant de 5 750 lits à 47 800 lits. Il en est de même pour la capacité moyenne des unités hôtelières qui est passée de 158 lits en 1969 à 198 lits en 1972. Cette expansion rapide de l'offre à l'hébergement allait rapidement poser de nombreux problèmes en termes de gestion des hôtels. Et, face au pouvoir des touropérateurs (Smaoui-2001), il a fallu établir un classement pour différencier et commercialiser les unités hôtelières. La catégorisation Jusqu'en 1967, la répartition des établissements hôteliers s'articule autour des " Palaces et Hôtels de 1ère Catégorie ", 37% des unités d'hébergement en 1966, puis des " Hôtels de luxe et Grand confort ". En 1968, la dénomination " Palace " disparaît de la nomenclature. Ce sont les établissements de 1ère Catégorie qui progressent le plus rapidement avec un taux d'accroissement annuel de 45% de 1963 à 1967 ; 22% pour la 2ème Catégorie ; 13% pour la 3ème Catégorie et moins de 4% pour la 4ème Catégorie. La stratégie, mise en place, veut fidéliser une clientèle haut de gamme. Mais de plus en plus, la Tunisie reçoit un tourisme de masse ciblé sur une clientèle de niveau moyen, ayant recours à des forfaits complets. Les choix en termes de construction hôtelière semblent se dessiner pour une offre, certes de qualité, mais pour un tourisme moyen. Aussi, une réflexion a-t-elle été menée6. L'un des objectifs était de permettre un contrôle continu et efficace des prestations touristiques. - 28 -

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Palace et Hôtel de 1ère Catégorie

Palace

Hôtel de Luxe

Hôtel de 2ème et 3ème Catégorie

1ère Catégorie

Grand Confort

Village de Vacances

2ème Catégorie

Tourisme

Auberge de Jeunesse 3ème Catégorie Autres Hôtels

Accueil

4ème Catégorie + Pension Village de Vacances Auberge de Jeunesse + Maison de Jeunes

Tableau 2 Trois périodes - Trois répartitions

Décret n°73-510 du 30 octobre 1973 portant classement des établissements fournissant des prestations d'hébergement Les hôtels de tourisme sont des établissements fournissant des prestations d'hébergement dans des chambres qui sont mis à la disposition d'une clientèle touristique qui effectue un séjour d'une durée déterminée. Ils sont exploités en permanence toute l'année ou d'une manière saisonnière (Sahli - 1990). Les hôtels sont répartis en 5 catégories : 1 étoile, 2 étoiles, 3 étoiles, 4 étoiles et 4 étoiles de luxe. Pour être c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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classés, les établissements hôteliers doivent répondre aux normes minimales dimensionnelles, fonctionnelles et de gestion7. - Les normes dimensionnelles et fonctionnelles concernent la superficie des chambres et des locaux communs, les équipements et le mobilier. - Les normes de gestion sont relatives à l'hygiène, au personnel, à la protection contre les insectes et les rongeurs. - Des normes communes à l'ensemble des établissements hôteliers concernent en particulier, l'hygiène du personnel et la sécurité incendie de l'hôtel. Les établissements hôteliers sont soumis à des inspections effectuées par des inspecteurs de l'ONTT. En 1977, la Tunisie compte 288 hôtels totalisant 64000 lits. Les hôtels classés représentent 71% de la capacité en lits, les villages de vacances 13%, les pensions de familles 0,5% et les hôtels non classés 15,5%. Décret n°92-684 du 13 avril 1992 modifiant le décret de 1973 Ce texte a légèrement modifié le décret de 1973 en remplaçant les établissements hôteliers 4*L par des établissements hôteliers de 5*. Cette modification était importante en termes de commercialisation car elle permettait de mieux différencier les hôtels 4* et 5*. - 30 -

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Mais dans les années 1990, la palette de l'offre touristique méditerranéenne s'élargit et la concurrence entre les différentes destinations touristiques s'intensifie. Dès lors, les relations entre les hôteliers et les touropérateurs deviennent des rapports de partenariat bien compris (Chapoutot-2007). Le tour-opérateur choisit ses partenaires en fonction de l'emplacement de l'hôtel, de l'image de marque et de la catégorie de l'établissement. De son côté, l'hôtelier, pour mieux commercialiser son unité d'hébergement, va participer à la "course aux étoiles".

Diagramme 2 Evolution de la catégorie des hôtels classés 1977 - 1987 - 1997

La part des hôtels 4* et 5* est passée de 12% en 1977 à 36% vingt ans plus tard alors que celle des hôtels 3* reste stable. La Tunisie, qui est considérée comme une c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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destination "pas chère pour une clientèle moyenne", s'est trouvée équipée de structures hôtelières de standing. Mais standing et qualité ne sont pas toujours synonymes. Il existe, en effet, une confusion entre les aspects qualitatifs de l'offre de services hôteliers et les aspects physiques et quantitatifs des établissements hôteliers. Aussi, la commercialisation de nombreux établissements ne correspond pas à la catégorisation. Dès 1998, une commission est mise en place pour préparer un nouveau texte, relatif au classement des unités hôtelières et dans lequel la qualité doit occuper une place prépondérante. Arrêté des Ministres du Commerce et du Tourisme, des Loisirs et de l'Artisanat du 4 février 2000, fixant les normes minimales de classement des hôtels de tourisme et les conditions d'octroi du label de qualité et de la spécialisation Ce nouveau texte correspond tout à fait à la logique réglementaire mais se situe également dans un contexte normatif. Ainsi, le classement des établissements touristiques est fondé sur des critères dimensionnels et physiques (qualité intrinsèque), mais doit également tenir compte de la complémentarité entre les prestations de service (label de qualité) et le produit offert (spécialisation). Il prend en compte trois systèmes : Un système de classification obligatoire, fonction - 32 -

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de la catégorisation et des symboles en usage. Ce système repose sur : - des critères dimensionnels, fonctionnels et de gestion, - des normes de qualité concernant les équipements et les services ; - des normes de qualité relatives aux suppléments offerts par l'établissement hôtelier. Un système de label de qualité, option volontaire pour l'hôtelier, et qui s'inscrit dans une politique de rigueur par rapport à une charte de qualité qui renvoie à: - la qualité spatiale dont l'environnement immédiat de l'établissement touristique (jardins, promenades, équipements structurants, …) ; - la qualité de choix, soit une gamme étendue d'options et d'alternatives offertes aux touristes (variété et diversité des services : restaurations, bars, sauna, fitness ...) ; - la qualité temporelle à rattacher à la disponibilité du personnel en quantité mais également au niveau de la qualification ; - la qualité relationnelle, soit directe (prestataireclient), soit au travers de l'inter-personnalité (client-client). c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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- un système de de spécialisation, option volontaire pour l'hôtelier. Ce texte, qui a fait l'objet de très nombreuses séances de travail et pour lequel l'implication de toutes les parties concernées a été totale, n'a jamais été appliqué8 . Il fallait donc en élaborer un nouveau qui soit à même d'être appliqué. Arrêté du Ministre du Tourisme du 1 décembre 2005, fixant les normes minimales de classement des hôtels de tourisme L'application de ce texte, qui n'aborde que les aspects physiques et quantitatifs des établissements hôteliers, ne devrait poser aucun problème tant il est neutre. De plus, il est indispensable aux hôteliers qui désireraient bénéficier du programme de mise à niveau. 11 annexes composent ce texte dans lequel le terme " qualité " apparaît 2 fois : - Annexe 1 - Locaux communs : Le confort des locaux, la qualité du mobilier et des équipements et de la décoration doivent être en rapport avec la catégorie de l'hôtel (p.8). - Annexe 8 - Hygiène de sécurité des aliments et environnement : Il est rappelé dans la rubrique " Auto contrôle ", l'intérêt de la mise en place d'un système d'assurance qualité (type HACCP) (p.23). - 34 -

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La qualité, qui est un enjeu commercial, est à même de fidéliser la clientèle à laquelle s'offre une diversification de l'offre à l'hébergement. Du reste, les grands groupes hôteliers l'ont compris en multipliant les enseignes9. Néanmoins, le respect de la réglementation permet d'atteindre un niveau premier de la qualité en termes d'aspects matériels. La mise à niveau C'est dans un contexte réglementaire que pendant plus de 40 ans, le système touristique tunisien a prouvé sa fiabilité. Mais le contexte dans lequel évolue le tourisme a changé. Des raisons exogènes : La concentration des tour-opérateurs, la réorganisation du transport aérien, les nouvelles technologies de l'information et de la communication, les comportements de la demande, et des raisons endogènes : L'adhésion de la Tunisie à l'espace euro-méditerranéen10; la politique de libre échange11, expliquent ces profondes mutations. Par ailleurs, les conclusions des études menées en Tunisie (JICA - 2001 et Banque mondiale, 2003) insistent sur la nécessité d'améliorer la rentabilité des hôtels et par là même, la compétitivité du produit touristique. En effet, le parc hôtelier a vieilli, 22% de la capacité en lits a plus de 20 ans d'âge. Les établissements c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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les plus anciens sont situés sur les fronts de mer. C'est naturellement dans les zones traditionnelles que la part des établissements de plus de 30 ans d'âge est la plus importante - Hammamet, 17%, et Sousse, 14%. Le coût moyen de construction du lit hôtelier a connu une augmentation considérable. De 1973 à 2003, il a été multiplié par 10 alors que les recettes moyennes par lit ne l'étaient que de 6,2 et les recettes moyennes à la nuitée par 6,1. L'âge et l'érosion de la rentabilité des établissements hôteliers ont eu comme impact, l'effritement la compétitivité du produit touristique tunisien et ce, d'autant plus que la concurrence entre les destinations touristiques méditerranéennes s'est accrue. Le 27 juin 2002, sur décision présidentielle, il a été décidé la mise en place d'une politique centrée sur la " Qualité totale du tourisme tunisien ". Une étude sur la mise à niveau des établissements hôteliers est lancée. Elle aborde les volets matériel, immatériel et commercial des hôtels. L'objectif de ce travail est d'établir un diagnostic de la situation des hôtels, d'élaborer des cadres référentiels pour la mise à niveau et de proposer un planprogramme. L'étude est suivie par la mise en place des recommandations qui seront adoptées en Conseil ministériel restreint le 23 juin 2004. Le Programme de Mise à Niveau des Hôtels - PMNH - est alors mis en œuvre.

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12%

10% < 10 ans 10 - 20 ans 20 - 30 ans > 30 ans

60% 18%

Diagramme 3 Ventilation par âge de la capacité en lits des hôtels classés - 2006

Les objectifs de ce programme portent sur l'amélioration de la compétitivité et la rentabilité du secteur ; le renforcement de la capacité du tourisme à résister aux aléas extérieurs et la stimulation de la croissance en terme de résultats financiers, de recettes en devises et de création d'emplois ; l'aide à l'émergence d'un nouveau modèle de développement fondé sur la demande et ce, à travers : - La diversification du produit et la requalification de l'offre existante. - L'excellence de la qualité de toute la chaîne de services composant le produit touristique. c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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- Une commercialisation adaptée aux divers segments de marché. - La création et la promotion d'une image de marque valorisante de la " Destination Tunisie ". - Une professionnalisation des métiers grâce à une formation initiale et continue de qualité. - L'amélioration de la compétitivité du secteur à travers des actions stratégiques prioritaires. Toutes les unités hôtelières sont éligibles au PMNH, mais l'adhésion au programme est fondée sur le volontariat. Le PMNH bénéficie d'incitations financières : Une prime sur l'étude du diagnostic de l'hôtel, une prime sur les investissements matériels (gros équipements, ameublement et décoration, petit matériel d'exploitation et génie civil nécessaire à la réalisation des investissements immatériels) et sur les investissements immatériels (système de développement organisationnel et de gestion, plan de qualité, plan de développement de la gestion des ressources humaines). Les structures de gestion du PMNH sont : - Le bureau de mise à niveau touristique12 qui est rattaché au Ministère du Tourisme. Son rôle est d'assister les promoteurs en particulier dans le domaine financier et d'évaluer les dossiers en vue de leur présentation au comité de pilotage. - 38 -

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- Le Comité de Pilotage13 (COPIL). Présidé par le Ministre du tourisme, il examine les programmes présentés et décide de leur validation en vue de l'octroi des primes. Il est à noter que le déblocage des primes est lié au respect de la réglementation relative au classement des hôtels et à la restructuration financière de l'établissement touristique. En effet, le risque majeur du secteur hôtelier est son endettement qui s'élève actuellement à 3 milliards de Dinars ou, environ, 2,4 milliards €14 . Les entreprises hôtelières tunisiennes ont, pendant longtemps, affiché des ratios d'endettement élevés et laissé aux banques la charge de porter presque seules le risque sectoriel. Mais cette situation n'avait qu'un impact limité en période de forte croissance ; la baisse de leur rentabilité n'a plus permis aux entreprises touristiques lourdement endettées de faire face à leurs engagements financiers15 . Une phase pilote du PMNH a été clôturée avec la validation définitive de quarante-cinq plans de mise à niveau répartis dans toutes les régions et représentant toutes les catégories d'hôtels. Cette phase pilote a permis de mettre en place les instruments nécessaires pour l'exécution de ce programme, de les mettre à l'épreuve du terrain et de générer un effet de démonstration positif sur le reste du PMNH. Le PMNH permet d'atteindre la qualité dans sa dimension matérielle et ce, d'autant plus que l'hôtelier se trouve dans l'obligation de respecter l'Arrêté du Ministre du Tourisme du 1er décembre c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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2005, fixant les normes minimales de classement des hôtels de tourisme, mais également la qualité dans sa dimension immatérielle. L’Assurance Qualité Dans cet article, l'assurance qualité concerne essentiellement la normalisation et la certification. La qualité est une question transversale sous les angles du tourisme et de la concurrence ; elle concerne également la durabilité et la satisfaction des clients, c'est dire son importance. Mais, il n'existe pas de norme internationale, générale et incontestable ; en revanche, des systèmes de qualité, pouvant conduire à des objectifs de qualité similaire, peuvent être mis en place. Il s'agit d'adopter une démarche de qualité spécifique à une destination et de fixer un type et un degré de qualité qui puissent répondre et satisfaire aux attentes légitimes des clients. Il s'agit donc d'un processus qui vise à garantir la qualité des produits et services telle qu'elle est attendue par la clientèle. L'hétérogénéité des classements des unités d'hébergement dans les destinations ainsi que les écarts propres à une même catégorie dans un même pays entraînent, en effet, une confusion dans les aspects qualitatifs et les aspects physiques et quantitatifs de l'offre hôtelière. Aussi est-il apparu opportun de veiller au respect des normes minimum en matière d'hygiène et de santé, ce qui est un préalable à toute activité touristique, et de - 40 -

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concilier les exigences des clients et les préoccupations des professionnels au travers d'aspects commerciaux16. La normalisation Elle a pour objet de fournir des documents de référence, comportant des solutions à des problèmes techniques et commerciaux, et relatifs aux produits et services touristiques. Une stratégie nationale a été mise en place avec la convention ONTT-INNORPI17 signée le 3 mars 2003. L'objectif de cette stratégie est l'établissement de normes tunisiennes, la norme 12618 , relatives à l'amélioration des prestations touristiques19 . La certification C'est l'activité par laquelle un organisme, un hôtel en l'occurrence, atteste qu'un service est conforme à des caractéristiques décrites dans un référentiel (norme). Les enjeux de la certification sont : - d’augmenter le taux d'occupation de l'établissement, - d’améliorer la rentabilité de l'établissement, - de reconnaître le professionnalisme et les compétences du personnel. c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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Les objectifs répondent : - au renforcement de l'image de marque de l'entreprise, - au renforcement de la confiance des clients (fournisseurs et public), - à la différentiation vis à vis des concurrents, - au développement des marchés. Néanmoins, devant la multiplication des certifications et souvent de leur banalisation, une stratégie internationale est apparue indispensable. L'INNORPI a adhéré au Comité Européen de Normalisation20, ce qui a permis de : - consolider et raffermir l'ancrage tunisien sur les marchés européens en termes de qualité et de systèmes de management ; - servir les intérêts des opérateurs touristiques grâce à une meilleure connaissance du dispositif normatif européen. Par la suite l'INNORPI s'est vu attribuer le secrétariat technique de l'ISO sur " Tourisme et Services Connexes " en partenariat avec l'Agence Espagnole de Normalisation (AENOR) en 2005. Sa mission est d'élaborer des normes pour un référentiel mondial de - 42 -

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certification et relatives à l'amélioration de la qualité des prestations touristiques. La démarche de qualité totale, décidée le 27 juin 2002, est un véritable plan de qualité du tourisme dont l'objectif est de renforcer la rentabilité des établissements hôteliers, la compétitivité du produit touristique tunisien et de pérenniser la destination Tunisie. Conclusion Si les systèmes d'appui à la qualité dans l'hôtellerie en Tunisie sont définis et en train d'être mis en place, il faut maintenant se tourner vers l'extra-hôtelier, l'environnement extérieur à l'établissement hôtelier. Déjà, les politiques menées par l'Agence pour la Protection du Littoral (APAL), par l'Agence Nationale pour la Protection de l'Environnement (ANPE) et par le Centre international des Technologies de l'Environnement de Tunis (CITET) permettent de s'inscrire dans une vision beaucoup plus large. Mais, le futur du tourisme tunisien passe également par : - une adéquation entre les exigences de la demande et les prestations hôtelières ; - une diversification de l'offre d'hébergement touristique qui prenne en compte les besoins de l'ensemble de la demande21 ; c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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- une réflexion sur la place des activités touristiques dans l'organisation de l'espace. Cette réflexion doit être le résultat d'une démarche d'intelligence territoriale partagée par l'ensemble des acteurs ; - une différenciation régionale grâce à l'instauration de label de qualité régionaux et de chartes dans lesquelles le patrimoine serait le support au développement régional.

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ANNOTATIONS & BIBLIOGRAPHIE 1

Certes, en 1910, à l'époque du protectorat (1881-1956), la Tunisie comptait 37 établissements hôteliers et 40 ans plus tard, 80 hôtels totalisant 2 000 chambres. A cette période, la Tunisie voulait concurrencer l'Egypte en tant que " station touristique d'hivernage " (Bergaoui, 1997).

2

" Il y a là-bas un emplacement sensationnel ; il n'y a ni eau, ni ombre, ni électricité ". 52 ans plus tard, l'île de Jerba, destination incontournable en Méditerranée, compte plus de 150 unités hôtelières.

3

Pour équilibrer la balance commerciale touristique déficitaire, il avait été décidé la programmation de 9 000 lits à l'horizon 1970 (Perspectives décennales).

4

A partir de 1965, le tourisme a été une base de repli pour les capitaux privés.

5

Source : Le tourisme en chiffres, revue annuelle des statistiques du tourisme tunisien. De 1961 à 1968, ce document a été édité par le Commissariat Général au Tourisme et au Thermalisme (CGTT) ; en 1969, par le Ministère du Tourisme et de l'Aménagement du Territoire ; de 1970 à 1973, par l'Office National du Tourisme et du Thermalisme (ONTT) et depuis 1974, par l'Office National du Tourisme Tunisien.

6

Elle a abouti à la mise en place du décret-loi n°73-3 du 3 octobre 1973, relatif au contrôle de la gestion des établissements de tourisme, et du décret-loi n°73-4 du 3 octobre 1973, relatif au contrôle de la construction des établissements de tourisme.

7

Arrêté du Ministère de l'Economie Nationale du 16 février 1974.

8

N'a-t-il pas pu être appliqué ? N'a-t-on pas voulu l'appliquer ? Vaste débat qui reste ouvert. Mais à la grande satisfaction des acteurs publics et privés, il s'est révélé trop " compliqué " pour être appliqué.

9

Le groupe Accor exploite de nombreuses enseignes dont Sofitel à Djerba, Tozeur et Yasmine Hammamet, et Coralia Club à Djerba, Monastir et Hammamet.

10

Déclaration de Barcelone 1995 sur la création de la zone euroc CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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méditerranéenne à laquelle la Tunisie est partie intégrante depuis le 1 janvier 2008.

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11

Traité de Marrakech 1994 portant sur les accords de l'Uruguay Round / OMC qui ont induit de nouvelles réalités économiques et financières liées aux politiques de libre-échange.

12

Décret n°2005-2123 du 27 juillet 2005, portant organisation du Ministère du Tourisme.

13

Décret n°2005-2124 du 27 juillet 2005, fixant les règles d'organisation, de fonctionnement ainsi que les modalités d'intervention du Fonds de la compétitivité dans le secteur du tourisme.

14

Interview de Monsieur le Président de la Fédération Tunisienne de l'Hôtellerie (FTH) in Tourismag - Le portail du tourisme et des voyages en Tunisie. www.tourismag.com du 3 septembre 2007.

15

Rapport " Industrie touristique tunisienne " Rapport de l'agence internationale de notation Fitch Ratingd, www.globalnet.tn du 14 décembre 2007.

16

Ainsi la norme ISO 18513-2000 du CEN (Comité Européen de Normalisation).

17

Institut National de la Normalisation et de la Propriété Industrielle.

18

Norme 126.01 : Terminologie des services, prestations et des principes généraux à la qualité. Norme 126.02 : Terminologie sur les services touristiques et les différentes formes d'hébergement. Ces normes ont été suivies par celles relatives à la thalassothérapie et au thermalisme.

19

Cette stratégie s'appuie sur une procédure en 4 phases : Avant Projet de Norme Tunisienne (APNT) ; Projet de Norme Tunisienne (PNT) ; Enquête publique de 2 mois ; Norme tunisienne après validation de l'enquête publique.

20

Depuis le 1er janvier 2005. La dénomination des normes européennes : CEN 329 - Services touristiques.

21

Décret n°2007-457 du 6 mars 2007, relatif au classement des établissements touristiques fournissant des prestations d'hébergement.

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BIBLIOGRAPHIE Banque mondiale (2003), Stratégie de développement touristique en Tunisie, Ministère du Tourisme, Tunis. Bergaoui M. (1997), Tourisme et voyages en Tunisie. Les années régence, Tunis. Chapoutot J.M. (2007), " Village de vacances et hôtel-club en Tunisie. La confusion des genres ", Les Cahiers Espaces, n° 94, Paris. Chapoutot J. M. (1999), "Jerba : espace insulaire, développement touristique et comportement humain", Université Mohamed V - Agdal, Série colloques et séminaires n°79, p. 121-135, Rabat. Chapoutot J. M. (1990), "Tourisme, alternative à l'aménagement", Revue d'Économie Régionale et Urbaine n° 4, Publication de l'ADICUEER avec le concours du C.N.R.S, p. 511-522, Bordeaux. JICA (2001), Développement du tourisme en Tunisie à l'horizon 2016, conditions de valorisation des ressources touristiques culturelles, écologiques et sahariennes, Ministère du Tourisme, des loisirs et de l'Artisanat, Tunis. Sahli M. (1990), Le Tourisme en Tunisie, Tunis. Smaoui (A) (2001), " Le développement du tourisme en Tunisie et le rôle des organisateurs de voyages étrangers ", in Tourismes Chances pour l'économie risque pour les sociétés ? (sous la direction de J-L Michaud), Nouvelle Encyclopédie Diderot, PUF, 1992, Paris.

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LE TOURISME DE SANTÉ EN TUNISIE ÉTAT DES LIEUX

Par Foued ALLANI, Journaliste et Consultant Résumé : Cet article met l'accent sur les compétences de la Tunisie, tant dans la thalassothérapie que dans ce qu'on appelle " le tourisme médical ". D'un côté, les centres sont nombreux et bien équipés, et bien sûr meilleur marché qu'en France, par exemple. De l'autre, grâce à d'excellents services médicaux à des prix défiant toute concurrence ainsi qu'à sa proximité de l'Europe, la Tunisie fait partie des pays émergents susceptibles d'accueillir des patients occidentaux exigeant des soins ou de la chirurgie esthétique. Abstract : Tunisian abilities in thalassotherapy as well as in medical tourism are emphasized in the article. Centres are numerous and well-equipped and of course cheaper than, for instance, in France. In other respects, thanks to high-quality medical services at absolutely unbeatable prices and to its closeness to Europe, Tunisian is part of the ermerging countries liable to welcome western patients needing treatment or plastic surgery.

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Grâce à la beauté de ses sites naturels, dont 1 300 km de plages de sable fin, la richesse de son patrimoine culturel et son hospitalité légendaire, la Tunisie a pu jeter très tôt les bases de son activité touristique. Quelques années juste après son indépendance, acquise en 1956, la Tunisie a, en effet, fait du tourisme un secteur à part entière, grâce notamment à une politique incitatrice et au déploiement d'un savoir-faire en perpétuelle amélioration. Aujourd'hui, le tourisme occupe une place importante dans l'économie du pays, représentant 6% du PIB et mobilisant 5,2% de l'ensemble des investissements. Le secteur a également assuré, au cours de ces dix dernières années, plus de 14% des recettes en devises provenant des exportateurs de biens et services. Il contribue, par ailleurs, à hauteur de 54% à la couverture du déficit de la balance commerciale et procure près de 370 000 emplois directs et indirects1. En constante évolution, le tourisme a enregistré depuis ces deux dernières décennies des performances à presque tous les niveaux, faisant de la Tunisie l'une des premières destinations en Afrique et en Méditerranée. En 2006, près de 6,5 millions de touristes ont visité la Tunisie, contre moins de 1,9 million seulement en 1987. Le nombre des nuitées est passé de 18,5 millions en 1987 à 38,6 millions en 2006, et le nombre de lits d'un peu plus de 100 000 à près de 240 000 au cours de la même période2. Quant aux indicateurs de l'année 2007, les premières estimations révèlent une augmentation de plus de 3% des entrées et de plus de 8,5% des recettes en devises3. Consciente de l'ampleur de la concurrence, de ses points faibles, mais aussi de ses potentialités et atouts, la Tunisie a, depuis ces dernières années entamé - 50 -

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la diversification de son offre en axant ses efforts sur des produits à haute valeur ajoutée, tels que le golf, les séjours au Sahara, les activités écologiques et culturelles, les affaires, la plaisance, la santé et le bien-être, etc. Elle a en outre mis au point une stratégie afin de développer le tourisme interne, avec pour objectif d'atteindre les 15% de la population en 2011 à la fin du XIe plan de développement, soit 8 points de plus que la part actuelle4. La Tunisie a également entamé, il y quelques années, un programme de mise à niveau de ses unités hôtelières avec 45 opérations adoptées et 93 ayant obtenu l'accord pour l'adhésion au programme sur les 190 demandes reçues5. Cela, sans oublier les efforts visant à diversifier les marchés émetteurs, à améliorer l'environnement touristique et à développer l'offre para-touristique. Parmi les nouveaux produits porteurs, la Tunisie a su développer celui se rapportant à la santé avec ses différents volets, tels que la thalassothérapie, le thermalisme, la balnéothérapie et celui purement médical. Selon les statistiques de l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), les déplacements internationaux pour des motifs de santé, de religion et pour visites à la famille et aux amis, ont constitué 27% de l'ensemble des voyages (51% pour les vacances et les loisirs, et 16% pour les affaires et les motifs professionnels)6. Par ailleurs, près de 100 000 voyages ont été effectués en 2004 par les Européens vers l'Allemagne pour raison de santé, soit 15% de plus par rapport à 20037. Ce qui montre l'importance de ce créneau. A cause des délais d'attente et/ou des coûts, les patients des pays riches se déplacent de plus en plus à l'étranger pour des soins médicaux. Ainsi " le tourisme c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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médical est une réalité mondiale. Des Américains partent se faire opérer au Brésil ou en Thaïlande, des patients des Emirats en Inde ou en Afrique du Sud, des Allemands se font poser des couronnes dentaires en Hongrie ou encore des touristes français profitent de vacances en Tunisie pour bénéficier d'une intervention de chirurgie esthétique "8. L'activité s'est tellement développée que des T.O spécialisés dans ce créneau ont vu le jour. Selon d'autres études, le commerce mondial des services de santé a été estimé en 2003 à 12 milliards de dollars US, soit 0,75% du commerce mondial des services, avec cependant une croissance annuelle de 23% depuis ; soit nettement plus que la moyenne mondiale de ce genre de commerce9. Nous traiterons, dans un premier temps, l'état des lieux de la thalassothérapie en Tunisie puis dans un deuxième temps, celui du tourisme médical. 1) La thalassothérapie en Tunisie Deuxième destination en thalassothérapie dans le monde, après la France, du point de vue du nombre de ses " sites ", la Tunisie a entamé cette activité en 1994 par la création d'un centre à Sousse (Abou Nawas Boujaafar) puis d'un deuxième à Hammamet. Mais l'idée de lancer cette activité remonte à longtemps. Aujourd'hui elle compte 37 centres, alors que la France en compte 53 en exploitation10, ce qui a fait dire à certains professionnels tunisiens du domaine, que par rapport au nombre de touristes, la Tunisie peut être considérée comme occupant la première position (38 pour 6,5 millions de touristes contre 53 pour près de 80 millions en France). D'autres ajoutent l'élément " soleil ", et les prix nettement - 52 -

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plus abordables à qualité similaire, pour appuyer cette position. Ce qui explique la progression du nombre de curistes dont le nombre a atteint les 150 000 en Tunisie en 2006 (contre 137 000 environ en 2001). Définition La thalassothérapie (des termes grecs thalasso, " mer " et therapia, " soins ") est l'activité qui " consiste en une exploitation à des fins thérapeutiques des vertus combinées de l'eau de mer d'une part, de l'air et du climat marin d'autre part "11. Selon l'article premier du décret n° 2006-3174 du 30 novembre 2006 fixant les normes et les conditions de création et d'exploitation de ses centres, la thalassothérapie " est une prestation à la fois thérapeutique, préventive et de promotion du bien-être et de la santé, utilisant simultanément, dans un site marin privilégié, sous surveillance médicale et avec les concours d'un staff qualifié, les éléments du milieu marin qui sont le climat marin, l'eau de mer, les algues, les boues marines et toutes autres substances extraites directement de la mer "12. Soit une définition beaucoup plus précise par rapport à celle présentée par l'article premier du décret n° 92-1297 du 13 juillet 1992, fixant les normes et les conditions d'exploitation des centres de thalassothérapie (premier texte de ce genre dans le monde). La nouvelle définition introduit la notion de " bien-être et de santé ", tout en insistant sur l'aspect médical de l'activité dans le même esprit de la Fédération Internationale de Thalassothérapie. Celle-ci œuvre depuis sa création en 1986, afin " de ne pas voir le concept médical de thalassothérapie se diluer dans celui d'une vague remise en forme "13. c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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La thalassothérapie en Tunisie est soumise à l'approbation et au contrôle strict du Ministère de la Santé publique, côté technique, médical et paramédical, et au contrôle du Ministère du tourisme pour ce qui est de l'hôtellerie14. Conforme à la définition internationale, la thalassothérapie définie par la législation tunisienne, englobe aussi les notions de bien-être et de santé dans son aspect le plus général15. Ces notions sont très importantes, car elles concernent toutes les catégories de curistes et non seulement celles qui ont besoin de soins curatifs spécifiques. Les garanties Sans doute conscientes de l'importance de cette branche et de ses exigences en tant que thérapie, les autorités tunisiennes ont tenu à assurer la qualité requise dans ce domaine, d'abord en adoptant une législation précise, rigoureuse et sévère, puis en veillant ensuite à son application et en œuvrant enfin pour que les prestations soient assurées par de vrais professionnels. Le Chef de l'Etat a, par ailleurs ordonné, en 2005 la réalisation d'une étude stratégique sur la promotion du tourisme thermal et de la thalassothérapie. Le décret cité plus haut détaille les règles à respecter dans quelque 40 articles différents (près de 100 règles à respecter) concernant, outre des procédures administratives, la qualité d'eau de mer ainsi que les conditions de son utilisation, les normes en locaux et équipements, les normes d'exploitation ainsi que les normes en personnel. C'est ainsi que " toute création d'un centre de thalassothérapie est soumise à un accord de principe octroyé par le ministre de la Santé publique après avis - 54 -

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d'une commission dont la composition est fixée par arrêté du ministre de la Santé publique " (art. 4). " L'entrée en exploitation, l'extension et la transformation d'un centre de thalassothérapie sont (elles aussi) soumises à un régime de cahier des charges approuvés par arrêté du ministre de la Santé publique " (art.5). On peut, à ce propos, consulter l'arrêté daté du 28 mai 2001 (cahier des charges). Pour ce qui est des normes en personnel, le décret susmentionné stipule que " le personnel soignant doit être en bonne santé et indemne de toute affection contagieuse " (article 34). Le centre doit être dirigé par un " directeur qui exerce sous le régime du plein temps intégral. Lorsque le directeur du centre n'est pas médecin, il doit être assisté par un directeur technique médecin qui exercera une surveillance sur tous les traitements (art 39). En outre, le centre doit comporter au minimum le personnel suivant : - un kinésithérapeute pour 15 massages au maximum par jour avec un minimum de deux kinésithérapeutes par centre ; - un infirmier ; - des techniciens supérieurs en hydrothérapie, en thermalisme et en thalassothérapie en nombre suffisant par rapport au nombre de " cabines ", avec un minimum de quatre par centre ; - un maître-nageur ; - un hygiéniste (art 36) ; c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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Le texte stipule également que " tout le personnel exerçant dans un centre de thalassothérapie doit être employé à plein temps (art.37). En annexes, le décret fait figurer les normes spécifiques à l'eau de mer utilisées : critères microbiologiques et normes et limites acceptables des paramètres physico-chimiques et toxicologiques. Nous citerons, comme exemple, les normes concernant les coliformes totaux qui doivent être inférieures à 500/100ml pour l'eau au point de captage, à 50/100ml pour l'eau de piscine, et leur absence totale dans l'eau de boisson. Concernant les normes relatives aux paramètres physicochimiques et toxicologiques, nous citerons celles se rapportant au cadmium, soit moins de 0,01 mg/l pour les soins externes. Pour le plomb, il faut moins de 0,05mg/l pour les soins internes. Pour les hydrocarbures totaux, la norme est inférieure à moins de 0,5mg/l dans les deux cas. Les prestations Les centres de thalassothérapie sont, en vertu de la législation, tenus d'offrir un certains nombre de prestations en tant que " centres spécialisés ", notamment l'héliothérapie, la psammothérapie, l'exercice sur terrain de sable, la balnéothérapie avec douches diverses (en jets, en pluies, sous marines…), les applications d'algues marines, la fangothérapie par application de boues marines naturelles et les cures de boissons de 25 à 100 ml d'eau de mer pure ou diluée (article 2 du décret cité). Il s'agit donc de soins individuels et de soins collectifs, " ces derniers pouvant comprendre des séances d'aquagym ou des massages au jet dans des parcours marins spécialement étudiés pour soulager les - 56 -

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contractures musculaires "16. Quant aux soins individuels, la gamme est plus large et comprend notamment les bains bouillonnants et les douches à affusions, l'hydro-massage (traitement des zones de tension, intestin noué ou vertèbres lombaires bloquées), les applications de boues marines (absorption au maximum des oligo-éléments aux effets bénéfiques), les massages sous affusions avec deux ou quatre mains sous pluie d'eau de mer, la douche au jet à pression, ainsi que des soins à sec tels que le drainage lymphatique, les shiatsu (massage japonais) et la réflexologie plantaire17. Les avantages concurrentiels A qualité de prestations égale, la découverte, le soleil, les loisirs de luxe et les prix pratiqués, sont les principaux avantages concurrentiels de la Tunisie par rapport à l'Europe. En France, par exemple, la thalassothérapie " demeure un produit cher. Il peut coûter, en moyenne 1 000 à 1 500 euros pour une cure de six jours (jusqu'à 2 500 dans les 4 étoiles) et environ 300 euros pour un court séjour "18. Ainsi " la concurrence des thalassos à l'étranger (comme en Tunisie) qui promettent soins, soleil et dépaysement, devient forte "19. En Tunisie les offres qui incluent hébergement, petit-déjeuner et cure sont très variées. Les curistes peuvent trouver des formules satisfaisantes pour huit jours à partir de 615 euros par personne. Témoignages Jouissant d'une excellente réputation en matière de thalassothérapie, la Tunisie œuvre sans cesse à c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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améliorer la qualité de ses prestations afin de fidéliser les curistes et d'élargir sa clientèle. Reconnue comme une destination qui mérite sa notoriété et son image de marque en la matière, la Tunisie a abrité plusieurs manifestations scientifiques ayant eu pour objet la thalassothérapie ou des disciplines voisines, telles que le XXIe congrès international de thalassothérapie, tenu du 30 janvier au 2 février 2000 à Hammamet, ou le VIIIe forum international sur les nouvelles techniques dans le domaine du rétablissement médical et thermal (Hammamet - avril 2002), ou encore la IIIème journée méditerranéenne de médecine naturelle (Hammamet - le 27 mai 1995). Au cours du XXIe congrès déjà cité, Jean Bobet, co-fondateur des célèbres centres Louison Bobet en France, a affirmé que " La thalassothérapie française commence à regarder avec beaucoup de curiosité le développement de la thalassothérapie en Tunisie. Peut être à son tour viendra-t-elle y chercher une occasion non pas de s'enrichir mais du moins de se renouveler "20. D'autres, témoignages sont également éloquents. C'est ainsi que Nicolas Storozhenko, président de la Fédération Mondiale de Balnéologie et de Climatologie, en visite en Tunisie en 2003, déclare que son " objectif est de développer une thalasso de haut niveau, conforme aux meilleures normes de qualité " et que " la Tunisie a tous les atouts pour réussir ce pari "21. Patrick Riau, PDG du Groupe Somthy Aquamarine pense que " la Tunisie est prisée par tout le monde, et ce à l'échelle internationale ", et que la thalassothérapie est " en très bonne voie en Tunisie "22. D'autre part, le centre Bio-Azur à Hammamet, qui a ouvert ses portes en septembre 1995, a reçu " l'Oscar " de l'Association Française des - 58 -

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Journalistes et Ecrivains du Tourisme ou AFJET (23). Pour Fabrice Hatem, économiste français et consultant européen, les résultats dans les domaines de la " balnéothérapie et de la thalassothérapie qui se sont développés d'une façon extraordinaire, sont formidables "24. Jean-Claude Baumgarten, Président du World Travel & Tourism Council (WTTC) pense que " (…) depuis une dizaine d'années, on remarque un investissement dans un certain nombre de tendances hyperpositives ", dont le bien-être, qui sont " parfaitement adaptées, parce que complémentaires du tourisme d'été, le balnéaire (…). La destination Tunisie est à même de garantir la stabilisation du trafic "25. Raouf Ben Slimane, directeur général du T.O Thalasso (France), ajoute, à propos de la thalassothérapie en Tunisie, que " l'offre (qui) est excellente (…), est l'un de ses meilleurs produits (et que) certains de ses centres de thalasso sont meilleurs que les centres français de référence "26. Mme Sissel, qui organise des séjours incluant des excursions vers une cinquantaine de destinations, affirme que depuis qu'elle a découvert la thalasso en Tunisie, elle a décidé d'intégrer son tourisme de santé dans les séjours qu'elle organise et insiste sur les prix très avantageux des centres de thalasso en Tunisie27. Tahar Khadhraoui, PDG du T.O Air Marin-Suisse, pense, lui, que la Tunisie doit être présentée comme étant " la première destination qualitative " et qu'il ne faut plus réfléchir à sa position en terme de nombre de centres28. C'est aussi l'avis du Dr. Brahim Dridi, PDG de Biomare, qui préfère présenter les aspects quantitatifs en terme de ratio (37 centres pour 6 700 000 touristes). c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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Emergence d'un modèle tunisien En référence à toutes ces spécificités et pour d'autres raisons, peut-on parler d'un modèle tunisien en la matière ? Certains le pensent et expliquent le pourquoi de leur position que nous résumons comme suite : - une conception correcte des centres selon une architecture et une décoration propres à la Tunisie qui créent le dépaysement ; - des locaux qui donnent sur la nature ; - la possibilité de prendre un bain d'algues sans recours aux enveloppes et aux couvertures en plastique ; - l'examen médical gratuit dans certains centres ; - le suivi médical dans la piscine même, dans certains centres29 ; - la création de la première ferme marine pour l'algoculture en Méditerranée en août 1988 ; - la création d'une ligne de produits à base d'algues utilisés en thalassothérapie, avec l'obtention de la certification sur le territoire de l'Union européenne en juillet 200630. Toutes ces positions semblent dénuées d'arrièrepensées. Ainsi, la Tunisie et la France se sont impliquées dans un partenariat actif afin de développer le créneau. - 60 -

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C'est dans cet esprit qu'ont eu lieu, les 24 et 25 Avril 2007 à Tunis, les rencontres franco-tunisiennes de la thalassothérapie et du thermalisme. Organisées sur l'initiative de l'Ambassade de France à Tunis, elles avaient pour objectif " de rapprocher les savoir-faire, les compétences et les expériences " dans le domaine31. Des journées qui ont concrétisé " un moment important d'échanges et de contact entre les entreprises des deux bords de la méditerranées "32, en présence et avec la participation de l'Office National du Tourisme Tunisien (ONTT) et de l'Office National du Thermalisme en Tunisie. L'expertise tunisienne A part feu le Pr. Zouhair Kallel (décédé en 2006), qui était titulaire de la chaire de thermalisme et de thalassothérapie à la faculté de médecine de Tunis33, et qui avait présidé le XXIe congrès international de thalassothérapie déjà cité, la Tunisie possède de nombreux spécialistes dans ce domaine. Une filière universitaire de formation de techniciens supérieurs en thalassothérapie existe depuis 2003 à la Faculté de médecine de Sousse et un Master en thalassothérapie, à la même faculté, a été créé en 2004 à l'intention des médecins (le profil T.S, diplôme après 3 ans d'études supérieures en kinésithérapie, existe depuis 1973 en Tunisie). Des institutions privées délivrent sous tutelle du ministère de l'éducation et de la formation, des diplômes d'hydrothérapeute. Figure bien connue de la thalassothérapie en Tunisie, le Dr. Brahim Dridi (économiste et spécialiste en c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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biotechnologie marine) a lancé, au début des années 80, le premier centre de thalassothérapie au Koweït avant de rentrer en Tunisie en 1987, pour y créer la première ferme marine en Méditerranée déjà citée et le groupe Biomare. Tout en affirmant qu'il a été chargé en 1977 du dossier du premier projet thalasso tunisien, créé en 1964 par une banque nationale avec le fameux Louison Bobet (fondateur des instituts du même nom), il s'emploie à diffuser les principes de la thalassothérapie issue de l'hydroclimatisme scientifique et de la thalassothérapie bioénergétique34. En sus de la création de la ligne de produits à base d'algues déjà citée, il a également fondé des filiales de son groupe en France, dans les pays scandinaves et en Russie. Le groupe a par ailleurs organisé du 16 au 21 janvier 2003, à Hammamet, le premier " éductour " russe de thalassothérapie, qui a couronné un protocole d'accord conclu le 27 avril 2002, entre le Centre scientifique de médecine de rétablissement et balnéologie russe et Biomare35. 2) Le tourisme médical en Tunisie La Tunisie possède un deuxième créneau dans lequel elle occupe une bonne position : le tourisme médical. Quelque 71 500 étrangers sont venus, en effet, se faire soigner en Tunisie en 2006 et plus de 350 000 ont procédé à une consultation externe36 contre 42 000 en 2003. Ils se répartissent comme suite : 70% de Libyens, 10% d'autres pays du Maghreb, 10% d'Européens et 10% de différentes nationalités. La destination Tunisie en matière de tourisme médical doit son développement à une médecine performante grâce aux infrastructures, à une législation rigoureuse, à des cadres paramédicaux - 62 -

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très qualifiés, et à des délais d'attente très courts sinon nuls. Dans le secteur privé et à qualité de soins égales, les prix sont nettement inférieurs à ceux pratiqués dans la plupart des pays développés. Selon une analyse effectuée par la direction de la société Europ Assistance, la Tunisie ferait partie du " tiercé gagnant des pays les plus 'hospitaliers' ", avec l'Inde et Cuba37. Le pourquoi du tourisme médical Le tourisme médical est défini d'une façon générale comme étant l'activité qui " consiste à se rendre à l'étranger pour y subir des soins. On parle aussi de soins transfrontaliers "38, lorsque des patients préfèrent se rendre dans un pays voisin. C'est le cas, par exemple, de la ville de Sopron en Hongrie, limitrophe de l'Autriche. Dans cette ville hongroise de 50 000 habitants on compte 400 médecins dentistes alors qu'une vingtaine d'entre eux suffiraient pour la population locale. Cette offre largement supérieure à la demande interne est en fait expliquée par une demande extérieure provenant d'Autriche, d'Allemagne et de Suisse. Mais la proximité ne permet pas à elle seule d'expliquer ce phénomène, car " une prothèse coûte également quatre fois moins cher en Hongrie qu'en Suisse "39. Bien sûr, de tels soins doivent être " médicaux ", c'est-à-dire prescrits et/ou prodigués par un ou plusieurs médecins selon des actes bien précis (répondant à une nomenclature officielle) et le cas échéant, liés à une pharmacopée rigoureuse. Ces soins peuvent être fait en ambulatoire ou nécessiter une hospitalisation plus ou moins longue. Plusieurs raisons sont donc à l'origine du recours aux soins à l'étranger. L'accessibilité, les garanties en compétences, légales et c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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autres, les prix moins chers, la qualité de l'accueil, les services dits périphériques (transfert à l'arrivée et au départ, suivi pendant l'hospitalisation, etc.), la possibilité de prolonger le séjour de convalescence et de repos dans un cadre sain, agréable et pas cher. Ce sont, bien sûr, des atouts que la Tunisie possède, et qui font d'elle une destination sérieuse, appelée par certains " l'eldorado du tourisme médical "40. Les garanties Jouissant d'un système de santé bien développé, la Tunisie fait partie des 61 pays dans le monde (et des deux seuls pays africains) qui ont atteint l'objectif " Santé pour tous à l'horizon de 2000 " fixé par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avant la date prévue. Elle a, de ce fait, reçu la médaille d'or " Santé pour tous " de l'OMS dès 199641. La Tunisie est, par ailleurs, classée parmi les pays qui investissent le plus en matière de santé (+ de 5% du PIB), dans la mesure où elle consacre 6% de son PIB ainsi que 7,5% de son budget aux dépenses publiques de santé42. Cela s'est traduit par une amélioration constante des principaux indicateurs de santé, tels que l'espérance de vie à la naissance, passée de 67,4 ans en 1984 à 73,6 ans en 2006, le taux de mortalité infantile ramené à 20,3 pour mille en 2006 contre 51,4 pour mille en 1984, un taux de couverture des naissances en milieu hospitalier ayant atteint 95,5% en 2006, une couverture médicale de 1 médecin pour 970 habitants alors qu'elle était encore de 1 pour 2110 en 1987, l'éradication totale du choléra, de la bilharziose, de la variole, de la poliomyélite, de la rougeole, etc.43. En Tunisie, la première greffe réussie de cornée remonte à - 64 -

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1948, celle du rein à 1986, celle du cœur puis celle du pancréas à 1993 et celle du foie à 199844. Et la sécurité transfusionnelle est totalement garantie depuis 1994. En Tunisie la fécondation in vitro par injection est pratiquée avec succès depuis 1995. Idem pour la greffe des membres (depuis fin des années 80). A côté d'un secteur public de santé très performant pratiquant une médecine préventive et curative de qualité, la Tunisie possède un secteur privé très dynamique et très compétent. Effectivement, les structures sanitaires privées se répartissent comme suite (chiffres de 2006) : 99 cliniques et centre spécialisées ; 4 876 cabinets médicaux, 1 404 cabinets de médecine dentaire, 99 centres de dialyse. Ce secteur offre 2 578 lits d'hospitalisation45. A noter que 12 cliniques ont en principe obtenu, fin 2007, une certification internationale (ISO 9000) pour ce qui concerne l'hôtellerie de l'hospitalisation46. L'ensemble de ces structures sont équipées en matériel biomédical et chirurgical permettant une large gamme d'interventions. L'équipement lourd se répartit comme suite dans les structures privées : 10 angiographes, 10 cathéters cardiaques, 10 dispositifs de circulation extra corporels (CEC), 42 scanners, 15 lithotripteurs, 8 IRM, 5 télécobalt, 4 gamma caméras, 5 laser excimer, 11 lasers pour ophtalmologie, avec la possibilité d'utiliser l'accélération linéaire du secteur public47. Enfin, les médecins tunisiens possèdent des " diplômes reconnus en Europe "48 et d'ailleurs, près de 10 000 d'entre eux exercent actuellement un peu partout dans le monde, dans le cadre de la coopération technique, dont 27% dans le secteur de la santé essentiellement hospitalier49. c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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Les prestations Toutes les prestations médicales, chirurgicales et paramédicales permises par la loi sont pratiquées en Tunisie (la loi tunisienne interdit par exemple la transplantation des organes dans le secteur privé et la fécondation in vitro par le sperme autre que celui du conjoint). A telle enseigne, que seulement 176 Tunisiens sont partis à l'étranger pour raisons médicales contre 1 152 en 1987. Si les européens sollicitant des soins viennent en Tunisie généralement pour des interventions esthétiques, les Africains, eux, " ont généralement besoin d'actes médicaux lourds et spécialisés, à l'instar de la chirurgie cardiovasculaire, la neurochirurgie, la chirurgie orthopédique et l'ophtalmologie "50. En matière de chirurgie esthétique, citons parmi les interventions couramment pratiquées en Tunisie, la blépharoplastie (chirurgie des paupières) la rhinoplastie (chirurgie du nez), les opérations de lifting ou contre la calvitie, les implants mammaires, la chirurgie des seins, celles des oreilles51. Les avantages concurrentiels Pour les libyens, venir se soigner en Tunisie s'explique par le rapport qualité / prix, la proximité, la langue et la culture communes. À compétences médicales et paramédicales égales par rapport à l'Europe, les prix pratiqués en Tunisie sont nettement plus bas. A cela s'ajoutent les avantages découlant de moindres frais de séjour pour le patient ou ses accompagnateurs (généralement plus d'une personne). Le facteur " culture " entre également en compte, ainsi que - 66 -

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l'existence de liens familiaux et d'amitié très fréquents entre Libyens et Tunisiens. Quant aux patients européens, ils sont attirés par les prix et les délais d'attente quasi nuls. Des agences spécialisées en tourisme médical implantées en Tunisie leur offrent en plus, un package comprenant en général un séjour postopératoire dans un hôtel en bordure de mer, le suivi du dossier et les frais du contrat, les transferts aéroport-clinique et hôtel-aéroport, et même parfois des excursions52. La comparaison entre les prix pratiqués en France et en Tunisie de certains actes peut donner une idée des avantages financiers. Ainsi, le prix de prothèses mammaires, qui peut atteindre 600 euros en France, ne coûte que " 200 euros en moyenne en Tunisie, voyage compris. Pour une rhinoplastie, il faut compter 3 500 euros en moyenne dans l'hexagone et seulement 2 000 euros dans les cliniques tunisiennes (….) Pour un résultat équivalent, une intervention à cœur ouvert coûte deux fois moins cher qu'en Europe (10 000 dinars soit environ 5 800 euros). Idem pour les soins et prothèses dentaires. Sans oublier la chirurgie ophtalmologique qui reste peu onéreuse (…) pour les étrangers avantagés par le taux de change du dinar tunisien (DT) ". La Tunisie a par ailleurs supprimé, depuis 2005, " la TVA de 6% dont devaient s'acquitter les touristes pour les soins médicaux "53. Enfin, les Français (80% de la clientèle) partent en Tunisie pour des interventions esthétiques qui ne sont pas remboursées chez eux54. Afin de lutter contre une éventuelle impression de bradage des prix l'agence Cosmética Travel explique c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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qu'en Tunisie " la vie est moins chère, (…) l'euro vaut plus d'une fois et demi le dinar tunisien, soit un taux de change très intéressant, les avantages fiscaux accordés par le gouvernement tunisien encouragent le développement de ce secteur et incitent les acteurs locaux à investir en formations et équipements ". Les délais d'attente relativement longs dans plusieurs pays européens peuvent aussi obliger certains patients à partir se faire soigner à l'étranger. C'est le cas, par exemple des " patients britanniques qui sont confrontés à des délais toujours plus longs imposés par les National Health Service (NHS), soit parfois dix huit mois pour une prothèse de hanche "55. En conséquence, des organismes peuvent alors recommander à leurs concitoyens tel ou tel pays de remplacement, et c'est le cas pour la Tunisie, inscrite par l'association britannique Opération Abroad parmi les " destinations de santé proposées aux patients anglais, etc., après avoir pris connaissance du développement quantitatif et qualitatif du secteur sanitaire tunisien et de ses standards "56. Le problème des délais est aussi évoqué en France. Certains demandeurs de soins sont parfois obligés d'attendre longtemps une réponse57. Cela s'explique aussi par la démographie médicale qui accuse une certaine régression. Ainsi le nombre de dentistes en France devrait diminuer de " 30% passant de 40 300 à fin 2006 à 27 000 en 2030 "58. Idem pour les généralistes (54 000 actuellement et près de 31 000 seulement dans vingt ans), les gynécologues obstétriciens (chaque année 50 à 60 en moins), etc.59. - 68 -

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Témoignages La qualité des compétences tunisiennes, celle des structures d'hospitalisation (locaux, équipements, hygiène..), celles de l'accueil, de l'écoute et du suivi, celles des services périphériques dans le cadre du package déjà cité, sont évoquées à plusieurs occasions. Nous avons ainsi collecté plusieurs témoignages des médias étrangers et internationaux. Plusieurs articles consultés rendent compte du tourisme médical en Tunisie et donnent la parole à des patients opérés, aux responsables des agences spécialisées, aux responsables des cliniques, parfois aux chirurgiens. Responsables et chirurgiens essayent de répondre à des questions relatives aux garanties, aux services, aux prix, etc. Quant aux personnes opérées, elles déclarent toutes qu'elles sont entièrement satisfaites. Plusieurs d'entre elles insistent sur la bonne qualité de l'écoute, de l'accueil, du suivi, etc., tout en faisant remarquer que les tunisiens sont très bien équipés. Elles déclarent avoir fait confiance au savoir-faire tunisien depuis la prise de contact jusqu'au rétablissement total. Certaines d'entre elles ont même exprimé être prêtes à revenir en Tunisie pour d'autre interventions. Le site de l'agence spécialisée basée à Tunis, Cosmectica Travel, présente dans ce sens les fac-similés de dossiers et d'articles publiés dans des journaux et magazines européens (français, belges et Suisse), ainsi que les séquences sur le thème d'émissions diffusées par des chaînes TV françaises (France2 - TF1 - M6). Dans certains de ces dossiers, la parole est également donnée à c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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des chirurgiens européens qui, tout en confirmant la compétence des chirurgiens tunisiens, évoquent pourtant les problèmes des retouches postopératoires dans le cas de la chirurgie esthétique. Ce à quoi répondent les opérateurs tunisiens pour rassurer les patients, que le séjour de 5 jours à une semaine inclus dans l'offre peut être considéré comme étant une garantie, d'autant que le chirurgien est tenu de revoir son patient avant son départ. L'agence se dit, par ailleurs, prête à prendre en charge gratuitement d'éventuelles retouches ultérieures, sauf pour le billet d'avion, et déclare s'être entourée de toutes les garanties nécessaires à la faveur de contrats d'assurance qui couvrent ses prestations ainsi que celles du praticien. Les patients libyens dont les propos sont rapportés par les médias tunisiens ou internationaux jugent, eux aussi, l'offre tunisienne excellente60. Le problème de la cupidité de certaines personnes, qui jouent les intermédiaires entre des cliniques et les futurs patients, est toutefois soulevé, mais les organismes professionnels et les autorités sanitaires qui en sont conscients, tentent de les circonscrire, grâce à plus de transparence, d'écoute et de communication61. Nous pouvons donc dire que le tourisme médical peut encore se développer en Tunisie. L'ouverture dans un prochain avenir de cliniques off shore, au regard de la loi n° 2001-94 du 7 août 2001 relative aux établissements de santé prêtant la totalité de leurs services au profit des non-résidents, ne manquera pas de confirmer la destination Tunisie en tant que pôle de tourisme médical dans la région. - 70 -

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Conclusion La Tunisie a trouvé dans le tourisme de santé, avec ses différentes composantes, un nouvel élan pour son tourisme. Celui-ci souffre depuis ces dernières années de certains problèmes que professionnels, experts et pouvoirs publics ont déjà mis en évidence. La " qualité " est aujourd'hui le maître mot de tout le secteur. Cela vaut aussi pour le tourisme de santé. Dans ce cas précis, nous avons relevé une nette volonté de protéger comme il se doit le créneau qui est très sensible et nécessite un savoirfaire et un savoir-être à toute épreuve, ainsi qu'une vigilance soutenue de la part des autorités publiques. Une volonté qui pourrait être constatée à travers les différentes mesures prises au plus haut niveau en faveur du tourisme en général et des nouveaux produits en particulier. Avec une tradition millénaire en thermalisme, des sources aux vertus reconnues, ses quatre stations thermales (Hammam Bourguiba, Korbous, Djerba et Jebel El Oust) et sa trentaine de Hammams thermaux plus ou moins bien entretenus, la Tunisie possède un autre atout en matière de tourisme de santé : le thermalisme. Selon les prévisions, la Tunisie serait capable de satisfaire une offre toujours grandissante et elle table sur 76 000 curistes en 2016, dont 50% en demande intérieure (62).

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RÉFÉRENCES & BIBLIOGRAPHIE

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1

Tunisie : 20e anniversaire du Changement : 1987-2007, Tunis, Agence Tunisienne de Communication Extérieure (ATCE), 2007.

2

Idem.

3

Conjoncture touristique, Réalités n° 1244, Tunis du 29 novembre au 5 décembre 2007 (6.700 000 entrées en 2007).

4

Réponse du ministre du Tourisme et débats budgétaires à la Chambre des députés, La Presse de Tunisie, Tunis, 3 décembre 2007, p.8.

5

Idem. Elles sont de 45 au 8 janvier 2007et deux ont déjà achevé leur mise à niveau (Ministre de la santé : La Presse de Tunisie, 9 janvier 2007).

6

Faits saillants du tourisme - Edition 2007. Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) Cf. www.unwto.org.

7

Spa et wellness : le nouveau filon allemand, Profession Tourisme, n° 165, Tunis avril 2005.

8

Tourisme médical : Quelles garanties pour les patients, Le Concours médical, Paris, Tome 129-3 /4, 23 Janvier 2007, pp 102-103.

9

La Tunisie : une destination médicale de choix, La Presse de Tunisie, 8 octobre 2007.

10

La thalasso à la recherche d'un nouveau souffle, Le Monde, Paris, 15 novembre 2007.

11

Médecine thermale : Faits et preuves, bonnes indications, bonnes pratique, Patrice Queneau (Préface de G.P Cabanel / Introduction de C.Laorche), Paris, Masson, 282p.

12

JORT n° 99 du 12 décembre 2006, pp. 4219-4223.

13

Site de Fédération internationale de thalassothérapie.

14

Dans un site marin privilégié, la thalassothérapie est l'utilisation combinée, sous surveillance médicale et dans un but préventif et curatif, des bienfaits du milieu marin qui comprend : le climat marin,

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l'eau de mer, les boues marines, les algues, les sables et d'autres substances extraites de la mer " (Cf site de la Fédération Internationale de Thalassothérapie). 15

Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la santé est un "état complet de bien être physique mental et social et non l'absence de maladies ou de handicaps.

16

Santé-informations. Bulletin édité que le ministère de la santé publique de Tunisie, novembre 2006, pp. 15-16.

17

Idem.

18

la Thalasso à la recherche d'un nouveau souffle, op.cit.

19

Idem.

20

Thalassothérapie : une destination tunisienne, la Gazelle (de Tunisair) n° 13, octobre-décembre 2001, pp. 12-16.

21

Les Russes intéressés par la thalassothérapie en Tunisie, Le temps, 22 janvier 2003.

22

Réalités n° 1107, du 15 au 21 mars 2007, p 34.

23

Le Temps Magazine, 14 février 1999, p 5.

24

La Presse de Tunisie (supplément Economie), 15 novembre 2006, p 14.

25

Idem.

26

Où va la thalassothérapie en Tunisie ? Profession Tourisme : n° 146/147, Juillet / août 2003, pp. 26-43.

27

La Presse Magazine n° 640, 23 octobre 2005.

28

Où va la thalasso, Op.cit.

29

Thalassothérapie soleil, un modèle tunisien à la conquête du monde, Dr. Ezzedine Lakhouaja, Tourisme-info n° 3, 2000, 1er-15 janvier 2000, pp. 16-19.

30

Dr. Brahim Dridi : Press.Book, www.biomare.com.

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Thalassothérapie et spa, une nouvelle vague du bien-être en Tunisie, www.thalasso-thermale.com, 7 janvier 2008 (d'après le site français www.emotionspa-mag.com).

32

Idem.

33

Pour une thalassothérapie de qualité par le Dr. Fethi Tebourbi, Réalités n° 1018, 8 au 14 juin 2005, pp. 32-33.

34

La thalassothérapie : apport de la Tunisie par le Dr. Brahim Dridi, Tourisme info, Février 2002, pp. 20-22.

35

Les Russes intéressés par la thalassothérapie en Tunisie, Le Temps, Op.cit.

36

Dossier communiqué par le ministère de la Santé publique. Direction de la réglementation et des professions de santé et dossier réalisé par le journal Al Arab (en arabe), Londres, 5 décembre 2007.

37

Des pays très hospitaliers, L'Express, Paris, 29 août 2008.

38

Tourisme médical : Quelles garanties pour les patients, Op.cit.

39

Hongrie, les dentistes se pressent le long de la frontière (www.journaldunet.com/economie/tendance/tourisme-médical).

40

Tunisie : destination santé, Jeune Afrique n° 2419, 20 au 26 mai 2007, pp. 57-62.

41

Santé-informations, Op.cit.

42

Santé : une destination privilégiée, fruit d'un système performant, Le Renouveau, Tunis, 26 octobre 2007, p 7.

43

Tunisie : 20è anniversaire du changement, Op.cit., pp. 115-119.

44

Don et greffe d'organes en Tunisie, Don et vie, Tunis, Centre National pour la Promotion de la Transplantation d'Organes n° 2, janvier 2007, pp. 6-8.

45

Tunisie : 20è anniversaire du changement, Op.cit., pp. 115-119.

46

Santé : une destination, Op.cit.

47

Tunisie : 20è anniversaire du changement, Op.cit.

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48

Des pays très hospitaliers, Op.cit.

49

L'Agence Tunisienne de Coopération Technique : www.atct.nat.tn.

50

La Tunisie se forge une réputation de destination médicale reconnue. Le Renouveau, Tunis, 28 novembre 2007, p11.

51

Voir : www.cosmeticatravel.com, (agence de tourisme médical).

52

Idem.

53

Tunisie destination santé, Op.cit. / Un nez au Sahara, Elle, Paris, 9 mai 2005, pp. 150-152.

54

Des pays très hospitaliers, Op.cit.

55

Tourisme médical, Le Concours médical, Op.cit.

56

Tourisme de santé, La Presse Magazine n° 940, Tunis.

57

Mon lifting au soleil, Le Nouvel Observateur, Paris, 5-11 mai 2005, pp. 44-46.

58

La France va bientôt manquer de dentistes, Le Parisien, 11 septembre 2007, p 6.

59

Les autres professions médicales en crise, Le Parisien, Op.cit.

60

Dossier au journal Al Arab (en arabe), Londres, Op.cit.

61

Patients libyens en Tunisie : comment éviter l'arnaque, Réalités n° 1142, Tunis, 15 au 21/11/2007, pp. 12-14.

62

Profession Tourisme n° 183, octobre 2006, pp. 28-35.

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A PROPOS D’UN DICTIONNAIRE UTILE DU TOURISME A PARAITRE (CONFERENCE A TUNIS)

Jean-Michel HOERNER, Professeur de géopolitique et de tourisme, Doyen de la Faculté " Sport, Tourisme, Hôtellerie Internationale " de l'Université de Perpignan Via Domitia

Résumé : Avant la parution de son Dictionnaire utile du tourisme, Jean-Michel Hoerner propose des données originales sur le tourisme, un aperçu sur la formation et la recherche touristique, l'évolution des entreprises et enfin, la géopolitique du tourisme et la " science du tourisme ". Abstract : Previous to the publication of A Useful Tourism Dictionary, Jean-Michel Hoerner puts forward original data on tourism, an insight into tourism training and research, the industry evolution, and lastly tourism geopolitics and the science of tourism.

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Ce que je sais le mieux faire, je n'en doute pas, c'est de parler de ce que j'appelle " la culture du tourisme ". Or mon ambition, aujourd'hui, est encore plus forte. En effet, je voudrais présenter quelques thèmes choisis concernant le tourisme et l'hôtellerie, puisés dans un " dictionnaire du tourisme " à paraître. D'emblée, je dois reconnaître que si les 1 170 entrées ou définitions, que j'ai retenues, représentent des centaines d'heures de travail, ce fut dans un climat d'exaltation. Je peux avancer plusieurs raisons : 1. Dans la langue française, mis à part quelques dictionnaires assez techniques ou linguistiques qui m'ont naturellement inspiré, un dictionnaire global et utile du tourisme n'existe pas. 2. C'est sans doute parce que le tourisme intéresse assez peu les chercheurs, notamment ceux qui pensent le " phénomène touristique " dans sa globalité, c'est-à-dire dans l'éventail des sciences qui l'étudient. 3. Comme j'essayerai de vous le prouver, non seulement toutes les activités du tourisme me semblent dignes d'intérêt, mais également tous ses aspects philosophiques, géopolitiques, sociologiques, historiques, etc. N'est-il pas ainsi passionnant d'analyser l'évolution contrastée du tourisme de luxe vers le tourisme de masse ? 4. Ma démarche s'inscrit par ailleurs dans la " science du tourisme " que j'ai modestement contribué à créer à partir de 2000. En tant que - 78 -

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science pluridisciplinaire, cette social science offre certainement la meilleure vision du monde diachronique et contemporain, y compris dans l'optique de la mondialisation. 5. A ce stade, je voudrais faire un constat. J'enseigne le " tourisme " dans une dizaine de structures d'enseignement supérieur, sans compter les conférences, et je me désespère, à chaque fois, de la pauvreté de la culture touristique de mes étudiants. Mes critiques s'adressent également à beaucoup trop de mes collègues qui n'intègrent pas cette forte dimension culturelle. 6. Naturellement, je n'ai pas l'ambition de vous communiquer l'ensemble de ce dictionnaire. Avec l'espoir de ne pas vous importuner mais d'essayer de vous séduire par ma démarche, je vous propose donc une lecture sélective. J'ai donc divisé ma communication en 7 petites parties, pour lesquelles je vais extirper quelques définitions de mon dictionnaire :

. . .

Quelques données de base…

Ce qui relève des formations touristiques et hôtelières, et de la recherche. Les principales branches de l'industrie touristique.

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Un exemple d'entreprise touristique, dans le cadre de l'actuelle mondialisation ou globalisation financière.

. . .

Quelques pays touristiques et les inévitables stations touristiques. La géopolitique du touristique qui m'est chère.

Et enfin, une très brève approche de la " science du tourisme " que je défends toujours avec beaucoup d'enthousiasme. Quelques données de base…

Je ne veux pas vous assommer de données que vous connaissez, et vous rappeler simplement que nous en sommes à plus de 900 millions d'arrivées internationales, et qu'on estime, sans avoir de données très précises, que le tourisme concernerait plus de 8% du PIB mondial et quelque 200 millions d'emplois directs. Néanmoins, je vous livre cette réflexion : VOYAGE (MARCHÉ DU) : Il est évident qu'il s'agit de

calculer autrement les recettes touristiques internationales, qui seraient donc de 870 milliards $ en 2007, soit une augmentation de 250% depuis 2000 en tenant compte de la dépréciation du dollar (…) On fera remarquer, en outre, que ces estimations proviennent de Carlson Wagon-lit et non de l'OMT (…) Tandis que les " affaires " et les " loisirs " se partageraient le marché à 40% contre 60%, l'hôtellerie internationale et le transport aérien seraient prédominants : 45% pour le premier (plus de 390 milliards $) et 37% pour le second. - 80 -

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Par ailleurs, à la limite des statistiques, je voudrais vous faire part d'une analyse que j'ai produite il y a déjà plus de dix ans : " CAPTIF " (TOURISME) : Le concept du " commerce

captif ", réservé aux firmes multinationales qui font plus de 40% des échanges mondiaux seulement en interne (échanges intrafirmes), pourrait être appliqué à une grosse douzaine d'États pour l'ensemble de leurs recettes touristiques. En tenant compte de leur " tourisme interne " ou domestic tourism, ces pays, avec leurs entreprises multinationales et en raison de leurs clientèles qui constituent les gros bataillons du tourisme international, bénéficieraient de plus des trois quarts des recettes touristiques mondiales. Il est vrai qu'à l'international, 50% environ des recettes des pays d'accueil du Sud restent ou retournent dans les pays du Nord : frais d'agence, assurances, la moitié des frais de transport sinon plus, retour sur investissement des chaînes hôtelières, diverses consommations, formation, etc.

Formations supérieures et recherches Je ne m'étendrai pas sur notre Université de Perpignan (plus de 1 100 étudiants inscrits dans la filière, dont près d'une centaine pour Vatel Tunis), mais je citerai des institutions qui contribueront au succès de nos rencontres : EURHODIP : Les écoles hôtelières d'Europe au sein de

l'association, The Leading Hotel Schools In Europe, créée en 1989, rassemble 34 000 étudiants de 31 pays différents. Son but principal consiste à leur donner le diplôme Eurodhip (4 000 environ), bien que 72% des écoles adhérentes soient publiques.

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VATEL : Cet institut, créé et présidé par Alain Sebban

depuis 1981, est l'une des toutes premières écoles hôtelières dans le monde. Avec plus de 3 500 étudiants de Bac + 1 à Bac + 5 (Master degree et MBA), dans près de 20 écoles situées en France, en Russie, en Asie, en Amériques, à Maurice et au Maghreb, Vatel conjugue le professionnalisme (structures d'application et stages), le management et la qualité, que favorisent son partenariat avec l'Université de Perpignan et la mise en place du CirVath, ou Centre de Recherche Vatel en Tourisme et Hôtellerie. À ce jour, il y a plus de 7 000 diplômés issus de l'école qui occupent des fonctions hôtelières, ce qui lui a valu le Worldwide Hospitality Award de la profession (" Meilleur programme de formation ").

Je n'insisterai pas sur le CirVath, qui organise ce séminaire avec nos amis de Vatel Tunis, mais je dirai un mot de l'AMFORHT que j'ai présidé et dont je suis l'un des deux présidents d'honneur actuels. Cette association, qui a joué un rôle majeur dans la reconnaissance de la " science du tourisme " ou " tourismologie ", risque de sombrer faute de projet structurant. Je le regrette. AMFORHT : Association Mondiale pour les Formations

Hôtelières et Touristiques. Déjà ancienne malgré sa renaissance en 1998, elle rassemble près de 300 membres de plus de 40 nationalités différentes. Constituée de formateurs, de professionnels et d'institutionnels voués aux métiers du tourisme et de l'hôtellerie, elle se veut avant tout un espace convivial de partage de valeurs et d'éthique, une interface de qualité entre l'emploi et la formation, une plateforme interculturelle de contacts et de partenariats, un facteur d'évolution, d'innovation, de réflexion et de recherche.

Pour conclure sur ce point, je voudrais vous faire - 82 -

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part de ma conception de la productivité, à partir de la formule suivante : Taux de croissance d'un secteur = taux de croissance de sa productivité + taux de croissance de ses emplois. PRODUCTIVITÉ : (…) Avant 2000, tandis que les taux de

croissance du secteur hôtelier et de sa productivité étaient sans doute de 4% et de 1%, il y avait donc une forte augmentation des emplois peu qualifiés (3%) et, par conséquent, un grand turnover. Aujourd'hui, en raison du très grand nombre de formations professionnalisées à Bac + 5 (dont les Masters), qui correspondent forcément à une demande, on peut supposer que l'industrie hôtelière envisage de recruter une main-d'œuvre plus qualifiée. Tant dans les pays riches que dans les pays émergents, où elle peut compter en outre sur de faibles charges et des salaires plus bas, il s'agirait alors de faire le pari que ces nouveaux diplômés soient capables d'innovation et rattrapent le retard de productivité. Dans ces conditions, il devient urgent que les Masters de tourisme et d'hôtellerie intègrent au moins une initiation à la recherche susceptible de former des esprits innovants.

Une idée du tourisme Bien que vous connaissiez les principaux secteurs du tourisme, je les rappelle brièvement : les transports dont l'aérien, l'industrie hôtelière, l'industrie des voyages et les " paradis artificiels ", tels que les parcs de loisirs. Dans cette approche, il ne faut pas non plus négliger l'histoire du tourisme, de Thomas Cook à Jacques Maillot. Je propose cependant, en marge de la représentation de la " farce ", La famille Fenouillard fait c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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son tourisme, à Carthage, d'évoquer brièvement la saga des Fenouillard : FENOUILLARD : La famille Fenouillard, sans doute la 1ère bande dessinée française (1893) écrite par Christophe, est prémonitoire du tourisme de masse : toute une famille des classes moyennes voyage dans son sommeil et, si elle croit faire du tourisme, c'est pour élever son rang social, un peu comme les touristes d'aujourd'hui qui jouent aux riches dans les hôtels luxueux du Sud.

Plus sérieusement, voici ce qu'on peut dire, sommairement, du tourisme d'affaires, en rappelant qu'en la matière, avec 25 milliards $ de chiffre d'affaires, Carlson Wagonlit ou CWT est devenue la 1ère agence de voyages mondiale depuis quelques mois : AFFAIRES (TOURISME D') : Le tourisme d'affaires représente 40% des recettes internationales du tourisme et, surtout, il dynamiserait les activités touristiques depuis longtemps. En effet, plus que le tourisme sacré et les pèlerinages, de l'Antiquité au Moyen Âge, il est sans doute la première forme aboutie du tourisme international. Il est né en Europe, aux XIVe et XVe siècles, en même temps que le capitalisme, qui a bénéficié des nombreux États et surtout de leurs frontières, celles-ci permettant de substituer les taux d'intérêt monétaires aux simples taux de prêts en théorie interdits par l'Église (et l'islam) car usuraires. Combien de négociants et de messagers, appelés pieds poudreux, sillonnent l'Europe dès cette époque ! Aujourd'hui, c'est la mondialisation qui dope les voyages d'affaires, tant dans les vieux pays riches que dans les nouveaux pays émergents (Chine, Inde, Russie, Brésil, Europe de l'Est). Enfin, à l'heure du tourisme de masse, le tourisme d'affaires à tendance élitiste galvanise les activités touristiques les plus traditionnelles, en raison des besoins de loisirs des hommes d'affaires, qui ne regardent pas à la dépense souvent prise en charge - 84 -

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par les entreprises. On estime ainsi qu'un congressiste dépense en moyenne quatre fois plus qu'un touriste d'agrément.

Les entreprises On ne peut pas toutes les citer et celle que je vais mentionner n'est sans doute pas la plus connue. Pourtant, comme vous allez le voir, elle symbolise parfaitement l'intégration de l'industrie touristique dans la globalisation financière : BLACKSTONE GROUP : Fonds américain récemment coté

en Bourse (59 milliards $), qui utilise l'effet de levier des LBO pour lever des capitaux. Très actif dans l'immobilier, il a donc engagé un processus de rachat de Hilton Hotels Corporation à hauteur de 26 milliards $ (juillet 2007). Il possède également 100 000 chambres d'hôtel mais vient de céder la direction de son enseigne Wyndham International au groupe Cendant (nom désormais de sa chaîne hôtelière intégrée, qui est la 1ère du monde), tandis qu'il gère désormais l'ancien pôle voyage de celui-ci, Travelport, dont l'agence on line Orbitz et le GDS Galileo, après le rachat de Galileo.

La Chine et les incontournables stations touristiques Je pense, qu'à quelques mois des Jeux Olympiques de Pékin, il est intéressant de rappeler ces considérations sur la Chine : CHINE : (…) Parmi les 13 pays récepteurs les plus

importants du monde, la Chine se classerait en 5e position, avec un accroissement de 135% de 1990 à 2003, largement devant la

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moyenne évaluée à + 34% (…) 500 000 touristes chinois, sur un total de 29 millions dans le monde, séjournent en France et, sur une moyenne de 3 jours, effectuent une dépense moyenne de 430 € par personne. Si l'on en croit le parc de cartes bancaires en Chine, qui serait le plus fort du monde (900 millions contre 800 millions aux Etats-Unis, et seulement 300 millions trois ans plus tôt), ses classes moyennes susceptibles de développer le tourisme de masse pourraient bien dépasser les 400 millions de personnes.

Pour ce qui concerne les stations touristiques, où séjournent trois touristes sur quatre, je vous présente les 4 types de stations selon mes analyses : STATION TOURISTIQUE : (…) On distingue 4 types de

stations touristiques : " les stations dortoirs " balnéaires ou de montagne, " les stations urbaines ", les anciennes " stations aristocratiques " et, ce qu'on appellera " les domaines touristiques " à caractère artificiel, les resorts et/ou les " hôtels-clubs " (définition remise en cause à tort) et même " les parcs de loisirs " (…) La grande évolution des stations, qui sont des villes, suit celle de l'industrie touristique, qui ne s'appuie pas seulement sur l'originalité d'un site mais est capable de l'améliorer ou d'en créer un, ex nihilo. Si jadis une station était seulement exotrope, c'est-àdire liée à un facteur extérieur déterminant (présence de la mer, de la montagne, etc.), aujourd'hui, elle a tendance à devenir endotrope en créant ses propres attractivités (…) Quels que soient leurs atouts, les plus grandes stations touristiques, qui concentrent l'essentiel des activités de tourisme du monde, sont celles qui définissent une dynamique forte et structurante. Ce peut être le farniente, l'exotisme ou les randonnées comme à Marrakech (une nouvelle station du Sud, car le modèle des vieux pays riches est exportable), ce peut être toujours les

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activités balnéaires lorsqu'elles ont peu évolué (petites stations de l'arc méditerranéen), ce peut être encore les animations culturelles et/ou sportives associées à l'extension des résidences secondaires (avec le phénomène de bi-résidences), ce peut être enfin des créations d'attractions artificielles comme à Dubaï.

Géopolitique du tourisme Je m'inspire de mon dernier ouvrage, Géopolitique du Tourisme, qui vient d'être publié aux Éditions Armand Colin. J'ai réussi à convaincre cet éditeur du bien-fondé de la géopolitique du tourisme et je vous donne le sens que je lui attribue : GÉOPOLITIQUE DU TOURISME : Son champ reste très vaste. Elle étudie, par exemple, le rôle des classes moyennes dans l'expansion du tourisme de masse, en s'attachant à l'invasion sans précédent des centaines de millions de touristes du Nord des classes moyennes, qui séjournent dans le Sud (colonisme). Elle pourrait alors se pencher sur les conséquences en terre musulmane (réaction des sociétés locales, attentats contre les destinations touristiques). Pour autant, au sein des territoires susdits, elle peut chercher à mieux comprendre l'implantation et le développement des stations touristiques, voire à identifier leurs acteurs et leurs stratégies dans un système complexe de hiérarchies et de conflits. Si elle se situe au niveau des entreprises, elle définit l'importance de la globalisation financière dans l'industrie touristique, voire sa concrétisation néocoloniale dans une mondialisation qui conduit le Nord à toujours plus dominer le Sud. Bien sûr, elle ne néglige pas non plus le développement économique engendré par le tourisme, y compris dans le cadre contraignant du tourisme durable.

Comme vous le voyez, le domaine est vaste. Il englobe bien sûr la menace que fait peser l'islamisme c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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intégriste sur le tourisme international dans les pays musulmans et ailleurs. Je vous épargnerai pourtant la liste des attentats qui, depuis le début des années 2000, est déjà très longue. À propos de ce qu'on appelle le " tourisme durable ", il y a aussi beaucoup à dire, et je m'en tiendrai à ce qui relève de la spéculation immobilière : IMMOBILIÈRE (SPÉCULATION) : Résultant d'une demande bien supérieure à l'offre, la spéculation immobilière correspond soit à la volonté d'investisseurs conséquents de valoriser leur capital dans la pierre, soit à des mesures permettant à de pauvres gens d'accéder à la propriété (crise américaine des subprimes), soit à l'envie des classes moyennes de bénéficier d'un logement supplémentaire pour son agrément ou pour fructifier ses économies. Le troisième cas, qui peut prendre beaucoup d'ampleur, concerne une excessive " touristification ", telle que celle de la Costa Blanca espagnole autour d'Alicante. Ainsi, alors que depuis la fin des années quatre-vingt à Orihuela, la population résidente est passée de 5 000 à 40 000 habitants et qu'il y a plus de 250 000 vacanciers durant l'été, les prix des logements doublait tous les cinq ans.

L'inévitable conséquence se résume à un urbanisme non " durable ", c'est-à-dire à la fois de mauvaise qualité et difficile à vivre. Dans la mesure où la " bulle immobilière " a éclaté dès 2007, en raison de la crise américaine, les prix du foncier bâti ont désormais tendance à beaucoup baisser. Subséquemment, la dégradation de l'environnement et les revers de fortune des petits investisseurs remettent en cause le développement touristique. Prétendre, alors, qu'ils vont partir ailleurs, n'est qu'une simple vue de l'esprit, puisqu'ils sont loin d'en avoir les moyens. Ce serait donc l'ensemble de l'économie du tourisme qui est remis en cause, et on a bien raison de dire que l'actuelle crise immobilière, parallèle à la récession mondiale annoncée, concoure à la crise structurelle du tourisme dans les pays riches. - 88 -

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" La science du tourisme " Je ne voudrais pas m'étendre sur ce sujet, encore très polémique, qui m'a d'ailleurs conduit, comme je l'ai rappelé, à écrire ce " dictionnaire ". Toutefois, je tiens à avancer une fois encore ma " définition du touriste ", qui ne serait pas celle de l'OMT : TOURISTE (DÉFINITION DU) : Dans le cadre de la

science du tourisme, je formule un concept qui s'éloigne de la définition de l'OMT (le touriste doit passer une nuit au moins hors de son environnement habituel, ce qui exclut de fait les excursionnistes - visiteurs de la journée - et les touristes de proximité) : - On fait un acte touristique lorsqu'on fait une dépense touristique, mais on devient touriste dans la durée, c'est-à-dire rarement moins d'une journée toute entière. - Le touriste fait donc plusieurs dépenses touristiques, soit directement auprès des établissements ad hoc, soit indirectement par le biais des parents ou des amis qui l'hébergent. - Les touristes sont donc associés, de près ou de loin, à l'industrie touristique, c'est-à-dire à une activité marchande lato sensu répertoriée dans la comptabilité nationale. - L'évaluation des flux de touristes internationaux par l'OMT n'est pas remise en cause par cette définition, car on peut admettre qu'il s'agit simplement de visiteurs passant au moins une nuit hors de leurs pays d'origine.

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En guise de conclusion générale, Après avoir formulé le vœu de faire publier au plus vite ce que j'appelle, Le Dictionnaire utile du Tourisme, je désire insister encore sur la nécessité pour toutes nos formations au tourisme et en hôtellerie, notamment celles qui se situent au niveau supérieur, de promouvoir la " culture du tourisme ". Le secteur du tourisme est toujours économiquement très porteur malgré les ombres qui se profilent et, parallèlement aux institutions, dont l'OMT, des villes et des États, dont justement la Tunisie, qui militent ardemment pour le développement et la promotion des activités touristiques, je pense sincèrement que les formateurs, dont je suis, ont un rôle majeur à jouer. Je le déclinerai rapidement selon les trois axes suivants : 1. Promouvoir une " culture du tourisme " qui soit à la fois un champ d'études professionnalisées, supérieures et même universitaires incontournable. 2. Permettre l'émergence d'emplois qualifiés qui structurent le secteur à l'instar de tous les autres secteurs économiques. 3. Contribuer à la revalorisation éthique et matérielle des métiers du tourisme.

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COMPTE- RENDU de Gilles FERREOL, Professeur de Sociologie à l’Université de Franche-Comté Jean-Michel Hoerner et Laurent Prat, « LA FAMILLE FENOUILLARD FAIT SON TOURISME », " Farce " présentée à Perpignan le 8 mars 2008 et dans l'ex-cathédrale Saint-Louis de Carthage (Tunisie), le 15 mars 2008. Jean-Michel Hoerner, ESSAI SUR LA FAMILLE FENOUILLARD, Nîmes, " CirVath ", 2008. Résumé : La " farce " de Jean-Michel Hoerner et de Laurent Prat, La famille Fenouillard fait son tourisme, s'inspire de la bande dessinée de Christophe de 1893 qui, à bien des égards, est prémonitoire du tourisme de masse. Abstract : The farce by Jean-Michel Hoerner and Laurent Prat, The Fenouillard Family Goes sightseeing, is inspired by the comic strip written by Christophe in 1893 which in certain respects foreshadowed mass tourism.

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Jean-Michel Hoerner, professeur à l'Université de Perpignan, et Laurent Prat, comédien et metteur en scène (" Théâtre chez soi " de Perpignan), nous livrent ici avec bonheur une transcription théâtrale, sous forme de " farce " et dans la grande tradition de la Commedia dell'Arte, de l'une des toutes premières bandes dessinées françaises, La famille Fenouillard, dont l'œuvre complète - publiée chez Armand Colin en 1893 et régulièrement rééditée depuis - a pour auteur un scientifique chevronné, sous-directeur du laboratoire de botanique à la Sorbonne et répondant au pseudonyme de Christophe. Dans sa belle préface, Alain Sebban souligne à juste titre qu'un tel album, " aux dessins rustiques mais aux textes ciselés, caustiques et remplis d'humour " (p. 6), est à bien des égards prémonitoire car il anticipe une critique décapante du tourisme de masse, de ses travers et de sa " frénésie illusoire " (p. 7). Les principaux personnages sont particulièrement truculents : Agénor, père bonasse, bonnetier de son état et inséparable d'un parapluie rouge ; Léocadie, épouse épanouie et souvent imprévisible ; Artémise et Cunégonde, adolescentes espiègles ; Guy Mauve, enfin, ancien médecin de la Navale, quinquagénaire perfide, près de ses sous, manipulateur et mégalomane, sorte de savant démiurge qui, par ses talents d'hypnotiseur, fait " voyager ", à l'image " d'animaux hibernants " tombant en " léthargie ", cette famille picarde si pittoresque, originaire de Saint-Rémy-sur-Deule et représentative de la petite bourgeoise commerçante, parmi les Sioux, les trappeurs canadiens ou bien encore dans les montagnes himalayennes, au Japon, en Papouasie, au Moyen-Orient et en Andalousie. - 92 -

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À travers ces escapades rocambolesques, rendues possibles par une imagination débordante, les Fenouillard lorgnent désespérément vers les classes les plus aisées de l'époque et n'hésitent pas à s'assimiler aux " civilisés " face aux " sauvages ". D'autres dérives ont pris, de nos jours, le relais, Jean-Michel Hoerner évoquant dans sa conclusion les dangers d'une " fuite en avant ", d'un " travestissement de la réalité " et d'une " barbarie pateline " (pp. 135-136), associant " individualisme " et " relativisme ".

Note de la rédaction : Gilles Ferréol, qui a vu la " farce " et qui, naturellement, connaît l'histoire des Fenouillard, a eu la bonne idée de confondre les " deux œuvres ". Pouvait-il alors échapper à la perception partisane de Jean-Michel Hoerner ?

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CARACTÉRISTIQUES DES

« CAHIERS INTERNATIONAUX DU TOURISME »

Direction : - Rédactrice en chef : Anne-Marie Mamontoff, Université de Perpignan Via Domitia.

- Directeur de la publication : Alain Sebban, Président du Groupe Vatel et du CirVath.

- Secrétaire de rédaction : Claudie Carrère, Université de Perpignan Via Domitia.

- Infographiste : Patricia Decret, Assistante de Direction du Groupe Vatel.

Comité de lecture : - Maurice Blanc Université de Strasbourg.

- Michel Cadé Université de Perpignan Via Domitia.

- Jean-Claude Deschamps Université de Lausanne.

- Gilles Ferréol Université de Franche-Comté.

- Jean-Michel Hoerner Université de Perpignan Via Domitia.

- Anne-Marie Mamontoff Université de Perpignan Via Domitia.

- Henri Magne Groupe Vatel.

- Alain Sebban Groupe Vatel. c CirVath - Les Cahiers Internationaux du Tourisme N°2

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Contexte du numéro 2 de la revue scientifique : Ce numéro des Cahiers Internationaux du Tourisme est essentiellement consacré à la Tunisie et s'appuie, notamment, sur la " conférence " de Tunis du 14 mars 2008, " Reprofilage " du Tourisme Mondial, organisée par Abderraouf Tebbourbi, Directeur de Vatel Tunis au sein de l'Université Internationale de Tunis. S'il paraît souhaitable que nos " Cahiers " s'intéressent à la nature du tourisme, aux formations professionnalisées et aux initiatives de recherche propres à un pays, tel que la Tunisie, nous mesurons la difficulté de notre démarche. Nous aurions pu reproduire l'intégralité des interventions et des débats de la Conférence de Tunis, et montrer ainsi que les préoccupations du CirVath ne sont pas uniquement celles d'un groupe de chercheurs chevronnés. Cependant, nous nous serions éloignés de nos objectifs. Nous pensons pourtant que les contributions de cette revue permettent de poursuivre le " débat " que nous voulons instaurer sur la nécessité de recherches appliquées aux formations professionnalisées de tourisme et d'hôtellerie.

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