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La génétique italienne hors des sentiers battus Amyly (Allen par Progress) a été sacrée championne du 59e Concours national de la Frisonne italienne aux accents du Nessun dorma, de Giacomo Puccini, chanté par Pavarotti. Grand moment, quasi religieux ! La Foire internationale du bovin laitier de Crémone, en Lombardie, est bien, quatre jours durant en octobre, le lieu sacré de la génétique italienne. La crise laitière, avec un litre à moins de 30 centimes d’euro pour un coût de production de 40 centimes, passerait presque au second plan. Reportage un an avant le concours européen de Crémone.

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Un optimisme indéfectible semble régner au sein du consortium italien Semenzoo créé il y a tout juste vingt ans. Année magique en Europe, s’il est en : « C’était en 1989 », tient à préciser Andrea Battistotti, directeur général de l’entreprise. Née à l’origine de l’union de Semenitaly et de Elpzoo, sociétés auxquelles se sont joints à partir de 1991 les centres de testage d’Intermizoo, de CIZ et de Genetica 2000, Semenzoo sait habilement mener deux batailles commerciales qui pourraient sembler antagonistes. « Toutes les entreprises qui sont à l’origine de Semenzoo sont concurrentes sur le marché intérieur italien. Mais, à l’exportation, nous sommes unis comme les doigts de la main », résume Andrea Battistotti. De fait, avec un million de doses de semence de taureaux Hols-

tein exportées dans cinquante pays en 2008, Semenzoo défend plutôt bien les intérêts de la génétique laitière italienne. « Nous testons en moyenne 350 taureaux Holstein par an, plus une vingtaine de Brown Swiss. Notre premier marché est l’Europe, principalement l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne et la France ». La société, basée à Reggio Emilia, en Émilie-Romagne, appuie sa démarche sur des animaux de qualité. « Les deux taureaux Holstein les plus importants en Italie sont Mtoto dont la carrière a duré de 1998 à 2003, et Boss Iron qui est mort en 2006. Avant cela, dans les années 90, il y avait eu Skywalker qui a donné de formidables mères de taureaux. On pourrait aussi parler de Shottle, né en Angleterre, de Ford et de Britt ».

« Toutes les entreprises à l’origine de Semenzoo sont concurrentes sur le marché intérieur italien. Mais, à l’exportation, nous sommes unis comme les doigts de la main », assure Andrea Battistotti, directeur de Semenzoo.

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Aujourd’hui, pour Semenzoo, « Active est sans aucun doute le taureau numéro un, même si Scooby-Duu est le plus vendu, suivi par Fibrax, Ralstorm et Prince, qui sont les taureaux les plus demandés à l’étranger. Si tant est que l’on puisse établir un classement ! D’un taureau à un autre, la différence en nombre de doses de semence vendues est infime ».

Taureaux « fuori linea » Plus certainement, au moment crucial du choix du géniteur par l’éleveur, le critère lait semble devancer celui de la conformation de l’animal. « L’Italie satisfait cette attente, confirme Andrea Battistotti. Dans les années 90, nous avons gagné trois fois les concours européens Holstein prenant en compte la production laitière et la morphologie des animaux. C’est le résultat d’un travail de sélection génétique commencé dès les années 30 avec l’importation des États-Unis, et surtout du Canada, d’animaux vivants. Nous avons repris ce travail à partir de 1960, puis dans les années 70 plus particulièrement avec les Canadiens, parce que nous recherchions du type. Enfin, dans les années 80, où cette fois nous avons fait appel à beaucoup de sang étatsunien pour améliorer le paramètre de la production laitière ». La génétique italienne, vue de Semenzoo, se sent pousser des ailes. La crise traversée par la production laitière en Europe n’a pas modifié les plans de l’entreprise. À ceci près qu’elle annonce avoir réduit de 20 % le prix de la dose de semence. « Mais, étant donné que nos ventes augmentent dans la même proportion, rien n’est perdu », commente Andrea Battistotti. Semenzoo a conquis de nouveaux marchés en 2009 : « Nous sommes maintenant présents en Bulgarie, en Iran et en Chine. Nous sommes en croissance en Égypte et en Turquie ». En définitive, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes s’il n’y avait ce sentiment partagé par Semenzoo et d’autres entreprises transalpines, qu’« au plan international, l’index d’évaluation Interbull continue de défavoriser les taureaux italiens. Pour bien faire comprendre aux éleveurs et à tous ceux qui se pas-


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sionnent pour la génétique que cette organisation fait fausse route, nous montrons les produits de nos taureaux à nos clients. Et là, le verdict en notre faveur tombe très vite ». L’entreprise italienne fait aussi valoir l’« excellente réputation de qualité », établie depuis longtemps, de ses animaux, et que l’un de ses points forts est de savoir éviter toute consanguinité par le recours à des géniteurs fuori linea. Autrement dit, sortis des sentiers battus.

Éliminer les gaspillages La crise qui affecte la production laitière en Italie n’est pas une affaire à prendre à la légère. Chez Intermizoo – 500 000 doses de semence commercialisées par an – 90 % Holstein, 10 % brune –, Domenico Sartore, le directeur général, note que « si les éleveurs recherchent des croisements qui leur donnent des vaches avec plus de viande, ce n’est pas le fait du hasard. D’autre part, la majorité des éleveurs italiens ne placent pas la morphologie des animaux en tête des critères de sélection. Ils préfèrent miser sur

« Chez Intermizoo, on commercialise 500 000 doses de semence par an – 90 % Holstein, 10 % brune », note Domenico Sartore, le directeur général d’Intermizoo.

la santé et la résistance. Pour des raisons faciles à comprendre : la quasiabsence de pâtures dans les exploitations, une alimentation basée sur le maïs ensilé et manquant de foin, des sols d’étables en ciment à l’origine de pathologies aux pieds des vaches,

des températures ambiantes parfois élevées. Bref, des stress nombreux qui expliquent que la moyenne des vêlages se situe entre deux et deux et demi ». Le secteur de la génétique laitière lui-même ne devrait pas passer au travers de la crise. Domenico Sartore

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LA GÉNÉTIQUE ITALIENNE HORS DES SENTIERS BATTUS

« Il y a deux ans, l’instabilité des index a défavorisé la génétique italienne par rapport à la génétique américaine », précise Dante Parietti, sire analyst de l’Ente Lombardo per il Potenziamento Zootecnico (Elpzoo).

prédit une restructuration des centres d’insémination, aussi parce qu’« il faudra bien éliminer les gaspillages. En Italie, quatre ou cinq centres testent entre 60 et 100 taureaux par an, mais il en existe qui n’ont que 20 à 30 taureaux à l’essai ». Avec 80 à 100 géniteurs dans son centre de San Dona di Piave, à une trentaine de kilomètres de Venise, Intermizoo estime être armée pour affronter les temps troublés d’aujourd’hui. L’entreprise dispose d’un réseau de dix partenaires et de vingt agents dans toute l’Italie. Sa part de marché atteint 9 % dans un contexte très concurrentiel. « Il y a les autres sociétés italiennes, mais surtout les Américains et les Canadiens qui, depuis 2005, contrôlent 60 % du marché ». La partie est serrée. « Nous avons deux taureaux importants qui peuvent faire la différence : Ford et Iron. Et d’autres qui sont là en sou-

tien, comme Elayo Red, très apprécié en France, Watha et Active ».

Évaluation génomique Le poids dominant de la génétique nord-américaine dans les élevages en Italie est, certes, le résultat d’un « marketing important. Et il faut dire que ça compte », estime de son côté Dante Parietti, sire analyst de l’Ente Lombardo per il Potenziamento Zootecnico (Elpzoo) – office lombard de développement zootechnique. Mais pas seulement : « Il y a deux ans, l’instabilité des index a défavorisé la génétique italienne par rapport à la génétique américaine. Ce ne sont pas nos taureaux qui ne sont pas bons, mais la méthode ! ». Elpzoo, connu aussi sous l’appellation de Zorlesco, du nom du village où est installée l’entreprise près de Lodi, en Lombardie, espère bien « récupérer

le marché car la production italienne n’a pas cessé de s’améliorer ». La part de marché de la société atteint 10 %. Zorlesco teste soixante taureaux par an et vend 800 000 doses de semence Holstein (plus de 90 % de l’activité) et Brune. En 2008, elle a passé un accord avec New Generation Genetics, dans le Wisconsin, plus important centre américain de génétique Brown Swiss. Zorlesco place Zeling en tête de ses reproducteurs Holstein, « pour sa capacité à produire des vaches faciles à vêler et à la santé robuste ». Derrière, il y a Rubentrop, Gallery, Zerbino. « Nous avons aussi Birman, le seul fils d’Integrity aujourd’hui à l’essai en Italie, et Dollar, le premier taureau pour la mamelle ». Dans le but de procéder à une évaluation génomique des jeunes reproducteurs et des mères de taureaux, l’entreprise participe aux programmes Prozoo avec le Parc technologique de Padanie, à Lodi, et Selmol (Selezione molecolare) au plan national. « Dans les deux cas, résume Dante Parietti, il s’agit d’analyser l’ADN de chaque animal afin de déterminer ses qualités. Selmol est financé depuis 2007 et jusqu’en 2010 par le ministère des Politiques agricoles et forestières. Prozoo bénéficie du soutien financier de la Fondation Cariplo, qui est notre propriétaire ». Dans son histoire, dont le premier chapitre a été écrit en 1953, Zorlesco présente cette originalité d’avoir été fondée par une banque régionale, la Cariplo – Cassa di Risparmio delle Provincie Lombarde, Caisse d’Épargne des Provinces Lombardes – avant de passer entre les mains de la fondation du même nom, chargée de la gestion du patrimoine de la banque. L’entreprise collabore également avec le Consorzio Lombardo per le Prove di Progenie

Semenzoo et la France Et la France, dans tout ça ? « La France reste un grand et bon marché, car il y a beaucoup de vaches laitières ». Toutefois, « nous sommes confrontés à une politique de protection du produit national assez compréhensible, ajoute Giuseppe Beltramino, en charge du marché français, ce à quoi nous répondons qu’une bonne génétique suppose de puiser à la fois à l’intérieur de son propre pays et de s’ouvrir sur l’extérieur. » L’exportateur italien reproche surtout aux Français d’« accorder trop

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d’importance à Interbull, qui ne fait rien d’autre que massacrer l’Italie. Comment imaginer que des reproducteurs tels que Scooby Duu, Mtoto, Prince, pères de taureaux en Italie et ailleurs, ne soient pas utilisés en France parce que le système français ne les considère pas bons ! ». Il faut se rendre à l’évidence : « Les taureaux italiens sont sous-estimés par les unités de sélection françaises. Ils sont mis de côté. Ce qui ne manque pas d’être paradoxal, poursuit Giuseppe Beltramino, quand

on sait que des éleveurs ont dans leur troupeau des vaches issues de la génétique italienne ». En réponse à cette situation, Semenzoo choisit d’adopter pour ses produits un profil « marketing » original. « Nous essayons de faire comprendre à nos clients potentiels qu’un taureau doit d’abord être choisi en fonction de l’index de son pays de provenance. Tout le monde connaît la valeur de notre génétique. Là, au moins, on est sûr de ne pas se tromper ! »


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Holstein Québec attaque le marché italien Holstein Québec disposait pour la première fois d’un stand à la foire de Crémone. L’association, forte de 5 300 membres, souhaite renforcer la présence des génétiques québécoise et canadienne en Italie. « Nous avons fait le voyage de l’Italie pour vendre des embryons, domaine dans lequel nous connaissons un certain succès, explique Marcel Martin, président de Holstein Québec. Depuis 2003, nous avons multiplié par trois le nombre de nos embryons vendus dans le monde ». En 2008, l’association québécoise a commercialisé entre 4 000 et 5 000 embryons, propriété de ses éleveurs, hors des frontières du Canada. Principalement en Europe – Belgique, France, Italie, RoyaumeUni, Scandinavie – et en Chine. Très appréciée – on estime que 70 % des animaux canadiens ayant la meilleure valeur génétique se trouvent au Québec –, la génétique québécoise ne devrait pas avoir de mal à trouver des clients en Italie. « Nous ne sommes pas des inconnus les uns par rapport aux autres. Dès les années 50, on livrait des femelles vivantes aux Italiens, rappelle James Peel, directeur général de Holstein Québec. Les éleveurs italiens adorent la génétique et les vaches laitières. Ils sont fiers, plus acheteurs que vendeurs. S’ils ont une belle vache, ils la gardent ! » Les Québécois ont compris qu’à côté des embryons, les

Holstein Québec a fait le déplacement en Italie pour vendre des embryons.

Italiens sont toujours intéressés par les animaux vivants, « des génisses de 15 à 17 mois confirmées gestantes à 60 jours ». À destination de l’Italie, l’association a donc en vue un schéma qui associerait animaux vivants et embryons, la solution des animaux vivants étant la moins risquée pour l’éleveur, « parce qu’il peut voir l’animal », explique James Peel. Côté prix, « la fourchette, très large, pour une génisse avec un bon pedigree, peut aller de 4 000 à 10 000 dollars canadiens (1). Entre 30 000 et 50 000 dollars canadiens pour une génisse exceptionnelle. Un embryon de grande qualité coûte de 4 000 à 6 000 dollars cana-

(CLPP) – Syndicat Lombard de Testage des Descendants –, et un groupe d’une dizaine d’éleveurs, à la sélection des meilleurs sujets. La nécessité économique consistant à atteindre un haut niveau de production laitière et la profondeur des animaux figurent parmi les critères dominants chez Zorlesco. « Il ne faut pas que l’éleveur cesse de dépenser de l’argent pour féconder artificiellement ses vaches », souhaite Dante Parietti, même si la crainte d’un tel renversement de situation ne semble pas pour demain. Dans la plaine du Pô, la restructuration des exploitations se poursuit et les élevages grossissent. Le troupeau moyen est désormais constitué de 150 à 200 vaches. Nous testons entre 450 et 470 taureaux au total, dont 20 % dans les races à viande, explique Fabio Lusetti, directeur général de Semenitaly. Nous avons vingt-huit reproducteurs sélectionnés. »

diens. Mais l’éleveur devra prendre un lot de quatre embryons afin de s’assurer la naissance d’une femelle », ces prix étant donnés dans une conjoncture marquée par une « forte demande, souligne Marcel Martin, donc susceptible d’augmenter ». Holstein Québec insiste également sur l’importance prise par la nutrigénomique. « Elle va nous permettre d’éliminer les caractères néfastes des animaux. C’est une étape de plus pour éviter les problèmes que peut poser la consanguinité ». Un dollar canadien = 0,63 euro.

Semence sexée Le discours consistant à comparer le nombre de vaches laitières et celui des centres de testage de taureaux pour dire que ceux-ci sont trop nombreux est aussi celui que tient le Consorzio per l’Incremento Zootecnico (CIZ), syndicat pour le développement zootechnique. L’entreprise créée en 1949 à San Miniato, près de Pise, d’abord société de services devenue commerciale en 2004, « travaille à travers les associations provinciales d’éleveurs », observe son directeur, Primo Betti, ce qui lui autorise une proximité certaine avec les élevages. La CIZ dispose de deux centres de sélection, en Toscane et en Émilie-Romagne, où elle teste entre 70 et 80 taureaux. Elle peut compter sur 94 points de vente répartis dans toute la péninsule pour écouler chaque année un million de doses de

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LA GÉNÉTIQUE ITALIENNE HORS DES SENTIERS BATTUS

Dirigée par Camillo Cannizzaro (à droite), la Cooperativa di servizi e approvvigionamenti agricoltori di Milano (Cosapam) est depuis 1974 le distributeur exclusif pour l’Italie des produits de World Wide Sires (WWS).

semence Holstein et 300 000 doses de semence Brune. Selon Primo Betti, « au moment du choix, l’éleveur veut d’abord des animaux ayant une belle morphologie. La santé vient après. Dans l’ordre, des reproducteurs comme Scooby-Duu, Alimax, Yoriko, Enoc et Edern sont sans doute les meilleurs taureaux que nous ayons. Edern est encore jeune, mais il apporte beaucoup de qualités pour le fitness, c’est-à-dire la santé de ses descendants ». Dans la cour du géant de la génétique italienne Semenitaly, on observe que « l’éleveur tient surtout à baisser ses coûts de production pour améliorer la productivité de son activité ». Cela ne l’empêche pas de se tourner vers la génétique américaine au prix « trois fois

supérieur à la semence italienne », souligne Fabio Lusetti, directeur général de l’entreprise. « Mais c’est ainsi ! Le mythe américain continue de fasciner les éleveurs ». Avant de devenir Semenitaly en 1987, l’entreprise de sélection basée à Modène a d’abord vécu dans le giron de l’association des éleveurs de la province de cette ville d’ÉmilieRomagne. Puis, au début des années 2000, elle s’est organisée autour de deux centres de fécondation capables de produire un million et demi de doses de semence de taureau : 700 000 doses Holstein et de race à viande à Reggio Emilia, et 800 000 doses Holstein à Modène. « Nous testons entre 450 et 470 taureaux au total, dont 20 % dans les races à viande, explique Fabio

Lusetti. Nous avons vingt-huit reproducteurs sélectionnés. » Après avoir pris le contrôle de Genetica 2000 et commencé, en 2005, à représenter les intérêts de la société Alta Genetics, Semenitaly considère détenir une part de marché de 25 % en Italie. L’entreprise de sélection de Modène met en avant « trois taureaux particulièrement intéressants : Lecciso pour la production de lait, Fibrax, en tête pour le chiffre d’affaires, qui est notre reproducteur le plus complet – pieds, articulations, mamelle, longévité – ; et Turiddu, très complet également. Chez Genetica 2000, il y a Ralstorm pour la longévité, TKO et Teatro pour la morphologie. Chez Alta Italia, Wildman et Baxter qui réunissent production et morphologie, et Outbound. » Pour Fabio Lusetti, le catalogue des trois marques peut répondre à toutes les attentes de l’élevage : « La production de lait avec Alta Italia, la morphologie chez Genetica 2000 et l’ensemble des critères avec Semenitaly ». Cette année, l’entreprise a mis sur le marché la première dose sexée de semence de taureau. À cet effet, elle a créé la marque Fœmina – mot qui signifie “genre féminin” en latin – pour commercialiser sa production. « Beaucoup de nos taureaux sont déjà disponibles avec une matière séminale sexée. C’est le cas de nos principaux reproducteurs, à l’exception de Teatro ». Semenitaly a revu l’organisation de la production. La totalité de la semence de taureau, y compris à destination des races à viande, est maintenant produite à Modène, soit un million et demi de doses. Tandis que le centre de Reggio Emilia s’est vu attribuer la mission de produire

Genesi Project mise sur la Holstein scandinave Claudio Mariani semble un homme heureux. Genesi Project, créée par un groupe de vétérinaires en 1997, a plusieurs de ses indicateurs à la hausse. « Nous savons nous diversifier », commente celui qui s’occupe de la semence de taureaux au sein de la société. Genesi Project, à Castelnovo Sotto, en Émilie-Romagne, a l’exclusivité de Viking Genetics, qui teste 300 taureaux Holstein au Danemark et en Suède. L’entreprise vend de la semence de 120 géniteurs Rouge suédois et Rouge danois, et de 60 taureaux Jersiais danois. À cela s’ajoutent dix Red Holstein et dix Charolais en testage au Danemark.

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« Au total, dit Claudio Mariani, nous devons être à cinq cents taureaux ». Genesi Project, qui n’a décidément pas les deux pieds dans le même sabot, propose aux éleveurs adeptes du croisement des races laitières – Montbéliarde, Holstein, Rouge suédoise –, le programme rotationnel Procross imaginé par Viking Genetics et Coopex Montbéliarde. En parallèle, la société de Castelnuovo Sotto a aussi la distribution exclusive de 75 taureaux Holstein en testage chez Xenetica Fontao, centre de sélection de Galice, en Espagne, de même que la vente de taureaux Holstein italiens avec un programme de tes-

tage, et celle de géniteurs français de Dynam’is. « Nous commercialisons 100 000 doses de semence en Italie, dont 55 000 Holstein. Mais cette année, la Holstein et la Montbéliarde vont augmenter. On offre maintenant tout le catalogue de Coopex ». En fait, selon Claudio Mariani, il n’y a rien d’extraordinaire à cela. « Les éleveurs retiennent désormais la fertilité et la longévité comme critères déterminants de choix. Nous apportons le sang de la Holstein scandinave aux caractères plus fonctionnels, dont la sélection a commencé en 1972. Avec des lignes très différentes des autres pays. C’est la raison de notre succès. »


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150 000 doses de semence sexée. L’entreprise italienne annonce son intention d’entrer dans Eurogenomics où elle retrouvera, entre autres, l’UNCEIA et la néerlandaise CRV. Semenitaly veut apporter son expertise à la définition d’une population européenne de référence dans la race Holstein, avec à terme la réalisation d’index génomiques à la précision et à la fiabilité toujours plus élevées.

16 caractères morphologiques par animal Luca Zago, directeur technique de Novagen, risque une de ces images qui parlent aux Italiens et plus encore à l’Émilie-Romagne, région natale de la Scuderia Ferrari : « La génétique, c’est comme une voiture de course en Formule 1. L’évolution technique est permanente. La génomique, l’étude de l’ADN qui débouchent sur la connaissance des caractères des animaux sont le dernier exemple de pas en avant permis par la science ». L’entreprise établie à Podenzano, près de Plaisance (Émilie-Romagne), ne croit pas une minute que la nouvelle donne économique, conséquence de la crise laitière, puisse en quoi que ce soit conduire les éleveurs à sacrifier leurs plans de sélection. « La génétique n’est pas menacée. Sur 100 euros dépensés dans le bilan d’un élevage, la génétique ne coûte qu’un euro ! ». Distributeur en Italie de plusieurs entreprises de sélection – CRV (Pays-Bas), CRI (États-Unis), Gènes Diffusion et Amélis –, Novagen projette de distribuer ses propres taureaux Holstein. « Nous avons vingt reproducteurs testés », affirme Luca Zago. Chaque année, la société commercialise 150 000 doses de semence, la moitié en provenance des États-Unis. « Nous proposons comme service aux éleveurs le plan d’accouplement de CRI. En 2008, nous l’avons appliqué à plus de 50 000 vaches en Italie. Dans la pratique, pour chaque animal, seize caractères morphologiques sont évalués sur une échelle de un à neuf. L’éleveur choisit les taureaux et nous intervenons comme conseil, avant et après, pour examiner les nouvelles génisses et réévaluer celles qui vêlent pour la seconde fois ». Toystory, reproducteur américain, fils de BW Marshall, classé en deuxième position aux États-Unis, est le taureau de tête de Novagen. « Nous utilisons aussi Super, un fils de Boliver, qui deviendra

probablement le premier taureau américain à partir de janvier 2010. Nous aimons bien le français Rothéneuf, de la famille de Mtoto, père de taureaux aux États-Unis. On fait appel à lui depuis trois ans. » Active dans la santé animale, l’entreprise de Plaisance a présenté à la foire de Crémone le Bio Ozotech, une molécule à base d’ozone avec laquelle elle aimerait bien entrer sur le « marché français. Un marché plutôt difficile », selon Luca Zago. Le recours à l’ozone comme désinfectant et produit d’hygiène n’est pas en soi une nouveauté. « Mais personne n’a réussi à stabiliser la molécule et à la rendre apte à des applications zootechniques, en particulier dans les phases de la reproduction et de la traite ». Dans la gamme de produits utilisant le Bio Ozotech, Novagen met en avant le Riger, un spray pour l’hygiène utérine et vaginale, la cicatrisation des tissus et des blessures, qui ne laisse aucune trace résiduelle dans le lait et la viande.

Le mythe américain L’Amérique continue de faire rêver. Sur le stand de la Cosapam, son directeur général, Camillo Cannizzaro, accueille les visiteurs dans un anglais parfait, poursuit la conversation dans cette langue et ouvre un catalogue dont la couverture est occupée par la bannière étoilée des États-Unis. La Cooperativa di servizi e approvvigionamenti agricoltori di Milano (Cosapam) est depuis 1974 le distributeur exclusif pour l’Italie des produits de World Wide Sires (WWS). WWS gère la carrière de reproducteur de quinze des vingt-cinq meilleurs taureaux américains. « Nous distribuons aussi, à travers WWS, la semence de la société allemande Masterrind », précise Camillo Cannizzaro. En 2008 en Italie, grâce à la Cosapam et à ses deux agents en Émilie-Romagne et dans le Latium, World Wide Sires a commercialisé 260 000 doses de semence de taureaux testés, représentant un chiffre d’affaires de 5,5 millions d’euros. « 99 % de nos ventes concernent la race Holstein ; la Brown Swiss et la Jersiaise se partagent le reste. Notre part de marché pour le nombre de fécondations enregistrées atteint 15 %. Tous nos résultats sont en hausse depuis trois ans », commente Camillo Cannizzaro. Nonobstant la crise, la coopérative milanaise affirme avoir réalisé, au terme du premier semestre de cette année, 80 % de ses ventes de 2008 : « La demande de semence des meilleurs taureaux aug-

Pour Luca Zago, directeur technique de Novagen : « La génétique n’est pas menacée par la crise. Sur 100 euros dépensés dans le bilan d’un élevage, la génétique ne coûte qu’un euro ! »

mente et il y a au moins une raison. Les éleveurs italiens doutent de leur système de sélection depuis qu’à la fin de 2004 l’Anafi a introduit un schéma où les taureaux de tête changent tout le temps ». Dans les élevages, le nombre de plans d’accouplement mis au point par la coopérative enregistre une croissance exponentielle. De 100 en 2004, ils sont passés à 360 en 2008 et devraient dépasser 400 cette année. « À la différence de nos concurrents sur le marché, nos plans ne sont pas gratuits. Nous les facturons 150 euros par an, plus un euro par vache. L’année suivante, nous accordons une remise d’un euro pour chaque achat de semence de 20 euros effectué l’année précédente. Si l’éleveur le souhaite, nous pouvons introduire dans un plan des reproducteurs qui ne sont pas chez WWS ». Gianluigi Meloni, vice-président de la Cosapam, confirme que pour la représentante italienne de World Wide Sires, l’« activité est satisfaisante. Dans l’ordre, Million (Outside et BW Marshall), Planet (Taboo et Amel) et Blitz sont nos principaux taureaux. Mais nous avons en réserve de futurs champions, comme Sanchez (Stormatic et BW Marshall), Bronco (O Man et BW Marshall) et Alexander (Stormatic et Patron) ». Dominique-J. Lefebvre

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Crémone

Amyly au sommet du temple de la génétique italienne Amyly (Allen par Progress) a été sacrée championne du 59e Concours national Holstein aux accents du Nessun dorma, de Giacomo Puccini, chanté par Pavarotti. Grand moment, quasi religieux !

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194 animaux, présentés par soixante éleveurs, ont participé le 24 octobre, à Crémone (Lombardie), au 59e concours national de la Frisonne italienne organisé par l’Anafi – Associazione Nazionale Allevatori di razza Frisona Italiana. À l’issue du concours, le juge Massimo Capra, directeur de la Coopérative des éleveurs de frisonnes italiennes (Cafri), à Crémone, a estimé avoir été séduit par cinq vaches : les championnes junior et senior, de même que la seconde senior ; la championne des vaches de six ans et sa réserve. « La qualité générale du concours a été supérieure à celle de l’an passé », a observé Massimo Capra, qui s’est dit impressionné par la catégorie des vaches de trois ans senior et celle des six ans. Massimo Capra a préféré Toc-Farm Allen Amyly à Bonnyfarm Veronique, comme grande championne du National, pour « le bel équilibre de sa partie antérieure, le fait que son abdomen et son thorax se confondent, donnant l’impression d’une grande harmonie et d’une maturité supérieure. J’ai beaucoup hésité », a précisé Massimo Capra, auquel la beauté de la mamelle de Bonnyfarm Veronique n’a pas échappé. Toc-Farm Allen Amyly, âgée de sept ans, remporte donc pour la seconde fois, après sa victoire en 2007,

le titre envié de Campionessa della Mostra de Crémone. Le juge a retenu Zanaboni Goldwyn Chiara ET TL comme championne de réserve des jeunes vaches pour « son équilibre, sa mamelle de très grande qualité, malgré une ossature assez pesante ». Il a désigné All. Mulino Mtoto Fininvest (Mtoto par First) comme championne de réserve chez les vaches adultes parce qu’« à neuf ans, cette vache mérite notre respect. Je ne lui vois aucun défaut, a-t-il souligné. Sa mamelle est belle et bien tenue. Mais sans doute manque-t-elle un peu de grinta » – le mordant ! Quant à la mention d’honneur des jeunes vaches, elle est revenue à M.E. Dal Stormatic Ilma ET (Stormatic par Rudolph), un animal auquel l’avenir appartient, selon le juge : « Très complet, avec beaucoup de style. Certes, avec un manque d’ouverture au niveau du thorax, mais avec la quasicertitude d’une évolution favorable ».

Veronique, la grande classe ! Une immense émotion a une nouvelle fois saisi Gianni Chiappini, éleveur à Ghedi, dans la province de Brescia (Lombardie), quand Veronique a été

Amyly (Allen par Progress) a été sacrée championne du 59e Concours national Holstein

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« La qualité générale du concours a été supérieure à celle de l’an passé », a observé Massimo Capra, le juge de Crémone. Il s’est dit impressionné par la catégorie des vaches de trois ans senior et celle des six ans.

choisie par le juge comme championne de réserve. Chez les frères Chiappini, des éleveurs descendus de Saviore dell’ Adamello, à 1 200 mètres d’altitude dans la montagne lombarde, jusqu’à Ghedi dans la plaine, on n’a jamais fait autre chose qu’élever des vaches. « Des Brunes, au tout début, avec lesquelles on transhumait, puis des Holstein, en 1970, parce que nous voulions plus de lait. Alors, nous avons commencé avec 25 vaches du Danemark et un taureau ! » Aujourd’hui, chez les Chiappini – Alberto, Mario et Gianni –, cinquième génération d’éle-

Gianni Chiappini avec Veronique, championne réserve de Crémone.


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PALMARÈS CRÉMONE

Réserve grande championne : Bonnyfarm Veronique (Goldwyn x Leader x Astre) à Chiappini Alberto, Giovanni e Mario S.S. - Ghedi (BS)

veurs, l’exploitation laitière baptisée Bonnyfarm produit 22 000 quintaux de lait avec 200 vaches. « Nous livrons le lait à la Cooperativa lattiera Soresina, à Crémone, pour fabriquer du grana padano. Le lait nous est payé 28 centimes le litre avec un taux protéique de 3,45 et de 3,80 pour la matière grasse. En fait, déplore Gianni Chiappini, c’est la grande distribution qui achète le fromage qui fixe le prix du lait ! ». 80 % de ce qui est donné aux vaches sont produits sur la ferme. « Le maïs, le sorgho et le blé sont en rotation. Nous cultivons une trentaine d’hectares de luzerne et du ray-grass. Au total, nous avons 150 hectares de cultures. » La ration des vaches comprend 21 kilos de maïs trinciato, 10 kilos de sorgho ensilé, 0,5 kilo de paille, 1,5 kilo de luzerne, 1,5 kilo de farine de soja, 4 kilos de farine de maïs, 3 kilos de maïs humide,

Mention honorable : Zanaboni Goldwyn Chiara ET TL (Goldwyn x Lee x Storm) à Donzelli Cecilio - Chieve (CR)

1,5 de graines de coton et 2,5 kilos d’une préparation de vitamines et de minéraux. « J’étais tout gosse quand la passion de la génétique m’a pris. Elle ne m’a jamais quitté, raconte Gianni Chiappini. Même si j’ai vite découvert que dans ce domaine un plus un ne font jamais deux. Dans notre histoire rien n’a été facile. On nous a abattu trente vaches à cause de la brucellose. Je suis aussitôt allé en Allemagne en acheter de nouvelles avec beaucoup de sang canadien. » Entre 1982 et aujourd’hui, l’éleveur a effectué une vingtaine de voyages au Canada et aux États-Unis. Toujours pour la même raison : « Voir de beaux taureaux, des élevages, parler à des éleveurs. Je me disais à chaque fois que si eux y arrivent, pourquoi pas moi ! ». Gianni Chiappini avoue, à travers une phrase mystérieuse « aimer la nouveauté, mais préférer quand même

la certitude ». À Bonnyfarm, Shottle, chez ABS, a la préférence avec Laurin, de World Wide Sires. Million, un fils de Outside, est également apprécié, comme Goldwyn (par Leader), mort cette année. « Goldwyn était le père de ma championne Veronique. Un taureau fabuleux ! » Gianni Chiappini énumère les qualités de la vice-championne de Crémone, classée septième vache en Italie pour l’indice génétique : « Une vache pour le spectacle, c’est-à-dire le plaisir des yeux, mais aussi une excellente productrice de lait. Une mamelle d’artiste qui touche à la perfection. Des pieds et des articulations exceptionnels. Un cou long. Une grande vache de plus d’1,70 mètre, qui peut nous rappeler les vaches d’autrefois, toute la classe des animaux d’aujourd’hui en plus. » D.-J. L.

Palmarès du 59e Concours national Championne Toc-Farm Allen Amyly (Allen par Progress) à Filippo, Ilaria et Attilio Tocchi, éleveurs dans la province de Grosseto (Toscane). Championne de réserve Bonnyfarm Veronique (Goldwyn par Leader)

à Alberto, Giovanni et Mario Chiappini, éleveurs à Ghedi (Lombardie).

Meilleure mamelle jeunes vaches Bonnyfarm Veronique.

Mention d’honneur Zanaboni Goldwyn Chiara ET TL (Goldwyn par Lee) à Cecilio Donzelli, éleveur à Chieve, dans la province de Crémone (Lombardie).

Meilleure mamelle vaches adultes Toc-Farm Allen Amyly.

Prix beauté et utilité : Rubens Gaia (Rubens x Lee x Mtoto à l’Azienda Agricola Campo di Merlo Dott. Azelio Marsicola (R.)

64 TYPEX N°90 DÉC. 2009 - JANV. 2010

Réserve championne adulte : All.mulino Mtoto Fininvest (Mtoto x First x Bellwood) à la Societa’ Agricola AL.BE. RO. S.R.L. - Piacenza (PC)


Teatro RF Tom Teatro ET TV TL RF - DE000349652618 - aAa 213465 - Talent-imp x Durham x Formation

Nouveau leader pour le type et la mamelle

Teatro Farina BP82

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Teatro Erta BP84

Ferme du Ban ~ Ban ~ 42320 Farnay ~ France T. 04 77 73 79 97 ~ F. 04 77 73 79 98 ~ www.semenzoo.fr ~ semenzoo.fr@wanadoo.fr

Teatro Erta BP84


PRoFESSion

Semen Italy

Lancement du sexage de la semence Semen Italy a mis le cap sur le sexage de la semence de taureaux Holstein. La coopérative a investi dans quatre machines situées à Bibbiano près de Crémone. Un pari pour l’avenir.

A

Après Select Sires, ABS, CRV, Alta, Semex, Accelerated genetics, TWG et Umotest, l’Italien Semen Italy rejoint le club fermé des producteurs de semences sexées qui utilisent la technologie Sexing Technologie. La gamme de semences sexées va porter le nom de Foemina, et Semenzoo France va commercialiser une large gamme de géniteurs. « Notre laboratoire sera doté de quatre machines de troisième génération », souligne Cinzia Casali, responsable du laboratoire. Les performances sont au rendez-vous : la semence est traitée à la vitesse

de 90 km/h, l’appareil peut prendre 45 000 décisions par seconde. 7 à 8 doses sont produites chaque heure avec 90 % de pureté, le labo fonctionnant 5 jours par semaine et 24 heures sur 24. La technique, on la connaît : elle utilise des appareils qui portent le nom barbare de cytofluorimètre à flux. Elle repose sur un principe simple : les spermatozoïdes porteurs du chromosome X (qui va générer une femelle au moment de la fécondation) contiennent 3,8 % d’ADN en plus. Ensuite, on injecte deux types de colorants : l’un qui se fixe à l’ADN sans abîmer

Après Select Sires, ABS, CRV, Alta, Semex, Accelerated genetics, TWG et Umotest, l’Italien Semen Italy rejoint le club fermé des producteurs de semences sexées qui utilisent la technologie Sexing Technologie.

la paroi des cellules, l’autre de couleur rouge qui pénètre dans les cellules mortes. Ensuite, le liquide passe à travers une aiguille où une lumière laser est appliquée, sa forme particulière permet à tous les spermatozoïdes d’être exposés à la même intensité lumineuse. En fonction de la quantité de lumière émise, à savoir qu’un spermatozoïde contenant un chromosome X sera plus lumineux, on ajoutera une charge électrique dans le spermatozoïde : une charge négative pour les cellules X, une charge positive pour les Y. Au final, un champ électrique permet de faire le tri entre les spermatozoïdes porteurs d’un chromosome X et ceux porteurs du Y. Les cellules mortes sont, bien entendu, à part. En règle générale, l’objectif est avant tout de trier les cellules X des autres : « On

7 à 8 doses sont produites chaque heure avec 90 % de pureté, le labo fonctionnant 5 jours par semaine et 24 heures sur 24.

Questions-réponses sur la semence sexée Que trouve-t-on dans une dose de semence sexée Foemina ? Elle contient 2,1 millions de spermatozoïdes, dont 90 % sont des spermatozoïdes X. Comment reconnaître une paillette Foemina ? Par son format puisque toutes les paillettes sont des mini. La couleur : les paillettes sont rose vif. Enfin les informations inscrites comportent deux lignes de chiffres et de lettres. Sur la première, on peut lire

22 TYPEX N°89 ocT. - Nov. 2009

277 STSEX FEM 9.0. Le chiffre 277 correspond au numéro du laboratoire italien, numéro que lui a confié l’entreprise propriétaire de la technologie. Le reste signifie semences sexées femelles avec 90 % de pureté. Sur la seconde ligne, on peut lire la date de production, le numéro du laboratoire, le numéro d’identité du taureau et son nom. Qu’est-ce qui différencie le système italien ? « Notre laboratoire est situé sur le

site même d’une taurellerie et à moins de 40 minutes d’un autre. Nous pouvons aller vite et travailler sur de la semence fraîche. Ensuite, nous avons choisi de faire travailler les quatre machines en même temps sur la semence d’un taureau. Une fois que l’éjaculat est retraité, on nettoie l’appareil de fond en comble. Ce mode opératoire nous apporte des garanties en matière sanitaire », assure le docteur casali. D’autre part, la sélection des taureaux correspond à un cahier des charges précis : à savoir


profession

Semen Italy : lancement du sexage de la semence

que l’éjaculat à la base doit avoir des propriétés physiques particulières. « La qualité des spermes à sexer doit être au-dessus de la normale », poursuit la scientifique. Au passage, les taureaux candidats au sexage de la semence ont bien entendu réussi la batterie de tests sanitaires nécessaires à un taureau de station. La mobilité, la vitalité, la morphologie des spermatozoïdes sont contrôlées lorsque la semence est fraîche. Une fois qu’elle est congelée, on vérifie la mobilité, la concentration ou l’intégrité des spermatozoïdes. Au final, la paillette de semence sexée ne conduit pas à la conception d’embryons avec des anomalies. « D’ailleurs, il y a une traçabilité parfaite. On conserve toutes les données enregistrées ». Si tout ce protocole et ce processus garantissent un produit sain et conforme aux standards de qualité, la technique d’insémination doit être elle aussi exemplaire. Pourquoi avoir recours à la semence sexée ? Si la semence sexée a largement été mise en avant par les différentes unités de sélection en 2008, cet effet semble retomber. Semen Italy mise beaucoup sur le produit et ses effets positifs pour les éleveurs, mais attention, ce type de paillette ne peut être mis entre toutes les mains, ni être

réservé à toutes les femelles : « Les meilleurs résultats sont concluants dans les élevages qui ont un bon niveau de management général. La qualité de la détection des chaleurs est notamment un élément important. Ensuite, si l’on insémine les vaches, il faut impérativement choisir celles qui sont les plus saines et les plus fécondes », poursuit Giovanni Ramella, responsable du programme de sélection. Dans les autres pays, les résultats sont sans équivoque : 90 % des veaux nés sont des femelles. Mais attention, il faut aussi s’attendre à une chute du taux de conception de l’ordre de 14 % par rapport à une semence traditionnelle. « Si l’on compare les niveaux de réussite des IA, l’efficacité de la semence sexée est de l’ordre de 80 % par rapport à celle de la semence traditionnelle », assure le responsable. L’intérêt d’avoir des femelles est multiple. Premièrement, il intervient au niveau des vêlages qui sont plus faciles lorsqu’il s’agit de la naissance d’une femelle. Une étude hollandaise l’a montré : seulement 5 % des naissances de femelles sont difficiles. Pour la mise bas de mâles, 13,4 % sont réputées difficiles. Une mise bas difficile pénalise ensuite la mise en route de la lactation, avec à la clé des pertes de lait. En utilisant de la semence sexée, il faut s’attendre à une hausse des performances de

Le laboratoire est doté de quatre machines de troisième génération.

pourrait, en fonction des besoins de tel ou tel marché, trier les spermatozoïdes Y, mais pour être pleinement efficace, la machine sélectionne l’un ou l’autre des spermatozoïdes. Soit on

24 TYPEX N°89 oct. - nov. 2009

conserve les cellules X et le reste est supprimé, soit c’est les Y et le reste est éliminé. Le logiciel tourne à vitesse maximale si l’on sélectionne les spermatozoïdes X ou Y, pas les deux à la

production des primipares. « L’avantage de la semence sexée doit aussi permettre de choisir les meilleures mères pour concevoir les animaux de renouvellement. Sans semence sexée, un éleveur insémine toutes ses femelles en espérant la naissance de suffisamment de femelles pour renouveler. Avec la semence sexée, il peut les choisir. Il augmente ainsi la pression de sélection sur son troupeau. En choisissant les femelles et les mâles, les facteurs d’amélioration sont importants », commente pour sa part Lucio Obici. Si le gain technique semble plus facile à percevoir, qu’en est-il en matière financière ? « Dans la production d’une génisse, les études montrent que le coût de la semence est marginal. Le coût de la semence traditionnelle représente 1,70 % du coût de production d’une génisse (NDLR : lire tableaux). Pour la semence sexée, on arrive à 5 %, ce qui reste marginal. Le coût d’alimentation et les charges fixes sont les postes les plus importants. Sur un troupeau de 50 vaches, le différentiel est de 4 000 euros en faveur du choix de la semence sexée. Cet écart repose sur la valeur du cheptel obtenu, à savoir qu’un petit mâle n’a pas ou peu de valeur marchande contrairement à une petite génisse », constate le directeur commercial de Semen.

fois », poursuit la scientifique. Bref, la production de semence sexée est un processus technologique et industriel complexe. « Au final, 20 à 30 % des spermatozoïdes sont conservés, ce qui veut dire qu’entre 70 et 80 % sont éliminés. Le processus de sexage est donc loin d’être anodin, ce qui fait au passage de la paillette de semences sexées un produit différent de celui de semences traditionnelles. La pureté de la paillette est de 90 % ; techniquement on pourrait faire mieux, mais il s’agit du meilleur compromis entre pureté et prix. Les cellules mortes sont éliminées », assure-t-elle. Ensuite, le liquide est réfrigéré puis congelé. Bien entendu, le niveau de qualité des semences est de nouveau contrôlé après congélation, où l’on vérifie notamment la mobilité des spermatozoïdes. E.L.D


Profession Semen Italy : lancement du sexage de la semence

Fertilité : résultats d’une étude américaine Réussite en 1re IA

Réussite en 2e IA

Réussite en 3e IA

Semence conventionnelle

56 %

53 %

44 %

Moyenne 56 %

Semence sexée

45 %

42 %

36 %

45 %

Comparaison efficacité

80 %

79 %

82 %

80 %

Comparatif du coût de production d’une génisse inséminée avec de la semence sexée et avec de la semence traditionnelle Valeur génisse Alimentation (1,34 € /jour) Main-d’œuvre Coût fixe Frais vétérinaires Total

Semence conventionnelle Semence sexée

Génisse inséminée avec de la semence traditionnelle 350 € 980 € 130 € 310 € 100 € 1 870 € Prix moyen de la dose 22 € 55 €

DAIRY SHOW 2 0 1 0

Génisse inséminée avec de la semence sexée 350 € 994 € 122 € 314 € 100 € 1 890 €

Taux de réussite de l’IA 68 % 55 %

Nombre moyen de doses nécessaires à la fécondation 1,4 1,8

9th European Open Holstein Show

VERONA 4-7 FEBRUARY 2010 PLANILLO SEPTEMBER SARA Grand Champion 2009

Per informazioni ed iscrizioni/Information & Enrolement

www.dairyshow.ue

A.P.A. Verona - Via Archimede, 10 - 37036 S. Martino B.A. Tel. +39 045 991126 - Fax +39 045 8780912 e-mail: dairyshow@apa.vr.it

OCT. - NOV. 2009 N°89 TYPEX 25


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