WE DEMAIN INITIATIVE

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Octobre 2012

Le magazine des entrepreneurs qui inventent le monde de demain

LE “SEA ORBITER” DE JACQUES ROUGERIE

WE DEMAIN INITIATIVE

En 2020, on ne construira que des immeubles à énergie positive.

Le téléphérique qui libère les favelas.

L’explosion démographique vue de l’espace. L’éolienne qui change l’air en eau. des va-nu-pieds.

L’université

Le métal le plus léger du monde.

Maria Nowak, la prêtresse du microcrédit en France. Cradle to Cradle, le recyclage parfait. Ce supplément ne peut être vendu séparément

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INITIATIVE ÉDITO

L’entreprise en première ligne pour le monde de demain Isabelle Lefort

C’est un fait. Qu’il s’agisse de grands groupes industriels, de PME ou de PMI, les entreprises sont de plus en plus nombreuses aux côtés des individus à s’engager sur la voie d’une économie durable et solidaire. Souvent, c’est une poignée de pionniers, d’hommes et de femmes, d’entrepreneurs, de cadres, d’autodidactes, de chercheurs, d’inventeurs, qui ouvrent la voie de la 3e révolution industrielle. L’innovation naît de la contrainte. Changement climatique, crise économique, crise financière, révolution numérique, mondialisation croissante : il faut sortir de la stagnation. C’est pourquoi nous vous proposons avec We Demain, le magazine We Demain Initiative : afin de partager avec vous les initiatives de ces hommes, de ces entreprises qui mènent des projets remarquables. Il y a toujours deux façons de voir le monde, comme un verre à moitié vide ou à moitié plein. Nous, nous voulons le voir en positif, en toute transparence, sans masquer les faiblesses ou les qualités de tel ou tel projet, mais en montrant comment, ici et là, chacune de ces entreprises tente d’inventer un futur bien commun. Nous partageons le même rêve, la même vision : créer demain les conditions d’un monde où l’on pourra mieux vivre.

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Quatre marques ont choisi de suivre le projet WE DEMAIN, elles expliquent dans cette page leur engagement, elles nous accompagneront dans notre développement

Objectif : 100 % Ecoconception l’être humain et la nature Depuis 1921, les laboratoires Weleda s’emploient à développer et commercialiser des préparations pharmaceutiques, diététiques et des produits de soin du corps élaborés sur la base de l’approche anthroposophique qui place l’humain au cœur de la démarche thérapeutique. Dans chaque produit Weleda, les substances naturelles sont récoltées dans le respect de l’environnement. Pour Patrick Sirdey, président du directoire, “ ce qui importe aujourd’hui pour un entrepreneur, ce n’est pas de produire le superflu, mais de revenir à l’essentiel, fabriquer ce dont les gens ont besoin. Contribuer à l’amélioration du bien commun et non l’inverse ”. Weleda est engagé pour préserver la biodiversité de sa région et soutient le collectif Colibri de Pierre Rabhi, en faveur d’une sobriété heureuse.

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Philippe Joffard, président du groupe Lafuma est un homme à l’écoute, conscient que le respect de l’environnement est une obligation pour l’industrie. Petit-fils de l’un des trois frères fondateurs de la marque, chef d’entreprise averti, il a le goût du journalisme, des livres et de la nécessité d’accompagner, voire d’anticiper les mouvements de société. “ Les premières initiatives environnementales du groupe ”, explique Laurent Noca, “ datent de 1992, suivies en 1998 par l’engagement avec le WWF et la mise en œuvre du premier programme d’éco-conception. Depuis, que ce soit dans les lignes design du mobilier outdoor, les sacs à dos, les collections de vêtements, la fourrure polaire recyclée, tous nos produits sont élaborés et fabriqués pour que leur cycle de vie aient un impact minimal sur l’environnement. Lafuma vient ainsi de concevoir un logiciel capable de quantifier et notifier de manière scientifique l’ensemble des données de la chaine de production. Résultat : dés l’an prochain, le groupe sera capable de fabriquer le premier sac 100 % ecoconçu. ”

INITIATIVE PARTENAIRES PIONNIERS

“ Le sens de l’humain ” “ L’avenir est ouvert ” Econocom est le premier groupe européen de services de gestion des infrastructures IT et télécoms aux entreprises. En tant que signataire du Pacte Mondial des Nations Unies, Econocom recherche des solutions face aux conséquences inéluctables de la croissance mondiale. Pour Véronique di Benedetto, directrice générale adjointe Econocom, “ L’avenir est ouvert. La vision de We Demain est claire, optimiste. Elle rejoint nos préoccupations. Dans notre rapport annuel, nous exprimons nos valeurs aussi au travers des images. Elles créent une intimité, un choc qui plus qu’un mot dit l’essentiel. Nous avons besoin d’être entourés de beauté. Pour Econocom, l’innovation fait partie intégrante de notre modèle. Les pionniers tracent la voie, j’ai envie qu’Econocom soit de cette aventure. Nous voulons être porteurs d’idées nouvelles, échanger des informations. Aujourd’hui, dans le domaine du numérique, tout va très vite, les transformations ne suivent pas les pyramides classiques de la hiérarchie. Tout le monde peut échanger, chaque salarié peut entrer en contact direct avec les sources d’informations. De nouvelles méthodes de travail plus collaboratives se développent. Nous sommes au cœur d’une profonde mutation. ”

Jean Valli, le président fondateur d’Entagos en est convaincu “ L’efficacité économique est intimement liée au comportement éthique et transparent de l’entreprise ! ” Connu sous le nom de Valpaco, ce papetier indépendant a décidé de changer de nom en ENTAGOS (intégrer en grec) pour matérialiser son engagement dans les métiers d’avenir. N°1 sur le le marché européen du Paper Management, il achète 350 000 tonnes de papier par an, gère un sourcing européen de plus de 100 prestataires audités et référencés. Pour lui, s’engager à réduire son impact sur l’environnement est impératif. Fortement investi dans la filière, Entagos s’engage à préserver l’écosystème en tant que signataire de la charte de la Médiation Interentreprises. Sa politique TCO (Total Cost Owmnership) conduit le groupe à optimiser son empreinte carbone sur l’ensemble de la chaine (de l’approvisionnement papier - plus de 60 000 tonnes de stocks papier -, l’impression, le transport et la distribution. Entagos dispose ainsi d’une activité dédiée au développement durable, avec les certifications FSC et PEFC. Le groupe est, par ailleurs, agréé ADEME et développe la pratique d’évaluation des bilans carbone pour l’univers des arts graphiques.

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INITIATIVE SOMMAIRE

p. 10Initiative université Bunker Roy a tout quitté pour créer l’université des va-nu-pieds Il y a quarante ans, Sanjit Bunker Roy a fondé en Inde une université consacrée aux plus démunis. Clélia Vallier, Nigel Dickinson p. 16Initiative transport Big Poma à la conquête des villes Poma, une entreprise grenobloise, métamorphose l’espace urbain dans le monde entier. Isabelle Lefort p. 22Initiative immobilier “Dans 20 ans, nous ne construirons que des immeubles à énergie positive” Éric Mazoyer, directeur général délégué de Bouygues Immobilier, explique pourquoi et comment sa société a choisi de construire des bâtiments à énergie positive. Interview : François Siegel p. 28Initiative Business School La complexité économique illustrée Deux universitaires démontrent de quelle façon la complexité économique est annonciatrice de richesse. François Roche p. 32Initiative écoconception Made in 100 % recyclable William McDonough et Michael Braungart sont les initiateurs du Cradle to Cradle, ou recyclage à l’infini. David Amar p. 36Initiative imagerie L’explosion démographique vue de l’espace Des images exclusives témoignent de l’évolution de cinq mégapoles sur vingt ans. Charles Faugeron

p. 42 Initiative consultant “Les entrepreneurs se doivent d’anticiper et modifier en profondeur leur vision” Maximilien Rouer, avec sa société BeCitizen, défend le modèle d’une économie positive auprès des chefs d’entreprise. Isabelle Lefort

Bunker ROY

p. 46 Initiative recherche Le métal le plus léger du monde Composé à 99,9 % d’air, le dadelion ouvre des perspectives nouvelles pour l’industrie automobile et l’aérospatiale. Liv Howlett

POMA

Bouygues immobilier

ATLAS de la complexité

CRADLE TO CRADLE

EADS ASTRIUM

DADELION

MAXIMILIEN ROUER

EOLE WATER

SEA ORBITER

CARTIER ID TWO

MARIA NOWAK

p. 48 Initiative énergie Marc Parent, le puisatier du ciel Cet autodidacte est l’inventeur du Water Maker System, qui transforme l’air en eau. Prune Boucheron p. 50 Initiative horlogerie À la recherche du temps parfait La majorité des complications horlogères datent du xixe siècle. Mais certaines manufactures cherchent toujours à innover. Hervé Gallet p. 56 Initiative entreprise sociale La grande dame des petits crédits Le parcours et l’action de Maria Nowak, fondatrice et présidente de l’Adie, qui a introduit le microcrédit en France. Lysiane J. Baudu p. 60 Initiative exploration 20 000 yeux sous les mers Le nouveau projet de l’architecte naval Jacques Rougerie : le Sea Orbiter, un vaisseau qui embarquera scientifiques et internautes à son bord. Charles Faugeron 9

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INITIATIVE université

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bunker roy a tout quitté pour créer l’université des va-nu-pieds Clélia Vallier Photos : Nigel Dickinson

— son barefoot college accueille depuis 1972 les indiens gagnant moins d’un dollar par jour et ne détenant aucun diplôme. Aujourd’hui, il existe une vingtaine d’établissements dans tout le pays, qui forment notamment des femmes venues d’afrique et d’asie. —

« J’ai bénéficié d’une éducation très élitiste, snob, très coûteuse en Inde et cela m’a presque détruit. J’étais prêt à devenir docteur, diplomate, professeur, tout était écrit d’avance. Et puis, on ne le dirait pas aujourd’hui, mais j’ai été champion national de squash pendant trois ans. » C’est ainsi que Sanjit Bunker Roy, 67 ans, aime à se présenter. « Le monde entier était à ma portée, tout était à mes pieds. Rien ne pouvait mal tourner. Et puis j’ai eu envie, par curiosité, d’aller voir le monde et à quoi ressemblait un village. En 1965, je me suis rendu dans l’État du Bihar, où sévissait une famine catastrophique. J’ai vu des gens mourir de faim. Cela a changé ma vie. » Lorsque Bunker Roy retourne chez ses parents et annonce qu’il veut vivre et travailler dans un village, sa mère manque de s’étrangler. Mais de ce jour, Bunker Roy ne faiblit pas. Il fait le choix de consacrer sa vie à ceux qui vivent avec moins d’un dollar par jour. Son histoire n’est pas sans évoquer la légende de Siddharta Gautama, l’Éveillé. Pendant cinq ans, Sanjit se consacre à creuser des puits dans le Rajahstan. En 1972, il a l’idée de fonder la première « université des va-nu-pieds ». Son ambition : permettre aux plus démunis, à ceux qui sont exclus du système éducatif indien, d’apprendre ce qui leur semble important. Aujourd’hui, quarante ans après sa création à Tilona, dans le Rajasthan, plus de 75 000 personnes ont été scolarisées au Barefoot College.

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INITIATIVE tRanspoRt

© DR

depuis novembre 2010, le tramway aérien de new yorK relie roosevelt island À manHattan en trois minutes.

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big poma à la conquête des villes Isabelle Lefort

— de new york à rio de janeiro, la société grenobloise Poma, leader mondial du transport par câble, métamorphose l’espace urbain. Elle désenclave les quartiers les plus pauvres et réduit de façon drastique l’impact du transport sur l’environnement. —

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“Dans 20 ans, nous ne construirons que des immeubles à énergie positive” Interview : Francois Siegel

— éric Mazoyer est le directeur général délégué de Bouygues Immobilier. Depuis le Grenelle de l’environnement, c’est lui qui pilote l’entreprise sur la voie de la 3e révolution industrielle. Demain, les immeubles se parleront entre eux. —

© Jessica David

INITIATIVE Immobilier

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WE demain INITIATIVE : Dans son livre, la 3e révolution industrielle, Jeremy Rifkin cite Bouygues Immobilier en exemple des entreprises innovantes. Comment s’est opéré le virage des immeubles à énergie positive ? éric Mazoyer : Il y a cinq ans, nous

avons eu l’idée de fabriquer un immeuble qui consomme le moins possible. Les obligations nées du Grenelle de l’environnement sont devenues pour nous une opportunité, le moyen de prendre une avance concurrentielle. J’ai réuni autour de moi une équipe de quatre personnes. Notre mission : inventer un nouveau modèle de construction qui consomme le moins d’énergie possible, voire qui en produise. L’objectif ? Nous libérer de toutes les procédures et contraintes habituelles. Nous n’avions que trois obligations à respecter : maintenir le confort des habitants, bâtir à coût égal et satisfaire aux standards internationaux. Qu’est-ce qu’un immeuble à énergie positive ? Em : C’est un immeuble qui consomme

très peu d’énergie et qui en produit. Pour y parvenir, nous avons passé au prisme du bon sens l’ensemble de la construction, pour abaisser peu à peu le coût énergétique. Nous avons travaillé sur trois fondamentaux. En premier lieu, l’écoconception, pour optimiser le plan de masse, et l’orientation du bâtiment, pour profiter au mieux des vents et de l’ensoleillement. Nous avons aussi réduit l’épaisseur des murs ; c’est tout bête, mais si un immeuble mesure 6 mètres de largeur, il a moins besoin de lumière artificielle qu’un immeuble qui en fait 18. La deuxième famille pour consommer moins, c’est la technologie. Jusqu’à présent, nos manières de concevoir des immeubles

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“la vie d’un bâtiment varie en fonction des éléments extérieurs – météo, ensoleillement, jour ou nuit – et des éléments intérieurs, comme la présence ou l’absence des occupants sur tel ou tel plateau.”

étaient monolithiques ; aujourd’hui, grâce aux technologies de pointe, en particulier les capteurs infrarouges, nous pouvons rendre les immeubles intelligents. Les adapter, voire les piloter en temps réel. Un bâtiment n’est jamais statique, sa vie varie en fonction des éléments extérieurs – qu’il s’agisse de la météo, de l’ensoleillement, du jour ou de la nuit – et des éléments intérieurs, comme la présence ou l’absence des occupants sur tel ou tel plateau. Dans la journée, les commerciaux ont vocation à partir en rendez-vous à l’extérieur. Contrairement à l’équipe comptable qui, de facto, est sédentaire. Pourquoi ne pas affiner notre répartition énergétique ? De la même manière, si dans l’aprèsmidi l’ensoleillement vient réchauffer la façade ouest, pourquoi ne pas réguler et compenser avec la façade est ? Enfin, la troisième famille, c’est la convergence de l’information entre celui qui occupe le bâtiment et son propriétaire. Prenons l’exemple d’une voiture très légère, très économe a priori, si elle est conduite par un chauffard qui ne cesse d’accélérer, elle va consommer beaucoup d’énergie. Mais si la voiture ne possède pas de compteur, l’automobiliste ne pourra réguler sa vitesse. Il en va de même pour un bâtiment. Un immeuble, c’est comme un corps humain, lorsque l’on fait converger l’ensemble des informations, on place le consommateur au cœur de la consommation énergétique. On donne des

outils pour piloter. Et l’information est adressée tout autant à l’utilisateur qu’au propriétaire et au constructeur. Le logiciel que nous avons développé, Si@go, est une véritable boîte noire de l’immeuble. Il capte tous les points d’information, intègre ces données, puis fonctionne comme le pilote automatique de l’A 320. En phase 1, en fonction des évolutions du bâtiment, il régule l’énergie. Cela peut paraître de la préhistoire, mais peu de constructions fonctionnent sur ce modèle. Si un employé pénètre ou sort de son bureau, l’éclairage s’allume ou s’éteint. S’il entre dans son bureau et qu’il fait grand soleil dehors, l’éclairage se règle en fonction des apports extérieurs en lumière. Si l’après-midi le soleil vient chauffer la façade ouest, comme il aura besoin de très peu de lumière et de chaleur, en temps réel Si@go va faire automatiquement la balance pour déterminer s’il doit baisser les volets, augmenter la lumière ou l’air conditionné, le tout dans une équation de moindre énergie dépensée. Si, en revanche, l’équipe commerciale est partie sur le terrain, il rabat automatiquement les volets. Lorsque l’on réalise ces adaptations à longueur de temps, on économise énormément d’énergie. Il y a cinq ou six ans, les premiers boîtiers agissaient à tout bout de champ ; aujourd’hui, la technologie est parfaitement au point, la temporisation, optimale. En phase 2, Si@go conserve toute l’information pendant la durée du bail, soit neuf ans. Ce qui permet de vérifier si l’utilisateur respecte le cahier des charges. Le logiciel place l’utilisateur au cœur de la problématique. Toutes les dix minutes, on connaît poste par poste la consommation du bâtiment. Ce n’est pas de la science-fiction, ces boîtiers de reporting d’énergie positive sont d’ores et déjà à l’œuvre dans l’immeuble de Steria à Meudon, dont la Scor est propriétaire. Ce Green Office consomme 65 % d’énergie de moins qu’une

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INITIATIVE Business School

La complexité économique illustrée François Roche

© http://atlas.media.mit.edu

— Deux professeurs, Ricardo Hausmann d’Harvard et César Hidalgo du M.I.T., viennent de concevoir L’atlas qui décortique, flux par flux, la mondialisation et démontre que la complexité est annonciatrice de richesse. —

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On nous répète assez tous les jours que le monde est « complexe ». Mais complexe comment ? Ne l’a-t-il pas toujours été ? Comment mesurer le degré de complexité de notre monde et sur quels critères ? Il se trouve que des chercheurs américains n’ont pas été rebutés par la « complexité » de la question. Mais il a tout de même fallu allier les compétences des plus grandes usines à cerveaux des États-Unis, l’université d’Harvard et le MIT Media Lab, pour apporter une vision nouvelle de ce concept de complexité, en se cantonnant au domaine de l’économie. Et dans ce contexte, on découvre que le mot « complexité » est davantage synonyme de richesse que de difficulté. Combinant des masses impressionnantes de données sur le commerce mondial, des années de recherche économique, de nouveaux algorithmes et des outils de visualisation révolutionnaires, les professeurs Ricardo Hausmann d’Harvard et Cesar Hidalgo du MIT ont réalisé un atlas de la complexité économique. Que veulent-ils démontrer ? Que la mesure de l’efficacité économique d’un pays donné ne peut pas s’établir seulement sur la base de la quantité de produits que ce pays exporte, mais doit aussi prendre en compte l’accumulation des connaissances et des technologies nécessaires pour les produire. Les données sur l’économie mondiale permettent de mesurer le volume du commerce, les quantités exportées, leur valeur économique, mais sont incapables de mesurer le degré de connaissances nécessaires pour les mettre au point et les fabriquer. Le simple bon sens permet pourtant de comprendre que plus un pays exporte de produits complexes, plus il dispose de connaissances et de technologies. Mais comment mesurer cette relation de façon plus scientifique, afin d’aboutir à des modèles de complexité économique ? Là était tout l’enjeu de ce travail. Il est clair que la complexité d’une économie est liée à la multiplicité des connaissances qui y sont associées. Pour qu’une économie complexe fonctionne bien, il faut que ceux qui connaissent la technologie, la finance, le design, le marketing, les ressources humaines, l’ingénierie, le droit, soient capables 01 — we demain initiative

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Cesar Hidalgo (en haut) dirige au MIT Media Lab le groupe de macroconnexions en partenariat avec Harvard. – Ricardo Hausmann est directeur du Centre de développement international. Il enseigne à Harvard l’étude de la croissance des pays et des régions du monde. de travailler ensemble et de combiner leurs savoirs pour fabriquer des produits complexes. Il apparaît ainsi que la complexité économique d’un pays est le fruit du mariage harmonieux entre sa capacité de production et l’ensemble des structures et organisations qui permettent de créer de la connaissance. Pour classer les pays selon leur degré de complexité économique, Hausmann et Hidalgo ont commencé par l’examen détaillé de la structure de leurs exportations, ce qui donne une assez bonne idée de leurs capacités industrielles, technologiques et commerciales. Et pour chaque produit, ils examinent le nombre de pays qui sont capables de le produire. C’est en mêlant ces informations et à l’aide d’algorithmes savants

qu’ils ont calculé pour chaque pays un index de complexité économique, un indicateur précieux de son potentiel de développement futur. Quelques exemples : peu de pays produisent des équipements d’imagerie médicale (les États-Unis, l’Allemagne, le Japon), mais ces pays produisent aussi beaucoup d’autres équipements de haute technologie. On peut en conclure qu’ils ont un degré de complexité économique fort. À l’inverse, beaucoup de pays exportent du bois en rondins, ce qui indique que la complexité d’une telle opération est faible. Peu de pays produisent des diamants bruts, mais est-ce un indicateur de la complexité économique de ces pays ? Non, car beaucoup d’entre eux ne produisent rien d’autre, ce qui montre que la production de diamants n’exige pas une somme considérable de connaissances et de technologies, sinon les pays producteurs exporteraient aussi des biens plus sophistiqués. Sans grande surprise, l’Atlas de la complexité économique révèle que les pays les plus « complexes » sont les États-Unis, les pays d’Europe, le Japon, suivis de près par la Chine, la Thaïlande, la Malaisie, Singapour et la Corée du Sud. Pourquoi cette notion de complexité économique est-elle importante ? Parce que, selon les auteurs de l’atlas, les pays dont la complexité économique est élevée tendent à enregistrer des taux de croissance plus significatifs que les pays dont la richesse est trop importante par rapport à leur niveau de complexité, ce qui est le cas notamment de pays qui vivent de la rente des matières premières, comme la Russie ou certains pays africains. La complexité est donc annonciatrice de richesses futures. u Pour consulter The Atlas of Economic Complexity de façon interactive sur le Net et/ou télécharger en PDF la totalité de l’ouvrage, rendez-vous sur http://atlas.media.mit.edu.

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INITIATIVE écoconceptioN

Made in 100 % recyclable — Inventeurs du Cradle to cradle (C2C), William McDonough et Michael Braungart tentent depuis vingt ans de révolutionner la production industrielle. Leur idée ? Produire, oui, mais comme l’écosystème, et donc recycler à l’infini. Aujourd’hui, plus de 1 000 produits sont certifiés C2C dans le monde. déjà 300 entreprises adhèrent au concept. —

« ne jetez rien, tout ce que nous “jetterons” demeurera »

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© Iscid ; photo de droite : © www.epea.com

David Amar

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Traduit littéralement, Cradle to Cradle (C2C) signifie « de berceau à berceau ». C’est le terme que l’architecte styliste industriel américain William McDonough et le chimiste allemand Michael Braungart, les cofondateurs du mouvement, ont choisi pour faire un pied de nez au paradigme qui consiste à « prendre, produire et jeter », aussi connu sous l’expression « cradle to the grave », du « berceau au tombeau ». Les deux hommes se sont rencontrés en 1991, sur une terrasse new-yorkaise. Visionnaires l’un comme l’autre, ils refusent le diktat écologique qui oppose croissance et écologie. Pour eux, il ne s’agit pas de produire moins, ou de façon indolore, mais bel et bien de renverser le mouvement. Et d’appliquer à la production le principe de l’écosystème. Ils appellent de leurs vœux une révolution industrielle, pour réinventer les processus de création et de fabrication afin de créer une industrie où tout est réutilisé – soit rendu au sol sous forme de nutriments biologiques non toxiques, soit renvoyé à l’industrie sous forme de nutriments techniques, appelés à être recyclés indéfiniment. Dès 1992, ils commencent à travailler ensemble pour définir ce qui, dix ans plus tard, donne naissance à leur manifeste, Cradle to Cradle, remaking the way we make things, vendu à 50 millions d’exemplaires dans le monde, dont 20 millions en Chine. Traduit en 18 langues, le livre n’a bénéficié d’une traduction française que l’an dernier (Cradle to Cradle, créer et recycler à l’infini, éditions Alternatives). Pour les deux hommes, plutôt que de culpabiliser les industriels, ce qui importe, c’est de les convaincre d’adopter l’écoconception. Actuellement, les entreprises prélèvent à la terre ce dont elles ont besoin. Nos déchets partent en fumée ou sont enfouis quelque part. En 2008, la

le World Industrial Design Day avait comme message « Don’t throw anything away, there is no “away” », qu’on pourrait traduire par « Ne jetez rien, car tout ce que nous “jetons” demeurera ». Il faut éliminer le concept même de déchet. Nous l’avons tous entendu au moins une fois : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. L’enjeu est là. un concept : l’écobénéficience

le cycle prôné par le cradle to cradle : il s’agit d’adapter à la production le principe de l’écosystème, donc recycler à l’infini.

France a produit 868 millions de tonnes de déchets dont 359 millions issues des mines, des carrières et du BTP, 90 millions des entreprises et 31 millions des ménages. Chaque année, des quantités toujours plus importantes de matériaux précieux sont perdues à jamais pour l’industrie. En 2010, la campagne publicitaire de Bojan Kristofic et d’Ivan Orin Vrkas pour

Le Cradle to Cradle nous invite à passer de l’« écoefficacité » à l’« écobénéficience », car faire moins mal n’est pas bien faire. Quand l’écoefficacité nous incite à essayer de faire mieux ou plus avec moins pour réduire notre empreinte négative sur l’environnement, l’écobénéficience nous invite à créer une empreinte positive. À l’image de la collection Change de Trigema, marque allemande de prêt-à-porter, qui fabrique tous ses modèles en coton bio ; tout ce qui les compose peut retourner à la terre pour la nourrir. Selon les données de l’ISRIC World Soil Information, dont la mission est d’informer sur l’état des sols, 46,4 % d’entre eux connaissent une baisse importante de productivité, avec des fonctions biologiques partiellement détruites. Un sol riche de grande qualité, c’est-à-dire vivant, est le lieu où doit se trouver le CO2 pour favoriser la biodiversité. Comme le répètent Bill McDonough et Michael Braungart, notre problème n’est pas d’avoir trop de CO2, c’est d’avoir trop de CO2 au mauvais endroit. Il doit être dans le sol et non dans l’air. En France, nous consommons environ 700 000 tonnes de produits textiles par an, tous marchés confondus, de la chaussette à la moquette. Si les industriels du textile contribuaient

William McDonough (au premier plan) et Michael Braungart sont à l’origine du concept de cradle to cradle.

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INITIATIVE imagerie

L’explosion démographique vue de l’espace Charles Faugeron Photos : EADS Astrium

— pékin, Bombay, le Caire, Istanbul, Shanghai : il y a vingt ans, ces villes basculaient dans une nouvelle phase de développement. aujourd’hui, les images exclusives du satellite Spot réalisées par EADS Astrium témoigent de leur expansion : doublement de la population, urbanisation, pollution atmosphérique… —

Le 31 octobre 2011, la population mondiale a officiellement franchi le seuil des 7 milliards d’habitants. En vingt ans, l’Europe est restée stable, mais l’Asie abrite désormais plus de la moitié de la population mondiale (4,3 milliards). 60 % des humains vivent en ville. Parmi les mégapoles les plus attractives, Shanghai et Pékin symbolisent la démesure d’une croissance économique nourrie de fortes migrations rurales et génératrice d’une pollution exponentielle. Il y a dix ans, dans les deux premières villes chinoises, des milliers de marteaux-piqueurs fonctionnaient jour et nuit. La moitié des grues en activité dans le monde l’étaient en Chine. Aujourd’hui,

on estime à 65 millions le nombre de logements vides dans le pays. La bulle immobilière menace l’économie. Les paysages urbains ont été évidemment transformés de façon irréversible : disparition des espaces verts et des habitations traditionnelles à deux ou trois étages avec leurs toits en tuile. À la place, des barres de béton. Comme le montrent les images satellitaires de Spot, Bombay, Le Caire, Istanbul ont suivi le même mouvement. Ce n’est qu’un début. D’ici à 2050, plus de deux milliards d’individus s’installeront dans les villes des pays émergents. Leur intégration sera l’un des enjeux majeurs de cette première moitié de xxie siècle.

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pékin 1990-2011

1990 La capitale chinoise s’étend sur 16 800 km2 et compte 10,819 millions d’habitants. Construite autour de la Cité interdite, la ville a une densité de 47 000 personnes par kilomètre carré. Un habitant sur deux n’a pas accès aux égouts ou à un système efficace d’évacuation des eaux. 2011 La population a doublé : près de 20 millions d’habitants. La ville a grossi au détriment des quartiers historiques, dont la plupart ont été remplacés par des immeubles modernes. Mais 75 % de la population a désormais accès aux égouts et la densité a baissé : 37 000 personnes au kilomètre carré. En revanche, les émissions de CO2 ont doublé pour atteindre 5,3 tonnes par habitant.

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INITIATIVE Consultant

“les entrepreneurs se doivent d’anticiper et modifier en profondeur leur vision” Isabelle Lefort

— cofondateur de la société becitizen, Maximilien Rouer défend le modèle d’une croissance bénéfique pour l’environnement. Une économie positive dont il est le théoricien et le messager auprès des chefs d’entreprise. —

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Maximilien Rouer est un précurseur. Ingénieur diplômé d’AgroParisTech et maître ès biologie cellulaire et physiologie végétale, il a fait un passage chez PriceWaterConsultants, avant de créer BeCitizen en août 2000. Son ambition ? Accompagner les grandes entreprises dans leur transition vers le développement durable. Douze ans plus tard, son cabinet emploie 31 collaborateurs et ses clients vont de l’Ademe, EDF et GDF Suez, Agnès B et Décathlon, au Crédit agricole, la Caisse des dépôts et Schneider Electric. Avec son équipe, il conseille des stratégies de rupture pour inverser l’impact des sociétés sur le climat et l’environnement. « Lorsque je rencontre des entrepreneurs, je les interroge pour savoir si demain leur entreprise résisterait à un baril à 200 dollars. Serait-elle suffisamment robuste si une réglementation interdisait l’émission de C02 ? Ou si était mise en place une fiscalité de l’eau, du sol, de l’air, qui soit 100 fois, 1 000 fois supérieure à celle d’aujourd’hui ? » Durant l’été 2003, Maximilien Rouer commence à élaborer sa théorie de l’économie positive. Alors qu’il réfléchit pour EDF à l’impact du changement climatique, pendant dix jours, la radio annonce quotidiennement le nombre de nouvelles victimes de la canicule. Les scientifiques du climat qu’il consulte au CNRS sont formels : en 2030, cette canicule sera la norme. « À l’époque, explique-t-il, le discours ambiant s’alignait sur le Club de Rome de 1972, affirmant avec le rapport The Limits to Growth qu’au mieux l’économie devait devenir neutre. Ses objectifs étaient totalement dépassés, il fallait aller au-delà. » En 2007, avec Anne Gouyon, associée fondatrice de BeCitizen, il publie Réparer la planète, la révolution de l’économie positive, chez Jean-Claude Lattès. Et depuis, il enchaîne les conférences dans toute la France auprès des chefs d’entreprise. Près de 1 000 à ce jour. Son message est bien accueilli. « Les chefs d’entreprise sont des hommes comme les autres. Pourquoi voudraient-ils œuvrer

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“il ne faut pas se contenter d’être neutre. Dans tous les domaines, on doit inverser les processus pour devenir positif.”

à détruire l’environnement ? Souvent, le problème repose sur le fait que la législation, la réglementation, la course à la performance, la compétition les contraignent à rester dans l’économie négative. » produire positif Sa théorie ? « Il ne faut pas se contenter d’être neutre, mais dans tous les domaines, le bâtiment, l’agriculture, l’énergie ou encore les biens de consommation, inverser les processus et devenir positif. » Pour Maximilien Rouer, la croissance n’est en effet pas nécessairement destructrice d’environnement et de climat, elle peut au contraire être bénéfique : « Nous ne faisons pas de l’argent en 2012 comme on en faisait dans les années 1960 ou 1970, développet-il. Nous avons une vraie responsabilité. Les entreprises doivent produire dans un contexte de changement climatique, de crise de l’énergie et des matières premières. Comment faire pour intégrer ces ruptures dans les business models ? Les entrepreneurs se doivent d’anticiper. Et de modifier en profondeur leur vision. » Les cinq enjeux majeurs de l’économie positive sont de stabiliser le climat, de renouveler et sécuriser les sources d’énergie, de restaurer les matières premières, l’eau et les sols, de renouer avec la santé et de recréer de la diversité. Dans chaque secteur, il est possible de produire positif. « Prenons l’exemple de la toxicité des aliments. Longtemps, les produits

alimentaires n’étaient composés que de matières naturelles, issues de l’agriculture. Aujourd’hui, ce ne n’est plus le cas, puisque le recours à la chimie, sous la forme de liants, de conservateurs, de colorants, d’exhausteurs de goûts, d’épaississants, d’arômes, s’est développé, permettant de réduire les coûts de production. À juste titre, de nos jours le consommateur s’inquiète de la possible toxicité chronique de ces aliments. La science s’emploie à démontrer leurs impacts négatifs sur la santé. Pourquoi la grande distribution ne jouerait pas un rôle actif pour aider à revenir à des produits sains ? » Les achats de « marques distributeur » par les Français totalisent 35 % des ventes du circuit ; pourquoi une chaîne ne se montrerait-elle pas exemplaire ? « C’est le cas de Système U, par exemple, qui a décidé de lancer une vaste opération de retour à des produits sains et d’éliminer progressivement de sa gamme de produits les ingrédients controversés, qui sont plus d’une centaine, au nombre desquels l’aspartame, le bisphénol A, l’huile de palme. » Autre exemple : les villes. « Nous fonctionnons encore sur le modèle prédateur du Moyen Âge, où l’eau, l’alimentation et l’énergie entrantes n’aboutissent qu’à la production toujours plus importante de gaz à effet de serre et de déchets. Aujourd’hui, des centaines d’initiatives émergent pour inverser ce résultat. » Elles prônent le déploiement de plus d’espaces verts, la transformation des toits en jardins potagers ou l’installation de panneaux photovoltaïques, le traitement des eaux usées et le retraitement des déchets dans des chaudières individuelles, in situ. Dans les quartiers, il importe de recréer des espaces mixtes de bureaux, logements et commerces. Mais pas seulement. La conclusion d’une étude menée récemment par BeCitizen est claire : 85 % du gisement d’économies d’énergie réside dans les maisons individuelles, dont 50 % dans celles des petits propriétaires qui en ont hérité ou ont pu acheter, mais n’ont pas les moyens d’entreprendre une rénovation

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INITIATIVE recherche

Le métal le plus léger du monde Liv Howlett

© Revue “Science”

— Mis au point par un groupe de chercheurs américains, le Dadelion, composé de 99,9 % d’air, est appelé à profondément transformer l’industrie. —

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l’image paraît irréelle : comment serait-ce possible ? une plaque d’un métal nommé dadelion, posée sur une fleur de pissenlit (aussi appelé dent-de-lion, dandelion en anglais) ? la photo ne peut être que truquée. et pourtant non, le cliché est fidèle à la réalité. parue pour illustrer l’article annoncant la découverte du métal le plus léger du monde dans la revue Science du 18 novembre 2011, l’image impressionne. c’est un groupe de chercheurs américains de l’université de californie d’irvine, de hrl laboratories et de l’institute of technology de californie qui a mis au point cette prouesse technique.

100 nanomètres de diamètre contre 50 000 à 100 000 pour un cheveu). sa densité est estimée à 0,9 milligramme par centimètre cube, alors que les aérogels les plus légers du monde sont évalués à 1,1 milligramme. sa capacité de résistance aux chocs se révèle également exceptionnelle. cent fois plus léger que de la mousse de polystyrène, le dadelion est composé de 99,9 % d’air pour 0,1 % de métal. il peut être comprimé jusqu’à 50 % de sa taille initiale et retrouver sa forme de départ à la fin de la pression. alors que pour les aérogels (solides à très faible densité), les scientifiques ont toujours estimé la résistance comme aléatoire, la

sa capacIté de résIstance auX chocs se réVÈLe eXceptIonneLLe. IL peut Être comprImé JusQu’À 50 % de sa taILLe InItIaLe.

et aussI FusIon À FroId Le 7 août dernier, le professeur Francesco Celani a fait sensation au NIweek 2012, à Austin. Il a démontré la fiabilité de son réacteur à fusion froide. Allumé le samedi précédent le début de l’événement pendant six heures, il a ensuite été installé sur le stand et a fonctionné de manière ininterrompue pendant plus de cinquantecinq heures, devant 5 000 participants, sous les yeux des ingénieurs de National Instruments. Le point culminant d’excès de chaleur s’est établi à 22 W, puis la stabilisation s’est faite autour de 14 W. Depuis, la communauté scientifique multiplie les tests indépendants. Et la Nasa et Boeing envisagent d’intégrer les LENR-fusion froide à leurs futurs développements, pour un nouvel avion à faibles émissions.

Les YeuX sur mars

clin d’œil au génie français, l’équipe de recherche ne cesse de se référer à gustave eiffel. c’est en observant la tour eiffel que leur est venue l’idée de concevoir ce nouveau matériau. comme pour le golden gate, le pont de san francisco, l’architecture métallique voulue par l’ingénieur français est très aérienne. gustave eiffel a remplacé la fonte par 18 038 pièces de métal plus légères et plus résistantes. la tour n’exerce sur ses fondations qu’une pression de 4,5 kg/cm2. pour se dresser à 324 mètres, la charpente métallique ne pèse pas plus de 7 300 tonnes. « Pour concevoir le dadelion, explique William carter, le responsable de hrl laboratories, nous avons adapté le concept architectural à l’échelle des nanos. » et tobias schaedler, chercheur principal au laboratoire de Malibu, de renchérir : « Notre vision est de révolutionner les matériaux aériens en adoptant les principes de l’architecture dans notre conception. » la structure du dadelion est donc assez proche de la dentelle métallique de la tour eiffel : c’est un treillis tubulaire en nickel-phosphore dont les parois sont mille fois plus minces qu’un cheveu (soit 01 — WE DEMAIN INITIATIVE

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structure ordonnée du treillis métallique à basse densité offre des potentiels de développement très prometteurs. le dadelion pourrait ainsi être utilisé pour fabriquer des électrodes de batteries plus légères, mais aussi plus efficaces. pour l’industrie automobile et l’aérospatiale semblent évidents. d’après lorenzo Valdevit, ingénieur de l’université de californie d’irvin, « nous sommes là en présence d’un matériel cellulaire unique, dont nous pourrons adapter l’architecture du réseau micro. Autre potentialité : pour l’isolation thermique et sonore, il pourrait servir à amortir les chocs ». de la même manière, des structures en dadelion seraient appelées à remplacer les échafaudages en métal très lourd, étant même plus légères que celles en bambous que l’on emploie en asie. si une méthode de production à grande échelle est mise en œuvre pour développer le dadelion, il y a fort à parier que ce nouveau matériau cellulaire unique pourra réduire les besoins matériels dans le monde d’une manière drastique. allégeant d’autant le poids de la production industrielle sur notre planète. à suivre, donc. ◆

C’est un astronome de l’Observatoire Midi-Pyrénées et son équipe qui ont mis au point la ChemCam, alias les yeux de Curiosity. Si, chaque jour, on peut suivre l’évolution du robot, c’est en partie grâce à cet outil révolutionnaire d’exploration, doté d’un laser, d’un télescope et d’une caméra, fruit d’un partenariat entre l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (Irap) et le Centre national d’études spatiales (Cnes). Outre la ChemCam, les Français ont également fourni à la Nasa le chromatographe du SAM-GC, un petit laboratoire embarqué de 30 kilos. Pour suivre l’évolution de Curiosity : www.nasa. gov/mission_pages/msl/index.html.

Les VaccIns par patch Parce que les vaccins par aiguille posent encore nombre de difficultés d’application dans le monde, en raison notamment de l’obligation de les maintenir réfrigérés, le professeur australien Mark Kendall a eu l’idée avec son équipe de bio-ingéniérie de l’université du Queensland d’élaborer un nanopatch. Pas plus grand qu’un centimètre carré, il infuse directement le vaccin dans les zones où les cellules immunitaires sont abondantes et ne nécessite aucune réfrigération. Moins coûteux qu’un vaccin traditionnel, il peut être appliqué par des travailleurs communautaires ou des professeurs. Pour cette découverte, Mark Kendall a reçu le Rolex Award for Enterprise, Science & Health.

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INITIATIVE énergie

Marc Parent, le puisatier du ciel Prune Boucheron

— UN CINQUIèME DE LA POPULATION MONDIALE MANQUE D’EAU. UNE OPPORTUNITé POUR LE WATER MAKER SYSTEM IMAGINé PAR MARC PARENT. SON éOLIENNE QUI TRANSFORME L’AIR EN EAU POURRAIT EN EFFET êTRE UNE DES SOLUTIONS AUX PROBLèMES D’APPROVISIONNEMENT en eau. —

n’ont pas accès à l’eau potable. Son objectif est clair : créer une éolienne capable de produire une eau aux normes de l’OMS. En 1995, de retour en métropole, à Sainte-Tulle près de Manosque, il travaille à son projet, d’abord seul. Cinq ans plus tard, il obtient son premier brevet pour sa machine, le premier puits aérien. Le prototype fait la démonstration qu’il est capable de produire de 70 à 200 litres d’eau par jour, en fonction du vent et de la température. Techniquement, l’éolienne capte la vapeur d’eau qui se trouve dans l’air et la liquéfie par condensation en la faisant circuler dans son mât doté d’un système frigorifique. L’énergie du vent permet de produire l’électricité nécessaire au refroidissement du mat. Par la suite, l’éolienne, indépendante énergétiquement, génère 25 %

d’électricité de plus que nécessaire à son fonctionnement. naissance d’eole water Marc Parent crée sa société, Eole Tech, mais très vite il lui faut passer à l’étape supérieure. En 2008, pour développer le Water Maker System, des amis, l’un ingénieur mécanique à Airbus, l’autre spécialiste en marketing, le rejoignent et investissent dans l’entreprise, renommée Eole Water SA. Ils sont désormais six à se consacrer au projet. L’année suivante, ils se rendent à Abu Dhabi, au World Future Energy Summit (Sommet mondial des énergies nouvelles, WFES), car, ils en sont convaincus, c’est dans les géographies désertiques que la technique dispose du plus fort potentiel d’acceptation. Les deux premiers jours

© DR

Marc Parent grandit dans le sud de la France. L’école n’est pas son fort, il la quitte avant d’obtenir son bac et devient technicien en froid. À 25 ans, les Antilles l’attirent. Il y exerce en tant qu’installateur-réparateur de climatiseurs. Le soir, de retour à son domicile, l’alimentation en eau et en électricité est aléatoire. Sa maison n’est pas raccordée à l’eau de la ville. À un ami propriétaire d’un voilier il emprunte une éolienne portative, qu’il installe sur sa terrasse et qu’il relie à son climatiseur. Sous l’engin, un seau récupère les gouttes d’eau. Stockée dans une cuve, cette eau lui permet de laver son linge en machine. L’idée progresse : pourquoi ne pas voir plus grand et utiliser plus avant les capacités du système de condensation ? Pourquoi ne pas créer de l’eau avec de l’air, grâce à une éolienne ? Le projet devient une obsession. 1,2 milliard de personnes dans le monde 48

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et aussi Bill gates Pour les toilettes du Futur 2,6 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès aux toilettes. On se pince pour y croire, mais c’est vrai. La technique n’avait guère avancé depuis le premier brevet, déposé en 1775 ! Or, chaque utilisation d’une chasse d’eau nécessite 6 litres d’eau. La Fondation Bill Gates a fait de ce problème son prochain combat. Le 14 août dernier, le cofondateur de Microsoft, devenu philantrope engagé, a récompensé trois projets qui annoncent les toilettes du futur. Le premier, enterré dans le sol, fonctionne à l’énergie solaire et produit de l’hydrogène et de l’électricité grâce à l’urine et à la décomposition des matières fécales. L’eau est récupérée et pompée pour rincer les toilettes. Les deux autres projets plebiscités recyclent les excréments en charbon, minéraux et eau. www.gatesfoundation.org.

80 000 cHercHeurs en Île-de-France

de la manifestation, l’accueil est mitigé. Mais dès le troisième jour, le boucheà-oreille fait son œuvre et les visiteurs se bousculent pour en savoir plus. De nouveaux investisseurs rallient l’aventure et injectent 1,4 million d’euros. L’équipe travaille sans discontinuer pour adapter la technologie et augmenter la capacité de 1 000 litres par jour à 10 000 litres. En octobre 2010, les premiers tests en France sont prometteurs. une iMPlantation ProcHaine À duBaÏ La famille royale d’Abu Dhabi propose de mettre un terrain à la disposition de l’entreprise. La 5e génération de Water Maker System entre en phase de test, sans son mât. Les résultats enregistrés lors des relevés entre novembre 2011 et avril 2012 dépassent les attentes : l’éolienne produit 500 à 600 litres d’eau par jour dans cette zone désertique et ils en espèrent 1 300 en zone humide. Les filtres mis en place pour purifier l’eau des pollutions, du sable et du sel, sont au point. La commercialisation du Water Maker System peut commencer. L’éolienne 01 — WE DEMAIN INITIATIVE

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MARC PARENT, FONDATEUR ET P-DG D’EOLE WATER, A INVENTÉ UN SYSTÈME QUI PERMET D’ALIMENTER EN EAU ET ÉLECTRICITÉ LES RÉGIONS DÉSERTIQUES.

attend désormais d’être implantée à Dubaï d’ici à la fin 2012. L’Indonésie, l’égypte, la Nouvelle-Calédonie et les émirats arabes unis sont en discussion pour installer cette technologie dans des régions reculées, où des villages de 5 000 personnes pourraient s’alimenter en eau et en électricité grâce à une batterie de 7 éoliennes. Le Français Spie Oil Gas a signé un partenariat avec Marc Parent et ses coéquipiers. Spécialiste de l’industrie pétrolière, très implantée dans les pays du Moyen-Orient, la société connaît le potentiel du Water Maker System. Comme Thibault Janin, responsable marketing d’Eole Water, le confirme : « Nous sommes désormais au stade où nous avons les preuves de l’efficacité du système, il nous faut transformer l’essai. Les clients sont hésitants, c’est normal. Le premier qui s’engagera entraînera les autres. » Pour installer une éolienne, il faut compter 600 000 à 700 000 euros. ◆

Le saviez-vous ? La région parisienne est le premier foyer européen en nombre de chercheurs et le deuxième au monde. Et comme malheureusement les dépôts de brevets ne suivent pas pour autant, le Centre francilien de l’innovation a pour mission de soutenir les projets émergents. Il aide au financement des PME innovantes et les met en réseau. À titre d’exemple, c’est ainsi que l’entreprise Aqua Tools, initiée par Marc Raymond en 2009, a pu développer son projet d’accessoires de douche et robinets équipés de membranes de microfiltration qui éradiquent bactéries et microbes contenus dans l’eau. Dans la lutte contre la prolifération de la légionellose, ces créations s’avèrent particulièrement utiles pour les établissements publics et les hôpitaux. Pour en savoir plus : www.aquatools.com et www.innovation-idf.org.

le guide antigreenwasHing Dès lors que les autodéclarations écologiques sont possibles pour qualifier un produit de « green » ou non, les dérives sont possibles. C’est pourquoi l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) vient de publier un guide pour aider les entreprises à « éviter le greenwashing et pour favoriser une communication plus responsable ». Les consommateurs ne sont pas dupes. Et s’ils se sentent trahis, ils détournent définitivement leur regard. Dans son guide, l’Ademe propose une batterie de tests aux annonceurs rigoureux afin d’éviter le greenwashing. Pour télécharger le guide : www.antigreenwashing.ademe.fr.

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© akg-images ; © Studio C4 Design/Cartier

INNOVER INITIATIVE HORLOGERIE

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À la recherche du temps parfait Hervé Gallet

— longtemps, seul le soleil servit à l’Homme d’indicateur temporel, jusqu’à l’invention de la première montre en 1508. si la plupart des complications horlogères ont été conçues dès le début du XIXe siècle, certaines manufactures d’aujourd’hui cherchent toujours à innover. comme cartier, qui vient de dévoiler sa concept watch « sous vide » au mouvement évoluant en apesanteur. —

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INITIATIVE entreprise sociale

la grande dame des petits crédits — Maria Nowak, fondatrice et présidente de l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie), est catégorique : en france, le microcrédit est l’une des solutions pour lutter contre le chômage. Depuis sa création en 1989, son agence a financé plus de 112 000 microcrédits. —

© Romain Joly

Lysiane J. Baudu

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Il fait encore beau en ce matin de septembre, mais Maria Nowak, 77 ans, se blottit déjà dans son gilet, bleu comme ses yeux. La fondatrice et présidente de l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie) raconte son parcours, celui d’une jeune femme polonaise arrivée en France pendant la guerre, seule. « Je voulais faire médecine, mais en tant qu’apatride, il ne m’aurait pas été possible d’exercer », ditelle. Elle étudiera donc l’économie. Mais pas n’importe laquelle. Elle se spécialise dans le développement. « Mon enfance m’a rendue sensible aux problèmes humains », explique-t-elle sobrement. La théorie selon laquelle les simples transferts de technologie permettraient aux pays pauvres de se développer, elle la connaît. Ce qu’elle veut, c’est la pratique, le terrain. Elle choisit donc de faire des recherches en Afrique, au début des années 1950. Un continent qui commence à se libérer du joug colonial et a le plus de chemin à faire en matière de développement. Sur un cargo bananier, elle rejoint la Guinée et passe un an à étudier comment dans les villages isolés les Africains se débrouillent pour survivre. « Cette expérience m’a beaucoup marquée », affirme-telle. Elle était bien sûr à l’opposé de la vision des experts de la Banque mondiale ou des agences pour le développement. Si Maria Nowak a également travaillé pour de telles institutions, notamment à la Caisse centrale de coopération économique, devenue l’Agence française de développement, ces expériences macroéconomiques l’ont déçue. La révélation vient d’une rencontre avec Muhammad Yunus, dans les années 1980, à l’occasion d’une conférence. Cet économiste bangladais a « inventé » le microcrédit et lancé la Grameen Bank en 1977.

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25 % des clients de l’adie n’ont aucun diplôme, 7 % sont illettrés. pourtant, 80 % des personnes dont le projet a été financé sortent du système d’aides de l’état.

Charismatique, séduisant – « Il ne parle pas comme un expert, mais utilise le langage de tout le monde », déclare Maria Nowak –, il lui donne l’idée de transposer en Afrique cette recette, fondée sur des petits prêts permettant à des gens pauvres de mener à bien une initiative économique leur offrant des moyens de subsistance. Si les problèmes de l’Afrique et du Bangladesh sont de nature différente, « finalement, les paysans sans pluie en Afrique ressemblent fort aux paysans sans terre du Bangladesh », conclut l’économiste. Financée par l’Agence française de développement, la Grameen Bank version africaine est un succès. 112 000 microcrédits en france

Mais de là à lancer le microcrédit en France, il y a un pas, qui sera franchi en 1989, « parce qu’il y a des gens pauvres dans les pays riches », explique Maria. En bonne économiste, elle sait qu’on ne peut déroger au principe de base : pour créer de la richesse, il faut du travail et du capital. Et des idées. Que tout le monde peut avoir, même les pauvres, les bénéficiaires du RSA, les exclus du monde du travail. « 25 % de nos clients n’ont aucun diplôme, 7 % sont illettrés», précise la présidente de l’Adie. L’association ne se contente pas de prêter de l’argent à des microentrepreneurs, elle les accompagne tout au long de leur parcours,

avec un effort particulier en direction des 40 % de ses clients qui sont des femmes, en manque d’indépendance financière mais riches en énergie. Le succès est là : 80 % des personnes dont le projet a été financé par l’association sortent effectivement du système d’aides de l’État, même si le taux de survie de ces petites entreprises n’est que de 65 % au bout de deux ans, une proportion qui correspond à la moyenne nationale. « Et si leur entreprise n’a pas marché, les gens se sont néanmoins mobilisés, remis en action », insiste Maria Nowak, et c’est déjà un pas vers leur insertion dans la société. D’ailleurs, précise l’étude d’impact de l’action de l’Adie réalisée en 2010, l’expérience de la création d’entreprise sert de tremplin vers l’emploi pour près de la moitié des créateurs ayant mis fin à leur activité. 75 % sont devenus salariés, dont 42 % en CDI, et 23 % ont créé une nouvelle entreprise. « Contrairement à une idée encore trop répandue, les créateurs d’entreprise issus du chômage et des minima sociaux, avec un faible niveau de formation, réussissent aussi bien que les autres, pour peu qu’ils bénéficient d’un soutien adapté », précise l’étude. Mieux : non seulement ces nouvelles structures offrent un emploi rémunéré dès la première année à ceux qui les ont créées, mais souvent elles essaiment. Ainsi, en 2010, 15 % des microentrepreneurs avaient généré au moins un emploi supplémentaire. Enfin, 63 % des personnes interrogées se déclarent « très satisfaites » d’avoir créé leur entreprise et 27 %, « plutôt satisfaites ». De quoi encourager l’Adie à poursuivre. D’ailleurs, le nombre de prêts et leur encours n’a cessé de croître depuis 2003. L’an dernier, l’association a ainsi augmenté son encours de microcrédits d’environ 9 %, pour arriver

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INITIATIVE exploration

20 000 yeux sous les mers Charles Faugeron

© Sea Orbiter/Jacques Rougerie

— parce que La Mer est le dernier territoire sauvage, en partie inexploré, Jacques Rougerie, l’architecte naval membre de l’académie des beaux-arts, veut embarquer les internautes à la dérive du gulf stream, à bord de Son vaisseau, le Sea Orbiter. une aventure Destinée à éveiller les vocations. —

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