Blindmagazine#8

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INTERVIEWS EXCLUSIVES KODALINE SUPERHUMANOIDS SUSANNE WUEST 1975 FILL’S MONKEY MARIANNE JAMES December 2013 #8 ISSUE

JULIEN DORE / JAMES GRAY / STEPHEN KING

MARION COTILLARD au sommet

THE NAKED AND FAMOUS / ARIANE BRODIER / GERALD DE PALMAS / VITAA / SHOPPING BEAUTY SPECIAL NOËL / PORTFOLIO FESTIVAL MARRAKECH


CONTRIBUTEURS

JUSTIN KWEDI

JUSTIN KWEDI Cinéphile passionné et rédacteur sur de nombreuses revues en ligne consacrées au Septième Art, Justin nous alimente chaque mois de portraits des stars les plus charismatiques et des films les plus singuliers, toutes périodes confondues...

MORGAN LE BERVET

AURIANE BESSON Travaillant dans la com’ et les RP, Auriane suit de près le monde des médias. Forte de son expérience notamment au pôle femme de Mondadori (Grazia, Biba…) elle nous livre chaque mois les dernières news mode, beauté et culture les plus pertinentes !

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www.TenFeetUnderStudio.com


EDITO #8 Le dernier numéro de l’année est entre vos clics ! 8 numéros et 8 mois intensifs d’interviews, et de shootings aux quatre coins de la capitale pour vous satisfaire vous, intraitables consommateurs de presse numérique mais non moins exigeants ! Votre web mag préféré continue évidemment en 2014 avec des supers rencontres déjà programmées ! Vous retrouverez ce moisci Niels Shneider, Julien Doré, Gerald De Palmas, Marianne James, et aussi Marion Cotillard pour un de ses plus beaux rôles aux Etats-Unis. On se retrouve l’année prochaine et d’ici là passez d’excellentes fêtes de fin d’année. Bonne lecture à tous ! L’équipe TheBlindMagazine

facebook.com/Theblindmagazine twitter.com/Blind_Magazine

FONDATEUR, DIRECTEUR DE LA REDACTION, REDACTEUR EN CHEF CINEMA & DIRECTEUR DE LA CREATION FR A NCOIS BERTHIER REDACTEUR EN CHEF, REDACTEUR EN CHEF MUSIQUE DINE DELCROIX RÉDACTRICE EN CHEF BEAUTE & NEWS AUR IA NE BESSON JOUR NALISTES Soisic Belin, Auriane Besson, Dine Delcroix, Sarah Drenca, Justin Kwedi, Martin Lagardère PHOTOGR APHES François Berthier, Pauline Darley, Patrick Fouque, Martin Lagardère, Wallendorff, Rita Zimmermann CONTACT R EDACTION/PUB theblindmagazine@gmail.com TheBlindMagazine est édité par la société Ten Feet Under / Tous les textes et photos sont soumis par leurs auteurs qui acceptent leur publication, et n’engagent que leur responsabilité.


SOMMAIRE

Décembre 2013 60

26

6 Blind Beauty

30 Kodaline

14 Blind News

34 Fill’s Monkey

18 Beauté

40 Stephen King

20 L’instant Live The Naked and Famous

46 PORTFOLIO Festival de Marrakech

22 Superhumanoids

54 EN COUVERTURE Marion Cotillard

26 1975

4


82

124

60 Chronique Ciné The Immigrant 68 Niels Schneider 82 Julien Doré

112 Alix Benezech 118 Susanne Wuest 124 MODE

92 Marianne James

148 La fille qui rend Blind Ariane Brodier

98 Gerald De Palmas

150 Blind Trip en Ecosse

106 Vitaa

164 Musique

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BLIND BEAUTY

Spécial Noël...

Diorific Poudre Compacte Illuminatrice Parfumée DIOR L’or, indissociable de l’identité de Dior, se glisse un peu partout dans sa collection make up de Noël, Golden Winter. Notre coup de cœur revient à la Poudre Compacte Illuminatrice Parfumée Diorific, une poudre gorgée de nacres qui éclaire les pommettes, et sculpte les volumes, grâce à ses minuscules particules dorées, pour un résultat lumineux et glamour à souhait. Le must ? Elle diffuse subtilement les notes du parfum J’Adore. Le tout dans un écrin ultra chic. En Rose d’Or ou Perle d’Or, faite votre choix ! Diorific Poudre Compact Illuminatrice Parfumée - DIOR 001 Rose d'Or ou 002 Perle d'Or 70€

VERNIS Collection Jasmin Rouge TOM FORD On aime ces deux nouveaux vernis Tom Ford issus de la collection Jasmin Rouge pour ce Noël 2013. Deux vernis qui évoquent les notes décadentes et le jus couleur rubis de la fragrance best- seller Jasmin Rouge. Choisissez entre le rouge pourpre Shameless et le rouge cerise Trophy Wife pour des fêtes so glamorous. Des vernis haute performance, pour une couvrance et une tenue infaillible !

Vernis Shameless et Trophy Wife TOM FORD Collection Jasmin Rouge 32 €


LES merveilleuses ladurée

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La célèbre maison de pâtisserie française, réputée pour ses délicieux macarons, débarque dans la beauty sphère avec sa première collection de maquillage. Baptisée Les Merveilleuses, en référence aux belles excentriques du XVIIIème siècle, cette collection comprend des blushs rosés, des poudres libres, une base lissante, deux palettes d’ombres à paupières, un brillant à lèvres, des mascaras… Bref, une gamme de make-up très complète. On est en totale admiration pour le packaging, fidèle à l’esprit boudoir de la Maison : Des couleurs dragées et pastels, de délicats pétales de roses, des écrins et des boîtiers dignes d’une Marie Antoinette des temps modernes. Une collection féminine et précieuse, avec une petite touche aristocratique, à l’image des blushs rosés présentés sous forme de camé. Un raffinement gourmand, et des textures en douceur et en légèreté. Pour Noël, faites vous plaisir avec la Poudre visage Rose, qui se présente sous la forme de pétales de roses. A effleurer d’un pinceau, au cœur des pétales pour prendre la matière que l’on viendra déposer sur notre minois.

Les Merveilleuses - LADUREE De 24 € à 82 € En exclusivité chez Sephora et sur Sephora.fr

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Des crèmes de corps à adopter... Ca y est, le froid est bien installé. Et les désagréments sur la peau aussi : sensations d’inconfort, irritations, tiraillements, manque de souplesse, aspect rêche...notre corps est mis à rude épreuve. C’est donc maintenant qu’on adopte un lait hydratant pour le corps ultra efficace. Voici les deux soins qui ont retenu notre attention, à vite adopter dans sa salle de bain ! Pour nous chouchouter bien comme il faut...

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C’est un classique ! Très riche et nourrissant, Crème de Corps est devenu culte par son efficacité mais aussi son incroyable succès. On soupçonne Kate Moss d’y avoir bien contribué en vantant ses mérites. Un soin qui contient du squalane, ingrédient star de Kiehl’s, du bêta carotène pour couvrir les besoins particuliers des peaux sèches, et des huiles nourrissantes. Après 10 jours d’utilisation quotidienne, même les peaux les plus sèches retrouvent leur souplesse et leur douceur. Il nécessite certes un temps d'absorption assez long, mais c’est ce qui fait toute son efficacité !

Confort Extrême Corps a été spécialement conçu pour apporter un réconfort immédiat et nourrir intensément et durablement les zones du corps les plus déshydratées et délipidées (pieds, coudes, genoux...). Une synergie particulièrement riche d'actifs végétaux qui agit sur l'hydratation, la protection et la nutrition de la peau. A base de beurre de karité, d’extraits d’harpagophytum et de châtaigne, il s'applique et pénètre très rapidement en massant les zones sèches. Un baume grand luxe pour soulagement instantané !

Crème de Corps - KIEHL’S A partir de 9,50€

Confort Extreme Corps - SISLEY Tube 150 ml - 99€


Le GEl nettoyant Crème de la mer

T S U M AVE H Les Nouveaux Nettoyants & Toniques de Crème de la Mer sont une gamme complète de produits qui permettent de purifier la peau en douceur tout en maintenant la délicate barrière d’hydratation intacte. Ils contiennent notamment le fameux Miracle Broth, le complexe anti-inflammatoire et cicatrisant qui a fait le succès de la crème. Ils sont aussi à base de Deconstructed Waters, qui respectent l’éco-système cutané, purifient la peau en profondeur, pour un teint rayonnant. Si vous devez en choisir un, on vous conseille le gel nettoyant moussant (et sans huile) qui permet d’enlever les excès de sébum sans irriter, assécher ni abimer la peau. Une odeur très agréable pour un résultat velouté, à utiliser le matin si l’on trouve deux minutes, ou le soir pour parfaire son nettoyage de peau et enlever les dernières traces de maquillage et polluants. Une ligne chicissime pour dépolluer, et dégriser le teint. Avec un résultat comparable à un soin complet en institut, (si si !) qui dit mieux ?

Le Gel Nettoyant - CREME DE LA MER 200ml, 80€

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LEs Soins pour PEAUX «PHOTOSHOPées» Une nouvelle génération de produits de beauté a le pouvoir de sublimer la peau en quelques minutes. A peine posés, ils floutent les pores, lissent les ridules...rendant la peau impeccable, comme retouchée, mais sans Photoshop. Parce que pour un beau teint, il faut une carnation uniforme sans irrégularités, l’étape obligée avant tout make up est bien le soin perfecteur de peau. Des crèmes à l’exigence quasi-médicale qui se surpassent en terme d’innovation. On vous a sélectionné le top des produits actuels !

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Dreamtone, le nouveau soins antitache et belle peau signée Lancôme est notre sublimateur must have ! Une formule de pointe capable d’assurer un teint uniforme et lumineux, quelque soit le type de peau : pour une efficacité ciblée, Dreamtone se décline en trois versions, en fonction de la carnation : contre les rougeurs, l'effet "grise mine" ou les marques sombres, ce soin sur mesure est d’une rare efficacité.

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Ce fluide au pouvoir illuminateur est ultra léger. Il donne à la peau un effet brillance subtilement nacré. Ses particules légèrement irisées redirigent la lumière pour sculpter les contours du visage et réchauffe le teint d’un effet bonne mine immédiat. Fluid Sheer peut être utilisé comme base de teint, ou enlumineur. Une formule unique disponible en 12 teintes.


3

Le Super Sérum Correcteur Peau Parfaite est à utiliser en base de soin chaque matin. La texture haute définition contient des actifs correcteurs puissants et des pigments optiques qui apportent une lumière idéale et rende les petits défauts moins visibles à l’œil nu. On note une vraie action sublimatrice sur la peau.

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La gamme Vinoperfect de Caudalie est axée sur la correction des taches pigmentaires. Correcteur ET perfecteur, le fluide hydratant peau parfaite réveille l’éclat du teint en un instant. : les taches sont peu à peu estompées, le grain de peau est affiné. Voilà une base de maquillage idéale ! On note son indice de protection solaire 15, toujours le bienvenu, même en hiver.

1. Dreamtone 1,2,3 - LANCÔME 40ml - 95€ 2. Fluide Embellisseur - GIORGIO ARMANI 12 teintes 30ml - 45,50€ 3. Super Sérum Correcteur Peau Parfaite, Gamme Sublimist - L’OREAL PARIS 30ml - 12,90€ 4. Fluide Peau Parfaite Vinoperfect - CAUDALIE 40ml, 30€

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MERRY CHRISTMAS Pour Elle... Soin de la Roseraie pour le visage LE COUVENT DES MINIMES Soin hydratant + Eau micellaire + Lait démaquillant 41,50€ Exclusivement chez Marionnaud

On ado

re

Parfum solide «34 boulevard Saint Germain» DIPTYQUE 35€

Coffret Duo Body & Bath, lait d’amende et de coco LAURA MERCIER Sels de bain + Crème pour le corps 48€

12

L’huile de parfum Lumière «La vie est belle» LANCÔME 100ml, 47,90€


Nous vous avons sélectionnés dans la panoplie des coffrets et autres éditions collector quelques idées cadeaux pour Noël ! Pour faire plaisir ou se faire plaisir, voici nos beauty gifts de dernière minute …

Pour Lui...

Baume après-rasage, Pâte de Velours GUERLAIN 100ml, 75€

Huile de massage suédois Skin Discipline - RON DORFF 236ml, 28€

Hydratant quotidien non gras pour Homme TOM FORD FOR MEN 50ml, 85€ En exclusivité au Bon Marché, Rive Gauche

LOVE LOVE

Coffret Christmas Cracker - JO MALONE LONDON Cologne Blackberry&Bay + Gel moussant + Crème pour le corps 36€

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BLIND NEWS Alexa Chung égérie Longchamp

© Longchamp

Après Kate Moss et Coco Rocha, c’est au tour de la mannequin britannique Alexa Chung de devenir l’image de la marque de sacs Longchamp pour la campagne printemps été 2014. «Pour la nouvelle collection Escales – qui est vraiment joyeuse, colorée, pleine d’énergie – nous avions besoin d’une femme à la fois chic et moderne», a confié Marie-Sabine Leclercq, directrice de la communication de la marque. Shootée sous le soleil de Saint-Tropez par Max Vadukul, cette campagne se veut fraîche et pétillante, à l’image de sa nouvelle ambassadrice... mais aussi du mythique sac Pliage en cuir. Cette saison printemps-été 2014, l’iconique et emblématique sac de Longchamp fêtera ses 20 ans, se déclinant pour l’occasion dans quatre coloris (citron, orange, vermillon et platine). Idéal pour l’été !

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Frida Kahlo et Diego Riviera au Musée de l’Orangerie Le Musée de l'Orangerie réunit le couple le plus mythique de l'art mexicain dans une exposition inédite. Frida Kahlo qui donnera naissance à certaines des plus belles toiles de la première moitié du XXème siècle et Diego Riviera, peintre lui aussi, compagnon, et amant. Une expo qui confronte les travaux des deux époux, figures centrales de l'histoire post-révolutionnaire de leur pays, hôtes de Léon Trotsky et d'André Breton. Des artistes qui planchèrent sur la religion, le cycle de la vie, les révolutions mais aussi les rapports sociaux et dont les œuvres étaient portées par leur amour du Mexique, mais aussi par leur passion commune. Une trentaine d'œuvres de l'un et de l'autre sont à découvrir dans des styles résolument différents et tellement complémentaires.

«Les deux Frida» (1939) par Frida Kahlo

« Frida Kahlo-Diego Rivera. L'Art en fusion » au Musée de l'Orangerie Jusqu'au 13 janvier 2014 Tarifs : 10€ www.musee-orangerie.fr

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Cartier brille au Grand Palais Le Grand Palais, à Paris, accueille jusqu'au 16 février l'exposition «Cartier : le style et l'histoire». Dans le Salon d'honneur du musée, près de 600 créations de la maison de joaillerie sont montrées au public. L'occasion de découvrir les bijoux et accessoires qui ont contribué à la renommée internationale de l'établissement, fondé en 1847.

Diadème, Cartier (1914) © N.Welsh, Collection Cartier

Une véritable exposition d'histoire de l'art. Outre les bijoux exposés, le visiteur peut consulter plus de 300 documents d'archives, dont les plans de la première boutique Cartier, des brevets d'invention ou des robes du soir. Le visiteur traverse les époques, des parures et tiares à la Marie-Antoinette laissent place au style Art déco, ou au style exotique (avec ses inspirations venant de la Perse, de l'Inde et de l'Egypte). L’exposition rend aussi hommage à celles qui sont devenues les égéries du joaillier. De la duchesse de Windsor, à Grace Kelly, en passant par Elizabeth Taylor, l'actrice à la collection de bijoux tous plus somptueux les uns que les autres. La rétrospective se referme sur l'apparition des bijoux Cartier au cinéma («La Belle et la Bête», «Comment voler un million de dollars», «Les hommes préfèrent les blondes»…). Somptueux.

«Cartier : le style et l’histoire» au Salon d’honneur du Grand Palais Jusqu’au 16 février 2014 Tarif 11€

16


Deux cent unes de Libération exposées au Centquatre Quarante ans déjà que le journal «Libération» est distribué dans les kiosques français. A l'occasion de l'anniversaire de sa création en 1973, le quotidien organise une journée au Centquatre. Le 13 décembre, deux cent unes du journal y seront exposées, retraçant 40 ans d'histoire. Des unes chocs, émouvantes, polémiques, mais toujours reconnaissables au premier coup d’œil. Un panorama saisissant pour mieux comprendre la signature Libé.

Le 13 décembre à partir de 14h30 au Cent quatre 5, rue Curial, 75019 Paris. Entrée libre

Sky Ferreira nouvelle muse de Redken La chanteuse, auteur-compositeur et mannequin américaine de 21 ans avait tout pour séduire Redken, la marque de produits capillaires new yorkaise. Redken, en tant que marque un brin subversive, se devait d’avoir une ambassadrice à son image. Sky Ferreira, chanteuse sulfureuse issue de la génération 3.0, l’incarne désormais parfaitement. Après Saint Laurent ou Marc Jacobs, et de fructueuses collaborations avec les plus grands photographes (Mario Testino, Inez et Vinoodh, Mario Sorrenti, Ellen von Unwerth pour ne citer qu’eux) Sky fait donc une petite excursion du côté de la sphère beauté. Révélée à l’âge de 15 ans via MySpace, la chanteuse se distingue par son timbre roque, son univers urbain dark, et sa culture musicale post new wave. A suivre de très près ! 17


BEAUTE Photos : Franรงois Berthier make up & hair : Angie Design MAnnequin : Marta Trzeszczkowska



L’INSTANT LIVE PAR WALLENDORFF

Le TRABeNDO / PARIS Le 14/11/2013

THE AND


E NAKED S U O M A DF


SUPERHUMANOIDS


S

Nouvelle

signature du label Innovative Leisure sous la direction artistique de Hanni El Khatib, le groupe californien Superhumanoids livre un troisième album aux arrangements manuellement bricolés à coups de pop electro et de R’n’B expérimental. Titré Exhibitionists, ce nouveau disque conforte le trio constitué de Sarah Chernoff, Cameron Parkins et Max St. John dans son ascension vers une musique ensoleillée made in Los Angeles.

PAR Dine Delcroix / Photos: Martin Lagardère

Comment vous êtes-vous rencontrés, tous les trois ?

À qui appartiennent les mains que l’on voit sur la pochette du disque ?

Cameron : J’ai emménagé à Los Angeles en 2004 pour mes études. Je me suis fait quelques amis qui m’ont amené à rencontrer Sarah et Max. Ces deux-là se connaissaient depuis l’enfance.

Max : Ce sont nos mains.

Votre nouvel album s’intitule Exhibitionists. Êtes-vous exhibitionnistes ? Sarah : Naturellement, oui (rires). C’est surtout dans la mesure où nous avons enregistré un album et que nous le proposons aux gens. Cameron : Je crois que tout le monde est un peu exhibitionniste de nos jours. C’est devenu une chose universelle donc tu l’es sûrement autant que nous (rires).

Pourquoi avoir choisi de montrer vos mains plutôt que vos visages ? Cameron : Nous avons tenté de faire la même chose avec nos visages mais le résultat était bizarre (rires). Sarah : Oui, on aurait dit des clowns (rires). Max : C’était surtout un choix esthétique par rapport au rendu de toutes les mains réunies. Nous avons fait cet album avec nos mains et cette pochette est en quelque sorte le symbole de ce travail.

Le choix des couleurs a-t-il un sens particulier ? Max : Pas spécialement. Beaucoup 23


d’albums sortent tous les jours et nous voulions tout simplement une pochette originale qui se démarque un peu des autres.

Au niveau du travail de groupe, qui compose, qui écrit et qui pleure ? Sarah : Je fais tous les pleurs (rires). Cameron : Nous travaillons d’une manière très naturelle alors c’est assez difficile à exprimer. Je ne peux même pas dire qui a joué quelle partie car nous fonctionnons de façon très démocratique. Chacun pose une idée sur la table et on en discute. Max : Nous collaborons ensemble aussi bien sur les sons que sur les textes. Sarah : Nous échangeons en effet beaucoup d’idées.

Peut-on dire que cet album est marqué par la ville de Los Angeles ? Max : Oui. Il a été entièrement écrit làbas. Nous sommes nés à Los Angeles et nous considérons cette ville comme notre maison. Nous voulions faire un album que nos amis puissent écouter depuis leur voiture ou en prenant leur petit déjeuner un dimanche matin. Nous souhaitions une musique que nous aimons écouter dans la ville. Cameron : Nous avons beaucoup écouté notre travail depuis notre voiture. À 24

Los Angeles, nous sommes obligés de conduire tout le temps car il n’y a pas de métro.

Quel est, justement, l’endroit idéal pour écouter cet album ? Max : Dans la salle de bain (rires). Cameron : La voiture.

Ce nouvel album est défini par un son electro mais on y entend pourtant une base de R’n’B. Quelles ont été vos influences dans ce domaine ? Max : Les influences urbaines de cet album proviennent de nos stations de radio à Los Angeles qui diffusent énormément de rap et de R’n’B des années 90. Nous avons beaucoup écouté ces deux genres musicaux pendant que nous écrivions nos chansons.

Quelle est la meilleure façon de vous découvrir ? Max : Il faudrait écouter notre nouvel album dans son intégralité et, éventuellement, jeter une oreille à nos disques antérieurs. Cameron : Ce nouvel album reflète effectivement très bien notre identité. Je conseille de revenir ensuite en arrière dans notre discographie pour comprendre comment nous en sommes arrivées là. On peut aussi écouter toutes les chansons en même temps (rires).



DECOUVERTE


1975 Par Dine Delcroix / Photos : François Berthier

Nouveau

phénomène britannique originaire de Manchester, les 1975 est un groupe de punk rock alternatif qui puise sa force dans l’expérience amicale et musicale de ses membres. Matthew Healy (voix/guitare), Adam Hann (guitare), George Daniel (batterie) et Ross MacDonald (basse) se connaissent en effet depuis 10 ans et cela s’entend sur leur premier album éponyme paru le 2 Septembre. Le Trabendo accueillera le quatuor pour un concert parisien exceptionnel le 24 Février 2014, une excuse suffisante pour aller poser quelques questions au chanteur du groupe...

Votre premier album est enfin dans les bacs. À quoi fait référence le cadre de néons que l’on voit sur la pochette de celui-ci ?

Cette ambiguïté évoquée est-elle cultivée ? Non, nous ne faisons pas les choses volontairement dans ce sens.

C’est une représentation de nous quatre qui est née d’une envie de clarté. Nous souhaitions un truc stylé et nous avons même intégré ce cadre sur scène. Nous voulions imposer notre identité en tant que groupe.

Pourquoi avoir construit votre album autour du sexe, de l’amour, de la drogue, de l’espoir et de la peur ? C’est le subconscient. Les gens connaissaient notre groupe lorsque nos EPs ont

Comment qualifiez-vous votre style musical ?

été écrits et composés mais notre premier

Nous ne qualifions pas vraiment notre

connaissait le groupe. Du coup, la ques-

musique. Nous sommes d’ailleurs définis

tion des textes ne s’est jamais posée du-

par le fait d’être inclassables et c’est pour

rant l’écriture. Je n’étais pas inquiet à

cette raison que beaucoup de jeunes se

l’idée d’être trop honnête ou trop direct

retrouvent en nous. L’ambiguïté du style

dans les propos. Nous ne pensions pas à

et de la conception médiatique est très

la manière dont les gens allaient réagir à

appréciée de nos jours. L’idée d’une

notre musique à l’époque. Cet album est

quête d’identité peut toucher n’importe

est un peu comme un journal intime qui

qui et c’est un peu la manière dont notre

a été rédigé sans penser à une éventuelle

musique fonctionne. Elle reflète de notre

lecture extérieure.

a été écrit à un moment où personne ne

génération. 27


Comment avez-vous attiré l’attention du pro-

liste qui peut concerner n’importe quelle

ducteur Mike Crossey qui a notamment pro-

ville.

duit pour les Arctic Monkeys ? Il a été suggéré par notre manager et nous l’avons choisi. Il a respecté notre travail et il a su donner une bonne ampleur à la session d’enregistrement.

De quoi parle le titre Meanswear ? C’est une chanson à propos d’un mariage entre deux jeunes personnes où de la drogue circule. Cette chanson plaît beaucoup.

De quelle ville est-il question dans votre chanson The City ? On m’a déjà demandé si nous parlions de Manchester mais ce n’est pas vraiment le cas. Le texte a quelque chose de généra 28

Au niveau vestimentaire, qu’aimez-vous porter ? Des vêtements noirs et hors de prix (rires).


Quel est le truc le plus provocateur que vous ayez fait ? Je ne sais pas vraiment. Nous commençons à réaliser que chaque action a sa réaction. Les médias, par exemple, ont souvent tendance à déformer les propos. Nous n’avons rien fait de spécialement provocateur mais je pense que l’industrie de la musique peut se sentir provoquée par notre ambition. Nous n’avons rien à prouver et nos prestations scéniques nous ressemblent énormément.

29


KODALINE Par Dine Delcroix / Photos : Patrick Fouque

Ils sont quatre, ils sont irlandais et ils vivent une expérience de rêve depuis qu’ils ont assuré les premières parties des concerts européens des Cranberries. Après deux EP, Kodaline a livré un premier album en juin dernier intitulé In A Perfect World. Profitant du passage de la bande sur la scène parisienne du Divan Du Monde, nous avons rencontré le percussionniste Vinny May et le bassiste Jason Boland. Qui a choisi le nom du groupe ? Jason : Nous l'avons tous un peu choisi. L'histoire n'est pas géniale... En fait, nous avions beaucoup bu et nous avons

personne a sa propre vision de la chose. Pour nous, le monde parfait, c'est ce que nous faisons : écrire des chansons, jouer de la musique et partir en tournée.

à priori parlé du groupe. Au petit matin,

Jason : Cet album, c'est un peu comme si

la page Facebook et le compte Twitter

notre monde parfait s'ouvrait au monde.

étaient créés (rires). Les choses sont allées plutôt vite pour vous Quel sens donnez-vous au nom du groupe ? Vinny : Nous souhaitons garder le secret. C'est malheureusement un peu en-

depuis que vous avez joué en première partie des concerts des Cranberries. Entre irlandais, comment s'est passée la tournée ?

nuyeux comme réponse pour une inter-

Vinny : Les Cranberries sont adorables.

view mais nous aimerions que cela reste

C'est un groupe énorme ! Nous n'avions

ainsi.

pas encore eu l'occasion de les rencon-

Jason : Nous voulions un nom de groupe sans connotation, quelque chose qui n'oriente pas notre musique.

trer ou de les voir sur scène. Nous avons eu l'opportunité de jouer avec eux et c'est incroyable pour un jeune groupe comme le nôtre de pouvoir se produire dans des grandes salles. Les personnes qui les entourent sont formidables aussi.

Votre premier album s'intitule In a Perfect World. Qu'est-ce qu'un monde parfait, pour

Jason : Tout comme leur catering (rires).

vous ? Vinny : C'est un titre un peu cliché car le monde parfait n'existe pas. Chaque 30

Qu'est-ce qui a changé pour vous à la fin de



cette tournée ?

L'un de vous a-t-il déjà pris la grosse tête ?

Jason : C'était notre première tournée-

Jason : Non car nous nous connaissons

Depuis, nous passons toute notre temps

depuis longtemps. De ce fait, si l'un

sur les routes. Notre premier album est

d'entre nous commence à avoir la grosse

sorti et nous sommes déjà allés plusieurs

tête, nous le remettrons à sa place.

fois en Amérique. Nous sommes dans une petite bulle et nous avons beaucoup de chance. Vinny : Nous avons beaucoup voyagé entre l'Amérique, l'Australie, le Japon... Nous avons joué dans de très bons festivals en Europe. C'est fou comme nous sommes occupés depuis cette tournée

Qui est le plus gentil membre de la bande ? Jason : Je souris beaucoup alors je donne une impression de gentillesses mais Vinny est très gentil aussi (rires). Vinny : Je vais rougir (rires).

avec les Cranberries !

Sur scène, vous avez proposé un medley de Et à l'échelle personnelle ? Vinny : Pas grand chose à part que nous ne sommes pas souvent à la maison. Jason : Nous sommes tous en couple depuis longtemps et cela aide à garder les pieds sur terre.

reprises avec Digital Love des Daft Punk et 1901 de Phoenix. Est-ce un hommage aux groupes français ? Jason : Nous sommes de grands fans des Daft Punk. Nous avons eu la chance de participer à l'émission Taratata pour laquelle nous devions faire une reprise alors nous avons choisi Digital Love.

Quel pays visité a été le plus marquant ?

Vinny : Phoenix, Daft Punk, Air et Jus-

Vinny : C'est différent pour chacun

doit y avoir une chose spéciale là-bas car

d'entre nous. En Amérique, j'ai adoré le

tous ces artistes sont incroyables ! Nous

Canada. Toronto est une jolie ville et les

écoutons beaucoup ces groupes français

gens y sont très sympa. Nous avons aussi

et le fait de piocher dans le répertoire de

aimé la France et la Suisse.

ces groupes nous semblait logique.

tice sont tous originaires de Versailles. Il

Jason : Ils ont tous été marquants. La Hollande a adhéré rapidement à ce que nous faisons et nos plus grands concerts ont eu lieu là-bas. 32

Quel message avez-vous envie de faire passer pour verrouiller cette interview ?


Vinny : Jason est meilleur que moi pour ce genre de choses... Jason : On ne peut pas Ä‚Åžtre gentil et bon en interviews. Il faut choisir ! (rires). 33


DECOUVERTE


FILL’S MONKEY Par soisic belin / Photos : Martin Lagardère

Distincts

de leurs « concurrents » sur le marché du rire car, osons le dire, les humoristes sont nombreux, les Fill’s Monkey se définissent plutôt comme des musiciens et c’est bien ce qu’ils sont. Professionnels à souhait, ils peuvent en toute quiétude se permettre de faire « les zouaves » et faire sourire avec une performance bien au rendez-vous. Leur Incredible Drum Show dépote et se veut être un véritable concentré de bien être rythmé à l’image de Sébastien Rambaud et Yann Coste, les acolytes qui composent le duo. Rencontres avec deux énergumènes d’un genre bien particulier...

Comment est né le duo des Fill’s Monkey ? Seb Rambaud : Nous sommes tous les deux musiciens et nous étions également

Seb : Nous sommes des « drumoristes » avec un langage particulier composé de bruitages et d’onomatopées.

démonstrateurs de batterie. Nous nous amusions un jour est née l’idée dans faire un show, de rendre publique nos délires

Peut-on dire que votre spectacle dépasse les

personnels.

frontières linguistiques et générationnelles ?

Yann Coste : Cette idée a mûri, elle s’est

Seb : Oui, c’est ce qui est plaisant et qui,

concrétisée et à évolué avec le travail, le rendu des spectateurs et les rencontres. Le spectacle de 2009 n’est plus le même que celui que nous offrons à notre public aujourd’hui.

justement, nous démarque des autres artistes d’humour. Nous n’avons pas de textes, notre seul langage parlé est le « tap’tada » qui est universel et que notre public peut suivre et reprendre à sa façon. Yann : Nous misons sur la musique, le

Vous êtes en marge de la scène humoristique

tempo et le rythme. Tout cela a un sens

francophone et de vos pairs musiciens qui

aussi bien pour les adultes que pour

exercent dans des groupes. Comment vous

les enfants. Nous avons un panel plutôt

qualifiez-vous ?

large et nous l’aimons. Nous faisons du

Yann : Nous sommes des musiciens sans hésitation aucune, c’est d’ailleurs la base

divertissement et nous nous amusons en espérant que cela se voit.

de notre spectacle car c’est par la musique que l’on fait rire et sourire. Nous ne prétendons pas être des comédiens. 35


Au départ, vous êtes musiciens formés en

nos personnages sur scène, c’est nous !

école et intégrés à des groupes. Comment vos

En dehors des costumes, il y a peu de

confrères de la profession ont-ils accueilli

différences avec la réalité. Nous sommes

votre spectacle ?

aussi toniques et déjantés au naturel.

Yann : Dans la communauté des batteurs, ils sont plutôt heureux de notre petite notoriété et de cet éclairage médiatique car nous replaçons la batterie au centre de la scène. C’est un instrument généra-

Nous aimons nous amuser et amuser les autres. Nous ne jouons d’ailleurs pas de la batterie mais avec la batterie et avec tout ce qui fait du bruit en lui donnant un sens.

lement relégué au second plan et géographiquement plus en fond de scène. Dans notre show, elle est la star. Tout part de la batterie. Du coup, nous lui redonnons ses lettres de noblesses. Après, certains musiciens doivent rire de nous mais ce n’est pas grave. La jalousie est reine dans ce milieu. Il y a la liberté d’expression qui vous permet à vous d’écrire votre ar-

Faites-vous encore partie des groupes auxquels vous apparteniez ? Yann : Non, nous n’avons plus le temps. Cela fait un an que j’ai quitté No One Is Innocent pour me consacrer aux Fill’s Monkey.

ticle et à eux de dire ce qu’ils pensent,

Seb : Pour moi, c’est la même chose. Je

c’est donc un bon compromis.

vis Fill’s Monkey à plein temps.

Votre mentor sur cette aventure est Gil Cail-

Comment voyez-vous la suite de cette belle

lot. Comment se passe cette collaboration ?

aventure ?

Yann : Nous l’avons connu à l’époque où

Yann : Et bien, en ce moment, nous vi-

notre spectacle n’était qu’une ébauche

vons sur les routes pour notre spectacle

de ce qu’il est devenu aujourd’hui. Il

que nous portons à bout de baguettes.

nous a aidés à prendre le bon et à nous

C’est notre bébé. Nous souhaiterions

débarrasser du mauvais. Nous avons fait

continuer à l’améliorer au fur et à me-

le tri et nous avons retravaillé la mise en

sure, à le tailler, le construire, le faire

scène puis accentué nos personnages.

évoluer et y intégrer des nouveautés avec des invités surprises. On aimerions également nous exporter à l’internationale

Il a donc eu un rôle de directeur artistique

pour aller en Belgique en Suisse ou au

parallèlement à celui de metteur en scène...

Canada…

Seb : Oui mais il faut garder à l’esprit que

Seb : Nous laissons aussi les occasions 36



venir à nous. Nous aimons la magie des rencontres comme celle faite il y a quelques temps avec notre attachée de presse Brigitte Batcave qui a cru en nous et qui a su nous porter. C’est un travail d’équipe dans lequel nous nous intégrons entièrement.

Vous êtes les Fill’s Monkey sur scène et dans la vie mais pouvez-vous vous dévoiler davantage pour nos lecteurs ? Seb : Je suis un jeune homme que je pense drôle et tonique... Un musicien qui s’amuse et qui aime amuser la galerie. Yann : Oui, nous sommes des garçons de notre génération. Nous aimons la « junk food » sur les aires d’autoroutes. Nous aimons regarder des films, des séries et la musique pour charmer aussi. Il ne faut pas nier le pouvoir de séduction que procurent quelques accords de guitare (rires).

Si vous deviez décrire la batterie ? Yann : C’est un instrument qui gagne à être connu. Ce n’est pas si facile d’en jouer qu’on pourrait le croire. C’est un instrument qui implique la notion de partage et qui s’intègre à un groupe. Seb : Effectivement, c’est un instrument qui donne des résultats symphoniques plus rapidement que le violon mais il ne


faut pas oublier que la difficulté réside dans la coordination des membres supérieurs et inférieurs. J’ai baigné dedans tout petit car mon père était professeur de batterie mais j’avoue que les débuts peuvent être rudes.

Quels sont vos derniers mots pour clore cette belle rencontre ? Seb : Venez voir notre spectacle ! Yann : Oui, venez nous voir et mettez-vous à la batterie ! (rires).

Retrouver toutes les dates sur www.fillsmonkey.com


STEPHEN KING

Stephen King : l'année du couronnement

Par SARAH DRENCA / Photos : BRUNO KLEIN/Dr, Shane Leonard/DR

L'année 2013 aura marqué la carrière de Stephen King. L'écrivain, maître des histoires d'horreur depuis la nuit des temps, a posé le pied pour la première fois en France le 16 novembre dernier pour présenter Docteur Sleep, sa dernière oeuvre. Un évènement grandiose, presque à l'image d'une tournée, couronné début décembre par une nouvelle adaptation du roman Carrie sur les grands écrans.



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opulaire, mystérieux, parfois brisé, Stephen King n'a jamais cessé de faire battre le coeur des étagères des librairies du monde entier. Mieux en-

core, il a su conquérir les téléspectateurs avec l'adaptation du livre Under The Dôme à travers la série Dôme. Un succès immédiat, qui reconduit le pilote pour une saison supplémentaire. 350 millions de livres vendus et quarante ans plus tard, Stephen King s'impose comme le précurseur de l'épouvante à domicile, celle que l'on vit aussi bien dans le métro que sur le canapé.

L

ors de son arrivée en France, plus de 3000 personnes ont patienté durant des heures pour espérer se voir dédicacer leur exemplaire de Doc-

teur Sleep. Stephen King n'est ni un chanteur de variété, ni un acteur hollywoodien, mais pourtant, chacune de ses oeuvres s'est imposée comme un incontournable des bibliothèques. Paradoxalement, l'écrivain culte n'a jamais cherché l'engouement du public, évitant soigneusement les médias et les foires du livre. Malgré son parcours exceptionnel, Stephen King a tenu à préserver sa "normalité" tout au long de sa carrière. Marié depuis plus de quarante ans, père de trois enfants, il partage sa vie entre ses trois résidences, nichées au coeur du Maine et de la Floride.

L

oin des strass et des paillettes, Stephen King vit dans un monde parallèle, celui qu'il s'est imaginé depuis son enfance. Adolescent, il a connu ses

premiers émois d'écrivain en compagnie d'une modeste machine à écrire offerte par sa mère. Révélé au grand jour, le talent de Stephen King est amorcé par la sortie de Salem. Puis Shinning, Le Fléau, Dead Zone ou encore Misery viennent confirmer sa légitimité auprès de la liste des 42

best-sellers du New York Times.



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ort d'une imagination débordante, Stephen King n'a pas encore trouvé le temps de prendre sa retraite. A 66 ans, celui qui avoue n'écrire plus

que "mille mots par jours, soit l'équivalent d'une à deux pages", trouve tout de même le moyen de faire perdurer l'aventure. Docteur Sleep, suite naturelle de Shining, retrace la vie de Danny Torrance connu pour être l'un des personnages les plus appréciés de l'écrivain.

L

es réfractaires au 590 pages préféreront probablement redécouvrir l'oeuvre culte de Carrie au cinéma, interprétée par la délicieuse Chloé Moretz.

Au programme ? Sang de cochon, feu, télékinésie, désespoir…du Stephen King, en toute intemporalité.

Retrouvez Stephen King dans... - Carrie, La Vengeance dès le 4 décembre au cinéma. - La série Dôme sur M6, depuis le 31 octobre 2013. - Docteur Sleep paru le 30 octobre 2013 en France.

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SOIREE DIOR à MARRAKECH photos : François Berthier POUR DIOR/Contour by Getty Images production Clotilde Lecuillier

Les stars s’étaient données rendez-vous au Royal Mansour pour la traditionnelle soirée Dior. Notre photographe y était.

Juliette Binoche



Franรงois Cluzet


Charlotte Rampling


Golshifteh Farahani


Mads Mikkelsen


Patricia Clarkson


Terry Gilliam


Marion Cotillard

ou l’art du lâcher prise Par JUSTIN KWEDI / photos : François Berthier POUR DIOR/Contour by Getty Images / production Clotilde Lecuillier

L’actrice française revient dans le nouveau film de James Gray, dans un rôle qu’elle embrasse avec son intensité coutumière.

L

e grand public aura surtout découvert Marion Cotillard dans l’hystérie décérébrée de Taxi et ses suites, où malgré le peu à défendre dramatiquement sa présence donnait

envie d’en savoir plus. Dans les grands yeux bleus de la star, dans ses traits doux et paisibles se dissimule constamment une aura de mystère dont on ne sait s’il en surgira la plus infinie des douceurs ou la folie la plus incontrôlable.

L

e jeu de l’actrice repose sur cet imprévisible art de l’abandon où dans la douceur elle offrira la plus délicate des héroïnes romanesque ou la passionaria la plus torturée.

Son premier grand rôle jouera de cette dualité dans Les Jolies Choses (2003) où elle joue deux jumelles aux caractères diamétralement opposés, l’une endossant l’identité de l’autre après son suicide pour se perdre dans l’enfer du showbiz. Tout est déjà là avec ce double rôle, introverti et exubérant à la fois l’émotion naissant de ce entre deux où la gestuelle exprime les excès de la défunte tandis que la mélancolie du regard dévoile les fêlures de celle assumant usurpant sa personnalité. Si elle endosse avec brio les atours d’une étonnante femme fatale dans Une affaire privée (Guillaume Nicloux, 2002) son premier succès populaire (hors Taxi) montrera à nouveau à quel point Marion Cotillard manie la rose et la cendre en amoureuse innocente puis cruelle dans Jeux d’enfants (2003) 54




au côté de son futur compagnon Guillaume Canet. Le début de ses prestations intenses correspond aussi au drame personnel que vit l’actrice avec une tumultueuse liaison avec Julien Rassam (fils de Claude Berri), amant dépressif qui se défenestrera sous ses yeux, survivant mais finissant tétraplégique avant de se suicider en 2002. Sans entrer dans l’interprétation hasardeuse, le fameux « lâcher prise » qui rend sa présence à l’écran si intense semble un miroir des fêlures du monde réel.

M

arion Cotillard poursuivra cette problématique en héroïne romanesque d’Un Long dimanche de fiançailles (JeanPierre Jeunet, 2004) qui lui vaudra le César du second rôle,

présence discrète et attachante de Big Fish (2003) et abordant avec un même sens du risque un registre comique trop rarement approché dans l’hilarant Dikkenek (2006). Un long préambule au rôle qui la mènera à la gloire mondiale avec La Môme (2007). En interprétant l’être passionné, surdoué et contradictoire qu’était la môme Piaf, Marion Cotillard délivre sa prestation la plus habitée, le maquillage lourd et le mimétisme recherché créant une sorte de bulle libérant totalement son jeu désormais dénué de toute inhibitions pour faire partager les bonheurs et douleurs de l’icône avec en point d’orgue un final intense qui marque durablement. Au-delà des codes de biopic classique, de la qualité honnête du film sans être un chef d’œuvre, elle habite littéralement l’écran dans un film où elle est de tous les plans, forte puis brisée, enjouée puis désespérée, volonté de fer mais corps d’argile et en un mot humaine. Une performance qui stupéfiera la terre entière et lui vaudra l’Oscar de la meilleure actrice, le second pour une actrice française (après Simone Signoret pour Les Chemins de la haute ville (1960)) et le premier pour un film en langue française.

C

’est la porte ouverte à une belle carrière américaine où elle brillera en spectre issu de l’esprit de Leonardo DiCaprio dans Inception (Christopher Nolan, 2010) amour insaisissable du

truand Dillinger dans Public Ennemies (Michael Mann, 2009) et sauve par son seul talent les films malades comme la réminiscence fellinienne Nine (Rob Marshall, 2009). Ce caractère emporté à l’écran ne semble pas si éloigné de l’image sage qu’elle donne à la ville comme le montreront de maladroite déclaration sur le 11 septembre dont elle s’excusera vite. Devenue icône à son tour, Marion Cotillard peut dé57


sormais carrément incarner une Muse dans le magnifique Minuit à Paris (2011) de Woody Allen mais saura revenir aux rôles de belle fauchée par le destin qui nous l’ont rendu unique dans De rouille et d'os (2012). Pas le meilleur film de Jacques Audiard qui singe sans finesse son Sur mes lèvres (2001) mais une nouvelle fois Marion Cotillard stupéfie en belle amputée reprenant goût à la vie. Un Christopher Nolan incapable de choisir la bonne prise lui vaudra certes les moqueries abusives du web dans The Dark Knight Rises (2012) dans un nouveau rôle double et torturé mais elle est désormais bien au- dessus de cela. Mère d’un petit Marcel depuis 2011, elle prolonge ce nouveau rôle de manière schizophrène comme toujours en prostituée junkie indigne dans Blood Ties (2013) devant la caméra de son compagnon Guillaume Canet et de manière plus symbolique en mère d’une Amérique au rêve américain bafoué dans The Immigrant (2013) de James Gray. Pas le meilleur film de son auteur la faute à une trop grande retenue, mais Marion Cotillard en force de la nature prête à tout pour les siens porte littéralement l’âme du film et est une fois de plus inoubliable. Désormais la plus grande actrice française est une star mondiale. Tout simplement. On espère que ses futurs choix (dont le prochain film des frères Dardenne) sauront maintenir la fièvre incandescente qui aura su accompagner ses plus belles performances.

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CHRONIQUE CINé

T H E I MM I G R A N T de James Gray Par JUSTIN KWEDI / Photos : DR




James Gray remonte aux sources des liens un ton plus feutré et intimiste redonnant qui entravent tant de ses personnages dans force à ses thèmes de prédilections. Dans cette fresque belle mais un peu trop schécette transposition moderne des Nuits matique… Blanches de Dostoïevski, James Gray nar-

J

rait les amours contrariés d’un Joachin

ames se sera avéré tout au long d’une Phoenix à nouveau confronté au choix à courte mais précieuse filmographie, cruel entre son aimée (Gwyneth Paltrow)

un des cinéastes américain les plus et l’élue de sa famille. Ce contexte réaliste passionnant de ces vingt dernières an- rendait le drame plus sobre, moins forcé nées. Au fil des films et en particulier sa et d’autant poignant dans ses envolées trilogie inaugurale de polars (Little Odes- (la scène d’amour sur le toit demeure un sa (1994), The Yards (2000) et La nuit nous sommet) dont un final résigné marquant appartient (2007)), le réalisme urbain se durablement. confrontait à la grande tragédie dans des récits plaçant la famille au centre des enjeux. Cette famille s’avérait tout à la fois

C

omme souvent avec Gray, un long hiatus devait suivre ce tour de force

pour ne revenir que cinq ans plus un refuge et une prison pour le héros tard avec The Immigrant. Le mélodrame se destiné à constamment renoncer à son mêle à la fresque historique pour accomindividualité. C’est la touchante relation pagner le destin d’Ewa (Marion Cotillard), fraternelle de Little Odessa mise à mal par jeune émigrante polonaise devant subsisl’activité de tueur de l’aîné (Tim Roth), le ter dans le New York (même en plongeant repris de justice Mark Wahlberg confron- dans le passé, Gray ne quitte pas sa ville

tés aux activités douteuses de sa propre fétiche) des années 20. A peine descendue famille dans The Yards et Joachin Phoe- du bateau après un pénible voyage, Ewa nix forcé par les circonstances de pour- est séparée de sa sœur atteinte de tubersuivre la dynastie policière des siens dans culose et placée en quarantaine. Sans resLa Nuit nous appartient (2007). Ce dernier sources, elle doit pourtant gagner sa vie film avait montré les limites qui se po- pour soudoyer l’immigration. Le « salut »

saient désormais entre la rigueur exigée viendra de Bruno (Joachin Phoenix), bienpar le polar et les écarts que pouvait se faiteur ambigu qui va la contraindre à se permettre le grand mélodrame (Joachin prostituer. Comme souvent chez Gray, la Phoenix s’engageant comme flic et sur le famille devient source de sacrifice mais le

terrain pour venger son père en un laps réalisateur donne à cet adage un tour plus de temps irréaliste…), il était temps de inédit. La sœur à sauver devient un objecchanger de registre. Ce serait le cas avec tif plus abstrait du fait de sa présence limile flamboyant Two Lovers (2008), porté par tée au début et à la fin du film, et la repré-

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sentation de la famille se fera étonnement l’idéal l’amour d’un parent est sans condipar le personnage de souteneur incarné tion envers ses enfants. par Joachin Phoenix. Tout le sentiment oppressant représentée par les liens du sang se trouve incarné à travers ce Bruno :

F

ormellement c’est peut-être le plus beau film de James Gray avec cette reconstitution somptueuse

il aura beau la livrer à la fange et l’exploi- où plane l’ombre du Parrain II (saga portée ter, il n’en reste pas moins son sauveur/ sur la famille s’il en est) et Il était une fois en père dans ce pays étranger puisqu’il la Amérique (1984), portée par la magnifique sauve de l’expulsion, lui apprend à mar- photo automnale de Darius Khondji et des cher et l’aide à grandir/gagner sa vie. Tout compositions de plans (celui qui conclut le cycle de l’éducation et l’apprentissage le film est une merveille) grandement ins-

parental y passe dans une veine sordide et pirées de l’impressionnisme américain et comme tout enfant, Ewa se sent redevable des peintures de New York du début du et reconnaissante envers son « père ». Le siècle (George Bellows et Everett Shinn message se fait d’autant plus trouble que notamment). L’interprétation est parfaite

Bruno (fabuleux Joachin Phoenix, sincère (une fois de plus, une très grande Marion dans son ignominie) aime réellement Ewa Cotillard fragile et déterminée à la fois) et

et paraitrait presque contraint à la plon- la façon de revisiter ses thèmes par Gray ger à chaque fois plus profondément dans est passionnante. Malgré toutes ces quacette situation sordide. La dépendance lités, on ne peut toutefois s’empêcher des autres prostituées exprime bien cette d’être déçu par ce nouvel opus. Même s’il

dimension paternelle et même si elle s’y y pêchait par excès d’emphase, La Nuit refuse et hait Bruno, Ewa a pour lui la nous appartient était un film ardent et vi-

même soumission et respect innés que les vant, Two Lovers reproduisant cette diautres héros de Gray pour leurs familles mension vibrante dans un contexte plus castratrice et étouffante. Les occasions se- réaliste mais cédant toujours à de vrai enront ainsi nombreuses d’échapper à son volées d’émotions. Rien de tout cela dans sort mais entre trahison de sa vraie famille The Immigrant qui malgré d’indéniables et fuite de l’amour plus sincère d’Orlando moment forts (l’aveu final de Bruno) est (Jeremy Renner) Ewa reviendra toujours un peu trop mécanique dans son dérou-

dans le giron de Bruno. Là encore, la fron- lement, artificiel dans ses situations (le tière se fait plus trouble lorsque l’héroïne triangle amoureux maladroitement exaccepte finalement son sort (sans violence ploité) et dont la corde sensible repose ni contrainte) par nécessité et que comme plus sur les acteurs que la construction un père, Bruno l’aime sans condition mal- dramatique, pourtant le vrai point fort gré son métier avilissant (où il l’a plongé de James Gray. On ne s’ennuie pas mais bien sûr) puisque bien évidemment dans 64


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l’on n’est jamais transporté non plus comme dans ses œuvres antérieures. Par volonté de sobriété, Gray a finalement pêché par excès de retenue (le défaut inverse de La Nuit nous appartient tout feu tout flamme) avec un film trop austère, pour ne pas dire froid. C’est d’ailleurs assez paradoxal au vu d’une de ses rares conclusions qu’on pourrait qualifier de « positive » pour les protagonistes même si au fond le schéma est le même. L’Amérique est une mère à laquelle l’appartenance et l’amour est tout autant source d’oubli de soi et de sacrifice.

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Synopsis... 1921. Ewa et sa sœur Magda quittent leur Pologne natale pour la terre promise, New York. Arrivées à Ellis Island, Magda, atteinte de tuberculose, est placée en quarantaine. Ewa, seule et désemparée, tombe dans les filets de Bruno, un souteneur sans scrupules. Pour sauver sa sœur, elle est prête à tous les sacrifices et se livre, résignée, à la prostitution. L’arrivée d’Orlando, illusionniste et cousin de Bruno, lui redonne confiance et l'espoir de jours meilleurs. Mais c'est sans compter sur la jalousie de Bruno...


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NIELS SCHNEIDER Par DINE delcroix / Photos : FRANCOIS BERTHIER

Révélé au grand public par le cinéma de Xavier Dolan grâce à J’ai tué ma mère en 2009 et Les amours imaginaires en 2010, Niels Schneider s’est très vite imposé comme une des figures masculines les plus prometteuses du cinéma contemporain. Lauréat du Trophée Chopard remis des mains de Robert De Niro lors du Festival de Cannes en 2011, il est actuellement à l’affiche du très poétique Les rencontres d’après minuit de Yann Gonzalez et incarnera le héros dans Roméo et Juliette dès le 16 janvier 2014 au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Rencontre exclusive.


Tu es né à Paris et tu as vécu environ 17 ans

Les rencontres que tu as pu faire à Paris ont-

à Montréal. Te considères-tu canadien ou

elles été plus prépondérantes dans ta vie ?

français ?

J’ai fait de super belles rencontres à Paris

C’est marrant parce que je me considère

mais j’ai l’impression que les plus pré-

français à Montréal et québécois à Paris.

pondérantes sont les premières, celles de

Quand je suis arrivé à Montréal, j’étais

l’adolescence. Après, et heureusement,

LE français. On m’a collé cette étiquette

je fais encore des rencontres qui conti-

à l’école à cause de l’accent. J’étais tout

nuent à me façonner.

de suite l’étranger. C’est le Québec qui m’a construit donc, même si je suis né en France, je me sens québécois dans mon cœur.

Quel lieu conseillerais-tu à quelqu’un qui va au Québec pour la première fois ? Moi, à chaque fois que je vais au Québec,

Comment fais-tu pour prendre l’accent québécois et le laisser de côté à convenance ?

je me pose sur un lac. S’il y a une chose à faire au Québec, c’est le canoë sur un lac. C’est un de mes petits plaisirs là-bas.

Je suis arrivé jeune au Québec à l’âge de 8 ans. J’étais un peu une éponge mais mes parents n’aimaient pas trop l’accent québécois donc je ne l’avais qu’avec mes amis pour ne pas paraître trop différent.

As-tu fait un choix de carrière entre le cinéma français et le cinéma canadien ?

J’ai aussi pris l’accent québécois là-bas

Je n’ai pas préféré le cinéma français

pour tourner dans des films. L’accent

mais c’est vrai que j’ai plus tourné en

français, lui, est assez naturel. Les deux

France, dernièrement. Il y a pourtant des

font partie de moi. Ce n’est pas une ques-

réalisateurs qui me fascinent au Québec.

tion d’accent mais de langue, de culture,

Le Québec est presque chaque année re-

de façon de penser.

présenté aux Oscars. Le problème, c’est qu’un réalisateur au Québec peut faire un film tous les quatre ans alors que la

Tu vis désormais à Paris. Aimes-tu toujours

France me propose plus de projets. Je

autant cette ville ?

n’ai pas envie de faire un film tous les

C’est une ville vraiment magnifique et

tourner au Québec.

cinq ans. En tout cas, j’ai très envie de

culturellement extraordinaire. Elle peut parfois m’angoisser mais elle ne m’ennuie pas. 70

As-tu le sentiment d’être redevable de



quelque chose au réalisateur Xavier Dolan ? Je ne sais pas si je lui dois quelque chose

attirer l’attention sur lui. Il ne fait pas des films pour les médias.

mais lui dis merci en tout cas. Ce projet m’a beaucoup apporté...

Aimerais-tu retravailler avec lui ? J’aimerais bien qu’on se retrouve un

Comment l’as-tu rencontré ?

jour, oui.

Xavier était venu à l’avant-première du film Tout est parfait d’Yves Christian Fournier dans lequel j’ai joué. Il voulait faire son premier film, J’ai tué ma mère, et il m’a proposé de jouer dedans.

On te voit toujours dans des films indépendants et profonds. Pourquoi ce cinéma ? Je suis content parce que c’est du cinéma que j’aime et que je vais voir en tant que spectateur. C’est ce que je connais

Êtes-vous toujours en contact ? Oui, on est en contact. On s’écrit assez souvent. Il est une inspiration pour moi. C’est vraiment un réalisateur qui a une énergie. Il m’a appris à ne pas attendre les choses et à ne pas avoir peur du jugement des autres.

À ses début, il s’est fait énormément critiquer. Penses-tu qu’il travaille pour choquer ? Pas du tout. Je suis même sûr qu’il n’y pense pas. Il veut peut-être faire des films qui accrochent et qui dérangent mais qui ont un sens. Ce n’est jamais juste pour provoquer. Xavier est quelqu’un qui remet en question les mœurs et qui peut provoquer les gens dans leurs idées reçues et dans leur conformisme. Il cherche, à mon avis, à secouer les gens mais jamais de manière égoïste ou pour 72

et c’est ce qui m’attire. J’ai envie de travailler avec des réalisateurs que j’aime et de faire un cinéma honnête qui secoue le conformisme d’un cinéma un peu plus industriel. J’aime travailler avec des vrais artistes. Le cinéma n’est pas qu’une industrie de divertissement.

Ne crains-tu pas d’avoir l’étiquette d’acteur de films d’auteurs ? Tout dépend de ce qu’on entend par «auteur». Parfois, «film d’auteur» sonne péjoratif comme s’il s’agissait d’une sous-classe de cinéma alors que le cinéma d’auteur n’est pas un genre en soi. La classification «film d’auteur» ne veut absolument rien dire pour moi. Auteur, c’est un métier. Il y a des films de grande qualité qui sont fait pour un public plus large mais c’est plus rare qu’ils me plaisent.




Pourrais-tu jouer dans un film « grand public » ? S’il est bien écrit, s’il y a un vrai réalisateur derrière, si je sens un pari et une part de risque, si quelque chose qui m’allume et me donne envie de le faire : oui. Ou alors énormément d’argent (rires).

je suis attiré par des personnages qui ont une mélancolie et un côté monstrueux. Moi-même, je peux être très joyeux mais je porte un peu un spleen en moi depuis toujours. En tant qu’acteur, c’est plus marrant à jouer. Quand tout va bien dans un film, on s’ennuie. J’adore les comédies quand elles sont basées sur du drame. Le rire est un baume à l’angoisse.

Depuis le 13 novembre, tu es justement à

Les meilleurs rires sont ceux qui masquent

l’affiche du film Les rencontres d’après

une grande angoisse. Le rire et la mélanco-

minuit de Yann Gonzalez. T’arrive-t-il de

lie ne sont toutefois pas incompatibles.

faire des rencontres après minuit ? Je n’ai jamais fait de partouzes mais il m’arrive de faire des rencontres après minuit, oui (rires). C’est une heure assez propice aux rencontres. J’ai fait de super belles rencontres après minuit. Les gens sont dans un autre état d’esprit entre mi-

Ton personnage dans le film a vécu deux fois. As-tu l’impression d’avoir vécu une renaissance ? Oui, j’ai eu plusieurs vies. J’ai l’impression d’être continuellement en train de renaître.

nuit et 3h du matin. Te connais-tu complètement, aujourd’hui ? Es-tu un oiseau de nuit ? Cela dépend des périodes. Il y a une époque où je vivais beaucoup la nuit mais je sors un peu moins, maintenant. Je ne suis pas très matinal. J’ai plus d’énergie

J’essaye de ne pas trop me mentir sur qui je suis. Je tente d’être le plus honnête face à moi-même mais je ne me connais pas complètement, heureusement. Je ne suis pas prévisible. Il y a 90% de mystère.

le soir. J’ai une pêche d’enfer à partir de 21h alors que je vais être moins en forme à 8h du matin.

Tu es si mystérieux ? Je le suis pour moi-même, en tout cas (rires).

Dans ce film, tu interprètes encore un personnage écorche vif. Qu’est-ce qui t’attire dans ce genre de rôles ?

Quelle scène du film a été la plus délicate à tourner ?

Je n’écris pas mes rôles mais c’est vrai que 75


Pour moi, il n’y avait que des scènes déli-

« C’est une fausse. La vrai est beaucoup

cates. Tout le film se jouait sur un fil. On

plus grosse ! » (rires).

frisait le ridicule tout le temps. Tout au long du film, on voit un juke-boxe Comment était l’ambiance sur le tournage ? Nous avons tourné à Cholet, en province. Le réalisateur travaillait avec des gens qu’il connaissait. Ils sont merveilleux parce qu’ils travaillaient tous pour

sensoriel qui déclenche une musique liée à l’émotion de la personne qui le touche sur le moment. Si tu devais toucher cet appareil à cet instant précis, quelle chanson entendrait-ton ?

le film, ce qui n’est pas toujours le cas.

Puisque je pars demain à Montréal, je

Ils se sentaient tous concernés. Souvent,

pense que ce serait Je reviendrai à Mon-

les techniciens travaillent sans grand in-

tréal de Robert Charlebois.

térêt. Là, tout le monde était concentré et voulait vraiment faire le film le plus proche de ce que le réalisateur avait en tête. Nous étions sept acteurs avec des

Qu’écoutes-tu comme musique, en général ?

caractères très différents et il y avait une

J’ai des goûts très éclectiques. Cela va de

super ambiance pour travailler pendant

Glenn Gould à Nina Simon en passant

les 30 jours nécessaires au tournage.

par A$AP Rocky, The Velvet Underground, Bob Dylan, John Moose, Elliott Smith, Alex Turner, Arcade Fire, Ar-

As-tu une anecdote sur le baiser que tu échanges avec le jeune Alain-Fabien Delon ?

thur Russel, Beach House, David Bowie, Jacques Brel, Georges Brassens...

C’est la toute première scène du tournage. Alain-Fabien n’arrivait pas à bien se concentrer et il rigolait tout le temps. C’est un baiser de transmission car mon personnage lui passe le relais, en quelques sortes.

Tu seras sur les planches du Théâtre de la Porte Saint-Martin à partir du 16 janvier 2014 dans Roméo et Juliette. Comment t’es-tu retrouvé dans ce projet ? Je voulais le faire. C’est une pièce qui se passe en cinq jours. Roméo a un rejet

Pendant le film, on peut voir le sexe d’Éric

76

du monde qui l’entoure, c’est quelqu’un

Cantona. Est-ce le vrai ?

d’extrêmement radical. Ce qui se passe

Ne perdons pas le mystère. Éric m’a dit:

d’un homme. C’est hallucinant de passer

en cinq jours, c’est un concentré de la vie



78


par autant d’états en si peu de temps. Il

C’est important de créer la personne et

projette sur Juliette tout ce qu’il peut at-

d’avoir cet espace de création lorsqu’on

tendre du monde et qu’il n’a pas.

tombe amoureux. L’amour n’existe que dans le regard de celui qui regarde.

Aimes-tu le romantisme en littérature ? Le romantisme à l’eau de rose, non. J’ai été assez fasciné par le romantisme noir

Serais-tu prêt, comme Roméo, à sacrifier ta vie pour quelqu’un ?

d’Edgar Allan Poe, le romantisme alle-

C’est dur comme question ! Si c’est pour

mand de Goethe, celui d’Alphonse de

sauver une personne que j’aime plus

Lamartine, de Victor Hugo...

que moi-même, oui, mais pas pour la rejoindre dans le pays des morts. Roméo n’aime tellement pas le monde dans le-

Es-tu romantique toi-même ? Pas au point d’offrir des pétales de roses

quel il vit qu’il est prêt à mourir. Moi, je trouve que la vie vaut la peine d’être vécue.

et des chocolats pour la Saint-Valentin. Pour moi, le romantisme ce n’est pas quelque chose de doux. C’est une extase qui peut parfois être douloureuse. Je suis assez passionné en amour. Le couple bourgeois et douceâtre n’a jamais été ma

Es-tu capable d’aimer quelqu’un plus que toi-même ? Oui.

tasse de thé. Quelle est ton oeuvre préférée de William Durant la promotion du film Les amours imaginaires, tu as dit «On tombe amoureux

Shakespeare ?

d’un concept». Qu’entendais-tu par là ?

À force de travailler desus, je suis de plus

Je ne me souviens pas l’avoir dit mais je

me rends compte à quel point cette his-

le pense, en tout cas. Souvent, on tombe

toire est extraordinairement géniale.

en plus fasciné par Roméo et Juliette et je

amoureux de l’amour, on projette chez quelqu’un un manque affectif et on tombe amoureux de l’impossibilité de cet amour-là. En connaissant trop les gens, on peut moins les fantasmer. Il faut parfois la distance que demande le fantasme.

Qu’as-tu fait du trophée Chopard que tu as reçu des mains de Robert de Niro à Cannes en 2011 ? 79


Je l’ai donné à mon agent (rires).

je manque de temps mais j’aimerais bien réaliser, oui.

2013 touche à sa fin. Qu’as-tu prévu pour cette fin d’année ?

De quoi parle ton scénario ?

Je vais répéter Roméo Et Juliette.

C’est un film sur le besoin, la famille, l’adolescence... Une histoire de névrose amoureuse et de jalousie.

Où seras-tu le 31 décembre ?

Aimes-tu incarner la violence au cinéma ?

Je ne sais pas encore, je n’aime pas prévoir.

Dans la vie, je condamne la violence mais, au cinéma, il ne faut pas en avoir peur. C’est assez malsain car il peut y avoir quelque chose de jouissif. En jouant la violence, on libère des monstres, des démons intérieurs. Le cinéma permet des choses qu’on ne s’autorise pas dans la vie.

Dans le domaine de la mode, quels sont les créateurs et les marques que tu affectionnes ? J’aime beaucoup Christophe Lemaire, Kris Van Assche, Pendleton Woolen Mills... J’aime bien mélanger des choses actuelles avec des truc plus anciens.

Esthétiquement, qu’aimes-tu le plus chez toi ?

Ton père a été danseur étoile à l’Opéra de Paris. Es-tu intéressé par cet art ? Seulement comme spectateur mais j’aurais beaucoup aimé avoir une formation danseur.

Très honnêtement, je n’ai pas assez de recul pour répondre à cette question.

Et qu’aimes-tu le moins ? Je déteste mes mains !

Tu travailles sur le scénario de ton premier long-métrage. As-tu l’intention de le réaliser toi-même ? J’écris de manière un peu sporadique car 80

De par l’ambiguïté des personnages que tu interprètes au cinéma, es-tu plus souvent dragué par des filles ou par des garçons ? Par des filles.

Pour clore cette interview, je te propose d’inverser nos rôles et de me poser une question... « Quelle est l’origine de ton prénom ? » (rires).


81


JULIEN DORE Par DINE DELCROIX / Photos Franรงois Berthier


Révélé en 2007 par La Nouvelle Star, Julien Doré a dévoilé le 28 Octobre un troisième album baptisé LØVE. Bien que ce titre annonce un disque sensiblement centré sur l’amour, il se lit « louve » en danois et signifie « lion ». Et c’est justement avec une férocité sentimentale que l’homme à la crinière parvient à sublimer une rupture amoureuse de manière poétique et pudique dans ce disque imprégné d’une mélancolie groovy. Avant d’entamer les répétitions d’une tournée qui débutera en février 2014 et qui s’installera aux Folies Bergères les 13, 14 et 15 mars 2013.


Tu es un des rares artistes issu d’un télé-chrochet à avoir réussi à te démarquer de l’image du programme. Comment l’expliques-tu ? Je ne pense pas qu’on m’en détache puisqu’on m’en parle toujours. J’ai adoré cette époque et c’était merveilleux de faire cette émission dans ces conditions. C’est une porte qui m’a amené sur un premier disque et une première tournée donc je n’ai pas forcément envie de m’en détacher. Cela fait partie du chemin, du parcours.

L’émission a fait son retour à la télévision en 2013. As-tu regardé la nouvelle formule ? Cette année, j’ai regardé le casting, oui. Cela m’a rappelé l’état de stress et de nervosité dans lequel j’étais quand j’ai passé le mien. C’est troublant de n’avoir que quelques secondes pour défendre qui ont est et ce qu’on rêve de faire. Je n’avais jamais fait de casting avant celui-ci.

Ton nouvel album s’intitule Love, ce qui signifie « lion » en danois. Quel rapport vois-tu entre ces deux mots ? Il y a un lien très fort, génétique et évident entre l’homme et l’animal. L’homme est un animal comme les autres. Je n’ai de cesse à travers mes clips, mes pochettes, mes livrets et ma façon de parler du monde animal de 84

me rattacher à lui de façon instinctive et


85


archaïque. C’est un lien qui est permanent. Il y a une part animale très forte en chacun de nous.

Quel est ton animal préféré ? Je n’ai pas vraiment d’animal préféré mais je dois dire que les félins me touchent. Leur sensibilité et leur indépendance me frappent.

As-tu des animaux chez toi ? Non.

Pour illustrer la pochette et le livret de ce nouvel album, tu as justement fait une séance photos avec un lionceau. Quelles étaient tes appréhensions pour ces photos ? J’avais des appréhensions sur les conditions avec lesquelles j’allais travailler avec les lionceaux. Je voulais que ce soit rapide et qu’on les traite bien. J’ai travaillé de la même manière pour le clip.

Combien y avait-t-il de lionceaux sur la séance photos ? Ils étaient deux pour éviter justement que cela ne dure trop longtemps.

As-tu eu peur d’eux ? Non.


Qui est l’enfant que l’ont voit dans le clip du single Paris-Seychelles ? Il s’appelle Axel. Je l’ai vu sur une photo et c’était sans doute celui qui me ressemblait le moins mais il y avait un regard très présent et très adulte malgré ses 10 ans. Quand je lui ai demandé de m’envoyer une petite vidéo dans laquelle il chantait «Paris-Seychelles», j’ai vite vu dans ses expressions la part d’enfance d’un adulte. C’était comme si on avait extirpé un morceau de moi-même pour le mettre en scène. Je l’ai tout de suite choisi et il a été extrêmement courageux sur le tournage. Il n’y a pas de tournage confortable de nos jours. Un enfant, la mère et un lionceau, c’est sans doute ce qu’il y a de pire au monde comme cocktail (rires).

Qui a écrit le scénario de ce clip ? C’est moi. Je l’aime pour sa simplicité et j’en suis très content.

Les textes de ton nouvel album dénotent un certain espoir malgré une nostalgie évidente. Estce un paradoxe volontaire ? Je me méfie du côté plaintif. Faire un disque, c’est utiliser de la matière et essayer de la sublimer comme un alchimiste. J’avais envie de sublimer les belles choses que j’avais en tête.


L’album exploite une histoire d’amour personnelle et passée. Te sens-tu plus léger depuis que tu as sorti ces chansons ? Non, je ne me sens pas plus léger. La matière qui a été injectée dans l’album est une matière proche de ce que je ressentais au moment où j’ai écrit ces textes. Aujourd’hui, ce dont je parle, c’est d’un disque, d’un ensemble, d’une musique avec des mots. C’est un état forcément différent de celui dans lequel j’étais lorsque j’ai écrit les chansons. Je n’ai d’ailleurs pas l’impression de parler


de ma vie privée pendant la promotion.

Penses-tu avoir livré des détails intimes au sujet de cette histoire d’amour passée dans ce nouveau disque ? Non, sinon j’aurais écrit une lettre, un SMS ou un e-mail. J’ai fait des chansons pour proposer un album et partager quelque chose. Ce n’est pas du tout une thérapie. Jean-Louis Murat écrit des chansons d’amour depuis très longtemps et on ne lui demande pourtant pas à qui il les écrit. C’est la même chose pour Benjamin Biolay ou Jacques Brel. J’ai fait un disque, pas une autobiographie.

S’agit-il de ton album le plus personnel ? Cet album est un peu une synthèse de ma façon d’être avec ma musique et de comment j’ai envie de la vivre. Mon deuxième album est tout aussi personnel...

De quoi parle la chanson Platini qu’on retrouve sur cet album ? C’est un hommage avec beaucoup d’humour à plein de thèmes qui sont difficilement abordables dans le football, notamment l’homophobie qui est extrêmement présente et dont on parle peu. C’est fou qu’on puisse refuser des joueurs à cause de leur homosexualité. C’est un peu la même débilité qu’il peut y avoir quand certains grands dirigeants 89


sportifs dénigrent une équipe de sport

endroit glauque avec quelqu’un que tu

féminine comme si le football était moins

aimes et y vivre un moment hyper ma-

intéressant lorsqu’il est joué par des

gique au point de t’en souvenir toute

filles. Les choses établies me dérangent.

ta vie. De la même façon, tu peux aller

Ma chanson raconte un peu cette fascina-

dans un endroit merveilleux et y passer

tion pour les joueurs. Même si on a une

un mauvais moment. Je pense que le

bière dans la main droite et des chips

cadre n’importe pas, c’est uniquement

dans la main gauche, on peut regarder

ce qu’on en fait qui compte.

un match avec une certaine fascination pour un joueur. Mon batteur, Mathieu, qui est un grand fan de tennis, peut trouver les mollets de Rafael Nadal très impressionnants. Il est pourtant hété-

L’album comprend également une chanson titrée Corbeau Blanc. En as-tu déjà vu ?

rosexuel, marié avec des enfants. Qu’on

Je n’en ai jamais vu mais je sais que ces

le veuille ou non, il y a quelque chose

corbeaux albinos existent. J’aime cette

dans l’esthétique du corps. Quand tu es

symbolique mythologique de l’animal

dans les gradins d’un stade et que tu re-

avant le maléfice, avant le sort. Le cor-

gardes le match en bande, tu supportes

beau blanc devait veiller sur la bien-ai-

des gars en short qui transpirent et qui

mée d’Apollon mais il ne l’a pas fait alors

se donnent à fond. Cette chanson, de par

Apollon lui a jeté un sort et l’a vêtu d’un

sa petite poésie hommage à Michel Plati-

costume de plumes noires. La chanson

ni, parle de cette idée du corps qui peut

évoque l’idée de quitter le corps.

nous marquer, nous séduire et nous faire rêver. Parviens-tu à être indépendant de ton corps ? Autre titre de cet album : Heaven. Quel en-

Non mais j’aimerais bien que mon cœur

droit est le paradis sur terre à tes yeux ?

cesse de m’imposer son rythme. Aujourd’hui, il y a des techniques pour cela

Je me rends compte qu’il n’y en a pas 90

vraiment. Tu peux te retrouver dans un

et j’y travaille.




MARIANNE JAMES Par Dine delcroix / Photos : PATRICK FOUQUE

Dix ans après avoir campé l’inoubliable Ulrika Von Glott, Marianne James donne vie à un nouveau personnage extravagant pour les besoins d’un spectacle éponyme : Miss Carpenter. Mis en scène par Éric-Emmanuel Schmitt et Steve Suissa, cet ovni théâtral s’est installé au Théâtre Rive Gauche du 12 septembre 2013 au 5 janvier 2014. Entre deux représentations, nous avons rencontré la comédienne pour un entretien coloré et dément.


Ton nouveau spectacle estil, pour toi, un retour à l’excentricité ? Le 23 avril 2002, quand j’ai arrêté le personnage de Ulrika Von Gloth dans L’Ultima Récital à Nantes, j’avais dit à tout le monde en sortant de scène : «Rendez-vous dans dix ans». Effectivement, vers 2012, je me suis mise à l’écriture de ce nouveau spectacle et je savais que, pendant dix ans, j’allais faire quelque chose. J’allais d’abord vivre ma vie à moi car Ulrika m’a pris beaucoup de mon énergie et je voulais aussi travailler avec d’autres personnes comme Patrick Timisit, Guila Braoudé, Philippe Calvario... J’ai fait d’autres spectacles, d’autres participations et là, je suis revenue à mes basiques, à ce que je sais faire : me travestir et écrire des personnages borderline. J’ai un esprit cabaret et c’est assez rare pour une femme d’aimer ce genre de choses.

Quels sont les points communs entre Ulrika Von Gloth et Miss Carpenter ? Elles ont une chose en 94

commun : c’est moi ! L’ossature, la carcasse... Je dirais qu’elles sont arr iè r e s- p e t i t e - c o u s i n e s (rires).

Comment es né le personnage de Miss Carpenter ? Juste avant «La Nouvelle Star», j’étais allée à New York pour revoir la comédie musicale A Chorus Line dont le sujet est une troupe de danseurs qui sont auditionnés les uns après les autres. J’ai adoré cette comédie musicale et, juste après, j’ai fait « La Nouvelle Star » en tant que membre du jury. L’idée des auditions étai là. Je voulais interpréter une vedette qui n’avait plus d’argent et qui devait retourner travailler. Je me suis aperçue que ce qui était important, c’est qu’on comprenne que c’était vraiment une vieille dame à la fois digne et indigne qui doit retourner, à son âge canonique, passer des auditions de théâtre, de publicités, de radios.

Qui a pu t’inspirer ce personnage ?

Je me suis beaucoup inspirée de l’actrice Jayne Mansfield, de la playmate Anna Nicole Smith qui est décédée après avoir épousé un homme de 92 ans à l’âge de 26 ans. Il est mort dans de drôles de circonstances et elle a hérité. Quelques années plus tard, elle a épousé un gigolo avant de mourir ellemême dans des circonstances étonnantes et ce gigolo a, à son tour, hérité de tout. Il y a des histoires qui nous dépassent et qui sont tout à fait fascinantes. Dans mon spectacle, il y a des clins d’oeil à Annie Girardot, à Romy Schneider, à Marilyn Monroe, à Bette Davis, à Gloria Swanson dans «Sunset Boulevard»... Toutes les grandes divas du cinéma des années 50 ou 60. J’avais envie d’en interpréter une au XXIème siècle qui n’a pas eu la chance de mourir jeune et qui a malheureusement l’âge de ses artères. C’est ce qui me faisait rire.

Au cours de ta carrière, as-tu vécu des auditions aussi dures que celles que passe Miss Carpenter dans la pièce ?



On n’a jamais été aussi «cash» avec moi. On ne m’a jamais dit en face «trop vieille», «trop grosse» ou «trop moche» mais on a dû le penser (rires). L’univers des auditions est très violent. J’en ai eu témoignages à «La Nouvelle Star» quand j’étais de l’autre côté pendant quatre ans.

Qu’aimes-tu chez Miss Carpenter ? C’est un drôle de personnage. Elle est increvable ! C’est une survivante, survivante à elle-même, survivante aux avortements, survivante aux auditions... Comme dans les films d’horreur, le méchant ou la méchante ne sont jamais vraiment morts et ils reviennent.

Sur quoi as-tu le plus travaillé pour donner vie au personnage ? Sur le corps et la voix. Il fallait que je lui trouve sa voix.

Malgré les rires, cette pièce de théâtre a un fond plutôt 96

triste... Je ne dirais pas «triste» mais il y a un fond plutôt noir, effectivement. Miss Carpenter est une vieille dame et sa vie est derrière elle. Pour elle, la prochaine étape, c’est le tombeau et elle le chante pendant la pièce, d’ailleurs.

Éric-Emmanuel Schmitt a-til été choqué par le projet, au début ? Je savais qu’il y avait cette truculence qui aurait pu le choquer mais, lors de la lecture de la pièce sans le jeu, tous les traits les plus gros et les plus caricaturaux l’ont fait rire. Je pense que le pari, pour lui, était de trouver la mesure de la démesure. Il s’y sont mis à deux avec Steve Suissa, un de ses meilleurs amis. Tout s’est très bien passé.

Comment Pablo Villafranca s’est-il retrouvé dans le casting ?

Il est issu de la comédie musicale, entre autres. Il a entendu parler du spectacle et il s’est tout simplement présenté. Nous

avons beaucoup aimé ce qu’ il a fait pendant son essai.

Le côté « gay-friendly » du spectacle était-il volontaire ? Je suis moi-même gay-friendly. Ce côté cabaret était déjà dans l’écriture, oui.

Quelle est ta réplique préférée de Miss Carpenter ? « Vieillir, c’est pas fait pour les mauviettes ! ». C’est une phrase de Bette Davis.

Après Ulrika Von Gloth et Miss Carpenter, que réserves-tu à ton public ? Le prochain personnage sera pire ! Le but, c’est que d’ici 10 ans, j’arrive à faire une trilogie. Sur une idée de Sébastien Marnier, je compte présenter Lilith, la patronne des sorcières et la femme de l’Enfer. Elle sera très rousse et la pièce se fera avec le public. Il y aura des chaudrons, des corbeaux... Très Tim Burton (rires).



gerald DE PALMAS PAR Dine Delcroix / Photos : Martin Lagardère

Gérald De Palmas est de retour avec un nouvel album sobrement intitulé De Palmas. Porté par les single Serait-il ? et Je me souviens de tout, ce nouvel opus a été entièrement enregistré dans les conditions du live et renferme pas moins de 6 titres en anglais. Une performance pour le chanteur qui ira défendre ses chansons en tournée en passant par la Cigale le 13 Février 2014 ainsi que par l’Olympia le 27 Mai 2014. Rencontre avec un homme qui n’a plus rien à prouver et qui a bien voulu se pencher sur 20 ans d’une carrière sans regrets. 98


99


Ton nouvel album s’intitule De Palmas. Pourquoi un album éponyme ? Parmi les titres des chansons présentes, il n’y en avait pas un seul qui était assez représentatif de l’album, pour moi. Le côté un peu dépouillé et roots que j’essaye de mettre avant était cohérent avec ce titre et rendait logique l’usage de cette photo en guise de pochette. Il n’y a eu pas de mise en scène, c’était naturel.

Un album éponyme avec une photo de groupe pour pochette. As-tu cessé d’être un artiste solo ? Les musiciens n’ont pas toujours figuré sur mes pochettes de disques mais j’ai toujours marqué leur importance sur ma musique. Leur présence est fondamentale !

Ton album précédant était un peu construit comme une bande originale de film. Quels sont tes compositeurs de musiques de films préférés ? J’aime John Barry. J’aime aussi Danny Elfman même s’il a empunté beaucoup de choses à d’autres. Il y a également John Williams qui fait des trucs super originaux et Jerry Golsmith pour sa musique de La Planète Des Singes de 1968.

Quel artiste aimerais-tu entendre aux commandes d’une bande originale ? Amon Tobin. Il fait de l’electro et je suis 100

un grand fan. Il pourrait faire des musiques de films.

Pourquoi as-tu choisi d’enregistrer ton nouvel album dans des conditions de live ? C’est excitant de ne pas faire le même album deux fois de suite dans le processus d’enregistrement. De plus, je voulais essayer de retrouver l’énergie que je peux avoir sur scène, cette espèce d’émulation, de communion du fait de jouer avec des musiciens en temps réel. La motivation est différente. Souvent, je me suis concentré en studio sur les arrangements en essayant de créer des univers, ce que je pense avoir réussi de temps en temps mais, ce coup-ci, je voulais avoir cette énergie dans la vie et l’une des meilleures façons de l’obtenir était de jouer avec les musiciens.

Y avait-il une difficulté dans cet exercice ? Non. Il faut simplement avoir les bonnes conditions pour le faire et que tout le monde soit prêt. Généralement, on ne fait pas 15 versions avec la même impulsion. Tout le monde doit être concentré et le matériel doit être prêt. Quand le cerveau prend le relais, il y a moins d’âme.

Cherchais-tu à te prouver quelque chose à toi-même avec cette manière d’enregistrer ? Ce qui m’intéressait, c’était de créer l’envie. C’est bien d’avoir un peu de pression pour ne




pas s’endormir et pour ne pas tomber dans un truc cérébral. Cela crée une urgence.

As-tu l’intention de renouveler l’expérience pour un futur album ? J’aime cette énergie et j’aimerais la garder mais j’aurais peut-être envie, si je fais un autre album, d’avoir quelque chose de nouveau qui m’excite et qui me motive.

Du fait de cet aspect «live», cet album est-il le plus authentique de ta discographie ? Non. Chaque album est une photographie précise de ce que j’étais au moment où je l’ai fait.

J’ai écrit avec un pote anglais. Au départ, on devait faire 2 ou 3 titres et on s’est retrouvé avec 6 titres parce c’était fun d’écrire ensemble. Je n’ai jamais écrit avec quelqu’un d’autre. C’est un vrai jeu de ping-pong. J’aime bien ce qu’on raconte des les textes.

Sais-tu que les radios françaises ne jouent pas les artistes français qui chantent en anglais ? Je le sais mais je le fais parce que cela me fait plaisir. Quand j’ai un titre à amener à une radio, je prends une chanson en français. J’aime mes titres en français.

Au bout de 20 ans de carrière, t’arrive-t-il de faire des bilans ? Es-tu un bourreau de travail ? Je n’ai jamais été un bourreau de travail. Je ne crois pas à la volonté, je crois à l’envie. Si je m’amuse, je vais être efficace. Si c’est laborieux et dans la douleur, le résultat sera moins bon.

Ce nouvel album contient 6 titres en anglais. Qu’est-ce qui t’a amené à chanter dans cette langue ? J’ai toujours eu envie de chanter en anglais parce que je n’écoute pratiquement que de la musique anglo-saxonne. C’était un rêve de gamin mais je n’avais pas encore trouvé la personne avec laquelle je pourrais écrire. Ce coup-ci, j’ai trouvé.

Rarement. Je l’ai fait un petit peu pour le best of mais j’essaye de ne pas rester trop longtemps avec la tête tournée vers l’arrière au risque de choper un torticolis très vite (rires). Pour moi, le passé, c’est beaucoup de bagages. Si on les regarde tout le temps, on ressent leur poids et cela n’a pas d’intérêt. J’aime bien me sentir léger, mobile et réactif.

Dans ton parcours, y a-t-il des choses que tu regrettes artistiquement ? Je vais peut-être paraître un petit peu prétentieux mais je suis plutôt fier de ce que j’ai fait. Je réécoute rarement mes albums mais, pour le best of que j’ai sorti en 2011, 103


j’ai dû tout réécouter et j’étais content de voir que cela n’avait pas vieilli comme certains trucs des années 80. Quand je tombe sur un morceau comme «Sur La Route» en allumant la radio, à part la voix qui a évolué en 20 ans, je trouve que le son n’a pas vieilli. Ce sont des sons naturels. Je suis finalement assez content d’avoir passé pas mal de temps en studio à travailler les sons parce qu’aujourd’hui, je ne suis gêné en les réécoutant.

Si tu devais retenir un seul moment en rapport avec ta carrière, lequel serait-ce ? Tout a commencé par ce type qui s’appelle Christophe Leblanc. Il était assistant directeur artistique et il avait chopé ma cassette dans un fond de tiroir. Elle avait été abandonnée par le directeur artistique pour lequel il travaillait. Il a quitté son poste puis il a été engagé dans une autre maison de disques en disant que j’étais le genre de projets qu’il aurait envie de signer s’il était engagé en tant que jeune directeur artistique. Il a été pris et il m’a effectivement signé alors que j’étais sur le point d’abandonner car je ramais depuis 10 ans.

Quelle a été ta rencontre la plus marquante de ces 20 dernières années ? Ma rencontre avec Jean-Jacques Goldman à un moment de ma carrière où j’étais un petit peu paumé. Il m’a fait un texte qui m’a redonné confiance en moi.

Quel a été ton plus gros risque sur le plan artistique ? Je ne pense pas avoir pris de gros risques artistiquement. J’ai toujours fait une musique considérée mainstream même si je passe des heures en studio. Peut-être que mon single «Serait-Il ?» a un peu surpris les gens...

Si tu devais retenir un album de ta discographie, lequel serait-ce ? Le prochain. Celui qui n’est pas encore écrit mais que j’ai envie de faire. Il va faire mal (rires).

Une chanson ? Je ne suis pas mécontent de «Je Me Souviens De Tout» sur le dernier album.

Un look ? Ressors un peu les photos des Max Valentin, mon premier groupe produit par Étienne Daho en 1987. Si tu veux un look rigolo, tu vas rire !

Un état d’esprit ? J’aime bien quand je suis insouciant, je ne le suis pas assez.



Il paraît que tu voulais étudier les arts gra-

cette raison que je me suis dirigé vers le

phiques avant d’être acteur. Est-ce vrai ?

théâtre où j’ai fini par trouver un engage-

En fait, je voulais faire les beaux-arts mais il fallait avoir le Bac. Du coup, je

ment émotionnel avec une relation physique aux choses.

suis allé passer un brevet de technicien dessinateur maquettiste mais cela m’ennuyait profondément parce que c’était plutôt le dessin qui me plaisait et non pas la maquette. Je n’étais pas tellement fait pour les arts appliqués même si j’ai appris. J’avais surtout une passion pour la création. Il y a des gens beaucoup plus doués dans l’application de l’art à l’industrie. C’était assez large mais il fallait aimer les outils techniques. Moi, je voulais des matériaux pour faire de la sculpture ou de la peinture et cela ne se fait pas forcément avec un support virtuel. C’était un besoin personnel et c’est pour

Malgré ce changement de voie, dessines-tu toujours ? Je m’y suis remis l’été dernier parce que j’ai travaillé sur le rôle d’un flic qui dessine beaucoup alors je faisais énormément de portraits sur le tournage. J’ai un peu plus de mal sur les corps car le travail de perspective est plus compliqué pour moi.


VITAA Par Dine Delcroix / Photos : François Berthier

C’est avec des sonorités musicales pop que Vitaa a choisi de faire son retour dans les bacs après trois années d’absence. Disponible depuis le 18 Novembre 2013, ce troisième album intitulé Ici et maintenant a été influencé par Maître Gims, membre du groupe Sexion d’Assaut qui donne la réplique à la chanteuse sur le premier single Game Over. Un duo en tête des classements qui confirme le retour d’une artiste désormais apaisée par son rôle de maman et impatiente de remonter sur scène.


Tes deux premiers albums étaient axés sur les

parce que Maître Gims est dessus mais

relations sentimentales, la famille et la mala-

ce n'est pas une évidence puisqu'il a déjà

die. Quel est le fil conducteur du nouveau ?

été sur des titres qui ne sont pas mon-

Ce troisième album tourne autour de tout ce qui s'est passé pendant ces trois années d'absence. J'ai notamment rencontré mon mari et j'ai eu un petit garçon. Ces deux événements ont naturellement bouleversé ma vie. J'étais une personne très angoissée et je doutais tout le temps. Aujourd'hui, je me sens posée, plus équilibré et cette maturité s'entend sur l'album.

Quelles ont été tes prises de risques pour ce troisième album ? Il y a déjà le single Game Over. Maître Gims est tellement partout en ce moment que je pensais que le morceau passerait à a trappe. De même, le format de la chanson est différent de ce que j'avais déjà pu proposer. Je reviens avec un morceau electro-pop ubrain alors que mon public a surtout l'habitude de m'entendre sur des ballades. Il y a d'autres prises de risques dans l'album comme J'aimerais Te Dire qui est encore une production de Maître Gims et dans laquelle je chante d'une manière différente. Cela fait du bien d'aller explorer d'autres horizons.

tés aussi haut. Pour lui, ce morceau avait une bonne formule, celle d'un duel entre une fille et un garçon et c'est vrai qu'il n'y en a pas eu depuis longtemps dans le paysage musical. L'engouement est aussi très lié au thème de la chanson. C'est un concept marrant qui plaît aux gens. Il y a aussi la mélodie de Maître Gims qui est très forte. C'est le mélange de tous ces paramètres qui a fait le succès du titre.

Comment en es-tu venue à travailler avec Gims ? J'ai toujours été fan de son travail. Au départ, je l'avais sollicité uniquement afin qu'il produise des titres pour mon album parce que je savais qu'il ne faisait pas de featuring à l'époque et qu'il refusait tout le monde. Je tenais absolument à travailler avec lui car je le trouve très créatif. On a commencé à travailler sur J'aimerais Te Dire puis sur Je Veux Vivre. Game Over est arrivé en dernier. C'était une ancienne maquette inachevée qu'il avait dans sa banque de sons. Il a beaucoup de titres inachevés. Il avait juste écrit le premier couplet et le refrain. Le thème m'a vite plu parce que j'adore explorer les rapports hommes/femmes. Puis, on s'est dit que ce serait sympa que je réponde dans le texte alors j'ai écrit mon

Justement, comment expliques-tu le succès

couplet, je lui ai proposé et il a tout de

du single Game Over ?

suite adhéré.

On pourrait facilement dire que c'est 108



Préfères-tu Maître Gims en solo ou avec son

Il n'est pas forcément plus léger mais il y

groupe, Sexion d'Assaut ?

a eu une volonté de ma part d'y montrer

Je pense qu'ils ont tous un truc dans ce groupe mais c'est vrai que Maître Gims a

une facette plus joviale de ma personnalité qui n'avait jamais été mise en avant.

la palette de disciplines la plus large dans le sens où c'est un excellent rappeur et un excellent chanteur. Tout le monde ne sait pas chanter comme lui dans le groupe.

Il y a pourtant moins de "drames" dans cet disque... C'est vrai que j'ai vécu des choses apaisantes et j'avais besoin de partager ce bonheur. Néanmoins, il y a toujours des

Est-il à l'origine des sonorités pop qui do-

balades et des histoires tristes. Je suis

minent ce nouveau disque ?

comme tout le monde, j'ai des jours où

Cette nouvelle couleur musicale a ef-

rien ne va (rires).

fectivement été amenée par Maître Gims. Après, la pop, c'est une musique que j'aime et que j'écoute. D'ailleurs, le R'n'B tend de plus en plus vers une pop urbaine. Les sons évoluent et je trouve qu'une chanson comme Game Over est dans l'air du temps. J'avais envie d'utiliser des tendances actuelles sans pour autant aller vers des choses qui ne me ressemblent pas.

En effet, tu parles clairement de ce bonheur dans le titre J'ai Trouvé Le Bonheur. De quoi manquais-tu ? Le fait d'avoir un enfant me tenait à cœur depuis très longtemps et j'ai adoré devenir maman. C'est aussi ce nouvel album qui manquait à ma vie car j'ai vécu difficilement la fin de l'exportation du précédent.

Peut-on parler d'une nouvelle Vitaa ? Non ! Je ne me suis pas transformée et cet album est dans la lignée des deux premiers car je parle toujours de ce qui me touche.

Pour perpétuer ce bonheur, de quoi as-tu besoin aujourd'hui ? J'ai envie d'agrandir ma famille. J'ai aussi hâte de retourner sur scène car j'ai la chance d'avoir un public touchant et réactif.

Cet album est-il un peu plus léger que les précédents ? 110



BLIND TEST Commédienne touche à tout, la jeune commédienne sera partout en 2014.

Ta Madeleine de Proust ? A la recherche du temps perdu, que j’ai lu très jeune. Aucun autre livre ne fait naître en moi autant d’émotions et de sensations nostalgiques. Pourtant je ne crois pas avoir vécu au XIXème.

Le film qui raconte ta vie ? Mulholland Drive, tout mon inconscient est dedans.

Ton livre de chevet ? Ma madeleine de Proust.

Ton secret de beauté ? La joie.

Ton antistress ? Manger du pain.

112


ALIX BENEZECH Par FRANCOIS BERTHIER / Photos : Franรงois Berthier



La tendance mode que tu détestes ?

Un autre métier qui t’aurait plu ?

La grosse barbe chez les hommes, beurk.

Boxeuse.

Le détail chic pour toi ?

Qui inviterais-tu à ton dîner idéal ?

Une très belle paire de chaussures.

Jacques Audiard, David Lynch, Christophe (le chanteur), Rihanna, Isabelle Adjani et mon papa.

Ta série du moment ? The Wire.

Ta chanson pour te sentir bien ?

Le défaut que doit avoir un homme pour te séduire ? Etre terriblement macho.

Toutes les chansons de Rihanna et Do The Swam des Puppet Mastaz.

Le cadeau que tu rêves d’offrir ? Un voyage dans les plus beaux et rares

L’insulte que tu préfères ?

lieux de minéralogie à ma maman.

Got verdomi nochamol! (je ne garantie pas l’orthographe, c’est en alsacien, je

Libé ou le Le Figaro ?

l’ai écrit phonétiquement) j’aime beaucoup prendre l’accent alsacien pour les

Les deux même si j’ai une préférence na-

insultes c’est plus swag.

turelle pour Jean-Paul Sartre.

Le compliment qui t’énerve le plus ?

Ton proverbe fétiche ?

Un compliment ça peut énerver ?

Le courage s’accroit par l’audace, la peur par l’hésitation. Publius Cyrus. Oui j’ai un peu une âme de guerrière.

Le pays où tu pourrais immigrer ? Les Etats-Unis, New York plus précisé-

Le disque que tu as honte d’avoir acheté ?

ment. 115


Aucun j’assume, même le petit bonhomme en mousse. Non je plaisante.

Le talent que tu aimerais avoir ? Celui d’un grand comique comme Louis de Funes

La question qu’on ne doit pas te poser ? « Ton nom de famille c’est breton ?» Je crois qu’aujourdhui c’est la 1237683ème fois que j’ai expliqué les origines de mon nom. C’est originaire du languedoc. Cela vient de «Benoit» qui veut dire béni. Petit mémo : le pont d’Avignon s’appelle le Pont Saint Bénézet.



L’interview première fois L’INTERVIEW PREMIÈRE FOIS

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Assistante : Phany Fauvet Maquillage : MademoiselleMu Coiffure : Pierre Saint-Sever using Session Label OSIS + Schwarzkopf Professional Assistante Coiffure : Patricia Rameau


SUSANNE WUEST Par Dine Delcroix / Photos : PAULINE DARLEY

Actrice

autrichienne confirmée, Susanne Wuest séduit par sa personnalité attachante et par sa sensibilité artistique. Bien que sa carrière soit encore confidentielle dans notre pays, nous avons tenu à l’inviter dans TheBlindMagazine. Quoi de plus normal pour vous présenter un coup de cœur que de lui confier nos questions les plus indiscrètes ?

Premier souvenir ?

Premier baiser ?

La première chose qui me vient à l’es-

C’est embarrassant parce que je n’avais

prit, c’est un souvenir qui date de quand

pas réalisé qu’il s’agissait d’un premier

j’avais 2 ans. Nous avions un chat blanc

baiser. J’étais à l’école primaire et un

qui est tombé dans une boite d’épinards.

des garçons avait parié qu’il arriverait à

Il est devenu tout vert et il courrait par-

embrasser une fille. Il est venu vers moi

tout (rires).

pour me demander quelque chose et il m’a embrassée avant que je ne réalise ce qui était en train de se passer. Notre

Première voiture ?

professeur a vu la scène et c’était très gênant. Ce n’est pas très romantique mais

C’était une Lexus. J’avais emprunté cette

c’était pourtant la première fois qu’on

voiture à l’âge de 19 ans et je l’ai gardée

m’embrassait.

pendant un an et demie. Premier amour ? Premier métier que tu voulais faire ?

Je suis tombée amoureuse d’un garçon

Je voulais être chauffeur de taxi suite à

quand j’avais 7 ans et je l’ai aimé jusqu’à

un trajet en taxi à Vienne avec mes pa-

l’âge de 16 ou 17 ans. Il vivait près de

rents. Le conducteur avait ouvert le toit

chez moi. Durant le dernier été que nous

de la voiture et c’était la première fois

avons passé ensemble, nous nous tenions

que je voyais un toit ouvrant sur un véhi-

beaucoup la main mais nous avions trop

cule alors je voulais faire la même chose

peur d’aller plus loin et c’était mignon.

(rires).

Il a déménagé par la suite. Le plus drôle, c’est qu’il vit aujourd’hui à Berlin tout près de chez moi 119


Robe blanche en nid d’abeille KAROLINE LANG



Robe blanche en nid d’abeille KAROLINE LANG


Premier chagrin d’amour ?

Premier livre culte ?

C’était avec ce même garçon. J’ai eu le

J’adore les livres ! J’ai grandi en lisant

cœur brisé lorsqu’il a déménagé mais

une tonne de livres étant donné que je ne

mon premier véritable chagrin d’amour

regardais pas la télévision quand j’étais

a eu lieu 2 ans plus tard à cause de mon

enfant et j’aimais beaucoup les Sherlock

premier petit copain. J’étais complète-

Holmes.

ment anéantie car il aimait quelqu’un d’autre. Premier prof détesté ? Première fois ?

Je les détestais tous ! (rires). La pre-

Ce n’était pas ce à quoi je m’attendais et

odieuse (rires).

mière, c’était à l’école primaire. Elle était

je pense que beaucoup de filles diraient la même chose (rires). Premier prof adoré ? Premier animal de compagnie ?

C’était au collège, j’avais un professeur

C’était ce chat qui est tombé dans les

elle avait une bonne manière d’amener

épinards. Il s’appelait Petit et il était très

les choses aux enfants. Elle attisait en

mignon.

rendant les sujets intéressants et c’est de

de littérature qui était formidable car

cette manière qu’un enseignement doit être pratiqué. Premier disque acheté ? Very des Pet Shop Boys.

Première cuite ? À l’âge de 14 ans, j’ai rendu visite à une

Premier film culte ?

amie dont le père était directeur d’un petit hôtel où il y avait un sauna. Nous étions

Spaceballs (La Folle Histoire De L’Espace)

une dizaine de filles et nous faisions une

de Mel Brooks. Je devais avoir 14 ans

soirée pyjama. Nous nous sommes faufi-

quand je l’ai vu. J’ai grandi sans télévi-

lées jusqu’au sauna et nous avons versé

sion car mes parents ne voulaient pas

de l’alcool sur les pierres à sauna qui se

qu’on la regarde.

trouvaient sur le poêle. 5 minutes plus tard, nous étions toutes complètement bourrées à cause des inhalations. 123


MODE

Lumière

d’hiver Photographed by François Berthier Styled by Lynda pour Lnh agency Make up by Melissa Soukeyna Hair by Nina Olivet Model : Oxsana@Women Thanks to Sylvain Bertrand


Robe YSL, Collier Crucifix DOLCE & GABBANA, manchette et bague noire AMELLEE Robe clarisse hiereix


Robe BCBG MAX AZRIA



Robe BCBG MAX AZRIA



Robe FAITH CONNEXION


Robe VIVIENNE WESTWOOD Chaussures BCBG MAX AZRIA


CHAMBRE FOLLE

Photography by François Berthier Styled by Jessy Cotineau Make up by Camille Lutz Hair by Gregory Mastrostephano Model : Zoey@Angels Thanks to Hotel Astor, 11, rue, d’Astorg, 75008, PARIS.


Robe noire voile et broderies en silicone CLARISSE HIERAIX Boots ouvertes Suecomma Bonnie


Robe noire voile et broderies en silicone CLARISSE HIERAIX Boots ouvertes Suecomma Bonnie



Veste bolero SERKAN CURA Pantalon en cuir taille haute AUGUSTIN TEBOUL



Lunettes incrustée de cristaux PRADA Soutien gorge triangle HANRO Robe blouson à capuche en jersey et mousseline de soie TSOLO MUNKH




Jupe Extra longue ILIA

Jupe Extra longue ILIA Collier FASHION VICTIME



Veste noire en plumes PELLESSIMO Chaussures en suède et python MINNA PARIKKA



Veste noire en plumes PELLESSIMO


Robe tablier en cuir toile TSOLO MUNKH



ARIANE BRODIER Son

visage vous dit quelque chose ? C’est normal vous l’avez vu sur M6 dans le Morning live, Club, et aussi aux côtés de Julien Courbet sur France 2... après presque dix ans de télévision, Ariane Brodier revient a son premier amour, la comédie, et sera à partir du 7 janvier au théâtre BO st Martin tous les mardis à partir de

20H15....

Make up : Cindy Thudor


LA FILLE QUI REND BLIND Photos : Franรงois Berthier


Onshore Daylight L’ECOsse par Pierre Ollier


BLIND TRIP « Onshore Daylight» est une série de photographies cathartiques. Une fuite. Loin de l’agitation, là-haut, au nord de l’Europe, je suis allé rechercher l’isolement, entre terre et océan. Un endroit dénué de la violence de l’instant, où le temps se fige dans l’espace. Ainsi, dans une démarche volontairement lente, je suis parti retrouver l’horizon, en quête de ma propre solitude.» Pierre Ollier














musique

Par Dine Delcroix

Laura Pausini 20 : The Greatest Hits

Billie Joe + Norah Foreverly

BB Brunes Long Courrier (réédition)

La chanteuse italienne cé- Billie Joe Armstrong (lea- À chaque fin d’année, les lèbre ses 20 ans de carrière der du groupe Green Day) rééditions d’albums vont avec une compilation re- et Norah Jones ont mis bon train et celle de l’algroupant les chansons les tout leur talent au profit bum Long Courrier des BB plus célèbres de son réper- d’un album commun : Fo- Brunes a particulièrement toire incluant l’incontour- reverly. Une collaboration gâté les fans du groupe nable tube La solitudine, insolite mais incroyable- puisqu’elle propose 6 duos des duos internationaux et ment réussie sur ce disque avec Benjamin Biolay, des titres exclusifs comme de reprises des chansons Vanessa Paradis, Oxmo Keren Ann, Limpido, un duo inattendu de l’album Songs Our Dad- Puccino, avec la belle Kylie Minogue dy Taught Us des Everly HollySiz, Carl Barat (exqui sert de premier extrait Brothers, sorti en 1958. membre de The Libertines) officiel à se best of. Pour Les 12 titres proposés par mais aussi des titres inéfêter dignement ce recueil, le tendem improbable sont dits, de demos ainsi qu’un Laura Pausini sera en tour- le fruit d’une rencontre en remix en complément de la née l’année prochaine et se hommage à un répertoire tracklist originale et d’un produira en France sur la country-folk de morceaux DVD Bonus. Le bande scène parisienne du Zé- vieux de plus de 60 ans. Il d’Adrien Galo poursuivra nith le 1er février 2014.

en résulte une délicieuse sa tournée jusqu’au prinunion de voix dont on ne temps 2014. se lasse pas.

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Beyoncé Beyoncé

One Direction André Manoukian Midnight Memories Chants De Noël

Se réveiller un matin et Le groupe continue de Cette année, c’est André trouver le tout nouvel al- surfer sur le succès avec Manoukian qui ouvre le bum de Beyoncé en vente un troisième album qui bal des albums de chants

digitale ? C’est possible ! marque un virage plutôt de Noël. Enregistré avec la La chanteuse américaine rock dans une carrière Chorale des Montagnes, ce a gardé le secret de sa sur- époustouflante. Entre bal- disque propose un réperprise jusqu’au bout et c’est lades efficaces et chansons toire de chants de Noël rele 13 décembre que les in- plus énergiques, les cinq vus par 300 choristes mais conditionnels de la diva anglais ont bien l’intention surtout par André Maont pu découvrir sans la de souligner toute la ma- noukian qui a souhaité des

moindre annonce un «al- turité acquise grâce à leurs arrangements modernes bum visuel» au concept al- nombreux concerts dans pour les 15 titres présents. léchant puisqu’il propose le monde et à leur média- Petit Papa Noël, Mon Beau 14 chansons inédites avec tisation phénoménale. La Sapin, Douce Nuit... Tous une video pour chacun bande qui n’en finit pas de les plus grands classiques des titres. Une façon in- remplir les salles du monde sont réunis sur cette com-

génieuse de faire valoir un entier a promis d’enflam- pilation qui rend aussi travail de qualité sans pro- mer le Stade de France les justice à la tradition amémotion et de bouleverser 20 et 21 juin 2014. De quoi ricaine avec des morceaux l’industrie du disque sou- fêter la musique comme il comme Hallelujah de Leonard Cohen ou encore All I vent trop routinière. se doit ! Want For Christmas Is You.

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RETROUVEZ THEBLINDMAGAZINE LE MOIS PROCHAIN Numéro #9 SORTIE LE 5 JANVIER Bouclage 1er JANVIER

CONTACT & PUB : theblindmagazine@ gmail.com


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