THEBLINDMAGAZINE#13

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INTERVIEWS EXCLUSIVES

Talisco Rixton Russian Red The Young professionals in the Valley below CAmILLe JAPY Katia Winter Mai 2014 #13 ISSUE

PHOTOS ET ENTRETIEN EXCLUSIFs

Forest Whitaker Le géant d’Hollywood

Sophie Tith / kasabian / Vincent niclo / wax tailor / KAISER CHIEFS / Adèle exarchopoulos / The ghost of a saber tooth tiger


CONTRIBUTEURS

FONDATEUR, DIRECTEUR DE LA REDACTION, REDACTEUR EN CHEF CINEMA & DIRECTEUR DE LA CREATION FR ANCOIS BERTHIER REDACTEUR EN CHEF, REDACTEUR EN CHEF MUSIQUE DINE DELCROIX RÉDACTRICE EN CHEF BEAUTE & NEWS AUR IANE BESSON

JOURNALISTES Auriane Besson, François Berthier, Dine Delcroix, Wallendorff, Marie-Pierre Galinon PHOTOGRAPHES François Berthier, Wallendorff, Martin Lagardère, Yann Gendreau PRODUCTION Dine Delcroix CONTACT R EDACTION/PUB theblindmagazine@gmail.com

TheBlindMagazine est édité par la société Ten Feet Under / Tous les textes et photos sont soumis par leurs auteurs qui acceptent leur publication, et n’engagent que leur responsabilité.


EDITO #13

Ce mois-ci, l’équipe de TheBlindMagazine vous propose un entretien exclusif de l’acteur oscarisé Forest Whitaker, bouleversant dans son nouveau film La voie de l’ennemi. Avant de partir pour le Festival de Cannes où l’on vous promet un joli portfolio le mois prochain, vous pouvez plonger dans nos rencontres avec Sean Lennon et Charlotte Kemps Muhl, un live report de Kasabian, et le plein de découvertes musicales avec Talisco, Rixton, Russian Red, In the Valley Below, The Young Professionals... Bonne lecture à tous et rendez-vous en juin ! L’équipe TheBlindMagazine

facebook.com/Theblindmagazine @Blind_Magazine


Mai 2014

44

30

6 Blind Beauty

30 The Youg Professionals

14 L’instant Live Kaiser Chiefs

38 In the Valley Below

16 Talisco

44 En couverture Forest Whitaker

22 Rixton

52 Wax Tailor

26 Russian Red

4


SOMMAIRE

120

58

58 The Ghost of a Saber Tooth Tiger

92 L’interview 1ère fois Katia Winter

68 Vincent Niclo

98 Blind Test Camille Japy

76 Live Report Kasabian

102 Edito MODE

86 Blind Truth Sophie Tith

120 La fille qui rend Blind Adèle Exarchopoulos 122 Musique

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BLIND BEAUTY Palette ombres à paupières Nudes ESTEE LAUDER Cette palette de huit teintes, astucieusement conçue et adaptable, permet de rehausser, de définir et de dramatiser le regard pour réaliser un maquillage délicat et subtil ou voluptueux et sensuel. Une palette qui se divise en deux : cinq fards nudes ultra-mats déclinés du beige opalescent au brun profond. Et trois ombres irisées pour intensifier le regard : blanche, dorée et taupe aux reflets aubergines. Ces trois teintes gelées à forte intensité transforment le regard en l’illuminant avec des couleurs amplifiées et un fini metallisé cristallin. Collection Bronze Goddess été 2014 Edition limitée 60€

Harmonie Poudres BELLE mine CHANEL Véritable coqueluche des beautystas depuis sa sortie au printemps 2013, la gamme de poudres de teint Les Beiges de Chanel s’agrandit avec l’Harmonie poudre belle mine ! Objet beauté hybride situé entre le blush, le bronzer et l’illuminateur, ce trio de couleurs universelles apporte matité et bonne mine en un seul coup de pinceau Kabuki ! La plus claire illumine, la foncé sculpte, la médiane unifie. Disponible en deux camaïeux de trois teintes, sa texture très fine offre un fini imperceptible sur la peau et ne l’assèche pas. Avec une formule béton : hydratante, protectrice et antipollution. 6

2 teintes disponibles 52€


CC CRÈME FOREVER LIGHT CREATOR YVES SAINT LAURENT La première CC Crème d’Yves Saint Laurent est arrivée ! Elle aide à réguler les imperfections (taches, pores), à uniformiser le teint, et assure une hydratation cutanée toute la journée. Les pores sont minimisés, le grain de peau est affiné et la peau rayonne d’un nouvel éclat. Une formule qui estompe également les désordres coloriels de la peau sous la surface, grâce à son complexe Glycanactif WT. Gros plus grâce à sa double protection anti-UV (SPF 35) et son action antioxydante. Une CC crème disponible en 3 nuances illuminatrices : rose, abricot ou lavande pour un rendu rosé, doré ou opalescent, au choix !

3 teintes disponibles 58,20€

Mascara Volume Millions de Cils Noir L’OREAL PARIS L’Oréal Paris rhabille son mascara culte pour le prochain Festival de Cannes ! Une teinte noire mythique dans un packaging gold exclusif en édition limitée révélant une silhouette à robe longue, emblématique du red carpet, pour faire honneur au dress code du Tapis Rouge. La formule et la brosse ultra efficace ne changent pas : les cils sont multipliés, magnifiés et parfaitement définis. Glamorous !

Edition limitée L’Or Lumière 15,91€

7


Eau Délassante Parfumante NUXE BODY Cette brume de zenitude diffuse sur tout le corps un délicieux nuage de fraîcheur et de douceur. Sans alcool, cette eau qui sent divinement bon (fleurs d’amandier et d’oranger) parfume, et son complexe floral apaise et adoucie. A vaporiser sans modération sur tout le corps pour une dernière touche raffinée. On devient vite addict de cette coquetterie so fresh ! Flacon Pompe en verre 100ml, 28,50 €

Huile de Bain jo malone london Jo Malone London lance une collection d’Huiles de Bain Deluxe en version nomade. On aime la fragrance Pomegranate Noir, qui associe le chic parisien au caractère intrigant de la grenade. Des notes sensuelles et sophistiquées, qui décrispent illico, tandis que la base d’huile végétale hydrate la peau pendant 12 heures. On écoute André Gide « Chaque action parfaite s’accompagne de volupté » et on prend soin de soi.

Collection Little Luxuries Pomegranate Noir, Nutmeg & Ginger ou Basil & Mandarin 30ml, 19€

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LIFE PLANKTON ESSENCE BIOTHERM

T MUSVE HA

La légèreté d’une eau, combinée à la puissance d’un sérum ! Quelques gouttes déposées sur la peau chaque soir suffisent à lui apporter vitalité et fraicheur. Enrichie en plancton, la texture pénètre en douceur, le fini est non gras, non collant. En plus de ses vertus hydratantes et apaisantes, ce sérum ultra fluide permet de parfaire le démaquillage, et de retirer les dernières traces d’impuretés. Un soin parfait pour les novices du soin de nuit, qui veulent aller vite et retrouver une peau rebondie le lendemain !

Flacon 125ml, 88 €

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Un hâle doré avant l’été Pas encore tout à fait l’été mais le printemps est déjà bien installé, c’est le moment de se créer un joli hâle doré ! Gels teintés, poudre de soleil ou autre « bronzer » pour le visage, notre sélection Blind Beauty parmi les nouveautés estivales, pour un teint ensoleillé ultra naturel depuis sa salle de bain...

Loveve

Lo ve Lo

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Un autobronzant sur mesure ! On ajoute quelques gouttes de cette formule dans son soin quotidien pour obtenir, progressivement, un joli teint doré. Le résultat est bluffant de naturel, léger et, surtout, dénué de traces. Un bronzage sur mesure que l’on contrôle à la goutte près ! 10

Un bronzer liquide sans effet de matière et sans agents autobronzants ! Sa formule enrichie en extraits de Thé Noir et Thé Rouge antioxydants, imprègne l’épiderme d’un éclat waterglow ultra-transparent, et impalpable. Sa couleur universelle «bonne mine solaire» rehausse et illumine naturellement toutes les carnations.

Une poudre bonne mine qui apporte un effet hâlé sur la peau, tout en transparence. Sans brillance ni surcharge de matière, juste un teint gorgé de soleil, subtilement nuancé, comme après une semaine en bord de mer. A appliquer par petites touches sur les reliefs du visage.


Ce gel teinté ultra fondant concilie l’illusion d’un bronzage instantané sans traces et l’assurance d’un hâle très naturel, déjà visible au bout d’une heure et qui persiste jusqu’à quatre jours après l’application. Une action autobronzante mais aussi hydratante grâce à de l’huile d’Argan 100% bio. 4

t

Vita Liberata popose le kit du bronzage parfait ! On y trouve un gommage qui prépare parfaitement la peau, un gant applicateur et la mousse pHenomenal, un autobronzant léger et aérien qui glisse sur la peau et sèche instantanément. Un bronzage sexy longue durée, plus vrai que nature ! 5

Mus

6

Cette gelée autobronzante hydratante à la texture légère procure un hâle naturel progressif. Elle habille la peau d’un voile lissant perfecteur légèrement teinté pour une application zéro défaut. On aime le fini satiné grâce à l’huile de macadamia et son parfum addictif qui évoque les prochaines vacances !

1. Addition Concentré Eclat autobronzant, Hâle sur mesure, 25€ - CLARINS 2. Eau de teint Tea to Tan, 42,50 € - BY TERRY 3. Poudre Terre Exotique, Edition Croisière, 56,50€ - GIVENCHY 4. Gel Autobronzant teinté, Terracotta Sunless, 48€ - GUERLAIN 5. Kit du bronzage parfait, 29€, en exclusivité chez Sephora - VITA LIBERATA 6. Self Tan Beauty, Gelée autobronzante embellissante Week End à Capri, 35€ - LANCASTER

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l a i c L Le mois prochain, avec la Coupe du Monde de Football oré p S SI ganisée là-bas, l’été sera forcément brésilien ! On met donc E du soleil et de la couleur dans sa routine beauté. Des couR B leurs vives, des soins et des parfums évoquant Ipanema ou Copacabana, auxquels on s’adonne sans retenue dès les premiers rayons du soleil. On vous a sélectionné nos préférées. Dépaysement garanti.

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IN MADEZIL BRA

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1. Collection capsule Adidas Originals x The Farm Company / 2. Jonc Copacabana Emeraude, 135€ - Aurélie Bidermann / 3. Vernis The Electrics, teinte Radioactive, 12,90€ - Formula X / 4. Fard à paupières Mono Poudre, n°61 Absinthe, 13,20€ - Yves Rocher / 5. Crayon contour Clubbing Waterproof «Morning Lime», 8€ - Bourjois / 6. Phenomen’eyes Waterproof «Turquoise Obsession», 30€ (édition limitée) - Givenchy / 7. Ombre à paupières velours n°11, 13,95€ - Sephora / 8. Crayon waterproof n°44, 20,90€ (en exclusivité chez Sephora)- Marc Jacobs Beauty / 9. Parfum «Eau Tropicale», 67,50€ - Sisley / 10. Crayon Baume Lèvres, Sweet Cherry, 19€ - Clarins / 11. Le Rouge, n°313 Fruit défendu, 33,50€ (édition limitée) - Givenchy / 12. Gel effet vernis, teinte St James, 16€ - Nails Inc. / 13. Créoles Jaguar Rouge, 65€ - Medecine Douce / 14. Eyeliner Rock’in Brazil, 14,95€ (édition limitée) - Sephora / 15. Eau d’été Sol de Bahia, 49€ - Lancaster by Clements Ribeiro / 16. Vernis 623 Mirabella, Collection Reflets d’Eté, 23€ - Chanel / 17. Vernis jaune Brésil, 2,99€ - Monop’ Make up / 18. Poudre bronzante Terracotta Sun Celebration, 65€ (édition limitée)- Guerlain / 19. Gel douche Vitoria Regia, 14,50€ - L’Occitane / 20. Huile pour le corps Açaï, 17€ (au Bon Marché) - Granado

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L’INSTANT LIVE

KAISER CHIEFS

Par WAllendorff / Photo : Wallendorff

Avant

une tournée-marathon au Royaume-Uni, Kaiser Chiefs étaient à Paris le 22 avril pour présenter leur tout nouvel album Education, Education, Education and War. Devant une Flèche d’Or survoltée, ils ont confirmé une fois de plus leur réputation d’irrésistibles bêtes de scène.


Will.I.AM


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TALISCO Plusieurs fois repoussé, le premier album de Talisco sera définitivement dans les bacs le 19 mai 2014 et fera suite à My Hope, un premier EP qui annonçait un projet à suivre de près. Les plus patients auront eu raison d’attendre car Run tient ses promesses grâce au don de son «papa», Jérôme Amandi, qui a su trouver la parfaite combinaison entre une folk subtile et une pop électronique à l’esthétique soignée. PAR Dine Delcroix / Photos : YANN GENDREAU

D’où vient le nom de scène Talisco ? C’est assez personnel... C’est un hom-

une envie d’écouter de la musique un peu plus réfléchie. Je ne sais pas...

mage que je rends à quelqu’un qui était proche. Cela me gène un peu d’en parler alors je n’en dirai pas plus par pudeur.

Tu as eu l’occasion de jouer en première partie de Woodkid. Y a-t-il des similitudes dans votre façon de travailler ?

Ta musique a un côté ‘underground’. Es-tu

On s’est à peine croisé. On a manqué

gêné par cette étiquette ?

de temps pour échanger mais on a des

Cela ne me gène pas. Au contraire, c’est plutôt flatteur. Je ne me suis pas trompé parce que j’ai été franc avec moi-même. Le projet est assez naissant et mon public est plutôt large.

As-tu l’impression que ce genre musical touche de plus en de personnes en France ? Je ne suis pas objectif par rapport au sujet parce que j’écoute énormément de musique et que je m’intéresse vraiment à tout. Je peux écouter des choses mainstream mais aussi des choses beaucoup plus alternatives voire compliquées à écouter. Peut-être qu’il y a chez les gens

personnes en commun. J’aime beaucoup son univers. Pour le coup, il conceptualise beaucoup. Quand il en parle, il y a une notion d’écriture réfléchie. Moi, ma musique est beaucoup plus animale et binaire.

Tu es musicien à la base. Comment es-tu arrivé à poser ta voix sur tes chansons ? Cela ne fait pas longtemps que je chante. J’ai toujours chanté mais sous la douche. Des amis m’ont encouragé à chanter. Du coup, cela m’arrange car je n’ai pas besoin de diriger quelqu’un d’autre. Je pose ma voix et je ne m’engueule avec personne (rires). Le chant, c’est comme

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un instrument. On m’a encouragé alors

choses qui sont sur l’instant.

je me suis mis à chanter progressivement. Est-ce pour cette raison que tu as souhaité Comment s’est construit ton univers musical ?

faire cet album dans la hâte ?

Avec le temps. J’écoute énormément de

Complètement. C’est très naturel. Je

musique. J’adore la musique texturée,

commence à travailler à partir de la gui-

les choses qui sont abîmées, qui ont du

tare et du piano et je ne me pose pas

vécu, qui portent une histoire. C’est une

beaucoup de questions. Je n’avais pas

histoire de goûts et de couleurs. Une fois

envie d’un produit marqueté.

que ma musique est écrite, je la travaille avec des effets ou des prises de son un petit peu particulières.

Quels sont les principaux thèmes de cet album ?

Ton premier album s’intitule Run. À quoi

L’album est une continuité de l’EP avec

fait référence ce titre ?

plus de profondeur. L’évasion et le fan-

«Run», c’est une sorte de métaphore sur

C’est presque un pléonasme parfois de

la manière dont j’ai écrit l’album. J’ai

parler de fantasme et d’évasion. Il y a tou-

voulu avoir un album instinctif, brut et

jours une notion de fuite dans l’évasion

spontané. La seule manière de créer cet

mais ce n’est pas péjoratif. Il est question

album, c’était de le faire dans l’urgence.

de laisser ce qu’on a pour partir ailleurs.

C’est donc un album que j’ai écrit assez

L’album est positif. Certaines mélodies

rapidement en l’espace de quelques se-

peuvent parfois être touchantes voire

maines. En l’écrivant vite, j’ai réussi à ex-

tristes mais l’énergie globale du disque

traire plus de spontanéité. «Run», c’est la

reste malgré tout assez positive.

tasme sont deux thèmes qui reviennent.

course, le départ, l’envolée... Dans tes chansons, parles-tu de toi quand tu Es-tu plus productif lorsque tu travailles dans l’urgence ?

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dis «je» ? Non, je ne parle pas de moi. Je suis plu-

Oui, souvent. Je ne suis pas quelqu’un

tôt spectateur comme quelqu’un qui ob-

qui conceptualise. Je ne peux pas pen-

serve des scènes. Quand je dis «je», je

ser mes créations ou mes mélodies. Si

me mets dans la peau d’un personnage

je le fais, c’est moins sincère. J’aime les

et je narre. L’album parle uniquement


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d’émotions que je ressens mais qui ne

tous les thèmes qui sont abordés dans

m’appartiennent pas vraiment dans le

l’album. On y trouve des notions d’es-

sens où elles sont à tout le monde.

pace, de lumière, d’aventure, d’évasion, d’amour... Tout ces codes parlent de l’album.

Pourquoi as-tu choisi de donner des titres courts à tes chansons ? Cela fait partie de ma manière assez im-

Comment es née l’idée de ce court-métrage ?

médiate de faire les choses. Une pochette

J’ai la chance de connaître des réalisa-

simple et des titres courts qui rentrent

teurs américains qui se sont intéressés

vite dans le vif du sujet sans s’éterniser

à mon projet. On a discuté, j’ai mis des

sur de longues introductions. C’est assez

idées sur la table et tout s’est mis en

cohérent avec le projet.

place.

L’album s’appelle Run mais aucune chanson

Quelle a été ta part d’implication dans les

ne porte ce nom. Pourquoi ne pas avoir bap-

images de ce film ?

tisé le disque d’après une chanson existante ?

Je n’ai pas voulu trop m’impliquer, jus-

Je ne voyais pas d’intérêt à prendre un

tement. J’ai des bases mais il faut que

titre de chanson pour nommer l’album.

j’ouvre des portes à d’autres. Je ne veux

Je voulais vraiment donner un titre à

pas me cloisonner. J’ai déjà fait beau-

l’ensemble.

coup de choses sur cet album mais j’ai la volonté de travailler avec d’autres personnes. C’est important que d’autres ar-

Toutefois, Run est le titre d’un court-métrage qui accompagne l’album. Pourquoi tenais-tu à proposer ce film ? À défaut de conceptualiser ma musique, je pense tout ce qui vient autour donc toute l’esthétique image et vidéo est léchée. Je ne veux pas qu’on se trompe sur le discours. Je veux amener les choses visuellement de façon à ce que tout le monde comprenne. Ce court-métrage est un peu la notice de l’album. Il évoque 20

tistes puissent apporter quelque chose à un univers.



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RIXTON Originaires

de Manchester, les quatre jeunes membres de Rixton se sont imposés par leurs nombreuses vidéos de reprises sur Internet avant d’attirer l’attention du label Interscope et du célèbre producteur Benny Blanco qui a souhaité produire intégralement le premier album à paraître du groupe. En attendant la galette, Jake Roche, Charley Bagnall, Lewi Morga, et Danny Wilkin ont livré le 31 mars denier un premier EP de 4 titres dont le single éponyme Me And My Broken Heart connaît déjà le succès.

PAR Dine Delcroix / Photos : FRANCOIS BERTHIER

Vous avez débuté votre jeune carrière en pos-

débuts. Il tweete constamment des trucs

tant quelques reprises sur le net. Quelle est

sur nous et il aime notre musique.

celle que vous préférez ? Charley : Numb de Usher car la voix de Jake est incroyable dessus.

Quel souvenir gardez-vous de votre première

Jake : Thong Song de Sisco. C’était très

qui s’est déroulée en août 2013 ?

amusant à reprendre. Nous avons grandi

partie de concert de Justin Bieber à Brooklyn

en écoutant beaucoup de R&B.

Lewi : C’était dingue ! Nous avons appris

Lewi : La mienne change tout le temps.

seulement 24 heures avant l’événement

Actuellement, c’est I Knew You Were

alors que nous étions en studio. Nous

Trouble de Taylor Swift. La batterie res-

avons joué devant 20.000 pesonnes.

sort bien sur le refrain.

C’était incroyable !

que nous allions faire sa première partie

Danny : J’aime aussi Numb pour la voix de Jake.

La presse persécute beaucoup Justin Bieber. Que pensez-vous de ce qui lui arrive sur le

Vous êtes soutenus par Nathan Sykes du

plan médiatique ?

groupe The Wanted. Comment l’avez-vous

Danny : Je pense que la presse en fait des

connu ?

tonnes. Lorsque nous l’avons rencontré,

Charley : J’ai été à l’école avec Nathan. On se connaît depuis l’âge de 14 ans. Il est adorable et musicalement talentueux. Il a été d’un grand soutien depuis nos

il a été littéralement adorable. Il est incroyablement talentueux et les gens ont tendance à oublier qu’il est très jeune. Il subit beaucoup de pression mais il est 23


toujours là.

Comment est la vie en tournée ? Charley : C’est la folie ! On rencontre

Votre premier album sera le premier disque

tellement de gens...

entièrement produit par le grand producteur

Jake : Mais on ne fait pas beaucoup de

Benny Blanco. Que ressentez-vous devant

lessives (rires).

une telle exclusivité ? Jake : Lorsqu’il a formulé l’envie de travailler avec nous sur un album entier, c’était très gratifiant. Il enchaîne les

Danny : Oui, tu peux garder le même jean pendant trois semaines (rires). Jake : Nous n’avons pas à nous plaindre

tubes.

mais nous avons parfois l’impression de

Lewi : C’est devenu un peu le cinquième

beaucoup de temps à les faire et à les dé-

membre.

faire.

Quel est votre tube préféré de ce producteur ?

Avez-vous pu apprendre à parler de nou-

Jake : Move Like Jagger de Maroon 5 et

vivre avec nos valises car nous passons

velles langues ?

Something I Need sur l’album des OneRe-

Jake : Nous venons justement d’acheter

public.

«Le français pour les Nuls» afin d’ap-

Charley : Cet homme n’écrit que des chansons dynamisantes.

prendre des phrases courantes. Lewi : Moi, j’ai appris des phrases en espagnol.

Comment définissez-vous cet album à venir ? Jake : L’album sera très eclectique avec des chansons pour tout le monde. Danny : Un voyage émotionnel avec

vez de travailler ? Lewi : Ryan Teller.

beaucoup d’honnêteté.

Danny : Adam Levine.

Jake : C’est un processus qui aura duré

Charey : Craig David.

cinq ans avec différentes palettes musicales mais nous n’avons pas encore de titre... 24

Quels sont les artistes avec lesquels vous rê-



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RUSSIAN DENA RED De

son vrai nom Lourdes Hernández, cette jeune espagnole a emprunté son nom de scène à une couleur de rouge à lèvres qu’elle utilise volontiers. Après avoir fait ses preuves avec deux albums en 2008 et 2011, Russian Red livrera le 26 mai prochain Agent Cooper, un disque indie folk en hommage à plusieurs garçons qui ont croisé sa route. Nous aussi, nous avons croisé le chemin de celle qui écrit et compose tous ce qu’elle interprète.

Par Dine Delcroix / PHOTOS : FRANCOIS BERTHIER

Les chansons de ton nouvel album ont pour

Comment décrirais-tu ton évolution artis-

titre des prénoms masculins. Qui sont ces

tique entre ce nouvel album et le précédent ?

garçons ?

Pour moi, le deuxième album était dans

En général, ce sont des visages qui ont

la lignée du premier mais avec un peu

été inspirants mais qui n’ont pas néces-

plus d’implication. En termes de sono-

sairement fait longtemps partie de ma

rités, c’était peut-être moins risqué mais

vie. Certaines personnes ont été ren-

c’était confortable. Ensuite, en grandis-

contrées brièvement, d’autres sont plus

sant, j’ai demandé plus de choses à moi-

proches comme mon père, par exemple.

même. J’avais besoin d’explorer des sons et de savoir ce que je pourrais faire avec ma voix. Pour cette raison, ce nouvel album comprend des choses électriques et une voix plus puissante. Il représente

S’agit-il des mêmes garçons que ceux qui ap-

plus de maturité.

paraissent dans le livret du disque ? Oui. Certains garçons évoqués dans les chansons sont des amis et j’ai été autorisée à utiliser leur image. Je suis en contact avec chacun alors j’ai tout simplement demandé leur permission.

Tu écris tes chansons en anglais. Cet exercice est-il plus facile pour toi dans cette langue ? Oui, cela me donne une certaine liberté car l’anglais n’est pas ma langue maternelle. La relation qu’on a avec une langue maternelle est différente de celle


qu’on peut avoir avec d’autres langues. Je

Une photo réussie est une photo qui

ne contrôle pas l’anglais totalement et je

est prise au bon moment, qui se passe

n’aime pas tout maîtriser lorsque je suis

presque de photographe.

en train de créer. J’aime que les choses me viennent sans barrières. L’écriture en anglais est assez fluide car j’écoute énormément de musique en anglais. As-tu déjà songé à en faire une profession ? J’aimerais bien mais je ne pense pas avoir assez de talent. J’ai une page web sur laPréfères-tu aussi chanter en anglais plutôt qu’en espagnol ?

quelle je poste mes photos mais je ne l’ai pas mise à jour depuis un moment.

Oui, je préfère et je n’ai même jamais eu besoin de faire un choix entre l’anglais et l’espagnol. C’est venu naturellement. Que peut-on souhaiter de mieux à ta carrière ? J’aimerais avoir la possibilité de collaborer avec de grands artistes et toucher des La plupart du temps, tu écris en rentrant de voyage. As-tu déjà écrit en revenant de Paris ?

gens partout à travers le monde avec ma musique.

Oui. Beaucoup de personnes vont en Amérique pour créer et pour le réseau professionnel mais Paris a cette grande énergie et ce vécu incroyable qui ins-

Quel est le comble du bonheur, pour toi ?

pirent. Le sommet pour moi, c’est de ne rien espérer et de se fier à l’instant présent.

Tu fais de la photographie à tes heures perdues. Qu’est-ce qu’une photo réussie, à tes yeux ?

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THE YOUNG PROFESSIONALS Décrite comme pop Goldstein a permis

alternative, la musique d’Ivri Lider et de Johnny à The Young Professionals de se classer parmi les groupes les plus en vogue du moment grâce à un judicieux mélange de sonorités. Depuis le 31 mars, leurs fans on pu découvrir l’EP Think Again en attendant la sortie d’un deuxième album dont le titre Quick Quick, Star Star, Money Money promet quelques bonnes surprises. Le duo israélien nous a reçu dans le studio d’enregistrement parisien où se peaufinent ces nouvelles chansons prévues pour l’été.

Par dine delcroix / Photos : FRANCOIS BERTHIER

Vous venez de livrer un EP pour faire pa-

Le mot «quick» signifie «rapide» en français.

tienter vos fans jusqu’à la sortie de l’album.

De quelle rapidité est-il question, ici ?

Que nous réserve ce deuxième opus ?

Ivri : Il est question d’une chose qui

Ivri : Notre prochain album sera une

me dérange et à laquelle je contribue,

extension de l’EP. Les chansons de l’EP

malheureusement . Je trouve que nous

seront incluses dedans et elles donnent

n’accordons pas assez d’attention aux

justement un avant-goût de ce que nous

choses. De nos jours, il est difficile de

sommes actuellement en train de prépa-

se concentrer longtemps sur un seul

rer. C’est important parfois de livrer une

truc. Tout arrive trop vite et c’est va-

partie d’un projet avant d’en attaquer

lable pour la notoriété. Je l’ai constaté en

une partie plus complexe.

étant juge dans l’édition israélienne de

Johnny : Nous aurons beaucoup de surprises dans l’album...

l’émission «X-Factor». On voit des gens qui n’étaient personne avant l’émission et qui n’étaient même pas musiciens ou chanteurs. Au bout d’un mois, ils deviennent bons et deviennent quelqu’un.

L’album s’intitulera Quick Quick Star Star

Les choses vont et viennent à la même

Money Money. Pourquoi avez-vous choisi

vitesse.

de répéter chaque mot du titre ? Ivri : La répétition donne du poids aux

Johnny : Il deviennent quelqu’un en un mois juste pour un mois (rires).

mots et leur insuffle plus de musicalité. Quand tu répètes un mot, ce qui est très fréquent en musique, tu obtiens plus de rythme et de sens. C’est aussi plus joli sur le papier. 30

Avec un tel titre d’album, diriez-vous que les gens font tout trop vite pour devenir célèbres


DECOUVERTE


et gagner de l’argent ? Ivri : Oui. Je pense qu’en musique, peu de gens travaillent longuement, oui. Ils veulent faire les choses à grande vitesse.

Votre EP contient votre nouveau single avec Eva Simons, Let’s Do It Right. N’était-ce pas un peu facile de choisir cette voix que tous les producteurs s’échangent ? Johnny : Nous n’avons pas encore eu l’occasion de la rencontrer. Nous avons

Comment avez-vous appris à parler anglais ? Ivri : Israël est un pays très américanisé. Par exemple, les films ne sont pas doublés donc nous entendons beaucoup d’anglais et nous en lisons aussi beaucoup. Pour ma part, j’ai aussi eu deux

travaillé à distance... Ivri : Nous la trouvons formidable. Sa dernière chanson avec Will.i.am a suscité en nous l’envie de travailler avec elle. C’est quelqu’un qui aime la musique et cela passe avant tout.

copains américains (rires). Vous avez également collaboré avec Far Sur votre album précédent, vous aviez repris le titre Video Games de Lana Del Rey. Allez-vous reprendre de nouveaux titres pour ce prochain opus ? Johnny : Oui. Nous avons repris 400 Lux de Lorde et SOS du groupe Abba.

East Movement sur le titre Say Hey dont les sonorités sont orientées hip-hop. Aviez-vous des bases de hip-hop dans votre culture musicale avant de faire ce titre ? Ivri : C’est une part de nous qui n’a pas été montrée sur notre premier album mais Johnny est avant tout un artiste hip-hop. Nous aimons tous les deux la musique urbaine.

Pourquoi Abba ? Johnny : Le hip-hop est ma ville natale, Ivri : C’est pour un projet initié par notre

oui (rires). Je viens de la musique black et

maison de disques pour célébrer les 40

du hip-hop.

ans du groupe alors nous avons choisi le titre SOS. Nous adorons faire des reprises et s’approprier des chansons que nous aimons tout en les respectant. Johnny : Faire des reprises ou remixer un titre déjà existant est plus amusant que de créer quelque chose de nouveau. 32

Vous collaborez de plus en plus avec des artistes français aussi... Johnny : Oui, nous avons de nouvelles collaborations avec des français sur l’album.



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Ivri : Il y a Mutine, Mat Bastard de Skip

Vous êtes également remixeurs. Quel est le

The Use, Corson...

remix dont vous êtes le plus fiers ? Ivri : C’est dur... J’aime le remix de Na-

Avez-vous enregistré des morceaux à Paris ? Ivri : Notre studio est à Tel Aviv alors nous enregistrons la majeure partie làbas mais nous envoyons des choses ailleurs en fonction des collaborations. Lors Angeles pour Far East Movement

meless World de Skip The Use. Je trouve la chanson magnifique et nous avons repris la totalité de la production. Johnny : Pour moi, c’est Closer de Tegan and Sara. Je suis fan d’elles. Leur album est très bon.

par exemple. Il y a aussi Amsterdam, Pa-

Ivri : Là encore, nous avons travaillé à

ris... Nous venons à Paris pour enregis-

distance et nous n’avons pas eu l’occa-

trer des voix et pour rencontrer les per-

sion de rencontrer ces filles. Dommage !

sonnes avec lesquelles nous travaillons comme Corson ou Michael Tordjman. Avez-vous déjà été refusés en tant qu’artistes sur un événement culturel à cause de vos oriVous êtes réputés pour votre mélange des genres. Allez-vous continuer sur cette lancée

gines israéliennes ?

musicalement éclectique ?

Ivri : Une fois, nous étions invités à

Johnny : Oui, nous approfondissons ce

que nous étions israéliens, ils ont annulé

mélange sur cet album. Nous sommes in-

notre programmation.

jouer au Liban et, lorsqu’ils ont réalisé

fluencés par plusieurs genres et par des musiques de différents pays. Ivri : Nous nous ennuyons si nous ne faisons qu’un seul genre de musique.

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De même, la sexualité de l’un de vous a-telle déjà été un obstacle à votre carrière artistique ? Ivri : Johnny est beaucoup charrié car il est hétérosexuel (rires). Johnny : Nous n’avons jamais vraiment eu de problèmes sur le plan politique ou par rapport à nos origines ni même par rapport à la sexualité. Ivri : Il faut reconnaître que nous avons tous les problèmes. Nous aurions dû nous appeler «Les Problèmes» (rires).

En référence à votre nom de groupe, vous considérez-vous toujours comme de jeunes professionnels ? Ivri : Nous sommes professionnels (rires). Johnny est encore vraiment jeune. Johnny : Je pense que «Young» concerne davantage l’esprit que l’âge. Ivri : Le nom du groupe représente une génération avec une certaine idée de la vie.

36



DECOUVERTE

Après avoir joué ensemble dans plusieurs groupes, Angela Gail et Jeffrey Jacob ont décidé de se lancer en duo sur un projet teinté de romance noire et de notes hypnotiques. Un déclic utile pour une collaboration efficace comme le laisse entendre The Belt, le premier album des deux tourtereaux qui sera dans les bacs français le 19 mai prochain. Nous avons voulu en savoir plus sur cette «vallée»...


IN THE vALLEY BELOW PAR Dine Delcroix / Photos : MARTIN LAGARDERE


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Vous vous êtes connus à Los Angles et vous

Dans les chansons de ce premier album, vous

avez joué ensemble dans différents groupes de

évoquez le sexe, le crime et la religion. Pour-

musique avant de créer In The Valley Below.

quoi ces thèmes ?

Regrettez de ne pas avoir travaillé plus tôt sur ce projet ?

Angela : Ces thèmes comportent une

Angela : Non car les choses auraient peut-

sante pour la musique.

grande passion et une noirceur intéres-

être été différentes et nous n’en serions probablement pas là aujourd’hui. Qu’est-ce qu’un crime, pour vous ? Quel est le rôle de chacun dans ce projet ?

Angela : J’ai l’impression d’avoir fait beau-

Angela : Nous écrivons tous le deux en-

sont pas spécialement des crimes mais la

semble. L’un de nous commence avec une

société a décidé d’appeler cela ainsi. Pour

idée et nous finissons la chanson ensemble.

moi, un crime est une chose qui reste se-

En studio, nous jouons tous les deux des

crète comme l’infidélité, la drogue, le vol...

coup de choses illégales dans ma vie qui ne

instruments. Jeffrey joue la guitare. Une certaine noirceur émane de votre univers alors que votre image est plutôt lumineuse. D’où vient ce paradoxe ? Angela : C’est tout simplement le genre de musique que nous aimons faire. Jeffrey : Il n’est pas nécessaire d’être dépressif pour aimer ou pour faire de la musique sombre.

Qu’écoutiez-vous pendant la préparation de cet album ? Angela : Nous avons écouté pas mal de chansons de Peter Gabriel et aussi de Phil Collins.

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Vous vivez à Los Angeles. Est-il difficile d’exister et de s’affirmer en tant qu’artiste dans une ville comme celle-ci ? Jeffrey : C’est difficile d’exister partout en tant qu’artiste. Je ne sais pas si c’est plus dur à Los Angeles... Angela : Je dirais que c’est plus simple car il y a beaucoup de monde. Là-bas, tu n’es jamais seul et tu peux trouver beaucoup de personnes qui sont dans la même position.

Comment réagissez-vous lorsque vous entendez vos chansons à la radio ? Angela : C’est assez surréaliste même si j’avoue que nous n’écoutons pas trop la radio. Jeffrey : C’est toujours bizarre d’entendre sa propre voix à la radio.

Lorsque vous êtes en promotion, comment vivez-vous l’exercice de l’interview ? Angela : De façon plutôt cool. Jeffrey : Nous sommes plutôt reconnaissants de voir des gens s’intéresser à notre musique.

Quel est votre mot de la fin pour nos lecteurs ? Jeffey : Gardez les yeux ouverts. Angela : Soyez rêveurs ! 42


43


EN COUVERTURE


FOREST WHITAKER Par Marie-Pierre Galinon / Photos : François Berthier ASSISTé de MARTIN LAGARDèRE


Icône du cinéma mondial depuis son interprétation magistrale dans Ghost Dog, oscarisé pour son rôle dans Le dernier roi d’Ecosse, Forest Whitaker est le héros du nouveau film du franco-algérien Rachid Bouchareb, La Voie de l’ennemi. Rencontre avec un homme dont le talent et la carrure n’ont d’égal que sa douceur et sa modestie.

Comment avez-vous rencontré Rachid Bouchareb ? J’ai vu la plupart de ses films et j’ai notamment beaucoup aimé Hors-la-loi et Indigènes. Nous avons aussi le même agent. Il nous a présenté et très vite, et nous avons décidé de travailler ensemble. C’était il y a plus de deux ans. Il m’a envoyé la version de Deux hommes dans la ville de José Giovanni, et tout est parti de là.

Il dit que vous vous êtes beaucoup investi dans la préparation du film. Vous préparez chacun de vos rôles aussi consciencieusement ? Pour ce rôle, il fallait absolument que je lise le Coran. Car c’est en lisant ce texte que le personnage redevient en paix avec lui-même et son passé. J’ai aussi fait des recherches historiques et essayé de perfectionner mon espagnol. Il n’y a que comme ça qu’on peut totalement rentrer dans un rôle. J’essaie de 46



Michelle YEOH


le faire pour chacun de mes personnages. Je considère aussi que c’est une grande opportunité de découvrir de nouvelles choses et de se cultiver.

Vous avez une carrière impressionnante. Et pourtant, être acteur ne semble pas avoir été votre première vocation… C’est vrai, j’ai eu une bourse universitaire de football. Ensuite, j’ai étudié la musique. Je cherchais un peu ce qui m’intéressait et ce que j’allais faire de ma vie. Dans mes études de musique, nous avions des cours d’expression pour nous aider à chanter. On m’a alors proposé de passer le casting pour Under Milk Wood, une pièce de théâtre de Dylan Thomas. J’ai obtenu le premier rôle. J’ai continué à étudier la musique et la comédie en parallèle. Et petit à petit, c’est la comédie qui a gagné.

Dans Le Majordome, on suivait la progression du mouvement des droits civiques pour les noirs américains. La Voie de l’ennemi aborde le sujet de l’intégration des musulmans aux Etats-Unis. Pensez-vous que les choses ont évoluées depuis le 11 septembre ? Il y a différents courants de l’Islam aux Etats-Unis depuis longtemps. Mais il est vrai que les stéréotypes ont la vie dure. Il suffit de voir qui est fouillé en priorité aux aéroports... Je ne sais pas si les Américains comprennent encore bien toutes les traditions et 49


les différentes religions. Mais il est clair que les évènements du 11 septembre 2001 ont ouvert les yeux de beaucoup d’entre eux sur ce qu’il se passait dans le reste du monde. Avant, ils s’intéressaient peu aux autres religions quelles qu’elles soient et aux autres pays. L’évolution des mentalités est encore lente. Parce que nous sommes toujours en guerre et c’est le cas partout dans le monde. Depuis la nuit des temps, les différentes traditions s’opposent et se combattent. Nous cherchons tous un endroit où ces différents points de vue pourraient cohabiter en paix…

Sur votre compte Twitter, vous parlez souvent des problèmes dans le monde, comme le génocide rwandais et la guerre en Syrie. Vous pensez que c’est votre rôle en tant que célébrité de sensibiliser le public ? Pour moi, c’est simplement une responsabilité en tant que citoyen du monde. Si vous vous sentez connecté au reste du monde, vous devez le faire. J’ai commencé à me battre contre les violences domestiques, puis je me suis impliqué dans différentes causes. Je suis devenu ambassadeur de bonne volonté auprès de l’Unesco. Et il y a trois ans, j’ai créé ma propre Fondation, The International Institute for Peace. Mais c’est un choix personnel. Ce n’est pas pour autant que je pense que chaque artiste se doit de faire comme moi.

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RENCONTRE

WA X TA I L O R Après une tournée de presque deux ans en France et à l’étranger, Wax Tailor fête ses dix ans avec The Phonovisions Symphonic Orchestra, un projet fou et unique avec quarante musiciens classiques. L’occasion pour Blind de revenir avec Jean-Christophe Le Saoût, son vrai nom à la ville, sur son parcours singulier de musicien indépendant. PAR Marie-Pierre Galinon / Photos : YANN GENDREAU

D’où est venue cette idée de The Phono-

conception en festival, là je devenais un

visions Symphonic Orchestra avec l’or-

psychopathe, surtout que j’utilise aussi

chestre national de Lille ?

la vidéo dans les shows. Pour moi, les

J’avais déjà fait un projet avec un orchestre symphonique en 2010 et j’avais beaucoup bataillé pour le faire. Ca avait mis un an et demi. Je ne me suis pas fait une obsession de le refaire, mais j’en ai toujours eu envie. Les gens m’en ont

nouvelles technologies m’intéressent autant qu’elles me font peur. Il faut savoir les utiliser sans se faire vampiriser. Si ce sont des cache misère parce que tu n’as rien à montrer d’autre, ça n’a aucun intérêt. Là, elles servent l’histoire.

parlé continuellement depuis. Nous allons faire un panorama de ces dix ans. On va puiser dans les quatre albums.

La tournée a duré presque deux ans et rassemblé plus de 800 000 spectateurs dans le monde. Vous êtes même parti deux fois aux

Déjà, ton projet précédent, l’album Dusty Rainbow in the Dark était un projet ambitieux… Je crois que les gens m’ont un peu pris pour un fou quand je leur ai dit que je voulais construire le dernier album comme une histoire, et que je voulais aussi le faire en tournée comme ça. Et quand j’ai dit que je voulais garder cette 52

Etats-Unis. Tu es un membre de la french touch comme Daft Punk ! Je fais partie d’une scène qui s’exporte. Ca n’a rien à voir avec des Daft Punk qui sont d’énormes rock stars ! Le bon côté de la mondialisation c’est que, où que tu ailles dans le monde, tu vas trouver des gens qui ont Radiohead dans leur lecteur MP3. Ils sont curieux et éclectiques dans le bon sens. Du coup, les réactions du


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public ne sont pas différentes dans l’at-

contrôle total. Et puis, tu signes avec une

titude où que tu sois. Mais dans l’inten-

personne et pour ton second album, elle a

tion, elles peuvent l’être. Sur la tournée

changé et tu te retrouves avec quelqu’un

de Dusty Rainbow in the Dark, aux Etats-

qui ne comprend rien à ce que tu fais…

Unis précisément, il s’est passé quelque chose. Les gens comprennent peut-être mieux l’histoire, à cause de la langue tout simplement.

C’est à la radio que tu as fait tes premières armes ? J’ai commencé à faire de la radio au ly-

Tu es auteur-compositeur, manager, producteur et co-producteur de tournée. Ca ne

cée à Mantes-la-Jolie. Je faisais déjà de la musique et je suis allé les voir au culot

fait pas beaucoup pour un seul homme ?

en leur proposant une émission. J’ai ap-

Certains fantasment un peu le truc, mais

til plus qu’une vocation. Mais c’était un

c’est un vrai sacerdoce. Il faut essayer de

outil incroyable. Il y a plus de vingt ans,

trouver un équilibre, mais c’est difficile.

les gens écoutaient de la funk de boîte.

Je songe d’ailleurs un petit peu à me faire

Et toi tu arrives avec ton projet différent

aider.

plus spé, et finalement, ça fédére. Au fur

pris des tonnes de choses. C’était un ou-

et à mesure, je me suis fait connaître et du coup, on m’a proposé d’inviter IAM, C’est un besoin de tout contrôler chez toi ou est-ce un vrai positionnement contre le fonctionnement des majors ?

NTM. J’ai interviewé The Roots, Cypress Hill. J’avais 18 ans ! Je prenais mon air blasé mais j’étais comme un petit garçon fou ! Ca m’a appris plein de trucs tech-

Ce n’est pas un postulat militant de la

niques, mais aussi à relativiser en me

première heure. J’ai travaillé en radio, et

disant ces gens sont comme moi, ils ont

j’étais responsable des partenariats avec

deux bras et deux jambes.

les maisons de disque. J’étais en contact avec eux et je savais donc comment ça fonctionnait. Parfois quand je rencontrais des chefs de projets, je me disais

Et ton projet musical ?

qu’ils avaient un énorme budget mais

Ca a accompagné. C’est l’époque où j’ai

qu’ils ne savaient pas du tout ce qu’il se

fait mes premiers enregistrements aux

passait dans la musique, qu’ils ne com-

balbutiements du rap français en 90-91.

prenaient pas. Je ne généralise pas. Mais

Ce qui m’a aidé c’est que je ne doutais de

c’est aussi une réalité. C’est une grosse

rien. Je contactais les mecs des maisons

machine, et même un mec très bien in-

de disques. On me proposait de faire un

tentionné dans une machine n’a pas le

titre sur des compils. J’ai même fait un

55


titre avec Tonton David, même si je ne

ans, il m’a fallu deux ou trois ans pour

suis pas fan. En 1994, on faisait même

me détendre et me dire que oui ça pre-

partie de la sélection du Printemps de

nait un peu après le succès du premier

Bourges avec mon groupe. On nous a

album.

proposé un contrat. Et j’ai envoyé bouler la maison de disques, mais pas par conviction. Très honnêtement, c’était plus de l’arrogance de petit con qui pense qu’il va cartonner et que personne

Tu n’aimes pas qu’on définisse ton rôle et ta musique. Mais quel nom te donnerais-tu ?

n’a rien compris. Je ne supportais pas

Avec le temps, tu définis ce que tu sais

qu’on me dise de faire ceci ou ça.

faire le mieux. Souvent quand on me demande si je suis dj, je réponds que je suis metteur en son. J’aime faire de la

Tu l’as regretté ?

composition. Je ne mélange pas les mu-

Absolument pas. J’ai pris le temps de

ne se pose pas de questions et elle me

grandir. Mais en 1996, les majors ne

ressemble. Je suis super fan d’A Tribal

m’ouvraient plus la porte comme avant.

Called Quest comme de Radiohead. Je

Les petits labels si, mais ils ne me don-

ne fais pas semblant. J’adore les deux.

naient pas de moyens. Là, j’ai eu un petit

Fédérer des talents et les emmener sur

moment de doute, mais pas de remords.

des territoires, ça me plait.

siques, j’ai une vision de la musique. Elle

C’est là que j’ai repris un boulot tout en décidant de monter mon label. C’était un vrai choix. Je me suis dit que si la musique ne me nourrissait pas, je ne voulais pas non plus la trahir.

Toi qui a choisi un chemin indépendant, tu as été plusieurs fois nommé aux Victoires de la Musique. Ca représente quelque chose pour toi ?

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C’est là qu’est né Wax Tailor ?

Mais bien sûr ! Déjà, il faut savoir que

Oui. A 20 ans, je voulais réussir dans

dé donc ce serait hypocrite de dire non.

la musique. A 30 ans, ce que je voulais,

Mais ce qui est important c’est comment

c’était faire un disque qui me ressemble

tu as fait les choses. S’il y a eu un gros

vraiment et je me suis donné tous les

plan marketing et que ça disparaît, ça

moyens pour l’emmener le plus loin pos-

ne veut pas dire grand chose. Mais si tu

sible. J’étais complétement conscient

sais que tu as fait ça tout seul, tu ne peux

que ça pouvait n’aboutir à rien, mais je

pas bouder ton plaisir. Chez moi, c’est

me disais que je n’aurais pas de regrets.

plus le producteur indépendant qui est

Et moi qui étais pétri de certitude à 20

touché que l’artiste.

pour être nominé, il faut l’avoir deman-



The Ghost Of A Saber Tooth T PAR DINE DELCROIX / PHOTOS : FRANCOIS BERTHIER


Tiger

RENCONTRE


Formé en 2008 par Sean Lennon et Charlotte Kemps Muhl, The Ghost of A Saber Tooth Tiger est une union inspirée par l’art dans toutes ses formes. Midnight Moon, le deuxième album du tandem, est disponible depuis le 27 avril dernier. Nous avons rencontré le fils de John Lennon et sa compagne mannequin pour une interview autour de ce nouvel opus qui s’inscrit dans une mouvance rock psyché et surréaliste à l’image du duo.

Pourquoi avez-vous choisi de baptiser votre nouvel album Midnight Sun ? Charlotte : Nous avons passé pas mal de temps en Islande où s’opère ce phénomène appelé «soleil de minuit» qui définit une période de l’année durant laquelle le soleil ne se couche pas. Ce phénomène étrange et magique rend les gens dingues. C’est du réalisme magique ! Sean : Ils ont les fêtes du «soleil de minuit» là-bas mais elles ont lieu en plein soleil. Nous aimons les choses qui paraissent impossibles comme le soleil à minuit, justement. Il y a beaucoup de choses étranges et fascinantes dans le monde qui semblent impossibles et qui sont pourtant bien réelles.

Préférez-vous l’ombre ou la lumière ? Sean : J’aime les deux. J’aime la nuit pour écrire des chansons et j’aime le jour pour sortir. Charlotte : Je déteste le jour ! Regarde à quel point je suis blanche de peau. La nuit rend le cerveau plus réactif. C’est comme un drogue. Pour cette raison, je pense que les gens ne devraient pas envoyer d’e-mails de colère ou d’amour la nuit car ils le regrettent toujours le lendemain (rires). 60



A

ronofsky prépara entre autre une adaptation du comics Batman Beyond (narrant les débuts du Dark Knight avant le Batman Begins (2005) de Nolan), mais

également un remake de Robocop qui aurait sans doute été plus incisif que la tentative récente et aussi la suite de Wolverine finalement reprise par James Mangold pour un résultat efficace mais sans génie.

L

’intransigeance artistique absolue du réalisateur est certainement la cause de cette anomalie, tout comme une certaine dose de malchance comme

lorsque Brad Pitt abandonna The Fountain pour aller tourner le péplum Troie (2004) et obligea Aronofsky à revoir le projet à la baisse. La vraie raison cependant, c’est qu’Arnofsky, à l’image de ses personnages, a toujours préféré tutoyer les étoiles plutôt que de les atteindre réellement. C’est même le leitmotiv de toute sa filmographie où les héros sont constamment en quête d’un absolu, d’une perfection inaccessible qui les pousse à se brûler les ailes et se détruire. L’objet de cette quête peut avoir plusieurs formes toujours plus abstraites en avançant dans sa filmographie, et son accession un chemin de croix de plus en plus douloureux. Pi voyait son héros rongé par la folie en cherchant la formule mathématique lui permettant de communiquer avec Dieu.

Dans Requiem for a dream, c’est l’illusion d’une existence meilleure qui fait plonger les personnages dans un véritable enfer opiacé. The Fountain est lui guidé par la volonté inébranlable de Hugh Jackman d’enfin guérir sa bien-aimée à travers les siècles. Pour le Mickey Rourke de The Wrestler le but paraît plus tangible (reconstruire sa vie, renouer avec sa fille) mais les circonstances dramatiques le rendront tout aussi insaisissable.

A

ronofsky aura personnellement vécu ce dilemme avec The Fountain qu’il chercha à monter coute que coute et refusant nombre de projet pour finalement

sortir une version plus modeste (pour le projet tel qu’il fut envisagé au départ, une version comics fut éditée à partir du premier scénario) dans un film imparfait mais sans doute son plus touchant et personnel. Cette épreuve douloureusement



Quelle est la dernière chose un peu atypique que vous avez eu l’occasion de faire ? Sean : Nos vies ont été plutôt normales ces derniers temps car nous avons été très occupés à travailler sur nos chansons et à répéter. Charlotte : Dernièrement, j’ai construit un piège à souris avec du beurre de cacahuètes et un sceau. Je ne m’attendais pas à ce que cela marche mais j’ai ai attrapé deux et j’en ai fait des animaux de compagnie (rires).

Votre nouvel album emprunte ses sonorités aux années 60. Pourquoi cette époque ? Charlotte : Beaucoup de nos artistes préférés actuels sonnent très années 60. Ces années étaient expérimentales aussi bien dans la mode que dans la musique. Sean : Les années 60 ont quelque chose de psychédélique.

Le disque a une dimension cinématographique assez évidente. Quels sont les réalisateurs qui ont influencé votre créativité ? Charlotte

:

Federico

Fellini,

Stanley

Kubrick, David Lynch, Alejandro Jodorowski et toutes ces choses épiques, surréalistes et visuellement décadentes. C’est ain64


si que nous voulons que notre musique soit. Sean : Nous sommes aussi souvent influencés par des musiques de films comme celles de Nino Rota qui a composé la musique du film Le Parrain. Il y a également Alain Goraguer, Jean-Claude Vannier... Nous aimons les bande originales orchestrales.

Vous

arrive-t-il

de

vous disputer pendant vos sessions de travail ? Charlotte

:

Oui,

nous nous disputons beaucoup mais nous rions

aussi

beau-

coup et nous crions beaucoup. Nous faisons tout dans l’excès. C’est dur de faire un disque avec son amoureux. Ce n’est déjà pas facile de collaborer avec quelqu’un de proche mais je pense que c’est important que les hommes et les femmes travaillent ensemble. Sean : On dirait que l’humanité en dépend (rires).

La chanson Last Call se démarque du reste de l’album. Avez-vous travaillé ce morceau d’une façon différente ? 65


Sean : C’est une de nos plus anciennes

La pochette de votre album est un dessin vous re-

chansons. On a commencé à l’écrire il y

présentant. Vous intéressez-vous à la peinture ?

a environ 4 ans. Elle est le fruit de plusieurs autres chansons.

Charlotte : Oui. Nous aimons Salva-

Charlotte : Avec Johannesburg c’est la

tous les surréalistes. Nous allons voir des

chanson la plus ancienne de l’album,

expositions dès que possible. Nous des-

oui. Nous l’avons écrite dans le placard.

sinons aussi beaucoup. C’est d’ailleurs

Elle n’a pas été évidente à enregistrer car

la première chose que nous faisions en-

elle comprend plusieurs sections.

semble avant la musique.

dor Dalí, René Magritte, Max Ernst et

Sean : J’ai dessiné la pochette de l’album Vous avez composé dans un placard ?

et Charlotte a fait tout le coloriage.

Charlotte : Oui, nous avons un piano secret caché dans nos vêtements (rires).

En référence à votre nom de scène, croyezvous aux fantômes ?

Si vous deviez justement passer un dernier coup de fil, qui choisiriez-vous d’appeler ? Charlotte : J’appellerais ma mère. Sean : J’appellerais la mienne aussi. Je ne l’appelle pas assez...

Charlotte : Nous ne sommes pas superstitieux. Tous les êtres humains le sont mais il faut se battre contre la superstition avec un peu de logique. Sean : Je ne crois pas en Dieu ni aux fantômes mais je peux comprendre qu’on puisse avoir peur de choses qui n’existent pas.

66



VINCENT NICLO

PAR Dine Delcroix / Photos : Franรงois Berthier

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RENCONTRE

Après avoir triomphé dans le spectacle musical La Belle et la Bête au Théâtre Mogador et en premières parties de Céline Dion à Bercy, Vincent Niclo s’apprête à entamer sa première tournée à partir du 13 mai 2014 qui passera par le Théâtre du Châtelet le 24 mai prochain et par l’Olympia les 29 mai et 9 Novembre. Luis, son album hommage à Luis Mariano, s’est déjà vendu à 250.000 exemplaires et sera proposé à compter du 12 mai 2014 dans une réédition spéciale fête des mères incluant 4 titres inédits dont le nouveau single Cavaliers. Rencontre avec le chanteur ténor.


Tu t’illustres aussi bien dans le chant que dans

Cette envie d’être formé dans plusieurs do-

la danse et la comédie. Si tu devais te consa-

maines émanait-elle d’un modèle américain ?

crer à une seule de ces disciplines, laquelle choisirais-tu ?

Je dirais plutôt canadien. Je voulais aller

Le chant. J’ai toujours chanté et e ne me

glophone et pour la maîtrise ainsi que le

suis jamais posé la question. Mon père est

professionnalisme à l’américaine. J’avais

chanteur. Depuis que je suis petit, je l’en-

envie d’aller dans une école qui prépa-

tends chanter. C’est lui qui m’as tout ap-

ratait aux comédies musicales et à la co-

pris. Pour moi, c’était une évidence. Que

médie. Entre temps, j’ai décroché un truc

ce soit dans le métro ou à Bercy, je savais

qui m’a empêché d’y aller...

faire une école au canada pour le côté an-

que j’allais chanter. Après, il m’a fallu savoir dans quelle direction j’allais aller. Rien ne me prédestinait au classique même si mère en écoutait quand elle était enceinte de moi (rires). J’ai tout de suite voulu savoir si j’avais l’organe pour attaquer un certain répertoire. J’ai rencontré

Tu as participé à beaucoup de comédies musicales. Quelles sont celles dans lesquelles tu aurais aimé avoir un rôle ?

un professeur de l’opéra de Paris et il m’a

J’aurais aimé interpréter le fantôme dans le Le Fantôme de l’Opéra et le Vicomte de

dit que je pouvais. On a donc travaillé en-

Valmont dans Les Liaisons Dangereuses.

semble.

Que ce soit en comédie musicale ou au cinéma, ce sont deux rôles assez incroyables à défendre.

Comment es-tu passé de la comédie à la chanson ? Je suis plutôt passé de la chanson à la comédie. La comédie est venue plutôt par hasard. J’avais besoin de payer mes cours, de gagner ma vie. Je faisais du mannequi-

70

Tu as enregistré deux albums avec les Chœurs de l’Armée rouge. Pourquoi t’es-tu tourné vers ces chœurs ?

nat et, un jour, on m’a proposé de jouer

Je suis fasciné par la voix parlée ou chan-

dans une série. J’ai enchaîné ensuite des

tée et par ce qu’elle peut provoquer chez

petits rôles dans des séries mais c’était ac-

quelqu’un. Quand j’étais petit, je m’arrê-

cidentel. Du coup, après, j’ai voulu faire

tais devant les Chœurs de l’Armée rouge

une formation alors j’ai pris des cours, j’ai

à la télévision. J’étais fasciné par toutes

fait le Cours Florent et un stage à Actors

ces voix puissantes sans jamais me dou-

Studio... Je me suis dit que plus j’aurais

ter que j’allais faire une demande un jour

de cordes à mon arc et plus je pourrais

pour travailler avec elles et encore moins

faire des choses.

que j’allais enregistrer un album. J’ai préparé l’album Opéra Rouge avec de grandes




reprises d’opéra et j’avais envie de m’en-

Pourquoi as-tu choisi de rendre particulière-

tourer d’un chœur. Je me suis alors dit

ment hommage à cet artiste ?

qu’il fallait prendre le plus célèbre et le plus fort. Mon équipe a contacté la leur et on a envoyé des maquettes. Une semaine plus tard, j’avais un rendez-vous et, trois semaines après, j’étais à Moscou. C’est allé très vite ! Ils ont adoré le fait d’avoir quelqu’un devant. Ils m’ont apporté cette puissance de par leur notoriété mondiale

Ma grand-mère était folle de Luis Mariano donc j’ai été bercé par ses chansons. Ensuite, j’ai sauté sur l’occasion car je savais qu’il aurait eu 100 ans en 2014 et c’était pour moi l’opportunité ou jamais avant de faire un album de titres inédits. Je voulais tirer mon chapeau à ce grand

et moi, j’ai apporté une certaine moderni-

ténor qui a été l’une des plus belles voix

té dans ma façon d’aborder le répertoire d’opéra. Quand on écoute bien Opéra

hommage sur des choses qui n’avaient

Rouge, on y trouve des sons electro. J’aime l’electro, la pop, l’opéra.

de son siècle. J’avais envie d’axer mon jamais été faites et de faire connaître cet artiste à des générations qui, peut-être, ne le connaissent pas. Luis Mariano a été un peu dénigré parce qu’on a seulement re-

As-tu un côté ‘militaire’ ? Pas du tout (rires). Au contraire, je n’aime pas trop les obligations. Je suis un bosseur et j’ai une discipline dans le travail mais pas de là à faire l’armée.

Était-ce difficile de partir en tournée avec un ensemble de militaires ? Ils sont super cool mais avec une rigidité dans les horaires. J’ai l’ai bien compris dès le deuxième jour quand ils ont failli partir sans moi alors que j’étais arrivé en retard de deux minutes. Cela m’a beaucoup appris.

tenu le côté opérette de sa vie. L’opérette, c’est un peu désuet même si c’est l’ancêtre de la comédie musicale pour moi. J’avais envie de faire un clin d’oeil à ses chansons incontournables mais aussi reprendre des grands standards de variété en leur insufflant quelque chose d’aujourd’hui.

Parmi toutes tes reprises, as-tu une préférence ? J’ai une formation classique mais j’ai des goûts très éclectiques. J’aime reprendre une chanson uniquement si j’ai l’impression de lui amener quelque chose. Si c’est pour refaire ce qui a déjà été fait ou le faire moins bien, il faut laisser tomber. J’ai beaucoup aimé reprendre I Have Nothing de Whitney Houston.

L’année dernière, tu livrais un album de reprises des plus grands succès de Luis Mariano. 73


Qu’en est-il des reprises par d’autres artistes ?

Comment préserves-tu ta voix ?

J’aime le travail de Pavarotti et d’Andrea

La meilleure façon de la préserver, c’est

Bocelli.

de l’exercer. Les cordes vocales sont des muscles alors je me prépare comme un athlète. Il ne faut pas trop faire la fête, ne

À ce jour, de quelle expérience es-tu le plus fier ? Ce qui a changé ma vie, c’est de chanter All by Myself devant Céline Dion le 24 novembre 2012. Depuis ce moment, ma vie professionnelle a vraiment été boostée et

pas fumer, ne pas boire..

Avant un concert, fais-tu quelque de spéciale pour ta voix ?

cela m’a notamment permis de faire ses

Avant un concert, j’essaye de ne pas par-

premières parties à Bercy.

ler et de bien m’échauffer.

Quelle est ta chanson préférée de Céline Dion ?

As-tu déjà été comparé à l’acteur Pierce Bros-

All By Myself.

nan ? Oui (rires). On me le dit tout le temps et je ne vois pas du tout pourquoi. J’ai eu l’oc-

Pourrais-tu, un jour, proposer une musique plus commerciale ? Je ne pense pas. J’ai déjà une grande liberté artistique et j’ai envie de la garder. Mon prochain album sera entre la pop et l’opéra.

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casion de le voir dans un restaurant donc je l’ai regardé de près d’autant que je suis fan de James Bond. Toutefois, il y a pire comme comparaison (rires).



KASABIAN

Le quartette de Leicester attaque 2014 avec un cinquième album et de nouvelles ambitions. Première date mondiale de la longue tournée qui s’annonce, le Bataclan du 30 avril devait donner la température vant les défis à venir. Récit.

Par Dine Delcroix / Photos : François Berthier

par WALLENDORFF / Photos : WALLENDORFF

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LIVE REPORT


I

l a plu toute la journée, pourtant le Bataclan est chaud. Ces dernières semaines, qui ont vu Kasabian lâcher au compte-goutte les

informations sur leur nouvel album, ont excité la curiosité générale. On sait que le groupe fêtera ses dix ans le 21 juin à Leicester devant quelques dizaines de milliers de personnes, avant de partager la tête d’affiche de Glastonbury avec Arcade Fire et un troisième artiste, à cette heure toujours inconnu. On sait que le nouvel opus

«Dans la salle, l’impatience est palpable, et la Grande Question de la soirée est de savoir s’ils étrenneront de nouveaux morceaux ce soir.»

s’intitule (et

dure)

48:13, que sa

po-

chette est noire sur fond rose et que Kasabian a voulu se montrer plus direct, plus honnête, se mettant à nu et enlevant des couches plutôt que d’en ajouter, « parce que moins, c’est plus ». Tom Meighan l’a même comparé à du Kanye West, car comme lui « nous aimons les mélanges de genres et la musique qui fait saigner les oreilles ». Dans la salle, l’impatience est palpable, et la grande question de la soirée est de savoir s’ils étrenneront de nouveaux morceaux ce soir.

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M

ais revenons aux lumières qui s’éteignent subitement. Aux cris et les bras tendus vers la scène. À l’écran qui

affiche la pochette en grand, et Kasabian qui attaque directement avec Bumblebee, nouveau morceau remplissant parfaitement son rôle d’introduction. Sergio Pizzorno et Tom Meighan occupent les avant-postes et font le show. Le reste du groupe, assisté du guitariste de tournée Tim Carter (qui a remplacé Jay Mehler, parti

en 2013 chez Beady Eye), d’un claviériste ad-

«Tout à coup retentissent les inquiétants accords d’orgues de l’intro de Switchblade Smiles. La foule devient dingue malgré la lenteur du morceau» ditionnel et - c’est nouveau - de trois choristes en combinaisons noires rappelant des squelettes, s’engouffre dans la brèche. Kasabian enchaîne avec Shoot the Runner, dans lequel se glissent quelques accords de Black Skinhead de Kanye West, puis d’Underdog, complété d’un solo de batterie de Ian Matthews. On aborde à peine le quatrième morceau que, déjà, les murs du Bataclan sont moites de condensation. Au fond de la scène, l’écran affiche un mot par titre : « tezza », « swap », « detergent »… ou simplement un compte à rebours avant la fin du morceau en cours (Underdog). Comprenne qui pourra.

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E

n attendant, Days Are Forgotten en remet une couche, puis Pizzorno assure presque seul le rare Me Plus

One, avant que le jeu se calme un peu pour le rarissime Running Battle (« pas joué depuis 2005 ! », assure Meighan avant de l’attaquer). Take Aim, toujours aussi dramatique et intense, précède un Club Foot qui retourne immédiatement la salle. Kasabian déroule dans un déluge de lumière. Tout est carré et millimétré, et pourtant l’ambiance reste organique et folle grâce au duo de frontmen gouailleurs qui mène la danse. Where Did All the Love Go ? suit immédiatement, puis on passe à Beanz, la Face B du nouveau simple, morceau lent chanté en chœur par Pizzorno et Meighan et clôt par un final trippant et aérien.

L

e réveil se fait en douceur avec un ReWired de transition, puis Empire restaure tout à fait l’ambiance brute et

sauvage qui habite le Bataclan depuis le début du show. Dans une telle atmosphère, Eez-eh,

le diablement efficace nouveau simple, est déjà accueilli comme un classique. Le Bataclan se change en dancefloor géant et la fosse saute en chœur sur les rythmes discos du morceau, alors que celui-ci n’a été dévoilé que 24 petites heures auparavant.

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L

orsque le groupe disparaît, avant le rappel, le public commence à scander spontanément les chœurs de Fire. Am-

biance de stade. Mains qui clapent en rythme. Tout à coup retentissent les inquiétants accords d’orgues de l’intro de Switchblade Smiles. La foule devient dingue malgré la lenteur du morceau, avant de se remettre à sauter pour un Vlad the Impaler de la meilleure facture, puis de hurler les chœurs de ce Fire tant attendu et délicieusement allongé, qui clôt les débats. Kasabian quitte la scène un peu vite, au bout d’une grosse heure et demie et ayant esquivé L.S.F., mais non sans faire de grand signes au public, lui jeter des tas de trucs ― setlists signées, bouteilles d’eau et… paire de maracas ― ou l’applaudir longuement, Pizzorno juché sur une enceinte. Entre son jeu de scène impeccable, son style reconnaissable et son arsenal de gros tubes aux refrains taillés pour les masses, ce groupe a décidément tout pour devenir vraiment, vraiment gros. 2014 et 48:13 pourraient marquer son passage à une nouvelle dimension et, d’ici quelques années, les chanceux présents ce soir pourraient bien se targuer de les avoir vus en 2014, au Bataclan, devant “seulement” 1 500 personnes. Mais pour l’instant, ils applaudissent une fois de plus et recommencent à chanter les chœurs de Fire en évacuant la salle. Une litanie de « wouhou » bon enfant qui résonnera longtemps dans mes oreilles, jusqu’au bout de la nuit.

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blind truth

Gagnante de l’émission télévisée Nouvelle Star en 2013, Sophie-Tith a d’abord fait ses premiers pas avec un recueil de reprises partiellement produit par Sinclair avant de dévoiler sa véritable couleur musicale dans un premier album original baptisé J’aime ça et disponible depuis le 28 avril. Porté par le single Enfant d’ailleurs, le disque comprend des collaborations avec Mat Bastard de Skip The Use et Adrien Galo, leader du groupe BB Brunes. Désormais blonde platine, la chanteuse âgée de 17 ans a accepté de répondre à notre BLIND TRUTH.


SOPHIE TITH PAR Dine Delcroix / Photos : Franรงois Berthier


Lorsque tu te regardes dans la glace le matin, que te dis-tu ?

Quelle super héroïne aurais-tu aimé être ? Catwoman. Elle fait ce qu’elle veut, elle

«Un bon coup de peigne ne me ferait pas

vole des trucs... Elle a une vie palpitante !

de mal» (rires). En général, le matin, j’ai

En plus, j’aime bien les chats.

une tête assez atroce car mes cheveux ont tendance à rester en place pendant la nuit mais pas forcément d’une bonne façon.

Quel pouvoir magique aurais-tu aimé avoir ? Être invisible.

À qui voulais-tu ressembler quand tu étais enfant ?

Quel prénom aurais tu aimé porter ?

Quand j’étais petite, je voulais ressem-

Ma mère voulait m’appeler Marie-Ange

bler à Xena, la guerrière. Ce n’est pas

mais j’ai échappé à ce prénom grâce à

vraiment de ma génération mais plutôt

mes sœurs que je remercie. J’aime bien

de celle de mes grandes sœurs. Je re-

les prénoms bizarres et j’aurais bien aimé

gardais avec elles et je trouvais que cette

m’appeler Lizéa.

guerrière avait la classe.

Que peut-on entendre comme message d’acSi tu avais une baguette magique, que chan-

cueil sur ta boite vocale téléphonique ?

gerais-tu ? Je n’ai pas personnalisé ma messagerie C’est une très bonne question ! Je ne sais

vocale. J’ai eu un répondeur rigolo avec

pas... Tout le monde veut la paix dans la

la voix de Nicolas Sarkozy mais j’ai déci-

monde mais c’est impossible même avec

dé de l’enlever car je ne trouvais pas cela

une baguette magique alors je dirais du

très professionnel.

bacon pour tout le monde ! Du bacon avec du soja pour ceux qui ne mangent pas de porc (rires).

Quand et comment as-tu cessé de croire au père Noël ?

Si tu devais emporter une seule chose sur une

Quand j’ai découvert les paquets cadeaux

île déserte, laquelle serait-ce ?

dans la cave vers le l’âge de 7 ou 8 ans.

J’aimerais prendre une guitare pour faire passer le temps et pouvoir faire de la musique. 88



Que peux tu me dire de négatif sur toi ? Je suis très impulsive. Je suis assez luna-

Que ferais-tu s’il ne te restait que 24 heures à vivre ?

tique. Je suis chiante. Je veux toujours

Je réaliserais une liste de choses un peu

avoir raison. Je veux toujours avoir le

improbables comme une ballade à dos

dernier mot. Je suis une grande gueule.

d’éléphant, par exemple (rires).

Et de positif ?

De quelle question aimerais-tu avoir la ré-

Je suis assez curieuse, ce qui me permet

ponse ?

d’apprendre plein de trucs. Aussi, quand

J’aimerais savoir qui a vraiment tué John

je veux faire quelque chose, j’y vais à

Fitzgerald Kennedy.

fond ! Quel a été ton dernier instant de solitude ? Qui veux-tu épater le plus ?

Je ne me sens jamais vraiment seule

Mes parents et mes amis. J’ai toujours

parce que j’ai toujours quelqu’un à ap-

voulu faire de la musique et mes parents

peler ou à mes côtés. Après, j’ai besoin

n’étaient pas trop d’accord au départ

d’être seule de temps en temps mais je

parce que c’est un milieu un peu bancal

n’ai encore jamais été seule de façon dé-

et difficile alors j’aimerais bien leur mon-

primante.

trer qu’on peut y arriver avec du travail. Mes amis parce qu’ils ont toujours tendance à me charrier.

As-tu menti pendant cet entretien ? Non, je n’ai pas du tout menti.

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INTERVIEW PREMIère fois

KATIA WINTER

Par Francois berthier / Photos : François Berthier

L’actrice

suédoise Katia Winter révélée dans Dexter, tourne actuellement la saison 2 de Sleppy Hollow, la série fantastique qui cartonne sur la Fox et bientôt diffusée sur M6 ! Elle y joue la sorcière Katrina Crane, épouse du ténébreux Ichabod Crane. L’actrice compte produire très bientôt son premier long-métrage Lost Inside basé sur le roman de Laurent Pearce Hikikomori. Elle a pris le temps de répondre à notre interview «Première fois» !

Premier souvenir ? Je me souviens avoir mangé des glaces saveur réglisse (mon parfum préféré !) avec mes grands-parents. Nous étions dans le Gotland, qui est une île incroyablement belle près de Stockholm. Et il y avait cet animal empaillé, devant le kiosque de glace. Un petit renard rouge mais pour moi, c’était grand et effrayant. Et mon

Ca s’appelait « Le Mini Marathon » car c’était pour les enfants, les 7-11 ans, et la course était seulement d’environ 3km. Mais à l’époque, c’était comme un véritable marathon ! Et je crois que je suis arrivée à la 28ème place sur mille enfants. Ce qui m’a rendu hyper fier parce que toute ma famille était là pour me regarder et m’encourager.

grand-père essayait de m’expliquer que ce n’était pas dangereux. Et je ne l’ai pas cru. (rires)

Premier boulot que tu voulais faire ? En fait, j’ai longtemps rêvé d’être agent de police. Je voulais être enquêteur de la

Premier sentiment de fierté ? Ca doit être le « mini marathon ». J’avais environ 7 ou 8 et j’ai juste adoré le faire. 92

criminelle. Je pense que X-Files y a pas mal contribué. J’étais déprimée quand j’ai appris qu’il fallait être américain pour devenir agent du FBI. Et ce n’était


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pas juste une idée en l’air, j’étais à deux doigts d’intégrer l’Académie de Police. Mais j’ai changé d’avis à la dernière minute et j’ai commencé à étudier le cinéma à la place. J’ai décidé que j’allais devenir cinéaste. Bizarre, je sais.

Premier péché ? Hmm...Est-ce que le tabagisme est considéré comme un péché ? Mon premier péché a été de fumer des cigarettes avec mes amis, pour faire «cool». En fait, on s’entraînait en cachette à fumer et à avoir l’air cool en même temps. C’était très

Premier baiser ?

stupide. Et j’ai échoué lamentablement. Je toussais comme une dingue.

Tout ce dont je me souviens c’est que c’était humide et dégoutant. Pas du tout ce à quoi je m’attendais !

Premier disque acheté ? C’était

Premier animal de compagnie ? J’ai eu le plus joli des petits chats multicolore, elle s’appelait Lisa. Nous étions

probablement

le

disque

de

Roxette. J’étais complètement fan. Et je pense qu’ils sont toujours aussi cool. « Hello, you fool...I love you....come on join the joyride » lalalalaa...

très proches, elle me suivait partout. Ça me fait toujours mal au coeur quand je pense à elle. Elle s’est enfuie peu après mon déménagement de Suède.

Premier concert ? Je suis allée voir Roxette quand j’avais 12 ans, et c’était vraiment génial. Mais

Premier prof adoré ? Je n’ai pas aimé beaucoup de professeurs à l’école en fait. Mais j’ai eu un professeur

un groupe que je n’ai toujours pas vu sur scène et que je rêve toujours de voir, c’est Metallica. J’étais et je suis toujours une grande fan de Metallica.

Ulf Hansson, quand j’ai étudié le cinéma à Stockholm, qui a été extraordinaire. Il m’a appris tellement de choses sur le jeu d’acteur et sur moi-même que j’ai senti que je n’avais pas vraiment besoin d’aller à l’école d’art dramatique après cela.

Première voiture ? Je ne possède pas encore de voiture. J’ai eu mon permis il y a deux ans. j’ai vécus si longtemps entre Londres et New york que je n’ai jamais vraiment eu besoin d’une voiture. Maintenant que je vis à LA, mais que je tourne souvent sur la 95


côte Est, j’en loue. Je pense en acheter une rapidement, mais je n’ai pas décidé quoi acheter. J’avoue être tres intriguée par Tesla qui en font de très belles. Alors qui sait, je pourrais tenter le 100% électrique !

Premier film culte ? Pulp fiction sans aucun doute. J’ai également adoré Le professionnel ou « Leon » comme on l’appelle en Europe. Je l’ai vu au moins 20 fois. C’est mon film préféré.

Premier chose achetée avec tes cachets d’actrice ? En fait c’était rembourser mes dettes. Je pouvais enfin rembourser mes prêts et payer mes factures à temps. Et bien sûr faire un peu de shopping.

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BLIND blind TEST test

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CAMILLE JAPY PAR DINE DELCROIX / Photos : FRANCOIS BERTHIER

L’actrice

caméléon reperée chez Ozon, Klapish ou Kassovitz s’est prêtée à une séance photo dans notre studio, puis a bien voulu répondre à notre blind test.

Ta Madeleine de Proust ?

La tendance mode que tu détestes ?

les crevettes grises sur des tartines de

Les socquettes dans les chaussures à ta-

pain grillées. Souvenir de ma grand-

lons compensés.

mère dans la Somme…

Le détail chic pour toi ?

Le film qui raconte ta vie ?

Couper son portable dans la journée.

Annie Hall Woody Allen. Ton livre de chevet ? Lettre à Lucilius de Sénèque. Un truc de beauté perso ?

Ta série du moment ? True détective. Ta chanson pour te sentir bien ? Bruno Mars SEULEMENT chanté par ma

Un jus de citron pur tous les matins à

fille le matin et La peau Léon de Jeanne

jeun.

Moreau.

Ton antistress ?

L’insulte que tu préfères ?

Le lait sucré ou le sport, ça dépend de

« What the fuck » !!!

mon niveau de stress...

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Le compliment qui t’énerve le plus ?

Qui inviterais-tu à ton diner idéal ?

Tu ressembles à ta mère.

Gandhi et les X-Men.

Le pays où tu pourrais immigrer ?

Le défaut que doit avoir un homme pour te

L’Italie pour mes vieux jours ou un pays

séduire ?

d’Asie.

Plaire à mes parents...

Un autre métier qui t’aurait plu ?

Le cadeau que tu rêves de t’offrir ?

Chanteuse, pédopsy, chirurgien...

Un cuisinier.

Le disque que tu as honte d’avoir acheté ?

Libé ou Le Figaro ?

Stone et Charden : « Quand le meunier

Le Courrier International.

fait son pain, le jardinier son jardin…lalalalalalala...»

Ton proverbe fétiche ?

Le talent que tu aimerais avoir ?

« Le but c’est le chemin ».

Parler toutes les langues et chanter juste...

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MODE

PALAIS ROYAL PHOTOGRAPHE : FRANCOIS BERTHIER STYSLISME : HERMIONE HARBAS MAQUILLAGE : ANNE ARNOLD MANNEQUIN : MARIE MEYER


Robe YSL, Collier Crucifix DOLCE & GABBANA, manchette et bague noire AMELLEE











Ensemble soutien-gorge, serre taille porte jarretelles et culotte MILLA LASCIVIOUS chez MISE EN CAGE / Parure MAWI Chez L’ECLAIREUR

Photographe : Mickael Vojinovic Make up : Angie D /www.angie-design.com Hair : Henry Olivier Stylist : Margot Valérie Jeannin Model : Ivana Momirov @ Img




Chaussures FOREVER21





La

vie d’adèle, on la connait. Mais la jeune femme ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Après avoir remporté le prix Romy Schneider, on la retrouvera bientôt dans Qui vive, présenté au Festival de Cannes, puis dans un petit rôle dans le prochain film de Sean Penn.

Adèle Exarchopoulos photo : François Berthier


LA FILLE QUI REND BLIND


musique Par Dine Delcroix

TORI AMOS

Unrepentant Geraldines 9 Mai 2014

Écrit

«dans

FOXES Glorious 9 Mai 2014

COLDPLAY GHOST STORIES 16 Mai 2014

le

secret» Après quelques participa- Déjà le sixième album pour comme aime le souligner tions sur des titres de Zedd, le groupe de rock alternatif ! Unrepentant Fall Out Boy ou encore Avec des arrangements Geraldines marque le re- Rudimental qui ont permis nettement plus dépouillés son

auteur,

tour de Tori Amos à une d’installer des prouesses que ceux proposés par son pop rock alternative qui vocales, la jeune anglaise prédécesseur, Ghost Stories avait été mise de côté au originaire de Southampton se veut plus acoustique et profit d’une ère plus or- a choisi de s’exprimer en nous plonge dans des théchestrale. S’efforçant de solo en faisant suite à War- matiques sentimentales créer des chansons qui ré- rior, un premier EP paru ouvertement inspirées par sonnent avec le présent, en mai 2012. Un an plus la relation tumultueuse l’artiste explore des sujets tard et malgré plusieurs re- qu’entretenaient le chanforts comme le vieillisse- ports, le premier album de teur Chris Martin et son ment dans 16 Shades Of Foxes est enfin disponible. ancienne épouse, GwyBlue, le frisson du danger Très personnel et inspiré neth Paltrow. Délicieuses dans Lament Trouble ou en- par l’enfance de l’artiste, et caressantes, les chancore la promesse entre une Glorious atteste d’un talent sons de ce nouvel album mère et sa fille dans Pro- incontestable emmené par insistent sur l’impact que mise en duo avec sa propre une voix merveilleuse et provoquent les fantômes fille qui a été d’une grande un univers planant que du passé sur le présent et influence sur l’enregistre- chaque video clip permet l’avenir de chaque âme. ment de ce quatorzième de confirmer. Une réussite La quatuor anglais sera en album grâce à son regard d’une piste à l’autre pour concert événement au Cad’adolescente. cette artiste polyvalente. sino de Paris le 28 mai 2014. 122


LILY ALLEN Sheezus 2 Mai 2014

MICHAEL JACKSON XSCAPE 9 Mai 2014

ANASTACIA Resurrection 1 Mai 2014

Depuis l’annonce d’un hia- Deuxième album pos- L’artiste qui n’avait pas tus musical en 2009 alors thume de Michael Jackson, proposé de nouveaux titres que les tubes The Fear et XSCAPE compile 8 titres depuis Heavy Rotation en Fuck You propulsaient son inédits enregistrés entre 2008 et qui avait livré un deuxième album en tête 1983 et 1999. Retravaillés album de reprises en 2012 des charts, Lily Allen a entre autres par StarGate, pour faire patienter ses créé un label, ouvert une Rodney Jerkins, John Mc- fans revient enfin avec un boutique de location de Clain et Rodney Jerkins album original. Baptisé Revêtements, accouché de sous la tutelle de L.A. Reid surrection d’après la traducdeux enfants et repris son et Timbaland, ce disque tion littérale de son nom véritable nom avant de re- honore la mémoire du roi en grec mais aussi pour venir à son nom d’artiste et de la pop en mettant en souligner sa victoire contre à la musique. Elle publie avant sa voix sans jamais d’importants problèmes de ce mois-ci un troisième al- la surcharger malgré une santé, ce sixième opus très bum longtemps espéré et superposition de textures dynamique renoue avec le déjà culte. Avec son conte- électroniques modernes. style musical que la channu lyrique insolemment L’honneur va jusqu’au teuse américaine qualifie perspicace et ses produc- titre de la galette puisque de ‘sprock’ pour résumer tions grandement signées le chanteur aimait donner le mélange hybride de soul, des mains de Greg Kurstin des noms courts à ses al- de pop et de rock qui a fait et de DJ Shellback Dahi, bums. En bonus, l’édition son succès. Une tournée Sheezus offre à Lily Allen ‘deluxe’ de l’opus propose est d’ores et déjà prévue un retour à la hauteur de la version originale de cha- pour fin 2014 et s’étendra son génie.

cune des 8 chansons dé- jusqu’en 2015. voilées.


RETROUVEZ THEBLINDMAGAZINE LE MOIS PROCHAIN Numéro #14 SORTIE LE 5 JUIN Bouclage 1er JUIN

CONTACT & PUB : theblindmagazine@ gmail. com


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