Programme Théâtre a Césaire 2018 2019

Page 1

SAISON 2018-2019

« Le monde entier est un théâtre où tous - les hommes, les femmes - sont de simples acteurs. » Comme il vous plaira, II, 7 - William Shakespeare


Moi, laminaire...

Test…

Aimé Césaire, Moi, laminaire...

Les chercheurs de silex Les testeurs d’obsidienne ceux qui suivent jusquà l’opalescence l’invasion de l’opacité les créateurs d’espace allons les ravisseurs du Mot les détrousseurs de la Parole il y avait belle lurette qu’on leur avait signifié leur congé de la manière la plus infamante. 2


les 11, 12 & 13 Octobre

Trois Ruptures

les 15, 16 & 17 Novembre

Une maison de poupées

les 14 & 15 Décembre

Quartet Luther François

les 17, 18 & 19 Janvier

Race[s]

les 15 & 16 Février

Mea culpa

les 20 & 21 Mars

Compartiment fumeuses

les 22 & 23 Mars

Choisir de vivre

les 10 & 11 Avril

Seulaumonde

les 12 & 13 Avril

Poussière(s)

du 2 Mai au 8 Juin

Rencontre théâtre amateur

le 21 Juin

Fête de la musique 3

2018-2019

Planning des représentations


n LES TARIFS

P U B LIC

TH EATRE / M USIQU E / DANSE

Tout public

22 €

Retraités / Etudiants Chômeurs / Handicapés

18 €

Enfants - 12 ans

12 €

n LE SPECTACLE En règle générale les représentations commencent à l’heure (19h30). Ouvertures des portes un quart d’heure avant le début du spectacle. Les spectateurs retardataires ne pourront être placés que lors d’une interruption du spectacle en fonction de l’accessibilité ; les places numérotées ne sont alors plus garanties. Pour des raisons de sécurité, l’accès à la salle est interdit aux enfants de moins de 3 ans. Photo, nourriture et enregistrements sont interdits dans la salle. Pensez à éteindre vos téléphones portables.

n CARTE DE SAISON Le tarif carte de saison est applicable à partir du deuxième spectacle. La délivrance et le renouvellement de la carte se font sur demande du 1er septembre au 31 octobre 2017 (cf fiche à remplir page 71). La carte donne droit aux tarifs suivants : n

Théâtre / Musique / Danse

• Tout public : 18 € • Retraités /Etudiants / Chômeurs / Handicapés : 15 €

Mode de paiement :

n

• Carte de Crédit (possibilité de règlement au téléphone) • Espèces Les réservations par téléphone doivent être réglées 6 jours avant la date de représentation. n

Horaires bureau 1er étage • Lundi et mardi : 8h - 15h30 - Mercredi, jeudi et vendredi : 8h - 12h30

n

Horaires guichet les soirs de spectacles : 18h30 - 19h45

4


Infos

n PLACEZ-VOUS EN SALLE S CÈN E

B C D

1

E F

1

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

17

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

17

18

18

G

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

17

H

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

17

I J K L

1

2

3

4 1

5 2

1

6 3

2

7 4

8 5

9 6

10 7

11 8

12 9

13 10

14 11

3

4

5

6

7

8

9

10

1

2

3

4

5

6

7

8

15 12

11

16

17

18

13 12

n EQUIPE DU THEATRE DE FORT-DE-FRANCE

Michèle CESAIRE : Directrice Artistique / Communication / Administration

Michèle MONDESIR : Communication / Relations publiques / Régie des recettes

Joselyne MITRAM : Secrétariat-Accueil

Valéry PÉTRIS : Régisseur Général

Techniciens : Etienne DIBANDI

Joseph CLOVIS Roland POLOMAT n

Théâtre de Fort-de-France : Rue Victor Sévère Réservation : 05 96 59 43 29 - Secrétariat : 05 96 59 42 39 Fax : 05 96 59 60 32 - Mobile : 06 96 22 07 27 Email : theatre.foyal@fortdefrance.fr - www.fortdefrance.fr 5

Communication


2018-2019

Avant propos Trois ruptures est le titre du premier spectacle de cette nouvelle saison du Théâtre Aimé Césaire. Il annonce justement la thématique de notre programmation 2018 -2019 : La rupture, sociale, idéologique, créatrice. On rit, on pleure, on s’interroge, on vit les émotions incontournables du théâtre comme l’ont montré de nombreux artistes, amuseurs avertis et baladins intemporels. Vive le spectacle et que perdure sa liberté de ton. Trois ruptures, La pièce de Remi De Vos, n’est pas une tragédie, mais plutôt, en raison de l’humour corrosif de l’auteur, une comédie, dramatique certes, mais surtout une comédie. Cette saison est dédiée de fait à l’écriture théâtrale contemporaine, celle qui est ancrée dans la réalité d’aujourd’hui et qui rend le spectacle vivant. Le théâtre actuel, celui qui reflète notre société et ses composantes, peut bousculer et choquer, mais nous considérons qu’il est important de le promouvoir. Notre sélection de spectacles est révélatrice d’une grande envie de divulguer et de faire apprécier les écritures modernes, et par conséquent de ne pas éviter les paris culturels difficiles. La volonté et la détermination à faire exister ce beau théâtre à l’italienne caribéen, dont la rénovation s’est arrêtée trop tôt puisque l’étage et les balcons demeurent fermés, s’expriment fortement dans notre programmation. Cette saison, nous ferons du théâtre contemporain dans un lieu ancien, chargé d’histoire. Nous multiplierons les propositions théâtrales jusqu’à présenter aux mois de mars et d’avril 2019, deux spectacles différents sur quatre jours d’affilée, du mercredi au samedi. Cela impliquera un important investissement organisationnel de la part de l’équipe du Théâtre ainsi que des artistes puisque les pièces s’enchaîneront sans répit, du jour au lendemain. Le deuxième spectacle, proposé au mois de novembre, Une Maison de poupée d’Henrik Ibsen, a marqué son temps. Créée en 1879, cette pièce a été interdite de représentation en Angleterre et en Allemagne, car la femme y est représentée trop libre d’agir et de décider de son devenir sans tenir compte du mari dont la fonction sociale était à l’époque toujours dominante dans le couple. 6


La vie quotidienne nous démontre qu’il est encore important de faire découvrir Ibsen, auteur féministe précurseur du théâtre moderne. Philippe Person, metteur en scène et comédien, qui a travaillé plusieurs fois à nos côtés pour présenter chez nous ses créations, nous le rappelle en nous livrant sa vision personnelle de ce drame social, dans une adaptation dont il signe aussi la mise en scène. Une place exceptionnelle sera aussi accordée à la musique, avec du jazz et les deux concerts de Luther François pour clôturer l’année de manière festive. Il s’agit d’un plaisir à partager les 14 et 15 décembre avec le quartet du saxophoniste caribéen vivant en Martinique, apprécié de tous ainsi que les musiciens bien connus de sa formation. En janvier, nous présenterons Races. Nous ne pouvions que programmer cette création de François Bourcier, comédien, metteur en scène qui nous a déjà fortement interpellés avec le spectacleperformance « Résister c’est exister ». Il explique à propos de Races : « Alors qu’aujourd’hui des théories racistes ressurgissent dans l’économie et la politique, il nous semble urgent de sortir ce spectacle de son espace habituel et d’aller à la rencontre de tous les publics ». François Bourcier a construit cette pièce qui traite de l’édification de la suprématie raciale prônée par l’idéologie nazie en s’appuyant sur des textes historiques glaçants subtilement articulés avec les poèmes d’Anne de Commines. Ce spectacle demeure d’actualité, car nous sommes en droit de nous poser la question : « et si l’histoire se reproduisait... ? » Le mois de mars sera donc intense avec deux créations contemporaines présentées sur quatre jours d’affilée, dans les mêmes conditions qu’au Festival d’Avignon. Le public découvrira des comédiennes aux multiples visages et des thèmes difficiles, concernant notamment la question du genre et de l’identité sexuelle. Il ne faudra pas rater Choisir de vivre avec Nathalie Mann. Les créations théâtrales de février et d’avril 2019 seront, elles, martiniquaises. Il y aura tout d’abord le Seul en scène d’Hervé Déluge qui sera l’interprète et le metteur en scène de Mea culpa une pièce autobiographique qui parle de la difficulté d’exister chez nous en tant qu’artiste. Puis le collectif La Palméra présentera deux créations, le conte Poussière(s) et Seulaumonde interprété par NelsonRaphaell Madel. Deux spectacles bien différents, un conte initiatique et un monologue montés par ce collectif dont la démarche artistique est inspirée par des idées humanistes et émancipatrices. Les mois de mai et de juin seront ceux d’une Rencontre théâtre amateur renouvelée et pour finir la saison, la participation des écoles de musique Fort-de-France nous garantit comme toujours une belle fête de la Musique le 21 juin. Nous continuons à faire vivre le Théâtre de Fort-de-France malgré tout et vous êtes nombreux à le fréquenter. Tant que vous nous soutiendrez, il sera garanti d’une programmation de qualité, mise en œuvre par notre équipe et des compagnies artistiques créatives qui comprennent notre combat culturel. Nous faisons beaucoup avec peu de moyens, mais nos jours sont comptés sans les subventions de l’État et un soutien plus important de notre action culturelle par les collectivités territoriales. Merci à tous et aux artistes. Michèle CESAIRE

7


page

9

Sommaire saison 2018-2019

Trois ruptures

Octobre page

page

25

17

Quartet Luther François

Une maison de poupée

page

49

Choisir de vivre

Mars page

Mars

page

57

Avril

page

41

Compartiment fumeuses

Février

Seulaumonde

Janvier

page

37

Mea culpa

29

Race[s]

Décembre

Novembre

page

page

63

Poussière(s)

Avril

69

Rencontre Théâtre amateur

Mai


Trois Ruptures

Octobre

de Rémi De Vos

9


Octobre

Trois ruptures de Rémi De Vos Production Compagnie Solaris

Texte Rémi De Vos Interprétation Pierre-Alain Chapuis & Johanna Nizard Mise en scène, Scénographie et Son Othello Vilgard ● MERCREDI 11 19 H 30

Assistante à la mise en Scène Louise Loubrieu

● JEUDI 12 19 H 30 ● VENDREDI 13 19 H 30

Lumières Franck Thévenon

DURÉE : 1H15

Costumes Cécile Ponet & Fleur Peyfort Crédit photos Othello Vilgard

10


La pièce Trois ruptures parle de la violence dans le couple. Ce n’est pas la première fois que j’aborde le sujet dans mes pièces. Si l’on y regarde bien, le thème revient sans cesse : la violence sociale se répercute dans l’intime, le couple devenant ainsi le lieu du combat. Une scène de ménage poussée à fond à toujours un aspect comique. La part de l’humour dans mes pièces est parfois mal comprise. L’humour, - les rires qu’il peut provoquer - ne cherche pas à amoindrir ou dédouaner la violence qui s’exerce. Il rend simplement possible sa représentation. La force du théâtre réside dans son effet miroir ; dans le meilleur des cas, il permet la prise de conscience de réalités inacceptables. Pour l’écrivain, il s’agit alors d’écrire au plus juste. « Une pièce de théâtre devrait pouvoir provoquer cette réaction chez le spectateur : oui, c‘est comme ça… Est-ce que nous ne pourrions pas faire quelque chose pour améliorer un peu la situation ? » Tchekhov. C’est une comédie. Sur quoi est fondée la comédie ? Pour moi ? Sur le tragique. C’est comme ça que je vois les choses. Alors c’est peut-être ce qu’on appelle une tragi-comédie. Le terme sonne très ancien. Ça ne fait rien. Le théâtre est quelque chose de très ancien et qui s’intéresse depuis longtemps aux relations entre hommes et femmes. C’est un sujet inépuisable. Là, je parle du moment où rien ne va plus, où l’on se quitte parce que la relation ne peut aller plus loin. Ce ne sont pas des scènes de ménage, ce sont des instants où tout s’écroule, où quelque chose meurt en soi. Ce n’est pas drôle quand on y pense. C’est même dévastateur. On perd pied. On est pris de vertige. Tout se casse la gueule, c’est terrible. C’est là que l’humour peut nous venir en aide. Il n’y a pas grand-chose d’autre à attendre de toute façon. Mieux vaut en rire, c’est ce que je pense. Pour ma part, je suis incapable de faire autrement.

Rémi De Vos

11


Octobre

Trois ruptures

Le metteur en scène

Othello Vilgard

Il est cofondateur de l’Etna (2000) - Structure d’aide à la création cinématographique. Artiste Associé au CDDB - CDN de Lorient de 2005 à 2010. Il enseigne le cinéma expérimental et ses pratiques à l’université Paris X Nanterre de 2004 à 2011. En 2011, il crée la compagnie Solaris avec Rémi De Vos. Au cinéma, il réalise plusieurs films, présentés à la Cinémathèque française, à Beaubourg, à NewYork, Tokyo, ou encore à la Tate Moderne de Londres, en 16 mm et/ou en vidéo (9 Images d’un lion en mouvement, High, Terrae, Sally Gardner, Lighting, Demeny au carré, La vue chancelle sur des ressemblances…, Je vous aime, Biotop, Errance, Corpus machina, La vie en rose, Le lion d’argent, Où sont les déchets (en Inde)). Au théâtre, il réalise des films à partir de plusieurs mises en scène d’Eric Vigner (Savannah Bay, La pluie d’été et Hiroshima mon amour de Marguerite Duras, Où boivent les vaches, de Roland Dubillard, Jusqu’à ce que la mort nous sépare, Débrayage et Sextett de Rémi De Vos, In the solitude of cotton fields de Bernard-Marie Koltès (aux Etats-Unis), Othello de William Shakespeare) Il suit et filme l’élaboration du Bourgeois genthilhomme de Molière, monté par Éric Vigner avec le Théâtre National de Séoul (en Corée) ( 2004). Il réalise des films à partir de Sur la grand route, d’Anton Tchekov, dans une mise en scène de Johanna Nizard (2005), il crée les vidéos de la pièce Phèdre, de Sénèque, mise en scène de Julie Recoing (2006), Le lien de Laurent Mauvignier, mise en scène de Laurence de la Fuente (2008), et conçoit une installation vidéo pour Le barbier de Séville de Beaumarchais, mise en scène d’Eric Vigner (Albanie, 2009). Il crée également le son de la plupart de ces spectacles (comme celui de ses films). Il signe le son, la vidéo, la lumière et la scénographie pour Le fou d’Elsa de Louis Aragon, mis en scène par Johanna Nizard et Audrey Bonnet (en 2008) ; de Stan Kokovitch, Acteur, de Renaud Danner, mise en scène de Rémi De Vos (2010) ; du Mensonge, de Nathalie Sarraute, mise en scène de Johanna Nizard (2010) ; et de Projection privée, de Rémi De Vos, mise en scène de l’auteur (en 2011). En 2012, il signe la scénographie, le son, et collabore à la mise en scène de Si ça va, bravo de Jean– Claude Grumberg, mis en scène par Johanna Nizard. La même année, il réalise la création lumière et l’espace pour Les météores, écrit et mis en scène par Mathieu Genêt et un film autour de Tout mon amour de et avec Laurent Mauvignier. Il vient de terminer Amor, un film sur Jean Epstein pour la Cinémathèque française et mettra en scène Une légère blessure de Laurent Mauvignier avec Laurent Mauvignier la saison prochaine au théâtre du Rond-Point à Paris. 12


L’écrivain

Rémi De Vos

En 1994, il écrit Débrayage qu’il crée lui-même au CDDB - CDN, théâtre de Lorient en 1996. Il écrit Pleine lune. En 1997, il écrit avec les acteurs André le magnifique (Molière du meilleur auteur, du meilleur spectacle de création, de la meilleure pièce comique, de la révélation masculine et féminine 1998). En 1998, Il passe plusieurs mois au Paraguay. Il écrit Projection Privée et Conviction intime. En 2000, Projection privée et Conviction intime sont créées par Alain Barsacq à Béthune (CDN - Nord-Pas-de-Calais). Il écrit La Camoufle. En 2001, La Camoufle est créée par Laurent Vacher. En 2002, il écrit Jusqu’à ce que la mort nous sépare. En 2003, Laisse-moi te dire une chose. En 2004, Occident et Ma petite jeune fille. En 2005, il devient auteur associé au CDDB. Ma petite jeune fille et Laisse-moi te dire une chose sont créées la même année. Il écrit Alpenstock. Séjour à Beyrouth dans le cadre d’une résidence d’écriture. En 2006, Occident (mise en scène Hervé Guilloteau) et Jusqu’à ce que la mort nous sépare (mise en scène Éric Vigner) sont créées. Rémi De Vos reçoit le Prix Diane et Lucien Barrière pour Jusqu’à ce que la mort nous sépare. Il écrit Beyrouth Hotel, Intendance - saison 1 pour les élèves du CNSAD (mise en scène Christophe Rauck). En 2007, il traduit Othello avec Éric Vigner. Jusqu’à ce que la mort nous sépare, Occident et La Camoufle sont jouées à Paris. Il écrit Le Ravissement d’Adèle. En 2008, Alpenstock est créée à Athènes. Le Ravissement d’Adèle est créé à Bussang (mise en scène Pierre Guillois). Othello est créé au CDDB - Odéon (mise en scène Éric Vigner.) Beyrouth Hotel est créée au Studio des Champs-Elysées dans une mise en scène de Niels Arestrup. En 2009, il écrit Sextett pour Eric Vigner, Intérimaire pour Anne-Laure Liégeois. Sextett est créé à Lorient (mise en scène Éric Vigner). Débrayage (4 extraits et un inédit) est créée au CDN de Montluçon (mise en scène Anne-Laure Liégeois). Alpenstock est créé au théâtre de Vanves (mise en scène de David Lejard-Ruffet). Il écrit En difficulté. En 2010, Il écrit Cassé pour Christophe Rauck. Il séjourne à Kinshasa (RDC) et écrit Botala Mindele. En 2011, il crée sa propre compagnie, Solaris, avec Othello Vilgard. 13


Octobre

Trois ruptures

Notes du metteur en scène

Trois Ruptures s’organise en trois séquences distinctes d’une durée à peu près égale. Chacune des séquences présente un couple dans une situation particulière de rupture. Nous faisons ici le choix de glisser d’une séquence à l’autre avec un même couple d’acteur et de ne pas séparer les trois parties du texte en trois petites pièces autonomes. Nous jouons la pièce en continu. Le couple Le texte aborde trois situations qui ébranlent certains fondamentaux de nos sociétés, comme la domination masculine, la place de la femme, la question de l’homosexualité et l’avènement de la toute-puissance de l’enfant. Un des enjeux du texte est de savoir finalement qui va quitter l’autre. Mais mettre en scène Trois Ruptures, c’est chercher aussi à découvrir ce qui les attache. C’est aussi faire le choix de la rupture avec le texte, donner à voir l’innommable, le sans-mot, la solitude des corps. C’est chercher la rupture dans la rupture, relever les transitions qui s’étirent, appréhender les répétitions du quotidien, articuler les gestes appris par cœur (…). mais c’est enfin redécouvrir le comique implacable et souvent « border line » qui parcourt la pièce. Un homme, une femme, un couple, trois histoires drôles et tragiques qui s’organisent suivant les principes de la rupture : rupture de la relation homme/femme, rupture de la relation parents/enfants, rupture avec l’organisation sociale. Construction rythmique Rémi De Vos a pris soin de titrer chaque séquence et d’en indiquer le rythme, comme pour une partition musicale : Allegro pour Sa Chienne, Moderato pour Pompier et Presto pour Un Enfant. C’est pourquoi nous jouons sur l’enchaînement des scènes et des dialogues en respectant cette rythmique. Notre dramaturgie est intimement liée au temps, au rythme et à l’espace agencé dans le texte. Dans le solfège, le tempo est l’allure (la rapidité relative, la vitesse ou encore le mouvement) d’exécution d’une œuvre musicale. Chez Rémi De Vos, c’est la même chose, le tempo est toujours en avant de son écriture. Pour Trois Ruptures, c’est clairement indiqué. Dans l’œuvre de Rémi De Vos et particulièrement ici, le fond et la forme procèdent toujours. Ainsi, les situations se succèdent, se suspendent, s’accélèrent et se ralentissent, et l’on passe très rapidement d’un dialogue à l’autre. On est tenu en haleine par l’intrigue et ses rebondissements jusqu’au dénouement final de chaque séquence. 14


Les comédiens

Johanna Nizard, la femme

Elle a été formée au Conservatoire de Nice et à l’Ecole Régionale d’acteurs de Cannes (ERAC). Elle débute avec des textes d’Arthur Schnitzler, Dario Fo ou encore Carlo Goldoni. Elle joue avec Jacques Lassalle dans Pour un oui ou pour un non de Nathalie Sarraute (Canada, Bogota), La vie de Galilée de B. Brecht, et Un jour en été de Jon Fosse. En 2001, elle rencontre Laurent Mauvignier, et réalisera un court-métrage en 16 mm d’après le roman Loin d’eux, qu’elle porte à la scène au Théâtre Nanterre-Amandiers. Elle jouera l’année prochaine un seul en scène Une légère blessure du même auteur, montée par Othello Vilgard. Elle met régulièrement en scène suite à une collaboration de 2000 à 2010 avec la maison du comédien Maria Casarès où elle monte quelques pièces comme Sur la grand’route de Tchekhov, le Mensonge de Nathalie Sarraute… Elle y joue Mirbeau, Mauvignier, Lescot, Cocteau…Et poursuit son parcours d’actrice avec Philippe Calvario, Grand et petit et Le jeu de l’amour et du hasard au Liban puis Eric Vigner, Pluie d’été à Hiroshima, et Sextett au Théâtre du Rond Point. Elle monte et joue Le Fou D’Elsa de Louis Aragon avec Audrey Bonnet. Elle est missionnée à Quito (Equateur) par Culturefrance pour Laisse moi te dire une chose de Rémi De Vos. En 2011 elle joue dans Marie stuart de Schiller mis en scène par Daniel Hurstel. En 2012, elle met en scène Si ça va, bravo de Jean-Claude Grumberg au Lucernaire et travaille avec Marion Aubert La saga des habitants du val de moldavie et Marion Lévy Dans le ventre du loup. Elle tourne pour la télévision et le Cinéma (Gilles Béhat, Xavier Durringer, Claire Simon, Michel Hazanavicius, Eric Besnard, Joyce Bunuel, Arnauld Mercadier, Julien Petit, Leos Carax…) et participe régulièrement depuis une douzaine d’années aux fictions de France Inter et France Culture.

Pierre-Alain Chapuis, l’homme

Pierre-Alain Chapuis a joué avec Jean Christophe Blondel L’echange ; Guy Pierre Couleau Maitre Puntila et son valet Matti ; Hannibal avec Bernard Sobel ; Le Dindon, Protée avec Philippe Adrien ; Dominique Pitoiset La Mort d’un commis voyageur d’A. Miller ; Georges Werler et Michel Bouquet Le Malade imaginaire ; Jorge Lavelli Chemin du ciel (Himmelweg) et Le Garçon du dernier rang de J. Majorga ; Claude Baqué Eaux dormantes de L. Noren ; Lisa Wurmser La Mouette de Tchekhov, Le Maître et Marguerite de Boulgakov, La Bonne Âme du Se-Tchouan de B. Brecht ; Gilles Bouillon Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, Des Crocodiles dans la tête de Tchekhov et En attendant Godot de Beckett ; Jean Boillot Coriolan de Shakespeare ; Yvan Blanloeil L’Ignorant et le fou de T. Bernhard ; René Loyon Isma de N. Sarraute ; Denis Podalydes Je crois de E. Bourdieu ; et aussi avec Stéphane Braunschweig Amphytrion, Le Conte d’hiver et La Cerisaie ; Elisabeth Chailloux ; Sylvain Maurice ; Alain Ollivier ; Philippe Adrien Rêves de Kafka et Ké Voï. Cinéma avec J.-L. Godard Prénom Carmen et R. Féret Baptême, promenade d’été. 15


Trois ruptures

La Presse en parle… LE NOUVEL OBSERVATEUR

PARISCOPE

F

u l g i r a n c e comique, noirceur drôlatique : on a droit ici à du grand De Vos !

T

rois saynètes féroces et brutales. Le rire qu’elles arrachent brûle la gorge.

LE CANARD ENCHAÎNÉ

L’EXPRESS

D

es Dialogues au couteau, ping-pong verbal éblouissant de rapidité, de précision, de violence, mis en scène avec une efficacité maximum.

A

s des as du langage en dérapage contrôlé, Rémi de Vos a bien de la chance. Il a trouvé en Othello Vilgard un metteur en scène et en espace à la hauteur de son perfectionnisme. Quant aux comédiens, ils sont excellentissimes.

LES ÉCHOS

O

n est plongé dans un drôle de Sitcom désincarné qui pourrait avoir été écrit par un robot malicieusement programmé. Les acteurs sont excellents, à la fois totalement impliqués et flottant dans un ailleurs déshumanisé.

TÉLÉRAMA

D

’une écriture absurde et abrupte à la Ionesco, Rémi De Vos nous renvoie au traditionnel enfer du couple qu’ont si bien mis en théâtre Courteline et Feydeau.

16


Une maison de poupĂŠe

17

Novembre

de Henrik Ibsen


Novembre

Une maison de poupée De Henrik Ibsen

Adaptation et mise en scène Philippe Person Traduction Régis Boyer Avec Florence Le Corre Nathalie Lucas Philippe Calvario Philippe Person

● JEUDI 15 19 H 30 ● VENDREDI 16 19 H 30 ● SAMEDI 17 19 H 30

Lumières Alexandre Dujardin

DURÉE : 1H25

Décor Vincent Blot

18


La pièce Emprunter, mentir, falsifier des signatures, c’est tout ce que Torvald Helmer, employé de banque, condamne. C’est pourtant ce que sa femme Nora a fait en cachette pour qu’il puisse se soigner. Elle a presque fini de rembourser sa dette quand Torvald Helmer est nommé Directeur. Il décide alors de renvoyer le commis Krogstad, en raison de son passé douteux. Or, Krogstad n’est autre que le créancier de Nora. Pour se défendre, il vient faire du chantage sur cette dernière en la menaçant de tout révéler à son mari. Au même moment arrive Madame Linde, ancienne amie de Nora et ancienne maîtresse de Krogstad. Femme seule, elle vient demander une place dans la banque de T. Helmer. Nora fera tout pour déjouer les intentions de Krogstad malgré les conseils de Madame Linde qui l’incite au contraire à tout révéler à son mari. La maison de poupée se transforme peu à peu en un huis clos suffocant. C’est donc asphyxiée, acculée à se dénoncer, que Nora se livre à son mari. Hors de lui, ce dernier se révèle être non plus le mari protecteur mais l’homme blessé. Dans ce monde bourgeois, il veut malgré tout sauver les apparences. Mais Nora est passée du côté de la vérité. C’est donc sa vérité de femme, libre et forte, qu’elle assumera en quittant le domicile conjugal. Historique de la pièce Écrite en 1879, Une maison de poupée provoqua un scandale, dès les premières représentations en Europe. En France, elle fut créée en 1894 avec Réjane dans le rôle de Nora. La pièce fut interdite en Angleterre, en Allemagne, les actrices (quel paradoxe !) refusèrent de jouer le rôle si l’auteur ne modifiait pas sa fin. Il était inadmissible de montrer le mariage sous cet angle et encore moins d’imaginer un tel portrait de femme, quittant mari et enfants. Ibsen, qui se qualifiait luimême « d’anarchiste aristocrate », bouscule les conventions, met à mal une certaine morale, dénonce les mensonges et crée une héroïne d’une incroyable modernité. Cette œuvre est inspirée d’un fait réel Ibsen et sa femme ont reçu à plusieurs reprises une jeune admiratrice de l’auteur, Laura, 20 ans. En raison de sa vivacité et de sa joie de vivre, ils la surnomment « L’alouette ». Surnom que l’on retrouve dans la pièce. Laura est mariée à un professeur d’université dont la santé nécessite un voyage en Suisse et en Italie. Afin de ne pas l’accabler de souci ; elle contracte un emprunt en lui faisant croire que cet argent provient de ses droits d’auteur. La santé de son mari se détériore et elle s’enlise dans les dettes. Ibsen lui-même conseille à la jeune femme de tout avouer à son mari mais elle ne le fera pas. Lorsque son mari apprendra la vérité, il la fera interner en asile psychiatrique. Elle perdra la garde de ses enfants et sera contrainte au divorce.

19


Novembre

Une maison de poupée

Le metteur en scène

Philippe Person

Metteur en scène et comédien. Directeur artistique de la Cie Philippe Person. Directeur du Lucernaire de 2009 à 2015. Créateur et directeur de l’École d’art dramatique du Lucernaire. Philippe Person a créé sa compagnie en 1994. Depuis cette date c’est près de 20 spectacles qu’il a mis en scène. Après une première période de création sur des thèmes comportementalistes : Manger, Avorter, Tout sauf aimer, il abordera les classiques avec Esther de Racine, La quittance du diable de Musset, Angelo, tyran de Padoue de Victor Hugo, Beaucoup de bruit pour rien de Shakespeare. La troisième période du travail de la compagnie s’articulera autour des adaptations de texte et sur des figures emblématiques de la littérature. Ainsi se succéderont : L’Euphorie perpétuelle d’après Pascal Bruckner, Délivrez Proust autour de l’œuvre et la vie de Marcel Proust, Les Misérables, version « cabaret » de l’œuvre de Victor Hugo, L’importance d’être Wilde d’après l’œuvre et la vie d’Oscar Wilde, Les enfants du Paradis d’après le scénario de Jacques Prévert. Toutes ces pièces sont représentées à Paris, principalement au Lucernaire et au Festival d’Avignon. Grâce à sa présence répétée en Avignon, la Compagnie organisera de nombreuses tournées et c’est près de 100 dates de tournées qui viendront asseoir la réputation de la compagnie en région et dans les DOM. Philippe Person a mis en scène tous les spectacles de la Compagnie et a joué dans Les Misérables, Les enfants du Paradis et Le Journal d’une femme de chambre. Parallèlement à ses activités de metteur en scène, comédien, il a créé au Lucernaire les premiers cours amateurs. Il a animé de nombreux cours et stages. Présent avec ses créations au Lucernaire, il s’en voit confier la direction en 2009. Directeur de ce lieu mythique, qu’il connaît si bien, il imposera : la diversité. « Le théâtre n’est pas ceci ou cela, c’est ceci et cela » dira-t-il souvent en reprenant cette citation de Laurent Terzieff. Sous sa direction, 50% de l’ensemble de la programmation seront des créations. Il manquait au Lucernaire, une École d’art dramatique, une école qui formerait les futurs talents de demain. En 2015, il décide donc d’abandonner la direction du lieu et de se consacrer à temps plein à la création de cette école. Aidé et soutenu par l’Harmattan, propriétaire du Lucernaire et qui en assure la gestion, le projet voit le jour au printemps 2015 et l’école naîtra officiellement le 7 septembre 2015 avec l’ouverture de ses cours. Aujourd’hui, ce sont déjà plus de quarante élèves-comédiens qui fréquentent cette école. 20


Note du metteur en scène

Cette pièce, dès la première lecture, ne nous sort plus de l’esprit. Elle fait partie de ces classiques dont on se dit : « Un jour, …. ». Quel hymne à la liberté, à la liberté d’action et d’expression ! Qui n’a pas été soumis à des problèmes de servitude ou de soumission professionnelle ou privée ? Et qui par peur ou par habitude ou encore par crainte du regard d’autrui, n’a pas osé faire sauter tous les verrous ? C’est parce qu’elle est parfaitement universelle que cette pièce ne nous sort plus de l’esprit. En plus du personnage de Nora et des thèmes abordés qui m’enthousiasment, il y a les dialogues parfaits, simples et justes d’Ibsen. Helmer : Il n’y a personne qui sacrifie son honneur pour l’être qu’il aime. Nora : C’est ce que des centaines de milliers de femmes ont fait. La mise en scène suivra Nora, ses pensées et ses actes, comme un plan-séquence au cinéma. Le spectacle basculera d’une atmosphère joyeuse de Noël au climat angoissant dû à l’apparition d’un maître chanteur. Alors se déclenchera un compte à rebours de trois jours, trois jours qui verront basculer la vie de Nora. Comme un film pourrait passer de la couleur au noir et blanc, dès le deuxième acte, les ambiances deviendront pesantes puis angoissantes. Alfred Hitchcock aurait pu filmer Nora. Si Nora est devenue, pendant un temps, un symbole féministe, je souhaite montrer l’universalisme du propos. Il n’est pas seulement question de la femme mais de nous tous. Pour Jean Cocteau, mettre en scène Une maison de poupée, c’est, « mettre en scène du réalisme irréel qui sera un jour le signe de notre siècle ». Pour moi, après Victor Hugo, Oscar Wilde, Jacques Prévert, Octave Mirbeau, mettre en scène Henrik Ibsen, c’est aussi continuer à m’intéresser aux « génies contestataires ». 21


Novembre

Une maison de poupée

Les comédiens

Florence Le Corre, Nora

Comédienne et auteure. Formée à l’école du Passage sous la direction de Niels Arestrup, elle joue au théâtre depuis 2000 et fréquente tous les répertoires. On a pu la voir, par exemple, dans Si Camille me voyait de Roland Dubillard, mis en scène par Maria Machado au Théâtre du Rond - Point et au Théâtre du Chêne Noir en 2004. En 2011 dans Marie Tudor de Victor Hugo, mis en scène de Pascal Faber. Pièce qu’elle retrouve en 2016 dans la mise en scène de Philippe Calvario. Elle travaille régulièrement avec Philippe Person depuis 2008 et a récemment joué dans Les Enfants du paradis et Le Journal d’une femme de chambre. Depuis 2001, elle est interprète et adaptatrice pour Radio France. Pour le théâtre, elle a écrit Boucle d’Or, une étrange affaire, et Je me souviens (plus ou moins). Elle a adapté et traduit Le Marchand de Venise de Shakespeare et signer l’adaptation pour une femme de Le dernier jour d’un(e) condamné(e) de Victor Hugo. En 2016, elle adapte et livre sa réécriture de Peau d’âne : on n’épouse pas son papa, création prévue au Lucernaire pour la saison 2016-2017.

22


Les comédiens

Philippe Calvario, Torvald Helmer

Comédien et metteur en scène. Parmi un très grand nombre de mises en scène, on peut citer Richard III de Shakespeare aux Théâtre Nanterre Les Amandiers en 2005, Les Larmes Amères de Petra Von Kant de Fassbinder en 2011 à l’Athénée. Ses mises en scène sont représentées dans les plus grands théâtres parisiens : Théâtre des Bouffes du Nord, Théâtre de la Bastille, Théâtre de l’Athénée et bien sûr au Théâtre des Amandiers de Nanterre. Il a récemment mis en scène Marie Tudor de Victor Hugo, Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux Acteur il travaille avec Catherine Marnas, Jean-Pierre Vincent, Patrice Chéreau, etc. Sa collaboration avec Patrice Chéreau s’achèvera à la mort de celui-ci en 2013 et donnera lieu à un spectacle : Les Visages et les corps, qu’il jouera notamment au Rond Point en 2014, puis au Théâtre Lucernaire.

Nathalie Lucas, Madame Linde

Après l’École Claude Mathieu, elle interprète au théâtre des rôles du répertoire classique et contemporain, mis en scène notamment par Anne Coutureau, JeanLouis Levasseur, Jean- Michel Adam, Céline Brunelle, Carlotta Clerici, Manon Montel, Anthony Magnier... Au cinéma, elle tourne sous la direction d’Eric Bu, Fabien Gazanhes, Pierre-Erwan Guillaume, Gilles Vidal, Arnaud Legoff... Son travail autour de la voix, l’amène à explorer des horizons divers tels le chant (lyrique et variété) et la voixoff. Elle participe à l’aventure de l’Antre aux Livres (lectures à haute voix) depuis 1998. Elle joue dans Andromaque de Racine, mis en scène par Anthony Magnier, metteur en scène de la compagnie Viva (Versailles), en tournée et Avignon Off 2016. Elle a joué récemment Les Hommes de Charlotte Delbo, mise en scène par Florence Cabaret et Jeanne Signé, au Théâtre de l’Epée de Bois (Paris) et en tournée.

23


Une maison de poupée

La Presse en parle… son mari planqué dans ses valeurs conformistes et rigides. C’est l’expérience de cette solitude terrible qui va révéler à Nora ce dont elle est capable. […] Ce fameux secret qui de nos jours peut paraitre bénin est emblématique de la cagoule portée par Nora pendant ses huit ans de mariage. Dès lors que le voile aura été tiré, Nora pourra se regarder en face, voir l’horizon s’ouvrir devant elle, comprendre ce formidable appel d’air que représente la liberté. A travers le portrait de Nora et de Torvald, c’est tout un édifice social à la fois rigide et hypocrite qu’Ibsen dénonce parce que cet édifice qui existe toujours étouffe dans l’œuf la créativité humaine, contraignant les individus à se résigner, à subir des lois sans imaginer pouvoir les discuter. […] Quelle grâce tout de même que cette pièce dans ce monde de brutes. Quel miracle !

TÉLÉRAMA

L

a pièce d’Henrik Ibsen fit scandale à sa création (1879). On le comprend tant les rapports de sexe et la place niée de la femme y sont dénoncés avec vigueur. La mise en scène de Philippe Person crée des échos très contemporains. […] Tous les comédiens sont bons, Florence Le Corre (Nora) est excellente, et si Philippe Calvario (Torvald) paraît d’abord un peu surprenant, son jeu ancre la pièce dans la réalité d’aujourd’hui. […]

LE MONDE

C

ette pièce […] aurait le même impact émotionnel que le « Cri » de Munch sur les spectateurs. Qu’est ce qui peut faire basculer le destin d’un homme ou d’une femme hors des sentiers battus ? Quel est donc le grain de sable qui peut faire dérailler un scénario immuable, qui se répète de génération en génération dans la société bourgeoise que décrit Ibsen. […] Ce n’est qu’au second acte que nous découvrons qu’un terrible secret ronge la jeune femme victime d’un maître chanteur qui n’est autre que l’employé qu’entend limoger son mari. Voilà un synopsis qui nous rappelle les thrillers de Hitchcock. L’attention de l’auteur et ce faisant du metteur en scène se cristallise sur la personne de Nora confrontée à une solitude inouïe du fait de son secret qui la met en porte à faux avec

REG’ARTS […]

S

i ces considérations nous paraissent aujourd’hui lointaines, Philippe Person réussit à offrir au public une mise en scène qui fait oublier le côté désuet que pourrait avoir ce drame bourgeois. En effet, son spectacle, servi par des acteurs dynamiques et passionnés, est réjouissant. D’ailleurs la salle sourit face à la Nora pétillante du début, rit même quand Torvald explique à la détentrice du secret combien le mensonge est dégoûtant, et rit jaune aussi en entendant les propos sexistes et révoltants du mari. […]

24


25

DĂŠcembre

Concerts du quartet Luther François


Décembre

Concerts du quartet Luther François

Musical Director, Saxophones, Flute Luther François Upright bass Alex Bernard Piano Marc Cabrera

● VENDREDI 14 19 H 30 ● SAMEDI 15 19 H 30

Drums Ricardo François

DURÉE : 1H30

Son Marc Escavis

26


La musique

Le quartet à toujours eu son importance dans l’histoire et l’évolution du Jazz comme musique d’expression individuel, et le nom de John Coltrane a laissé un empreinte indélébile. Luther François poursuit les traces laissées par ce grand maitre du marronage musical que représente le Jazz, reprenant quelques uns de ses compositions (Like Sonny, Crescent, Giant Steps…) et des standards qu’il avait interprété (I Want To Talk About You, Summertime…), et même des sélections de Thelonius Monk, extraits de leur collaboration historique. Des compositions de Duke Ellington, de Charles Mingus et de Luther François feront partie du répertoire.

27


Mea culpa

La Presse en parle… FRANCE ANTILLES

Ils ont du mal à comprendre et accepter ce que je suis et ce que je fais, mais il y a quand même des fidèles... De toute façon, dans ces îles, la politique se mêle de tout et les idées et la vision des artistes ne font pas partie de leur manifeste.

Luther François, saxophoniste originaire de SainteLucie, envisage une fois de plus de s’installer en Martinique. Depuis quelques années, il fait souvent escale en Martinique ou en Guadeloupe...

Le jazz caribéen dont vous êtes l’un des pionniers est aujourd’hui reconnu hors de nos frontières... Comment était donc considérer cette musique dans les années 90 ? Elle était vue comme une musique sans vrai fondement parce que jusqu’a maintenant les caribéens n’ont pas compris que le jazz est né dans nos eaux avant d’arriver aux États-Unis... Duke Ellington l’a dit lui-même !

Vous êtes une fois de plus revenu en Martinique avec le désir d’y vivre. Ce pays occupe finalement une grande place dans votre cœur. Vous vous y sentez bien musicalement ? Oui, bien sur ! Ma relation avec la Martinique a commencé en 1972 avec deux visites. J’ai rencontré Alain Jean-Marie, Jean-Claude Montredon, Jojo et Winston Berkeley (j’étais d’ailleurs hébergé chez son frère André) et nos deux groupes ont joués au Tam-Tam. J’avais 19 ans et je jouais de la guitare... Je me souviens toujours d’un superbe concert de Hubert Laws à l’Olympia. Ensuite, je suis revenu en 1982, invité par mon ami Jean-Guy Cauver et Yves Marie Séraline pour jouer au Club’78... Par la suite, j’ai participé à plusieurs festivals du SERMAC... J’ai toujours considéré que la Martinique pouvait devenir la Mecque de la musique caribéenne...

Et aujourd’hui, êtes-vous satisfait de l’audience de cette musique ? Il reste beaucoup à faire en ce qui concerne la recherche, la conception et la mise en place même, mais l’industrie ne l’encourage pas et notre partie du marché reste chétif. On se rappelle peu aujourd’hui que vous avez joué aux côtés d’Eugène Mona. Quel genre d’homme était-il selon vous ? En anglais on dirait « larger than life » ... Pour moi il partageait l’essence du « jazzman » caribéen !

Votre famille, à l’origine, est pierrotine. Pouvez-vous nous expliquer ? Ma mère, née Cadet à Castries en 1926, me racontait que son grand père avait une bouteille remplie des cendres recueillies sur le bateau en 1902, d’ailleurs Barbara Cadet (saxophoniste) est de la même famille...

Que vous inspire la jeune génération de musiciens caribéens ? Très prometteuse, mais en manque d’une certaine inspiration même si il y en a qui se démarquent... Il faut qu’ils étudient bien l’esprit Mona...

À l’inverse, il semblerait que votre pays natal, Sainte-Lucie, ait du mal à reconnaître votre vrai talent ? Est-ce exact ? 28


Janvier

Race[s] de Franรงois Bourcier

29


Janvier

Race[s] de François Bourcier Un spectacle conçu par François Bourcier d’après des textes et documents authentiques

Mise en scène, Scénographie et Interprétation François Bourcier assisté de Pauline Corvellec Poèmes Anne de Commines Lumière Romain Grenier

● JEUDI 17 19 H 30

Son Philippe Latron

● SAMEDI 19 19 H 30

● VENDREDI 18 19 H 30

DURÉE : 1H25

Costumes Jacqueline Boaz Vidéos THP Photos Émilie GÉNAÉDIG

30


Un spectacle conférence

La scénographie reproduit les conditions d’une conférence, ce qui permet d’adapter et de rendre le spectacle accessible à des lieux peu équipés ou autres que des salles de spectacles (amphithéâtres universitaires, salles polyvalentes...). Alors qu’aujourd’hui ces théories racistes ressurgissent dans l’économie et la politique, il nous semble urgent de sortir ce spectacle de son espace habituel et d’aller à la rencontre de tous les publics. L’adresse directe aux spectateurs, l’incarnation des personnages historiques et l’utilisation d’images et de vidéos donnent vie à des explications théoriques habituellement réservées aux spécialistes et apportent des éléments de compréhension.

La pièce Après Lettres de délation et Résister c’est exister, François Bourcier conclut un cycle avec Race[s], un spectacle sur les origines et les fondements de l’idéologie nazie. Race, avec ou sons « s » ? Les scientifiques d’aujourd’hui s’accordent pour dire que les tous les humains appartiennent à une seule et même race : la race humaine. A 99,9 %, le code génétique humain est le même sur toute la planète. D’où vient donc cette notion de races plurielles ? Par ignorance ou par idéologie, s’est forgée au cours des siècles l’idée que certaines races seraient supérieures à d’autres. D’éminents scientifiques, des philosophes, des économistes, des penseurs renommés et des hommes politiques ont appuyé cette thèse au cours des siècles. Dans ce spectacle, François Bourcier les interprète et les met en scène. De l’esclavagisme à l’antisémitisme, François Bourcier donne à comprendre, à travers leurs discours et leurs écrits, les propos qui vont permettre aux nazis la justification et la mise en place de la solution finale : une extermination systématique des « races » dites inférieures, au profit de la race blanche, dite supérieure... 31

Autour du spectacle

Depuis dix ans, la Compagnie Théorème de Planck propose des spectacles qui développent des périodes historiques ou liées à l’histoire, aussi bien en tout public qu’en public scolaire. Comme les précédents spectacles de la Compagnie, Race[s] est entièrement basé sur des textes authentiques.


Janvier

Race[s]

Le spectacle

Pourquoi l’homme blanc se prend-il toujours pour le maître du monde ? A partir de textes authentiques qui vont de Platon aux idéologues du nazisme, François Bourcier construit un spectacle où les auteurs s’incarnent et où le décor, les projections vidéo, la musique, les masques et le jeu d’acteur poussent les propos vers le terrifiant, le burlesque, le ridicule ou l’émotion. En contrepoint, les textes poétiques d’Anne de Commines sont comme autant de respirations. Quels sont les grands inspirateurs du nazisme ? Dans cette création originale, François Bourcier poursuit et complète le travail initié avec les très remarqués Lettres de Délation, Résister c’est Exister…. Il met en scène et interprète avec la même folie et le même talent, ces grandes figures de l’histoire qui pour approcher le rêve d’un système économique « idéal », se sont appuyés sur une « vérité » scientifique prônant la supériorité d’une « race » blanche, appelée à dominer le monde. De Platon à Hitler, philosophes de l’antiquité, éminents scientifiques, économistes renommés et hommes d’état respectables… se succèdent sur scène dans des déclarations authentiques qui progressent vers l’élaboration de l’effrayante théorie. Un rêve qui, de l’esclavagisme à l’antisémitisme aboutira à la mise en place de la terrifiante solution finale. L’ère industrielle par la rentabilité du produit « humain » était ouverte ! Ce spectacle nous aide à mieux comprendre certaines postures de notre présent encore trop encombré des traces de ce passé.

32


Race[s]

Le metteur en scène

François BOURCIER

Issu de l’École de la Rue Blanche et du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, des classes d’Antoine Vitez, de Jean-Pierre Miquel et Jacques Serres, François Bourcier est metteur en scène et comédien. François Bourcier signe plus d’une quarantaine de mises en scène. Metteur en scène de Sylvie Joly pendant dix ans, il a également présenté L’avare au Centre Dramatique National de St Denis ; Libres pensées de San Antonio au Théâtre Marigny chez Robert Hossein ; Le malade imaginaire avec Jean-Claude Dreyfus ; La belle et la bête au Centre Dramatique National de Lille... et plus récemment Le Secret du temps plié de et avec Gauthier Fourcade et Ivre d’équilibre et Le mur de l’équilibre avec l’équilibriste Pascal Rousseau. Toutefois c’est par son engagement qu’il se fait remarquer avec Sacco et Vanzetti d’Alain Guyard avec Dau et Catella et Femmes Passées sous Silence représentés au Théâtre du Chêne Noir lors des Festivals d’Avignon 2009 et 20 l O. Dernièrement, il est à l’origine de la création Les Champignons de Paris d’Émilie Génaédig, il traite des essais nucléaires français en Polynésie, en partenariat avec une compagnie locale. En tant que comédien, il débute dans la pièce La Tour de Nesle d’Alexandre Dumas et fait partie pendant quatre ans de la Compagnie des Baladins en Agenais de Roger Louret. À la Comédie Française, il est à l’affiche de Sertorius et du Voyage de Monsieur Périchon. Il joue aussi auprès de Jean-Marc Barr, dans Technique pour un coup d’état chez Daniel Mesguich qui l’engage dans Hamlet. Hamlet qu’il retrouvera à Chaillot avec Antoine Vitez. On a également pu le voir dans une trentaine de téléfilms et de séries TV comme Un homme en colère avec Richard Bohringer ou au cinéma dans Automne ou octobre à Alger de Malik Lakhdar-Hamina récompensé à Berlin et à Venise. Avec Race[s], il signe son troisième seul en scène, dans la lignée des très remarqués Lettres de Délation d’après le livre d’André Halimi et Résister c’est exister d’Alain Guyard. Dans ses deux dernières créations, La Maréchale et le Libertin et La Fleur au Fusil, il est à la fois metteur en scène et interprète. 33


Janvier

Race[s]

La mise en scène

La mise en scène mêlant images vidéo, musique... accompagne le subtil jeu de l’acteur qui navigue entre les extrêmes. Ici, la gravité côtoie l’insouciance, l’effrayant - le burlesque, l’abominable - le ridicule. Derrière les masques et leurs caricatures se cachent la terrifiante réalité qui se dévoile au fur et à mesure du spectacle… Ils ont dit de la mise en scène de Lettres de délation : « Tous les délateurs prennent vie sous nos yeux, homme, femme, concierge, avocat... dans une mise en scène époustouflante. Restituant les propos exacts contenus dans ces lettres, François Bourcier en fait un spectacle vivant et rythmé, parfois drôle, souvent poignant mais historiquement très instructif. » > France 3

34


L’écrivain, la poétesse Anne de Commines Écrivain, rédactrice, Anne de Commines publie depuis une dizaine d’années. Auteur de poésies, essais, livres d’entreprise, monographies et parcours individuels. Elle écrit également pour la scène et enseigne la poésie au théâtre. Elle a déjà travaillé aux côtés de François Bourcier dans Femmes passées sous silence, Ivre d’Équilibre, Le Mur de l’Équilibre, Carte blanche à Michel Caserta, Entre chien et loup... Dans une poésie parfois mystique, elle cherche le secret de nos fondations, de nos empreintes divines et de nos mémoires ancestrales. Le corps de nos interrogations, nos filiations originelles, la forme du cercle, le désert, le temps des dieux... sont autant de thèmes épurés chers au poète. Dans ce spectacle, les textes d’Anne de Commines, décomposés en quatre « chants », sont autant de moments de respiration empreints d’émotion et de poésie indispensables pour contre balancer les propos à la fois terribles, dérisoires, voire absurdes parfois. Ils apportent cette force de vie contenue dans l’humanité qui permet au spectateur de ne pas sombrer dans un mauvais fatalisme...

35


Race[s]

La Presse en parle… SEMIOBLOG

BON PLAN THÉÂTRE

F

P

r a n ç o i s Bourcier, auteur, metteur en scène et interprète de ce nouvel opus, nous a déjà passionnés avec « Lettres de délation » (d’après le roman d’André Halimi) et « Résister c’est exister » (d’Alain Guyard).

rendre le parti de divertir tout en éveillant la conscience des individus sur un sujet tout sauf léger, voilà le pari de François Bourcier avec son spectacle Races... François Bourcier a donc fait le choix d’une forme éminemment pertinente. Voyage dans l’effrayant et tristement drôle rapport humain à la différence, le spectacle est un véritable tour de force transformiste qui réussit l’exploit de faire à la fois rire et réfléchir avec du sordide. Le comédien fait preuve d’un réel talent schizophrène d’interprétation dans sa manière de bondir d’un personnage à l’autre, avec un sens du détail visuel qui va parvenir à jouer, encore et encore, avec la perception du public.

Cette fois, il se penche sur l’étude de tous ces hommes qui ont prôné la supériorité de la race blanche. D’Aristote à Sénèque, de Tacite à Pétain, il n’y a qu’un pas... François Bourcier campe tous les hommes dont il parle. Il change de maquillage, accessoires et costumes en une seconde. Il fait peur par ses propos ou devient parfois presque grotesque par ses excès. Pourtant, tout ce qu’il dit n’est que vérité. Tout a été écrit et vérifié. Il s’aide d’extraits de documentaires vidéo, coupures de journaux ou passage de livres. Il a fait, comme d’habitude, un travail de recherche phénoménal. Son discours de fin sur la montée de l’extrême droite est puissant, convainquant et tellement évident. Il sait trouver les mots justes, l’intonation qu’il faut, la sincérité qui convient sans jamais tomber dans un misérabilisme à deux balles. J’ai vu des jeunes gens sortir de la salle bouleversés...

36


Février

Photo : Creo photographie

Mea culpa

de Hervé Deluge

37


Février

Mea culpa de Hervé Deluge

Texte et mise en scène Hervé Deluge Collaboration artistique Michel Bourgade Techniques Dominique Guesdon ● VENDREDI 15 19 H 30

Costumes Irlène Ribier

● SAMEDI 16 19 H 30 DURÉE : 1H15

38


La pièce

Le metteur en scène et comédien Hervé Deluge, nous propose avec Mea Culpa, un spectacle en partie autobiographique qui met en lumière les désarrois d’un artiste et ses difficultés à survivre dans notre société martiniquaise en ce qui concerne l’expression culturelle. Si le dérapage de l’Atrium et la solidarité de nombreux artistes sont révélateurs du mal-être artistique, et social du pays, deux ans après jour pour jour il est bon de faire jouer la catharsis, d’évacuer et de purger les passions et il est aussi nécessaire de parler au public.

39

Avec Mea Culpa, l’auteur Hervé Deluge nous présente le premier volet du spectacle de sa vie qui raconte ses expériences professionnelles, ses rêves et ses illusions et ses rencontres et ses erreurs, à la manière d’un Philippe Caubère, ses expériences professionnelles et son histoire de vie en passant du comique burlesque au pathétique. Avec une parole forte et poétique portée par les nombreuses références et citations des poètes qui ont influencé, l’artiste Deluge jusqu’à cette année qui lui donne aujourd’hui un demi-siècle.


Mea culpa

La Presse en parle… Quelle est la particularité politique de cet « ici » par rapport à la création théâtrale ? Je pense que depuis les grandes actions d’Aimé Césaire, l’idée d’une politique culturelle a depuis longtemps été abandonnée. L’éducation et l’éveil du sens critique sont des actions militantes voulues et essentielles. Eduquer le regard, faire connaître ses poètes, rendre les gens conscients et sensibles à leur histoire, c’est difficile. Il paraît donc plus facile de laisser cette tâche à d’autres. Sans compter les sirènes de l’opportunisme et du clientélisme : nos éternels politiciens pour la plupart, spécialistes de la formule trois/quatre et du « i bon kon sa ». Force est de constater que ce métier n’a quasiment pas de relève, si ce n’est la solution des exogènes.

MONTRAYKREYOL.ORG Extraits de l’interview de Hérve Deluge par Jean Durosier Desrivières. Hervé Deluge est un artiste militant ? Je ne supporte plus le mot militant, militant nous le sommes depuis trop longtemps. Je préfère le terme « engagé », au sens où je suis en lutte perpétuelle avec la réalité sociale et politique de mon île : car le théâtre est essentiellement politique, ici plus qu’ailleurs ; car il s’agit de convoquer sa communauté, la communauté humaine à l’écoute des discours sur la chose publique qui la concerne. Quand vous dites « ici », vous faites référence sans aucun doute à la Martinique ? Je suis martinico-martiniquais, comme le sont de moins en moins d’entre nous. Et très curieusement, ça n’a rien à voir au fait d’appartenir à une ethnie ou une couleur. Je veux parler de gens qui ont envie de développer leur territoire dans l’objectif de transmettre ce territoire, son histoire, son imaginaire et sa créativité à leurs enfants. Je ne peux pas voir mon pays comme un ascenseur social ou un point de passage, voire une étape dans l’existence de ceux qui vivent ici : ici vivent des gens. Les gens doivent organiser leur vie dans l’optique d’ici, dans une dynamique de dialogue au monde. Cela me rappelle cette idée essentielle de Glissant : « être perméable au monde sans se diluer dans le monde ».

[…] On comprend votre pensée et votre adhésion à l’expérience d’un théâtre populaire qui a pris forme bon gré mal gré en France hexagonale, mais avez-vous un exemple concret de spécificité dans un Dom-Tom ? Je ne suis pas contre tout ce qui vient de France, et j’estime que j’ai, avec mon peuple, à apporter ma pierre à la nation. […] Nous avons au centimètre carré le plus grand nombre d’auteurs contemporains reconnus, pourquoi les autres arts ne suivent-ils pas ? Il faut que les enfants de ce pays puissent avoir envie d’épouser le métier artistique dans une perspective d’épanouissement et de développement. Pardon pour l’obsession : « Ici, vivent des gens ».

http://www.montraykreyol.org/article/herve-deluge-ma-seule-ambition-est-detre-un-createur-libre 40


Compartiment fumeuses

Mars

de JoĂŤlle Fossier

41


Mars

Compartiment fumeuses de Joëlle Fossier

Mise en scène Anne Bouvier Assistant metteur en scène Pierre Hélie Compositeur Stéphane Corbin ● MERCREDI 20 19 H 30

Avec Bérengère Dautun Sylvia Roux Nathalie Mann

● JEUDI 21 19 H 30 DURÉE : 1H10

Equipe artistique Anne Bouvier et Joëlle Fossier Scénographie Georges Vauraz Création lumières Denis Koransky

42


Note d’intention

La pièce

En écrivant Compartiment fumeuses, l’auteur raconte au plus vrai, au plus juste, au plus délicat, au plus simple, une histoire d’amour entre deux femmes. Dans un univers carcéral morne et sans âme, dans un univers où la réglementation annihile tout ressort humain, où seuls retentissent dans la tête des prisonnières, le bruit des clefs, les pas qui résonnent, le claquement sec d’un oeilleton qui retombe, dans un univers où une cellule s’apparente à une tombe d’acier, un amour éclôt... Petit miracle subversif inattendu. L’amour n’a ni sexe, ni temps, ni lieu, ni nom, ni patrie. Le passage de Blandine de Neuville en prison n’est pas une mort mais une résurrection.

La violence faite aux femmes est plus que jamais, hélas, une grande cause nationale. Combien de tragédies secrètes ? De bleus à l’âme ? De dommages intériorisés ? Combien de femmes battues, violées, maltraitées ? Combien meurent, de par le monde, sous les coups de leurs conjoints ? Une prison : cellules minuscules où viennent s’échouer des femmes meurtries. Hasard ? Destin ? Suzanne, la rebelle, fait régner l’ordre « chez elle », jusqu’au jour où, contrainte et forcée, elle accueille Blandine de Neuville. Entre ces deux femmes que rien socialement n’aurait dû rapprocher, éclôt une histoire d’amour sous l’oeil jaloux de la troisième, la surveillante. L’histoire de Blandine de Neuville est une histoire humaine, universelle. Un authentique témoignage d’espérance : « L’amour » dans lequel elle est plongée, a valeur de révélation. Au travers de cet amour, j’ai cherché l’émerveillement. Cet émerveillement dont la charge vitale nous transporte hors les murs. Cet émerveillement qui aide à se reconstruire quand tout semblait détruit. Hymne à la résilience, hymne à l’amour… Compartiment fumeuses est une pièce dédiée à toutes les femmes qui résistent, s’affranchissent, aspirent à briser leurs chaînes et gagnent leur liberté.

43

Joëlle Fossier


Mars

Compartiment fumeuses

Le metteur en scène

Anne Bouvier

Après l’ENSATT et le CNSAD, Anne Bouvier joue notamment sous la direction de Jean Luc Revol, Philippe Torreton, Philippe Calvario, Patrice Kerbrat et actuellement dans Peau de Vache mis en scène par Michel Fau au théâtre Antoine. Molière du meilleur second rôle féminin 2016 pour son interprétation dans Le roi Lear au théâtre de la Madeleine. Elle met en scène notamment: La dame au petit chien de Tchekhov, à la Huchette et en tournée, Rapport sur moi de Grégoire Bouiller au Tristan Bernard, La liste de mes envies : Etoiles d’or du Parisien et nomination meilleur seul en scène Molières 2014, Le chant des oliviers avec Jean Claude Dreyfus et Darius avec Clémentine Célarié et Pierre Cassignard repris aux Mathurins en janvier 2017. Dernièrement, elle a dirigé Bérengère Dautun et Sylvia Roux dans Cantate pour Lou von Salomé de Bérengère Dautun au Studio Hébertot.

Joëlle Fossier Femmes d’exception. Mes seules en scène : Comtesse de Ségur, née Rostopchine », Mère Teresa. Ombre et lumière, Inoubliable Sarah Bernhardt Sopholetta, Teresa, Sarah, une écrivaine, une religieuse, une comédienne, trois femmes qui auront contribué par leur rayonnement à enrichir l’humanité. Elles eurent comme dénominateur commun, une énergie vitale hors norme, un courage sans faille, le goût de l’altérité et l’amour de l’amour. J’ai souhaité rendre un vif hommage à chacune d’entre elles, tant la combativité les distingue. Joëlle Fossier est aussi l’auteur de : - La Maison jaune (Aide à la Création Dramatique) - Compartiment fumeuses - Création Théâtre de la Mare au diable Paris 1992 et reprise Studio Hébertot 2017 - Clémence - Une petite merveille - Les Zola (Fondation Beaumarchais) - Sugar, une histoire d’amour très gay - Comtesse de Ségur, née Rostopchine - Mère Teresa, Ombre et Lumière 44


Note du metteur en scène

Quand du pire naît le meilleur… J’ai tout de suite été séduite par l’écriture : simple, fluide, poétique, lyrique et surtout au plus proche des personnages. C’est une pièce de femmes, voilà aussi une chose qui m’a plu : elle rend compte avec beaucoup d’humanité de la complexité infinie du féminin : de la violence au désir, du renoncement à la liberté, de la tendresse à la passion. Deux femmes que tout sépare se rencontrent en prison. De ce contexte exceptionnel, naîtra une relation exceptionnelle. De ce huis clos, elles sortiront changées, bouleversées. Comme le dit l’un des personnages : « C’est ça la prison : rire, espérer, se souvenir, rêver et souffrir » : Voilà pour moi le condensé de ce que je souhaite faire de ce spectacle. Dans un décor unique et sobre, entre onirisme et concret, je me suis concentrée sur ces trois personnages : La surveillante qui symbolise l’enfermement, l’autorité, le jugement mais avec ses failles et nos deux détenues : Blandine et Suzanne, qui comme chacune de nous, peut basculer de l’autre côté. Elles vont faire de cette expérience, quelque chose d’unique, elles vont chercher le Beau, la Lumière et la Vérité dans cette intimité carcérale forcée. Il s’agit donc pour moi, d’explorer la richesse des rapports de ces femmes, de ces interprètes de grande qualité, avec poésie et délicatesse sans oublier l’âpreté et l’humour, car il y en a beaucoup…

Note du compositeur Stéphane Corbin

La pièce m’a tout de suite séduite par son écriture poétique et sa situation extraordinaire. La relation hors du commun de ces trois femmes est très cinématographique et inspire immédiatement des ambiances musicales minimalistes et répétitives pour souligner l’oppression de la prison. En parallèle j’ai travaillé à souligner la tension amoureuse, la naissance de l’évidence des deux personnages principaux qui se découvrent à elles-mêmes au fil du temps. Le piano est l’instrument central, avec une attention particulière portée au traitement sonore, réverbérations et textures qui définissent le climat et font partie intégrante du décor de la pièce, en cohérence avec le travail de lumière et la mise en scène d’Anne Bouvier. 45


Mars

Compartiment fumeuses

Les comédiennes Bérengère Dautun, Mademoiselle Blandine de Neuville

Après son premier prix au Conservatoire National d’Art Dramatique de Paris, elle entre à la Comédie-Française, le 1er janvier 1964. Elle en devient Sociétaire le 1er janvier 1972 et le restera jusqu’au 31 décembre 1997. Elle joue à la Comédie Française : Cinna de Corneille, Polyeucte de Corneille, Bajazet de Racine, Rodogune de Corneille, Le misanthrope Molière, Monsieur de Pourceaugnac de Molière, Les Femmes Savantes de Molière, Le malade imaginaire de Molière, Le silence de Nathalie Sarraute, L’émission de télévision de Michel Vinaver, Fin de partie de Samuel Beckett, Antigone de Bertolt Brecht, Rixe de Jean-Claude Grumberg et Victor ou les enfants au pouvoir de Roger Vitrac. Hors Comédie-Française : Les justes d’Albert Camus, L’annonce faite à Marie de Claudel, Till Eulenspiegel de Cyril Robichez, Sainte Jeanne de G. Bernard Shaw, La mégère apprivoisée et Richard II de William Shakespeare, La dévotion à la croix et La vie est un songe de Calderon de la Barca, Macbett et le roi se meurt de Ionesco, L’aigle à deux têtes et La voix humaine de Cocteau, L’idiot de Dostoïevski, La voix du peuple de Victor Hugo, Laisser flotter les rubans de Jacqueline de Romilly. Elle met en scène une première version de J’accuse de Émile Zola. Elle crée sa compagnie « Titan » en 2009 et adapte : Les cahiers de Malte Laurids Brigge de Rainer Maria Rilke, Théâtre de La Huchette puis reprise au Petit Hébertot, adaptation et mise en scène Refuge pour Temps d’Orage de Patrick de Carolis, Petit Hébertot. En mai 2011, elle devient codirectrice du Petit Hébertot et y joue : J’accuse de Zola, Adaptation de Bérengère Dautun et Xavier Jaillard. Elle quitte le Petit Hébertot et continue le travail de sa compagnie et adapte et interprète : Comtesse de Ségur née Rostopchine Théâtre Le Ranelagh et reprise au Théâtre de la Comédie Bastille puis Je l’appelais Monsieur Cocteau au Studio Hébertot. Elle interprète également dans cette période : Louise Michel - Théâtre Le Ranelagh Les coquelicots des tranchées, Molière 2015 du meilleur spectacle public, Les marroniers de la rue Caulincourt - Théâtre Funambule Montmartre. 46


Sylvia Roux, Suzanne Ancienne élève de l’Ecole Périmony et du Conservatoire Libre du Cinéma Français, Sylvia Roux intègre la Delbée Company en 2003 pour trois ans, ce qui lui donnera notamment l’opportunité de travailler à la Comédie Française. Comédienne depuis 1999, elle a joué au théâtre Les grands textes du fésir, Œdipe roi, Miracle en Alabama (aux côtés de Camille Cottin et Bénédicte Budan), Le cid, Le songe d’une nuit d’été, Le plaisir, Les trompettes de la mort avec Annie Chaplin. Son autre plaisir est de transmettre : elle a animé des ateliers théâtre à la Maison de la Légion d’honneur, dans différents Conservatoires et crée Roller Comédie en 2001 (ateliers d’art dramatique pour adolescents). A l’Ecole Jean Périmony elle est professeur d’interprétation depuis 2005. De juillet 2011 à août 2014, elle prend la direction du département français au sein du théâtre Promenade Playhouse & Conservatory à Los Angeles. Elle défend l’écriture contemporaine pendant les journées Beaumarchais au Théâtre du Rond Point. Elle a signé plusieurs adaptations de pièces de théâtre. En 2014, son adaptation théâtrale du film Quatre minutes de Chris Kraus, est jouée au Théâtre La Bruyère à Paris. En 2015, Sylvia Roux devient la directrice du Petit Hébertot, Paris 17ème, nouveau lieu d’expression contemporaine, qu’elle renomme le Studio Hébertot. Son crédo : les destinées singulières, elle privilégie les auteurs vivants et les rencontres entre artistes et spectateurs. Nathalie Mann, la surveillante Venue du cinéma où elle a travaillé avec Jean Charles Tacchella, Claude Pinoteau, Patrice Leconte... et de la télévision où elle interpréta plusieurs rôles récurrents dans différentes séries où elle fut tour à tour flic dans Le Lyonnais, directrice de centre sportif dans Goal, commissaire aux côtés de Patrick Chesnais dans Brigade mondaine, psychologue dans Les bleus... Elle fait une prestation très remarquée dans le film de Jérôme Foulon Une autre femme. Sa bouleversante performance est saluée par une critique unanime. Nathalie Mann est devenue une fidèle du festival d’Avignon où elle créa Au commencement j’avais une mère d’Annik Dufrêne dont elle fit l’adaptation, mise en scène Mourad Berreni et, notamment La papesse américaine d’après le pamphlet d’Esther Vilar, adaptée par Robert Poudérou et mise en scène par Thierry Harcourt qui y fut jouée 3 années consécutives. En 2013, elle crée Brigade financière avec Jean Marie Galey au Festival d’Avignon et en tournée et la reprend avec Hugues Leforestier en 2014 et au Ciné13 théâtre à Paris en 2015. Elle fut Mam dans La cuisine d’Elvis de Lee Hall mise en scène de Régis Mardon et Aline dans La Grande Nouvelle, dernière création de Philippe Adrien et Jean Louis Bauer au Théâtre de la Tempête. En 2015, nouvelle création à Avignon, Le Projet Poutine de Hugues Leforestier, mise en scène Jacques Décombe, reprise à Paris au théâtre des Béliers Parisiens puis au théâtre la Bruyère. En 2017 elle est le docteur Vallet dans Alimentation générale de Denis baronnet et Ronan Yvon, mise en scène par Fred Thibault. Elle est Mathilde Daudet dans la pièce Choisir de vivre mise en scène par Franck Berthier au Studio Hébertot. NOMINATION MOLIERES 2015 « Révélation féminine ». 47


Compartiment fumeuses

La Presse en parle… SORTIES À PARIS

LE MONDE.FR

B

M

érengère Dautun et Sylvia Roux forment un couple imparable. Une belle échappée théâtrale !

ise en scène éblouissante de la talentueuse et craquante Anne Bouvier. Elle est ici assistée de Pierre Hélie, un nom qui monte... à raison.

L’HUMANITÉ.FR

SPECTATIF

U

n chant à la liberté ! Le soleil peut jaillir entre les murs des prisons.

U

n spectacle passionnant, prenant, dont les images et les répliques restent et résonnent, magistralement joué par trois comédiennes belles et touchantes.

PARIS TRIBU

C

oup de chapeau pour le texte de Joëlle Fossier : fin, actuel, drôle, cruel et tendre à la fois. Une pépite ! La musique de Stéphane Corbin et les lumières de Denis Koransky viennent magnifier le tout. Un très beau travail à découvrir d’urgence !

L’ŒIL D’OLIVIER

C

ompartiment fumeuses enchante et envoûte. La grâce étonnament juvénile de Bérengère Dautun, la troublante présence de Sylvia Roux, et la douce musique composée par Stéphane Corbin, nous entraînent sur un grand huit émotionnel qui nous touche au cœur.

PUBLIK ART

P

ortée par des actrices charismatiques, d’un enjeu purement carcéral, la pièce s’élève au niveau des souffrances de l’humanité et de la dureté de la condition humaine.

48


Choisir de vivre

Mars

de Mathilde Daudet

49


Mars

Choisir de vivre de Mathilde Daudet

Tiré du livre Choisir de vivre de Mathilde Daudet Edition Carnets nord

Mise en scène Franck Berthier Adaptation pour la scene Mathilde Daudet et Franck Berthier Avec Nathalie Mann ● VENDREDI 22 19 H 30

Lumières Alexandre Dujardin

● SAMEDI 23 19 H 30 DURÉE : 1H20

Décor Vincent Blot

50


La pièce

C’est l’histoire de deux êtres, un frère et une sœur, un homme et une femme, fratrie siamoise et inséparable. C’est l’histoire de leurs vies. Ce qui les sépare et ce qui les unit. C’est l’histoire des rôles qu’ils ont interprétés, forcés d’exister dans la norme tout en suivant les règles sacrées. Mais c’est l’histoire d’un duel à mort, d’une lutte sans merci qui ne couronnera qu’un seul champion car seul, le vainqueur survivra. Au long du récit ils vont s’affronter, s’armant tour à tour de force, de tendresse, d’amour, de courage et de témérité, de lâchetés et de faiblesses. Enfermée à double tour dans une prison gardée par la honte et la dissimulation, il faudra cinquante ans à la Captive pour qu’elle se libère, cinquante années de lutte dans un corps à deux faces, à deux genres, successions de défaites, de victoires et de sacrifices… C’est toute cette histoire que raconte Choisir de Vivre.

Mathilde Daudet - Juillet 2017

51

Vivre et mourir est une sorte de félicité dès l’instant où l’on affronte seul l’univers. Il n’y a point de repos dans les cimetières, et pas d’avantage en Dieu, aucune magie ne pourrait briser la chaîne infinie des naissances, le rythme de la respiration divine. Mais il existe une autre paix, que l’on ne retrouve qu’en soimême : se laisser aller, ne pas se défendre, accepter la mort, et assumer sa vie.

Herman Hesse


Mars

Choisir de vivre

Le metteur en scène Franck Berthier Franck Berthier suit l’enseignement du Conservatoire d’art dramatique d’Annecy, puis l’atelier-école Charles Dullin à Paris. Il débute une carrière de comédien mais se tourne très vite vers la mise en scène. En 1993, avec son épouse, la comédienne Laurence Kevorkian-Berthier, il fonde la compagnie Ankinéa Théâtre, et met en scène La mouette d’Anton Tchekhov, puis À propos d’un songe d’après William Shakespeare et Le songe d’une nuit d’été de William Shakespeare. En 1995, c’est le début d’une résidence de trois ans à la Maison des Arts de Thonon-Évian et la création du Vieux Tracassier de Carlo Goldoni, puis Dehors devant la porte de Wolfgang Borchert et Les bonnes de Jean Genet. Depuis 1998, l’Ankinéa Théâtre est en accueil à Bonlieu Scène Nationale (Annecy). En 1999, création de Jeux de rêves puis Un songe d’August Strindberg, en 2001, Tchekhov Intime à Annemasse, et mise en scène de Cabaret Vienne-Berlin avec l’Orchestre des Pays de Savoie. Puis création de L’âme de l’A de Philippe Martone au TJA (CDN, Lyon), et en 2003, La régénération d’Italo Svevo au Théâtre Firmin Gémier à Antony. Depuis quelques années déjà, il travaille en collaboration avec les élèves de l’option théâtre du Lycée International de Ferney-Voltaire où il épaule madame Edith Laszlo pour faire travailler les élèves sur des textes de Brecht, Melquiot, Tchekhov... Franck Berthier a la réputation d’un metteur en scène décomplexé, qui aime communiquer son amour pour le théâtre. En 2004, création du Gardeur de silences et de L’inattendu de Fabrice Melquiot, à La Faïencerie Théâtre, Scène conventionnée de Creil. En 2006 il retrouve Tchekhov avec Ivanov au Théâtre Silvia-Monfort puis, continue sa collaboration avec Fabrice Melquiot en montant Autour de ma pierre, il ne fera pas nuit au XXe Théâtre à Paris et la création d’Eileen Shakespeare (mélodrame moderne de Melquiot qui raconte de manière touchante le destin cruel de la sœur de Shakespeare). 52


Note du metteur en scène Depuis deux ans je cherchais à aborder la question du genre. J’ai vu beaucoup de films, reportages et lu aussi beaucoup. Le déclic se fit à la découverte du livre de Mathilde Daudet Choisir de Vivre. En parcourant ce récit de Thierry devenu à soixante ans Mathilde, après des années d’emprisonnement dans un corps qui n’était pas le sien, j’eu la certitude qu’un jour je la rencontrerai. Il y a des évidences, des reconnaissances d’âme qui vous propulsent dans la découverte de l’autre en sachant profondément que vous en connaissez les rouages, les doutes. La rencontre fut aussi évidente que la lecture du roman le fût. Mathilde et moi appartenons pour des raisons différentes à la famille des survivants. Il y a une compréhension commune et immédiate du sens de la vie. Aussi je lui proposais l’adaptation de son roman pour la scène. La réponse ne se fit pas attendre et c’est à 4 mains que nous avons démarré le travail. Nous avons gardé le double Mathilde/Thierry comme pivot du récit et avons projeté l’intrigue dans un espace mental qui n’est pas si éloigné de nos empêchements et interdits. Je tenais beaucoup à ce que la voix de Mathilde soit entendue par celle d’une autre femme. Il était évident que seule une femme, terriblement et diablement femme s’approprie cette parole, ce récit, ce témoignage. Nathalie Mann apparut alors sur mon chemin et de nouveau ce fût une rencontre et une évidence. Nathalie, immense actrice à la carrière riche autant au cinéma qu’au théâtre ou à la télévision a cette voix si particulière dans laquelle résonne rage, colère et douceur. Nathalie est un combat à elle seule et que rêver de mieux pour incarner le combat de Mathilde. « A une époque où règne la confusion ne dîtes jamais c’est naturel, dans la règle trouvez l’abus et partout où l’abus s’est montré, trouvez le remède. Ne dîtes jamais c’est naturel ». Cette parole de Brecht provoque en moi un écho puissant et me pousse à proposer cette parole pour un avenir de liberté, d’acceptation des différences et d’amour. Vivre pour ne pas mourir, se libérer de ses entraves afin de gagner sa vérité, se rapprocher de soi en le respectant et en apprenant à l’aimer, voilà le chemin que Mathilde m’inspire. Aussi je compte travailler sur un espace réduit, minimaliste, permettant le travail du détail, et laissant au récit toute sa puissance. Pas d’artifice mais la nudité des mots et la présence de l’actrice contrainte à une partition chorégraphiée, jouant de la lumière et de l’univers sonore. Cette femme devenue femme par choix a décidé de faire mourir Thierry afin de lui survivre en acceptant les regards et violences de la société. Cette femme, héroïne des temps nouveaux nous oblige au respect. A travers cet acte ne provoquerait-elle pas chez nous le besoin de respecter ce que nous sommes dans nos différences ? Pour ma part elle m’ouvre un chemin de liberté que je n’avais que rarement ressenti auparavant. Je vous invite tous à emprunter ce chemin pour découvrir nos différences, nos paradoxes et réaliser que nous ne sommes pas si éloignés les uns des autres. 53


Mars

Choisir de vivre

Extrait

Je suis née garçon avec une verge et des testicules entre les jambes. J’étais du genre masculin car j’avais un sexe d’homme. Plus tard, mais assez précocement, j’ai observé que ce pénis pouvait grandir et se durcir. Dans cet état second mon jeune “fascinus“ pouvait m’apporter un plaisir violent et inimitable. Il me conduisit ainsi au péché, comportement non conforme et donc puni. Mes parents m’ont donc élevée dans ce genre, avec tout l’homomorphisme qui va de pair. Les jeux violents, le courage inutile, les risques stupides, la résistance à la douleur, toute la panoplie de l’homo erectus me fut apprise, tout le conditionnement et le formatage de mon cerveau allèrent dans ce sens. Parallèlement à cela on m’éleva dans la religion catholique. Comme toutes les monothéistes, la mienne avait pour Dieu un homme. Mon père dont la foi était immense, était sûr de sa vérité. Il ne se posait donc pas de question quant à son enseignement. Il nous fallait croire et comme il me l’a souvent dit, pour couper court à mes questions : « il y a des écrivains, des philosophes tellement plus intelligents que nous, qui ont résolu ces problèmes que tu te poses… pourquoi réinventer le marteau à chaque fois que l’on veut planter un clou ? » J’ai donc grandi comme un homme bien que je me sente femme depuis que j’ai cinq ans. C’était ainsi, ce n’était pas mon choix, c’était la Vérité confortée par des textes saints et donc irréfutables. J’avais donc deux moi. Un homme et une femme : une Eve interdite et un homme parfois caricatural qui cherchait le risque pour s’affirmer et le danger pour en finir avec sa dualité. C’est ainsi que l’homme que je ne voulais pas être a pratiqué la moto à des vitesses imbéciles, a filmé des révolutions, a mis sa vie en danger en Amérique latine ou ailleurs. Mais c’est aussi le temps des témoignages et des émotions cachées devant la douleur des autres, le temps des ressentis contenus parce qu’ils risquaient de me trahir. J’ai toujours, dans toutes les étapes de ma vie, laissé un peu de place dans mon armoire pour y cacher des vêtements doux qui m’autorisaient des recréations quand j’en avais le temps et des respirations quand le temps me manquait. Je m’en suis toujours cachée. Ma vie fût exclusivement hétérosexuelle. Peu à peu le temps du féminin augmenta. Pour éviter à mon sexe de se manifester durant ces périodes, je lui infligeais des sollicitations jusqu’à son épuisement total, jusqu’à la blessure handicapante. Ainsi castrée de fatigue je pouvais enfin vivre telle que je suis. Que ce soit pour des raisons administratives religieuses ou morales, quand on avait pris la décision de changer de genre, il fallait aux yeux du corps médical commencer par montrer sa détermination. A l’époque une personne qui voulait changer de genre était encore considérée comme une folle. Cette longue route a commencé pour moi par la recherche d’une endocrinologue qui accepterait de me prescrire une hormonothérapie. Mon premier praticien conclut notre entretien par une fin de non-recevoir : j’eus droit à une prescription de vitamine D. Mon deuxième fut dans le déni. Il voulut convoquer ma femme car il n’était pas possible de prescrire sans voir la patiente ! Enfin la troisième m’informa de l’existence d’une filière qui pouvait conduire à ma prise en charge. 54


C’est à l’hôpital Cochin qu’opérait le docteur Benichou. Elle parlait fort, semblait sûre de tout, surtout d’elle-même. J’ai passé en une journée un nombre d’examens incroyable en un minimum de temps. Parfois elle passait la tête à la porte de ma chambre pour me demander comment ça allait. Malgré le volume de sang prélevé en constante augmentation, je répondais “Bien“, puisque j’étais enfin sur la bonne voie. En début d’après-midi elle revint me voir et m’annonça qu’elle allait procéder en fin de journée à mon analyse psychologique. Soumise parce que voulant aboutir, je répondis de mon mieux à toutes ses questions, sur ce que j’aimais quand je faisais l’amour, et qu’est-ce que cela m’apportait d’écarter les jambes autour de celles de ma partenaire, et si je pouvais me passer de jouir et si enfin je réalisais que je ne serais jamais une femme puisqu’il était bien évident que je ne pourrais pas avoir d’enfants ! Ce fut mon seul énervement durant cet interrogatoire imbécile. J’ai haussé la voix pour lui dire que j’en avais déjà quatre, que mon désir était donc comblé et que, quoiqu’il arrive il était rare de pouvoir procréer à cinquante huit ans. Je reçus les conclusions du docteur Benichou trois semaines plus tard. Elles affirmaient que je souffrais bien d’une dysphorie de genre malgré un caryotype normal et que je pouvais m’engager dans la filière de l’assistance publique qui commençait par des entretiens avec un psychiatre. Je devais aussi sans prendre la moindre hormone, montrer ma détermination en vivant en femme en permanence durant trois ans avant de pouvoir me faire opérer. Cette femme médecin m’emmenait droit au suicide et je pris la décision de me soigner seule, en achetant ce dont j’avais besoin sur internet. Je ne sais pas ce que j’ai pris. En tout cas j’eus des migraines violentes et un petit kyste au sein. La peur d’échouer me fit alors contacter une association qui pilotait les candidates à la réassignation chirurgicale. Après m’avoir fait promettre l’arrêt total du tabac, la gynécologue recommandée par ces bénévoles commença mon hormonothérapie. En sortant de chez elle, son ordonnance à la main, je suis restée assise sur le seuil de son immeuble et j‘ai pleuré de bonheur en jetant mes cigarettes au ruisseau. Enfin j’avais pris le train que j’avais si souvent renoncé à prendre. Un an après, grâce toujours à cette association, j’avais un certificat psychiatrique qui disait ma bonne santé mentale malgré “mon désir de mutilation sexuelle. Un an plus tard, je m’envole pour naître dans un aéroport de Bangkok fleuri de milliers d’orchidées blanches. Le docteur me dit que ce ne fut pas facile, que l’opération dura près de sept heures… Avec un rictus que j’essaie de transformer en sourire, je le remercie pour ma renaissance. Il me condamne à rester avec un gros triangle de mousse qui m’empêchera de fermer les jambes durant une quinzaine de jours au moins. La douleur est parfois si vive et si profonde que j’ai droit à de la morphine. La dose doit être forte car au fur et à mesure de l’injection, c’est un curieux froid qui semble me “remplir“ de haut en bas, effaçant rapidement les zones douloureuses. Il y eut encore d’autres jours avec morphine avec de nouvelles victimes de mes délires. Et puis un jour on m’annonça mon “unpacking “ on allait défaire l’emballage. Au bout de mon lit, le docteur opère coupant les tours de bandes successifs. Autour de lui les infirmières regardent attendant le levé de rideau. Wonderfull, Amazing ! Je reçus alors mon certificat. Il ressemble à un diplôme de fin d’étude primaire. Entourée de feuilles artistiquement disposées, la description de l’intervention du chirurgien y est détaillée. Les amis sont venus voir la créature, ils ont admiré son courage et puis ils sont repartis, la plupart pour toujours. On ne m’a plus fait travailler, malgré le peu d’usage de la verge dans une prise de vue. La famille, mes enfants m’ont acceptée, enfin presque tous mais qu’importe ? Ceux qui sont restés autour de moi sont des gens exceptionnels qui aiment leurs frères humains pour ce qu’ils sont. Mathilde va pour sortir de la lumière se ravise et avec un grand sourire dit : « La seule normalité des hommes c’est qu’ils sont tous différents » Non ? 55


Choisir de vivre

La Presse en parle… IT ART BAG

LE JOURNAL DU DIMANCHE

F

ranck Berthier signe une adaptation et une mise en scène à la hauteur des enjeux humanistes que le sujet requiert. Il dirige, ou plutôt il guide, une formidable comédienne vers la lumière. Tristesse, révolte, humour, tendresse… le spectre des émotions convoqués est vaste.

F

ranck Berthier a eu du flair. Son adaptation théâtrale, sous forme de solo défendu sur scène avec force par Nathalie Mann, magnétise autant qu’elle chavire.

L’HUMANITÉ.FR WEB THÉÂTRE

A

vec sensibilité et colère parfois, dans un jeu mesuré, où les inflexions de la voix sont essentielles, la comédienne non seulement raconte ce parcours, mais bien au-delà invite à s’interroger, comme le dit Franck Berthier sur ce choix fait « en acceptant les regards et violences de la société ».

N

athalie Mann, dans un formidable engagement sans pudeur, et Franck Berthier, dans une mise en forme explosive, donnent à la confession de Mathilde Daudet un envol tout à fait bouleversant.

FEMME ACTUELLE SENIOR

FILLE DE PANAME

D

ans Choisir de vivre c’est l’humanité et sa complexité qui sont brillamment interrogées. La comédienne Nathalie Mann dont la voix est prodigieuse et si particulière, nous embarque dans ce labyrinthe émotionnel complexe. Elle incarne avec une justesse, et une sobriété de jeu impeccable, cette femme qui est née avec un sexe d’homme. La mise en scène de Franck Berthier s’avère intelligente et visuellement originale et belle. Il nous raconte brillamment cette « histoire d’âme ».

L

a mise en scène sobre fait ressortir la profondeur du propos. La lumineuse Nathalie Mann incarne Mathilde Daudet dans un monologue poignant et drôle.

56


Seulaumonde

Avril

de Damien Dutrait

57


Av r i l

Seulaumonde de Damien Dutrait

Théâtre des 2 saisons et Collectif La Palmera

Avec Nelson-Rafaell Madel Remerciements à Emmanuelle Ramu, Nicolas Delarbre, Nicolas Cloche, Pascale Renard, Selin Dündar, Jean-Michel Unger, Alvie Bitémo

● MERCREDI 10 19 H 30 ● JEUDI 11 19 H 30 DURÉE : 1H00

58


La pièce

Un comédien, 3 personnages Seulaumonde est seul, et en plus, il est mort... Il attend, puis, se met à parler. À la mort d’abord, qui rode tout autour de lui ; à son père et à sa mère ensuite… Et, enfin, à son amour, resté « derrière la porte ». Seulaumonde ne veut pas partir, il a 20 ans, il s’accroche à ses souvenirs, à sa courte vie, à ses projets avortés. Le bras de fer s’engage entre lui et la faucheuse… Seulaumonde est un monologue pour un comédien et trois personnages. C’est un monologue en forme de dialogue. Il attend, se souvient, raconte, regrette, pleure, rit, s’emporte, se tait. Seulaumonde est un cri de vie, de résistance à la fatalité et à l’absurde de l’existence. Au début le texte se déroule sans but, comme si l’éternité s’ouvrait devant lui. Mais l’urgence du départ imminent et les émotions prennent le dessus. Seulaumonde invente un dialogue de la dernière chance : avec sa mère, puis avec son père. Mettant dans leur bouche les regrets, les non-dits, l’amour, le pardon… La langue est simple et directe et s’ouvre régulièrement à une poésie rythmée tant par les longueurs de phrases que par les sonorités choisies. Le langage est mis en avant comme un lien charnel entre le fils et ses parents et comme un lien sensible entre l’acteur et le public. 59

« Quoi ? J’ai le temps ou pas ? Au point où en est, je peux bien raconter mon histoire non ? Qu’est-ce que ça change ? »

« Tu ramasses sans te baisser, c’est ça ? En te bouchant le nez ? Tu es trop bien pour ça ? Au-dessus de tout ça ? Tu veux de la confiture sans avoir à grimper à l’arbre ? Sans t’écorcher les mains aux branches ? Sans les abeilles qui t’attendent sous les feuilles pour te perforer la peau ? »


Av r i l

Seulaumonde

Le metteur en scène

Damien Dutrait

Ancien membre du collectif Boucan Théâtre, avec notamment Mathieu Malgrange et Christophe Martin. Ecrit et joue au sein du groupe La crevette d’acier (tournée en France et en Europe, enregistrement de deux albums). Auteur, comédien et metteur en scène avec la compagnie de cirque Morosof, notamment sur le spectacle Prochain. Collabore à la mise en scène des concerts de : Chloé Lacan, JéreM, du groupe « Charivari », « Gospel Project ». Scénariste, réalisateur de courts-métrages : Des canards et des hommes ; La bouilloire ; Nina (avec Antoine Villiers) ; John et Sasha (Prix de scénario festival Les conviviales de Nannay) ; web série musicale : La mariée était en fuite (avec Antoine Villiers et Chloé Lacan). Met en scène H2ommes, spectacle musical pour enfants (Prix jeunesse ADAMI 2014). Met en scène, avec Nelson-Rafaell Madel, P’tite souillure de Koffi Kwahulé en Martinique et à La chapelle du Verbe incarné, Avignon 2013. Egalement auteur de recueils de textes : Le cri du renard au fond du jardin, Photographies sans appareil, www.poesieadeuxmains.fr

Le comédien

Nelson-Rafaell Madel

Comédien dans Roméo et Juliette de Shakespeare, Chacun sa vérité de Pirandello, mise en scène Yoshvani Médina (Martinique) ; dans Falstafe de Valère Novarina mise en scène Claude Buchvald (Th. National de Chaillot, 2008) ; dans Le ravissement d’Adèle de Rémi De Vos m.e.s Pierre Guillois (Th. du Peuple, 2008) ; dans Horace de Corneille mise en scène Naidra Ayadi (Th. de La Tempête, 2009) ; dans Liliom de Ferenc Molnar mise en scène Marie Ballet (Th. de La Tempête, 2009) ; dans Nous étions assis sur le rivage du monde de José Pliya, mise en scène Evelyne Torroglosa, (Martinique, 2009) ; dans La résistante mise en scène Sandrine Brunner (Perpignan, 2011) ; Erotokritos de Vitzensos Cornaros mise en scène Claude Buchvald (La Chartreuse, 2011-2012), dans Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort d’après Racine mise en scène Néry (Th. Rutebeuf, Th. Silvia Monfort, 2012-13-14), Le jeu de l’amour et du hasard de Marivaux, mise en scène Paul Nguyen (Th. de la Faisanderie, 2012) ; Le dragon d’Evguéni Schwartz mise en scène Néry (Th. Accord). Met en scène Minoé, d’Isabelle Richard Taillant (Lille, 2010). Avec Damien Dutrait, P’tite souillure de Koffi Kwahulé. (2013/14) Nous étions assis… de José Pliya, création 2014, Théâtre Aimé Césaire, Martinique. 60


Note du metteur en scène Le texte Ma rencontre avec Nelson-Rafaell Madel, pour qui j’ai écrit ce texte, est déterminante. Sa force de vie et d‘interprétation, son amour du théâtre, du texte, ont guidé mes premières impulsions. Cette écriture est faite de mon enfance, de mes images, de mes peurs et de mes angoisses, et d’une certaine violence, mais elle est avant tout pensée pour être dite, interprétée. Texte devenu matière que le comédien s’approprie et façonne jusqu’à la rendre unique et particulière. Un acteur, un personnage, seul en scène, « mort », parlant pour personne et donc pour tous ; un dialogue de l’impossible rendu vivant par la présence du public. Le langage est aiguisé, offre une apparente légèreté et creuse la langue, travaillant les sensations pour que surgissent les émotions.

Pièce « sono-graphique » Un espace suffisamment dégagé et nu pour y créer un espace mental et non « réaliste ». Un espace sculpté par la lumière et le son. Un espace dans lequel la chair du comédien devient la chair du texte. Un espace sans entrée ni sortie, fait de sonorités et de résonances, de lumières et d’ombres. L’espace de jeu est délimité par du tissus de sol blanc suspendu, formant un fond de de scène et un sol. Dans et autour de cet espace des hautparleurs diffusent la matière sonore, mélange de sons concrets et de compositions originales. Les collaborateurs au projet, lumières/scénographie, son/musique, chorégraphie, dialoguent étroitement dans le but de créer cette matière spatiale dans laquelle le comédien se meut et s’émeut. L’écriture scénique se fait sur propositions et improvisations de tous, dans le but de garder tout au long du travail, la fraicheur et la vie. La prise de risque est grande mais l’enjeu est de taille : traquer le vivant pour parler de la mort.

Résonnances Le travail s’appuie sur l’intensité du texte, sa dramaturgie, autant que sur la création physique des trois personnages. Une attention particulière est portée au travail d’adresse : à qui Seulaumonde parle-t-il ? A la mort ? Au public ? A lui-même ? Les personnages du Père et de la Mère sont-ils des personnages à part entière ou des projections de Seulaumonde ? Se parlent-ils ? S’entendent-ils ? Koffi Kwahulé parle du comédien comme un résonateur, qui à l’instar d’un instrument, vibre de toute sa chair et ouvre au spectateur le chemin de l’imaginaire et de l’émotion. 61


Seulaumonde

La Presse en parle… avait « encore 12 000 trucs à faire », et un amour à vivre. Limpide, bouleversant et d’une justesse rare, ce spectacle est notre coup de coeur… Le texte de Damien Dutrait, qui résonne comme un cri proféré depuis les limbes d’une jeunesse trop peu consommée et trop vite consumée. Éblouissant dans ce triple rôle, Nelson-Rafaell Madel livre une magnifique performance : il transperce l’obscurité de cet espace scénique et mental par des souvenirs lumineux empreints d’une douceur infinie. Seulaumonde est un spectacle puissant et plein d’espoir, dans lequel résonne l’urgence de vivre et d’aimer : car « l’avenir, ce n’est pas demain », c’est ici, maintenant, tant qu’il est encore temps. À voir absolument !

LE CORYPHÉE

S

eulaumonde et une plongée en apnée au coeur de l’humain et du sensible. Une écriture fine, qui s’attarde à déceler l’émotion et qui, paradoxalement, prend en gravité à mesure qu’elle explore les petits riens de la vie. Nelson-Rafael Madell, pour qui ce monologue à trois personnages à été écrit, avance comme un funambule des mots sur la corde raide de ce texte dense qui nous remue par la simplicité des questions qu’il pose, livrant une vérité brute, nue, qui résonne avec celle, intime, de tout-à-chacun. La densité du texte se nourrit de l’interprétation de Nelson-Rafaell Madel, qui passe avec maestria de la douceur à la révolte, du désespoir à l’acceptation, nous amenant au bord des larmes et du rire mais sans jamais nous y précipiter. L’implication du comédien est totale, son énergie communicative. La pièce s’affirme comme une célébration de la vie, de la vie qui vaut la peine d’être vécue, qu’il faut vivre à en perdre haleine, sans peur et sans regret. Un spectacle qui régénère et donne l’envie de chanter dans le vent glacé… Julia Bianchi

THÉÂTRE DU BLOG

L

e public est tout aussi surpris, perturbé qu’ébloui, par les aveux, les pensées et les rêves de Seulaumonde, personnage testamentaire. On rit aussi mais il n’y a aucune complaisance dans l’écriture-un des points forts de cette pièce… Et il y a de la violence dans le propos, qui vient de la sincérité et de la blessure. Une sorte de règlement de comptes avec la vie et ses injustices ? Sans doute mais ce spectacle va plus loin. Dans une belle insolence et un mouvement de liberté : «Je fermerai les yeux mais je ne dormirai pas », Seulaumonde, même mort, continue sans fin de crier, danser et murmurer comme un absolu, une recherche éperdue, de la beauté, de l’amour : la vie ! »

COCY.FR

D

ans un monologue pour un comédien et trois personnages époustouflant, NelsonRafaell Madel, alias « Seulaumonde », prend à parti la mort qui l’a fauché trop tôt, alors qu’il

62

Elisabeth Naud


Poussière(s)

Avril

de Caroline Stella

63


Av r i l

Poussière(s) de Caroline Stella

Collectif La Palmera

Mise en scène et scénographie Nelson-Rafaell Madel Avec Damien Dutrait Paul Nguyen Caroline Stella et Nicolas Cloche en alternance avec Brice Perda Lumières Pierre-Emile Soulié ● VENDREDI 12 19 H 30

Musique Nicolas Cloche

● SAMEDI 13 16 H & 19 H 30 DURÉE : 1H00

Ingénieur son Pierre Tanguy Collaboration aux costumes et accessoires Celia Canning Dessin animé Marielle Guyot Collaboration artistique Sarah Tick 64


Il était une fois…

Les contes sont un genre merveilleux. Pas uniquement au sens magique du terme. En effet, ils permettent de prendre un personnage, prince vaillant orphelin, fille désargentée mais valeureuse, animal maltraité et rusé ; de le mettre dans des situations périlleuses, rendre visite à sa grand-mère en passant par une sombre forêt, partir en quête d’un lointain trésor oublié ; de placer sur sa route tout un tas d’embûches, si possibles insurmontables, dormir chez un ogre mal luné, être coincé en haut d’une tour sans escalier ; de lui adjoindre un ou deux compagnons de route, chasseur assassin repenti, bonne fée aux pouvoirs limités ; d’éventuellement saupoudrer l’action d’une histoire d’amour, sans que celle-ci soit d’emblée gagnée ; et enfin de mélanger le tout pour voir comment notre héros réagit et s’il passe les épreuves pour arriver à poursuivre sereinement sa route. Vous obtiendrez alors un conte, peut-être lumineux, peut-être sombre, peut-être bienveillant, peut-être cynique, mais définitivement vivant et humain et qui potentiellement parlera à chacun et chacune d’entre nous. Après la tragédie, le collectif la Palmera s’attaque à un autre monstre sacré, celui des contes. Se glisser dans l’univers des histoires populaires, interroger notre mémoire collective, pour tenter de savoir quelles résonances ces constructions ont à notre époque. Comme il l’avait fait pour Andromaque, le collectif se plait à prendre le genre, à le détourner, à s’en moquer, à en casser la forme, à en abattre ses fondements, à éplucher une à une chaque idée reçue, à s’appuyer sur les règles d’un monde très codifié pour mieux y pénétrer et les faire voler en éclats. Et essayer en définitive de mettre en avant ce que les contes ont de plus simple et de plus pur. « Le héros est celui qui relève le gant quand toutes les chances sont contre lui », écrivait Eschyle en son temps. Mais à l’heure actuelle, les contes ont-ils encore cette force de produire des héros capables de parler à notre imaginaire ? Ont-ils encore ce pouvoir d’apaiser nos angoisses, et de nous aider à construire une route solide, loin du danger et de la crainte ?

La pièce

La pièce raconte comment Poussière, personnage central, à l’étroit dans le moulin familial, épreuve après épreuve, cherche à échapper à l’ennui et à l’autorité paternelle, avec l’aide de Simon, jeune apprenti meunier, dans l’espoir de partir découvrir un ailleurs. Voici la quête d’émancipation d’un être déterminé à ne pas s’en laisser conter ! Le personnage de Poussière veut voler de ses propres ailes. Compliqué, quand on n’a pas d’ailes ! De la chenille à Icare, il sont nombreux les prétendants au « grand saut » ! Et cette liberté espérée, quel est son prix ? Quels sacrifices en découlent ? C’est le temps de l’enfance qui se termine, celui des choix et des séparations, du temps de la découverte et de la construction de soi. Poussière, n’est déjà plus une petite fille mais est encore loin d’être une grande personne. Les adultes que nous sommes sont-ils bien les enfants que nous étions ?

65


Av r i l

Poussière(s)

Le metteur en scène Nelson-Rafaell Madel

Formé auprès de Yoshvani Médina et de Jandira Bauer en Martinique, puis de Claude Buchvald à Paris. En chant, il se forme auprès de Sylvanise Pépin en Martinique, puis de Marie-Thérèse Rivoli et Cécile Bonardi à Paris. Metteur en scène de : Minoé, d’Isabelle Richard-Taillant ; P’tite Souillure de Koffi Kwahulé ; Nous étions assis sur le rivage du monde de José Pliya ; Erzuli Dahomey, déesse de l’amour de Jean-René Lemoine, spectacle avec lequel il est lauréat du prix Théâtre 13 / Jeunes metteurs en scène en 2016. Comédien dans : Roméo et Juliette de Shakespeare et Chacun sa vérité de Pirandello m.e.s Yoshvani Médina ; Falstafe de Novarina mise en scène Claude Buchvald ; Le ravissement d’Adèle de Rémi De Vos mise en scène Pierre Guillois ; Horace de Corneille mise en scène Naidra Ayadi ; Liliom de F. Molnar mise en scène Marie Ballet ; La résistante de Pietro Pizzuti mise en scène Sandrine Brunner ; Erotokritos de Vitzensos Cornaros mise en scène Claude Buchvald ; Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus... d’après Racine ; Le jeu de l’amour et du hasard de Marivaux mise en scène Paul Nguyen ; Le dragon d’Evguéni Schwartz mise en scène Néry ; Le petit prince mise en scène Stella Serfaty ; Quelque part au coeur de la forêt de Claude Merlin, mise en scène Claude Buchvald ; Seulaumonde de Damien Dutrait ; L’autre rive de Ulises Cala mise en scène Ricardo Miranda ; Night in wight Satie mise en scène Pierre Notte ; Convulsions de Hakim Bah,mise en scène Frédéric Fisbach.

L’auteure Caroline Stella

Auteure de : Poussière(s), Shahara, Off Shore, Meute, Bouche cousue (avec Avela Guilloux), ...donc j’ai cuisiné les restes (avec la compagnie des Treizièmes), Looking for bang bang (avec Virginie Gritten et Jenny-Anne Walker). Comédienne : Avec le collectif ADM (A petites Pierres de Gustave Akakpo, m.e.s Thomas Matalou ; Hikikomori ; L’œuf ou la poule, performance autour des tableaux de Guillaume Buirstyn ; Violence Walking). Avec la compagnie Troupuscule (La fille bien gardée de Labiche ; Le prince Bégayant de François Place ; Le sourire de la morte d’André Ducharme ; Une chenille dans le coeur de Jaubertie - mise en scène Mariana Lezin. Avec Anopée Théâtre (L’humanité tout ça tout ça de Mustapha Kharmoudi, Rouge Gueule d’Etienne Lepage). Avec la compagnie des Treizièmes (Histoire du Prince Pipo, mise en scène Avela Guilloux, et ...donc j’ai cuisiné les restes, création collective). 66


Note de l’auteure

Note du metteur en scène Je suis souvent touché par des textes dans lesquels l’exil, ou encore la volonté pour un être de s’extirper d’un monde pour en découvrir un autre ou l’errance, est au centre. C’est cet aspect qui m’est apparu clairement dès les premières lectures de Poussière(s) de Caroline Stella. Le personnage de Poussière n’a pas vraiment d’âge. […] Cela me touche d’autant plus de part mon insularité. Je suis d’origine martiniquaise, et j’ai fais le choix d’aller vivre à Paris, pour connaître un ailleurs, d’autres lieux que l’île chère à mon cœur. Et puis il y a la construction définitivement théâtrale que propose Caroline Stella dans son texte. Celle d’un conte, simple, une jeune fille qui s’ennuie dans le moulin familial, que son père veut marier, et qui met tout en œuvre pour organiser son départ. Et puis un apprenti meunier, amoureux d’elle en secret et qui l’aide pourtant à partir. Il y a des bribes, des inspirations de contes des Frères Grimm, comme des pastiches, des hommages. Mais cela permet aussi d’écrire un conte moderne, de décaler les situations, d’amener la théâtralité et l’instant « i » du théâtre. […] J’imagine un espace circulaire marqué au sol, dans lequel se trouve un escabeau illustrant le moulin et où grimpera souvent Simon, l’apprenti meunier ; un fauteuil imposant, l’espace où le Père croule sous les factures et les dettes qui le pousseront à vouloir marier sa fille à un prétendant riche ; et puis une chaise longue, transat, où sera blottie le personnage de Poussière, et duquel il s’agira pour elle de s’extirper. Un cercle volontairement petit, pour accentuer l’enfermement de Poussière et aussi la vie et le temps qui passe dans ce petit monde. […] Et puis autour de cette île, il y aura tout l’espace du hors-jeu. Là où tout se prépare. Là où se trouve le musicien. Le spectateur assiste à toute la mécanique du spectacle. Les scènes du texte sont assez courtes, elles développent l’essentiel de la fable. Pour continuer à raconter l’histoire et à éveiller l’imaginaire, nous construiront d’autres petites vignettes sans texte […] La musique sera comme un métronome, pendant le début et tant que Poussière préparent son départ. […] Le musicien présent en scène est le véritable narrateur, diapason avec qui on plonge dans l’histoire. Caroline Stella a écrit trois textes de chansons qui sont mit en musique par le compositeur et qui marqueront un point culminant, mini concert, juste avant le départ de Poussière. 67

Avec Poussière(s), j’exorcise. Il m’a toujours été si compliqué de choisir la liberté plutôt que la sécurité. Des ramassis d’excuses et des circonvolutions pour ne pas blesser l’autre ou ne pas risquer de perdre une aile. Et pourtant, à chaque fois que j’ai fait le choix du risque, je n’ai pas eu à le regretter ; quitte à me casser le nez, c’était palpitant. Il s’agit donc d’un texte sur l’accomplissement de soi, sur la désobéissance salvatrice face à l’autorité parfois écrasante. Et puis Poussière(s) c’est bizarrement aussi une ode à la pudeur: certes il y a des mots, mais il y a également beaucoup à dénicher entre eux, autour et derrière. Il y a des piques, de l’humour, des pastiches de contes de Grimm. Et si l’on creuse un peu, il y a la difficulté de dire l’amour ; le désir de ne pas entraver l’autre en lui en disant trop. Car que faire de ce trop d’amour ? Comment le porter sans crouler sous son poids ? Lui montrer qu’on l’aime, l’autre, qu’on le soutient mais lui laisser la possibilité de s’accomplir, n’apporter aucun bémol à ses choix, quitte à le perdre: n’est-ce pas là la plus grande preuve de notre attachement ? Et si la langue est musicale c’est aussi que, souvent, c’est à travers les notes et au creux d’une chanson que j’ai trouvé l’expression la plus proche de mes émotions.

Caroline Stella


Poussière(s)

La Presse en parle… s’agitent comme de beaux diables pour l’aider, la contraindre ou la séduire. Inspirée par Grimm et Andersen, cette fable moderne sur l’émancipation et la liberté des enfants mélange aux codes du théâtre l’univers des contes, montre la trame de ce qui se joue sur scène, avec énergie et distance, comme on observe la gesticulation de pantins.

ZIBELINE N°113

C

ONTE INITIATIQUE - Poussière(s), destiné aux enfants, est plus immédiatement lisible. D’autant que le texte de Caroline Stella est servi par la mise en scène et la scénographie de Nelson-Rafaell Madel : les espaces y sont délimités, une échelle et un fauteuil permettent de figurer les fenêtres, les huis clos, les dominations. Car Poussière est une jeune fille qui a peur de partir du moulin de son père, qui la gâte et la retient. Conte sur l’émancipation, sur la cruauté ambiguë des pères, sur la nécessité de l’expérience et de l’exogamie, sur la peur de partir, aussi, et la naissance du sentiment amoureux, Poussière(s) est servi par des comédiens enthousiastes et animés d’une belle fantaisie, ainsi que par la musique live de Nicolas Cloche.

Françoise Sabatier-Morel

LE DAUPHINÉ […]

Q

uand le moulin de son père devient trop étroit, Poussière prépare son départ en secret. Bravant l’autorité paternelle, sa soif d’indépendance la conduira de l’autre côté du miroir. Tous les ingrédients du conte sont là – désobéissance, épreuves, accomplissement de soi – avec un zeste de modernité dont le collectif La Palmera a le secret. Rappelez-vous, ils nous avaient enchantés avec un excentré au titre surprenant : Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui… est mort. Eux, c’est le collectif La Palmera, un collectif de création né à l’initiative d’un cercle de comédiens, chanteurs, metteurs en scène, graphistes, réalisateurs qui ont décidé de se réunir et de partager leur savoir-faire afin que naissent des projets artistiques originaux. Ludique, inventif, le collectif aime s’emparer des grands genres littéraires pour en donner des lectures drôles et pertinentes. […]

Régis Vlachos, Agnès Freschel

TELERAMA

P

oussière s’ennuie ferme dans le moulin familial. Choyée, elle n’en désire pas moins découvrir l’ailleurs, gagner son indépendance et fuir le cocon avant d’être mariée. Qu’il est dur cependant de s’en extraire... Le collectif La Palmera met en scène un personnage qui se confronte au choix, l’expression de ses atermoiements alternant avec celle d’une volonté farouche de prendre son destin en main. Autour de Poussière gravitent trois personnages, qui

68

Gérald Lucas


Rencontre

Théâtre amateur du jeudi 2 mai au 8 juin

Mai

Le planning des représentations sera diffusé ultérieurement.

69


Juin

Fête de la musique

70


DEMANDE DE

carte de saison FICHE DE RENSEIGNEMENTS TARIFS THEATRE / MUSIQUE / DANSE Avec la Carte de saison Tout public 18 € (au lieu de 22 €) Retraités / Étudiants / Chômeurs / Handicapés 15 € (au lieu de 18 €)

Le tarif Carte de saison est applicable à partir du deuxième spectacle. ❏ Renouvellement

❏ Première demande

Nom : Prénom : Adresse :

Code postal :

Ville :

E-mail :

Téléphone :

Joindre un justificatif pour les cartes handicapées, chômeur, professionnel, étudiants et retraités.

Bulletin à renvoyer à l’adresse suivante : Théâtre Aimé Césaire - rue Victor Sévère - 97200 Fort de France

71



Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.