Dossier de presse le Cabaret des Hérétiques

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le cabaret des heretiques lo cabaret dels eretges

Création Festival d’Avignon 2009 Conception : Pierre Béziers Textes anciens (XIIème et XIIIème siècles) : Beatriz de Dia, Pèire Cardenal, Guillem de Tudèle, anonyme. Textes modernes et mise en scène : Pierre et Jeanne Béziers Musique originale : Martin Béziers - Costumes : Christian Burle - Lumières, son, régie : Aurélien Dhomont, David Fauci Communication : Carine Steullet – Chargé de production : Bruno José – Administration : Mélanie Régade. Avec : Florence Hautier, (jogadora) - Stéphane Dunan Battandier (batterie, tymbre) - Stéphane Diamantakiou (contrebasse, guiterne) Isabelle Desmero (cantadoria) - Martin Béziers (clavier, psalterion) - Jeanne Béziers (cantadoria) - Pierre Béziers, (jogador). Production : Théâtre du Maquis. Partenaire : Le Chien qui Fume. Avec le soutien de : Ville d’Aix-en-Provence, Conseil Général 13, Région Paca, ADAMI, SPEDIDAM, Communauté du Pays d’Aix, Communauté de Communes du Pays de Forcalquier-Montagne de Lure.

1209-2009 : Huit siecles de mauvaise foi ` 1209 Il y a exactement huit cents ans commençait la croisade contre les Albigeois qui, sous prétexte de la lutte contre l’hérésie cathare, devint rapidement une guerre de la papauté, puis de la France, contre l’Occitanie. Cet événement sonne le glas du premier grand mouvement littéraire européen, celui des troubadours, qui fit souffler sur l’Europe un vent nouveau, révolutionna le statut de la femme et la conception de l’amour, inaugura une forme de contestation, inouïe jusque là, du clergé et des puissants.

2009

Le Maquis veut célébrer à sa façon cet anniversaire, en évoquant l’héritage universel des troubadours, dans un spectacle théâtral, musical, burlesque, satirique.

« Un mélange détonnant et parodique, où la musique, l’occitan, et le rire ont la part belle. L’église en prend un sacré coup sur le mode " farce ". Il seront pardonnés… ». Vaucluse Matin

` Note de mise en scene Le Maquis fabrique depuis plusieurs années des « cabarets » à connotation politique, composés de scènes, musicales et théâtrales, souvent déjantées : Les « Maquillages » (1998), « 208, cabaret révolutionnaire » (2000), « Les Poules auront des dents » (2007). On y retrouve Victoire, la voyante « un peu lucide », Pil, le professeur de doute, l’animateur, le représentant… C’est au cours d’une conversation avec Patrick Hutchinson (un écossais spécialiste de l’histoire occitane !) qu’est née l’idée de commémorer l’an 1209, début de la croisade contre les Albigeois qui est vite devenue une guerre contre l’Occitanie dont le roi de France et le Pape sont sortis grands vainqueurs. Cette guerre contre l’Axe du Mal, religieuse et culturelle, est aussi, bien entendu, motivée par des raisons économiques et expansionnistes, et n’est pas sans écho dans notre monde d’aujourd’hui. Son évocation dépasse de très loin le cadre régionaliste. Notre spectacle est politique. Il n’est pas militant. Il est loin de la reconstitution, mais fidèle à un esprit. Il est satirique, et recherche en permanence les résonances actuelles. Il veut retrouver dans une forme contemporaine l’esprit de résistance, caustique, irrévérencieux, des jongleurs, trobadors et trobairitz. Les textes contemporains se mêlent aux poèmes du XIIIème siècle, parfois dits dans leur langue d’origine. La composition musicale, les cansos, sont inspirées de partitions d’époques et revisitées par des musiciens pratiquant le jazz et toutes les formes des musiques actuelles. Le jeu est ouvert, en appui sur le public, simple, droit. Le comique est dans le texte, dans la situation, pas dans l’effet. L’acteur ne se regarde pas faire, il est tout entier dans l’action. Le dispositif est simple, dans l’esprit du théâtre de tréteaux, organisé autour d’un double rideau de scène autoporté, de coulisses (« rues ») et des instruments de musique. Le spectacle peut trouver sa place aussi bien dans des théâtres que dans des salles non équipées ou en extérieur. Pierre Béziers


La Fin’amor Les troubadours sont les hérauts d’une nouvelle conception des rapports entre l’homme et la femme, la fin’amor. La fin’amor reformule l’amour dans une société qui héritait des invasions barbares et des conventions imposées par la religion dominante. L’homme était un prédateur, et la femme, de statut inférieur et vouée à la procréation, était à prendre de force. Dans la fin’amor, au contraire, le plaisir de l’homme est dans le consentement – voire dans le refus – de la femme. C’est une révolution. La fin’amor exige une discipline faite de « cortezia et mesura » (courtoisie et mesure), elle s’accompagne de « valor et pretz » (valeur et mérite) elle engendre le « joy » émerveillement d’aimer. Les nobles et les troubadours pratiquant la fin’amor suivait un parcours quasi initiatique : fenhedor (amant timide non dévoilé), precador (amant déclaré), entendedor (amant accepté), drutz (amant exaucé et comblé). Ils pouvaient être soumis à certaines épreuves comme le ‘’jazer’’ (dormir auprès de la Dame sans la toucher). La fin’amor est une éthique de la jouissance dans la retenue. Pour l’Église, cette ascèse participant au plaisir sexuel est bien entendu insupportable, surtout si l’on ajoute qu’elle se pratique presque systématiquement dans l’adultère.

` Les Sirventes Les Sirventès sont des poèmes satiriques qui visent les puissants ou le clergé, dont la corruption à la fin du XIème siècle est certainement à l’origine du mouvement cathare. Certains troubadours ont défendu la croisade, d’autres ont été des poètes de la résistance, dénonçant l’appétit de conquête qui, sous couvert de guerre sainte, animait les prélats et les féodaux français faisant main basse sur l’Occitanie. Le pouvoir temporel de l’Église à l’époque est énorme, et peut se comparer à ce qu’on voit aujourd’hui dans des régimes religieux.

En grand pena lo còr me dòl per un cavalièr qu'ai perdut. En tot temps aquò sià sauput que l'ai contentat mòrt et fòl. Ara per el soi traïda. Tant d'amor es pas pro d'amor quand l'ai contentat nuèit e jorn, Al lèit e tota vestida Mon cavalièr, ieu lo voldriá téner un ser dins mos braces nuds e que se'n tròbe el tresperdut, de sol coissin li servirià. Car d'el soi mai afolida qu'èra de Floris Blancafor li autregi mon còr e m'amor, mon èime, mos uelhs, ma vida Beatriz de Die

Mon coeur souffre d'une grande peine pour un amant que j'ai perdu. Toujours il faut qu'on sache que je l'ai contenté à en mourir et à le rendre fou. Maintenant je suis trahie par lui. Tant d'amour n'est pas assez d'amour alors que je l'ai contenté nuit et jour au lit et toute vêtue. Mon amant, je voudrai le tenir un soir dans mes bras nus et qu'il en soit éperdu, De coussin je lui servirait Car, de lui je suis plus folle Que ne l'était Blancafor de Floris je lui donne mon coeur et mon amour mon esprit, mes yeux, ma vie.

~~~~~~~~~ Ben volgra, si far si pogués, Que Dieus agues tot so qu'ieu ai, E lo pensament e l'esmai, Et ieu fos Dieus si con el és; Qu'ieu li fera segon que-m fai, E-l rendera segon c'ai prés. Car tut li croi e li malvai Tenon lo miels de totz sos bés, Aquilh l'en rendan las mercés: Qu'ieu non o fas ni o farai; Ni de Dieu non tenc un pogés, Mas un' arma que li rendrai. Pèire Cardenal (v. 1250) Je voudrais bien, si faire se pouvait , que Dieu eût tout ce que j'ai, et mon souci, et mon tourment, et moi, que je fusse Dieu tel qu'il est. Alors je le traiterais comme il me traite, et je lui rendrais selon ce que j'ai reçu. Puisque les corrompus et les mauvais détiennent le meilleur de tous ses biens, que ceux-là lui rendent grâces : car moi je ne le fais pas, ni ne le ferai. De Dieu je ne tiens pas le moindre denier , mais seulement une âme, que je lui rendrai.


Note Historique

Le Maquis

NOTE HISTORIQUE

Le Maquis est installé à Aix-en-Provence depuis plus de vingt ans. Il est conventionné par la Ville. La Compagnie est animée par Pierre Béziers et Florence Hautier. Autour d’eux s’est formée une famille d’artistes (comédiens, chanteurs, musiciens, scénographe, costumier) et de techniciens, qui se retrouvent régulièrement sur les projets, dans un esprit de troupe. La Compagnie s'est orientée dès ses débuts vers un théâtre de création. Chaque nouveau spectacle est l’occasion d’interroger la convention théâtrale, et de poursuivre la quête d’un nouveau théâtre populaire, ambitieux et accessible en même temps, drôle, musical, politique dans ses thèmes (l’échec, le pouvoir) et dans sa relation au public.

Créations : L’Occitanie en 1209 Aux XIIème et XIIIème siècles, le « Trobar » est un mouvement culturel considérable, le premier grand courant littéraire européen en langue non latine. Les poèmes et chansons des « trobadors » (ceux qui trouvent) se répandent dans les châteaux aussi bien que sur les marchés. Leurs textes et leurs musiques sont diffusés sous forme de copies et interprétés par les jongleurs (« joglars », ceux qui jouent). Ils célèbrent la « fin’amor », et ne craignent pas de composer des « sirventès », poèmes satiriques dirigés contre le clergé ou contre les Seigneurs. Dans le même temps, une contre-Église se développe dans toute l’Occitanie, le peuple se détournant d’un clergé riche et souvent corrompu. L’ordre des Prêcheurs (Dominicains) est créé pour lutter contre l’hérésie. En 1208, le légat du Pape demande au comté de Toulouse, qui a quasiment statut d’État indépendant, de lutter contre les hérétiques cathares. Le comte Raymond refuse et est excommunié. Le légat est assassiné. Le Pape demande aux barons français de lever une armée et engage une croisade connue sous le nom de « croisade contre les Albigeois ». Un moine cistercien, Arnaud Amaury, va en prendre la tête. La croisade commence par le massacre de Béziers où aurait été prononcé le fameux « tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! ». Carcassonne tombe ensuite, puis Narbonne, et commence alors, sous le commandement de Simon de Montfort, une véritable guerre de conquête de l’Occitanie qui se termine par la victoire des croisés à la bataille de Muret en 1213, malgré l’engagement, aux côtés des Occitans, de Pierre II d’Aragon. Une paix provisoire s’installe, mais en 1216, l’Occitanie se soulève et au siège de Beaucaire, Simon de Montfort subit sa première défaite face aux assiégés soutenus par Tarascon, Avignon et Marseille. (Il faut noter que Marseille, qui est quasiment, dans ses années-là, une république indépendante en lutte contre l’Église, sera un puissant soutien de la cause occitane). Simon de Montfort se tourne alors vers Toulouse qui se soumet, mais en 1217 la ville se soulève, et, au cours du siège, Montfort est tué. Devant la situation insurrectionnelle, le Pape lance une deuxième croisade en 1218 à laquelle participe mollement, cette fois, le roi de France Philippe Auguste. Les croisés piétinent, remportant des victoires (massacre de Marmande en 1219) mais sans jamais pouvoir établir l’ordre durablement. Raymond VII de Toulouse succède à son père, et après un nouveau siège infructueux de la ville par les croisés, Raymond engage des pourparlers de paix avec le pape. Mais à la mort de Philippe Auguste, en 1226, le roi Louis VIII pressé par sa femme Blanche de Castille (mère de Saint Louis), rentre dans la croisade. Blanche, fine politique, voit tout le bénéfice que peut espérer la couronne de cet engagement. Le roi meurt quelques mois après et Blanche de Castille régente, dirige les opérations politiques et militaires. En 1233, le nouveau pape Grégoire IX crée l’Inquisition et la confie aux Dominicains qui font régner la terreur dans les diocèses du Midi, brûlant les cathares, appelant à la dénonciation, allant jusqu’à déterrer les morts supposés hérétiques pour les brûler. En 1249, Saint Louis marche sur le Languedoc avec une puissante armée. Le comte de Foix et plusieurs barons du Sud se rallient à lui, et le comte de Toulouse est obligé de faire sa soumission. La résistance cathare concentrée sur quelques châteaux pyrénéens, est complètement désorganisée, et après le bûcher de Monségur (1244) et la chute de Quéribus (1255), les derniers Parfaits cathares se réfugient en Lombardie. L’Inquisition sera encore active jusqu’à l’extinction totale du catharisme, au milieu du XIVème siècle. A la mort de Raymond VII, les régions correspondant aux actuels Midi-Pyrénées et Languedoc deviennent des possessions de la couronne de France qui se voit renforcée dans son conflit avec l’Angleterre et dans ses rapports avec l’empereur d’Allemagne. L’Aragon perd ses prétentions de ce côté-ci des Pyrénées. Les marches de la Provence sont un domaine de la Papauté. Marseille perd ses rêves d’indépendance… Ces bouleversements sonnent le glas d’une culture occitane qui rayonnait depuis plus d’un siècle dans l’Europe entière.

Opérette de Salle de Bain, de Jeanne Béziers, spectacle musical pour jeune public. Création Paris, Étoile du Nord, 2008. La Compagnie des Spectres, de Lydie Salvayre, création Avignon 2007, tournée régions 2008, Paris Théâtre du Lucernaire 2009. Farallone, comédie d’aventure de Pierre Béziers d’après R.L. Stevenson. Création Rousset, Communauté du Pays d’Aix, 2008. Avignon, Chien Qui Fume, Festival 2008. Les Poules auront des dents, Forum social d’Aubagne, 2006. Soulòmi Rouge, comédie héroïque en hommage aux mineurs de Provence. Création 2006. Pays d'Aix, tournée France et Belgique. Kawa, comédie circulaire de Jeanne et Martin Béziers. Création 2004 au Théâtre des Salins, scène nationale de Martigues. Falesa de Pierre Béziers d’après R-L Stevenson. Création 2003 (en partenariat avec le Théâtre de l’île à Nouméa, le Comoedia à Aubagne, l’ARDC La Maline- Ile de Ré) Lilith & Icare , opérette bovine de J. et M. Béziers Création 2002 au Théâtre du Jeu de Paume d’Aix-en-Pce. Les lettres perdues d’Honoré Bonnaventure, d’après les correspondances de déportés de la Commune en NouvelleCalédonie, Nuits de la Correspondance 2001. 208, Cabaret Révolutionnaire création 2000, Le Cirque Pandor de Marie Redonnet, Théâtre du Jeu de Paume 1999, Anne, ma sœur Anne, comédie musicale de Jeanne et Martin Béziers d’après le conte de la Barbe Bleue de Charles Perrault. Paris Espace Kiron 1999, Le Chevalier Inexistant d’I. Calvino, Avignon 1996, Affaire classée de P. Béziers d’après Didier Daeninckx, Aix 3Bis F, 1995. L’Aigle à deux têtes de J. Cocteau 1993, Comédie entre les murs de J-P Domecq, Avignon in 1992. Mobie-Diq de Marie Redonnet, Aix, La Fonderie1991, Doublures de Marie Redonnet, France Culture/Avignon in 1990. Après-Guerre, textes de Pinget, Calvino, Buzzati, Böll, Tardieu, Kateb Yacine, Centre Pompidou 1988. La princesse blanche de R-M Rilke, Aix 1987. Les spectacles du Maquis ont été accueillis aussi bien sur des grandes scènes françaises (scènes nationales de Mâcon et de Martigues, La Criée -Théâtre National de Marseille, CDN de St-Etienne et de Nanterre, Théâtre de l'Ile de Nouméa, théâtres du Gymnase, du Toursky, du Lenche et du Jeu de Paume, Festival in d’Avignon…), que dans les salles des fêtes de villages. A l’étranger, le Maquis a été accueilli aux Festivals de Sarrebruck, Casablanca ou d’Edimbourg, en Scandinavie, en Allemagne, en Nouvelle-Calédonie, au Vanuatu… Le Maquis a un projet de lieu, fabrique ouverte de spectacles, dans le pays d'Aix.


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