Revue de Presse Les Bougres Paris

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REVUE DE PRESSE LES BOUGRES du 2 mai au 17 juin 2013 PARIS – VINGTIEME THEATRE Mensuel L’aMI DU 20éme – parution en Juin Critique de Simone Endewelt

HEBDOMADAIRE Le Figaroscope – parution le 16 mai Critique JL Jeener Pariscope – parution le 21 mai Critique de Dimitri Denorme Télé Loisirs – parution le 27 mai Critique de Corinne Calmet

RADIO

France Inter – diffusion le 13 mai Le masque et la plume, une émission présentée par Jérôme Garcin Le mot de gilles Costaz

TV NUMÉRIQUE SUR INTERNET Chaîne Théâtre LCTVI – diffusion du teaser le 11 juin (3 diffusions la même journée dans le journal d’actualité théâtrale qui dure 13 mn) et mise en avant de la pièce avec l’affiche sur le Site

SITES INTERNET Reg’Arts – publiée le 3 mai Critique de Nicole Bourbon Les Trois Coups – publiée le 5 mai Critique de Laura Plas relayée sur le Blog France Culture Fou de Théâtre – publiée le 5 mai Critique de Thomas Baudeau Théâtre Auteur– publiée le 8 mai Critique de Simone Alexandre Froggy’s Delight – publiée le 13 mai Critique de Philippe Person Le Rideau Rouge – publiée le 15 mai Critique de Béatrice Chaland Théâtre.com – publiée le 16 mai Critique de Audrey Jean


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est à une amusante remontée dans le temps que nous convie cette pièce allemande créée à Bochum en 2008. Gospodin est un marginal, un ‘’alternatif’’ comme on dit de l’autre côté du Rhin, appartenant à l’espèce en voie de disparition Homo sapiens soixanthuitardus cryptocommunistus. Il critique la société de consommation, refuse le travail, se débarrasse des objets superflus et rêve de finir en prison. Philipp Löhle est né trop tard pour avoir vécu dans ce paradis que fut l’Allemagne de l’Est, mais son héros parvient à la recréer à son seul usage. Très beau décor, interprétation vibrante pour une pièce écrite dans la vulgarité de la langue quotidienne, de façon

Culture

Juin 2013 • n° 696

si roublarde qu’on n’arrive pas à savoir si l’auteur fait l’éloge du personnage ou le ridiculise.

Trois décalages

La pièce, écrite en Allemagne il y a cinq ans, ne fera pas rire dans une France en proie à la récession et au chômage galopant. La légèreté convient mal à la culture allemande, toute de sérieux et de profondeur, qui excelle dans la métaphysique et la musique. Le dénuement chrétien ou bouddhiste n’a rien à voir avec le mépris de la société de consommation façon 1970. Il s’adresse à des aspirants à la sainteté, ce n’est pas un prin-

sortir

Juin 2013 • n° 696

© ELISABETH CARRECHIO

Mis en scène par Benoît Lambert

cipe de société. Le dénuement communiste nous place dans une longue file d’attente pour acheter des pommes de terre, le dénuement chrétien ou bouddhiste nous place derrière un Maître sur les plus hauts chemins de la spiritualité. ■ ALAIN NEUROHR

AuAu Théâtre de laThéâtre Colline Vingtième

Un nommé Gospodin de Philipp Löhle Les bougres par le Théâtre du Maquis Mis en scène par Benoît Lambert

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© ELISABETH CARRECHIO

est à une amusante remontée dans le temps si roublarde qu’on n’arrive pas à savoir si l’auteur fait appellation n’a pas été choisiel’éloge lés,du depuis la nuit des jusqu’à aujourd’hui, et notamque nous convie«les cettebougres» pièce allemande créée personnage ou temps le ridiculise. au hasard : bougre qui vient à Bochum en 2008. Gospodin estduunBulgare margi-dési- ment des «Rom». un hérétique. La comédienne FlorenceTrois décalages nal, gnait un ‘’alternatif’’ comme on dit de l’autre Une écrite comédie-parodie Hautier campe une personne d’aujourd’hui, en Allemagne iloriginale y a cinq ans, ne fera pas côté du Rhin, appartenant à l’espèce en voie de dispari- La pièce, On peut regretter sujet soit traité surface et aux accents volontairement maghrébins et populaires. Fil proieleà la récession et au en chômage tion Homo sapiens soixanthuitardus cryptocommunistus. rire dans une France en que avec un peu trop de légèreté. Mais il a le mérite d’exister, conducteur du récit, elle convoque la parole des troubaIl critique la société de consommation, refuse le travail, se galopant. de partir d’une voix populaire et naïve, incitant le de simple formé en studio de cinéma. Tandis que les acteurs jouent dours pour raconter cette histoire du siège de Carcassonne La légèreté convient mal à la culture allemande, toute débarrasse des objets superflus et rêve de finir en prison. le plateau neutre bleucommuniste monochrome, ilsplace sont filmés, spectateur à se documenter plusdans avant. Et puis, les chantscipe sur la croisade contre Cathares, au Löhle XIIIe siècle. de société. Le dénuement nous dans et et de profondeur, qui excelle la métaphysique Philipp est né C’est trop tard pour avoir vécules dans ce para-com-sérieux leur image vidéo, « incrustée » dans décor,deprojetée textes des troubadours, dans la langue occitane, ou tra-une longue mencée en 1209 et qui dura 70 ans. Elle aboutira au mas-et laetmusique. file d’attente pour acheter des un pommes terre, en dis que fut l’Allemagne de l’Est, mais son héros parvient simultané chrétien sur un écran. Le résultat nous est hilarant, installe une duits, sontchrétien magnifiques. population de Béziers qui refusait de livrer lesLe dénuement ou bouddhiste place derrière ou bouddhiste n’a rien à voir avec le dénuement à la sacre recréerdeàlason seul usage. distance critique et montre comment on peut manipuler Le procédé vidéo-théâtre, plus original, à luiIl seulun Maître sur les plus hauts chemins de la spiritualité. et sonnera le glas devibrante ce premier grand ■ de la de société de consommation façonvaut 1970. Très Cathares beau décor, interprétation pour unemouvement pièce le mépris des images, faire naître des illusions, procéder à des trule déplacement. La vidéo-projection dans pas le théâtre est utison apogée, celui desdetroubadours ALAIN NEUROHR à des aspirants à la sainteté, ce n’est un prinécriteculturel dans laeuropéen, vulgaritéalors de laàlangue quotidienne, façon s’adresse lisée à tout va. Mais là, les spectateurs assistent en direct cages de la réalité. ■ et la fin de l’occitan comme langue majeure. SIMONE ENDEWELT Somme toute, c’est l’histoire de tous les pourchassés, exi- à un vrai-faux tournage des bougres sur le plateau trans-

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Anne Décis, Pierre Béziers et Stéphane Dunan Battandier

[vidéothéâtre]

Pariscope

LES BOUGRES « La chanson de la croisade des hérétiques », un texte du XIIIe siècle écrit en langue occitane, revient sur un événement sanglant : la guerre que livrèrent l’Eglise de France et le pape Innocent III (qui peine à justifier son nom) contre l’Occitanie. Le but affiché : lutter contre l’hérésie cathare. Mais cette croisade contre les Albigeois avait aussi pour ambition de soumettre les seigneurs du Sud, vassaux trop indépendants pour la royauté française. L’affrontement durera vingt ans et sera notamment marqué par le massacre de Béziers et le siège de Carcassone. C’est ce qu’a choisi de nous présenter l’association Théâtre du Maquis qui vient de fêter ses 30 ans d’existence. Mais bien plus que l’histoire, ce qui prime ici est la façon dont la troupe nous la raconte. Tranquillement installé dans son fauteuil de théâtre, le spectateur est en fait invité à assister en direct au tournage des « Bougres », un vrai-faux film. Concrètement, sur le plateau, les comédiens sont filmés jouant leurs scènes sur fond et sol bleus. Simultanément, l’image est alors incrustée dans des

16 Pariscope semaine du 22 au 28 mai n

n

décors et projetée sur écran géant. Tout est réalisé en direct et sans délai : une jolie prouesse technique que l’on doit à Pierre Béziers, concepteur et metteur en scène du spectacle, et Nicolas Hurtevent, comédien et cameraman. Le procédé a pour mérite de mettre à jour les trucages. C’est bien sûr de là que naissent le comique de situation et l’intérêt du public. Pour être honnête, on aurait aimé que la compagnie creuse encore plus ce sillon et nous donne davantage encore à voir les coulisses de ce tournage. Folles chevauchées, assassinats, scènes d’amour torrides et rencontres au sommet se côtoient pour le meilleur et pour le rire pendant près d’une heure vingt. Anne Décis, Florence Hautier, Stéphane Dunan Battandier, Pierre Béziers et Nicolas Hurtevent portent tout cela avec générosité et simplicité. Une humilité qui nous ferait presque oublier les faiblesses du spectacle. n Dimitri Denorme

Vingtième Théâtre Renseignements page 45.


27 mai 2013


Jérôme Garcin 12 mai 2013

Avec Gilles Costaz (Politis), Armelle Héliot (Le Figaro), Vincent Joss (France Inter), Jacques Nerson (Valeurs Actuelles) Enregistrement public au Studio Charles Trenet de la Maison de Radio France (extrait)

Jérôme GARCIN : Le conseil de Gilles : Gilles COSTAZ : … donc moi, c’est au Vingtième Théâtre, un texte qui s’appelle « LES BOUGRES ». C’est un spectacle que j’ai vu dans la Off d’Avignon. C’est monté par une compagnie d’Aix-en-Provence qui s’appelle le Théâtre du Maquis et c’est une espèce d’Hellzapoppin*, le tournage d’un film sur les Cathares, et c’est de la farce, de la farce Occitane et c’est délirant, c’est vraiment très drôle !

* Hellzapoppin, film américain culte de H.C. Potter (1941) qui raconte le tournage d’une comédie musicale complètement folle où les gags s’enchaînent à un rythme endiablé.

Gilles Costaz avait écrit dans Politis du 21/07/2011 : « … la troupe du Théâtre du Maquis fait son cinéma à propos des Croisades, en représentant le tournage burlesque d’un film sur le siège de Carcassonne par les croisés. Les gags et effets spéciaux se multiplient pour que la grande histoire tombe du piédestal légendaire et passe au crible du regard populaire. N’empêche que les chansons sont authentiques et font entendre la voix de poètes engagés du XIIIème siècle dans cet ébouriffant Hellzapoppin languedocien. »


LES BOUGRES Vingtième Théâtre 7, rue des Plâtrières 75020 Paris Tel: 01 48 65 97 90 Du mercredi au samedi à 19h30, le dimanche 15h00 Jusqu'au 16 juin 2013

Le Maquis, compagnie d'Aix en Provence, part à la conquête de Paris pour nous raconter une autre épopée, celle de la croisade contre les hérétiques à Carcassonne en 1209. Rappelons que le mot Bougre vient de Bulgares, les croyances de ces derniers pouvant s'apparenter à la foi des cathares. Comment vous raconter ce spectacle hors normes, d'une inventivité et d'une originalité folles, sans trop en dévoiler pour laisser intact le plaisir de la découverte ? Comment traduire en mots ce qui met joyeusement à nu tous les artifices du cinéma et projette le spectateur en pleine guerre de religion dans une reconstitution hilarante et brillante avec, sur une scène de théâtre, des chevauchées éperdues dans la forêt, des meurtres, des scènes d'amour torrides, qui m'ont irrésistiblement rappelé le cultissime Monty Python sacré Graal. C'est drôle, techniquement très réussi, les gags se succèdent, entremêlés aux textes oubliés des poètes du XIIIème siècle joués ou chantés en occitan, sous la houlette magique de Nicolas Hurtevent. Les comédiens sont au diapason, avec peut être une mention spéciale à Florence Hautier tout à fait ébouriffante dans une suite de numéros divers et variés, qu'ils soient déjantés ou dramatiques. On est captivé par ce qu'on voit dans ce spectacle d'une incroyable richesse, trop peut-être, car personnellement j'avoue en avoir perdu le fil de l'histoire qui du coup apparaît un peu comme un simple prétexte alors qu'elle mérite davantage, la forme du coup prenant le pas sur le fond. Mais l'ensemble fait preuve d'une belle créativité et vaut d'être vu tellement il est hors des sentiers battus. Nicole Bourbon Les bougres Auteur : Pierre Béziers Avec : Anne Décis, Florence Hautier, Stéphane Dunan Battandier, Pierre Béziers, Nicolas Hurtevent Mise en scène : Pierre Béziers Conception, textes modernes et mise en scène: Pierre Béziers Textes anciens troubadours XIIIème siècle : Guillem de Tudèle, Bernart Sicart de Maruèjols, Beatritz de Dia Martin Béziers, musique originale Assistance à la mise en scène et direction d'acteurs : David Teysseyre et Jeanne Béziers Création lumières Aurélien Dhomont Costumes Christian Burle,


Bizarre, bizarre, comme s’il avait honte de lui, le théâtre s’est entiché ces derniers temps de la 3D. Combien de très, très laides images de synthèse nous a-t-on ainsi assénées sous prétexte de reconstitution historique ? Et combien d’acteurs se sont perdus dans ces images, gesticulant vainement pour nous les faire oublier ? Or, les Bougres exhibent au contraire le procédé pour s’en moquer et le détourner. Nous voici donc sur le tournage d’une reconstitution : celle de la croisade menée en 1209 contre les cathares. Caméra à vue, discussions de tournage audibles. Toutes les (plus grosses) �icelles du métier nous sont alors révélées. En voici quelques exemples : le roi de Castille galope sur son �ier destrier (un tabouret) tandis que �lotte au vent sa rouge cape (agitée par un des partenaires). La blonde Blanca�lor quitte sa perruque de soubrette pour endosser sous nos yeux la cotte de mailles et coller sa moustache (tant bien que mal). Ce tournage a décidément plus de parenté avec Kaamelott qu’avec la Maîtresse du lieutenant français (1). Et si les �icelles sont visibles, les jeux de mots sont parfois très gros : « la foi non plutôt le foie gras et le gésier vers Béziers ». Humour d’« ost » (2) ? De même, on frôle de temps à autre la paillardise scatologique (puisque Blanca�lor n’a d’autre rôle que de vider les seaux d’aisance de son bien-aimé), voire l’allusion graveleuse. C’est pourquoi la verdeur de la langue d’oc (et ses couplets sur les putains) n’est pas sans rappeler celle de Rabelais. Parfois, on se dit sans doute que c’est trop, mais parfois on rit aussi. C’est qu’on ne se trouve pas face à de mauvais bougres, et l’on se prend de sympathie pour cette équipe sans prétention. Quand ils cabotinent, ils ont l’air de bien s’amuser, quand ils cessent de le faire, on se rend compte qu’ils pourraient jouer juste si le genre l’imposait.

Florence Hautier est particulièrement convaincante. Prologue, personnages et chœur, elle est notre hôtesse. On est chez elle sur ce plateau où elle nous invite à nous réchauffer au coin du feu, ou à partager les odeurs et saveurs de la Méditerranée. Quelle heureuse idée d’ailleurs que de faire d’une femme à l’accent maghrébin le chœur d’une sanglante histoire de mecs et de foi ! Son personnage (ironiquement nommé Victoire) nous rappelle ainsi sans en avoir l’air d’autres croisades menées en Méditerranée contre des « in�idèles ». Victoire, c’est une femme à qui on n’en conte pas, une femme qui déforme les mots dans un patois ensoleillé pour leur faire dire bien des vérités. Elle se moque des moments faibles du spectacle (faute avouée, faute à moitié pardonnée), elle nous avertit et fait rire. Elle pleure aussi sur les morts des plages de Lampedusa. C’est que, comme au milieu des calembours nous parvient l’ancienne langue des troubadours, il arrive aussi qu’on égratigne sans en avoir l’air les puissants. Comme le dit Victoire : « Les prêtres à l’église, les soldats à la cantine et le mouton sera bien grillé ». D’ailleurs, comme en palimpseste de la comédie, transparaît la tragédie des exodes, des croisades, des guerres. Apparaissent ainsi des images d’archives pas si lointaines : comme les cathares, des cohortes d’innocents fuient sous le regard impassible des sbires. Les Bougres ne sont sans doute pas une leçon d’histoire des religions, ni une leçon de cinéma, mais le Théâtre du Maquis n’est pas constitué de petits maîtres. Cette �ine équipe nous fait rire et peut-être un peu ré�léchir… Ce n’est déjà pas si mal. ¶ Laura Plas




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LES BOUGRES Vingtième Théâtre (Paris) mai 2013 Comédie dramatique écrite et mise en scène par Pierre Béziers, avec Anne Décis, Florence Hautier, Stéphane Dunan Battandier, Pierre Béziers et Nicolas Hurtevent. Voilà un spectacle paradoxal, excitant et occitan. Paradoxal ? Parce que l'action se passe au Moyen Âge, parle de trouba-dours, de croisés et d'hérétiques et qu'il est sous-titré "vidéothéatre" puisqu'il utilise un dispositif scénique de l'ère des vidéastes. Excitant ? Parce que ce paradoxe permet à la fois de suivre une histoire de la grande Histoire, une page occultée et pas très glorieuse pour la Sainte Église et le Royaume de France, et d'assister à un tournage en direct, dévoilant toutes les astuces qui permettent de mentir vrai, de faire croire qu'on est en train de tourner un péplum moyenâgeux alors qu'on a trois bouts de ficelle, pas de chevaux et pas la cité de Carcassonne comme décor.

Occitan ? Parce qu'on y entend la belle langue des troubadours, celle de Guillemn de Tudèle de Bernart Sicart de Maruèjols, Béatriz de Dia, avec parfois aussi des emprunts à des langues aussi improbables et drolatiques que le "macaronique". Parce qu'on y sent tout l'esprit qui régnait là-bas, en 1209, au moment où les Croisés sont venus détruire les "parfaits", les Cathares, passant au fil de l'épée tous les habitants de Béziers, avec pour mot d'ordre "Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens". "Les Bougres", c'était le surnom péjoratif donné à ces croyants lumineux et illuminés, qui voulaient vivre au pied de la lettre biblique leur foi, sans comprendre qu'il y avait, déjà, des enjeux géostratégiques papaux et royaux pour meurtrir leurs chairs et abîmer leurs espérances. Pierre Béziers, maître d'oeuvre aixois de cette fantaisie, n'a pas voulu plomber la bonne ambiance en parlant de génocide, de massacre. On sait qu'il va y avoir mort d'hommes, que l'oppression sera sans pitié. Mais cela n'empêche pas pourtant de rigoler et le dispositif vidéo n'engendrera pas la mélancolie. Les acteurs jouent sur un fond et un sol bleu et sont filmés par un "comédien caméraman" (Nicolas Hurtevent) qui incruste dans sa vidéo un décor et l'on peut voir aussitôt le résultat sur un écran au centre de la scène. Ce qui, d'un côté, paraît du café-théâtre fauché, apparaît comme une superproduction de l'autre. Dans le petit "studio" d'enregistrement bleu, un homme assis une branche à la main s'agite... et, si l'on fait pivoter ses yeux vers l'écran, l'on découvre un chevalier galopant dans une forêt où il doit éviter les branchages. Ce procédé hilarant, propice à beaucoup de gags, pourrait lasser, fournir une ambiance à la "Kaamelott", mais Pierre Béziers et tous ses compagnons de la Compagnie du Maquis savent en jouer sans l'épuiser. "Les Bougres" est un spectacle constamment inventif, savoureux pour les petits et les grands. Il a du fond et de la forme, ne se perd pas dans la mise en abyme, a la modestie ambitieuse de préférer ouvrir l'esprit que d'asséner des vérités et touche les cœurs. Que demander de plus ? On citera donc tous ces bons "Bougres" qui feront passer une plus que belle soirée au spectateur au rire exigeant. D'abord la troupe autour de Pierre Béziers : la douce dame Anne Décis, Florence Hautier à l'accent parfois sarrazin, Nicolas Hurlevent au four vidéo et au moulin théâtral, Stéphane Dunan Battandier qui ne mérite pas le sort funeste que lui concocte Simon de Montfort. Mais, comme tout grand spectacle, ce théâtre en cinémascope ne serait rien s'il n'y avait la science des costumes de Christian Burle, la lumière du chef opérateur Aurélien Dhomont et les justes illustrations musicales de Martin Béziers. Sur l'écran, peut alors apparaître le mot "fin" en attendant les prochaines aventures hautes en couleur du Théâtre du Maquis, à ne pas manquer, comme il se doit. Philippe Person Publié le 12 mai 2013


b.c.lerideaurouge
critique théâtrale

Souvenirs de théâtre (Passé)

Envie de théâtre (Présent)

Désirs de spectacles (Futur) Avignon

Envie de théâtre au présent ? 
 «Les Bougres»du Vidéothéâtre. 
Conception et mise en scène Pierre Bézier, par le «Théâtre du Maquis - Paris, 19-052013, 15h00). Une reconstitution historique, burlesque, farfelue mais sympathique qui apporte à Mille-Deux-Cent-Neuf
 et au temps des Croisades, du sang neuf. Comédie musicale en forme de pamphlet. 
De bouffonnerie du plus bel effet.
 Leur quatrième dimension est le reflet
 du miroir qui les projette et les contrefait. Avec de gros clins d’œil à notre politique
. A intégrer dans leur ancienne vie publique. Se voulant, au nom des Croisades, invincibles ils sont, tour à tour, guillerets ou irascibles. «Victoire, la voyante» encore « un peu lucide » conte l’histoire totalement déjantée
 du troubadour et des grands seigneurs diligentés
 afin de vaincre les éléments translucides. Avec le réputé «Siège de Carcassonne», en différé ou direct, c’est le glas qui sonne.
 «La Fabrik’ Théâtre» et «Le Vingtième Théâtre»
 font joliment crépiter le feu dans leur âtre
 que l’on voit en fond de décor sur un écran
 qui réplique, des acteurs, tous les mouvements. On assiste à une parodie de tournage
 d’un film, en montage, démontage et bruitage dont les effets spéciaux se créent devant nos yeux
, qui découvrent les aspects spécieux et précieux. Béatrice Chaland /b.c.lerideaurouge



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