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Claire Defosse

à l’œuvre


Marcelle BENHAMOU, Artiste peintre et plasticienne Amandine SERRAN / La Fée Crochette, Plasticienne et éco-conceptrice Danielle STÉPHANE, Artiste plasticienne Laetitia DELETRAZ, Décoratrice, artiste peintre, illustratrice Elsa GURRIERI, Artiste peintre Claire DU PLESSIS, Sculpteur bois et pierre Patricia BOZZI / Détours de Papier, Art du papier, créations contemporaines éthiques de bijoux et objets décoratifs Violaine BRUNO / Filigrane, Styliste Léa LOCTIN / Lune rouge, Créatrice textile Lisa LEJEUNE, Designer spécialisée dans le mobilier et l’agencement d’espace




Créatrices

à l’œuvre



Claire Defosse

Créatrices

à l’œuvre


Les interprĂŠtations plastiques de Marcelle LA PETITE FILLE




Histoire, temporalitÊ, matières, transparences.


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Marcelle a quelque chose d’une archéologue, elle fouille dans le passé, déniche sans cesse de nouvelles voies graphiques à explorer. Sa démarche est entière, intellectuelle, culturelle et plastique, basée sur le ressenti. Tout commence ici avec une plaque de verre trouvée aux puces, une plaque photographique gardée dans une petite boite en carton vieillie. C’est l’histoire d’une rencontre avec une petite fille qui porte un bébé dans ses bras !

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Inspirée par cette photographie ancienne, Marcelle se lance dans une nouvelle création. Utilisant les fruits du hasard et de sa démarche plastique, les choses se mettent peu à peu en place dans sa tête. Elle teste, cherche, déchire, essaie encore, mais les premières réalisations sont trop petites et ne lui conviennent pas. Elle décide de changer de formats, de techniques, de papiers. Chaque nouvelle visite que je lui rends est une découverte. Je suis impressionnée par l’énergie qu’elle développe pour nous embarquer dans l’histoire de cette petite fille. Serait-ce la peur de faire tomber le nouveau-né de ses bras, serait-ce de poser devant l’objectif du photographe qui donne ce regard singulier, énigmatique, tout en retenu à cette enfant ?

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Marcelle a découvert un rendu qui lui plait. La fillette apparaît ou s’efface plus ou moins selon les compositions. L’installation prend forme peu à peu sur les murs de l’atelier. Marcelle me confie un jour : « Quand tu vois ce que tu as fait et que tu t’y reconnais, tu peux affirmer C’EST MA CRÉATION et tu es heureuse. » Grâce à une composition méticuleuse, une scénographie maîtrisée, la rencontre peut avoir lieu... Cette petite fille à moitié effacée me renvoie à ma propre histoire. Elle me fixe et je la regarde, ainsi je m’identifie à elle... Il me revient un sentiment à la fois étrange et familier : celui d’avoir aussi tenu dans mes bras un tout petit, un être qui me paraissait si léger, si fragile que je n’osais plus ni bouger, ni même parler... 17


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MĂŠmoire, apparition, disparition.


Les jardins d’Amandine LA FÉE CROCHETTE




Ambitieuse, engagĂŠe, inventive, surprenante.


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Lorsque j’ai entendu parler de la Fée Crochette, j’ai tout de suite eu envie de la rencontrer. Avec un nom pareil, je m’attendais à être surprise. En entrant dans son repaire je découvrais : des étagères chargées de bocaux remplis, des cartons, et d’innombrables matières... En contre-jour et dans un coin, de drôles de silhouettes de fleurs colorées et tubes de carton enroulés attirent mon regard. La fée commence par m’expliquer son parcours de plasticienne, elle me parle de ses créations : il y a tant de grâce, de beauté et de légèreté dans les images qu’elle me montre dans son book et dans ce que je perçois autour de moi que j’en suis saisie ! Elle envisage de créer une animation pour sensibiliser les familles au recyclage. Pour cela, elle a récupéré les emballages domestiques du mois d’une famille voisine. Tirant un gros sac au milieu de la pièce, elle le retourne et le déverse sur le sol d’un geste large. Il est temps de savoir ce qu’elle a récolté, temps de découvrir de quelles matières elle dispose. Accroupie elle s’active, trie, met de côté.

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Satisfaite, la fée se relève et s’assied à sa table de travail. Elle prend une feuille, un crayon et commence à dessiner un bouquet de fleurs, puis deux, puis trois... Elle semble inspirée par tous ces matériaux destinés au recyclage, elle est attentive, observe les tas, puis rassemble les boites vertes…

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C’est ainsi que découpées, astucieusement pliées et collées, de simples boites deviennent de charmants bouquets de fleurs colorées. C’est ainsi que des bouteilles de verre nettoyées, cassées se transforment en fleurs des champs aux pétales gracieux et lumineux. C’est ainsi qu’après avoir été récoltées, nettoyées et découpées, des capsules à café usagées font place à des boutons de fleurs aux yeux rieurs. Astucieuse et inventive, la fée Crochette fait disparaître les déchets. Elle trouve le moyen de nous rappeler qu’il y a de la beauté en toute chose !

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Renouveau, remarquable, mutation.


Les robes de Danielle ÉTRANGES NYMPHES




Écriture, féminité, illusion, grâce.


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Danielle m’accueille en haut du long escalier qui mène à son atelier et me serre la main. Nous ne nous sommes jamais rencontrées et je n’ai qu’une vague idée de ses créations. Elle me sourit timidement, très attentive aux explications que je lui fournis sur mon projet de photographe. De son côté elle me parle de sa démarche de plasticienne et de ses créations avec beaucoup de précision. Je comprends très vite qu’il y a dans sa façon de faire, quelque chose de singulier. Sur un pan du mur de l’atelier, sont suspendus capes, robes, manteaux,… ils forment une impressionnante garde-robe de toutes les couleurs. Certaines pièces sont protégées, enveloppées sous plastique transparent et me font penser à des cocons. D’autres sont disposées à même le sol. Je m’approche pour les observer.

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Ces étranges nymphes, ces chrysalides abandonnées me laissent en suspens, entre deux temps. Les robes sont vides et curieusement je les dirais habitées. Elles me paraissent figées, comme si un sort leur avait été jeté et les avait arrêtées dans leur propre mouvement. Elles semblent en attente de quelque chose, de quelqu’un qui viendrait les revêtir et les libérer, les réanimer comme dans un conte de fée. Je les vois comme les traces d’une histoire révolue certes mais aussi à venir. Danielle s’installe tranquillement pour travailler près de la fenêtre tandis que je me prépare à la photographier. Une chaîne de radio distille de la musique classique. Au loin, des cris d’enfants me ramènent à la réalité. Je regarde Danielle travailler et réalise avec quelle infinie patience elle prépare puis recouvre avec minutie ses créations de petits signes alambiqués. Le geste est précis formant une multitude de labyrinthes dans lesquels se perd peu à peu sa pensée. Plus de notion de temps. Rien. Plus rien que l’encre délicatement déposée. 38


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Assurément surprenantes, les créations de Danielle ne ressemblent à rien de connu et me questionnent. Elles ont quelque chose d’étranger et de dérangeant : j’y vois mêlées à la fois douceur et violence. Ces transformations plastiques m’invitent à porter un regard particulier sur le corps, sur la féminité. Je réalise en observant toutes ces créations que les modes vestimentaires passent, et que les relations qui nous lient les uns aux autres se modifient avec le temps.

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Violence, abandon, ambiguĂŻtĂŠ.


Les illustrations de Laetitia HISTOIRE À SAVOURER




Imaginer, esquisser, raconter, toujours amĂŠliorer.


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RECETTE POUR UN LIVRET SUCRÉ : Ingrédients : un peu de gourmandise, papiers, crayons, couleurs. Compter une bonne rasade de persévérance, un peu de bonhommie, une belle maîtrise graphique. Préparer une histoire, dessiner un Monsieur Macaron© et ajouter un enfant du quartier avec sa trottinette. Bien mélanger le tout, assaisonner à son goût. Mettre en forme les livrets dans un format carré, si nécessaire reprendre des traits, ajouter quelques textes, ne pas oublier la couleur. Faire imprimer. 49


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Colline de la Croix-Rousse. Un pâtissier de quartier, Un Monsieur Macaron© Et un gône comme on dit à Lyon.

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Dans le laboratoire du pâtissier c’est la fête ! Les deux lurons vont de surprises en bêtises sucrées Et font la course au milieu des ustensiles. Mais aïe ! Voilà le pâtissier... Ouf ! Tout est rangé ! Après de multiples esquisses et croquis, les planches sont créées. Peu à peu la couleur emplit les traits et des textes sont insérés. Il n’y a plus qu’à déguster, c’est terminé. Bon appétit !

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Gourmandise, couleur, dĂŠgustation.

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Les tableaux d’Elsa PAYSAGES DE LUMIÈRES




Sensibilité, énergie, intuition, équilibre.


«Je vais essayer de terminer ce tableau aujourd’hui» me dit Elsa après m’avoir fait entrer dans l’atelier. Elle pose la toile commencée quelques semaines auparavant sur le chevalet près de la fenêtre. Il y a peu de lumière, il fait très froid dehors et le chauffage d’appoint peine à réchauffer le local. La pièce est en bazar, mais tout y est bien organisé. Des cadres de toutes tailles s’accumulent au pied des murs, des livres sont empilés à même le sol, des sacs pleins à craquer sont posés dans un coin. Des pots de crayons, une trousse et quelques feuilles griffonnées traînent sur les tables sous les fenêtres.

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Elsa plisse les yeux pour «mieux voir» comme elle dit, elle fait un pas en arrière, penche la tête, se rapproche puis empoigne le tableau des deux mains pour le faire pivoter d’un quart de tour puis encore. Après hésitation, elle le replace à l’endroit sur le chevalet. Il lui semble que quelque chose ne fonctionne pas bien dans cette toile et avant de continuer Elsa veut trouver ce qui la gêne. Sans quitter sa peinture des yeux, elle rejoint le fond de l’atelier puis se retourne. Elle reste une bonne minute peut-être deux, comme cela à observer, concentrée, parfaitement immobile. Puis dans un élan elle s’avance, prend une craie blanche et tandis qu’elle s’active, tout son corps est en mouvement.

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Lorsque deux semaines plus tard j’arrive à l’atelier, elle a commencé une grande vue des quais de Saône à Lyon et me commente les différentes phases du travail. Elle prend un fusain, marque et corrige quelques traits puis prend sa palette et une petite brosse plate qu’elle charge d’un mélange de peinture grise et verte. Je l’observe et je me tais. Ses gestes sont déliés, rapides, précis, elle est toute entière à ce qu’elle fait. La main droite fébrile s’active effectuant de rapides navettes entre le tableau et la palette, s’arrête quelques secondes comme suspendue dans les airs, puis reprend mouvement tout doucement. Elsa essuie un peu de peinture encore fraîche du bout du doigt… comme ça.

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Avec une brosse, elle dépose de nouvelles touches de couleur rousse pour illuminer la cime des grands arbres. Je vois la lumière ainsi apparaître, par petits coups de pinceaux tout en délicatesse. Elsa construit ainsi ses paysages pas à pas. Elle recherche une composition, une tonalité particulière, une vibration qui la portera là où elle n’a jamais été, et nous transportera avec elle dans des sensations nouvelles.

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Lumière, vibration, ailleurs.


Les sculptures de Claire FORMES ET SENSATIONS




Silence, bruit, prĂŠcision, ĂŠnergie.


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Immédiatement en entrant dans l’atelier qu’occupe Claire à Ecully, une odeur vibrante de plâtre, de bois et autres poussières indéfinissables me saisit. Aucun bruit. J’ai la sensation de pénétrer dans un temple, un lieu sacré abandonné. Sur ma droite, sont entreposés des moulages, des sculptures, des chefs-d’œuvre inachevés. Certains sont enveloppés dans de vagues plastiques ou tissus poussiéreux. Doucement Claire déplie sur l’établi une trousse de tissus. De même qu’un cuisinier a ses couteaux, un coiffeur ses peignes et ses ciseaux, un sculpteur possède ses gouges.

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Claire me présente une pièce de bois déjà polie et une seconde à peine dégrossie. Elle crée une forme oblongue nichée au creux d’une autre plus large qui formera la base. Elle voudrait donner avec cette composition de bois dur une sensation de moelleux. Elle porte la seconde pièce de bois au niveau des yeux, la fait pivoter puis la repose sur l’établi. Du pouce elle vérifie le tranchant du ciseau à bois qu’elle vient de saisir puis s’en va à l’autre bout de l’atelier pour l’affûter à la meule dans un bruit strident. La voilà qui revient. Elle reprend sa pièce de bois, la caresse lentement pour en vérifier la rondeur et le creux, puis marque au crayon les parties à évider.

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Les gants de cuir sont enfilés, elle attrape rapidement le maillet d’une main et empoigne la gouge de l’autre. Elle sculpte par petits coups, mesurés, secs, précis. Au bout de longues minutes passées à sculpter, Claire marque une pause : « Chaque impact s’inscrit de manière définitive dans le bois. Il est impossible de revenir en arrière ! ». Concentrée, elle réfléchit et entame une danse autour de la pièce de bois serrée dans l’étau. La dégageant, elle la fait pivoter et la replace entre les mâchoires. Elle repousse du dos de la main des copeaux de bois épars, tire le tabouret tout près et s’y assied en prenant soin d’y caler ses deux pieds. Je la vois courbée sur son œuvre, les deux mains armées. Sa posture est celle d’une guerrière. Pleine d’ardeur et d’énergie, elle sculpte en rafales régulières : Poc Poc Poc... Poc Poc Poc...

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Claire m’appelle trois semaines plus tard et m’indique qu’après divers essais, elle a opté pour la combustion superficielle de la base de sa composition pour la noircir puis elle la poncera légèrement pour faire apparaître les veines dures du bois. Quand j’arrive à l’atelier sa composition est terminée. Elle a trouvé ce qu’elle cherchait : le moyen plastique d’évoquer à la fois le foncé et le clair, d’associer la souplesse à la dureté et de suggérer une certaine complémentarité.

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Rigide, souple, clair, foncĂŠ.


Les bijoux de Patricia DÉTOURS DE PAPIER




Alchimie ĂŠtonnante, transformation patiente, revalorisation ĂŠvidente.


Patricia aime le papier. Dans l’artisanat d’art il est peu exploité et pourtant quand je la vois travailler cette matière, je prends conscience de toutes ses possibilités. Le papier se travaille à volonté : formes, textures, apparences, on peut le déchirer, le broyer, le teinter, le mouler, et même le couper, le percer, le coller ou le patiner une fois durci. Elle utilise principalement des papiers d’emballage, leur fait subir tout un tas de mauvais traitements et je lui pardonne volontiers quand je contemple ses bijoux de papiers : colliers, sautoirs, broches, bracelets, bagues...

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La jeune femme crée ses collections avec beaucoup de patience et de raffinement, puisant son inspiration dans l’univers végétal ou dans les textiles plissés. Elle associe au papier d’autres matériaux comme du verre fondu, des coquillages, des boutons, du cuir de récupération ou du cuivre, et n’achète finalement que l’indispensable.

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Je perçois dans sa démarche quelque chose d’antinomique à créer des bijoux avec un matériau si peu valorisé en Occident. Par son expertise, ses créations deviennent d’uniques accessoires de beauté. Les bijoux sont patinés aux pigments et à la gomme-laque puis vernis. Ils ne craignent pas l’eau, sont légers et assez résistants contrairement à ce que l’on pourrait penser.

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Il en est de même pour Patricia qui est une femme délicate et assez menue, mais qui a une détermination et une conviction solide à élaborer ses bijoux peu communs. En définitive, j’ai trouvé en Patricia une subtile équation entre ce qu’elle est et ce qu’elle fait.

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Valorisation, dĂŠlicatesse, rĂŠsistance.


L’atelier de Violaine HAUTS ET BAS




Partage, individualitĂŠ, mouvement, sur mesure.


Violaine partage un atelier boutique avec d’autres stylistes dans les pentes de la Croix Rousse. Le local est assez spacieux, ouvert sur deux niveaux. Près de la porte se trouve un espace commun dédié à la vente. Les espaces de travail individuels sont répartis autour de la grande table de coupe disposée au milieu de la partie basse de l’atelier, d’autres espaces sont en mezzanine.

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Chacune vaque à ses occupations, et porte en même temps son attention à la bonne marche de la fourmilière. Qui dit atelier partagé, dit aussi coopération et entraide, c’est l’intérêt d’un atelier-boutique comme celui-ci. Il y a des moments calmes, il y en a d’autres très animés quand clients et locataires se retrouvent ici. On va, on vient, on repart, ça n’arrête pas !

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Chaque année, Violaine reçoit des stagiaires d’écoles de couture pour leur présenter le métier : concevoir et dessiner un patron, choisir le tissu, couper, bâtir, faufiler, surfiler, coudre, faire une boutonnière, broder, contre-pointer, coudre un ourlet, plisser, repasser,... L’air de rien, il leur faudra acquérir beaucoup de compétences. Les filles écoutent, posent des questions, regardent, s’essaient, font, défont, apprennent.

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Violaine est vraiment une fille rapide, elle a dix idées en même temps et change de sujet avec une facilité déconcertante. La voici qui discute avec Nathalie de l’agencement de l’atelier, me parle de son site internet et de la collection qu’elle présente aux Galeries. Elle guide sa stagiaire à la machine à coudre, ou au placement des diverses créations dans l’espace de vente. Une cliente doit venir chercher une commande, la tunique est prête et il faudrait la repasser. Pas de problème, elle demande à Carole de s‘en occuper.

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Ici, tout en travaillant on parle de défilés, de choix de tissus, de prises de vues, de site internet, de modèles, on évoque les évènements à venir... Pas le temps de s’ennuyer  ! Une petite pause thé et ça repart. Il y a tant à faire.

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Atelier, boutique, partage, coopĂŠration.


Les créations de Léa TEXTILES RECOMPOSÉS




Originalité, ingéniosité, énergie, renouvellement.


Léa est pleine de vitalité et d’énergie. Elle est assez étonnante dans sa façon de fonctionner, elle a un style bien à elle et ne cède pas aux effets de la mode. Elle préfère chercher de nouvelles idées et créer des accessoires originaux, proposer autre chose.

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L’atelier de Léa se trouve dans la friche artistique Lamartine, dans le troisième arrondissement de Lyon. La jeune femme cherche son inspiration dans le quotidien et conçoit ses créations avec précision en fonction de l’usage qui en sera fait. Sac, ceinture, jupe, boléro, chemise ou autre, ils doivent être fonctionnels, solides et agréables à utiliser. C’est en observant les gens dans la rue, et en étudiant leur façon de s’habiller ou de porter les accessoires qu’elle remet en question son travail de styliste.

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Il y a quelques jours, un client lui a commandé un sac à bandoulière avec de nombreuses poches intérieures et extérieures. Elle parcourt le carnet dans lequel elle a l’habitude de croquer ses idées, de noter ses projets et ses observations. Fine adepte du recyclage, de la réutilisation, la jeune femme redessine le nouveau projet au dos d’un morceau de papier-peint récupéré, «bien mieux qu’une feuille de papier ordinaire ! »

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Comme souvent, c’est auprès d’une association locale que Léa a trouvé le tissu épais et imperméable qu’elle utilisera pour fabriquer ce sac. Elle est concentrée et progresse avec méthode. La jeune femme crée le patron à l’échelle, puis après vérification des mesures, trace les différentes pièces sur l’envers de la toile. Je l’observe. Très appliquée, elle découpe les multiples pièces, surjette, épingle, surpique, coud et pas à pas, je vois le sac prendre forme. Il lui faudra trouver une sangle robuste et elle a déjà son idée sur la question...

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Inventive, Léa crée le plus souvent avec les matériaux et tissus qu’elle a sous la main. Elle conçoit principalement de petites séries d’accessoires et de vêtements, les décline et les renouvèle en fonction des demandes ou des observations qui lui sont formulées. Expositions, marchés, animations d’ateliers, Léa travaille seule ou en association avec d’autres créateurs, artistes, plasticiens, toujours en quête de nouveaux projets.

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Collecte, usage, diffĂŠrenciation.


Les meubles de Lisa LES FAGOTS




Imagination, complĂŠmentaritĂŠ, concept, design.


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Lorsque j’ai parlé de mon projet photographique à Lisa, elle avait pour objectif de créer deux ou trois nouveaux meubles pour les présenter à une exposition de jeunes artistes et designers l’été suivant. Trouvant son inspiration lors de ses voyages, dans ses lectures ou même dans la nature, elle imaginait de créer une gamme de meubles sur l’idée des fagots de bois. Elle en avait déjà discuté avec Julien, ébéniste à « La Fabrique » de Francheville, et il avait mis au point un assemblage spécifique qui avait déjà permis de créer un luminaire nommé le « Tree tree ». La jeune femme était satisfaite et l’idée poursuivait son chemin. Elle envisageait maintenant de réaliser une série de trois tables basses avec le même système d’assemblage en faisceaux.

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Je les retrouve tous deux à l’atelier pour suivre l’évolution du projet. Ils se concertent un long moment et fait exceptionnel, décident de préparer une structure à quatre mains sans dessin préalable ni plan 3D. S’ensuivent d’autres commandes et les contraintes et impondérables des agendas, ce n’est donc qu’au bout de plusieurs mois que le prototype de piètement définitif voit le jour. Après de nombreux tests de montages, modifications et ajustements, le prototype répond enfin aux critères de solidité et d’esthétique voulus. La méthode empirique s’est avérée efficace, et je suis impressionnée par leur complémentarité, leur habileté à travailler ensemble à tous les stades du projet. Chacun est attentif aux observations de l’autre, apporte son expertise, ses idées, ses solutions.

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Nouvelle étape nécessaire pour reproduire la série des meubles en atelier, Lisa peut dessiner la structure en 3D. Je les rejoins quelques semaines plus tard. La jeune femme prépare le tracé précis de la découpe du plateau à commander. Elle a choisi du Valchromat gris pour le plateau - un médium teinté dans la masse fabriqué à base de colle végétale - et pour les montants, du chêne clair. A l’aide d’un rayon laser, Julien et Lisa définissent la hauteur du plateau de la première table. Dans deux semaines l’ébéniste recevra les matériaux et pourra fabriquer les éléments d’après les plans de Lisa : il découpera le plateau et les montants en chêne, les polira et pour finir les teintera. 137


Je les retrouve un vendredi après-midi, l’atelier est déserté, exceptionnellement silencieux. Une ultime et délicate étape attend Lisa et Julien, il s’agit du collage. Tous deux sont très concentrés. Les boisseaux sont tous différents et il faut procéder à l’ajustage avec méthode et précision. Cette première table basse est terminée et Lisa l’exposera pendant l’été. S’en suivront les deux autres tables de la série des Fagots, et d’autres projets de mobiliers.

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PrĂŠcision, vision, anticipation.



Les créatrices à l ’œuvre

Marcelle BENHAMOU Artiste peintre et plasticienne (Lyon, France) www.marcellebenhamou.com/ Patricia BOZZI / Détours de papier Art du papier, créations contemporaines éthiques de bijoux et objets décoratifs (Caluire, France) http://detoursdepapier.free.fr/ Violaine BRUNO / Filigrane Styliste (Lyon, France) http://filigranecollection.com/

Elsa GURRIERI Artiste peintre (Lyon, France) http://oujopo.com/galerie/?page_id=445 et http://www.artistescontemporains.org/ELSA-GURRIERI,1441.html Lisa LEJEUNE Designer spécialisée dans le mobilier et l’agencement d’espace, avec la participation de Julien CORTAY (Lyon et Francheville, France) http://www.lisa-lejeune.com Léa LOCTIN / Lune rouge Créatrice textile (Lyon, France) www.facebook.com/pages/-lune-rouge/121794659761

Laetitia DELETRAZ Décoratrice, artiste peintre, illustratrice (Lyon, France) http://fr.viadeo.com/profile/00215rl98mw0d0v

Amandine SERRAN / La Fée Crochette Plasticienne et éco-conceptrice (Lyon puis Allex, France) www.lafeecrochette.net/

Claire DU PLESSIS Sculpteur bois et pierre (Lyon et Ecully, France) www.terra.es/personal5/plessis/

Danielle STÉPHANE Artiste plasticienne (Lyon, France) www.daniellestephane.fr/

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Remerciements

Mes plus vifs remerciements à Claire, Elsa, Marcelle, Laetitia, Danielle, Patricia, Violaine, Amandine, Lisa (et Julien) et Léa que j’ai eu la chance de rencontrer et de côtoyer dans leurs ateliers. Des remerciements particuliers à Marc Tatou, Dom, Eliane, Evelyne, Olivier, Jean, Carole, Nathalie, Sophie, Céline pour leurs conseils, ainsi qu’à tous ceux qui m’ont aidé de près ou de loin comme Pascal, Jean-Louis et Marguerite. Remerciements à Fatiha Toumi et à son équipe de la Bibliothèque de Lyon 1er pour l’accueil de l’exposition. Remerciements à Stéphane Sichi pour l’édition de ce bel ouvrage. Remerciements pour leur patience et leur confiance à ceux qui m’entourent au quotidien car je sais que ce n’est pas toujours facile. Merci donc à Léa, Martin, Benoît et surtout Alain ! Claire

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Editions Au fil du Temps Route de Trinquies 12 330 SOUYRI (France) www.fil-du-temps.com Direction artistique : Stéphane Sichi Conception Graphique : Olivia Quaglia Relecture & Corrections : Jacques Galibert Dépot Légal : Octobre 2013 Achevé d’imprimer en Espagne sur les presses de NOVOprint N° ISBN : 978-2 918298-42-7


Claire DEFOSSE est auteur-photographe à Lyon. Diplômée en communication visuelle et audiovisuelle, elle mène des projets d’exposition et d’édition d’auteurs, réalise des photos de portraits, de books, de spectacles, de concerts. Elle est membre du collectif rhônalpins Photographies Rencontres, de la MAPRA et de la Société des Auteurs des arts visuels et de l’Image Fixe.

Photographies et textes : Claire DEFOSSE, auteur photographe à Lyon, France Tél. 06 88 90 67 97 - www.claireregard.book.fr


Je regarde autour de moi et découvre des choses d’une force qui me touche, me surprend, m’émeut parfois. Je me suis souvent demandé qui avait composé telle ou telle œuvre, d’où venait cet élan, cette inspiration, cette atmosphère ? En somme, qui était là caché derrière cette création ? La sincérité et l’énergie que mettent en œuvre les créateurs dans leurs réalisations, leur détermination à explorer, creuser, se lancer dans un projet dont ils n’ont parfois qu’une vague idée m’interrogent. C’est pourquoi j’ai choisi de suivre au long cours des artistes et artisans d’art de la région lyonnaise, qui sont dans une recherche graphique, artistique ou artisanale singulière. Je l’ai fait avec mon appareil photo, avec mon cœur et avec ma sensibilité.

ISBN : 978-2 918298-42-7

Prix de vente : 24 €


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