Le Patriote - Juin 2013

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Le journal de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal

AU SERVICE DE LA NATION

Volume 13, numéro 2 – JUIN 2013

DEUX GRANDS QUÉBÉCOIS HONORÉS PAR LA SSJB À lire en page 6

FRANCINE OUELLETTE

MARCEL BARBEAU

Prix Ludger-Duvernay

Prix Louis-Philippe-Hébert

(Photo : Mathieu Breton)

(Photo : Mathieu Breton)

SOMMAIRE

Notre reportage en page 9

Le réseau Cap sur l’indépendance envahit les bureaux de Justin Trudeau 2 Cap sur l’indépendance à la Marche pour la Terre 2 Une Journée nationale des patriotes à géométrie variable 2 Le Québec en nous, d’hier à demain 3 J’aime ma langue dans ta bouche! 3 Le fleurdelisé, symbole de notre fierté nationale 4 Remise du Prix Ludger-Duvernay à l’écrivaine Francine Ouellette 5 Le Prix Louis-Philippe-Hébert de la SSJB pour les beaux-arts décerné à Marcel Barbeau 5 La section Doris-Lussier fière d’appuyer Planète livres 5 Sur les pas des patriotes 5 FRANCINE OUELLETTE, Prix Ludger-Duvernay 6 MARCEL BARBEAU, Prix Louis-Philippe-Hébert 6 Dixième édition de la Journée nationale des patriotes 7 Année fructueuse au Mouvement Montérégie français 8 Les anciens présidents : Georges-René SAVEUSE de BEAUJEU 8 Sauvons l’Hôtel-Dieu de Montréal ! 9 Florilège culturel 10 Le mot juste... Pour l’amour du français 10 Activités des sections 10 Le souffle d’un peuple 11 Les timbres de la SSJB : Adam Dollard des Ormeaux 11

L’équipe du Patriote souhaite une bonne Fête nationale à ses lecteurs, à leur famille et à leurs amis. Profitez des activités, et amusez-vous, c’est la meilleure façon de commencer l’été.

Envois publications — Publication mail 40009183

Je n’ai jamais voyagé vers autre pays que toi, mon pays.

Gaston Miron


Le réseau Cap sur l’indépendance envahit les bureaux de Justin Trudeau Sombre anniversaire de l’entrée en vigueur de la « putsch-titution » canadienne de 1982 par Maxime Laporte

(Photo : Mathieu Breton)

Vers 14 heures le 17 avril, une quarantaine de manifestants ont envahi les bureaux du député et nouveau chef du PLC Justin Trudeau, le temps d’un concert de casseroles. Des membres du Mouvement progressiste pour l’indépendance du Québec (MPIQ), du Comité souverainiste de l’UQAM, du Rassemblement des mouvements indépendantistes collégiaux (RMIC), de l’Action féministe pour l’indépendance (AFI), du groupe DénonciNation et du Conseil jeunesse de la Société Saint-JeanBaptiste de Montréal (CJSSJB) ont travaillé en moins de 24 heures à l’organisation de cette action, la première d’une série de plusieurs interventions militantes significatives. Les militants, réunis par le RCI, affirment vouloir mener une campagne sous le thème « Sortons-en » pour exprimer l’indignation nationale, qui rejoint même des fédéralistes québécois, et dénoncer les différents types d’attitudes qui tendent à nier ou à minimiser le conflit constitutionnel. Trudeau et les canadianistes affirment qu’ils ne veulent pas « brasser la cage » par rapport au coup d’État de 1982 et aux révélations de l’historien Frédéric Bastien. Or nous, les Québécois, voulons en sortir une fois pour toutes de cette cage et de ce qu’ils réduisent – parce que cela les arrange – à de « vieilles chicanes », malgré une motion unanime de l’Assemblée nationale! Cette action surprise organisée par plusieurs des groupes membres du Réseau Cap sur l’indépendance avait pour but de souligner à la fois le sombre anniversaire de l’entrée en vigueur de la « putsch-titution » de 1982 et

le couronnement triomphal à la tête du Parti libéral du « prince héritier » Trudeau. Laurence Beauchemin, membre du comité de coordination du RCI, a tenu à mentionner que cette soi-disant « vieille chicane » constitutionnelle n’a rien de suranné. Le conflit a beau avoir été mis en latence ou en dormance pendant quelques années, le temps est venu de briser le tabou et de mettre fin au statu quo, et notre génération est là pour prendre la relève. Sortons-en! Pour le Québec, cette constitution, viciée dès le départ par l’emploi de procédés douteux et illégaux, n’est pas une constitution. C’est une fraude. Tout d’abord parce qu’elle n’a pas été ratifiée par le Québec, mais plus encore, parce qu’elle n’a pas été ratifiée par le peuple du Québec comme ce serait le cas dans une démocratie. C’est un diktat, un coup d’État. Et un peuple digne de ce nom n’accepte pas de se laisser régir par un document aussi profondément illégitime et qui porte des conséquences très concrètes dans la vie quotidienne. Les décisions qu’Ottawa nous impose, souvent en violation de nos intérêts et consensus nationaux, que ce soit en matière d’assurance-emploi, de fiscalité, d’économie, d’environnement, de ressources naturelles ou d’interventions militaires, sont dues à l’existence de cette constitution que nous n’avons jamais signée. Nous avons assez perdu de temps, d’argent et d’énergie en vivant dans ce régime injuste, qu’il a toujours fallu combattre et dénoncer par devoir. Sortons-en! Passons aux vraies affaires, c’est-à-dire gérons nous-mêmes nos propres affaires! •••

Une Journée nationale des patriotes à géométrie variable par Christian Gagnon Qui a dit que les deux solitudes étaient choses du passé? En novembre 2002, la Journée nationale des patriotes a été proclamée par le gouvernement du Québec pour que le lundi précédant le 25 mai de chaque année souligne désormais la lutte des Patriotes de 1837-1838 pour la reconnaissance nationale de notre peuple, pour sa liberté politique et pour l’obtention d’un système de gouvernement démocratique. C’est ce qui a poussé le président de la SSJB, Mario Beaulieu à déclarer en mai dernier que la Journée nationale des patriotes est un moment privilégié pour rappeler la ténacité des Québécois d’hier et d’aujourd’hui dans la défense de nos droits collectifs. La commémoration de ce jalon essentiel de notre histoire nous appelle à poursuivre la lutte sur les traces des patriotes, pour les plus grandes des causes qui puissent nous unir : la liberté et la démocratie! Mais il semble que la liberté et la démocratie telles que défendues par ces grands patriotes que furent les frères Wolfred et Robert Nelson ne soient pas des valeurs suffisamment rassembleuses pour les Québécois anglophones. Voilà ce qui pousserait certains commerçants à ne pas encore concevoir que nos concitoyens d’expression anglaise puissent s’identifier à la Journée nationale des patriotes. La polarisation québécoise entre loyalistes et républicains telle qu’on la connaissait au 19e siècle est apparemment si persistante de nos jours qu’on a pu observer, par exemple au marché Super C du boulevard Taschereau à Brossard, de bien désolantes affiches informant ses clients de l’ouverture normale du commerce le lundi 20 mai dernier. On y souhaitait à la fois « Bonne journée nationale des Patriotes » et… « Happy Victoria Day »! Pour aviser leur personnel de la fermeture de leurs bureaux ce jour-là, bien des employeurs usent également de ce genre de message à géométrie variable selon la langue des travailleurs. Voilà sans doute un exemple concret de ce que le nouveau groupe ultrafédéraliste et anti-Loi 101 « CRITIQ » (critiq.ca) considère comme des « Canadian rights in Quebec ». Cette approche ethnolinguistique des fêtes civiques rappelle tristement le lamentable point de vue de l’ex-premier ministre canadien Jean Chrétien selon qui, tous les 24 juin au Québec, les immigrants n’ont pas d’affaire à fêter la Saint-Jean-Baptiste parce que c’est la fête des Canadiens-français. Rappelons que c’est le 20 juin 1837 que Victoria, alors âgée de 18 ans, a été couronnée reine du Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande. C’est donc en son nom que l’armée britannique réprima dans le sang les Rébellions qui débutèrent cinq mois plus tard. •••

Le marché Super C de Brossard considère-t-il la Journée nationale des patriotes comme une fête ethnique? (Photo : Giliane Gagnon-Chaîney)

Cap sur l’indépendance à la Marche pour la Terre

La constitution canadienne bloque le Québec au plan environnemental par Maxime Laporte À l’occasion de la Marche pour la Terre le 21 avril dernier, le réseau Cap sur l’indépendance (RCI) invitait les citoyennes et les citoyens à se rassembler derrière sa bannière pour revendiquer que le peuple québécois décide librement de ses politiques en matière d’environnement et de ressources naturelles, et afin de dénoncer les politiques anti-environnementales du Canada. Après l’occupation surprise des bureaux du chef libéral Justin Trudeau le 17 avril, pour l’inciter à se prononcer sur la controverse entourant le rapatriement de la Constitution en 1982, les organismes du RCI ont poursuivi leur campagne « Sortonsen! ». Le RCI s’est attaqué cette fois aux pouvoirs décisionnels conférés à Ottawa en matière d’environnement et de ressources naturelles, qui sont tout aussi illégitimes que la Constitution canadienne elle-même. Il faut nous affranchir du pathétique État fédéral en rejetant la putsch-titution de 1982 et en promulguant le plus rapidement possible notre propre constitution : celle d’une république libre et moderne, le Québec ! Partout dans le monde, on a dénoncé les politiques du gouvernement fédéral en matière d’environnement. Sous le règne de Harper, un fidèle des lobbys gaziers et pétroliers albertains, le Canada, qui musèle ses scientifiques, s’est retiré du Protocole de Kyoto et a fait un fou de lui lors de la Conférence de Copenhague sur le climat en 2009. Récemment, le fédéral s’est moqué du

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mouvement autochtone Idle No More, il a décidé d’abandonner la protection des ours polaires, en plus d’être le seul pays au monde à refuser de se joindre à la lutte internationale contre la désertification. Aussi, Ottawa sabre sans arrêt dans les budgets destinés à la protection de l’environnement. Dans les prochaines années, plusieurs centaines de millions de dollars seront encore amputés. Il y a lieu de se poser de sérieuses questions, surtout en ce début de printemps, alors que nous en sommes à remplir une déclaration de revenus de trop, celle du fédéral ! Êtesvous fiers d’être subordonnés par cette Constitution qui nous a été imposée par de la magouille à la Cour suprême ? Mario Beaulieu, président de la Société SaintJean-Baptiste de Montréal, qui est également membre du RCI, a souligné que la couleur du gouvernement en place au fédéral ne change pas grand chose à l’affaire. De jour en jour plus minoritaires dans l’ensemble canadien, où le Québec ne représente constitutionnellement qu’une simple province parmi les autres, nous sommes toujours subordonnés à la volonté de la majorité anglo-canadienne. Nous souhaitons rappeler aux Québécoises et aux Québécois qu’il ne s’agit là que d’une des nombreuses conséquences concrètes du coup d’État de 1982, qui a consacré le fait que nous ne sommes pas maîtres chez nous. Certains fédéralistes nous disent que ce ne sont là que de vieilles chicanes, alors sortons-en donc en devenant une fois pour toutes indépendants et maîtres de notre destin comme un peuple normal ! •••

CONVENTION DE LA POSTE — PUBLICATION 40009183 Le 3 décembre dernier, le socle de l’imposante statue de la reine Victoria trônant en face du pavillon de musique de l’Université McGill, rue Sherbrooke, a été affublé d’un graffiti sans équivoque. L’institution anglo-montréalaise n’a mis que quelques heures à le faire disparaître. (Photo : Christian Gagnon)

RETOURNER TOUTE CORRESPONDANCE NE POUVANT ÊTRE LIVRÉE AU CANADA AU SERVICE DES PUBLICATIONS 82, RUE SHERBROOKE OUEST MONTRÉAL QC H2X 1X3 courriel : journal@ssjb.com


Le mot du président général

Le Québec en nous, d’hier à demain L’histoire a ceci de magnifique que nous avons chaque jour le plaisir de la lire et de la raconter, mais ce qu’elle a de réellement grandiose, c’est qu’elle est encore à écrire. Ensemble, nous avons l’honneur d’en écrire une page de plus, et l’inspiration n’est pas ce qui nous manque! Notre histoire ne nous a pas rendus pires ou meilleurs que les autres. Elle nous a révélés à nous-mêmes, uniques. Un peuple fier, généreux, créatif et ouvert sur le monde. C’est en nous que se dessine ce Québec que nous célébrons en famille depuis le 24 juin 1834, en mémoire des combats menés par nos ancêtres pour cette liberté qui est maintenant nôtre, et en l’honneur de l’avenir meilleur qui se dévoile devant nous. Fêtons tous ensemble le Québec d’hier! Imaginons-nous les premiers regards émerveillés sur ses grands espaces verts et blancs, des premières notes de nos artistes et des premières paroles chantées en chœur parmi nos frères et nos sœurs à l’occasion des Fêtes nationales passées. Fêtons ce Québec d’aujourd’hui! Toujours vivant, toujours debout et pétillant à chaque seconde d’idées et de saveurs nouvelles, ce Québec de notre génération que nos parents ont mis sur nos épaules, là où se hisse déjà notre futur. Fêtons tous ensemble notre Québec de demain! Ce « chez nous » qui ne perdra jamais son âme avant-gardiste grâce à cette passion qui le propulse d’une innovation à l’autre, continuant d’édifier notre société sur des fondations robustes, gravées de légendes déjà inscrites par chacun d’entre vous, par vos gestes et vos convictions. Les 23 et 24 juin prochain, l’histoire vous convie à l’écriture de son prochain chapitre. Sortez vos plumes et vos pinceaux, et venez raconter le Québec qui est en vous, d’hier à demain! Bonne Fête nationale! ••• Mario Beaulieu

Lors de l’événement J’aime ma langue dans ta bouche! Mario Beaulieu nous a livré ce discours, réaffirmant la justesse de la défense de la langue française au Québec.

J’aime ma langue dans ta bouche! Elle rassemble toutes les citoyennes et tous les citoyens qui ont le Québec comme patrie, d’où qu’ils viennent, de quelque couleur qu’ils soient. Elle nous permet de nous parler et de nous comprendre, de bâtir notre solidarité. Elle transmet notre histoire et notre culture et elle forge notre avenir. Elle se transforme par toutes nos expériences. Elle n’est pas meilleure que les autres, mais elle nous représente. Elle est unique au monde, et comme toutes les autres langues elle cache un trésor. Mes ancêtres ont combattu férocement pour elle. Je l’aime assez pour affronter toutes les insultes, les lois fédérales et la Cour suprême. On voudrait nous faire croire qu’avoir une langue commune nous referme sur nous-mêmes, mais c’est faux, elle nous ouvre sur les autres. Quand on répond en anglais à quelqu’un parce qu’il a un accent, on l’exclut de l’espace public francophone. La langue française est le bien commun de tous les Québécois, elle n’exclut personne, elle accueille les gens de partout et leur ouvre la porte du cœur de ma nation. Jean-Claude Germain a dit : Avant d’habiter un pays, on habite une langue. Une langue qui définit cet espace et qui donne un sens à ce territoire. Mais la langue sans la culture, c’est une erreur de la nature. Ma langue s’accorde avec les langues des autres peuples. Tant qu’un peuple garde sa langue, il garde les clés de sa liberté. Pierre Bourgeault disait : défendre notre langue au Québec, c’est défendre toutes les langues du monde contre l’hégémonie d’une seule. Elle est un antidote à la pensée unique du marchandage mondial. Elle est diversité en cette terre d’Amérique. Il est bon pour un individu de connaître plusieurs langues, il est bon pour un territoire d’avoir une langue commune, une langue qui unit dans un même endroit. Comme l’anglais dans le reste du Canada et aux États-Unis, l’italien en Italie, le japonais au Japon, le néerlandais en Flandre belge, et peut-être un jour le catalan en Catalogne, le français au Québec, le kabyle en Kabylie et le tibétain au Tibet. Et partout au monde, c’est le bilinguisme des institutions qui détruit les langues minoritaires. C’est pourquoi au Québec, mettre les deux langues sur un même pied, c’est mettre les deux pieds sur ma langue. J’aime ma langue dans ta bouche, parce que je t’aime du fond de mon humanité. •••

SELON LES SONDAGES

Le futur politique serait dans le rouge C’est papa qui serait content !

Je n’irai plus à la pêche, promis.

Joignez-vous au

Mouvement Québec français J’appuie le MQF et ses objectifs !

Je vais voir à tout...

Défendre et promouvoir la différence culturelle et linguistique du Québec dans le contexte anglicisant de la mondialisation. Assumer notre responsabilité civique cruciale dans l’accueil et la francisation des nouveaux arrivants. Favoriser l’usage du français comme langue commune dans les services publics et contrer le bilinguisme institutionnel. Ouvrir le débat sur la véritable situation du français dans la région métropolitaine de Montréal et son impact sur l’ensemble du Québec.

quebecfrancais.info/

82, rue Sherbrooke Ouest, Montréal Qc H2X 1X3 Tél.: 514-835-6319

Pierre Dagesse

Formulaire d’adhésion au Mouvement accessible à :

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Le fleurdelisé, symbole de notre fierté nationale par Agathe Boyer Dans un précédent numéro du Patriote, nous vous avons présenté comment le Fleurdelisé avait été adopté comme drapeau du Québec par l’Assemblée nationale. Poursuivons cette histoire du drapeau en regardant le rôle joué par la Société Saint-Jean-Baptiste dans cette adoption et comment le comité du fleurdelisé voit chaque année à partager cette tranche d’histoire et cette fierté avec la population montréalaise. NDLR Le drapeau québécois constitue le symbole de toutes les aspirations, de tous les échecs et de toutes les victoires qui ont façonné l’identité du peuple québécois et ses valeurs fondamentales. C’est le symbole de notre fierté nationale! a déclaré le président général de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal Mario Beaulieu en annonçant les activités du jour du Drapeau organisées par le comité du fleurdelisé de la SSJB. La SSJB a été intimement liée à l’histoire du drapeau québécois, qu’il s’agisse du drapeau des Patriotes qui était aussi le drapeau de la SSJB en 1834, ou du fleurdelisé inspiré du drapeau du régiment de Carillon, que notre Société a promu pendant des décennies lors de manifestations publiques pour lui obtenir un statut officiel. Rôle de la SSJB dans l’obtention du drapeau québécois Nous sommes en 1947 et la SSJB peut revendiquer une doctrine, c’est-à-dire un corps d’idées bien cohérentes, servies avec une probité, une fidélité et un dévouement insignes. C’est la doctrine de vie de la nation canadienne-française. Un emblème la symbolise : le drapeau d’azur, à croix blanche cantonnée de quatre fleurs de lys, plébiscité dans les processions du 24 juin. Le drapeau fleurdelisé gagnant du terrain d’année en année, est devenu l’emblème, officieux mais universellement reconnu, des Canadiens français. Il est sobre et très beau. Il est plus esthétique que la plupart des drapeaux nationaux. René Chaloult, député de la circonscription de Québec à l’Assemblée législative, voudrait obtenir l’adoption du drapeau fleurdelisé par la province de Québec. Le chanoine Groulx souhaite depuis longtemps cette affirmation solennelle du fait français au Canada. Le premier ministre, Maurice Duplessis, doué d’un bon instinct canadien français, appréhende cependant les réactions anglaises devant le caractère français très marqué du fleurdelisé qui fut le pavillon de la marine française au XVIIe siècle. René Chaloult, esprit d’aplomb et cœur chaud, mûri par douze ans d’expérience politique, n’a rien du provocateur imaginé par les loyalistes. Il connaît la vertu de la persévérance. René Chaloult, dès le printemps de 1947, a prié la Ligue d’Action nationale et la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal d’organiser une campagne intensive de promotion du drapeau.

Barsalou-Duval, Maxime Larose et son équipe de mobilisation, Hélène Bastien, Raynald Barbarie, Sylvain, Danny et Guillaume Richard qui a contribué à faire de cette journée un succès grâce à ses nombreux appels. J’en passe sûrement quelques-uns, veuillez m’en excuser. Bravant des froids sibériens, les joyeux lurons que sont Claude Boisvert et Philippe Perreault, accompagnés de jeunes militants recrutés par Maxime Larose, sont sortis la veille du jour du Drapeau affrontant une température de -28 degrés avec facteur éolien pour peindre des drapeaux sur la neige avec du colorant alimentaire. Ils ont pavoisé la place des Festivals pour ensuite se rendre au parc Émilie-Gamelin. L’entrée du pont Jacques-Cartier, côté Montréal, ne fut pas en reste de même que le parc Camille-Laurin où fut planté 65 drapeaux. Nul doute qu’ils sont revenus ragaillardis de leur expédition nocturne plutôt frigorifiante. À partir de 7 h 30, des bénévoles ont distribué des drapeaux et des cartons d’information sur l’histoire du drapeau à la sortie de plusieurs stations de métro dont Berri-UQAM et HenriBourassa. Ils se sont ensuite réunis au Complexe Desjardins avant d’entreprendre une marche jusqu’au parc Camille-Laurin pour entendre le discours de Mario Beaulieu. Rappelons que la température s’est maintenue à -23 degrés toute la journée! Malgré ce froid intense, Charles Campbell a passé la journée à l’extérieur afin de surveiller les drapeaux installés dans le parc Camille-Laurin. Pendant ce temps, une équipe sous ma supervision s’affairait à décorer les salles de la Maison Ludger-Duvernay : fanions, banderoles de drapeaux, ballons, nappes bleues et serviettes de table fleur de lys… Dans l’après-midi, les gens ont pu voir un documentaire sur le Québec. Puis, dès 18 h 30, une centaine de convives ont partagé un bon repas suivi d’une soirée musicale pleine d’entrain. Animation et capsules historiques avec Marcel Tessier, lecture de textes et de poèmes, prestations musicales avec Alexandre Belliard, Marguerite Bilodeau et le groupe Eldéanne étaient au programme. Pavoisement à la Fête nationale La mission du comité du fleurdelisé est de promouvoir le drapeau du Québec; c’est pourquoi nous vous encourageons à décorer la façade de vos maisons, balcons et fenêtres du drapeau fleurdelisé et de décorations patriotiques, le 24 juin, Fête nationale. À titre d’exemple, mentionnons la section Marguerite-Bourgeoys qui invite les résidents de sa région à pavoiser leur demeure le jour de la Fête nationale. Le 24 juin, des juges passent dans les rues de la ville pour choisir des gagnants. Ceux-ci reçoivent un chandail, un certificat de félicitations et quelques surprises en guise d’appréciation.

Le fleurdelisé règne le 24 juin. L’agence Duvernay le met de l’avant toute l’année. Les sections l’arborent dans toutes leurs réunions. Des enthousiastes se consacrent à cette cause. Un modeste employé de la Caisse nationale d’Économie, Orphir Robert, emporte en auto, des brassées de pavillons fleurdelisés qu’il distribue dans les congrès, dans les fêtes, dans les tombolas. Le mouvement gagne, dans toute la province. Il n’est plus d’assemblée canadiennefrançaise où le fleurdelisé ne décore la salle. Des groupements, des corps constitués émettent des vœux pour son adoption officielle. Le 31 décembre 1947, Arthur Tremblay, président général de la Société Saint-Jean-Baptiste lance un appel du Nouvel An, à la radio : Au nom de la Société Saint-Jean-Baptiste, je souhaite, afin que notre entité française soit publiquement et quotidiennement affirmée sur tous nos édifices publics, que dès la prochaine session, le gouvernement de notre province ait l’honneur de proclamer le drapeau fleurdelisé comme le symbole de tout le Québec… Le 13 janvier 1948, les directeurs généraux votent une résolution en faveur de l’adoption officielle du drapeau fleurdelisé, seul emblème acceptable et déjà accepté par la population de Québec. Ils l’envoient aux autorités provinciales. La session s’ouvre le lendemain, à Québec. Le 21 janvier, le premier ministre Duplessis reçoit René Chaloult, réunit ses ministres, puis dicte un arrêté ministériel et le fait sanctionner par le lieutenant-gouverneur. Sur la tour centrale du Parlement de Québec, à la place de l’Union Jack, est hissé le drapeau d’azur, à croix blanche cantonnée de quatre fleurs de lys. Le comité du fleurdelisé (Photo : Charles Campbell)

Le comité du fleurdelisé de la SSJB est constitué de Mario Beaulieu, Claude Boisvert, Agathe Boyer, Denis Rebelo, Roger Trépanier, Victor Charbonneau, Aude De Latrémoille, Daniel Gingras, Christiane Jasmin, Richard Charron, Robert La Rose, Antoine Bilodeau, Paul Boucher et Charles Campbell. Plusieurs bénévoles se joignent à eux lors des activités. Le comité est présidé par Claude Boisvert et Denis Rebelo en est le secrétaire. Il s’est réuni une quinzaine de fois et les rencontres débutent par un chant au drapeau entonné par Charles Campbell, secrétaire de la section Marguerite-Bourgeoys. Ce dernier en a composé la musique et s’est inspiré du salut au drapeau de la SSJB pour les paroles : Drapeau du Québec, je te salue, À toi mon respect, ma fidélité et mon amour! Vive le Québec, vive son drapeau! Vive mon pays et son fleurdelisé ! Vive mon pays et son fleurdelisé! Le Jour du Drapeau, 21 janvier 2013 De nombreux bénévoles se sont joints au comité pour prêter main-forte lors de différentes activités; nous les en remercions grandement. Nommons Juan José Hernandez, Alexandra

(Photo : Charles Campbell)

Projets futurs du comité du fleurdelisé Des groupes de travail se réuniront pour planifier les actions futures. Nous parlerons ainsi du respect du protocole du drapeau, de la vente d’objets de fierté et des actions auprès des écoles. Au-delà des clivages idéologiques qui peuvent séparer les partis politiques et les citoyens, le drapeau demeure un symbole unificateur et porteur d’espoir pour tous les Québécois, estime Mario Beaulieu. Selon ce dernier, le sentiment d’appartenance à la nation est encore fort chez la plupart des gens qui sont fiers de ce qu’on a acquis de haute lutte. •••

Quelques-uns des membres et bénévoles du comité du fleurdelisé : Victor Charbonneau, Charles Campbell, Robert La Rose, Agathe Boyer, Claude Boisvert, Mario Beaulieu, Aude De Latrémoille, Roger Trépanier, Antoine Bilodeau, Denis Rebelo, Marc-André Bahl et Daniel Gingras. (Photo : Mathieu Breton)

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Sources : Rumilly, Robert, Histoire de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, Montréal, Édition L’Aurore, 1975, p. 558. Documentation du comité du fleurdelisé.


Remise du Prix Ludger-Duvernay à l’écrivaine Francine Ouellette par France Langlais C’est avec honneur et fierté que la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal a décerné le 15 mai dernier le Prix Ludger-Duvernay à l’écrivaine Francine Ouellette, l’une des plus grandes romancières que le Québec ait connues. Lors de cette soirée mémorable, Mario Beaulieu a présenté la feuille de route impressionnante de Madame Ouellette puis a laissé la parole au dernier récipiendaire du prix, l’écrivain Yves Beauchemin. Ce dernier a entre autres souligné qu’on doit beaucoup à Francine Ouellette, une auteure qui écrit pour ses lecteurs. Elle a introduit l’histoire dans ses romans. Véritable passionnée d’histoire, Francine Ouellette a fait des recherches durant une dizaine d’années pour élaborer le plan de sa saga Feu qui comprend les romans La rivière profanée (2004), L’étranger (2005), Fleur de lys (2007) et En 1837, j’avais dix-sept ans (2012). Cette œuvre couvre une période de plus de trois cent soixante ans, soit du début du XVIIe siècle jusqu’en 1960 et constitue une œuvre majeure de l’histoire et de la littérature du Québec. On retrouve des cartes de références géographiques et historiques dans les quatre premiers tomes de cette saga qui doit à terme en compter sept. On doit aussi à Francine Ouellette de nombreux autres romans à succès dont Au nom du père et du fils et Les Ailes du destin. Elle a remporté le Prix France-Québec en 1986 pour Le Sorcier, le Prix Citoyenne de la nature en 1990 pour Sir Gaby du lac, le Grand Prix du public et le Signet d’or pour le roman de l’année pour Au nom du père et du fils en 1993 ainsi que le Grand Prix des lectrices et des lecteurs du Journal de Montréal pour Le Grand Blanc en 1994. Jonathan Lemire, historien et spécialiste des rébellions de 1837-1838 a ensuite parlé de son amitié avec Francine Ouellette et de leurs correspondances sur les recherches et révisions pour son dernier roman, En 1837, j’avais dix-sept ans. Francine Ouellette a souligné que lorsqu’elle a vu la brochette des récipiendaires précédents, elle s’est sentie très honorée. Le prix Ludger-Duvernay est pour elle un honneur et une source de grande fierté. Elle a remercié la SSJB de Montréal ainsi que tous ses collègues écrivains, le premier à l’avoir inspirée étant Félix Leclerc. Il parlait de NOUS, on vaut la peine! s’est exclamé madame Ouellette. Elle a remercié ceux qui prennent la plume pour parler de nous, les professeurs d’histoire et les historiens, et a souligné l’importance des musées et sociétés historiques. Madame Ouellette a expliqué combien elle a été étonnée de découvrir que l’âge moyen des patriotes était de 25 ans. Pourtant, au début de ses recherches, elle n’avait souvent vu que le vieux patriote de 1837, celui du dessin d’Henri Julien. Elle était loin de se douter que les patriotes étaient jeunes et qu’ils venaient de toutes les sphères de la société. Les patriotes, dont plusieurs ont donné leur vie pour la démocratie et la justice sociale, étaient des avocats, des notaires, des cultivateurs. Francine Ouellette a aussi rendu hommage à Ludger Duvernay qui a édité le livre Paroles d’un croyant de Félicité de Lamennais qui avait été mis à l’index par le clergé et en appelait à se rebeller contre l’injustice au nom de la religion. Les patriotes et le peuple canadien-français ont été victimes d’injustice. Elle recommande ce livre qui est toujours d’actualité. Le prix Ludger-Duvernay Le prix Ludger-Duvernay a été créé en 1944 en l’honneur du fondateur de la Société SaintJean-Baptiste de Montréal, imprimeur, éditeur, journaliste, politicien et patriote né en 1799 et décédé en 1852. Il n’a été remis qu’occasionnellement depuis 1947. Parmi les récipiendaires, on retrouve entre autres : Yves Beauchemin, Marie Laberge, Fernand Ouellette, Marie-Claire Blais, Gérald Godin, Louis Caron, Victor-Lévy Beaulieu, Claude Jasmin, Jacques FolchRibas, Pierre Morency, Michèle Lalonde, Jacques Brault, Gaston Miron, Jacques Godbout, Jacques Ferron, Alfred Desrochers, Anne Hébert, Gabrielle Roy et Félix-Antoine Savard. •••

La section Doris-Lussier fière d’appuyer Planète livres Les ateliers Planète livres permettent aux nouveaux arrivants de partager avec des Québécois bien enracinés le plaisir de lire, de parler et d’écrire en français. On s’y fait des amis et on s’intègre dans le plaisir à la culture de la terre d’accueil. Sous l’égide de la communicatrice chevronnée Julie Bélanger, le groupe se rencontre deux fois par mois, le samedi, de 13 h 30 à 15 h 30, du 26 janvier au 6 avril, à la bibliothèque Georgette-Lepage à Brossard. On cause, on présente des comptes-rendus de lecture et tous sont invités à commenter des œuvres en français, québécoises ou autres, ainsi qu’une œuvre commune choisie pour le groupe. L’Arbre à palabres de Boucar Diouf, le choix de la saison qui vient de se terminer, n’a laissé aucun participant indifférent. Lors de la célébration du dernier atelier, le 6 avril, la présidente de la Section DorisLussier, Agathe Boyer, a félicité chaleureusement les participants pour leurs efforts et a présenté à chacun un certificat de persévérance. Ses brochures sur le fleurdelisé ont suscité un vif intérêt. Nombre de drapeaux québécois furent distribués. De son côté notre vice-président, Roger Fournier, offrait en prix trois ouvrages dont Vivre ensemble : éloge de la différence et le Fabuleux roman d’un pays de Roch Carrier. La bibliothèque offre un point de rencontre idéal à ces adultes désireux d’apprendre la langue française et qui ont déjà atteint les niveaux intermédiaire ou avancé. Cela facilite grandement leur intégration à la société québécoise. Nicole Proulx

Le Prix Louis-Philippe-Hébert de la SSJB pour les beaux-arts décerné à Marcel Barbeau par Christian Gagnon

La prestigieuse liste des récipiendaires du Prix Louis-Philippe-Hébert s’est enrichie d’un autre grand nom, le 23 mai dernier. Devant une foule compacte, le peintre et sculpteur Marcel Barbeau s’est vu décerner ce prix de la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de Montréal pour les beaux-arts. Lors de cette soirée, le faste s’était donné rendez-vous au salon LaurentOlivier-David. En effet, le temps d’une journée, de nombreuses toiles de l’artiste, dont certaines inédites, sont venues donner à la maison LudgerDuvernay une atmosphère flamboyante comme elle ne l’avait sans doute jamais eue auparavant. La rumeur maintes fois chuchotée ce soir-là veut que la valeur des murs de la vénérable demeure ait alors sursauté de 125 000 $, un chiffre qui n’a surpris personne sur place, tant ces œuvres étaient envoûtantes. La soirée s’est poursuivie au salon Jacques-Viger où le président général de la SSJB, Mario Beaulieu, a officiellement remis le Prix Louis-Philippe-Hébert à monsieur Barbeau. C’est d’abord un hommage très senti qui a été rendu à l’artiste par André Marion, directeur du Musée d’art contemporain des Laurentides, là où a été présenté une exposition rétrospective de l’artiste au printemps 2012. Puis, Mario Beaulieu a indiqué dans son allocution, qu’après avoir exposé ses œuvres partout dans le monde et y avoir reçu de multiples honneurs, il ne manquait à monsieur Barbeau que la reconnaissance de ses compatriotes du Québec. Le président général s’est également plu à souligner que l’artiste honoré était un sympathisant indépendantiste de la première heure, lui qui est l’auteur de la sculpture Liberté, liberté chérie trônant au sommet du Mémorial des prisonniers d’opinion d’octobre 1970 érigé en 2010 devant la Maison Ludger-Duvernay. Il aurait pu ajouter qu’au début des années 1960, Marcel Barbeau a aussi écrit deux articles dans la Revue socialiste pour l’indépendance du Québec et la libération prolétarienne nationale des Canadiens français. Dans le numéro d’hiver 1959-1960, son texte intitulé Face à la Meute racontait tout l’ostracisme que lui et d’autres francophones avaient subi en Colombie britannique, du fait de leur langue maternelle. Prenant aussi la parole, l’historienne de l’art et épouse de l’artiste, Ninon Gauthier, a exprimé combien il était pour son mari un honneur de recevoir ce prix. Madame Gauthier a aussi souligné en souriant que lors de la proclamation de la Loi sur les mesures de guerre du 16 octobre 1970, Marcel Barbeau était en Californie, et que par erreur, c’est un autre homme s’appelant lui aussi Marcel Barbeau qui avait été victime de la tristement célèbre rafle policière. La cérémonie s’est terminée avec la courte, mais allégorique prise de parole de monsieur Barbeau, tenant avec fierté la médaille Bene Merenti de Patria de la SSJB. L’homme de 88 ans a conclu son discours en disant que tout au long de sa longue carrière, par sa démarche artistique, il n’avait recherché que la joie, et je vous la souhaite. Il a ensuite été rejoint à l’avant-scène par plusieurs autres proches, dont sa fille, la cinéaste Manon Barbeau. C’est lors de sa réunion du 7 novembre dernier que le Conseil général de la SSJB avait décidé de décerner son prix des beaux-arts à Marcel Barbeau, mais la préparation de l’assemblée générale annuelle et l’actualité trépidante n’avaient pas permis d’organiser plus tôt la soirée de remise du prix. Le président Mario Beaulieu était donc heureux que l’événement se soit enfin tenu. Pionnier du courant automatiste et de l’avant-garde en arts visuels, Marcel Barbeau est sans contredit l’un des grands créateurs de l’histoire du Québec. Né en 1925 à Montréal, il a contribué à construire le Québec moderne autant par son art que par son sens de la liberté. Signataire en 1948 du manifeste Refus global avec Paul-Émile Borduas et ses autres collègues automatistes – dont plusieurs récipiendaires du prix Louis-Philippe-Hébert –, monsieur Barbeau s’est fait connaître comme l’un des plus illustres représentants de ce courant et d’une forme d’art transdisciplinaire et multiforme. Prolifique, il a réalisé plus de 4000 œuvres dans presque tous les domaines des arts visuels. On peut d’ailleurs admirer ses œuvres monumentales d’art public au Musée plein air et au port de plaisance de Lachine. Récipiendaire de plusieurs prix et de nombreuses bourses, ses œuvres se sont retrouvées dans les grandes expositions internationales ainsi que dans les expositions locales et les galeries publiques. Par exemple, en 2013, ses œuvres ont été exposées au Musée d’art moderne de la Ville de Paris comme au Museo de Bellas Artes de Bilbao, en Espagne. À Montréal, une autre exposition rétrospective consacrée à Marcel Barbeau était présentée ce printemps à la galerie d’art Michel-Ange. Depuis 1971, le Prix Louis-Philippe-Hébert est remis à des artistes d’exception ayant fait rayonner la culture québécoise à travers le monde. Parmi les récipiendaires figurent Jean-Paul Riopelle, Alfred Pellan, Sylvia Daoust, Marcelle Ferron, Fernand Leduc, Pierre Gauvreau, Charles Daudelin, le Père Wilfrid Corbeil, Jocelyne Alloucherie, Jean-Paul Lemieux, Ulysse Comtois, Serge Lemoyne, Pierre Ayot, Claude Gosselin, Léon Bellefleur, Micheline Beauchemin et Jacques de Tonnancour. ••• Dixième édition de la Journée nationale des patriotes

SUR LES PAS DES PATRIOTES Le 20 mai dernier, à différents endroits du Québec, des événements ont été organisés pour rendre hommage à nos Patriotes qui ont défendu les idéaux de liberté et de démocratie. Il y a de cela dix ans, la Société Saint-Jean-Baptiste avait organisé les premières festivités pour la Journée nationale des patriotes. Encore une fois cette année, elle a fait les choses en grand en invitant la population à un programme en deux volets : une première partie historique, suivie d’un grand spectacle. En début d’après-midi, des centaines de personnes ont répondu à l’invitation et se sont rassemblées à la place Émilie-Gamelin. De là, ils ont entamé une marche dans les rues du Vieux-Montréal. Véritable circuit patrimonial, cette marche était entrecoupée de capsules de théâtre présentées par des comédiens qui ont fait revivre des personnages historiques du temps des patriotes. Les marcheurs de tous âges, les uns brandissant le drapeau des Patriotes, les autres celui du Québec, ont poursuivi leur chemin jusqu’à la place d’Youville où avait lieu le grand spectacle qui clôturait cette journée de festivités. Animé par le conteur Éric Michaud, le spectacle mettait en vedette le chanteur sénégalais Oumar Ndiaye et le populaire duo Alfa Rococo.

Julie Bélanger, animatrice des ateliers, entourée des participants arborant fièrement leurs certificats de la SSJB. À droite, la présidente de la section Doris-Lussier, Agathe Boyer. (Photo : Nicole Proulx)

Très heureux de participer à la fête, Oumar Ndiaye a présenté à la grande joie des spectateurs une version toute en rythmes africains de la chanson La complainte du phoque en Alaska de Beau Dommage. Justine Laberge et David Bussières, membres du duo Alfa Rococo, ont ensuite joué plusieurs de leurs succès et fait danser la foule. Voyez des photos de l’événement à la page 7.

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FRANCINE OUELLETTE Prix Ludger-Duvernay

MARCEL BARBEAU Prix Louis-Philippe-Hébert

André Marion, Mario Beaulieu, Marcel Barbeau et Ninon Gauthier. (Photo : Mathieu Breton)

Yves Beauchemin, Francine Ouellette et Mario Beaulieu. (Photo : Mathieu Breton)

Marcel Barbeau, peintre et scuplteur, a été un des signataire du Refus global en 1948. (Photo : Mathieu Breton)

L’art contemporain a le mérite de susciter le questionnement chez l’observateur. (Photo : Mathieu Breton)

Francine Ouellette et Denys Charbonneau de la Société des Québécoises et Québécois des HautesRivières, lors d’une conférence à Mont-Laurier. Jonathan Lemire, historien, a collaboré avec Francine Ouellette pour le roman En 1837, j’avais 17 ans. (Photo : Yves Déry)

Les Automatistes cherchaient à renouveler le langage artistique. (Photo : Mathieu Breton)

Daniel Lessard qui animait auparavant Les coulisses du pouvoir à Radio-Canada, et Francine Ouellette au Salon du livre de l’Outaouais.

Marcel Barbeau et Paolo Philpot. (Photo : M. Breton)

Marcel Barbeau a souligné que sa démarche artisque est motivée par la recherche de la joie. (Photo : M. Breton)

Le geste artistique est une force qui résiste aux étiquettes pour mieux se réinventer. (Photo : Mathieu Breton)

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DIXIÈME ÉDITION DE LA JOURNÉE NATIONALE DES PATRIOTES

Les participants à la marche des patriotes se sont réunis à la place Émilie-Gamelin. (Photo : M. Breton)

Des comédiens ont fait revivre les patriotes. (Photo : M. Breton)

Plaque commémorative de Joseph Papineau dans le Vieux-Montréal. (Photo : Mathieu Breton)

Le duo Alfa Roccoco a entraîné la foule sur ses rythmes dansants. (Photo : M. Breton)

Un des comédiens personnifiant les patriotes devant le monument à la mémoire de Jean-Olivier Chénier. (Photo : M. Breton)

Quelques-uns des comédiens et le metteur en scène des capsules théâtrales, Denis Trudel. (Photo : M. Breton)

Le Vieux-Montréal a vu ses rues envahies par les participants de la Journée nationale des patriotes, à la surprise des touristes. (Photo : M. Breton)

L’auteur, compositeur et interprète sénégalais Oumar Ndiaye, dit Xosluman. (Photo : M. Breton)

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Année fructueuse au Mouvement Montérégie français par Pierre Pichette Le Mouvement Montérégie français (MMgief ) a été créé au printemps 2009. Le Mouvement est né de la collaboration entre divers intervenantes et intervenants de la société civile. Il est un membre régional à part entière du Mouvement Québec français dont il assume la vice-présidence.

LES ANCIENS PRÉSIDENTS DE LA SSJB

Georges-René SAVEUSE de BEAUJEU

Ah, seigneur ! Un comte comme président ! par Jean-Pierre Durand 9 juillet 1755. Rappelons que cette fameuse bataille, qui eut cours lors de la guerre de Sept Ans, se termina par une cuisante défaite des Britanniques opposés à l’alliance de l’armée française, de la milice canadienne et de leurs alliés amérindiens. Le général britannique Edward Braddock qui mena l’expédition contre le fort Duquesne fut tué et c’est le jeune colonel George Washington qui dirigea la retraite.

Ses objectifs généraux sont reliés à la promotion et à la défense de la langue française en collaboration avec les divers organismes poursuivant les mêmes buts. Et, après avoir identifié les différentes problématiques reliées à la promotion et à la défense de la langue française, il se doit de lancer un appel à la mobilisation et à l’action. Au niveau organisationnel, compte tenu de la grandeur de son territoire d’une part et de la volonté du MMgief d’impliquer activement toutes les personnes intéressées à sa cause d’autre part, le Mouvement a développé une structure organisationnelle sous-régionale. Nous pouvons compter, à ce jour, quatre mouvements français sous-régionaux dont le Mouvement Pierre-de-Saurel français, le Mouvement Champlain français (Brossard), le Mouvement JeanBaptiste-Hertel français (Vallée du Richelieu) et le Mouvement Saint-Basile-Saint-Bruno français. Comme nous le verrons plus loin, nous entendons développer en 2013-2014 des comités français dans l’agglomération de Longueuil et dans le Suroît. La problématique du français dans la région est fortement marquée par sa proximité de Montréal et des États-Unis, par la présence d’enclaves anglophones dans certains secteurs de la région, par la dispensation de cours en anglais dans des cégeps de langue française et, par le fait qu’elle a accueilli 8,5 % des immigrants au Québec entre 1997 et 2006 dont seulement 26,3 % étaient d’expression française. Il nous semble important de mentionner ici que la région compte quinze organismes reconnus bilingues dont un seul, la municipalité de Hudson, avec une majorité de 66,17 % d’anglophones, peut justifier légalement son statut bilingue. Au sommaire des activités principales menées par le Mouvement Montérégie français en 2012-2013, mentionnons les dossiers suivants : affichage, Francofête, mémoire quant au projet de loi 14, mise sur pied de comités sous-régionaux, MMgief, et réseautage avec les individus et organismes sympathisants et activités managériales du mouvement. AFFICHAGE L’année 2012-2013 fut sans contredit pour le MMgief celle du dossier affichage. En effet, durant l’été nous avons entrepris, avec l’aide de plusieurs collaborateurs et collaboratrices, un survol de la problématique de l’affichage couvrant près de 80 % du territoire de la Montérégie. Un dossier intitulé Les mille et un manquements à l’esprit et à la lettre de la loi 101 quant à l’affichage en Montérégie fut produit et remis à l’Office québécois de la langue française lors de deux conférences de presse, l’une en août 2012 à Brossard et, l’autre, à Montréal en septembre de la même année. Un résumé fut aussi publié dans l’édition du Patriote de décembre 2012. La base de notre analyse repose sur la règlementation de la loi 101 où il est mentionné que ne correspond pas à la loi une affiche écrite dans une autre langue que le français, ne comportant aucun descriptif en français et où le français n’apparaît pas comme prioritaire. Après plusieurs mois, l’Office commença à nous livrer les résultats de ses analyses. La plupart de nos plaintes furent rejetées en fonction de l’article 25.3 du règlement concernant les toponymes, patronymes, prénoms qui peuvent être rédigés uniquement en anglais, et ce, aux dépens des articles sur la priorité pour une affiche d’avoir un descriptif en français et de donner priorité au français! Le MMgief s’est en outre joint à un comité coordonné par le MQF incluant d’autres organismes qui se sont impliqués dans ces dossiers dont, entre autres, le Comité Jeunesse de la SSJB et la section Nicolas-Viel de la SSJB. Le MMgief dans son Mémoire quant au projet de loi 14 a fait des recommandations à Madame de Courcy déplorant la trop grande marge de manœuvre de l’Office dans l’interprétation de la loi 101 et, quant à la nécessité de prioriser les articles de loi concernant le descriptif et la priorisation du français. FRANCOFÊTE Le comité Pierre-de-Saurel français a repris le flambeau de la Francofête. Il a organisé durant la semaine de la francophonie une série d’activités éducatives et festives. La semaine s’est achevée le vendredi 22 mars 2013 par une superbe soirée où les orateurs furent accompagnés par des musiciens et chanteurs. Il est bon de mentionner ici que le comité PSf est demeuré actif pendant toute la période couverte par ce rapport. Il est en effet responsable d’une chronique dans un journal local et il organise de nombreuses conférences. MISE SUR PIED DE COMITÉS SOUS-RÉGIONAUX Le MMgief a mis sur pied deux nouveaux comités dont celui de Jean-Baptiste-Hertel pour la région de la Vallée du Richelieu et celui de la région de Saint-Basile–Saint-Bruno. Le comité JB-Hertel a entrepris le développement d’un projet intitulé Une culture qui s’entend et qui vise à franciser la musique que l’on peut entendre dans divers commerces. Le comité Saint-Basile–Saint-Bruno quant à lui, en collaboration avec le Club Richelieu, a développé un projet afin de souligner l’importance de l’enseignement et de l’apprentissage du français. Des prix sous forme de livres québécois sont remis aux lauréats du concours Méritas dans les écoles secondaires de la région. Mentionnons finalement que le comité, en étroite collaboration avec la SNQ-Chambly, participa à l’organisation d’une conférence à SaintBasile le 28 février, portant sur le projet de loi 14. MOUVEMENT QUÉBEC FRANÇAIS ET AUTRES ACTIVITÉS DE RÉSEAUTAGE Le MMgief a continué à siéger au conseil d’administration du MQF et à participer à ses nombreuses activités. Le mouvement a aussi collaboré étroitement avec la SSJB de Montréal et, plus, particulièrement avec ses sections Pierre-Lemoyne-d’Iberville et Doris-Lussier. MÉMOIRE PROJET DE LOI 14 Le Mouvement Montérégie français a produit un mémoire dans le cadre de la loi 14 qui fut présenté à la commission parlementaire ad hoc à Québec le 26 mars 2013. Le mémoire est basé sur une expérience pratique du MMgief quant aux institutions bilingues, à l’affichage

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Aurais-je été tenté d’adhérer à la SSJB en 1862, à l’époque où son président était nul autre qu’un seigneur du nom de GeorgesRené Saveuse de Beaujeu ? Mon petit doigt me dit que non, d’autant que le système seigneurial, maintenu par les autorités britanniques avec l’Acte de Québec (1774), représentait la hiérarchie et l’inégalité sociale par excellence. Pas très « solidaire » comme concept ! N’empêche que, tout bien considéré, l’idée de pouvoir fraterniser avec un Mario Saveuse de Beaulieu n’aurait peutêtre pas été si désagréable que cela… mais, assez rêvé ! Autres temps, autres mœurs.

G.R. étudia au Petit Séminaire de Montréal de 1820 à 1825. À vingt-deux ans, à la suite du décès de son paternel, il devient propriétaire du fief de la Nouvelle-Longueuil, qui débordait la frontière du Bas-Canada, et de la seigneurie de Soulanges. Cette annéelà, à Saint-Jean-Port-Joli, il épouse AdélaïdeCatherine-Suzanne, fille cadette de PhilippeJoseph Aubert de Gaspé, seigneur, avocat et écrivain (auteur des Anciens Canadiens), et de Suzan Allison. Que fait-on quand on est riche et bien marié ? Eh bien, G.R. choisit de s’établir à Côteau-du-Lac et y fait ériger un manoir. C’est la dolce vita (aujourd’hui on dirait la « grosse vie sale ») et toute la progéniture qui s’ensuivra dans l’allégresse.

Georges-René Saveuse de Beaujeu – appelons-le G.R. pour plus de commodité – est né à Montréal le 4 juin 1810. Il était le fils de Jacques-Philippe Saveuse de Beaujeu, protonotaire et seigneur, et de Catherine Chaussegros de Léry, elle aussi, comme son nom le laisse facilement deviner, une grosse pointure. Bref, il est né avec une cuiller d’argent dans la bouche.

En 1846, à la mort de son oncle paternel, il hérite du titre de comte de Beaujeu. Sous le gouvernement de Louis Hippolyte La Fontaine et de Robert Baldwin, il accéda, en 1848, au Conseil législatif, comme son père avant lui. Le conseil étant devenu électif en 1856, il y fut réélu aux élections de 1858 et 1862 pour la division de Rigaud. Président de la Chambre d’agriculture du Bas-Canada, lieutenant-colonel du 8e bataillon de milice de Montréal, il fut aussi l’un des fondateurs en 1858 de la Société historique de Montréal. C’est en 1862 qu’il fut élu comme 15e président de la SSJB… mais pour une année seulement.

Pour nous remémorer notre histoire, qui comme on sait, avec les mots inspirés d’Adolphe-Basile Routhier, est une épopée, G.R. se trouve à être le descendant en ligne directe du capitaine de Beaujeu qui se fit héroïquement tuer à la Monongahéla (à l’emplacement de l’actuelle ville de Pittsburgh, en Pennsylvanie), le

Georges-René Saveuse de Beaujeu mourut le 29 juillet 1865, à son manoir de Côteau-duLac, à l’âge de Liberté 55. On dit qu’il avait de nombreux enfants, dont trois filles qui devinrent religieuses, un fils qui fut député de Soulanges et un autre qui dépensait sans compter et qui mourut pauvre comme Job. Mais on dit tellement de choses… •••

et au fonctionnement de l’OQLF. Les principales recommandations concernent donc ces trois sujets. Nous invitons le lecteur intéressé à consulter notre mémoire sur le site du MMgief/MQF. ACTIVITÉS MANAGÉRIALES DU MMGief Il ne faudrait pas négliger ici l’ensemble des activités managériales conduites par les membres bénévoles du conseil d’administration dont la planification annuelle, l’élaboration de projets et leur évaluation, le financement, le recrutement, l’information, et, même, le collage de timbres sur les enveloppes! Toutes ces activités furent encadrées par la tenue de sept conseils d’administration. PRIORITÉS 2013-2014 ET... APPEL AUX SYMPATHISANTS Les comités sous-régionaux du Mouvement Montérégie français ont planifié les principaux projets suivants pour l’annéee 2013-2014 : - Le comité Pierre-de-Saurel français : organisation et tenue d’activités dans le cadre de la semaine de la francophonie. - Le comité Saint-Basile–Saint-Bruno français : organisation et participation au concours Méritas avec les écoles secondaires de la région; - Le comité Jean-Baptiste-Hertel français : organisation et tenue d’activités reliées à la Journée nationale des patriotes et le développement du projet Une culture qui s’entend. - Le comité Champlain français : réorganisation du comité et développement d’une planification. Principaux objectifs du MMgief - Mettre en place en priorité un comité français dans l’agglomération de Longueuil et dans le Suroît. - Combattre le bilinguisme institutionnel. Plus précisément, développer et mettre en œuvre un projet de francisation des institutions bilingues en Montérégie en général et, dans l’agglomération de Longueuil, en particulier. Nous aimerions terminer cette présentation de nos activités 2012-2013 en lançant un appel à tous nos sympathisants-es et en les encourageant à s’impliquer activement dans notre mouvement, et ce, partout en Montérégie évidemment, mais plus particulièrement dans l’agglomération de Longueuil et dans le Suroît. •••


Jeanne Mance doit se retourner dans sa tombe

Sauvons l’Hôtel-Dieu de Montréal ! par Christian Gagnon

Amir Khadir prenant la parole au cours de la manifestation. (Photo : Christian Gagnon)

Ils ont été nombreux à répondre à l’appel lancé par le syndicat des employés du CHUM pour manifester contre les intentions du gouvernement du Québec de fermer l’Hôtel-Dieu de Montréal et de vendre ses bâtiments pour financer la construction du méga-centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). Rassemblés le 17 mai dernier, jour anniversaire de fondation de la ville, les manifestants étaient ahuris de voir cette institution fondatrice de Montréal, riche de 371 ans d’histoire, risquer de s’éteindre d’un seul petit coup de crayon du Conseil du Trésor. Est-il pensable que certains froids bureaucrates et politiciens à courte vue soient à ce point aveuglés par leurs colonnes de chiffres qu’ils mettent à mort l’Hôtel-Dieu, né en 1642, la même année que la ville elle-même? Il semble bien que oui. Et pourtant, le nouveau méga-CHUM nous est présenté comme un hôpital de 4e et 5e lignes. Sur-spécialisé et à vocation nationale, il ne contribuera que bien partiellement à la diminution des trop longues listes d’attente, notamment pour de nombreuses chirurgies. La crise des urgences montréalaises risque donc de s’aggraver advenant la fermeture de l’Hôtel-Dieu. Depuis quelques années, plus de 50 millions de dollars ont étés investis à l’Hôtel-Dieu, notamment pour lui donner des départements – dont celui de la cardiologie – à la fine pointe de la technologie. Et il apparaît bien illusoire de s’imaginer que la liquidation de l’HôtelDieu comblera significativement le gouffre financier du ruineux partenariat publicprivé du CHUM, un chantier dont la facture s’élève maintenant à 3,4 milliards de dollars (127 % de plus que les estimations faites au départ). En 2006, Montréal a célébré en grandes pompes les 400 ans de la naissance de Jeanne Mance, première infirmière laïque en Amérique du Nord. Entre 1642 et sa mort en 1673, le rôle de cette femme dans

la survie de Ville-Marie et de la NouvelleFrance toute entière est si grand que l’an dernier, la Ville reconnaissait Jeanne Mance comme co-fondatrice de Montréal, aux côtés de Paul Chomedey de Maisonneuve. Si l’exécution sommaire de son œuvre principale qu’est l’Hôtel-Dieu devait se concrétiser, cela constituerait une aberration aussi contradictoire qu’incohérente. Mais ce qui surprend davantage, c’est que cette intention dépourvue de la moindre sensibilité patrimoniale soit issue d’un gouvernement souverainiste. On ne s’en étonnerait pas du PLQ de Philippe Couillard ou de la CAQ de François Legault. Mais faisant face au déluge de propagande identitaire canadienne déversé au Québec par les conservateurs fédéraux, le PQ de Pauline Marois ne réalise-t-il pas que de rayer de la carte de Montréal ce fort symbole identitaire des Montréalais francophones revient à se rendre complice de l’entreprise du gouvernement Harper? Le Parti Québécois n’a-t-il donc pas pris leçon des 400 ans de Québec, du Jubilé de diamant d’Elizabeth II et du bicentenaire de la guerre de 1812? Rappelons au passage qu’au début des années 1990, le ministre libéral de la Santé Marc-Yvan Côté avait entrepris de fermer l’Hôtel-Dieu pour déménager toutes ses ressources dans un bâtiment à construire dans la circonscription de Jean-Claude Gobé, alors député libéral de Rivière-desPrairies. Le PQ s’était vigoureusement opposé à ce déracinement de la vénérable institution. À l’époque, l’ex-ministre Marc Lalonde, ancien exécutant des basses besognes de Pierre-Elliot Trudeau et grand artisan du fiasco de l’aéroport Mirabel, siégeait au conseil d’administration de l’Hôtel-Dieu et était de toutes les tribunes pour promouvoir ce saugrenu projet. Au terme d’une mobilisation épique à laquelle avaient grandement contribué les docteurs Jacques Papillon (décédé en 2011) et Michel Bergeron (professeur émérite à l’Université de Montréal), le gouvernement de Robert

Des employés du centre hospitalier ont pris position en faveur de l’Hôtel-Dieu. (Photo : Christian Gagnon)

Le docteur Nicolas Bergeron, président de Médecins du Monde Canada et médecin pratiquant à l’Hôtel-Dieu, ainsi que le docteur Michel Bergeron, professeur émérite de la faculté de médecine de l’Université de Montréal, se sont joints à titre personnel aux protestataires. (Photo : Christian Gagnon)

Bourassa avait finalement reculé. Candidat défait de la CAQ en 2012, Jean-Claude Gobé tentera de se faire élire au poste de maire à Laval aux élections municipales de novembre prochain. Le docteur Michel Bergeron était de retour au combat le 17 mai dernier, haranguant la foule de manifestants réunis devant cet Hôtel-Dieu à nouveau en péril et où il a pratiqué durant plus de trente ans. C’est ce même Michel Bergeron qui, dans Le Devoir du 1er mars dernier, suggérait aimablement à la chancelière de l’Université McGill, de retarder les travaux du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) afin de ne pas en faire payer la dérive financière à toutes les autres facultés de l’université anglophone, et même aux autres universités du Québec. Mais voilà que c’est aujourd’hui l’HôtelDieu, l’un des rares hôpitaux francophones de l’Ouest de Montréal, qu’on veut sacrifier pour sauver le CUSM du naufrage. Est-il nécessaire de rappeler que pour la dernière année, le CUSM affichait à lui seul un déficit de 125 millions de dollars, soit l’équivalent des déficits réunis de tous les autres hôpitaux du Québec? Faut-il souligner à nouveau que la moitié des médecins formés à McGill quittent le Québec moins d’un an après la fin de leurs études? Que 45 % du financement pour la construction des mégahôpitaux est consacré au CUSM alors que la communauté anglophone ne compte que pour 8 % de la population québécoise? Que la Fondation canadienne pour l’innovation a versé 125 millions de dollars à McGill et pas un sou au CHUM? Et pour compléter le tableau, le 28 mai dernier, l’ex-directeur du CUSM Arthur

Porter a enfin été arrêté au Panama. Il fait aujourd’hui face à de graves accusations de fraude, complot, abus de confiance, commissions secrètes de plusieurs millions de dollars et blanchiment d’argent à la suite du truquage de l’appel d’offre pour le contrat de construction du CUSM accordé à SNC-Lavalin. En 1988, le collège Dawson s’est installé dans les murs de la majestueuse maison-mère de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal, fondée en 1657 par Marguerite Bourgeoys. En 2004, l’Univer­ sité Concordia a fait main basse sur la magnifique maison-mère des Sœurs grises pour y installer sa Faculté des beaux-arts. La Congrégation des Sœurs grises a été fondée par Marguerite d’Youville en 1737. Pour que les Francophones réagissent, faudra-t-il que quelques années après sa fermeture, l’HôtelDieu soit avalé par l’Université McGill, tout juste de l’autre côté de l’avenue du Parc? La mobilisation ne fait que commencer. Il n’est pas dit qu’alors que Montréal prépare pour 2017 la célébration de ses 375 ans, l’HôtelDieu disparaîtra en tant qu’institution sans que les bénéficiaires montréalais de services de santé en français ne livrent une chaude lutte. S’il y a un hôpital de trop dans la métropole, ce n’est pas l’Hôtel-Dieu. •••

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FLORILÈGE CULTUREL Cette chronique n’a aucune prétention, si ce n’est de vous proposer des lectures, des sorties ou des disques susceptibles de combler vos attentes.

Le mot juste... Pour l’amour du français par Élaine Des Lauriers

À LIRE En 1930, deux prospecteurs canadiens-français explorent les rives du Grand lac de l’Ours, dans les Territoires du NordOuest, à la recherche d’un minerai à haute teneur en argent, la fleur de cobalt. Le voyage en hiver comporte son lot de souffrances et d’événements dramatiques, mais la découverte de pechblende sur le site de la mine d’argent fait d’eux des hommes riches et heureux. L’uranium que contient la pechblende servira toutefois à la bombe atomique qui détruira Hiroshima. Dès lors, a-t-on le droit d’être heureux ? Où s’arrête la responsabilité de chacun devant le crime de guerre ? Ce récit nordique, basé sur une histoire vraie, qui s’intitule FLEUR DE COBALT, est l’œuvre de l’écrivain mauricien René Boulanger (l’auteur notamment d’un livre d’entretiens avec Pierre Falardeau et de l’essai La bataille de la mémoire). On peut se le procurer pour 19,95$ (prix suggéré) en librairie ou encore en ligne sur le site de l’éditeur editions.lequebecois.info. J’ai connu Madeleine Gagnon au début des années soixante-dix à l’UQAM, alors que j’étais étudiant et qu’elle y enseignait. L’un de mes compagnons de classe s’était amouraché d’elle au point de quasiment la harceler. Mais celle-ci avait alors son amoureux et nul besoin d’un blanc-bec (qui plus est, de 15 ans son cadet) pour lui faire la cour ! Alors, l’autre soir, quand mon ami m’a téléphoné pour me dire tout le bien qu’il pensait du récit autobiographique de Madeleine Gagnon, DEPUIS TOUJOURS (Boréal, 2013), une auteure qui nous a déjà donné poèmes et romans encensés par la critique, je n’ai pas résisté à le taquiner sur son béguin d’antan pour « Madeleine ». Quarante années déjà ! Que le temps passe vite ! Mais, tu sais, JeanPierre, elle raconte dans son livre qu’elle s’est découverte amoureuse des femmes. Une sortie du placard, autrement dit ! Mon ami, qui ne s’expliquait pas à l’époque le refus de cette femme devant ses avances, avait enfin la réponse à sa question existentielle : Madeleine était aux femmes ! Ce n’était donc pas son charme qui n’avait pas opéré. Douce consolation… mais cela aura mis du temps ! À FAIRE Des choses à faire et à voir, il y en a tant et tant que tout un numéro du Patriote n’y parviendrait pas. Moi-même, j’ai plusieurs projets en vue et, comme je suis handicapé, j’en exclus tous les sports extrêmes. Voici deux suggestions… D’abord celle de visiter la cerisaie Le temps des cerises, située à Charette, en Mauricie. C’est à une heure de Montréal et on peut y goûter une variété de cerises qui poussent au Québec. Il y a même moyen d’en cueillir soi-même à la fin de juillet et au début du mois d’août. Autrement, on se contente de visiter le site (en carriole) et de s’y procurer des produits de la cerise. On se renseigne en se rendant sur le site letempsdescerises.ca ou en téléphonant au 819-221-3055. Quand il pleut, quoi de mieux que le cinéma, et surtout, le cinéma d’ici. Sur nos écrans, à compter du 12 juillet, sortira le film Louis Cyr : L’homme le plus fort du monde, du réalisateur Daniel Roby, avec, dans le rôle-titre, le comédien Antoine Bertrand. Louis Cyr (baptisé Cyprien-Noé Cyr) est né le 10 octobre 1863 à Saint-Cyprien-de-Napierville et est mort le 10 novembre 1912 à Saint-Jean-de-Matha. On le considère comme le plus célèbre homme fort canadienfrançais, puisqu’il n’a jamais été défait au pays ou à l’étranger. Il vécut pendant une partie de son enfance à Lowell, au Massachusetts. À ÉCOUTER

Voici quelques expressions utilisées dans de mauvais contextes ou tout simplement empruntées à l’anglais alors qu’il existe des façons bien françaises de les exprimer. Expression fautive

Bonne expression

Acte de Dieu

Cas de force majeure Force majeure Événement fortuit

Calque de « act of God ». On voit cela souvent dans les contrats d’assurance pour parler d’un événement fortuit, c.-à-d. imprévisible, comme un tremblement de terre, une tornade, une inondation, etc. Certificat de naissance

Acte de naissance, extrait de naissance, extrait de baptême

Calque de « birth certificate ». On dira « J’ai dû fournir mon acte de naissance pour obtenir mon passeport ». Possibilités

Alternative

Le terme alternative renvoie à deux choses entre lesquelles il faut choisir. On dira ainsi « J’hésitais devant l’alternative suivante : partir ou rester. Je suis restée et ne l’ai pas regretté ». Lorsqu’on fait face à plusieurs options, on parlera plutôt de possibilités. Année longue, journée longue

Longueur d’année Longueur de journée

Calque « All year long » et « all day long ». On dira plutôt, par exemple, « Le parc est ouvert à longueur d’année ». Argent

Argents

On entend encore trop souvent parler « des argents passées de mains en mains » alors que le mot argent est masculin… et singulier. On employait « argents » au sens de « sommes » dans le passé. Ce pluriel est revenu à la mode semble-t-il avec la Commission Charbonneau. À proscrire. Fenêtre en saillie

Bay window

Voilà un terme anglais utilisé trop souvent. Il suffit de consulter les sites immobiliers pour le retrouver. On dira plutôt « Salon spacieux avec foyer et fenêtre en saillie ». Bed and breakfast

Gîte touristique

Voilà un autre terme anglais employé régulièrement. Certains parlent de « gîte du passant », mais c’est une marque de commerce utilisée par Agricotours. D’autres ont opté pour « Café-couette » qui est cependant le nom d’une chaîne commerciale en France. Gîte touristique est le terme recommandé par l’Office québécois de la langue française. En bout de ligne

En fin de compte, finalement En bout de compte, en définitive

Voilà une expression qu’on entend souvent alors qu’il existe plusieurs options pour exprimer l’idée. On dira ainsi « En fin de compte, je suis allée chez mes parents. » Source : Camil Chouinard 1300 pièges du français parlé et écrit au Québec et au Canada, Éditions Libre Expression, 2001.

Activités des sections

23e édition du Concours d’histoire nationale de la section Pierre-Le-Gardeur Le 23e concours d’histoire nationale couronnait ses lauréats le 7 mai dernier à Repentigny devant quelque 150 personnes.

De ce temps-ci, j’écoute de tout, comme d’habitude. Mais si je n’avais qu’une suggestion à vous faire, c’est de redécouvrir et de réentendre les chansons de JEAN FERRAT. On ne s’en lasse jamais. J’avais déjà quelques disques quand j’ai découvert le coffret intitulé Jean Ferrat Best of 3 CD (svp, ne me grondez pas, car je n’ai pas choisi le titre… mais, rassurez-vous, c’est tout en français). On y entend toutes ses immortelles, parmi lesquelles juste l’évocation des titres vous semblera familière : Aimer à perdre la raison, Que serais-je sans toi, C’est beau la vie, Potemkine, Ma France, Camarade… Ai-je vraiment besoin de vous donner d’autres titres pour vous convaincre de vous le procurer ?

Le concours comptait deux parties cette année. La première, proposée aux élèves de 3e secondaire de la région de Repentigny-Terrebonne, consistait en un petit test de cinq questions simples sur le thème de cette année : Les Patriotes de 1837-1838. Une centaine d’élèves de deux écoles y ont pris part, dont plus de 90 % ont réussi l’épreuve (au moins quatre bonnes réponses sur cinq). Un prix de 100 $ et quatre de 50 $ ont été tirés parmi eux.

Jean-Pierre Durand

Nous sommes heureux, car le concours a atteint encore cette année une bonne partie de ses objectifs.

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En 4e secondaire, le concours revêtait la forme traditionnelle d’une épreuve de vingt questions sur l’ensemble de l’histoire du Québec et d’une composition de deux à trois pages sur un sujet relié aux patriotes. Sur une inscription initiale d’une cinquantaine d’élèves de trois écoles, dix-huit se sont rendus jusqu’au bout et ont soumis textes et questionnaires. Dix d’entre eux ont reçu des prix d’excellence s’échelonnant de 20 $ à 250 $. Le grand gagnant, un élève de l’école Armand-Corbeil de Terrebonne, Charles-Antoine Lebœuf, a présenté un texte remarquable intitulé Le souffle d’un peuple. Cet écrit, certainement un des trois meilleurs soumis au concours en vingt-trois ans, vaut la peine d’être publié et c’est pourquoi nous le reproduisons à la page suivante.

Claude Richard


LE SOUFFLE D’UN PEUPLE Par Charles-Antoine Lebœuf Le vent soufflait, soufflait, soufflait, et il charriait les cris de la victoire. Sur cette terre battue par le vent, à mille lieues sous le ciel bardé de nuages, de petits bonhommes armés de faux avaient battu le plus grand Empire du monde. Le cœur gonflé d’espoir, ces Patriotes avaient pris les armes, rêvant d’une nation de couleur canadienne. Sur le bord des rivières, en amont sur leurs terres, leurs yeux brillants portant sur l’horizon, ils avaient voulu être une étoile dans cette voûte déployée au-dessus de leurs têtes. Et c’est dans ce village du Richelieu que leur appel avait été entendu, que leur foi avait trouvé raison. Au son du clairon, ils coururent encore derrière les Habits rouges, brandissant leurs poings en signe de victoire. Tandis que la rumeur de l’exploit de Saint-Denis courait la rivière et que la joie se répandait dans les cœurs, on s’occupa des blessés et on prit soin des morts. Les femmes, les enfants et les vieillards revinrent du bac de Saint-Antoine.1 Les messagers partirent en toute hâte, les tirailleurs s’élancèrent vers un autre pont à abattre et on ramena glorieusement la pièce de campagne gagnée. Et pendant ce temps, les bourrasques de l’Ouest sifflaient, sifflaient, sifflaient, et elles entraient dans les interstices des maisons. Un homme s’était abrité dans l’une d’elles. Vêtu d’un capot gris, d’un casque et d’une ceinture fléchée reposant fièrement à son côté, il était penché sur un parchemin qu’il grattait de sa plume. Je ne regrette point de m’être engagé chez les Fils de la liberté, écrivait-il. Et de poursuivre, ses pensées se bousculant : L’émotion me prend encore, je la sens qui me serre la poitrine. Je me surprends à penser que nous avons notre chance. L’information s’est propagée tout le long du fleuve. Nelson savait déjà les troupes de Gore en route pour Sorel.2 Je me suis rendu à bride abattue à Verchères peu après le lever du jour. Nous avons rejoint sans mal Saint-Antoine, où nous attendait Georges-Étienne Cartier.3 Mes camarades se battaient depuis le petit jour. Ils manquaient de munitions et leurs bras perdaient de leur vigueur. Nous devions leur prêter main forte. Nous espérions qu’une centaine d’hommes armés d’autant de fusils chargés feraient tourner le vent en notre faveur. Cartier nous informa de la rude nuit qu’avaient passée les Habits rouges : perdus dans le noir, trempés dans la boue glacée, leurs fourgons se prenant dans les ornières. Nous avions notre chance. Une lueur de respect dans les yeux, il nous conta aussi la façon dont Nelson avait organisé ses positions. Il avait placé ses hommes dans sa distillerie, dans quelques maisons et au côté de l’église en embuscade. Ce qu’il avait le mieux réussi, toutefois, c’était la fortification de la grande demeure des Saint-Germain. Là pouvaient entrer une bonne centaine de combattants, tirant des fenêtres tout comme des meurtrières. « Un peu de courage et la victoire est à nous », avait dit Nelson.4 Peu importe la stratégie, je désirais seulement me battre. J’étais né sur cette terre, elle m’avait vu grandir, m’avait nourri, je me devais de la défendre. Jamais plus les champs ne devraient être mis à feu, jamais plus nous subirions les « damned French dogs »5 hurlés à nos oreilles. La terre nous revient, seuls nous devrions en disposer. Or, elle nous est volée par ces Anglais et alors nous nous serrons dans nos rangs, tentant de passer l’hiver. J’ai été un des rares à en sortir. La bonne fortune est venue me chercher. Dernier de ma famille, j’ai reçu le savoir. J’ai été pris en charge à la ville. J’ai suivi les enseignements de la bourgeoisie et j’ai vite compris que leurs idées représentent notre salut. Il y a de cela deux semaines, j’ai assisté aux infâmes agissements du « Doric Club » et cela ne m’a rendu que plus résolu. Pourquoi être dirigés par un peuple étranger au nôtre? De surcroît, un peuple qui n’a aucune honte à détourner des fonds, à piller des foyers, à avilir nos croyances et coutumes. Pas plus tard qu’hier, une vieille dame a été brûlée vive dans sa demeure ancestrale par des volontaires. Ma foi, quel déshonneur! Mon sang bouille encore dans mes veines au souvenir de pareille injustice. Et que dire de l’Association constitutionnelle6 qui ne propose rien de moins que de nous unir au Haut-Canada! Je rêve du jour où nous serons maîtres chez nous, j’ai espoir que nos gens se soulèvent pour renverser ces gredins. Le monde a déjà une place taillée pour nous, cela ne fait aucun doute à mes yeux. Et c’est pour cela que je pris siège dans l’embarcation du passeur avec les miens. L’énergie coulait dans mes veines, me secouait de fond en comble. Ma fébrilité me faisait frissonner. Je sentais qu’on ferait la une de « La Minerve » le lendemain! Nous chantâmes tous ensemble sous les nuages. Avant tout je suis un Canadien retentit bien fort, entonné par Cartier. À la vue de la berge, nous nous tûmes. L’obusier des Habits rouges était tourné vers nous. La première charge des artilleurs emporta une partie du bordage. Le passeur Roberge nous hurla de nous baisser. Je m’étalai à plat ventre sur les planches. Le passeur donnait de frénétiques coups de son aviron disloqué par le boulet. Enfin, nous touchâmes terre. Je déglutis non sans peine. Je rassemblai mon courage et repoussai ma peur. Je relevai la tête et sautai du bac. Je courus vers le village en m’égosillant encore : « EN AVANT! EN AVANT! », devise de nous autres Fils de la liberté7, et les balles éclatèrent à mes pieds. Près de deux cents ans plus tard, le vent se leva à nouveau et il souffla, souffla, souffla. À des kilomètres sous l’air troublé de brume, une foule mouvante se mit en route, rêvant d’une nation affranchie de ses doutes. Un jeune homme se détachait de la masse. Il s’élança au départ et hurla encore à la face du monde, son carré rouge épinglé à sa poitrine, son drapeau flottant derrière lui : « UN PEUPLE INSTRUIT JAMAIS NE SERA VAINCU ». Et ce peuple prenait ses casseroles, dans un charivari qui devait, une fois de plus, être charrié par le vent. ••• 1- KYTE SENIOR, Elinor, Les Habits rouges et les Patriotes, VLB Éditeur, Montréal, 1997, p. 116 2- FILTEAU, Gérard, Histoire des Patriotes, Univers Inc., Montréal, 1980, p. 332 3- Les informations sur la stratégie de Nelson proviennent des sources ci-après. FILTEAU, Gérard, Histoire des Patriotes, Univers Inc., Montréal, 1980, p. 327 Dictionnaire bibliographique du Canada (http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=4624) 4- Autrement dit, « maudits chiens Français », une insulte des Anglais lancée aux Canadiens. OUIMET, André, Journal de prison d’un Fils de la liberté, Éditions TYPO et Georges Aubin, 2006, p. 29 5- Regroupement de sociétés britanniques à Montréal privilégiant l’assimilation des Canadiens-français. KYTE SENIOR, Elinor, Les Habits rouges et les Patriotes, VLB Éditeur, Montréal, 1997, p. 29-30 6- AUBIN, Georges, Journal de prison d’un Fils de la liberté, Éditions TYPO, 2006, p. 12

Activités des sections Section Louis-Riel Les Québécois invités à afficher leur drapeau Il y a quelques années, sous la vigoureuse impulsion de Marius Minier, alors président de notre section, nous avons créé le Prix Pierre-Jacob, remis à un citoyen qui arbore le drapeau québécois devant son domicile. Notre vice-président de section, M. Daniel Dubé, recueille les adresses des différentes maisons répertoriées par les membres de la section. Il choisit au hasard l’adresse gagnante et communique avec le propriétaire des lieux. Le prix Pierre-Jacob 2012 a été remis à M. Francis Larouche, résident de Rivière-desPrairies. Si vous connaissez quelqu’un qui habite notre section (essentiellement Anjou, Pointe-aux-Trembles, Rivière-des-Prairies, Saint-Léonard et Tétreaultville) et qui affiche le Fleurdelisé, vous pouvez envoyer l’adresse à notre vice-président (danieltheodube@ hotmail.com). Notez bien que je lance un amical défi aux autres sections: ne pouvez-vous pas inciter aussi les gens de votre coin de pays à mettre le fleurdelisé en valeur? Tout le Québec en sortira gagnant. Les 23 et 24 juin, venez fêter dans l’Est ! La section Louis-Riel supporte deux fêtes de quartier. Si l’envie vous prend de fêter le 23 juin, il y aura festivité dans l’air à Pointe-aux-Trembles, de 9 h 30 à 17 h, sur le terrain de l’Église Saint-Enfant-Jésus, angle Notre-Dame et Saint-Jean-Baptiste (au sous-sol de l’Église en cas de pluie). Le tout débutera par une messe de la Saint-Jean qui sera suivie par une Grande tablée pointelière et aboutira en une animation des lieux à 13 heures avec clowns, acrobates, danseurs folkloriques (Les danseux) et musique d’ambiance. Le 24 juin, de 10 h à 13 h 15, c’est à Anjou que la traditionnelle fête familiale se tiendra sous le thème Tombola, d’hier à aujourd’hui alors que plein d’activités seront proposées pour tous les jeunes de 7 mois à 77 ans. Notez bien que nous aurons avec nous la plus formidable sculpteure de ballons du Québec, la magnifique Madame Pellerin et le plus affable des maîtres de cérémonie, Monsieur Marc de Repentigny. Le tout se tiendra au parc Roger-Rousseau (angle Chateauneuf et Rondeau). Poètes et poétesses, à vos plumes ! Notre section va de l’avant avec la production d’un recueil de poèmes dont le titre provisoire est LOUIS RIEL, TOUJOURS PRÉSENT Résistance poétique. Nous vous l’avons annoncé dans la dernière édition du Patriote et nous avons commencé à recevoir des poèmes. Toute personne qui se sent inspirée par Riel peut participer. Rappelons ici que Riel a écrit des textes de tout genre et de nombreux poèmes. Malgré ses tâches politiques, ses discours de tout ordre, sa vie familiale et ses périodes de maladie, il a su trouver du temps pour coucher sur papier d’intenses émotions et des pensées profondes. En 1875, alors qu’il est exilé loin de ses Métis et des terres manitobaines, il décrit de façon poignante ses tourments intérieurs dans un poème intitulé Quand on est loin de son pays. Il écrit : À chaque instant du jour, mon âme soupirante, Transporte ses pensées vers la place attirante, Du lieu qui m’a vu naître, Et là je vois malgré, Le sort qui m’en tient séparé, Je parcours en esprit la maison paternelle… Vous pouvez lire le poème en entier dans l’édition de décembre 2012 du Patriote. Certains ont souligné que les poèmes de Riel formaient un pan important de ses luttes de résistance, qu’il narrait ses épisodes de vie dans le contexte d’un peuple écrasé, défavorisé et exploité. Plus d’un siècle plus tard, nous pouvons nous inspirer de ce personnage hors du commun pour, nous aussi, nous exprimer en solidarité avec les peuples de ce monde, dont le nôtre, qui luttent pour leur libération et un monde meilleur. Pour vous inspirer, voici quelques strophes du poème UN HÉROS MALGRÉ LUI écrit par un membre de notre conseil de section, M. Daniel Gingras: Les Anglais ont vu tout le potentiel qu’il y avait depuis 1760, cet espace, ils pensaient qu’ils le possédaient Ils voulurent aller vers l’Ouest voir ce qu’il y avait Ils se mirent à mesurer et à arpenter les terrains Au profit des commerçants et de la Royauté et pas en vain Mais les Métis voulurent échanger pour arriver à une entente Mais il y eut des conflits et cela engendra la mésentente Ils durent se défendre puisqu’on voulait les déposséder Ou bien les exploiter en acquérant les terrains habités Ils se sont regroupés et Louis Riel, ils ont nommé Parce qu’il était instruit et il était rempli de bonté C’est avec le gouvernement provisoire que le Manitoba est né. Votre âme poétique s’enflamme, envoyez-nous vos œuvres ! Pour plus d’informations sur notre recueil de poèmes, communiquez avec nous à citoyen_binette@hotmail.com. Jacques Binette

Les timbres de la Société Saint-Jean-Baptiste Adam

Dollard des Ormeaux (1635-1660) Chaque année depuis dix ans, nous commémorons le combat des patriotes. Mais avant de devenir officiellement la Journée nationale des patriotes, le lundi précédant le 25 mai soulignait les exploits d’Adam Dollard des Ormeaux. En 1660, ce dernier s’est battu contre les Iroquois à Long-Sault, sur la rivière Outaouais, où il périt avec ses seize compagnons. Tous les historiens ne s’entendent pas sur ces exploits, certains mettant en doute la bravoure de Dollard des Ormeaux ou remettant en question ses motivations, d’autres soulignant que les récits furent exagérés. Qu’à cela ne tienne, les Francos-Ontariens quant à eux continuent de fêter Dollard et on les comprend, cela ne doit guère leur tenter de fêter la reine Victoria ! Source : Laurens, Lionel. Les timbres de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (1924-1997).

On peut se procurer les timbres de la Société et les albums à la réception. Tél. : 514-843-8851

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Ou encore, contactez-nous par courriel à info@ssjb.com

Directrice et rédactrice en chef Élaine Des Lauriers

Mise en page Pierre Dagesse

Ont collaboré à ce numéro Mario Beaulieu Jacques Binette Agathe Boyer Jean-Pierre Durand Christian Gagnon Daniel Gingras France Langlais Maxime Laporte Charles-Antoine Lebœuf Monique Paquette Pierre Pichette Nicole Proulx Claude Richard Photographies et illustrations Mathieu Breton Charles Campbell Pierre Dagesse Yves Déry Christian Gagnon Giliane Gagnon-Chaîney Nicole Proulx

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