La Presse Québécoise - janvier 2016

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Volume 12, numéro 1 - Janvier 2016

Journal mensuel d’éducation patriotique et littéraire

Bonne année 2016


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RETROUVONS NOTRE CAPACITÉ D’INDIGNATION

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’année 2015 vient de se terminer, et nous avons encore le goût amer de certains sujets qui ont fait l’actualité au cours des derniers mois. Rappelons-nous le dépôt, en fin novembre, du rapport de la Commission Charbonneau ou plus précisément de la « Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction », et qui a coûté au trésor public près de 45 millions de dollars. Oui, 45 millions de dollars. Cette Commission, qui a pourtant entendu 300 personnes durant 263 jours d’audience et qui a accouché d’une « brique » de plus de 1 700 pages, s’est terminée sur une division des commissaires dans leurs conclusions. La commissaire Charbonneau, une juriste reconnue, avait pourtant vu des liens indirects entre le financement des partis politiques et l’octroi de contrats. Alors que son collègue, l’ancien vérificateur-général Renaud Lachance, n’y avait rien vu. Les analystes politiques en sont encore tordus de rire. Presque pas de blâme ! Tout le monde s’en sort indemne malgré des témoignages troublants. Nous croyons qu’une enquête publique aurait dû voir le jour, même si le travail des commissaires n’est pas soumis à cet examen. Le Parti québécois avait, en 18 mois, produit sur le plan législatif pour lutter contre la corruption : quatre lois, deux projets de loi et 66 arrestations effectuées par l’UPAC en 2013. Qu’a fait le gouvernement Couillard depuis son arrivée ? Pas

grand-chose. Une exception cependant, le bureau du Directeur des poursuites criminelles et pénales a vu le nombre des procureurs affectés à la lutte contre la corruption et le crime organisé diminué de 40 % ! Cette situation a créé un ralentissement dans les enquêtes et les poursuites à entamer dont, notamment, celles sur le financement du PLQ. Évidemment ! De plus, sur le plan économique, le gouvernement libéral de Philippe Couillard s’enlise, de plus en plus, dans le rouge. En matière de création d’emplois, au lieu des 250 000 emplois promis lors de l’élection, c’est plutôt une augmentation de 9 100 chômeurs qui s’ajoutent depuis leur arrivée au pouvoir. Aucun plan d’ensemble pour relan-

FICHE D’ADHÉSION Rassemblement pour un pays souverain 6427, rue Pierre, Montréal-Nord, Québec H1G 6C1 Fiche d’adhésion : Membre : 5$........ don : ........ Total : ........ Nom :___________________, Prénom :_______________ Adresse :_____________________________ App. :_____ Ville :_______________________Code postal :_________ Tél :________________________ Téléc :______________ Courriel :________________________________________ Date :_______________

cer l’économie de telle sorte que la croissance économique devant s’établir à 2 % est maintenant à 1,5 %, entraînant une chute des revenus de plus de 200 millions de dollars et un accroissement du poids de la dette à 55 % du PIB. Du jamais vu depuis 1990. Ce manque de vision économique ajouté à l’austérité et aux coupes aveugles dans les garderies et les services publics font mal au peuple québécois. Très mal. Je souhaite qu’au cours de l’année 2016, nous retrouvions notre capacité à nous indigner et à refuser l’incurie et les incompétences libérales. Au nom de toute l’équipe, nous vous souhaitons une bonne année et surtout l’avancement de notre cause : l’indépendance du Québec. BENOÎT ROY Président du Rassemblement pour un pays souverain www.rps.quebec Facebook : https://www.facebook.com/RassemblementPourUnPaysSouverainRps/


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L’ÉCONOMIE ET LE FÉDÉRALISME CANADIEN

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eux siècles, c’est ce qu’il a fallu aux canadiens-français pour reprendre un certain contrôle de leur économie. De 1760 à 1960, le Québec se définit comme une société française, catholique et agricole. Mais ce sont les Anglais qui contrôlent entièrement l’économie. De là l’expression canadienne-française : Nés pour un petit pain ! Ce qui fait dire au théologien Louis-Adolphe Paquet : « Notre mission est moins de manier des capitaux que de remuer des idées; elle consiste moins à allumer le feu des usines qu’à entretenir et faire rayonner au loin le foyer lumineux de la religion et de la pensée... »1 Vers les années 1850, quelques élites canadiennes-française, par des écrits et conférences, proposent aux canadiens-français d’honorer l’industrie et la finance – comme étant essentiel à la « nationalité » canadienne-française. Ce qui incitera, 50 ans plus tard, un Lévisien, Alphonse Desjardins et son épouse Dorimène à créer

des coopératives d’épargne et de crédit. Dans une lettre au rédacteur en chef du journal Le Devoir, Monsieur Omer Héroux, Alphonse Desjardins écrit : « Ce dont je rêve, c’est la création d’un régime économique couvrant tous nos groupements français. Ces réalisations coopératives donneraient à nos compatriotes la puissance matérielle d’une organisation supérieure et cette puissance à son tour, ne serait-elle pas un rempart imprenable derrière lequel nous serions à l’abri des coups de nos adversaires ou rivaux...Voilà ma pensée intime. Puis ce fut l’appel de Jean Lesage à devenir Maîtres chez nous, par la mise en place d’un modèle québécois s’inspirant des valeurs de la social-démocratie : intervention de l’État, nationalisation de certaines ressources naturelles, éducation populaire, participation citoyenne par une démocratie participative, achat chez nous, etc. Bref, l’impératif nationalisme : économique, politique, social et culturel. Fierté québécoise. Il s’agit, comme nation, de prendre ses propres décisions dans les domaines essentielles à sa survie. Il s’agit aussi de la

BRÈVE HISTOIRE DES PATRIOTES GILLES LAPORTE Un livre incontournable à se procurer pour mieux saisir le chapitre important de notre histoire, celle des Patriotes. Qui de mieux que Gilles Laporte, professeur d'histoire au Collège du Vieux-Montréal, aurait pu nous léguer un tel livre. Ce spécialiste de l’histoire du 19e siècle et en particulier des Patriotes, nous donne l'essentiel des faits qui ont marqué cette période. Le lecteur adorera ce livre qui se lit facilement et comprendra mieux les évènements qui ont amené nos ancêtres à réagir face aux injustices d'un système colonial. BENOÎT ROY

solidarisation des citoyens et citoyennes – d’une volonté de réaliser un projet commun – celui de la liberté pour tous (celle qui ne nuit pas à celle des autres), l’égalité des droits et des chances et la fraternité par la solidarité et le souci d’une société juste et équitable. Puis vint, sous la force de l’évolution des nouvelles technologies de communication et de production, ce que des économistes ont décrit comme étant un « basculement du monde. » Les continents, les pays, les peuples et, surtout, les marchés se rapprochent. Les frontières sont désormais davantage perméables. On assiste à un accroissement de la richesse globale, mais un creusement dramatique des inégalités. Une crise de valeurs profonde : montée de l’individualisme, banalisation de la solidarité. Par surcroit, deux nouveaux piliers sociaux apparaissent : la spéculation, créatrice de richesses déconnectées de l’économie réelle – et, en conséquence, ouverture à l’endettement non seulement des individus, mais aussi des États. Le capital devient roi ! Sur le plan politique, le fédéralisme qui visait le partage des ressources et de la richesse entre les différents partenaires fait naître la domination des grandes puissances. L’exemple récent du défi de la Grèce face aux Allemands et aux Français membres de la même confrérie européenne démontre la montée de « l’individualisme national » également. Le Québec n’y échappe pas. Le Québec loge un grand peuple, mais ce peuple n’est pas nombreux. Or, les « petits pays » qui survivent et même tiennent leur place dans le monde d’aujourd’hui, sont ceux dont le peuple est majoritairement constitué de sociaux-démocrates qui œuvrent, solidairement, à créer une société libre, égalitaire et solidaire. Sur ce plan, le fédéralisme canadien nuit à la volonté des Québécois de créer un coin de pays qui lui ressemble et qui le rassemble. Comment réussir si un État supérieur contredit constamment la volonté québécoise. S’impose alors le devoir de conquête du pouvoir de décider de son propre destin. Encore faut-il que la majorité des Québécois partage ce beau projet d’une société libre et indépendante. Un défi d’éducation important... CLAUDE BÉLAND 1. Les mémoires québécoises, PUL, p.255


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LE SPORT ET L’IDENTITÉ NATIONALE DU QUÉBEC

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uels rapports faites-vous entre le sport en général et l’identité d’un peuple ? Souvenez-vous de Maurice Richard; une polémique qui en a dit long sur la place de Maurice Richard dans l’identité québécoise. Comme le chantait notre barde national, Félix Leclerc: « Quand il lance, l’Amérique hurle, quand il compte, les sourds entendent. [...] C’est le vent qui patine. C’est tout le Québec debout ! » L’ancien joueur du Canadien de Montréal (CH) fut le symbole de l’émancipation francophone dans le pays du hockey-roi. L’Écosse, l’Irlande du Nord, le Pays de Galles, Porto Rico, la Nouvelle-Calédonie, Tahiti, admirez leurs ardeurs, leurs identités propres, celles de ces nations fières. Toutes des nations non-souveraines comme le Québec. Mais le Québec reste pourtant jusqu’à ce jour la seule nation non souveraine à ne pas participer aux championnats sportifs internationaux majeurs (Jeux du Commonwealth, Jeux Panaméricains, Coupe du Monde et Championnat du Monde). Je crois fermement que l’avènement de cette Équipe Nationale du Québec dans tous les sports, puisse assurément être un événement majeur des plus rassembleurs qui soit, lequel concourra forcément à ce qui pourrait être même un engouement identitaire propre à notre nation. Tous les citoyens du Québec auront tendance à vouloir s’identifier à leurs athlètes, à des groupes d’athlètes ou équipes qui proviennent de leur propre communauté

culturelle. Cela contribuera à combler un besoin réel d’identification des citoyens aux athlètes de leur communauté culturelle ou ethnique qui réussissent sur la scène internationale et contribuera forcément à l’identification collective de tous citoyens d’une même famille, en attisant de ce fait, le sentiment d’appartenance et identitaire à un peuple et une nation. De ce fait, le sport contribue à affirmer l’identité d’un peuple, d’une nation, quelle qu’en soit la provenance des individus qui la compose. Souvenons-nous bien de ce que Nelson Mandela aura réussi en 1995, de cette équipe médiocre de rugby, composée entièrement de joueurs de nations, races et tribus rivales qui triomphèrent pourtant au championnat mondial de cette même année ! Une équipe d’une seule discipline sportive qui unit un pays si divisé ? Imaginez maintenant ce que 12 équipes nationales du Québec dans différentes disciples sportives pourraient maintenant générer pour notre nation ! Beaucoup plus que vous ne pensez ! La définition de l’identité nationale ne procède aucunement d’une évidence naturelle. Désignant à la fois un sentiment d’appartenance et la conscience de faire partie d’un ensemble national, elle est une construction qui s’inscrit dans le temps. Ces sentiments de fierté sportive qui fortifient la cohésion d’une nation ont besoin pour s’exprimer d’un théâtre international sportif, car l’identité se définit par opposition à l’autre. C’est pour toutes ces raisons, aussi, pour plusieurs autres avantages rassembleurs et créateurs d’identité nationale que la Fondation Équipe-Québec poursuit sa mission que le Québec soir représenté spor-

82, rue Sherbrooke Ouest Montréal (Québec) H2X 1X3 Téléphone : 514 845-8533 1 866 845-8533 Courriel : revue@action-nationale.qc.ca Site internet : https://www.action-nationale.qc.ca/

tivement sur la scène internationale. CONSIDÉRANT QUE l’Accord du 5 mai 2006 à l’UNESCO, entre les gouvernements du Canada et du Québec, reconnaît que la spécificité du Québec, fondée sur sa langue française et sur sa culture unique, l’amène à jouer un rôle particulier au niveau international ; CONSIDÉRANT QUE cet Accord déterminant dans l’histoire de nos deux nations atteste ainsi qu’aujourd’hui, nous écrivons une page de notre histoire, puisque ce qui n’était qu’une coexistence implicite devient une coopération explicite ; CONSIDÉRANT QUE le Québec, seule nation francophone d’Amérique du Nord, est considéré expressément par l’Organisation des Nations Unies (ONU) comme étant d’ores et déjà, a priori et à part entière, un état fédéré non souverain ; CONSIDÉRANT QUE le Québec est déjà clairement reconnu par l’UNESCO comme une nation àl’histoire, à la culture, à la langue et à l’héritage distincts ; CONSIDÉRANT QUE le Québec est la seule nation non souveraine au monde qui n’est toujours pas accréditée par l’une des fédérations sportives internationales ; Nous, Québécoises et Québécois, demandons aujourd’hui au gouvernement du Québec d’appuyer formellement les demandes d’accréditation des fédérations sportives québécoises auprès de leurs instances internationales respectives, ainsi que la mise sur pied d’une Équipe-Québec et sa participation aux tournois internationaux dans chaque discipline sportive dans laquelle le Québec excelle, afin que nos équipes du Québec puissent, de ce fait, nous représenter à tous les championnats majeurs, compétitifs ou amicaux, continentaux ou mondiaux. ROBERT SIROIS (BOB) Directeur-général Fondation Équipe-Québec


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PARCE QU’ON EST EN... 2016 !

2016

est enfin arrivé ! Il était temps, car 2015 commençait sérieusement à sentir le suri… Même Justin Trudeau paraît de plus en plus passé de mode. L’élection de ce dernier au poste de Premier ministre du Canada fut présentée comme un acte de la Providence par nos chers médias en pâmoison qui, telles des mouches à miel, se pitchèrent à tour de rôle sur le nouveau roi pour l’adorer frénétiquement. L’arrivée du Fils du Père, coïncidant avec le départ du diabolique Harper, devait censément rétablir la paix, la vertu et la fierté dans le royaume sacré du Canada. Le couronnement de Justin serait synonyme de dépassement civilisationnel ; une nouvelle ère, un grand pas pour l’Homme, l’accomplissement de la prophétie et de la Plénitude des temps... Ainsi, il redorerait la réputation du Dominion à la Conférence de Paris sur les changements climatiques (en apparence seulement). Il nommerait un cabinet paritaire (en apparence seulement). Il demanderait pardon aux Premières nations (en apparence seulement) enjoignant même l’Église catholique et Dieu lui-même de suivre son exemple. Armé de ses torchons rouges, il accueillerait les réfugiés syriens dans un geste de grandeur morale tel qu’on en viendrait jusqu’à oublier tous les autres damnés de la terre qui souffrent en ce pays, à cet instant même… Question d’apparences… En preux chevalier de l’unité canadienne, et pour sauver les apparences à l’égard du Canada anglais, il réaffirmerait avec arrogance qu’il « ne voit aucune raison pour rouvrir la constitution », crachant ainsi aux visages de ces dizaines de milliers de Québécois qui, le 19 octobre dernier, tombèrent lamentablement dans le panneau libéral en votant pour tous les poteaux du

PLC, cela dans l’espoir de battre Harper. De manière prévisible, le résultat fut paradoxal : le Parti Conservateur, loin de reculer au Québec, aura plutôt réalisé des gains (!)… – N’avons-nous rien appris ?.. C’est pour le Bloc qu’il fallait voter ! Et toujours, les beaux sourires, fussentils niais. Et toujours, et partout, les mêmes belles paroles, fussent-elles insignifiantes. Rien de concret, rien de valable, rien qui ne puisse conférer un minimum de substance à ces palabres, à ces shows de boucane… Que de la poudre aux yeux ! Au-delà de ce qui apparaît, il appert qu’il n’y en aura pas de révolution Trudeau. Soyons-en assurés. Et la lune de miel, déjà, s’estompe. Bientôt, ce sera l’éclipse. Car, pendant ce temps : nominations de ministres anglophones, immixtions fédérales dans les affaires du Québec comme dans le dossier de l’aide médicale à mourir, négation additionnelle des droits des francophones de l’Ouest par la Cour suprême (Affaire Caron), le Canada qui attaque en cour la validité de notre loi 99… En veuxtu, en v’là ! Sans parler d’Énergie Est, de la ligne 9B, et de tout ce qui, immanquablement, nous passera quand même sur le corps, peu importe la couleur du gouvernement à Ottawa… Ce que c’est que d’être un peuple annexé. Par-delà l’autolâtrie des égoportraits qui ne manquent pas d’exciter tous les idolâtres prosternés dont nos supposés « chiens de garde » de la démocratie à Radio-Cadenas, transformés spontanément en « chouayens de garde » qui salivent à l’odeur des subventions, bref la Trudeaumanie 2.0 aura rapidement révélé la profondeur phénoménale de son pathétisme et de sa médiocrité. Tout cela fait très « 2015 », n’est-ce pas... Il nous appartient à présent de passer à autre chose. À n’en point douter, il y a longtemps que le Canada, son monarchisme et ses apparats sont périmés… Le Peuple québécois mérite mieux que de se faire servir du réchauffé, du moisi, fût-il sous vernis de fraîcheur, de nouveauté et de changement… Le seul véritable changement qui vaille,

Pour mon pays Il ne faut pas oublier que je suis né en Italie, très jeune, là-bas, j’ai fait beaucoup de folies. Il est vrai, à l’époque, j’ai dû abandonner ma patrie, mais dans l’espoir de vivre mieux dans un autre pays. Ici, j’ai toujours travaillé dans le milieu italien et mes collègues ‘‘English speaking’’ sont italiens. Je subissais donc l’influence de mon entourage, mais pour le français je me suis battu avec courage. Ma communauté me considère révolutionnaire et séparatiste, mais je suis social-démocrate et bon militant péquiste. Souverainiste, je me bats avec fierté pour faire mon pays et je suis sûr que le Québec de demain sera ma patrie Dans cet espoir, je vis toujours avec ces italiens qui aujourd’hui parlent la langue d’ici et aussi l’italien. UMBERTO DI GENOVA (16-05-2008) c’est notre indépendance nationale! Parce qu’on est en 2016, désormais, je nous souhaite d’être de plus en plus nombreux à en prendre conscience et à joindre le mouvement de ceux et celles qui veulent faire du Québec une république libre, française et moderne ! À nous de faire en sorte que l’élection fédérale de 2015 ait été l’une des dernières de notre histoire. Rien ne doit nous faire déroger de notre objectif ! Gardons espoir ! Continuons le combat! Maintenons le cap sur l’indépendance ! Et assurément, nous vaincrons ! MAXIME LAPORTE président directeur-général de la SSJB DE MONTRÉAL


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IL Y A 150 ANS

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l y a 150 ans le parlement du Canada uni réuni à Québec s’apprêtait à mettre fin au débat sur le projet de Confédération élaboré aux conférences de Charlottetown et de Québec. En fait le débat devait prendre fin au début du mois de mars 1865. Les députés étaient invités à se prononcer pour ou contre la motion présentée par John A. Macdonald. La motion recueillit une majorité de voix 91 contre 33. L’opposition était concentrée chez les députés du Bas Canada ; 25 avaient voté contre. Mais la majorité avait voté en faveur de la résolution. Le peuple ne fut pas consulté. John A. Macdonald craignait que la tenue d’un plébiscite n’agite les esprits dans le Bas Canada. Le peuple ne fut pas consulté non plus au début des années 1980 lorsque le Canada s’est doté d’une nouvelle constitution dans une opération qu’on a appelé le rapatriement de la constitution et qui réduisait les pouvoirs à l’Assemblée nationale du Québec. Ce dernier évènement est une tragédie de notre histoire dont nous mesurons la gravité depuis maintenant près de 33 ans. La constitution de 1982 nie l’existence des na-

tions à l’origine du Canada ; y compris celle des Premières nations encore gouvernées par la loi sur les indiens. C’est un acte de refondation basé sur le multiculturalisme dont la clé a été confiée à la cour suprême au nom des sacro-saintes libertés individuelles. Les fédéralistes du « Canada d’abord » croient que le temps travaille pour eux ; que les québécois finiront par oublier et par accepter ce qui peu à peu leur semblera naturel. Pour finir le travail ils doivent encore déconnecter les québécois de leur histoire et leur faire croire que leur modèle de société est ruineux. Jamais ils ne remettent en question les fondements mêmes de la fédération canadienne. Depuis la fin des années soixante combien de campagnes électorales ont fait de la croissance économique l’enjeu au nom du-

quel il fallait sacrifier tous les autres ? Comme si l’éducation, la santé, la solidarité n’en n’étaient pas des moteurs. Heureusement il y a encore au Québec ce que j’estime être une majorité pour qui nous sommes davantage qu’une collection d’individus dont le statut de citoyens migre peu à peu vers celui de consommateurs. Cette majorité est actuellement dispersée par une offre politique inspirée par les enjeux du moment et les enquêtes d’opinion. Le pays dont nous rêvons, chacun à notre manière, quels qu’en soient les contours, ne pourra exister sans passer par notre réunion. RAYMOND ARCHAMBAULT


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