Le Patriote 2012 02

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Le journal de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal Volume 12 - No 2 Juillet 2012

AU SERVICE DE LA NATION

Une foule record célÚbre la Journée nationale des patriotes Reportage photos en pages 8 et 9

JOUR DE LA TERRE SUR FOND DE CARRÉS ROUGES p. 2

(Photo : Mathieu Breton)

TINTAMARRE DE CASSEROLES Le Québec se fait entendre p. 7

SOMMAIRE

(Photo : Mathieu Breton) Jour de la Terre sur fond de carrĂ©s rouges FĂ©lix Leclerc Ă  la Maison Ludger-Duvernay Le mot du prĂ©sident gĂ©nĂ©ral Évelyn Dumas (1941-2012) OPINION : Et le fĂ©dĂ©ral dans tout ça? Convergence, quand tu nous tiens Que faire de la gouvernance souverainiste? IndĂ©pendance et patriotes Le prix Calixa-LavallĂ©e au pianiste Alain LefĂšvre Tintamarre de casseroles Une foule record cĂ©lĂšbre la JournĂ©e nationale des patriotes Sauver le soldat Amyot? Ce que disait Édouard Montpetit aux Ă©tudiants de 1912 Le carrĂ© rouge Les anciens prĂ©sidents : Jean-Baptiste Rolland, 27e prĂ©sident Le gouvernement du QuĂ©bec coupable d’angliciser MontrĂ©al Le dalaĂŻ-lama appuie l’indĂ©pendance du QuĂ©bec Le mot juste... Pour l’amour du français FlorilĂšge culturel Les timbres de la SSJB : signature de l’Acte de fondation de Ville-Marie Commission des prĂ©sidentes et des prĂ©sidents ActivitĂ©s des sections

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(Photo : Mathieu Breton)

Envois publications — Publication mail 40009183

Je n’ai jamais voyagĂ© vers autre pays que toi, mon pays.

Gaston Miron


22 avril 2012

JOUR DE LA TERRE SUR FOND DE CARRÉS ROUGES par France Langlais Le 22 avril dernier, j’assistais Ă  la manifestation orchestrĂ©e par le metteur en scĂšne, Dominic Champagne. Plus de 300 000 personnes Ă©taient rĂ©unies pour la dĂ©fense du bien commun en ce 42e Jour de la Terre, une manifestation d’une ampleur sans prĂ©cĂ©dent au pays du QuĂ©bec. Avant le dĂ©but de la marche, j’ai signĂ© le Protocole de Kyoto au nom de la SSJB de MontrĂ©al. Mario Beaulieu ne pouvait ĂȘtre prĂ©sent car il donnait une confĂ©rence Ă  Mont-Laurier dans le cadre du 60e anniversaire de la SociĂ©tĂ© nationale des QuĂ©bĂ©coises et QuĂ©bĂ©cois des HautesRiviĂšres. Cette signature symbolique du Protocole de Kyoto a rassemblĂ© plusieurs chefs de partis politiques, sauf les deux partis libĂ©raux, provincial et fĂ©dĂ©ral. Tiens donc ! Les appels de Gilles Vigneault et de Fred Pellerin invitant les Ă©vĂȘques du QuĂ©bec ont portĂ© fruit. Les cloches des Ă©glises des villes et des villages ont rĂ©sonnĂ©, marquant le dĂ©part de la marche Ă  14 h de la place des Festivals dans le Quartier des spectacles Ă  MontrĂ©al. Ma parentĂ© de la GaspĂ©sie m’avait prĂ©venue : On fait sonner les cloches Ă  GrossesRoches! Nous ne pouvons ĂȘtre prĂ©sents Ă  la manifestation, mais notre solidaritĂ© se traduira de cette façon! Les organisateurs de cette journĂ©e avaient aussi invitĂ© les gens qui ne pouvaient pas ĂȘtre du voyage dans la mĂ©tropole Ă  se rassembler sur les perrons d’églises de leur paroisse pour y entendre une lecture de la dĂ©claration du 22 avril. Dans les rues de MontrĂ©al, Ă©taient rassemblĂ©s non seulement des Ă©cologistes et des artistes, mais aussi des citoyens qui en ont ras le bol du gouvernement libĂ©ral et de son chef Jean Charest. Un gouvernement qui a Ă©laborĂ© un Plan Nord en vitesse, avantageant les grandes miniĂšres par la construction de routes qu’elles n’auront pas Ă  entretenir quand elles dĂ©camperont avec leur profit. Le gouvernement Harper n’était pas en reste puisqu’il a dĂ©cidĂ© d’enterrer Kyoto en dĂ©cembre 2011 en s’en retirant et en dĂ©clarant que le Canada s’était fixĂ© des cibles « stupides » (sic) en signant le protocole de Kyoto. DĂ©cidĂ©ment, les gouvernances ne reflĂštent pas ce que les citoyens souhaitent pour l’avenir de la planĂšte.

Les manifestants de tous les coins du QuĂ©bec ont sorti leurs pancartes pour passer leur message au gouvernement. On a senti un vent de sympathie extraordinaire pour les Ă©tudiants et leur lutte contre la hausse des frais de scolaritĂ©. J’ai aperçu quantitĂ©s de carrĂ©s rouges, mais aussi des nez rouges pour signifier que nous avons honte de Jean Charest comme premier ministre et de son parti (collusion, corruption, magouilles Ă©lectoralistes, partisanerie... la liste est longue!). La SociĂ©tĂ© Saint-Jean-Baptiste de MontrĂ©al et ses membres Ă©taient derriĂšre la banniĂšre du Mouvement QuĂ©bec français. Philippe Perreault distribuait des drapeaux du QuĂ©bec avec des bĂ©nĂ©voles. Jean-Pierre Lavoie s’occupait des pancartes et de la logistique du retour au siĂšge social. Mention d’honneur aux femmes innues, parties de Maliotenam sur la CĂŽte-Nord, qui ont pris part Ă  ce rassemblement en terminant une marche de plus de 800 kilomĂštres. Ce dĂ©filĂ© de centaines de milliers de personnes s’est terminĂ© au parc JeanneMance oĂč nous attendait une chorĂ©graphie participative oĂč nous devions crĂ©er ensemble une main et le plus grand arbre humain sur la planĂšte Ă  l’endroit oĂč FrĂ©dĂ©ric Back avait auparavant plantĂ© un arbre naturel.

Les carrés rouges étaient bien en vue en ce Jour de la Terre et on a senti un vent de sympathie extraordinaire pour les étudiants et leur lutte contre la hausse des frais de scolarité. (Photo : Mathieu Breton)

Pour ceux et celles qui n’auraient pas signĂ© la dĂ©claration pour le bien commun, je vous invite Ă  le faire en vous rendant sur le site Internet action.davidsuzuki.org/fr/22avril Vraiment, il faisait bon de se retrouver ensemble dans la rue pour manifester contre les gaz de schiste, les sables bitumineux et le Plan Nord, et de vouloir se relever les manches pour l’éducation, la protection des Ă©cosystĂšmes, le partage de la richesse et le protocole de Kyoto. Je nous invite Ă  demeurer vigilants, et Ă  rester solidaires pour que collectivement, nous puissions changer les choses et en faisant des pressions pour qu’on en finisse avec ces investissements qui se font sur le dos des QuĂ©bĂ©coises et QuĂ©bĂ©cois. L’environnement, c’est aussi notre hĂ©ritage, tout comme notre langue et notre culture, et c’est ce qui rassemble toutes les gĂ©nĂ©rations et les groupes de la sociĂ©tĂ© civile. ‱‱‱ France Langlais, secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale de la SSJB de MontrĂ©al, a signĂ© le protocole de Kyoto au nom de la SociĂ©tĂ©. (Photo : HĂ©lĂšne Moreau)

(Photo : Mathieu Breton)

FÉLIX LECLERC À LA MAISON LUDGER-DUVERNAY Le 25 avril dernier, grĂące Ă  l’artiste peintre Huguette Brun, la Fondation du PrĂȘt d’Honneur, recevait son premier don d’importance cette annĂ©e : le tableau « FĂ©lix de l’Auberge des morts subites ». Le grand portrait Ă  l’huile que donne Huguette Brun Ă  la Fondation ajoutera un grand parmi les grands aux magnifiques tableaux des patriotes qui ornent dĂ©jĂ  les murs de la maison Ludger-Duvernay, au 82, rue Sherbrooke Ouest Ă  MontrĂ©al, siĂšge social de la Fondation et de la SSJB. Madame Brun se dit trĂšs heureuse que FĂ©lix, grand artisan de la sauvegarde et de la promotion de la langue française et du peuple quĂ©bĂ©cois, occupe une place de choix dans ce haut lieu historique. Huguette Brun et Marcel Brouillard ont Ă©galement remis Ă  la Fondation un exemplaire du livre dont ils sont coauteurs : FĂ©lix Leclerc, poĂšte national, publiĂ© aux Éditions Vaudreuil et en vente Ă  la SSJB. Au nom de la Fondation du PrĂȘt d’Honneur, son prĂ©sident, Gaston Bergeron, remercie chaleureusement Huguette Brun et Marcel Brouillard.

CONVENTION DE LA POSTE — PUBLICATION 40009183

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(Photo : Mathieu Breton)

Mario Beaulieu, président de la SSJB ; Pierre Benoßt, trésorier de la FPH; Huguette Brun, artiste peintre et Gaston Bergeron, président de la FPH. (Photo : Philippe Perreault)

RETOURNER TOUTE CORRESPONDANCE NE POUVANT ÊTRE LIVRÉE AU CANADA AU SERVICE DES PUBLICATIONS 82, RUE SHERBROOKE OUEST MONTRÉAL QC H2X 1X3 courriel : journal@ssjb.com


Le mot du président général

Vent de changement, espoir renouvelé! par Mario Beaulieu ne soient que des individualistes sans convictions a volé en éclat.

Le mouvement Ă©tudiant a suscitĂ© une immense mobilisation qui s’est Ă©tendue Ă  une grande partie la population du QuĂ©bec. Plus de 200 000 personnes ont manifestĂ© pacifiquement le 22 mars, et plus de 300 000 personnes se sont rassemblĂ©es le Jour de la Terre, le 22 avril. AprĂšs, la provocation de la loi spĂ©ciale des libĂ©raux, ils sont revenus aussi nombreux le 22 mai. Il est rassurant de voir qu’il y a un grand nombre de QuĂ©bĂ©coises et de QuĂ©bĂ©cois prĂȘts Ă  se tenir debout pour le progrĂšs social. Le clichĂ© voulant que les jeunes QuĂ©bĂ©cois

Les associations Ă©tudiantes ont situĂ© la grĂšve contre la hausse des droits de scolaritĂ© dans le cadre plus global de la lutte pour l’égalitĂ© sociale et contre la marchandisation du savoir. Cependant, ils n’ont pas inclus les dimensions nationale ou linguistique dans leur discours. Cela reflĂšte bien la relative absence de ces enjeux dans le dĂ©bat public au QuĂ©bec depuis une bonne quinzaine d’annĂ©es. La grande majoritĂ© des cĂ©gĂ©piens n’étaient pas nĂ©s lors du dernier rĂ©fĂ©rendum ou lors des grandes mobilisations pour le français. Ils ont grandi dans une atmosphĂšre oĂč les mesures visant Ă  faire du français la langue commune Ă©taient prĂ©sentĂ©es comme des facteurs d’exclusion plutĂŽt que d’inclusion. Ils ont subi les campagnes mĂ©diatiques visant Ă  dĂ©nigrer tout dĂ©bat linguistique, sinon le QuĂ©bec français dans son ensemble. Un grand nombre des Ă©tudiants que nous avons rencontrĂ©s lors de nos activitĂ©s dans les cĂ©geps et les universitĂ©s ne semblaient parfois pas connaĂźtre l’existence de la Charte de la langue française. Mais qu’on veuille l’admettre ou non, au QuĂ©bec, l’accĂšs Ă  l’éducation est encore fortement reliĂ© Ă  la langue des Ă©tudiants et des institutions. MalgrĂ© des progrĂšs apprĂ©ciables depuis les annĂ©es soixante,

le taux de diplomation universitaire des jeunes francophones (22,5 %) est encore beaucoup moins Ă©levĂ© que celui des jeunes anglophones (32,3 %). Il ne faut pas oublier que plusieurs gĂ©nĂ©rations de QuĂ©bĂ©cois ont fait face Ă  une discrimination Ă©conomique gĂ©nĂ©ralisĂ©e et au sous-dĂ©veloppement des rĂ©seaux Ă©ducatifs francophones. L’accĂšs gĂ©nĂ©ralisĂ© Ă  l’éducation postsecondaire constitue une tradition encore rĂ©cente pour la majoritĂ© quĂ©bĂ©coise. C’est ce qui explique par exemple que l’important dĂ©gel des droits de scolaritĂ© effectuĂ© par Robert Bourassa au dĂ©but des annĂ©es 1990 a eu un impact immĂ©diat qui se fit essentiellement sentir dans les universitĂ©s francophones. Ce facteur culturel explique aussi en partie pourquoi les taux de diplomation sont plus hauts dans certaines provinces bien que les droits de scolaritĂ© y soient plus Ă©levĂ©s. De plus, non seulement l’écart entre les taux de diplomation persiste en fonction de la langue, mais il est en presque parfaite corrĂ©lation avec l’écart qui se maintient entre le financement des institutions collĂ©giales et universitaires francophones et anglophones. Que 75 % des ressources soient allouĂ©es par le gouvernement quĂ©bĂ©cois aux universitĂ©s de langue française alors que la population se compose de 80 % de francophones et 12 % d’allophones est une injustice en soi. Et le pourcentage des subventions fĂ©dĂ©rales est encore plus injuste Ă  65 %.

La justice sociale englobe aussi la justice entre les peuples, tout comme la marchandisation du savoir est corrĂ©lative de l’uniformisation des cultures et de la mondialisation nĂ©olibĂ©rale. Comme le dit le linguiste français Claude HagĂšge : Il paraĂźt clair Ă  beaucoup que l’anglais comme langue commerciale internationale facilite les Ă©changes pour les hauts dirigeants de l’industrie. Ainsi est occultĂ© le fait qu’il est la langue imposĂ©e par l’impĂ©rialisme de la mondialisation, d’obĂ©dience capitaliste et non pas dĂ©mocratique ni Ă©galitaire. Il s’agit donc bien d’une pensĂ©e unique contre laquelle il est lĂ©gitime de se battre, car c’est une pensĂ©e fondĂ©e sur l’argent seul, Ă  supposer que cela puisse encore s’appeler une pensĂ©e. Cette uniformisation de la pensĂ©e au service de l’impĂ©rialisme Ă©conomique agit comme un rouleau compresseur sur les langues et les cultures nationales. La lutte pour assurer l’avenir du français au QuĂ©bec est aussi une lutte pour la diversitĂ© linguistique et culturelle Ă  travers le monde. Il ne tient qu’à nous de faire en sorte que le vent de changement soulevĂ© par le mouvement Ă©tudiant connaisse son aboutissement logique vers la seule solution qui nous permettrait d’avoir les pleins pouvoirs pour dĂ©cider de nos politiques d’éducation, comme de l’ensemble de la redistribution des richesses au QuĂ©bec : l’indĂ©pendance. ‱‱‱

Les excuses bilan du premier ministre du Québec

Dimanche 5 août 2012

Pique-nique avec FĂ©lix N’oubliez pas d’apporter votre chaise et votre repas.

C’est mĂȘme pas de ma faute!

Afin de souligner l’anniversaire de la mort de l’un de nos plus grands poĂštes quĂ©bĂ©cois, la section Chevalier-de-Lorimier de la SociĂ©tĂ© Saint-Jean-Baptiste invite la population Ă  dĂ©couvrir ou Ă  redĂ©couvrir ses chansons dans le cadre d’un pique-nique.

VOTEZ POUR MOI!

Rendez-vous à 15 h au monument Félix-Leclerc, dans le parc Lafontaine (rue Calixa-Lavallée, prÚs de la rue Rachel Est). En cas de pluie, nous nous rendrons au Chalet-restaurant Espace La Fontaine

Gaétan Leclerc

neveu de FĂ©lix, a hĂ©ritĂ© de sa voix. Quand il interprĂšte les chansons de son oncle, vous regardez le monument de FĂ©lix et vous avez l’impression que c’est lui qui chante.

Claud Michaud

animera cette rencontre festive et interprétera aussi des chansons du poÚte québécois. sculpteur, nous parlera de son monument Debout en hommage à Félix Leclerc. Renseignements : France Langlais au 514-890-1785 Marie Gagnon au 514-363-1595

Pierre Dagesse

Roger Langevin

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Évelyn Dumas (1941-2012) Prix Olivar-Asselin de la SSJB en 1976

La premiĂšre femme courriĂ©riste parlementaire Ă  l’AssemblĂ©e nationale n’est plus

OPINION Conflit Ă©tudiant

ET LE FÉDÉRAL DANS TOUT ÇA ?

(Photo : Mathieu Breton)

En ce « printemps quĂ©bĂ©cois », le combat des Ă©tudiants et d’une bonne partie de la population pour l’accessibilitĂ© Ă  l’éducation a surtout Ă©tĂ© dirigĂ© contre le gouvernement du QuĂ©bec et Jean Charest. Mais on tend Ă  oublier presque totalement l’incidence des leviers politiques fĂ©dĂ©raux sur l’émergence de cette crise Ă©tudiante, devenue crise sociale. Que les Mulcair, Ray et Harper soient demeurĂ©s muets comme des carpes sur le sujet n’est sans doute pas un hasard : les politiciens fĂ©dĂ©ralistes n’ont pas intĂ©rĂȘt Ă  ce que ce conflit dĂ©borde l’enclos provincial ni l’axe gauche-droite. DĂ©penses fĂ©dĂ©rales C’est avec grande tristesse que la SociĂ©tĂ© Saint-Jean-Baptiste de MontrĂ©al a appris le 7 juin dernier, le dĂ©cĂšs de Madame Évelyn Dumas, journaliste de grand talent et rĂ©cipiendaire du prix Olivar-Asselin de la SSJB. NĂ©e le 13 avril 1941 Ă  Saint-Georges de Malbaie, Évelyn Dumas obtient Ă  l’UniversitĂ© Laval un baccalaurĂ©at en pĂ©dagogie (1960), puis entreprend des Ă©tudes de maĂźtrise en sociologie. PassionnĂ©e par les luttes ouvriĂšres et la diffusion des idĂ©ologies, elle sera journaliste aux affaires politiques et syndicales Ă  La Presse (1961-1962) et au Devoir (1962-1968). C’est en 1962 que Le Devoir fait d’elle la premiĂšre femme journaliste Ă  la Tribune parlementaire Ă  QuĂ©bec. Elle Ɠuvre ensuite au Montreal Star (1968). Durant la Crise d’octobre 1970, Évelyn Dumas hĂ©berge Simone Monet-Chartrand pendant que son mari Michel Chartrand est en prison. Elle publiera plus tard Dans le sommeil de nos os - Quelques grĂšves au QuĂ©bec entre 1934 et 1944 (LemĂ©ac, 1971). Cette Ă©tude unique extirpe de l’oubli et analyse douze grĂšves ouvriĂšres importantes. Au Montreal Star, elle devient correspondante en France (19711973). Elle y Ă©crira La crise de la presse en France (LemĂ©ac, 1972). À son retour de France, elle est briĂšvement Ă©ditorialiste au Montreal Star. Elle participe dĂšs lors Ă  la mise sur pied du quotidien souverainiste Le Jour dont elle devient l’adjointe du rĂ©dacteur en chef Yves Michaud en 1974, aux cĂŽtĂ©s de Jacques Parizeau et RenĂ© LĂ©vesque. Elle en sera plus tard la rĂ©dactrice en chef (1977-1978). C’est le 18 novembre 1976 que la SSJB dĂ©cerne Ă  Évelyn Dumas son prix Olivar-Asselin du journalisme. La GaspĂ©sienne devient alors conseillĂšre du premier ministre LĂ©vesque pour les États-Unis et le Canada anglais, qu’elle sensibilise Ă  l’indĂ©pendance du QuĂ©bec jusqu’au rĂ©fĂ©rendum de 1980. À ce titre et grĂące Ă  ses contacts dans la presse amĂ©ricaine, elle organise les visites de LĂ©vesque Ă  Washington et Chicago. En 1978, l’UQAM lui dĂ©cerne une maĂźtrise en histoire. En 1979, elle se tourne vers la littĂ©rature en Ă©crivant le roman allĂ©gorique Un Ă©vĂ©nement de mes octobres. Elle sera aussi rĂ©dactrice en chef du magazine agricole La terre de chez nous Ă  partir de 1984. Évelyn Dumas sera profondĂ©ment marquĂ©e par la disparition de RenĂ© LĂ©vesque en 1987. Dans le milieu politique, oĂč l’on aime mieux l’apparence du pouvoir que la rĂ©alitĂ© d’une Ă©motion, RenĂ© LĂ©vesque se dĂ©marquait. Il ne perdait pas de vue les personnes, car elles comptaient pour lui. En 2002, elle publie Ensemble, se donner une voix pour mieux ĂȘtre – Histoire du Front commun des assistĂ©es sociales du QuĂ©bec (1977-2002). Ayant luttĂ© toute sa vie contre la bipolaritĂ©, Evelyn Dumas n’en a pas moins Ă©tĂ© une grande journaliste quĂ©bĂ©coise, dĂ©bordante d’énergie et sachant faire preuve d’une impressionnante productivitĂ©. Elle laisse dans le deuil ses sƓurs Carmel, Patricia et ThĂ©rĂšse. La SSJB tient Ă  offrir ses sincĂšres sympathies Ă  sa famille et Ă  ses amis. ‱‱‱

Chaque annĂ©e, les contribuables quĂ©bĂ©cois, aprĂšs avoir rempli leurs deux dĂ©clarations de revenus, – petite opĂ©ration administrative qui Ă  elle seule coĂ»te 800 millions de dollars en trop par annĂ©e – transfĂšrent plus de 50 milliards de dollars au gouvernement d’Ottawa, lequel les rĂ©partit en finançant des programmes et des institutions selon ses propres prioritĂ©s. Les sommes investies par Ottawa pour l’achat d’un seul appareil F-35, soit 462 millions, suffiraient pourtant en bonne partie pour financer le rĂ©investissement requis en Ă©ducation postsecondaire. Et c’est sans parler des 490 milliards de dollars qu’investira le Canada dans le domaine militaire pour les deux prochaines dĂ©cennies
 En tant que province, le QuĂ©bec ne peut rien faire par rapport aux 800 millions de dollars par annĂ©e qu’Ottawa ne transfĂšre plus Ă  QuĂ©bec pour le financement des cĂ©geps et universitĂ©s depuis les annĂ©es 1990. En vertu de son fameux « pouvoir fĂ©dĂ©ral de dĂ©penser », le gouvernement canadien intervient d’une multitude de façons en matiĂšre d’éducation postsecondaire, un champ de compĂ©tence du QuĂ©bec, que ce soit par le biais de la Fondation canadienne pour l’innovation, des Chaires de recherche du Canada ou autrement. Les politiques fĂ©dĂ©rales de soutien Ă  la recherche scientifique favorisent systĂ©matiquement l’Ontario. Sur les 58 milliards investis par Ottawa de 1993 Ă  2007, 29 milliards, soit prĂšs de 60 %, l’ont Ă©tĂ© en Ontario. Les QuĂ©bĂ©cois ont fourni 12 milliards, mais n’ont reçu que 9 milliards $. En ce qui concerne les centres de recherche, 27 ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s du cĂŽtĂ© ontarien contre
 zĂ©ro dans l’Outaouais quĂ©bĂ©cois ! Signalons au passage qu’Ottawa a rĂ©cemment aboli son soutien Ă  la recherche fondamentale et baissĂ© le crĂ©dit d’impĂŽt pour la recherche et le dĂ©veloppement afin de mieux servir les entreprises privĂ©es. Surfinancement des universitĂ©s anglophones Au QuĂ©bec, les universitĂ©s anglophones, dont les Ă©tudiants se mobilisent nettement moins que ceux des autres universitĂ©s, rĂ©coltent 72 des 302 chaires de recherche du Canada, ce qui reprĂ©sente prĂšs de 24 % du total. Quant Ă  la Fondation canadienne pour l’innovation, l’universitĂ© McGill obtient Ă  elle seule 37 % du financement. Les Ă©tablissements anglophones de niveau universitaire au QuĂ©bec reçoivent 35,8 % de l’ensemble des subventions fĂ©dĂ©rales, soit prĂšs de 4,4 fois le poids dĂ©mographique de la population de langue maternelle anglaise. Le sous-financement des universitĂ©s francophones au QuĂ©bec figure certainement parmi les causes de l’écart entre le taux de diplomation universitaire des jeunes francophones (22,5 %) et celui des jeunes anglophones (32,3 %). Au QuĂ©bec, si les institutions francophones Ă©taient financĂ©es Ă©quitablement, le financement Ă©tant rĂ©parti en proportion de la population francophone, celles-ci recevraient au bas mot 500 millions de dollars de plus par annĂ©e. Canadianisation du modĂšle quĂ©bĂ©cois En 2012, le fossĂ© entre QuĂ©bĂ©cois et Canadiens anglais sur les questions sociales semble toujours se creuser, notamment depuis la derniĂšre Ă©lection du gouvernement conservateur, alors que les attaques Ă  l’égard du modĂšle quĂ©bĂ©cois et de la culture politique quĂ©bĂ©coise en gĂ©nĂ©ral fusent dans la presse anglophone. RĂ©cemment, Barbara Kay du National Post affirmait que contrairement aux francophones, qui sont des « lunatiques » (bubble-dwelling) et qui se rassemblent en foules « stupides » (mindless) pour manifester, les anglophones du Canada Ă©taient, eux, « rĂ©alistes » sur cette question. Si le QuĂ©bec Ă©tait indĂ©pendant, il pourrait Ă©viter la canadianisation de son modĂšle d’éducation et cesser d’ĂȘtre systĂ©matiquement comparĂ© aux « autres » provinces canadiennes en matiĂšre de droits de scolaritĂ©. Il pourrait plutĂŽt se mesurer aux pays qui ont fait le choix de garantir Ă  leurs citoyens une accessibilitĂ© universelle Ă  l’éducation. Cela nous rappelle que le cheminement vers la gratuitĂ© scolaire fait partie des engagements ratifiĂ©s par le Canada dans le cadre du Pacte international relatif aux droits Ă©conomiques, sociaux et culturels, engagements que seul le QuĂ©bec, parmi toutes les provinces canadiennes, paraĂźt susceptible d’honorer Ă  terme, Ă  condition que nous continuions de manifester et d’avoir foi en notre avenir national. L’indĂ©pendance constitue la seule solution concrĂšte et rĂ©alisable qui permettra au Peuple du QuĂ©bec de dĂ©cider lui-mĂȘme de l’ensemble de ses politiques en matiĂšre d’éducation tout en accĂ©dant Ă  la maĂźtrise de son destin. ‱‱‱ Maxime Laporte, LL. B. Coordonnateur, rĂ©seau Cap sur l’indĂ©pendance

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De Jean Charest Ă  Power-Gesca

Convergence, quand tu nous tiens par Christian Gagnon Dans son Ă©dition de dĂ©cembre dernier, votre journal Le Patriote vous exposait Ă  quel point les intĂ©rĂȘts de Power Corporation Ă©taient bien servis par l’action des gouvernements de Jean Charest au QuĂ©bec et de Nicolas Sarkozy en France (voir ssjb.com). À cela se superposaient des Ă©changes frĂ©nĂ©tiques de mĂ©dailles, le prĂ©sident Sarkozy ayant accordĂ© la Grande croix de la LĂ©gion d’honneur Ă  Paul Desmarais en fĂ©vrier 2008, puis le titre de Commandeur de la LĂ©gion d’honneur Ă  Jean Charest en fĂ©vrier 2009, et encore la LĂ©gion d’honneur Ă  Jacqueline Desmarais, Ă©pouse de Paul, en novembre dernier. De son cĂŽtĂ© en juin 2009, le premier ministre Charest dĂ©corait les deux fils de Paul Desmarais, AndrĂ© et Paul fils, du titre d’Officier de l’Ordre national du QuĂ©bec. Mais la pauvre Jacqueline n’avait rien eu des mains de son ami Jean Charest.

MichÚle Dionne et Jean Charest à Sagard, le 30 août 2008

Quelle ingratitude de la part du premier ministre Charest! AprĂšs tout, Jackie n’avait-elle pas invitĂ© notre premier ministre et sa femme Ă  fĂȘter son 80e anniversaire au plus que somptueux domaine de Sagard en aoĂ»t 2008, comme nous le rĂ©vĂ©lait une vidĂ©o des pirates informatiques Anonymous en juin dernier? Comment rĂ©parer cet impair Ă  l’égard de Madame Desmarais? Quoi faire pour dĂ©livrer la malheureuse de son terrible chagrin, elle dont la fortune familiale est estimĂ©e Ă  4 milliards $ par le magazine Forbes? Une petite mĂ©daille, peut-ĂȘtre? C’est finalement le 7 juin dernier que notre bon roi nĂšgre a montrĂ© patte blanche en dĂ©corant Jacqueline Desmarais du titre de Grande OfficiĂšre de l’Ordre national du QuĂ©bec, plus haute distinction dĂ©cernĂ©e par l’État quĂ©bĂ©cois. Le fait que la vidĂ©o d’Anonymous ait Ă©tĂ© rendue publique six jours plus tĂŽt ne leur a mĂȘme pas inspirĂ© la moindre petite gĂȘne. La convergence chez Paul Junior Et pendant ce temps, de quoi discutent Jean Charest et les Desmarais? De stratĂ©gie Ă©lectorale, bien sĂ»r. D’abord, le 11 juin, le PLQ perd aux mains du PQ la circonscription d’Argenteuil qu’il dĂ©tenait pourtant depuis 46 ans. Puis, le lendemain au Forum Ă©conomique des AmĂ©riques Ă  MontrĂ©al, le co-grand patron de Power Corporation, Paul Desmarais

fils, dĂ©roge Ă  la discrĂ©tion habituelle de la famille et commente la crise Ă©tudiante en dĂ©clarant : J’ai le sentiment que tout ça va finir par une Ă©lection finalement en bout de ligne, parce qu’il est difficile de voir d’autre alternative, parce que les deux parties semblent ĂȘtre Ă  des pĂŽles opposĂ©s aujourd’hui. À cette mĂȘme occasion, entourĂ© du gratin Ă©conomique canadien et international, Charest dĂ©clare : Le premier constat, c’est que les manifestants ne s’attaquent plus au gouvernement du QuĂ©bec, ils s’attaquent aux QuĂ©bĂ©cois, et puis ils s’attaquent Ă  un systĂšme Ă©conomique. Puis lĂ , ç’a dĂ©bordĂ© la question des droits de scolaritĂ©. Le lendemain (13 juin), par pure coĂŻncidence, AndrĂ© Pratte signe dans La Presse, propriĂ©tĂ© des Desmarais, un Ă©ditorial qui conclut : Nous avons dĂ©jĂ  Ă©crit ici que seule la tenue d’élections au dĂ©but de l’automne permettra de sortir de la crise Ă©tudiante. Dans le climat malsain qui prĂ©vaut, M. Charest ne pourrait prendre pire dĂ©cision que de repousser l’échĂ©ance Ă©lectorale au printemps 2013 en raison de sondages dĂ©favorables. La situation pourrirait davantage sans que les chances de rĂ©Ă©lection des libĂ©raux n’augmentent. Ce gouvernement est au pouvoir depuis neuf ans, dont presque quatre dans ce troisiĂšme mandat. Son bilan et ses politiques sont connus, les propositions des autres partis aussi, notamment au sujet des droits de scolaritĂ©. Laissons les QuĂ©bĂ©cois trancher.

Jacqueline « Jackie » Desmarais recevant l’Ordre national du QuĂ©bec des mains de Jean Charest. (source : journaldemontreal.com/2012/06/07/dans-le-club-select)

Ce mĂȘme 13 juin oĂč Jean Charest et Paul Desmarais junior martelaient la mĂȘme rengaine prĂ©-Ă©lectorale, l’opposition pĂ©quiste brandissait Ă  l’AssemblĂ©e nationale une page de prĂ©sentation PowerPoint ayant accompagnĂ© un discours de Jean Charest prononcĂ© la semaine prĂ©cĂ©dente au Palais Montcalm Ă  QuĂ©bec devant des centaines de membres de cabinets libĂ©raux. Le leader parlementaire pĂ©quiste, StĂ©phane BĂ©dard, y voyait la confirmation de la politique de la terre brĂ»lĂ©e de Jean Charest. Il s’agit

selon lui d’associer le Parti quĂ©bĂ©cois au dĂ©sordre. Mais, pour ce faire, il faut maintenir le chaos, [
] ça prend des gens dans la rue parce que, [
] s’il n’y a plus personne dans la rue, il n’y a plus de stratĂ©gie Ă©lectorale ! M. Charest rĂ©pliquait n’avoir jamais cherchĂ© Ă  laisser traĂźner le conflit Ă©tudiant Ă  des fins Ă©lectorales, lançant pourtant aussitĂŽt, Madame Marois, c’est la rue. Des Ă©lections dĂ©clenchĂ©es en aoĂ»t

Paul Desmarais fils et Jean Charest au Sommet économique des Amériques à Montréal. (source : TVA Nouvelles de 22 h, 12 juin 2012)

La conclusion Ă  en tirer est limpide : le bilan libĂ©ral est si lamentable que le PLQ de Jean Charest a depuis longtemps dĂ©cidĂ© de tout miser sur la crise Ă©tudiante. En aoĂ»t prochain, dĂšs le retour en classe des Ă©tudiants touchĂ©s par la loi 78, la mobilisation contre la hausse des frais de scolaritĂ© reprendra. Et Jean Charest jouera le tout pour le tout en lançant le QuĂ©bec en Ă©lections, coupant court de façon trĂšs pratique Ă  la reprise des embarrassantes audiences de la commission Charbonneau sur la corruption de son gouvernement. Quelle place restera-t-il pour la souverainetĂ© dans tout cela? Jean Charest sera-t-il le seul Ă  en parler? Commentant la fin de la session parlementaire du 15 juin, Pauline Marois a dĂ©clarĂ© que le PQ proposerait de changer de gouvernement, de direction et de pays. Ces belles intentions se concrĂ©tiseront-elles au cours de la campagne pĂ©quiste? Comme dirait François Legault, on verra. ‱‱‱

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Que faire de la INDÉPENDANCE ET PATRIOTES Par Robert Comeau, historien gouvernance souverainiste? Pour le rĂ©seau Cap sur l’indĂ©pendance par Christian Gagnon

Sondage aprĂšs sondage, prĂšs des trois quarts des QuĂ©bĂ©cois se disent insatisfaits du gouvernement Charest. À la mi-juin, le PQ de Pauline Marois dĂ©tenait 11 points d’avance sur le PLQ et 18 sur la CAQ chez les francophones. On pourrait donc croire que la prochaine Ă©lection est dans la poche pour l’Opposition officielle pĂ©quiste, mais il n’en est rien. Dans les faits et compte tenu de notre systĂšme Ă©lectoral uninominal Ă  un tour, les libĂ©raux pourront toujours compter sur leur Ă©lectorat captif de l’Ouest de MontrĂ©al et de l’Outaouais pour Ă©lire des dĂ©putĂ©s, et ils ont 15 points d’avance dans la grande rĂ©gion de QuĂ©bec. Avec une crise Ă©tudiante qui s’éternise et une commission Charbonneau qui nous rĂ©serve assurĂ©ment des surprises, personne ne sait oĂč finira l’opinion publique dans les prochains mois. N’empĂȘche qu’un retour des souverainistes au pouvoir Ă  QuĂ©bec est beaucoup plus possible qu’il y a six mois. En mai, l’appui Ă  la souverainetĂ© se maintenait autour des 43 %. Alors, si au terme d’un parfait alignement de planĂštes, le PQ forme un gouvernement majoritaire cet automne et s’il veut vraiment mettre la table pour la tenue d’un rĂ©fĂ©rendum, que faire de la gouvernance souverainiste? La langue et l’identitĂ©, terreaux de toutes les passions Le 29 janvier dernier, le journal The Province, du groupe CanWest, publiait une sĂ©rie de rĂ©ponses de ses lecteurs Ă  une question directe posĂ©e quelques jours plus tĂŽt : Compte tenu de la proĂ©minence d’autres langues et des coĂ»ts pour les gouvernements et entreprises, le Canada devrait-il abolir le bilinguisme officiel? (traduit de l’anglais). Pourtant issue de Vancouver et non de l’Ouest plus typiquement « red neck », l’avalanche spontanĂ©e de rĂ©actions fut sans Ă©quivoque. [Le bilinguisme officiel] est une insulte aux autres langues, rage l’un. Un pays, une langue officielle, scande l’autre. [Le bilinguisme officiel] a Ă©tĂ© trop longtemps une arme politique, peste celle-ci. Les Français ont perdu la guerre, passons Ă  autre chose. [
] N’imposons pas une langue Ă©trangĂšre aux vrais Canadiens, fulmine celui-lĂ . Plus prĂšs de nous, le magazine L’ActualitĂ© a publiĂ© le 15 avril dernier un dossier basĂ© sur un sondage CROP montrant notamment que les deux tiers des anglophones de MontrĂ©al – et les trois quarts des jeunes – estiment que les grandes entreprises devraient pouvoir embaucher des gestionnaires unilingues anglophones mĂȘme si cela signifie l’imposition de l’anglais comme langue de travail. On y apprenait aussi que la moitiĂ© des anglo-MontrĂ©alais n’avait jamais eu une conversation significative avec un francophone et que les deux tiers d’entre eux ne considĂ©raient pas que la position prĂ©dominante du français Ă©tait l’ingrĂ©dient clĂ© de l’originalitĂ© de cette ville. Cette Ă©dition de L’ActualitĂ© a fait l’objet d’une chronique enflammĂ©e de Lysiane Gagnon dans le Toronto Globe and Mail du 2 avril. À nouveau, une immense vague d’hostilitĂ© anti-QuĂ©bec en a Ă©mergĂ©, alors que pas moins de 536 rĂ©actions ont abouti sur le site Internet du Globe, de nombreuses ayant Ă©tĂ© effacĂ©es par les webmestres du site parce que contrevenant Ă  l’étiquette interdisant les propos haineux ou racistes. VoilĂ  qui montre bien que plus de 40 ans de bilinguisme officiel canadien n’ont en rien rapprochĂ© les deux solitudes et que toute initiative linguistique d’un futur gouvernement pĂ©quiste, mĂȘme anodine et fortement appuyĂ©e par les QuĂ©bĂ©cois, suscitera immanquablement la furie du « Rest of Canada ». Ajoutez-y une charte quĂ©bĂ©coise de la laĂŻcitĂ© contredisant le multiculturalisme officiel canadien, et ce sera l’hystĂ©rie assurĂ©e. La monarchie britannique, anachronisme cher au « Canadians » La monarchie britannique au Canada est l’objet d’un autre profond clivage QuĂ©bec-

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Canada. Dans tous les sondages, les « Canadians » y sont attachĂ©s et la considĂšrent comme une partie de leur identitĂ©. À l’inverse, les QuĂ©bĂ©cois souhaitent massivement son abolition, bien que se sachant condamnĂ©s Ă  devoir se contenter d’y ĂȘtre indiffĂ©rents. Mais si le gouvernement Harper dĂ©cide de dĂ©penser 7,5 millions $ pour cĂ©lĂ©brer avec faste le jubilĂ© de diamant d’Elizabeth II, un autre million $ pour la visite officielle du prince Charles et de sa Camilla, et que le procĂšs pour fraude de la fort dĂ©pensiĂšre ex-lieutenant-gouverneur Lise Thibault fait les manchettes, un filon se matĂ©rialise alors. Et c’est sans compter qu’à deux reprises, la commission des affaires publiques de l’AssemblĂ©e nationale a convoquĂ© l’actuel lieutenant-gouverneur du QuĂ©bec, Pierre Duchesne, pour s’expliquer devant les Ă©lus sur sa gestion des fonds publics qui lui sont confiĂ©s, ce qu’il a d’abord refusĂ© jusqu’à ce que, devant l’insistance des Ă©lus, il dĂ©lĂšgue Ă  sa place son principal aide de camp. Traditionnellement, c’est le premier ministre du Canada qui dĂ©signe le lieutenant-gouverneur aprĂšs consultation avec son homologue provincial. Le lieutenant-gouverneur est ensuite nommĂ©, Ă  titre officiel, par le gouverneur gĂ©nĂ©ral, habituellement pour un mandat de cinq ans. À l’échelle des 70 milliards $ du budget annuel quĂ©bĂ©cois, les 800 000 $ que nous coĂ»te chaque annĂ©e le lieutenant-gouverneur du QuĂ©bec sont relativement modestes. Mais la charge symbolique d’un tel vestige colonial est importante, si bien que l’abolition de cette fonction a maintes fois Ă©tĂ© rĂ©clamĂ©e. Et c’est notre Patriote de l’annĂ©e 2010 qui a le point de vue le plus Ă©clairĂ© sur la question. L’historien Gilles Laporte souligne que l’abolition de la fonction de lieutenantgouverneur du QuĂ©bec nĂ©cessiterait un amendement constitutionnel, ce qui est quasi impossible depuis l’introduction de la trĂšs exigeante formule d’amendement de 1982. Ainsi, la solution la plus praticable consiste Ă  laisser en dĂ©shĂ©rence la charge de lieutenantgouverneur et de ne pas remplacer le titulaire actuel, une fois son mandat terminĂ©, croit M. Laporte, ce qui demanderait selon lui une grande collaboration du gouvernement fĂ©dĂ©ral. Rappelons que la mesure consistant Ă  sursoir Ă  la nomination du prochain lieutenant-gouverneur tant qu’une rĂ©forme constitutionnelle n’aura pas dĂ©cidĂ© d’en rĂ©viser le statut Ă©tait dĂ©jĂ  au cƓur du programme de l’ancien parti du premier ministre, le Reform Party, ajoute Gilles Laporte.

On cĂ©lĂšbre cette annĂ©e le 175e anniversaire de la rĂ©volte des Patriotes. J’aimerais vous rappeler sept grands textes Ă  teneur indĂ©pendantiste, sept moments qui ont Ă©tĂ© des Ă©tapes importantes de notre lutte de libĂ©ration nationale. l - En fĂ©vrier 1834, aprĂšs des annĂ©es d’affrontements au Parlement entre l’AssemblĂ©e Ă©lue et les deux conseils formĂ©s des amis du gouverneur, le Parti patriote formule ses 92 RĂ©solutions. C’est un texte qui rĂ©clame de toute urgence des rĂ©formes du rĂ©gime. Papineau, Morin et BĂ©dard rĂ©clament que les membres du gouvernement soient responsables devant l’AssemblĂ©e des dĂ©putĂ©s Ă©lus. C’est Ă  l’AssemblĂ©e Ă  voter les budgets, pas aux gens nommĂ©s par le gouverneur. Les Patriotes veulent le gouvernement responsable : ce qui veut dire que les membres du gouvernement, les membres des deux conseils, soient choisis parmi les Ă©lus et qu’ils soient responsables devant l’AssemblĂ©e des dĂ©putĂ©s Ă©lus. Dans le rĂ©gime colonial en place, les conseillers bloquaient les projets de loi des Ă©lus. Ce n’était pas dĂ©mocratique. On comprend que se battre pour obtenir ses droits dĂ©mocratiques, c’est se battre pour l’indĂ©pendance du pays. L’indĂ©pendance est alors inhĂ©rente Ă  l’accroissement de pouvoirs des Ă©lus. Et l’autoritĂ© vient du peuple et non du roi et du gouverneur. On dĂ©fend la RĂ©publique et non la monarchie britannique. Il faut se rappeler cet idĂ©al rĂ©publicain des Patriotes, comme les partisans de la RĂ©publique d’Irlande qui ont fait leur indĂ©pendance en se sĂ©parant de l’Empire. Londres a dit non aux demandes des Patriotes par les RĂ©solutions de Lord Russell. Cela met le feu aux poudres. 2 - Printemps 1837 : le 7 mai 1837, les rĂ©solutions de l’AssemblĂ©e de Saint-Ours dĂ©clarent que c’est le peuple qui est la seule source de lĂ©gitimitĂ©. Le Parlement impĂ©rial n’a aucun droit sur la conduite des Affaires. L’autoritĂ© vient du peuple non du roi : on dĂ©fend la RĂ©publique et non la Monarchie. 3 - Le 15 mai 1837 : dans son discours Ă  Saint-Laurent, Papineau dĂ©clare que le peuple a le devoir de se substituer Ă  l’autoritĂ© impĂ©riale qui s’est rendue indigne de gouverner la colonie. On s’inspire de l’exemple de l’indĂ©pendance des États-Unis face Ă  l’Empire britannique. 4 - Automne 1837 : le 4 octobre 1837, dans son « Adresse des Fils de la LibertĂ© aux jeunes gens des colonies de l’AmĂ©rique du Nord », AndrĂ© Ouimet dĂ©clare que c’est le destin de toute l’AmĂ©rique du Nord de suivre la voie tracĂ©e par les États-Unis, la voie de l’indĂ©pendance. 5 - Le 24 octobre, Papineau, Girod et Pierre Boucher Belleville jettent les bases d’une AssemblĂ©e constituante chargĂ©e de donner une nouvelle constitution aux Canadiens. La tĂȘte de Papineau est mise Ă  prix. SoulĂšvement des Patriotes. Double soulĂšvement. Les Radicaux tory, les Montrealers veulent un affrontement armĂ© pour Ă©craser les Patriotes et pour faire imposer par la force l’Union des deux colonies, union qui placera les Canadiens en minoritĂ©. Ces Montrealers sont contre toute politique de conciliation : ils veulent l’écrasement militaire des Patriotes qu’ils qualifient de French Domination. Ils collaborent avec le chef militaire Colborne et sa rĂ©pression. On abolira l’AssemblĂ©e du peuple quĂ©bĂ©cois (pendant trente ans, jusqu’en 1867, nous n’aurons pas droit Ă  notre AssemblĂ©e nationale!) et l’union politique sera imposĂ©e en 1840 : c’est une nouvelle conquĂȘte aprĂšs celle de 1760. AprĂšs la conquĂȘte militaire, c’est la conquĂȘte politique. 6 - Le 28 fĂ©vrier 1838, Robert Nelson et Cyrille CĂŽtĂ© dĂ©clarent l’indĂ©pendance complĂšte du Bas Canada dotĂ© d’un gouvernement rĂ©publicain. L’appui des AmĂ©ricains n’est pas venu. C’est la rĂ©pression, l’emprisonnement, la dĂ©portation et l’exĂ©cution de Patriotes. 7 - Chevalier De Lorimier, Ă  la veille de sa pendaison le 15 fĂ©vrier 1839, livre un testament politique affirmant clairement que l’indĂ©pendance est indissociable de la lutte pour la DĂ©mocratie et la LibertĂ©.

DĂšs son entrĂ©e en fonction, le lieutenantgouverneur du QuĂ©bec Pierre Duchesne a fait preuve d’un amour-propre qui a heurtĂ© bien des dĂ©putĂ©s soucieux de saine administration des fonds publics. Il a fait frapper des centaines de mĂ©dailles Ă  son effigie, ce qu’aucun de ses prĂ©dĂ©cesseurs n’avait fait depuis 1966.

Or, Monsieur Duchesne a Ă©tĂ© nommĂ© le 18 mai 2007 et a prĂȘtĂ© les serments d’office et d’allĂ©geance le 7 juin 2007. Le hasard veut donc que son mandat de 5 ans prenne fin cet Ă©tĂ© et que le QuĂ©bec sera probablement en Ă©lection Ă  la rentrĂ©e. DĂšs sa prise du pouvoir, un gouvernement pĂ©quiste pourrait donc demander Ă  Ottawa de ne pas reconduire M. Duchesne dans ses fonctions et de ne pas le remplacer. Mais il apparaĂźt fort improbable qu’un gouvernement Harper maintenant majoritaire et obsĂ©dĂ© par le mise en valeur de la reine du Canada daigne rĂ©pondre

N’oublions pas que tant qu’elle ne sera pas obtenue, l’INDÉPENDANCE POLITIQUE demeurera toujours Ă  l’ordre du jour, malgrĂ© tout ce que l’on pourra vous raconter sur les bienfaits du fĂ©dĂ©ralisme qui nous place en situation de minoritĂ©. La pleine maĂźtrise de la vie politique d’un peuple est un objectif qui est toujours valable car agir par soi-mĂȘme pour un individu comme pour un peuple, c’est une source d’enrichissement indispensable et de progrĂšs. Continuons le combat qui dure depuis 175 ans! Et saluons tous les patriotes qui ont poursuivi le combat pour l’indĂ©pendance du QuĂ©bec. Rappelons-nous de ceux qui, depuis Papineau et De Lorimier jusqu’à Pierre Bourgault et Pierre Falardeau, ont cru Ă  notre combat pour la libertĂ© et ont combattu les dĂ©faitistes ! Je suis convaincu que nous vaincrons un jour. Vive l’indĂ©pendance du QuĂ©bec! Travaillons Ă  l’UnitĂ© pour rĂ©ussir l’émancipation du QuĂ©bec. ‱‱‱ favorablement Ă  la demande en ce sens d’un gouvernement quĂ©bĂ©cois souverainiste fraĂźchement Ă©lu. Essuyant une telle fin de non-recevoir, un premier budget du nouveau gouvernement pĂ©quiste pourrait rĂ©duire Ă  nĂ©ant sa part (80 %) du financement du bureau du lieutenant-gouverneur. Et comme l’explique Gilles Laporte, l’article 67 amendĂ© de la Constitution de 1982 permettrait Ă  l’AssemblĂ©e nationale de fonctionner quand mĂȘme puisque le gouverneur en conseil peut nommer un administrateur chargĂ© d’exercer les fonctions de lieutenant-gouverneur en cas d’absence ou d’empĂȘchement du titulaire ou de vacance de sa charge. L’actuel administrateur

du gouvernement du QuĂ©bec (une des juges principaux de la Cour d’appel du QuĂ©bec) pourrait ainsi agir « par intĂ©rim » en lieu et place du lieutenant-gouverneur. L’Opposition officielle Ă  l’AssemblĂ©e nationale serait alors bien embĂȘtĂ©e d’avoir Ă  dĂ©fendre la qualitĂ© de chef de l’État quĂ©bĂ©cois du lieutenant-gouverneur et reprĂ©sentant de Sa MajestĂ© britannique. VoilĂ  qui donnerait lieu Ă  d’intĂ©ressants Ă©changes parlementaires et Ă  un ressac « canadian » qui, Ă  terme, mettraient en Ă©vidence l’incompatibilitĂ© du carcan identitaire canadien avec l’image que se font les QuĂ©bĂ©cois d’eux-mĂȘmes. ‱‱‱


Le prix Calixa-LavallĂ©e au pianiste Alain LefĂšvre par France Langlais Le comĂ©dien Patrick Drolet a incarnĂ© le compositeur AndrĂ© Mathieu dans le film L’enfant prodige. (Photo : Mathieu Breton)

Alain LefĂšvre a acceptĂ© le prix Calixa-LavallĂ©e avec beaucoup d’émotion. (Photo : Mathieu Breton)

Walter Boudreau a rendu hommage Ă  son ami Alain LefĂšvre. (Photo : Mathieu Breton)

Le 29 mai dernier, la SSJB remettait le prix Calixa-LavallĂ©e et la mĂ©daille Bene merenti de patria au pianiste et compositeur Alain LefĂšvre pour sa contribution exceptionnelle au dĂ©veloppement et au rayonnement de la musique classique quĂ©bĂ©coise Ă  travers le monde et pour avoir rĂ©habilitĂ© le gĂ©nie musical du compositeur AndrĂ© Mathieu. Le prĂ©sident de la SSJB, Mario Beaulieu, a remis la mĂ©daille Bene merenti Ă  Alain LefĂšvre au cours d’une cĂ©rĂ©monie qui s’est tenue Ă  la maison Ludger-Duvernay. Gaston Bergeron, prĂ©sident de la Fondation du PrĂȘt d’honneur lui a quant Ă  lui remis une bourse de 3000 $. CollĂšgues et amis d’Alain LefĂšvre lui ont rendu hommage durant cette soirĂ©e, dont son ami Walter Boudreau, compositeur, chef d’orchestre, directeur artistique et chef attitrĂ© de la SociĂ©tĂ© de musique contemporaine du QuĂ©bec, et le comĂ©dien Patrick Drolet qui a interprĂ©tĂ© AndrĂ© Mathieu dans le film L’enfant prodige de Luc Dionne. Une brillante carriĂšre internationale Alain LefĂšvre poursuit une brillante carriĂšre internationale. Il a jouĂ© dans prĂšs d’une quarantaine de pays et se produit rĂ©guliĂšrement sur les scĂšnes prestigieuses du monde, avec orchestre et en rĂ©cital. Paru sur Ă©tiquette Analekta, son dernier CD des Ɠuvres de Rachmaninov (Concerto no 4, version 1926) et de Scriabine (PromĂ©thĂ©e) lancĂ© en mars dernier et enregistrĂ© Ă  la Maison symphonique avec l’Orchestre symphonique de MontrĂ©al sous la direction de Kent Nagano, a Ă©tĂ© brillamment saluĂ© par la critique.

Gaston Bergeron, Mario Beaulieu et Alain LefĂšvre. (Photo : Mathieu Breton)

TINTAMARRE DE CASSEROLES Le QuĂ©bec se fait entendre par Élaine Des Lauriers

RĂ©cipiendaire de nombreux prix de haut niveau Le pianiste montrĂ©alais a une feuille de route impressionnante. Il est rĂ©cipiendaire de nombreux prix, dont le Prix JUNO (2010), le Prix Opus (2011), de huit FĂ©lix (ADISQ, 2001-2010) et le Prix AndrĂ©-Gagnon dĂ©cernĂ© par la SociĂ©tĂ© professionnelle des auteurs et des compositeurs du QuĂ©bec (SPACQ) saluant son talent de compositeur. ConsacrĂ© « PersonnalitĂ© de l’AnnĂ©e 2009 », dans la catĂ©gorie des Arts, Lettres et Spectacles, au Gala Excellence de La Presse/Radio-Canada 2010, il a Ă©galement remportĂ© le prestigieux Prix AIB 2010 dĂ©cernĂ© Ă  Londres pour la PersonnalitĂ© internationale de l’annĂ©e — Radio, pour son Ă©mission dominicale consacrĂ©e Ă  la musique classique sur les ondes d’Espace Musique, Radio-Canada. RĂ©cemment nommĂ© Officier de l’Ordre du Canada, il est Ă©galement Chevalier de l’Ordre national du QuĂ©bec et Chevalier de l’Ordre de la PlĂ©iade. C’est avec beaucoup d’émotion qu’Alain LefĂšvre a acceptĂ© le prix Calixa-LavallĂ©e. Il y a des honneurs touchants, honorifiques. Celui-lĂ  aujourd’hui est prĂ©cieux, a-t-il dit, soulignant combien cet honneur de la SociĂ©tĂ© Saint-Jean-Baptiste Ă©tait important. Prix Calixa-LavallĂ©e Louis Quilico, Gilles Vigneault, Joseph Rouleau, Colette Boky, FĂ©lix Leclerc, Pauline Julien, AngĂšle Dubeau et Charles Biddle ont dĂ©jĂ  mĂ©ritĂ© le prix Calixa-LavallĂ©e. Ce prix portant le nom du musicien, compositeur, accompagnateur et chef d’orchestre Calixa LavallĂ©e (1842-91) a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 1959 et est dĂ©cernĂ© Ă  un QuĂ©bĂ©cois dont la compĂ©tence et le rayonnement dans le domaine musical ont servi ou servent les intĂ©rĂȘts supĂ©rieurs de la nation quĂ©bĂ©coise, tant au QuĂ©bec qu’à l’étranger. Je n’arrĂȘterai jamais de dire que les QuĂ©bĂ©cois et le QuĂ©bec sont un grand peuple et un grand pays! a conclu Alain LefĂšvre. ‱‱‱

(Photo : Mathieu Breton)

À la mi-mai, avait lieu la 23e marche nocturne Ă  MontrĂ©al pour protester contre la hausse des frais de scolaritĂ©. L’AssemblĂ©e nationale ayant votĂ© la loi 78 qui s’attaque au droit associatif des Ă©tudiants et Ă  la libertĂ© d’expression de tous les QuĂ©bĂ©cois, la vague de protestation a pris une nouvelle forme suite Ă  l’invitation lancĂ©e sur Facebook par un professeur de cĂ©gep. Les citoyens excĂ©dĂ©s de la fermeture d’un gouvernement libĂ©ral qui ne cherche qu’à envenimer le conflit plutĂŽt qu’à le rĂ©gler, sont descendus dans les rues, casserole et cuiller Ă  la main. Soir aprĂšs soir, Ă  20 heures, dans les diffĂ©rents quartiers de MontrĂ©al, cette nouvelle forme de protestation a pris de plus en plus d’ampleur. Dans Rosemont, sur Masson; dans Villeray, au coin de Jarry et SaintDenis; dans Petite-Patrie, sur le Plateau, dans Hochelaga-Maisonneuve, les MontrĂ©alais, petits et grands, Ă  pied, en vĂ©lo et mĂȘme en poussette, ont pris d’assaut les rues afin de faire entendre leur colĂšre grandissante. Le maire Tremblay a bien tentĂ© de contenir ce mouvement en demandant aux MontrĂ©alais de rester sur leurs balcons, mais il a obtenu le rĂ©sultat inverse, encore plus de manifestants descendant dans les rues pour protester. Au plus fort des « manifestations casseroles », les marches se rejoignaient d’un quartier Ă  un autre pour finalement se joindre Ă  la manifestation nocturne.

Patrick Drolet, Mario Beaulieu, Alain LefĂšvre et Walter Boudreau. (Photo : Mathieu Breton)

Ces manifestations se sont poursuivies, rĂ©unissant chaque soir des centaines de personnes dans chacun des quartiers. Les citoyens de diffĂ©rentes villes du QuĂ©bec ont emboĂźtĂ© le pas. QuĂ©bec, Sherbrooke, TroisRiviĂšres, Gatineau, Saguenay, Saint-JĂ©rĂŽme, Saint-Eustache, Longueuil et mĂȘme Lachute, ville de la circonscription d’Argenteuil oĂč le gouvernement libĂ©ral subira une cuisante dĂ©faite Ă  l’élection partielle du 11 juin.

Elles ont mĂȘme dĂ©bordĂ© du QuĂ©bec, des manifestations de soutien Ă  la cause Ă©tudiante Ă©tant organisĂ©es entre autres Ă  Toronto, Ottawa et Vancouver, et mĂȘme Ă  New York, Los Angeles, Paris, Bruxelles, Berlin et Londres (oĂč un QuĂ©bĂ©cois y chantait avec beaucoup de vigueur la chanson fort Ă  propos « LibĂ©rez-nous des libĂ©raux » de Loco Locass). Ainsi, le printemps 2012 a Ă©tĂ© marquĂ©, dans les rues et dans les rĂ©seaux sociaux, par un immense ras-le-bol des QuĂ©bĂ©coises et des QuĂ©bĂ©cois. Ce grand rapprochement des citoyens unis dans un mĂȘme combat est sĂ»rement le point positif de cette crise qui s’éternise. Voisins et voisines ; petits et grands; dans la rue ou sur leur balcon, tous ont tapĂ© allĂšgrement sur leur casserole. Certains ont clamĂ© un retentissant NON Ă  la hausse des frais de scolaritĂ©, d’autres ont protestĂ© contre la loi 78, mais tous ont lancĂ© un message clair Ă  Jean Charest : le gouvernement libĂ©ral est usĂ©, corrompu et doit cĂ©der sa place. Plus que jamais les QuĂ©bĂ©cois veulent que des Ă©lections soient dĂ©clenchĂ©es. Au dĂ©but de l’étĂ©, les manifestants Ă©taient moins nombreux Ă  « jouer de la casserole » dans les quartiers de MontrĂ©al. Mais la lutte se poursuit. Les dizaines de milliers de personnes qui ont marchĂ© dans les rues de MontrĂ©al le 22 juin malgrĂ© la chaleur intense et la 63e manifestation nocturne qui a eu lieu le 25 juin montrent combien le mouvement est bien ancrĂ©. Les leaders Ă©tudiants ont affirmĂ© qu’ils continueraient au cours de l’étĂ© Ă  mobiliser leurs membres et qu’ils seraient prĂȘts Ă  poursuivre la lutte Ă  l’automne. Et, une fois en campagne Ă©lectorale, le grand dĂ©fi sera d’inciter tous ces jeunes Ă  aller voter afin que l’on puisse enfin montrer la porte aux libĂ©raux de Jean Charest. ‱‱‱

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Une foule record célÚbre la Journée nationale des patriotes

Une foule dense et enthousiaste a participé à la marche de la Journée nationale des patriotes et a assisté au spectacle de Loco Locass. (Photo : Mathieu Breton)

Alexandre Leduc, candidat de Québec solidaire dans Hochelaga-Maisonneuve et le député Amir Khadir se sont adressés aux marcheurs avant le départ. (Photo : Mathieu Breton)

Mario Beaulieu, président de la SSJB, a livré un vibrant discours. (Photo : M. Breton)

Maxime Laporte, coordonnateur du rĂ©seau Cap sur l’indĂ©pendance (Photo : M. Breton)

Laurence Beauchemin, coordonnatrice de l’Action fĂ©ministe pour l’indĂ©pendance (Photo : M. Breton)

(Photo : Mathieu Breton)

Les marcheurs se sont rassemblĂ©s Ă  la place de l’IndĂ©pendance, attendant le signal du dĂ©part. (Photo : Mathieu Breton)

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En cette dixiĂšme Ă©dition de la JournĂ©e nationale des patriotes, les Jeunes patriotes du QuĂ©bec invitaient les QuĂ©bĂ©cois Ă  rendre hommage aux patriotes qui ont luttĂ© pour la libertĂ©. Plusieurs milliers de personnes ont rĂ©pondu Ă  l’appel et ont marchĂ© jusqu’à la place Jacques-Cartier oĂč avait lieu un spectacle mettant en vedette Loco Locass. Les chanteurs Alexandre Belliard et CĂ©line Faucher ont assurĂ© la premiĂšre partie du spectacle. (Photo : Mathieu Breton)


Denis Trudel (Photo : M. Breton)

Bernard Landry (Photo : M. Breton)

Bernard Landry, premier ministre du Québec (2001-2003); Pauline Marois, chef du Parti Québécois et Mario Beaulieu, président de la SSJB. (Photo : Mathieu Breton)

Gilles Laporte, historien et Patriote de l’annĂ©e 2010-2011. (Photo : M. Breton)

Pauline Marois s’est adressĂ©e Ă  la foule nombreuse. (Photo : M. Breton)

Mario Beaulieu (Photo : M. Breton)

Le groupe Loco Locass a offert en primeur des chansons de son nouvel album, Le Québec est mort, vive le Québec. (Photo : Mathieu Breton)

Comme beaucoup des marcheurs, Chafiik portait le carré rouge, symbole de la lutte étudiante. (Photo : Mathieu Breton)

Biz et Batlam étaient visiblement trÚs heureux de participer à nouveau à la Journée nationale des patriotes. (Photo : Mathieu Breton)

(Photo : Mathieu Breton)

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Plaideur des trois pires coups de force libéraux en 40 ans

Sauver le soldat Amyot? par Christian Gagnon de l’autoritĂ© de la magistrature et de son indĂ©pendance. [
] PrĂŽner la mĂ©diation entre un Parlement dĂ»ment Ă©lu (appuyĂ© par 70 % de la population) et des gens qui n’ont aucun respect pour la primautĂ© du droit est une proposition qui relĂšve de la supercherie la plus abjecte, surtout de la part de celui qui a, de par sa fonction, le devoir d’assurer le respect des piliers de notre État de droit et de notre dĂ©mocratie parlementaire, lance-t-il. Une semaine plus tĂŽt, Me Amyot a pris la plume (« Le pilier de l’État de droit », La Presse, 12 avril) pour cĂ©lĂ©brer les trente ans de la promulgation de la Charte canadienne, sans s’arrĂȘter un seul instant sur le fait que le rapatriement de la constitution sans l’accord du QuĂ©bec s’était accompagnĂ© d’une diminution des Me Louis Masson, bĂątonnier sortant, et des centaines de juristes opposĂ©s Ă  la loi 78. (Photos : Annik MH De Carufel - Le Devoir et AndrĂ© Pichette — pouvoirs de l’AssemblĂ©e nationale. Partisan jusqu’à La Presse) la moelle, Me Amyot feint de ne pas savoir que c’est Certaines choses sont aussi prĂ©visibles que la rosĂ©e du matin. C’est le cas de cet prĂ©cisĂ©ment la blessure infligĂ©e par cette gifle Ă  ce qu’il reste d’unitĂ© canadienne et les Ă©checs envenimement du climat social ayant suivi l’adoption de la loi 78, ce que voulait justement successifs Ă  y remĂ©dier qui ont dominĂ© notre vie politique des trois derniĂšres dĂ©cennies. Ă©viter Me Louis Masson, bĂątonnier du QuĂ©bec. Mais ce qui Ă©tait encore plus prĂ©visible, Le constitutionnaliste et ex-ministre BenoĂźt Pelletier a rĂ©cemment Ă©crit, On ne peut ĂȘtre c’est cette rĂ©cente lettre vitriolique de Me Bernard Amyot Ă  l’attention de Me Masson dĂ©mocrate dans l’ñme ni fĂ©dĂ©raliste de cƓur sans Ă©prouver un profond malaise face au coup de (« Honte au bĂątonnier », Le Devoir, 18 mai). force de 1981-1982 et Ă  la non-adhĂ©sion du QuĂ©bec qu’il considĂšre comme un affront [qui] entache l’acte constitutionnel d’une certaine illĂ©gitimitĂ©, pour ne pas dire d’une illĂ©gitimitĂ© En effet, Me Amyot n’a jamais laissĂ© passer une occasion d’appuyer la maniĂšre forte et la certaine (Le Devoir, 14 avril). Cela fait-il de lui un mauvais libĂ©ral, un mauvais fĂ©dĂ©raliste, suspension des droits fondamentaux visant Ă  se saisir de conflits politiques par la lĂ©gislation voire un mauvais Canadien? autoritaire, dans la mesure oĂč elles proviennent d’un gouvernement libĂ©ral. La derniĂšre cause en lice du mercenaire Amyot est la loi 78, mais on pourrait y ajouter le rapatriement Bernard Amyot se permet mĂȘme de prĂ©tendre que grĂące Ă  ce rapatriement, les Canadiens unilatĂ©ral de 1982 et la Loi sur les mesures de guerre de 1970. À chaque occasion, le modus pourront dorĂ©navant modifier eux-mĂȘmes leur constitution sans avoir Ă  quĂ©mander la operandi de Me Amyot consiste Ă  marteler un discours grossiĂšrement partisan et lĂ©galiste permission de Londres au prĂ©alable alors qu’au contraire, l’extrĂȘmement exigeante formule de façon obsessive, le plus souvent en faisant intĂ©gralement fi de la nature politique de d’amendement combinĂ©e Ă  la fin de non-recevoir absolue du Canada anglais rend toute la crise. modification constitutionnelle significative impossible pour le QuĂ©bec. De plus, Me Amyot s’émeut devant cette Charte dont il soutient qu’elle protĂšge les citoyens contre « l’arbitraire Ă©tatique », ce qui est justement ce que l’Opposition officielle reproche Ă  la loi 78.

Manifestation nocturne du 15 juin 2012. Jouant du tambour et portant fiĂšrement le carrĂ© rouge, on reconnaĂźt Maxime Laporte, coordonnateur du rĂ©seau Cap sur l’indĂ©pendance et membre du Conseil gĂ©nĂ©ral de la SSJB. (Photo : La Presse)

D’abord, le cas de la loi 78. Le gouvernement Charest a ignorĂ© pendant de longues semaines une pourtant trĂšs forte mobilisation Ă©tudiante en espĂ©rant qu’elle s’estompe par elle-mĂȘme. Il a ensuite feint de nĂ©gocier en excluant des discussions la hausse qui est pourtant au cƓur du problĂšme. Puis, aprĂšs une nuit de nĂ©gociations-marathon, il s’est vantĂ© d’avoir fait signer aux porte-parole Ă©tudiants Ă©puisĂ©s un document qui ne contenait pas ce sur quoi il y avait eu entente. Et au terme de toute cette frime politicienne, il a adoptĂ© une loi coup de poing limitant abusivement les droits d’association et de manifestation. Faut-il dĂšs lors s’étonner que nos rues se soient remplies chaque jour de manifestants, Ă©tudiants et autres, dont le gouvernement du QuĂ©bec a perdu le respect? Le 18 mai, peu aprĂšs le dĂ©pĂŽt du projet de loi 78, le bĂątonnier Masson s’est inquiĂ©tĂ© que le projet de loi puisse porter atteinte Ă  la survie de ces associations Ă©tudiantes en leur imposant de lourdes amendes pour des actes commis par des personnes avec lesquelles elles n’ont aucun lien, de mĂȘme qu’en accordant Ă  la ministre de l’Éducation le pouvoir d’ordonner aux Ă©tablissements de cesser de percevoir la cotisation fixĂ©e par une association. Le bĂątonnier dĂ©plorait aussi qu’on impose aux personnes qui participent Ă  une manifestation, sans l’avoir organisĂ©e, de s’assurer que l’évĂ©nement correspond aux renseignements fournis Ă  la police. J’estime que ce projet de loi, s’il est adoptĂ©, porte des atteintes aux droits constitutionnels et fondamentaux des citoyens, a-t-il conclu. Le 28 mai, 500 juristes drapĂ©s de leur toge ont d’ailleurs manifestĂ© au centre-ville de MontrĂ©al pour ces mĂȘmes raisons. Comme le maire GĂ©rald Tremblay et tant d’autres, Louis Masson a appelĂ© Ă  la reprise des nĂ©gociations.

Avocat et associĂ© au cabinet Heenan Blaikie, Bernard Amyot a Ă©tĂ© prĂ©sident national de l’Association du Barreau canadien en 2007-2008.

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Dans sa virulente lettre du 18 mai contre le bĂątonnier, Me Amyot n’en a que pour le respect des injonctions. Le silence aurait Ă©tĂ© moins nĂ©faste que cette abdication totale Ă  l’anarchie au mĂ©pris de la primautĂ© du droit, que vous prĂ©tendez faussement dĂ©fendre, de l’autoritĂ© parlementaire des Ă©lus et

Enfin, en 2010, Bernard Amyot signait la prĂ©face d’un essai de William Tetley dans lequel l’ex-ministre du cabinet Bourassa dĂ©fendait, quarante ans plus tard, tous les pires abus ayant dĂ©coulĂ© de la promulgation de la Loi sur les mesures de guerre de 1970. Dans un brĂ»lot (Le Devoir, 19 octobre 2010), Me Amyot soutient d’abord que sur les 497 individus apprĂ©hendĂ©s au total [
], seules 103 personnes ont Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ©es injustement. [
] Les 394 autres avaient d’une façon ou d’une autre appuyĂ©, publiquement ou par leurs gestes, les fins violentes du FLQ de faire une rĂ©volution marxiste et sĂ©cessionniste et de renverser le gouvernement dĂ©mocratiquement Ă©lu du premier ministre Bourassa. Or, comme l’ont Ă©loquemment exposĂ© le journaliste Louis Fournier (Le Devoir, 22 octobre 2010) et le rĂ©alisateur Vincent Audet-Nadeau (Le Devoir, 25 octobre 2010), seulement 171 personnes ont prĂ©sentĂ© une rĂ©clamation (dont quelques personnes qui n’ont pas Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ©es) et le Protecteur du citoyen ne s’est aucunement penchĂ© sur le cas des autres personnes emprisonnĂ©es. Au terme du processus judiciaire, seulement treize personnes ont Ă©tĂ© condamnĂ©es pour appartenance au FLQ et complicitĂ© avec les ravisseurs. Tous les autres n’étaient donc rien d’autres que prisonniers d’opinion victimes d’une loi tyrannique. Me Amyot affirme Ă©galement que les personnes injustement incarcĂ©rĂ©es ont toutes eu droit Ă  une compensation de l’État quĂ©bĂ©cois allant jusqu’à 30 000 $, en dollars de l’époque. Or, les travaux de l’historienne Manon Leroux (Les silences d’Octobre, VLB, 2002), dĂ©montrent que l’ombudsman Louis Marceau n’avait obtenu au final que 400 $ pour chacune des 103 personnes considĂ©rĂ©es comme susceptibles de bĂ©nĂ©ficier d’une indemnitĂ© (Le Devoir, 23 octobre 2010). Manifestement, Me Amyot est donc toujours volontaire pour rendre service Ă  ses amis politiques en justifiant, avec toute la mauvaise foi dont il est capable, les coups de force libĂ©raux de toutes formes et de toutes les Ă©poques. Dommage pour lui que les Ă©lections quĂ©bĂ©coises soient si proches. Il risque de manquer de temps pour ĂȘtre nommĂ© juge. ‱‱‱

Le poÚte Gaston Miron, jeté en prison comme les poÚtes Michel Garneau, Denise Boucher et Patrick Straram, et 500 autres personnes innocentes, en vertu de la Loi sur les mesures de guerre promulguée en octobre 1970.


Ce que disait Édouard Montpetit aux Ă©tudiants de 1912

Les adolescents ne connaissent pas l’illusion de crĂ©er, Ă©crivait rĂ©cemment un chroniqueur français. Ce n’est pas vrai absolument, au moins dans le domaine matĂ©riel. L’énergie s’éveille vite, surtout chez les peuples jeunes oĂč les gĂ©nĂ©rations n’ont pas accumulĂ© de patrimoine : la nĂ©cessitĂ© commande, l’ambition obĂ©it. Mais une fois la vie assurĂ©e et la richesse acquise, il reste Ă  la nation le devoir de s’instruire
 Vous le reconnaissez, puisque vous ĂȘtes lĂ , et vous voudrez ĂȘtre les artisans de la pensĂ©e et de l’art. C’est par vous que ce progrĂšs pĂ©nĂ©trera notre sociĂ©tĂ© ; vous vous empresserez Ă  le rĂ©aliser, vous y consacrerez votre esprit. Lisez, apprenez, pensez. Mais lire est inutile, si, le livre fermĂ©, rien ne reste : des pages parcourues, des notes rencontrĂ©es, des volumes dĂ©pouillĂ©s doit jaillir la science par la rĂ©flexion. Cette science, faites-en l’application Ă  votre pays immĂ©diatement, et vous l’aurez servi si, votre vie durant, vous ne lui aviez fait que le don inapprĂ©ciable d’une idĂ©e bonne. Je sais bien que le siĂšcle est ailleurs et que notre civilisation est faite d’arrivisme pratique ; mais vous donnerez tort Ă  notre temps en demeurant des intellectuels, malgrĂ© le sens que l’on semble vouloir donner aujourd’hui Ă  ce mot quand il n’implique que curiositĂ© de l’esprit, spĂ©culation, pensĂ©e. Et vous aurez ainsi contribuĂ© Ă  fonder en vĂ©ritĂ© et en raison cet orgueil national que l’on nous reproche si fort, comme s’il ne nous venait pas de notre race et du sang qui bat dans nos veines. Enfin, vous aurez une fiertĂ© de plus : celle du cƓur.

À l’automne 1972, alors que j’étudiais au cĂ©gep de Maisonneuve et Ă©tais rĂ©dacteur au journal Ă©tudiant Le trait d’union, j’avais reproduit dans les pages du journal un texte de l’universitaire et Ă©conomiste quĂ©bĂ©cois Édouard Montpetit (1881-1954) Ă©crit soixante ans plus tĂŽt, texte que je trouvais marquant, mĂȘme si le ton Ă©tait pour le moins surannĂ©. Avec le rĂ©cent vent de protestation Ă©tudiante et, aussi, citoyenne qui a dĂ©ferlĂ© sur le QuĂ©bec, ce texte semble dĂ©livrer un message d’espoir aux gĂ©nĂ©rations futures. On a dit des Ă©tudiants qu’ils Ă©taient amorphes, sans idĂ©al, individualistes, dĂ©motivĂ©s et voilĂ  qu’ils descendaient dans la rue par centaines, par milliers, voire par dizaines de milliers, pour revendiquer en quelque sorte un nouveau contrat social, pour faire les choses autrement. La SSJB de MontrĂ©al leur a aussitĂŽt enjoint le pas, Ă  l’invitation d’abord de ses jeunes membres Ă©tudiants qui lui demandaient cet appui lors de notre AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale annuelle de mars dernier. Notre belle jeunesse mĂ©rite d’ĂȘtre soutenue et Ă©coutĂ©e, mĂȘme si pour certains aĂźnĂ©s cet appui ne vient pas spontanĂ©ment et, parfois, ne se conçoit pas facilement (ne dit-on pas autres temps, autres mƓurs ?). Quarante ans plus tard – quel curieux hasard ! – voilĂ  que je suggĂšre Ă  nouveau la lecture de ce texte. Il s’agit d’une allocution qui fut prononcĂ©e lors du banquet de l’Association des Ă©tudiants de l’UniversitĂ© Laval de MontrĂ©al en janvier 1912, il y a donc cent ans. Certains mots et tournures vous sembleront obsolĂštes, mais passez outre, car le tout ne manque pas de sel. Et quand Montpetit fera allusion Ă  la « petite fleur au cƓur d’or » (que les Ă©tudiants portaient Ă  la boutonniĂšre), vous n’aurez aucun mal Ă  vous imaginer qu’elle prĂ©figurait peutĂȘtre le petit carrĂ© de feutre rouge d’aujourd’hui ! Jean-Pierre Durand Il se mĂȘle, au plaisir trĂšs vif que nous Ă©prouvons en venant au milieu de vous, un peu d’amertume : le regret d’une chose passĂ©e, sans retour. Vous ĂȘtes ce que nous avons Ă©tĂ© et ce que nous resterons tous par le cƓur et par le souvenir, des Ă©tudiants. Nous sommes, Ă  des degrĂ©s divers, vos aĂźnĂ©s, mais nous appartenons Ă  la mĂȘme famille ; vous ĂȘtes encore « Ă  la maison », voilĂ  tout. J’hĂ©site vraiment Ă  vous parler comme un ancien – je le suis si peu ! – et je serais tentĂ© de m’adresser d’abord Ă  moi-mĂȘme ces propos que me dicta la sympathie bien plus que l’expĂ©rience. Vous ne formez plus qu’une grande camaraderie. Vous nous donnez un exemple, et vous rĂ©alisez un de nos rĂȘves d’autrefois. Votre union nouvelle trouvera sa force en ellemĂȘme. Ceux qui s’intĂ©ressent Ă  vous sont venus vous en fĂ©liciter. Votre initiative est heureuse pour le renom et le rayonnement de cette UniversitĂ© Laval dont vous ĂȘtes aujourd’hui la prĂ©occupation premiĂšre, dont vous serez demain la rĂ©compense et l’orgueil. Vous ĂȘtes l’avenir : tous les philosophes vous le disent, tous les poĂštes vous le chantent. Vous regardez s’approcher la vie et vous savez dĂ©jĂ  les soucis, j’allais dire les angoisses, de la responsabilitĂ©. Ayez d’abord conscience et de votre rĂŽle et de vos actes. Que rien ne soit accompli par vous qui n’ait en vous sa raison profonde. Ne vous contentez pas d’exister, mais tracez-vous un programme d’action qui soit le guide de votre ambition. Restez les maĂźtres de votre Ă©nergie ; jugez froidement, durement, vos Ɠuvres propres ; soyez exigeants envers vous-mĂȘmes et gardez votre indulgence pour les faiblesses d’autrui. Surtout travaillez, – travaillons. Ne pensons pas avoir tout fait. Nous ne sommes que prĂ©parĂ©s, il nous reste Ă  apprendre. Travaillons avec mĂ©thode, procĂ©dons avec rĂ©flexion, avec logique et nettetĂ© d’esprit. Consacrons notre travail, nos Ă©tudes, nos forces, Ă  une idĂ©e, Ă  une cause. Ne nous hĂątons pas trop. À chaque pas, Ă  chaque minute, nous sentirons combien il est difficile d’affirmer les choses et combien longtemps il faut, pour en ĂȘtre sĂ»r, retourner sa pensĂ©e. Consentons Ă  n’avoir pas encore d’opinion arrĂȘtĂ©e plutĂŽt que d’en adopter une que nous savons erronĂ©e ; mais ne nous refusons jamais l’effort nĂ©cessaire et singuliĂšrement consolant qui nous crĂ©era un jugement ferme, droit, sain et juste. Relisez la premiĂšre page d’un livre de Taine et voyez comment, avant que de voter et pour Ă©clairer sa religion politique, le grand philosophe voulut Ă©crire les Origines de la France contemporaine. Nul ne finit Ă  lui-mĂȘme ; ne vivons pas seulement notre vie, mais aussi celle de la nation, celle du peuple dont nous sommes une part, quoi que nous fassions. Nous avons Ă  remplir une mission ; connaissons-la pour y croire et l’accepter. Approfondissons les problĂšmes de notre histoire : nous y trouverons la solution des heures, peut-ĂȘtre difficiles, de demain. Nos pĂšres ont posĂ© les prĂ©mices de l’Ɠuvre que nous accomplissons, que d’autres accompliront aprĂšs nous, sans la terminer. Si l’hĂ©ritage doit nous passer par les mains, nous nous devons aussi de l’enrichir, car il nous impose un effort nouveau.

Soyez satisfaits d’ĂȘtre des hommes qui souffrent, que la vie Ă©meut, que la douleur atteint. Ayez le rire large et franc, n’ayez pas peur d’une larme, ne vous refusez pas un beau geste, sachez ne pas rĂ©primer les sentiments Ă©levĂ©s vers lesquels les battements du cƓur, en se faisant plus rapides, semblent vouloir se hĂąter. La plus belle part de la jeunesse, et son plus grand tort aux yeux de certains, ce sont ses illusions ; et si parfois on lui conseille de ne pas consentir Ă  les perdre, il arrive qu’on lui reproche de les avoir conservĂ©es. Qu’importe ! Gardez-les. Si c’est venir trop pauvre en un siĂšcle trop riche que d’y vivre avec ses illusions, s’il peut paraĂźtre ridicule, exaltĂ©, peu pratique, de croire Ă  l’idĂ©al, croyez toujours et quand mĂȘme, portez Ă  votre boutonniĂšre cette « petite fleur au cƓur d’or », dĂ»t-on vous appliquer ce vers Ă©trange et profond dont je garderai toujours l’écho pour l’avoir entendu tomber des lĂšvres de Jean Richepin sur la tombe Ă  peine fermĂ©e d’un de ses illustres amis : Tu portes fiĂšrement la honte d’ĂȘtre beau ! Mais voilĂ , messieurs, des pensĂ©es bien graves pour une fin de banquet. Retournons au bord des coupes : Ă  nous, votre gaietĂ©. L’heure est Ă  la joie et ne nous occupons du lendemain que pour le souhaiter radieux. Je bois aux Étudiants de Laval, d’aujourd’hui, d’autrefois, de toujours ! ‱‱‱ [Note : Le texte est tirĂ© de l’ouvrage Au service de la tradition française, paru en 1920 Ă  la BibliothĂšque de l’Action française.] Mon ami Yvon Latulippe demeure dans Charlevoix avec Monique, sa douce moitiĂ©, aprĂšs avoir enseignĂ© pendant plusieurs annĂ©es dans la rĂ©gion de MontrĂ©al. Nous nous sommes connus Ă  l’UQAM quand nous Ă©tions Ă©tudiants. On a hĂ©las peu d’occasions de se voir et parfois on a tendance Ă  nĂ©gliger d’entretenir cette flamme de l’amitiĂ©. Je n’avais pas vraiment Ă©changĂ© avec lui sur le conflit Ă©tudiant, quand je reçus il y a quelques jours ce poĂšme qu’il venait d’écrire. Il a acceptĂ© que je vous le livre en exclusivitĂ© dans Le Patriote. Yvon ne m’en voudra sĂ»rement pas que je le dĂ©die aux jeunes militants de la SSJB qui ont marchĂ© dans les rues contre la hausse des frais de scolaritĂ©, contre la loi 78 et aussi pour la gratuitĂ© scolaire, ainsi qu’à tous les membres de la sociĂ©tĂ© civile qui les appuient et les accompagnent dans ce combat pour une plus grande justice sociale. (JPD)

Le carrĂ© rouge Quand le printemps attend sa dĂ©livrance Le carrĂ© rouge flotte Ă  l’horizon Une espĂ©rance au-delĂ  des saisons Dans un pays parfois perdu d’avance De GaspĂ©sie jusqu’en Abitibi Et du grand Nord jusqu’à la Mauricie Le soir s’insurge au rythme des chaudrons La nuit s’indigne avec le violon Nos oppresseurs sont des tigres en papier Leur arrogance sent la corruption L’obscĂ©nitĂ© de nos mines bradĂ©es Clame aujourd’hui notre libĂ©ration Dans un passĂ© de rouets et de lin De vent de neige de givre et d’eau d’érable D’enfants blessĂ©s comme des orphelins La peur parfois fut souvent indomptable Quand la rumeur brisera le silence De nos aĂŻeux dans les chantiers d’avant L’éternitĂ© tissera l’existence De la parole qui arrive en son temps Comme barrages et vision d’avenir L’antre dĂ©chu des terres autochtones L’appĂąt du gain invite Ă  s’affranchir Aux Ă©lections qui tombent Ă  l’automne Quand le Saguenay rĂȘve de Charlevoix Que l’infini veut dĂ©vorer le ciel Tous nos enfants deviennent des rebelles Et des jeunes pleins d’écho dans la voix Yvon Latulippe

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LES ANCIENS PRÉSIDENTS DE LA SSJB

Jean-Baptiste Rolland 27e prĂ©sident par Jean-Pierre Durand colporte d’abord par-delĂ  les campagnes, avant d’ouvrir une librairie Ă  MontrĂ©al. En plus de la vente de bouquins, son entreprise imprime, Ă©dite et relie des livres.

Fils d’un agriculteur, Jean-Baptiste Rolland naĂźt Ă  VerchĂšres, alors dans le Bas-Canada, le 2 janvier 1815. Il fait ses Ă©tudes Ă  Saint-Hyacinthe. En 1832, il s’installe Ă  MontrĂ©al oĂč il devient apprenti typographe au journal La Minerve de Ludger Duvernay. Il passe ensuite comme compagnon au Morning Courier, avant de devenir lui-mĂȘme imprimeur. Il Ă©pouse Ă  Saint-Laurent, prĂšs de MontrĂ©al, le 7 octobre 1839, Esther Boin, qui lui donne coup sur coup quatre filles et quatre garçons. DĂšs 1843, il se consacre au commerce des livres, qu’il

En 1859, il met sur pied, en partenariat avec son fils aĂźnĂ©, la firme J.-B. Rolland et Fils. Il se dĂ©crit dans les annuaires de l’époque comme « libraire, imprimeur, relieur et importateur de produits de France et d’Allemagne ». Bref, malgrĂ© des dĂ©buts modestes, Jean-Baptiste Rolland devient peu Ă  peu un homme d’affaires prospĂšre et respectĂ©. ParallĂšlement Ă  son commerce de livres et d’articles divers, il s’intĂ©resse Ă  la promotion fonciĂšre et Ă  la construction domiciliaire. Vers le milieu du siĂšcle, il possĂšde dĂ©jĂ  plusieurs maisons et magasins dans l’est de MontrĂ©al. En 1861, il est Ă©lu au conseil de ville de MontrĂ©al et y sert jusqu’en 1867. RĂ©Ă©lu en 1871, il siĂšge jusqu’en 1875. C’est en 1879 qu’il est choisi comme vingt-septiĂšme prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© Saint-Jean-Baptiste de MontrĂ©al, bien qu’il n’occupe la fonction qu’une seule annĂ©e. Plus tard, en 1881, Rolland dĂ©cide de fabriquer son propre papier et Ă©tablit Ă  Saint-JĂ©rĂŽme la Compagnie de Papier Rolland (en 1992, ses descendants cĂšdent Ă  Cascades les actions dĂ©tenues dans ladite compagnie).

Il est nommĂ© en 1887 au SĂ©nat du Canada, sur recommandation du premier ministre conservateur John A. Macdonald. Il ne sert que cinq mois, jusqu’à sa mort survenue le 22 mars 1888.

effectuer un triple pontage en direct (il faut dire que la mĂ©decine n’était alors pas assez avancĂ©e). Rumilly raconte qu’il y a mĂȘme un char avec des raquetteurs qui reprĂ©sente le mont Royal en hiver.

Une annĂ©e dans la vie de la SSJB, c’est somme toute peu, et c’est sans doute pourquoi on retrouve bien peu d’écrits sur cette annĂ©e, sinon ce qu’en raconte Robert Rumilly, qui pour sa part retient surtout la cĂ©lĂ©bration de la Saint-JeanBaptiste de 1879. Cette annĂ©e-lĂ , le dĂ©filĂ© de la Saint-Jean se dĂ©roule sous une tempĂ©rature de 86 degrĂ©s Ă  l’ombre (on parle de Fahrenheit, vous l’aurez devinĂ© !). Les rues oĂč la « parade » s’ébranle sont dĂ©corĂ©es et pavoisĂ©es, si bien que MontrĂ©al, « la ville aux cent clochers » (comme la nommera deux ans plus tard l’écrivain Mark Twain), semble française d’un bout Ă  l’autre. Devant la foule en liesse, les chars allĂ©goriques dĂ©filent Ă  la queue leu leu. On y illustre diffĂ©rents mĂ©tiers, comme celui des bouchers, tuant, Ă©corchant et dĂ©peçant bƓufs, veaux et moutons en public (l’époque Ă©tait alors moins sensible Ă  la cause animale, moins craintive du cholestĂ©rol et, il faut croire, peu friande de viande halal). Sur un autre char allĂ©gorique, on y voit un cordonnier fabriquant des pantoufles, qu’il s’empresse de lancer dans la foule (geste qui aurait plu Ă  Amir, notre dĂ©putĂ© solidaire). Sur d’autres encore, des carriers taillent des pierres, des barbiers rasent des tĂȘtes, des typographes impriment des feuilles
 Plein de mĂ©tiers sont ainsi illustrĂ©s, mais, Ă  ce que je sache, aucun chirurgien cardiologue pour

Nul doute que ce devait ĂȘtre un beau dĂ©filĂ©, qui n’avait rien Ă  envier Ă  ceux d’aujourd’hui, mais ĂŽ combien diffĂ©rent. D’ailleurs, Rumilly Ă©crit fort Ă  propos : Ces dĂ©filĂ©s, ces discours souvent ampoulĂ©s, ces rassemblements du 24 juin, qui seront un jour tournĂ©s en dĂ©rision, rĂ©pondent au goĂ»t et aux mƓurs d’une Ă©poque. Ils ont retrempĂ© le patriotisme canadien-français, cimentĂ© la fraternitĂ© canadienne-française. LĂ -dessus, je lui donne raison, il ne faut pas ironiser sur cette Ă©poque. J’en parle lĂ©gĂšrement, certes, aux seules fins de vous faire sourire, mais je retiens que c’est beaucoup grĂące aux efforts de la SSJB de MontrĂ©al et d’autres organismes nationalistes de ce temps-lĂ  si, encore aujourd’hui, nous pouvons cĂ©lĂ©brer notre fĂȘte nationale avec fiertĂ© et, nous l’espĂ©rons, pour toujours, en français. ‱‱‱ SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES LINTEAU, Paul-AndrĂ©. Jean-Baptiste Rolland, Dictionnaire biographique du Canada en ligne, University of Toronto – UniversitĂ© Laval, 2000. RUMILLY, Robert. Histoire de la SociĂ©tĂ© SaintJean-Baptiste de MontrĂ©al. Des Patriotes au fleurdelisĂ©, 1834-1948, MontrĂ©al, Éditions de l’Aurore, 1975, 564 pages.

LE GOUVERNEMENT DU QUÉBEC COUPABLE D’ANGLICISER MONTRÉAL par Pier-Luc BĂ©dard Le 12 mai dernier, Mario Beaulieu, prĂ©sident du Mouvement QuĂ©bec français (MQF) et Denis Trudel, porte-parole du Mouvement MontrĂ©al français (MMF), ont organisĂ© une grande visite guidĂ©e pour faire dĂ©couvrir aux QuĂ©bĂ©cois les hauts-lieux d’anglicisation de la ville de MontrĂ©al. C’est dans une ambiance festive que plusieurs centaines de manifestants ont dĂ©ambulĂ© dans les rues de la mĂ©tropole. Nos deux « guides touristiques » en calĂšche ont fait la dĂ©monstration, site par site, sous le signe de l’humour et de l’ironie, Ă  quel point MontrĂ©al s’anglicise. En refusant d’appliquer et de renforcer la loi 101, c’est le gouvernement du QuĂ©bec, aujourd’hui dirigĂ© par le libĂ©ral Jean Charest, qui est le grand coupable de l’anglicisation de MontrĂ©al avec sa principale complice, la ministre responsable de l’application de la langue française, Madame Christine St-Pierre, a affirmĂ© Mario Beaulieu. Devant le campus de l’UniversitĂ© McGill, les porte-parole s’en sont donnĂ©s Ă  cƓur joie pour dĂ©noncer le surfinancement du rĂ©seau universitaire anglophone (trois fois plus important que le poids dĂ©mographique des anglophones au QuĂ©bec).

Devant les bureaux de SNC-Lavalin, les guides ont dĂ©noncĂ© l’embauche du nouveau grand patron par intĂ©rim, Ian A. Bourne, qui ne peut communiquer en français avec les employĂ©s de l’entreprise, ce qui oblige ces derniers Ă  travailler en anglais, une situation violant la loi 101. Denis Trudel s’interroge Ă©galement sur le laxisme qui entoure les prises de dĂ©cision : Dans ce contexte d’anglicisation, Ă  la veille d’une campagne Ă©lectorale, ne fautil pas questionner chacun des partis politiques Ă  savoir comment comptent-ils franciser les services gouvernementaux et mettre un frein Ă  l’anglicisation de MontrĂ©al ? Comment comptent-ils renforcer la Charte de la langue française et la faire appliquer ? L’évĂ©nement s’est somme toute trĂšs bien dĂ©roulĂ© et a profitĂ© d’une excellente couverture mĂ©diatique. Dans son blogue, Jean-François LisĂ©e a saluĂ© « l’humour anglais » et « ironique » de la SSJB et apprĂ©ciĂ© l’affiche « dĂ©tonante » de l’évĂ©nement. On pourrait ajouter que la vidĂ©o promotionnelle nous a permis de dĂ©couvrir en Mario Beaulieu un comĂ©dien rivalisant de prestance avec Denis Trudel! Les organisateurs promettent d’autres manifestations contre ce flĂ©au grandissant qui ne laisse personne indiffĂ©rent. ‱‱‱

C’est avec humour que Denis Trudel et Mario Beaulieu ont animĂ© cette visite des lieux d’anglicisation de MontrĂ©al. (Photo : Mathieu Breton)

La visite a attiré une foule de manifestants. (Photo : Mathieu Breton)

Denis Trudel, porte-parole du Mouvement MontrĂ©al français et Patriote de l’annĂ©e 2011-2012. (Photo : Mathieu Breton)

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Daniel Paillé, chef du Bloc québécois. (Photo : Mathieu Breton)


Les indépendantistes québécois en état de dette morale envers leurs frÚres tibétains

Le dalaĂŻ-lama appuie l’indĂ©pendance du QuĂ©bec par Christian Gagnon

Il y en a un demi million de petits que l’on agite de la main et des milliers de trĂšs grands pour les Ă©difices fĂ©dĂ©raux. C’est sans compter un nouveau portrait de la reine, un vitrail, une mĂ©daille, un timbre et des piĂšces de monnaie Ă  l’effigie de la souveraine.

Maria Mourani, dĂ©putĂ©e du Bloc quĂ©bĂ©cois, s’est entretenue avec le dalaĂŻ-lama.

DĂ©cidĂ©ment, le 30 avril dernier a Ă©tĂ© une bonne journĂ©e pour la dĂ©putĂ©e bloquiste d’Ahuntsic et cofondatrice du Mouvement MontrĂ©al français Maria Mourani. En visite Ă  Ottawa ce jour-lĂ , le 14e dalaĂŻ-lama rencontrait le premier ministre Harper, puis le groupe parlementaire Les amis du Tibet. À cette occasion, le rĂ©cipiendaire du prix Nobel de la paix 1989 a utilisĂ© l’exemple des deux rĂ©fĂ©rendums pacifiques au QuĂ©bec pour illustrer comment le Canada devrait faire pression sur la Chine pour qu’elle accepte l’autonomie du Tibet. Maria Mourani a eu la chance de demander au dalaĂŻ-lama son avis sur l’indĂ©pendance du QuĂ©bec, ce Ă  quoi le chef spirituel tibĂ©tain a dit croire qu’un pays dĂ©mocratique comme le Canada accepterait le verdict si la majoritĂ© des QuĂ©bĂ©cois dĂ©cidaient de voter « oui » Ă  l’indĂ©pendance. La dĂ©putĂ©e du Bloc QuĂ©bĂ©cois a affirmĂ© avoir dĂ©notĂ© dans les dires du dalaĂŻ-lama une volontĂ© de travailler Ă  unir tous les pays en AmĂ©rique, du nord au sud, si le QuĂ©bec dĂ©cide d’ĂȘtre indĂ©pendant. VoilĂ  de la part du sage homme de 76 ans une prise de position cohĂ©rente et courageuse contrastant violemment avec la honteuse lĂąchetĂ© dont fait encore et toujours preuve l’Occident face Ă  la tyrannie chinoise au Tibet. Alors que la Chine ne cesse d’intensifier sa rĂ©pression gĂ©nocidaire au Tibet, les États-Unis, le Canada et l’Europe multiplient les courbettes pour ne pas contrarier les autoritĂ©s chinoises, et ainsi prĂ©server leur accĂšs au lucratif marchĂ© de l’Empire du Milieu. Forte de la plus nombreuse armĂ©e au monde, premier crĂ©ancier extĂ©rieur des États-Unis et usine du monde offrant sa population rurale affamĂ©e en main-d’Ɠuvre Ă  bon marchĂ© aux multinationales occidentales, l’intimidante Chine peut Ă©radiquer sauvagement la culture et l’identitĂ© tibĂ©taines on ne peut plus impunĂ©ment. Il est dĂšs lors permis de se demander qui, d’entre nos chefs d’État et les apparatchiks du Parti communiste chinois, sont les plus corrompus.

Le 25 janvier dernier, on apprenait que dans les rĂ©gions majoritairement tibĂ©taines du nord-ouest de la province du Sichuan, les autoritĂ©s chinoises ont tout fait pour contraindre les TibĂ©tains Ă  cĂ©lĂ©brer le nouvel an chinois, alors que le nouvel an tibĂ©tain ne dĂ©butait que le 22 fĂ©vrier. À cet effet, PĂ©kin a expĂ©diĂ© plus d’un million de drapeaux chinois dans ces rĂ©gions. À Luho, le gouvernement chinois a mĂȘme fait accrocher des portraits gĂ©ants de 13 mĂštres de hauteur reprĂ©sentant Mao et l’actuel prĂ©sident chinois, Hu Jintao, pour inciter les moines tibĂ©tains Ă  renier le dalaĂŻ-lama. Le 27 mai, deux moines se sont immolĂ©s par le feu Ă  Lhassa et dix jours plus tard, la Chine fermait le Tibet aux Ă©trangers.

En cette nouvelle annĂ©e 2012, Ottawa a entrepris la mĂȘme assommante dĂ©marche avec le bicentenaire de la guerre de 1812 entre les États-Unis et la Grande Bretagne. MĂȘme si le Canada n’existait pas Ă  l’époque de ce conflit mineur et que les francophones y ont Ă©tĂ© conscrits dans la violence, le gouvernement Harper nous servira une campagne tĂ©lĂ©visuelle de « sensibilisation », un monument, une sĂ©rie documentaire, des reconstitutions militaires et d’innombrables autres Ă©vĂ©nements « commĂ©moratifs ». On a mĂȘme appris ce 23 janvier que les groupes organisant des activitĂ©s pour la fĂȘte du Canada seraient privĂ©s de subventions s’ils n’intĂ©graient pas Ă  leur programmation la guerre de 1812 ou le jubilĂ© de diamant. Et pour bien laver le cerveau de nos enfants cet hiver, Patrimoine Canada avait invitĂ© toutes les Ă©coles Ă  participer Ă  son « DĂ©fi de l’affiche de la fĂȘte du Canada », un concours de dessin dans quatre catĂ©gories d’ñge sur la guerre de 1812. Pas Ă©tonnant que l’abrĂ©viation PCC puisse Ă  la fois signifier « Parti communiste chinois » et « Parti conservateur du Canada ». Depuis les annĂ©es Jean ChrĂ©tien qu’on nous susurre que l’accroissement des Ă©changes commerciaux avec la Chine favorisera le respect des droits de la personne dans ce pays soumis Ă  une dictature autoritaire. Ce mercantile chant de sirĂšne nous a Ă©tĂ© serinĂ© encore plus souvent depuis l’octroi des Jeux Olympiques de 2008 Ă  PĂ©kin. Mais jamais l’approche en question n’a engendrĂ© un seul cas concret permettant de prendre cette grotesque affirmation pour autre chose que ce qu’elle est : une vaste foutaise. Lorsqu’en septembre 2005, Mission QuĂ©bec s’est rendue en Chine, Jean Charest y a prononcĂ© un discours affirmant : Nous admirons tout ce que la Chine a rĂ©alisĂ© depuis les 40 derniĂšres annĂ©es. Le Canada a toujours Ă©tĂ© Ă  vos cĂŽtĂ©s et les QuĂ©bĂ©cois sont parmi vos plus grands admirateurs. Croulant sous les critiques des dĂ©fenseurs des droits de la personne, le bureau du premier ministre s’était alors dĂ©fendu en disant qu’il s’agissait d’une mission Ă©conomique. À la mĂȘme Ă©poque et malgrĂ© les hauts cris, Bombardier, Power Corporation et Nortel se sont lancĂ©s en partenariat dans la rĂ©alisation d’une liaison ferroviaire reliant l’ouest de la Chine Ă  la capitale du Tibet. Aujourd’hui, ce train ultramoderne fait de wagons pressurisĂ©s capables de franchir les hautes altitudes himalayennes permet Ă  d’innombrables colons chinois d’aller accĂ©lĂ©rer le gĂ©nocide culturel des TibĂ©tains. Le 30 mai 2006 Ă  l’assemblĂ©e annuelle des actionnaires de Bombardier, une proposition visant particuliĂšrement le contrat ferroviaire au Tibet, demandait au constructeur quĂ©bĂ©cois d’adopter une politique sur les droits humains. Elle avait Ă©tĂ© battue Ă  90 %. À l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de Power Corporation tenue trois semaines plus tĂŽt, une proposition demandant Ă  Power de prĂ©parer un rapport portant sur les pratiques de gestion et les politiques de Power qui assurent la promotion et la protection des droits humains en Chine et au Tibet avait Ă©tĂ© rejetĂ©e dans les mĂȘmes proportions. Lorsqu’en avril 2004 et en septembre 2006, le premier ministre Paul Martin et un reprĂ©sentant du premier ministre Harper ont successivement rencontrĂ© le dalaĂŻ-lama, les gens d’affaires canadiens ont claquĂ© des genoux. Lorsqu’au Sommet de la CoopĂ©ration Ă©conomique Asie-Pacifique de novembre 2006, Stephen Harper a abordĂ© la question des droits humains dans l’Empire du Milieu, l’Association des manufacturiers canadiens s’est empressĂ©e de l’enjoindre Ă  ne pas nuire aux relations Ă©conomiques sino-canadiennes. Et tout ce temps, les droits de la personne ont fait chou blanc en Chine. Ne mĂȘlons pas les affaires et la politique, scandent Ă  l’unisson les chefs d’entreprise. Ne mĂȘlons pas le sport et la politique, Ăąnonna en substance Jacques Rogge, prĂ©sident du ComitĂ© international olympique. Qui donc alors se mĂȘlera de politique ? Face Ă  ce pitoyable concert de mauvaise foi, on ne peut que louanger les VancouvĂ©rois MĂ©lanie Raoul et Sam Price qui, le 7 aoĂ»t 2007, ont Ă©tĂ© prĂȘts Ă  risquer leur jeunesse pour des principes, en dĂ©ployant sur la muraille de Chine une immense banniĂšre paraphrasant le slogan des Jeux olympiques de PĂ©kin au nom de la libertĂ© du Tibet.

Pendant ce temps, Ă  l’autre bout du monde, le gouvernement Harper dĂ©pensera 7,5 millions de dollars pour cĂ©lĂ©brer en grande pompe le 60e anniversaire du couronnement d’Elizabeth II. MĂȘme si au cours des siĂšcles passĂ©s, c’est au nom de cette Couronne britannique que la population canadienne française a Ă©tĂ© rĂ©primĂ©e dans le but de l’assimiler, Patrimoine Canada a fait l’achat d’une immense quantitĂ© de drapeaux ornĂ©s de la feuille d’érable et de la couronne britannique, emblĂšme canadien du jubilĂ© de diamant.

Les personnes intĂ©ressĂ©es par la question tibĂ©taine peuvent visionner le bouleversant documentaire de François PrĂ©vost et Hugo Latulippe intitulĂ© Ce qu’il reste de nous (ONF, 2004), dans lequel les cinĂ©astes quĂ©bĂ©cois et Kalsang Dolma, une TibĂ©taine rĂ©fugiĂ©e au QuĂ©bec, font entrer clandestinement le dalaĂŻ-lama au Tibet, par vidĂ©o interposĂ©e. ‱‱‱

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Le mot juste... Pour l’amour du français par Élaine Des Lauriers Poursuivons notre tour d’horizon de la langue française et des expressions qui peuvent parfois ĂȘtre des piĂšges. Comme nous aurons trĂšs bientĂŽt des Ă©lections, commençons par quelques termes pour nous mettre dans l’ambiance. Expression fautive

Bonne expression

Faire sortir le vote

Stimuler la participation Inciter les gens Ă  aller voter

VoilĂ  une expression qu’on entend trĂšs souvent pendant une campagne Ă©lectorale. Évidemment, ce n’est pas le vote qui sortira Ă  la prochaine Ă©lection. Nous espĂ©rons que les Ă©lecteurs sortiront en grand nombre pour aller voter (et qu’ils voteront pour nous « libĂ©rer des libĂ©raux » ! Commençons dĂšs maintenant Ă  inciter le plus de gens possible Ă  aller voter Ă  cette Ă©lection cruciale pour l’avenir du QuĂ©bec. Bref d’élections

DĂ©cret des Ă©lections

Bref d’élections est un calque de l’ancien anglais. Quand le gouvernement dĂ©clenche des Ă©lections, il publie un dĂ©cret de convocation des Ă©lecteurs ou, plus simplement, un dĂ©cret des Ă©lections. ComtĂ©

Circonscription

Un comté est une division territoriale administrative dans les pays anglo-saxons. Au Québec, ce terme est utilisé à tort pour nommer une circonscription électorale. On ne dira pas le comté de Laurier-Dorion, mais bien la circonscription de Laurier-Dorion. Voyons maintenant quelques usages fautifs de la préposition « sur ». Expression fautive

Bonne expression

Rencontrer quelqu’un sur le train

Rencontrer quelqu’un dans le train

Travailler sur semaine

Travailler en semaine

Traverser sur un feu rouge

Traverser à un feu rouge ou brûler (ou griller) un feu rouge

Être sur le comitĂ©

Faire partie du comitĂ©, ĂȘtre membre du comitĂ©

Travailler sur une ferme

Travailler dans une ferme, Ă  la ferme

Habiter sur le mĂȘme Ă©tage

Habiter le mĂȘme Ă©tage, au mĂȘme Ă©tage

Source : CHOUINARD, Camille, 1300 piĂšges du français parlĂ© et Ă©crit au QuĂ©bec et au Canada, Éditions Libre Expression, 2001.

Les timbres de la Société Saint-Jean-Baptiste

FLORILÈGE CULTUREL Cette chronique n’a aucune prĂ©tention, si ce n’est de vous proposer des lectures, sorties ou disques susceptibles de combler vos attentes. À LIRE Paru Ă  l’automne 2010, aux Ă©ditions MĂ©moire d’encrier, le recueil de poĂšmes Tombeau de Pauline Julien – Ce soir j’ai l’ñme Ă  la tendresse est un livre Ă  dĂ©couvrir. Écrit par Louis-Michel Lemonde, qui a ainsi « percĂ© les mystĂšres de l’ñme de Pauline Julien », selon la formule employĂ©e par Denise Boucher, et s’en est inspirĂ©, cet hommage admiratif ravira tous ceux qui, comme moi, se remĂ©morent avec un brin de nostalgie la formidable interprĂšte, auteure et compositrice, ainsi que la femme engagĂ©e, Ă  la fois forte et fragile, qu’était Pauline Julien (1928-1998). Dans un tout autre registre, François Saillant nous fait part de son parcours militant dans Le radical de velours, paru en 2012 chez M Éditeur. AssociĂ© depuis quelques dĂ©cennies au Front d’action populaire en rĂ©amĂ©nagement urbain (FRAPRU), militant pour des causes sociales et politiques, dont certaines ont parfois (mais Ă  tort) mauvaise presse (les assistĂ©s sociaux, les peuples autochtones
), et candidat pour QuĂ©bec solidaire, Saillant nous raconte sans fioritures son expĂ©rience depuis les premiĂšres manifestations pour la langue française auxquelles il a participĂ© jusqu’à aujourd’hui. Il explique aussi comment il en est venu Ă  dĂ©laisser le PQ pour fonder avec d’autres un nouveau parti oĂč souverainetĂ© et projet de sociĂ©tĂ© progressiste sont intimement liĂ©s. Tous ceux qui s’interrogent et s’inquiĂštent Ă  la fois du morcellement chez les partis souverainistes (PQ, Bloc quĂ©bĂ©cois, Option nationale et QS), dans un contexte oĂč le mode de scrutin proportionnel n’existe toujours pas, liront avec profit cet ouvrage. Les admirateurs de Lucien Bouchard sont priĂ©s de passer leur tour ! La revue L’Action nationale de mai-juin 2012 consacre ses 216 pages Ă  Louky Bersianik (1930-2011), romanciĂšre, poĂšte et essayiste quĂ©bĂ©coise, nĂ©e Lucille Durand. Auteure de L’EuguĂ©lionne, roman majeur Ă  saveur fĂ©ministe, et de l’inoubliable Chanson pour durer toujours que fit connaĂźtre Richard SĂ©guin. Elle nous est ici prĂ©sentĂ©e et « hommagĂ©e » par de nombreuses plumes inspirĂ©es, comme Marie-Claire Blais, Lise Payette, Denise Boucher, France ThĂ©oret et AndrĂ©e Ferretti, pour n’en mentionner que quelques-unes. À une amie qui l’invitait Ă  la manifestation organisĂ©e par Cap sur l’indĂ©pendance en octobre 2011, Louky Bersianik Ă©crivit ces mots : Je regrette de ne pas t’accompagner car j’aurais voulu crier avec d’autres voix mon dur dĂ©sir d’avoir un pays. Ce dĂ©sir dĂ©chirant comme « le dur dĂ©sir de durer » du poĂšte Éluard. Et parfois j’enrage Ă  la pensĂ©e que je serai apatride jusqu’à ma mort. Et que je ne verrai pas notre indĂ©pendance de mon vivant
 Le coĂ»t de l’abonnement annuel Ă  L’Action nationale (10 numĂ©ros) est de 80 $. Par tĂ©lĂ©phone : 514 845-8533 ou sur leur site action-nationale.qc.ca. La presse indĂ©pendantiste est absente dans les kiosques Ă  journaux et la presse gĂ©nĂ©raliste n’offre que bien peu d’espace aux opinions indĂ©pendantistes. Comme on dit parfois, celui qui paie les musiciens commande la danse. Or, l’argent venant plus souvent qu’autrement des riches, qui sont plus souvent qu’autrement fĂ©dĂ©ralistes, ne soyez pas surpris si l’information indĂ©pendantiste est si peu diffusĂ©e. En un mot comme en cent, les deux courants ne sont pas Ă  armes Ă©gales. Parmi ces journaux indĂ©pendantistes qui persistent et qui signent, il y a Le QuĂ©bĂ©cois, fondĂ© en 2001. Ce journal, qui ne compte que sur ses propres moyens (c’est-Ă -dire ceux de ses militants et de ses abonnĂ©s) pour subsister, paraĂźt cinq fois par annĂ©e. Le ton y est mordant, sans ĂȘtre sectaire, un peu Ă  l’image de ceux qui y Ă©crivent, parmi lesquels on retrouve son directeur Patrick Bourgeois, qui est aussi le prĂ©sident du RĂ©seau de RĂ©sistance du QuĂ©bĂ©cois. On y parle de politique sans complaisance et sans compromis. Le coĂ»t net pour l’abonnement annuel est de 25 $. Adresse : Journal Le QuĂ©bĂ©cois, 4, 15e rue Ouest, Sainte-Anne-des-Monts, QuĂ©bec G4V 2R2. Site Internet : lequebecois.org . À FAIRE

Signature de l’Acte de fondation de Ville-Marie

(1642)

C’est en 1940 que la SSJB met en circulation le timbre commĂ©morant la signature de l’Acte de fondation de Ville-Marie. Le 17 mai 1642, soit un peu plus de cent ans aprĂšs la venue de Jacques Cartier sur le Mont Royal en 1535, un groupe d’une cinquantaine de colons français, avec Ă  sa tĂȘte Paul Chomedey de Maisonneuve et Jeanne Mance, dĂ©barque sur la pointe oĂč Ă©tait la place Royale. Ils donnent au site le nom de Ville-Marie, en l’honneur de la Vierge Marie. Source : fr.wikipedia.org/wiki/Ville-Marie_%28ancien_nom_de_Montr%C3%A9al%29

On peut se procurer les timbres de la Société et les albums à la réception. Tél. : 514-843-8851

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La MĂ©diathĂšque littĂ©raire GaĂ«tan Dostie est un musĂ©e des arts littĂ©raires peu banal, presque hors de l’ordinaire, qui fait place tant aux arts graphiques, qu’à la vie littĂ©raire, Ă  la chanson et au multimĂ©dia. On y prĂ©sente des spectacles de poĂ©sie et de chansons tout au long de l’annĂ©e. SituĂ©e au 1214, de la Montagne, Ă  MontrĂ©al, on s’y rend en empruntant le mĂ©tro Peel ou Lucien-L’Allier. Pour connaĂźtre toutes les activitĂ©s qui s’y dĂ©roulent, il suffit de se rendre sur leur site mlgd.ca ou encore de tĂ©lĂ©phoner au 514-861-0880. À ÉCOUTER Canailles est une nouvelle formation musicale qui offre un son tout Ă  la fois bluegrass, folk et cajun comme si cela venait de la Louisiane. On y entend jouer du banjo, de la mandoline, de la planche Ă  laver, de la guitare, des percussions, de l’accordĂ©on et la voix, entre autres, de DaphnĂ©e (dont quelqu’un a dit gentiment que c’était la voix « d’une matante qui aurait fumĂ© de l’hĂ©lium » !). L’album s’intitule Manger du bois et il est festif comme vous n’avez pas idĂ©e. Pour ceux qui ont des fourmis dans les jambes ou qui aiment faire du bruit avec des casseroles lors des manifestations nocturnes. Jean-Pierre Durand


Commission des présidentes et des présidents Par Agathe Boyer

Quelle belle Ă©quipe que cette commission des prĂ©sidentes et des prĂ©sidents! On y retrouve des gens dĂ©vouĂ©s Ă  la cause de l’indĂ©pendance du QuĂ©bec et de la dĂ©fense de la langue française. Tous pleins de bonnes intentions afin de rĂ©aliser des projets qui leur tiennent Ă  cƓur. Chaque section rivalise d’ingĂ©niositĂ© pour prĂ©senter des projets tous aussi intĂ©ressants les uns que les autres. La Commission est composĂ©e des prĂ©sidents et prĂ©sidentes des seize sections et du prĂ©sident du Conseil jeunesse. Voici les membres Ă©lus pour 2012-2013 : PrĂ©sidente : Agathe Boyer, Doris-Lussier Vice-prĂ©sident : Roger TrĂ©panier, Henri-Bourassa SecrĂ©taire : Manon Arsenault, Laval TrĂ©sorier : Yves Saint-Denis, Ludger-Duvernay Denise Laroche, Chevalier-de-Lorimier Sylvie MĂ©rineau, Chomedey-de-Maisonneuve

Aude De LatrĂ©moille, Jacques-Viger BenoĂźt Coulombe, Jean-Olivier-ChĂ©nier Jacques Binette, Louis-Riel SĂ©bastien Lafortune, Marguerite-Bourgeoys Denis Rebelo, Nicolas-Viel Claude Boisvert, Ouest-de-l’üle Claude J. Allard, Pierre-Le Gardeur Michel Gagnon, Pierre-Lemoyne-D’Iberville Guy Brien, RenĂ©-LĂ©vesque Normand Archambault, Yves-Blais Étienne Gougoux, Conseil jeunesse

ActivitĂ©s des sections Section Doris-Lussier PlanĂšte Livres : pour le plaisir de partager en français Le 1er avril dernier prenait fin l’atelier de lecture et d’écriture offert par la bibliothĂšque Georgette-Lepage de Brossard. Cette activitĂ© s’adressait aux adultes qui apprennent la langue française ainsi qu’aux gens dĂ©sireux de partager leur culture et d’en dĂ©couvrir d’autres. Madame Julie BĂ©langer, animatrice de ces ateliers, s’est dit heureuse de pouvoir dĂ©cerner le Certificat de persĂ©vĂ©rance de la SociĂ©tĂ© Saint-Jean-Baptiste de MontrĂ©al afin de favoriser le rayonnement du français auprĂšs des nouveaux arrivants. Il va sans dire que ce certificat a fait plaisir Ă  tout le monde. De plus, on a fait le tirage d’un exemplaire de l’Histoire du QuĂ©bec en guise d’apprĂ©ciation pour l’intĂ©rĂȘt manifestĂ© pour le français par ces nouveaux arrivants. Madame Agathe Boyer, prĂ©sidente de la section Doris-Lussier de la SociĂ©tĂ© Saint-JeanBaptiste de MontrĂ©al, a fĂ©licitĂ© les responsables de la bibliothĂšque Georgette-Lepage pour cette belle initiative qui favorise l’intĂ©gration harmonieuse des immigrants Ă  la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise. Enfin, remercions monsieur Roger Fournier, vice-prĂ©sident de la section Doris-Lussier, pour son dĂ©vouement exemplaire et pour cette belle initiative pour rejoindre les nouveaux arrivants de Brossard.

Les membres de l’exĂ©cutif de la commission sont Ă©lus par les prĂ©sidents de section ou leurs reprĂ©sentants Ă  la sĂ©ance de la CPP qui prĂ©cĂšde l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de la SociĂ©tĂ© Saint-Jean-Baptiste qui se tient chaque annĂ©e en mars. La durĂ©e du mandat est d’un an. Le prĂ©sident gĂ©nĂ©ral, monsieur Mario Beaulieu, assiste aux rĂ©unions. Il est accompagnĂ© par monsieur GĂ©rard Pelletier, adjoint Ă  la prĂ©sidence, qui nous signifie son appui pour la rĂ©alisation de tous nos projets. Le 10 mai dernier a eu lieu la rĂ©union des comitĂ©s conjoints de la SSJB, soit la CPP et le Conseil gĂ©nĂ©ral. À cette occasion, nous avons Ă©tudiĂ© les propositions que nous n’avions pas eu le temps de voir lors de l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de mars 2012. De plus, les conseillers gĂ©nĂ©raux et les prĂ©sidents de section ont formĂ© les diffĂ©rents comitĂ©s conjoints qui s’occupent de diffĂ©rents dossiers : Ă©valuation des projets, 11 novembre, fleurdelisĂ©, journal, etc. Durant cette rencontre conjointe, il fut aussi question des activitĂ©s de la JournĂ©e nationale des patriotes, de la journĂ©e de formation pour les membres, oĂč la façon de rĂ©diger une plainte devait se trouver Ă  l’ordre du jour, de la participation des membres au Forum mondial de la langue française qui se tiendra Ă  QuĂ©bec dĂ©but juillet ainsi que d’autres projets chers Ă  la SociĂ©tĂ© comme Cap sur l’indĂ©pendance. Les rencontres de la Commission des prĂ©sidentes et des prĂ©sidents se tiennent le deuxiĂšme mardi du mois, sauf en juillet et aoĂ»t. C’est avec plaisir que nous accueillons Ă  nos rĂ©unions France Langlais, secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale de la SociĂ©tĂ© qui nous entretient briĂšvement des propos tenus lors des rencontres du Conseil gĂ©nĂ©ral.

Madame Julie BĂ©langer tient fiĂšrement le Certificat offert par la SociĂ©tĂ© Saint-Jean-Baptiste de MontrĂ©al. À sa gauche, l’étudiante qui a gagnĂ© le livre Une histoire du QuĂ©bec. À l’avant, Ă  l’extrĂȘme droite, monsieur Richard Charron, conseiller Ă  la section Doris-Lussier de la SociĂ©tĂ© Saint-Jean-Baptiste. (Photo : Nicole Proulx)

Section Nicolas-Viel Affichage illégal à Montréal : 333 infractions à la loi 101 recensées dans le parc industriel de Saint-Laurent

La CPP constitue un comitĂ© consultatif permanent du Conseil gĂ©nĂ©ral. Toutefois, seuls les prĂ©sidents de section et le prĂ©sident du Conseil jeunesse ou leurs reprĂ©sentants ont droit de vote lors des rĂ©unions de la CPP et, jusqu’à concurrence d’un vote par section. Le prĂ©sident ou la prĂ©sidente est le porte-parole officiel de la CPP auprĂšs des instances de la SociĂ©tĂ©. Il propose l’ordre du jour au prĂ©sident gĂ©nĂ©ral, signe avec celui-ci ou son dĂ©lĂ©guĂ© les procĂšs-verbaux de la CPP et de maniĂšre gĂ©nĂ©rale coordonne les activitĂ©s de la CPP. Il a aussi la responsabilitĂ© de faire rapport Ă  l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale annuelle des activitĂ©s de la commission et des sections. Le Conseil gĂ©nĂ©ral consulte la CPP entre autres sur les prĂ©visions budgĂ©taires et le plan d’action. En outre, la CPP peut inviter des conseillers gĂ©nĂ©raux afin de les entendre sur des sujets qui l’intĂ©resse. De plus, la CPP peut, sous rĂ©serve d’approbation du Conseil gĂ©nĂ©ral, organiser des activitĂ©s. Pour n’en nommer que quelques uns, voici des projets initiĂ©s par certaines sections pour l’annĂ©e 2012 : activitĂ©s qui favorisent la francisation et l’intĂ©gration des nouveaux arrivants Ă  Brossard, organisation de la journĂ©e de la FrancofĂȘte Ă  Mont-Saint-Hilaire et activitĂ©s organisĂ©es par le Mouvement MontĂ©rĂ©gie français avec le Centre SinoQuĂ©bec de Brossard afin de favoriser l’intĂ©gration des immigrants asiatiques Ă  la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise. Aussi, pressions pour la rĂ©vocation du statut bilingue de la ville d’Otterburn Park et rĂ©daction d’une lettre-type Ă  envoyer aux dirigeants de la Banque nationale et des magasins Metro pour leur manifester notre dĂ©sapprobation face Ă  leurs politiques linguistiques. À toutes ces activitĂ©s, s’ajoutent les soirĂ©es Franco-culturelles de MontrĂ©al, confĂ©rences et concours d’histoire sur le Plan Nord, prĂ©sentation d’une piĂšce de thĂ©Ăątre sur l’histoire des patriotes, formation d’un comitĂ© pour commĂ©morer le 175e anniversaire de la bataille de Saint-Eustache, participation au Moulin Ă  paroles de Crabtree et tournoi de poker pour les jeunes. Aussi, extraits de grands discours prĂ©sentĂ©s en marge du Forum mondial de la langue française en juillet Ă  QuĂ©bec, la Grande TablĂ©e et film culturel, commĂ©moration de l’anniversaire de FĂ©lix Leclerc au Parc Lafontaine. De plus, un dĂ©pĂŽt de 850 plaintes a Ă©tĂ© fait Ă  l’Office quĂ©bĂ©cois de la langue française concernant les quartiers Notre-Dame-de-GrĂące, CĂŽte-des-Neiges et l’arrondissement Saint-Laurent qui ne respectent pas la loi 101. Enfin, dernier projet et non le moindre, le 30 avril dernier, quelques membres de la section Nicolas-Viel ont dĂ©posĂ© au bureau du ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, quelques 333 copies des infractions Ă  la langue d’affichage recensĂ©es dans le parc industriel de l’arrondissement Saint-Laurent. Le prĂ©sident de cette section, monsieur Denis Rebelo, a eu l’amabilitĂ© de nous transmettre un document qui pourrait aider les sections pour rĂ©pertorier les illĂ©galitĂ©s dans l’affichage commercial. Celui-ci souhaite ardemment que d’autres sections emboĂźtent le pas dans le repĂ©rage des affiches illĂ©gales. Ces nombreux projets montrent le dynamisme et l’enthousiasme dont font preuve les prĂ©sidentes et prĂ©sidents de section. Bon succĂšs Ă  tous dans la rĂ©alisation de ces projets! Sources : ProcĂšs-verbal de l’assemblĂ©e de la commission des prĂ©sidentes et des prĂ©sidents du mardi 10 avril 2012. Guide de travail, journĂ©e de formation des membres de section, 2011-2012. SociĂ©tĂ© Saint-Jean-Baptiste de MontrĂ©al, RĂšglements gĂ©nĂ©raux, 2012.

Jean Archambault, Liette Denis, Gaston Bergeron, AndrĂ© Payette et Antoine BĂ©cotte, de la section Nicolas-Viel, et Claude Morissette, prĂ©sident du Parti QuĂ©bĂ©cois de l’Acadie. (Photo : section Nicolas-Viel)

Une dĂ©lĂ©gation de six membres de la section Nicolas-Viel de la SociĂ©tĂ© Saint-JeanBaptiste de MontrĂ©al a dĂ©posĂ© le 30 avril dernier une copie d’infractions prĂ©sumĂ©es au rĂšglement sur l’affichage public au bureau du ministre Jean-Marc Fournier en lui demandant d’intervenir rapidement pour faire respecter la Charte de la langue française auprĂšs des entreprises fautives de sa circonscription. La visite au bureau du ministre Fournier fait suite Ă  l’opĂ©ration d’envergure survenue le 18 avril dernier oĂč des membres de la SSJB et du Mouvement QuĂ©bec Français (MQF) ont dĂ©posĂ© Ă  l’Office quĂ©bĂ©cois de la langue française (OQLF) plus de 850 plaintes concernant l’affichage commercial dans les secteurs CĂŽte-des-Neiges, Notre-Damede-GrĂące et Saint-Laurent. Ainsi, plusieurs membres de la section Nicolas-Viel ont recensĂ© dans la circonscription du ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, pas moins de 333 prĂ©sumĂ©es infractions Ă  la loi 101. Ces plaintes sont concentrĂ©es surtout dans le parc industriel de Saint-Laurent. Les photos prises par le groupe de citoyens dĂ©montraient clairement qu’un grand nombre d’entreprises contrevenaient au rĂšglement sur l’affichage public de la Charte de la langue française en arborant Ă  l’extĂ©rieur des affiches unilingues anglaises ou bilingues sans prĂ©pondĂ©rance du français. Le journaliste de TVA, Olivier Bourque et Jean Archambault, un des citoyens Ă  l’origine des plaintes, ont arpentĂ© ensemble le parc industriel le 18 avril et ont constatĂ© que l’affichage extĂ©rieur chez plusieurs entreprises Ă©tait illĂ©gal. Le projet de recenser l’affichage illĂ©gal dans la circonscription de Saint-Laurent n’est pas le fruit du hasard. Il dĂ©coule du projet que la section Nicolas-Viel avait entrepris au sein de la circonscription de l’Acadie l’automne dernier. En effet, le 2 novembre 2011, les mĂ©dias rapportaient que dans la circonscription de madame Christine St-Pierre, ministre responsable de la loi 101, 76 infractions avaient Ă©tĂ© recensĂ©es et qu’au terme de ce processus, c’est finalement 134 plaintes qui avaient Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es auprĂšs de l’OQLF. Selon Jean Archambault, la circonscription de Saint-Laurent s’anglicise de plus en plus. Cette tendance se manifeste, entre autres, dans la langue de travail de milliers d’employĂ©s Ɠuvrant dans le Parc Industriel de Saint-Laurent qui est principalement l’anglais. En outre, prĂšs de 50 % des entreprises qui font l’objet des plaintes et qui ont un site Internet fonctionnent avec un site unilingue anglais. La section Nicolas-Viel a l’intention de former un comitĂ© de vigie qui effectuera un suivi du traitement des plaintes dĂ©posĂ©es Ă  l’OQLF. Denis Rebelo

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Mise en page Pierre Dagesse

Ont collaboré à ce numéro Rachid Bandou Mario Beaulieu Agathe Boyer Robert Comeau Christian Gagnon France Langlais Yvon Latulippe Monique Paquette Photographies et illustrations Mathieu Breton Pierre Dagesse Philippe Perreault Nicole Proulx

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